Beruflich Dokumente
Kultur Dokumente
publics
La commande publique est un terme générique relatif à l’ensemble des contrats
passés par les personnes publiques pour satisfaire leurs besoins. Ces contrats
peuvent ou non être soumis au Code des marchés publics. La commande publique
recouvre ainsi une notion très large englobant plusieurs formes telles que les
marchés publics, les contrats de partenariats. Il existe une pluralité de contrats
administratifs. Ces contrats sont régis par des règles communes ou des régimes
distincts. C’est pour cela qu’on peut se demander s’il existe un droit de la commande
publique. Il existe un certain nombre de règles d’exécution communes qui
s’appliquent à tous les contrats administratifs. La question du droit de la commande
public concerne surtout la passation. La réponse à cette interrogation est plutôt
négative. Pourtant aujourd’hui, certains éléments attestent de l’émergence d’un droit
de la commande publique. Il existe une diversité des régimes applicables avec
notamment une diversité de réglementations. En droit interne, les règles applicables
au contrat administratif relèvent à la fois du pouvoir législatif et du pouvoir
réglementaire, ce qui n’est pas un facteur de clarté.
De plus, il y a une multiplicité des textes applicables à un type de contrat. Par
exemple, pour les marchés publics, il y a la loi du 31 décembre 1975, la loi du 3
janvier 1991 ainsi que la loi du 29 janvier 1993. Puis, dans le droit des contrats
administratifs, le droit de l’Union Européenne est aussi une source de complexité
parce que les définitions de l’Union Européenne ne correspondent pas à celles
retenues au niveau national. On peut prendre, en l’espèce, l’exemple des marchés
publics. En effet, la notion européenne est plus large que la notion nationale de
marché public eu égard à la conception que retient le droit de l’Union Européenne de
la notion de pouvoir adjudicateur qui implique une appréciation beaucoup plus large
des parties au contrat que celle retenue au niveau national. Dans le Code des
marchés publics, les pouvoirs adjudicateurs sont limités, cela concerne l’état, les EP
administratif, les CT et leurs EP. Alors que la conception européenne intègre dans la
notion de pouvoir adjudicataire les organismes de droit public cela conduit à intégrer
des personnes privées. La conséquence découlant de cette différence de conception
des marchés publics entraîne que les marchés conclus en France par des personnes
privées sont vus comme des marchés publics par l’Union Européenne et non en droit
interne français.
Puis, il existe une diversité de contrats administratifs ce qui conduit à une sorte de
gommage entre les différentes catégories. Toutefois, cette diversité et complexité
n’empêchent pas l’émergence actuelle d’un droit de la commande public. En effet,
les enjeux d’un droit de la commande publique sont de trouver certains principes qui
vont s’appliquer à tous les contrats administratifs et notamment certains principes qui
s’appliqueraient aux règles de passation des contrats administratifs. Aujourd’hui, il
existe une volonté, tant législative que jurisprudentielle, de consacrer l’existence d’un
droit de la commande publique. On trouve des références à la commande publique
dans les textes législatifs et les textes réglementaires. Pour les textes
réglementaires, Art 1er al 2 du décret du 7 mars 2001 portant Code des marchés
publics qui aujourd’hui est dans l’article 1er du Code des marchés publics, prévoit
que
« les marchés publics et les accordscadres soumis au présent code respectent les
principes de liberté d’accès à la commande publique, d’égalité des traitements des
candidats et de transparence des procédures. Ces principes permettent d’assurer
l’efficacité de la commande publique et la bonne utilisation des deniers publics ». Le
problème de cette disposition est qu’elle assimile la commande publique aux
marchés publics. C’est une conception plus large de la commande publique que
retient l’article 84 de la loi du 9 décembre 2004 qui habilitait le gouvernement, à la
notion d’un Code de la commande publique. Dans ce cadre de ce projet de loi, on
voulait fixer les ambitions de la commande publique, permettre de recouvrir les
différentes techniques contractuelles permettant aux personnes publiques de
satisfaire leurs besoins par recours à des prestations extérieures et donc englober
les textes relatifs aux marchés publics, aux délégations de SP et à la catégorie des
contrats de partenariat.
Deux grands principes sont identifiés pour la commande publique, il s’agit du
principe d’égalité et celui de transparence. Le principe d’égalité suppose que toutes
les personnes susceptibles de vouloir être un cocontractant d’une personne publique
doivent être traitées de manières identiques. Puis le principe de transparence permet
de donner un droit de regard aux citoyens sur l’action publique.
