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C O N T R I B U T IONS E T TÉ MOIGNAGE S
Editeur : Mohammed Youbi Idrissi, Université Abdelmalek Essaâdi
Co-editeurs : Kris Dejonckheere, Marta Rachlewicz, UNICA
Copyright © 2016, UNICA - Network of Universities from the Capitals of Europe
ISBN : 9789081437134
Imprimé en Belgique - Design : www.ligne33.be
www.rumi-project.org
Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne. Cette publication (communication) n’engage que
son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont contenues.
Réseau des Universités Marocaines
pour l’Enseignement Inclusif
C O N T R I B U T IONS E T TÉ MOIGNAGE S
4
5 Remerciements
6 Introduction
9 L’inclusion et l’égalité des chances dans les politiques publiques au Maroc :
démarches institutionnelles
9 - L e projet RUMI : un projet utile et nécessaire - Ikbal Sayah, ONDH
13 - E nseignement supérieur inclusif au Maroc : état des lieux et stratégie sectorielle
Youssef Loulidi, MESRSF
24 -L
’enseignement inclusif des personnes en situation de handicap :
équation de l’équité et de la qualité - Ahmed Aït Brahim, MSFFDS
45 Réflexions sur les groupes cibles de RUMI :
47 - Le questionnaire à destination des quatre groupes cibles du projet RUMI
Cadre conceptuel & résultats factuels - Mohammed Youbi Idrissi, UAE
56 - Approche genre : enjeux et perspectives - Mohammed Youbi Idrissi, UAE
61 - É
tudiant(e)s et approche genre : les femmes à l’université
marocaine, un chemin vers l’égalité mais… - Zohra lhioui, UMI
71 - Étudiant(e)s étrangers : chiffres & réalité - Mohammed Youbi Idrissi, UAE
74 - É tudiant(e)s souffrant de la précarité socio-économique - Mohammed Youbi Idrissi, UAE
77 Déficience visuelle et scolarité : défis et solutions - Nabil Maaroufi, Centre BVS
78 - Ma vie, au rythme de mon handicap visuel - Nabil Maaroufi, Centre BVS
88 - Accès à l’information par les nouvelles technologies - Nabil Maaroufi, Centre BVS
90 - Les centres ressources dans les universités marocaines partenaires
91 Comité technique IDMAJE : Présentation - Liste des membres
95 Qu’est-ce que j’ai appris ? Impressions de partenaires
103 Les universités marocaines inspirées par l’expérience RUMI
104 -R
UMI : Ancrer le concept de l’inclusion dans les universités marocaines
Samia Berrada, Université Cadi Ayyad
112 -R
ompre avec l’approche affective et instituer une politique de l’université
Mohammed Dinia, Université Mohammed V
115 - L e résautage universitaire pour une meilleure inclusion
Mohammed Yassine, Université Moulay Ismail
119 -E
ssai sur le projet RUMI - Khadija Boudraa, Mouna Chentoufi, Meryem Khadri,
Rim Rhmani et M’feddal Hilali, Université Internationale de Rabat
123 -É
tat des lieux de l’inclusion dans l’Université Ibn Tofail
Jamal Al Karkouri, Karima Selmaoui, Université Ibn Tofail
132 Conclusion
Annexes
136 ANNEXE 1 : Partenariat
138 ANNEXE 2 : Liste des livrables du projet
139 ANNEXE 3 : Questionnaire RUMI
146 ANNEXE 4 : Découvrir plus sur le projet RUMI
REM ERC I EM ENTS / 5
Remerciements
Jalâl Eddin Ibn Rumi a dit « Ce monde est une montagne,
et notre action est le cri : c’est à nous que revient l’écho de ce
cris ». Dans l’esprit de ce grand poète, nous espérons qu’à tra-
vers des actions du projet RUMI, nous avons contribué à offrir
à tous les étudiantes et étudiants des possibilités d’intégration
dans la société en général et l’université en particulier. Notre
excellente collaboration et bonne entente offrent des perspec-
tives heureuses pour le futur.
Introduction
Mohammed Depuis déjà trois années passées, les auteurs du projet « Ré-
Youbi Idrissi seau des Universités Marocaines pour l’enseignement Inclusif »
Coordinateur (RUMI) se sont sentis poussés des ailes quand la Commission
pédagogique Européenne, remerciée, accepta d’apporter son soutien moral
du projet RUMI, et matériel à ce beau et ambitieux projet. En effet, lors de la
Professeur première réunion de lancement, le consortium a mesuré l’am-
à l’Université pleur des tâches déclinées, a pris conscience des défis à relever
Abdelmalek et a estimé à sa juste valeur les efforts colossaux à déployer.
Essaâdi, Tétouan Mais la conviction était partagée avec abnégation et volonta-
risme entre l’ensemble des partenaires européens et marocains
pour honorer les engagements exprimés et pour atteindre les
nombreux objectifs visés par le présent projet.
Le projet RUMI :
un projet utile et nécessaire
« L’inclusion,un
concept politique
qui donne son sens
à cette lutte, est un
L’inclusion figure aussi des objectifs majeurs rural a été largement laissé
parmi les cinq « nœuds de l’initiative pour compte, frappé par le
du futur » identifiés dans nationale pour chômage, le sous-emploi,
le développement
le Rapport du Cinquante- humain. » la pauvreté, l’analphabé-
naire (RDH 50), les quatre tisme, les maladies et des
autres étant le savoir, l’écono- conditions de vie tantôt rudi-
mie, la santé et la gouvernance. Ces mentaires, tantôt misérables ».
nœuds correspondent à des problé-
matiques clefs qui font référence aux Les jeunes non plus n’ont pas eu la place
blocages et aux déficits structurels de qui leur revient dans notre marche vers le
notre pays. Sans leur dépassement, le développement. Leur insertion sociale et
développement du Maroc sera proba- économique s’est trouvée réduite par la
blement compromis. faiblesse de l’encadrement, en matière
d’éducation, d’engagement politique
Le Rapport Général du Développe- et d’activités culturelles et sportives.
ment Humain depuis l’indépendance
(RDH50) reconnaît, en effet, que « le Pourtant à ce propos, le projet « Tempus
Maroc n’a pas toujours su inclure l’en- RUMI » est venu compléter la réflexion
semble des composantes de sa société générale de l’ONDH sur l’évolution de la
et de son territoire dans son processus situation des jeunes qui, malgré leur op-
de développement. La femme maro- timisme, sont confrontés à des question-
caine n’a pas eu toute sa place, loin s’en nements sérieux sur leurs perspectives
faut, dans le processus de développe- d’avenir. Ce projet intervient surtout à
ment du pays. Le niveau de développe- un moment où les enjeux de l’équité
ment des femmes, en particulier celles et de l’égalité des chances constituent
vivant en milieu rural, est demeuré pré- une priorité de la réforme de l’éduca-
occupant comme l’attestent le taux tion. En effet, notre école va mal. Trop
de scolarisation des filles ou le taux de d’élèves, plus de 350.000 par an, sortent
chômage féminin. La première injustice du système éducatif sans qualification.
faite aux femmes est l’analphabétisme. La qualité des acquisitions des élèves
reste faible. Mais surtout, les inégalités
Ces déficits d’inclusion sont également sociales devant l’éducation sont fortes et
d’ordre territorial, puisque des régions ont tendance à se déplacer vers le haut,
entières se sont trouvées exclues de l’en- c’est-à-dire l’enseignement supérieur
treprise de développement. Le monde du fait de l’accroissement significatif
LE P R OJET RU MI : U N PROJET U T IL E ET NÉCES S A IRE / 11
1 Il s’agit d’opérer une distinction forte entre « autonomie » (capacité à contrôler certains aspects de sa vie) et
« indépendance » (capacité à pourvoir à ses besoins à partir de ces propres ressources).
12
Enseignement supérieur
inclusif au Maroc :
état des lieux et stratégie sectorielle
Contextes :
Youssef Loulidi
Direction
des Stratégies La politique sectorielle en matière d’enseignement
et des Systèmes
supérieur inclusif s’inscrit d’abord dans un contexte global
d’informations,
Ministère de marqué par la volonté des pouvoirs publics d’élaborer des
l’Enseignement
stratégies et de mettre en place des plans d’action réa-
Supérieur,
de la Recherche listes et réalisables à même de fournir des services adap-
Scientifique
tés aux besoins des populations concernés par l’inclusion.
et de la Formation
des Cadres Ces plans d’action doivent traduire la portée :
(MESRSF)
• d
es orientations royales relatives au soutien de toutes les
catégories de la société plus particulièrement les personnes
en situation d’handicap. Des orientations qui s’inscrivent en
droite ligne des efforts déployés par Sa Majesté le Roi afin
de mettre à la disposition des personnes en situation de
handicap ou d’inadaptation, tous les moyens leur permet-
tant une meilleure insertion dans le système éducatif, le tissu
social et la vie professionnelle ;
• de
la loi cadre 13.97 concernant les personnes en situation
d’handicap qui a été adoptée par le conseil des ministres le
14 Octobre 2014 et approuvée par le parlement le 8 Avril
2016 ;
14
« Le plan
stratégique de
développement de
• Concernant la précari- l’Enseignement Supérieur, gique de la réforme de
té socio-économique, de la Recherche Scientifique 2015-2030. « Pour une
et de la Formation
le département de des Cadres s’inspire école de l’équité, de la
l’enseignement supé- de la Vision stratégique qualité et de la promo-
rieur s’est toujours as- de la réforme tion ». Laquelle stratégie
suré la garantie d’un de 2015-2030 ». est élaborée, sur instruc-
minimum d’équité et d’éga- tion royale, par le Conseil
lité de chances en faveur des Supérieur de l’Education, de la
étudiants issus de milieux pauvres, formation et de la recherche scienti-
de zones rurales et des étudiants en fique en concertation avec une centaine
situation d’handicap ou à besoins spé- d’experts marocains dans différents
cifiques souffrant de précarité socio- domaines concernés par la probléma-
économiques. Par exemple, depuis tique de l’éducation, de la formation
2011, la valeur de la bourse sociale et de la recherche scientifique. Cette
a augmenté de 50% et le nombre de vision, après sa publication en fin 2015,
boursiers est passé de 182.500 bour- est devenue le cadre de référence à
siers à 330.000 boursiers en 2015, court, moyen et long termes de toute
soit un accroissement de +81%. De stratégie sectorielle en matière d’édu-
même le nombre de lits dans les ci- cation, de formation et de recherche
tés universitaires a augmenté de scientifique. Le MESRSFC, à l’instar
+36% et le nombre de repas servis des autres départements ministériels
annuellement s’est accru de 13% du- concernés, a élaboré son plan straté-
rant la même période. Les catégo- gique 2015-2030 à partir des recom-
ries d’étudiants, cités ci-dessus, sont mandations de cette vision. Si dans
prioritaires dans l’octroi de bourses cette dernière, tout un levier (Levier 4)
sociales et à l’accès aux cités, rési- est consacré à la problématique des
dences et restaurants universitaires. personnes en situation d’handicap ou
à besoins spécifiques, les autres volets
de l’inclusion n’y sont pas de moindre
Stratégie du MESRSFC
importance puisqu’ils constituent une
en matière d’inclusion :
problématique transversale commune
Le plan stratégique de développement à la majorité des leviers constituant la
de l’Enseignement Supérieur, de la Re- vision. Dans ce sens le plan stratégique
cherche Scientifique et de la Formation du MESRSFC, dans son premier axe :
des Cadres s’inspire de la Vision straté- « Amélioration de l’accès et des études
18
Ahmed Aït Brahim L’enseignement intégrateur est aujourd’hui l’un des grands
Chef de Division
défis qui se posent aux politiques publiques en matière de
de l’intégration sociale
des personnes en réforme du système de l’enseignement.
situation de handicap
Ministère
Il est aussi l’un des indices révélateurs du niveau d’accomplis-
de la Solidarité,
sement des grands projets lancés par de nombreux États pour
de la Femme,
réformer l’enseignement général afin de le rendre plus inclusif.
de la Famille et
En effet, le fait de garantir à toute personne en situation de han-
du Développement
dicap le droit d’accès intégral au système éducatif est une en-
social (MSFFDS) -
trée pour allier l’équité à l’efficacité dans le système scolaire et
Maroc
le rendre capable de répondre aux besoins de tous les individus
qui forment la société et de bien gérer les problèmes posés par
la diversité humaine et culturelle. Cet article traitera des ques-
tions essentielles pour comprendre la problématique de l’ensei-
gnement inclusif des personnes handicapées, à savoir :
la Décennie des Nations unies pour les verses approches liées aux questions
personnes handicapées (1983 – 1992) de l’intégration sociale des personnes
au cours de laquelle fut élaborée et mise handicapées ont donné lieu au fil du
au point une convention internationale temps à un large débat sur le plan
qui a débouché sur l’adoption d’un Pro- juridico-politique, lequel a été appro-
gramme mondial concernant les per- fondi au sein des instances et des or-
sonnes handicapées. La convention en ganisations dédiées à la défense des
question a permis la formulation et la droits de l’homme, y compris l’Organi-
mise en œuvre de politiques et de légis- sation des Nations unies et les agences
lations destinées à promouvoir les droits concernées de celle-là. L’année 2000
des personnes handicapées. Les efforts constitue un tournant crucial à ce su-
de l’ensemble de la communauté in- jet; en effet, c’est au cours de cette
ternationale ont été couronnés année que le rapporteur spé-
par l’adoption d’un nouveau cial a présenté un rapport
traité international en faveur « Après quatre au comité du développe-
années de négociations
des personnes handica- ment social nommé par
(de 2002 à 2006), a été
pées intitulé Règles pour adoptée la Convention le Conseil économique
l’égalisation des chances relative aux droits et social de l’ONU, lequel
des handicapés. des personnes comité, au vu de ce rap-
handicapées… » port, a recommandé de re-
Ces règles visent à réaliser connaître que le handicap
une participation complète et est une question qui relève des
une égalité réelle en faveur de cette ca- droits de l’homme et, en conséquence,
tégorie de la population. Elles posent d’élaborer une convention internatio-
un idéal que tous les États s’efforce- nale relative au respect des droits des
ront d’atteindre, constituent une ré- personnes handicapées. Après quatre
férence importante pour la mise en années de négociations (de 2002 à
œuvre du programme d’intégration des 2006), a été adoptée la Convention re-
personnes en situation de handicap et lative aux droits des personnes han-
offrent une garantie pour le droit de ces dicapées, qui constitue pour tous les
personnes à bénéficier des services so- États et les organisations une référence
ciaux dans tous les domaines de la vie. internationale en matière de participa-
tion sociale des personnes en situation
Les divergences au sujet de la significa- de handicap. Cette Convention a été
tion du concept de handicap et les di- ratifiée par le Maroc le 8 avril 2009.
