Beruflich Dokumente
Kultur Dokumente
et
outils de démonstration en géométrie plane
Cet article est composé de deux parties et une annexe.
Dans la deuxième partie, intitulée « Un concours en cache un autre », on montre que,
dans un triangle, de trois céviennes concourantes, peuvent découler trois autres qui le sont aussi.
On traitera comme exemples les symétriques des médianes (ou les hauteurs) par rapport aux bissectrices
ou plus généralement le concours des « sycéviennes » de céviennes concourantes.
Dans cette partie on a eu recours, à plusieurs reprises, au théorème de Ceva sous sa forme classique mais
surtout sous sa forme trigonométrique, forme qui est parfois plus adéquate pour résoudre certains
problèmes comme c’est le cas des problèmes traités dans cette partie.
La partie annexe contient quelques précisions relatives à des notions, des propriétés
ou des théorèmes auxquels on a fait appel dans les deux parties de cet article telles que : coordonnées
barycentriques, théorème de Ceva, puissance d’un point par rapport à un cercle, …
ALI RAHMOUNI
1
Première partie : Toutes les pistes mènent à l’orthocentre
Soit ABC un triangle non rectangle. On se propose dans ce paragraphe, de montrer de différentes façons
que ses trois hauteurs sont concourantes. Plusieurs outils seront mis en évidence tels que : Configurations
de base, transformations, calcul vectoriel, calcul barycentrique, triangles semblables, points cocycliques,
théorème de Ceva, puissance d’un point par rapport à un cercle, ...
2
Cas où ABC est un triangle obtusangle.
Si le triangle est obtusangle on procèdera de la même façon en remplaçant le quadrilatère BC’B’C par BB’C’C et en
choisissant convenablement les angles.
Remarque1 : En procédant d’une manière semblable on démontre que les hauteurs du triangle acutangle ABC sont
les bissectrices du triangle orthique A’B’C’.
Remarque 2 : Si le triangle ABC est obtusangle les hauteurs du triangle ABC sont les bissectrices intérieures ou
extérieures du triangle orthique A’B’C’. Plus précisément :
Si l’angle A (respectivement l’angle B, l’angle C) est obtus la hauteur issue de A (respectivement B, C) est une
bissectrice intérieure du triangle A’B’C’ et les deux autres sont deux bissectrices extérieures.
MA . ⃗
⃗ BC +⃗
MB . ⃗
CA +⃗
MC . ⃗
AB=0
MA . ⃗
En effet : ⃗ BC +⃗ MB . ⃗
CA +⃗
MC . ⃗
AB=⃗ MA . ⃗
¿¿
Utilisons cette relation pour montrer le concours des trois hauteurs.
Soit H l’intersection de deux parmi les hauteurs de ce triangle (par exemple celles issues de A et de B).
Montons que H appartient à la troisième hauteur.
En remplaçons M par H dans la relation d’Euler on obtient :
HA . ⃗
⃗ BC + ⃗HB . ⃗
CA + ⃗
HC . ⃗
AB=0.Or⃗ HA . ⃗BC =⃗ HB . ⃗
CA=0, donc ⃗ HC . ⃗
AB=0
Par suite le point H est un point de la troisième hauteur (celle issue du point C).
B´' C tan ( A )
B’ est le barycentre de {(A, tan(A)) , (C, tan(C))} ou encore = −¿ .
B'´ A tan ( C )
C´' A tan ( B )
C’ est le barycentre de {(A, tan(A)) , (B, tan(B))} ou encore =−¿ .
C´' B tan ( A )
Application aux hauteurs d’un triangle. Soit H le barycentre de {(A, tan(A)), (B, tan(B), (C, tan(C) }.
Montrons que le point H appartient aux trois hauteurs.
D’après l’associativité du barycentre on a :
Le point H est le barycentre de {(A, tan(A)), (A’, tan(B) + tan(C)} donc H appartient à la hauteur (AA’).
Le point H est le barycentre de {(B, tan(B)), (B’, tan(A) +, tan(C)} donc H appartient à la hauteur (BB’).
Le point H est le barycentre de {(C, tan(C)), (C’, tan(B) +, tan(A)} donc H appartient à la hauteur (CC’).
