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Changement climatique et adaptation par la


migration au Sahel: Repenser la causalité en
termes de vulnérabilit...

Conference Paper · June 2016

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Diallo Alassane
Université Pierre Mendès France - Grenoble 2
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XXXIIèmes Journées du développement ATM 2016
COLLOQUE
Catastrophes, vulnérabilités et résiliences
dans les pays en développement
UNIVERSITE Lille 1
1, 2, et 3 juin 2016

Communication en français
Alassane Diallo
Doctorant en 3e année de thèse en sciences économiques à l’Université de Grenoble Alpes
Au sein du Centre de Recherche en Economie de Grenoble (CREG)
1221, Rue des Résidences
Bureau 402, Bateg.
38400 Saint Martin D’Hères.
Alassane.diallo@upmf-grenoble.fr

Changement climatique et adaptation par la migration au Sahel: Repenser la causalité


en termes de vulnérabilité multidimensionnelle (climatique et socio-économique). Etude
de cas sur les zones agro-écologiques du Sénégal.

Résumé

Le changement climatique a vu l’émergence d’une forme nouvelle de migration qui se situe


aux confluents de plusieurs disciplines (géographie, climatologie, sociologie, économie…) :
la migration climatique. Cette dernière constitue une stratégie préoccupante et de plus en plus
employée par les populations rurales dans le monde en développement. Toutefois,
l’opposition entre les deux pensées dominantes ne permet pas une meilleure compréhension
du phénomène et des prises de décisions politiques efficaces.

Ainsi, cet article a pour but de repenser la causalité climat-migration dans une approche plus
intégrative en termes de vulnérabilité multidimensionnelle qui prendra en compte les
dimensions spatiale et temporelle de la migration s’inscrivant dans un continuum (migration
adaptative ou forcée).

Les résultats qualitatifs montrent une corrélation croissante entre degré de vulnérabilité et flux
migratoires dans les zones étudiées. Ainsi, ce travail pourrait servir de cadre d’intervention
politique ciblée dans les pays sahéliens doublement confrontés au changement climatique et à
une forte vulnérabilité socio-économiques.

Mots clés : Sahel, Climat, Vulnérabilité, Population rurale et Migration.


Codes Jel : O55, Q54, I32, O13, O15.

1
1. Introduction

Partant du constat d’un confinement de la recherche scientifique dans une sorte d’opposition
entre deux coalitions de cause-maximaliste et minimaliste- et d’une faible capacité d’outil
d’aide à la décision politique sur la causalité migration-climat, cet article propose une analyse
à la fois macroéconomique et microéconomique de la migration climatique en termes de
vulnérabilité multidimensionnelle au Sahel. Cette grille d’analyse adaptative répond à un
double objectif consistant d’une part, à ne plus réduire cette forme nouvelle de migration à
une relation mono-causale mais, à remettre la décision de migrer suite à un déséquilibre
climatique dans un tout ensemble de système socio-écologique, d’autre part, à en proposer les
prémices d’une base d’outil d’aide à la décision politique efficace dans les pays sahéliens
s’adapter aux conséquences de quatrième ordre du changement climatique dont l’une des
stratégies préoccupante demeure la migration. En effet, le Sahel, principal terrain
d’observation des changements climatiques1, présente les pires indicateurs de performance
macroéconomique comparativement à sa démographie majoritairement rurale (l’agriculture
principale secteur de l’économie : 20-30% du PIB, 55% des exportations et plus de 50% de la
main d’œuvre disponible). Cette situation s’est traduite par une forte vulnérabilité
multidimensionnelle des populations rurales aux impacts du climat pouvant être résumé en
deux points : i). une grande dépendance à l’agriculture et aux ressources naturelles qui
augmentent ainsi la forte sensibilité à la variabilité, au changement et aux événements
climatiques et ii). La vulnérabilité existante causée par la pauvreté, l’inaccessibilité aux
marchés, le faible niveau d’éducation et l’absence des politiques publiques qui aggrave les
impacts du climat. Ainsi des flux humains croissants sont observés à l’intérieur des pays des
zones rurales vers celles urbaines et péri-urbaines.

L’approche par la vulnérabilité multidimensionnelle permet de contextualiser dans une


dynamique de long terme la migration induite directement ou indirectement par le climat dans
toute une gamme de stratégies adaptatives complémentaire et/ou substituable déployées par
les populations. Elles peuvent aller selon le degré de vulnérabilité ou d’exposition des
populations, des stratégies de sortie de crise (changement de pratiques, diversification
économique et déthésaurisation : vulnérabilité temporaire), en passant par des stratégies
d’adaptation (pastoralisme, mobilité temporaire, endettement : vulnérabilité persistante) aux
stratégies de survie (rupture des habitudes alimentaires, travaux dégradants, exode rural ou

1
Hulme (22001) qualifie la sécheresse dans la région sahélienne comme le changement du climat le plus étendu et le plus
intense jamais mesuré au monde et selon la base de donnée EM-DAT (2016) la recrudescence et l’intensification des
événements extrêmes au sahel sont largement corrélées aux conditions climatiques changeantes.

2
migration définitive : vulnérabilité chronique). La migration climatique adaptative est souvent
employée comme stratégie en dernier ressort.

Toutefois, même si la notion de vulnérabilité constitue une gille d’analyse pertinente dans les
processus de migrations climatiques puisqu’elle constituée bonne approximation des
conditions de vie socio-économiques des populations, il convient de signaler le fort degré
d’hétérogénéité de la vulnérabilité socio-économique et physique entre les différents pays
sahéliens mais, également à l’intérieur des frontières nationales. Par conséquent, l’étude de
cas qualitative de la migration climatique va s’intéresser au Sénégal (Sahel de l’ouest), en
étudiant la corrélation entre vulnérabilité multidimensionnelle des différentes zones agro
écologiques du pays et dynamique migratoire (zones d’arrivée et de départ).

Pour ce faire, l’article procède comme suit. La section I présente la stérilité du débat théorique
académique et empirique au Sahel vers la reconnaissance du migrant climatique et l’adoption
de politiques efficaces sur le plan national et international en la matière. La section II identifie
la nécessité d’analyser la causalité migration et climat à travers la vulnérabilité
multidimensionnelle qui constituerait une grille d’analyse intégrative et pertinente dans le cas
sahélien. Et enfin, la dernière section présente l’étude de cas migration-climat en termes de
vulnérabilité, basée sur les zones agro-écologiques du Sénégal.

2. La relation climat-migration : de la théorie aux études empiriques


2.1. Le débat théorique et méthodologique

La complexité théorico-empirique et l’hétérogénéité des représentations (Nicholson, 2014) de


la migration climatique sont dues à un manque de paramètre de stabilisation symbolisé par le
confinement de la recherche scientifique, dans une sorte d’opposition entre les
environnementalistes (maximalistes ou alarmistes) et les spécialistes de la migration
(minimalistes ou sceptiques), qui rend le débat stérile (tableau 1). Ces deux écoles de pensées
dominantes ou « coalitions de cause »2 nourrissent un débat entre ceux qui affectent aux
changements de l'environnement/climat les causes directes des flux migratoires (maximalistes
ou alarmistes) et ceux qui, tout en reconnaissant le rôle potentiel du climat/environnement,
insistent sur les dimensions sociales, économiques, culturelles et politiques des zones de
2
Gémenne (2011) affirme: “The alarmist perspective, often championed by environmental scholars, the media and civil
society, claims that environmental disruptions, among which the impacts of climate change in particular, will induce massive
population displacements. On the contrary, the sceptical perspective, voiced by migration scholars, insists that migration is
multi-causal by nature, and that environmental drivers should not be set apart from other migration drivers”.

3
départ. La première vision maximaliste regroupe globalement les environnementalistes dont
l'objectif principal était de sensibiliser l'opinion publique internationale sur les préoccupations
climatiques en lui donnant un visage humain. Par conséquent, la relation causale climat-
migration ne peut être que simple et linéaire. Tandis que la seconde vision, s'inscrivant
généralement dans les travaux en science sociale, analyse le climat/environnement comme un
facteur migratoire parmi d’autres. Les effets du climat sur les migrations humaines sont moins
évidents et beaucoup plus compliqués à appréhender.
Tableau 1 : Analyse des grandes approches de la causalité climat-migration3
Approches Maximalistes ou alarmistes Minimalistes ou sceptiques
Des spécialistes de l’environnement : Des spécialistes de la migration : travaux en
travaux en science naturelle science sociale
démarches Hypothético-déductive holistique : une Holistico-inductive : des études de cas
démarche qui s’appuie sur des contextualisées comme le programme EACH-FOR.
propositions hypothétiques pour en déduire Souvent des analyses qualitatives
des conséquences logiques. Analyse multidimensionnelles.
quantitative
Hypothèses ou Ils produisent des approches Pas d’hypothèses de base.
objets néomalthusiennes : surpopulation et Toutefois, ils analysent la migration suivant un
scientifiques changement climatique  des migrations caractère multidimensionnel et la migration
forcées climatique peut être une stratégie adaptative.
Appellations Refugié : ne répondant pas toujours à une Migrant ou déplacés : stratégie d’ajustement
utilisées stratégie d’adaptation soutenable.
Résultats Une relation causale directe entre Une relation causale indirecte. À côté du contexte
changement climatique et migration socio-économique, politique et culturel, la
humaine. dimension climatique/environnementale joue un
rôle indirect dans la décision de migrer.

