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Dossier scientifique

La vitamine B1 :
la première vitamine identifiée
Ophélie Ferrary1, Claude Hercend1, Katell Peoc’h1,2, Agnès Dauvergne1,*
1 Service de biochimie, Hôpital Beaujon, 100 bd du Général-Leclerc, 92110 Clichy, France.
2 Université Paris Diderot, UFR de médecine, 16 Rue Henri-Huchard, 75018 Paris, France.
*Auteur correspondant : agnes.dauvergne@aphp.fr (A. Dauvergne).

La vitamine B1, ou thiamine, est une vitamine hydro-


soluble d’origine alimentaire uniquement. Elle inter-
vient comme cofacteur de réactions métaboliques et
est impliquée dans les phénomènes de neurotrans-

© DR MARK J. WINTER/SPL/PHANIE
mission. L’organisme possède un stock limité de thia-
mine, d’environ 25-30 mg, qui se trouve principalement
dans le foie, mais également dans le cœur, les reins et
les muscles. La thiamine est retrouvée dans de nom-
breux aliments (blé, jambon cru, noix…), et la carence
est exceptionnelle dans les pays industrialisés dans les-
quels l’alimentation est variée. Le déficit en vitamine B1
résulte de différents phénomènes : défaut d’absorption
dû à une chirurgie gastrique, excès d’élimination, alcoolisme chronique, grossesse, sujet âgé, maladie génétique, rare défaut
d’apport (anorexie). Les manifestations cliniques du déficit en vitamine B1, ou « béribéri », sont variées chez les adultes.
L’encéphalopathie de Gayet-Wernicke est une complication neuropsychiatrique aiguë dont l’évolution vers un syndrome
de Korsakoff (désorientation, amnésie antérograde et polynévrite) est irréversible en l’absence de traitement. Il n’existe
pas d’état de surcharge en vitamine B1. Le statut vitaminique peut être objectivé par la détermination de l’activité trans-
cétolasique et/ou le dosage de la thiamine et de ses esters phosphoriques intra-érythrocytaires grâce à des techniques
enzymatiques et chromatographiques.
Les apports quotidiens journaliers nécessaires ont été établis en France en 2001 en fonction du sexe et de l’âge et sont
d’environ 1,1 mg. En cas de déficit en thiamine, une supplémentation en vitamine B1 sera mise en place.

ABSTRACT
Vitamin B1, the first vitamin identified
B1 vitamin, or thiamin, is a water-soluble vitamin of dietary origin. It acts as a co-
factor of metabolic reactions and is involved in the neurotransmission phenomena.
The body has a limited stockpile of thiamine, about 25-30 mg, which is found mainly
MOTS CLÉS in the liver, but also in the heart, kidneys and muscles. Thiamine is found in many
foods (wheat, raw ham, nuts…), and the deficiency is exceptional in industrialized
◗ béribéri
◗ encéphalopathie countries where the diet is varied. Absorption defect due to gastric surgery, ex-
de Gayet-Wernicke cessive elimination, chronic alcoholism, pregnancy, elderly subject, genetic disease,
◗ thiamine rare lack of intake (anorexia). Clinical manifestations of vitamin B1 deficiency or
◗ vitamine B1 “beriberi” are varied in adults. Gayet-Wernicke’s encephalopathy is an acute neuro-
psychiatric complication whose progression to Korsakoff syndrome (disorientation,
KEYWORDS anterograde amnesia and polyneuritis) is irreversible in the absence of treatment.
◗ B1 vitamin No B1 vitamin overload has been evidenced. B1 vitamin status can be objectively
◗ beriberi assessed by the determination of transcetolasic activity and/or the determination
◗ Gayet-Wernicke of thiamine and its intra-erythrocytic phosphoric esters using enzyme and chroma-
encephalopathy tographic techniques. The daily intake required was established in France in 2001
◗ thiamin on the basis of sex and age and is approximately 1.1 mg. If a thiamine deficiency is
highlighted, a B1 vitamin supplementation will be put in place.
© 2019 – Elsevier Masson SAS
Tous droits réservés.

