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Jacques-David Ebguy
Maître de conférences, Université Nancy 2
NOTES
[1]. « Le texte de Flaubert est pris ici comme version illustrée
exemplaire de la métaphysique dont la littérature a besoin pour
exister comme art spécifique, comme un mode spécifique
d'immanence de la pensée dans la matière », écrit ainsi Rancière
(La Chair des mots. Politiques de l'écriture, Paris, Galilée, 1998,
p. 184). Sur cette « essentialisation » de Flaubert, voir Camille
Dumoulié, Littérature et philosophie. Le gai savoir de la
littérature, Armand Colin, 2002, p. 176.
[2]. C'est à partir de l'exemple de Flaubert et d'une lettre
adressée à Louise Colet (lettre à Louise Colet, 26 mai 1853,
Correspondance, t. II, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la
Pléiade », 1980, p. 335), que Rancière décrit « la politique
inhérente à la métaphysique de la littérature » (Jacques Rancière,
La Chair des mots, op. cit., p. 194). Sur cette question de la
« politique flaubertienne » vue par Rancière, voir Pierre Campion,
« Deux philosophes lecteurs de Flaubert : Pierre Macherey et
Jacques Rancière », dans Gisèle Séginger (éd.), Gustave Flaubert
5 : « Dix ans de critique », Paris-Caen, Lettres Modernes Minard
(« La Revue des lettres modernes »), 2005, p. 119-132.
[3]. La Parole muette. Essai sur les contradictions de la
littérature, Hachette Littératures, 1998, p. 114.
[4]. Jacques Rancière, «Y a-t-il un concept du
romantisme ? », dans Isabelle Bour, Eric Dayre et Patrick Née,
Modernité et romantisme, Honoré Champion, 2001, p. 294.
[5]. Sur ce point, voir Jacques Rancière, « Y a-t-il un concept
du romantisme ? », art. cit., p. 296.
[6]. Sur ce point, voir Jacques Rancière, La Parole muette, op.
cit., p. 68-69.
[7]. Ibid., p. 71.
[8]. Lettre à Louise Colet, 24 avril 1852, Correspondance, t. II,
p. 76. On pourra également se reporter à la lettre du 23 août
1846 évoquant des créateurs comme Homère ou Rabelais, qui
étaient moins des auteurs que « l'instrument aveugle de l'appétit
du beau, organes de Dieu par lequel il se prouvait à lui-même »
(lettre à Louise Colet, 23 août 1846, Correspondance, t. I,
Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1973, p. 283).
[9]. Sur le rapport de Flaubert à Hegel, voir par exemple Sylvie
Triaire, Une esthétique de la déliaison. Flaubert (1870-1880),
Paris, Honoré Champion, 2002, p. 80-81, et, bien sûr, les « Notes
inédites de Flaubert sur l'Esthétique de Hegel » (Gisèle Séginger
(éd.), Gustave Flaubert 5 : « Dix ans de critique », op. cit.,
2005).
[10]. L'âge « esthétique » auquel appartient, selon Rancière,
le romancier, ne sépare pas en effet les œuvres des textes qui les
pensent, en énoncent les intentions ou les principes.
[11]. Jacques Rancière, La Parole muette, op. cit., p. 104.
[12]. Correspondance, t. II, op. cit., p. 31.
[13]. Jacques Rancière, La Parole muette, op. cit., p. 104.
[14]. Ibid., p. 105.
[15]. Pour Hegel, note Rancière, les « modes du rapport entre
pensée, langage et monde sont des modes historiques » (ibid.,
p. 67) et sont donc déterminés par la nature même du monde.
[16]. Ibid., p. 78.
[17]. Ibid., p. 59.
[18]. Id.
[19]. Ibid., p. 108.
[20]. Ibid., p. 107.
