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Transferts de chaleur avec

changement d’état solide-liquide

par Alain BRICARD


Ingénieur du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)
Ingénieur de recherche au Commissariat à l’énergie atomique - Grenoble
et Dominique GOBIN
Docteur d’État
Directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS)

1. Aspects fondamentaux .......................................................................... BE 8 240 - 3


1.1 Généralités ................................................................................................... — 3
1.2 Changement d’état avec transfert purement conductif............................ — 3
1.3 Changement d’état sous écoulement forcé............................................... — 7
1.4 Changement d’état avec couplage conduction-convection naturelle ..... — 7
1.5 Solidification des mélanges multicomposants ......................................... — 9
2. Aspects système ...................................................................................... — 10
2.1 Concept d’échange ...................................................................................... — 10
2.2 Exemples d’applications ............................................................................. — 11
3. Conclusion ................................................................................................. — 13
Références bibliographiques ......................................................................... — 13

L e changement d’état liquide-solide d’un matériau pur est caractérisé par la


transformation, à température constante, d’une phase liquide en une phase
solide ou inversement. Cette réaction réversible s’accompagne d’une consom-
mation (fusion) ou d’une restitution (solidification) d’énergie : l’enthalpie mas-
sique de fusion (ou la chaleur latente de fusion). Le but de cet article est de
faire le point sur les connaissances acquises sur le transfert de chaleur avec
changement d’état dans un matériau à changement de phase (MCP) où les
deux phases liquide et solide sont en présence.
Depuis le travail précurseur de Stefan en 1891 sur l’épaisseur de la calotte
polaire, les problèmes de transfert thermique avec changement d’état solide-
liquide portent le nom de ce physicien. Ces problèmes ont une importance
considérable dans de nombreuses applications techniques et processus
naturels : on peut citer l’évolution des banquises, la congélation des aliments,
la biocryogénie, le moulage, la coulée continue, la croissance cristalline, la sécu-
rité des réacteurs nucléaires, le contrôle thermique des engins spatiaux, le
stockage thermique, etc. Rappelons aussi que les premiers métallurgistes du
Moyen-Orient moulaient en terre, puis qu’ils ont remplacé les argiles par des
sables de granulométrie précise et des moules métalliques pour augmenter la
précision du moulage. La coulée en cire perdue, qui permet de faire des pièces
avec une grande finesse des détails, était déjà connue des Égyptiens du
moyen-empire. Cette grande variété de champs d’application explique l’élan des
recherches poursuivies dans ce domaine depuis de nombreuses années pour
mieux connaître la dynamique de ces processus.
Dans le cadre de cet article, nous exposerons les principales méthodes
développées pour résoudre ces problèmes et les principaux résultats acquis.

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Bien que cette présentation soit essentiellement consacrée aux aspects pure-
ment thermiques, nous ferons référence aux couplages avec le transfert de
matière dans les processus de changement d’état dans les systèmes à plu-
sieurs composants. Nous ne considérons cependant ici que les phénomènes de
changement d’état à l’équilibre, sans prendre en compte les phénomènes de
surfusion ou de solidification rapide, ni la physique de la nucléation.

Symboles et notations Symboles et notations

Symbole Unité Grandeur Symbole Unité Grandeur

A m2 aire de la section de passage, coefficient hLS J/kg enthalpie massique de fusion


de forme d’une cavité, paramètre
n direction normale, exposant, nombre
B paramètre de mailles axiales
Bi nombre de Biot m nombre de mailles radiales
C constante p Pa pression
D m diamètre r m rayon courant
H m hauteur de la cavité t s temps
L m largeur de la cavité u m/s vitesse relative
Nu nombre de Nusselt x m longueur ou abscisse
MCP matériau à changement de phase x* longueur ou abscisse réduite
Pr nombre de Prandtl β 1/K coefficient de dilatation volumique

R K/ W résistance thermique ε symbole de Kronecker

Ra nombre de Rayleigh λ W/(m · K) conductivité thermique


ν m2/s viscosité cinématique
Re nombre de Reynolds
ρ kg/m3 masse volumique
Ste nombre de Stefan
τ temps réduit
T K (ou oC) température thermodynamique
ϕ W/m2 densité de flux de chaleur
T* température réduite
ϕ* densité de flux de chaleur réduite
T1 K température de la paroi chaude
σ N/m tension superficielle du liquide
T∞ K température dans le MCP (matériau à
changement de phase)
V m/s vitesse
X0 m rayon ou épaisseur de référence
Liste des Indices
We nombre de Weber
a m2/s diffusivité thermique C fluide caloporteur, convectif
cp J/(kg · K) capacité thermique massique F fusion ou position de l’interface

capp J/(kg · K) capacité thermique massique apparente L liquide

f fraction de MCP fondu 0 initial


P paroi
g m/s2 accélération due à la pesanteur
(g = 9,81 m/s2) p pénétration, pression
h J/kg enthalpie massique r référence
hC W/(m2 · K) coefficient d’échange convectif S solide

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1. Aspects fondamentaux
Fluide
T caloporteur
1.1 Généralités Liquide

On pourra se reporter à la monographie de B. Sarler [2]. Solide


∆T
TF
1.1.1 Thermodynamique du changement de phase
Convection
Un transfert d’énergie a lieu chaque fois qu’un gradient de tem- naturelle
pérature existe à l’intérieur d’un système. Dans le cas du change-
ment d’état solide-liquide d’un matériau pur ou d’un eutectique, Transfert
changement qui s’effectue à une température constante TF , il y a radiatif
production ou consommation d’énergie dans la zone de change-
ment d’état [1], ce qui entraîne la discontinuité des gradients ther- a fusion
miques qui s’établissent dans chaque phase de part et d’autre de
l’interface, même si la conductivité du solide est égale à celle du
liquide.
Suivant le sens du changement d’état (fusion ou solidification), T
l’énergie provient d’une source externe à la température T 1 > TF , Solide
TF
(qui peut être un fluide caloporteur, une source électrique ou
rayonnante) ou, inversement, la chaleur est extraite à une tempé- Liquide
rature T 0 < TF . Comme le transfert de chaleur résulte d’un déséqui- ∆T
libre thermique, son étude quantitative ne peut être fondée sur la
seule thermodynamique. Les températures et les quantités d’éner-
gie fournies ou extraites dépendent des modes de transmission de
la chaleur dans le milieu : conduction, convection, ou même rayon- Fluide Convection
nement, si le milieu est semi-transparent. caloporteur naturelle

