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Synthèse

Ann Biol Clin 2013 ; 71 (4) : 401-7

Importance de l’étape préanalytique en hémostase


Importance of preanalytical step in hemostasis

Rym Ellouze Résumé. Les conditions préanalytiques constituent un volet majeur


Sami Guermazi d’assurance de la fiabilité et de la validité des résultats en hémostase. Elles
Laboratoire d’hématologie, Hôpital s’étendent depuis la prescription de l’analyse, la préparation du patient, la qua-
lité du prélèvement lui-même et les conditions de transport, de centrifugation et
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Charles-Nicolle, Tunis, Tunisie


<rym.ellouze@yahoo.fr> de conservation jusqu’au moment de l’analyse et la mise en route de l’examen.
Elles constituent les sources les plus importantes des résultats erronés ou non
interprétables d’autant que la qualité de l’étape analytique a connu de grands
progrès des instruments et des réactifs. La maîtrise et les efforts de standardisa-
tion de ces conditions préanalytiques sont primordiaux pour assurer la qualité
de l’exploration en hémostase.
Mots clés : préanalytique, hémostase, prélèvement, qualité, plasma

Abstract. The preanalytical conditions are the major component to assure the
reliability and validity of results in hemostasis. They extend from the requi-
rement of analysis, patient preparation, blood collection and the conditions of
transport, centrifugation and plasma storage until analysis. They are the most
important sources of erroneous or inconclusive results; mainly the quality of the
analytical stage has seen great progress of instruments and reagents. Control and
standardization efforts of these preanalytical conditions are essential to ensure
the quality of exploration in hemostasis.
Article reçu le 11 novembre 2012,
accepté le 1 février 2013 Key words: preanalytic, hemostasis, blood collection, quality, plasma

La fiabilité des résultats d’analyses en hémostase dépend et d’erreurs les plus importants qui conditionnent la fiabi-
étroitement des conditions préanalytiques. Ce sujet ancien lité des résultats du laboratoire. En effet, selon des données
est de nouveau d’actualité ; le regroupement des labo- fiables, les erreurs préanalytiques représentent encore près
ratoires et la sous-traitance des analyses sont de plus de 60 % à 70 % de toutes les erreurs survenant dans le
en plus fréquents, créant une situation nouvelle avec un laboratoire [1, 4, 5], constituant une perte de temps pour
déplacement des prélèvements sur des dizaines voire des le patient et un surcoût. La figure 1 illustre l’importance
centaines de kilomètres. L’automatisation des laboratoires de l’étape préanalytique dans la réalisation d’un bilan
d’hémostase et l’amélioration de la qualité de la phase d’hémostase.
analytique n’assurent pas, parfois, aux yeux du clinicien Nous rappelons ici les principales recommandations sur
la fiabilité qu’il aurait souhaité. L’étape préanalytique cette phase préanalytique.
demeure donc un maillon faible, vulnérable et le rôle du
biologiste doit dépasser le cadre de son laboratoire pour
parer aux failles qui persistent avant l’arrivée du tube au La prescription de l’analyse
laboratoire [1]. Il est nécessaire d’assurer un respect des
procédures recommandées pour des résultats fiables [2, 3]. Cette étape fait partie de la phase préanalytique et parti-
Le biologiste doit sensibiliser le milieu médical et para- cipe à la qualité de l’analyse, non sur le plan technique,
doi:10.1684/abc.2013.0870

médical environnant sur l’importance capitale du respect mais plutôt de sa pertinence et de ses conséquences diag-
des conditions préanalytiques et les facteurs d’influences nostiques ou thérapeutiques pour le patient. Le médecin
prescrit des tests dont il connaît les indications, pas toujours
les limites voire les contre-indications, surtout s’il s’agit de
Tirés à part : R. Ellouze tests spécialisés récents. Ainsi, le dosage des D-dimères
Pour citer cet article : Ellouze R, Guermazi S. Importance de l’étape préanalytique en hémostase. Ann Biol Clin 2013 ; 71(4) : 401-7 doi:10.1684/abc.2013.0870
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Synthèse

Prescription Interprétation Validation

Clinicien Biologiste

- Préparation du patient Résultat de l’analyse


- Méthode du prélèvement
Prélèvement
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- Choix du tube
- Anticoagulant