[21]. « La forme et l'idée, pour moi, c'est tout un et je ne sais
pas ce qui est l'un sans l'autre. Plus une idée est belle, plus la
phrase est sonore ; soyez-en sûre. La précision de la pensée fait
(et est elle-même) celle du mot » écrit ainsi Flaubert (lettre à Mlle
Leroyer de Chantepie, 12 décembre 1857, Correspondance, t. II,
p. 785).
[22]. « C'est un de mes principes, qu'il ne faut pas s'écrire. [...]
Et puis l'Art soit s'élever au-dessus des affections personnelles et
des susceptibilités nerveuses ! [...] La difficulté capitale, pour
moi, n'en reste pas moins le style, la forme, le Beau indéfinissable
résultant de la conception même et qui est la splendeur du Vrai,
comme disait Platon » (lettre à Mademoiselle Leroyer de
Chantepie, 18 mars 1857, Correspondance, t. II, p. 691).
[23]. Jacques Rancière, La Parole muette, op. cit., p. 109. Sur
cette question, voir également Camille Dumoulié, ouvr. cité,
p. 75.
[24]. Jacques Rancière, La Parole muette, op. cit., p. 106.
[25]. Sur le rapport Flaubert-Spinoza on pourra se reporter à
Jacques Derrida, Psyché, Inventions de l'autre, Galilée, 1998,
p. 306-313, et à Andrew Brown, « “Un assez vague spinozisme” :
Flaubert et Spinoza », Modern Language review, no 91-4, octobre
96, p. 848-865, qui souligne à la fois les proximités entre les deux
auteurs, et la prise de distance « littéraire » de Flaubert à l'égard
de tout système philosophique : il n' y aurait là qu'un « rapport
du non-rapport ».
[26]. Voir par exemple La Parole muette, op. cit., p. 107-109,
La Chair des mots, op. cit., p. 182-183 ou, plus récemment
Jacques Rancière, Politique de la littérature, Galilée, 2007, p. 71-
72, 80.
[27]. Gustave Flaubert, La Tentation de Saint-Antoine,
première version, Louis Conard, 1924, p. 417.
[28]. Jacques Rancière, La Parole muette, op. cit., p. 108.
[29]. Id.
[30]. Jacques Rancière, La Chair des mots, op. cit., p. 182.
[31]. Sur ce point voir Jacques Rancière, La Chair des mots,
op. cit., p. 183.
[32]. Sur l'intérêt de Rancière pour des textes qui « font
allégorie du travail de l'œuvre » (Jacques Rancière, « Existe-t-il
une esthétique deleuzienne ? », dans Eric Alliez, Gilles Deleuze,
Une vie philosophique, Le Plessis-Robinson, Institut Synthélabo,
1998, p. 531 ; le philosophe utilise, à juste titre, la formule à
propos de l'investigation de la littérature menée par un autre
philosophe, Gilles Deleuze), je me permets de renvoyer à mon
article, Jacques-David Ebguy, « Le travail de la vérité, la vérité
au travail : usages de la littérature chez Alain Badiou et Jacques
Rancière. », dans « Les philosophes lecteurs », Fabula LHT
(Littérature, histoire, théorie), no1, février 2006, URL :
http://www.fabula.org/lht/1/Ebguy.html
[33]. « Cet air dont les phrases de Madame Bovary doivent
reproduire la respiration a été, dans La Tentation de saint
Antoine, l'objet d'un voyage initiatique » (La Parole muette, op.
cit., p. 107) : la formulation même de Rancière l'indique, sa
réflexion rapproche ici, en un geste qui ne va évidemment pas de
soi, une réalité à créer par le processus d'écriture, et un élément
matériel, une réalité évoquée dans un récit.
[34]. Jacques Rancière, Politique de la littérature, op. cit.,
p. 71.
[35]. Jacques Rancière, La Fable cinématographique, Seuil,
« La Librairie du XXIe siècle », 2001, p. 157.
[36]. Sur ce point, voir Jacques Rancière, La Parole muette, op.
cit., p. 110 ou l'introduction à La Fable cinématographique, op.
cit., p. 15-16.