1.1.2 Cinétique du changement de phase


b solidification
Lorsqu’un matériau subit une transformation solide-liquide,
l’énergie est transformée sous forme d’enthalpie massique de
fusion à la surface séparant les deux phases, qui constitue l’inter- Figure 1 – Représentation schématique des processus
face dont on cherche en général à connaître la position en fonction de fusion et de solidification
du temps. Bien que le cycle fusion-solidification apparaisse comme
réversible, il en va tout autrement du point de vue de la cinétique,
à cause, par exemple, du rôle de la convection naturelle dans la
phase liquide qui n’est pas le même dans les deux processus
(figure 1). 1.2 Changement d’état
Dans le cas de la fusion (figure 1a ), une gaine fondue se forme
avec transfert purement conductif
entre la surface active et le matériau encore solide ; les transferts
s’y produisent par conduction, puis dans de nombreux cas par
convection naturelle et, éventuellement, par rayonnement entre la 1.2.1 Mise en équations
surface et le front solide. La convection naturelle augmente le
transfert de chaleur, mais la formulation mathématique en est La mise en équations du problème de transfert de chaleur par
complexe, car elle nécessite le traitement du couplage entre les conduction en présence d’un front de fusion ou de solidification
équations de Navier-Stokes dans le liquide et de Fourier dans le s’appuie, dans le cas d’un corps pur :
solide.
— d’une part, sur l’équation de la chaleur dans les phases solide
Dans le cas de la solidification (figure 1b ), l’énergie est extraite et liquide :
à travers une croûte solide qui s’épaissit progressivement à partir
∂ Ti ∂T
1 ∂
1 2
de la surface d’échange et dont la résistance thermique varie en
x / λ. Le liquide se refroidit progressivement jusqu’à la température ρc pi (T ) ---------- = --------- -------- λ i (T ) x m ---------i- (1)
∂t xm ∂ x ∂x
de solidification. Ces problèmes sont généralement traités en
conduction pure, car le rôle de la convection naturelle y est en avec i = L,S
général peu important.
(pour la simplicité de l’écriture, nous donnons l’équation dans le
Cette présentation permet de comprendre que ce problème de
cas monodimensionnel, avec m = 0, 1 ou 2 suivant la géométrie,
transferts couplés est fortement non linéaire. De ce fait, les solu-
plane, cylindrique ou sphérique) ;
tions analytiques sont rares et, bien qu’elles permettent de fournir
certains ordres de grandeur, souvent peu utilisables dans les — d’autre part, sur la continuité des flux à l’interface solide-
configurations réelles. En particulier, l’analyse des cas multidimen- liquide, en posant que la différence entre les flux de part et d’autre
sionnels, où les conditions limites sont celles rencontrées dans les de l’interface est égale à la quantité de chaleur instantanée libérée
applications pratiques, n’a été possible que par le développement ou absorbée sous forme d’enthalpie de changement d’état par la
des méthodes numériques. progression du front :

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1λ ∂ TS ∂T
2
d xF D’un point de vue très général, la résolution du problème de
- – λ L ----------L-
----------- = ρ S h LS ------------ (2) transfert de chaleur avec changement de phase ainsi défini appar-
S ∂x ∂x x = xF ( t ) dt
tient à une classe de problèmes dits à frontière mobile, et la solu-
avec xF abscisse du front de fusion, tion recherchée consiste à déterminer, au cours du temps, le
λ conductivité thermique, champ de température dans les deux phases solide et liquide, ainsi
ρ masse volumique, que la position de l’interface xF (t ). La difficulté réside essentielle-
ment dans le fait que la position de l’une des frontières du
hLS enthalpie massique de fusion ; domaine de calcul, où sont définies les conditions aux limites, est
les indices L et S étant respectivement relatifs aux phases liquide elle-même une inconnue du problème. La solution analytique de ce
et solide. problème non linéaire n’a été obtenue que dans des cas très par-
On dispose par ailleurs de conditions aux limites aux surfaces ticuliers.
frontières du domaine considéré : ces conditions peuvent être soit
des températures imposées, soit des flux spécifiés, ou bien être
décrites par un coefficient d’échange à la paroi. 1.2.2 Méthodes analytiques
Une rapide analyse des lois d’échelle permet d’introduire le
paramètre pertinent des problèmes de changement de phase, le 1.2.2.1 Solution exacte
nombre de Stefan. Considérons en effet le cas de la fusion en géo- Le premier problème traité est celui de la progression d’un front
métrie plane par exemple, où on impose une température de paroi plan de solidification (problème de Stefan, voir la description
TP , la phase initiale étant solide à la température de fusion TF . Si complète fournie dans [2]), dont il n’existe pas de solution ana-
l’on suppose – en ordre de grandeur – que le transitoire thermique lytique lorsque le milieu en cours de solidification a une épaisseur
est négligeable à l’échelle du temps caractéristique du processus finie. Dans le cas du milieu semi-infini délimité par une surface
de fusion, l’équation (2) devient : plane, initialement liquide à une température uniforme, avec des
propriétés thermophysiques constantes, Neumann, cité dans [3], a
( TP – TF ) dx
λ L -------------------------- ≈ ρ L h LS -----------F- proposé en 1860 une solution dans le cas d’une température de
xF dt paroi constante inférieure à la température de fusion :

La résolution de cette équation différentielle ordinaire, en faisant t = 0, x > 0, T L ( x ,0 ) = T ∞ > T F


apparaître la diffusivité du liquide :
t > 0, x = 0, T S ( 0, t ) = T P
λL
a L = -----------------
ρ L c pL La position de l’interface est alors donnée par l’expression :

donne la loi d’évolution de la position de l’interface : xF (t ) = C (aS t )1/2


avec aS diffusivité thermique du solide,
xF ( t ) ≈ 2 Ste aL t
C facteur de proportionnalité fonction du nombre de
qui met en évidence la variation de xF (t ) en fonction de la racine Stefan.
carrée du temps, et la pertinence du paramètre : L’intérêt majeur de cette relation est de fournir une solution de
∆ Tr référence pour la validation de solutions approchées ou numé-
Ste = c pL ----------- riques, mais des méthodes approchées peuvent être parfois utiles
h LS pour évaluer les tendances des solutions 1D dans des cas plus
complexes [4] [5].
appelé nombre de Stefan et qui est défini comme le rapport des
enthalpies sensible et de changement d’état mises en jeu (∆Tr étant
1.2.2.2 Solutions approchées
une différence de température de référence associée au terme
moteur du changement d’état et cpL la capacité thermique massique On peut citer tout d’abord les méthodes intégrales qui concer-
du liquide). Le tableau 1 donne quelques valeurs usuelles du nom- nent des milieux semi-infinis à une phase (la phase initiale étant
bre de Stefan pour des matériaux courants (comme le nombre de supposée isotherme à la température de fusion) avec les mêmes
Stefan dépend directement de l’écart de température du processus, hypothèses que précédemment. L’équation de la chaleur est inté-
on a mis en évidence le rapport cp /hLS ). grée sur le domaine mobile en supposant que le champ de tempé-
(0) rature dans la phase en formation suive une loi polynomiale du
premier degré, Karman et Polhausen, cité dans [6] ou de degré
Tableau 1 – Valeurs du nombre de Stefan supérieur avec Goodman [7] et dont il faut déterminer les coeffi-
cients. Diverses conditions limites peuvent être abordées (tempé-
pour différents matériaux à changement de phase (MCP) rature ou flux de paroi imposés, coefficient d’échange).
Température Dans le cas de la paroi à température imposée, la progression
MCP de fusion Nombre de Stefan du front de fusion s’exprime par :
(oC)
4 Ste
Glace........................ 0 ≈ 0,0125 ∆T xF ( t ) = --------------------- aS t ( Karman et Polhausen )
Ste + 2
n-Octadécane.......... 28 ≈ 0,0091 ∆T
Hitec (1) ................... 142 ≈ 0,0161 ∆T xF ( t ) = 2 ( 1 + 2 Ste – 1 ) a S t ( Goodman )
Étain......................... 232 ≈ 0,0038 ∆T
Soude (2)................. 297 à 321 ≈ 0,0055 ∆T La comparaison des solutions obtenues par ces deux méthodes
Aluminium .............. 660 ≈ 0,0027 ∆T avec la solution exacte de Neumann (§ 1.2.2.1) montre que l’appro-
Chlorure de sodium 801 ≈ 0,0023 ∆T ximation par un profil de température polynomial est d’autant plus
(1) Marque Du Pont de Nemours : mélange de KNO3 + NaNO3 + NaNO2 . justifiée que le nombre de Stefan est faible (figure 2). Remarquons
(2) Pour NaOH, on prend en compte la transition à 297 oC et la fusion à à ce sujet que des solutions approchées d’intérêt pratique peuvent
321 oC. être obtenues en considérant l’enthalpie sensible mise en jeu