Phase analytique
Identification du prélèvement

- Condition du transport - Centrifugation


Transport - Délai entre prélèvement et le test Traitement - Congélation
- Température - Décongélation

Phase préanalytique Phase analytique Phase postanalytique

Figure 1. Représentation du circuit depuis la prescription jusqu’à l’interprétation de l’analyse soulignant l’importance de la phase préana-
lytique afin de contrôler et garantir la fiabilité des résultats d’un bilan d’hémostase.

pour exclure une thrombose veineuse après un acte chirur- contexte de la demande (bilan pré-opératoire, bilan de
gical, un accouchement ou dans un contexte infectieux est thrombose, recherche de maladie hémorragique, suivi de
tout aussi inutile que coûteux, retardant même l’exploration traitement...), statut physiologique actuel (grossesse. . .),
par les techniques d’imagerie. Les dosages de la protéine S, groupe sanguin (en particulier pour les facteurs VIII
qui baisse en cours de grossesse, du facteur Willebrand qui et Willebrand), maladie(s) connue(s) (lupus, hépatite,
augmente risquent d’induire le clinicien en erreur du fait cirrhose, infection, insuffisance rénale. . .), antécédents
des modifications physiologiques de l’hémostase chez la personnels et/ou familiaux éventuels, traitements anticoa-
femme enceinte. L’insuffisance hépatique rend également gulants ou autres qui peuvent avoir leur importance au
ininterprétable un dosage des inhibiteurs de la coagula- moment de la validation. Ces renseignements peuvent être
tion chez un patient présentant une thrombose porte ou aussi obtenus à distance mais demandent alors un effort
des veines sus hépatiques. Il est donc du rôle du biolo- particulier.
giste d’aider le clinicien à prescrire les bons tests au bon Les renseignements cliniques collectés doivent être soi-
moment pour éviter des erreurs d’interprétation et partici- gneusement notés de façon à assurer une traçabilité.
per à une rationalisation des examens de laboratoire. Le
développement d’une interface d’échange, de formation et
d’information clinicobiologique dans les structures de santé Préparation du patient
est important pour instaurer un climat de confiance et de Le prélèvement est fait en général le matin, en dehors de tout
collaboration entre les équipes. contexte d’urgence, de préférence à jeun (ou après un déjeu-
ner léger dépourvu de matière grasse). L’alcool, le tabac,
le café sont déconseillés ainsi que l’exercice physique [6-
8]. En effet, l’effort physique entraîne une activation de la
Le prélèvement
coagulation et de la fibrinolyse, des repas riches en lipides
peuvent interférer avec plusieurs paramètres (la réactivité
Avant le prélèvement
plaquettaire, le taux de facteur VII ainsi qu’une hypofi-
Recueil des renseignements cliniques brinolyse), le tabac stimule l’agrégation plaquettaire et la
Le prélèvement apporte des données intéressantes pour le fibrinolyse [7]. Le prélèvement est effectué chez un patient
biologiste lorsqu’il est réalisé au laboratoire : âge, sexe, en position assise, en repos depuis cinq minutes. Pour

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Étape préanalytique en hémostase

