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1. Introduction
Le dimensionnement des fondations d'ouvrages d'art, par la méthode des
Eurocodes, nécessite au préalable la détermination de valeurs caractéristiques. En
géotechnique, ces valeurs concernent les propriétés des matériaux sur ou au sein
desquels, seront positionnés les appuis de l’ouvrage.
À travers l'étude d'un cas pratique, nous avons comparé trois procédures pour
déterminer la valeur caractéristique du paramètre géotechnique pl*, usuellement
employé en France pour le calcul des fondations. Il s’agit de la pression limite nette
du sol, mesurée en place au moyen de l'essai pressiométrique (NF P 94-110-1).
Le nombre d'essais in-situ réalisés (cent-dix essais pressiométriques) était
suffisamment élevé pour pouvoir appliquer des méthodes statistiques classiques.
2. Présentation du site
Le village de Sinsat se situe dans les Pyrénées, sur l'axe routier national reliant
Toulouse à la principauté d’Andorre. Cette commune se trouve dans la vallée de la
rivière Ariège, en rive gauche. L’étude de cas concerne l’ouvrage d’art PI2, destiné
au rétablissement d’une voie ferrée.
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La vallée est bordée côté nord par les falaises de Quié, constituées de calcaires
urgo-aptiens (figure 1). Au sud, le relief est aussi marqué par des terrains
sédimentaires, du Dévonien inférieur et moyen ; ces formations sont essentiellement
schisteuses.
L’ouvrage étudié est positionné en limite de zones cartographiées « alluvions Fz » et
« éboulis E ». Si l'on s'en tient au découpage des formations cartographiées, les
sondages sont positionnés sur les alluvions récentes.
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pas non plus révélé la présence de gros blocs. La zone d’investigation s’inscrit dans
un carré de soixante-cinq mètres de côté (figure 2).
On constate que les différents niveaux se sont déposés de façon quasi horizontale.
Au-dessus de la nappe se trouvent des graves sableuses propres, localement des
limons de surface. Sous la nappe, on rencontre des graves argilo-sableuses. Cette
répartition se retrouve globalement dans tous les forages (figure 3).
500
498
496
494
SP 10
492 SP 11
Z NGF (m)
SP 12
490
SP 13
488 SP 54
SP 55
486
SP 56
484 SP 57
482
480
0,00 0,50 1,00 1,50 2,00 2,50 3,00 3,50 4,00 4,50 5,00
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2005), dite limite de remaniement (figure 4). Ces valeurs n’ont pas été prises en
compte dans les calculs.
100,0
SP 10
SP 11
SP 12
SP 13
Em/pl*
10,0 SP 54
SP 55
SP 56
SP 57
limite haute
limite basse
1,0
0,01 0,10 1,00 10,00
Pression limite nette (MPa)
Pour une profondeur z donnée, la valeur caractéristique est la valeur moyenne des
pressions avec un niveau de confiance de 95 %. Pour des sols homogènes, avec
une distribution log-normale des variables et une tendance linéaire, la valeur
caractéristique de pl* à la profondeur z est de la forme (équation 1) :
p l*;k p l* b ( z z ) t 0n.2
05 S
(1)
avec : pl* est la moyenne arithmétique des pressions limites nettes, z est la moyenne
arithmétique des profondeurs, t0n.052 est le fractile à 0.05 de la loi de Student avec n-2
degrés de liberté. Le coefficient b est le rapport de la covariance empirique des
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couples (zi, pl*i) sur la variance empirique des zi ; S est l’écart-type. Ces deux
paramètres sont définis dans les équations (2) et (3).
(p *
li pl* )( zi z )
b i 1
n
(2)
(z
i 1
i z)2
1 1 ( z z )2 n
S ( n )(( pl*i pl* ) b( zi z))2
n2 n
(zi z)2 i 1
i 1
(3)
Dans l’hypothèse où une valeur basse de la pression limite nette est défavorable (EN
1997-1) par rapport à une rupture locale, la valeur caractéristique à retenir est un
fractile à 5 %.