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Introduction d’établir les fonctions biologiques de la thiamine ainsi


que son rôle dans des maladies héréditaires ou acquises
La thiamine a été la première substance isolée conte- thiaminodépendantes.
nant une fonction amine et indispensable à la vie, d’où
le terme proposé par Funk en 1910 : vitamine. Les
vitamines sont des substances organiques, sans valeur Structure
énergétique propre, nécessaires à l’organisme et que
La détermination de la structure de la thiamine et
l’homme ne peut synthétiser en quantité suffisante.
sa synthèse furent réalisées en 1936. La thiamine est
L’absence de ces vitamines dans la ration alimentaire composée d’un cycle pyrimidique et d’un cycle thiazole
a pour conséquence le développement de maladies soufré et azoté, reliés par un pont méthylène fragile,
carentielles. Bien que le syndrome des mangeurs de riz sensible à l’action de la chaleur et d’une enzyme, la
ou « béribéri » ait été décrit en 2 600 av. J-C, ce n’est thiaminase. La fonction alcool primaire, portée par le
qu’au XIXe siècle que l’étiologie carentielle est évoquée C-5 du noyau thiazole permet, par des réactions de
et précisée grâce aux observations de Takaki au Japon phosphorylation enzymatique, la synthèse des esters
puis Eijkman et Grinjs en Hollande. La substance active mono- (TMP ou thiamine-mono-phosphate), di- (TDP
impliquée dans cette carence fut isolée sous forme cris- ou thiamine-di-phosphate) aussi nommé TPP pour
tallisée à partir de cuticules de riz par Jansen et Donath thiamine-pyrophosphate, et tri- (TTP ou thiamine-
en 1926. Depuis, de nombreuses études ont permis tri-phosphate) (figures 1 et 2).

Figure 1. Structure de la thiamine et de ses esters.

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Les vitamines du groupe B

Figure 2. Phosphorylation de la thiamine en thiamine di phosphate


et en thiamine tri phosphate

AMP : adénosine monophosphate ; ADP : adénosine diphosphate ; Pi : phosphate inorganique


D’après [17].

Propriétés physico-chimiques mégaloblastique thiamine-dépendante ou syndrome de


Rogers [3].
Le chlorhydrate de thiamine (forme synthétique) est La thiamine est tout d’abord phosphorylée en TDP par
une poudre cristalline blanche soluble dans l’eau, peu une pyrophosphokinase de la muqueuse intestinale. Le
soluble dans l’alcool et insoluble dans les solvants des TDP est ensuite déphosphorylé en TMP puis en thia-
graisses : éther, acétone, chloroforme et benzène. mine. Au total, l’absorption de la thiamine est très faible
La thiamine est stable en solution aqueuse à pH 2-4 et sa biodisponibilité inférieure à 5 % [4].
mais est peu stable à instable à des pH neutres ou
alcalins. Par oxydation en milieu alcalin en présence de Distribution et activation
ferricyanure de potassium par exemple, la thiamine est La thiamine absorbée est acheminée jusqu’au foie où
transformée en thiochrome possédant une fluores- elle est phosphorylée en TDP sous l’action de la thia-
cence mise à profit pour son dosage. mine-pyrophosphokinase (figure 2). Après avoir été
déphosphorylée, elle repasse dans la circulation san-
guine pour être distribuée dans les tissus. La thiamine
Métabolisme captée par les cellules est transformée en TDP puis en
TTP par l’action de plusieurs enzymes dont l’adénylate-
Absorption intestinale kinase cytoplasmique. Chaque dérivé thiaminique phos-
L’absorption intestinale de la thiamine a lieu dans le phorylé peut être déphosphorylé par une phosphatase.
jéjunum grâce à l’action de deux transporteurs ThTr-1 L’élimination à l’extérieur de la cellule se fait principa-
(High affinity thiamine transporter one ; gène SLC19A2) lement sous forme de thiamine après des déphospho-
et ThTr-2 (High affinity thiamine transporter two ; gène rylations successives.
SLC19A3) couplée à un processus de phosphorylation/ Au niveau de la circulation sanguine, la thiamine se
déphosphorylation [1,2]. trouve principalement dans les érythrocytes, à plus de
L’absorption intestinale de la thiamine se fait selon un 90 % sous forme TDP. Seule une faible fraction, essen-
double processus : tiellement sous forme de thiamine libre et de TMP, se
trouve dans le plasma [5].
◗ à dose faible (< 2 mg), la thiamine est absorbée selon
Il n’existe pas de stockage même en cas d’apport exces-
un processus actif ;
sif. Les concentrations tissulaires sont faibles et sous
◗ à dose élevée (> 2,5 mg), elle est absorbée par diffu- la dépendance d’un apport alimentaire suffisant. Les
sion passive peu efficace. organes les plus riches en thiamine sont le cœur, le rein,
Le gène codant ThTr-1 est localisé sur le chromosome le foie et le cerveau. La demi-vie de la thiamine marquée
1q24 et des mutations sont responsables de l’anémie au carbone 14 est comprise entre 9 et 18 jours.