L’E NSE IGNE ME NT INC LUSIF D ES PERS ONNES EN S IT U AT ION DE HA NDICA P : / 27
ÉQU AT ION DE L’ÉQU IT É ET DE L A QU A L IT É : / 27
2 Ce sont des classes équipées de moyens éducatifs spéciaux et dotées d’un enseignant ayant reçu une formation
spéciale le préparant à satisfaire les besoins spéciaux des élèves handicapés (Farouk Sadek, 2006).
3 Handicap International Maghreb - Ahmed Ait Brahim - Etude de l’état de scolarisation des enfants en situation
de handicap, ville de Salé 2011.
4 « inclusive education system » / « inclusive, quality, and free primary education / « enseignement primaire inclusif »
Article 24. CRDPH.
30
5 UNESCO, 2005: Guidelines for Inclusion: Ensuring Access to Education for All.
6 Handicap International, L’éducation inclusive – Document cadre, 2012.
7 Policy Guidelines on Inclusion in Education, UNESCO 2009.
8 Application de la résolution de l’Assemblée Générale n° 60/251 en date du 15 mars 2006, intitulée Conseil
des droits de l’homme : Droit des handicapés à l’enseignement – Rapport du rapporteur spécial chargé du droit
à l’enseignement.
9 Skrtic, cité par Susan Peters, T.M. (1991) – The Special Education Paradox: equity as the way to excellence,
Harvard Educational Review, 61 (2), pp. 148-206.
32
des possibilités d’éducation le même cap très tôt à une pleine participa-
article 24 stipule aussi de procéder « à tion dans la société. Par ailleurs, des
des aménagements raisonnables en études ont bien montré que l’ensei-
fonction des besoins de chacun. » (Ar- gnement inclusif peut être d’un bon
ticle 24, §2, c). rapport coût-efficacité /9.
10 Tiré avec adaptation de la Déclaration de Salamanque pour l’éducation et les besoins spéciaux (UNESCO, juin 1994).
34
• celles qui ne vont pas à l’école, mais née scientifique. Bien au contraire, l’ex-
qui auraient pu y aller si leurs familles, clusion a un coût éducatif et social très
les communautés au sein desquelles lourd, car elle aggrave la faiblesse de
elles vivent et les systèmes édu- l’autonomie de l’individu en situa-
catifs de leurs pays étaient tion de handicap ; elle a aussi
à même de mieux ré- un coût économique, car
pondre à leurs besoins ; « L’exclusion a un un faible niveau d’acquisi-
coût éducatif et social
très lourd, car elle tion des connaissances de
• c elles qui vont à l’école, aggrave la faiblesse base rend la personne en
mais qui n’arrivent pas à de l’autonomie de situation de handicap in-
l’individu en situation
apprendre à cause de la de handicap… » capable de s’intégrer dans
mauvaise qualité de l’en- le processus de développe-
seignement et son carac- ment. Ainsi, l’enseignement
tère inadapté ; inclusif est une alternative parado-
xalement plus économique que l’ensei-
• c elles qui vont dans des centres spé- gnement spécialisé.
cialisés, car le système d’enseigne-
ment général n’est pas préparé pour
Plusieurs organisations, instituts de
satisfaire à leurs besoins éducatifs
recherche et agences internationales
spéciaux.
ont traité la question de l’éducation in-
tégratrice. Ainsi, l’Agence européenne
3.3.4 Avantages de pour l’éducation adaptée et inclusive
l’enseignement inclusif a publié une étude dont la conclusion
affirme que les systèmes éducatifs des
Certains écrits ont pris le parti de justi- États qui ont enregistré une bonne
fier l’enseignement spécialisé pour les performance sont ceux qui ont réussi
personnes en situation de handicap en à améliorer les conditions d’apprentis-
le qualifiant d’alternative la plus raison- sage pour tous les enfants (Agence eu-
nable au motif que leur intégration au ropéenne, 2012). Cette même agence a
sein du système de l’enseignement gé- publié un guide intitulé Cinq messages
néral peut avoir un impact négatif sur le clés pour l’éducation inclusive (Agence
rendement interne du système et son ni- européenne, 2013). L’équipe de travail
veau de performance. C’est là une idée de l’Agence européenne a publié aussi
fausse qui ne s’appuie sur aucune don- un article d’analyse au terme duquel
L’E NSE IGNE ME NT INC LUSIF D ES PERS ONNES EN S IT U AT ION DE HA NDICA P : / 35
ÉQU AT ION DE L’ÉQU IT É ET DE L A QU A L IT É : / 35
elle conclut que « ce qui est bon pour De nombreuses études ont montré
des élèves ayant des besoins parti- que les élèves sans difficulté particu-
culiers l’est également pour tous les lière réagissent positivement quand ils
élèves » /11. ont l’occasion de jouer avec des élèves
en situation de handicap. Par ailleurs,
En 2013, une autre étude publiée par dans le système inclusif, les occasions
l’Organisation de Coopération et de sont fréquentes pour les personnes
Développement Économiques ob- handicapées de nouer des liens d’ami-
serve que l’amélioration des appren- tié entre elles (Kachef Mansour, 1988).
tissages des élèves à niveau scolaire
faible est sans influence sur le cursus Dans le cadre de l’application du Pacte
et la performance des élèves à niveau international relatif aux droits écono-
scolaire élevé. miques, sociaux et culturels, notam-
ment le droit à l’éducation énoncé à l’ar-
Dans leur publication de 1988, Van- ticle 13, un rapport international a défini
dercook, Fleetham, Sinclair and Tetile quatre éléments caractéristiques et es-
notent que l’inclusion des personnes sentiels requis pour jouir complètement
handicapées dans les écoles et les du droit à l’éducation, à savoir : dota-
classes du système d’enseignement tions suffisantes, accessibilité, accepta-
général sera bénéfique à tous les bilité et adaptabilité. L’enseignement,
élèves (ceux-là auront l’occasion d’ap- sous toutes ses formes et à tous les ni-
prendre les uns des autres ; chacun veaux, doit avoir ces caractéristiques
sera plus attentionné envers l’autre ; ils interdépendantes et essentielles telles
acquerront les attitudes, aptitudes et qu’elles sont développées ci-dessous /12 :
valeurs sociales nécessaires et propices
à la formation de bons citoyens). Il est a Dotation - les établissements d’en-
donc possible de conclure que l’inté- seignement et les programmes édu-
gration des personnes en situation de catifs doivent exister en nombre suffi-
handicap dans les écoles et les classes sant. Leur fonctionnement est tributaire
du système d’enseignement général de nombreux facteurs, dont l’environ-
aboutit à relever leur niveau scolaire. nement dans lequel ils opèrent : par
exemple, dans tous les cas, il faudra pré-
11 Publication intitulée Intégration scolaire et pratiques pédagogiques effectives (Agence européenne, 2003, p.38).
12 Comité des droits économiques, sociaux et culturels, Application du pacte international relatif aux droits
économiques, sociaux et culturels, Le droit à l’éducation (art. 13 du pacte), Observation générale n° 13.
36
3.3.6 L
’enseignement inclusif
est un défi sociétal prendre en compte les intérêts, habi-
letés et expériences de chaque enfant
Des chercheurs considèrent l’inclu- (Moran, 2007).
sion scolaire comme un processus
étroitement lié à l’adoption de va- L’intégration scolaire est une approche
leurs sociales et éducatives de justice normative centrée sur l’intervention
et d’équité (Moran, 2007 ; UNESCO, auprès des élèves ayant des besoins
1994). Plus spécifiquement, nombreux spéciaux. Elle cherche à amener ces
sont les acteurs ou actrices et les cher- derniers le plus près possible de leurs
cheurs ou chercheuses dans le do- pairs « normaux » par le recours à des
maine de l’éducation qui choisissent services spécialisés et l’adaptation
d’inscrire le développement d’écoles des programmes (Moran, 2007). Ainsi,
inclusives dans une vision transforma- l’école intégratrice ne s’adapte et ne
tive de la société (Hick, Kershner & Far- se transforme pas réellement (Mitchell,
rel, 2009). Par ailleurs, l’inclusion se ca- 2005) ; elle tente plutôt d’aider l’élève
ractérise par la responsabilité partagée à s’adapter à une structure scolaire pré-
de chercher de nouvelles façons de définie (Loreman, Deppeler & Harvey,
construire les curricula et de concevoir 2005).
l’apprentissage afin que tous les élèves
participent, s’acceptent et collaborent Par ailleurs, une étude a montré d’une
(Ainscow, 2009 ; Booth, Nes & Strøms- manière convaincante que l’équité et
tad, 2003 ; Brown & Bauer, 2001). la performance des écoles peuvent
aller ensemble (UNESCO, Learning
La vision transformative se distingue divides, Willms, 2006).
d’une vision assimilatrice de l’école
(Booth et al., 2003). La gestion de la
diversité dans une perspective assimi-
latrice s’associe plutôt à l’intégration
scolaire et se limite à placer ensemble
tous les apprenants sans respecter et
Systèmes séparés
Écoles pour les personnes Centres ou écoles réservé(e)s aux personnes en situation
« normales » avec un programme de handicap avec des programmes spéciaux et sans
d’enseignement général. passerelles avec le système d’enseignement général.
d’autres pays indiquent que les élèves d’une manière qui n’est pas vraiment
souffrant de handicaps obtiennent des inclusive et qui aboutit en fait à les sé-
résultats meilleurs dans les milieux sco- parer de leurs autres camarades. Ce qui,
laires inclusifs. au bout du compte, ramène à la situa-
tion antérieure où les besoins éducatifs
La relation entre l’enseignement spéciali- de tous les élèves ne sont pas vraiment
sé et l’enseignement inclusif reste néan- satisfaits.
moins bien compliquée /19. Par exemple,
les élèves sourds doivent apprendre la Pour cette raison, le rapporteur spé-
langue des signes et les élèves aveugles cial affirme que le modèle de l’enseigne-
apprendre le braille au début de leur ment intégrant tous les élèves ne doit
apprentissage /20. Ils peuvent d’ailleurs pas être considéré comme un « système
apprendre ces langages dans les écoles adapté à tous ». En effet, si la mise en
inclusives qui, à cette fin spécifique, sé- œuvre de ce modèle est fondée sur les
pareront l’élève sourd ou aveugle du deux principes de la participation et de
reste des élèves, ce qui, dans ces deux la non-discrimination, celui-ci doit être
cas, contredit quelque peu l’objectif pro- innovant et souple pour être en mesure
clamé de l’inclusion totale. Une autre dif- de prendre en compte les besoins de
ficulté, à laquelle nous avons fait allusion chaque individu, et de gérer la diversité
plus haut, apparaît lorsqu’on confond des handicaps et la diversité culturelle.
« admission » et « inclusion ». En effet, il y
a des cas où des élèves en situation de En ce qui concerne les enfants, l’ensei-
handicap sont admis dans des écoles gnement inclusif doit, d’abord et avant
spéciales sans recevoir le soutien sup- tout, ménager « les intérêts supérieurs
plémentaire nécessaire leur permettant de l’enfant ». À ce sujet, il est néces-
de satisfaire pleinement à leurs besoins saire de renoncer à la focalisation sur le
éducatifs individuels ; il y a d’autres cas « handicap » selon l’approche médicale
où des élèves en situation de handicap et de considérer les besoins éducatifs
sont admis dans des écoles ordinaires de chaque élève, qu’il soit handicapé
19 A pplication de la résolution de l’Assemblée Générale n° 60/251 en date du 15 mars 2006, intitulée Conseil
des droits de l’homme : Droit des handicapés à l’enseignement – Rapport du rapporteur spécial chargé du droit
à l’enseignement, M. Vernor Muñoz Villalobos.
20 Markku Jokinen, “ Meeting the best interests of the child through special education in the context of inclusive
education and the identification of specific services required by students with disabilities ”, Speech of the expert
meeting on the right to education of persons with disabilities, OHCHR, Geneva, November 2006.
42
21 A pplication de la résolution de l’Assemblée Générale n° 60/251 en date du 15 mars 2006, intitulée Conseil
des droits de l’homme : Droit des handicapés à l’enseignement – Rapport du rapporteur spécial chargé du
droit à l’enseignement.
