Sie sind auf Seite 1von 4

Sûreté nucléaire et radioprotection

Généralités
par Michel LIVOLANT
Ancien Directeur de l’Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire

a découverte de la radioactivité à la fin du XIXe siècle s’est rapidement tra-


L duite par de nombreuses applications, principalement médicales. Assez
rapidement, on s’aperçut que son utilisation sans précautions pouvait avoir des
effets néfastes sur la santé : effets immédiats et systématiques pour des doses
importantes, effets non systématiques sur le long terme pour des doses plus fai-
bles. Cette prise de conscience a conduit à établir, dès les années 20, les premiè-
res règles de protection contre les effets des rayonnements : c’est le début de ce
qu’on appelle la radioprotection.
Le problème a pris une autre dimension avec l’utilisation militaire, puis indus-
trielle, de l’énergie nucléaire. Les bombes d’Hiroshima et de Nagasaki ont sensi-
bilisé les opinions publiques de tous les pays à l’ampleur des effets destructeurs
des engins nucléaires et à leurs conséquences à court et long terme pour les
populations.
Le développement de l’énergie nucléaire pour la production d’électricité s’est
alors fait dans un contexte où il était très important de s’assurer que les risques
étaient bien maîtrisés. Dès le début, la possibilité d’accident a été prise en
compte, et des dispositions particulières ont été adoptées pour y faire face. Pro-
gressivement est apparue la nécessité d’une discipline spécifique : la sûreté des
installations. Cette discipline est intégrée par les concepteurs et les exploitants
dans la conception et dans l’utilisation des installations. Des organisations d’État
ont par ailleurs la compétence légale et technique pour s’assurer du bon niveau
de sûreté des activités nucléaires.
Le risque principal présenté par les installations nucléaires est lié aux matières
radioactives présentes dans l’installation. Il faut que, même en cas d’accident,
ces matières ne puissent pas sortir de l’installation en quantité significative, pol-
luer durablement l’environnement et irradier la population du voisinage, d’où
l’importance des dispositifs et des méthodes utilisés pour maintenir
« enfermée » la radioactivité ou, en terme technique usuel, pour la confiner.
La sûreté, pour assurer le bon confinement de la radioactivité, et la radiopro-
tection, pour en contrôler et limiter les effets, sont normalement associées dans
cette rubrique, bien que les techniques mises en œuvre dans ces deux domaines
soient souvent très différentes. Les articles successifs en détaillent les différents
aspects.

Organisation des pouvoirs Si la responsabilité première de la sûreté et de la radioprotection d’une instal-


publics et réglementaires lation est celle de l’exploitant, les pouvoirs publics doivent être en mesure d’en
assurer un contrôle efficace, par voie de réglementation, d’inspection et d’exper-
tise.
En tenant compte de la complémentarité de la sûreté et la radioprotection pour
la protection du public, le contrôle de l’État sur ces activités est regroupé sous
une même direction, et le travail d’expertise est pour l’essentiel assuré par un
organisme rassemblant ces deux compétences.

Principes et pratiques Les principes et les pratiques de la sûreté se sont progressivement dégagés à
de la sûreté partir d’une expérience industrielle nucléaire de plus de 50 ans, et font l’objet
d’un consensus international, même si leur application détaillée relève toujours

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur BN 3 800 − 1
SÛRETÉ NUCLÉAIRE ET RADIOPROTECTION _________________________________________________________________________________________________

de la souveraineté nationale. Partant de l’objectif général de maintien du confi-


