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UE 363 : Esthétique et Histoire de l’art

UE 363A. Théories esthétiques


Intitulé du cours : L’Esthétique négro-
africaine
Séance 4.1
Chapitre II. De la méta-esthétique ou pour une théorie esthétique générale

A. Senghor et l’esthétique de la négritude


1. La négritude et son contenu idéal
2. Caractéristiques principales des arts de l’Afrique noire
3. « L’émotion est nègre comme la raison hellène »
B. Engelbert Mveng : les fondements anthropologiques d’une esthétique
négro-africaine » religieuse

UNIVERSITÉ CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR


Faculté des Lettres et Sciences Humaines
Département de Philosophie
Année universitaire : 2019-2020
Licence 3
Enseignant : Babacar Mbaye DIOP Contact : babacarmbaye.diop@ucad.edu.sn
Propositions de lecture
- Jean-Paul Sartre, « Orphée noir », préface de de l’Anthologie de la nouvelle
poésie nègre et malgache de langue française, Paris, P.U.F., 1969
- Fanon F., Peau noire et masques blancs, Paris, Seuil, 1952

- Césaire A., Discours sur la Négritude, prononcé le jeudi 26 février 1987 à


l’Université internationale de Floride à Miami ; discours publié dans
Discours sur le colonialisme, Paris, Présence Africaine, 2004
- Senghor L. S., Liberté 5, Le dialogue des cultures, « De la Négritude », Seuil,
1993
- Senghor L. S., Liberté 1, Négritude et Humanisme, « L’apport de la poésie
nègre au demi-siècle », 1964
- Diagne S. B., Léopold Sédar Senghor. L’art africain comme philosophie,
Riveneuve éditions, 2007
- Hountondji P., Sur la « philosophie africaine ». Critique de l’ethnophilosophie,
Paris, Maspero, 1977
A. Senghor et l’esthétique de la Négritude

1. La Négritude et son contenu idéal

Dans « Orphée noir », Jean Paul Sartre écrit à propos du Noir :

→ « il est pour la plupart du temps en Europe, dans le froid, au milieu des


foules grises ; il rêve à Port-au-Prince, à Haïti. Mais ce n’est pas assez : à Port-au-
Prince il était déjà en exil ; les négriers ont arraché ses pères à l’Afrique et les ont
dispersés. […] Cet ancestral des corps figure l’autre exil : l’âme noire est une
Afrique dont le nègre est exilé au milieu des froids buildings, de la culture et de
la technique blanches ».

→ Sartre déclare ainsi que la Négritude est née de l’exil; le noir de la diaspora
ou celui vivant en Afrique n’a pas de chez soi, il vit exilé corporellement et
spirituellement Le noir est donc exilé en lui-même et c’est pour cela qu’il trouve
le devoir de s’exprimer dans la poésie.
→ Sartre affirmera aussi, dans cette préface, que la Négritude,
parce qu’elle est un « racisme antiraciste », une négation de
négation, est vouée à disparaître puisqu’elle n’a jamais existé
réellement. Car la négritude est « l’annonciatrice de sa naissance et
de son agonie ». Ce qui veut dire tout simplement que les
Africains n’ont jamais été un facteur d’histoire.

 Il la présentait comme :

 « Orphée allant réclamer Eurydice à Pluton - Ainsi par un


bonheur poétique exceptionnel, c’est en s’abandonnant aux
transes, en se roulant par terre comme un possédé en proie à
soi-même, en chantant ses colères, ses regrets ou ses
détestations, en exhibant ses plaies, sa vie déchirée entre la
« civilisation » et le vieux fond noir qu’il atteint le plus
sûrement à la grande poésie collective : en ne parlant que de
soi, il parle pour tous les nègres...».
Réactions des intellectuels noirs suite à la préface de
Sartre : Fanon, Césaire, Senghor, S. Bachir Diagne

Franz Fanon, Peau noire et masques blancs, Paris, Seuil, 1952, pp.
135-136

« Quand je lus cette page, je sentis qu’on me volait ma


dernière chance. Je déclarai à mes amis : « la génération
des jeunes poètes noirs vient de recevoir un coup qui ne
pardonne pas ». On avait fait appel à un ami des peuples
de couleur, et cet ami n’avait rien trouvé de mieux que de
montrer la relativité de leur action […]. J.-P Sartre, dans
cette étude, a détruit l’enthousiasme noir ».
 Aimé Césaire, Discours sur la Négritude

La Négritude est « la simple reconnaissance du fait d’être noir,


et l’acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre
histoire et de notre culture ».

« La Négritude n’est pas une prétentieuse conception de


l’univers. C’est une manière de vivre l’histoire dans l’histoire :
l’histoire d’une communauté dont l’expérience apparaît (…)
singulière avec ses déportations de population, ses transferts
d’hommes d’un continent à l’autre, les souvenirs de croyances
lointaines, ses débris de cultures assassinées. Comment ne
pas croire que tout cela qui a sa cohérence constitue un
patrimoine ? ».

La Négritude est donc un patrimoine commun de tous les peuples


noirs.
 Senghor, Liberté 5, Le dialogue des cultures, Seuil, 1993

 La pensée de Senghor sera contre ce que dit « Orphée noir »


de la Négritude.

► Si pour Sartre la Négritude est un « racisme », Senghor


reconnaît que dans les débuts du mouvement au Quartier Latin
à Paris, la Négritude a été « une sorte de ghetto moral, ghetto
teinté de racisme ». Mais son expérience dans les Frontstalags,
comme prisonnier de guerre, et la barbarie nazie, l’avaient
sorti de ce ghetto noir. Il a compris, nous dit-il, que le racisme
est le mal absolu que seul un humanisme universel (ou une
civilisation de l’universel) pouvait défaire.

► Si pour Sartre la Négritude est exil, le propos de Senghor


sera de la déclarer comme « royaume ».
 Souleymane Bachir Diagne, Léopold Sédar Senghor.
L’art africain comme philosophie, Riveneuve éditions, 2007

►« Singulière et paradoxale préface qu’Orphée noir »,


dira Souleymane Bachir Diagne qui, le qualifiera de
« baiser mortel » : « Orphée noir » est « la plus radicale
critique, la déconstruction la plus achevée, de ce dont il est le
héraut » (p. 33)

► Le « royaume d’enfance » de Senghor « n’est pas un


simple topos poétique qui ne tiendrait sa réalité
que d’être l’évocation nostalgique, depuis l’exil,
d’un ailleurs qui serait un chez soi mythique ». Au
contraire, il est bien plus réel que la réalité même (p. 28)
Conclusion :
Sartre avait donc finalement donné une idée fausse de
la négritude en la présentant comme « Orphée allant
réclamer Eurydice à Pluton », mais pour Senghor la
négritude n’a rien de mythique : elle a un contenu et un
objectif réels. C’est une culture, un agir de l’homme en
société pour s’adapter à son milieu et adapter celui-ci à
lui. C’est un humanisme. Elle est projet et action. Elle
est projet dans la mesure où elle permet au Négro-
africain d’apporter sa contribution à la Civilisation de
l’Universel. Elle est action dans la mesure où elle
permet au Négro-africain de réaliser son projet dans tous
les domaines, notamment, dans les domaines de la
littérature et des arts.

Lire : Babacar Mbaye Diop, Critique de la notion d’art


africain, Hermann, Paris, 2018

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