Beruflich Dokumente
Kultur Dokumente
FASTEF
F2/PROBA
1
James, W., Traité de psychologie, 1908.
UCAD/FASTEF, Département F2B - Filière probatoire: 2
Cours annuel de psychologie générale
L'intériorité de ces états de conscience fait du sujet conscient l'unique témoin du
déploiement de ces faits. D’où la question méthodologique: comment de l’extérieur accéder à
ces faits et nous assurer de la certitude de ce qui a été saisi? Mais comme le disait bien
Montaigne dans ses Essais qu'« Il n'y a que vous qui sachiez si vous êtes lâche ou cruel ou
dévotieux. Les autres ne vous voient point. Ils vous devinent par conjectures incertaines »2.
Aussi, la seule voie d'accès à ces faits de la vie intérieure est-elle le retour de la conscience sur
ses propres contenus: ce qu'on appelle l'introspection ou observation intérieure (Regard au
dedans).
Il y a là un problème car dans l’acte d'introspection, la conscience, par dédoublement, se
pose en sujet observant et en objet observé. C'est donc un dédoublement problématique qui
ne réalise pas les conditions d'une véritable observation car, comme dit Auguste Comte, « On
ne peut être à la fenêtre et se voir marcher dans la rue »3. En d'autres termes, « L'individu
pensant ne saurait se partager en deux, dont l'un raisonnerait, tandis que l'autre regarderait
raisonner »4.
Comment alors accéder de l’extérieur aux contenus de la conscience? Le recours à
l’introspection provoquée accompagnée d’une description verbale par le sujet de ses propres
états de conscience permet à un observateur extérieur de les décrire et de les expliquer.
Malgré tout, la question méthodologique reste entière.
L’introspection provoquée accompagnée d’une verbalisation ne porte que
sur des états de conscience, c’est-à-dire n’atteint que ce qui dans la vie
psychique (contenus et opérations) apparaît clairement à la conscience du
sujet. Elle laisse de côté tout ce qui n’affleure pas à la conscience, mais qui
souvent est déterminant dans notre vie psychique.
Le sujet observé qui décrit ses états de conscience provoqués procède à une
reconstruction. Les données que recueille l’observateur extérieur sont donc
des données secondes.
L’introspection provoquée et la verbalisation sont deux opérations
psychiques différentes même si toutes les deux relèvent de la fonction de
représentation.
Face aux limites de l'introspection et à la nécessité d'asseoir l'étude des faits psychiques
sur des bases scientifiques (des faits observables et mesurables du « dehors »), on assiste au
début du 20ème siècle à un renversement de perspective. Pour se saisir des faits psychiques,
qu’ils soient conscients ou non, la psychologie, sous l’influence du pragmatisme anglo-saxon
(le béhaviorisme), va recourir à l'observation de leurs manifestations extérieures, à savoir les
comportements du sujet comme seules données objectives qui puissent fonder une
connaissance scientifique, mettant ainsi entre parenthèses les contenus et les opérations
psychiques. La psychologie se veut ainsi l’analyse et l'explication des comportements
objectivement observables du sujet en interaction avec son milieu.
Passant ainsi de l’étude de l’âme à celle des états de conscience, la psychologie moderne,
en changeant de perspective, se donne pour objet le comportement et pour méthodes
2
Montaigne, Essais.
3
Comte A., Cours de philosophie positive.
4
Comte A., Ibid.
UCAD/FASTEF, Département F2B - Filière probatoire: 3
Cours annuel de psychologie générale
d’approche l’observation et l’analyse expérimentale. C’est là un détour assez commode qui
n’en est pas moins problématique.
En effet, que peut-on entendre par comportement, ce fait observable et mesurable que la
psychologie s’est donnée pour se doter du statut d’une science?
