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Cet ouvrage a été imaginé et réalisé par Roselyne de Ayala et Jean-Pierre Guéno.
Ils tiennent à remercier chaleureusement celles et ceux qui leur ont facilité
l'accès aux manuscrits et en ont autorisé la reproduction :
Mmes Annie Angremy, J. Arbier, Françoise Arnaud, Mauricette Berne, Ella Bienenfeld, Eugénie de Brancovan,
Hélène Cadou, Catherine Camus, Myriam Cendrars, Marie-Claude Char, Andrée Chedid,
Bernard et Stéphane Clavreuil, Brigitte Drieu La Rochelle, Sylvie Durbet-Giono, A. Elkaïm-Sartre,
Cécile Éluard-Boaretto, Aube Elléouet-Breton, Cécile Éluard-Boretto, Odile Faliu, Hélène Favard,
Marie-Odile Germain, Catherine Gide, Marie-France Ionesco, Sylvia Lorant, Florence de Lussy, Colette Magne,
Florence Malraux, Dominique Marny, Jacqueline Pagnol, Mireille Pastoureau, Armande Ponge-de Trentinian,
Claire Poumès, Béatrice Saalburg, Ursula Vian-Kübler, Sylvie Weil ;
MM. Frédéric d'Agay, Jean-Claude Barat, Pierre Bergé, Jean-Loup Bernanos, Thierry Bodin, Gilbert Boudar,
Marc Brossollet, Michel Butor, Jean Dérens, Albert Dichy, Jacques Fraenkel, Jean-Pierre Giraudoux (t),
Yannick Guillou, François Labadens, Jean Mauriac, Yves Peyré, Maxime Rebière, Dominique Remande,
Jean Ristat, Alain Rivière, Olivier Rony, Dominique Roussel, André Schmidt ;
Ils remercient également les maisons d'édition qui les ont autorisés à reproduire
les extraits de textes des auteurs présentés aux pages suivantes :
(Ç) Denoël : Blaise Cendrars (p. 162), Louis Aragon (p. 182). (Ç) Éditions de Fallois : Marcel Pagnol (p. 220).
(Ç) Fayard : Boris Vian (p. 202). (Ç) Flammarion : Colette (p. 142), Andrée Chedid (p. 228).
(Ç) Gallimard : Guillaume Apollinaire (p. 152), Jacques Audiberti (p. 204), Marcel Aymé (p. 178),
Albert Camus, (p. 198), René Char (p. 200), E.M. Cioran (p. 206), Paul Claudel (p. 140), Jean Cocteau (p. 158),
Robert Desnos (p. 166), Pierre Drieu La Rochelle (p. 172), Paul Éluard (p. 212), Eugène Ionesco (p. 208),
Max Jacob (p. 162), André Malraux (p. 176), Henry de Montherlant (p. 194), Charles Péguy (p. 148),
Francis Ponge (p. 210), Jules Romains (p. 170), Saint-John Perse (p. 190), Antoine de Saint-Exupéry (p. 192),
Jean-Paul Sartre (p. 188), Georges Schehadé (p. 218), Simone Weil (p. 186), Marguerite Yourcenar (p. 222).
(Ç) Grasset : Anna de Noailles (p. 134), François Mauriac (p. 174), Jean Giono (p. 180).
(Ç) Hachette : Georges Perec (p. 224). (Ç) Lachenal et Ritter : André Breton et Philippe Soupault (p. 164).
(Ç) Mercure de France : André Gide (p. 144). (Ç) Éditions de Minuit : Michel Butor (p. 216),
Marguerite Duras (p. 226). (Ç) Pion : Georges Bernanos (p. 184). (Ç) Seghers : René-Guy Cadou (p. 212).
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Cioran (1911-1995)
Précis de décomposition, 1949 206
ter dans une charrette infamante, destinée au transport des criminels et conduite par un
nain - d'où le titre du roman fondateur -, puis affronter mille épreuves, avant de posséder
la Dame de sa foi.
