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Réseau des Universités Marocaines

pour l’Enseignement Inclusif

C O N T R I B U T IONS E T TÉ MOIGNAGE S
Editeur : Mohammed Youbi Idrissi, Université Abdelmalek Essaâdi
Co-editeurs : Kris Dejonckheere, Marta Rachlewicz, UNICA
Copyright © 2016, UNICA - Network of Universities from the Capitals of Europe
ISBN : 9789081437134
Imprimé en Belgique - Design : www.ligne33.be

www.rumi-project.org

Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne. Cette publication (communication) n’engage que
son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont contenues.
Réseau des Universités Marocaines
pour l’Enseignement Inclusif

C O N T R I B U T IONS E T TÉ MOIGNAGE S
4

Table des matières

5 Remerciements
6 Introduction
9 L’inclusion et l’égalité des chances dans les politiques publiques au Maroc :
démarches institutionnelles
9 - L e projet RUMI : un projet utile et nécessaire - Ikbal Sayah, ONDH
13 - E  nseignement supérieur inclusif au Maroc : état des lieux et stratégie sectorielle

Youssef Loulidi, MESRSF
24  -L
’enseignement inclusif des personnes en situation de handicap :
équation de l’équité et de la qualité - Ahmed Aït Brahim, MSFFDS
45 Réflexions sur les groupes cibles de RUMI :
47 - Le questionnaire à destination des quatre groupes cibles du projet RUMI
Cadre conceptuel & résultats factuels - Mohammed Youbi Idrissi, UAE
56 - Approche genre : enjeux et perspectives - Mohammed Youbi Idrissi, UAE
61 - É
 tudiant(e)s et approche genre : les femmes à l’université
marocaine, un chemin vers l’égalité mais… - Zohra lhioui, UMI
71 - Étudiant(e)s étrangers : chiffres & réalité - Mohammed Youbi Idrissi, UAE
74 - É tudiant(e)s souffrant de la précarité socio-économique - Mohammed Youbi Idrissi, UAE
77 Déficience visuelle et scolarité : défis et solutions - Nabil Maaroufi, Centre BVS
78 - Ma vie, au rythme de mon handicap visuel - Nabil Maaroufi, Centre BVS
88 - Accès à l’information par les nouvelles technologies - Nabil Maaroufi, Centre BVS
90 - Les centres ressources dans les universités marocaines partenaires
91 Comité technique IDMAJE : Présentation - Liste des membres
95 Qu’est-ce que j’ai appris ? Impressions de partenaires
103 Les universités marocaines inspirées par l’expérience RUMI
104  -R
 UMI : Ancrer le concept de l’inclusion dans les universités marocaines
Samia Berrada, Université Cadi Ayyad
112  -R
 ompre avec l’approche affective et instituer une politique de l’université
Mohammed Dinia, Université Mohammed V
115 - L e résautage universitaire pour une meilleure inclusion
Mohammed Yassine, Université Moulay Ismail
119 -E
 ssai sur le projet RUMI - Khadija Boudraa, Mouna Chentoufi, Meryem Khadri,
Rim Rhmani et M’feddal Hilali, Université Internationale de Rabat
123 -É
 tat des lieux de l’inclusion dans l’Université Ibn Tofail
Jamal Al Karkouri, Karima Selmaoui, Université Ibn Tofail
132 Conclusion

Annexes
136 ANNEXE 1 : Partenariat
138 ANNEXE 2 : Liste des livrables du projet
139 ANNEXE 3 : Questionnaire RUMI
146 ANNEXE 4 : Découvrir plus sur le projet RUMI
REM ERC I EM ENTS  / 5

Remerciements

Nous tenons à remercier vivement tous les auteurs


qui ont contribué à la création de cette publication finale
du projet RUMI : les éditeurs, les membres du comité de
pilotage et du comité technique IDMAJE, les institutions
gouvernementales marocaines et les partenaires.

Cette publication rassemble différents témoignages et im-


pressions personnelles des partenaires qui ont contribué au
projet RUMI pendant trois ans. Nous voudrions remercier très
chaleureusement tous celles et ceux qui ont consacré leur temps
et énergie à la réussite de ce projet ambitieux et qui ont participé
avec enthousiasme aux réunions, aux échanges et aux débats le
long du projet.

Jalâl Eddin Ibn Rumi a dit « Ce monde est une montagne,
et notre action est le cri : c’est à nous que revient l’écho de ce
cris ». Dans l’esprit de ce grand poète, nous espérons qu’à tra-
vers des actions du projet RUMI, nous avons contribué à offrir
à tous les étudiantes et étudiants des possibilités d’intégration
dans la société en général et l’université en particulier. Notre
excellente collaboration et bonne entente offrent des perspec-
tives heureuses pour le futur.

Kris Dejonckheere Hassan Ezbakhe


Secrétaire Générale Vice-Président
UNICA - Network of Universities Université Abdelmalek Essaâdi
from the Capitals of Europe
6

Introduction
Mohammed Depuis déjà trois années passées, les auteurs du projet « Ré-
Youbi Idrissi seau des Universités Marocaines pour l’enseignement Inclusif »
Coordinateur (RUMI) se sont sentis poussés des ailes quand la Commission
pédagogique Européenne, remerciée, accepta d’apporter son soutien moral
du projet RUMI, et matériel à ce beau et ambitieux projet. En effet, lors de la
Professeur première réunion de lancement, le consortium a mesuré l’am-
à l’Université pleur des tâches déclinées, a pris conscience des défis à relever
Abdelmalek et a estimé à sa juste valeur les efforts colossaux à déployer.
Essaâdi, Tétouan Mais la conviction était partagée avec abnégation et volonta-
risme entre l’ensemble des partenaires européens et marocains
pour honorer les engagements exprimés et pour atteindre les
nombreux objectifs visés par le présent projet.

Il n’était pas aisé de cerner les contours de la problématique


traitée, car le projet RUMI visait quatre thématiques différentes
dont chacune méritait à elle seule, il est vrai, un traitement appro-
prié et conséquent. En effet, il était question de se pencher sur
la problématique de l’inclusion dans le système d’enseignement
supérieur au Maroc et de la traiter en considérant les besoins, les
attentes et les doléances des groupes cibles suivants :
- Étudiant(e)s en situation de handicap ;
- Étudiant(e)s soumis à la précarité socio-économique ;
- Étudiant(e)s étrangers ;
- Étudiant(e)s exprimant leurs opinions selon l’approche genre.