Le comportement est souvent défini comme un ensemble d’activités directement
observables d’un organisme: des activités motrices, verbales ou glandulaires par lesquelles un
sujet réagit aux sollicitations de son environnement (physique, symbolique ou social). Ce ne
sont là toutefois que les aspects manifestes d'un comportement. « Derrière », il y a le niveau
latent du comportement, c’est-à-dire l’ensemble des activités mentales (cognitives,
métacognitives et affectives) de représentation et de traitement des données du milieu à la
base du comportement manifeste observé. Il y a ainsi dans un comportement un niveau
manifeste et un niveau latent. Ce que les anglophones distinguent bien en opposant l’« over -
behavior » au « cover - behavior ».
Dès lors, ce qui était rejeté, mis entre parenthèses (le latent) peut être réintroduit dans
l’observation des faits psychiques et repensé avec le modèle cybernétique comme un système
de gestion et de traitement des données du milieu qui assure le pilotage du comportement
manifeste.
Ainsi comme étude des faits humains, la psychologie est des sciences du comportement
et des neurosciences. Comme étude des faits de la vie intérieure, elle est des sciences
cognitives. La psychologie peut donc être définie comme l’étude scientifique du
comportement: un ensemble de recherches soumises à une démarche obéissant à des critères
d’objectivité, de vérificabilité, de réplicabilité et de falsficabilité en vue de décrire, d’expliquer
et de prédire le comportement.
Sciences du Neurosciences
comportement
Ethnologie Neurophysiologie
Éthologie Neuropsychologie
Anthropologie Psychophysiologie
Sociologie Neurologie
Économie Psychologie
Etc.
Cybernétique
Logique
Linguistique
Communication
Sciences cognitives
2 De la psychologie philosophique à la psychologie scientifique
UCAD/FASTEF, Département F2B - Filière probatoire: 4
Cours annuel de psychologie générale
La psychologie, comme discipline scientifique, est très jeune. Mais comme étude des
faits de la vie intérieure, elle est aussi vieille que la philosophie dont elle est restée pendant
longtemps un chapitre. Dans l’antiquité déjà, le « peri psukhè » (« Au sujet de l’âme »)
d’Aristote s’était proposé, à travers une histoire de l’âme, d’étudier la nature de l’esprit et des
conduites humaines et l’auteur y abordait, tel dans un ouvrage de psychologie de nos jours,
les thèmes récurrents de la sensation et de la perception, de l’intelligence et de la mémoire,
des émotions et des sentiments, de la personnalité, des caractères, etc. Et jusqu’au 19è siècle,
la psychologie st restée philosophique, passant de l’étude de l’âme, de la saisie de ses états
par la ré-flexion à celle de la conscience (la variante laïque de l’âme), à la saisie de ses états
par l’introspection.
Psychologie de l’âme ou psychologie de la conscience, la psychologie philosophique va
trouver chez Condillac les premiers éléments d’une rupture d’avec la philosophie: le
sensualisme associationniste. En effet, dans son Essai sur l'origine des connaissances
humaines de 1746, Condillac définit les états de conscience comme une association d'états de
conscience élémentaires que sont les sensations : une idée provient de sensations diversement
combinées. Partant ainsi de la sensation comme état de conscience le plus élémentaire, il
décrit tout le psychisme humain comme un édifice reposant sur une association de
sensations.
« L'attention est, dit-il, plus qu'une sensation exclusive. Une sensation devient attention
soit parce qu'elle est seule soit parce qu'elle est plus vive que les autres sans qu'il soit
nécessaire de supposer rien de plus »5. Si l'attention est une sensation unique, la réflexion est
une sensation au second degré, c'est-à-dire la sensation d'une sensation. Le concept est la
sensation qui en symbolise une autre : par exemple, l'idée d'un objet renvoie à une sensation
visuelle ou auditive qui elle-même renvoie à d'autres.
Il y a là un associationnisme qui repose sur trois lois :
La loi de la contiguïté : penser à un objet renvoie spontanément à l'objet qui
lui est proche.
La loi du contraste : penser à un objet renvoie spontanément à son opposé.
La loi de la ressemblance : penser à un objet renvoie spontanément à son
semblable.
