françoise . Par J. J.
Rousseau
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Rousseau, Jean-Jacques (1712-1778). Lettre sur la musique françoise . Par J. J. Rousseau. 1753.
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S U PL
LA MUSIQUE
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AVERTISSEMENT:
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~-J 0~~ yz~z~z/zf ~~oKM ~M~~ z/z/M-
/f ~M ~~M~ CO~ ~t~C beaucoup ~P/
6* de /'aM~ avec beaucoup ~Kc/?~
TZy ~<?M/K.f ~M~ <2MC~Mg car C~M
~C~ g'Me/ ne me CO/zyCTZO~ en CM-
CM~M ~MM que C~ /Z~MK
pas le M/~j' de ne dire d'Mg des T~M/o/M.
~ÏM~/Ztï~ ~Mg les ~OM~O/Z~ font CO~P~-
OK~ 6' ~M~/?jD~
~KC/?M/Z de Ca~ C/'OMPOMyo~
mon J~/ZKM~ 6' je le ~/ifH avec
ma ~r~/ZC~~ ordinaire, y~/M C/-fïM~ g/Z
cela ~<z/g/- ~o/z/zg me femble
~/M~ que y& un pareil fujet fo~g ~yj-
C~ZKMO/Zferoit !/Z~M/-MM/g~0M/' Zë&K/
cc~rj'avoue
M/'y~o~c ~Mg j'âurois fort/~<2M~c~
que~'aM/'o~/o~f op~-
mauvâifeopi-
7ZZO/Z ~'M/Z Pe~/6 ~K~ ~N7ZC/-OMt:~ C~;Z-
yo/Z~ Z//Z~ ~0~-M/zc<? /CM~~ ~C/'OM
XVERTÎSSEME~TJ
ca~ <~j~
C~ ~M~ ~MM~M ~e~
~c ~<
J~M/?~ avec ~&M de
y~M
C~0~~o/:
LETTRE
LETTRE
SUR LA MUSIQUE
FR jVp 0 76 J?,
Oûs Ibuvenez-vous Mohnéùr~
de riiiAoire de'cet enfant de Si-
lé~ë d6nt bajje M. de' Fon~
nelle,&:qui étoitnëavec une dent d'or?t
Tous les Savants de FAllemagne s'épui-
ferent d'abord en ïcavahtes diuertàtions~
pour ravoir comment on pouvoit naître
avec une dent d'or la dernière choie dont
on s'avifa fut de vérifier le fait, & il ië
û-ouva que la dent n'ëtoit pas d'or. Pour
éviter un iëmblable inconvénient,
avant
que de parler de l'excellence de
Musqué il feroit peut-être bon
notre
de s'af-
A
iureï de fon exigence 6c d'examiner d'à"
bord non pas fi elle eft d'or, mais fi
nous en avons une.
Les Allemands les Efpagnols & les
.Anglois, ont long-tems prétendu pouë-
der une Mufique propre à leur langue
en effet ils avoient des Opéra NatMn-
naux qu'ils admiroient de très-bonne foi;
& ils étoient bien perluâdës qu'il y alloit
de leur gloire à lâiuer abolir ces chefs-
d'<!euvres infupportables à toutes les oreil"
les? excepté les leurs. Ennn le plauirra.
emporté chez eux fur la vanité, ou du
moins ) ils s'en font fait une mieux en-
tendue de facrifier au goût &: à la raison
des préjugés qui rendent ibuvent leâ
Nations ridicules~ par l'honneur même
qu'elles y attachent.
Nous ibmmes en France dans les &n.~
timens ou ils étoientalors mais qui nous
affurera que pour avoir été plus opiniâ-
tres, notre entêtement en foit mieux ibn~
dé ? Ne j[eroit~-il point à propos~ poureo,
bien juger de mettre une fois la Mufiquc
Fran~oifë à la coupelle de la raubn/&:
de voir fi elle en foutiendra réprouve.
Jen'aipasdefïein d'approfondir ici
cet
examen ce n'eft pas Tanaire d'une Let.
tre, ni peut-être la mienne. Je voudrois
feulement tâcher d'établir quelques prin.
cipes fur lefquels en attendant qu'on
en ffôuve de meilleurs, les Maîtres de
FArt~ bu plutôt les Philofophes purent
diriger leurs recherches car~ diibit
au-
ttéfois un §agë cëA au Poëte à faire de
la Poëflë) Ô!: au Mufieien à faire de la
Mufique ;mais il n'appartient qu au Philo.
fbphë de bien parler de ruhe & de l'autre.
Toute Mufique ne peut être
compo-.
fée que de ces trois chofes mélodie
chanta harmonie ou accompagnement, ou
=
.mouvement ou memrë.
Quoique le chant tire fon principal
caraaëredela mëiurë~ comme il naît
imMediatëmënt dé Tharmonie., &
qu'il
~ëtit teneurs raçeompagnementa fa
A ij
marche ~'unirai ces deux parties dans un;
même article, puis je parlerai de lame-
fure féparément.
L'harmonie ayant fon principe dans la
nature, eft la même pour toutes les Na.
tions, ou fi elle a quelques différences,
elles font introduites par celles de la mé-
lodie ainfi, c'eâ de la mélodie feule-'
ment qu'il faut tirer le cara~ëre parti-
culier d'une Mufique Nationnale d'au-
tant plus que ce caractère étant princi-
palement donné par la langue, le chant
proprement dit doit reuëntir fa plus gran-
de influence.
On peut concevoir des langues plus
propres à la Mufique les unes que les au-
tres on en peut concevoir qui ne le te-
roient point du tout. -Telle en pourroit
être une qui ne feroit compose que de;
fons mixtes, de fyllabes muettes, fourdcs
ou nazales peu de voyelles fonoreS)
beaucoup de conrones & d'artieulatipns~
&: qui manqueroit encore d'autres con-;
cUdons effentielles, dont je parlerai dans
l'article de la mefure. Cherchons par
curiofité, ce qui réfulteroit de la Muâ-
que appliquée à une telle langue.
Premierement, le défaut d'éclat dans
le fon des voyelles obligeroit d'en don-
ner beaucoup à celui des notes, & parce
que la langue feroit fourde, la Mufique
feroit criarde. En feconct lieu, la dureté
& la fréquence des confones forceroit à
exclure beaucoup de mots, à ne procé-
der fur les autres que par des intona-
tions élémentaires, &. la Mufique feroit
infipide & monotone fa marche feroit
encore lente &:ennuyeuie par la même
raifon, &: quand on youdroit un peu preC
fer le mouvement, fa viteffe- reffemble-
toit à celle d'un corps dur &c anguleux
qui roule fur le pavé.
