Beruflich Dokumente
Kultur Dokumente
Vous avez tout pour plaire et pour réussir. Vous avez des compétences,
des diplômes, une certaine expérience. Certains vous disent jolie
femme, beau garçon, d’autres disent que vous avez du charisme, de
l’allure, de la présence…
Et pourtant, vous n’êtes toujours pas satisfait de vous.
au sommaire
Je détecte ce qui m’empêche de m’aimer
J’arrête de me comparer
J’aime mon apparence physique
Je suis convaincu de mes talents
Moi avec ma famille et mes amis
Pour en savoir plus sur la collection rendez-vous sur :
www.etsimodedemploi.wordpress.com
Biographie auteur
Psychologue psychana lyste, Sylvie Protassieff accompagne
les personnes dans la construction de leur trajectoire de vie.
Elle est également consultante en entreprise où elle
intervient dans la fonction commerciale, les projets
transversaux, le management et les trajectoires
professionnelles. Elle est diplômée de l’Executive MBA
HEC. Elle est auteur de Quadras et cadres et Le Marketing de soi.
www.editions-eyrolles.com
Sylvie Protassieff
Et si je m’aimais enfin !
Estime de soi
mode d’emploi
Groupe Eyrolles
61, bd Saint-Germain
75240 Paris Cedex 05
www.editions-eyrolles.com
Introduction
Chapitre 1
Je détecte ce qui m’empêche de m’aimer
Chapitre 2
J’arrête de me comparer
Les clés pour changer
Repérez avec qui et comment vous vous comparez
Évaluez les conséquences négatives de ces comparaisons
Évaluez les conséquences corporelles de ces comparaisons
Repérez-en l’origine
Et pourquoi changer ?
Vous aimez regarder ce que font les autres ?
Avez-vous toujours été comme ça ?
Essayez quand même !
Comparez-vous à vous-même pour progresser
Fixez-vous des objectifs SMART
Avez-vous un problème avec votre poids ou le tabac ?
Changez votre façon de vous comparer pour progresser dans la vie !
Autorisez-vous à être vous-même, c’est-à-dire différent et unique
Trouvez des raisons d’être fier de vous, sans être parfait
Tirez profit d’un échec
Chapitre 3
J’aime mon apparence physique
Chapitre 5
Moi avec ma famille et mes amis
À noter
En fait, s’aimer soi-même, c’est s’aimer bien, avoir de soi-même une image
raisonnablement positive, accepter ses qualités, ses talents, chercher à les
développer, tout en acceptant aussi ses points faibles, ses manques, mais
sans en rajouter.
S’aimer soi-même est aussi une condition, un état indispensable pour
apprécier les autres… et être apprécié d’eux. Apprécier les autres, c’est
avoir un a priori positif quand on les rencontre, de la curiosité pour ce
qu’ils sont. Et pas de crainte particulière sur ce qu’ils vont penser de vous.
Enfin, s’aimer soi-même, s’aimer bien, est indispensable pour être capable
d’aimer quelques autres, ceux qui sont importants pour vous, de les aimer
d’une façon ajustée, qui fait qu’ils se sentent réellement aimés.
En fait, vous avez tout pour plaire, réussir… Certains vous disent jolie femme,
belle fille, beau garçon ou bel homme, d’autres disent que vous avez du
« chien » de l’allure ou de la présence, et on est déjà tombé amoureux de vous.
Vous avez des compétences, quelques diplômes, une certaine expérience, voire
une expérience certaine… Et pourtant, ça ne va pas.
Vous annulez un rendez-vous avec un ou une amie, parce que vous avez…
mauvaise mine, un bouton, rien à vous mettre, pas le moral, pas le courage. Vous
avez un rendez-vous réseau ou d’embauche et vous annulez, parce que vous ne
le « sentez pas », vous n’avez rien à lui dire, vous allez être nul (comme
d’habitude)… Si vous n’annulez pas, vous y allez avec la conviction tellement
profonde que cela va mal se passer, que vous n’allez pas être à la hauteur, que
vous allez bafouiller, rougir ou pire. Et bien sûr, l’expérience vous le confirme.
C’est normal, vous en étiez tellement convaincu !
Si, ô miracle, malgré tout ce que vous avez pu faire pour rater, on continue à
vouloir de vous, comme ami(e), copain ou copine, mari ou femme,
collaborateur… vous voilà peut-être hors de vous ! « Comment ! Ce nul, cet
avorton, ce misérable, cette femme frivole, ce dragueur, ce chef d’entreprise mal
organisé ou incompétent, ils veulent de moi ? Ah non, alors, ils ne m’auront
pas ! Je suis trop bien pour eux ! Je vaux mieux que ça, moi ! Je ne suis pas celui
ou celle que vous croyez ! » Vous n’êtes pas hors de vous ? Vous êtes peut-être
déçu… « Voilà bien ma chance ! Pour une fois que je plais à quelqu’un, c’est
quelqu’un de vraiment pas possible ! »
Tant et si bien que, d’évitements en refus, vous pouvez faire le vide autour de
vous, ce qui tout compte fait, vous renforce dans l’idée que, vraiment, rien ne
vous réussit. Et que vous avez bien raison de ne pas vous aimer, puisque l’on ne
vous aime pas.
Autre scénario possible : vous avez un job, un partenaire dans la vie, MAIS… ce
job n’est pas à la hauteur de vos espérances, vous n’êtes pas payé ou reconnu à
votre juste valeur. Votre compagnon ou compagne n’est pas non plus à la hauteur
de vos espérances. Que se passe-t-il ?
Est-ce que vous n’avez pas eu de chance ou bien avez-vous fait tout ce qu’il
fallait (inconsciemment, bien sûr !) pour échouer dans vos ambitions ? Auriez-
vous quelques difficultés à vous aimer vous-même ? Auriez-vous fait l’impasse
sur certaines de vos ambitions, certains de vos désirs, convaincu que leur
réalisation n’était pas à votre portée ? Il est donc temps de faire le point sur ce
sujet fondamental, et vous préparer à quelques améliorations…
Chapitre 1
Je détecte ce qui m’empêche de
m’aimer
Après avoir lu ce chapitre, vous saurez ce qui vous freine dans l’image
que vous avez de vous-même, ce qui vous empêche de vous aimer. Vous
aurez acquis deux ou trois méthodes pour vous aimer mieux.
Marie, Pierre et Jean sont frères et sœur. Ils ont respectivement 38, 35 et 29 ans.
Commençons par observer Marie.
Marie doit fêter son anniversaire bientôt. Elle a envie d’avoir près d’elle ses amis
les plus chers, les plus proches. Elle lance les invitations un mois à l’avance. Elle
imagine déjà la fête qu’elle pourrait organiser, des costumes peut-être, de la
musique certainement, ou bien une soirée à thème, ou bien tout à la fois… Et le
dîner, un buffet ? un dîner assis ? Rustique ou raffiné ? Et comment s’habillera-t-
elle, peut-être cette petite robe qui lui va si bien ! Mais, déception, un des
couples répond qu’il a déjà prévu quelque chose, impossible de décaler. Cela
déclenche chez Marie une grande crise de doute. Partie très enthousiaste pour
organiser cette soirée, la voilà en train de « psychoter » toute seule dans son
coin. « Oh, est-ce bien la peine d’organiser cette soirée, qu’est-ce que j’ai besoin
de me mettre en avant ? Et puis manifestement, ils n’ont pas envie de venir, ils
ne vont pas s’amuser… » Si une deuxième contrariété survient, Marie laissera
tomber son projet. « Oh, et puis, à quoi bon ! ».
Marie ne se sent en fait pas légitime pour rassembler du monde autour d’elle,
pour un événement la concernant, elle. Elle le fait pourtant sans aucune difficulté
pour son mari ou ses enfants. Tout cela vient du fait que l’image que Marie a
d’elle-même n’est pas optimale. Si elle abandonne son projet, non seulement elle
fera l’impasse sur quelque chose qui lui tenait à cœur, mais il est probable que
cela aura des conséquences à plus long terme : doutes sur elle-même,
ruminations tristes, sentiment de ne jamais réussir ce qu’elle entreprend, etc.
Cela peut se traduire par des actes manqués ou des renoncements difficiles à
comprendre. Dans tous les cas, l’échec est en quelque sorte programmé
inconsciemment et semble répondre à un désir de se mettre en difficulté.
Cela peut se manifester par le ratage dans quelque chose où vous avez toutes les
raisons de réussir. Vous pouvez aussi accepter d’être mal traité ou frustré, de
végéter dans un travail sans intérêt, de ne pas vous soigner quand vous êtes
malade, au risque que cela empire. C’est comme si vous vous disiez : « Je ne
mérite pas mieux, alors je fais en sorte que la vie me traite mal. » Au risque de
vous plaindre ensuite et de dire : « Je n’ai vraiment pas de chance ! »
Dans certains cas plus graves, ce sont carrément des conduites à risque qui sont
pratiquées, au volant ou dans certains sports, par exemple.
Peut-être que vous vous dites, vous aussi, à certains moments : « Je n’ai pas
confiance en moi, je suis timide, je rate tout, ce n’est pas la peine, à quoi bon ! »
L’àquoibonisme est une « maladie » assez répandue, qui consiste à laisser
tomber la majorité de ses idées, de ses projets, de ses envies. L’idée sous-jacente
est que, de toute façon, et comme d’habitude, ça va rater, ne pas marcher, se
terminer par un échec. L’idée de l’échec, d’un échec supplémentaire qui
viendrait s’ajouter à une liste considérée comme déjà très longue, est
insupportable. L’àquoibonisme se déclenche alors et permet d’éviter le risque
d’échec, inhérent à tout projet, en renonçant au projet.
L’àquoibonisme, c’est aussi notre tendance à la paresse : ne pas se changer pour
un rendez-vous important, ne pas refaire son CV pour une candidature
spécifique, ne pas mettre à profit une idée qui semble bonne au départ, ne pas…,
ne pas… car… à quoi bon ? L’àquoiboniste se reconnaît souvent à son aspect
physique négligé, à un manque d’engagement social et sentimental, car, bien sûr,
à quoi bon ?
Déjà, l’idée que ce compliment pourrait n’être pas sincère, justement. Vous
n’avez peut-être pas eu l’habitude d’être complimenté. Ou bien, derrière le
compliment, arrivait vite la critique. Par exemple, « C’est bien, ce que tu as fait
là ! Par contre, c’est dommage que… » ou « Pour une fois, tu y es arrivé… » ou
« C’est beaucoup mieux que la dernière fois ! »
Peut-être aussi qu’il vous est difficile de vous accorder à vous-même des
compliments. Vous avez du mal à vous voir beau ou belle, intelligent et en pleine
réussite.
FAITES CONNAISSANCE AVEC LES CINQ MESSAGES
CONTRAIGNANTS
Mais alors, pourquoi êtes-vous pris d’àquoibonisme ou refusez-vous les
compliments ?
On peut expliquer ce type de comportement par des « messages » que nous ont
inculqués nos éducateurs, nos parents en tout premier lieu au début de notre vie.
À l’origine, ils ont pour objectif de nous rendre adaptés et efficaces dans la vie.
En fin de compte, il en est parfois tout autrement. Ces messages se sont ancrés
en nous de façon très puissante et pilotent une partie de nos actions et réactions.
On les appelle les « cinq messages contraignants ».