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K t*
2 aS
I
0,8 II 6
III
IV
0,6 V 5

0,4 4

5
0,0
0,2 3

e=
5
02

St
0,
0 2 =
e
0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 St
2 Ste
1
I Karman et Polhausen [6] : condition limite en x = X
II Goodman [7] : condition limite en x = 0
0
III solution exacte de Neumann (§ 1,211)
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1 - x*
IV Goodman [7] : condition limite en x = X
V Karman et Polhausen [6] : condition limite en x = 0
méthode des perturbations
solution numérique
Figure 2 – Évolution de l’interface liquide-solide, problème profil logarithmique
plan-température de paroi imposée : comparaison des différentes
méthodes
Figure 3 – Progression de l’interface liquide-solide dans un cylindre
soumis à une température de paroi externe constante
comme négligeable par rapport à l’enthalpie de changement d’état
(Ste ≈ 0), ce qui conduit à l’établissement d’un régime stationnaire
de température de part et d’autre du front de fusion. Compte tenu
Divers auteurs (voir Alexiades et Solomon [8]) ont développé des
des hypothèses précédentes, on trouve aisément la valeur du
solutions analytiques obtenues par des méthodes dites de pertur-
temps réduit τ nécessaire pour parvenir à une position donnée du
bations en effectuant un développement en série des grandeurs
front. Par exemple, dans le cas d’un échange convectif sur la paroi
caractéristiques :
avec un fluide caloporteur, à la température TC et de coefficient
d’échange hC , on obtient : TF – T ϕ
T * = --------------------- et ϕ * = --------------------------------
— dans le cas plan : TF – TC h C ( TF –TC )

x*
x* (avec ϕ densité de flux de chaleur, ϕ * densité de flux de chaleur
τ = ----------- ( 1 + Bi x * ) réduite) en fonction du nombre de Stefan (supposé très petit, mais
2 Bi
0 non nul). Les solutions obtenues par cette méthode sont lourdes et
il est souvent plus simple d’approcher le champ de température
— dans le cas cylindrique : par un profil de régime stationnaire dont l’évolution est comman-
dée par les seules conditions limites de température et de flux. En
x*
x *2 effet, lorsque le nombre de Stefan est petit (enthalpie de change-
-----------  1 + ε Bi (ln x * – ----- )
1
τ = ment d’état élevée), le temps caractéristique du processus de chan-
2 Bi  2 
1 gement d’état est très supérieur au transitoire de conduction et
x cette hypothèse fournit, dans de nombreux cas, une excellente
avec x * = -------- longueur réduite. approximation du phénomène. La figure 3 compare les résultats
X0
de trois méthodes (numérique, perturbations et profil stationnaire)
ε symbole de Kronecker (ε = – 1 si extraction externe, + 1 si extrac- dans le cas d’un cylindre à température de paroi constante, avec
tion interne), X 0 longueur de référence (l’épaisseur de la plaque ε = – 1.
dans le cas plan et le rayon de la paroi d’extraction dans le cas À ce sujet, remarquons que les études paramétriques effectuées
cylindrique ou sphérique), à partir de solutions analytiques approchées permettent de déga-
hC X0 ger certains enseignements généraux utiles lors de la conception
Bi nombre de Biot : Bi = ---------------
- d’un avant-projet. Traitons, à titre d’exemple, la comparaison entre
λ
les deux types de configurations cylindriques avec le fluide de
Après intégration entre x * = 1 et x * = 0, on obtient pour les trois transfert à l’extérieur ou à l’intérieur du tube [9]. On pourrait mon-
géométries (plane, cylindrique et sphérique) : trer, à partir de la solution analytique obtenue pour le nombre de
Stefan nul, l’intérêt de placer le matériau fusible à l’extérieur du
1 2 tube lorsque l’échange convectif provoqué par le fluide caloporteur
τ = ------------------------- 1 + -------
2 (m + 1) Bi est excellent [hC élevée > 1 000 W /(m 2 ⋅ K ) ], car la résistance ther-
mique est alors due pour l’essentiel à l’épaisseur de matériau fusi-
L’erreur commise sur τ est négligeable si Bi < 0,1 ou pour Ste < 2/3. ble croûtée. En revanche, pour un caloporteur médiocre comme un
En dehors de ce domaine, la vitesse de solidification estimée par gaz [hC < 100 W/(m2 · K)], les deux solutions sont équivalentes, car
l’étude simplifiée est trop importante. la variation de la résistance thermique avec l’épaisseur croûtée

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(plus élevée en extraction externe) ne représente jamais qu’un conservation de l’énergie sous forme enthalpique, proposée par
terme faible devant la résistance thermique convective RC = 1/hC . Shamsundar et Sparrow [12], est particulièrement bien adaptée
La diversité des publications consacrées à la résolution du aux problèmes qui concernent l’emploi de matériau à changement
problème de Stefan traduit la difficulté posée par les calculs de dif- de phase non purs pour lesquels le changement d’état se produit
fusion dans des domaines à frontière mobile. Dans la majorité des sur une plage de température (paraffines industrielles, par exem-
cas pratiques, les méthodes analytiques sont cependant insuf- ple). On exprime l’enthalpie du matériau à changement de phase
fisantes, même dans des configurations monodimensionnelles. Le entre une température de référence et la température du point
développement des méthodes numériques a permis d’apporter des considéré par :
solutions à des problèmes plus complexes, et nous en abordons la
description dans le paragraphe suivant. h = 1 f c pL + ( 1 – f ) c pS 2 T + f 1c pS – c pL 2 T F + f h LS (3)

avec f fraction volumique de liquide.