Le roman en prose remonte à l'enfance de Lancelot, à son rapt au berceau par la Dame du
Lac qui l'élève dans son château au fond de l'eau ; il narre son arrivée à la cour du roi Arthur
et comment, dès le premier regard, il s'éprend pour toujours de la reine Guenièvre; et tout
l'enchaînement de ses aventures et de ses amours, que croisent celles des autres chevaliers de
la Table ronde jusqu'à la quête du Graal dont Lancelot se révèle indigne, parce qu'il a pour-
suivi l'amour adultère, entraînant les catastrophes qui aboutiront à la mort du roi Arthur
et à la fin des merveilles de Bretagne.
Le point de départ de Lancelot,
roman qui marque tout l'imaginaire
de la fin du Moyen Âge, c'est donc le
péché contre l'amour courtois, la pos-
session physique d'une femme réelle,
la profanation de l'amour. Et c'est à
cause de cette faute initiale que Lan-
celot ne trouvera pas le Graal, et sera
cent fois humilié quand il errera dans
la voie céleste : il a choisi la voie ter-
rienne, il a trahi l'Amour mystique,
il n'est pas pur... La description de
ces errements et de leurs punitions
exigeait la forme- du récit, et com-
mandait l'avènement de la prose.
Pierre Chalmin
le m'abille de la sorte
Que doy, pour faire devoir,
Pource etc.
ncle du roi de France Charles VI, Charles d'Orléans fut fait prisonnier à Azincourt Le temps cez nouvelles porte,
Qui ne veult deduit avoir,
0 - il avait vingt ans —,et passa vingt-cinq années captif des Anglais. C'était plus que Mais par force de plouvoir
suffisant pour le porter à la mélancolie. Prince du sang et prince des lettres, il avait déjà Fait dez champs clorre la porte,
Pource etc.
composé des vers très remarquables avant cet exil où il cultiva la sagesse sous sa forme la
plus élémentaire, celle de l'indifférence, du « Nonchaloir » :
Rondel 222
Desormais en sains et seur lieux
Cueur, a qui prendrez vous conseil ?
Ordonne mon cueur demourer, A nul ne povez descouvrir
Le tresangoisseus desplaisir
Et par Nonchaloir pour le mieulx Qui vous tient en peinne et traveil.
—Mon medicin —soy gouverner.
Je tiens qu'il n'a soubz le soleil
De vous plus parfait vray martir.
Rentré en France, Charles d'Orléans dont la vie était deux fois ruinée, personnellement et Cueur etc.
politiquement, par un emprisonnement d'un quart de siècle, ne s'intéressa plus qu'aux Au meins faitez vostre apareil
femmes et aux vers, ce qui est la même chose. Il passa les vingt-cinq ans qui lui restaient à De bien vous faire ensevelir;
Ce n'est que mort d'ainsi languir
vivre à composer les Rondeaux qui devaient l'immortaliser. Il fit entendre d'une même voix En tel martire nonpareil!
Cueur etc.
les derniers murmures de l'amour courtois, et les premières clameurs du lyrisme amoureux.
Possédé par-dessus tout du sentiment de la fuite du temps qui mène à la mort, et de l'infi-
nie dérision conséquente de toute entreprise, Charles d'Orléans s'attache à l'instant fragile,
aux beautés fugaces, aux impressions éphémères. Il présente l'exemple rarissime d'un poète
tout à la fois lucide et souriant :
À cinq siècles de distance, d'un poète l'autre, Jean Tardieu a évoqué très sensiblement Charles
d'Orléans: « Je vois un homme d'autrefois, soudain redevenu jeune comme le jour. Il a
consumé, rêvé sa vie pour en extraire quelques sons essentiels, c'est-à-dire pour détourner le
cours des raisons du monde... Il fut l'un des premiers à utiliser les mots de la langue fran-
çaise à des fins de magie. »
Pierre Chalmin
Pierre de Ronsard, 1576 bien aprestées. Moy qui viens le dernier sur la fin
du banquet, je ne vous puis aporter rien de nou-
veau sinon un peu de dragée que je vous présente
pour le dessert.Vous avez les oreilles pleines, sou-
lées et ressasiées de tant de viandes spiritueles
que vous en aprestez davantage ce seroit vous
ennuyer et facher. Pour ce en cent parolles je
diray ce qu'il m'en semble sans recharcher autre
ne partie des ressources qui permettent à chose que la vérité.