[37]. Lettre à Louise Colet, 9 décembre 1852, Correspondance,
t. II, p. 204.
[38]. Sur les deux manières de concevoir le sensible et la
puissance de la pensée, voir Jacques Rancière, « Existe-t-il une
esthétique deleuzienne ? », art. cité, p. 533.
[39]. Lettre à Louise Colet, 27 mars 1853, Correspondance,
t. II, p. 282.
[40]. Jacques Rancière, La Chair des mots, op. cit., p. 182.
[41]. Jacques Rancière, Politique de la littérature, op. cit.,
p. 17.
[42]. Ibid., p. 23.
[43]. Sur cette question de la vérité, voir le chapitre « la vérité
par la fenêtre » dans Politique de la littérature, op. cit., p. 169-
188. Un passage de ce texte (p. 182) établit d'ailleurs
explicitement un lien entre la philosophie de Schopenhauer et la
manière dont la littérature, par ses moyens propres, expose une
certaine idée du monde et donc un certain visage de la vérité.
[44]. Jacques Rancière, La Parole muette, op. cit., p. 28.
[45]. Jacques Rancière, La Chair des mots, op. cit., p. 182.
Pour un commentaire situant davantage cette orientation
esthétique dans l'histoire de la littérature, voir La Parole muette,
op. cit., p. 108.
[46]. Voir p. 114 et sur le statut du style, p. 109.
[47]. Sur l'idée que la manière absolue de voir les choses fait
d'elles des conducteurs de sensations, soustraites au circuit des
intentionnalités et des usages, voir Politique de la littérature (op.
cit., p. 70-72).
[48]. Dans un article consacré au « malentendu littéraire »,
Rancière évoque les critiques formulées à l'encontre de Flaubert
et de Proust, accusés de se perdre dans les détails et de remettre
en question les structurations établies (voir Jacques Rancière,
« Le malentendu littéraire », dans Bruno Clément et Marc Escola,
Le Malentendu. Généalogie du geste herméneutique, Saint-Denis,
Presse Universitaire de Vincennes, 2003, p. 126).
[49]. Ou encore, pour reprendre des exemples flaubertiens
chers à Rancière (voir par exemple Le Destin des images, La
Fabrique éditions, 2003, p. 54 ou Politique de la littérature, op.
cit., p. 50), un brin d'herbe, un tournoiement de poussière, un
flacon de neige fondue, la rencontre de l'éclat d'un ongle et d'un
rayon de soleil...
[50]. Jacques Rancière, La Parole muette, op. cit., p. 109.
[51]. Voir Madame Bovary, Œuvres, t .I, Gallimard,
« Bibliothèque de la Pléiade », 1951, p. 306, et ce passage où
Charles surprend dans la salle, avant de partir, Emma, « debout,
le front contre la fenêtre, et qui regardait dans le jardin, où les
échalas des haricots avaient été renversés par le vent. »
[52]. Jacques Rancière, La Parole muette, op. cit., p. 113.
[53]. Ibid., p. 114.
[54]. Voir, sur cette approche de Flaubert, Gérard Genette, qui
voit en lui le premier écrivain pour qui « l'exercice de la littérature
fut devenu foncièrement problématique » (« Présentation »,
Travail de Flaubert, collectif, Seuil, « Points », 1983, p. 7).
[55]. Camille Dumoulié, ouvr. cité, p. 119.
[56]. Jacques Rancière, La Chair des mots, op. cit., p. 180.
[57]. Ibid., p. 184.
[58]. Lettre à Louise Colet, 12 juillet 1853, Correspondance,
t. II, p. 381.
[59]. Signalons que Jacques Rancière, dans son analyse de la
pensée deleuzienne du cinéma, a souligné que pour le philosophe,
« les images sont [...] proprement les choses du monde » (La
Fable cinématographique, op. cit., p. 148). La formule pourrait
valoir pour Flaubert.
