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Débat Trump-Biden: apaisé dans la forme,
virulent sur le fond
PAR FRANÇOIS BOUGON
ARTICLE PUBLIÉ LE VENDREDI 23 OCTOBRE 2020
Sécurité sociale, inégalités raciales, économie,
immigration, environnement… ont été abordés. Douze
jours avant le scrutin du 3 novembre, le président a
aussi dépeint son adversaire en politicien de carrière,
tandis que le candidat démocrate a dénoncé un
président incompétent et corrompu.
Le débat Trump/Biden le 22 octobre à l'Université
Belmont à Nashville. © Chip Somodevilla /POOL/AFP
La gestion du Covid-19 a dominé le dernier débat
entre le président républicain Donald Trump et son
adversaire démocrate Joe Biden jeudi soir à Nashville
(Tennessee).
En comparaison du premier, qui avait été une
cacophonie le mois dernier, il a été beaucoup plus
calme (lire le papier d’Antoine Perraud ici). Les
micros étaient coupés lors des interventions pour que
chacun puisse parler sans être interrompu, ce qui leur a
permis à l’un et à l’autre d’exposer leurs arguments et
leurs critiques. Un duel ferme, virulent sur le fond mais
apaisé dans la forme, animé par la journaliste Kristen
Welker de la chaîne de télévision NBC.
Sur le coronavirus, Donald Trump a dépeint, contre
tout évidence, la situation en rose. Selon lui, le pays
apprend « à vivre avec » la pandémie et a la perspective
d’un vaccin distribué par l’armée. « Il y a eu un pic
en Floride, et il est maintenant parti », a-t-il affirmé,
alors même que l’État venait d’enregistrer un record
d’infections depuis la mi-août avec 5 557 cas en une
seule journée.
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Joe Biden a pointé les près de 223 000 morts du
Covid-19, les millions de chômeurs et les entreprises
qui ferment, l’incapacité du président à gérer la
crise : « Quiconque est responsable d’autant de
morts ne devrait pas rester président des États-Unis
d’Amérique », a-t-il dit, ajoutant : « Je vais mettre fin
à cela. Je vais m’assurer que nous avons un plan. »
« Nous sommes sur le point d’entrer dans un hiver
sombre, un hiver sombre, et il n’a pas de plan clair », a
souligné Joe Biden. Réplique de Trump : « Je ne pense
pas que nous allons avoir un hiver sombre du tout
– nous ouvrons notre pays. » Il a cependant, pour la
première fois, assumé « l’entière responsabilité » des
conséquences de la pandémie, mais s’est rapidement
dédouané, comme il sait si bien le faire, sur Pékin :
« Ce n’est pas ma faute si le virus est arrivé ici, c’est
la faute de la Chine. »
Le débat Trump/Biden le 22 octobre à l'Université
Belmont à Nashville. © Chip Somodevilla /POOL/AFP
Sur tous les autres sujets, la sécurité sociale,
les inégalités raciales, l’économie, l’immigration,
l’environnement…, les deux hommes ont montré à
quel point leurs visions différaient. Et le démagogue
Donald Trump a menti sur bien des sujets : « J’aime
vraiment l’environnement » – lui dont l’administration
a taillé en pièces une centaine de régulations et
de normes –, « Personne n’a fait plus pour la
communauté noire que Donald Trump. Si vous
regardez, à l’exception d’Abraham Lincoln, c’est la
seule exception possible, personne n’a fait ce que j’ai
fait » – lui qui a apporté son soutien à l’extrême droite
et dépeint les manifestants de Black Live Matters en
émeutiers sans foi ni loi…
Pour sa part, Joe Biden a plaidé pour un retour
des États-Unis au sein de l’Accord de Paris et s’est
déclaré pour une économie de transition afin de sortir
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notamment du « fracking » (la production de gaz et
d’huile de schiste par fracturation des roches) qui a été
un des moteurs de l’économie productive américaine
depuis la crise financière de 2008 (lire le papier de
Martine Orange ici).
« Je ne vais pas sacrifier des millions d’emplois et
des milliers d’entreprises à cause de l’Accord de
Paris. C’est un accord injuste », a répondu Trump,
expliquant que son pays avait « l’air le plus pur,
l’eau la plus claire et les émissions de CO2 les plus
faibles depuis des années ». Par contraste, a-t-il lancé,
la Chine, la Russie et l’Inde sont « sales ».
Donald Trump n’a cessé de présenter Joe Biden
comme un politicien de carrière, présent sur la scène
politique depuis près de cinquante ans, corrompu et
qui n’a rien fait – « Ça parle, ça parle, ça parle…
du bla-bla, mais pas d’action. » Biden, lui, a souligné
les liens de Trump avec les dictateurs de la planète,
notamment sa lune de miel avec le Nord-Coréen Kim
Jong-un – « C’est comme dire que nous avions une
bonne relation avec Hitler avant qu’il n’envahisse
l’Europe » –, ses mensonges répétés et son choix
de favoriser les milliardaires plutôt que les salariés,
Wall Street contre « Main Street ». Sans compter la
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corruption de Trump. Alors que son rival républicain
évoquait le fils de Joe Biden et ses affaires en Ukraine,
Joe Biden a répliqué : « Il ne s’agit pas de sa famille
et de la mienne. Il s’agit de votre famille », dit-il à
l’adresse de tous les Américains.
Face à une nouvelle attaque de Trump, Biden s’est
alors tourné vers la caméra et a lancé : « Vous
savez qui il est. Vous connaissez son caractère.
Vous connaissez mon caractère. Vous connaissez
ma réputation d’honneur et de vérité. »
La veille, Joe Biden avait reçu un appui de
poids. Celui dont il fut le vice-président, Barack
Obama, le prédécesseur de Donald Trump. À
Philadelphie, dans l’État de Pennsylvanie, terre natale
de Biden, Obama s’est livré à une critique en règle du
bilan de son successeur. « Je n’ai jamais pensé que
Donald Trump adopterait ma vision ou poursuivrait
mes politiques, mais j’ai espéré, pour le bien du pays,
qu’il pourrait montrer un certain intérêt à prendre ce
travail au sérieux, a déclaré M. Obama. Mais cela ne
s’est pas produit. Il n’a pas montré d’intérêt à faire le
travail ou à aider qui que ce soit d’autre que lui-même
et ses amis. »
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