Un marché public est un contrat par lequel une personne publique ou pouvoir
adjudicateur se procure des travaux, des fournitures ou des services. C’est un
contrat à titre onéreux : la personne publique rémunère son cocontractant par le
versement d’un prix ou même en lui abandonnant des recettes. Le marché public fait
partie avec d’autres contrats à la grande catégorie de la commande publique. Les
principes de la commande publique sont applicables aux marchés publics, leur
application pourra dépendre du prix du marché. La mise en place de ces principes
dans la procédure de passation des marchés publics avait pour but, comme le
souligne l’article 1 du Code des marchés publics, d’assurer l’efficacité de la
commande publique et la bonne utilisation des deniers publics.
On peut alors se demander quelles sont les mécanismes de la procédure de
passation des marchés publics permettent l’application des principes fondamentaux
de l’article 1er du Code des marchés publics afin d’assurer une bonne utilisation des
deniers publics et assurer l’efficacité de la commande publique ?
L’article 1er du Code des marchés publics reprend les principes fondamentaux de la
commande publique pour les appliquer aux marchés publics (I). L’application de ces
principes se retrouve dans les caractéristiques des marchés publics (II).
I. Les principes fondamentaux de la commande publique applicables pour
les marchés publics :
Des principes ont été mis en place afin d’assurer la bonne utilisation des deniers
publics, mais également pour assurer l’efficacité de la commande publique. Les
principes fondamentaux de la commande publique repris pour la passation des
marchés publics sont de deux ordres. Il y a d’une part la liberté d’accès et l’égalité de
traitement des candidats (A) et d’autre part, la transparence de la procédure (B).
A. La liberté d’accès et l’égalité de traitement des candidats :
Tout d’abord, l’égalité de traitement des candidats est un principe qui interdit toute
pratique discriminatoire de nature à favoriser certains opérateurs. Ce principe a voulu
mettre fin à des pratiques qui existaient auparavant et qui permettaient à la personne
publique de conclure des marchés publics avec des personnes, non pas en raison de
la qualité de la personne ou de son prix, mais en raison d’un lien qui pouvait exister
entre les deux, tels qu’un lien familial. Avec ces pratiques, il y avait une rupture
d’égalité, on parlait même de corruption, la personne publique utilisait son pouvoir de
conclure des marchés publics pour en faire profiter une de ses connaissances. Les
articles 45 et 46 du Code des marchés publics font référence à ce principe d’égalité
de traitement des candidats. En effet, ces articles du Code des marchés publics fait
référence aux renseignements ou documents que le pouvoir adjudicateur peut exiger
des candidats. Il y a par exemple les documents permettant d’évaluer leur
expérience, capacités professionnelles. Ils doivent aussi fournir des références de
travaux, or la jurisprudence du Conseil d’État, dans un arrêt rendu le 4 novembre
2005, a considéré qu’il est possible de demander aux candidats de fournir des
références concernant des travaux exécutés durant une période plus courte que les
cinq dernières années, dès lors que la même période, déterminée en rapport avec
l’objet du marché, est fixée pour tous les candidats.
On peut donc constater que le principe d’égalité joue un rôle primordial dans l’accès
à la commande publique, plus précisément, l’accès aux marchés publics. Ce principe
suppose que toutes les personnes susceptibles de vouloir être un cocontractant
d’une personne publique doivent être traitées de manières identiques. Ce principe
engendre des obligations à charge de la personne publique. Lorsqu’elle décide de
contracter, elle met en place des procédures qui permettent à toutes les entreprises
de savoir qu’un contrat va être passé. Cette procédure leur permet aussi de
participer à la procédure de sélection. Avec les articles 45 et 46 du Code des
marchés publics, le principe d’égalité des candidats est respecté car ils prévoient les
documents et renseignements que doit fournir chaque candidat, cela va permettre à
la personne publique de comparer les candidats à partir des mêmes documents, des
mêmes critères. Ce principe joue un rôle important dans l’accès à la commande
publique car tout candidat peut y accéder et sera sur un pied d’égalité par rapport
aux autres candidats.
Puis, la liberté d’accès des candidats permet que toute entreprise intéressée par un
marché doit pouvoir être candidate à ce marché. La personne publique prévoit des
critères afin d’attribuer le marché public à un des candidats. Or, comme le rappelle
l’article 53 du Code des marchés publics il ne doit pas s’agir de critères
discriminatoires, il doit être question de critères en rapport avec l’objet du marché,
par exemple, la qualité, le prix, la valeur technique, le caractère esthétique et
fonctionnel et les performances en matière de protection de l’environnement. La
jurisprudence a permis de dégager des critères interdits ou de limiter certains
critères. Le choix du critère esthétique doit être entouré de précautions. En effet,
l’acheteur public doit clairement définir ce qu’il entend par ce critère, sinon ce critère
sera entaché de subjectivité.
