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ISBN 978-2-7535-1978-7 Presses universitaires de Rennes, 2012, www.pur-editions.fr
Préface
Jean-Pierre Brun......................................................................................................................................................11
Introduction
Dominique Frère....................................................................................................................................................15
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L E S H U I L E S P A R F U M É E S
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s o m m a i r e
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les auteurs
et collaborateurs
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ISBN 978-2-7535-1978-7 Presses universitaires de Rennes, 2012, www.pur-editions.fr
Les auteurs
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Isabelle Algrain................................... Wiener-Anspach Postdoctoral Research Fellow, Wolfson College,
University of Oxford.
Miguel Ángel Cau Ontiveros...... I nstitució Catalana de Recerca i Estudis Avançats (ICREA).
Andrea Augenti................................... Dipartimento di Archeologia, Università degli Studi di Bologna, sede
di Ravenna, Via S. Vitale n. 28, 48100 Ravenna (Italia).
« Les huiles parfumées », Dominique Frère et Laurent Hugot (dir.)
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l e s h u i l e s p a r f u m é e s
Nicolas Garnier................................... SAS Laboratoire Nicolas Garnier, 32 rue de la Porte Robin, 63270
Vic-le-Comte, France (email : labo.nicolasgarnier@free.fr ; site internet :
www.labonicolasgarnier.eu), chercheur associé à l’UMR CNRS 8546
Archéologie d’Orient et d’Occident, École Normale Supérieure, 45 rue
d’Ulm, 75230 Paris cedex 05.
Gianna Giachi...................................... Soprintendenza per i Beni Archeologici della Toscana (Ministry of
Culture), via della Pergola 65, 50121 Florence, Italy.
Gianluca Giorgi................................... D ipartimento di Chimica, Università degli Studi di Siena, Polo Scientifico
Didattico di San Miniato, Via A. De Gasperi, 2 (Quartiere di S. Miniato),
53100 Siena (Italia).
Jean Gran-Aymerich......................... Directeur de recherches, UMR CNRS 8546 (AOROC).
Romana Harfouche.......................... U MR 5608 CNRS, TRACES, Toulouse.
Laurent Hugot.................................... Maître de conférences, université de La Rochelle, CRHIA, UMR 8546.
Mario Iozzo.......................................... M useo Archeologico Nazionale, Florence.
Claudia Lambrugo............................. C hargée de recherche, Università degli Studi di Milano.
Evridiki Leka......................................... Musée archéologique national, Athènes.
Ida Oggiano........................................ C hercheur, CNR-ISCIMA (Italie).
Emanuele Papi....................................... D ipartimento di Archeologia e Storia delle Arti, Università degli Studi
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les Collaborateurs
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Émile Bernard.................................... S RA Bretagne.
François Delamare............................. École des Mines de Paris, Sophia Antipolis.
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Introduction
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Dominique Frère
ISBN 978-2-7535-1978-7 Presses universitaires de Rennes, 2012, www.pur-editions.fr
L’illustration de couverture de cet ouvrage du conteneur » 3, il est impossible pour les archéo-
présente l’ensemble conservé du mobilier de la tombe logues de parler des contenus. Ils peuvent supposer,
gallo-romaine de Saint-Médard-des-Prés (Vendée) en fonction de la qualité du décor, de la valeur de la
qui a fait couler beaucoup d’encre par sa richesse mais matière ou de l’originalité de la forme, que tel type de
aussi par le fait qu’elle fut attribuée d’abord à une flacon était destiné « à des produits (parfums, baumes
femme artiste puis à une femme oculiste 1 et enfin ou onguents) d’usage quotidien » 4 et tel autre à
à une parfumeuse 2. C’est le nombre et la variété « un produit précieux : onguent, parfum ou produit
des objets retrouvés dans la tombe qui inspirèrent pharmaceutique ou médicinal » 5. Nous disposons
« Les huiles parfumées », Dominique Frère et Laurent Hugot (dir.)