Comme une telle Mufique feroit dé-
nuée de toute mélodie agréable~ on tâ-
cheroit d'y fuppléër par des beautés fac-
tices & peu naturelles on la chargeroit
A ii~
de modulations fréquentes Se régulières j!
mais froides, fans grâces 8ç fans expreC.
fion. On inventeroit des fredons, des ça?
dences des ports de voix 6c d'autres
agrémens potiches qu'on prodigueroit
dans le chant ) ôc qui ne feroient que le
rendre plus ridicule fans le rendre moins
plat. La MuCque avec toute cette mau~
fade parure reAscoit languiSante & fans
expreuion 5e les images, dénuées de
force & d'énergie, peindroient peu d'ob-
jets en beaucoup de notes, comme ces
écritures gothiques, dont les lignes rem~
plies de traits ôe de lettres .Rgurées~ ne
contiennent que deux pu trois mots, Se
qui renferment très-peu de. fens en un
grand espace.
L'impo~bilité d'inventer des chants
agréables obligeroit les CompoCteurs à
tourner tous leurs foins du côté de l'har<
monie, ôc faute de beautés réeUeS) ils y
introduiroient des beautés de conven-
tion? <~t n'auroient.prefque d'autre mé~
tîte que la dimculté vaincue au lieu
d'une bonne Munque ils imagineroient
une Mufique gavante pour fuppléer au
chant, ils multiplieroient les accompag.
%fiens il leur
en couteroit moins de pla-
cer beaucoup de mauvaifes parties les
unes au-deuus des autres; que d'en faire
une qui eut bonne. Pour ôter Finupiditë~
ils augmeateroient la confufion ils croi-
roient faire de la Munque & ils ne fe-
roient que du bruit.
Un autre effet qui réfulteroit du de-'
&ut de mélodie lerok que les Mu~ciens
n'en ayant qu'une faune idée) tmuve-
roient partout une mélodie à leur ma-
nière n'ayant pas de véritable chanta les
parties de chant ne leur eouteroit rien
à multiplier parce qu'ils donneroient
hardiment ce nom à ce qui n'etL ieroic
pas; même ju~u'à la Ba~-contmue,
l'uninbn de laquelle ils feroient fans fa-
eon réciter les Ba~s-.taiHeS) &uf~ cou-~
vr-ir le tout d'une j(brt€' 'raccompagne~
A iv
ment) dont la prétendue mélodie n'au~
roit aucun rapport à celle de la partie
vocale. Partout où ils vcrroicnt des notes
ils trouveroient du chant, attendu queït
effet leur chant ne feroit quedes note~
~OCM,K~7.
Paûbns maintenant à la mesure dans
le fentiment de laquelle confifte en grande
partie la beauté ôc rexprefïion du chant
La melure eft à peu près à la mélodie
ce que la Syntaxe eft au discours c'eH
elle qui fait l'enchaînement des mots, qui
diftingue les phrafes & qui donne un &ns~
une liaifon au tout. Toute Mufique dont
on ne fent point la mefure reuemble fi
la faute vient de celui qui ~exécute à
une écriture en chiffres dont il faut né-
ceffairement trouver la clef pour en dé-
mêler le fens. mais fi en effet cette Mu-
fique n'a pas de mefure ~ënHble ce n'eft
alors qu'une collc~ion confufe de mots
pris au hazard & écrits fans. mite~ auf-
~uels le Le~ëur ne trouve aucun fens
parce que l'Auteur n'y en a point mis.
J'ai dit que toute Musqué Nationnale
tire ton principal caractère de la langue
qui lui eft propre &c je dois ajouter que
c'eA principalement la profodie de la
langue qui constitue ce cara~ère. Comme
la Mufique vocale a précédé de beaucoup
i'infh-umentale, celle-ci a toujours reçu
de l'autre tes tours de chant &: fa me-
fure, & les diverses mefures de la Mu-
squé vocale n'ont pu naître que des di-
verfes manières dont on pouvoit icander
le difcours & placer les brèves & les
longues les unes à regard des autres
ce qui eft très-évident dans la Mufique
Grecque dont toutes les mefures n'é-
toient que les formules d'autant de ryth-
mes fournis par tous les arrangemens des
fyllabes longues ou bréves, & des pieds
dont la langue & la Poëïie étoient fuf-
ceptibles. Deïbrte que quoiqu'on puiu&
très-bien dininguer dans le rythme muu'
~al la meiure de la profodie, la me~re
du vers, &cla mefure du chant, il ne faut
pas douter que la Mufique la plus agréa'
blé, ou du moins la mieux cadencée, ne
foit celle où ces trois mefures concou'-
rent enfemble le plus parfaitement qu'tt
eApoiïible.
Après ces ëclairciSemens je reviens
à mon hypothéfe, & je jfuppote que la
même langue, dont je viens de parler
eût une mauvaife profodie, peu marquée~
fans exa&itude & fans prëcition que
les longues & les brèves neu~ent pas
entre elles en durée & en nombres des
rapports limples Se propres à rendre 1~
rythme agréable, exaët, régulier quelle
eût des longues plus ou moins longues
les unes que les autres, des brèves plus
ou moins brèves, des fyllabes ni brèves
ni longues ) & que les différences des
unes & des autres fuuent indéterminées
& prefque incommenuirables: ileAetaix
que la Mufique Nationnale étant con-
trainte de recevoir dans fa mefure les ip-
régularités de la profodie n'en auroit
qu'une fbrt vague, inégale & très-peu
jtënnble; que le récitatif feientiroit, fur-
tout, de cette irrégularité; qu'on neicau-
rolt preique comment y faire accorder les
valeurs des notes &: celles des fyllabes
qu~on feroit contraint d'y changer de
me-
fure à tout moment, & qu'on ne pour-
roit jamais y rendre les vers dans un
rythme exact & carence que même dans
les airs mesurés tous les mouvemens fe-
roient peu naturels fans préciuon que
pourpeu de lehteut qu'on joignît à ce
défaut,l'idée de légalité des tems fe per-
droit entièrement dans reiprhdu Chan-
teur &. de- l'Auditeur, ëe qu'cnnnia me-
fure n'étant plus jtcnûMe, ni fes retours
égaux) elle ne ieroit auujettie qu'au ca-
price du Muncien, qui pourroit à cha-
que Mant la prejBer eu la ralentir à fon
gré detbrt& qu'it ne feroit pas poSiMe
dans un concert de Ïc pa~ de quel--
qu'un~ qui la marquât à tous) ~lon la
Ïantalue ou la commodité d'un leuïj
C'eft ainfi que les Auteurs contraa:e-
roient tellement l'habitude de s'af~ervir
la mefure, qu'on les èntendroit même
l'altérer à deffein dans les morceaux o~
le Compofiteur feroit venu à bout de la
rendre fenfible. Marquer la mefure feroit
une faute contre la compofition, &: la
fuivre en feroit une contre le goût da
chant les défauts paueroient pour des
beautés, &: les beautés pour des défauts;
les vices feroient établis en regles &c
pour faire de la, Mufique au goût de la
Nation~ il ne faudroit que s'attacher avec
foin à ce qui déplaît à tous les autres.