1.2.3 Méthodes numériques La variation d’enthalpie causée par la conduction de la chaleur
entraîne une variation de température suivant une loi bien définie
Depuis une vingtaine d’années, de nombreux travaux ont été h = f (T) pour le matériau. L’équation de conservation s’écrit alors
publiés sur ce sujet, et nous ne pouvons fournir une bibliographie sous la forme :
complète dans le cadre de cet article. Aussi bornerons-nous à en ∂h 1 ∂  ∂T
rappeler les grandes lignes en renvoyant le lecteur désirant appro- ρ --------- = --------- -------- λ (T ) x m ---------  (4)
fondir certains aspects à des articles de revues sur l’état de l’art
∂t xm ∂ x  ∂x 
dans ce domaine [4] [10]. et s’applique à l’ensemble des deux phases.
On peut distinguer deux grandes classes de méthodes de réso- Les méthodes enthalpiques, qui ont depuis connu un dévelop-
lution, selon que l’on privilégie la connaissance de la position de pement très important (voir la revue extensive proposée par Voller
l’interface ou celle du champ de température. [13]), diffèrent alors par la procédure suivie pour résoudre l’équa-
tion (4). On peut distinguer trois approches principales.
1.2.3.1 Méthodes à suivi de l’interface
— Définition d’un terme source : dans ce cas l’enthalpie est rem-
Dans cette catégorie, nous regroupons les méthodes qui traitent placée par son expression en fonction de la température :
le problème à deux phases : les équations de transfert sont réso-
dT df
lues séparément dans le liquide et dans le solide, et la position de ρc p --------- = terme de diffusion – ρh LS -------- (5)
l’interface est obtenue par la résolution de l’équation de bilan à dt dt
l’interface (2). Cette approche est adaptée en particulier aux cas où
l’on considère la fusion ou la solidification d’un matériau pur, pour le terme source intervenant dans les volumes de contrôle où se
lequel le changement d’état se produit à une température bien produit le changement de phase.
déterminée TF . Le problème central est alors le calcul de la posi- — Définition d’un intervalle de température 2δT arbitrairement
tion de l’interface, qui donne lieu à deux approches différentes sui- petit sur lequel se produit le changement d’état et linéarisation de
vant les auteurs. la fonction enthalpie sur cet intervalle [14] :
Les méthodes les plus anciennes considèrent un maillage fixe
∂T 1 ∂  ∂T
sur l’ensemble du domaine liquide-solide. L’interface ne passe ρ < c p > (T ) --------- = --------- -------- λ (T ) x m ---------  (6)
a priori, par aucun nœud du maillage, et il est alors nécessaire
∂t xm ∂ x  ∂x 
d’interpoler les champs de température aux nœuds encadrant le
avec < cp > = cpS pour T < TF – δT,
maillage par différentes approximations. L’extension au cas multi-
dimensionnel est peu aisée et pose le problème du calcul des gra- < cp > = cpL pour T > TF + δT,
dients normalement à l’interface. La difficulté subsiste pour les h LS c pS ( T F ) + c pL ( T F )
méthodes où l’on adapte la valeur du pas de temps, de façon à ce < cp > = ------------ + --------------------------------------------------- pour TF – δT < T < TF + δT
que l’interface se situe toujours sur un nœud du maillage. Une 2δ T 2
méthode plus élaborée consiste à garder un nombre fixe de nœuds — Définition d’une capacité thermique massique apparente : on
au cours du processus, l’interface se situant toujours sur un nœud, représente la variation de l’enthalpie avec la température comme
il faut alors calculer le pas d’espace à chaque pas de temps. une variation finie de la capacité thermique massique :
Une méthode très fréquemment rencontrée et qui peut trouver
un champ d’application important dans le cas de configurations dh dT
-------- = c app --------- (7)
plus complexes, consiste à immobiliser l’interface par une transfor- dt dt
mation de coordonnées. Cette transformation, initialement propo-
Toutes ces méthodes aboutissent globalement à des perfor-
sée par Landau [11], permet de faire correspondre un domaine de
mances identiques et leur mise en œuvre numérique se distingue
calcul fixe à chacune des deux phases. L’extension aux problèmes
par le traitement plus ou moins implicite de la non-linéarité. Le
à plusieurs dimensions ne pose pas de difficulté tant qu’une seule
principal avantage réside évidemment dans le fait que la position
surface est irrégulière. Le gain, en temps de calcul et en précision,
de l’interface n’est pas une inconnue du système d’équations, mais
autorisé par l’utilisation d’un maillage adapté au domaine de cal-
s’obtient a posteriori par la recherche de l’isotherme corres-
cul, est limité par la complexité des équations : la transformation
pondant à la température de fusion ou par celle d’une fraction
introduit en effet un terme lié au déplacement des mailles qui
liquide donnée. Le cas des matériaux purs est discuté par Sham-
alourdit la procédure de résolution.
sundar [15], car la méthode est nécessairement entachée d’erreur
si l’on représente l’enthalpie de changement d’état par une varia-
1.2.3.2 Méthodes enthalpiques tion de la capacité thermique massique sur une plage de tempéra-
Une approche alternative très largement utilisée consiste à ture, et cela d’autant plus que l’enthalpie de changement d’état est
considérer le domaine d’étude comme une seule phase dont les importante.
propriétés thermophysiques dépendent fortement de la tempéra- Notons par ailleurs que la formulation présentée ici n’est pas
ture. On se ramène alors à la résolution d’une seule équation de la adaptée à la solidification d’un alliage : on doit alors recourir à des
chaleur, non linéaire, dont le traitement peut être abordé par des équations de conservation supplémentaires pour la conservation
schémas classiques de différences finies ou d’éléments finis. Cette des espèces chimiques. La même alternative existe cependant
méthode, qui revient le plus souvent à exprimer l’équation de la selon que l’on veut suivre la progression de l’interface liquide-

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solide avec des conditions d’interface plus complexes, ou repré- phases du matériau où on représente les transferts dans la phase
senter les transferts dans la zone de croissance (zone dendritique, fluide par un coefficient d’échange à l’interface. Cette approche est
ou pâteuse) par une formulation enthalpique. insuffisante pour l’analyse d’un ensemble très important de
L’ensemble de ces méthodes analytiques ou numériques permet problèmes : les transferts par convection naturelle dans la phase
de traiter un certain nombre de cas monodimensionnels ou multi- liquide sont parfois dominants sur la cinétique de changement
dimensionnels mais, comme nous l’avons précisé, les applications d’état et nous allons rendre compte dans ce paragraphe des prin-
se limitent souvent à des situations très particulières où la conduc- cipaux travaux concernant ce problème.
tion est soit dominante, soit absente dans la phase liquide : on
peut citer la fusion d’une plaque plane chauffée par le haut (sauf
dans le cas de la glace, avec le problème de l’inversion de masse 1.4.1 Mise en évidence du rôle
volumique autour de 4 oC), ou celui de la solidification d’un liquide de la convection naturelle
initialement isotherme à la température de fusion. Cette dernière
configuration a fait l’objet d’une comparaison entre résultats
La bibliographie fournit un grand nombre d’études expérimen-
numériques et expérimentaux dans le cas de la solidification
tales consacrées à l’étude de la fusion dans les géométries les
autour d’un cylindre horizontal [16].
plus courantes : autour d’un cylindre vertical ou le long d’une pla-
que verticale [10] [20]. Ces études définissent l’influence de la
convection naturelle sur la cinétique de fusion ou de solidification.
1.3 Changement d’état On considère, par exemple dans le cas de la fusion, un milieu ini-
tialement solide à la température de fusion et on impose à l’une
sous écoulement forcé des frontières du système une condition de flux ou de tempéra-
ture. La comparaison, entre l’évolution de la quantité fondue
Dans un grand nombre d’applications la phase fluide du système observée expérimentalement et celle calculée par un modèle
est en écoulement forcé à l’intérieur d’un tube cylindrique ou d’un conductif, révèle que la conduction est dominante uniquement
canal rectangulaire. La paroi de la canalisation est soumise à un dans la phase initiale du processus et que la vitesse de fusion est
refroidissement provoquant l’apparition du changement de phase significativement accrue par la convection naturelle dans le fluide
liquide-solide. (à l’inverse, dans un processus de solidification, la présence de
convection dans le liquide inhibe la croissance de la phase
Dans le cas ou le fluide circule à la température de fusion, et si
solide).
l’on suppose que le régime d’écoulement reste en laminaire établi
lorsque le fluide arrive au contact de la zone de la paroi maintenue En effet, au début de la fusion, le front se déplace parallèlement
à une température constante inférieure à la température de fusion, à la surface chauffante, mais, au fur et à mesure que l’épaisseur
Zerkle et Sunderland [17] ont montré que le problème est identique fondue augmente, la variation de la masse volumique du maté-
au problème classique de Graetz. Ils aboutissent alors à une réso- riau liquide avec la température induit des forces de volume qui
lution analytique permettant d’obtenir l’évolution radiale et axiale créent des mouvements de convection naturelle dans le liquide,
de l’interface liquide-solide, et de la perte de pression. Epstein et ces derniers augmentant de façon non uniforme le transfert de
al. [18] ont traité la pénétration du liquide à la température de chaleur à l’interface. Cela se traduit par la déformation de l’inter-
fusion dans un tube de diamètre D initialement vide maintenu en face (figure 4) et par l’augmentation de la vitesse de fusion
dessous de TF . Ils obtiennent une expression de la pénétration du (figure 5).
front liquide dans le tube en bon accord avec l’expérimentation. La En conséquence, la présence de convection naturelle influe de
profondeur maximale axiale de pénétration Xp est alors donnée façon déterminante sur le processus de changement d’état qui est
par : alors multidimensionnel. Par ailleurs, le nombre de Stefan n’est
Xp Re Pr ( a L / a S ) pas le seul paramètre régissant le phénomène, car les transferts à
--------- = --------------------------------------- pour A << 1 l’interface sont fonction du champ de vitesse que l’on doit déter-
D 16 B miner. Il faut donc introduire dans l’analyse les paramètres liés à
la convection naturelle. Cette section présente la résolution du
7/11
Xp Pr ( a L / a S ) couplage de la fusion avec convection naturelle d’origine ther-
--------- = 0,155 Re 8/11 ------------------------------ pour A >> 1 mique dans la phase liquide.
D B
avec B = 3 1 + 2 c pS ( T F – T P )/ h LS 4 1/2 – 1 ,
Re 3/4 Pr ( a L / a S ) 1.4.2 Mise en équations
A = 0,019 8 ---------------------------------------------- ,
B La prise en compte de la convection naturelle dans le processus
( 2∆ p / ρ ) 1/2 de fusion impose de considérer la conservation de la quantité de
Re = ------------------------------- D
ν mouvement et un terme d’advection dans les équations de trans-
fert dans la phase liquide. L’hypothèse de Boussinesq est couram-
où le nombre de Reynolds de l’écoulement est basé sur la perte de ment admise et la variation de la masse volumique n’est prise en
pression et le diamètre D du conduit, les essais couvrant l’inter- compte que dans le terme des forces de volume. Bien qu’il existe
valle de nombre de Reynolds 104 à 105. Lorsque le liquide fusible quelques exemples de résolution en régime turbulent [21], la
est surchauffé, il peut y avoir refusion de la croûte solide [19] ; ce grande majorité des travaux sur le sujet considèrent la convection
cas est particulièrement important pour traiter les problèmes de naturelle en régime laminaire, qui sera le cadre retenu ici. On
sûreté dans les réacteurs nucléaires. considère de plus que le processus est bidimensionnel et on
prendra l’exemple d’une cavité rectangulaire. Le système
d’équations régissant le phénomène est alors le suivant :
1.4 Changement d’état avec couplage — convection naturelle dans la phase liquide :
conduction-convection naturelle • équation de conservation de la masse :
divV = 0 (8)
Dans les sections précédentes, on prend en compte la conduc-
tion comme le seul mode de transfert de chaleur dans les deux avec V vitesse,