À noter
Voici les cinq messages et quelques exemples des injonctions de nos
éducateurs pour bien les comprendre :
Sois fort : « Il faut souffrir pour être belle », « Un garçon, ça ne pleure
pas » ;
Sois parfait : « Comment ! Tu n’as eu que 12 ! Je pensais que tu pourrais
avoir 15, avec tout le temps que j’y ai passé avec toi ! » ;
Dépêche-toi : « Active-toi, tu es toujours le dernier » ;
Fais un effort : « On n’a rien sans rien ! » ;
Fais plaisir : « Ça me ferait tellement plaisir que tu fasses… un bisou à la
dame, de la danse, du piano, du rugby, médecine, une école de
commerce… ».
Bien sûr, cela nous a été inculqué pour notre bien, pour nous faire grandir et
nous permettre de vivre en société. Mais, à l’âge adulte, ces messages que nous
nous envoyons à nous-même nous font ressentir que nous ne sommes pas à la
hauteur des attentes, puisque nous ne sommes jamais assez parfaits, assez
rapides, assez forts, etc.
Nous avons tellement voulu attirer l’amour de nos parents, nous voulons
tellement attirer l’amour des autres que nous avons pris l’habitude d’appliquer
ces messages à toutes les situations. C’est en cela qu’ils sont devenus
contraignants. Contraignants, parce qu’automatiques, contraignants parce qu’ils
finissent par nous mettre dans des situations contradictoires ou franchement
défavorables.
De plus, nous avons tendance, ensuite, à utiliser les mêmes messages vers nos
proches, enfants, conjoint, amis, collègues. Difficultés relationnelles garanties !
Exercice
VOS MESSAGES CONTRAIGNANTS
Pour chacune des questions suivantes, reportez le nombre de points associé à la réponse qui vous
correspond le plus, à droite de la case comportant un petit symbole. Répondez rapidement. Il y a cinq
réponses possibles :
Presque toujours : 5, souvent : 4, d’ordinaire, oui : 3, parfois : 2, presque jamais : 1
Points
1 Pour prendre une décision, avez-vous besoin d’un ■
maximum d’information ?
2 À votre avis, pleurer est-il une faiblesse ? ♠
3 Ressentez-vous de l’irritation lorsque les autres sont ♣
lents ?
4 Vous sentez-vous tenu d’aider les autres ? ♥
5 Faites-vous des efforts pour atteindre vos objectifs ? ♦
6 Vous reprochez-vous vos erreurs ? ■
7 Êtes-vous exigeant envers les autres comme envers ♠
vous-même ?
8 Arrivez-vous en retard même si vous vous êtes ♣
arrangé pour arriver à l’heure ?
9 Offrez-vous votre aide même si l’on ne vous la ♥
demande pas ?
10 Avez-vous du mal à réussir sans lutte et/ou sans ♦
difficulté ?
11 Avez-vous du mal à considérer que ce que vous ■
accomplissez est parfait ?
12 Dites-vous aux autres : « Il n’y a pas de quoi se ♠
lamenter dans cette situation » ?
13 Prenez-vous un rythme lent en vous disant qu’il faut ♣
vous dépêcher ?
14 Utilisez-vous des expressions comme : « Savez- ♥
vous », « Pourriez-vous »… ?
15 Êtes-vous adepte du « Essayer, essayer encore » ♦
jusqu’à ce que vous réussissiez ?
16 Vérifiez-vous plusieurs fois les paroles des autres de ■
crainte d’une erreur ?
17 Vous sentez-vous mal à l’aise à cause de vos ♠
faiblesses ?
18 Vous impatientez-vous lorsque vous devez attendre ? ♣
19 Attendez-vous que votre interlocuteur ait fini de ♥
parler avant de prendre la parole ?
20 Avez-vous du mal à vous détendre ou à faire une ♦
pause lorsque vous en avez l’occasion ?
21 Tendez-vous à la perfection ? ■
22 Maîtrisez-vous vos émotions ? ♠
23 Le silence vous met-il mal à l’aise ? ♣
24 Vérifiez-vous si les autres sont satisfaits de vous et ♥
de vos actes ?
25 Utilisez-vous des tournures de type : « J’essaierai », ♦
« Je n’y arrive pas », « C’est difficile » ?
26 Vous sentez-vous tenu(e) à la précision dans vos ■
communications ?
27 Réagissez-vous à des problèmes en disant par ♠
exemple : « Pas de commentaire » « Je ne sais qu’en
penser », « Cela n’a pas d’importance » ?
28 Pianotez-vous ou tapez-vous des pieds en signe ♣
d’impatience ?
29 Pensez-vous que vous devez rendre les autres ♥
heureux ?
30 Dites-vous : « Au moins, j’ai essayé » ou des phrases ♦
semblables ?
31 Dites-vous par exemple : « Cela n’est pas tout à fait ■
exact, voici une autre proposition » ?
32 « Tiens-toi droit(e) » : vous souvenez-vous encore de ♠
cette remontrance ?
33 Remettez-vous à plus tard, pour ensuite vous ♣
dépêcher à la dernière minute ?
34 Pensez-vous qu’une tâche n’a de valeur que si celui ♥
qui vous l’a confiée l’approuve ?
35 Préférez-vous le combat à la victoire ? ♦
36 Pensez-vous qu’une critique qui vous est adressée est ■
une preuve de votre incompétence ?
37 Pensez-vous que la vie est une leçon qui coûte cher ♠
et que l’on doit se débrouiller seul(e) ?
38 Plus vous êtes bousculé(e) et plus vous vous sentez ♣
efficace ?
39 Savez-vous dire non sans être gêné(e) ? ♥
40 Vous arrive-t-il de ne pas vous sentir à la hauteur ? ♦
Additionnez vos points obtenus par symbole et reportez-les ci-dessous.
Vous pouvez avoir au maximum 40 points par message contraignant. Classez les messages par ordre
décroissant de nombre de points obtenus. Vous allez devoir vous attaquer en priorité à celui qui a
obtenu le plus de points, puis le suivant, etc. Si vous avez moins de 15 points à un message, vous
pouvez l’oublier !2
Exercice
CLASSEZ VOS MESSAGES CONTRAIGNANTS
Classez vos messages contraignants en ordre décroissant du nombre de points obtenus.
Message contraignant n° 1 : …………………….
Message contraignant n° 2 :…………………….
Message contraignant n° 3 : …………………….
Ensuite, au cours de la vie, les expériences positives, celles vécues comme des
réussites, renforceront l’estime de soi. Les expériences négatives, celles vécues
comme des échecs, saperont cette estime de soi. Cela est d’autant plus fort que
certaines personnes ont tendance à se focaliser sur les expériences négatives.
Pour développer une estime de soi haute et stable, l’enfant a besoin à la fois
d’amour inconditionnel et d’amour conditionnel. L’amour inconditionnel est
apporté à l’enfant quand on lui dit : « Je t’aime, quoi que tu fasses. » L’amour
conditionnel est apporté à l’enfant quand on lui dit : « Je suis content (fier) de
toi, si… » ou « Je ne suis pas content de ce que tu as fait là. » Un enfant a besoin
des deux types d’amour pour se développer de façon harmonieuse.
Les notes que l’on peut obtenir à ce questionnaire se situent de 10 (plus basse
note d’estime de soi possible) à 40 (plus haute note d’estime de soi possible).
Un score compris entre 10 et 16 tend à indiquer une estime de soi plutôt basse.
Est-ce que cela correspond à votre impression personnelle ?
Si votre score se situe entre 34 et 40, vous appartenez sans doute au groupe des
personnes à haute estime de soi. Ce résultat va peut-être encore augmenter votre
estime de soi…
Entre 17 et 33, vous êtes dans le groupe des sujets à estime de soi moyenne. Le
questionnaire ne tranche pas, mais peut-être pouvez-vous le faire vous-même : à
quel groupe avez-vous le sentiment subjectif d’appartenir ? Haute ou basse
estime de soi ?
Exercice
DÉVELOPPEZ VOTRE BIEN-ÊTRE POUR UNE MEILLEURE ESTIME
DE SOI
Parmi les activités suivantes, cochez celles qui peuvent vous donner un sentiment de bien-être et de
satisfaction :
❏ boire un verre d’eau fraîche ;
❏ respirer profondément ;
❏ vous ressourcer dans la nature ;
❏ pratiquer une activité physique ;
❏ échanger avec d’autres personnes ;
❏ jouer ;
❏ apprendre quelque chose de nouveau ;
❏ pratiquer une activité manuelle ;
❏ pratiquer une activité artistique ;
❏ manger une salade et un fruit.
Quand avez-vous fait une de ces activités pour la dernière fois ?
Ah, je vous entends déjà dire : « Mais il faut avoir de l’argent ou du temps, ou
les deux, pour pouvoir faire ce genre de choses ! Ma vie est beaucoup trop
compliquée, stressante, pour que j’aie le temps de faire ça ! »
Ce serait vrai si vous vouliez tout faire. Mais si vous choisissez LE changement
le plus simple à mettre en œuvre pour vous, c’est tout à fait faisable. Voici
quelques idées.
Pro/perso
Je n’ai pas le temps de faire du sport, d’être en contact avec la nature, car soumis
au métro, boulot, dodo ? Je descends de mon bureau quand le stress monte pour
respirer de l’air frais dehors pendant cinq minutes, ou je marche dix minutes
jusqu’à la station de tram, de bus ou de métro suivante, au lieu de m’engouffrer
dans la plus proche.
Et pourquoi changer ?
C’EST GÉNÉTIQUE
D’abord, c’est génétique, votre mère est comme ça. Ou en tous cas, c’est de
famille ! Votre tante, votre père, votre grand-père, votre grande sœur… Cela
voudrait dire que tout ce qui vous arrive est un coup du destin, de la fatalité, du
manque de chance. Si les autres s’en sortent mieux que vous, pensez-vous, c’est
que le destin leur est plus favorable, qu’ils ont plus de chance que vous, une
famille différente.
Pourtant, si vous regardez autour de vous, il est possible que vous connaissiez
quelqu’un pour qui le pronostic de départ dans la vie était aussi peu réjouissant
que le vôtre, voire pire, et qui est parvenu à inverser les choses. Si cette personne
est parvenue à changer le cours des choses, il ne s’agissait pas de destin. Alors,
pourquoi pas vous !
Conseil de l’expert
Le narcissisme est une composante indispensable de la personnalité. Faisons une comparaison :
avoir une maison, un intérieur agréable, confortable, vous permet de vous ressourcer par rapport
à la vie que vous passez à l’extérieur, professionnelle et sociale. Ce n’est en aucun cas un handicap
pour avoir une vie à l’extérieur, bien au contraire.
Le narcissisme, c’est un peu la même chose. C’est votre socle, votre refuge, en quelque sorte, vous
permettant, en étant bien et confortable à l’intérieur de vous-même, de vivre avec les autres, de
vous confronter au monde, à la vie, et à ses difficultés.
Les personnes que l’on dit narcissiques sont au contraire pourvues d’un
narcissisme insuffisant, insuffisamment structuré, qui ne les protège pas des
difficultés de la vie.
Nous avons donné plusieurs fois depuis le début de ce chapitre des exemples de
phrases véhiculant des images négatives que les personnes manquant d’estime de
soi ont tendance à se dire.
Pour pratiquer la méthode Coué, il faut choisir des phrases véhiculant des
affirmations positives. Ces phrases doivent être formulées de façon positive,
concrète, par exemple : « Je vais chaque jour un peu mieux » ou « Mon mal au
dos disparaît », ou « Je suis rempli d’énergie. »
Ces phrases, vous pouvez vous les répéter lorsque vous êtes dans les transports,
avant de vous endormir. Vous pouvez aussi les avoir écrites, devant vos yeux au
bureau, dans votre cuisine, ou sur votre smartphone.