22 http : //www.wipo.int/treaties/ar/remarks.jsp ?enty_id=3934C
23 Application de la résolution de l’Assemblée Générale n° 60/251 en date du 15 mars 2006, intitulée Conseil
des droits de l’homme : Droit des handicapés à l’enseignement – Rapport du rapporteur spécial chargé
du droit à l’enseignement.
L’E NSE IGNE ME NT INC LUSIF D ES PERS ONNES EN S IT U AT ION DE HA NDICA P : / 43
ÉQU AT ION DE L’ÉQU IT É ET DE L A QU A L IT É : / 43
un point faible en se fondant sur des ordinaires en leur fournissant les connais-
théories basées exclusivement sur le sances et les expertises dont ils ont be-
modèle médical /24. soin, et que ces écoles spéciales - ou des
unités à l’intérieur d’écoles intégratrices
L’UNESCO, dans la Déclaration de Sa- - peuvent continuer d’offrir l’éducation
lamanque de 1994, avait suggéré que la mieux adaptée aux enfants handica-
les écoles spéciales peuvent également pés, relativement peu nombreux, qui
servir de centres de formation et de res- ne peuvent pas être accueillis dans les
sources pour le personnel des écoles écoles ou les classes ordinaires.
24 A pplication de la résolution de l’Assemblée Générale n° 60/251 en date du 15 mars 2006, intitulée Conseil
des droits de l’homme : Droit des handicapés à l’enseignement – Rapport du rapporteur spécial chargé du
droit à l’enseignement.
45
: / 45
LES 4 GROUPES
CIBLES DE RUMI :
Le questionnaire à destination
des quatre groupes
cibles du projet RUMI
Cadre conceptuel & résultats factuels
1M
ESRSFC : Ministère de l’Enseignement Supérieur de la Recherche Scientifique et
de la Formation des Cadres / www.enssup.gov.ma/fr
2M
SFFDS : Ministère de la Solidarité de la Femme,
de la Famille et du Développement Social / www.social.gov.ma/fr
3O
NDH : Observatoire National de Développement Humain /www.ondh.ma
48
4 C f. en annexe les différentes questions retenues pour apprécier l’inclusion dans le système d’enseignement
supérieur au Maroc.
RÉF L EXIONS S U R L ES GROU PES CIBLES DE RUMI / 51
Étudiant(e) s souffrant de
la précarité socio-économique
Étudiant(e)s en situation
de handicap titre indicatif, quelques résultats
A
du traitement du questionnaire.
Étudiant(e)s n’appartenant
à aucune des trois catégories
précédente (approche genre) Il va sans dire qu’il est hors question de
rapporter dans cet ouvrage l’ensemble
Étudiant(e)s étranger(e)s
des résultats auxquels le questionnaire
a donné lieu. Plusieurs enseignements
sont à retenir, soit université par univer-
sité, soit dans le traitement global de
Informatisation et mise en ligne l’ensemble des réponses. Beaucoup de
du questionnaire /5 conclusions très intéressantes à consi-
dérer peuvent faire l’objet d’une publi-
Aussitôt l’élaboration du questionnaire cation à part et dont la lecture rensei-
fut finalisée et adoptée par les parte- gnera certainement sur les points de
naires RUMI dans sa structure géné- vue des étudiant(e)s qui ont exprimé
rale, un effort de mise en forme et de librement leurs opinions dans le présent
digitalisation de la totalité des ques- questionnaire. C’est un échantillon de
tions était fourni pour permettre à un 3700 réponses qui traduisent des si-
grand nombre d’étudiant(e)s d’y accé- tuations différentes géographiquement,
der facilement depuis n’importe quelle nuancées socio-économiquement et qui
université marocaine partenaire. Aussi, donnent lieu à des lectures croisées très
était-il d’un grand secours la mise en intéressantes à plus d’un titre.
ligne du questionnaire et sa domicilia-
tion sur la page web du projet RUMI
(www.rumi-project.org). La collecte de
l’information s’est opérée pendant 14
mois, du 01/11/2014 au 01/01/2016. La
totalité des réponses sont centralisées
au niveau de l’UAE qui se chargera de
faire parvenir les résultats du question-
naire à chaque université partenaire.
5 Le questionnaire est toujours domicilié sur la page web du projet RUMI. Cliquer sur le lien ci-après pour l’activer :
https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSeGPoy08nupdG1Yea_bZk9R0_V7P30u_HIfgSWX8lu5uhY_
RA/viewform?fbzx=8077802981915309507
52
2000
1800
1864
1600
1400
1073
1200
1000
791
800
608
524
600
435
343
293
400
265
179
293
114
179
200
99
114
92
89
62
79
53
37
45
37
34
25
39
12
0
Université Université Université Université Université Université Université Université Université Ibn
Abdelmalek Mohammed V / Ibn Tofail / Moulay Internationale Mohammed Moulay Cadi Ayyad / Zohr / Agadir
Essaâdi / Rabat Kenitra Ismail / de Rabat Premier/Oujda Soulaiman / Marrakech
Tétouan Meknès Benimellal
• P
articipation des universités marquées selon les attentes des
partenaires au questionnaire : un(e)s et des autres et les ambitions
il était question de constater les des un(e)s et des autres…
différences enregistrées entre
université publiques et université • L es réponses apportées par
privée (UIR) ; entre le contexte socio- les groupes cibles considérés
économique de chaque université ; dans le projet RUMI donnent lieu
entre garçons et filles, etc. également à une grille de lecture
nettement marquée selon que l’on
• L e traitement des questions par s’estime appartenir à un groupe ou
approche genre homme/femme à un autre. L’essentiel des réponses
révèlent des appréciations nettement apportées par les étudiant(e)s
1000
900
951
800
913
700
600
500
400
309
299
260
264
300
144
149
200
100
56
49
50
45
47
47
39
40
18
19
0
Université Université Université Université Université Université Université Université Université Ibn
Abdelmalek Mohammed V / Ibn Tofail / Moulay Internationale Mohammed Moulay Cadi Ayyad / Zohr / Agadir
Essaâdi / Rabat Kenitra Ismail / de Rabat Premier/Oujda Soulaiman / Marrakech
Tétouan Meknès Benimellal
500
475
433
450
416
400
350
300
250
200
169
159
156
153
150
124
120
100
94
95
88
91
13
50
9 10
12
46
48
48
17
41
16
5
34
35
28
29
16
8
19
20
18
13
12
5
3
12
23
3
11
11
3
11
2
1
01
0
5
9
5
5
1
1
2
1
3
Université Université Université Université Université Université Université Université Université Ibn
Abdelmalek Mohammed V / Ibn Tofail / Moulay Internationale Mohammed Moulay Cadi Ayyad / Zohr / Agadir
Essaâdi / Rabat Kenitra Ismail / de Rabat Premier/Oujda Soulaiman / Marrakech
Tétouan Meknès Benimellal
■ Filles ■ Garçons ■ Filles ■ Garçons ■ Filles ■ Garçons ■ Filles ■ Garçons
Étudiant(e) en situation de Étudiant(e) en situation Étudiant(e) étranger Avis selon approche genre
précarité socioéconomique de handicap
54
6
Précarité socio-économique : revenu de 29,3
la famille en Dh par mois (total réponse 3687) 64,7
19%
77%
4% • L a grille d’analyse des opinions
exprimées par les personnes en
situation de handicap permet de
s’enquérir des besoins, doléances
et opinions de ce groupe cible.
Dans l’ensemble le pourcentage
de ce groupe cible dans les
universités marocaines partenaires
reste très limité (0,11%) en
comparaison avec la prévalence
du handicap au Maroc estimée
à 6,8 % de la population globale
6 RAMED : Régime d’Assistance Médicale, destiné aux familles les plus démunies.
RÉF L EXIONS S U R L ES GROU PES CIBLES DE RUMI / 55
• É
tudiant(e)s étrangers : 60%
Dans quel pays souhaitez-vous
11%
travailler après vos études au Maroc ?
Approche genre :
enjeux et perspectives
POINTS DE FORCE :
• Le tissu associatif féminin au Maroc est très actif et peut être
considéré parmi les composantes brillantes, de par sa diversi-
té et ses actions, en ce qui concerne la promotion et défense
des valeurs de l’équité, de l’approche genre et de l’égalité des
chances. C’est le résultat d’un long parcours de mobilisation,
de lutte, de travail ardu et de militantisme pour faire avancer
les choses et bouger les lignes en termes d’égalité entre tous
et toutes, et pour moins de violence à l’encontre des femmes.
RÉF L EXIONS S U R L ES GROU PES CIBLES DE RUMI / 57
•
Au Maroc, beaucoup de femmes • Les effectifs dans les différents éta-
sont considérées comme des icônes blissements d’enseignement supé-
en termes d’engagement politique rieur tendent à la parité (50% gar-
et de militantisme. De génération en çons & 50% filles) ; parfois le taux de
génération des militantes ont fait leur réussite et d’excellence est nette-
preuve face aux multiples exactions ment supérieure chez les filles que
nourries depuis la période coloniale, chez les garçons. Les chiffres dont
conduites même au lendemain de nous disposons à travers les campus
l’indépendance et perpétrées durant des universités partenaires du projet
les années de plombes. C’est pour RUMI dressent des situations somme
dire que le tissu associatif féminin au toute semblables, avec de légères
Maroc est dépositaire d’un héritage fluctuations d’une université à l’autre.
haut en combativité pour défendre Les filières des lettres et Sciences
les droits de l’homme d’une manière Humaines, Médecine et pharmacie,
générale, et les droits des femmes Médecine dentaire, Formation des
en particulier. enseignants, Institut supérieur des
Sciences de la santé enregistrent une
• Le souci de promouvoir la participation progression des filles sur les garçons
féminine en termes d’engagement po- en termes d’effectif. Les filières des
litique est supporté par plusieurs as- Sciences, Techniques et Technologie
sociations féminines qui encouragent les effectifs sont à égalité entre filles
la prise de conscience et la partici- et garçons. Par contre, les garçons
pation des femmes dans les activités restent majoritaires dans les filières
politiques. Aussi, ces dernières dé- suivantes : Sciences et Sciences de
ploient-elles beaucoup d’efforts pour l’Ingénieur, Sciences juridiques, éco-
encourager les femmes à participer nomiques et sociales, Commerce et
dans la vie politique et s’approprier le Gestion et l’enseignement originel
processus électoral tout en exerçant (Sciences de la religion).
58
20
18
15 14
10
8
5 4
5 4
2
1 1 1
0
PJD RNI PAM Istiqlal USFP
Homme Femme
•
Ceci traduit des mutations démo- • A
u Maroc, les élections communales
graphiques et comportementales du 04 septembre 2015 ont donné
qui impacteront surement l’évolu- lieu à une configuration de conseils
tion des pratiques liées au genre communaux où la présence de la
non seulement dans la société et femme est de plus en plus confir-
l’environnement socio-économique, mée. Quoi que cette configuration
mais également dans les représen- diffère sensiblement d’un parti à
tations culturelles que l’on se fait de l’autre (cf. le cas de la commune de
cette problématique. Tétouan, fig. ci-dessus).
• P
rocéder à la « gendérisation » des depuis 2010, il n’en demeure pas
données par rapport à toutes les moins vrai que sa portée reste limitée
activités et en mobilisant tous les et sans impact réel sur l’égalité des
moyens pour rendre cette pratique chances entre hommes et femmes.
un exercice commun dans toutes les
administrations. Hormis les secteurs • T
rouver les moyens d’impliquer les
de l’éducation et de la santé où les associations féminines ayant une
données sont présentées souvent longue expérience dans les do-
selon la représentativité masculine maines du plaidoyer en faveur de la
et féminine, il est difficile, voire im- femme et qui ont fait de l’approche
possible, de mettre la main ou de genre un cheval de bataille depuis
collecter de l’information « gendéri- fort longtemps. L’on a mentionné au
sée » dans plusieurs autres adminis- début de cet article l’importance des
trations. Le manque de cette pra- associations de femmes militantes,
tique traduit l’esprit, somme toute engagées et porteuses de grands
« machiste », qui prévaut dans plu- projets et qui ont toute l’expérience
sieurs administrations publiques et requise pour faire aboutir les choses.
privées. L’une des conséquences de Malheureusement, nous ne les trou-
ce procédé est l’opacité des don- vons pas suffisamment représentées
nées qui ne permet pas de faire la parmi les instances qui sont à même
part des choses entre hommes et de faire bouger les lignes et chan-
femmes et conduit par conséquent ger sensiblement les choses. Ceci
à dresser des situations globales et interpelle sur le degré de mobilisa-
généralisatrices où le manque de tion conduit en amont pour faire ad-
traitement des données par genre, hérer un large spectre de femmes
en termes de besoins, de spécifici- dans le processus d’élaboration des
tés et de doléances, conduit à des projets de développement. Est-ce
visions « monochrome » de la société qu’elles sont invitées à ce processus,
où l’autre composante féminine de mais ne jugent pas utile de prendre
la société semble absente pour ne part à cet exercice peu crédible à
pas dire oubliée ! leurs yeux, car non élaboré sur des
bases concertées et communément
• R
enforcer la démarche relative à la acceptées ? Ou ont été tout simple-
budgétisation sensible au genre. Quoi ment, pour ne pas dire délibérément,
que cette mesure ait été généralisée écartées de ce processus ?