Finalités Conscientiser sur le changement climatique Ne plus assimiler population à risque et


pratiques et donner un visage humain à ce dernier. déplacement de population.
Politiques publiques déterministes et
linéaires allant du climat aux flux humains.

Domaines Top down : répertorier et cartographier des Multi-échelle : Améliorer les conditions
spatiaux zones menacées par le climat. d’adaptation et de résilience des populations
Quelques auteurs El Hinnawi, Homer-Dixon, Jacobson , Black, Castles, Hunter, Hugo, Nawrotzki, Gémenne
Westing , Myers, Ramlogan
Comparaison des deux approches
Points de convergence : Reconnaissance de l’existence d’un facteur climat dans la migration.
Points de divergences :
1. Approches méthodologiques ;
2. Terminologies employées (pas moins de 77 appellations) ;
3. Chiffrage du nombre de migrants ;
4. Politiques préconisées.
 Nécessité d’aller vers une démarche plus intégrative permettant une meilleure formulation des politiques.
Source : Auteur.
Le débat théorique et l’évolution récente du champ disciplinaire mettent en avant trois
conclusions fondamentales:

3
Pour plus de détails voir : Diallo, A., Renou, Y. (2015).- Changement climatique et migrations : qualification d’un
problème, structuration d’un champ scientifique et activation de politiques publiques. Mondes en développement, vol. 43, n°
172, pp. 87-107.

4
1. Une difficulté d’isoler la variable climat des autres variables explicatives dans
la décision de migrer à cause de la nature et de la complexité des interactions. Ce problème
empirique est mis en évidence par Warner et al., (2014). Ainsi, il s’avère difficile de parler de
migrant climatique même si les études empiriques montrent unanimement une montée en
puissance des facteurs climatiques dans la migration ;
2. Une hétérogénéité des définitions et du chiffrage du nombre de déplacés
actuels et futurs, inhérente aux différences méthodologiques et conceptuelles ;
3. La migration climatique est étroitement dépendante des politiques publiques
nationales et internationales (aide) dans les pays en développement, notamment pour sortir les
populations fortement vulnérables de la trappe à migration (figure 1).

Le débat achoppe principalement sur la dimension multi-causale entre changement climatique


et migration. Cette différence de positionnement idéologiques et méthodologiques (Suhrke et
al., 1991 ; Piguet, 2010) serait à l’origine des estimations et scénarios migratoires
approximatifs dans la recherche d’une part, et, d’autre part, des réticences dans la
reconnaissance d’un genre nouveau de migration dans l’agenda politique international.
Cependant, il est évident que les conséquences de quatrième ordre, compris la migration, du
climat vont impacter principalement les populations rurales (GIEC, 2007, 2013 et 2014a, b).
Ses populations, qui vivent à plus de 90% dans les pays en développement, entretiennent une
relation étroite avec le milieu naturel. Et, même s’ils se sont toujours adaptées, ou appris à
faire face en changeant leurs habitudes agricoles, Scoones et al., (2002) soulignent
l’ajustement en dernier ressort de plus en plus croissant par la migration.

5
Figure 1 : Différents types d’ajustement des ménages en situation de changement climatique.

Migration temporaire sur Migration sur longue distance et vers


courte distance et vers centres distribution de l’aide
centres distribution aide

Aide
internationale

Assurance
Intensité agricole
Aide
événement gouvernementale
climatique Politique

Désépargne
Aide de soudure à Déthésaurisation
un niveau Vente cheptel
Vente terres
décentralisé

Moyens d’ajustements de base


Recherche activité au niveau du village ou villages voisins
Attendre la saison des cultures maraichères
Envoyer un membre de la famille ailleurs (en ville)
Baisse ration alimentaire
Baisse du nombre de repas quotidien
Imploration de Dieu le tout puissant

Source : Auteur.

2.2. Quelques travaux empiriques au Sahel : des évidences aux contradictions

Le contexte climatique changeant (GIEC, 2007,2013) aurait contribué à la réintégration du


facteur climat/environnement4 dans les décisions de migrer. Les études empiriques
qualitatives et/ou quantitatives, s’inscrivant dans une perspective macro/micro,
minimaliste/maximalistes, s’intéressent davantage aux zones rurales du monde en
développement où les activités principales sont tributaires du climat.

4
Dans la conception classique de la migration les facteurs climat/environnement ne sont pas déterminants Ce manque
d’intérêt est justifié globalement par trois raisons : i) l’évolution technologique permettra à l’homme de s’affranchir de la
nature. Peterson (1958) parle de déplacement primitif ou migration forcée. Toutefois, il reconnait l’existence de de 2 facteurs
climatiques qui peuvent influencer la décision de migrer des populations agraires : la sécheresse et les impacts graduels. Il
adopte une grille de lecture malthusienne avec la pression de charge démographique qui conduit à une dégradation des terres
arables disponibles ; ii) le besoin de scientificité de l’économie a poussé au rejet de la migration climatique dont le caractère
déterministe était mal vu par la grande famille classique et néo-classique ; ii) l’adoption des facteurs économiques comme
fondement de la théorie économique classique et néo-classique de la migration (Ravenstein 1885 ; Harris et Todaro, 1970) et
les inspirations marxistes ont entériné la mort définitive du facteur climat dans la migration.

6
Ainsi, à travers leur significativité au sein de la recherche dite descriptive (Mayer, 2013), trois
études de terrain5 peuvent être retenues- le programme EACH-FOR, le Foresight et le
programme Rain report - en plus des études réalisées par des géographes dans le monde rural
sahélien (tableau 2). Globalement, les résultats corroborent les trois conclusions suscitées :
une migration induite dont la causalité est hétérogène, employée en dernier ressort et qui
touche souvent les populations les plus vulnérables (Afifi, 2011 ; Jonsson, 2010). Cependant,
de fortes contradictions subsistent dans les études de cas. Le climat n’est pas toujours analysé
comme un facteur direct de migration. Cette situation est parfaitement illustrée par les
résultats qui se contredisent entre Homer-Dixon(1991) et Black (2001) sur la même étude de
cas basée sur les flux migratoires entre deux villages frontaliers Bengali et indien. Alors que
le premier impute au climat les raisons migratoires en milieu rural bangladais vers l’Inde. Le
second, explique l’afflux massif de migrants vers la région adjacente indienne plus arrosée par
une convergence de variables dans laquelle le climat est loin d’être déterminant.
A l’instar de la théorie, les travaux empiriques avancent une certaine prudence dans leur
résultat. Certes, ils établissent une relation causale, mais ils affirment que le climat ne
constitue qu’une cause parmi d’autres. L’influence directe ou indirecte du climat est difficile à
situer dans les différents scénarios migratoires qui s’effectuent à l’intérieur des frontières
nationales. Dans la région sahélienne, les études empiriques abordent dans le sens d’une
migration induite par le climat mais, les auteurs soulignent l’importance des facteurs socio-
économiques qui expliqueraient en grande partie les déplacements internes en situation de
déséquilibre climatique.

En dépit des divergences théoriques et empiriques, un consensus semble émerger : la


reconnaissance scientifique de la migration induite directement ou indirectement par le
climat. Si les analyses englobantes des minimalistes permettent de mieux comprendre les
processus migratoire en présence de chocs climatiques, elles ne sont pas de bons outils d’aide
à la décision car elles se limitent à l'observation et à l'analyse de la relation entre climat et
migration. A contrario, les maximalistes établissent des bilans quantitatifs. De leurs travaux
sont nés la plupart des estimations (El-Hinnawi, 1985 ; Jacobson, 1989 ; Myers, 1993 et

5
D’abord, on a le projet Environnemental Change and Forced Migration Scénarios (EACH-FOR, 2009) : projet financé par
l’union européenne avec 23 études de cas à travers le monde. C’est le premier programme connu sur la relation causale entre
climat et migration. Il s’est déroulé entre 2007 et 2009 sous la houlette scientifique de plusieurs institutions académiques
européennes. Ensuite, le projet Rainfall Report : l’institut universitaire des nations unies pour l’environnement et la sécurité
alimentaire en collaboration avec l’ONG CARE ont mené des recherches empiriques dans 8 pays différents (autres que ceux
de EACH-FOR). Le projet avait principalement pour but de comprendre les interactions entre climat, agriculture, sécurité
alimentaire et migration. Et enfin, l’influent rapport de Foresight (une agence de conseil gouvernemental britannique) publié
en 2011 et intitulé : « Migration and Global Environmental Change : Future Challenges and Opportunities ». ce rapport
gouvernemental l’aboutissement de plusieurs études menées dans le monde entier.