certaines analyses, en particulier l’étude de la fibrinolyse, la En revanche, quelques tests pour l’étude de l’hémostase
position couchée pendant 20 à 30 minutes est recommandée doivent se faire sur des tubes en verre :
[7]. – étude de la rétraction du caillot : sang total, sans anticoa-
Pour les femmes, il faut éviter de doser le facteur de Wille- gulant ;
brand, le facteur VIII de la coagulation ainsi que la protéine – dosage des produits de dégradation de la fibrine et du
S pendant la grossesse ; tout résultat anormal pendant la fibrinogène.
grossesse doit être contrôlé à distance (au moins deux mois Enfin, l’utilisation des tubes sous vide est décon-
après l’accouchement). seillée pour l’étude des fonctions plaquettaires (tests
d’agrégation, activations plaquettaires, étude des glycopro-
téines membranaires. . .) car l’aspiration brutale du sang
Méthodes de prélèvement peut activer les plaquettes. Il est recommandé de ne pas uti-
Le prélèvement est en général fait par ponction veineuse liser des tubes sous vide mais plutôt de prélever avec une
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franche au pli du coude (veine de grand calibre) par une aiguille directement dans un tube débouché.
aiguille de calibre suffisant (0,7 à 1 mm), permettant un
écoulement facile du sang. Par ailleurs, pour les enfants et
les patients difficiles à piquer, on peut utiliser des aiguilles Anticoagulant
à ailettes « épicrâniennes » à condition que la tubulure La nature et le volume de l’anticoagulant sont importants à
soit courte (inférieure à 6 cm) [6]. Les tubes sous vide préciser.
contenant du citrate de sodium (0,105 M) sont actuelle-
ment très utilisés. Selon les recommandations du Groupe Nature de l’anticoagulant
d’étude hémostase et thrombose (GEHT), le garrot doit être L’anticoagulant de référence recommandé par le GEHT est
peu serré pour éviter la stase prolongée et maintenu peu de le citrate de sodium [6], mais d’autres substances peuvent
temps, à moins d’une minute, afin d’éviter l’activation des être utilisées.
cellules endothéliales et de l’hémostase [6, 8, 9]. Le citrate trisodique est disponible à deux concentrations :
Il est préférable de rejeter les premiers millilitres de sang 3,2 % (0,109 M) et 3,8 % (0,129 M). Il est recommandé
prélevés car ils peuvent contenir des débris tissulaires d’utiliser la concentration de 0,109 M, mais la concentra-
capables d’activer la coagulation. Si d’autres bilans non tion de 0,129 M est considérée comme acceptable par le
destinés à l’hémostase sont à réaliser, il est recommandé GEHT. Le citrate doit être tamponné de façon à assurer
de prélever les tubes d’hémostase en seconde position, un pH dans l’échantillon plasmatique entre 7,30 et 7,45
mais aussi pas à la fin car la présence prolongée d’une car le temps de Quick est très sensible à ces variations du
aiguille dans la paroi endothéliale peut entraîner une pH. En effet, le pH du citrate est basique de 8,6 ; on tam-
activation de la coagulation par lésion de l’endothélium ponne par l’acide citrique [8]. Le citrate est le chélateur
[6, 10]. Les tubes prélevés doivent être correctement rem- de calcium de choix pour inhiber la coagulation et empê-
plis et immédiatement agités par quelques retournements cher la dégradation des facteurs V et VIII. En revanche,
lents. l’inhibition de la coagulation par le citrate est insuffisante
Des gestes sont à proscrire [6] : prélèvement à la seringue ; pour bloquer l’activation plaquettaire, ce qui constitue un
prélèvement sur cathéter, si nécessaire, après rejet de 5 à inconvénient majeur dans la surveillance du traitement par
10 mL (car risque de souillure par l’héparine et d’activation l’héparine. En effet, l’activation plaquettaire se traduit par
de la coagulation). la libération du facteur 4 plaquettaire (F4P) qui neutralise
in vitro l’héparine plasmatique. Ce phénomène est d’autant
plus marqué que le temps d’acheminement au laboratoire
Choix des tubes est plus long (supérieur à 2 heures).
Il est recommandé d’utiliser des tubes de prélèvement sous Le CTAD est constitué par le citrate de sodium additionné
vide. Les tubes utilisés pour l’étude de l’hémostase ne d’inhibiteurs de l’activation plaquettaire (théophylline, adé-
doivent pas activer la coagulation, pour cela on utilise soit nosine, dipyridamole). En effet, le CTAD limite la sécrétion
des tubes en verre siliconés, soit des tubes en matière plas- plaquettaire et donc la neutralisation de l’héparine par le
tique (polyéthylène téréphtalate) [6, 9]. Les études faites sur F4P [11]. Il permet aussi d’éviter la contamination du pool
les tubes sous vide de différents fournisseurs, ne détectent plasmatique par le contenu intraplaquettaire. De ce fait, le
aucune différence significative [6]. CTAD est utile lors du traitement par l’héparine non frac-
Par ailleurs, il faut toujours respecter la date de péremp- tionnée, surtout lorsque le délai entre le prélèvement et
tion des tubes, aussi bien pour la qualité de l’anticoagulant l’analyse est long et en pédiatrie [12]. Les tubes CTAD
(contamination bactérienne) que pour le maintien du vide sont aussi recommandés pour la mesure des marqueurs
initial (mauvais remplissage par perte du vide). d’activation plaquettaire.