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Le fluide caloporteur circule à la périphérie de bas en haut

Figure 4 – Évolution de la fusion de la stéarine dans une géométrie cylindrique

• équation de conservation de l’énergie :


F ∂ TL
( ρ cp )L ----------- + V grad T L = div ( λ L grad T L ) (9)
0,8 Modèle 2D ∂t

• équation de conservation de la quantité de mouvement :


0,6
∂V 1
---------- + ( V ∇ ) V = ν ∇ 2 V – ----- ∇ p + β g ( T L – T F ) k (10)
0,4 ∂t ρ
Modèle 1D
— conduction dans le solide :
0,2 ∂ TS
( ρ c p ) S ------------ = div ( λ S grad TS ) (11)
∂t
0,1 3 5 7 9 11 t (h) — équations d’interface :

∂ TS ∂T d xF
0
0 1 2
λ S -----------
- – λ L ----------L- = ρ S h LS ------------ (12)
∂n int ∂n int
dt
Modèle 2D avec convection naturelle pour lequel :
avec T L (xF ) = T S ( xF ) = T F ,
RaH = 108 Pr = 50 H/L = 2,5 n direction normale à la surface,
Modèle 1D avec conduction pure TF -- T0 k vecteur unitaire suivant la verticale.
solide isotherme à T0 = TF L’adimensionnement de ces équations par le choix de grandeurs
T -- T0
conduction dans le solide à T0 < TF et F =1 de référence appropriées fait apparaître, outre le nombre de
T1 -- TF
Stefan, les nombres sans dimension classiques de la convection
naturelle :
Figure 5 – Résultats de simulation : fraction fondue F en fonction — nombre de Prandtl de la phase liquide (Pr = ν / aL ) ;
du temps t. Influence de la convection naturelle dans le liquide — nombre de Rayleigh (RaH = g β ∆T H 3 / νaL ) ;
et de la conduction dans le solide (Ste = 0,2) — rapport de forme de la cavité liquide (A = H / L ),

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avec g accélération de la pesanteur, bal) et les paramètres du problème (nombres de Rayleigh et de