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Élimination de la glutamine et de l’acide gamma-aminobutyrique


(Gaba) observées dans le cerveau de rats carencés
La thiamine est essentiellement éliminée dans les en thiamine suggèrent un rôle clé dans la neurotrans-
urines sous forme de thiamine libre et de TMP. On mission [7].
retrouve dans les selles la thiamine synthétisée par la
flore bactérienne en aval du site d’absorption.
Physiopathologie
Fonctions biochimiques et L’organisme possède un stock limité de thiamine
(environ 25-30 mg), principalement localisée dans le
rôles physiologiques foie mais aussi dans le cœur, les reins et les muscles.
En cas de manque d’apport, le déficit apparaît après
Seuls les esters di- et tri-phosphoriques de la thia- deux à trois semaines. Il n’existe pas de surcharge en
mine ont un rôle métabolique connu. La TDP inter- dehors de la vitaminothérapie : la thiamine est non
vient comme cofacteur de nombreux systèmes toxique.
enzymatiques et le TTP présente une fonction de La manifestation du déficit en thiamine, exceptionnel
neuromédiateur. dans les pays industrialisés, correspond au béribéri.
Cette avitaminose se manifeste par des
Vitamine B1 et régulation signes généraux neuropsychiques et
enzymatique cardiaques. En effet, la diminution de
Deux types de réactions enzyma-
L’organisme l’activité des enzymes thiamine-
tiques sont régulés par le TDP : possède un stock dépendantes et des enzymes impli-
quées dans le métabolisme du glu-
◗ les réactions de transcétolisation, limité de thiamine cose provoque une altération de
la transcétolase, activée par le
TDP et le magnésium divalent, (environ 25-30 mg), l’utilisation du glucose qui, ajou-
tée au stress oxydant et à l’in-
catalyse l’interconversion des principalement localisée flammation, conduirait à la mort
monosaccharides par le trans-
fert des groupes glycoaldéhydes
dans le foie, le cœur, neuronale par apoptose [8,9].
des cétoses sur les aldoses. les reins et les Chez l’adulte
◗ les réactions de décarboxylation des muscles
acides alpha-cétoniques (acide pyruvique, Cette maladie peut se présenter sous
acide a-cétoglutarique, acides a-cétoniques trois formes chez l’adulte
provenant de la transamination d’acides aminés ◗ le béribéri humide : il est appelé ainsi en
ramifiés) sont assurées par plusieurs complexes multi- raison de la présence d’œdèmes liés à une décom-
enzymatiques de structure voisine et dont l’une des pensation cardiaque. Cette pathologie peut évoluer
enzymes est TDP dépendante selon la réaction : en mode chronique ou aigu avec un risque vital par
collapsus ;
R-CO-COOH + CoA + NAD+ ➞ R-CO-S-CoA
◗ le béribéri sec : cette forme est caractérisée par
+ CO2 + NADH + H+
une atteinte neurologique périphérique évoluant
Ces complexes enzymatiques carboxylation : la pyruvate- vers une paralysie flasque. La lésion élémentaire
déshydrogénase [EC 1.2.4.1.], l’a-cétoglutarate- est une dégénérescence de la myéline sans signes
déshydrogénase [EC 1.2.4.2.] et les déshydrogénases d’inflammation. L’atteinte neurologique centrale est
des acides a-cétoniques dérivant de la valine, de la leu- retrouvée dans les formes sévères ;
cine et de l’isoleucine comportent une décarboxylase ◗ le béribéri cérébral : l’atteinte neurologique est
dont la coenzyme est le TDP. centrale : il s’agit de l’encéphalopathie de Gayet-
Les fonctions de la vitamine B1 dans les réactions enzy- Wernicke (EWG). Le mécanisme repose sur l’accu-
matiques lui donnent un rôle central dans le métabo- mulation de lactate par détournement métabolique
lisme énergétique et plus particulièrement celui du du cycle de Krebs (figure 3).
glucose [6].
Décrite pour la première fois en 1881 par Carl Wernicke,
l’EGW associe une triade clinique : état confusionnel,
Vitamine B1 et neurotoxicité/ troubles oculomoteurs (ophtalmoplégie et nystagmus)
neuromodulation et ataxie cérébelleuse. Cette triade, présente chez
Sous sa forme TTP, la thiamine se comporte comme 16 à 20 % des patients, s’associe à des atteintes
un modulateur des canaux chlore présents au niveau anatomopathologiques : hémorragies pétéchiales
du cerveau. Les altérations du métabolisme de l’acé- autour des troisième et quatrième ventricules et de
tylcholine, des catécholamines, de la sérotonine, l’aqueduc.