Par suite le point H appartient aux trois hauteurs et par suite c’est l’orthocentre du triangle et on a de plus
montré que L’orthocentre H d’un triangle (non rectangle) ABC est le barycentre des sommets A, B et C
affectés respectivement des coefficients tan(A), tan(B) et tan(C).
8ème piste : Puissance d’un point par rapport à un cercle. (Voir annexe3)
On va prouver le concours des hauteurs en utilisant la notion de « puissance d’un point par
rapport à un cercle ».
Soit ABC un triangle et soit C son cercle circonscrit. La hauteur issue de A coupe (BC) en A’ et recoupe le
cercle C en un point D. Désignons par H le symétrique du point D par rapport à A’.
On va montrer que H est le point de concours des trois hauteurs.
Pour cela il suffit de montrer que⃗ BH . ⃗
AC =0 et que ⃗CH . ⃗
AB=0.
AC =(⃗ B A +⃗
' '
BH . ⃗
⃗ A ’ C ¿= ⃗
A H ) . ¿ +⃗ BA ' .⃗
AA '+⃗
BA ' .⃗
A ' C+⃗
A ' H .⃗
AA ' +⃗
A ' H .⃗
A'C
BA ' .⃗
=⃗ A ' C +⃗
A ' H .⃗
AA '= ⃗
BA ' .⃗
A ' C +⃗
A ' D .⃗
A ' A.
A ' A .⃗
PC(A’)=⃗ A ' D=⃗
A ' B .⃗
A ' C. Par suite⃗
BH . ⃗
AC =⃗
BA ' .⃗
A ' C +⃗
A ' D .⃗
A ' A = - PC(A’)+ PC(A’) = 0.
4
CH . ⃗
De la même façon on montre que⃗ AB=0
Remarque : De cette démonstration et à part le concours des hauteurs on peut déduire deux propriétés
intéressantes :
Première propriété : Pour tout triangle, les symétriques de l’orthocentre par rapport à ses trois côtés
appartiennent au cercle circonscrit à ce triangle.
Deuxième propriété : Pour tout triangle non rectangle ABC si H désigne son orthocentre et A’, B’ et C’
désignent respectivement les pieds des hauteurs issues de A, B et C, on a : HA.HA’=HB.HB’=HC.HC’
En effet : Désignons par D, E et F les symétriques du point H par rapport aux côtés du triangle ABC ( figure
ci-contre). En donnant trois expressions de la puissance du point H par rapport au cercle circonscrit on a :
HA.HD = HB.HE = HC.HF or HD=2HA’, HE=2HB’ et HF= et HC’ d’où le résultat HA.HA’=HB.HB’=HC.HC’
5
10ème piste (Reformulation et généralisation de la 7ème
piste) :
Soit ABC un triangle, A’, B’ et C’ les milieux de ses côtés
et G son centre de gravité. Soit P un point du plan.
On considère les droites dA, dB et dC parallèles à (PA’), (PB’)
et (PC’) passant respectivement par A, B et
C.
1) Les droites dA, dB et dC sont concourantes en un point Q
et les trois points P, G et Q sont alignés.
2) Soit O le centre du cercle circonscrit au triangle ABC. Si le point P est en O, on retrouve le concours des
hauteurs et la relation vectorielle classique ⃗GH =−2 ⃗ GO .
6
Deuxième partie : Un concours en cache un autre
Définition 1 : On appelle cévienne d’un triangle, toute droite passant par un somment de ce triangle et
coupant le côté opposé (par exemples les médianes les bissectrices intérieures, les hauteurs, sont des
céviennes et si le triangle n’est pas isocèle les bissectrices extérieures le sont aussi).
Remarque : Parfois, pour un triangle ABC par exemple, on utilise la phrase « une A- cévienne » pour dire
« une cévienne passant par A » (De même pour une B- cévienne, une C- cévienne
Théorème : Points de Terquem : Soit ABC un triangle et soientd, d’ et d’’ trois céviennes concourantes
passant respectivement par A, B et C et coupant les côtés opposés (ou leurs prolongements)
respectivement en A’, B’ et C’. Soit I le point de concours de ces trois droites.