AufH avec, quelque art qu'on cherchât
à. découvrir les défauts d'une pareille Mu-
fique il feroit impouible qu'elle plûtja-
mais a d'autres oreilles qu'à celles des na-
turels du pays où elle feroit en ufage
à force d'effuyer des reproches fur leur
mauvais goût) à force d'entendre dans
une langue plus favorable de la véritable
Mufique', ils chercheroient à en rappro-
cher la leur Ôc ne feroient que lui ôter
fon caractère ôc la convenance qu'elle
avoit avec la langue pour laquelle elle
avoit été faite. S'ils vouloient dénaturer
leur chant, ils lerendroient dur, baro-
que & prefque inchantable s'ils fe con-
tentoient de rorner par d'autres âccom-
pagnemens que ceux qui lui font pro-
pres, ils ne feroient que marquer mieux
fa platitude par un contrafie inévitable
ils ôteroient à leur Mufique la feule beau~
té dont elle étoit iuiceptible~ en ôtant à
toutes tes parties l'uniformité de carac-
tère qui la faifôit être une ôc en accou-
tumant les oreilles à oédaigner le chant
pour n'écouter que la iymphonie~ ils
par-
~iendroient enfin à ne faire fervir les voix
que d'accompagnement à l'accompagne.
ïnent.
Voilà par quel moyen la Mufique d'une
telle Nation Ïë divifëroit en Mufique vo-
cale ocMunque inArumentale voilà corn-
ment, en donnant des cara~éres diSÔreng
à ces deux espèces) on en feroit un tout
monûrueux. La iymphonie voudroit al-
ler en mesure oc le chant ne pouvant
ibunrir aucune gênej on entëhdroitjfbu~
vent dans les mêmes morceaux lés Ac~
teurs &. FOrcheâre fe contrarier ôc fe fair~
obûacle mutuellement. Cette meertitud~
&: le mélange des deuxcara~éres tntro-r
duiroient dans la manière d'accompagner
une froideur & une lâcheté qui ? tour-.
neroit tellenïent en habitude que le~
Symphoniâes ne pour~Qient pas~mem~
en exécutant de benne Mn~que~ lui latf~
1er de la force ôc de l~eBgi~ En l~ou~dt~
comme la leur, il§ r~nerveroient entiéfe~
ment ils feroicnt fort le~r~K~ 3 doux les
/a~ ne ConnëitEoient pas une
nuances de ,ces de~ux mots. Ge~ au-j
très mots, ~/z/o~o, t/o/cc, /as?
Iln'y à pMt-êtrepgs qS~t~S~~Mdn!~ësMn~i~at
~achencla d~feRce de~MaO&~M, & c'ejftàK tnun!e–
ment qu'its ia~antôjehc earqùij'ectrë eux feroit en ~[at
'te.la tendre~
CM ~-M/?C, ~~0/0 foflenuto con ~o
n'auroient pas même de iynonimes dans
leur langue, .&c celui d'~y~o~ n'y
au-
roit aucun fens. Ils ûibititueroient je ne
~ais combien de petits ornemens froids
& mauuades à la vigueur du coup d'ar-
chet. Quelque nombreuxque fut l'orchef.
tre~ il ne feroit aucun effet, ou n'en fe-
roit qu'un très-défagréable. Comme rexë<
cution feroit toujours lâche ôc que les
Symphoniû:es aimeroientmieux jouer pro.
prement que d'aller en mefure ils ne &-
roient jamais enfemble ils ne pourroient
Venir à bout de tirer un fon net&cjuAe,
m de rien exécuter dans Ion cara~ére ,&:
les Etrangers feroient tout furpris qu'un
orcheftre vanté comme le premier du
monde~ tëroità peine digne des tréteaux
d'une guinguette. Il devroit naturelle-
mentarriverque de teIsMuuciens priffent
en haine la Mufique qui auroit mis leur
honte en évidence & bien-tôt joignant
la mauvaue volonté au mauvais goût, ils
mettroient encore du defïëin prémédita
dans la ridicule exécution dont ils au-
j-oient bien pu fe fier à leùrmal-adreue.
D'après une autre fuppofition contraire
à celle que je viens de faire, je pour-
rois déduire aifément toutes les qua-
lités d'une véritable Mufique, faite pour
émouvoir, pour imiter, pour plaire, &
pour porter au cœur les plus douces im-
prefflons de l'harmonie & du chant mais
comme ceci nous écarteroit trop de notre
fujet & des idées qui nous font connues
j'aime mieux me borner à quelques ob-
fervations fur la Mufique Italienne, qur
puifle nous aider à mieux juger de la
nôtre.
Si l'on demandoit laquelle de toutes les
langues doit avoir une meilleure Gram-
maire, je répondrois que c'eâ celle du
Peuple qui raifonne le mieux 6e fi l'on
demandoit lequel de tous les Peuples
doit avoir une meilleure Mufique, je di-~
rois que c'efl celui dont la langue y e~
le
le plus propre. C'eA ce que j'ai déja ëta"
bli ci-devant &: ce que j'aurai occasion
de confirmer dans la fuite de cette Let-
tre. Or s'il y a en Europe une langue
propreàIaMunque~ c'eA certainement
l'Italienne car cette langue eft douce
honore, harmonieùie~&: accentuée plus
qu'aucune autre~ & ces quatre qualités
fbntprécUëment les plus convenables. au
chanc.
Elle ëA doùce parce, que les articu-
lations y ~bnt peu composes, que la ren-
contre des conibnnes y cA rare &ns
rudeile qu'un, très-grand nombre de
fyllabes n'y étant formées que de voyelles,
les fréquentes élifions en rendent la
pro-
nonciation plus coulante Elle eft fonore,
parce que la plupart des voyelles y font
éclatantes~ qu'elle n'a pas de diphtongues
compoiëes', qu'elle a peu ou point de
voyelles hazales ? & que les articulations
tares ~'faciles di~inguent mieux leïbn
des iyllabesqui
/X.