Ces deux principes fondamentaux de la commande publique s’appliquent également
pour les marchés publics, des procédés sont mis en place tout au long de la
passation d’un marché public pour permettre leur respect. Ces principes permettent
de favoriser l’accès à la commande publique, favorisent la bonne utilisation des
domaines publics, mais également sont un facteur de l’efficacité de la commande
publique. Tous les candidats peuvent avoir accès à un marché public, leur
candidature sera appréciée de la même façon pour tous, la personne publique
disposera pour tous des mêmes renseignements, documents. L’égalité est ici
respectée pour donner une chance à toutes les entreprises intéressées de conclure
un marché public avec une personne publique. Un autre principe est important dans
la commande publique, il s’agit de la transparence de la procédure.
B. La transparence de la procédure :
Le principe de la transparence des procédures implique que le pouvoir adjudicateur
fasse connaître la nature de son besoin et les conditions dans lesquelles il sera
procédé à la sélection de l’attributaire du marché. Ce principe a pour but de ne pas
permettre à la collectivité d’agir en secret. Il implique que les candidats disposent
tous des mêmes informations concernant le marché que souhaite conclure la
personne publique. Il n’y a pas un candidat qui a connaissance de certains points
que d’autres ne savent pas. Chacun des candidats doit connaître ce que veut faire la
personne publique et surtout les conditions dans lesquelles aura lieu la sélection.
Cela permet au candidat d’avoir toutes ces informations fondamentales lui
permettant de faire en sorte de présenter la meilleure candidature possible. Si ce
principe n’existait pas, les candidats présenteraient des offres floues ou même sans
rapport avec ce que veut faire le pouvoir adjudicateur. Cela permet au candidat de
voir immédiatement avec la nature des besoins de la personne publique s’il peut
correspondre à la demande. Il sait également quels sont les critères de sélection, il
peut donc faire en sorte de correspondre le plus possible à ces critères par
l’intermédiaire de sa candidature. La transparence des procédures permet également
d’assurer le principe d’égalité entre les candidats. Ils sont tous placés dans les
mêmes conditions face à la demande de la personne publique, ils disposent tous des
mêmes informations.
Le principe de la transparence des procédures peut être rapproché de
l’article 14 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen : « Tous les
citoyens ont le droit de constater, par euxmêmes ou par leurs représentants, la
nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi,
et d'en déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée ». Cet article 14
concerne essentiellement les deniers publics, mais il peut apparaitre comme une
source de transparence car il donne un droit de regard des citoyens sur l’action
publique. Les textes fondamentaux relatifs aux délégations de service public et au
marché public font référence à ce principe de transparence. La loi Sapin sur la
délégation de service public est relative à la prévention de la corruption et à la
transparence de la vie économique et des procédures publiques. S’agissant des
marchés publics, ce qui nous intéresse ici, le Code des marchés publics se réfère au
principe de transparence, il est cité à l’article 1er : « Les marchés publics (…)
respectent les principes (…) et de transparence des procédures ».
Pour comprendre le recours à ce principe, il faut regarder la jurisprudence des
Cours européenne : 4 décembre 200 « Telaustria » : Cette obligation de
transparence qui incombe aux pouvoirs adjudicateurs consiste à garantir en faveur
de tout soumissionnaire potentiel un degré de publicité adéquat, permettant une
ouverture du marché à la concurrence ainsi que le contrôle de l’impartialité des
procédures d’adjudication. Le principe de transparence a une triple conséquence.
Tout d’abord, avant la passation du contrat, il faut une publicité adéquate qui informe
les candidats potentiels de la future conclusion d’un contrat. Puis, ce principe a aussi
une conséquence dans la passation du marché, il pèse sur la personne publique un
devoir d’impartialité et d’information. Elle a une obligation d’informer les candidats sur
les critères de sélection retenus, cela entraîne le respect du principe d’égalité des
candidats. Enfin, la transparence implique des obligations postérieures à la passation
du contrat qui ont pour objectifs de vérifier que le contrat a été conclu dans le respect
des règles posées. Par exemple pour les marchés publics, la personne publique a
l’obligation d’informer les candidats non retenus des motifs conduisant à ne pas
choisir ce candidat.