[60]. Jacques Rancière, La Chair des mots, op. cit., p. 189.
[61]. Dans des textes plus récents, Jacques Rancière,
déplaçant légèrement la perspective, fait de la littérature,
notamment de l'œuvre flaubertienne, une pensée de la vie, qui
redéfinit ce qu'est la vie, mais la vie comme flux, comme
puissance qui domine êtres et groupes (voir Politique de la
littérature, op. cit., p. 77, 80, 197).
[62]. Ibid., p. 74.
[63]. Id.
[64]. Jacques Rancière, Politique de la littérature, op. cit.,
p. 34.
[65]. Jacques Rancière, La Chair des mots, op. cit., p. 183.
[66]. Jacques Rancière, Politique de la littérature, op. cit.,
p. 35. Un peu plus loin, empruntant toujours à Deleuze et
Guattari, Rancière utilise l'expression « démocratie moléculaire »
à propos de ce que fait Flaubert (ibid., p. 36) ou oppose la forme
d'individualité « moléculaire », propre à la littérature, à la forme
d'individualité « molaire », propre à la politique (ibid., p. 50).
[67]. Gilles Deleuze, Félix Guattari, Mille Plateaux., Minuit
(« Critique »), 1980, p. 327.
[68]. Écrivant d'un personnage de Virginia Woolf que « ce
qu'elle tente de faire, c'est exactement ce que le Diable enseignait
à saint Antoine : briser les barrières de la subjectivité individuelle
et adhérer aux heccéités de la vie pré-individuelle » (Politique de
la littérature, op. cit., p. 80), Rancière rapproche explicitement
son univers, celui de Flaubert et la philosophie de Deleuze
(l'expression « heccéités de la vie pré-individuelle » vient du
philosophe), même si on peut s'étonner de nouveau que soit
identifiée l'aspiration d'un personnage à celle de son créateur.
[69]. Ibid., p. 240.
[70]. Voir son œuvre majeure Le Monde comme volonté et
comme représentation (1819), PUF, 1966, p. 213 notamment.
[71]. Jacques Rancière, « Deleuze, Bartleby et la formule
littéraire », La Chair des mots, op. cit., p. 179-203.
73. Jacques Rancière, La Parole muette, op. cit., p. 107 (c'est
nous qui soulignons). L'image du fondement est également
employée dans La Chair des mots (il est question de « la
métaphysique de la représentation et la “nature qui la fonde” »,
p. 182). De la même façon, le philosophe souligne que le système
des convenances de la fiction représentative « reposait [...] sur
une certaine idée de la nature » (id., c'est nous qui soulignons).
[73]. Elles ne sont que « des plaisanteries de tréteaux et de
préfaciers », écrit Rancière paraphrasant Mallarmé (ibid.,
p. 181).
[74]. Ce verbe est également utilisé par Rancière (id.).
[75]. Ibid., p. 182.
[76]. Id.
[77]. Id.
[78]. Jacques Rancière, La Parole muette, op. cit., p. 112.
[79]. Une réflexion plus générale de Rancière permet de
qualifier conjointement les deux approches que nous avons
distinguées : « les arts vérifient dans leur pratique l'ontologie qui
les rend possibles » (« L'usage des distinctions », Failles, no 2,
« Situations de la philosophie », printemps 2006, p. 13). Flaubert
vérifie dans sa pratique l'ontologie (celle, exemplairement, de
Schopenhauer) qui la rend possible.
[80]. Nous n'avons pas abordé en particulier le sens politique
que donne Rancière aux choix métaphysiques et esthétiques de
Flaubert (sur ce point, voir en particulier La Parole muette, op.
cit., p. 117-118, et surtout les deux premiers chapitres de
Politique de la littérature, « Politique de la littérature », p. 11-40
et « Le malentendu littéraire », p. 41-55).
[81]. Jacques Rancière, Politique de la littérature, op. cit.,
p. 164.