7
1997 ; Aid, 2007 ; Stern, 2007). Leur analyse est fortement sujette à des critiques notamment
sur l’identification des push et pull facteurs autres que le climat et la mobilisation du contexte
global. Ainsi, il s’avère nécessaire de repenser la causalité climat-migration à travers une
analyse intégrative entre les considérations maximalistes et celles minimalistes : la
vulnérabilité multidimensionnelle.

8
Tableau 2 : Quelques études de cas au Sahel

Types de chocs Changements dans les dynamiques Région ou pays Impact sur la migration selon la nature du changement climatique (graduel ou Sources
climatiques migratoires progressif)

Migration des chefs de ménage en raison de la famine due à la sécheresse./ différentes stratégies Meze-Hausken (2000)
Ethiopie d’adaptation conduisant à la variation de la durée de la migration.
Evidences fortes sur
Sécheresse et
dégradation des terres
l’augmentation de la
Les ménages agricoles avec les meilleures terres sont moins enclins à migrer que les autres installées sur des Gray (2011)
Kenya terres pauvres. La dégradation des terres est une source de migration
mobilité et/ou des

déplacements Scheffran et al. (2012b,


Dans trois études de cas dans la région, la pression migratoire a considérablement augmenté depuis les années
Sahel 1970, à la réponse aux sécheresses persistantes identifiées comme un facteur.

Henry et al., (2004)


les populations des régions sèches sont plus susceptibles de se livrer à la migration rurale-rurale, à la fois
temporaire et permanente, que celles des régions avec plus de précipitations. Les déficits pluviométriques ont
Burkina Faso des impacts différents sur la durée et la distance de la migration.

Kniveton et al. (2011)


Scénarios simulés de l’augmentation des flux migratoire entre saison sèche et saison humide. De fortes
Burkina Faso migrations internationales sont observées durant les périodes sèches.
Afifi 2011)
Cercle vicieux entre déséquilibre climatique et conditions socio-économiques. L’intensification de la pauvreté
Niger face au climat se traduit souvent par de la migration

Evidences fortes sur la

diminution de la Mali Réduction de la migration internationale durant la grande sécheresse des années 1980. Cette situation s’est Finbdley (1994)
traduite par une augmentation de la migration localisée circulaire ou saisonnière.
migration

9
Evidences de mobilités Ethiopie La migration des hommes augmentent avec la sécheresse. Toutefois, les mobilités relatives au mariage des Gray et Mueller (2012)
femmes diminuent avec la sécheresse.
socialement différenciées
La migration est devenue une stratégie essentielle non agricole des après les sécheresses des années 1970 pour Nielsen et Reenberg (2
Burkina Faso les groupes tributaires de l’agriculture pluviale.

Le déclin pluvieux explique les différences d’urbanisation dans la région. Les mauvaises saisons explique la
forte urbanisation mais celle-ci est simultanément expliquée par la libéralisation économique et les Barrios et al. (2006)
changements politiques.
Afrique subsaharienne

Inondations Evidences sur le recul de la migration ou Sénégal Plus de 40% des nouveaux migrants sont localisés dans les zones à haut risque à Dakar Foresight (2011)
trappe à population/migration

Source : auteur, traduction, adaptation et intégration de quelques études au Table 12-3 | Empirical evidence on observed or projected mobility
outcomes (migration, immobility, or displacement) associated with weather-related extremes or impacts of longer-term climate change, du
rapport du GIEC (2014a, b : 766).

10
3. Migration-climat : appréhension d’une causalité complexe en termes de
vulnérabilité dans le monde en développement

La notion de vulnérabilité est plus large que celle de changement et variabilité climatique. Le
climat, étudié en dehors de toute considération d’autres variables de tension sur les conditions
humaines (O’brien et Leichenko, 2000), ne suffit pas à expliquer les migrations humaines
complexes. Cette dernière rentre dans un ensemble de processus. Cependant, il convient de
signaler l’inexistence d’une méthode harmonisée pour opérationnaliser la vulnérabilité au sein
d’un système socio-écologique6. Son champ de recherche reste largement transversal sur la
dimension humaine du changement climatique (Downing et al., 2001 ; Kasperson et
Kasperson, 2001 ; Turner et al., 2003).

Bien vrai qu’en économie il n’existe toujours pas une théorie, l’approche dominante de la
migration climatique repose essentiellement sur une relation entre degré d’exposition et
déplacement. Or, les études empiriques mettent en avant une complexité et une hétérogénéité
des migrations humaines qui s’inscrivent dans tout un processus socio-économique, culturel,
institutionnel, démographique … L’analyse linéaire climat-déplacement humain est jugé
restrictif par rapport au cadre conceptuel : vulnérabilité et impacts, plus large. La vulnérabilité
des populations s’inscrit dans un système socio-écologique qui se traduit par une diminution
du bien-être due à un accroissement conjoncturel ou structurel du risque. Le recours à cette
méthode permet d’inscrire la migration, y compris celle climatique, dans tout un ensemble de
stratégies déployées par les ménages allant de l’adaptation au climat à l’amélioration des
pratiques (Scoones et al., 2002). Autrement dit, la vulnérabilité met en évidence la trajectoire
des migrants potentiels dans un système socio-écologique qui ressent le choc, conjoncturel
et/ou structurel, contextualisé dans une dynamique historique.

3.1.Origine de la vulnérabilité en climat

Qualifiée de concept éponge (Thomas, 2008) et largement utilisée dans les sciences naturelle
et sociales, la vulnérabilité a connu plusieurs représentations :

6
Selon Adger (2006), le concept de système socio-écologique renvoie à l’idée selon laquelle il n’existe pas de dichotomie
entre société et environnement écologique. Les actions humaines et les structures sociales font partie intégrante de la nature.
Par conséquent, toute distinction entre système social et nature est arbitraire. Il est généralement admis que les systèmes
naturels font référence aux processus biologiques et biophysiques tandis que les systèmes sociaux sont constitués des règles
institutions qui prennent part dans l’utilisation humaine des ressources aussi bien que système de connaissance et éthique
qui interprètent les systèmes naturels dans une perspective humaine (Berkes et Folke, 1998).

11
Figure 2 : Différentes représentations de la vulnérabilité

Vulnérabilité liée Vulnérabilité liée à Vulnérabilité liée à Vulnérabilité liée à


à l’impact la fragilité l’exposition l’organisation

Vulnérabilité physique

Vulnérabilité sociale
Vulnérabilité biophysique

Vulnérabilité
Source : Reghezza, 2008.

Les incertitudes et crises environnementales, liées en grande partie au climat changeant, ont
été à l’origine de l’émergence de la notion de vulnérabilité en économie. Les approches
classiques, remises en cause, devaient être renouvelées (Bresson et al., 2013). Ainsi, la notion
de vulnérabilité va plus tendre vers la résilience des systèmes sociaux écologiques (Holling,
1973).
La définition de la vulnérabilité est loin d’être consensuelle. Elle fait l’objet de plusieurs
définitions issues de plusieurs écoles théoriques (Villagrán de León, 2006 ; Birkmann, 2006).
Dans le contexte de changement climatique, la vulnérabilité n’échappe pas à cette règle
également (Füssel, 2007). Downing et Patwardhan , (2005) soulignent que même le GIEC, qui
constitue une référence en la matière, donne des définitions qui varient selon les rapports.
Toutefois, la définition la plus usitée reste celle du GIEC (2007) :
“The degree to which a system is susceptible to, and unable to cope with, adverse
effects of climate change, including climate variability and extremes. Vulnerability is a
function of a character, magnitude, and rate of climate change and variation to which a
system is exposed, its sensibility and its adaptive capacity.”
La connotation négative qui entourait l’approche par la vulnérabilité (Luers et al., 2003) – un
état de fragilité, une propension à subir des dommages- s’est mutée en une capacité, d’une
part, d’atténuation consistant à prévenir et à faire face ex ante au climat et, d’autre part,
d’adaptation : rétablissement ex-post choc climatique. En dépit de son caractère incertain situé
davantage dans la gamme des incertitudes à traiter7, l’approche par la vulnérabilité permet de

7
Comme le souligne nt Brisson et al. (2013) l’analyse du changement et de la variabilité du climat serait confrontée à deux
types d’incertitudes : celles à traiter et celles à réduire. Les premières seraient liées au futur et regroupent les incertitudes
liées aux scénarios socio-économiques, les incertitudes stochastiques et, ce que l’on peut appeler les marges de manœuvre
qui correspondent à des choix donnant prise à l’adaptation, y compris la migration. Pour ce qui concerne les scénarios

12
doter à l’analyse un processus dynamique reliant un contexte historique et sociopolitique
analysé temporellement et spatialement.