Ceci explique la richesse des débats et le grand intérêt des


échanges qui ont eu lieu lors des journées d’études tenues au
Maroc. Car tous les sujets traités par RUMI portent en eux un ar-
gumentaire soutenu par un arsenal juridique innovant et parfois
avant-gardiste (nouvelle constitution, loi-cadre, etc.), mais révèlent
en même temps un écart notoire, voire préoccupant, entre l’esprit
des textes de lois et les pratiques sur le terrain. Que l’on touche
aux situations de handicap, à la précarité socio-économique, à
l’accueil des étudiant(e)s étrangers ou à l’approche genre, l’on se
rend rapidement compte que ce sont là des sujets passionnants
et passionnels. Des sujets qui s’expriment au sein de l’université,
en tant qu’habitacle/ microcosme, offrant un espace de débats et
I NTRO DU C TI O N  / 7

de confrontation d’idées et d’opinions. Des débats parfois apaisés


et souvent houleux, voire tendus, qui traduisent les courants de
pensées et attitudes qui sous-tendent finalement les changements
d’une société en pleine mutation.

Nous nous estimons heureux d’avoir trois départements gou-


vernementaux /1 comme partenaires institutionnels qui ont appor-
té énormément à ce projet, en termes de réflexions, d’accompa-
gnement, de dévouement et de perspectives de travail à court,
moyens et long termes. Le résultat est là, car l’on a vu, au fur et
à mesure que le projet RUMI avance, des stratégies déclinées,
des enquêtes nationales menées et des évaluations effectuées.
Nous nous félicitons que la présente publication comporte des
contributions très intéressantes des auteurs relevant de ces trois
départements. Il semble que la magie de l’osmose a joué dans les
deux sens : le projet RUMI qui s’enrichit de l’apport institutionnel,
et des stratégies ministérielles qui s’inspirent du « souffle » RUMI.

Par ailleurs, les leçons et enseignements tirés des trois forma-


tions organisées respectivement à Montpellier, à Bruxelles et à
Rome ont soutenu ce regard croisé entre les expériences euro-
péennes et marocaines. Là aussi, la richesse des débats, la qualité
des intervenants et la sincérité des témoignages ont donné au
projet RUMI ses lettres de noblesse. L’une des conclusions ma-
jeures que nous avons retenu de nos formations en Europe, et
qui nous interpelle est très significative. La question de l’Inclusion
est une affaire de toutes et de tous, à tous les niveaux, avec vo-
lontarisme et moyens adéquats pour y arriver. Les panels étaient
à la fois animés par des universitaires et des imminences grises
1/ - Ministère de en psychologie, sociologie et anthologie…, mais également par
l’Enseignement des responsables des collectivités territoriales, des secteurs pu-
Supérieur, de la
Recherche Scientifique, bliques et privés, et tout ceci enrichi par des témoignages de
de la Formation des leaders de la société civile, et même de certaines personnalités
Cadres (MESRSFC) ; du corps de l’armée, etc.
- Ministère de la
Solidarité, de la Femme,
de la Famille et De leur côté, les universités partenaires marocaines ont dé-
du Développement montré un degré d’implication remarquable, une appropriation
Social (MSFFDS) ;
des tenants et aboutissants de la thématique de l’inclusion dans le
- L’Observatoire National monde universitaire, et surtout un engagement intellectuel dou-
de Développement
Humain (ONDH) qui blé de valeurs humaines et amicales qui nous ont permis, telle une
relève de la Primature. famille soudée autour d’objectifs nobles, d’alimenter constam-
8

ment le feu d’une action collective et constructive, et de mainte-


nir la flamme RUMI toujours attisée et étincelante. Une flamme à
même d’éclairer notre parcours vers des horizons plus tolérants,
mieux adaptés aux besoins des un(e)s et des autres, et surtout
plus inclusifs.

Nous sommes conscients que nous ne pouvons pas décider


à la place des premiers concernés par ce projet, c’est-à-dire les
étudiant(e)s des quatre groupes cibles. Aussi croyons-nous à
l’adage qui stipule qu’il faut certainement bien faire pour eux,
mais obligatoirement et constamment avec eux. D’où toute la
démarche que nous avons cherchée à mettre en place en impli-
quant une association d’étudiants à notre projet depuis le début.
Des séances de travail en focus groups ont été organisées pour
être à l’écoute de nos étudiant(e)s, chose qui s’est révélée né-
cessaire pour consolider les liens et nourrir la confiance. Nous
avons également élaboré un questionnaire que nous avons mis
en ligne et qui nous a permis de collecter les opinions et avis de
presque quatre mille étudiantes et étudiants, toutes catégories
confondues, et à travers les neuf universités partenaires maro-
caines. Enfin, les témoignages émouvants et très constructifs des
représentants des quatre groupes cibles sont reproduits dans un
film documentaire dont on va certainement parler, car c’est
un film qui ose montrer des réalités parfois difficiles à ac-
cepter, mais qui a cependant l’avantage de montrer
« Ecoute avec
les oreilles de que le Maroc est en quête de réflexions et de solu-
la tolérance. tions alternatives pour une université inclusive, une
Vois avec les yeux société égalitaire et un demain prometteur.
de la compassion.
Parle avec le langage Enfin, il va sans dire que l’acronyme RUMI était
de l’amour ».
imaginé et retenu pour permettre aux auteurs de
Jalal Iddîn Ibn RUMI ce projet non seulement de faire l’écho du grand
poète « Jalal Iddîn Ibn RUMI » (1207-1273), mais éga-
lement de s’inspirer de son souffle soufi avec lequel il
a magnifié les sentiments d’amour, de tolérance, de l’égalité
des chances et plus précisément de l’inclusion.
LE P ROJET RU MI : U N PROJET U T IL E ET NÉCES S A IRE  / 9

L’inclusion et l’égalité des chances dans les politiques


publiques au Maroc : démarches institutionnelles

Le projet RUMI :
un projet utile et nécessaire

Ikbal Sayah Abordant le thème de l’inclusion dans son discours


Directeur
du 18 Mai 2005 annonçant l’Initiative Nationale pour le
des Etudes
Générales à Développement Humain (INDH), Sa Majesté le Roi avait
l’Observatoire
fait référence à des données objectives qui montrent
National du
Développement que de « larges franges de la population marocaine et
Humain (ONDH)
des zones entières du territoire national vivent dans
des conditions difficiles et parfois dans une situation
de pauvreté et de marginalisation, qui est incompatible
avec les conditions d’une vie digne et décente que Nous
souhaitons pour Nos concitoyens ».

C’est dire l’importance que Sa Majesté le Roi accorde à la


lutte contre l’exclusion. L’inclusion, un concept politique qui
donne son sens à cette lutte, est un des objectifs majeurs de
l’Initiative Nationale pour le Développement Humain.