β coefficient de dilatation volumique, Stefan). Elles ont la forme générale :
∆T écart entre la température de la paroi chaude et la Nu = CRan (13)
température de fusion ;
où le coefficient C dépend de la géométrie, du nombre de Prandtl
H et L respectivement la hauteur et la largeur de la cavité. de la phase fluide et, selon certains auteurs, du nombre de Stefan.
Une des dimensions fixes de l’enceinte est utilisée pour définir Nu
et Ra.
1.4.3 Méthodes de résolution Si on utilise la relation (13) pour l’ensemble du processus, il
convient de préciser les simplifications sous-jacentes à l’utilisation
Le problème défini par le système d’équations (8) à (12) ne de telles corrélations :
connaît évidemment pas de solution analytique et sa résolution
complète fait appel au calcul numérique. La principale difficulté à — on suppose que le temps d’établissement du régime de
résoudre est liée au couplage des champs de vitesse et de tempé- convection dans le liquide est négligeable par rapport aux
rature avec la déformation du front de fusion au cours du temps, constantes de temps du processus ;
qui implique que le domaine physique n’a pas une géométrie régu- — on admet en première approximation que le transfert de
lière. Il faut donc soit utiliser une transformation de coordonnées chaleur global n’est pas sensible à la forme du front de fusion si le
permettant de représenter le domaine physique par un espace de nombre de Nusselt est construit sur une dimension fixe de
calcul régulier, soit poser une formulation enthalpique sur un l’enceinte (par exemple la hauteur dans une cavité rectangulaire).
domaine unique permettant un maillage fixe, en pénalisant les Le tableau 2 donne les valeurs de n et C proposées par différents
vitesses dans la phase solide. auteurs, à partir de comparaisons de résultats numériques et expé-
La description détaillée des techniques numériques employées rimentaux. Il faut noter que ces corrélations ont été établies pour
pour traiter ces équations n’est pas l’objet de cet article, et il suffira un régime de convection laminaire et pour des matériaux à chan-
de rappeler que les deux classes de méthodes présentées plus gement de phase dont la phase liquide est caractérisée par un
haut (méthodes à suivi de front et méthode à un domaine) peuvent nombre de Prandtl élevé (Pr ≈ 50). Leur domaine de validité est
être mises en œuvre. limité par ailleurs aux nombres de Stefan faibles (Ste < 0,20). Les
études portant sur une gamme de paramètres couvrant celle des
Ce problème a fait l’objet de nombreuses études dans les vingt métaux et alliages (faibles nombres de Prandtl, de l’ordre de 10–2)
dernières années [43] et il constitue l’un des cas test pour la ne fournissent pas d’expressions similaires. Pour une approche en
comparaison des procédures numériques : on trouvera, en consul- ordres de grandeur permettant de suivre l’évolution temporelle
tant la bibliographie, un résumé des différentes approches et les du transfert à l’interface, on se référera à l’analyse de Jany et
résultats d’un exercice de comparaison réalisé en 1998-1999 par Bejan [26] et à ses extensions dans le domaine des faibles nom-
Bertrand et al. [22] et Gobin et Le Quéré [23]. bres de Prandtl [27] [28].
Notons que, dans l’ensemble, les modèles proposés à ce jour (0)
sont bidimensionnels, que la paroi est à température ou à flux
imposé et que le régime de convection est laminaire. Un certain
nombre d’applications pratiques, en métallurgie par exemple, ne Tableau 2 – Coefficients de la corrélation (12)
peuvent se satisfaire de telles hypothèses et la recherche sur le pour différentes géométries (Pr ≈ 50, Ste ≈ 0,1) (1)
développement des outils numériques est encore très active.
Ces techniques sont cependant en général lourdes à mettre en Référence
Géométrie C n
œuvre et nécessitent l’accès à des ordinateurs puissants, car bibliographique (2)
leur objet est de permettre la modélisation fine du processus :
détermination des champs de vitesse et de température, descrip- [45] num. 0,234 0,266
[45] exp. 0,33 0,25
tion du déplacement local de l’interface, etc. Pour fixer des Enceinte [46] num./exp. 0,33 0,25
ordres de grandeur, on peut se référer à des corrélations obte- rectangulaire [37] exp. 0,237 0,29
nues dans les travaux antérieurs et susceptibles d’être utilisées [47] exp. 0,154 Ste–0,18 0,26
par l’ingénieur.
Cylindre [44] num. 0,13 0,33
horizontal [47] exp. 0,052 Ste–0,18 0,30
1.4.4 Corrélations pour le transfert de chaleur Cylindre [47] exp. 0,16 Ste–0,18 0,26
vertical
En dépit du développement des logiciels industriels à large dif- (1) Ne pas utiliser pour d’autres gammes de nombres de Prandtl.
fusion (ANSYS, FLUENT,…), qui incluent pour la plupart des fonc- (2) num. = numérique et exp. = expérimental.
tionnalités permettant de résoudre des problèmes de ce genre,
l’approche précédente est rarement utilisable directement pour
l’étude ou le dimensionnement de processus industriels, si une
Des corrélations locales fondées sur la même approche simpli-
description détaillée des phénomènes de transfert n’est pas indis-
fiée permettent une description plus détaillée de la forme du front,
pensable. Pour éviter une modélisation fine du problème, en
pouvant être utilisée pour des études de dimensionnement [29].
particulier de la convection naturelle dans la phase liquide, on
cherchera à représenter le transfert de chaleur à l’interface :
— soit par un modèle simplifié, comme le traitement analytique
des couches limites proposé par Raithby et Hollands [24] [25] ; 1.5 Solidification des mélanges
— soit par une corrélation simple donnant un coefficient multicomposants
d’échange local ou global.
Les corrélations, souvent obtenues expérimentalement, dépen- La présentation faite jusqu’à ce point considère implicitement le
dent de la géométrie du système et des caractéristiques thermo- cas du changement de phase dans des matériaux purs ou des
physiques du matériau à changement de phase considéré. Elles mélanges pour lesquels la transition de phase peut être prise en
fournissent en général une relation entre le transfert de chaleur compte par une variation connue de la capacité thermique mas-
global à l’interface (sous forme réduite, le nombre de Nusselt glo- sique avec la température. Ceci ne permet pas pourtant de traiter

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toute une classe de problèmes fréquemment rencontrés : solidifi-


cation dirigée, croissance cristalline et coulée continue de métaux
et d’alliages.

Température
Si l’on considère pour simplifier le cas d’alliages binaires, le Liquidus
problème se caractérise par le fait que la température de chan-
gement d’état dépend de la concentration de soluté dans la phase A M B
liquide (température de liquidus du diagramme d’équilibre de T
phases de l’alliage). Par ailleurs, la phase solide constituée n’a pas
la même concentration en soluté que la phase liquide à la même Solidus
température, d’où un phénomène de ségrégation qui se traduit par
la redistribution (rejet ou absorption) de soluté à l’interface, et
donc par une variation continuelle de la concentration et de la tem-
pérature d’équilibre au front.
Autre caractéristique de la plupart des processus de solidifica- m s
tion, la déstabilisation de l’interface plan [30] [31] conduit à l’appa- Moles ou masse (%)
rition de cellules, puis à la formation de dendrites constituant une
zone de croissance diphasique, dite zone pâteuse, intermédiaire Pour l'alliage binaire de composition moyenne globale M
entre le solide déjà formé et le liquide originel. Enfin, les gradients à la température T, les proportions de liquide et de solide
de température et de concentration se conjuguent pour modifier sont respectivement égales à :
localement la masse volumique du mélange, induisant des écoule- L = MB /AB
ments de convection thermosolutale dans le bain liquide et dans le S = AM/AB
fluide circulant dans la zone de croissance. Ces phénomènes de Au liquide correspond le segment MB touchant le solidus ;
métallurgie physico-chimique sont décrits par ailleurs dans l’article au solide correspond le segment MA touchant le liquidus
[M 59] Solidification. Macrostructures et qualité des produits du
Traité Matériaux métalliques. Figure 6 – Règle des segments inverses sur un diagramme binaire
Cette configuration se prête bien à une modélisation basée sur de changement de phases
une formulation enthalpique à domaine unique sur un maillage
fixe, la zone de changement de phase étant représentée par un
milieu poreux, où la porosité (fraction liquide) varie continûment Il n’est pas possible dans le cadre restreint de cette présentation
de 1 à 0. Dans la zone diphasique, les équations sont alors écrites de faire état des nombreux résultats obtenus en utilisant cette
en terme de la valeur moyenne des vitesses ou des grandeurs sca- modélisation. Le lecteur est renvoyé à l’article de Ni et Beckerman
laires. On écrit par ailleurs une équation de conservation supplé- [32] pour une discussion du modèle et à Ahmad et al. [33] pour une
mentaire pour le soluté. illustration de la mise en œuvre numérique et un exemple de
Cette formulation permet de prendre en compte les couplages comparaison entre les résultats des deux méthodes pour la prévi-
dans la zone de croissance dendritique. Ceci se traduit par l’ajout sion des phénomènes de macroségrégation.
d’un terme source respectivement dans les équations de conser-
vation de l’énergie et de la quantité de mouvement :
∂T
S T = – ρ --------- + ( u ∇ ) ∆ h
∂t 2. Aspects système
Su = – Au
L’enthalpie de changement d’état ∆h varie de 0 à l’enthalpie de
changement d’état hLS : 2.1 Concept d’échange
 0 pour T < T S Les systèmes échangeant de la chaleur entre un matériau à
 changement de phase et un milieu extérieur se différencient par le
∆ h =  fh LS pour T S < T < T L
type d’apport et d’évacuation de la chaleur (fluide de transfert,

 h LS pour T > T L mode de transfert), par les conditions aux limites et par le concept
d’échange. Le transfert peut s’effectuer :
et la vitesse u varie de la vitesse relative du liquide uL à 0 dans la
— par l’intermédiaire d’une surface de séparation entre les deux
phase solide :
milieux ;
 uL — par contact direct entre le matériau à changement de phase et

u =  fu L un fluide.
 Le premier concept correspond, par exemple, au moulage de
 0
pièces en fonderie, alors que le second est illustré par la fabrication
en fonction de la fraction liquide f, qui désigne le volume de liquide de pastille d’engrais, de lait en poudre ou de plomb de chasse, ou
interdendritique à une température donnée, cette fraction étant plus simplement par la fusion d’un bloc de glace dans l’air
calculée par la règle des segments inverses relative au diagramme ambiant.
d’équilibre des phases de l’alliage considéré (figure 6).
En dépit de la structure anisotrope et non homogène de la zone
de croissance, l’écoulement dans le milieu diphasique est modélisé 2.1.1 Échange thermique à travers une paroi
par une loi de type Darcy ([B 8 250] Transfert de chaleur dans les
milieux poreux ) utilisant une relation porosité-perméabilité de type La connaissance des propriétés de l’interface entre un matériau
Kozeny-Carman : (en phase) liquide et la paroi sur laquelle il se solidifie, bien que
1 – f2 fondamentale pour la maîtrise technique et économique des pro-
A = – C ---------------
- cédés industriels (moulage, coulée continue, dépôts, soudage...),
f3 reste très empirique. En particulier, la caractérisation de la mouilla-
avec C constante dépendant de la microstructure. bilité et de la résistance thermique de contact entre le matériau et