Sur le plan conceptuel, la vulnérabilité est souvent représentée sous la forme suivante (GIEC,
2007 ; Metzger et al., 2008 ; Mcleman et al., 2010)) :

Vulnérabilité = f (Exposition au changement climatique, Sensibilité aux impacts de


l’aléa, Résilience ou Adaptation du système aux dommages climatiques).

Cette fonction montre le passage d’une approche de la vulnérabilité dite « techno-centrée »


(Regezza, 2008) composée de deux variables déterminantes - l’exposition à l’aléa et la
sensibilité aux impacts- à une approche, qui au-delà des deux variables précédentes, tient
compte de la capacité de réponse des sociétés. Dans cette nouvelle conception triptyque de la
vulnérabilité, l’exposition renvoie aux éléments mis en jeu par le climat pouvant affecter les
systèmes socio écologiques. Par conséquent, Mcleman et Smit (2006) soulignent que
l’ampleur de l’exposition des populations dans un milieu donné est fortement corrélée aux
processus dynamiques d’ordre économique, politique et culture. La résilience se définit
comme la capacité d’absorption d’un choc et de persistance au-delà d’une perturbation. Ainsi,
dans le cas d’un changement climatique, l’homme déploie son ingéniosité à travers des
stratégies locales ou nationales d’atténuation ou d’adaptation. Parmi ses stratégies, la
migration constitue une réponse de plus en plus pratiquée par les populations rurales. Et enfin,
la sensibilité dépend du degré d’exposition qui permet de spatialiser et de cartographier les
enjeux. Elle est intrinsèque à un territoire donné et elle traduit la propension à être affectée.
Les sensibilités ou effets peuvent être directs ou indirects.

3.2. Migration et vulnérabilité dans un contexte de changement climatique

d’Ercole et al. (1994) distinguent plusieurs approches renouvelées des vulnérabilités des
systèmes socio-écologiques (annexe 1). L’article s’intéresse aux facteurs conjoncturels et
structurels explicatifs de la vulnérabilité multidimensionnelle pouvant se traduire directement
ou indirectement par de la migration adaptative. Cette approche qualitative permet d’inclure la
migration dans la fonction de vulnérabilité sans pour autant tomber dans un déterminisme
climatique (Myers, 1993 ; Aid, 2007). Selon Mcleman (2013), l’hypothèse de corrélation

socioéconomiques, l’incertitude est délicate car la société fait partie du problème et de la solution. L’incertitude est alors
réflexive. Quant ’aux incertitudes à réduire, elles ont été scindées en deux classes : celle épistémique liée à l’insuffisance de
nos connaissances et celle liées à une mauvaise appréhension des réalités spatiale.

13
entre ampleur de l’exposition au climat et augmentation des flux migratoires, en particulier
dans les zones rurales, n’est pas fondamentalement fausse.

La migration devient un facteur d’ajustement face aux déséquilibres climatiques. Toutefois, à


cause des coûts financiers, émotionnels, des incertitudes socio-économiques, des
déséquilibres sociaux, culturels, il est rare que la migration soit la première stratégie
adaptative déployée (Mcleman et Smit, 2006 ; Tacoli, 2009). D’ailleurs, la trajectoire spatiale
et temporelle de la migration est façonnée par les mêmes facteurs socio-économiques,
culturels, politiques et environnementaux qui influencent les capacités adaptatives du ménage.

Figure 3 : Vulnérabilité multidimensionnelle et migration


Risques
Résilience
Structures socio- Changement climatique et
économiques et différentes réponses
Haut
développement

Capacités et Vulnérabilité
opportunités multidimensionnelle

Migration

Faible

Avec un certain niveau de capital Populations Marginalisées

Source : auteur, d’après BM, 2015.

Tout comme la vulnérabilité, la migration induite dépend en partie de la nature du choc


(exposition et sensibilité) et la résilience des systèmes socio-écologiques. La migration fait
partie des panoplies de stratégies possibles, donc des mesures d’adaptation de la fonction de
vulnérabilité (figure 3). Par conséquent, la fonction de migration dans un contexte de
vulnérabilité (MESA, Mcleman, 2013) prenant en compte la nature du choc, les
caractéristiques des populations exposées et les capacités adaptatives autres que la migration
peut être retenue :

M = f (E, S, (A-M))

Avec:
M = Migration dans un contexte de vulnérabilité multidimensionnelle
est une fonction de :

14
E = expositions aux changements et variabilités climatiques
S = sensibilité des populations aux impacts climatiques
A – M = toutes les stratégies adaptatives autres que la migration

D’abord, cette fonction MESA permet d’analyser la migration adaptative dans un contexte de
système socio-écologique. La non migration est considéré comme une limitation des
stratégies à réduire les impacts du climat et doit être résolue par des politiques publiques
interventionnistes. Ensuite, à travers cette fonction on peut supposer que les flux de
déplacements humains croissent positivement avec la probabilité d’occurrence de l’aléa
(exposition au climat) et la sensibilité des populations touchées. Cette sensibilité est fonction
de plusieurs facteurs : la diversification économique de la localité, le profil démographique, la
densité géographique… Et enfin, La migration induite est une fonction décroissante des
possibilités ou capacités adaptatives des populations.
Face à la vulnérabilité, les populations déploient un ensemble de stratégies en fonction des
contraintes et incitations climatiques. Cependant, les études de vulnérabilité font apparaître
une forte hétérogénéité entre les régions. Par exemple, sur le plan climatique, pris dans sa
globalité, il est difficile de constater une homogénéité sahélienne8. Les limites cardinales du
Sahel, nord au sud et ouest en est, constituent des zones de rencontre entre les climats arides,
semi-arides et humides (Pagney, 1994).

L’étude de cas sur la vulnérabilité multidimensionnelle et la migration climatique, se


focalisera sur le Sénégal. Le pays représente plus de 80% des terres arables de la région ouest
sahélienne et, selon le dernier rapport du cabinet d’étude britannique Maplecroft (2014), le
Sénégal est le 10e pays africain (3e dans le Sahel et 14e dans le monde) le plus vulnérable aux
changements climatiques présents et attendus. Et cela, serait dû en grande partie à sa position
géographique. Toutefois, le changement climatique est loin d’être linéaire à l’intérieure du
pays et ses conséquences non égales d’un côté à un autre (GIEC, 2013 et 2007 ; Simonet,
2012 ; Banque Mondiale, 2013, 2012b et 2010). Pour parer à ce problème, l’étude de la
migration adaptative dans un contexte de sensibilité/vulnérabilité des agents économiques, se
fera sur la base d’une décomposition du Sénégal en régions administratives regroupées au sein
des différentes zones agro-écologique/agro-climatiques du pays.

8
Les études climatiques montrent l’existence d’une palette de nuances climatiques et ses dernières ne se localisent pas
seulement à l’intérieur d’un seul pays : la zone saharo-sahélienne (100-300 mm) ; la zone sahélienne (300-500 mm; la zone
sahélo-soudanienne (500-700 mm ; la zone soudano-sahélienne (700-900 mm) et soudanienne (900-1200 mm).

15
Dans une perspective de vulnérabilité multidimensionnelle, la migration climatique peut être
conceptualisée ainsi :

Changement Contextes : socio-économique, Renforcem


climatique culturel, institutionnel et ent capacité
techniques non
migrants

Aléa Risques

Vulnérabilité
multidimensionnelle
(biophysique et sociale)

Capacités adaptatives
Exposition Sensibilité autres que migration
Rémittences
Les stratégies adaptatives autres que la migration climatique : i. stratégie de base ; ii. Désépargne ou
déthésaurisation ; iii. Aide soudure ; iv. Assurance agricole ; v. aide gouvernementale politique
budgétaire et vi. Aide internationale.

Aspirations migrants
Réseaux
et contextes plus
migratoire
favorables ailleurs
s

La décision de migrer : la
migration comme stratégie en Adaptation
dernier ressort.

Source : Auteur.

16
4. Analyse qualitative de la migration climatique en termes de vulnérabilité : étude de
cas sur le Sénégal

En 2011, la deuxième enquête de suivi de la pauvreté au Sénégal (ESPS II) mettait en


évidence le facteur déterminant du changement climatique dans les conditions de vie socio-
économiques des populations notamment celles pauvres et rurales (figures 6 et 7). Le
Sénégal, avec plus de 14,3 millions d’habitants dont environ 60 % de ruraux (BM, 2016), est
situé entre l’atlantique et les terres désertiques du Sahel qui l’exposent ainsi à l’élévation du
niveau de la mer et aux dégradations des systèmes socio-écologiques dues aux changements
climatiques (figure 4).
Même si 63% des sénégalais semble être impacté négativement par le climat (tableau 5), ce
ratio est plus important dans les zones rurales et pauvres (90%). Plus de 70% des ménages
pauvres sont des ruraux et 58% des ménages ruraux vivent en dessous du seuil de pauvreté
(ANSD, 2014). Cela confirme les conclusions de la Banque Mondiale (2006) sur les fortes
vulnérabilités du milieu rural qui empêcheraient les ménages de disposer de capacités
suffisantes pour faire face au climat. Cette situation expliquerait en grande partie la migration
interne (zones rurales vers urbaines et péri-urbaines). Le changement climatique en plus d’être
hétérogène à l’intérieur du pays, ses impacts sont positivement corrélés aux systèmes socio-
écologiques selon les zones de résidence.
Figure 4 : le Sénégal en Afrique subsaharienne. Pluviométrie et zones climatiques.