~,z
en~deyientplus net, &:
t
B
iplus ~eim. A l'égard de rharmonie ) qui
dépend du nombre &: de la proâ)d~e au-
tant que des ibnsy l~avamsge ée la langue
It~iënne je& m~mïeae âtr ce pomt ça!'
li ~at a-emaïquac q')ae ce qui rend une
la~gme hatmomeu~ &: védtablemeïitpic-
toce~'ue, dépend m~as de la~rcê teelle
de ~s ternes ~qee de la dMtance qu'H y a
du d~mx ~u ~&rt entre les ~ns ~û~eem-
ploye~&c du choix qu'on en peut faire ~our
ies tableaux qu'on a a peindre. Ceci fup-
pôle, que <~ux qui pen&-nt que rttSËcn
n'e~que le langage de la douceur & de la
tendteiïe~ prennentlancine de comparer
entre Biles ces deux Arophes du 'Taue.
TeheilSëgnIe placide etfanqoille
Repaie t ~Ti 'veMi 'e ~iete pac!,
Setrf<I,~KAe<te~je)d&h:r&tHe
Di ~tantp e iofpti\ ttottehi e malli bace! =
tu& Kti cote mtte, e pofeta unille,
Et aY~cotempT~di tente &d;
~Ëae'&~o ~s-l~t RtBrabilcmto
Bi ch' ]dh ~veva~lbeli&tMco~ectnt~
CMia~ gl'~itàt&t~e ~Œn~a&ete~
~Mttœ&onde!ata~a~eattc<mta}
J
TfemajQ !e ipaziofe aire caverne.
E i'aer cieco a quel jomoi limbomba
~ë~HiHeMdomâidalëfupeme J
~e~oM ~el Cieto il ~]gM ipiomba~
Ne si tboj!& ~ammai tretna Ja [erra
Qnando i vapaii in &n gMvida ietTa:
IIt~its~ie~përëM de rcndfe euFfan~
~ois b d~ce harmonie de iune~ quils
e~y~nt ~.cxprimef ià muquc dureté de
l'aube S ~eA pas t)e~in
pour juger de
cea d'entendre la hngue, il ne &ut
quav~ ~s ore~s & de la boïme R)i.
Au ïeae~v<msJG~rv€fcz
que cet~ du~
tecéi~~ demiere Ër~he n~ potnt
~burde~~ais tr~~aore, ~q~eHe n'e&
que pour ~oreille ~n pourra pronon-
ciation car la laRg~ê n'articule moina
pas
&eilement~es 7-multipliées qui ~bnt la
rude~ :de ce~ ~r~e, queues/qui
readsnt ia pNemie~e â<:ôuiante. Au
tram~ ~u~ les ~s que n<~s voulons con.
d~~ de~d~téi ~~on~ de
notre
~gue~no~ ~aMaes ~rees d-entauer
Bij
des confbnes de toute espèce quifbrmetit
des articulations dimcilës &c rudes~ ce qui
retarde la marche du chant &c contraint
fouvent la Mufique d'aller plus lente-'
ment, précifëment quand le iensdes pa~
rôles e~igeroit le plus de vitenë.
Si je vpulois m'étendre fur cet article,
je pourrois peut-être vous faire voir en-
core que les inversions de la langue Ita-
lienne font beaucoup plus favorables à la
bonne mélodie que Tordre dida~ique de
la notre, oc qu'une Phrafe Muucalë fe
développe d'une manière plus agréable
ôc plus intërenante, quand le fens du diP
cours longtems fu~endu réfbut fur le
verbe~ avec la cadence que quand il fe
développe à mefure oc laifïe anbiblir
ou fatisfaire ainu par degrés le deur de
refprit, tandis que 'celui de l'oreiUe aug-
mente en raifbn Gontraire jufqu'à la nn
de la phrafe. Je voûsprouverois encore
que Fart des fufpenfions&cdes mots en<
trecpupés queTheureufe confHtution de
la langue rend & familier à la MuBque
Italienne~ eA entièrement inconnu dans
la h:ôtre &c que nous. n'avons5d'autf€&
mqycns poury fupplëeB, que des. Rien-
ces qui ne font jamais.du.chanta &: qui,
da~s -.ces occafions ) montrent plutôt ia
paSëretéde là Musqué
que les reHbtnces
duMuncien.
n me fê~ëmit a~p~ Faccent
mais 'cê~ôiM impôfcaht demande ~në
ft
pcofbhdë~n=uMib~~ ifiieüi:'la
rëfej'vcr ~~ë meilleure 'main Je vais
dënc pa~f aux cho~ plu~ caët~iëlles
à~mon ob)ët, TâëhetS~exam
&
~tu6<~uë 'en. elle-même~
~és Italiens pM que hêtre mé-
lodie~ ptate~ &c âns~ ~cun chant &:
toutês~es Nations~ feutres connBmëht
B
T~ uj `
unaûinieïnent leur jugement ~ar po!h~
de ho~ecote nous accuibns la leurd'e
bizaMfe & baroque..Faimc nueux MoiEe
que lès uns ou le~autre&Ïe trompent~ que
d~Me féduit à dii'&quc dans dcs'contr~es
ou le~ Sciences. &: tous) les Aïts&Qt
venus a unfi haut dëgiîé) la Mutiqu&c
eA encore à naître. ;h
L~ i
raoms pféyenus d'eM~~ nousit~e
eon~entent de= dMe ~ue la MujR~ue 1~
lienne &. la Fran~oi~~nt coûtée, ~ux
bonnes, chacune dans ton ~enre~
cune pour la tangue qui lui e& p~opre~
mais outre qu~elê& autres N~t~o~n~ con-
viennent pas de cette pa~ît~ jjU ~a~roit
tqu)our~ a J~~oïc la~ëUerdesf~t~Ian--
gues peu~c'M~orterte n~eiHëurg&nEefde
MuCque en foi,: QueAipn fort agi~e~en
France mais qui ne le fera jamais ail-
NnSents c<n~a0[)ti6n~ ~exëlu~on tot~!e~oë 1~AR*af
teas de Mu6que=donHént &hs Màncëtà la MB~u~Pfan*
~t(~; ces modère c6nci!iatëtiUE"neVoUtiTôtëH!pas dëgo&M
exctuSs, comme C ~<HOHtdes bannes c~ <i6vc& ~tite
goûtetlestnaavaitës..
leurs, que&ion qui ne peut être décidée
que par une oreille; parlement neutre?
