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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur JNGG2012–Bordeaux 4-6 juillet 2012 

DÉTERMINATION DE VALEURS CARACTÉRISTIQUES POUR LE


CALCUL DES FONDATIONS DES OUVRAGES D’ART DE LA
DÉVIATION DE LA RN 20 À SINSAT (ARIÈGE, FRANCE)

DETERMINATION OF CHARACTERISTIC VALUES FOR FONDATIONS DESIGN


(SINSAT BYPASS, ARIÈGE, FRANCE)

Philippe LAHEURTE1, Didier VIRELY1

1 Centre d’Études Techniques de l’Équipement du Sud-Ouest, Délégation de


Toulouse, France

RÉSUMÉ — La mise en place des nouveaux référentiels européens, Eurocodes


structuraux, impose une réflexion sur les conditions de choix des valeurs
caractérisant les paramètres utilisés dans le dimensionnement des fondations. Le
présent article décrit deux méthodes possibles et leur impact sur le
dimensionnement, en comparaison d’une ancienne pratique.

ABSTRACT — The introduction of new European frameworks with structural


Eurocodes calls for review of the choice of characteristic values for the parameters
used in foundation design. This article describes two possible methods and their
impact on design, compared to past French practices.

1. Introduction
Le dimensionnement des fondations d'ouvrages d'art, par la méthode des
Eurocodes, nécessite au préalable la détermination de valeurs caractéristiques. En
géotechnique, ces valeurs concernent les propriétés des matériaux sur ou au sein
desquels, seront positionnés les appuis de l’ouvrage.
À travers l'étude d'un cas pratique, nous avons comparé trois procédures pour
déterminer la valeur caractéristique du paramètre géotechnique pl*, usuellement
employé en France pour le calcul des fondations. Il s’agit de la pression limite nette
du sol, mesurée en place au moyen de l'essai pressiométrique (NF P 94-110-1).
Le nombre d'essais in-situ réalisés (cent-dix essais pressiométriques) était
suffisamment élevé pour pouvoir appliquer des méthodes statistiques classiques.

2. Présentation du site
Le village de Sinsat se situe dans les Pyrénées, sur l'axe routier national reliant
Toulouse à la principauté d’Andorre. Cette commune se trouve dans la vallée de la
rivière Ariège, en rive gauche. L’étude de cas concerne l’ouvrage d’art PI2, destiné
au rétablissement d’une voie ferrée.

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2.1. Présentation géologique du site

La vallée est bordée côté nord par les falaises de Quié, constituées de calcaires
urgo-aptiens (figure 1). Au sud, le relief est aussi marqué par des terrains
sédimentaires, du Dévonien inférieur et moyen ; ces formations sont essentiellement
schisteuses.
L’ouvrage étudié est positionné en limite de zones cartographiées « alluvions Fz » et
« éboulis E ». Si l'on s'en tient au découpage des formations cartographiées, les
sondages sont positionnés sur les alluvions récentes.

Figure 1 . Extrait de la Carte géologique de la France au 1/50 000 ème, feuille de


Vicdessos (n°1087)

2.2. Les données des sondages

Les données de départ sont issues de huit sondages destructifs de 15 mètres de


profondeur, chacun ayant fait l’objet de quatorze essais pressiométriques. Les
sondages révèlent que le substratum rocheux n'a pas été rencontré lors de ces
forages et que la nappe se situe vers trois mètres de profondeur. Les sondages n’ont

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pas non plus révélé la présence de gros blocs. La zone d’investigation s’inscrit dans
un carré de soixante-cinq mètres de côté (figure 2).

Figure 2 . Vue générale du projet à l’échelle ≈ 1/1000ème

On constate que les différents niveaux se sont déposés de façon quasi horizontale.
Au-dessus de la nappe se trouvent des graves sableuses propres, localement des
limons de surface. Sous la nappe, on rencontre des graves argilo-sableuses. Cette
répartition se retrouve globalement dans tous les forages (figure 3).

500

498

496

494
SP 10
492 SP 11
Z NGF (m)

SP 12
490
SP 13
488 SP 54
SP 55
486
SP 56
484 SP 57

482

480
0,00 0,50 1,00 1,50 2,00 2,50 3,00 3,50 4,00 4,50 5,00

Pression limite nette (MPa)

Figure 3 . Variation de pl* en fonction de la profondeur

La figure 4 montre les données obtenues dans un diagramme bi-logarithmique. Les


points sont globalement répartis dans le domaine consolidé. Dix mesures se situent
en dessous de la limite basse du diagramme pressiométrique spectrale (Baud,

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2005), dite limite de remaniement (figure 4). Ces valeurs n’ont pas été prises en
compte dans les calculs.