Source : Centre Régional Agrymet (CRA), CSAO/OCDE, 2008.

Ainsi, l’analyse de la migration climatique en vulnérabilité multidimensionnelle nécessite de


procéder à un découpage de notre zone d’étude, le Sénégal, en zones agro-écologiques

17
relativement homogènes. Ses zones présentent des spécificités physiques et humaines
relativement proches sur les vastes surfaces qu’elles couvrent. Chaque zone est une région
naturelle (Ba, 2008) avec ses potentialités mais, également, ses propres vulnérabilités socio-
économiques et climatiques. Selon l’Institut Sénégalais de Recherche Agricole (ISRA, 2008),
sur la base de critères physiques (pluviométrie, température, type de sol), socioculturels et
démographiques (ethnie et densité) et agricoles (types de cultures et d’équipement), six zones
agro-écologiques distinguent le Sénégal : le Bassin arachidier, le Sénégal oriental, la
Casamance, la Vallée du fleuve Sénégal, la zone agro-pastorale et la zone des Niayes.

Figure 5 : les zones agro-climatiques du Sénégal

Source : Gouvernement du Sénégal. Plan National d’Investissement Agricole, 2009.

Tableau 2 : Composantes et relations de la vulnérabilité multidimensionnelles.

Composantes Variables Nature contraintes dans Causalité ou relation


la fonction de fonctionnelle avec la
vulnérabilité vulnérabilité9

Pluie -/+ (si inondation)


Température +

9
On suppose une augmentation de la valeur des variables pour observer si elles augmentent ou diminuent le degré de
vulnérabilité des populations.

18
Vent/ensoleillement. -
Types de sols -
Composante agro- Pratiques agricoles Exposition physique -
écologique végétation -
surfaces arables -

Niveau d’instruction -
Diversification -
économique
Envois des migrants -
(rémittences)
Accès marchés -
Prix marché mondial +
Composantes (Price taker) Sensibilité
économiques et socio- Désenclavement -
territoriales Modernisation agricole
(engrais, engins, -
irrigation…)
Démographie -/+ (si analyses : Malthus
ou Boserup)
Productivité agricole -
Chômage +
Composante sécuritaire
(alimentaire ou vivrier) Couverture alimentaire -
Crises alimentaires Exposition
conjoncturelle +

Part agriculture dans le


revenu +

Composante socio- Accès au financement Adaptation ou -


économique, technique, (crédit) Résilience autre que
institutionnelle et Migration
culturelle Régularité des revenus -

Distribution vivre de -
soudure (Etat)

Distribution alimentaire -
(ONG)
-
Plan de relogement ou
relocalisation
Patrimoine non agricole -
et monétisable

Réseaux migratoires -

4.1. La vulnérabilité sur le plan agro-climatique ou vulnérabilité physique

Le Sénégal est caractérisé par l’existence de plusieurs types de climat –sahélien, soudano-
sahélien et de type guinéen- et une saison des pluies qui va de juin à septembre selon les
régions. Les gradients pluvieux sont plus importants sur l’axe nord-sud qui reçoit en moyenne

19
plus de 200mm par alors que la partie nord, où la saison pluvieuse est moins longue,
enregistre un cumul annuel moyen de 100mm.
Les températures augmentent généralement des côtes vers l’est du pays selon les saisons
(PNUD-SGEO, 2014). Cette règle ne s’observe que durant la saison des pluies, les régions du
sud sont plus froides que le nord sous l’influence des précipitations et du refroidissement
nuageux. Durant la saison la plus chaude (Avril, Main, Juin et Juillet), les localités les plus
chaudes ont des moyennes de température tournant autour de 35° C, tandis-que les régions
côtières enregistrent 25 à 28°C. A contrario, durant les périodes plus fraiches (octobre,
novembre, décembre- janvier, février et mars), les régions côtières enregistre 25° C de
température en moyenne et jusqu’à 30° C à l’intérieur du pays. Globalement, on observe une
augmentation des températures en moyenne de 0 ,9° C depuis 1960 et les précipitations
varient entre 195,6mm à Ziguinchor (Casamance) et 18,36mm à Podor (vallée du fleuve
Sénégal). Toutefois, il n’est pas pertinent de s’intéresser aux moyennes climatiques nationales
car celles-ci sont des moyennes en fil de rasoir sur la période et peu plausibles à extrapoler
dans l’avenir ou le passé (Dubriel et al., 1996).
Pour caractériser la vulnérabilité agro-climatique (tableau 4) dans une analyse synchronisée
et pertinente, la période 1970-2014 est choisie comme référence dans les différentes zones
et/ou régions du pays.
Sur la période, les cumuls annuels moyens pluviométriques et de températures (maximale et
minimale) permettent de caractériser le climat sur le territoire. L’annexe 3, sur la
pluviométrie met en évidence une tendance à la remontée des isohyètes au Sénégal. En effet,
les stations situées dans les régions du sud-est du pays enregistrent les moyennes pluvieuses
les plus importantes. Les zones Sylvo-pastorale, les Niayes, la Vallée du fleuve et le Bassin
arachidier enregistrent des déficits pluviométriques conjoncturels. Sur longue période, Podor
enregistre le taux déficitaire pluvieux le plus important - 4,78 mm contre 162, 17 mm de
pluies dans les régions du sud, plus arrosées. Les écarts de dispersion autour du cumul moyen
annuel de pluie varient entre 6,73 pour Podor et 23, 67 pour Ziguinchor. En ce qui concerne
les températures (minimales et maximales) annuelles moyennes, on note une forte variabilité
intra et extra stations sur la période. La dispersion moyenne varie de 26, 46 pour la station de
Dakar à 41,3 dans l’axe sud-est où les températures sont les plus élevées.
La vulnérabilité physique des populations dans les différentes zones agro-écologiques n’a fait
que croître depuis 1970-1980, dates des premières perturbations climatiques notoires au
Sahel. Respectivement, le Bassin arachidier, le Sylvo-pastoral, la vallée du fleuve, le Sénégal
oriental et la Casamance restent les zones les plus vulnérables.

20
Tableau 4 : Caractéristiques des différentes zones agro-écologiques ou climatiques du Sénégal

Description climato-environnementale Types de sols Pratiques agricole Vulnérabilité aux


Zones agro Découpage Démographie changements
écologiques administratif et surface climatiques
(régions) et Températu Pluviométrie végétations
écologique re moyenne Principalement la
moyenne culture de rente
Max Min arachidière ; céréales
Sols ferrugineux (plus sorgho que mil)
Thiès-Fatick - Fortement peuplée 700mm 500mn Pauvre dominée par tropicaux (dominance) ; Coton à production
Kaolack – (5276110) sur une les acacias. sols hydromorphes incertaine
Le bassin Kaffrine – étendue de 38 Dégradation due à (rares) ; lithosols agriculture sèche (nord
Diourbel 728km² avec (57% l’agriculture et à la (rares) ; vasières bassin arachidier) Sècheresse; dégradations
arachidier agriculture humide sud
des terres arables, sécheresse. (rares) ; sols des écosystèmes ;
67% production ferrugineux (rares) bassin arachidier) acidification des sols ;
Centre nord du arachide et 66% du Zones de pêche salinisation des nappes ;
bassin arachidier mil). artisanale (Mbours, invasion marine (fleuve
(14738 km²) Population rurale : Cayar, Joal) Saloum) ; destruction de
Centre sud du 73,5% faibles potentialités et la mangrove ; érosion
bassin arachidier Densité : 164,8 vieillissement des parcs côtière
(23945 km²) agroforestiers Baisse importante de la
pluviométrie depuis 27ans

Sols infertiles Production Vulnérabilité élevée


Systèmes notamment incertaine
fortement (occupe 65% de
agro-
dégradés la population)
pastoraux
sahéliens

21
1200mm 800mm Lithosols (dominance) ; Activités agricoles Salinisation des terres,
ferrugineux tropicaux ; diversifiées dégradations du milieu
Kédougou- Zone peu peuplée sols bruns subarides ; Culture de rente naturel ; épuisement des
Le Sénégal Tambacounda avec une superficie hydromorphes (traces), concurrence le mais le ressources naturelles,
de 42 703km² sols vertiques (traces) ; sorgho et le mil. déforestation massive
oriental sols halomorphes
(traces) ; sols peu
évolués (traces).
Systèmes agro-
Sols fertiles à infertiles Production assez
pastoraux (peu profonds et bonne et assez certaine
soudaniens vulnérables à l’érosion et forte potentialité Vulnérabilité modérée
éolienne et aux agricole et pastorale
ruissellements)

