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Arol KETCHIEMEN

Où va
Claude NDAM ?

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Présentée par

Les éditions du
Muntu

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D’où vient Claude Ndam ?

Né en 1955 à Yaoundé et originaire du département du


Noun dans la Région Ouest du Cameroun, Claude Ndam
est un artiste-musicien, auteur-compositeur-interprète
camerounais qui a débuté sa carrière dans les années 80.
Il est né dans une famille où la musique était un élément
central qui faisait partie du quotidien. Ses deux parents
étaient membres de chorale. Un jour, alors qu’il était en
train de jouer de la guitare avec ses frères en cachette, le
jeune Claude est surpris par son père. Apeuré, le jeune
garçon essaie de fuir pour aller se cacher.

C’était peine perdue puisque son père l’avait déjà aperçu.
Il s’approche alors de Claude et lui fait comprendre
tendrement qu’il ne souhaiterait plus qu’il emprunte des
affaires des gens. Son père lui promet de lui offrir une
guitare s’il réussit à son examen. Le jeune garçon n’en
croit pas ses oreilles car à cette époque, posséder une
guitare n’était pas donné à tout le monde. Claude réussit

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à son examen et son père, en homme de parole lui offre
la guitare promise.

Au lycée, sa passion pour la musique s’accroit et il est
membre de l’orchestre du lycée général Leclerc où il a
d’abord chanté puis s’est mis à jouer de la guitare. Il est
un véritable autodidacte sur le plan musical. La musique
n’a jamais constitué une entrave au bon déroulement de
son cursus scolaire puisqu’il a toujours su allier les deux.
Elève très intelligent et curieux à une époque où la
télévision n’existe pas, il lit beaucoup la presse allant
jusqu’à commander même des journaux.

Il fait ses premiers pas à radio Cameroun dans l’émission
« la roue libre » animée par Lucien Mamba vers la fin des
années 70. Une belle épopée pleine de rencontres
marquantes (Ottou Marcellin, Koko Ateba, Bassek Ba
Kobhio etc.). C’était un petit groupe d’amis habités par
la fougue de la jeunesse qui avaient envie de réussir, de
casser la baraque. Chacun apportait un peu du sien, ce
qu’il avait de particulier. C’était un groupe qui partageait

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vraiment l’amour pour la culture, loin de tout relent
tribaliste ou identitaire.

Comme la majorité des artistes de cette époque, il fait
son entrée dans la musique en jouant dans les cabarets.
Invité par un ami dans un cabaret branché et très couru
de la ville, le jeune Claude Ndam qui n’avait jamais joué
en public et était un parfait inconnu dans la scène
musicale est débordé par le trac et se demande s’il
pourra réussir à jouer devant un public aussi exigeant
comme savaient l’être les clients des bars et cabarets à
cette époque. Autre variable venant compliquer la
donne : dans ce cabaret, il est demandé à chaque
chanteur ou musicien d’interpréter ses propres
compositions. Le jeune Claude Ndam prend son courage
à deux mains et se met à chanter. Dès les premières
intonations de sa voix, la foule qui le regarde ébahie
semble conquise. Il s’en suivit une salve
d’applaudissement à n’en plus finir et le public en
redemanda encore et encore malgré la présence dans la
salle de nombreuses vedettes. Claude Ndam fut
profondément marqué par cet évènement et commença

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à développer de l’assurance et de la confiance en lui-
même.


Devenu confiant, il arpente et fréquente tous les lieux de
Yaoundé où l’on joue de la musique. Il prend goût aux
cabarets et sillonne désormais tous les grands cabarets
de la ville. Sa réputation s’en va grandissant à tel point
qu’il est même sollicité pour prester dans les cabarets de
la ville de Douala.

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Les débuts prometteurs

Il fait ses débuts en jouant lors des premières parties de
ses ainés musiciens à l’instar de Dina BELL. C’est en 1983
qu’il se produit pour la toute première fois dans un
spectacle de musique en tant qu’affiche principale et
cela, il le doit au Centre Culturel Français (ambassade de
France) ; tout comme son tout premier clip vidéo qui fut
produit et réalisé par le Centre Culturel Français. En
effet, au début des années 1980, il fait la rencontre d’un
professeur d’université français enseignant à l’École
Supérieure Internationale de Journalisme de Yaoundé
(ESIJY) aujourd’hui ESSTIC (Ecole Supérieure des
Sciences et Techniques de l’Information et de la
Communication).