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Synthèse

Volume de l’anticoagulant qu’un dosage ponctuel (fibrinogène, facteurs, numération


Il est primordial de respecter strictement le rapport 1 volume plaquettaire) et nécessite un personnel expérimenté.
d’anticoagulant pour 9 volumes de sang total. Il est recom- En plus, l’hématocrite habituellement élevé (> 55 %)
mandé que le tube soit rempli à plus de 90 %, et pour un pour cette tranche d’âge peut être source d’erreur dans
remplissage inférieur à 80 %, il faut refuser le prélèvement l’interprétation des tests, d’où la nécessité d’adapter le
[6]. Dans le cas de polyglobulie, le volume de sang total final volume d’anticoagulant au volume plasmatique [15, 16].
est fixe, le volume de plasma diminue et l’anticoagulant est De ce fait, l’importance de la collaboration entre clinicien
en proportion beaucoup plus importante et sera responsable et biologiste est primordiale.
d’un faux allongement des tests, dans ce cas il faut ajuster
le volume d’anticoagulant [13]. Ceci est également observé Identification du prélèvement
dans les cas des tubes insuffisamment remplis. Inverse- Elle doit être effectuée avec le plus grand soin ; la vérifica-
ment, en cas d’hématocrite bas (hémodilution, anémies
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tion de l’identité du patient et l’étiquetage des tubes doivent


chroniques, hémorragies aiguës compensées), le volume se faire au moment du prélèvement. Il faut s’assurer de la
d’anticoagulant est insuffisant et il y aura une activation concordance du nom et prénom du patient avec celui mar-
de la coagulation responsable de dosages erronés [14]. qué sur la demande d’analyse et l’étiquette qui sera collée
Il est donc nécessaire de prendre en considération sur le tube. L’erreur d’identification est considérée comme
l’hématocrite et d’augmenter ou diminuer l’anticoagulant, rare, mais elle est probablement sous-estimée car souvent
en cas de polyglobulie ou anémie (Ht < 30 % ou méconnue [5].
> 55 %), selon la formule de McGann : volume anti-
coagulant (mL) = 0,00185 × volume final de sang en Prélèvements non conformes
mL × [100 - hématocrite (%)] ou d’Ingram : volume
d’anticoagulant (mL) = volume de sang (mL) × (100 - Les prélèvements hémolysés : théoriquement, l’hémolyse
hématocrite(%))/[595-hématocrite (%)]. peut activer les facteurs-contact, modifier les fonctions pla-
quettaires et raccourcir le TCA, mais elle a probablement
Addition d’inhibiteurs de la fibrinolyse peu d’importance sur le plan pratique [17]. Toutefois, un
Lors d’un traitement thrombolytique, l’exploration de prélèvement peut être hémolysé parce qu’il a été difficile,
l’hémostase en particulier le dosage du fibrinogène peut et il n’est pas rare que le transvasement dans un autre
être faussé (par augmentation des produits de dégradation tube montre un microcaillot. Un prélèvement hémolysé
de la fibrine). C’est pourquoi, il est préconisé d’ajouter à la doit toujours être signalé sur la feuille de résultat avec une
solution anticoagulante habituelle, un inhibiteur de la fibri- recommandation de contrôle.
nolyse : l’aprotinine (mais ceci nécessite une préparation Les prélèvements lactescents : il est déconseillé de faire les
extemporanée). tests d’hémostase après un repas gras. Il faut contrôler un
bilan d’hémostase si le prélèvement est lactescent.
Prise de certains médicaments : certains médicaments
Prélèvements en pédiatrie peuvent modifier les résultats. Les traitements anticoa-
Il est difficile d’obtenir un prélèvement d’hémostase de gulants doivent être signalés sur la demande d’analyses
bonne qualité en pédiatrie ; les difficultés de prélèvement pour confronter les résultats obtenus aux résultats attendus,
chez les enfants sont fréquentes (veines de calibre réduit, éviter des tests complémentaires inutiles. Ainsi il est recom-
agitation du patient liée au stress) avec donc un risque mandé de ne pas doser les protéines C et S chez un patient
d’activation de la coagulation in vitro. De plus, il y a chez sous antivitamines K, ou de rechercher un anticoagulant de
le nouveau-né un état d’hypercoagulabilité physiologique type lupique sous héparine.
qui raccourcit les temps de coagulation. Non-respect des conditions préanalytiques :
Les prélèvements sous vide peuvent être utilisés, mais – prélèvement effectué du même côté d’une perfusion
nécessitent un volume de sang relativement important (pour à héparine ou d’une dérivation artério-veineuse pour les
cet âge). Par ailleurs, les prélèvements en microtubes (1 hémodialysés. Le même problème se pose en cas de prélè-
à 1,3 mL) sont plus adaptés, mais souvent coagulés [15]. vement sur cathéter ;
Les prélèvements sur cathéter peuvent être réalisés en cas – tube insuffisamment rempli par rapport au volume
de nécessité, mais après rejet de 10 à 15 mL selon les d’anticoagulant : le remplissage doit être supérieur à 80 %.
recommandations, du fait du risque essentiel de contami- Un tube mal rempli correspond souvent à un prélèvement
nation par l’héparine utilisée pour prévenir les thromboses. difficile et on peut noter la présence de caillots ou de micro-
Enfin, les prélèvements capillaires par microméthodes, au caillots ;
doigt ou au talon, peuvent être effectués chez le nouveau- – tube non approprié (tube sec, tube hépariné ou EDTA,
né ou le prématuré, mais ce type de prélèvement ne permet tube en verre non siliconé. . .), ou sans identité du patient.