Vaste territoire de 1200mm 700mm Sols ferrugineux Culture irriguée. Problème de sécheresse
30 632 km² soit (dominance) ; vasières ; Activités agricoles entrainant un déficit
Ziguinchor- 14% du territoire sols ferrugineux diversifiées. Culture de vivrier.
La Casamance Kolda- Sédhiou Pour une population tropicaux ; sols rente concurrence le
totale de 1592392 hydromorphes ; mais le sorgho et le mil.
Haute Casamance dont 70% ruraux. régosols (rares) ; Développement de la
(environ La densité y est de lithosols (rares) pisciculture. Cueillette
16 000km²) 58,6. Fortes potentialités rurale source de revenus
Basse moyenne agricoles et halieutiques
Casamance Systèmes agro- inexploitées (terres
(14 632km²) arables (1 million) et Vulnérabilité modérée
pastoraux eaux souterraines Production assez
Sols fertiles bonne et assez certaine
soudaniens (80% de la population)

22
Saint-Louis- Une bande de 10 à 500mm 300mm Sols lourds : Aménagement rizicole ; Déficit et irrégularité
Matam- 15km de Saint- halomorphes ou encore culture irriguée ; canne pluvieux ; Inondations
La Vallée du Tambacounda Louis à Bakel (9 hydromorphe ; sols peu à sucre. dues aux crues du fleuve ;
fleuve 658 km². évolués (traces) Mil (culture érosion côtière ; intrusion
La population est Sols fertiles dominante). Sorgho et saline ans le fleuve ;
Walo (inondable : estimée à 2152791 arachide (un peu) Salinisation des terres
riziculture) dont 30,56 Développement de la
Delta (irrigation d’urbains avec l’une culture du riz dans le
peu pluvieux) la densité la plus delta du fleuve et la
Djiéri faible tout juste moyenne vallée.
(pastoralisme, avant le Sénégal
culture oriental (15 hbts au Culture de maïs
industrielle, km²) Culture de décrue
maraichage) favorisant l’irrigation
des terres
Culture industrielle
(canne à sucre et
Sols fertile tomate)
Vulnérabilité modérée à
La production forte
incertaine
Système nord
sahélien

Elle couvre 56269 500mm 300mm Lithosols (dominance) ; Pastoralisme et culture Détérioration des
Louga-Podor- km² et elle abrite rogosols ; sols de mil , nièbé et béref ressources ligneuse et
La zone agro- Matam-Saint- environ enviorn 1 ferrugineux tropicaux La zone dispose entre fourragères, destruction
pastorale ou ferlo Louis million de (rares) ; sols 22 à 30% du cheptel des sols et du couvert
personnes. hydromorphes (rares) ; national végétal ; déficit pluvieux,
ou sylvo-pastorale L’essentiellement sols peu évolués (rares) stress hydrique
de la population est Faiblesse et irrégularité
rurale (plus de des pluies
70%) Stress hydrique
Système nord Production incertaine
Sols infertiles Vulnérabilité élevée
sahéliens

23
700mm 500mm
Dakar–Thiès- 5 à 10 km sur le Dunes littorales Culture maraichère Ensablement, salinisation
La zone des Louga littoral : 2759 km² (dominance) ; sols (80% de la production des terres et des nappes,
Niayes Densité forte (20% ferrugineux, nationale) ; agriculture forte érosion côtière,
de la population hydromorphes et sèche (horticole) élévation niveau de la mer
totale sur 1% du vasières (traces), sols Une agriculture péri-
territoire) peu évolués (traces). urbaine intensive
Systèmes Sols peu fertiles : Vulnérabilité modérée à
menacé par Production certaine à élevée
agro- l’ensablement et les incertaine
pastoraux dégradations du
milieu
Sénégal Avec une superficie de 196 722km² pour environ sahéliens
14 million de personnes, le Sénégal est caractérisé par :
o Une capacité de production, 11% des terres arables, située en zone nord sahélienne (région du fleuve, les Niayes, Bassin arachidier et une partie du sylvo-pastoral : inférieur à 500 mm de
pluies) ;
o Le taux d’exploitation des terres arables est relativement faible. Par ordre d’importance, seule les zones Bassin arachidier (81%), Niayes (65%) et la Casamance et le Sénégal oriental
(40%) restent relativement utilisée.
o Une agriculture dominée par la culture rentière arachidière, suivie par le mil et l’élevage extensif. Les cultures vivrières et la foresterie sont importantes devant la culture de décrue ;
o La riziculture est dominante en Casamance et dans la vallée du fleuve Sénégal.
o Le maraichage est localisé principalement dans les Niayes.
L’agriculture sénégalaise est fortement pluviale. La pluviométrie est en moyenne déficitaire et variable sur l’étendue du territoire nationale et notamment dans les zones à fortes potentialité agricole.
En somme, le pays présente toutes les caractéristiques d’une zone fortement vulnérable au changement climatique.

Source : auteur à partir des données ANSD (2001-2009), CSAO-CILLS, 2008, ISRA (2006 et 2008(tomes : 1, 2 et 3)) et BM (2006 et 2010).

24
Tableau 5 : Pourcentage de la population affectée par les perceptions de changement climatique par impact et par zone écologique

Source : Situation Economique et sociale du Sénégal (2014), d’après ANSD (ESPS II, 2011)

25
4.2. Les dynamiques socio-économiques des différentes zones

Une vulnérabilité climatique se traduit généralement par une vulnérabilité économique


(incertitude sur les prix, baisse des revenus, endettement, faible niveau de résilience) qui
impacte négativement les structures socio-culturelles exacerbant ainsi la vulnérabilité
physique à cause de la mal-adaptation (figures 6 et 7). Toutefois, ce constat ne devrait pas se
traduire par une intuition déterministe climatique dans l’analyse de la vulnérabilité
économique des ménages dans les différentes zones agro-écologique. L’explication de cette
dernière ne rentre pas dans un modèle climato-économique linéaire. La BM (2010) souligne la
pertinence d’une analyse sociopolitique historicisée, liant insécurité économique et
alimentaire à des déséquilibres structurels.

Figure 6 : Pourcentage de la population affectée par le climat, par secteur et source de revenu

Figure 7 : Populations pauvres plus exposées aux chocs climatiques

Source : Situation Economique et sociale du Sénégal (2014), d’après ANSD (ESPS II, 2011)

26
Ainsi, l’analyse qualitative de la vulnérabilité va s’intéresser aux différentes composantes
socio-économiques, territoriales, sécuritaires et technico-institutionnelle des différentes zones
agro-climatiques (tableau 2). Le ménage ou groupe domestique est considéré comme unité de
base de propriété de biens, de consommation et de vie sociale. En effet, les différentes études
de vulnérabilité économique au Sénégal10 considèrent le ménage comme cellule socio-
économique élémentaire qui répartit le travail, la consommation et la production entre ses
membres en plus d’orienter la prise de décision adaptative face au changement et variabilité
climatique.

Dans l’ensemble la vulnérabilité socio-économique diminue mais il subsiste des différences


substantielles entre les différentes zones agro-climatiques. Les ruraux sont majoritairement
pauvres et sont principalement localisés dans les zones du centre (Sylvo-pastoiral), du Nord
(Vallée du Fleuve et Sénégal oriental) et le Sud du Sénégal (la Casamance). Cette situation
s’explique par la non diversité des activités économiques. L’agriculture, principale source de
revenu, est vivrière et l’élevage se pratique sur des surfaces petites ne permettant pas de
couvrir les besoins des familles nombreuses dans ses localités. Cette vulnérabilité socio-
économique est en grande partie expliquée par la vulnérabilité physique (déficit pluvieux,
dégradation de l’environnement) mais, également, la défaillance de l’investissement public
créant renforçant ainsi la dualité socio-économique entre les zones urbaines et rurales. Sur le
plan social, les politiques scolaires peinent à absorber le déficit né des indépendances entre le
rural et l’urbain. Les zones Niayes, la Vallée du Fleuve Sénégal et le Sud présentent des
statistiques encourageantes avec respectivement des taux de scolarisation 64,3%, 57% et 80%.
L’accès aux soins de santé et à l’éducation est difficile bien vrai que plus de la moitié des
ménages ait accès à l’eau potable, les statistiques masquent de fortes disparités entre les
zones. Les ménages ruraux ont moins accès aux rémittences et aux crédits du secteur
bancaire formel.