RÉF L EXIONS S U R L ES GROU PES CIBLES DE RUMI / 61
Étudiants et
approche genre :
les femmes à l’université marocaine,
un chemin vers l’égalité mais…
Zohra Lhioui Dans l’un de mes articles publiés, j’avais commencé par
Professeur
une anecdote familiale dont voici le récit : « J’avais encore
à l’Université
Moulay Ismail, dix ans quand, ma mère, analphabète mais d’une grande
Meknés
perspicacité, me répétait continuellement, jusqu’à l’agace-
ment quelquefois : tes études sont la clé de ta dignité, de
ta liberté, elles t’éviteront de tendre la main à ton mari ou
à quelqu’un d’autre ».
1 L es listes nationales (Féminine+Jeunesse) ont été mises en place pour garantir des sièges à une certaine catégorie
sociale « défavorisée » par le vote : catégorie des femmes et des jeunes. C’est ce qu’on appelle : la discrimination
positive par quotas de sièges. Cette méthode de discrimination positive est très débattue. Pour certains,
elle est anti-démocratique, d’autres pensent qu’elle est la consécration de la démocratie.
RÉF L EXIONS S U R L ES GROU PES CIBLES DE RUMI / 63
2 C hristian Baudelot et Roger Establet, Allez les filles. Une révolution silencieuse, Edition du Seuil, Coll. Points, 1992,
édition actualisée en 2006, p.60.
3 Référence électronique : Amina Benmansour, « Au Maroc », Clio. Histoire‚ femmes et sociétés [En ligne], 9 | 1999,
mis en ligne le 14 novembre 2006, consulté le 27 décembre 2015. URL : http://clio.revues.org/1528 ;
DOI : 10.4000/clio.1528 - Éditeur : Éditions Belin - http://clio.revues.org - http://www.revues.org
Document accessible en ligne sur :http://clio.revues.org/1528
RÉF L EXIONS S U R L ES GROU PES CIBLES DE RUMI / 65
Regardons de près le tableau suivant versité Moulay Ismaïl et les chiffres sont
correspondant aux statistiques de l’uni- éloquents :
versité Moulay Ismaïl de Meknès et vi-
sualisant parfaitement cette situation :
Membres féminins dans les conseils
d’établissement (*Statistiques de 2015-2016)
Répartition des enseignants chercheurs Nombre Nombres
Etablissements
par cadre et par sexe Total de femmes
Sexe
Cadre Faculté des Sciences 24 0
Homme Femme
Faculté Lettres et
PES 302 42 13,91% Sciences Humaines 34 3
PH 133 21 15,79%
Faculté des Sciences Juridiques,
Economiques et Sociales 23 3
PESA 283 80 28,27%
Total 714 143 20,03% Faculté des Sciences 20 0
et Technonogies
Faculté Polydisciplinaire 19 0
Nous constatons d’après ces statis- d’Errachidia
tiques que le pourcentage des femmes Ecole Supérieure
universitaires ayant atteint le plus haut deTechnologie (Meknès) 25 3
degré de la promotion scientifique est Ecole Supérieure
sans sans
le plus bas, il s’améliore légèrement deTechnologie (Khénifra)
dans le grade intermédiaire et se trouve Ecole Nationale
Supérieure d’Arts et Métiers 33 0
presque doublé s’agissant du grade de
professeur assistant, situé en bas de Ecole Normale Supérieure 25 3
l’échelle des promotions. Si nous obser-
vons bien le tableau, nous remarquons
que le plus grand nombre d’hommes Voyons maintenant le pourcentage des
(302 sur 714) est arrivé au sommet de femmes chercheures au sein des équipes
la pyramide, tout à fait à l’opposé des de recherche, nous avons pu obtenir les
femmes. statistiques de leur représentativité dans
tous les établissements de l’université
Qu’en est-il de la représentativité des Moulay Ismaïl et tout porte à croire que
femmes universitaires dans les conseils la situation est similaire ou légèrement
d’établissement ? Faute de statistiques différente dans les autres universités
sur le plan national, voici celles de l’uni- marocaines :
66
FSTE 24 0 24 10 72 10 96
FPE 10 0 10 3 25 3 35
FLSH 23 1 22 14 58 15 80
FSJES 10 0 10 19 52 19 62
EST 11 1 10 5 30 6 40
ENSAM 13 0 13 3 50 3 63
ENS 8 1 7 4 15 5 22
101 /
Total 166 11 / 6,6% 155 465 112 620
17,84%
4 Op.cit.
RÉF L EXIONS S U R L ES GROU PES CIBLES DE RUMI / 67
Certes, les femmes chercheures tra- Nous pouvons affirmer que les asso-
vaillent dans un milieu universitaire ciations de droits des femmes sont en
où elles exercent leur métier d’ensei- majorité dirigées par des femmes uni-
gnantes et leurs activités de recherche, versitaires qui s’impliquent dans le mi-
elles ne sont pas pour autant coupées, litantisme associatif tout autant qu’elles
isolées de la société. Elles sont des ci- s’impliquent dans la recherche sur le
toyennes qui mènent leur vie dans une genre. Certaines ministres femmes (de-
société donnée, entretiennent des rela- puis que des femmes sont nommées
tions sociales, dans leur famille proche ministres ou plus exactement secrétaires
et leur entourage, dans leur lieu de ré- d’État, fin des années 90) et hauts res-
sidence, agissent dans leur milieu fa- ponsables de l’État, viennent de l’univer-
milial. Certaines s’investissent dans la sité et du monde associatif. Il s’agit de
sphère politique, le militantisme syndical, femmes qui se sont engagées dans l’es-
les associations et les ONG. Changent- pace public, dans la lutte contre toutes
elles le monde ? S’émancipent-elles par les formes d’inégalités et de discrimina-
la recherche ? tion, qui ont même réalisé des études et
des recherches sur les femmes.
Les femmes instruites, en majorité uni-
versitaires, sont à l’origine des change- Je peux citer l’exemple de Fatéma Mer-
ments sociaux et du mouvement fémi- nisi, éminente chercheure en sociologie,
nin et ce depuis l’indépendance. Elles écrivaine et savante, celui d’Aïcha Belar-
sont la locomotive de l’évolution de la bi, grande figure du militantisme féminin
situation des femmes, de son éman- au Maroc, sociologue, professeur cher-
cipation. Et c’est à partir des années cheure, ex-secrétaire d’état à la coo-
90 que les revendications de l’égalité pération et ex-ambassadeur à l’Union
entre hommes et femmes deviennent Européenne, les deux sont auteures de
plus fortes et persistantes. L’accès en plusieurs ouvrages en sociologie.
masse des femmes à l’éducation (en
2013, 48% de femmes inscrites à l’uni- Un autre exemple lumineux des femmes
versité), l’accès au travail, aux moyens chercheures impliquées dans la recherche
contraceptifs, aux postes de décision et le militantisme social et politique.
ont accéléré le processus d’égalité Il s’agit de Mme Nouzha Chekrouni, qui
entre hommes et femmes. a enseigné la linguistique à la faculté
68
C’est grâce à
toutes ces femmes et
à d’autres appartenant à
des ONG, des femmes qui
plaidoyers et de lob- ont un pouvoir extraordinaire des tâches. Les femmes,
de mobilisation, que le Maroc
bying, elles ont réussi à a entrepris des réformes même universitaires, se
convaincre le reste de importantes qui ont changé retrouvent avec plus de
la société et les partis considérablement les 90% des tâches ména-
politiques d’appuyer leur conditions de vie des gères à effectuer, en plus
femmes.
combat. de la fonction de maternité.
Certaines peuvent se décharger
Leur acharnement a fini par payer, de quelques tâches ménagères grâce
plusieurs réformes ont été mises en aux femmes de ménage.
œuvre : le Code de la famille (2004), le
Code du travail (2004) les Codes pé- Cependant, « au Maroc, la loi ne pré-
nal et de procédure pénale (2003 et voit aucune discrimination dans l’accès
2002), le Livret de famille (2002), ainsi au travail que ce soit dans le secteur
que le Code du Commerce et des obli- public ou privé. Conformément au sta-
gations et Contrats (1995), le code la tut de la fonction publique de 1958 :
nationalité (2007). « sous réserve des conditions qu’il
prévoit ou résultant des statuts parti-
Cependant, ces femmes chercheures culiers, aucune distinction n’est faite
qui arrivent à concilier recherche et ac- entre les sexes pour l’application de
tion sociale ne sont pas nombreuses, ce statut ». De même, la législation ac-
elles restent minoritaires et même dans corde les mêmes droits aux femmes et
le domaine de la recherche, leur apport aux hommes dans le choix et l’exercice
est très restreint. Elles représentent d’un emploi, ainsi que dans la promo-
moins de 20% de la recherche scien- tion professionnelle. » /5
tifique au Maroc. Nous savons que la
recherche exige des professeurs une Plus que cela, la nouvelle constitution
grande disponibilité que les femmes de 2011 a consacré l’égalité hommes/
ont du mal à avoir, les femmes ma- femmes en instituant la création de
riées se trouvent lourdement freinées l’Autorité pour la parité et la lutte
par les contraintes liées à leur sexe, par contre toute discrimination basée
un modèle inégalitaire de répartition sur le genre.
5 Femmes dans la science, Rapporteur : M. Mohamed EL ANSARI, Membre de la Commission ad hoc sur les droits de la
femme dans les pays euro-méditerranéens de l’Assemblée Parlementaire euro-méditerranéenne.
70
Étudiants étrangers :
chiffres & réalité
Nombre des étudiants étrangers par rapport au nombre des étudiants marocains, par domaine d’étude
Source : Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres
au titre de l’année universitaire 2014-2015
300 000
250 000
193 058
257 888
200 000
120 339
150 000
100 000
21 567
16 444
16 839
13 201
50 000
9 701
5 782
1 796
1 200
1 564
3 646
583
340
340
946
122
445
832
291
158
82
52
0
1
Enseigne- Sciences Lettres et Sciences Sciences Medecine Médecine Sciences Commerce Techno- Sciences Tra- Para-
ment Juridiques, Sciences et et Phar- Dentaire de et Gestion logie de duction médical
Original Econo- Humaines Technique macie l'Ingé- l'Educa-
mique et nieur tion, ENS
Sociales et ENST
■ Effectifs des étudiants marocains ■ Effectifs des étudiants étrangers
72
Répartition des étudiants étrangers par université au titre de l’année universitaire 2014-2015
Source : Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres
91 071
80 000
64 826
86 987
60 855
70 000
53 551
51 242
60 000
38 680
50 000
40 000
53 551
18 200
30 000
22 656
20 000
1 548
1 055
1 308
10 000
1 830
647
597
158
498
597
535
617
149
92
0
0
Qua- Moham- Hassan II, Sidi Cadi Sultan Moham- Abdel- Chouaib Hassan Moulay Ibn Tofail, Ibn Zohr,
raouiyine, med V, Casablanca Moham- Ayyad, Moulay med malek Doukkali, 1er, Settat Ismail, Kenitra Agadir
Fès Rabat med Ben Marrakech Slimane, Premier, Essaâdi, El Jadida Meknès
Abdellah, Béni Oujda Tétouan
Fès Mellal
■ Étudiants marocains ■ Étudiants étrangers
Répartition des étudiants étrangers par universités / en couleur orange les universités
marocaines partenaires du projet RUMI
régulé (avec concours) sont propor- Dans l’ensemble, ce sont des chiffres
tionnellement moins bien représentés. qui montrent que la destination Ma-
Il s’agit des disciplines des Sciences et roc est de plus en plus séduisante
Technique, de Médecine et pharmacie pour cette catégorie d’étudiants qui
et des Sciences de l’ingénieur. véhiculent certainement des témoi-
gnages/messages positifs en ce qui
La présence des étudiants étrangers concerne et la qualité des enseigne-
dans les universités marocaines parte- ments et les dispositifs mis en place
naires. par l’état marocain à travers l’Agence
Marocaine de Coopération Interna-
L’on constate les destinations pour les- tionale (AMCI) (bourse, Campus uni-
quelles les étudiants étrangers portent versitaire, etc.). Cependant, plusieurs
une préférence pour une raison ou une griefs sont relevés par nos étudiants
autre. Il s’agit respectivement, pour nos étrangers, dont, entre autres, des pro-
universités partenaires, de Moham- blèmes linguistiques, de difficulté d’in-
med V (Rabat), d’Abdelmalek Essaâdi tégration dans la société marocaine, et
(Tétouan) de Mohammed Premier (Ou- même certains phénomène de racisme
jda), de Moulay Ismail (Meknès), d’Ibn dû probablement à l’amalgame fait par
Tofail (Kenitra) et de Cadi Ayyad (Mar- rapport au phénomène de migration
rakech) ; pour Ibn Zohr (Agadir) et Sul- clandestine subsaharienne que le Ma-
tan Moulay Slimane (Béni Mellal) les roc essaye d’y apporter des réponses à
chiffres ne semblent pas y dégager une la mesure des défis que pose ce phé-
destination principale pour nos étu- nomène.
diants étrangers.
74
Étudiant(e)s souffrant
de la précarité
socio-économique
1 UIR : Université Internationale de Rabat est la première université créée dans le cadre d’un partenariat avec l’État dans
le domaine de l’enseignement supérieur. Le profil socio-économique des étudiant(e)s est ici nettement différent de
celui des universités publiques, notamment en ce qui concerne les établissements à accès ouvert.