ces différentes attributions, et parmi ceux-ci, une dans certains cas d’inscriptions qui donnent le nom
grande quantité de ces beaux vases effilés en verre du produit contenu ou celui de son principal compo-
que les archéologues appellent des balsamaires mais sant, mais celles-ci, éminemment rares, ne désignent
qui peuvent aussi être qualifiés d’unguentaria ou que les parfums les plus précieux 6. Dans d’autres
d’ampullae. Les flacons en verre soufflé apparaissent cas, des marques imprimées dans le verre peuvent
au Ier s. av. J.-C. et connaissent un formidable succès nous donner des informations sur les ateliers de
dans le monde romain ; succès qui survivra même à production ou sur les taxes impériales imposées sur
l’Empire, ces vases étant attestés jusqu’au début du certains produits luxueux 7, mais ne fournissent que
Moyen Âge. Toutefois, si ce sont les Romains qui ont très peu d’éléments de connaissance sur la nature des
permis la diffusion, à une très large échelle géogra- contenus 8. Pour la fin de la République romaine et
phique, de ce type très particulier d’objet lié à des l’Empire, nous disposons de sources littéraires plus
pratiques culturelles d’origine méditerranéenne, ils nombreuses et plus diversifiées que pour les époques
n’en sont pas les inventeurs. Les balsamaires en verre précédentes, avec, par exemple, la somme des infor-
soufflé sont les héritiers d’une tradition qui remonte mations que fournit une œuvre comme l’Histoire
en fait au VIIIe et VIIe s. av. J.-C. en Méditerranée naturelle de Pline l’Ancien. Mais faire le lien entre
occidentale, reprenant le principe économique de la données littéraires, archéologiques et épigraphiques
production en nombre de petits contenants aupara- n’est pas chose facile. Prenons l’exemple du parfum
vant fabriqués en céramique, en faïence et en verre à la rose et de sa production en Campanie antique.
moulé sur noyau d’argile. Le terme de « contenant » Pline nous en donne la recette : omphacium (huile
est bien plus neutre que celui d’unguentarium (qui d’olive verte), fleur de rose, fleur de safran, cinabre,
fait référence à un onguent) ou de balsamaire (qui jonc odorant, miel, fleur de sel ou anchuse, vin
implique la présence d’un baume) mais il a le défaut (Pline, Histoire naturelle, XIII, 5), et, s’il nous dit que
de nous laisser dans l’inconnu, dans l’ignorance du les roses poussent partout, les plus parfumées (Pline,
« contenu » qui était à l’origine du succès de tous ces Histoire naturelle, XVIII, 29) et les plus abondantes
petits vases durant plus de 1 500 ans. En l’absence (Pline, Histoire naturelle, XIII, 6) s’avèrent être celles
d’étiquettes en matériaux périssables qui existaient de Campanie. Naples et Capoue y ont en particulier
peut-être, « placées de manière à sceller l’ouverture développé de prospères productions de parfumerie
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(Pline, Histoire naturelle, XIII, 2), tandis que, plus Saint-Médard en Vendée. Mais sommes-nous vrai-
au sud, les célèbres roseraies de Paestum fleurissaient ment assurés que ces flacons ne pouvaient contenir
deux fois l’an selon Virgile (Géorgiques, IV, 119). Les que du parfum, qu’il soit luxueux ou non, et que leur
parfums campaniens étaient tellement réputés que usage était uniquement lié à l’otium et à la voluptas ?
le nom d’une place de Capoue, Seplasia, riche d’un Les sources littéraires ne nous parlent pas seulement
grand nombre de boutiques d’unguentarii, donna des unguentarii et des seplasiarii, mais aussi des medici
leur nom aux parfumeurs : seplasiarii (Varron, Satires et des pharmacopola et Pline l’Ancien accorde une
Ménipées, 103, 6). Mais la Campanie si féconde et place plus importante encore aux medicamenta
prospère souffre d’une très mauvaise réputation, celle qu’aux aromata, sachant de plus que « les parfums
de luxe et de mollesse. Jacques Heurgon fait le lien peuvent avoir une valeur cosmétique aussi bien que
entre l’activité de parfumerie et le luxe campanien : thérapeutique car leurs principes actifs exercent une
« Au printemps, entre deux moissons, les guérets à double fonction, embellir le corps tout en le
peine reposés donnaient une variété de roses sauvages soignant » 10. Le suc extrait des pétales de roses est
plus odorante que les roses cultivées. Celles de Capoue par exemple reconnu pour ses propriétés astringentes
étaient avec les roses de Préneste les plus réputées et rafraichissantes (Pline, Histoire naturelle, XXI, 73).
d’Italie, en particulier pour le nombre de leurs pétales : Une huile parfumée à la rose pouvait donc avoir une
c’était l’espèce dite centifolia. Très estimé, en outre, dimension pharmaceutique aussi bien que cosmé-
était le mélilot de Campanie, dont l’odeur ressem- tique, la frontière entre remède et parfum étant si
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blait à celle du safran. On l’appelait communément ténue que le terme unguentarii, réservé à l’origine
sertula Campana, ce qui prouve qu’on en faisait des aux parfumeurs, s’est élargi aux fabricants de médi-
couronnes : serta Campanica. Et ce sont là déjà quelques caments. Les produits pharmaceutiques les plus
déjà quelques éléments du fameux luxe campanien, et réputés étaient conditionnés dans de petits conte-
particulièrement de cette industrie des parfums, qui nants en céramique et en métal 11 avec une inscrip-
devait rendre l’un des quartiers de Capoue, la Seplasia, tion mentionnant le nom générique du médicament,
célèbre dans tout le monde antique 9. » et/ou celui de son fabricant, tel, exemple parmi tant
Deux grandes figures historiques, liées à l’histoire de d’autres, ce pot à lykion avec le nom de Demeas 12.