~qui par conieqûent devient tous ies
~u~s plus décile à réibu-dredansle~eul
pays ou elle foit. en problème. Voiei ~ur
€e iujet quelques expériences que ~ha<:un
ma~re ~e veiner jj qui mepar<M~nt
po~v~ fe~vir à cette f~ution,; d~moins
~uant la mélodte~ a laqueUe ie~tlë
~duiCp~e~quetQute la dispute.:
J'at pms; dans les dteux MuRques. de~
s~s ~gal~j~ent e~i~és chacun d~~s ~on
gen~ les dépouillantle& uns de leuj~
p'e~ de ~x ô:. d~ leu~ eadenees dter-
j~eHes~s autres de~t~es ~us-enten-
dues ~ne le C@f~pc'6teup ne & donne
:p<~€ la peine d~çnre~ <~doniE il ïe re-
JRgt a; l~ntelËgen~ d~ Citaïlteu~: j.e les
*€?ë~dMn~toot&€~4b~~He~tM~
~e
de s'y prendre ainfi car ces
notes fous-entenduesdans nta-
~~P~ tPQ'.ns del'etteïtce de~mé~dte que
-ceq~do~t-c~~
celles q!H (ont C!t !e p~er, R s'agtc nMtn& de c~ qui ea:
~SttMM pa~r gom~ne fc~te dabrev~'on, an
lieu que les cadences & les poît5 de voix du chant ~ncois
Biv
ai cornés exactement (ur la noté~ ians au<
cun ornement oefans rien fournir de mbt.
même au fens ni à la liaifon dé la phrafe.
Je ne vous dirai point quel a été dans mon
efprit le réfultat de cette comparailbn~
parce que j ai le droit de vous propofer
mes raifbns' &: non pas mon autoritë Je
vous rends compte feulement des moyens
quêtai pris pour me déterminera afin que
fi vous les trouvez bons vous puuïiez les
employer à votre tour. Je dois vous aver-
tir feulement ) que t:etteexpërien~ë de-
mande bien plus de prëcaunons qu'il ne
Semble. La première ÔE la plus dimcîle de
toutes eft d'être de bonne.~bi &: ~e & ren-
dre également équitable danste choix 6c
dans le jugement. La iecohdeëA que!
pour tenter cet examen il &utnécë~ai-.
remcnt être également verïë dans les deux
~bht bien ,6 l'on veut, Mi~$ pM le goût, mats ne cohfM..
taentpb~t là mélodie & ne font pas de &ne~nMf'é'elt
pour elle aneïotte de fard ai côavre (a taidëurfans hd~-
tïHt)-e, ac q)H ne !a rend qaë pias Hdicale M: otetHes
~"ne lirena iù
a:te!
mies; autrement~celuiquiferoitleplusfa-
milierfe prëfenteroit à chaque infant à
yefprit au préjudice de 'l'autre &: cette
deuxième condition neA gueres plus fa-
cile que la première~ car de tous
ceux
qui connoiuent bien Tune &: Fautre Mu-
squé nul ne balance fur le choix, ôc Fon
a pu voir par les plaifans barbouillages de
ceux qui fe font mêles d'attaquer rita-
lienne, quelle connoiuance ils avoient
d'elle &: de rArt en gênerai.
Je dois ajouter qu'ileA efïentiel d'allef
bien exademeht en mefure mais je pré-
vois que cet avertiuement, qui feroit iu<
perHu dans tout autre pays, fera fort inu<
tile dans celui-ci &: cette feule omifEon
entraîne n~cefïairement rincompëtence
~du~ugement.
~Avectoutes ~ces précautions~ Te
ca-
raSére de ehaque genre ne tarde pas a
'iedëelàrët,&: alors il eA bien di~cile
de ne.pas revêtir les phrafes des id~es
qui leur convienneiit~~
ter,, du moins par l'eiprit, les tours6e les
ornemens qu'on a la force de leur refu-~
fer par le chant. Il ne faut pas non plu&
s'en tenir aune feule épreuve, car un aie
peut plâtre plus qu'un autre ians que
cela décide de la préférence dn genre;
& ce n'e~ qu'après un grand mombrc'd~
fais. qu'em peut établir un jugement j~i~
<bnnable: d'ailleurs, en s'étant ta eon~
noiuance des paroles y en s'ête Gelle d~
la partie la plus importante de la: ïN~~
die, qm eA l'cxpi:eniQn;?ëc toutce qu'on
peut ~eeïder par cette voie c'e& &ilà
modulant e& bonne ôe ? le cha~ a~d~
natureï &c de la beauté. T'out cela nous
montre c<Mnbien il e& (~SicHe de pren"
dre ane~ de précautton& canMe lë~ pré-
jugés, & combien le rauoMnementno'us
~& necenaia'e pour noNS mettre en état
de ~~r finement des cho&s de goût.
~aifaït une autre épreuve qui demande
moins de précautions )ôc qm ~ous paroî-
tta peut-~re plus deeï6~ë. yal donnefà
chanter à de§ tt~Bëns tes pïns bcà~ a~s
~'m~~&~d~MuMensFta~s
aiï~dei.ëû~d~ Pergola & j'ai
mafq~ q~e ~N~~ c~x-ei~ ~~nt~brt
éioighés de fainr le. vpài goat de
ces
morceau~ U& en, &ntotent ~eurcant la
~o~eA ~en~M~ à leur
ptn-afës de MuRq~ chantantes~ agrêaMes
&: bien cadencées. Mais les Italiens ibi~
6ant très-exactement nbs airs ies plus
n~~anh~ pu y pa-
recomtoître
ni~phrafes ni~Rânc;c~ ~g~~
p~
ê~M~~a~est d~ &ns, mais
~~ëâ~ë~~s~ROtes'pbëees&ns
~eômme~a~za~~a~IescÏï~
ioi~p~ei~emët~yëetmme vë~ Kti~ des
~fâ~eëii~ën~mc~~s~fan~
s'~ë~iêace. :~g__
pr~enjent tiref
~m~?
f ~n srand a~Ptase
~î'5~ &&<4-
~t~f~VÆi~Jl¥klt:},jj~é~J;pi~~i:1:Z
~~NWee. SS~S.
mc&~e&~M~M~OM~OM~ ~MCM
nife un Arménien, homme defpritqm
n'avoit jamais entendu de M.ufiqué,&: dé-'
vaut lequel on exécuta dans,un même
concert un monologue François qui com~
menceparcevers: j
fl
Tetnpie (iteiê, C~jout tMt~aiMe
Et un air de Galuppi qui commence pat:
celui-ci:
VpichelangUtte(enM<~eranz~
t
l'un &: rautrc furent chantes~ rnéd~pcre~
ment pp~r le~raneois~ ~mal ppur,nta?
lien par un homme açcoutumé~eulej~M
à la J~uûque Franco~~alpr~
thouna~e de celle de Ms~amea~ ~e,re7
marquai: dans rArmenien~~urant:ftp~
chant François plus ~e~~i~f~~
plainr; mais tout le rmonde~pb~r~aiès
Italie~
~es premières mefures de rair
fbn vi~ge~&s yeux
étoit enchanté, il prêtoit Ïon âme a~i~
preuions de la Musqué., &E quoique
tondit peu la langue, lés Ëmples~
&aufbient un ravinement fenfible. Dès
ce
moment on ne put plus lui faire écouter
aucun air François.