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Les vitamines du groupe B

Figure 3. Voie métabolique dépendante Tableau 1. Valeurs fréquentes


du TDP altérée au cours de l’EGW. de la thiamine et ses esters
dans les érythrocytes et le sang total.

Erythrocytes Sang total

TTP (nmol/L) 0-20

TDP (nmol/L) 120-230 88-118

TMP (nmol/L) 0-5 2-6

Thiamine libre 0-10 4-10

Thiamine totale 126-250

D’après [17].
© Katell Péoc H

optique et des troubles du rythme cardiaque. Environ


30 familles dans le monde ont été identifiées, associées
à des variants du gène du transporteur ThTR1 (gène
SLC19A2, 1q23.2-q23.3)
Le transporteur de la thiamine n’étant plus exprimé,
En l’absence de traitement, l’évolution est irréversible celle-ci entre dans les cellules uniquement par diffusion
vers un syndrome de Korsakoff qui associe désorienta- passive. Des doses importantes de thiamine (100 mg/j)
tion, amnésie antérograde et polynévrite. 80 à 90 % des ou des formes liposolubles doivent être utilisées pour
patients éthyliques présentant une EGW non traitée le traitement. L’administration de thiamine n’a aucun
vont développer un syndrome de Korsakoff ; cependant effet thérapeutique sur la surdité.
ce syndrome n’est pas toujours précédé d’une EGW Des carences sont également observées dans les leu-
cliniquement manifeste. cinoses thiamine-sensibles, les acidoses lactiques thia-
La prévalence dans la population générale est de 1,3 % mine-sensibles et l’encéphalopathie nécrosante subai-
(0,4-2,8 %). Elle est plus importante chez les patients guë de Leigh-Feigin-Wolf.
avec une dépendance à l’alcool : 9,3 %. Cependant, ces
chiffres sont basés sur des autopsies, et seulement un Populations
tiers des patients alcooliques confirmés à l’autopsie
avaient été diagnostiqués de leur vivant et seulement à risque de carence
6 % des non-alcooliques, ce qui démontre que l’EGW
est sous-diagnostiquée. Les valeurs physiologiques sont regroupées dans le
tableau 1. La carence en vitamine B1 peut résulter d’un
Chez l’enfant défaut d’apport, d’un trouble de l’absorption intestinale
(résection intestinale, éthylisme…), d’une augmentation
L’avitaminose B1 peut également toucher l’enfant : il des besoins (grossesse, activité physique intense…),
s’agit du béribéri infantile. Il touche l’enfant de deux à d’une augmentation des pertes (insuffisants rénaux,
six mois nourri au sein par une mère carencée en thia- traitement par diurétique de l’anse…)
mine ou nourri exclusivement avec du lait en poudre On observe le béribéri essentiellement en Asie du Sud-
à base de soja. Les symptômes incluent des œdèmes, Est du fait de l’appauvrissement en thiamine des ali-
une dyspnée, une oligurie, des troubles cardio- ments consommés lors de leur préparation. Dans les
vasculaires. L’évolution est très rapide et peut populations asiatiques, cette carence d’apport est asso-
conduire à la mort en 12 à 24 heures si le traitement ciée à une consommation privilégiée d’aliments riches
n’est pas instauré. en glucides et pauvres en thiamine. Le syndrome d’avi-
Il existe de rares maladies métaboliques hérédi- taminose B1 est exceptionnel dans les pays industriali-
taires liée au métabolisme de la vitamine B1 : l’anémie sés. Les manifestations cliniques surviennent dans des
mégaloblastique thiamine-dépendante (syndrome de contextes particuliers :
Rogers, OMIM 249270 ou TRMA) à transmission auto- ◗ alcoolisme chronique : la carence est à la fois
somique récessive apparaît chez l’enfant, en général quantitative par déficit d’apport, les sujets alcoo-
avant 10 ans. Elle associe une anémie macrocytaire, liques privilégiant l’apport de sucres dans leur ali-
une surdité, un diabète sucré et parfois une atrophie mentation et due à des altérations métaboliques.