Si le cercle circonscrit au triangle A’B’C’ recoupe les côtés du triangle en trois autres points M, N et P qui
sont les pieds de trois céviennes, ces trois nouvelles céviennes sont elles aussi concourantes en un point J.
Le point J est appelé conjugué cyclocevien du point I et les six points A’, B’, C, M, N et P sont appelés Points
de Terquem.
´ × AB
´ '= AC
´ ' × AP
´ ceci implique C ´' A NA
´
P(A) = AN = (1)
B'´ A PA´
7
´ BC ´ × BA
´ ' = BM ´ ' A ´' B PB ´
De même : P(B) = BP× ceci implique = (2)
C ´' B ḾB
´ ' × CM
´ =CB
´ ' × CN
´ B ´' C ḾC
P(C) =CA ceci implique = (3)
A ´' C NC´
En multipliant ces trois égalités membre à membre on obtient
Une propriété : Soit ABC un triangle et (AM), (BN) et (CP) trois céviennes concourantes (ou parallèles) de ce
triangle et soit (AM’), (BN’) et (CP’) leurs isotomiques. Les droites (AM’), (BN’) et (CP’) sont aussi
concourantes (ou parallèles).
En effet : Les droites (AM), (BN) et (CP) étant trois céviennes concourantes (ou parallèles) on a donc :
´
PA ´
ḾB NC
× × =−1(Théorème de Ceva ).
PB
´ ḾC NA
´
8
´
PA ´
ḾB NC P ´' B M ´' C N ´' A
× × = × × = -1.
PB
´ ḾC NA
´ P ´' A M´' B N ´' C
Les droites (AM’), (BN’) et (CP’) sont donc concourantes (ou parallèles).
Cas particuliers : Pour tout triangle les droites isotomiques des hauteurs (respectivement bissectrices) sont
concourantes.
Un cas particulier : cercles inscrit et exinscrit. Point de Gergonne.
Si on prend trois céviennes concourantes elles définissent un triangle pédal et si on prend leurs
isotomiques elles sont concourantes et elles définissent un deuxième triangle pédal. Ces deux triangles
« pédaux » on la même aire. (Je cherche encore la justification de cette propriété que j’ai vérifiée avec
GeoGebra sur plusieurs cas de figures)
9
Concours des symedianes et des sycéviennes. Cas particulier des hauteurs.
Définition d’une symédiane : Soit ABC un triangle. La symédiane en un sommet A (respectivement B, C)
d’un triangle est la droite symétrique de la médiane issue de A (respectivement B, C) par rapport à la
bissectrice intérieure de l’angle ^ ^)
A(respectivement ^B , C
Exemple 1 : Concours des symédianes. Point de Lemoine.
Les trois symédianes d’un triangle sont concourantes.
Pour justifier ceci, on va utiliser la forme trigonométrique du théorème de
Ceva.
BAH ) =sin ( ^
sin ( ^ KAC ) ; sin ( ^
HAC ) =sin ( ^
BAK ) ;
sin ( ^
ACI )=sin( ^
LCB) ; sin ( ^
ICB ) =sin( ^
LCA ) ;
^ )=sin ( ^
sin ( CBG ^ )=sin ( JBC)
JBA ) ; sin ( GBA ^
Exemple 2 : Concours des « symédianes des hauteurs ». Bien que le mot symédiane est consacré au
symétrique d’une médiane par rapport à la bissectrice de l’angle correspondant, par abus de langage
aussi le mot « sycévienne » pour désigner le symétrique de toute cévienne par rapport à la bissectrice
de l’angle correspondant.
La sycévienne d’une cévienne est donc le symetrique de celle-ci par rapport à la bissectrice de l’angle
correspondant.
10
Les sycévienness des hauteurs sont concourantes.
La justification est la même que celle de l’exemple précédent.
11
Généralisation des exemples 1 et 2 :
Plus généralement Les sycéviennes de trois céviennes concourantes sont aussi concourantes.
La démonstration est la même que celle développée dans les deux exemples précédents.
Remarque : Le théorème de carnot affirme l’existence d’une conique (ellipse dans notre cas de figure)
passant par les pieds des trois céviennes concourantes et les pieds de leurs sycéviennes.
Annexes
Annexe1.
Soit ABC un triangle non rectangle, A’ le pied de la hauteur issue de A et M un point quelconque du plan.