u Les filosophes ne s'accordent touchant les pas-
Ronsard de subsister provient de la cassette sions, ni d'où elles procedent si c'est du corps ou
royale. Cela implique quelques contreparties. Il se de l'ame: les pytagotiques et platoniques assurent
que l'ame n'a point de perturbations d'elle-
sent plus fait pour écrire que pour parler, mais quand mesme, mais que elle se sallist par la contagion
Henri III lui demande d'intervenir dans les débats de la matière et de la nature corporee, come un
home de bien qui est logé chez un mechant hoste
philosophiques qu'il organise pour se former, il faut se sallist, honist et souille par les taches et
bien s'exécuter. De là ces Discours, pas spécialement ori- ordures et vices qu'il trouve dedans le mauvais
logis. De laquelle tache et souillure que l'asme
ginaux, sur les mérites comparés des qualités intellectuelles et prend par le voisinage du corps, nos theologiens
se pleignent assez et disent que la mace corpo-
des qualités morales, sur l'envie ou sur la joie et la tristesse. La preuve relle agrave et afondre l'ame en la matiere, si bien
qu'il n'y tient pas spécialement : il ne les conserve pas dans l'édition de ses Œuvres aux- que l'ame ne peut contempler ny retourner par
meditation en sa premiere origine, et mesmes ce
quelles il accorde pourtant le plus grand soin. grand St Pol dit « Je voudrois estre dissous de ces
Pour les mêmes raisons de fidélité au pouvoir, il s'engage, du côté des catholiques, dans le agitations et perturbations materielles, c'est-à-
dire du corps, pour contempler parfaittement
conflit qui les oppose aux protestants et cela avec la plus grande vigueur. À ceux qui, par Dieu. » O r telle question apartient aux theolo-
exemple, attribuent sa surdité à la vérole, il répond : giens.
Paul Desalmand
Essais [...] Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais,
je sens que cela ne se peut exprimer, qu'en répon-
dant: « Parce que c'était lui; parce que c'était
moi ».
Michel de Montaigne, 1588 Il y a au-delà de tout mon discours, et de ce que
j'en puis dire particulièrement, ne sais quelle force
inexplicable et fatale, médiatrice de cette union.
Nous nous cherchions avant que de nous être
vus, et par des rapports que nous oyions l'un de
l'autre, qui faisaient en notre affection plus d'ef-
fort que ne porte la raison des rapports, je crois
r'iray autant qu'il y aura d'encre et de papier au par quelque ordonnance du ciel; nous nous
embrassions par nos noms. Et à notre première
" J monde » (III, 9). Matière de son livre, consub- rencontre, qui fut par hasard en une grande fête
stantiel à son ouvrage, Montaigne, né en 1533, ne et compagnie de ville, nous nous trouvâmes si
pris, si connus, si obligés entre nous, que rien dès
pouvait songer à achever ses Essais. La mort seule se lors ne nous fut si proche que l'un à l'autre. Il écri-
devait de les interrompre. Elle le fit, un jour d'automne, vit une satire latine excellente, qui est publiée, par
laquelle il excuse et explique la précipitation de
en 1592. La veille encore, il corrigeait, ajoutait, biffait, se notre intelligence, si promptement parvenue à sa
repentait, voire se repentait d'un repentir. Au point parfois de perfection. Ayant si peu à durer, et ayant si tard
commencé, car nous étions tous deux hommes
faire disparaître peu à peu l'imprimé de 1588, délicatement ense- faits, et lui plus de quelques années, elle n'avait
veli par le projet de l'édition future, celle qui verra le jour grâce à sa « fille point à perdre de temps et à se régler au patron
des amitiés molles et régulières, auxquelles il faut
d'alliance », Marie de Gournay, en 1595. tant de précautions de longue et préalable
conversation. Celle-ci n'a point d'autre idée que
L'aventure avait commencé en 1580, chez un éditeur de province, Simon Millanges. Mon- d'elle-même, et ne se peut rapporter qu'à soi. Ce
taigne donnait en deux livres de petit format un « livre de bonne foy », à vocation « domes- n'est pas une spéciale considération, ni deux, ni
trois, ni quatre, ni mille: c'est je ne sais quelle quin-
tique et privée »- entendons destiné aux siens - où il proposait son portrait à ceux qui l'avaient tessence de tout ce mélange, qui ayant saisi toute
connu ou le connaissaient, afin qu'ils conservent son souvenir, et que le cas échéant, ils puissent ma volonté, l'amena se plonger et se perdre dans
la sienne ; qui, ayant saisi toute sa volonté, l'amena
le retoucher. Entreprise originale, unique, et qui rencontra très tôt l'intérêt du public, des doctes se plonger et se perdre en la mienne, d'une faim,
aussi bien que des hommes de cour et de guerre. Car les Essais portent encore la marque d'une d'une concurrence pareille. Je dis perdre, à la
vérité, ne nous réservant rien qui nous fût propre,
vie publique active et efficace. En 1571, veuf si l'on peut dire depuis huit ans déjà de La Boé- ni qui fût ou sien, ou mien.