Bon à savoir
La méthode Coué tire son nom des travaux du pharmacien et
psychothérapeute français Émile Coué (1857-1926). Il a étudié les
phénomènes de l’hypnose et de la suggestion.
La méthode Coué est une technique de psychothérapie consistant à atteindre
un équilibre par autohypnose. On s’en est souvent moqué, même s’il y a un
fondement intéressant dans cette pratique.
Mais la méthode Coué est difficile à pratiquer justement par les personnes qui
sont aux prises avec l’àquoibonisme. Pour y parvenir, un bon moyen est de
travailler au moins un message contraignant.
Pro/perso
Pour travailler le « Sois parfait » : c’est vendredi, vous avez eu une énorme
semaine, vous avez encore un ou deux dossiers importants, malgré tout, vous
vous donnez le droit de partir à 17 heures.
Pour travailler le « Fais plaisir » : pour une fois, vous allez vous faire passer
avant l’autre. Votre collègue vous demande une énième fois de le/la remplacer,
alors que vous avez prévu quelque chose ? Cette fois-ci, non, vous ne pouvez
pas ! Vous avez danse, ou squash !
Pour travailler le « Fais des efforts » : vous acceptez avec le sourire les
compliments que l’on vous fait sur cette présentation que vous avez si bien
réussie… sans qu’il vous en coûte réellement d’efforts, tant cela vous a plu de la
réaliser.
Pour travailler le « Sois fort » : la prochaine fois que l’on vous confie une
nouvelle tâche, vous analysez intégralement le problème avant de dire oui, et
demandez les ressources nécessaires (temps, formation, ressources, aide…)
avant de vous engager.
IL SUFFIT D’UN !
Les probabilités sont souvent contre nous. C’est une des raisons qui nous font
souvent abandonner une idée, un projet. La plupart de ceux qui ont entrepris cela
ont échoué, alors pourquoi réussirais-je ? Cela vaut pour une vraie rencontre
amicale ou amoureuse, l’organisation d’un projet qui vous tient à cœur,
l’obtention d’une mobilité professionnelle…
Mais vous pouvez aussi inverser votre point de vue et vous dire : « Il suffit
d’un ! » Même si les propositions de mobilité dans votre entreprise ou dans le
service que vous ciblez sont rares, il suffit qu’il y en ait une… et qu’elle soit
pour vous ! Même si obtenir une subvention pour organiser et mener à bien ce
projet d’étude en Tasmanie relève du miracle, il peut suffire d’un dossier bien
monté, du bon contact, et bingo ! Même si la rencontre d’un être à aimer est rare,
il suffit qu’il y en ait un ou une pas trop loin, et qu’il ou elle soit pour vous.
Le fait d’avoir toujours en tête qu’« il suffit d’un ! » est aussi une façon de se
mettre en mouvement. Car même si les probabilités sont contre vous, le fait de
croire qu’une possibilité existe, qu’elle peut être pour vous peut vous changer la
donne. Vous êtes alors en position d’ouverture et cela peut vous mettre dans la
situation d’atteindre ce que vous souhaitez.
D’accord/Pas d’accord
Vous échouez aussi parfois parce que vous vous mettez des objectifs réellement
trop ambitieux : faire un marathon alors que vous faites de temps en temps six
kilomètres de course à pied, postuler sans préparation aucune dans un autre
secteur d’activité que celui où vous travaillez depuis vingt ans, publier un roman
alors que vous n’avez jamais publié la moindre chose, etc.
Exercice
DÉPASSEZ VOS COMPORTEMENTS D’ÉCHEC
Choisissez votre comportement d’échec le plus fréquent. Par exemple, rater sa présentation en
réunion, ne jamais intervenir dans un groupe, se retrouver en infériorité dans un échange avec une
personne que vous craignez…
Mettez-vous un objectif ambitieux, mais pas trop. En effet, vouloir faire l’ascension de l’Everest sans
entraînement est une utopie. Un objectif ambitieux mais raisonnable, ça peut être de parler au moins
une fois en réunion, d’aller au-devant de cette cousine avec qui ça se passe toujours mal et de lui dire
quelques mots, de monter un sommet de 3 000 mètres…
Mais après avoir posé cet objectif, vous allez vous préparer très sérieusement : réfléchir au message
que vous voulez passer au groupe, à ce que vous allez dire à cette cousine, faire un cross chaque
semaine… Et vous allez répéter avant l’événement, de façon à être prêt et paré face à toute
éventualité.
En résumé, quel que soit votre objectif, la préparation est la clé !
1. Source : www.ithaquecoaching.com/
2. D’après : www.ithaquecoaching.com/wp-content/uploads/2010/09/dossiers-d-ithaque-messages-
contraignants.pdf
3. Source : Christophe André et François Lelord, L’Estime de soi, Odile Jacob, 2008 (nouvelle édition).
Chapitre 2
J’arrête de me comparer
Mais voilà qu’hier, en rentrant chez lui, il a constaté que son voisin vient de
changer, lui aussi, de voiture. Un modèle un peu plus luxe, un peu plus puissant
que celle de Jean.
Dans cette histoire, Jean pourrait continuer à être heureux de ce qu’il a, mais
non, la proximité d’un voisin qui a une plus belle voiture que la sienne lui fait
perdre ce petit bonheur. Mais lorsque Jean voit passer une Porsche ou une Ferrari
dans la rue, il l’admire, mais ne se rend pas malheureux pour autant. C’est donc
la proximité qui fait que la comparaison lui est douloureuse.
Le problème de Jean, c’est que ce mécanisme se produit dix, cent fois dans une
journée, sans même qu’il s’en rende compte : sa silhouette, sa chemise, ses
chaussures, ses cheveux, sa peau… son intervention en réunion, la réponse qu’il
a faite à un collègue, tout est passé au crible et comparé à ce qu’ont les autres ou
à ce qu’ils ont fait, ou auraient fait ou auraient pu faire, à sa place.
Les clés pour changer
REPÉREZ AVEC QUI ET COMMENT VOUS VOUS
COMPAREZ
Alors que se passe-t-il ? Nous nous comparons en général à des personnes
proches et rarement avec les stars, qui nous semblent inaccessibles quel que soit
leur domaine.
Exercice
COMPAREZ-VOUS VRAIMENT
Choisissez un ou une collègue, un voisin ou une voisine, un cousin ou une cousine, un ami ou une
amie et faites honnêtement la liste de tous les points de comparaison possibles : physique,
professionnel, matériel, amical, amoureux, etc. Classez-les ensuite en deux colonnes : à gauche, les
points où la personne choisie est mieux lotie que vous ; à droite, les points où la personne choisie est
moins bien lotie que vous. Faites ensuite le décompte, vous verrez que ce n’est pas si défavorable pour
vous, et que c’est même peut-être favorable.
Maintenant, regardez comment vous fonctionnez habituellement : est-ce que vous donnez plus
d’importance aux points qui vous sont défavorables ? Voilà le problème qui vous gâche la vie. « J’ai
ça, c’est vrai, mais lui ou elle a ça, et c’est drôlement plus important et plus désirable que ce que
j’ai ! »
La deuxième est lorsque la comparaison vous est plutôt favorable, ce qui arrive
aussi. Vous avez cinq kilos à perdre, mais la personne en face de vous dans le
bus en a bien dix ou quinze ! Juste retour des choses, tout à coup, l’estime de
vous-même remonte un peu. Mais la conséquence, c’est aussi de vous dire que
vos cinq kilos ne sont pas un drame et que vous pouvez bien manger une
choucroute ce soir, avec une bonne bière… Et même en reprendre !
Lorsque vous vous comparez à votre avantage, vous êtes enclin à rester comme
vous êtes, puisqu’il y a pire. C’est la porte ouverte au laisser-aller, à l’inertie,
pire, à la médiocrité.
Jusqu’à ce que vous rencontriez une autre personne dont la ligne vous épate et
qui fait rebasculer votre moral vers le bas. Mais comme la choucroute a laissé
quelques traces, à quoi bon faire des efforts maintenant ?
Exercice
DÉCOUVREZ L’EFFET NÉGATIF DES COMPARAISONS
Choisissez maintenant une autre personne avec laquelle vous vous êtes pris en flagrant délit de
comparaison. Et notez, en plus, les conséquences négatives détaillées de ces comparaisons.
Cela peut être d’abandonner un projet, de ne pas oser entreprendre, de ruminer des pensées sombres
toute la soirée… Et là, vous mesurez tout l’effet pernicieux de vos comparaisons.
REPÉREZ-EN L’ORIGINE
Vu et entendu en famille
Conseil de l’expert
Pour vivre correctement avec vous-même, il faut arrêter de se comparer, s’accepter imparfait, et
accepter que la perfection soit inaccessible. C’est tordre le cou au message contraignant « sois
parfait » du chapitre précédent. C’est aussi dire « zut » à papa et maman, qui vous voulaient si
parfait.
Et pourquoi changer ?
VOUS AIMEZ REGARDER CE QUE FONT LES AUTRES ?
Si vous pratiquez la curiosité, continuez, c’est une très bonne chose. Mais si
vous utilisez cette méthode pour vous faire souffrir, c’est nettement moins bien.
À ce moment-là, ce n’est plus une occasion de vous ouvrir et de progresser, mais
au contraire de vous fermer et de régresser, convaincu de votre incapacité à faire
aussi bien que l’autre.
La vraie curiosité, elle, est un extraordinaire moteur dans la vie. Elle permet
d’améliorer notre vie, de nous donner des idées, de changer. Pas de problème
avec ça. La curiosité, c’est le désir de savoir, de connaître, c’est l’ouverture au
monde et aux autres.
Bon à savoir
Il y a de l’émotion dans la curiosité, et elle permet d’apprendre plus vite,
d’acquérir rapidement des connaissances, cela motive l’apprentissage.
Apprendre une technique, un coup de main, reprendre une idée : il est bon
d’observer ce que les autres font, de façon à en tirer des enseignements. Cela
nous permet de sortir du syndrome bien connu « not invented here4 ». En gros, si
les autres font des choses efficaces, pourquoi ne pas appliquer cette recette qui
marche ? Cela permet souvent de gagner du temps plutôt que de rechercher une
solution, voire de la créer de toutes pièces…
D’accord/pas d’accord
Exercice
INTRODUISEZ UN CHANGEMENT DANS VOTRE VIE
Choisissez un domaine dans lequel vous avez le désir de changer quelque chose.
Pensez, par exemple, à progresser en anglais pour les prochaines vacances (en plus, ça serait un plus
au niveau professionnel). C’est un objectif spécifique.
Mais progresser en anglais, c’est flou. Cela peut signifier dire trois mots, lire le journal, comprendre
les films en anglais sans les sous-titres, pouvoir tenir une conversation de deux heures sur des sujets
complexes… Pour qu’il soit mesurable, il faut que vous décidiez de quoi vous devez être capable pour
considérer qu’il est atteint : demander votre chemin dans la rue, pouvoir échanger cinq minutes dans
un pub, pouvoir téléphoner pour demander une information…
Votre objectif est ambitieux mais atteignable. Il est réaliste.
Et il est temporellement défini dans la mesure où vous devez avoir atteint ces capacités avant vos
prochaines vacances.