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Étape préanalytique en hémostase

Conditions de transport certains facteurs de coagulation (facteurs VII, VIII et fac-


et de conservation teur de Willebrand) [21, 22]. D’une manière générale, il est
recommandé pour ces tests de maintenir une température
Conditions de transport comprise entre 18 et 22 ◦ C et d’éviter le grand froid autant
que la chaleur excessive [23]. La conservation au réfrigéra-
Lorsque le prélèvement n’est pas effectué au laboratoire, teur ou le transport dans de la glace fondante sont proscrits.
les tubes doivent être maintenus en position verticale pour Si un prélèvement doit être acheminé sur de grandes dis-
éviter tout contact avec le bouchon. Il faut éviter les agita- tances et un délai supérieur à 1-2 h, il faut envoyer le plasma
tions et les vibrations qui peuvent entraîner une hémolyse déplaquetté congelé dans de la carboglace ; il doit parvenir
[6]. Le transport pneumatique est possible pour les tests à destination parfaitement congelé.
courants [8], non recommandé pour l’exploration des fonc- Pour les cas particuliers d’exploration de la fibrinolyse, le
tions plaquettaires en raison d’un risque d’activation de ces prélèvement, même exécuté à l’intérieur ou à proximité du
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dernières [18, 19]. laboratoire, doit être transporté rapidement dans un bain de
glace fondante et traité en respectant la chaîne de froid.
Délai entre le prélèvement et le test
Les prélèvements doivent être rapidement acheminés au Séparation du plasma
laboratoire et traités. L’idéal est un délai de 1 à 2 h sans Les tests de routine sont effectués sur un plasma pauvre en
dépasser 4 h (maximum de 6 h est accepté pour le temps de plaquettes nécessitant une seule centrifugation de 15 min
Quick), Sinon, il faut séparer par centrifugation le plasma à 2 500 g à température ambiante [24]. Par ailleurs,
et le congeler jusqu’au moment de l’analyse [6, 8, 20]. une double centrifugation séparée par une décantation du
Il est à noter que : plasma est nécessaire en cas de recherche de lupus anticoa-
– certains facteurs de coagulation sont particulièrement gulant, recherche d’une résistance à la protéine C activée
labiles (notamment facteurs V et VIII) et le prélèvement et congélation du plasma pour des dosages différés. Ceci
doit être acheminé le plus rapidement possible sans excéder permet d’assurer un nombre de plaquettes résiduelles infé-
3h; rieur à 10 G/L [25]. Cette décantation du plasma doit être
– en cas de traitement par héparine, ce délai ne doit pas faite avec soin, en évitant de se rapprocher du culot mais
excéder 2 h en milieu citraté habituel, car l’héparine peut aussi de la couche superficielle du plasma qui peut être riche
être neutralisée par le F4P. Le prélèvement sur tube CTAD en débris membranaires. L’aspiration du plasma doit être
rend possible un délai de 4 h entre le moment du prélève- douce pour ne pas mobiliser les plaquettes du culot.
ment et l’analyse ; L’exploration plaquettaire est effectuée sur un plasma riche
– les tests fonctionnels plaquettaires sont effectués extem- en plaquettes obtenu après une centrifugation douce à 800 g
poranément, dans l’heure qui suit le prélèvement, sur un pendant 10 min à température ambiante.
plasma riche en plaquettes. Il faudrait, dans les 3 à 4 h
qui suivent le prélèvement que l’exploration des fonctions Congélation-décongélation
plaquettaires soit terminée. Pour l’étude des fonctions pla- Lorsque les tests doivent être différés, il faut recourir à la
quettaires, un parcours supérieur à 1 h ou 1 h 30 tout au plus congélation. Cette dernière s’effectue dans les courts délais
rend nécessaire le déplacement du patient pour prélèvement dans des tubes en plastique hermétiquement bouchés, en
au laboratoire d’hémostase ; petits aliquots (500 à 1 200 ␮L) de préférence à - 70 ◦ C
– les composants du système fibrinolytique sont très (jusqu’à 6 mois), à défaut à - 20 ◦ C (pour une durée infé-
labiles ; l’étude analytique de la fibrinolyse, en particu- rieure à 2 semaines, acceptable jusqu’à 30 jours) [6].
lier les activateurs, est du ressort de laboratoires spécialisés La décongélation doit être rapide au bain-marie à 37 ◦ C
qui organisent des conditions rapides et optimales de trai- pendant 5 minutes (jamais à température ambiante sur la
tement et de conservation des échantillons pour les dosages paillasse ou au four micro-ondes). Une fois décongelé, le
différés. plasma doit être homogénéisé et immédiatement traité [6]
(afin d’éviter l’activation de la coagulation et la diminution
Température des facteurs labiles V et VIII). Un plasma décongelé ne doit
Les prélèvements en hémostase pour études de la coa- pas être recongelé, du moins pour les tests fonctionnels.
gulation (tests globaux, dosages des activateurs et des
inhibiteurs, fonctions plaquettaires) doivent être conser- Causes d’erreurs
vés à température ambiante pendant le transport jusqu’au
moment de l’analyse. Le froid peut entraîner une altération La figure 2 résume les causes d’erreurs les plus fréquem-
irréversible des fonctions plaquettaires et une activation de ment rencontrées dans le laboratoire d’hémostase.