C’est ce dernier qui l’introduit auprès des services
culturels de l’ambassade de France. Comme il n’y avait
pas de télévision au Cameroun à cette époque, le Centre
Culturel Français commençait à produire et à réaliser
des vidéos. Claude NDAM devint l’un des touts premiers

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camerounais à s’y produire. Il enregistra son premier
clip vidéo dans une salle pleine à craquer. Il devient ainsi
l’un des visages connus et sollicités du monde du
showbiz camerounais.


Après avoir longtemps interprété les chansons des
autres, il se met à composer ses propres chansons.

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C’est le titre U Ngoua ya de l’album éponyme qui le révèle
au grand public en 1990. U Ngoua ya signifie en langue
bamoun « Où vas-tu ? ». Pour Claude NDAM, chaque
parent a envie de demander à son enfant : « Où vas-tu ? ».


Ce, afin de veiller sur lui et lui montrer le bon chemin : «
Comme tous les enfants de mon époque, j’ai souvent été
réprimandé par mes parents à cause de mes
fréquentations et des bandes avec lesquelles je trainais ;

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il fallait tout le temps s’expliquer devant les parents qui
me lançaient à chaque fois que je m’apprêtais à sortir :
« où vas-tu ? ». Et je me suis dit que si ma mère et mon
père me posent tout le temps cette question, cela
voudrait tout simplement dire que tous les parents le
font »1.

Dans cet album, on peut aussi retrouver des titres
comme : Kwette, Mona, Anna, Pen Ji Mi, Nka Yi.
Parmi les requins qui ont participé à la confection de cet
album, on retrouve entre autres Yves Ndjock (guitare),
Etienne Mbappé (basse), Patrick Bebey (claviers),
Sydney Thiam (programmation, percussions,
arrangements).






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Entretien réalisé avec Claude NDAM

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Artiste pluriel unique en son genre

Il s’illustre dans le registre des rythmes traditionnels du
pays bamoun. Pour affirmer et marteler son attachement
à sa culture, il chante en langue bamoun. A travers sa
musique, il essaie de moderniser le « Mendu », un rythme
traditionnel qui se joue à l’aide des balafons. Pour cela, il
s’efforce de transporter les sonorités produites par les
instruments traditionnels sur les guitares modernes.
C’est ainsi qu’en écoutant par exemple son titre
« Kwette » ; on constate que les sonorités produites par
les guitares sont similaires à celles du « Mbassié » ; cette
cloche utilisée dans les musiques bamouns.

Artiste éclectique et ouvert, il a su opérer un syncrétisme
musical en s’ouvrant à d’autres rythmes tels que le jazz,
le rock tout en gardant une touche traditionnelle. Il a
particulièrement été influencé par le funk et a pour
modèle sur le plan continental des artistes à l’instar du
gabonais Pierre-claver Akendengué (pour la beauté et

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l’intemporalité de ses mélodies), la sud-africaine Miriam
Makeba, le camerounais Francis Bebey.



Les chansons de Claude Ndam sont d’une richesse
textuelle remarquable. Dans le titre « Mona La Veve », il
raconte le parcours difficile, la souffrance d’une mère de
la grossesse à l’enfantement. A travers cette chanson, il
rend hommage à toutes les femmes qui ont eu la grâce
d’enfanter et appelle à respecter toutes les mamans pour
toutes les souffrances qu’elles endurent. La chanson dit
littéralement ceci :

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« La souffrance est le propre de la femme
Un enfant finit toujours par naitre
Cet enfant que vous voyez
Quand j'étais enceinte de lui
Après trois mois de grossesse
Les maux de ventre ont surgi, j'avais tout le temps mal
au ventre
Et lorsque tout le monde était déjà endormi
J’étais toujours debout
Mon père me demandait ce qui n’allait pas
Je lui répondais que j’avais mal au ventre
Il décida de m’emmener à l’hôpital
On emprunta un taxi à 150
Refrain :
La souffrance est le propre de la femme
Il faut respecter les mères d'enfants
Toute la souffrance est pour la femme
Que chacun respecte sa mère »

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Son deuxième album « Pawa » est un album original, il
chante en plusieurs langues : Bamoun, Douala, Ewondo
etc. Dans cet album, on retrouve des titres tels que :
Pawa, Essele Mba, Dors mon enfant, Rainbow, Sande, Fa
Ya, Mbu, Shiket etc.