Si vous avez quelques kilos en trop, si vous craquez de temps en temps pour une
sucrerie, du chocolat, si vous vous resservez un peu trop souvent à table, vous
n’êtes pas boulimique, vous mangez juste un peu trop.
Dans ce cas, vous pouvez vous fixer un objectif SMART : réduire certaines de
vos consommations. Par exemple, pendant un repas par jour, vous ne vous
resservez pas du plat principal ou vous prenez un morceau de pain, pas plus, ou
vous mangez un fruit au dessert au lieu d’un gâteau nappé de crème anglaise…
Vous vous pesez régulièrement pour mesurer l’évolution de votre poids. Et vous
vous fixez un objectif de réduction de cinq kilos en six mois, et pas en un mois,
juste avant les vacances, car alors la reprise des cinq kilos voire plus est garantie
dès le retour !
Vous fumez trop ? La culture ambiante vous conduit peut-être à vouloir arrêter
de fumer : c’est affiché en effet partout. Vous avez essayé plusieurs fois, mais
avez repris, et vous vous en voulez ?
C’est la porte ouverte pour vous à quelques innovations : puisque cette personne
procède ainsi, vous pouvez essayer d’en faire autant. Ou bien, vous allez essayer
d’atteindre le même objectif mais en procédant à votre façon. Ou bien essayer
d’atteindre un objectif comparable ou similaire en vous y prenant de la même
façon. Bref, si vous parvenez à vous sortir de la mélasse négative, vous pouvez
faire quelque chose de très utile grâce à la comparaison à autrui.
Dans ce cas-là, se comparer aux autres sert véritablement à inventer pour vous-
même quelque chose de nouveau, votre curiosité alimente votre imagination et
vous permet d’embellir votre vie.
Sur le plan professionnel, même combat ! Martine est en général très bien vue de
ses chefs. Elle a, en effet, une façon de leur parler, de s’occuper des petits
détails, qui la leur rend sympathique et précieuse. Ce n’est pas qu’elle soit lèche-
bottes, non, quoique, vous, vous trouvez que si. Mais elle s’occupe d’eux,
connaît leurs petits travers, leurs petites manies, et est considérée comme une
collaboratrice exemplaire ! Vous ne sauriez en aucun cas faire pareil, d’autant
plus que vous n’avez pas particulièrement d’estime pour votre manager. Et puis,
vous n’êtes pas « politique », et vous considérez que tout cela ne fait pas partie
du boulot, que l’on n’est pas là pour flatter les manies de son chef, mais pour
abattre un certain travail, non mais !
Moralité, vous êtes moins bien vu que Martine, et, au moment des entretiens
annuels, revient toujours la même phrase : « Il faudrait améliorer un peu votre
relationnel. Vous avez une attitude toujours un peu “porc-épic”, c’est dommage,
car sinon, vous êtes plutôt performant. »
Et vous regardez Martine avec envie, car elle sait se faire bien voir. Cela a
souvent pour elle des conséquences positives. En effet, quand une promotion ou
un travail intéressant permettant de se mettre en valeur survient, c’est toujours
aux Martine que l’on pense !
Que faire ?
Eh bien, se mettre en valeur, mais d’une autre façon ! Par exemple, sans utiliser
la méthode de Martine, vous pouvez rechercher par vous-même toutes les idées
d’amélioration de votre fonction, du fonctionnement du service, ou du process
avec le service voisin. Une autre façon de se rendre indispensable, dans un tout
autre style !
Dessinez un tableau à double entrée. Vous allez mettre en lignes les activités
possibles, et en colonnes les lieux possibles. À chaque fois qu’une intersection
lignes/colonnes (une activité dans un lieu) vous paraît être une bonne idée, vous
mettez une croix dans la case correspondante.
Vous pouvez créer toutes les variantes possibles de ce type de matrice, remplacer
les lieux, par exemple, par les personnes du groupe. Et, bien sûr, faire une
matrice de créativité pour tout sujet sur lequel vous souhaitez trouver de
nouvelles idées.
Si vous connaissez bien vos points forts, vous pouvez construire une matrice un
peu différente où vous placez de chaque côté les termes correspondant à vos
compétences. À l’intersection ligne/colonne, la combinatoire entre deux
éléments peut provoquer un déclic, une idée à laquelle vous n’aviez peut-être pas
encore pensé.
De plus, les personnes vraiment solides savent être humbles. Dans cette optique,
vous n’êtes plus obligé de tout savoir et d’avoir réponse à tout. Si vos enfants ou
vos petits frères et sœurs vous posent des questions complexes, osez répondre
que vous ne savez pas et que vous allez chercher ensemble.
Pro/perso
Et c’est la même chose au boulot ! Vous n’êtes pas omniscient, cela ne signifie
pas que vous êtes débile. Vous n’êtes pas obligé de tout savoir, même les
ordinateurs ne savent pas tout. Osez donc répondre : « Ça, je ne sais pas, vous
devriez demander à Robert » ou bien « Je ne sais pas, mais je pense pouvoir
vous répondre dans vingt-quatre heures. »
Vous avez aussi le droit de vous tromper. Si l’erreur ou l’échec ne sont pas bien
vus en France, sachez qu’ils sont valorisés dans les pays anglo-saxons. Dans ces
pays, on considère que celui qui a fait une erreur ne la refera plus et est donc
plus fort. Churchill a dit : « Le succès consiste à aller d’échec en échec sans
perdre son enthousiasme. » Les Américains font confiance à un chef d’entreprise
qui a déjà fait faillite, parce qu’il sait maintenant ce qu’il ne doit plus faire…
Moralité : acceptez-vous avec vos échecs car ils vous enrichissent et vous
rendent plus fort si vous en tirez un apprentissage.
À lire et à voir
Pour approfondir ce thème de la comparaison, vous pouvez lire Rebecca de
Daphné du Maurier ou voir le film qu’a réalisé Alfred Hitchcock à partir de
ce roman. Il porte le même titre.
L’héroïne, qui n’a même pas de prénom, devient la seconde épouse d’un
homme veuf, dont Rebecca était la première épouse. Dans les premiers
temps du film, l’héroïne se compare en permanence à Rebecca, toujours
omniprésente dans l’esprit des habitants du château. À son détriment, bien
sûr ! Elle ne parvient à se définir qu’en négatif par rapport à Rebecca, belle,
brillante, femme du monde et maîtresse de maison accomplie.
L’héroïne en arrive presque à démissionner complètement de son rôle
d’épouse et de maîtresse de maison.
Jusqu’au jour où elle parvient à sortir de cet engrenage malsain : elle
commence par éliminer symboliquement des objets ayant appartenu à cette
rivale. Elle trouve ses points de différenciation et à partir de ce moment-là
devient plus forte, se fait davantage confiance et se fait respecter pour ce
qu’elle est, c’est-à-dire elle-même.
4. Le syndrome « not invented here » est une expression décrivant la tendance des personnes et des
organisations à rejeter les solutions développées par d’autres en faveur de solutions développées par eux-
mêmes. Ce syndrome est proche du syndrome « réinventons la roue ». D’après :
www.developer.com/design/article.php/3338791/Overcoming-quotNot-Invented-Herequot-Syndrome.htm
5. Smart en anglais signifie « malin ». Il faut en effet être malin pour progresser !
6. La boulimie est un trouble des conduites alimentaires caractérisé par l’ingestion de quantités importantes
d’aliments dans un temps très court (accès boulimique), une attitude compulsive vis-à-vis de la nourriture
au moment de la crise (perte de contrôle), des actions visant à compenser l’ingestion frénétique de
nourriture après la crise : vomissements provoqués, prise de laxatifs ou de diurétiques, hyperactivité
physique et une obsession du contrôle pondéral (distorsion de la perception corporelle), et une faible estime
de soi. (Source : http://sante-medecine.commentcamarche.net/faq/7936-boulimie-symptomes-et-traitement).
Chapitre 3
J’aime mon apparence physique
Après avoir lu ce chapitre, vous saurez tirer parti de vos atouts, améliorer
ce qui vous déplaît dans votre apparence physique, et « faire avec » ce
qui n’est pas modifiable.
Pierre a 35 ans. À 20 ans, c’était un beau jeune homme, bien planté, en pleine
santé, assez sportif, et dont la joie de vivre faisait plaisir à voir. Au fil des
années, la vie professionnelle, la vie de famille, les petits tracas et les petits
plaisirs de la vie lui ont fait prendre un peu de poids. Il a maintenant un peu de
ventre, et son visage s’est empâté. D’un naturel un peu nonchalant, il ne se
regarde pas très souvent et vit sur ses acquis : garde-robe inchangée depuis trop
longtemps, cheveux coupés comme à l’époque de ses 20 ans, attitude physique
un peu avachie…
RETOUR DE L’ÀQUOIBONISTE
Voilà quelques clés pour reconnaître un àquoiboniste : il a en général des
vêtements larges et très confortables, tellement que les pantalons ont souvent des
poches aux genoux, et les pulls des poches aux coudes. Ses cheveux n’ont pas vu
de coiffeur depuis longtemps, il se les fait couper par des « potes », ça ira
toujours assez bien ! Inutile de dire qu’il ne connaît pas la mode et se moque
gentiment des codes vestimentaires de son milieu.
L’àquoiboniste se tient mal, parfois un peu voûté, parfois les pieds un peu
traînants.
Exercice
FAITES LE BILAN SUR VOTRE IMAGE
Alors commençons ! Vous allez passer en revue tous les éléments de l’image que vous projetez :
votre visage et vos cheveux, vos dents ;
vos mains ;
votre silhouette, votre attitude, votre posture ;
votre garde-robe ;
votre odeur, votre parfum ou eau de toilette, votre haleine, l’odeur de vos vêtements ;
votre voix, votre élocution, votre débit de parole.
Si vous avez des difficultés pour vous évaluer, faites-vous aider par quelqu’un de proche, qui vous
aime bien et qui soit capable en même temps de vous parler franchement mais avec bienveillance.
Il est important que vous soyez assez lucide pour détecter tous les éléments de votre apparence qui
vous desservent, et qu’en même temps, vous soyez capable d’identifier tout ce qui va bien, tout ce qui
est positif.
De plus, chaque milieu social, chaque groupe humain a ses codes : dans un
groupe d’adolescents, dans une banque, dans un groupe de randonneurs, dans
une agence de publicité, les codes vestimentaires et comportementaux sont
différents. Pour être considéré comme un des membres du groupe, ou de
l’entreprise, il est nécessaire d’adopter une partie assez importante des codes, au
risque, sinon, d’être rejeté.
Mais, me direz-vous : cela est contradictoire avec l’idée que je suis unique.
Comment faire valoir ma différence ? C’est toute la subtilité de l’identité : pareil
aux autres pour être intégré, mais suffisamment différent pour se sentir unique.
À noter
Comment nous nous voyons
Des études montrent que nous ne nous voyons pas tels que les autres nous
voient. Nous nous voyons dans un miroir, sur une photo ou une vidéo.
Par ailleurs, nous sommes envahis par les images corporelles envoyées par
la publicité et les médias, où chacun est trié sur le volet pour son physique,
puis apprêté, maquillé, habillé, éclairé par des professionnels. La photo est
ensuite retravaillée par des spécialistes, « photoshopée ».
Nous, en tant que « vrais gens », nous n’avons pas tout ça. Et nous commettons
l’erreur de penser que ces images devraient être des modèles vers lesquels nous
devrions tendre.