Il s’agit donc d’une priorité sociétale que consacre la Consti-


tution du 1er juillet 2011 qui stipule, dans son article 31, que
« l’État, les établissements publics et les collectivités territo-
riales œuvrent à la mobilisation de tous les moyens à disposi-
tion pour faciliter l’égal accès des citoyennes et des citoyens
aux conditions leur permettant de jouir du droit (…) à une
éducation moderne, accessible et de qualité ».

L’inclusion est une problématique pour laquelle le Conseil de


l’Observatoire National du développement Humain a consa-
cré de nombreux travaux, en particulier son deuxième rapport
annuel.
10

« L’inclusion,un
concept politique
qui donne son sens
à cette lutte, est un
L’inclusion figure aussi des objectifs majeurs rural a été largement laissé
parmi les cinq « nœuds de l’initiative pour compte, frappé par le
du futur » identifiés dans nationale pour chômage, le sous-emploi,
le développement
le Rapport du Cinquante- humain. » la pauvreté, l’analphabé-
naire (RDH 50), les quatre tisme, les maladies et des
autres étant le savoir, l’écono- conditions de vie tantôt rudi-
mie, la santé et la gouvernance. Ces mentaires, tantôt misérables ».
nœuds correspondent à des problé-
matiques clefs qui font référence aux Les jeunes non plus n’ont pas eu la place
blocages et aux déficits structurels de qui leur revient dans notre marche vers le
notre pays. Sans leur dépassement, le développement. Leur insertion sociale et
développement du Maroc sera proba- économique s’est trouvée réduite par la
blement compromis. faiblesse de l’encadrement, en matière
d’éducation, d’engagement politique
Le Rapport Général du Développe- et d’activités culturelles et sportives.
ment Humain depuis l’indépendance
(RDH50) reconnaît, en effet, que « le Pourtant à ce propos, le projet « Tempus
Maroc n’a pas toujours su inclure l’en- RUMI » est venu compléter la réflexion
semble des composantes de sa société générale de l’ONDH sur l’évolution de la
et de son territoire dans son processus situation des jeunes qui, malgré leur op-
de développement. La femme maro- timisme, sont confrontés à des question-
caine n’a pas eu toute sa place, loin s’en nements sérieux sur leurs perspectives
faut, dans le processus de développe- d’avenir. Ce projet intervient surtout à
ment du pays. Le niveau de développe- un moment où les enjeux de l’équité
ment des femmes, en particulier celles et de l’égalité des chances constituent
vivant en milieu rural, est demeuré pré- une priorité de la réforme de l’éduca-
occupant comme l’attestent le taux tion. En effet, notre école va mal. Trop
de scolarisation des filles ou le taux de d’élèves, plus de 350.000 par an, sortent
chômage féminin. La première injustice du système éducatif sans qualification.
faite aux femmes est l’analphabétisme. La qualité des acquisitions des élèves
reste faible. Mais surtout, les inégalités
Ces déficits d’inclusion sont également sociales devant l’éducation sont fortes et
d’ordre territorial, puisque des régions ont tendance à se déplacer vers le haut,
entières se sont trouvées exclues de l’en- c’est-à-dire l’enseignement supérieur
treprise de développement. Le monde du fait de l’accroissement significatif
LE P R OJET RU MI : U N PROJET U T IL E ET NÉCES S A IRE  / 11

de ses effectifs inhérent au phénomène Dans cette perspective, la mise en


de massification observé au niveau des place d’un système d’observation des
cycles de l’enseignement général. parcours des jeunes pour accéder à
leur autonomie devient nécessaire. Ces
En conséquence, occulter ces inégali- derniers se construisent en fait d’étapes
tés sociales serait sans doute contre- multiples. Ils sont le résultat de choix,
productif car cela remet en cause les d’opportunités ou de contraintes dans
droits sociaux futurs des jeunes : leur différents domaines : éducation, emploi,
développement humain aujourd’hui, logement, famille, santé, etc.
leur capacité à élever des enfants de-
main, et leurs retraites après-demain. Il A ce titre, l’enquête de panel des mé-
s’agit donc d’une régression du corps nages de l’ONDH constitue un outil par-
social dans son entier, et pas seule- ticulièrement approprié. Elle constitue
ment des individus. en effet une approche inédite à l’échelle
nationale, qui permet d’appréhender
Aussi, avec l’allongement de la jeunesse le développement humain comme une
et des individus de plus en plus nom- dynamique et non comme un état, de
breux qui acquièrent tardivement leur décrypter de façon précoce des transfor-
indépendance financière et résidentielle, mations sociales à l’œuvre et, en somme,
il importe que l’Université marocaine de renforcer nos capacités d’élaboration
puisse créer un système éducatif plus de politiques sociales pro-actives.
inclusif. Il permettrait à des étudiants
à faire preuve, même partiellement, Elle dispose d’un potentiel analytique
d’autonomie /1, et ne discriminerait pas important compte tenu d’un nombre de
les groupes sociaux les moins favori- modules qu’elle comprend - 17 modules
sés, en l’occurrence les étudiants en (éducation et formation, emploi, santé,
situation de handicap ou présentant des prévoyance sociale, conditions d’habi-
besoins sociaux, ceux issus des milieux tat, revenu, accès aux services sociaux
précaires, les jeunes filles confrontées de base, participation, etc.) - et de la
dans leurs études à la discrimination et richesse de son questionnaire, qui com-
les étudiants étrangers, en proie à des prend près de 500 questions.
difficultés d’intégration à la société ma-
rocaine dans son ensemble.

1 Il s’agit d’opérer une distinction forte entre « autonomie » (capacité à contrôler certains aspects de sa vie) et
« indépendance » (capacité à pourvoir à ses besoins à partir de ces propres ressources).
12