2 Voir le questionnaire en annexe 3, volet « Étudiant(e)s souffrant de la précarité socio-économique »
76
3O
NDH : A titre d’exemples :
- Etude sur l’inclusion des ménages démunis par le logement (2015) ;
- Questionnaire Enquête Panel de ménages (2015) ;
- Evaluation des progrès en matière d’inclusion des femmes, des jeunes et du monde rural (2011)…
77
: / 77
Déficience visuelle et
scolarité : défis et solution
78
Ma vie, au rythme
de mon handicap visuel
Au collège, je n’arrivais plus à lire l’écri- J’avais compris qu’il fallait doubler d’ef-
ture sur le tableau en classe, mes amis forts pour suivre le rythme de ma classe.
le faisaient pour moi. Mais ma timidité J’ai eu la chance d’avoir un camarade
m’empêchait de demander de l’aide à de classe qui était également mon voi-
chaque fois que j’en avais besoin, de sin et avec qui je révisais une bonne
peur de les déranger. partie de mes cours. Il était meilleur
en mathématique, moi plutôt en phy-
Ma vitesse de lecture devenant de plus sique et sciences naturelles. Après les
en plus lente, j’ai naturellement préféré cours au lycée nous nous retrouvions
les matières scientifiques où on a plus pour réviser ensemble. Il me lisait les
besoin de compréhension que de lec- cours de physique, chimie et sciences
ture. Quand il fallait apprendre un cours naturelles pour que je les lui explique.
d’histoire par exemple, mon rythme Sans se rendre compte, il m’avait aidé à
de lecture ne me permettait de le lire surmonter ma lenteur de lecture. Je ne
qu’une ou deux fois pour le mémoriser. faisais pas grand-chose, je lui expliquais
80
en arabe dialectale ce qu’il me lisait en des contrastes. Car mon acuité visuelle
arabe classique. Ceci était bénéfique s’améliorait grandement par le simple
pour nous deux. fait de rendre l’écriture blanche sur un
fond noir…
Les conditions étant devenu plus favo-
rables, j’ai pu remonter la pente pour dé- Cependant, dès ma première séance à
crocher mon bac avec mention. Je n’étais l’université, j’ai senti que ça allait être
plus avant dernier, mais parmi les 15 pre- difficile. Les amphis étaient très sombres
miers de ma classe. Cependant, ma note et je n’arrivais même pas à retrouver
au baccalauréat ne m’avait pas permis ma place pour m’asseoir. Les quelques
d’accéder aux classes préparatoires. En lumières au plafond qui devait éclairer
effet, ma lenteur m’avait souvent empê- l’amphi ressemblaient plus pour moi à
ché de terminer mes examens, ce qui des étoiles dans un ciel d’été.
retentissait sur mes résultats.
Sans voir le tableau, la mécanique,
J’avais aussi passé le concours de l’INSA l’électrocinétique et presque toutes les
organisé à Casablanca, mais je n’avais matières devenaient pour moi incom-
pas réussi, car c’était dans les mêmes préhensibles. Il m’a fallut beaucoup d’ef-
conditions. fort pour avoir juste la moyenne pour
réussir ma première année de DEUG.
Finalement, j’ai du opter pour des études
à la faculté des sciences de Rabat, en Durant ma deuxième année, la pente
DEUG de mathématique physique. devenait de plus en plus raide jusqu’à
devenir un mur infranchissable. Le dé-
Ma vision continuait de baisser. Entre- couragement m’envahissait et j’avais
temps, mes parents m’avaient acheté abandonné mes études en deuxième
un téléagrandisseur. C’est un disposi- année de DEUG.
tif muni d’une caméra pour agrandir
sur un écran les documents papier et
Seconde chance
aussi le tableau. Il était un peu compli-
qué à utiliser en classe pour des soucis J’aurais pu en rester là, mais mes parents
logistiques, mais il m’avait bien servi à voyaient en moi la possibilité d’aller plus
la maison pour réviser mes cours. Son loin dans mes études si de meilleures
avantage et qu’il pouvait changer les conditions m’étaient offertes. Ils se sont
couleurs pour combler ma faible vision énormément renseignés, surtout via In-
D É FIC IE NC E VIS U EL L E ET S COL A RIT É : DÉF IS ET S OL U T ION / 81
ma deuxième année s’est passé dans suivre l’ensemble des cours. En effet,
d’aussi bonnes conditions. le rythme était beaucoup plus soutenu
qu’à l’université. Elle m’avait alors pro-
J’étais parmi les dix premiers de ma pro- posé de faire cette première année en
motion, ce qui donne le droit d’axée au deux ans. Elle m’avait convaincu que
concours de l’INSA. J’ai donc décroché c’était préférable que je suive la moi-
mon DEUG, passé le concours le l’INSA tié des modules et les réussir, plutôt
et réussi à y intégrer le département de que de faire la totalité des modules et
génie informatique. redoubler en fin d’année. C’était une
décision très sage qui m’avait permis
A l’INSA de Lyon il y avait aussi une en- de très bien assimiler grâce au temps
tité appelé « Mission Handicap » que je libéré par les modules que j’avais re-
visitais moins de part son éloignement portés à l’année d’après. Mais le pro-
de mon département. Cependant, elle blème résidait plutôt dans le fait qu’un
m’a été d’une grande aide en m’orga- malvoyant a parfois besoin de plus de
nisant des cours de soutien à domicile temps pour s’habituer à certains chan-
par des professeurs ou des étudiants. gements.
Ces deux heures par semaine étaient
très importantes pour moi pour qu’on A l’INSA, tous les professeurs m’en-
m’explique les schémas que je n’arri- voyaient le polycopié au format électro-
vais pas à voir facilement même en les nique pour le lire sur mon ordinateur à
agrandissant. la maison. Cependant, je n’arrivais plus
à lire facilement les notes que je pre-
Au département de génie informa- nais encore au stylo durant les cours.
tique, une professeur était désignée
pour être ma tutrice. Elle suivait mon Un jour, j’avais reçu un appel d’un étu-
parcours à travers le retour des diffé- diant de ma classe qui m’avait dit qu’il
rents professeurs et les réunions pério- voulait passer me voir accompagnés
diques que j’avais avec elle. d’autres étudiants. Ils sont venus chez
moi et m’ont dit qu’ils avaient remarqué
Après deux mois de cours de ma pre- que je ne prenais pas de notes en classe.
mière année de génie informatique, je Je leur ai expliqué que je ne voyais pas
me suis réuni avec ma tutrice qui m’a le tableau et que les notes manuscrites
expliqué que mes professeurs avaient étaient assez difficiles à lire pour moi. Ils
remarqué que j’avais des difficultés à savaient que j’arrivais à lire sur ordina-
84
teur via l’agrandissement et la synthèse Claude Bernard, j’ai rencontré par ha-
vocale. Ils m’avaient proposé de me sard des ingénieurs de Thales qui pré-
retranscrire ce que le professeur no- sentaient le logiciel gratuit PortaNum
tait au tableau dans un format élec- développé par leur soin. L’objectif de ce
tronique pour me l’envoyer par email. logiciel est de réaliser le traitement des
Ainsi 15 étudiants de ma promotion images capturées par une caméra reliée
sur les 120 qu’elle comptait avaient à un PC pour permettre aux malvoyants
établi un planning entre eux pour de voir le tableau. J’en ai parlé à l’équipe
m’envoyer à la fin de chaque cours les de la FIDEV et j’ai opté pour la demande
notes du professeur par email. Je leur de financement de cette solution qui
suis toujours très reconnaissant pour représentait le tiers du coût de la pre-
cette précieuse aide que je n’aurais mière solution qu’elle m’avait proposé.
jamais osé demander. Donc durant la deuxième partie de ma
première année du cycle d’ingénieur,
Comme ma première année a été amé- j’arrivais à voir le tableau et prendre des
nagée en deux ans, je n’avais plus ces notes directement sur mon ordinateur
camarades avec moi mais leur coup ce qui m’a énormément facilité la tâche.
de pouce m’avait offert la possibili-
té de mettre le train sur les rails pour Désormais, je passais aussi mes exa-
poursuivre le reste de mon parcourt de mens sur PC. Les professeurs me re-
manière plus autonome. J’avais réussi mettaient les sujets d’examen sur clé
à prendre des notes en classe directe- USB. Je rédigeais les réponses sur un
ment sur mon ordinateur. document à l’aide de mon PC. J’enre-
gistrais le document sur la clé USB qui
En effet, durant l’une de mes visites à la était remise à l’administration. Mes ré-
FIDEV, j’avais expliqué que la difficulté ponses étaient imprimées par l’admi-
que j’avais en cycle d’ingénieur était de nistration et remises au professeur qui
suivre les cours sans voir le tableau. Ils les corrigeait comme pour tout autre
avaient alors envisagé de demander le étudiant avec pour avantage d’avoir
financement d’un téléagrandisseur por- une « écriture irréprochable ».
table qui me permettra d’agrandir l’écri-
ture du tableau pour pouvoir la lire. L’ordinateur avait l’avantage de me per-
mettre d’agrandir le texte que je devais
Quelques jours après, en rendant visite lire comme je pouvais l’écouter grâce à
à la « Mission Handicap » de l’université ma synthèse vocale.
D É FIC IE NC E VIS U EL L E ET S COL A RIT É : DÉF IS ET S OL U T ION / 85
Ouverture du centre
ressources de Université
Sultan Moulay Slimane,
Beni Mellal
91
: / 91
Comité technique
IDMAJE
92
Comité technique
IDMAJE
Mohammed Pour bien gérer le projet RUMI, nous avons mis en place
Youbi Idrissi une instance de gouvernance nommée Comité exécutif d’Inser-
Coordinateur tion, de Dissémination, de Médiation et d’Accompagnement
pédagogique des Jeunes Étudiant(e)s. L’acronyme IDMAJE recherché et rete-
du projet RUMI, nu n’est donc pas fortuit, car il veut dire en arabe « Insertion », et
Professeur traduit notre souci de coller aux valeurs que s’efforce à véhiculer
à l’Université et ancrer le projet RUMI.
Abdelmalek
Essaâdi, Tétouan Les responsables des neuf universités partenaires marocaines
n’ont pas hésité à formaliser la démarche officielle des respon-
sables du comité IDMAJE. Des lettres de nomination ont été
aussitôt signées par les présidents des universités partenaires en
désignant institutionnellement la personne de contact au sein
du comité IDMAJE de chaque université. Cet acte symbolique
signifie que la décision est prise au niveau du haut management
des présidences pour encourager et appuyer tout le processus
de mise en place des dispositifs préconisés par le projet RUMI.
très positif auprès de plusieurs associa- ferme conviction que le Comité exé-
tions de la société civile, de fondations cutif IDMAJE et l’Association RUMI
caritatives et d’ONG d’utilité publique. qui va bientôt être mise en place sont
appelés à jouer un grand rôle d’inter-
En fin, l’implication des collectivités face entre les différentes entités citées
territoriales dans la gestion des affaires ici-haut pour placer la sphère universi-
régionales et locales, basées sur la par- taire au cœur des préoccupations des
ticipation citoyenne et sur les bonnes uns et des autres et pour amorcer un
pratiques de la gouvernance, érigera changement vers une société inclusive,
certainement ces collectivités comme égalitaire, tolérante et évolutive. De la
de nouveaux partenaires qui pour- convergence de tous ces acteurs dé-
raient jouer un rôle primordial dans le pend le degré de développement que
processus de l’inclusion à des échelles l’on cherche à assurer nos seulement à
territoriales différents. Nous avons la l’université mais à tout le pays.
Le fait que les réunions aient été organisées dans des lieux diffé-
rents, au Maroc et en Europe, a certainement joué en faveur d’une
compréhension mutuelle. Le projet a permis à chacun de découvrir
la culture de l’autre et de porter un regard approfondi sur des points
de vue différents. Ainsi, cette expérience nous a également permis
de mieux connaître nos propres perspectives.
Dans l’ensemble, on peut dire que cela a été une expérience di-
dactique très intéressante qui nous a donné l’occasion de ren-
contrer nos collègues marocains, de découvrir leur mode de vie
et d’aborder des sujets qui posent également problème dans nos
propres pays. Nous avons été impressionnés par l’esprit d’ouver-
ture dont nos collègues marocains ont fait preuve lors des nom-
breux débats menés.
Même s’il n’a pas été facile pour certains partenaires de s’exprimer
en français, cela a été une expérience enrichissante pour nous tous !
Nous espérons que les résultats du projet, et notamment le film
RUMI, inciteront d’autres étudiants à s’inscrire dans les universités
marocaines !
QU’E ST-C E QUE J’A I A PPRIS ? IMPRES S IONS DE PA RT ENA IRES / 97
- D’abord, le fait que nous ayons eu, pour les opérations d’acquisi-
tion d’équipements et des formations en faveur des bénéficiaires
des Centres de Ressources, le meilleur expert sur la place en la
matière. C’est une grande chance d’avoir la personne idoine, veil-
lant à la bonne gestion et suivi du Projet avec toutes les qualités
requises.