De plus, partout, des miroirs nous offrent une image de nous-mêmes, dans les
ascenseurs, les centres commerciaux, les vitres des devantures de boutiques, des
voitures. Autant d’occasions de perdre un peu confiance en soi, le cas échéant, si
nous n’avons pas prêté suffisamment attention à l’image que nous offrons aux
autres. Et puis, en l’absence de glaces réfléchissantes, nous nous voyons aussi
dans les yeux des autres, ou plutôt nous imaginons comment ils nous voient.
Mais ce qui est très compliqué, c’est qu’en cherchant notre image dans le miroir,
nous cherchons aussi et, surtout, notre identité. Et que voyons-nous donc ? Une
identité insatisfaisante, incomplète, toujours à améliorer. Parce que nous nous
comparons aux « plus beaux » et aux « plus belles » (même si cela n’a aucun
sens, vu que l’on n’est jamais le plus beau ou la plus belle pour tout le monde), à
ceux qui réussissent. Parce qu’aussi, ce que nous voyons dans le miroir, c’est
surtout notre personnalité, comment nous nous sentons, tellement imparfaits et
frustrés de l’être.
ET APRÈS LE BILAN
Le bilan que vous venez de faire vous a certainement permis de faire trois
constats : il y a des éléments de votre apparence physique que vous aimez bien,
des éléments que vous n’aimez pas et qui ne peuvent pas changer (votre taille,
par exemple…), et des éléments que vous n’aimez pas, mais qui pourraient
changer.
Exercice
AMÉLIOREZ VOTRE APPARENCE
Il faut maintenant tirer parti du bilan. Faites trois colonnes :
D’accord/Pas d’accord
Et pourquoi changer ?
QUAND ON EST MOCHE, ON EST MOCHE
D’abord, j’ai toujours été moche : ma mère me l’a dit, mes copains de classe me
l’ont dit, mes partenaires me l’ont dit… j’ai toujours été affublé de surnoms
grotesques, « l’Avorton », « la Pelure », « la Calculette », « le Bigleux », « la
Grosse Bertha », « Bouboule »… et j’en passe !
En plus, j’ai déjà suivi vingt-cinq régimes amaigrissants différents, aucun n’a
marché. J’ai des boutons, les hanches trop larges, une vilaine peau, je rougis
facilement, une scoliose, des grands pieds…
D’ailleurs, chaque fois que je n’ai pas le moral et que je vais m’acheter quelque
chose, une fois chez moi, quand je le mets, c’est une catastrophe…
Conseil de l’expert
Quand vous n’êtes pas en forme, n’allez pas vous acheter un vêtement, vous risquez de prendre
n’importe quoi. Ne changez pas de coiffure, vous pourriez le regretter. On prend rarement les
bonnes décisions dans ces circonstances-là.
Pro/perso
Votre visage est une donnée peu transformable, par contre votre coiffure peut
être adaptée à la forme de votre visage, de façon à l’équilibrer de façon
harmonieuse. Si votre visage est ovale, tout vous va, mais si votre visage est
carré, vous devez privilégier les coiffures qui l’encadrent avec des volumes sur
le côté ; si votre visage est rond, vous pouvez l’allonger avec des volumes en
haut et en bas ; si votre visage est étroit vous devez privilégier les volumes qui
l’élargissent.
Si vous trouvez votre visage trop enfantin et que vous souhaitez vous affirmer un
peu, vous pouvez privilégier une couleur de cheveux un peu plus foncée que la
vôtre, si vous avez les cheveux clairs. Vous pouvez également porter des
lunettes, sans correction si vous avez une bonne vue.
Si au contraire vous êtes d’âge mûr, évitez plutôt les cheveux longs, qui ont
tendance à renforcer le vieillissement des traits du visage.
Votre silhouette
Votre silhouette est également une donnée peu transformable, sauf si vous
pouvez jouer sur le poids, ce qui demande de la volonté mais guère d’argent. Par
contre, selon que votre silhouette est plutôt longiligne, ronde, large au niveau du
bassin ou des épaules, vous devrez privilégier les vêtements, les motifs, et les
matières qui l’allongent ou qui l’élargissent.
Pour allonger votre silhouette, assurez à votre tenue une cohérence de couleur de
bas en haut. Évitez les coupures et donc privilégiez le costume, le tailleur ou la
robe plutôt qu’un dépareillé. Choisissez des rayures verticales. Habillez-vous en
uni, ce qui allonge plus qu’un imprimé, même petit. Dans un style vestimentaire
classique, les chaussettes s’harmonisent impérativement soit avec le pantalon,
soit avec les chaussures. Dans un style vestimentaire plus « casual », des
chaussettes fantaisie sont possibles, mais attention à l’originalité mal placée !
Si vous êtes très grand ou trop mince, élargissez votre silhouette en la coupant
avec pantalons ou jupes et vestes de couleurs ou textures différentes. Mettez des
rayures horizontales, choisissez des carreaux ou des imprimés8.
Votre odeur…
L’olfaction est un sens très primitif et certaines personnes sont douées d’un
odorat redoutable. Si ce n’est pas votre cas, vous devez néanmoins prendre garde
à ne pas agresser les autres avec une haleine de bouc, des odeurs d’aisselles, de
vêtements ou de pieds mal lavés, ou un parfum trop fort.
Votre posture
La posture qui projette une image valorisante est stable, droite sans être raide, à
bonne distance des autres, avec des gestes plutôt souples, adaptés aux
circonstances. Si vous avez constaté que votre posture gagnerait à être
améliorée, vous pouvez pratiquer l’exercice ci-dessous.
Exercice
AMÉLIOREZ VOTRE LANGAGE CORPOREL
Pendant quinze jours, entraînez-vous à respirer profondément. Bien sûr, vous respirez en permanence,
mais de façon insuffisante, partielle, pas assez profonde. Or, la respiration permet de réguler votre
stress et d’améliorer votre posture.
Une fois cette respiration lente pratiquée régulièrement, pendant les quinze jours suivants, entraînez-
vous à vous déplacer en vous tenant droit, jusqu’à ce que cela devienne automatique. Au début, cela
vous sera difficile, car cela ne correspondra pas à ce que vous ressentez à l’intérieur de vous. Vous
aurez l’impression d’avoir emprunté la personnalité d’un autre. Et puis vous vous y habituerez. La
respiration, que vous allez continuer à pratiquer vous aidera à vous tenir droit sans être raide. Elle
vous permettra au contraire de rester souple.
Lorsque cela est acquis, pendant les quinze jours qui suivent, entraînez-vous à regarder les gens dans
les yeux. Faites-le dans la rue, dans le métro, et surtout quand vous serrez la main à quelqu’un. Si cela
vous paraît encore difficile, vous pouvez au début regarder les gens entre les deux yeux.
Avec ces exercices, vous allez commencer à être perçu comme différent, on vous dira certainement
que vous avez changé… mais de quoi, au juste ? De coiffure, non… de lunettes ?… Vous n’êtes
absolument pas obligé d’expliquer ce que vous avez fait, cela n’en gardera que plus de mystère !
Pour progresser dans ce domaine, vous pouvez aussi faire du yoga avec un
professeur, ou des séances de gymnastique chez vous, en choisissant un DVD
comme on les trouve dans le commerce.
Et si vraiment un aspect de votre image vous est insupportable, que cela soit la
taille de vos seins ou de votre nez, vous pouvez envisager la chirurgie esthétique.
Mais attention, il ne faudrait pas que cette « difformité » supposée soit l’arbre
qui cache la forêt, le détail qui concentre tout le manque d’estime de vous-
même… Si vous vous adressez à un bon professionnel, c’est son métier de vous
aider à mûrir cette décision : serez-vous définitivement réconcilié avec votre
image après une telle opération, ou bien votre attention risque-t-elle de se
reporter sur un nouveau motif d’insatisfaction de vous-même, et ainsi de suite,
sans fin.
Exercice
METTEZ DU CHARME DANS VOTRE VIE
Commencez par vous présenter, de la façon suivante, mais bien sûr, en utilisant votre prénom et votre
nom :
Lorsque l’on fait cet exercice en groupe et que l’on demande aux participants de
trouver cinq caractéristiques à la deuxième présentation. Ils les trouvent
toujours :
sourire ;
prise du regard individuel de chacun des membres de l’assistance ;
une gestuelle ouverte (mains, bras, ou une avancée vers le public) ;
un ton chaleureux, avec des respirations et des silences ;
une sensation qu’il y a communication, une entrée en relation avec le public.
Attention, ce ne sont pas ces cinq éléments qui font le charme. C’est l’inverse.
Le simple fait de se dire mentalement : « Je m’autorise à mettre du charme dans
ma relation » suffit pour déclencher le charme. Il s’ensuit les cinq éléments
observables du charme11.
7. On peut lire pour cela Sophie Benatar et Laurence Benatar, 50 Exercices de relooking, Eyrolles, 2009.
8. Lire à ce sujet Sylvie Protassieff et al., Le Marketing de soi, Eyrolles, 2014, chapitre écrit par Catherine
Sexton.
9. Ibid.
10. Christian Becquereau, Process Com pour les managers, Eyrolles, 2014.
11. Ibid.
Chapitre 4
Je suis convaincu de mes talents
Après avoir lu ce chapitre, vous aurez retrouvé les talents que vous avez
et qui font de vous une personne de valeur. Vous saurez en être convaincu
et en convaincre les autres.
Jean-Louis a l’habitude de dire qu’il n’a aucun talent : d’après lui, il chante un
peu faux, ne sait pas faire la cuisine, skie moyennement et admire
indéfectiblement ceux qui savent faire du golf, bricoler, barrer un voilier,
jardiner, courir de longues distances… À l’entendre, il serait médiocre, peu
doué, et doté de peu de qualités remarquables. Pas de quoi faire le détour, en
somme !
Et pourtant ! Jean-Louis fait du foot avec ses collègues, du vélo avec ses enfants,
est apprécié dans son travail, de ses amis ! Une de ses collègues lui a même
laissé entendre que s’il voulait…
Comment peut-il dire qu’il n’a aucun talent, alors qu’il est bon père et bon
époux, bon professionnel, bon camarade ? Les autres lui trouvent manifestement
des talents. Cette façon de se sous-estimer lui nuit d’ailleurs un peu, car il oublie
fréquemment de se mettre en avant, et a raté ainsi quelques opportunités qui
l’intéressaient.
Voilà donc un sacré paradoxe ! Malgré ses diverses réussites, Jean-Louis ne voit
en fait en lui que ce en quoi il est moins doué que les autres.
Et puis il faudra aussi accepter de ne pas avoir « tous » les talents, c’est pourquoi
nous nous sommes ici limités à cinq. Vous en avez certainement davantage, mais
être déjà fermement convaincu des cinq principaux vous permettra de passer une
étape dans la confiance en vous-même.