100,0

SP 10
SP 11
SP 12
SP 13
Em/pl*

10,0 SP 54
SP 55
SP 56
SP 57
limite haute
limite basse

1,0
0,01 0,10 1,00 10,00
Pression limite nette (MPa)

Figure 4 . Diagramme pressiométrique spectrale [log (pl*), log (Em/pl*)] ®

3. Procédures d‘analyse utilisées


L'objectif est de déterminer un modèle de résistance applicable à une zone de terrain
à partir des couples profondeur – pression limite nette (z, pl*) mesurés in-situ. Les
propriétés mécaniques des sols ont été prises comme variant avec la profondeur :
pressions limites nettes et modules pressiométriques liés à la cote NGF, ainsi que les
écarts-types empiriques corrigés.

3.1. Procédure basée sur la norme EN 1990 – annexe D

3.1.1. Estimation dite prudente de la valeur moyenne (procédure 1)

Pour une profondeur z donnée, la valeur caractéristique est la valeur moyenne des
pressions avec un niveau de confiance de 95 %. Pour des sols homogènes, avec
une distribution log-normale des variables et une tendance linéaire, la valeur
caractéristique de pl* à la profondeur z est de la forme (équation 1) :

p l*;k  p l*  b  ( z  z )  t 0n.2
05  S  
       (1)

avec : pl* est la moyenne arithmétique des pressions limites nettes, z est la moyenne
arithmétique des profondeurs, t0n.052 est le fractile à 0.05 de la loi de Student avec n-2
degrés de liberté. Le coefficient b est le rapport de la covariance empirique des

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couples (zi, pl*i) sur la variance empirique des zi ; S est l’écart-type. Ces deux
paramètres sont définis dans les équations (2) et (3).

(p *
li  pl* )( zi  z )
b i 1
n
(2)
 (z
i 1
i  z)2

1 1 ( z  z )2 n
S (  n )(( pl*i  pl* )  b( zi  z))2
n2 n
(zi  z)2 i 1
i 1
(3)

3.1.2. Hypothèse d’une rupture locale

Dans l’hypothèse où une valeur basse de la pression limite nette est défavorable (EN
1997-1) par rapport à une rupture locale, la valeur caractéristique à retenir est un
fractile à 5 %.

3.2. Méthode dite Baguelin-Kovarik (procédure 2)

Le but est d’afficher une valeur caractéristique de la pression limite nette, qui peut
être mise en défaut vis-à-vis d’un état limite avec une probabilité de 5%, dans les
respect des principes énoncés dans EN 1990 et EN 1997-1 vis à vis de l’occurrence
d’un état limite. Dans le cadre d’une régression linéaire, on cherche, en premier lieu,
à obtenir deux droites, dites droite moyenne inférieure Dmi et droite basse Db. La
première distribue une estimation par défaut des moyennes des pressions mesurées
avec un risque statistique de 25 % de mise en défaut, la seconde les distribue avec
un risque de 5 %. La droite caractéristique Dk se déduit des deux droites
précédentes en introduisant un coefficient de réduction d’écart-type kv, dépendant du
nombre supposé de valeurs mesurées indépendantes (nloc). Ce nombre est lié aux
distances d’auto-corrélation du sol vis-à-vis de la pression limite, et de l’étendue du
volume d’investigation concerné. Après simplification, l’équation de la droite
caractéristique, donnant la moyenne spatiale des pressions limites nettes du site
étudié, a pour expression [équation (4)] :
k  ka
p l*;k  (1  t (k a  b ))  (    z ) (4)
kv

avec les coefficients β, α, ka, kb, kv définis dans les équations (5), (6), (7), (8),
(9) et (10) :
i wi (i wi pl*i z i )  (i wi pl*i )(i wi z i )
 (5)
 wi ( wi z i2 )  ( wi z i ) 2
i i i

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w p i
*
li    wi z i
 i i
(6)
w i
i

w (p i
*
li      zi ) 2
t2  i
(7)
n2

t 0n.251
ka 
n (8)

t 0n.051
kb 
n (9)
n 1

k v  nloc
(10)

Les écarts quadratiques des n mesures sont pondérés par des poids wi.
t xn1 est le fractile à x de la loi de Student avec n-1 degrés de liberté, t2 est
l’estimateur de la variance résiduelle. Graphiquement, la droite caractéristique Dk est
positionnée entre les droites Dmi et Db (figure 5).

3.3. Approche traditionnelle (procédure 3)

L’approche traditionnelle pratiquée avant la parution des Eurocodes, se distingue des


deux autres par un traitement statistique plus simple. Usuellement, une unique
variable scalaire représentative est attribuée par couche de terrain rencontrée. Celle-
ci est obtenue à partir de la moyenne des mesures, à laquelle on retire 1 ou ½ écart-
type. Nous avons choisi ici de linéariser les données afin de rester dans un domaine
de comparaison. On élabore un modèle linéaire selon la méthode des moindres
carrés, en rendant minimale la somme des carrés des écarts des points à la droite.
Les notations sont identiques à celles du chapitre 3.3.1. (équation 11) :
pl*;k  pl*  b  ( z  z ) (11)

4. Résultats

En considérant trois couches de sols en place, chacune faisant l’objet de régression


linéaire, on peut visualiser les écarts selon la procédure de traitement employée :
ceux-ci sont minimes entre l’approche traditionnelle et la méthode Baguelin-Kovarik,
alors qu’ils sont conséquents entre la procédure 1 dérivée de EN 1990 et les deux
autres. Le tableau (1) rassemble les résultats obtenus. La figure 5 présente
graphiquement les mêmes résultats. On constate que la courbe représentant le

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fractile 5 % donne les valeurs les plus faibles. Compte-tenue de l’expérience acquise
à ce jour (procédure 3), la procédure 1 peut être considérée comme très sécuritaire.