- E
nsuite, les perspectives des activités de l’Association IDMAJ
qui visent à assurer le suivi et l’évaluation des actions et activi-
98
Barbara Felcini Nous aimons penser que, grâce à Rumi et à tous les collè-
Laura Moschini gues partenaires, nous avons pu bouger un autre pas vers
Università degli Studi Roma Tre,
la réalisation de la pleine citoyenneté des femmes et sur-
Rome
monter la division historique des rôles entre les sexes, en
aidant à modifier les comportements et les traditions. Il sera
peut-être un cas, mais c’est de ces jours-ci la nouvelle que le gou-
vernement marocain a décidé de réécrire les manuels en usage
dans les écoles publiques, en éliminant toute référence discrimi-
natoire, intolérante ou sexiste envers les femmes, les handicapés
et les gens qui habitent les zones rurales. Une annonce qui semble
juste en ligne avec notre projet.
Les universités
marocaines inspirées
par l’expérience RUMI
UNIVERSITÉ MOHAMMED V
DE RABAT
RUMI : UNIVERSITÉ
AncrerCADI leAYYAD
concept de l’inclusion
dans les universités marocaines
UNIVERSITÉ MOHAMMED
PREMIER
MINISTÈRE DE L‘ENSEIGNEMENT
SUPÉRIEUR, DE LA RECHERCHE
via ETun
SCIENTIFIQUE questionnaire
DE LA FORMA- hébergé sur le
Samia Berrada site web de RUMI.
TION DES CADRES Ce dernier est
Université Cadi Ayyad Marrakech
structuré selon trois volets : le premier,
d’ordre général, est destiné à toutes
les étudiantes
NATIONAL DE et à tous les étudiants, le
Le Maroc a placé le développement
OBSERVATOIRE
second
DÉVELOPPEMENT est réservé aux quatre groupes
HUMAIN www.rum
du système éducatif parmi les pre- cibles et le dernier est consacré à la
mières priorités de l’état. Il a intro- perception de l’inclusion et de l’égalité
duit des réformes nécessaires répon- des chances et de certains stéréotypes.
dant au contexte général d’évolution Toutes les données collectées ont été
de la société marocaine et à ses as- focalisées et traitées par le coordona-
pirations pour un futur meilleur. Son teur marocain du Projet RUMI.
objectif ultime
RUMI-Handbook-FR-AR-END.indd 41 est de dispenser une Les partenaires ont participé à des jour-
éducation édificatrice d’une socié- nées d’études sur l’inclusion et l’égalité
té démocratique, solidaire, moderne des chances dans les universités maro-
et ouverte. C’est dans cette synergie caines pour dégager une vision globale
que l’université marocaine s’est ins- sur la situation dans nos universités et à
crite avec la stratégie de profiter de identifier les besoins.
toutes les expériences réussis, de part
le monde, dans l’inclusion et l’égalité En effet, des formations ont été organi-
des chances dans l’enseignement su- sées sur l’inclusion et l’égalité des chances
périeur tout en l’adaptant aux spécifi- ainsi que des visites aux services dispen-
cités marocaines. sés dans les universités Européennes.
U
UNIVERSITÉ MOULAY ISMAIL
D
UNIVERSITÉ MOHAMMED U
PREMIER • Comment répondre aux besoins d’ac- K
Mohammed Dinia cessibilité ?
Université Mohammed V, Rabat
• Ne faut-il pas penser à nommer un
responsable des étudiants en situa-
MINISTÈRE DE L‘ENSEIGNEMENT
M
SUPÉRIEUR, DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE ETtion
DE LAd’handicap ? Reconnaître le droit D
La question des Personnes en Situation FORMA-
TION DES CADRESà l’accompagnement.
E
de Handicap (PSH) interpelle aujourd’hui
toutes les composantes de la société • Rétablir l’égalité en renforçant l’au-
marocaine. A l’échelle universitaire, le tonomie des étudiants en situation
défi est de taille : comment RUMI OBSERVATOIRE
peut-il de handicap.
NATIONAL DE
DÉVELOPPEMENT HUMAIN www.rumi-
transposer et mettre en pratique, chez
• Renforcer la cohérence et la lisibilité
nous, les expériences des universités
du dispositif d’accueil, ce qui suppose
européennes ; les résultats auxquels
la création d’un guide de l’accompa-
sont parvenues celles-ci invitent à la
gnement de l’étudiant en situation
réflexion (46 universités sont organisées
de handicap et la constitution d’une
en réseau UNICA , depuis 26 ans main-
équipe plurielle pour réussir l’accom-
tenant). Les politiques d’établissement
pagnement.
intègrent la question du handicap parce
RUMI-Handbook-FR-AR-END.indd 41
• R
enforcer le lien avec les lycées pour Pour la seconde, il faut rappeler qu’un
anticiper l’arrivée de nouveaux étu- fort intérêt est accordé à la question :
diants.
• la volonté royale exprimée à travers
• A
méliorer l’accueil en mettant le ser- le discours du Trône en 2002 ;
vice sur le passage car l’étudiant en
• la convention internationale ratifiée
situation de handicap est avant tout
par le Maroc en 2009 ;
un étudiant. L’objectif est d’en finir
avec l’échec scolaire lié au handicap. • la constitution de 2011.
Ce n’est pas aux PSH de s’adapter,
mais c’est à la société de s’adapter à Ainsi, la volonté royale exprimée à travers
toutes les situations d’handicap. un extrait de son discours du Trône de
2002 : « Nous tenons à réaffirmer l’intérêt
Deux conditions paraissent indispen- particulier que nous portons aux per-
sables pour atteindre ces objectifs, sonnes en situation de handicap et qui
un changement dans les mentalités et se traduit par l’adoption de programmes
une réelle et entière application de ce intégrés leur permettant de s’insérer par-
que prévoient déjà nos institutions et faitement dans la vie publique, en leur
depuis longtemps maintenant (Le dis- assurant une formation adaptée, leur ga-
cours du Trône en 2002, la convention rantissant les moyens de mener une vie
internationale -2009- et la Constitution décente ». C’est un message à l’occasion
de 2011), auxquels on peut rajouter les de la célébration du 60ème anniversaire
politiques publiques ou programmes de la Déclaration Universelle des Droits
gouvernementaux. de l’Homme : « Nous annonçons éga-
lement la ratification par le Royaume
Pour la première, une campagne de de la Convention internationale sur la
sensibilisation auprès de nos jeunes protection des personnes en situation
pourrait aider à faire avancer et réussir de handicap, et la préservation de leur
l’inclusion. dignité, réaffirmant ainsi la sollicitude
toute particulière dont Nous entou-
rons cette catégorie de nos citoyens. »
114
En effet, le Maroc a ratifié la Conven- Enfin la loi cadre n°97-13 qui « fixe les
tion internationale relative aux droits objectifs fondamentaux à atteindre par
des personnes en situation de handicap l’État dans le domaine de la protection
en 2009. et de la promotion des droits des per-
sonnes en situation de handicap » in-
Puis, la Constitution de 2011 est venue siste sur l’objectif de facilitation de leur
consacrer l’adhésion du Maroc au pro- intégration sociale et de leur participa-
cessus d’interdiction et de lutte contre tion normale à tous les aspects de la
toute forme de discrimination basée vie sur le même pied d’égalité avec les
sur le handicap et garantit aux PSH autres et sans discrimination aucune.
leurs droits politiques économiques et
sociaux.
LE S UNIVE R SITÉ S MAROCA INES INS PIRÉES PA R L’EXPÉRIENCE RU MI / 115
Le résautage universitaire
UNIVERSITÉ MOULAY ISMAIL pour
une meilleure inclusion
UNIVERSITÉ MOHAMMED V
DE RABAT
la diversité des catégories visées par régional du Maroc, celle-ci est aména-
l’enseignement inclusif. gée à recevoir des étudiants(e) s ayant
des besoins spécifiques et accueillir
La demande massive de l’enseigne- des catégories d’étudiants vivant des
ment universitaire à l’heure actuelle situations de précarité sociale en rai-
aboutit nécessairement à une situation son des conditions difficiles de leurs
positive qui se concrétise par l’augmen- familles ou de leurs régions d’origine.
tation des effectifs d’étudiants(e)s dans L’université reçoit également, et d’une
tous les cycles d’apprentissage. L’ou- manière accrue, des étudiants africains,
verture du Maroc sur les autres pays, dont certains trouvent des difficultés
en particulier les pays africains et l’ac- d’intégration culturelle et d’adaptation
cueil qu’il réserve à un grand nombre pédagogique. Sachant que les muta-
d’étudiants africains qui poursuivent tions morphologiques et culturelles de la
leurs études dans la majorité des uni- société marocaine conduisent clairement
versités marocaines, font de notre pays à une existence croissante de l’élément
un espace attrayant qui permet la di- féminin au sein des universités, jusqu’au
versité des formations et le développe- point où le pourcentage des étudiantes
ment des compétences. se voit dominant dans certains établisse-
ments par rapport à celui des étudiants,
Toutefois, ces acquis ne dissimulent avec tous les problèmes sociaux et cultu-
pas un certain nombre de problèmes rels qui accompagnent le processus et
relevant à la fois de l’éducatif, du social qui mènent parfois certaines étudiantes
et du culturel que connait l’université à mettre un terme à leurs formations
marocaine et qui nécessitent un suivi universitaires avant l’obtention de leurs
permanent et responsable, et des solu- diplômes.
tions qui garantissent à nos universités
une performance positive et la rendent L’engagement de l’Université Moulay
capable d’éliminer tous les obstacles Ismail dans l’élaboration des plates-
formes, des repères et des objectifs du
qui sont à l’origine de l’exclusion et de
programme émane du fait qu’elle est le
la déperdition éducative.
giron des phénomènes pour lesquels
est fondé le Réseau des Universités Ma-
Vu que l’université marocaine est étroi-
rocaines pour l’Enseignement Inclusif,
tement liée à son environnement socio-
ces phénomènes sont comme suit :
culturel et au contexte international et
LE S UNIVE R SITÉ S MAROCA INES INS PIRÉES PA R L’EXPÉRIENCE RU MI / 117
• a
ménagement des conditions un intérêt particulier à cette catégorie
organisationnelles et éducatives sociale. Vu l’importance de la dimen-
adéquates à la formation sur l’uti- sion de la sensibilisation, de la commu-
lisation du matériel pédagogique nication et de l’esprit de partenariat
destiné aux non-voyants et aux de cette initiative, le conseil de l’Uni-
personnes ayant un déficit auditif versité Moulay Ismail a approuvé l’or-
le 7 et 8 novembre. ganisation d’une journée d’étude sous
le thème de « l’enseignement inclu-
Parallèlement aux activités sociales et sif », le 25 novembre 2016, dont l’objet
culturelles de l’UMI au sein du Réseau sera consacré aux fondements organi-
des Universités Marocaines pour l’En- sationnels et éducatifs de l’approche
seignement Inclusif, la commission des inclusive et aux démarches pédago-
affaires sociales et estudiantines éma- giques et sociales indispensables à la
nant du conseil de l’université a pro- conception du projet de l’université
posé une feuille de route relative aux dans le domaine de l’éducation inclu-
étudiant(e)s ayant des besoins spéci- sive. Acteurs publiques et institutions
fiques conformément aux orientations officielles concernées par le sujet ain-
officielles de l’État marocain dans ce si que des organismes civiques sont in-
domaine et aux politiques publiques vités pour participer à cette rencontre
qui focalisent sur la nécessité de porter scientifique et sociale.
LE S UNIVE R SITÉ S MAROCA INES INS PIRÉES PA R L’EXPÉRIENCE RU MI / 119
D DeZOHR
UNIVERSITÉ IBN prendre part à ce projet au sein de
Khadija Boudraa, Mouna Chentoufi,
Meryem Khadri, Rim Rhmani
l’Université Internationale de Rabat, nous
et M’feddal Hilali a permis de déceler des cas qui jusque-
Université Internationale de Rabat là étaient insoupçonnés. Leur situation
D
de handicap ne nous était pas du tout
UNIVERSITÉ IBN TOFAIL –
KENITRA visible.
mation portant sur l’inclusion des étu- âge. Elle a une maladie qui use ses arti-
diants en situations de handicap. culations et son traitement est très lourd.
Aucun handicap en apparence, aucune
AL DE
IN www.rumi-project.org
Retours d’expériences en matière de douleur perceptible… Une étudiante
politiques publiques nationales ou ter- en apparence comme les autres et pour
ritoriales, échanges sur les bonnes pra- laquelle, pourtant, marcher est un véri-
tiques, autant de volets abordés durant table calvaire. Elle a beaucoup de mé-
ces deux journées de formation très ins- rite puisqu’aujourd’hui elle est en 4ème
tructives. année d’architecture. Une place de sta-
tionnement juste en face des bâtiments
Pour la personne participante, qui repré- d’enseignements et de la cité universi-
sentait notre structure de formation ma- taire a amélioré considérablement sa vie.
12.04.2016 15:26:36
créé une insécurité socio-économique engagement qui doit d’abord être tenu
croissante, notamment l’insécurité sur le par les différentes insta@nces éducatives
marché du travail, insécurité de l’emploi - écoles et universités - car c’est dans
et insécurité du poste de travail. ces dernières qu’on construit des géné-
rations responsables, qui seront elles-
La Vrije Universiteit Brussel a mis en mêmes capables de transmettre leur ex-
place des initiatives visant à sensibiliser périence et leur aide aux suivantes.
ou du moins réduire la précarité socio-
économique à l’université. Pour conclure, l’expérience RUMI et
l’échange vécu avec les différents ac-
A titre d’exemple, le Student Guidance teurs de cette université représentent
Center a pour objectif d’aider les étu- pour nous une des meilleures expé-
diants dans le cursus académique à tra- riences professionnelles, la vivre avec
vers différentes actions : une grande famille RUMI donne en-
core plus envie d’apprendre. Ce pro-
La précarité socio-économique est un jet donne confiance en une humanité
véritable fléau. L’engagement pour y re- plus solidaire et plus soucieuse de
médier n’est pas que sociétal, c’est un garantir l’avenir de nos enfants.
