Beruflich Dokumente
Kultur Dokumente
1
Habermas J., L'espace public, Paris, Payot réédit. 1993, p. 25 et ss
modeste et l'extrême intérêt de la civilité ordinaire. Ces faits conduisent à
reconnaître la puissance invisible qui reprit corps, là précisément où
l'espace public reprenait vie.
2
L'espace public, une architecture du vide et du lien social
2
Beauchard J. (sous la direction de), La Ville-pays, éd. de L’Aube, 1996
3
Beauchard J., La bataille du territoire, L’Harmattan, Paris, 2000
4
L'espace public comme patrimoine commun
4
Enquête de Liliane Barakat, colloque Habiter le patrimoine : sens, vécu imaginaire, Saumur, octobre 2003
5
messe en mai 1997. Plus de 500.000 personnes, de l'est et de l'ouest,
toutes confessions confondues, s'étaient rendues en procession de la
place des Martyrs à la mer. La foule empruntait cette immense
perspective jusqu'alors inconnue de tous. Seules, les mosquées et les
églises avaient résisté à la furie destructrice, les lieux des cultes
musulmans et chrétiens se rencontraient vraiment pour la première fois au
sein d'un même espace. Nul n'avait prévu ce grand ruissellement des
gens à travers la ville en chantier. Perchés sur leurs chars, les militaires
semblaient submergés, ils ne pouvaient pas voir la perspective nouvelle.
Seuls ceux qui parvenaient jusqu'au cap voyaient, avec les yeux de la
mer, la ville qui émergeait entre minarets et clochers. Le champ des
décombres avancés en mer figurait le point de fuite, la mise en
perspective et, dans cet instant, une convergence divine ! Face à la ville
en procession, le Pape lançait sa grande exhortation pour la réconciliation
et la paix, et tous découvraient pour la première fois la ville dernière-née.
Donc, histoire longue des origines de la ville qui intègre dans son
ordre le cycle des guerres et l'événement. La ville renaît dans cet instant
où le plus grand nombre se rassemble en un lieu qui, dès lors, symbolise
l'unité invisible du multiple, de l'opposé et du contraire. L'origine se
déplace dans le présent et l'actuel commun. Ce qui n'était qu'un fait
divers, la communion du grand nombre, en fait une mémoire, un symbole.
Cependant, le caractère exceptionnel de l'événement qui ajuste le passé
au regard du présent ne doit pas occulter une expérience plus ordinaire et
plus personnelle qui, à son tour, transforme les lieux communs en lieux de
mémoire.
5
Mauss M., Sociologie et anthropologie, PUF Quadrige, Paris, p. 147 et ss
6
Caillé A., Anthropologie du don, le tiers paradigme, Desclée de Brouwer, 2000.
7
Laclau E., La Guerre des identités-Grammaire de l’émancipation, La Découverte/MAUSS, p . 102.
9
Le territoire, somme des espaces publics, ouvert et fermé car
délimité par des frontières n'est-il pas le lieu où s'élaborent les figures d'un
peuple? C'est-à-dire les signes de ce qui perdure au-delà de toute
séparation et demeure en lien, au-delà des vivants, non seulement avec
les morts mais aussi avec ceux qui sont à naître ? Le territoire n'est-il pas
le gardien du sang versé et, comme tel, le signifiant archaïque de la
vitalité et de la fécondité ? En somme, ce territoire hors sol de la Cité,
socle de l'identité politique, est le lieu de tous les lieux de mémoire, le
porteur de l'histoire commune, celui qu'il faut reconnaître pour entrer dans
l'alliance, être reconnu, pouvoir recevoir, rendre et donner. Symbole du
territoire, la marqueterie des lieux publics donne figure à l'identité politique
et confère au groupement de la population son caractère. Sans cesse
recomposée, sa permanence donne son unité à la mosaïque identitaire
qui instille, au milieu de la diversité, l'idée d'une société qui se nourrit de
ses particularismes.
La mosaïque identitaire
8
Arendt H., Les systèmes totalitaires, Seuil, Paris, 1972, p. 226
10
écarts, voire encore des cloisonnements, des divisions, des combinaisons.
La composition de l'ensemble varie, non seulement en raison des heures
du jour mais change de mois en mois, d'année en année. D'où l'art
quotidien de la Cité qui transforme les limites et les cloisonnements en
mitoyennetés.
11
Références bibliographiques de Jacques Beauchard :
12