Aussi, l’enquête panel de ménages de Il s’agit en effet d’une thématique d’im-


l’ONDH Cet outil permet d’appréhen- portance capitale compte tenu d’une
der les trajectoires, de déterminer les série de facteurs d’ordre démogra-
facteurs qui pèsent sur leur dynamique, phique, social et économique. Il s’agit,
d’évaluer les effets directs et indirects au moment où notre pays achève sa
des politiques publiques et d’apprécier transition démographique, de faire de
comment se différencient ces parcours l’extension très importante des «  18-
en fonction du genre, de la catégorie 27 ans » un réel dividende démogra-
sociale, de l’environnement familial ou phique, en assurant à tous les étudiants,
résidentiel, de l’état de santé, etc. la même chance de réussir des études
supérieures et de trouver un emploi en
Cet outil a déjà été mis à profit par adéquation avec leur attente. Une telle
l’ONDH pour la réalisation de plusieurs ambition en faveur de l’inclusion estu-
études, la première portant sur la pe- diantine constituera sans aucun doute
tite enfance, la deuxième les personnes un vecteur d’attractivité de notre pays
âgées et la dernière consacrée à la pau- à l’international et permettra de mieux
vreté multidimensionnelle des enfants. combattre le « brainxit » qui le concerne
Toutes ces études visent à évaluer l’effi- de plus en plus.
cacité des politiques qui sont destinées
à ses divers publics et à débattre et De la sorte, une université marocaine
soutenir de nouvelles orientations à qui serait inclusive ne manquera pas
mettre en œuvre à leur attention. de soutenir l’élévation du niveau de
développement du pays et d’apporter
L’ONDH compte bientôt proposer la sa contribution à l’insertion de notre
réalisation d’une enquête sur la situa- pays dans l’économie du XXI ème siècle,
tion des étudiants fréquentant les uni- une économie où le besoin de cohé-
versités marocaines, qui sera destinée à sion sociale passera par la mobilité et
donner une information aussi objective l’autonomie de chacun. Dès lors, com-
que possible sur leurs conditions de vie battre les inégalités de chance au niveau
et le déroulement de leurs études, de de l’enseignement supérieur constitue-
manière à éclairer la réflexion sociale ra sans aucun doute l’un des grands
et à aider à la prise de décision. enjeux du développement humain du
Maroc dans les années à venir.
 E NSEIGNEMENT S U PÉRIEU R INCL U S IF A U MA ROC :   / 13
ÉTAT DES L IEU X ET S T RAT ÉGIE S ECT ORIEL L EE L E

L’inclusion et l’égalité des chances dans les politiques


publiques au Maroc : démarches institutionnelles

Enseignement supérieur
inclusif au Maroc :
état des lieux et stratégie sectorielle

Contextes :
Youssef Loulidi
Direction
des Stratégies La politique sectorielle en matière d’enseignement
et des Systèmes
supérieur inclusif s’inscrit d’abord dans un contexte global
d’informations,
Ministère de marqué par la volonté des pouvoirs publics d’élaborer des
l’Enseignement
stratégies et de mettre en place des plans d’action réa-
Supérieur,
de la Recherche listes et réalisables à même de fournir des services adap-
Scientifique
tés aux besoins des populations concernés par l’inclusion.
et de la Formation
des Cadres Ces plans d’action doivent traduire la portée :
(MESRSF)

• de la nouvelle constitution exprimée dans ses articles 6, 19,


31, 32, 33, 34, 160, 168 et 169. Une constitution qui veille à
l’importance d’appliquer les principes d’inclusion dans toutes
ses dimensions ;

• d
 es orientations royales relatives au soutien de toutes les
catégories de la société plus particulièrement les personnes
en situation d’handicap. Des orientations qui s’inscrivent en
droite ligne des efforts déployés par Sa Majesté le Roi afin
de mettre à la disposition des personnes en situation de
handicap ou d’inadaptation, tous les moyens leur permet-
tant une meilleure insertion dans le système éducatif, le tissu
social et la vie professionnelle ;

• de
 la loi cadre 13.97 concernant les personnes en situation
d’handicap qui a été adoptée par le conseil des ministres le
14 Octobre 2014 et approuvée par le parlement le 8 Avril
2016 ;
14

« La demande pressante


de la Nation et la volonté
• des conventions in- convergente de ses différents de l’Education, de la
acteurs et composantes
ternationales ratifiées, pour la réforme de l’École, sa Formation et de la Re-
des traités internatio- réhabilitation et sa rénovation cherche Scientifique à
naux, auxquels adhère afin qu’elle accomplisse élaborer une feuille de
le Maroc et inhérents à ses missions de manière route pour la réforme de
optimale  ».
l’éducation, à la formation l’École, lors de l’ouverture
et à la recherche scientifique, de la session parlementaire
aux droits humains, à l’égalité d’automne du 10 octobre 2014 ;
entre les sexes, aux droits des per-
sonnes handicapées et des personnes • la demande pressante de la Nation et
en situations spécifiques et à la non- la volonté convergente de ses diffé-
discrimination quelle qu’en soit l’origine ; rents acteurs et composantes pour la
réforme de l’École, sa réhabilitation et
• de
 l’adhésion du Maroc aux instru- sa rénovation afin qu’elle accomplisse
ments onusiens relatifs aux droits hu- ses missions de manière optimale ;
mains en général et droits des femmes
en particulier. • l’interaction
 avec les mutations in-
ternationales en matière des droits
La politique sectorielle en matière d’en- humains, de l’éducation et de la for-
seignement supérieur inclusif s’inscrit mation, des curricula, de la connais-
aussi dans le contexte particulier de : sance, de la recherche scientifique,
de l’innovation et de l’évolution des
• l’application
 de la Haute Directive technologies et de la connaissance
Royale appelant le Conseil Supérieur de manière générale.
 E NSEIGNEMENT S U PÉRIEU R INCL U S IF A U MA ROC :   / 15
ÉTAT DES L IEU X ET S T RAT ÉGIE S ECT ORIEL L EE L E

État des lieux :

Aujourd’hui, l’afflux aux établissements de l’enseigne-


ment supérieur s’est sensiblement amélioré en raison de
l’élargissement significatif de la capacité d’accueil et de
la diversification de l’offre universitaire. Par ailleurs, l’en-
seignement universitaire a connu une hausse importante
du taux d’inscription et les effectifs étudiants inscrits ont
plus que doublé depuis 2011.