SLIMANE – BENI MELLAL
AMMED
État desUNIVERSITÉ
lieuxIBN de l’inclusion
TOFAIL –
dans l’Université
KENITRA
Ibn Tofail
NSEIGNEMENT
MINISTÈRE DE LA SOLIDARITÉ,
RECHERCHE
DE LA FEMME, DE LA FAMILLE
DE LA FORMA-
ET DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL
TIONAL DE
HUMAIN Jamal Al Karkouri, Karima Selmaoui
www.rumi-project.org
été classé par une étude du Haut Com-
Université Ibn Tofail
missariat au plan en 2007, comme la
région la plus pauvre du Maroc avec
un taux de pauvreté de 16%. Cette
situation se répercute sur l’effectif des
Étudiant(e)s souffrant de la précarité étudiants soufrant de précarité socio-
socio-économique économique évoluant à l’UIT.
Beni Hssen (intégrée actuellement dans issues de milieu rural où la précarité est
la région élargie Rabat-Salé-Kenitra) a encore plus accentuée. Certes l’univer-
18
16
14
12
Nombre en %
10
8
6
4
2
0
Marrakech-Tensift-Al Haouz
Gharb-Chrarda-Béni Hssen
Doukala-Abda
Souss-Massa-Darâa
Fès-Boulemane
Taza-Al Hoceima-Taounate
Oriental
Guelmim-Es-Smara
Meknès-Tafilalet
Tadla-Azilal
Chaouia-Ourdigha
Tanger-Tétouan
Rabat-Salé-Zemmour-Zaër
Grand-Casablanca
Oued Ed-Dahab-Lagouira
Laâyoune-Boujdour-Sakia El Hamra
100000
10000
Nombre d'étudiants
1000
100
10
1
Kenitra
Sidi Kacem
Sidi Slimane
Rabat
Khemisset
Ouezzane
Sale
Sidi Yahia
Casablanca
Souk Arbaa Du Gharb
Meknes
Fes
Taza
Marrakech
Ksar El Kebir
Errachidia
Laayoune
Oujda
Khouribga
Had Kourt
Agadir
Tanger
Beni Mellal
Khenifra
Taounate
Safi
Tetouan
Larache
Mohammedia
Nador
Sefrou
Settat
Taroudante
El Jadida
Alhoceima
Midelt
Zagora
Essaouira
Chefchaouen
Fkih Ben Salah
Figuig
Tantan
Jerada
Tata
14 % 37 %
45,0
38,9
40,0
35,0 33,3
30,0
Pourcentage
25,0
20,0 16,7
15,0
10,0 5,6 5,6
5,0
0,0
Mobilité réduite
Déficience visuelle
Trouble de la parole
Maladie chronique
Déficience mentale
Les étudiants en situation d’handicap richi par le matériel en cours de livraison
ont fait l’objet d’un intérêt particulier qui a été octroyé à l’UIT dans le cadre
par l’université Ibn Tofail ces dernières du projet RUMI.
années, notamment par son président
Azzddine El Midaoui. Plusieurs actions Outre ce centre qui est aujourd’hui fonc-
et projets ont contribué à ce regain tionnel, l’université a veillé à une meil-
d’intérêt notamment le projet RUMI. leure accessibilité des étudiants à besoins
Grâce à cette nouvelle dynamique un spécifiques en aménageant des allées
centre dédié aux étudiants en situation spécifiques qui facilitent leur mobilité
d’handicap a été inauguré au sein de et leur accès aux salles de cours et aux
l’université Ibn Tofail et un chargé de sanitaires.
mission a été nommé pour mieux s’oc-
cuper des contraintes qui entrave une
intégration meilleure de cette catégorie
d’étudiants.
Nombre d'étudiants
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
Mauritanie
Mali
Guinee
Comores
Guinee Bissau
Yemen
Tchad
Senegal
Ghana
Congo
Libye
Niger
Arabie Saoudite
Liberia
Cameroun
Cote D'ivoire
Nigeria
Zambie
Pays
Centrafrique
France
Grenade Etgrenadines
Irak
Vietnam
Djibouti
Gambie
Guam
Haiti
Indonesie
Jordanie
Martinique
Afrique Du Sud
Belgique
Burundi
Palestine
Tunisie
Antilles Neerlandaises
viennent an tête de liste.
Bangladesh
Egypte
Erythree
Espagne
Gabon
Iles Vierges (Etats Unis)
Étudiant(e)s non marocains(e)s
Italie
Liban
Malawi
Micronesie
Russie
Thailande
Turquie
soit près de 87% sont issus des pays
Ukraine
LE S UNIVE R SITÉ S MAROCA INES INS PIRÉES PA R L’EXPÉRIENCE RU MI / 129
0 10 20 30 40 50 60
Au niveau des étudiants non marocains, A l’université Ibn Tofail l’approche genre
il importe de signaler que le nombre est bien présente comme stratégie à
des étudiantes ne constitue que 35% de cours et à long terme, l’UIT œuvre avec
l’effectif total. Cette situation est vrai- d’autres partenaire à faciliter d’avantage
semblablement due à l’éloignement. l’intégration des étudiantes à travers
une sensibilisation à l’amont au niveau
des bachelières et à travers des sémi-
■ Étudiants non marocains naires et des ateliers dédiés à la thé-
■ Étudiantes non marocaines matique de l’approche genre. Dans ce
sens la faculté des lettres abrite la chaire
UNESCO de « la femme et ses droits ».
Le réseau des Universités est invité à ce
247 niveau à réfléchir sur les moyens d’amé-
liorer encore plus la situation.
463
LE S UNIVE R SITÉ S MAROCA INES INS PIRÉES PA R L’EXPÉRIENCE RU MI / 131
Le projet TEMPUS « RUMI » est venu au leurs sont dédiées, des ateliers de ré-
moment opportun pour consolider les flexions autour de leurs préoccupations,
acquis de l’université Ibn Tofail en faveur des actions concrètes comme l’accom-
des quatre groupes cibles (Le Handicap, pagnement des étudiants à besoins
la précarité socio-économique, la diver- spécifiques dans leurs études, l’aide
sité culturelle et la question du genre). à l’insertion dans le monde du travail,
Grâce à ce projet, la présidence de l’ouverture d’un centre dédié aux per-
l’université est plus que jamais engagée sonnes aux besoins spécifiques, la dési-
dans la facilitation de la vie de ces étu- gnation d’une personne ressource pour
diants au sein de l’université à travers, mieux gérer les différents problèmes
une meilleure prise en compte de leurs relatifs à ces groupes cibles du projet
besoins, des formations spécifiques qui RUMI.
132
Conclusion
Mohammed Au terme du projet RUMI, les partenaires marocains
Youbi Idrissi
et européens se félicitent de la quantité du travail four-
Coordinateur
pédagogique ni et se montrent très satisfaits de l’ensemble des dé-
du projet RUMI,
marches accomplies. Aussi, est-il légitime d’éprouver un
Professeur
à l’Université sentiment de satisfaction quand on voit posés sur la table
Abdelmalek
les nombreux livrables qui se distinguent par la qualité
Essaâdi, Tétouan
de leur réalisation et par la valeur des messages qu’ils
comportent et véhiculent. Des livrables qui traduisent le
nombre incalculables de journées de travail, de déplace-
ments d’un pays à l’autre, de réunions et d’ateliers de
débats et de réflexions …
Annexes
ANNEXE 1 : Partenariat
ANNEXE 2 : Liste des livrables du projet
ANNEXE 3 : Questionnaire RUMI
ANNEXE 4 : Découvrir plus sur le projet RUMI
136
Coordinateur :
UNICA - Network of Universities from the Capitals of Europe
Co-coordinateur :
Université Abdelmalek Essaâdi, Tétouan
Europe
European Access Network
Erasmushogeschool Brussel
Fontys University of Applied Sciences
Vrije Universiteit Brussel
Université Paul Valéry - Montpellier 3
Grupo Compostela de Universidades
Università degli studi Roma Tre
Maroc
Association Bureau des Étudiants de la Faculté de Droit (Tanger)
Université Moulay Ismail (Meknès)
Université Ibn Zohr (Agadir)
Université Cadi Ayyad (Marrakech)
Université Internationale de Rabat
Université Mohammed V de Rabat
Université Sultan Moulay Slimane (Beni Mellal)
Université Mohammed Premier (Oujda)
Université Ibn Tofail (Kénitra)
Ministère de l’Enseignement Supérieur (Rabat)
Ministère de Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement Social (Rabat)
Observatoire National du Developpement Humain (Rabat)
A NNE X E S / 137
RUMI PARTENAIRES
RUMI PARTENAIRES الم� ش
الم�وع
وع ش� ش
كاء�كاء ش
RÉSEAU
RÉSEAUDES
RÉSEAU UNIVERSITÉS
DES UNIVERSITÉS DES DES
DES UNIVERSITÉS UNIVERSITÉ ABDELMALEK
UNIVERSITÉ ABDELMALEK
UNIVERSITÉ ABDELMALEK
DESCAPITALES
CAPITALES DE
DE L‘EUROPE
CAPITALES DE L‘EUROPE
L‘EUROPE ESSAÂDI
ESSAÂDI
ESSAÂDI
EUROPEAN
EUROPEAN
ACCESS
ACCESSACCESS
EUROPEAN NETWORK
NETWORK
ERASMUSHOGESCHOOL
ERASMUSHOGESCHOOL
ERASMUSHOGESCHOOL
NETWORK BRUSSEL
BRUSSEL
BRUSSEL
VRIJE UNIVERSITEIT
VRIJE VRIJE
UNIVERSITEIT
UNIVERSITEIT
FONTYS
FONTYSOSO
OSO OSO
FONTYS
BRUSSEL
BRUSSEL
BRUSSEL
UNIVERSITÉ
UNIVERSITÉ PAUL
UNIVERSITÉ VALÉRY,
PAUL VALÉRY,
PAUL VALÉRY, GRUPO COMPOSTELA
GRUPO COMPOSTELA
GRUPO COMPOSTELA
MONTPELLIER
MONTPELLIER 3
3 3
MONTPELLIER D’UNIVERSIDADES
D’UNIVERSIDADES
D’UNIVERSIDADES
UNIVERSITÀ
UNIVERSITÀ DEGLI STUDI
DEGLI DEGLI
UNIVERSITÀ STUDI STUDI
ASSOCIATION
ASSOCIATION
ÉTUDIANTS
DES DES
ASSOCIATION
ASSO BDE
ÉTUDIANTS ASSO BDE
ROMA TRE
ROMA TRE TRE
ROMA
DES ÉTUDIANTS ASSO BDE
UNIVERSITÉ
UNIVERSITÉ
UNIVERSITÉ INTERNATIONALE
INTERNATIONALE
UNIVERSITÉ MOULAY
UNIVERSITÉ
UNIVERSITÉ
MOULAY
MOULAY ISMAIL
ISMAIL
ISMAIL INTERNATIONALE
DE RABAT
DE RABAT
DE RABAT
UNIVERSITÉ INTERNATIONALE
UNIVERSITÉ INTERNATIONALE
UNIVERSITÉ MOULAYMOULAY
UNIVERSITÉ ISMAIL ISMAIL
DE RABATDE RABAT
RUMI-Handbook-FR-AR-END.indd 40
RUMI-Handbook-FR-AR-END.indd 40 12.04.2016 12.04.2016
15:26:36 15:26:36
UNIVERSITÉ
UNIVERSITÉMOHAMMED
MOHAMMED
UNIVERSITÉ V VV
MOHAMMED UNIVERSITÉ SULTAN
UNIVERSITÉ
UNIVERSITÉ MOULAY
SULTAN
SULTAN
MOULAY
MOULAY
DE RABAT
DE RABAT
DE RABAT SLIMANESLIMANE
– BENI
SLIMANEMELLAL
– BENI
– BENI
MELLAL
MELLAL
UNIVERSITÉ MOHAMMED
UNIVERSITÉ V
MOHAMMED V UNIVERSITÉ SULTAN MOULAY
UNIVERSITÉ SULTAN MOULAY
DE RABAT SLIMANE – BENI MELLAL
DE RABAT SLIMANE – BENI MELLAL
UNIVERSITÉ CADI
UNIVERSITÉ CADICADI
UNIVERSITÉ AYYAD
AYYAD
AYYAD UNIVERSITÉ IBN ZOHR
UNIVERSITÉ
UNIVERSITÉ IBN ZOHR
IBN ZOHR
UNIVERSITÉ CADI AYYAD UNIVERSITÉ IBN ZOHR
UNIVERSITÉ CADI AYYAD UNIVERSITÉ IBN ZOHR
UNIVERSITÉ
UNIVERSITÉMOHAMMED
UNIVERSITÉ
MOHAMMED
MOHAMMED
UNIVERSITÉ MOHAMMED
UNIVERSITÉ IBN TOFAIL
UNIVERSITÉ
UNIVERSITÉ
UNIVERSITÉ IBN TOFAIL –
IBN TOFAIL–– –
IBN TOFAIL
PREMIER
PREMIER
PREMIER MOHAMMED
UNIVERSITÉ
PREMIER KENITRA KENITRA
KENITRA
KENITRAUNIVERSITÉ IBN TOFAIL –
PREMIER KENITRA
MINISTÈRE
MINISTÈRE DE
MINISTÈREL‘ENSEIGNEMENT
DE L‘ENSEIGNEMENT
MINISTÈRE DE
MINISTÈRE
DE L‘ENSEIGNEMENT
L‘ENSEIGNEMENT MINISTÈRE
MINISTÈRE DE DELALA
LA SOLIDARITÉ,
DE LA DE L‘ENSEIGNEMENT MINISTÈRE LA DE
MINISTÈRE DESOLIDARITÉ,
LA SOLIDARITÉ,
SUPÉRIEUR, DE DELA RECHERCHE SOLIDARITÉ, DE LALA FEMME,
SUPÉRIEUR, RECHERCHE MINISTÈRE
SUPÉRIEUR,
SUPÉRIEUR,
SUPÉRIEUR, LADE
DE LA RECHERCHE
RECHERCHE DE LA FEMME, DE LA DE SOLIDARITÉ,
FAMILLE
SCIENTIFIQUE ET DE LALA RECHERCHE
FORMA- DE LADE LADEFEMME,
LA LA DE
FEMME, DEFAMILLE
LA FAMILLE
SCIENTIFIQUE
TION DES CADRESET DEDE
SCIENTIFIQUE
SCIENTIFIQUE
SCIENTIFIQUEET DE
ET ETLADE
LA LA FORMA-
FORMA-
FORMA- DEDUET
ET LA
ET DU DÉVELOPPEMENT
DU FAMILLE
FEMME,
ET
DE
ET
FAMILLE
SOCIAL
DÉVELOPPEMENT DUSOCIAL
DU DÉVELOPPEMENT
DÉVELOPPEMENT SOCIAL SOCIAL
LA FORMATION
TION
TIONTION
DES CADRES
DESCADRES
DESDES CADRES
CADRES
DÉVELOPPEMENT SOCIAL
OBSERVATOIRE NATIONAL DE
www.rumi-project.org
OBSERVATOIRE
DÉVELOPPEMENT
OBSERVATOIRE
OBSERVATOIRE
OBSERVATOIRE
NATIONAL DE
HUMAIN
NATIONAL
NATIONAL
NATIONAL
DÉVELOPPEMENT HUMAIN
DE DE www.rumi-project.org
www.rumi-project.org
www.rumi-project.org
DÉVELOPPEMENT
DÉVELOPPEMENT
HUMAIN
HUMAIN
DE DÉVELOPPEMENT HUMAIN
UMI-Handbook-FR-AR-END.indd
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12.04.2016
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138
Pourriez-vous indiquer le revenu familial mensuel Puisque vous avez spécifié « Oui » à la question
Moins de 2350 Dh précédente, veuillez svp cochez de 1 à 3 principaux
Entre 2350 et 5000 Dh obstacles qui vous empêchent de suivre vos études
Plus de 5000 Dh de manière satisfaisante ?