Quand Lélius, en présence des consuls romains,
tie, Montaigne quitte le parlement de Bordeaux. Et, l'épisode mis à part des deux mandats de lesquels, après la condamnation de Tiberius Grac-
maire de cette ville, il n'occupera jamais plus de fonction officielle. chus, poursuivaient tous ceux qui avaient été de
son intelligence, vint à s'enquérir de Caïus Blo-
Cohabitent en fait chez lui deux aspirations opposées auxquelles il a la sagesse de donner cours sius (qui était le principal de ses amis) combien il
selon son humeur mais aussi pour satisfaire à ses devoirs de gentilhomme. Plus que l'épée (qu'il eût voulu faire pour lui, et qu'il eut répondu:
« Toutes choses. - Comment, toutes choses? sui-
mania toutefois pendant les guerres religieuses), c'est la diplomatie, le rôle d'intercesseur qui le vit-il. Et quoi, s'il t'eût commandé de mettre le feu
tente. Montaigne s'efforce d'agir en faveur d'une « concorde », cette union des cœurs chère à en nos temples? - Il ne me l'eût jamais com-
mandé, répliqua Blosius. - Mais s'il l'eût fait? ajouta
l'époque troublée d'Henri IV. Et ces heures lui sont propices, elles consacrent en librairie le suc- Lélius. - J'y eusse obéi », répondit-il. S'il était si
cès de son initiative. En 1582, de retour de son voyage écourté en Suisse, Allemagne et Italie, après parfaitement ami de Gracchus, comme disent les
histoires, il n'avait que faire d'offenser les consuls
avoir baisé la pantoufle du pape (et reçu le titre recherché de « citoyen romain »), il donne une par cette dernière et hardie confession; et ne se
devait départir de l'assurance qu'il avait de la
deuxième édition augmentée des Essais. Il ne lui reste alors que dix ans à vivre, partagés entre le volonté de Gracchus. Mais, toutefois, ceux qui
service du roi et la rédaction « à sauts et à gambades » de son livre. accusent cette réponse comme séditieuse, n'en-
tendent pas bien ce mystère et ne présupposent
«Je veus qu'on m'y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire. »Jusqu'au bout les Essais s'ef- pas, comme il est, qu'il tenait la volonté de Grac-
forcent d'obéir à la promesse adressée au lecteur au seuil du livre. Mais Montaigne apprend chus en sa manche, et par puissance et par
connaissance. Ils étaient plus amis que citoyens,
chaque jour la difficulté de se peindre « tout entier et tout nud ». L'obstacle est double : dans le plus amis qu'amis et qu'ennemis de leur pays,
langage même, peu propre à la nouveauté de l'entreprise, comme dans la quête du « moi ». Car qu'amis d'ambition et de trouble. S'étant parfai-
tement commis l'un à l'autre, ils tenaient parfai-
s'« il est bien aisé, sur des fondemens avouez, de bastir ce qu'on veut » (II, 12), ici tout est tement les rênes de l'inclination l'un de l'autre;
muable, « le monde n'est qu'une branloire perenne », jusqu'à l'écriture, inconstante comme et faites guider cet harnois par la vertu et
conduite de la raison (comme aussi est-il du tout
Circé. Tout est redoutable en, à la manière de ses propres pensées que Montaigne en vient à impossible de l'atteler sans cela), la réponse de
Blosius est telle qu'elle devait être. Si leurs actions
tenir pour les « excremens d'un vieil esprit ». se démanchèrent, ils n'étaient ni amis selon ma
De là le visage anamorphique, profondément humain, à jamais moderne, d'un livre en mou- mesure l'un de l'autre, ni amis à eux-mêmes. Au
demeurant, cette réponse ne sonne non plus que
vement vers la vérité. «Je ne peints pas l'estre. Je peints le passage. » ferait la mienne, à qui s'enquerrait à moi de cette
façon: « Si votre volonté vous commandait de
tuer votre fille, la tueriez-vous ? » et que je l'ac-
Michel Simonin cordasse [...].