« Les huiles parfumées », Dominique Frère et Laurent Hugot (dir.)
la Campanie, illustrent la mauvaise réputation des Mais seuls les produits des médecins les plus
parfums et de Capoue. Scipion l’Africain s’était renommés pouvaient faire l’objet d’une telle publi-
installé à Literne, au nord de Cumes, et y menait une cité tandis que la très grande majorité des remèdes
vie frugale dont l’austérité était représentée par la était fabriquée dans l’échoppe d’un de ces obscurs
simplicité de ses bains, une étuve étroite et mal pharmacopoles que l’on qualifiait avec dédain de
éclairée dans laquelle il « venait laver sa sueur et non « rassembleurs de foules », sachant que nombre
ses parfums » (Sénèque, Lettres à Lucilius, Livre XI, d’entre eux étaient en fait des marchands ambulants
86, 11). Scipion sut résister aux voluptés offertes par se déplaçant de ville en ville et haranguant le chaland
la Campanie, à la différence de son ennemi, pour lui vendre des produits soi-disant miraculeux
Hannibal, qui, en 215, laissa ses troupes succomber qui pouvaient de plus être frelatés 13. Notons enfin
aux « délices de Capoue » (Tite-Live, Histoire romaine, le lien entre magie et médecine qui est si étroit que
Livre XXIII, 23, 4). Le parfum fait évidemment « Pline dans son histoire naturelle mêle constamment
partie de ces délices qui, selon les moralistes romains, les vertus médicales et les vertus magiques des
amollissent les mœurs et corrompent les corps plantes » 14. Parfum, philtre magique, onguent
masculins qui n’ont pas besoin d’odeurs artificielles apotropaïque, baume thérapeutique, pommade
mais doivent sentir « la guerre, le travail, l’homme curative, poudre cosmétique… sont autant de
enfin ! » (Sénèque, Lettres à Lucilius, Livre XI, 86, 12). produits fabriqués par des artisans qui étaient à la
Les très nombreuses petites fioles en verre décou- fois herboristes, droguistes, fabricants d’onguents,
vertes dans les cités et les villas enfouies du Vésuve débitants de poudres, apothicaires et parfumeurs.
sembleraient attester que, dans le dernier tiers du Ces modestes « coupeurs de racines », « marchands
Ier s. apr. J.-C., le modèle de Scipion n’avait pas été de drogues », « bouilleurs d’onguents » pouvaient
suivi et que l’usage du parfum s’était répandu dans être commanditaires de petits contenants en verre
différentes classes de la société romaine de Campanie. pour conditionner leurs produits, tout comme
Cette situation contraste avec celle de régions récem- les professionnels plus spécialisés comme les
ment intégrées à l’Empire où le parfum ne serait unguentarii, les seplasiarii, les medici et les pharma-
l’apanage que d’une élite féminine romanisée, copola. Il est donc bien difficile dans ce contexte de
comme l’indiquerait la tombe gallo-romaine de régler le problème des contenus des unguentaria en
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verre qui ne peuvent pas être considérés de manière premiers aryballes eubéens du VIII e s. av. aux
trop générale comme de simples vases à parfum. Ces unguentaria pompéiens du Ier s. apr. J.-C. Presque
contenus sont faits de produits très variés, le plus un millénaire, dans la même région, d’histoire de la
souvent anonymes (en l’absence de marques) et s’il parfumerie/pharmacopée. Nous ne disposons pas,
est possible d’élaborer des scénarios interprétatifs de pour les périodes hautes, de textes semblables à celui
production, de marché et d’usage les mettant en de Pline l’Ancien, et il est donc difficile de construire
scène, ceux-ci restent à l’état d’hypothèses. La problé- des scénarios à partir des mystérieux contenus des
matique du contenant et de son contenu est aryballes et alabastres archaïques qui apparaissent
amplement connue en archéologie mais se heurte comme les ancêtres des balsamaires romains. Difficile
toujours à l’écueil de la disparition du second, qu’il mais pas impossible si l’on recourt à une méthode
s’agisse de grands conteneurs comme les amphores d’investigation relativement récente et en constante
ou des petits conteneurs qui nous intéressent plus évolution : les analyses chimiques des contenus
spécifiquement dans le cadre de cet ouvrage. Michel organiques. Si l’idée de faire appel à la chimie analy-
