A l’adolescence, le corps brutalement, commence à faire du « bruit », bruit de la croissance, bruit des plaintes somatiques, bruit de la métamorphose pubertaire.
I.1. Comment l’adolescent envisage son corps à l’adolescence ? Quelle est la
problématique du corps à l’adolescence ? Il se peut qu’à l’adolescence apparaisse un décalage entre la maturité corporelle (physique) et la maturité psychique (que va-t-on intégrer de ces transformations ?). L’image du corps évolue moins vite que le schéma corporel (le psychisme évolue moins vite que le corps). L’adolescent doit trouver de nouveaux modes de fonctionnement pour gérer la poussée pulsionnelle de la puberté et ainsi consolider son narcissisme en vue de construire son identité (adulte et sexuée). Selon (WINNICOTT) « Etre soi dans son corps » pour l´adolescent c´est se réapproprier son schéma corporel. Le deuil de l’enfance se manifeste par l’acceptation d’un nouveau corps, le changement de la relation parentale et le refoulement des pulsions. « L’adolescent peut se sentir étranger à lui-même » et ne pas s’accepter (souffrance, angoisse, dépression…). I.2. Quelle est la problématique du corps à l’adolescence ? La question de l’adolescence est une crise d’identité, une crise d’identification car on ne sait plus qui on aime et par qui on est aimé. René KAES parle «d’espace transitionnel », où l’on va passer d’une identité A à une identité B. Pour cela, nous passons par une période de crise, de rupture où il faudra essayer de se structurer, de se restructurer, de se construire. C’est une étape schizoïde (= période d’éclatement, de changement total). L’enfant est donc contraint à accepter son nouveau corps et à faire face aux regards que portent les autres sur son corps. Ceux-ci peuvent être source de traumatismes psychiques. La transformation morphologique de la puberté et l’irruption de la maturation sexuelle remettent en cause l’image du corps que l’enfant avait pu construire progressivement. Passage du corps narcissique (autoérotique) au corps relationnel ou objectal Paul Schilder (1935) distingue 3 axes principaux: le schéma corporel, l’image du corps et le corps social I.2.1. Le schéma corporel Terme à connotation neurophysiologique et neuropsychologique relevant du registre sensori-moteur. Il correspond aux diverses projections corticales de cette sensorialité. Les modifications pubertaires entraînent une modification sensible du schéma corporel
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I.2.2.L’image du corps Elle appartient au registre imaginaire et symbolique. Pour l’ado, une partie investie du corps devient le centre de son image corporelle qui est en perpétuel remaniement. L’image du corps est la représentation et la perception subjective de son corps I.2.3. Le corps social Le corps est le véhicule de l’action et se trouve au centre des échanges affectifs. Chaque intérêt pour une partie du corps d’autrui s’accompagne du même intérêt pour la partie correspondante du corps propre. Toute anomalie du corps focalise l’intérêt sur la partie correspondante du corps d’autrui Schonfeld (1963) met l´accent sur l´importance de la norme sociale Différence de rythme dans la croissance, la maturation et l’apparition des caractères sexuels secondaires. Ces décalages angoissent l’ado en quête de réponses sur le caractère normal ou non de son corps et de sa métamorphose et l´Intérêt de l’opinion des pairs en qui il cherche une ressemblance rassurante: mode vestimentaire. (Tatouages, coupe de cheveux, style, « look in » I.2.4. Le corps sexué La maturité sexuelle modifie le regard de l’ado sur son corps et le corps d’autrui. Le regard (porteur de fantasmes sexuels parfois incestueux) embarrasse l’adolescent, il n’accepte plus les bisous et câlins d’autrefois. La séduction à travers un corps exhibé ou le retrait à travers un corps caché ou voilé sont des attitudes vis-à-vis du désir sexuel mal maîtrisé II. Le choix du sexe et la mise en place de l’identité sexuelle. Nécessité d'assumer une identité sexuée = lent processus de développement et de différenciation psychologique Selon Le Maner-Idrissi (1997), on distingue :
II.1. L’identité sexuée :
- dimension biologique (qui détermine le sexe assigné à la naissance) et - dimension psychologique d’adhésion aux rôles sociaux correspondants.