Mais on parle souvent de la parabole des talents, qu’est-ce que c’est donc ? Ce
sont quelques versets de la Bible… que voici :
Bon à savoir
La parabole des talents
« Il en sera comme d’un homme qui, partant pour un voyage, appela ses
serviteurs, et leur remit ses biens. Il donna cinq talents à l’un, deux à
l’autre, et un au troisième, à chacun selon sa capacité, et il partit. Aussitôt
celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla, les fit valoir, et il gagna cinq
autres talents. De même, celui qui avait reçu les deux talents en gagna deux
autres. Celui qui n’en avait reçu qu’un alla faire un creux dans la terre, et
cacha l’argent de son maître. Longtemps après, le maître de ces serviteurs
revint et leur fit rendre compte. Celui qui avait reçu les cinq talents
s’approcha, en apportant cinq autres talents, et il dit : Seigneur, tu m’as
remis cinq talents ; voici, j’en ai gagné cinq autres. Son maître lui dit : C’est
bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai
beaucoup ; entre dans la joie de ton maître. Celui qui avait reçu les deux
talents s’approcha aussi, et il dit : Seigneur, tu m’as remis deux talents ;
voici, j’en ai gagné deux autres. Son maître lui dit : C’est bien, bon et fidèle
serviteur ; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup ; entre
dans la joie de ton maître. Celui qui n’avait reçu qu’un talent s’approcha
ensuite, et il dit : Seigneur, je savais que tu es un homme dur, qui
moissonnes où tu n’as pas semé, et qui amasses où tu n’as pas vanné ; j’ai
eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre ; voici, prends ce qui
est à toi. Son maître lui répondit : Serviteur méchant et paresseux, tu savais
que je moissonne où je n’ai pas semé, et que j’amasse où je n’ai pas vanné ;
il te fallait donc remettre mon argent aux banquiers, et, à mon retour,
j’aurais retiré ce qui est à moi avec un intérêt. Ôtez-lui donc le talent, et
donnez-le à celui qui a les dix talents. Car on donnera à celui qui a, et il sera
dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a. Et le
serviteur inutile, jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs
et des grincements de dents12. »
Le mot « talent » est utilisé ici dans son sens premier, celui d’une monnaie. Une
des significations de cette parabole est qu’il faut exploiter ce que l’on reçoit. Ce
que nous avons reçu, c’est notre personnalité, notre physique, nos capacités à
inventer et à vivre notre vie, d’une façon qui est la nôtre. Ce sont aussi les
activités que nous pouvons faire avec moins d’effort que d’autres : certains
apprennent facilement une langue, d’autres ont un don pour un sport, d’autres
pour la musique, certains pour la vie de famille, d’autres pour la cuisine…
Pro/perso
Certains de vos talents peuvent avoir une utilité à la fois dans la vie personnelle
et dans la vie professionnelle. C’est le cas des talents en organisation,
communication, en pédagogie…
Prenons un exemple : depuis votre adolescence, vous avez été celui que l’on
sollicitait pour organiser… la fête de classe de fin d’année, la boum pour
l’anniversaire de votre sœur, les noces d’or de vos grands-parents… Et c’était
toujours une réussite, une organisation impeccable, une bonne ambiance.
Ou bien, c’est vous qui étiez mis à contribution pour rédiger le journal de bord
du votre camp scout, ou de votre classe. C’est vous qui avez rédigé le discours
avec lequel votre classe voulait honorer votre professeur principal qui partait en
retraite et que tout le monde avait tant apprécié. Vous y preniez plaisir et
manifestement on vous lisait ou l’on vous écoutait avec attention.
Ou bien encore, tout jeune, vous étiez toujours prêt à expliquer le dernier cours
de… maths, de technologie, d’histoire, de philo à votre camarade de classe un
peu paumé dans tout ça ou à celui qui avait été malade. Vous aviez cette capacité
naturelle à transmettre, à vous mettre à la portée de l’autre, et vous aviez aussi la
patience indispensable !
À vous maintenant de trouver vos cinq talents les plus marqués. Vous allez le
faire avec les réalisations probantes13. Les réalisations probantes sont les actions
que vous avez accomplies au cours de votre trajectoire professionnelle ou
personnelle, qui se sont traduites par un succès pour vous et pour les autres
(entreprise, collègues, collaborateurs, clients, famille, amis, association,
public…). Ce sont des actions que vous avez faites avec plaisir, souvent avec
une certaine facilité. Vous allez inventorier systématiquement, dans votre vie
professionnelle et personnelle, les réalisations qui révèlent vos compétences,
ainsi que vos traits de personnalité pouvant être considérés comme des talents
(par exemple bon organisateur, leader, communicant, etc.).
Exercice
DÉTECTEZ VOS TALENTS AVEC LES RÉALISATIONS PROBANTES
La rédaction des réalisations probantes demande une réflexion personnelle et une mise en forme
précise et concrète, à l’aide du tableau ci-dessous.
Vous pouvez en écrire autant que vous voulez. Vos talents sont dans la colonne de droite,
« Compétences révélées », ce sont les compétences qui reviennent le plus souvent.
Mon talent n° 1 :
Mon talent n° 2 :
Mon talent n° 3 :
Mon talent n° 4 :
Mon talent n° 5 :
En fait, nous avons des sentiments mélangés face aux compliments : nous
craignons qu’ils ne soient pas sincères, nous craignons peut-être que la personne
veuille nous vendre quelque chose ou nous demander un service et nous avons
peur de lui devoir quelque chose.
Exercice
COMMENT RÉAGISSEZ-VOUS AUX COMPLIMENTS ?
Détectez la manière dont vous réagissez aux compliments. Remémorez-vous une des dernières fois
que quelqu’un vous a fait un compliment. Qu’avez-vous fait ? Qu’avez-vous dit ?
Vu et entendu au bureau
Ou bien encore avez-vous échangé avec d’autres pour tirer au clair cet
événement ?
Exercice
ANALYSEZ VOTRE ESTIME DE SOI
Pour commencer, demandez-vous quelles sont vos qualités et vos défauts, quels sont vos réussites et
vos échecs, vos compétences et vos limites. Quelle est votre valeur à vos yeux, aux yeux de vos
proches ?
Vous voyez-vous comme une personne qui mérite la sympathie, l’affection, l’amour des autres, ou
doutez-vous de vos capacités à être apprécié et aimé ?
Vos actes sont-ils en accord avec vos désirs et vos opinions ou souffrez-vous d’un décalage entre ce
que vous voudriez être et ce que vous êtes ?
Quand, pour la dernière fois, vous êtes-vous senti déçu de vous-même, mécontent, triste14 ?
Comme nous l’avons vu pour le physique, cette représentation mentale que nous
avons de nous-même est souvent en décalage avec l’image que les autres ont de
nous, soit dans un sens, soit dans l’autre…
Vous acceptez ainsi de ne pas être parfait, sans perdre en estime de soi, puisque
vous avez pris conscience de vos talents. Cela nous renvoie aux messages
contraignants.
Vous serez aussi très étonné de vous apercevoir que d’autres vous admirent pour
ce que vous avez accompli, même si vous avez le sentiment que ce n’est pas
grand-chose, ou pas suffisant : eux ne l’ont pas fait !
AFFIRMEZ-VOUS DAVANTAGE
S’affirmer, c’est faire valoir ses envies, ses souhaits, ses goûts, mettre en avant
ses talents. Si vous faites partie de ceux qui laissent toujours aux autres le choix
du film ou du restaurant…, vous pouvez largement progresser ! C’est très bien
d’être conciliant, pas difficile et ouvert aux autres. Mais c’est dommage de ne
jamais exprimer ses désirs, et d’ailleurs c’est souvent agaçant pour les autres, qui
finissent par ne pas savoir qui vous êtes à force de présenter une image aussi
lisse, neutre… Cela finit donc par vous nuire.
S’affirmer, c’est savoir se faire respecter sans crier, sans être agressif. Mais, c’est
se faire respecter, c’est-à-dire ne pas accepter sans rien dire des choses qui ne
vous conviennent pas. Oui, mais comment faire, lorsque c’est plus fort que
vous ? Soit vous acceptez quelque chose qui ne vous convient pas sans rien dire,
soit la coupe est pleine et vous explosez, contre toute attente. Si vous avez
accepté, vous ruminez toute la soirée, vous vous traitez intérieurement
d’imbécile, vous vous dites que vous ne vous en sortirez jamais et ça vous mine.
Si vous avez explosé, vous vous sentez affreusement coupable et vous vous en
voulez, vous êtes prêt à toutes les bassesses pour vous faire pardonner…
Comment faire alors ?
Le DESC est très pratique et efficace dans un grand nombre de situations, entre
autres pour dire non. Mais attention ! Faire un DESC n’est pas toujours facile,
car le naturel revient en général au galop. Vous avez donc au début intérêt à le
préparer.
Conseil de l’expert
Le DESC
D : décrivez les faits, intégralement, en reprenant la situation depuis le début. N’y mettez aucun
jugement, aucune opinion. Précisez des dates, mettez des chiffres pour renforcer le côté factuel
E : exprimez vos émotions, avec des mots simples. Par exemple, « Je suis triste », « Je suis en
colère », ou « Cela m’attriste ». Vos émotions ne peuvent pas être contestées. Évitez d’employer le
« tu » ou le « vous », qui accusent. Donc ne dites pas « tu me rends triste ».
S : proposez ou faites suggérer à votre interlocuteur des solutions acceptables pour lui et vous
C : concluez par les conséquences positives pour les deux
Exemple
Votre beau-frère adore fouiller dans votre matériel de pêche. Il vient ce week-end et, comme
d’habitude, il risque de vous demander de vous emprunter la nouvelle canne à pêche
ultrasophistiquée que vous avez reçue pour votre anniversaire, cadeau de votre femme. Or, il n’est
pas très soigneux, et dans le passé, il lui est arrivé de vous rendre des matériels un peu abîmés.
Vous n’avez rien dit, ce n’est pas votre genre. Cette fois-ci, vous voulez être prêt à dire non, de
façon à ne pas être pris au dépourvu, vous préparez un DESC.
D : Robert, je comprends que tu aies envie de l’essayer, mais elle m’a été offerte par Myriam pour
mon anniversaire, et je ne l’ai moi-même pas encore utilisée. Elle coûte très cher, XXX €. De plus,
c’est un matériel qui est tout de même assez fragile. Il se trouve que l’an dernier, tu m’as rendu un
moulinet enrayé, et il n’était pas réparable.
E : Je suis un peu attristé de refuser, mais il faut te dire que j’ai été très en colère de m’apercevoir
que mon moulinet était fichu.
S : Si tu veux, je peux te prêter cette autre canne, qui est beaucoup plus résistante, et il faudrait
que tu me la rendes avant le 15 juillet, j’en aurai besoin pour les vacances. Sinon, je peux te donner
l’adresse du magasin où nous avons acheté la nouvelle.
C : De cette façon, cela m’évitera de me faire du souci ou de t’en vouloir, et cela t’évitera de devoir
m’en racheter une neuve.
Et pourquoi changer ?
DE TOUTE FAÇON, DE NOS JOURS, IL N’Y A QUE CEUX
QUI ONT DE L’ARGENT QUI RÉUSSISSENT
L’ascenseur social, c’est bien fini. D’ailleurs, il n’y a qu’à regarder les
statistiques, ce sont les « fils et filles de » qui réussissent ! Quand on a pris un
mauvais départ dans la vie, c’est fichu !
À noter
Certes, mais on trouve aussi des « fils de » qui n’ont rien fait de bon dans la
vie, et rappelez-vous la phrase : « Il suffit d’un ! » Parmi les gens qui ont
pris un mauvais départ, il y en a qui s’en sortent mieux que d’autres. Vous
pouvez être celui-là.
Exercice
APPRENEZ À DIRE DES CHOSES POSITIVES SUR VOUS-MÊME
À tel moment, dans telles circonstances, j’ai fait ceci, cela a eu tel résultat, et cela montre que j’ai tel
talent.
Je pense donc que je suis tout à fait compétent pour traiter de ce sujet.