Le but est d’afficher une valeur caractéristique de la pression limite nette, qui peut
être mise en défaut vis-à-vis d’un état limite avec une probabilité de 5%, dans les
respect des principes énoncés dans EN 1990 et EN 1997-1 vis à vis de l’occurrence
d’un état limite. Dans le cadre d’une régression linéaire, on cherche, en premier lieu,
à obtenir deux droites, dites droite moyenne inférieure Dmi et droite basse Db. La
première distribue une estimation par défaut des moyennes des pressions mesurées
avec un risque statistique de 25 % de mise en défaut, la seconde les distribue avec
un risque de 5 %. La droite caractéristique Dk se déduit des deux droites
précédentes en introduisant un coefficient de réduction d’écart-type kv, dépendant du
nombre supposé de valeurs mesurées indépendantes (nloc). Ce nombre est lié aux
distances d’auto-corrélation du sol vis-à-vis de la pression limite, et de l’étendue du
volume d’investigation concerné. Après simplification, l’équation de la droite
caractéristique, donnant la moyenne spatiale des pressions limites nettes du site
étudié, a pour expression [équation (4)] :
k ka
p l*;k (1 t (k a b )) ( z ) (4)
kv
avec les coefficients β, α, ka, kb, kv définis dans les équations (5), (6), (7), (8),
(9) et (10) :
i wi (i wi pl*i z i ) (i wi pl*i )(i wi z i )
(5)
wi ( wi z i2 ) ( wi z i ) 2
i i i
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w p i
*
li wi z i
i i
(6)
w i
i
w (p i
*
li zi ) 2
t2 i
(7)
n2
t 0n.251
ka
n (8)
t 0n.051
kb
n (9)
n 1
k v nloc
(10)
Les écarts quadratiques des n mesures sont pondérés par des poids wi.
t xn1 est le fractile à x de la loi de Student avec n-1 degrés de liberté, t2 est
l’estimateur de la variance résiduelle. Graphiquement, la droite caractéristique Dk est
positionnée entre les droites Dmi et Db (figure 5).
4. Résultats
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fractile 5 % donne les valeurs les plus faibles. Compte-tenue de l’expérience acquise
à ce jour (procédure 3), la procédure 1 peut être considérée comme très sécuritaire.
Procédure 1 : Procédure 2 :
Procédure 3 :
Cote NGF Valeur moyenne
Classe de sol valeur moyenne avec une probabilité
(m) ancienne approche
avec 95 % de de mise en défaut
confiance de 5 %
5. Conclusion
Les règles nouvelles issues des Eurocodes imposent de définir pour chaque
paramètre géotechnique une valeur caractéristique. Celle-ci prend en compte la
probabilité de défaut du paramètre considéré. La procédure 2 (Baguelin-Kovarik), qui
respecte les principes énoncés dans les Eurocodes EN 1990 et EN 1997-1 vis-à-vis
de l’occurrence d’un état limite, donne des résultats comparables aux pratiques
antérieures à la parution des textes européens (procédure 3) ; ces pratiques
anciennes restent fiables, en regard du faible taux de mise en défaut des fondations
élaborées à ce jour. L’application stricte de l’annexe D de l’Eurocode EN 1990
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semble moins appropriée pour déterminer les valeurs caractéristiques des propriétés
des matériaux comme les sols et les roches. Il en résulterait un surdimensionnement
des fondations des ouvrages d’art.
500
498
496
Droite Dk (procédure 2)
492
droite moyenne inférieure Dmi (procédure 2)
droite basse Db (procédure 2)
pl*k traditionnel (procédure 3)
490
488
486
484
0,00 0,50 1,00 1,50 2,00 2,50 3,00 3,50
Pressions (MPa)
Références bibliographiques
Baguelin F., Kovarik J.B. (2000). Une méthode de détermination des valeurs caractéristiques des
paramètres géotechniques, Revue Française de Géotechnique, N° 93, 35‐43.
Baud J.P. (2005). Analyse des résultats pressiométriques Ménard dans un diagramme spectrale
[log(pLM), log(EM/pLM)]®et utilisation des regroupements statistiques dans la modélisation d’un
site, 50 ans de pressiomètres Vol.1., Gambin, Magnan, Mestat (ed), Presses de l’ENPC/LCPC, 167‐
174.
Franck et al (2004). Designers’ Guide to EN 1997‐1, Designers’ Guides to the Eurocodes, Series editor
Haig Gulvanessian, Thomas Telford Ltd, 24‐51.
NF EN 1990, Base de calcul des structures, AFNOR, Mars 2003.
NF EN 1997‐1, Eurocode 7 : Calcul géotechnique, AFNOR, Juin 2005.
NF P 94‐110‐1, Sols : reconnaissance et essais ‐ Essai pressiométrique Ménard ‐ Partie 1 : essai sans
cycle, AFNOR, Janvier 2000.
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