Cependant, des difficultés importantes persistent et empêchent


l’émergence d’un enseignement supérieur qui répond aux exi-
gences de l’équité et de l’égalité des chances pour tous : Le
système souffre toujours d’un abandon précoce et de taux de
déperdition importants et malgré les efforts consentis, la capa-
cité d’accueil reste limitée par rapport à la demande sociale de
plus en plus croissante. Alors que sur le volet de l’inclusion des
populations estudiantines vulnérables, beaucoup reste à faire
surtout au niveau de l’infrastructure, de l’accompagnement et
de la lutte contre les représentations négatives dont font l’objet
ces populations et les clichés et stéréotypes y afférents dans
l’éducation aux valeurs et aux droits humains. Dans cette par-
tie de cet article nous avons essayé de mettre en évidence, en
fonction des données disponibles, les réalisations en faveur de
personnes en situation d’handicap ou à besoins spécifiques, de
l’égalité des genres et des personnes en situation de précarité
socio-économique :

•  Au niveau global, actuellement, ce sont 60,4% des personnes


en situation d’handicap qui n’ont pas accès à l’enseignement,
à cause de manque d’établissements répondants à leurs be-
soins spécifiques. 53,1% de cette population, qui ont accès à
16

l’enseignement, résident dans les •  Au niveau de la prévention des dis-


zones urbaines contre 25,4% en zones criminations et de la promotion de
rurales. Le taux de femmes en situa- l’égalité entre les femmes et les
tion d’handicap ayant accès à l’ensei- hommes, l’accès à l’enseignement
gnement reste très faible par rapport à supérieur a connu une avancée re-
celui des hommes : 16% contre 54,1%. marquable, le nombre d’étudiants
est passé de presque 448 000 en 2012
Au niveau de l’enseignement supé- à plus 750 000 en 2016, soit une aug-
rieur les efforts consentis, en faveur mentation de 67%. Cette augmenta-
des personnes en situation d’handi- tion a été profitable aussi bien pour le
cap, se sont limités à quelques me- sexe masculin que pour le sexe fémi-
sures qui concernent principalement nin, puisque 48% de l’ensemble des
l’appui social à ces personnes. A savoir étudiants sont de sexe féminin. Une
la priorité dans l’octroi des bourses so- proportion observée durant toute la
ciales et l’accès aux cités et restaurants période 2012-2016. Par ailleurs, Dans
universitaires. La mise en place des ac- les domaines d’études à accès dit
cessibilités n’est devenue obligatoire régulé ou sélectif, les femmes sont
que récemment dans tout projet de généralement mieux représentées.
construction d’établissement universi- A titre d’exemple, le taux de fémini-
taire, en introduisant des clauses rela- té dans les facultés de médecine et
tives à cet aspect dans les cahiers de de pharmacie et dans les facultés de
charge et appels d’offre de construc- médecine dentaire est de l’ordre de
tion universitaire. 76%. Ce taux dépasse 50% dans la
quasi-totalité des domaines à accès
Quelques universités vont au-delà régulé.
en prenant l’initiative et mettent en
place des modalités d’accompagne- Cependant, plus on avance dans les
ment des personnes en situation cycles de l’enseignement supérieur
d’handicap, en fonctions des moyens plus la présence féminine s’en trouve
et ressources disponibles. Ces initia- réduite en faveur du sexe mascu-
tives bien que bénéfiques, ne se font lin, en particulier dans les domaines
pas dans un cadre institutionnel et d’études à accès libre, au niveau des
ne concernent que peu d’établisse- cycles Master (40%) et surtout au ni-
ments universitaires. veau des études doctorales (30%).
 E NSEIGNEMENT S U PÉRIEU R INCL U S IF A U MA ROC :   / 17
ÉTAT DES L IEU X ET S T RAT ÉGIE S ECT ORIEL L EE L E

« Le plan
stratégique de
développement de
•  Concernant la précari- l’Enseignement Supérieur, gique de la réforme de
té socio-économique, de la Recherche Scientifique 2015-2030. « Pour une
et de la Formation
le département de des Cadres s’inspire école de l’équité, de la
l’enseignement supé- de la Vision stratégique qualité et de la promo-
rieur s’est toujours as- de la réforme tion ». Laquelle stratégie
suré la garantie d’un de 2015-2030 ». est élaborée, sur instruc-
minimum d’équité et d’éga- tion royale, par le Conseil
lité de chances en faveur des Supérieur de l’Education, de la
étudiants issus de milieux pauvres, formation et de la recherche scienti-
de zones rurales et des étudiants en fique en concertation avec une centaine
situation d’handicap ou à besoins spé- d’experts marocains dans différents
cifiques souffrant de précarité socio- domaines concernés par la probléma-
économiques. Par exemple, depuis tique de l’éducation, de la formation
2011, la valeur de la bourse sociale et de la recherche scientifique. Cette
a augmenté de 50% et le nombre de vision, après sa publication en fin 2015,
boursiers est passé de 182.500 bour- est devenue le cadre de référence à
siers à 330.000 boursiers en 2015, court, moyen et long termes de toute
soit un accroissement de +81%. De stratégie sectorielle en matière d’édu-
même le nombre de lits dans les ci- cation, de formation et de recherche
tés universitaires a augmenté de scientifique. Le MESRSFC, à l’instar
+36% et le nombre de repas servis des autres départements ministériels
annuellement s’est accru de 13% du- concernés, a élaboré son plan straté-
rant la même période. Les catégo- gique 2015-2030 à partir des recom-
ries d’étudiants, cités ci-dessus, sont mandations de cette vision. Si dans
prioritaires dans l’octroi de bourses cette dernière, tout un levier (Levier 4)
sociales et à l’accès aux cités, rési- est consacré à la problématique des
dences et restaurants universitaires. personnes en situation d’handicap ou
à besoins spécifiques, les autres volets
de l’inclusion n’y sont pas de moindre
Stratégie du MESRSFC
importance puisqu’ils constituent une
en matière d’inclusion :
problématique transversale commune
Le plan stratégique de développement à la majorité des leviers constituant la
de l’Enseignement Supérieur, de la Re- vision. Dans ce sens le plan stratégique
cherche Scientifique et de la Formation du MESRSFC, dans son premier axe :
des Cadres s’inspire de la Vision straté- « Amélioration de l’accès et des études
18

à l’enseignement supérieur pour at- La réalisation de ce projet se fera


teindre l’objectif d’équité, d’égalité de à travers les mesures suivantes :
chance et de l’apprentissage continu
et durable », consacre deux projets re- • la réalisation d’un état des lieux
latifs à l’inclusion. Il s’agit d’un projet des étudiants en situation
relatif à la mise en place d’un système de handicap dans le système
d’éducation inclusive au profit des per- de l’enseignement supérieur
sonnes en situation de handicap (1) et et la recherche scientifique ;
d’un deuxième projet relatif au Renfor-
cement de l’appui social au profit des • la réhabilitation des infrastructures
étudiants  (2). L’égalité des genres  (3) existantes afin d’assurer leur
constitue dans ce plan stratégique une adéquation avec les besoins des
question transversale que nous trou- étudiants, des enseignants et
vons aussi bien dans les projets à ca- des administratifs en situation
ractère pédagogique ou de formation de handicap, dans le respect des
que dans des projets spécifiques à la normes d’accessibilité, reconnues
recherche scientifique : au niveau international, relatives
à cette catégorie d’usagers et
Le projet (1), qui est un projet priori- la prise en considération de la
taire qui doit être programmé dès cette dimension personnes en situation
rentrée universitaire, a pour objectifs : de handicap dans tout nouveau
projet de création d’établissement ;
• la
 facilitation de l’accès à
l’enseignement supérieur aux • la
 mise en place de mécanismes
personnes en situation de handicap ; d’accueil, de soutien et de suivi
des étudiants en situation de
• la garantie de l’intégration des handicap au niveau de chaque
personnes en situation de handicap établissement universitaire ;
dans le but de faciliter leur réussite ;
• le
 développement de contenus et
• e
 t l’institutionnalisation de de méthodes innovantes d’ensei-
la dimension partenariat Public/ gnement en coordination avec des
Privé dans l’accompagnement enseignants spécialisés dans les
et le suivi des étudiants en situation différents handicaps et l’utilisation
de handicap. des technologies de l’information
 E NSEIGNEMENT S U PÉRIEU R INCL U S IF A U MA ROC :   / 19
ÉTAT DES L IEU X ET S T RAT ÉGIE S ECT ORIEL L EE L E