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On observe une augmentation des besoins puisque Il n’existe pas d’état de surcharge en dehors de la vita-
le TDP est la coenzyme de l’alcool-déshydrogénase minothérapie. La vitamine B1 est considérée comme
(ADH), enzyme du catabolisme de l’alcool et de l’acé- non toxique.
taldéhyde, et une diminution de la phosphorylation de
la thiamine en coenzyme actif au niveau du foie [10] ;
◗ patients ayant subi une chirurgie gastrique :
Exploration biologique
des EGW ont été décrites chez des patients atteints du statut
d’obésité morbide traités par chirurgie bariatrique ou
à la suite de cancer [11,12] ; L’étude du statut thiaminique a beaucoup évolué depuis
◗ troubles de l’alimentation : une étude menée sur le développement des techniques enzymatiques puis de
une cohorte de patients anorexiques a montré une la chromatographie liquide haute performance (CLHP)
déficience en zinc, sélénium, vitamine D et thiamine permettant un dosage direct, sensible et spécifique de
[13] ; la thiamine dans les milieux biologiques.
◗ nutrition entérale non supplémentée : notam-
Le statut en thiamine peut être évalué selon deux
ment en cas d’alimentation pauvre et peu variée (prin- approches, l’une fonctionnelle, l’autre directe.
cipalement riche en riz poli ou en farine blanche),
de consommation d’aliments riches en thia- Détermination de l’activité
minase (poissons crus), ou en cas d’ali- transcétolasique
mentation exclusive avec du lait en érythrocytaire
poudre à base de soja de l’enfant ; L’administration La transcétolase érythrocytaire
◗ nutrition parentérale : une
prolongée (ETK) a pour cofacteur le TDP.
attention particulière doit être Son activité est mesurée dans les
portée aux patients sous nutri- de diurétiques érythrocytes avant et après addi-
tion parentérale, car le glucose tion de TDP. Le coefficient d’ac-
est alors la principale source augmente
tivation de l’ETK (rapport entre
d’énergie. Le besoin en thiamine l’élimination l’ETK saturée et l’ETK basale)
est proportionnel à la quantité
de glucose métabolisé ;
urinaire de thiamine permet d’évaluer le besoin en
thiamine. Cette première approche
◗ iatrogénie : la perfusion de soluté n’est cependant plus intégrée dans la
glucosé augmente le métabolisme du liste complémentaire des examens, et
glucose et donc la consommation de n’est donc plus prise en charge par l’Assu-
thiamine. L’administration prolongée de diu- rance maladie.
rétiques augmente l’élimination urinaire de thiamine
[14]. Dosage de la thiamine
◗ les pathologies infectieuses chroniques : les et des esters phosphoriques
dénutritions sévères sont fréquentes au cours du Sida ;
Le dosage de la thiamine et des esters phosphoriques
ainsi, la carence en B1 est associée à cette maladie
dans les érythrocytes ou dans le sang total, par CLHP.
et la supplémentation en thiamine est justifiée [15] ;
◗ la grossesse est associée à plusieurs facteurs
Pré-analytique
favorisant la carence : augmentation des besoins, Le prélèvement est recueilli sur héparinate de lithium
carence d’apport par vomissement, apports glucidiques avant instauration de toute vitaminothérapie. Pour une
importants pour corriger ces vomissements. Cette analyse sur les érythrocytes, le tube doit être rapide-
carence pourrait atteindre 40 % des femmes enceintes. ment centrifugé (3 500 g, 4 °C) et, après avoir éliminé le
Cependant, elle semble marginale en cas de grossesse plasma et la couche leucocytaire, le culot globulaire est
correctement suivie, avec administration de complé- analysé immédiatement ou congelé à - 20 °C. Pour une
ments vitaminés. Un suivi régulier est préconisé chez analyse sur sang total, 500 μl de sang sont directement
les femmes enceintes ayant subi précédemment une congelés à - 20 °C.
chirurgie bariatrique.
Une carence en thiamine est associée à une augmenta- Analytique
tion des avortements spontanés, des morts in utero, et La technique de dosage en CLHP est basée sur la
est associée au retard de croissance intra-utérin [16] : méthode thiochrome : formation d’un dérivé oxydé fluo-
◗ les sujets âgés : les états de carence sont fréquents rescent après oxydation de la thiamine en milieu alcalin.
du fait des apports insuffisants, de l’altération de La technique utilisée au laboratoire, que nous
l’absorption intestinale, et de la prise fréquente de avons mise au point, utilise une détection fluorimé-
diurétiques qui augmentent la clairance rénale. trique avec une dérivation postcolonne permettant