Pour rompre avec ce sensualisme associationniste, la psychologie opère, sous l’effet du
matérialisme et du positivisme de la révolution industrielle du 19è siècle, une rupture
radicale l’amenant, par un réductionnisme physiologique, à recourir aux lois et aux méthodes
de la physiologie pour décrire et expliquer les expériences sensorielles du sujet dans le
monde. Ainsi, c’est dans la physiologie que la psychologie va trouver les outils lui permettant
de postuler au statut de science.
Dans le cadre des recherches portant sur la sensation et la perception, le français
Magendrie découvre l'existence des nerfs sensoriels et des nerfs moteurs et l'allemand Müller,
le principe de fonctionnement spécifique des nerfs (l'excitation d'un nerf auditif provoque
une sensation auditive, celle d'un nerf visuel, une sensation visuelle). Mais c'est avec
l'allemand Wundt que l'étude des faits psychiques (la sensation, la perception, l'attention, la
5
Condillac, Essai sur l'origine des connaissances humaines.
UCAD/FASTEF, Département F2B - Filière probatoire: 5
Cours annuel de psychologie générale
mémoire, etc.) fait l'objet de recherches expérimentales systématiques avec la création du
premier laboratoire de psychologie expérimentale à Leipzig en 1878.
Wundt et ses disciples (Ribot et Binet en France et Hall aux USA) introduiront
l'expérimentation (l'observation indirecte) dans l'étude des faits psychiques. Mais,
l'expérimentation n'est en fait que le recueil systématique par un observateur extérieur, le
clinicien, d'une introspection provoquée. C’est une introspection expérimentale. Un sujet,
soumis à une tâche bien précise, un stimulus donné, dit ce qu’il fait, « ce qui se passe dans sa
tête »: autant d’introspections dirigées que l’expérimentateur recueille systématiquement
pour servir de matériaux de base à l’analyse et à l’interprétation de la fonction psychique
observée. Aussi tout en récusant l'introspection dans sa forme primitive d'application
réflexive de la conscience sur ses propres contenus, la psychologie scientifique n’en évacue
pas moins ce qui se passe dans le psychisme lui-même. Et c’est ce qui fait dire à Piaget que la
psychologie est « L’ensemble des conduites, c’est-à-dire des comportements, y compris leur
prise de conscience »6.
8
Claparède. Vocabulaire de la psychologie. 5è édition. p. 380.
UCAD/FASTEF, Département F2B - Filière probatoire: 8
Cours annuel de psychologie générale
Ainsi, cette suite de points OO OO OO OO est d'emblée est série de groupes de deux
points (quatre groupes de deux points), mais modifiée dans ce sens O/O O/O O/O O/O,
elle est perçue autrement.
De même, dans la figure ci-avant, deux formes cohérentes se détachent et nous pouvons
voir l’une ou l’autre successivement comme une forme précise, l’autre devenant un fond. On
assiste à ce que Guillaume appelle « Une série spontanée d’oscillations entre les deux figures,
chacune semblant créée par la persistance des conditions de plus en plus favorables à
l’immersion et ainsi de suite ».
Une forme, un percept est d'autant mieux distinguée d'un fond que la disposition de ses
parties satisfait à des lois d'organisation perceptive dont principalement:
- La loi de proximité. C’est la tendance à regrouper dans un percept les éléments qui
sont proches et à les percevoir ainsi comme appartenant à une même forme.
- La loi de similarité. C’est la tendance à regrouper dans un percept les éléments qui sont
semblables et à les percevoir ainsi comme appartenant à une même forme.
- La loi de continuité. C’est la tendance à organiser les éléments d’un percept en ligne ou
pattern continu et à les percevoir ainsi comme appartenant à une même forme.
- La loi de symétrie. C’est la tendance à percevoir plus aisément comme une forme, les
figures qui admettent un ou plusieurs axes de symétrie par rapport aux figures
asymétriques.
- La loi de clôture. La perception évite autant que faire se peut les percepts conduisant à
des tracés incomplets pour privilégier les contours complets. Les figures qui sont
caractérisées par des contours complets auront plus de chance d'être perçues comme des
formes. Ainsi dans le vase de Rubin, le vase est perçu spontanément avant les deux
profils. Plus généralement, on parlera de la tendance générale dans une perception à
éviter les lacunes
Ainsi pour Köhler, le chimpanzé qui saisit un bâton pour gauler un fruit n’a pas perçu
deux formes isolées, indépendantes l’une de l’autre qu’il met en relation par essais et erreurs.