C’est une grande sagesse dans la vie que savoir se décerner des compliments.
C’est beaucoup plus sûr que d’attendre des félicitations en provenance des
autres.
Pensez-y, tout est communication ! Ne rien dire dans une réunion pour éviter de
prendre le risque de dire une bêtise ou d’être contredit, c’est prendre le risque
d’être considéré comme falot, effacé, non contributif, peu motivé… Et ne rien
dire, c’est, pour les autres, communiquer une absence d’intérêt, ou de
motivation. Moralité : « On ne peut pas ne pas communiquer16. »
Voilà une bonne occasion de vous féliciter : vous avez pris la parole en réunion,
vous avez dit ce que vous vouliez dire, sans bafouiller, sans réduire la portée de
votre message… Le moment est venu de vous dire bravo à vous-même. C’est
très important.
Halte là ! Vous vous faites du tort ! Mais, me dites-vous, parfois, c’est tellement
dur, que vous avez besoin de parler…
Conseil de l’expert
Choisissez quelqu’un qui a véritablement de la bienveillance pour vous et qui sait vraiment tenir
sa langue… Et si ça va vraiment mal, allez plutôt voir un professionnel de l’écoute, psy ou autre,
qui, lui, au moins, est tenu à la confidentialité.
Exercice
ET SI VOUS VOUS MÉNAGIEZ ?
Faites le point de tous les domaines où vous oubliez de vous ménager.
Décidez d’en lâcher un, de ralentir le rythme pour un autre…
APPRENEZ À PROTÉGER VOS INTÉRÊTS
Quel que soit le contexte, vous devez protéger vos intérêts. Le laisser-faire ou la
naïveté ne servent à rien, sinon à accumuler les frustrations, et donc le sentiment
que vous êtes nul.
Il peut s’agir de votre bien-être : êtes-vous attentif à faire respecter votre repos,
votre sommeil ?
Il peut s’agir du respect normal que l’on vous doit : protégez-vous l’intégrité des
objets qui vous appartiennent ?
Mais parfois, c’est plus subtil. Vous êtes toujours celui ou celle qui rend service,
alors que l’autre n’est jamais disponible lorsque vous avez besoin de quelque
chose. Inutile de leur faire des reproches, mais faites un nœud à votre mouchoir,
et la prochaine fois qu’il ou elle vous demandera un service, osez faire un DESC
pour lui dire… non !
Vous avez à faire à des prestataires, des commerçants, des fournisseurs ? Soyez
attentif à ce qu’ils vous proposent, prenez toujours votre temps avant de conclure
votre achat, relisez le contrat avant de le signer, vérifiez que toutes les petites
lignes ne contiennent rien qui vous soit préjudiciable…
12. D’après la Bible, traduite par Louis Second, Évangile selon saint Matthieu, chapitre 25, versets 14 à 30.
13. Réalisation probante : outil conçu par l’association Avarap.
14. D’après Christophe André et François Lelord, L’Estime de soi, Odile Jacob, 2002.
15. Elle est issue des travaux de Gordon H. et Sharon A. Bower.
16. Source : École de Palo Alto.
Chapitre 5
Moi avec ma famille et mes amis
Après avoir lu ce chapitre, vous saurez un peu mieux d’où vous vient ce
manque d’amour pour vous-même. Ce retour aux sources vous permettra
de résoudre plus profondément le problème.
Aujourd’hui, grande réunion de famille ! L’occasion de se retrouver alors que
tout le monde s’est un peu dispersé. La grand-mère, 84 ans, toujours bon pied
bon œil, les parents, qui commencent à se faire un peu vieux depuis qu’ils ont
pris leur retraite, les trois enfants, Marie, Pierre et Jean, et leurs compagnon et
compagnes. Et puis les petits, la quatrième génération, les enfants de Marie et
Pierre. Marie est l’aînée, Pierre a trois ans de moins qu’elle, et Jean six ans de
moins que Pierre.
C’est Jean, organisateur-né, qui a mis tout le monde d’accord, trouvé la bonne
date, trouvé le lieu, arrangé les susceptibilités de Marie et Pierre, qui ont toujours
l’impression que l’on favorise l’autre. « Il est formidable, Jean », a l’habitude de
dire sa mère. Elle l’adore, son petit dernier, c’est évident. Il a même eu du mal à
se tirer de ses pattes ! Mais il a réussi à prendre le large, est parti à l’autre bout
de l’Europe, et revient rarement.
Marie, elle, vit de façon diamétralement opposée. Elle s’est installée tout près de
ses parents. Quand elle est née, ses parents étaient encore étudiants, ils s’étaient
rencontrés l’année d’avant. Elle a été souvent gardée par sa grand-mère. Le
couple a d’ailleurs mis du temps avant de se stabiliser après ce démarrage un peu
express. Puis Pierre est arrivé. Ses parents étaient si fiers d’avoir un garçon !
Marie est d’ailleurs tombée malade peu de temps après sa naissance, une grosse
otite qui a nécessité une hospitalisation. La période a été encore bien
bouleversée.
Quand Jean est né, plus tard, ça a mis tout le monde d’accord. C’était le plus
beau, le doudou de maman, le petit chéri, tous les talents, et intelligent, et beau,
avec ça !
Vu et entendu
Les clés pour changer
Dans l’histoire que vous venez de lire, bien ordinaire, que de situations
porteuses, en germe, de difficultés pour s’aimer. Marie n’était pas attendue, ce
qui ne favorise pas l’amour pour soi-même, même si ses parents ont été de bons
parents après. Puis elle a eu un petit frère. Ce type d’événement, pourtant bien
banal, est souvent source de traumatisme pour un petit enfant. Marie en est
d’ailleurs tombée malade. L’accueil du premier garçon, souvent très attendu dans
une famille, par l’un des parents ou les deux, est toujours un crève-cœur pour
l’aînée. Puis Marie et Pierre ont eu un petit frère, manifestement mieux accueilli
encore, probablement parce que la situation des parents s’était entre-temps
stabilisée, qu’ils avaient mûri et se sentaient davantage prêts pour accueillir un
enfant. Cela arrive parfois, dans une famille où le premier enfant est arrivé trop
vite. Mais Jean, de son côté, apparemment le préféré de sa mère, a eu lui aussi du
mal, car c’est une situation parfois handicapante. Trop dorloté, trop admiré, trop
mis en avant, il s’est retrouvé en difficulté dès qu’il s’est confronté aux autres,
en particulier à l’école. Son image de soi en a pris un coup, il s’est déstabilisé.
Difficile de s’aimer bien dans ces conditions aussi.
Rivalités entre frères et sœurs, différences faites inconsciemment par les parents
vis-à-vis de leurs différents enfants, perception par l’enfant d’une différence de
traitement… font le lit des difficultés pour s’aimer soi-même à l’âge adulte. Les
enfants uniques ne sont pas mieux lotis, puisqu’ils sont à la fois le premier… et
le dernier. Et là, nous ne parlons pas de toutes les autres situations qu’un enfant
peut vivre très jeune : mère dépressive, mésentente dans la famille, problèmes de
santé d’un parent, difficultés économiques, etc.
Faites un état des lieux des relations que vous avez eues avec votre famille. Êtes-
vous fille ou fils unique, avez-vous des frères et sœurs, avez-vous été désiré ?
Avez-vous vécu des événements particuliers dans votre enfance ?
Appuyez-vous sur votre ressenti et non sur ce que l’on vous a dit, qui n’est pas
toujours fiable17 !
Exercice
COMMENT VOUS SENTEZ-VOUS EN FAMILLE ?
Avant une entrevue ou un échange téléphonique avec une ou des personnes de votre famille, pouvez-
vous décrire en quelques mots :
1. Comment vous anticipez cette situation. Avez-vous un dialogue intérieur sur la façon dont cela va
se passer ? Que dites-vous ? Que répond l’autre ?
2. Au moment de l’entrevue ou de l’échange, quels sont les thèmes abordés en général avec cette
personne ou ces personnes. Quelle est la tonalité de l’entretien (amicale, plaintive, critique,
ironique, agressive, méprisante…) ?
3. Pendant que la situation se déroule, quelles sont les émotions que vous éprouvez (anxiété,
frustration, colère, plaisir, joie, jalousie, enthousiasme, tendresse…) ?
4. Avez-vous des réactions corporelles (transpiration excessive, mains moites, difficultés à respirer,
boule dans la gorge, dans le ventre, besoin de fumer, tremblements, plaques rouges, apparition
d’une allergie…) ?
5. Quelles émotions éprouvez-vous après ?
Même si nos parents nous ont réellement aimés, cela ne change rien si ce n’est
pas ce que nous avons ressenti enfant, si ce n’est pas ce que nous ressentons
adulte. Avoir le sentiment de ne pas être l’enfant « choisi » parmi la fratrie, ne
pas être l’enfant « conforme » (sexe, physique, caractère… puis plus tard
orientation dans la vie), ne pas être l’enfant préféré, savoir ou penser que l’on
n’est pas arrivé au bon moment dans la famille, savoir ou penser que nos parents,
ou l’un des deux, auraient préféré ne pas nous avoir constitue des blessures
difficiles à panser.
Être l’enfant préféré de maman est loin d’être plus confortable. Certes, cela
confère des avantages, mais aussi tellement de servitudes ! C’est parfois le cas
du dernier-né, celui pour lequel la maman a dû se faire une raison, se dire qu’elle
n’aurait plus maintenant l’occasion de donner naissance, d’être le centre de
l’attention de la famille, de faire son œuvre de mère. Elle a donc souvent eu
tendance à le garder davantage près d’elle, lui faire sentir qu’il lui est
indispensable… Qu’elle serait tellement triste et désemparée s’il partait…
Comment, dans ce cas, devenir autonome, développer sa propre personnalité, ses
propres talents, son identité, et non pas être celui qui va devoir développer tout
ce que maman n’a pas pu faire ! Mais c’est parfois le cas d’un autre enfant,
préféré parce qu’il ressemble à quelqu’un, parce que l’un des parents se retrouve
en lui, parce que les parents ont vécu avec lui quelque chose de particulier.
Avoir mal vécu l’arrivée d’un frère ou d’une sœur dans la famille est souvent
aussi un problème que l’on retrouve dans les difficultés des adultes. On nous a
dit à tous que nous allions être (et nous avons été) d’adorables grands frères et
grandes sœurs. Mais au prix de quelles morsures intérieures par la jalousie, au
prix de quelles envies inconscientes de meurtre de cet intrus, ce gêneur, autour
duquel toute la famille tourne sans plus s’occuper de vous !
Enfin, il reste la possibilité d’avoir été l’enfant unique. Aïe ! Être à la fois l’aîné
et le petit dernier, celui sur lequel se concentrent toute l’attention, tous les
interdits, toutes les attentes, et tous les espoirs…
Il y a parfois, dans une fratrie, un enfant dont la santé est fragile, prématuré par
exemple, ou né avec une malformation, devant subir des opérations pendant
l’enfance… Il va retirer à ses frères et sœurs une part importante de l’attention
des parents, ce qui les fera souffrir et, souvent, le haïr. Mais lui, sera-t-il heureux
pour autant ? Pas forcément, car l’hyper-attention parentale et la jalousie de la
fratrie seront en général très lourdes à porter, et souvent disproportionnées par
rapport au problème de santé initial.
À tout cela s’ajoute le poids de l’histoire familiale et de ses fantômes, sur les
quelques générations qui nous ont précédés.