II.2. L’identité de genre : exclut la dimension strictement sexuelle pour considérer
uniquement la conformité aux référents culturels. II.3. L’identité sexuelle : résulte de choix relatifs à trois dimensions : La conviction d’être un garçon ou une fille, L’adoption des comportements référés dans la culture à l’un ou l’autre sexe, L´adolescent et son corps. 1LFEP. N. Moualla. 2014 Page 2 Le choix du partenaire sexuel Chacun a des composantes bisexuées : modèles d'identifications appartenant aux deux sexes; sur un plan biologique, hormones appartenant aux deux sexes. Oscillations et des tâtonnements entre l'homosexualité et l'hétérosexualité III. L’influence des manifestations pubertaires sur la représentation de soi et les relations sociales. Remaniement de l'image corporelle : représentation et l'interprétation que chacun se fait de son propre corps, représentation à la fois syncrétique (globale) et analytique. L’image de soi est une image du corps chargée d’affects en rapport avec l’estime de soi (appréciation positive ou négative que le sujet a à l’égard de lui- même). Elle se construit à travers l’expérience vécue et à partir de l’image renvoyée par autrui. Cette image peut être approchée à travers le sentiment d’attrait que le sujet a de lui-même, sa condition physique, son efficience et son identité sexuelle (Coslin, 2002). Les adolescents ont une image plutôt favorable de leur corps. Cependant les filles se déclarent moins efficientes et sont moins satisfaites de leur apparence que les garçons. L'attention au corps propre. L'attention du sujet est attirée lorsque des irrégularités, des discordances de croissance apparaissent. On peut observer un niveau élevé d'anxiété et d'insatisfaction au sujet de l'apparence physique : inquiétude liée à un sentiment de dysharmonie, d'anormalité corporelle non justifié => dysmorphophobie. Le sommet des perturbations se situe aux alentours de 14 ans, pour se restaurer progressivement vers 18 ans (Simmons et Rosenberg, 1975). Une enquête de Bruchon-Schweitzer (1981-82) a été réalisée auprès d'adolescents de 10/12 ans, 12/14 ans, et 17/20 ans => les sentiments des adolescents vis-à-vis de leur corps sont, en moyenne, plus favorables que défavorables. Le corps devient un symbole du moi, et l'intérêt qui lui est accordé contribue au mouvement d'affirmation de la Personnalité. L'apparence du visage, ses moindres détails, prennent une grande importance (coquetterie). L'intérêt à soi se double de l'intérêt à l'idéal du corps masculin ou féminin. Cette recherche est un peu anxieuse car l´identification du moi réel à ce moi idéal est symbolisé par le corps. Coleman (1980) souligne l'influence des médias :les adolescents ont tendance à avoir des normes idéales concernant l'aspect physique ("le look") et à se sentir mal dans leur corps si celui-ci ne correspond pas aux
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normes en questions. => Opinion défavorable d'eux-mêmes dans d'autres domaines. Cela serait surtout vrai chez les jeunes adolescents. Ces inquiétudes selon Lehalle (1985) concernant l'apparence physique sont souvent de l'ordre du fantasme; "elles correspondent de façon plus profonde aux difficultés de la restructuration du soi à l'adolescence" (p. 52).
IV. Représentations du corps et identité adolescente: Estime de soi
L´identité des adolescents est multiple. De Singly (2006) parle ainsi de combinaisons d´appartenance puisque chaque adolescent a une identité personnelle, sexuelle, identitaire. L´appartenance par rapport à une classe d´âge. L´identité sexuelle Dans ses dimensions socioculturelles, l´identité sexuelle renvoie aux significations et aux valeurs rattachées au masculin et au féminin. Les notions de féminité et de masculinité sont historiquement construites et culturellement déterminées. Dès leur enfance, les adolescents ont intériorisé une certaine image de la masculinité ou de la féminité. Durant la socialisation familiale cette image est transmise d´une manière implicite. Ces représentations du féminin et du masculin varient selon la configuration familiale, le statut socioéconomique des parents ainsi que les images véhiculées par la société à travers les médias. Ainsi Les pratiques des adolescents ne peuvent donc être dissociées de leur identité sexuelle ou de genre, ainsi que de leurs représentations de la différence sexuelle. Toute réalité biologique est construite sur une conception sociale de l´être.
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