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Les vitamines du groupe B

d’obtenir une limite de détection basse voisine de Les coefficients de variation intra- et interséries obte-
1 nmol/L et une limite de linéarité haute supérieure nus pour l’analyse d’échantillons de sujet normaux sont
1 000 nmol/L [17]. respectivement de 2,6 et 6,5 % pour la thiamine, de 3,5
Nous avons choisi une séparation très simple avec un et 3,8 % pour le TDP et de 8,8 et 11,5 % pour le TTP.
gradient isocratique permettant de séparer la thiamine Pour le sang total : l’échantillon décongelé est traité
et ses dérivés en moins de quinze minutes. La robus- par de l’acide chlorhydrique et de l’acide perchlorique.
tesse de cette technique s’explique par les multiples Après centrifugation, le surnageant est oxydé de la
étapes de purification associée à un système chromato- même manière que pour le dosage à partir des éry-
graphique complet (colonne et précolonne). L’avantage throcytes et la détection fluorimétrique par CLHP est
de la dérivation postcolonne est de préserver la durée également réalisée dans les mêmes conditions.
de la vie de la colonne contrairement aux techniques Ces techniques permettent d’évaluer de manière sen-
de dérivation précolonne nécessitant des pH alcalins sible et spécifique le statut thiaminique mais également
(pH > 8) pour l’obtention du maximum de fluorescence. d’objectiver une anomalie de phosphorylation de la
Ces méthodes nécessitent un savoir-faire technique thiamine.
important. Les échantillons traités sont stables plusieurs semaines
Les culots érythrocytaires hémolysés par congélation à - 20 °C et plusieurs mois à - 80 °C.
sont déprotéinisés par addition d’acide trichloracétique. Entre autres, deux sociétés (Chromsystems et Recipe)
Après centrifugation, le surnageant est purifié par du ont commercialisé des trousses pour le dosage de la
diéthyléther puis par de l’hexane. La séparation de la thiamine sur sang total. La technique utilisée est une
thiamine non phosphorylée et de ses esters phospho- CLHP en mode isocratique avec une détection fluo-
riques se fait par CLHP selon un mode isocratique. Les rimétrique. La dérivation nécessaire à la fluorescence
concentrations étant très faibles, on utilise une détec- est incluse dans les réactifs de préparation des échan-
tion fluorimétrique. Par oxydation postcolonne à l’aide tillons. Ces trousses fournissent les réactifs, la colonne
d’une solution aqueuse de ferricyanure de potassium de chromatographie, les standards et les contrôles
dans la soude 3 m, on obtient des formes thiochromes internes, mais seul le TDP est détecté. Ces trousses
très fluorescentes (␭ excitation : 365 nm et ␭ émission : sont combinables avec le dosage d’autres vitamines du
435 nm) (figure 4). groupe B, la B2 et la B6.

Figure 4. Chromatogramme d'un échantillon de patient supplémenté en thiamine.

Detector A Ex: 365nm, Em:435nm


Peak# Ret. Time Area Height Conc. Unit Mark Name
Beaujon

1 2.849 2096275 158484 28.575 nmol/L TTP


2 3.424 30825223 2440296 420.189 nmol/L V TDP
© Hôpital

3 13.850 24101779 1056393 238.540 nmol/L M T


Total 57023277 2655173

TTP : ester triphosphorique de la thiamine ; TDP : ester disphorique de la thiamine ; T : thiamine libre ; X : inconnu

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Tableau 2. Teneur en vitamine B1 De nouvelles techniques plus simples se développent en