Tableau 1 . Valeurs caractéristiques de la pression limite nette, en méga-Pascal

Procédure 1 : Procédure 2 :
Procédure 3 :
Cote NGF Valeur moyenne
Classe de sol valeur moyenne avec une probabilité
(m) ancienne approche
avec 95 % de de mise en défaut
confiance de 5 %

498 1,31 1,84 1,91


Sables et 1,04 1,50 1,59
graves, lâches
497
496 0,68 1,16 1,27
496 0,96 1,15 1,16
495 0,92 1,09 1,10
Sables et
graves, 494 0,91 1,04 1,04
moyennement 493 0,87 0,98 0,99
denses 492 0,81 0,92 0,93
491 0,75 0,86 0,87
Sables et 491 0,81 0,80 0,93
graves, 490 1,02 1,15 1,26
moyennement
489 1,28 1,50 1,58
denses
488 1,55 1,81 1,87
Sables et 487 1,87 2,15 2,20
graves, denses 486 2,22 2,50 2,53
485 2,61 2,84 2,85

Pour la procédure 2, nous avons considéré une distance d’auto-corrélation


horizontale LH de 10 mètres dans ces sols sédimentaires et pris en compte 69
valeurs indépendantes (sur 100 mesures retenues). Les poids wi appliqués vont du
simple au triple, en fonction de la répartition des données par rapport à la droite des
moindres carrés. Sur la figure 5, on remarque que la droite caractéristique Dk est
très proche de la droite moyenne inférieure Dmi, car le volume d’investigation est
important par rapport à LH. Les courbes correspondant à la moyenne avec 95 % de
confiance, ainsi que le fractile à 5%, ont des allures hyperboliques en raison du
facteur de Student.

5. Conclusion
Les règles nouvelles issues des Eurocodes imposent de définir pour chaque
paramètre géotechnique une valeur caractéristique. Celle-ci prend en compte la
probabilité de défaut du paramètre considéré. La procédure 2 (Baguelin-Kovarik), qui
respecte les principes énoncés dans les Eurocodes EN 1990 et EN 1997-1 vis-à-vis
de l’occurrence d’un état limite, donne des résultats comparables aux pratiques
antérieures à la parution des textes européens (procédure 3) ; ces pratiques
anciennes restent fiables, en regard du faible taux de mise en défaut des fondations
élaborées à ce jour. L’application stricte de l’annexe D de l’Eurocode EN 1990

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semble moins appropriée pour déterminer les valeurs caractéristiques des propriétés
des matériaux comme les sols et les roches. Il en résulterait un surdimensionnement
des fondations des ouvrages d’art.
500

498

496

494 pl* sondages


pl*k : moyenne 95% (procédure 1)
pl*k : fractile 5% (procédure 1)
Cotes NGF (m)

Droite Dk (procédure 2)
492
droite moyenne inférieure Dmi (procédure 2)
droite basse Db (procédure 2)
pl*k traditionnel (procédure 3)
490

488

486

484
0,00 0,50 1,00 1,50 2,00 2,50 3,00 3,50
Pressions (MPa)

Figure 5 . Valeurs caractéristiques obtenues

Références bibliographiques
Baguelin  F.,  Kovarik  J.B.  (2000).  Une  méthode  de  détermination  des  valeurs  caractéristiques  des 
paramètres géotechniques, Revue Française de Géotechnique, N° 93, 35‐43. 

Baud  J.P.  (2005).  Analyse  des  résultats  pressiométriques  Ménard  dans  un  diagramme  spectrale 
[log(pLM),  log(EM/pLM)]®et  utilisation  des  regroupements  statistiques  dans  la  modélisation  d’un 
site, 50 ans de pressiomètres Vol.1., Gambin, Magnan, Mestat (ed), Presses de l’ENPC/LCPC, 167‐
174. 

Franck et al (2004). Designers’ Guide to EN 1997‐1, Designers’ Guides to the Eurocodes, Series editor 
Haig Gulvanessian, Thomas Telford Ltd, 24‐51. 

NF EN 1990, Base de calcul des structures, AFNOR, Mars 2003. 

NF EN 1997‐1, Eurocode 7 : Calcul géotechnique, AFNOR, Juin 2005. 

NF P 94‐110‐1, Sols : reconnaissance et essais ‐ Essai pressiométrique Ménard ‐ Partie 1 : essai sans 
cycle, AFNOR, Janvier 2000. 

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