Mais fans chercher ailleurs des
exem-
~es ) n'avoh~nous pas même parmi
nous
plufieurs perfbnhes qui
ne connouïant
~uc:nqtre Opéra croyoient de bonne foi
n'avoir aucun goût pour le chant &: n'ont
ëtë déïabufës que paries intermèdes Ita-
liens. CeA prëciïëment parce qu'ils n'ai-
moient que la véritable'Muïique quils
croyoient ne pas aimer la Mufique.
J'avoue que tant de faits m'ont rendu
douteufc l'exigence de notre mélodie~ &
m'ont fait ibupconner qu'elle pourroit
bien. n'être qu'une forte de plein-chant
modulée qui n'a rien d'agrëab~'en lui-
ïnême~ qui ne plaît qu'à l'aide de quelques
prncmensarbitraires, ce feulement à
ceux
qui font convenus de les trouver beaux.
'P~
AufH à peine notre Mufique ea-ellcfup-
nos propres oreilles~ lorfqu'elle
cRexecutée par des voix médiocres qui
manquent d'aft pour ia faire valon*. ~t
des Fel &: des Jehotte po~f~diantef~a Mu-
fique Françoise mais toute~ix~abon'.
ne paul ritalienne~ ~a.ece.quë les ~ëà~tes
du chamt~a~ëm ~aa:~âM M~êq~e~e''
me a;uMem q~e as~es~~âatl'c'is~
sll en a me i<MKq~e ~d~HS d'art 4ti Cbà!l*
iteuf. .r:~
Txsis chofes ~iairo~at ~ea~t~ï
la perïëjSdonde la méM~e ~t~eahe-:
premieEe eH la~do~âoe~deia~ng~é, q~t
rendait tOMCesi.êsa~sx~as~ites~tj~s
~u sgoûit du MuGcten la iibetteë d'en&ire
_>>
Âa]'eRe,c'e&u!ieeKeatde cfoire qu'en génét~l!~
Chanteaîs Italiens ayeht momsTâe voit que tesTMtt~dis.H
&ut aa;œntr~e qu'ils ~~t'letljm~eplus~ït~plast
naonieux pour pouvoir(ë&.iïe.entendrë~ur iesthéattesim-
menfës PttStMe,~ns <&~a'~ie ménager ~es &ns, t~mmB
leweutia ~6queYtaHenHë. l.e ~t~mt~an~oise~ge tefM
l'effortdespoumons, [pute
1'effortqés}!oUmODS, endue
toUte l'&endae de-de plus fort
a y 0ix;plus
!a 1voix forr,
<nous ~MemHesMa!cKs,en~ez~es&t!s,~avïez~'bouche,
donnez tome .votre voix. P~as.dau~, ditent Jes~Ma~tes~a-
liens, ne forcez point, chantez(ans gêne, rendez vos fons
<doax~~eadHias&-EoutaBS~N'&i~ëzles éclats poat eetimo~
mens tares &?paC&gersjQ~! ~Ht J!mp)'eodre & déchire!OT
H me paro!t que dans la ncceiEtë de fe taire entëndr' celui*
làdoitavQtTptut'deYoix~qui'peu[&;pafÏërdeacrieT.
an choix plus exquis, de varier davan-
tage les combinanbns~ & de donner à4
.cha~c A~euf un tour de chant parties
Jier~ de même que chaque homme à fon
geAc fon ton qui lui font
propres, ôc
qui le di~inguent d'un autre homme.
La deuxiéme €& la hardieue des modu.
ladons, qui quoique moins &rviiement
prëparées que les nôtres, ~ë .rendent plus
agréables, en fe rendant plus &nRMes &:
fans donner de la dureté au chant? ajoûtent
une vive énergie à 1'expreaion. Ce&par
elle que le Muficien, panant bruique~
m-entuun
mène d'un toI,l.ou"-d'un
ton ou d'un mode à un autreautre.
&:nipprimantquand il le faut lestrann-
tions intermédiaires &: icolaAiques, fait
exprimer les réticences) les interruptions~
les dtfcours entre-coupés qui ~nilelan~
gage des pâmons impétueulës que le
bouillant MetaAaÏe a employé fi fouvent,
que les Porpora, les Galuppi /les Coc-
chi les Ferez, les Terradeglias ont ~u
rendre avec fucccs &: que
nos Poëtes ly-
riques connomcnt aufR peu que nos Mu*
ficiens.
Le troineme avantage Se celui, qui prê-
te à la mélodie fon plus grand eSet
eft l'extrême précifion de mefure qui s'y
fait iendr dans les mouvemens les plus
lents ) ainfique dans les plus gais préci-
fion qui rend le chant anime ôcintërei-
fant, les accompagnemens vifs ôc caden-
ces qui multiplie réellement les chants
en faisant d'une' même combinaison de
Ions ~autant de diSérentes mélodies qu'il
y a de maniere~de les fcander qui porte au
cœur tous les ientimens, &L à Feiprit tous
les tableaux; qui donne au- Muficien le
moyen <~e mettre en air tous les cara~ëres
de parole' imaginables pluneurs dont
nous n'avons pas même ridée ôc qui
PoaïnepasfbftiT
Ï'aTis, voyez les dugpntecotmque,!e (eal Connd àa
<~M<
aiîs, Quan
Paris, voyez les airs 'doPciàlto
~CM/M ;Vib t/contralto
«woil CM~<!<M &C.
&c.
7a o Ma v~M/o &c. 0 ~H~o o ~Ke&t*~<tn/o/f<f,
&c. ~H/t~M~o°~rej*&c. ~f~o/omM~q/o,
&e.
~oMor~ &c. /j~
/0 ~0~0 B/ .D<M~/&t
/o
&c. QM<!nM M~~rt, ~M~nH
~~<HM, &c. Af~~MN~~
rend
rëMd tous les mouvemens propres à expri-
mer tous les caradéres ou un ieul mou-
vement propre à contrafter & changer de
taraaërè au gré du Componteur.
Voilà ce me femble les fources d'o~
le chant Italien tire fes charmes &: fon
énergie à quoi Fon peut ajouter
une nou~
velle &: très-forte preuve de l'avantage de
fa mélodie, en ce qu'elle n'exige
pas au-
tant que la nôtre de ces fréquensrenver-
ïemens d'harmonie~ qui donnent à la
-Ba~c-continue le véritable chant d'un
deuus. Ceux qui trouvent de fi grandes
beautés dans la mélodie Francoue~ de~
vroient bien nous dire à laquelle de
ces
~MM,&c.~M~ &c.
tcres d'Airs dont la Mufique Fr~oife n'a pas tous carac.
les premiers
~tnens, & donc eiïe neft pas en état d'expMmel an
feul mor.