CLHP couplée à la spectrométrie de masse (CLHP-MS).
de certains aliments en mg/100 g. Elles permettent de doser simultanément la vitamine B1
Aliments
Teneur en thiamine (TDP) et la vitamine B6 en ne se focalisant que sur les
(mg/100 g) métabolites actifs. Leur avantage principal est d’être plus
Levure 10 spécifiques grâce au détecteur de masse permettant
Germe de blé 2 d’obtenir sur les spectromètres les plus récents des
concentrations de l’ordre du nanomolaire sans utilisa-
Graines de tournesol 1,9
tion d’agent dérivant [18].
Jambon cuit 0,90
Levure de boulanger 0,76 Contrôle de qualité
Porc, côtelette grillée 0,59
Il est possible de commander indépendamment les
Muesli 0,55 trousses de dosage et les contrôles de qualité commer-
Foie de veau cuit 0,21 cialisés par les sociétés Chromsystems et Recipe qui
Riz complet cuit 0,10 préparent des échantillons lyophilisés obtenus à partir
Bœuf grillé 0,09
de sang total humain, garantis à deux concentrations dif-
férentes et qui permettent d’effectuer le dosage du TDP
Pain 0,09 en CLHP.
Pomme de terre 0,09 Pour les contrôles de qualité interlaboratoire, la
Œuf dur 0,07 Société française vitamines et biofacteurs (SFVB) a ini-
Noix 0,40 tié les premiers EEQ pour les vitamines, dans un pre-
mier temps pour les vitamines dosées dans le plasma.
Pâtes cuites 0,02
À l’heure actuelle, la SFVB, en association avec Asqualab,
Haricots verts cuits 0,06 membre de la Fédération des associations organisa-
Lait demi-écrémé 0,05 trices d’évaluation externe de la qualité (FAEEQ), pro-
D’après [19]. pose un programme avec des contrôles sur sang total
pour les vitamines B1, B2, B6 et B9.
Tableau 3. Apports nutritionnels conseillés
(ANC) et besoins nutritionnels moyen (BNM) Stratégie diagnostique
en thiamine dans les différentes catégories
de la population. En cas de suspicion de carence en vitamine B1, le dia-
gnostic positif est généralement établi par le dosage san-
Vitamine B1 (mg) guin de la thiamine et de ses esters phosphoriques intra-
Catégories de population érythrocytaires, plus spécifique et sensible. Si la vitamino-
ANC BNM
thérapie doit être instaurée rapidement, les prélèvements
Enfants de 1 à 3 ans 0,4 0.3 doivent être réalisés avant l’instauration de ce traitement.
Enfants de 4 à 6 ans 0,6 0.5 Le diagnostic étiologique de la carence en vitamine B1
Enfants de 7 à 9 ans 0,8 0.6 est précisé par l’étude de la présence de l’un ou de plu-
Enfants de 10 à 12 ans 1,0 0.8 sieurs des facteurs de risque de carence en vitamine B1.
Adolescents de 13 à 15 ans 1,3 1.0
Adolescentes de 13 à 15 ans 1,1 0.8 Sources alimentaires
Adolescents de 16 à 19 ans 1,3 1.0 et apports conseillés
Adolescentes de 16 à 19 ans 1,1 0.8
Hommes adultes 20 à 64 ans 1,3 1.0 La thiamine est présente dans de nombreux produits
Femmes adultes 20 à 54 ans 1,1 0.8 animaux et végétaux (tableau 2) [19]. Cependant, seuls
quelques aliments comme les céréales ont une teneur éle-
Hommes 65 à 75 ans 1.3 1.0
vée en cette vitamine. La thiamine est instable à pH supérieur
Femmes 55 à 75 ans 1.1 0.8 à 6 et est rapidement dégradée par la chaleur : la cuisson
Personnes âgées valides > 75 ans 1,2 0.9 peut ainsi réduire la teneur des aliments en thiamine.
Femmes enceintes 1,8 1.4 Les besoins journaliers de thiamine sont de 1,1 à
Femmes allaitantes 1,8 1.4
1,2 mg/j (tableau 3) [20] ; ils augmentent chez la
femme enceinte ou qui allaite. Les apports conseillés
BNM = 0.77*ANC vont de 0,2 mg/j chez les nourrissons à 1,8 mg/j chez
Avis de l’Anses. D’après [20].
les femmes qui allaitent.