10
En quêtes sénégalaises auprès des ménages (ESAM I, 1994-1995) et II (2001-2002) : est une enquête d’envergure
nationale sur la consommation et les dépenses des ménages. L’Enquête de Suivi de la Pauvreté au Sénégal (ESPS, 2005-
2006-2011) s’inscrit dans le cadre du programme global de suivi - évaluation de la Stratégie de Réduction de la Pauvreté
(SRP) vise à analyser des indicateurs pertinents et faciles à collecter pour un suivi régulier de l’évolution de la pauvreté. Les
différents rapports sur la situation économique et sociale(SES) des régions du Sénégal produits annuellement en
collaboration avec la Banque Mondiale. Et, enfin, les différentes enquêtes agricoles annuelles du Sénégal.
Consultable sur le site : http://anads.ansd.sn/index.php/catalog

27
Par ailleurs, le Sénégal économie ouverte, intégrée au système mondial de production et de
commercialisation, est fortement vulnérable aux cours du marché mondial comme en atteste
l’effondrement de l’économie rentière du bassin arachidier.

Ainsi, sur le plan socio-économique, en dépit des potentialités économiques diverses


inexploitées, les zones présentent un degré de vulnérabilité relativement élevé (figure 8) à
l’exception des Niayes où se développent une filière horticole dynamique. L’analyse
qualitative montre une proximité entre vulnérabilité physique et socio-économique entre les
zones agro-climatiques.

Figure 8 : Niveau de pauvreté par régions et par zones du Sénégal

Source : PAM, 2014.

Au Sénégal, les différentes zones agro-climatiques sont caractérisées par une forte
vulnérabilité climatique et socio-économique des systèmes socio-écologiques. C’est pourquoi,
il est pertinent d’analyser la migration climatique dans une démarche d’expositions
multidimensionnelles holistiques autour des risques mais, également, des stratégies
complémentaires et/ou de substituables autres que la migration adaptative.

28
Tableau 4 : la vulnérabilité socio-économique des différentes zones agro-climatiques du Sénégal.

Composante de la Variables et indices


vulnérabilité socio- moyens des différentes Bassin Sénégal Casamance Vallée du Zone sylvo- Niayes Sénégal
économique enquêtes pauvreté dont arachidier oriental fleuve pastorale Urbain Rural
celle de 2011 Sénégal
Taille moyenne du ménage élevé élevé élevé élevé élevé élevé moyen élevé

(7 à 1à personnes)

Niveau d’instruction et faible faible moyen moyen faible moyen moyen faible
scolarisation et éducation du
ménage
Socio-territoriale
% terres arables élevé Faible à moyen moyen faible faible faible faible élevé

Qualité des infrastructures dont faible faible faible faible faible moyen moyen faible
communication : désenclavement

PIB/habitant moyen par zone11 faible faible faible faible faible moyen Faible à faible
intermédiaire

Chômage élevé élevé élevé élevé élevé élevé élevé élevé

Taux de pauvreté monétaire12 élevé élevé élevé élevé élevé Elevé à moyen Elevé à moyen élevé

Economique
Evolution de la pauvreté entre Baisse modérée Baisse modérée à Baisse modérée Baisse modérée Baisse modérée Baisse modérée Baisse modérée Baisse modérée à

11
ANSD/Projections 2016 : http://www.ansd.sn/index.php?option=com_regions&view=regions&Itemid=213
12
Approche objective de la pauvreté : elle s'intéresse à la mesure de la pauvreté monétaire est la plus fréquente : est considérée comme pauvre la personne dont les ressources sont inférieures à
un certain seuil de pauvreté.

29
2005-2011 (ESP II-I et ESPS II-II) élevée à élevée à élevée élevée

Régularité des revenus faible faible faible faible faible Moyen à Moyen à faible
acceptable acceptable

Taux de pauvreté ressentie13 élevé élevé élevé élevé élevé élevé élevé élevé

Envois des migrants moyen élevé faible élevé élevé normal élevé élevé

Dépendance au marché mondiale élevé élevé élevé élevé élevé élevé élevé Faible à moyen
(prix)

Diversification économique autre Faible à moyen faible faible faible Faible à moyen Moyen à élevé Moyen à élevé faible
agricole

Accès au crédit-financement faible faible faible faible faible faible Faible à moyen faible
crédit

Sécurité Profil sécurité alimentaire14 modérée faible faible Faible à Faible à Modérée à Modérée à élevée faible
modérée modérée élevée
alimentaire (voir
annexe )

Politique et Incidences programmes de lutte faible faible faible faible faible faible faible faible
contre la pauvreté15

13
L'approche subjective consiste non pas à se référer à un seuil minimal de ressources défini conventionnellement ou à des conditions objectives d'existence, mais à interroger directement les
ménages sur la perception qu'ils ont de ces réalités, à partir de questions sur leur revenu, le revenu minimum nécessaire selon eux "pour joindre les deux bouts" et/ou leur degré "d'aisance
financière".
Sy I. (2013). L’approche subjective de comme instrument de compréhension de la pauvreté : le cas du Sénégal. Troisième congrès de l’AFEP, 3, 4 et 5 juillet.
14
Programme Alimentaire Mondiale (PAM) (2014). Analyse Globale de la vulnérabilité, de la sécurité alimentaire et de la nutrition au Sénégal. Service de l’Analyse de la Sécurité alimentaire,
Rome, Juillet. ; Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO) (2008). Profil sécurité alimentaire Sénégal, Avril
15
Les différentes politiques au Sénégal : Fonds de solidarité nationale, le programme d’alimentation scolaire, le Plan Sésame, Bourses d’étude, Programmes nutrition ciblée sur l’enfant et
transferts sociaux, Programme nationale de Bourse de Sécurité Alimentaire, Initiative Nationale pour la Protection Sociale des Groupes Vulnérables et différents programmes de lutte contre la
pauvreté (ESPE, II, 2011).

30
institutionnelle Marchés nationaux (ruraux et élevé Faible à moyen moyen Faible à moyen moyen élevé Moyen à élevé Faible à moyen
urbains) et flux commerciaux et
approvisionnement

Niveau élevé élevé élevé élevé élevé Moyen à élevé Moyen à élevé élevé
vulnérabilité
multidimensionnell
e

Source : Auteur, à partir rapports ESAM I (1994-1995) et II (2001-2002) ; ESPS (2005-2006 et 2011) ; SES (2003 à 2015) et différents rapports
BM et FAO.

31
4.3. Aperçu général des vulnérabilités et migrations internes au Sénégal

A la lecture du tableau 5, récapitulatif de l’intensité des échanges migratoires et le degré de


vulnérabilité du système socio-écologique des différentes zones du pays, il ressort que les
Niayes, notamment Dakar, et le Bassin arachidier -Diourbel : fief du mouridisme)-,
constituent les principales zones d’immigration.

Globalement, les migrations internes sont majoritairement tournées vers la région de Dakar
(Niayes). Les données migratoires des recensements de 1976 et 1988 montraient déjà cette
tendance qui s’est accrue à partir des années 1980, période de la grande crise climatique au
Sahel. Avec 462000 migrants sur un total de 999 060 en 19980 et plus de 60% des migrants
internes selon le dernier recensement de 2013, la région de Dakar située dans la zone
climatique des Niayes reste le principal pôle d’attraction migratoire du pays. Cette migration
interne des zones rurales vers le principal centre économique du pays, est concurrencée depuis
les années 1990 par une nouvelle forme de migration : celle des autres zones urbaines du pays
vers Dakar. Ce constat pourrait certainement trouver une explication dans l’augmentation de
la vulnérabilité multidimensionnelle des systèmes socio-écologiques des autres localités du
pays.
A côté de la zone des d’immigration des Niayes, le Bassin arachidier et le Sénégal oriental
présente un solde migratoire sensiblement positif. Pour le premier, la région de Diourbel et
notamment la commune de Touba explique l’afflux de population. L’immigration trouve son
origine dans le fait que cette localité constitue la capitale du mouridisme : la migration est
religieuse. Quant au Sénégal oriental, le solde positif faible est expliqué par l’activité minière
qui s’y développe (mine d’or de Kédougou).

L’analyse par région administrative de la migration interne confirme celle par zone
climatique. En effet, Dakar recueille le plus de migrant interne (49%), suivie respectivement
par les régions de Thiès (13%) et de Ziguinchor (7%) selon l’ANSDS (2013). Les statistiques
de la capitale administrative et économique du pays corroborent les théories migratoires
basées sur le différentiel de revenu entre les zones. Dakar présente une certaine diversité
économique et le taux de chômage le plus bas (14,9%). Elle concentre également la quasi-
totalité des infrastructures du pays et les services sociaux de bases les meilleurs. La zone des
Niayes, avec le degré de vulnérabilité le plus faible, recueille le plus d’immigrant.
A contrario, la vallée du fleuve, le bassin arachidier et la Casamance restent principalement
les zones de départ des migrants. En outre de la dégradation climatique, la vulnérabilité socio-

32
économique des ménages expliquerait cette situation. Les régions les plus vulnérables, Kolda,
Kédougou, Sédhiou, Fatick, Tambacounda et Kaffrine, avec respectivement les niveaux
d’incidence et de sévérité à la pauvreté de 76,6 et 20,8%, 71,3 et 14,1% , 68,3 et 11%, 67,8 et
9,5%, 67,8 et 9,9%, 63,8 et 10,5% (ESPSII, ANSD, 2011), présentent les soldes migratoires
largement excédentaires. Ses régions sont situées dans des zones agro- climatiques
vulnérables (la Casamance, Bassin arachidier et Sénégal oriental).