*Jèmêcon~ d~en, citer_un fëM exemple, m~ 1
~dri~?~
Suçante, Air rTes-parhcnque fur
Mes-gM ,âuqad il n'a a manqué
lentendre, & la
pntttef.
~epnde paTMe,qa'il
un mouvemenr
qu'une voix pouï !e cha~
oreilles pour
ne falloit pas~
chofes elle en eft redevable ) ou nous
montrer les avantages qu'elle a pour y
fuppléer.
Quand on commence à connoitre la
mélodie Italienne, on ne lui trouve d'a-
bord que des grâces, & on ne la croit
propre qu'à exprimer des fentimens agréa-
bles mais pour peu qu'on étudie fon ca-
ra6tëre pathétique & tragique, on eft bien-
tôt Jfurpris de la force que lui prête l'art des
Compofiteurs dans les grands morceaux
de Mufique. C'eft à l'aide de ces modula-
tions fçavantes, de cette harmonie fimple
& pure, de ces accompagnemensvifs ôc
brillans, que ces chants divins déchirent
ou raviuent.l'ame, mettent le Spë~ateur
hors de lui-même, &: lui arrachent dans
jtes traniports des cris, dont jam&is nos
tranquilles.Opera ne furent honores. w
Comment le Muucien vient-il à bout
de produire ces grands effets Eft-ce à
force de contraâerlesmouvemenS) de
multiplier les accords les notes les par,
ttes ? EA-ce à force d'entaffex dépeins > J
fur
defïeins, inftrumens fur inftrumens ? Tout-
ce fracas qui n'eA qu'un mauvais fupplé~
ment où le génie manque étoufferoit le
chant loin de ranimer, & détruiroit rin-.
tërêt en partageant l'attention. Quelque
harmonie que puiffent faire enfemble plu~
fieurs parties toutes bien chantantes Fe~
fet de ces beaux chants s'évanouit auH~
tôt qu'ils fe font entendre à la fois, & il
neren:e que celui d'une fuite d accorda
qui ~quoiqu'on puiue dire ,ef!: toujours
froide quand la mélodie
ne l'anime pas
deforte que plus on entaf~ des chants mal
à propos, & moins la Mufique eft agréa-
ble & chantante, parce qu'il eft impofïl-.
ble à l'oreille de fe prêter même
au imtant
à plufieurs mélodies, &: que l'une effaçant
l'imprefuon de l'autre il ne réfulte du
tout que de la confufion & du bruit. Pour
qu'une Mufique devienne intéreuante,
pour qu'elle porte à l'âme lesfentimens
qu'on y Yeut excitef~U faut
que toutes les
Cij
parties concourent à fbrtiner l'exprem'M
du fu)et que l'harmonie ne fërve qu'à le
rendre plus énergique que l'accompag-
nement Fembeline tans le couvrir ni le
dcngurer que la Baffe, par une marche
uniforme &: fimple 'guide en quelque
forte celui qui chante & celui qui écoute,
fans que ni Fun ni l'autre s'en apperçoive
il faut en un mot, que le tout enfemble
ne porte à la fois qu'une mélodie à l'oreil-
le &: qu'une idée à l'eiprit.
Cette unité de mélodie me paroît
une
!'egle indiipenîable ôc non moins im-
portante en Mufique que l'unité d'action
dans une Tragédie car elle eft fondée fur
le même pdncipey dirigée vers le mê-
me objet. Auui tous -les bons Compof-
teurs Italiens s'y conforment-ils avec un
foin qui dégénère quelquefois en ajBeûa-
tion~ & pour peu quon y rëHéchiûe on.
fent bien-tôt que c'eH; d'elle que leur Mu-
fique tire ton principal effet:: C'eA dans
cette grande re~le qu'il faut chercher la
caule des tréquens accompagnemens à
l'uniubn qu'on remarque dans la Mu-
fique Italienne & qui, fortifiant l'idée
du chant en rendent en même-tems les
fons plus moëlleux, plus doux ôc moins
fatiguans pour la voix. Ces unifions
ne
font point praticables dans notre Mufique,
fi ce n'eA fur quelques cara~éres d'airs
choifis & tournés exprès pour cela jamais
un air pathétique François ne feroit fup-
portable accompagné de cette manière,
parce que la Mufique vocale & rin~ru-
mentale ayant parmi nous des caractères
dinerens, on ne peut, fans pécher contre
la méliodie &: le goût appliquer à l'une~
les mêmes tours qui conviennent à l'au-
tre~ fans compter que la mefure étant tou-
jours vague & indéterminée,fur-tout dans
les airs lents, les inArumens & la voix
ne pourroient Jamais s'accorder-, &: ne.
marcheroient point ànsz de concert pour
produire enfemble un effet agréable. Une
b.eaut.c qui résulte encore de ces uniuons
Cu~
ç'eft de donner une expremon plus fenn"
blé à la mélodie, tantôt en renforçanttout
d'un coup les in~rumensfur un pafïage
tantôt en les radouçiffant, tantôt en leub
donnant un trait de chant énergique &
faillant que la voix n'auroit pu faire &
que l'Auditeur adroitement trompé ne
laiuë pas de lui attribuer quand Porche~re
~ait le faire Sortir à propos. De-là naît
encore cette parfaite correfpondance de
]taiymphonie &: du chant, qui fait que
tous les traits qu'on admire dans Fune,
ne font que des développemens de Fau-
tre deforte que c'eft toujours dans la par-t
tie vocale qu'il faut chercher la fource de
toutes les beautés de raccompagnement.
Cet accompagnement e& fi bien un avec
le chant, & fi exaQ:ement relatif aux pa.
rôles qu'il femble fouvent déterminer le
jeu &. diaer àl'A~eur le ge~e quil doit
~aire & tel qui n'auroit pu jouer le rolle
On en neuvedes exemplesfréquens dans tesï~tenn~
~çs qui nous ont été donnés cette- année, entre autres dans
yaM<! ~~o ~~r~ da Ma~redeMu~ae,dans eeM
fur les paroles feules, le jouera très-jufte
fur la Mufique, parce qu'elle fait bien fa
fbn6Hon d'interprète.
Au reAe il s'en faut beaucoup que les
accompagnemens Italiens foient toujours
à runinbn de la voix. Il y a deux cas auez
fréquens ou le~~uûcien les en fëpare
L'un~ quandla voix roulant avec légèreté
fur des cordes d'harmonie nxe anez l'at-
tention pour que l'accompagnement ne
puiffé la partager, encore alors donne-
t-on tant de nmplicité à cet accompagne-
ment, que l'oreille aneûëe feulement
d'accords agréables n'y fent aucun chant
qui puiffe la diftraire.L'autre cas demande
un peu plus de foin pour le faire entendre.