nement, la conception des installations est basée sur la défense en profondeur,
dont l’esprit peut se résumer ainsi : chaque niveau de défense doit être conçu de
façon à éviter si possible de solliciter le niveau suivant tout en prenant en
compte les effets des défaillances du niveau précédent. Cela conduit, quelles
que soient les mesures prises pour prévenir les erreurs, les incidents et les acci-
dents, à postuler qu’il s’en produit quand même et à mettre en place les moyens
pour y faire face et limiter leurs conséquences. Si nécessaire, les équipements
importants pour la sûreté sont doublés, pour qu’une défaillance unique ne
puisse pas causer la perte de fonctions essentielles. Pour que l’homme apporte
la meilleure contribution possible, les exploitants doivent avoir une culture de
sûreté, et tenir le plus grand compte de l’expérience d’exploitation pour déceler
et effectuer les améliorations nécessaires.
L’analyse de sûreté des différents types d’installations : réacteur, laboratoires
et usines, présente des différences notables, compte tenu des spécificités techni-
ques, mais quelques problèmes sont spécifiques au nucléaire. Le principal est
celui du refroidissement : les produits radioactifs continuent à dégager de la cha-
leur après l’arrêt de la réaction en chaîne. Il faut pouvoir évacuer cette chaleur
quel que soit l’état de l’installation, pour éviter une élévation importante de tem-
pérature qui pourrait détruire le confinement. Il faut aussi éviter que les matières
fissiles se retrouvent dans les conditions de quantité, de concentration et de géo-
métrie telles qu’une réaction en chaîne puisse se développer sans contrôle et
conduire à un dégagement d’énergie et de radioactivité important.
D’autres risques non spécifiques du nucléaire comme l’incendie ou l’explosion
par réaction chimique sont aussi à surveiller. Par ailleurs les installations nucléai-
res doivent pouvoir continuer à assurer le confinement des produits radioactifs
en présence des diverses agressions externes d’origine naturelle ou humaines
pouvant survenir sur le site : inondations, tremblements de terre, vents violents,
chutes d’aéronefs, etc.
En complément des méthodes classiques d’appréciation de la sûreté, les
méthodes probabilistes, basées sur l’étude systématique des séquences d’évé-
nements pouvant conduire à une perte de sûreté en tenant compte de leurs pro-
babilité d’occurrence et de l’importance de leurs conséquences possibles,
apportent un éclairage sur le niveau du risque encouru du fait des installations
nucléaires, et permettent de détecter les éléments les plus sensibles de la
conception ou de l’exploitation.
La nouveauté de la discipline se traduit par la nécessité d’études et de recher-
ches pour faire progresser les connaissances sur les accidents, leur origine, leur
progression et leurs effets, et si possible proposer des actions pour en limiter les
conséquences. Ces recherches font appel à de nombreuses disciplines scientifi-
ques et techniques et donnent lieu à des échanges internationaux actifs.

Les pays de l’Est de l’Europe avaient développé une industrie nucléaire pilotée Les enseignements
par l’URSS et plus précisément par la Russie. La chute du rideau de fer, dans un de l’histoire
contexte nucléaire marqué par l’accident deTchernobyl, a bouleversé cette situa-
tion, tout en permettant l’accès à l’information et les échanges techniques. La
situation actuelle en matière de sûreté varie d’un pays à l’autre, suivant en parti-
culier le degré de compétence et d’indépendance des organismes étatiques de
sûreté et des organismes exploitants. Le type des réacteurs nucléaires utilisé a
aussi son importance : tous peuvent être améliorés, mais certains ne peuvent
atteindre le niveau de sûreté considéré comme nécessaire par les instances
internationales compétentes pour un fonctionnement sur une longue durée.
Quelques accidents de grandes installations ont marqué l’histoire du
nucléaire. Bien étudier les conditions dans lesquelles ils se sont produits, leurs
causes directes et leurs conséquences a permis d’améliorer la sûreté pour les
installations existantes ou en projet, ainsi que l’organisation des pouvoirs
publics et des exploitants. L’importance d’une information correcte du public a
en particulier été mise en évidence par l’accident de Tchernobyl.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
BN 3 800 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
_________________________________________________________________________________________________ SÛRETÉ NUCLÉAIRE ET RADIOPROTECTION

Évolutions La démarche de sûreté utilisée dans la conception des réacteurs actuels, ren-
pour les futurs réacteurs forcée par une expérience d’exploitation maintenant considérable, a fait ses
preuves. Pour continuer à progresser, des évolutions ont été envisagées par les
concepteurs et les électriciens pour les futures générations de réacteurs. L’objec-
tif principal, en réponse aux souhaits du public et aux demandes des autorités,
est de réduire de manière drastique les conséquences externes à l’installation
pouvant résulter d’accidents très graves, rendus par ailleurs plus improbables
par une augmentation de la fiabilité des systèmes de sûreté.

Les transports Des matières radioactives doivent être transportées entre des installations
nucléaires, des sites industriels et des hôpitaux. Les accidents de transport sont
relativement fréquents et les colis contenant des produits radioactifs doivent
avoir la résistance suffisante pour que dans la quasi-totalité des cas le confine-
ment soit maintenu. L’organisation des pouvoirs publics doit permettre par
ailleurs l’intervention rapide et la sécurisation de la zone concernée par l’acci-
dent.