et des communications pour • et


 le développement de partena-
transmettre les connaissances et riats avec les entreprises privées
les compétences aux étudiants pour assurer des stages aux étu-
à besoins spécifiques ; diants en situation de handicap.

• l’instauration de modes d’évaluation Suivant toujours les efforts d’améliora-


spécifiques aux étudiants en tion de l’accès et de l’accompagnement
situation d’handicap ; des étudiants en situation de précarité
socio-économique, par ailleurs déjà fai-
• l’accréditation
 de filières de forma- sant l’objet d’un projet au niveau du plan
tion dans les domaines en relation d’action du MESRSFC de 2013-2016,
avec les personnes en situation de le projet (2) relatif au Renforcement de
handicap ou à besoins spécifiques ; l’appui social au profit des étudiants,
inscrit dans le plan stratégique 2015-
• l’intégration
 de l’accompagnement 2030 du Ministère et programmé pour
des étudiants, des enseignants et les court et moyen termes. Ce dernier
des administratifs à besoins spé- a pour objectif la mise à disposition
cifiques dans les référentiels de de ces étudiants des conditions favo-
l’assurance qualité et les évaluations rables pour poursuivre leurs études,
des établissements universitaires ; l’amélioration de leur vie estudiantine
et la garantie de l’égalité des chances
• l’établissement
 d’une charte com- à l’accès à l’enseignement supérieur.
mune aux secteurs public et privé
dans le but d’améliorer la situation Un ensemble de mesures sont préconi-
des personnes en situation de handi- sées, à court terme :
cap dans l’enseignement supérieur ;
• la
 mise en place de nouveaux
• l e développement de partenariats mécanismes de gestion et
avec les différents intervenants et d’attribution de bourses ;
acteurs dans le but de généraliser
l’accessibilité à l’ensemble des • la
 mise en place d’une assurance
établissements de l’enseignement maladie obligatoire (déjà effective
supérieur et de la recherche pour cette année universitaire) en
scientifique et dans les cités et faveur des étudiants et la réhabilita-
les restaurants universitaires ; tion et équipement des infrastruc-
tures relatives aux services de santé
20

« La baisse des parts


des filles au niveau des
Masters et des études
dans les établisse- doctorales n’est pas le fait de sensibilisation et de
ments universitaires ; de discrimination voulue ou recherche dans ce do-
préméditée, mais plutôt due
à une « culture sociétale » où maine. C’est ainsi qu’un
• et à moyen terme, la la femme dans le ménage certain nombre de me-
construction de cités a plus de responsabilité sures à court et moyen
universitaires et de res- que l’homme ». termes sont préconisées
taurants universitaires ad- dans le plan stratégique du
ditionnels dans les régions qui MESRSFC dans des projets de
en sont dépourvues ou moins dotées. formation et de recherche. Il s’agit entre
autre de :
Au niveau de l’égalité des genres, nous
avons constaté que ce problème ne se • l’accréditation,
 dans le cadre de
pose pas au niveau de l’enseignement la révision du système LMD, de
supérieur avec la même acuité que c’est formations sur l’approche genre ;
le cas pour l’enseignement primaire et
secondaire. Au niveau des parts des • la
 création dans les universités de
étudiants et étudiantes la parité est structures de recherche sur les
réalisée, sinon ces parts sont plus favo- études féminines et l’égalité des
rables pour les filles que pour les gar- genres avec la mise en place d’une
çons dans certains domaines d’études. dynamique autour de la recherche
La baisse des parts des filles au niveau dans ces domaines ;
des Masters et des études doctorales
n’est pas le fait de discrimination vou- • la
 pérennisation de la convergence
lue ou préméditée, mais plutôt due à et de l’articulation des efforts des
une « culture sociétale » où la femme différents partenaires dans leurs
dans le ménage a plus de responsa- initiatives pour l’égalité des genres :
bilité que l’homme et donc moins de universités, départements ministé-
temps à consacrer à des études su- riels concernés, organismes natio-
périeures approfondies. Cependant, naux et internationaux, chercheurs,
bien que cette problématique ne soit fondations, associations… ;
pas totalement de la responsabilité
de l’Université, celle-ci devrait parti- • l ’établissement durable du lien
ciper à lutter contre ces stéréotypes entre le genre et le développement
concernant la femme véhiculés dans pour une meilleure reconnaissance
notre société, et ce, à travers un travail des études sur le genre.
 E NSEIGNEMENT S U PÉRIEU R INCL U S IF A U MA ROC :   / 21
ÉTAT DES L IEU X ET S T RAT ÉGIE S ECT ORIEL L EE L E

Extrait de la nouvelle marocain œuvre à la réalisation de la pa-


constitution de 2011 rité entre les hommes et les femmes. Il est
créé, à cet effet, une Autorité pour la parité
et la lutte contre toutes formes de discri-
mination.
Article 6