Quand le Muficien yc~fon art, dit
l'Auteur de la Lettre fur les Sourds &: les
MuëtS
CO~C/Z~ OK à fortifier /oyï
les parties ~acCO~<ïP7Zë/7Z~/Z~con-
la
fon Padrontde la ~emme orgaeHIeufe, dans celui v~~ ben,
du Tracollo dans celui tK non penfi no ~MM de la Bohe-
mienne, & dans pte~ue tous ceux qui demandent do ~ea~
Civ
ZW~ C~~MM~ OM ajoûter de M<M~€
idées que /&yK/~f t~M/Z~M 6* que /aP~
c~/zM/z~M/K Ce paHage
me paroît renfermer un précepte tres~
utile & voici comment je penfe qu'on
doit l'entendre.
Si le chant eft de nam~ à exiger quel-
ques additions, ou comme dubientnos
anciens Muuciens, quelques diminutions
qui ajoutent à rexpremon ou à l'agrément'
fans détruire en cela Funitë de mélodie,
deforte que l'oreille qui blâmeroit peut-
être ces additions faites par la voix, les
approuve dansfaccompagnement oc s'en
Mue doucement aSe6te~ fans ceuer pou~
cela d'être attentive au chant; alors l'ha~
bile Muûcien, en les ménageant à propos
& les employant avec goût, embellira ion
t
Les Italiens font plus adroits dans leurs
Adagio car lorjfque le chant eA fi lent
~u'il~roit à craindre qu'il ne lausât a&-
~ciblir l'idée de la me~re, ils fbntmar<
cher la baue par notes égales qui mar?
~uent le mouvement, &: raccompagne-
ment le marque auCi par des ïubdiviâons
de notes qui ioutenant la voix êc ForetUe
~n mesure ne rendent le chant que plus
agréable &: fur-tout plus énergique
par
cette préci~on. Mais la nature du chant
François interdit ~ette re~burce à
nos
Compouteurs: car dès que rActeurieroit
forcé d'aller en mefure il pourroit plus
ne
développer & voix ni fon jeu, traîner fon
chant, renHer prolongerfes fons, ni crier
pleme tête, &: par coniëquent H ne
roit plus applaudi.
Mais ce qui prévient encore plus eHL
câce~ent la monotonie &: l'ennui dans
les Tragédies Italiennes, c'eA l'avantage
de pouvoir exprimer tous les fëndmens
&: peindre tous les caractères avec telle
Eij
mefure & tel mouvement qu'il plaît au
Compofiteur. Notre mélodie) qui ne dit
rien par elle-même, tire toute fon ex-
preffion du mouvement qu'on lui donne;
elle eft forcément trille fur une mefure
lente, furieufe ou gaye fur un mouve-
ment vif, grave fur un mouvement mo-
dère le chant n'y fait prefque rien, la
mefure feule, ou, pour parler plus jùAe
le feul dégré de vitene détermine le ca-
raûére. Mais la mélodieItalienne trouve
dans chaque mouvement des expreuions
pour tous les caraSëres, des tableauxpour
tous les objets. Elle eft, quand il plaît au
Muficien, trifte fur un mouvement vif,
gaye fur un mouvement leht,&c comme
~e l'ai déjà dit, elle change fur le même
.mouvement de caractère augrë du Com-
pofiteur; ce qui lui donne la &cilitë des
contraftes, fans dépendre en cela du Poète
& fans rexpcfër à des contrefens.,
Voilà la fource de cette prodigieufe va-
riété que les grands Maîtresd'Italief~avent
répandre dans leurs Opéra, fans jamais
Sortir de la nature variété qui pré-
vient la monotonie, la langueur &: l'en-
nui, & que les Muficiens François ne
peuvent imiter, parce que leurs mouvc<
mens font donnés par le fens des paroles,
& qu'ils font forcés de s'y tenir; s'ils ne
veulent tomber dans des contrefens ridi-
cules.
A l'égard du récitatif, dont il me refte
à parler, il femble que pour en bien ju-
ger il faudroit une fois fçavoir précifé-
ment ce que c'eû car jufqu'ici je ne
fçache pas que de tous ceux qui en ont
dnputé, perfonne fe foit avifé de le dé-
iinir. Je ne fcais, Monfieur, quelle idée
vous pouvez avoir de ce mot; quant à
moi, j'appelle récitatif une déclamation
harmonieufe, c'eA-à-dire une déclama-
tion dont toutes les innexions & font par
intervalles harmoniques. D'où il fuit que
comme chaque langue a une déclama-
tion qui lui eft propre chaque langue
Eiij
doit auffi avoir fon récitatifparticulier ce
qui n'empêchepas qu'on ne puiuë très-bien
Comparer Uri récitatif à un autre pour
ravoir lequel dés deux eft le meilleur,
ou celui qui fe rapporte le mieux à fori
objet.
Le récitatif eft neceuaire dans lés dra-~
hiLes lyriques i Pour lier radionôe ren-
dre le ~pe~acle un. 2 Pour faire valoir
les airs dont la continuitë~deviéndroit in-
supportable. 3 Pour exprimer une mul"
titude de chofes qui ne peuvent ou ne
doivent point être exprimées par la Mu-
fiqùe chantante & cadencée. La ~mpie
dëclamation ne*pouvoit convenir à~out
cela dans un ouvrage lyrique) parce que
la tramitiondelaparoleau chanta ôctur'
tout du chant à la parole) a une dureté
à laquelleToreille ië prête dimcilement)
& forme Un contraûe ridicule qui détruit
?'
~rviTdttmotde cadence dans une autre aceepcion, il ne
m'étoitpas pp~le dcviîei~nement~sequtvoqM!! con-
~nuelles. t~~
furie premier hémutiche~ vous nayez
qu'à écouter la BaHe LuUl n'étoit.pas~
homme à employer de ces diefes pour rien<
7cMM~oy! invincible c~Mf.
Que cette cadence finale eA ridicule
dans un mouvement aufH impétueux r
Que ce trille eft froid & de mauvaise
grâce Quil eft mal placé fur une iyllab~
brève dans un récitatif qui devroit
vo-
ler & au milieu d'un transport violent
~r&< toits ~~C~~y~J'
QK~~CKve M&xc m~ M~
il'
r
-f/
ne, je fens bien que votre intérêt prêtent l'exige, mais hâ-'
Mz-vous d'étudier en particulier cette langue & cetteMu.
Hque, fi vous voulez pouvoir tourner un Jour contre vos.
Camzrades le dédain que vous aSectez aujourd'hui contre
vos Maîtres.