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de la neige et de la glace dans l’atmosphère, solidification de lave),


25 000 on le retrouve dans des processus industriels de la chimie, de la
métallurgie, et de l’agroalimentaire ([BE 9 565] Échangeurs de cha-
hC (W / m2. K) leur à contact direct ). Il s’est aussi révélé comme solution pour
remédier à certains problèmes spécifiques du stockage thermique
20 000
sous forme d’enthalpie massique de fusion. Sans grandes applica-
tions à ce jour, ce mode de stockage connaît un renouveau grâce
au stockage du froid et au transport du froid avec les systèmes à
15 000 coulis de glace constitués par une suspension de petits cristaux de
glace en circulation dans une solution aqueuse [36], la microémul-
T = 568K sion ou la microencapsulation de paraffines constituant l’équiva-
lent dans le domaine des températures positives.
10 000
À côté de la réduction du débit pour une même quantité d’éner-
gie transportée et de l’ouverture de l’éventail des fluides calopor-
teurs en remplacement des CFC (chlorofluorocarbure), l’intérêt
5 000
réside dans l’utilisation de l’énergie à un niveau thermique voisin
T = 538K
de la température de fusion. La division sous forme de très fines
particules permet en effet de réduire la résistance thermique
0 interne et d’accroître la surface spécifique d’échange qui varie res-
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 pectivement comme R 0 / λ et 3/ R 0 (R 0 est le rayon des particules).
Temps (s) On s’affranchit aussi de la variation volumique lors du changement
d’état, qui engendre des contraintes mécaniques et des résistances
de contact par décollement entre le matériau fusible et la paroi.
Figure 7 – Coefficient d’échange à l’interface de solidification
étain/aluminium pour deux valeurs de surchauffe de l’étain
(d’après [34])
2.2 Exemples d’applications
la paroi s’avère délicate pour devenir même complexe lorsque le
matériau (en phase) liquide présente un changement d’état, et 2.2.1 Stockage thermique par enthalpie
l’expérimentation seule permet d’approcher ces grandeurs. La de changement d’état
résistance de contact, liée au profil de température à l’interface des
deux milieux, varie fortement en fonction du flux de chaleur, des Le stockage thermique par enthalpie de fusion a suscité de
caractéristiques thermophysiques des matériaux accolés et surtout nombreuses études de recherche et développement à la fin des
de la qualité du contact. De même, il n’existe pas de théorie géné- années 1970 à cause de la crise pétrolière et de l’engouement pour
rale satisfaisante pour décrire le mouillage réactif, c’est-à-dire le l’énergie solaire. Dans une unité de stockage, les équations locales
mouillage suivi d’un transfert de masse vers la paroi (dépôt, doivent être étendues à l’ensemble du système en régime insta-
brasage), ainsi que pour décrire le retrait en paroi et la distribution tionnaire pour mettre en évidence :
de retassures dans le volume solidifié, ces deux phénomènes étant — la croissance de la nouvelle phase soit liquide (phase de
induits par la variation de la masse volumique entre l’état solide et stockage), soit solide (phase de déstockage) ;
l’état liquide (par exemple, couramment autour de 20 % pour les — le champ de température dans les phases liquide et solide ;
sels fondus de métaux alcalins et alcalino-terreux, de l’ordre de — l’évolution de la température du milieu externe qui apporte
7 % pour l’aluminium et ses principaux alliages). ou utilise la chaleur accumulée.
En solidification, on peut dire de façon qualitative que les pre- Aux équations (1) et (2) s’ajoute, par exemple, l’équation de bilan
miers instants de la mise en contact, avec une évolution de l’ordre énergétique du fluide caloporteur si l’échange avec l’extérieur est
de la seconde, sont caractérisés par une diminution de la résis- convectif :
tance de contact du fait de l’augmentation de la surface d’échange
∂T
s’établissant au niveau des microaspérités du creuset. Cette résis-
tance se maintient à son niveau inférieur pendant quelques dizai- 1
( ρ c p ) C --------- + V ∇ T
∂t 2=h C [ TP ( r , t ) – TC ( r , t ) ]
nes de millisecondes, puis croît ensuite, du fait de la contraction de
la croûte solide, et ce jusqu’à l’établissement d’un régime perma- impliquant une modélisation 2D ou 3D. Cependant grâce à la faible
nent. À titre d’exemple, la figure 7 présente l’évolution de l’inverse conductivité thermique des matériaux d’accumulation utilisés, et
de la résistance thermique (coefficient d’échange hC ) dans le cas sous certaines conditions (diffusion de la chaleur suivant une seule
d’une solidification rapide d’étain sur un substrat en aluminium direction dans le matériau à changement de phase) et pour des
poli, pour deux valeurs de surchauffe de l’étain ; le coefficient géométries simples ou possédant un axe de symétrie ou de révo-
d’échange étant déterminé par une méthode de conduction lution, le profil de solidification et l’évolution de température du
inverse [34]. fluide caloporteur se simulent aisément par un modèle monodi-
mensionnel.
Dans le cas de la fusion, l’évolution de la résistance de contact
est moins marquée. Pour fixer les idées, on peut citer l’exemple de Ainsi dans un système axisymétrique avec transfert de chaleur
la fusion d’étain en creuset refroidi montrant une fluctuation de la au sein du matériau fusible uniquement radial (dimension trans-
résistance de contact avec une valeur comprise dans l’intervalle versale petite devant celle parallèle à la direction de l’écoulement
10–4 à 10–3 m2 · K/W [35]. Ces exemples illustrent la difficulté de du fluide caloporteur), le problème peut être traité par un modèle
prendre en compte certains phénomènes physiques de base dans 1D en découpant l’espace en n mailles longitudinales et en m
les modèles. mailles radiales, de pas respectifs ∆x et ∆r. À l’intérieur de chaque
mailles de matériau fusible, la température est supposée uniforme
et constante pendant le pas de temps ∆t ; il en est de même pour
2.1.2 Échange thermique par contact direct l’échangeur, et ce pour chaque maille suivant x. Longitudinale-
ment, les mailles ne sont couplées qu’au niveau de la température
Le concept d’échange par contact direct associé à un change- locale du fluide caloporteur, la température d’entrée de la maille n
ment de phase liquide-solide est l’usage dans la nature (formation étant la température de la maille n – 1. Une méthode de résolution

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fréquemment employée consiste à adopter un schéma aux diffé-


rences finies à trois niveaux de temps [14] avec l’équation de
Traitement
conduction non linéaire (3). On trouvera plus de détails dans les des gaz
références [37] et [38] relatives à des études sur le stockage ther- Métal Laitier
mique par enthalpie massique de fusion. Pour les matériaux de
conductivité thermique élevées (métaux et leurs alliages), des Collecteurs d'entrée
modèles 2D et 3D sont évidemment plus adaptés. et de sortie de l'eau
de refroidissement
De même, certaines simplifications peuvent être apportées dans Creuset froid
le cas de la vaporisation du fluide caloporteur :
— croûtage uniforme du matériau si le film liquide de calopor-
teur se vaporisant recouvre toute la surface d’échange ; Inducteur
— hypothèse d’un flux répétitif par section quand le fluide à
vaporiser progresse à vitesse constante le long de la paroi
d’échange [39], ou bien lorsque le régime est stationnaire comme Zone Laitier liquide
dans le cas de la cristallisation de particules en mouvement dans fondue
un fluide caloporteur.