Gras, dans une synthèse récente 15, fait le lien entre tique pour l’étude des restes archéologiques
un commerce de l’huile vierge corinthienne condi- organiques remonte au XIXe s., c’est surtout dans les
tionnée dans les amphores et un commerce de l’huile années 1990 que plusieurs équipes se sont spécia-
parfumée corinthienne conservée dans ces petits lisées dans l’identification de marqueurs chimiques
conteneurs que sont les aryballes et alabastres, des matériaux biologiques dégradés 20. Nicolas
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ancêtres des unguentaria en verre romains et il ajoute Garnier, dans son article « Une histoire de l’analyse
que ces « deux exportations ne sauraient être étudiées chimique des parfums archéologiques : 160 ans de
l’une sans l’autre, et la problématique actuelle sur les développement scientifique », présente un historique
parfums antiques gagnerait à ne pas oublier cette très utile des applications de la chimie organique à
première grande phase du VIIe s. av. J.-C. qui est l’archéologie depuis le milieu du XIXe s. jusqu’à nos
peut-être à la source des expériences successives » 16. jours, et de l’évolution des techniques de caractéri-
Comme nous l’avons vu, c’est le début de l’époque sation structurale de la matière. Les progrès notables
archaïque (VIIIe-VIIe s. av. J.-C.), qui marque l’émer- de ces vingt dernières années des technologies rela-
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minéral insoluble, donc conservé en intégralité, peut- l’Agence Nationale de la Recherche qui a permis de
être identifié par analyse Raman ; le miel, s’il est mal nous donner les moyens techniques, financiers et
épuré, laisse des traces de cire animale mais, s’il est humains de mener à bien, de décembre 2007 à
bien épuré, est plus difficilement identifiable, si ce juin 2011, le programme de recherche Perhamo
n’est par la présence possible de sucres ; la fleur de (Produits et résidus huileux antiques de la
sel, totalement soluble est perdue ; le vin enfin, peut- Méditerranée occidentale), dont l’objectif était la
être reconnu par les tannins et par l’acide tartrique 22. connaissance des techniques, des usages et des
Pour résumer, les analyses chimiques pourraient échanges des huiles et des matières grasses parfumées
donner comme résultats les plus généraux la présence en Méditerranée occidentale du VIIIe s. av. J.-C.
d’huile végétale (et peut-être plus précisément d’huile jusqu’à la période romaine. Près de 250 prélèvements
d’olive), celle de cire d’abeille et celle de vin (ou de ont été faits en France, en Italie continentale, en
vinaigre) tandis que la spectroscopie Raman permet- Sardaigne et en Libye afin de déterminer chimique-
trait d’identifier le cinabre. Il serait impossible aux ment les contenus organiques de céramiques, faïences
archéologues de conclure définitivement à la présence et verres de différentes périodes et de différentes
du parfum à la rose tel qu’il nous est cité par Pline, cultures (phénicienne, grecque, étrusque et romaine).
mais ils seraient sur la piste d’un mélange complexe Ce programme pluridisciplinaire accordait autant
à dimension médicinale ou cosmétique. Si d’autres d’importance au contenant qu’au contenu afin
marqueurs spécifiques étaient révélés, comme par d’apporter des réponses aux questions essentielles
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Comme nous le voyons, les données tirées des symboliques de tels ou tels ingrédients d’origine
analyses ne permettent pas d’apporter des réponses minérale, végétale ou animale. De même, l’objectif
définitives aux problématiques archéologiques, et était d’observer le rôle d’acculturation que peut jouer
surtout, elles ne pourront jamais être aussi précises l’huile parfumée dans l’espace méditerranéen occi-
que les textes. Bref, la chimie organique ne peut, à dental sur plusieurs siècles, dans une période histo-
l’heure actuelle, retrouver des recettes de médica- rique fondamentale qui voit s’affirmer les cultures
ments, de parfums ou de philtres magiques. Mais, phénicienne, grecque et étrusque pour finalement
dans nombre de cas, elle retrouve quelques compo- aboutir à la domination du monde romain.