La loi est l’expression suprême de la volon- Article 31


té de la nation. Tous, personnes physiques
ou morales, y compris les pouvoirs publics, L’État, les établissements publics et les col-
sont égaux devant elle et tenus de s’y sou- lectivités territoriales œuvrent à la mobi-
mettre. Les pouvoirs publics œuvrent à lisation de tous les moyens à disposition
la création des conditions permettant de pour faciliter l’égal accès des citoyennes et
généraliser l’effectivité de la liberté et de des citoyens aux conditions leur permet-
l’égalité des citoyennes et des citoyens, tant de jouir des droits :
ainsi que de leur participation à la vie po-
- aux soins de santé, à la protection
litique, économique, culturelle et sociale.
sociale, à la couverture médicale ;
- à la solidarité mutualiste ou
Sont affirmés les principes de constitu-
organisée par l’État ;
tionnalité, de hiérarchie et d’obligation de
publicité des normes juridiques. La loi ne - à une éducation moderne,
peut avoir d’effet rétroactif. accessible et de qualité ;
- à l’éducation sur l’attachement à
l’identité marocaine et aux constantes
Article 19 nationales immuables ;
- à la formation professionnelle et
L’homme et la femme jouissent, à égali- à l’éducation physique et artistique ;
té, des droits et libertés à caractère civil,
- à un logement décent ;
politique, économique, social, culturel et
environnemental, énoncés dans le présent - au travail et à l’appui des pouvoirs
titre et dans les autres dispositions de la publics en matière de recherche
Constitution, ainsi que dans les conven- d’emploi ou d’auto-emploi ;
tions et pactes internationaux dûment ra- - à l’accès aux fonctions publiques
tifiés par le Royaume et ce, dans le respect selon le mérite ;
des dispositions de la Constitution, des - à l’accès à l’eau et à un environnement
constantes et des lois du Royaume. L’État sain et au développement durable.
22

- faciliter l’accès des jeunes à la culture,


Article 32
à la science, à la technologie, à l’art, au
sport et aux loisirs, tout en créant les
La famille, fondée sur le lien légal du ma-
conditions propices au plein déploie-
riage, est la cellule de base de la société.
ment de leur potentiel créatif et innovant
L’État œuvre à garantir par la loi la protec-
dans tous ces domaines. Il est créé à cet
tion de la famille sur les plans juridique,
effet un Conseil consultatif de la jeunesse
social et économique, de manière à garan-
et de l’action associative.
tir son unité, sa stabilité et sa préservation.
Il assure une égale protection juridique et
une égale considération sociale et morale Article 34
à tous les enfants, abstraction faite de leur
situation familiale. Les pouvoirs publics élaborent et mettent
en œuvre des politiques destinées aux
L’enseignement fondamental est un droit
personnes et aux catégories à besoins
de l’enfant et une obligation de la famille
spécifiques. A cet effet, ils veillent notam-
et de l’État.
ment à :
Il est créé un Conseil consultatif de la famille
- traiter et prévenir la vulnérabilité
et de l’enfance.
de certaines catégories de femmes et
de mères, des enfants et des personnes
Article 33 âgées ;
- réhabiliter et intégrer dans la vie
Il incombe aux pouvoirs publics de prendre
sociale et civile les handicapés physiques
toutes les mesures appropriées en vue de :
sensorimoteurs et mentaux et faciliter
- étendre et généraliser la participation leur jouissance des droits et libertés
de la jeunesse au développement social, reconnus à tous.
économique, culturel et politique
du pays ;
- aider les jeunes à s’insérer dans
la vie active et associative et prêter
assistance à ceux en difficulté d’adapta-
tion scolaire, sociale ou professionnelle.
 E NSEIGNEMENT S U PÉRIEU R INCL U S IF A U MA ROC :   / 23
ÉTAT DES L IEU X ET S T RAT ÉGIE S ECT ORIEL L EE L E

Article 160 Il contribue également à l’évaluation des


politiques et programmes publics menés
Toutes les institutions et instances vi- dans ces domaines.
sées aux articles 161 à 170 de la présente
Constitution doivent présenter un rapport
Article 169
sur leurs activités, au moins une fois par
an. Ces rapports sont présentés au Parle-
Le Conseil consultatif de la famille et de
ment et y font l’objet de débat.
l’enfance, créé en vertu de l’article 32 de
Les institutions et instances de protection la présente Constitution, a pour missions
des droits et libertés, de la bonne gouver- d’assurer le suivi de la situation de la fa-
nance, du développement humain et du- mille et de l’enfance, d’émettre son avis
rable et de la démocratie participative. sur les plans nationaux relatifs à ces do-
maines, d’animer le débat public sur la
Les instances de protection et de promo-
politique familiale et d’assurer le suivi de
tion des droits de l’homme.
la réalisation des programmes nationaux,
initiés par les différents départements,
Article 168 structures et organismes compétents.

Il est créé un Conseil Supérieur de l’édu-


cation, de la formation et de la recherche
scientifique. Ce Conseil constitue une ins-
tance consultative chargée d’émettre son
avis sur toutes les politiques publiques et
sur toutes les questions d’intérêt national
concernant l’éducation, la formation et
la recherche scientifique, ainsi que sur les
objectifs et le fonctionnement des services
publics chargés de ces domaines.
24

L’inclusion et l’égalité des chances dans les politiques


publiques au Maroc : démarches institutionnelles

L’enseignement inclusif des personnes


en situation de handicap :
équation de l’équité et de la qualité

Ahmed Aït Brahim L’enseignement intégrateur est aujourd’hui l’un des grands
Chef de Division
défis qui se posent aux politiques publiques en matière de
de l’intégration sociale
des personnes en réforme du système de l’enseignement.
situation de handicap
Ministère
Il est aussi l’un des indices révélateurs du niveau d’accomplis-
de la Solidarité,
sement des grands projets lancés par de nombreux États pour
de la Femme,
réformer l’enseignement général afin de le rendre plus inclusif.
de la Famille et
En effet, le fait de garantir à toute personne en situation de han-
du Développement
dicap le droit d’accès intégral au système éducatif est une en-
social (MSFFDS) -
trée pour allier l’équité à l’efficacité dans le système scolaire et
Maroc
le rendre capable de répondre aux besoins de tous les individus
qui forment la société et de bien gérer les problèmes posés par
la diversité humaine et culturelle. Cet article traitera des ques-
tions essentielles pour comprendre la problématique de l’ensei-
gnement inclusif des personnes handicapées, à savoir :

- l’évolution des modalités de la prise en charge de l’handicap :


d’une approche caritative vers une approche droit ;
- l’éducation des personnes en situation de handicap :
de la prise en charge à l’inclusion ;
- les différents modèles de systèmes éducatifs dans leur
rapport avec les enfants en situation de handicap ;
• l’enseignement spécialisé ;
• l’enseignement intégrateur ;
• l’enseignement inclusif.
- la transition de l’enseignement spécial à l’enseignement
inclusif.
L’E NSE IGNE ME NT INC LUSIF D ES PERS ONNES EN S IT U AT ION DE HA NDICA P :  / 25
ÉQU AT ION DE L’ÉQU IT É ET DE L A QU A L IT É :  / 25