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Synthèse

Surveillance du traitement par antivitamine K (AVK) : il n’y


1. Tube insuffisamment rempli a pas de précaution particulière à prendre au niveau du pré-
2. Prélèvement coagulé
3. Prélèvement hémolysé lèvement. Il faut signaler toute prise médicamenteuse, car
4. Erreur d’identification du prélèvement certains médicaments peuvent potentialiser ou au contraire
5. Prélèvement souillé par l’héparine
6. Conditions de conservation et/ou de transport inhiber l’effet des AVK. Le traitement AVK doit être signalé
inappropriées sur la demande d’analyse.
7. Conditions de centrifugation inappropriées
8. Autres Surveillance du traitement thrombolytique : il est préconisé
d’ajouter un inhibiteur de la fibrinolyse à la solution anticoa-
Figure 2. Les causes d’erreur les plus fréquentes au cours de
gulante habituelle lors du traitement thrombolytique, car ce
l’étape préanalytique. traitement entraîne une augmentation de l’activité fibrinoly-
tique circulante (diminution du fibrinogène, augmentation
des PDF et des D-dimères). L’aprotinine peut être ajoutée à
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Quelques aspects pratiques la dose de 200 à 500 unités inhibitrice de kallicréine par mL
de sang total, mais nécessite une préparation extemporanée.
Recherche de lupus anticoagulant [26]
L’étape préanalytique est primordiale dans la stratégie diag- Étude des fonctions plaquettaires
nostique du lupus anticoagulant. En effet, le plasma doit Les échantillons lactescents, hémolysés ou ictériques
être parfaitement déplaquetté par double centrifugation peuvent gêner la transmission optique en agrégométrie. Le
pour éviter que les phospholipides libérés par lyse pla- patient ne doit pas consommer des médicaments dans les
quettaire neutralisent l’anticoagulant circulant, surtout si 48 h précédant le prélèvement ni d’acide acétylsalicylique
l’échantillon est testé après décongélation. La filtration du pendant 10 jours (sauf si le but de l’exploration est juste-
plasma à travers un filtre à pores de 0,22 ␮m a été propo- ment d’étudier l’effet d’un traitement anti-agrégant). Les
sée, mais des débris membranaires peuvent se former sous anti-inflammatoires non stéroïdiens, certains antibiotiques
pression au moment de la filtration et fausser les résultats en et antidépresseurs et d’autres médicaments peuvent alté-
inhibant un lupus anticoagulant peu puissant. La filtration rer les fonctions plaquettaires pendant une semaine. Il
peut également allonger le TQ et le TCA, ce qui suggère est nécessaire d’effectuer un prélèvement par écoulement
une altération des facteurs de la coagulation. direct dans des tubes en matière plastique, sans système de
La congélation du plasma est possible, mais il est préférable vide, avec un garrot peu serré et une technique non trau-
de travailler sur un plasma frais. Elle se fait à - 80 ◦ C, à matique pour éviter l’activation plaquettaire. Les tests sont
défaut à - 20 ◦ C, à condition que le plasma soit utilisé dans effectués extemporanément, dans l’heure suivant le prélè-