Les déchets Lorsqu’ils ne sont plus utilisables, les produits radioactifs deviennent des
déchets. La radioactivité décroît plus ou moins rapidement avec le temps et la
classification des déchets tient compte de cette propriété et de l’intensité spécifi-
que de radioactivité. Les déchets radioactifs sont traités par un confinement
adapté, puis un stockage dans des installations de surface ou souterraines, après
éventuellement des périodes plus ou moins longues d’entreposage industriel.
Le rôle des organismes publics de contrôle est de s’assurer, au besoin en
s’appuyant sur des recherches propres, de la bonne qualité du confinement des
matières radioactives dans l’ensemble de ce processus.

L’organisation Si, malgré les dispositions de sûreté prises, un accident survient, il est essen-
en cas d’accident tiel que les différents acteurs concernés puissent y faire face. Sur le même mode
que pour les autres accidents naturels ou industriels, une organisation de crise
impliquant les exploitants, les pouvoirs publics et les experts est planifiée. Des
exercices sont organisés plusieurs fois par an pour tester l’efficacité du système
et l’améliorer.

La radioprotection La radioprotection ne concerne pas uniquement le secteur de l’énergie


nucléaire. L’industrie, principalement pour les radiographies industrielles, et sur-
tout la médecine pour le diagnostic, le traitement et l’aide à l’intervention chirur-
gicale utilisent aussi largement des radioéléments artificiels. Les principes et les
règles de radioprotection sont les mêmes quels que soient les secteurs
concernés.
Les sources naturelles et artificielles d’irradiation de l’homme sont nombreu-
ses. Il est essentiel de bien en apprécier les effets et, lorsque c’est utile, d’agir
pour réduire les doses reçues. Depuis le début des utilisations de la radioactivité,
une expérience considérable a été acquise sur les effets des rayonnements ioni-
sants. Les effets des fortes doses sont bien connus et les travaux de recherche
portent sur l’amélioration des soins à apporter aux irradiés. Pour les doses plus
faibles, qui ne créent pas d’effets visibles sur la santé à court terme, les effets
scientifiquement prouvés sont de nature statistique : les risques naturels de cer-
tains cancers sont augmentés dans une proportion qui croît avec la dose. Les
effets des très faibles doses sont actuellement l’objet d’un débat : ils ne peuvent
pas être mis en évidence par les méthodes épidémiologiques, et certaines étu-
des fondamentales font état de la possibilité d’un seuil en dessous duquel il n’y
aurait pas d’effet. Par précaution, les règles de radioprotection actuelles sont
basées sur l’hypothèse d’un effet proportionnel à la dose, sans seuil, tout en
recommandant la prudence dans l’interprétation des doses collectives obtenues
en multipliant une très faible dose par un grand nombre de personnes.
Pour contrôler l’utilisation de la radioactivité et en retirer les bénéfices tout en
limitant les inconvénients, un système a été mis en place sous l’impulsion
d’organismes internationaux composés de scientifiques indépendants, dont les

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur BN 3 800 − 3
SÛRETÉ NUCLÉAIRE ET RADIOPROTECTION _________________________________________________________________________________________________

recommandations sont relayées par la mise en place de lois et de


réglementations par les organismes officiels. La mise en place de ce système a
permis au cours du temps une réduction importante des doses reçues par les
travailleurs, à production constante.

Des produits radioactifs existent dans l’environnement. Beaucoup sont natu- La radioécologie
rels, certains proviennent des activités humaines : retombées des essais atmos-
phériques d’armes nucléaires, rejets normaux ou accidentels des installations
nucléaires, résidus d’extraction de minerais... Ces produits évoluent dans l’envi-
ronnement et peuvent revenir vers l’homme, au travers le plus souvent de la
chaîne alimentaire. La radioécologie étudie les évolutions dans l’environnement
et le passage des produits dans différents compartiments : végétations, sols, ani-
maux.
La connaissance de l’état de la radioactivité dans l’environnement et le suivi de
son évolution sont des outils essentiels pour le contrôle des rejets radioactifs
des différentes activités humaines. La connaissance des mécanismes de trans-
fert, obtenue par des expériences en laboratoire ou des mesures sur le terrain à
la suite d’accidents, permet de prévoir l’évolution des contaminations radioacti-
ves dans l’espace et le temps. L’étude des transferts de contamination vers
l’homme par les différentes pratiques agricoles permet d’adapter ces pratiques
agricoles au niveau et au type de contamination, en minimisant la contamination
humaine tout en maintenant une activité économique nécessaire à la vie des
populations concernées.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
BN 3 800 − 4 © Techniques de l’Ingénieur

Das könnte Ihnen auch gefallen