• En médaillon : École française
du xvr siècle, Portrait de Michel de
Montaigne.
Enfin Malherbe vint, et le premier en France Mais estans fils d'un père ou tant de gloire abonde
Pardonnez moy Destins, quoy qu'ils puissent avoir
Fit sentir dans les vers une juste cadence: Ce leur sera trop peu, s'ils n'ont chacun un
monde.
D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir
Et réduisit la Muse aux règles du devoir.
Autre sur l'absence d'une maîtresse
Introduit à la cour par le cardinal du Perron, Malherbe y sut si bien charmer que sa faveur Beaux et grands bâtimens d'éternelle structure
Superbes de matière, et d'ouvrage divers
survécut à la mort d'Henri IV et qu'il continua d'exercer son art suprême de louer auprès de Où le plus digne Roy qui soit en l'univers
Louis XIII, qui fit de lui une sorte de poète officiel. Ponctuant les grands faits du règne, en Aux miracles de l'art fait céder la nature.
des vers encomiastiques (« d'éloges »), de lieux communs politiques émollients, il exalta Beau parc et beaux jardins qui dans vostre clos-
l'ordre monarchique, garant d'une paix d'âge d'or contre tous les fauteurs de troubles : tu re
Avez toujours des fleurs et des ombrages vers
Non sans quelque démon qui deffend aux hyvers
Toute sorte de biens comblera nosfamilles, D'en effacer iamais l'agréable peinture.
La moisson de nos champs lassera lesfaucilles, Lieux qui donnez aux cueurs tant d'aimables
desirs
Et lesfruits passeront la promesse desfleurs. Bois, fontaines, canaux sy parmi vos plaisirs
Mon humeur est chagrine et mon visage triste
La poésie amoureuse ou morale de Malherbe n'a rien que de très convenu ; sa véritable ori- Ce n'est pas qu'en effet vous n'ayez des appas
ginalité est précisément dans le désaveu de l'inspiration et de l'invention, au profit du tra- Mais quoy que vous ayez, vous n'avez point Caliste
Et moy, je ne voy rien quand je ne la voy pas.
vail et de la pureté de la forme. Ruinant la doctrine de Ronsard qui décrétait « le style pro-
saïque est ennemi capital de l'éloquence poétique », Malherbe préconise l'élégance dans la
simplicité de la langue, rejetant imprécisions, archaïsmes, néologismes, inversions, omis-
sions, anacoluthes, cacophonies, hiatus et rimes faciles.
Il fonde tout à la fois la rigueur classique et annonce le
goût moderne des règles qui captivent l'inspiration.
Méconnaissant la belle autorité et la douceur harmonieuse
de ses strophes, la postérité s'est attachée à contredire l'or-
gueilleuse assurance de l'auteur du « Sonnet au Roi »:
Pierre Chalmin
Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique parfois ancien conservé au
sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.
Elle peut donc reproduire, au-delà du texte lui-même, des éléments propres à l’exemplaire
qui a servi à la numérisation.
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