Zone
2.2.2 Matériaux d’interface solidifiée
Laitier solidifié Lingot
Ces matériaux sont utilisés en électronique pour réduire la résis-
tance thermique de contact aux interfaces puces/diffuseur d’extrac-
tion de la chaleur. Constitués par le matériau fusible seul ou
Sole refroidie
couvrant les deux faces d’un film support isolant, les matériaux
d’interface à changement de phase se présentent sous la forme de
timbres ou de rubans extrêmement fins afin de minimiser leur résis-
tance thermique interne propre. La variation volumique au chan-
gement d’état permet l’évacuation de microbulles d’air et un Tirage continu
mouillage parfait des surfaces en contact.
Figure 8 – Fusion en creuset froid avec tirage continu

2.2.3 Induction directe en creuset froid


L’intérêt de cette technologie est de traiter de façon propre des
produits divers, jusqu’à des températures très élevées, sous une
atmosphère contrôlée et sans le problème de corrosion des creu-
sets de fusion. Développée initialement pour le traitement de
Couche de produit Creuset froid
déchets radioactifs par vitrification, la fusion par induction directe de base en cours en verre figé :
en creuset froid est appliquée à l’élaboration de matériaux de fusion autocreuset
(métaux, verre...) par fusion inductive dans une structure métal-
lique refroidie par de l’eau avec une capacité de fusion pouvant
Verre fondu
atteindre 200 kg/h, figure 8.
Inducteur
Le matériau conducteur est placé dans un champ électromagné-
tique alternatif créé par un inducteur, les courants induits générés
dissipant de la puissance par effet Joule : dans le cas du verre un Eau
préchauffage l’amène à une température où il devient suffisam-
ment conducteur. Après fusion, au contact de la paroi froide, il se Eau
forme une mince couche de verre figé d’une épaisseur de 5 à
10 mm qui sépare le verre fondu de la paroi, d’où le terme auto- Buse de coulée
creuset, cet autocreuset garantissant l’absence de corrosion d’un
creuset classique ou de la pollution du verre.
Le procédé s’applique au traitement des métaux contaminés en
Inducteur
vue de leur confinement sous la forme d’un lingot massif. Un lai-
tier est en général ajouté aux déchets lors de la fusion pour isoler
thermiquement et électriquement le creuset du bain fondu,
figure 9. Dans le domaine non nucléaire, ce procédé s’applique aux
traitements de métaux purs ou réactifs (titane, zirconium...).

2.2.4 Dépôt métallique Creuset froid

Le refroidissement et la solidification de particules liquides après


impact sur une paroi se retrouvent dans des domaines aussi variés
que le givrage, la projection de peinture, les imprimantes à jet Figure 9 – Principe de la fusion directe en creuset froid
d’encres, dans le procédé d’élaboration de revêtement poreux par
projection de plasma [40] et, plus récemment, en métallurgie pour
l’élaboration de petits objets de grandes précisions à partir d’une
pulvérisation : la solidification rapide des gouttelettes permettant Parallèlement à l’élaboration de modélisations complexes, des
d’obtenir une structure à grains fins et de réduire le phénomène de critères simples déduits d’expérimentations permettent de quanti-
ségrégation dans les alliages. fier l’influence de paramètres majeurs [41] :

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_________________________________________________________________________ TRANSFERTS DE CHALEUR AVEC CHANGEMENT D’ÉTAT SOLIDE-LIQUIDE

— pas d’effet capillaire sur l’étalement si le nombre de Weber : Dans le cas de la congélation des tissus biologiques, de nom-
breux mécanismes sont encore mal identifiés, en particulier : le
2
ρL D0 V 0 transport de l’eau entre les cellules non gelées et les espaces extra-
We = ------------------------- cellulaires partiellement solidifiés, et la dégradation des cellules
σ
soit par la solidification de l’eau dans la cellule pour les vitesses de
et le nombre de Reynolds : refroidissement rapides, soit par la déshydratation des cellules aux
faibles vitesses de refroidissement. Avec la congélation des ali-
V0 D0 ments, la difficulté provient essentiellement de la méconnaissance
Re = ----------------
-
νL ou de l’estimation imprécise des propriétés physiques des ali-
ments.
vérifie We >> Re (où D 0 est le diamètre de la goutte, V 0 sa
vitesse d’impact et νL la viscosité cinématique du liquide) ;
— pas d’effet de la solidification sur l’étalement si
Ste / Pr << 1 . 3. Conclusion
2.2.5 Fusion du cœur d’un réacteur Nous avons tenté de faire le point sur les problèmes posés par
l’étude des transferts thermiques dans les processus impliquant le
Dans le scénario catastrophe de la fusion du cœur d’un réacteur changement d’état solide-liquide. Les méthodes analytiques et les
nucléaire, le mélange en fusion du combustible et des gaines nombreuses techniques numériques développées ces dernières
traverse la cuve et se répand à l’extérieur pour former avec le années permettent aujourd’hui de rendre compte des phénomènes
béton des structures un magma appelé corium. Ce scénario fait mis en évidence par l’expérience.
l’objet de développement de logiciels de simulation et d’essais de Ce domaine constitue cependant un champ de recherche très
validation dans divers pays. L’objectif de ces logiciels, qui font actif et les travaux en cours s’efforcent de fournir des outils fiables
intervenir la thermohydraulique et la physico-chimie des consti- pour l’étude de processus industriels, en évitant le recours systé-
tuants du corium, est de modéliser l’étalement transitoire d’un matique à des modèles physiques détaillés nécessitant un investis-
corium à une température de l’ordre de 2 000 oC pour décrire son sement important du point de vue numérique.
écoulement vers des zones où il peut être confiné et maîtrisé en le
refroidissant avec de l’eau, et de répondre à diverses questions Cette présentation rappelle les acquis concernant les transferts
concernant l’empilement des coulées successives [42]. de chaleur, mais de nombreux aspects n’ont pas pu être abordés
ici. Certains modes de transfert (régimes turbulents, comme dans
le brassage électromagnétique en métallurgie ou les transferts
2.2.6 Congélation en milieu dispersé radiatifs dans le matériau), certains couplages (compétition entre
gradient thermique et gradient de concentration, double diffusion,
La congélation dans les milieux dispersés concerne les sols et les instabilités dues à la convection dans la solution comme en crois-
roches, la conservation d’aliments à l’état surgelé, la cryochirurgie sance cristalline) sont encore à l’étude et constituent un pas sup-
et la conservation des tissus et des liquides biologiques. Les mo- plémentaire vers la prise en compte des phénomènes complexes
dèles actuels de congélation des sols permettent de traiter mis en jeu dans les processus réels (retrait et décollement à la soli-
convenablement les cas spécifiques de génie civil (réseaux routiers, dification, effet de tension superficielle, effet thermomécanique
construction sur les sols gelés, pipelines...). dans le solide, surfusion, changement d’état hors équilibre).

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