sants de ces recettes et apporte quelques renseigne- Les articles proposés dans cet ouvrage sont le fruit
ments sur les techniques de fabrication. Ces données de la collaboration étroite entre chercheurs français,
archéométriques sont porteuses d’informations qui italiens, grecs et espagnols qui ont accepté de parti-
s’avèrent souvent complémentaires des données ciper directement ou indirectement au programme
historiques, épigraphiques et archéologiques mais qui Perhamo. Chimistes (Gianna Giachi, Erika
peuvent aussi être novatrices ou contradictoires. Il Ribechini, Maria P. Colombini, Nicolas Garnier,
est donc indispensable, d’une part de recourir à un Alessandra Pecci), spécialiste de toponymie antique,
grand nombre d’analyses (afin de repérer les erreurs, (Valérie Salle), archéoagronomes (Pierre Poupet,
les pollutions et les échantillons marginaux), d’autre Romana Harfouche), archéobotaniste (Elisabeth
part d’interpréter les résultats de ces analyses dans Dodinet), archéologues spécialistes des mondes
un contexte pluridisciplinaire impliquant un débat égyptien (Giuseppina Caprioti pour les importa-
entre archéologues, chimistes et archéobotanistes, et tions égyptiennes en Occident), phénicien (Massimo
enfin d’intégrer l’ensemble des éléments d’informa- Botto, Ida Oggiano), étrusque (Paola Santoro, Jean
tion et des hypothèses apportés dans une probléma- Gran-Aymerich, Mario Iozzo, Vincenzo Bellelli),
tique archéologique qui doit être renouvelée en grec (Claudia Lambrugo, Fabienne Coudin, Isabelle
collaboration étroite avec les historiens, les archéo- Algrain), romain (Jacques et Marie-Hélène Santrot,
logues et les épigraphistes. Cette approche métho- Laudine Robin, Tony Silvino), épigraphistes (Gilles
dologique implique un financement important et van Heems, Patrice Faure), historiens des textes
une recherche s’étalant sur plusieurs années. C’est (Eurydice Leka, Giuseppe Squillace, Lydie Bodiou,
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Julie Bonnéric) se sont retrouvés à Rome du 16 au du statut et de l’usage de l’huile parfumée (rapport
18 novembre 2009, dans le cadre du colloque entre le contenant et son contenu, contingences de
organisé par l’université de Bretagne Sud et l’univer- la consommation, dimension sociale et culturelle),
sité de La Rochelle, en partenariat avec l’École fran- nous avons fait le choix, pour une meilleure lisi-
çaise de Rome qui nous accueillait dans ses beaux bilité d’une thématique si vaste, d’organiser les
locaux de la place Navonne 23, pour échanger et articles en quatre parties, la première portant sur
débattre autour des dimensions techniques et cultu- les méthodes et techniques, la deuxième proposant
relles de l’huile parfumée, du VIIIe s. av. J.-C. jusqu’à des synthèses à l’échelle d’une période et/ou d’une
l’avènement du monde musulman, en partie héritier région, la troisième s’intéressant aux caractéristiques
des traditions antiques. Si trois problématiques prin- des contenants archéologiques et à leurs contextes, et
cipales avaient été retenues, celle de la production la quatrième enfin abordant le sujet du statut et de
(identification des sites et aires de production, exploi- l’usage des matières grasses parfumées.
tation des ressources naturelles, matières premières Ce programme de recherche qui vient de s’achever
employées, techniques de fabrication), celle du et dont les résultats seront présentés sur le site
commerce (caractéristiques des modes de condition- internet de l’UMR 8546 (www.archeo.ens.fr), n’est
nement, de transport et d’échange, définition des qu’une étape d’une vaste étude qui se poursuit et
aires de marchés, valeur des produits) et enfin celle s’étend désormais à la Protohistoire.
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Notes
1. Pardon-Labonnelie 2008. 10. Ciarallo 2004. 18. Greco et Mermati 2007.
2. Rémy et Mathieu 2009, p. 111. 11. Voir en dernier lieu Taborelli 2010. 19. Frère 2007.
3. Taborelli 2006, p. 11. 12. Calvet 1982. 20. Voir l’article de N. Garnier dans cet ouvrage.
« Les huiles parfumées », Dominique Frère et Laurent Hugot (dir.)
4. Nenna et Arveiller-Dulong 2005, p. 12. 13. Guardasole 2006. 21. Garnier et alii s.p.b.
5. Idem, p. 13. 14. Le Glay 1976. 22. Garnier et alii 2003.
6. Algrain et Frère s.p. 15. Gras 2010. 23. Nous remercions M. Michel Gras, directeur de
7. Taborelli 2006. l’École française de Rome, et M. Yann Rivière,
16. Idem, p. 115. directeur des Antiquités pour leur accueil.
8. Mège et Robin 2009. 17. Pour la typologie des vases à huiles parfumées
9. Heurgon 1970, p. 15. d’Ischia, voir en dernier lieu Nizzo 2007.
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