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#14 septembre :
«Derrière la règle floue
de la tenue normale, se
cachent les
discriminations»
Par Anastasia Vécrin(https://www.liberation.fr/auteur/11435-anastasia-
vecrin) — 19 septembre 2020 à 09:09
Une jeune femme devant un lycée de Boulogne-sur-mer, le 17 septembre 2020. Photo
Emma Burlet pour Libération
Jupe trop courte ou robe trop décolletée pour les
filles, jogging, casquette, capuche pour les garçons :
dans les écoles, les restrictions vestimentaires ciblent
ceux qui ne sont pas dans la norme scolaire, observe
la jeune chercheure Camille Lavoipierre.
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Couvrez ce nombril que le bahut ne saurait
voir(https://www.liberation.fr/france/2020/09/17/couvrez-ce-nombril-que-le-bahut-ne-
saurait-voir_1799805)
J’ai pu constater lors de mes entretiens que la plupart des élèves avaient
intégré la norme scolaire. Ils ne s’habillent pas forcément de la même
manière dans le contexte de l’école et en dehors. Pour les élèves filles
notamment qui sont plus particulièrement concernées par cette règle
implicite, il s’agit d’exercer une «féminité de circonstance» (selon le concept
de la sociologue britannique Beverley Skeggs), elles invoquent la
respectabilité. Certaines préfèrent ne pas porter de jupes ou des décolletés
car elles ne se sentent pas à l’aise. Et cela sans même qu’on leur en fasse la
remarque. Elles appréhendent le jugement des personnels de
l’établissement comme celui de leurs pairs qui prend le relais par rapport
aux normes sociétales. J’ai pu constater aussi beaucoup d’appréhension vis-
à-vis de la grossophobie, l’impression qu’il y avait des regards sur leur
poitrine. Au-delà des discours et remarques, les regards participent au
contrôle social et à la violence.
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A Boulogne-sur-Mer, le crop-top «est une tenue
normale»(https://www.liberation.fr/france/2020/09/17/a-boulogne-sur-mer-le-crop-top-
est-une-tenue-normale_1799801)
La présence massive des collégiens et des lycéens sur les réseaux sociaux et
la viralité des mobilisations contre le sexisme font beaucoup. Mais surtout
les idées féministes se sont démocratisées, les jeunes filles comme les
garçons se sont politisés sur ces questions. Faire porter la responsabilité des
violences sexistes et sexuelles aux filles via leurs vêtements n’est plus
possible en 2020.