[ M appartient à la hauteur (AA’) ] ⟺[ MB 2−MC 2=AB 2 −AC 2]
Justification. Soit I le milieu de [BC].
MB 2−MC 2
MB 2−MC 2=2 ⃗
MI . ⃗
CB ; AB 2− A C2 =2 ⃗
AI . ⃗
CB .
⟺ 2⃗
CB . (⃗
MI−⃗
AI ) =0
⟺ 2⃗
CB . ⃗
MA = 0.
Annexe 2A.
Le théorème de Ceva sous ses différentes formes.
Soit ABC un triangle et soient A’, B’ et C’ trois points distincts des sommets du triangle et appartenant
respectivement aux droites (BC), (CA) et (AB).
12
Chacune des droites (AA’), (BB’) et (CC’) s’appelle une Cévienne.
Le théorème de Ceva. Forme générale.
a) Avec les mesures algébriques :
Les droites (AA’), (BB’) et (CC’) sont concourantes ou parallèles si et seulement si :
Si les points A’, B’ et C’appartiennent respectivement aux segments [BC], [CA] et [AB], les droites (AA’),
(BB’) et (CC’) sont concourantes si et seulement si :
sin ( ^
BA A' ) sin ( ^
CB B' ) sin ( ^AC C ' )
× × =1
^
sin ( CA A' ) sin ( ^
AB B ' ) sin ( ^
BC C' )
Remarque : Dans certains cas cette forme est plus adéquate pour prouver le concours de trois céviennes
(pour prouver le concours des symédianes par exemple. Ce cas a été étudié dans la deuxième partie de cet
article.).
Annexe2B.
Coordonnées barycentriques des pieds des hauteurs d’un triangle.
Soit ABC un triangle et soient A’, B’ et C’ les pieds des hauteurs issues respectivement de A, B et C.
13
Si le triangle ABC n’est pas rectangle on a :
A’ est le barycentre de {(B, tan(B), (C, tan(C))}
B’ est le barycentre de {(A, tan(A)), (C, tan(C))}.
C’ est le barycentre de {(A, tan(A)), (B, tan(B))}.
Justification :
AA '
1er cas : L’angle B est aigu : tan(B)= ; tan(C) =
A' B
AA ' tan ( B) A ' C
donc =
A' C tan(C ) A ' B
Annexe 3
Quelques rappels relatifs à la notion de «Puissance d’un point par rapport à un cercle »
Théorème définition : Dans le plan euclidien on considère un cercleC de centre O et de rayon r et un point
M du plan. Soit ∆une droite quelconque passant par M et coupant le cercleC en deux points A et B. le
MA .⃗
produit scalaire⃗ MB est indépendant de la droite ∆choisie. On l’appelle puissance du point M par
rapport au cercle C , et on note PC ( M ) . PC ( M ) =⃗
MA . ⃗
MB
14
.
Dans les deux cas de figure (M à l intérieur ou M à l’extérieur du cercle) les triangles MAD et MCB sont
MA MC
semblables. Donc = et par suiteMA . MB=MC . MD.
MD MB
Les produits ⃗MA .⃗MB et ⃗MC . ⃗
MD ont même valeur absolue. Ils sont positifs tous les deux si M est à
l’extérieur négatifs tous les deux si M est l’intérieur et nuls si M est sur le cercle.
'
MB= MA . MB si M est à l exterieur du cercle .
PC ( M ) =⃗
MA . ⃗
{ '
−MA . MB si M est à l interieur du cercle .
Annexe 4
Théorème de Carnot. Soit ABC un triangle et soient M et N deux points de [BC], P et Q deux points de [CA]
et R et S deux points de [AB].
Les six points M, N, P, Q, R et S sont sur une même conique si et seulement si :
MB NB PC QC RA SA
( ×
MC NC
¿× (
×
PA QA
×( ×
RB SB)) =1 )
Remarque. Soit ABC un triangle et soit : A’, B’, C’ les milieux de ses côtés et HA, HB, HC les pieds des
hauteurs. En appliquant le théorème de Carnot et celui de Ceva avec les six points A’ et H A, B’ et HB, C’ et HC
on retrouve le fameux cercle d’Euler.
15