La psychanalyse en France et les technologies de communication
A. Lacan et le téléphone Tu peux placer des remarques en utilisant le mode “suggestion”, voir “édition” en haut à droite”. 1. C’est Gloria (j’avais écrit Dora) qui répondait a) Soury (que j’ai rencontré) : “Ne pouvant jamais obtenir de la secrétaire de Lacan, de l’avoir simplement au téléphone, décide de mettre fin à ses jours le 2 juillet 1981”. http://www.valas.fr/Jacques-Lacan-l-homme-aux-pantoufles-du-bois-de-Fausses- Reposes,291 (1) On a également, voir Chainœux, le témoignage de Lacan adressant des pneumatiques à Soury (pneuma, c’est le souffle en grec, a justifié un de mes amis). b) Voir mémoires de Gloria 2. Quelques témoignages d’appels de Lacan a) JP Winter b) Une femme, dont je ne connais pas le nom. Un soupir le matin. B. “Mon analyste n’avait même pas de répondeur” 1. Clavreuil n’avait pas le n° de tél de ses patients. Il n’appelait jamais. 2. Quelques psychanalystes pourtant pratiquent par téléphone, puis par Skype (ce fut mon cas), ils n’en disent rien, on les regarde avec réprobation C. Les grandes questions que pose l’arrivée des téléphones portables en France : C’est principalement deux questions : le corps, le lieu 1. Le lieu a) Je me rappelle ce feuilleton américain, à la télé, une psychologue ? coach ? appelle un de ses patients pendant son jogging. Mon effarement. b) C’est aussi le lieu du cabinet (rappelle toi mon intervention au cours de notre dernier Zoom avec Nathalie) : observez comment le 19 Bergasse et Maresfield Gardens sont devenus des lieux de pélerinage. J’y ai rencontré le grand-grand-son de Freud, c’est pas rien. Donc lui aussi était en pélerinage. La première fois que je suis allé à Maresfield Gardens, j’ai cru faire une séance. c) Golders Green crematorim, séquence video https://www.facebook.com/mikeldurel/videos/107478422744385/ d) Le “cénotaphe” de M. Guibal en Chine / question que je pourrai te poser (1) Freud, voulant faire poser une plaque sur l’Hôtel Bellevue “Ici a été inventée la théorie du rêve, etc.” (2) Et le 5 rue de Lille que la famille Miller a voulu racheter (Lacan était locataire, d’après JJM il habitait au 3, était-il propriétaire du 3 ?), il a été question un moment d’en faire une sorte de musée (3) Mais aussi : trop de psychanalystes, les patients se font plus rares, on ne peut pas se permettre de “rater” un patient qui, si le psychanalyste ne répond pas à son appel en appellera un autre e) À Chengdu, une des seules questions que j’ai posée à Huo Datong, le soir de notre arrivée, c’était ce qu’était devenu la maison où fut pratiquée la psychanalyse pour la première fois, et ce qu’elle était devenue, si on pouvait la visiter, si elle était encore debout après le tremblement de terre. Pas de réponse. Impression d’avoir posé une question incongrue. f) La question du lieu (1) Le lieu et le transfert (a) Le lieu du psychanalyste permet d’ancrer le transfert dans le réel (b) Des dizaines d’années après la fin de ma cure, chaque fois que je passe devant la fenêtre de mon analyste, le long d’un boulevard parisien, je ne peux m’empêcher de tourner la tête (c) J’ai connu un patient à avait remarqué au cours d’une promenade en vélo, un dimanche, qu’il était passé successivement devant tous les domiciles de ses analystes. Il en avait eu beaucoup. (i) Les objets du cabinet (anecdote de la boîte où est enfermée le nom du père) (2) La symbolique du lieu. François Perrier disait que le psychanalyste devait habiter un lieu confortable et prestigieux, même s’il n’avait pas le sou, car il lui fallait hisser son patient vers le haut. Lui même avait déménagé avenue de l’Observatoire. (3) Le lieu de l’inconscient. Le cabinet du psychanalyste c’est véritablement le lieu de l’inconscient, avec ses odeurs, ses objets, ses tableaux au mur. Voir Serge Leclaire, Psychanalyser, Seuil, 1968, p12 “L’occasion ne lui a pas manqué, lorsqu’il stationnait dans le salon d'attente, d’imaginer qu’il pourrait emporter une revue d’art ou dérober une des statuettes exposées dans une vitrine, ou encore, le plus délicieusement du monde, briser un vase qui se trouve là”, ce qui amène Leclaire au triplet frustration, agression, régression. (4) Le “cadre” de la cure (5) Le sujet supposé être là (6) Le déplacement du corps (a) Les anecdotes sont innombrables. Ce patient qui vient depuis vingt ans au moins, qui refuse les séances par téléphone. Il me dit que sa séance commence quand il quitte son domicile, le trajet en métro fait partie de la séance. (b) Personnellement le trajet à pieds de chez moi au cabinet de mon analyste, une demi-heure, a véritablement fait partie de mon analyste (c) La Société du spectacle affirme que « cette société qui supprime la distance géographique recueille intérieurement la distance, en tant que séparation spectaculaire. » g) La question du corps (1) Une hypothèse : le corps, c’est ce qui permet d’accrocher le transfert. Il y a autant de façon d’accrocher les transfert qu’il y a d’analysants, chacune est singulière. La voix peut certainement peut suffire. (2) Le corps du patient (3) Le corps du psychanalyste II. Le nom des patients A. Reçu aujourd’hui le relevé de mon compte mensuel à ma banque. Terrible sentiment d’amertume, comme un viol : y figure en toutes lettres le nom de mes patients qui ont opté pour un règlement par virement des séances par téléphone depuis le début du Confinement. C’est la première fois que je vois leurs noms figurer sur un document officiel. J’y avais pensé (pour vérifier qui n’avait pas oublié de payer sa séance), mais le choc est rude. B. Le nom des patients, pour nous psychanalystes français, relève du secret. Un secret qui va de soi, pas la peine de le formaliser : on ne donne pas le nom du psychanalyste d’un collègue, encore moins le nom de ses patients. Qui a pu voir cette liste, ou même l’apercevoir ? Le salarié de ma banque qui l’a imprimée ? mon “conseiller clientèle” qui y a accès à l’agence ? Les impôts ? Un voisin qui déroberait la lettre ou la trouverait par terre ? C. Que se passe-t-il en Chine pour le nom des patients ? En Chine où l’État semble se mêler de tout et surveiller chaque citoyen sans aucune limite ? 1. Est-ce qu’en Chine c’est un peu comme en Amérique Latine, où l’on demande à l’autre “alors, qui est ton analyste” comme aux USA on demande à quelqu’un qu’on a rencontré il y a cinq minutes : “alors combien vous gagnez ?” III. Contrôle question annexe A. Il se trouve que le sinogramme “contrôle” est le même pour l’analyse (supervision) que pour le contrôle par l’état. 掌控 ?