Sur le titre « Dors mon enfant », on note une contribution
appréciée de son complice de toujours Ottou Marcellin.
En effet, « Dors mon enfant » est en réalité une reprise
de « Ma Folo Man » d’Ottou Marcellin.

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Le roseau chantant qui plie et ne rompt


pas !
En 2008, un AVC va l’éloigner pendant quelques années
de la scène musicale camerounaise. Quelques années
après, il subit un deuxième AVC.

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Sa force, il la tire de son mental et de sa joie de vivre. Il a
décidé d’être toujours fort, de toujours sourire à la vie
malgré tous ces problèmes cardiovasculaires.

Véritable modèle et mentor, Claude Ndam conseille et
inspire les nouvelles générations. Son titre Mona La Veve
a été repris en 2011 par Sergeo Polo. En 2017, il a
collaboré en featuring avec le rappeur Stanley Enow sur
le titre Love Song qui est une reprise de son titre L’amour.
Une collaboration qui a réuni deux générations de la
chanson camerounaise.

Claude Ndam a resurgi sur la scène musicale
camerounaise pour célébrer ses 30 ans de carrière
artistique du 28 novembre au 21 décembre 2013 à
Yaoundé, Douala et Foumban. Animé par le désir de
transmettre et d’entretenir le patrimoine culturel
bamoun, il a profité de cet évènement pour organiser
plusieurs ateliers de formation et des colloques sur la
culture Bamoun.

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En 2016, il a participé au FENAC (Festival des Arts et de
la Culture) et au festival NGOUON. Le 08 novembre 2016
à l’occasion du FENAC, il est fait Chevalier de l’Ordre de
la Valeur.

Il appelle les jeunes chanteurs africains à s’engager : « Ils
sont de plus en plus écoutés, ils ont cette chance. Nous
n’avons pas eu une visibilité pareille à notre époque.
Donc qu’ils lancent des messages forts, que les jeunes
africains deviennent de plus en plus engagés, qu’ils
profitent de cette grande visibilité qui leur est offerte
pour dire la vérité.

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Je leur conseille de ne pas avoir peur de parler des
réalités de notre continent, de citer tous les maux qui
minent notre société. C’est vrai que dans nos pays tordus
on veut seulement vous chicoter quand vous dites la
vérité au lieu de résoudre le problème soulevé. Mais
vous ne devez pas avoir peur car c’est vous l’avenir de
l’Afrique et cette Afrique ne peut sortir de son
barbarisme et de son sous-développement qu’en
écoutant ses enfants ».2










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Entretien réalisé avec Claude Ndam

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Honoré de son vivant

Claude Ndam a été fait « Nji », notable Bamun, le 26
octobre 2019 par le Sultan Roi des Bamoun, Ibrahim
Mbombo Njoya. Il a aussi contribué à valoriser la culture
Bamoun en apportant son expertise lors de ses
participations aux éditions du festival du Ngouon.



Claude Ndam s’est éteint ce vendredi 12 juin 2020 à
Yaoundé. Il succombe ainsi à une longue maladie,
rythmée pour une série d’attaques vasculo-cérébrale
dont la dernière en date de février 2020.

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Discographie non exhaustive
Albums
U Ngoua ya (1990)
Pawa

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DANS LA MEME SERIE

-Manu Dibango, la plus grande icône de la musique


camerounaise, Arol Ketchiemen, mars 2020.
-Ndam Njoya, le plus grand intellectuel camerounais, Félix
Mbetbo, mars 2020
-Les pensées de Maurice Kamto, Félix Mbetbo, mars 2020
-Où va Claude Ndam ? Arol Ketchiemen, juin 2020

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AUX ÉDITIONS DU MUNTU

-République du Piment
Félix MBETBO 2017

-Une Dauphine dans un monde de requins


Audrey ABOULA 2017

-Un mélange de l’art et des gens


Sadrak 2018

-Le Icônes de la Musique camerounaise


Arol KETCHIEMEN 2018

-Sur le Rues de Douala


Félix MBETBO 2018

-Le Maréchal Samuel Mbappé Léppé


Arol KETCHIEMEN 2019

-Les Coups d’État salvateurs en Afrique

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Arol KETCHIEMEN 2019

-Coupez-leur le zizi
Félix MBETBO 2019

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