[82]. Jacques Rancière, La Chair des mots, op. cit., p. 185.
[83]. Jacques Rancière, La Fable cinématographique, op. cit.,
p. 157.
[84]. Comme le devenir et le travail cornéliens lus par Jean
Rousset (et critiqué par Jacques Derrida), le devenir et le travail
flaubertiens semblent « mis en perspective et téléologiquement
déchiffrés à partir de ce qui est considérée comme son point
d'arrivée, sa structure achevée » (Jacques Derrida, L'Ecriture et
la différence, Seuil, « Points », 1967, p. 30).
[85]. Jacques Rancière, La Chair des mots, op. cit., p. 113.
[86]. Id.
[87]. En une saisissante description, certes fidèle à
l'atmosphère des fictions de Flaubert, Rancière met en évidence
ce qui meut l'écriture de Flaubert : dire le vide sans être vide,
transformer la bêtise et l'ennui du monde en l'impassibilité de
l'art, en sa bêtise propre, faire « transparaître dans son opacité
le vide du grand désert d'Orient » (La Parole muette, op. cit., p.
118).
[88]. Voir p. 134-135, où l'on retrouve les mêmes images de
l'écrivain impuissant, attaché, comme ses personnages, à la table
de copiste. De la même façon, dans Politique de la littérature,
lorsqu'il s'agit de montrer que la tension entre les différentes
politiques fait que la littérature se heurte à des limites, c'est
l'exemple de Bouvard et Pécuchet qui vient sous la plume de
Rancière (Politique de la littérature, op. cit., p. 36-37, 53, 64).
[89]. Camille Dumoulié, ouvr. cité, p. 71.
[90]. Jacques Rancière, La Chair des mots, op. cit., p. 134.
[91]. Jacques Rancière, La Parole muette, op. cit., p. 116.
[92]. Ibid., p. 112.
[93]. Ibid., p. 118.
[94]. Ibid., p. 112.
[95]. Id.
[96]. La Chair des mots, op. cit., p. 183 (c'est nous qui
soulignons).
[97]. Ibid., p. 183-184.
[98]. Id.
[99]. Jacques Rancière, Politique de la littérature, op. cit.,
p. 74.
[100]. Ibid., p. 35 (c'est nous qui soulignons). Quelques lignes
plus haut, le philosophe, décrivant la manière dont les choses se
donnent dans les romans de Flaubert, évoque « un brassage
incessant d'atomes qui sans cesse forme et défait des
configurations nouvelles », puis signale aussitôt : « bien plus
tard, un philosophe, Gilles Deleuze, appellera ces configurations
des heccéités » (id., c'est nous qui soulignons).
[101]. Jacques Rancière, La Parole muette, op. cit., p. 114.
[102]. Jacques Rancière, Politique de la littérature, op. cit.,
p. 205.
[103]. Ibid., p. 206.
[104]. Ibid., p. 228.
[105]. Sur la question de la composition chez Flaubert on lira
avec profit l'article de Bernard Vouilloux, « Les tableaux de
Flaubert », Poétique, no 135, septembre 2003, Seuil, p. 259-287.
[106]. Jacques Rancière, La Chair des mots, op. cit., p. 185.
[107]. On pourrait multiplier à l'envi les formules qui disent
l'importance pour Flaubert de l'unité et de l'harmonie de ces
textes. Quelques exemples particulièrement frappants :
« Condense ta pensée, les beaux fragments ne font rien. L'unité,
l'unité, tout est là. L'ensemble, voilà ce qui manque à tous ceux
d'aujourd'hui, aux grands comme aux petits. Mille beaux endroits,
pas une œuvre. Serre ton style, fais-en un tissu souple comme la
soie et fort comme une cotte de mailles. » (lettre à Louise Colet,
14 octobre 1846, Correspondance, t. I, p. 389) ; « Ce qui est
atroce de difficulté c'est l'enchaînement des idées et qu'elles
dérivent bien naturellement les unes des autres » (lettre à Louise
Colet, 26 juin 1852, Correspondance, t. II, p. 118) ; « La prose
doit se tenir droite d'un bout à l'autre, comme un mur portant
son ornementation jusque dans ses fondements et que, dans la
perspective, ça fasse une grande ligne unie » (lettre à Louise
Colet, 2 juillet 1853, Correspondance, t. II, p. 373).