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Dossier scientifique
Les vitamines du groupe B

Présentation et indications Le traitement initial per os est insuffisant car la thia-


mine est absorbée selon un processus actif saturable
thérapeutiques (maximum : 4,5 mg/dose). En revanche, le transport de
la thiamine à travers la barrière hémato-encéphalique
La thiamine est incorporée dans les produits pharma- étant passif et actif, la diffusion passive est facilitée par
ceutiques sous forme de deux sels : le chlorhydrate de un gradient de concentration important réalisé en cas
thiamine et le mono-nitrate de thiamine. Ils sont absor- d’administration de fortes doses en IV.
bés dans la lumière intestinale par un mécanisme de
transport actif. Des composés plus lipophiles ont été Traitement préventif
synthétisés pour diffuser plus efficacement en court-
La prévention repose principalement sur une alimenta-
circuitant le système des transporteurs spécifiques.
tion équilibrée. Cependant, pour des groupes à risque,
À l’heure actuelle, un dérivé lipophyle disulfure, le
les recommandations actuelles proposent une subs-
fursultiamine ou thiamine-tétrahydrofurfutyl-disulfure,
titution d’au moins 100-200 mg 3/j en débutant par
est utilisé pour le traitement de la neuropathie dia-
voie IV durant 3-5 jours, puis per os 100 mg 3/j durant
bétique, l’encéphalopathie nécrosante subaiguë, le
1-2  semaines, puis 100 mg/j per os au long cours.
syndrome de Down et l’autisme. Un autre dérivé, le
benfotiamine, ou S-benzoylthiamine-O-monophosphate,
a une grande biodisponibilité et freine la neuropathie Autres indications
diabétique et la rétinopathie. La principale indication de la thiamine est la prévention
et le traitement curatif de la carence en cette vitamine.
Un traitement de supplémentation est proposé en cas
Traitement curatif d’épilepsie, de Sida, d’insuffisance cardiaque, chez les
femmes enceintes souffrant d’hyperemesis et dans le
Pour les groupes de population avec des apports vita- traitement de la fibromyalgie.
miniques insuffisants et des marqueurs biologiques tra-
duisant des déficiences plus ou moins importantes, une
supplémentation est proposée. Conclusion
◗ Le traitement de la polynévrite carentielle repose
sur l’administration par voie intramusculaire de 100 à La thiamine est l’exemple paradigmatique de la
500 mg de chlorhydrate de thiamine par jour, relayé vitamine. Les carences en cette vitamine ne sont pas
par voie orale. Le traitement est prolongé jusqu’à dis- rares et doivent rester à l’esprit des cliniciens et des
parition des symptômes. biologistes. QQ
◗ Après une chirurgie bariatrique, une dose de 50 à
100 mg doit être administrée quotidiennement par
Liens d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
voie parentérale durant une à deux semaines, puis un
d'intérêts.
relais oral à la dose de 100 mg/j, poursuivi par 3 mg
ou par 1 à 1,5 mg/j doit être instauré. En cas de vomis-
sements, une dose de 100 à 250 mg/j est administrée
par voie intramusculaire [21].
◗ En cas d’anomalies génétiques, les doses sont com-
prises entre 50 et 500 mg/j en fonction de la réponse Points à retenir
clinique.
◗ L’EGW est une pathologie réversible si elle est traitée ◗tLa thiamine est un cofacteur enzymatique indis-
de façon appropriée : l’administration de thiamine doit pensable au métabolisme énergétique.
être précoce et débutée dans les 48-72 heures après ◗tL’état de déficience précède la carence et
le début des symptômes [22]. ne peut être mis en évidence que sur le plan
Les recommandations actuelles préconisent d’adminis- biologique.
trer entre 200 et 500 mg de thiamine par voie intra- ◗tL’alcoolisme chronique reste une des causes
veineuse 3/j (demi-vie courte de 96 min) pendant majeures de la déficience ou de carence en
5-7 jours puis 100 mg 3/j per os pendant 1-2 semaines, thiamine.
puis 100 mg per os 1/j.
◗tLa prévention de la carence repose principale-
Les recommandations du Royal College of Physicians sont :
ment sur une alimentation équilibrée et variée.
hospitalisation et administration de thiamine 300 mg IV
ou IM 3/j pendant trois jours ; à continuer pendant ◗tUn traitement de supplémentation per os est for-
3-5 jours si l’évolution des signes clinique est favorable tement conseillé après une chirurgie bariatrique.
[23].

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Dossier scientifique

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