les 2 semaines. La décongélation doit être rapide au bain- vement sur un plasma riche en plaquettes. La conservation
marie à 37 ◦ C. des échantillons s’effectue à température ambiante car le
Il faut disposer des renseignements concernant le traitement froid active les plaquettes.
reçu par le patient. En effet, il faut s’assurer de l’absence
d’héparine dans le prélèvement (détecté par un allonge- Étude de la fibrinolyse
ment du temps de thrombine au besoin) pouvant entraîner
des faux positifs. En revanche, la recherche d’anticoagulant Certaines précautions sont à prendre lors de prélèvement
circulant est possible chez les patients sous antivitamine K. pour étude de la fibrinolyse. En effet, l’exploration du
système fibrinolytique doit tenir compte des possibles varia-
tions de ces tests au cours de la journée ainsi que celles
Surveillance des traitements anticoagulants entraînées par l’exercice physique, l’alcool, le café, stase
Surveillance du traitement par héparine : pour un traite- veineuse, l’inflammation [7, 27, 28]. Il est nécessaire que
ment en intraveineux contenu, le prélèvement s’effectue par le prélèvement s’effectue par écoulement direct, sans gar-
ponction veineuse au bras opposé à la perfusion d’héparine rot, le sujet étant au repos (depuis au moins 20 min), à jeun,
et il peut se faire à n’importe quel moment. Par ailleurs, à distance d’une prise d’alcool (6 h minimum) ou du café et
lorsque le traitement est par voie sous-cutanée, il faut préle- d’un épisode infectieux. En général les prélèvements sont
ver à mi-temps entre 2 injections. Le prélèvement s’effectue effectués le matin à jeun.
en tube citraté habituel avec acheminement rapide au labo-
ratoire ; la centrifugation s’effectue dans la demi-heure
suivant le prélèvement car il y a un risque de neutralisation Conclusion
de l’héparine par le F4P (surtout en cas de thrombocytose).
Par ailleurs, pour un délai entre le prélèvement et l’analyse L’automatisation, l’informatisation, la mise en place de
long (> 2 heures), il est nécessaire de prélever sur CTAD. systèmes de contrôles de qualité internes et externes ont

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Étape préanalytique en hémostase

considérablement réduit les risques d’erreurs liés à la phase 11. Van den Besselaar AM, Meeuwisse-Braun J, Jansen-Grüter R, Bertina
RM. Monitoring heparin therapy by the activated partial thrombo-
analytique en hémostase. L’étape préanalytique demeure plastin time–the effect of pre-analytical conditions. Thromb Haemost
le maillon faible de la chaîne de traitement des prélève- 1987 ; 57 : 226-31.
ments, d’autant qu’elle échappe au contrôle du biologiste
12. Toulon P, Abecassis L, Smahi M, Ternisien C. Monitoring treatments
médical qui pourtant constitue une cible privilégiée des with unfractionated heparin : CTAD must be used instead of citrate as the
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Copyright © 2020 John Libbey Eurotext. Téléchargé par M. FRANCIS KAMBEMBO le 31/07/2020.

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Ann Biol Clin, vol. 71, n◦ 4, juillet-août 2013 407

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