[108]. « Je me souviens d'avoir eu des battements de cœur,
d'avoir ressenti un plaisir violent en contemplant un mur de
l'Acropole, un mur tout nu [...]. Eh bien ! Je me demande si un
livre, indépendamment de ce qu'il dit, ne peut pas produire le
même effet. Dans la précision des assemblages, la rareté des
éléments, le poli de la surface, l'harmonie de l'ensemble, n'y a-t-
il pas une vertu intrinsèque, une sorte de force divine, quelque
chose d'éternel comme un principe ? » (lettre à George Sand, 3
avril 1876, Préface à la vie d'écrivain, présentation et choix de G.
Bollème, Paris, Seuil, 1963, p. 271).
[109]. Lettre à Mlle Leroyer de Chantepie, 23 octobre 1863,
Correspondance, t. III, Gallimard « Bibliothèque de la Pléiade »,
1991, p. 352.
[110]. Selon une formule orale d'Alain Badiou.
[111]. Lettre à Louise Colet, 26 août 1853, Correspondance,
t. II, p. 417. Sur la question du rêve dans l'esthétique
flaubertienne, voir Liana Nissim, «“Oh les tours d'ivoire !
Montons-y par le rêve !”. Quelques notes sur l'esthétique de
Flaubert », Revue Flaubert no 6, 2006, http://flaubert.univ-
rouen.fr/revue/revue6/nissim.html
[112]. Jacques Rancière, La Chair des mots, op. cit., p. 186.
[113]. On se souvient de la célèbre remarque de Flaubert à
Maupassant : « Il n'y a de vrai que les rapports » (lettre à Guy
Maupassant, 15 août 1878, Correspondance, choix et
présentation de Bernard Masson, Gallimard, « Folio classique »,
1975, p. 713).
[114]. Jacques Rancière, La Parole muette, op. cit., p. 124.
[115]. Gisèle Séginger, Naissance et métamorphoses d'un
écrivain. Flaubert et « Les tentations de saint Antoine », Honoré
Champion, 1997, p. 315. Sur cette question et sur l'opposition
entre mystère et illusion, voir également Isabelle Daunais,
Frontière du roman. Le personnage réaliste et ses fictions,
Montréal, Vincennes, Les Presses de l'université de Montréal, Les
Presses Universitaires de Vincennes (Espace littéraire), 2002,
p. 69.
[116]. Isabelle Daunais, ouvr. cité, p. 165.
[117]. Sur cette question de la discordance, voir l'article
d'Isabelle Daunais, « Le roman face à l'“autre” monde », dans
Gisèle Séginger (éd.), Gustave Flaubert 5 : « Dix ans de
critique », op. cit., p. 164.
[118]. Sur ce point, voir Jacques Rancière, « Y a-t-il un concept
du romantisme ? », art. cité, p. 299.
[119]. Voir Jacques Rancière, La Chair des mots, op. cit.,
p. 185.
[120]. L'Éducation sentimentale, Gallimard, « Folio
classique », 1965, p. 459.
[121]. Laurent Jenny, La Parole singulière, Belin (« L'extrême
contemporain »), 1990, p. 13.
[122]. Laurent Jenny, « L'objet singulier de la stylistique »,
Littérature, no 89, Larousse, 1993, p. 119.
[123]. Id.
[124]. Rancière appelle « impressionniste » « cette poétique
qui reconstitue l'univers de la représentation avec des atomes
d'anti-représentation » (La Chair des mots, op. cit., p. 186