Ce principe est fondamental, c’est pour cela qu’il s’applique à tous les marchés,
quels que soient leur montant, leur degré de complexité et le mode de passation
choisi. Les caractéristiques des marchés publics témoignent de l’application des
principes fondamentaux de la commande publique, repris par l’article 1er du Code
des marchés publics.
II. L’application de ces principes : les caractéristiques des marchés publics
A. La mise en concurrence :
Les modalités de publicité varient en fonction du montant du marché public. Pour les
petits marchés, la publicité ne signifie pas nécessairement la publication dans un
journal, mais par exemple un affichage. Il faut distinguer trois seuils.
Tout d’abord, lorsque le marché est en dessous de 4 000 € hors taxe, dans ce cas,
les marchés inférieurs à ce seuil sont exonérés de toute condition de publicité ou de
mise en concurrence. Le gouvernement avait tenté de relever ce seuil à 20 000 €
avec un décret de décembre 2008. Ce décret a fait l’objet d’un recours pour excès de
pouvoir devant le Conseil d’État et ce dernier a annulé le décret, son annulation a
entrainé la remise en vigueur du seuil de 4000 € : CE, 10 février 2010, Perez. Dans
ce cas, la publicité est vue comme un alourdissement et une dépense inutile.
Puis, il y a le seuil compris entre 4 000 € et 90 000 € hors taxe. Dans ce cas, le
principe est que les mesures de publicité doivent être proportionnées au montant du
marché, plus le marché est important, plus les mesures de publicité sont
importantes. Le choix du mode de publicité dépend du montant, mais aussi de l’objet
du marché et de sa complexité. Le principe est que la charge sera considérée
comme effectuée dans des conditions de publicité satisfaisante si les moyens de
publicité permettent aux prestataires potentiels sans considération de nationalité ou
de frontières d’être informés de l’intention d’acheter et du contenu de l’achat.
Enfin, il y a le seuil prévu entre 90 000 € et le seuil prévu par les directives
européennes. Pour les besoins de fournitures ou de services, le seuil fixé par les
directives est de 125 000 € pour l’État, et 193 000 € pour les CT. S’agissant des
marchés de travaux, le seuil est de 4,855 millions d’euros hors taxe. Les avis d’appel
public à la concurrence doivent obligatoirement être publiés soit au bulletin officiel
des marchés publics soit dans un journal habilité à recevoir des annonces légales.
Le Code invite le vendeur, si nécessaire, à compléter cette publicité obligatoire par
une publicité supplémentaire dans un organe de presse spécialisée. Lorsque le
marché public a un seuil dépassant ceux prévus par les directives européennes, il
faut dans ce cas une publication européenne dans le journal officiel de l’Union
Européenne et une publication interne au bulletin officiel des annonces des marchés
publics. La publication dans le journal officiel de l’Union Européenne est
réglementée, il y a des formulaires standards établis par la réglementation
européenne. Le pouvoir adjudicataire peut avoir recours à une publicité
supplémentaire par exemple la publication dans une presse spécialisée, ou un
affichage. L’intérêt est de stimuler encore plus la concurrence à l’aide de cette
publicité supplémentaire. Plus il y aura de concurrence et plus les candidats font des
efforts et donc les marchés sont moins cher.
La publicité est donc très importante pour permettre la mise en place de
l’obligation de mise en concurrence vue audessus qui ellemême permet de
respecter les principes des marchés publics prévus à l’article 1er du Code des
marchés publics. Il est évident qu’avec une obligation de publicité à respecter lors de
la passation des marchés, le principe de transparence se trouve appliqué et
respecté. Avec cette publicité, tout le monde peut avoir accès au document publié, il
y a une égalité entre les candidats. De plus, la personne publique a l’obligation de
notifier la décision d’attribution du marché aux candidats évincés car cela leur permet
d’avoir la possibilité d’effectuer un recours pour contester la légalité de cette
décision.
On peut constater que cette publicité présente un double intérêt. Elle permet,
d’une part, à tout candidat potentiel d’avoir connaissance de la passation du marché
public. Puis, d’autre part, la publicité permet de susciter une diversité des offres et
donc d’accroître les chances pour l’acheteur public d’obtenir l’offre économiquement
la plus avantageuse. Ainsi, le respect de cette obligation de publicité est fondamental
car son absence ou le non respect de sa forme peuvent entraîner l’annulation du
marché et même l’engagement de poursuites pénales.