Bref, malgré les discours convenus et politiquement corrects sur l’amour dans la
famille, la cohésion, la solidarité, ce n’est pas si simple. Toutes les situations
évoquées peuvent provoquer des trous béants dans l’image de soi, et par
conséquent dans l’amour que l’on peut se porter à soi-même.
En résumé, ce qui compte, ce n’est pas comment on vous dit que l’on vous a
aimé, mais comment vous vous êtes senti aimé, vous. Avec les deux
composantes dont nous avons déjà parlé, l’amour inconditionnel et l’amour
conditionnel.
Exercice
AVEZ-VOUS MANQUÉ D’AMOUR ?
Remémorez-vous quelques scènes de votre enfance.
Vous avez fait une bêtise : avez-vous le sentiment que la colère de vos parents est insurmontable, que
cette bêtise est irrémédiable, que l’on ne vous pardonnera jamais ? Si c’est le cas, vous pouvez avoir
manqué d’amour inconditionnel.
Même scène, vous avez fait une bêtise : avez-vous le sentiment que cela n’a pas d’importance, que
vous auriez pu en faire une deux fois plus grosse, que cela n’aurait rien changé, que vous aviez en
quelque sorte tous les droits ? Si c’est le cas, vous pouvez avoir manqué d’amour conditionnel.
Vous avez exprimé un désir personnel ou fait un choix : avez-vous le sentiment d’avoir gravement
déçu votre père ou votre mère, presque le sentiment qu’ils pourraient considérer que vous n’êtes pas
l’enfant qu’ils désiraient avoir, du fait de votre désir ou de votre choix ? Dans ce cas, vous pouvez
avoir gravement manqué d’amour inconditionnel.
Si, au contraire, toute votre enfance, vous avez eu la possibilité de n’en faire qu’à votre tête, que tous
vos désirs et même vos caprices ont été exaucés, vous pouvez avoir gravement manqué d’amour
conditionnel.
En résumé, la famille n’est pas le cocon protecteur, le havre de paix dont tout le
monde parle, dont tout le monde rêve, mais plutôt un lieu où se fabriquent des
blessures qui perdurent toute la vie.
Selon les cas, les critiques peuvent vous être faites par une seule personne, par exemple, votre père ou
votre mère, un frère ou une sœur, ou bien par la famille tout entière.
Si vous avez construit votre vie avec un ou une partenaire et si vous avez des
enfants, si vous avez été ou êtes souvent critiqué dans votre famille d’origine, il
est possible que la même situation se soit reproduite dans votre propre famille.
Cela a tendance à renforcer chez vous le manque d’estime de soi et ne vous
prédispose pas à vous aimer suffisamment bien. Renverser la tendance devient
une nécessité, même si cela peut être difficile.
D’accord/Pas d’accord
Mon mari, j’ai vraiment le sentiment qu’il me prend pour sa bonne. Il faut
toujours que je passe derrière lui pour ranger, nettoyer… Et les enfants qui
grandissent commencent à faire la même chose, je n’en peux plus !
Oh, moi, au début, c’était un peu comme ça… Mais je lui ai expliqué que moi
aussi je travaille, et maintenant il prend sa part dans les tâches ménagères. Les
enfants apprennent aussi à participer !
Pro/perso
Faites la même analyse au travail. Êtes-vous en butte à des critiques
systématiques de la part de vos collègues ? De la part de votre manager ? Savez-
vous ce qui les a déclenchées ?
Voilà rapidement un premier bilan sur le poids de votre enfance et de votre vie
familiale dans votre façon de vous aimer et ses conséquences dans votre vie
actuelle.
Et pourquoi changer ?
C’EST TOUJOURS VOUS LE BOUC ÉMISSAIRE
Depuis votre enfance, vous avez l’impression d’être le défouloir de la famille ou
d’une personne de la famille. Cela s’appelle être le « bouc émissaire »…
Vous n’y pouvez rien. Même quand vous vous êtes juré que cette fois-ci, ça
n’allait pas se passer comme ça, rien n’y fait…
Bon à savoir
Mais d’où vient l’expression « bouc émissaire » ?
La notion de bouc émissaire est héritée de la tradition biblique. Le bouc
« Azazel », terme hébreu signifiant « enlever », était destiné à être offert en
sacrifice pour éloigner les péchés du peuple. Par extension, la tradition
chrétienne a repris l’esprit de ce rite en faisant de Jésus Christ l’agneau de
Dieu qui enlève le péché du monde. Dans les deux cas, la victime est
parfaitement innocente, mais porte sur ses épaules tous les malheurs. Ainsi,
ne plus vouloir être bouc émissaire consiste à ne plus endosser ce qui ne
nous appartient pas18…
Ah, très bien, dans ce cas-là, vous n’en souffrez peut-être pas ? Mais alors, en
faites-vous souffrir certains ? Avez-vous, vous-même, pris certains membres de
votre famille comme bouc émissaire ? Appelez-vous toujours votre petit frère ou
votre petite sœur par ce diminutif qu’il ou elle abomine ? En faites-vous enrager
certains ? Propagez-vous des informations négatives sur les uns ou les autres ? Si
oui, avez-vous réfléchi à ce qui vous fait faire cela ? Vous avez certainement des
comptes à régler avec certains ! Êtes-vous sûr que vous ne souffrez pas d’un
manque d’estime de vous-même ? Êtes-vous sûr que vous vous aimez vraiment ?
Ou bien avez-vous besoin de faire de la peine aux autres pour récupérer un peu
d’amour pour vous-même ?
Quelle que soit la raison pour laquelle vous êtes le bouc émissaire, ayez en
mémoire qu’il ne s’agit aucunement d’une fatalité. Il est toujours possible, et
surtout nécessaire, de sortir d’un schéma de bourreau/victime. Rendez-vous ce
service19 !
Après avoir pratiqué la méthode de la toile cirée pendant quelque temps, vous
pourrez ensuite utiliser le DESC que nous avons vu au chapitre précédent. Le
DESC a pour avantage de vous permettre de vous exprimer, de fixer des limites
à l’autre dans sa manière de vous parler.
Exercice
PRÉPAREZ VOTRE DESC
Reprenez une des situations de l’exercice précédent et préparez un DESC pour y répondre.
NB : aidez-vous de la définition du DESC en page 84.
D :
E :
S :
C :
Cette attention que vous portez au jugement des autres vous gêne dans vos
mouvements, dans vos premiers mouvements, ceux qui sont justement porteurs
de vos désirs les plus authentiques. Et vous réprimez parfois ces désirs, les
voyant avec les yeux de tel ou tel, qui ne les apprécierait pas.
Vous êtes-vous déjà demandé d’où vous vient cette attention au jugement
d’autrui ? C’est en général un reste de l’autorité parentale, telle que vous l’avez
intériorisée. Vous leur donnez encore le droit d’intervenir dans votre vie.
Or, vous n’êtes plus face à papa et maman, vous n’êtes plus un petit enfant
soucieux de leur opinion. Et même face à vos parents, vous allez devoir prendre
vos distances dans ce domaine, de façon à pouvoir mener votre vie à votre guise.
Certains ressentent le besoin de couper complètement les ponts avec leur famille
de façon temporaire ou définitive. Cette solution extrême peut être nécessaire
lorsque la situation est très douloureuse.
Impossible, cela ne serait pas accepté ? Cela ferait un clash ? Cela dépendra
certainement de la façon dont vous le direz. Là aussi, le DESC peut vous être
d’une grande utilité.
En résumé, c’est à vous de décider de ce que doit être votre vie, comment vous
voulez la vivre, selon vos propres choix, de façon à protéger votre image de soi,
et vous permettre de vous aimer bien…
À noter
Faire accepter ses différences et ses particularités dans sa famille est un des
éléments clés pour s’aimer mieux.
Prenons l’exemple d’Alain, issu d’une famille très bourgeoise, très
conventionnelle, avec quelques aïeux nobles, un père ayant fait une carrière de
premier plan dans une très grande entreprise française, une mère très « old
school ». Alain a toujours eu un don pour la musique, pas la musique classique,
non, qui aurait pu trouver grâce aux yeux de sa famille, mais du bon rock bien
lourd. Certes, il a « passé son bac d’abord », mais s’est entêté ensuite à faire ce
qui lui plaisait, a refusé l’école de commerce, et a monté plusieurs groupes où il
a tenu des rôles de chanteur ou guitariste. Il a aussi composé. Après des débuts
très difficiles, après avoir galéré une bonne dizaine d’années (« On te l’avait bien
dit ! Tu es en train de rater ta vie… »), il est enfin arrivé, vers 30 ans, à quelques
succès, des concerts, un disque… Oh, il est loin d’être une star… Il vit surtout en
enseignant la musique, dans différentes écoles, des théâtres, financièrement ce
n’est pas le Pérou, mais cette vie lui convient… Il s’est créé sa propre identité,
vit dans un monde très différent de celui de sa famille d’origine. Il est clair que
dans les réunions de famille son style détonne un peu, même s’il fait quelques
efforts pour ne pas choquer et adapter un peu son style vestimentaire… et sa
coiffure.
D’accord/pas d’accord
Si les critiques provenant de votre famille s’arrêtent, vous allez vous aimer
davantage, puisque la source du désamour se sera un peu tarie.
Cela vous permettra de gérer de façon plus souple les petites contrariétés et les
inévitables déceptions, blessures et traumatismes que la vie ne manquera pas de
vous apporter…
Cela vous permettra également de mettre en place avec (presque) tous des
relations sereines et positives.
Et pourquoi donc s’aimer mieux ? Pour être mieux avec les autres, les aimer
mieux et par conséquent être mieux aimé. Les relations dans ce cas s’apaisent et
s’enrichissent.
À noter
Selon les spécialistes, l’amour de soi proviendrait d’un écart suffisamment
mince entre ses ambitions et ses réalisations. D’autres considèrent que
l’amour de soi provient de la capacité d’une personne à vivre avec des
illusions positives sur elle-même…
Peu importe, finalement, ce qui fonctionne, pourvu que ça fonctionne !
S’aimer soi-même, c’est aussi finalement focaliser son attention sur ce qui
est positif et agréable. Il n’est pas nécessaire d’ignorer ce qui est négatif et
désagréable, mais pourquoi ne penser qu’à ça ? S’aimer soi-même, c’est
aussi, dans une certaine mesure, vivre au présent, et non pas dans le passé
(à ressasser) ni dans l’avenir (quand les problèmes actuels auront pris fin).
S’aimer soi-même, c’est vivre au présent, car, sinon, ce sera quand vivre ?
C’est se dire que l’on ne sera jamais mieux ni plus heureux qu’aujourd’hui,
que maintenant même… Et c’est précisément cela qui permet de devenir
plus heureux !
Tout ce parcours que nous avons fait ensemble, vous allez pouvoir le refaire
lentement, patiemment, plusieurs fois. Relisez ce livre plusieurs fois, prenez
votre temps pour faire et refaire les exercices.
Et petit à petit, vous verrez que les autres viendront davantage vers vous, vous
aimeront et vous apprécieront davantage.
Ce sera bien la preuve que vous-même vous êtes parvenu à vous aimer, enfin !
17. Tous les parents ont le désir absolu et légitime de penser qu’ils ont été de bons parents. Sans vouloir
vous abuser, ils vous raconteront en général une histoire légèrement enjolivée.
18. Source www.signesetsens.com.
19. Source : www.signesetsens.com/mes-bonnes-resolutions-je-ne-suis-plus-le-bouc-emissaire.html.
Table des exercices