L’ESPS II (2011) montre que la migration interne concerne davantage les âgés que les jeunes
(30-59 ans : 39,68% contre 35,33% : 15-29 ans) d’une part. Et, d’autre part, elle s’avère
contre intuitive eu égard à la théorie migratoire supposant une relation croissante entre
migration et niveau d’instruction. Les femmes sont proportionnellement plus représentées
dans la migration interne que les hommes.

Tableau 5 : vulnérabilité des systèmes socio-écologiques des différentes zones


et migration au Sénégal.
Zones agro-climatiques Zone
Bassin Sénégal Vallée du
Casamance sylvo- Niayes
Degré vulnérabilité et arachidier oriental fleuve
pastorale
migration
Modéré à Modéré à Modéré à
Vulnérabilité physique élevé modéré élevé
élevé élevé élevé

Vulnérabilité socio- Moyen à


élevé élevé élevé élevé élevé
économique élevé

émigration fort fort fort fort fort faible

Faible à
Echange modéré (à
migratoire l’exception de
interne immigration Touba faible faible faible faible fort
carctérisé par
une migration
religieuse : le
mouridisme)

Source : Auteur.

5. Conclusion

L’analyse de la migration interne des populations dans un contexte de changement climatique


au Sénégal met en évidence 3 grandes conclusions : i). la migration climatique est étroitement
liée aux conditions des systèmes socio-écologique de la zone. En effet, les zones avec le degré
de vulnérabilité multidimensionnelle le plus élevé, seront les plus enclines à migrer ; ii). Les
populations jeunes, les moins éduquées et les femmes sont les plus vulnérables au

33
changement climatique et à la migration adaptative qui peut en résulter et iii). Les politiques
publiques, en matière de lutte contre le changement climatique et ses conséquences de
quatrième ordre –i.e. celles sur les humain, compris la migration-, doivent viser davantage à
renforcer les capacités de résiliences des populations dans les zones les plus vulnérables, sans
oublier celles qui se trouvent dans une trappe à migration.

Toutefois, cette approche qualitative de la migration climatique en termes de vulnérabilité


multidimensionnelle à un niveau macro (zones agro-climatiques) et micro (ménages)
nécessite un prolongement vers une approche plus quantitative. Cette dernière pourrait servir
de base pour préconiser des politiques interventionnistes.

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38
Annexes

Annexe 1 : Les différentes approches de la vulnérabilité et relation.

Source : d’Ercole, 1994.

Annexe 2 : les espaces agricoles du Sénégal

Source : IRD, 2015.

39
Annexe 3 : Cumul moyen climatique et anomalies pluvieuses selon différentes région du
Sénégal

Dans ce qui suit, on entend par anomalies pluvieuses les excédents et les déficits pluvieux en
moyenne mensuelle observée dans les 16 différentes stations météorologiques situées sur
l’étendue du territoire national. La tendance moyenne des pluies enregistrées dans chaque
station sur la période 1970-2014 constitue la base de comparaison des anomalies pluvieuses.
Ainsi sur 45 ans on dégage une moyenne mensuelle de quantité de pluies qui sera comparée
aux quantités pluvieuses mensuelles d’une année de référence recueillies dans la même
station pluviométrique. Les années 1980 (grande sécheresse), 1990 (reprise pluvieuse dans le
Sahel de l’est), 2004 (début des fortes variabilités climatiques au Sahel) et 2014 (date fin de la
base de données) sont retenues comme années de références.

Sur un plan formel, la tendance moyenne mensuelle (TMM) de la pluviométrie d’une station
météorologique sur la période 1970-2014 s’écrit :
𝑃𝑙𝑢𝑣𝑖𝑜
𝑇𝑀𝑀𝑝𝑙𝑢𝑣𝑖𝑜 = ∑𝑀=45
𝑚=1 ( ),
𝑌

Avec M = nombre de mois considérés sur la période ; m = le mois considéré sur une année ; Y
= le nombre d’année sur la période 1970-2014 et pluvio renvoie à la quantité de pluie
recueillie par une station durant le mois considéré.

La définition de choc climatique basée sur les oscillations moyennes mensuelles sur longue
période de l’évolution des précipitations est primordiale au Sénégal. Les différentes régions,
pour l’essentielle rurales et agricoles, intègrent la question pluvieuse dans l’ensemble de leurs
préoccupations sociétales. Un déficit affecte les disponibilités en ressource en eau et la
productivité agricole encore essentiellement pluviale. Un excédent provoque des événements
hydrologiques extrêmes pour des populations peu résilientes au risque inondation. D’une
façon globale, on observe des anomalies à la baisse des quantités de pluies durant la saison
pluvieuse. Les saisons pluvieuses démarrent de plus en plus tardivement alors que les dates de
fin sont davantage précoces. Graphiquement, on observe que les pluies annuelles moyennes se
situent globalement à l’intérieur de la courbe de tendance moyenne, ce qui reflète une
situation de déficit pluvieux. Parallèlement on note des pics pluvieux durant le mois d’aout.
Cette situation qui traduit une certaine variabilité du régime pluviométrique est récurrente
depuis le début des années 2000. Les pluies sont intenses durant une courte période de la
saison pluvieuse et cache une certaine disparité dans la répartition spatio-temporelle. Cette
situation de choc climatique se traduit en effet par des conséquences majeures sur les risques
hydrologiques et agronomiques. C’est ce que Vischel et ali., (2015) préfèrent appeler par
« intensification du régime pluvieux » que plutôt par « reprise » ou « retour d’une période
humide ». La saison pluvieuse n’est pas marquée par un saut de la mousson et on distingue
deux phases globalement 1970-1989 et 1990-2007, la dernière période reste pour le moment
assez fluctuante en termes pluviométrique. L’intensification des pluies est observée entre fin
juillet et début septembre, mois durant laquelle les quantités recueillies décroissent
rapidement. La saison dite sèche est caractérisée par une aridité sur toute l’étendue du
territoire à quelques rares exceptions non significatives. On peut conclure sur le fait que

40
l’occurrence des orages durant la saison (intensification des pluies) pourrait fausser l’idée de
condition climatique plus favorise sur la période récente. A cet effet, Lebel et al., (2009) et
Balme et al., (2005) sont unanimes sur la non corrélation entre cumul annuel pluvieux et la
durée de la saison.

En ce qui concerne la température, notre base de données est établie sur la base des
températures extrêmes minimales et maximales mensuelles sur les 16 stations
météorologiques disponibles. Les données « aberrantes » constituent des chocs par rapport au
niveau normal de référence de température.

Cumul moyen annuel de la pluviométrie par station sur la période Cumul moyen annuel de la température maximale par station sur la
1970-2014 période 1970-2014.

Source : Auteur, à partir données ANACIM sur 16 stations météorologiques du Sénégal.

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250
Anomalies pluvio Bakel 250
Anomalies pluvio de Dakar
200 200
Saison sèche saison sèche
Saison sèche
150 Saison sèche 150

100 100

50 50

0
0

tendance moyenne 1970-2014 Pluvio 1980 Pluvio 1990


tendance pluvio pluvio 2002 pluvio 2014 pluvio 1990 pluvio 1980 Pluvio 2004 Pluvio 2014

250
600 Anomalies pluviométrie de Kedougou
Anomalies pluvio de Diourbel
200
500
Saison sèche Saison sèche
150
saison sèche
400 saison sèche

100
300

50
200

0
100

0
tendance moyenne 1970-2014 Pluvio 1980 Pluvio 1990
Pluvio 2004 Pluvio 2014
42
tendance moyenne 1970-2014 Pluvio 1980 Pluvio 1990

Pluvio 2004 Pluvio 2014


250 160
Anomalies puviométrie Matam Anomalies pluviométrie de Saint-Louis
140
200
120 Saison sèche Saison sèche

150 Saison sèche Saison 100

80
100
60

50 40

20
0
0

tendance moyenne 1970-2014 Pluvio 1980 Pluvio 1990


Tendance moyenne 1970-2014 Pluvio 1980 Pluvio 1990 Pluvio 2004 Pluvio 2014
Pluvio 2004 Pluvio 2014

250 800
Anomalies pluviométrie de Ziginchor
Anomalies pluviométrie de Thiès
700
200
600 Saison sèche
Saison sèche
Saison sèche Saison sèche
150 500

400
100
300
50 200

100
0
0

Tendance moyenne 1970-20141 Pluvio 1980


Pluvio 1990 Pluvio 2004 Tendance moyenne 1970-2014 Pluvio 1980 Pluvio 1990 Pluvio 2004 Pluvio 2014
Pluvio 2014
43
Annexe 4 : Profil Sénégal, sécurité alimentaire, pauvreté et nutrition.

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