Problèmes familiaux
Votre famille bénéfice-t-elle de la carte RAMED ? Problèmes financiers
Oui Problèmes d’éloignement
Non Problèmes d’adaptation à la vie universitaire
En cours Problèmes de niveau scolaire et linguistique
Bénéficiez-vous d’une bourse ? Cochez les facilités qui favoriseraient le suivi de vos
Oui études de manière satisfaisante (1 à 3 choix possibles)
Non Appui financier (bourse)
En cours Logement dans cité universitaire
Appui de mes parents
Veuillez préciser le lieu de votre résidence Renforcement de mes capacités linguistiques
en tant qu’étudiant(e) ? Création de cellules d’écoute et d’accompagnement
Chez ma propre famille
Chez les parents / oncle, tante, etc.
Dans la cité universitaire Questions concernant
Chambre individuelle chez un particulier, les étudiant(e)s
moyennant un loyer
Chambre partagée avec mes ami(e)s,
en situation de handicap
moyennant un loyer
Précisez à quelle catégorie vous vous identifiez
Handicap
Si vous avez répondu « dans la cité universitaire »
Handicap + précarité socio-économique
à la question précédente, le logement est-il proposé
par le ministère de l’enseignement supérieur depuis
Avez-vous des difficultés sur le plan physique ?
votre première année ?
Visuel
Oui
Auditif
Non
Physique (moteur)
Dyslexie
Préciser le lieu de résidence de vos parents
Maladie chronique
(lieu d’origine) par rapport à votre université
Dans la même ville où se trouve mon université
Degré du handicap
Dans la même région où se trouve mon université/
Léger : 1
milieu urbain
2
Dans la même région où se trouve mon université/
3
milieu rural
4
Dans une région voisine / milieu urbain
Très lourd : 5
Dans une région voisine / milieu rural
Dans une région lointaine / milieu urbain
Catégorie selon niveau universitaire
Dans une région lointaine / milieu rural
Étudiant(e) premier cycle (niveau Licence)
Dans un autre pays
Étudiant(e) deuxième cycle (niveau Master)
Total réponses en français / Total global français +arabe
Étudiant(e) troisième cycle (niveau Doctorat)
Souffrez-vous de l’éloignement géographique ? École supérieur / Cycle ingénieur
Sans effet : 1
2 Vous êtes un étudiant /une étudiante
3 Sans aucun échec dans le parcours universitaire
4 En retard dans les études
Très pénible et coûteux : 5
Comment rejoignez-vous votre université ?
Pourriez-vous indiquer si vous souffrez de problèmes A pied
dans votre vie universitaire ? Avec les transports publics
Oui Avec un véhicule privé
Non
A NNE X E S / 141
Quelles raisons ou intérêts vous ont poussé a. Aller de chez-vous aux bâtiments d’enseignement
à continuer les études ? Veuillez décrire votre vie au sein de votre établissement.
- Famille Très facile / Excellant
- « Besoin d’un diplôme pour améliorer mes perspectives Facile / Bien
d’emploi et donc de stabilité matérielle et morale » Raisonnable
- « Droit que je dois exercer / Droit garanti par Difficile / Médiocre
la constitution » Très difficile / Nul
- Défit de réussir malgré mon handicap
- « Aspiration personnelle à améliorer mes connaissances b. Entrer et circuler dans les bâtiments d’enseignement
et compétences » (bibliothèque, amphithéâtre, salles TP, toilettes,…)
- « Cas de réussite éclatante de certaines personnes à Veuillez décrire votre vie au sein de votre établissement.
besoins spécifiques » Très facile / Excellant
Facile / Bien
Êtes-vous satisfait/e de votre choix d’études ? Raisonnable
Pas du tout / 1 Difficile / Médiocre
2 Très difficile / Nul
3
4 c. Accéder au matériel éducatif adapté à vos besoins
Très satisfait(e)/5 (livres, matériel spécialisé, etc.)
Veuillez décrire votre vie au sein de votre établissement.
Regrettez-vous le choix de votre parcours universitaire? Très facile / Excellant
Oui Facile / Bien
Non Raisonnable
Ne sais pas encore Difficile / Médiocre
Très difficile / Nul
Aux termes des études, pensez-vous trouver un travail
correspondant à votre formation universitaire ? d. Payer les coûts liés à la scolarité
Oui (inscription, fournitures scolaires,…)
Non Veuillez décrire votre vie au sein de votre établissement.
Très facile / Excellant
Le travail que vous pensez trouver correspond-t-il Facile / Bien
à vos intérêts personnels ? Raisonnable
Oui Difficile / Médiocre
Non Très difficile / Nul
Ne sais pas
e. Accéder à l’information sur les services que vous pou-
Accueil - Le degré de votre satisfaction quant vez fréquenter (signalétique/ canaux de communication)
au processus d’inscription à l’université : Veuillez décrire votre vie au sein de votre établissement.
Très Satisfait Très facile / Excellant
Assez satisfait Facile / Bien
Satisfait Raisonnable
Peu satisfait Difficile / Médiocre
Pas du tout satisfait Très difficile / Nul
142
f. Participer aux activités extrascolaires Cochez de 1 à 3 principaux obstacles qui vous em-
Veuillez décrire votre vie au sein de votre établissement. pêchent de suivre vos études de manière satisfaisante
Très facile / Excellant Problèmes familiaux
Facile / Bien Problèmes financiers
Raisonnable Problèmes d’éloignement
Difficile / Médiocre Problèmes d’adaptation à la vie universitaire
Très difficile / Nul Problèmes de niveau scolaire et linguistique
g. Suivre le cours pendant la classe Cochez les 3 facilités qui favoriseraient le suivi
Veuillez décrire votre vie au sein de votre établissement. de vos études d’une manière satisfaisante
Très facile / Excellant Appui financier (bourse)
Facile / Bien Logement dans cité universitaire
Raisonnable Appui de mes parents
Difficile / Médiocre Renforcement de mes capacités linguistiques
Très difficile / Nul Création de cellules d’écoute et d’accompagnement
Comment évaluez-vous vos chances d’insertion Y a-t-il des disciplines que vous déconseilleriez
professionnelle au Maroc ou à l’étranger à l’issue à un homme ?
de votre formation? Oui
inexistantes : 1 Non
2
3 Si vous avez répondu ‘Oui’ à la question précédente,
4 veuillez préciser dans la liste de quel champ
Très prometteuses : 5 disciplinaire il s’agit
Lettres et Sciences Humaines
Dans quel pays souhaitez-vous travailler Sciences Juridiques, économiques et sociales
une fois finies vos études? Sciences
Maroc Sciences et techniques
Pays d’origine Ingénierie
Autre destination Langues et traduction
Pour autre destination, veuillez préciser Y a-t-il des disciplines que vous déconseilleriez
Europe à une femme ?
USA, CANADA Oui
Amérique latine Non
Asie
Russie, pays de l’Est Puisque vous avez répondu Oui à la question
Australie précédente, veuillez préciser dans la liste de quel
Afrique champ disciplinaire il s’agit
Lettres et Sciences Humaines
Conseilleriez-vous aux jeunes de votre pays de venir Sciences Juridiques, économiques et sociales
au Maroc pour poursuivre leurs études supérieures? Sciences
Oui Sciences et techniques
Non Ingénierie
Langues et traduction
144
Croyez-vous que le monde du travail est en train Croyez-vous que les thématiques morales et
de changer et que les sciences humaines sont moins d’éducation à la citoyenneté active et responsable
utiles aujourd’hui par rapport aux sciences et devraient être matière d’étude, en accoutumant les
aux technologies ? étudiant(e)s à coexister pacifiquement, dans le respect
Oui des différences et des droits/devoir vers la liberté
Non personnelle et celle des autres ?
Ne sais pas Non
Oui, depuis le secondaire (lycée)
Croyez-vous que la prise de décision et l’occupation Oui, à l’université
des postes de responsabilité est un penchant plus Oui, à tous les stades de l’éducation
naturel chez les hommes que chez les femmes ?
Oui Rôle de la Formation et de la Connaissance dans
Non la bonne communication avec autrui - A votre avis,
connaître et comprendre les nécessités des autres
A compétences égales, croyez-vous que les hommes peuvent-ils faire tomber les préjugés et les stéréotypes ?
arrivent à décrocher plus facilement des postes Sans effet
à responsabilité que les femmes ? Effet moyen
Oui Effet a bien
Non Effet bien
Effet très important
Croyez-vous que les femmes sont plus portées vers
les soins de la maison et de la famille ? Croyez-vous que les thématiques morales devraient
Oui être matière d’étude dans tous les cours scolaires/
Non universitaires, y compris les études techniques ou
technologiques, ou seulement dans les lettres et
Croyez-vous qu’il faut garder les rôles traditionnels sciences humaines?
pour le bon fonctionnement de la famille et Oui, dans tous les cours d’étude
de la société? Non, uniquement dans les sciences humaines
Oui Non, uniquement dans les études scientifiques-techniques
Non Non, nulle part
Ne sais pas
Si vous avez répondu Non à la question précédente,
croyez-vous qu’entre femmes et hommes les travaux Parmi ces activités, quelles sont à votre avis celles
de soin de la maison et de la famille puissent être qui favoriseraient une vie riche, responsable, active,
également redistribués, en permettant ainsi à tous inclusive et participative dans la société?
de participer au marché du travail et d’exercer Activités sportives individuelles
les professions pour lesquelles ils/elles ont étudié ? Activités sportives d’équipe
Oui Réunions culturelles
Non Rencontres dans des structures récréatives (cafés, club,
Ne sais pas maisons des jeunes,...)
Activités artistiques individuelles (musique, peinture,...)
Croyez-vous que les jeunes accordent aujourd’hui Activités artistique d’équipe (groupes de musique,
de l’importance aux valeurs morales/éthiques ? musique chorale, théâtre,...)
Sans aucune importance : 1 Adhésion et activités au sein d’un parti politique
2 Adhésion et activités au sein d’une association
3 de la société civile
4 Lecture, loisirs et voyage
Importance extrême : 5
Université
إنشا
Paul-Valéry Montpellier
Montpellier
شن�ة إع
العاىل
ي إنشاء شبكة جامعية لزيادة فرص الولوج اىل التعليم
Vrije Universiteit
Brussel
Bruxelles
Manuel de Sensibilisation
Università degli
Studi Roma Tre
roMe
Rapports sur
les formations
en Europe :
sur le chemin de l’inclusion
RUMI
R é s e a u d e s u n iv e R s ité s M a Roc a i n e s
p ou R l’ e n s e ig n e M e nt i nclu s i f
Dépliant promotionnel
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