Il fait plutôt une découverte brusque d’une solution (Insight) présentant le fruit et le bâton
dans une forme globale, se découpant dans son espace perceptif comme une totalité
fonctionnelle significative.
De même, la rétention, la conservation et l’actualisation d’une information suite à une
activité de mémorisation doivent être comprises dans ce sens: ce qui est mémorisé, ce sont les
bonnes formes et la qualité de la mémorisation dépend de ces dernières. Pour Köhler, le fait
de répéter, d’entendre ou de lire plus de 10 fois le nom d’une personne et son numéro de
téléphone n’entraîne pas sa bonne mémorisation, parce qu’un nom et un numéro de
UCAD/FASTEF, Département F2B - Filière probatoire: 9
Cours annuel de psychologie générale
téléphone ne constituent pas une bonne forme, contrairement à la totalité significative que
constitueraient une activité déterminée et un numéro de téléphone permettant de la réaliser.
3 La psychanalyse
Elle est née à l'hôpital comme une méthode de psychothérapie puis s’est développée
comme une théorie générale de la personne. C'est en effet en cherchant à traiter et à guérir des
névropathes que Freud a progressivement développé une théorie des faits psychiques autour
d'un concept provocateur: l'inconscient, un concept qui a choqué car on ne considérait jusque
là comme psychique et comme significatif chez l'homme que ce qui était donné à la
conscience. Et le scandale est à son paroxysme lorsque la psychanalyse fait de l'inconscient le
facteur psychique déterminant dans l'explication des comportements d’êtres censés être
rationnels.
3.1 Les principes directeurs
La théorie psychanalytique est tout entièrement dominée par l'idée que la vie psychique
obéit à des lois se posant en quatre principes directeurs.
Le principe de constance. Freud l'emprunte à la physique, au
psychophysiologiste Fechner notamment. C'est la traduction en
psychophysiologie de la loi universelle d'équilibre qui veut que l’organisme
tende dans son fonctionnement vers l’équilibre et que par conséquent « le
système nerveux d'un appareil a pour fonction d'éliminer chaque fois des
excitations qui surgissent et de les rabaisser au niveau le plus bas possible. Il
tendrait si faire se pouvait à se maintenir à un état de non incitation ». D'où
le principe freudien de nirvana qui veut qu'en toute activité psychique,
s'opère constamment un ajustement de tensions selon une règle d'économie.
Le principe de plaisir. Pour Freud, du fait que le principe de constance
commande la vie psychique, « le moi tend vers le plaisir et cherche à fuir le
déplaisir ». Aussi toute tension déséquilibrant la relation moi/autrui
entraîne le déplaisir et sa réduction le plaisir.
Le principe de réalité. Le moi ne pouvant pas toujours obéir au principe du
plaisir, il doit tenir compte de la réalité extérieure (autrui) pour maintenir
son existence. « C'est ainsi, dit Freud, que le moi parvient à décider si
l'entreprise projetée peut aboutir à une satisfaction, s'il convient de la
remettre à plus tard ou si l'exigence instinctuelle ne doit pas être purement
et simplement étouffée parce que trop dangereuse ».
Le principe de répétition. Il s'agit là de la tendance à répéter les expériences
vécues sans préjudice de leurs qualités agréables ou désagréables.
ConPlaReRep
3.2 L'appareil psychique
L'observation des névropathes et l'analyse des rêves ont amené Freud à élaborer une
théorie originale de l'appareil psychique. Elle repose sur deux thèses majeures.
a) La vie psychique ne se réduit pas seulement à des faits de conscience. Il y a trois types
de faits psychiques:
Recherche appliquée
Enjeux :
- Pragmatique (solution)
- politique (changement de Développement
pratiques)
- Ontogénique (nouvelle
approche, nouveau rapport)