1 - Évolution des pratiques médicaux et des prestations sociales,


éducatives face aux modalités d’ateliers protégés destinés à offrir
de la prise en charge de du travail aux personnes handicapées
l’handicap : d’une approche capables de travailler, et de foyers si-
paternaliste caritative vers tués autour des grandes villes destinés
une approche juridique droit. à accueillir les personnes handicapées
mentales où celles-ci passent toute
leur vie jusqu’à leur décès.
L’intérêt des États pour les questions
du handicap a connu des étapes déci- À partir des années soixante-dix, des
sives, évoluant progressivement d’une associations à vocation sociale ont cri-
approche caritative axée sur l’assistan- tiqué le caractère restrictif et limitatif
ce à une approche droit fondée sur le de cette vision qui prévalait alors. Elles
développement humain. Cette évolu- ont montré son manque d’efficacité
tion peut être résumée comme suit. en affirmant que, loin de faciliter l’in-
tégration sociale et économique des
On peut considérer que l’époque qui personnes handicapées, elle tend à les
s’étend des années quarante aux an- isoler, à les marginaliser et à les mettre
nées soixante du siècle dernier, où l’on en quelque sorte au banc de la société.
assiste à la fin de la deuxième guerre Cette dénonciation a fait naître de nou-
mondiale et à celle de nombreux conflits velles idées et de nouveaux concepts
régionaux, est caractérisée par l’appari- en matière d’intégration des personnes
tion d’un discours de teneur sociale qui handicapées.
prend à cœur la défense des victimes,
notamment les personnes invalides, en La prise de conscience croissante de
prônant de s’intéresser à leur sort et à l’importance de cette question, notam-
leur offrir des soins spéciaux en vue de ment dans les pays européens et aux
leur réadaptation et réintégration au États-Unis, a provoqué la naissance d’un
sein de la société. puissant courant qui a conduit l’Orga-
nisation des Nations unies à prendre
Au cours de cette époque, c’est le une série d’initiatives et de résolutions,
modèle caritatif qui a prévalu dans de notamment la proclamation de 1981
nombreux pays européens. Il se carac- comme Année internationale des per-
térise principalement par la création de sonnes handicapées ayant pour thème
centres chargés de fournir des services « la pleine participation et l’égalité » et
26

la Décennie des Nations unies pour les verses approches liées aux questions
personnes handicapées (1983 – 1992) de l’intégration sociale des personnes
au cours de laquelle fut élaborée et mise handicapées ont donné lieu au fil du
au point une convention internationale temps à un large débat sur le plan
qui a débouché sur l’adoption d’un Pro- juridico-politique, lequel a été appro-
gramme mondial concernant les per- fondi au sein des instances et des or-
sonnes handicapées. La convention en ganisations dédiées à la défense des
question a permis la formulation et la droits de l’homme, y compris l’Organi-
mise en œuvre de politiques et de légis- sation des Nations unies et les agences
lations destinées à promouvoir les droits concernées de celle-là. L’année 2000
des personnes handicapées. Les efforts constitue un tournant crucial à ce su-
de l’ensemble de la communauté in- jet; en effet, c’est au cours de cette
ternationale ont été couronnés année que le rapporteur spé-
par l’adoption d’un nouveau cial a présenté un rapport
traité international en faveur « Après quatre au comité du développe-
années de négociations
des personnes handica- ment social nommé par
(de 2002 à 2006), a été
pées intitulé Règles pour adoptée la Convention le Conseil économique
l’égalisation des chances relative aux droits et social de l’ONU, lequel
des handicapés. des personnes comité, au vu de ce rap-
handicapées… » port, a recommandé de re-
Ces règles visent à réaliser connaître que le handicap
une participation complète et est une question qui relève des
une égalité réelle en faveur de cette ca- droits de l’homme et, en conséquence,
tégorie de la population. Elles posent d’élaborer une convention internatio-
un idéal que tous les États s’efforce- nale relative au respect des droits des
ront d’atteindre, constituent une ré- personnes handicapées. Après quatre
férence importante pour la mise en années de négociations (de 2002 à
œuvre du programme d’intégration des 2006), a été adoptée la Convention re-
personnes en situation de handicap et lative aux droits des personnes han-
offrent une garantie pour le droit de ces dicapées, qui constitue pour tous les
personnes à bénéficier des services so- États et les organisations une référence
ciaux dans tous les domaines de la vie. internationale en matière de participa-
tion sociale des personnes en situation
Les divergences au sujet de la significa- de handicap. Cette Convention a été
tion du concept de handicap et les di- ratifiée par le Maroc le 8 avril 2009.
L’E NSE IGNE ME NT INC LUSIF D ES PERS ONNES EN S IT U AT ION DE HA NDICA P :  / 27
ÉQU AT ION DE L’ÉQU IT É ET DE L A QU A L IT É :  / 27

2 - L’éducation des personnes modèle « idéal » en matière d’éduca-


en situation de handicap : tion, d’enseignement et de formation,
de la prise en charge à l’inclusion modèle qui s’est développé grâce au
soutien des associations et des familles
concernées. Ainsi, deux types d’ensei-
Le droit à l’enseignement est un droit
gnement coexistaient : l’enseignement
fondamental de l’homme qui ouvre la général, d’une part, et l’enseignement
voie d’accès à tous les autres droits re- spécialisé, d’autre part, réservé aux per-
connus universellement. L’enseignement sonnes en situation de handicap.
des personnes handicapées constitue
le plus grand défi qui se pose aux sys- La dernière décennie se distingue par
tèmes éducatifs de tous les États. L’in- une prise de conscience plus forte sur
térêt pour les personnes handicapées le plan juridico social à l’égard des
est passé progressivement d’un état de droits économiques, sociaux et cultu-
marginalisation totale à celui d’une prise rels des personnes handicapées. De
en charge de ces personnes dans des nombreuses organisations représen-
centres spécialisés. Par la suite, leur sco- tatives de ces personnes, soutenues
larisation au sein de structures d’ensei- par les instances internationales, ont
gnement ordinaire est devenue une re- commencé à sensibiliser le public et
vendication des organisations dédiées à revendiquer l’accès des enfants en
à la défense des droits des personnes situation de handicap dans les écoles
handicapées et de leurs familles. ordinaires pour leur permettre de jouir
pleinement de leur droit à l’enseigne-
Parmi les personnes en situation de han- ment.
dicap, celles ayant une déficience men-
tale ont été systématiquement interdites Dans son rapport intitulé Droit des
d’accès au système éducatif régulier. handicapés à l’enseignement, pré-
senté en 2006 au Conseil des droits
Jusqu’à la fin du XXème siècle, il n’était de l’homme, le rapporteur spécial de
pas facile aux enfants en situation de l’ONU a bien montré la façon dont les
handicap d’être scolarisés au sein du enfants en situation de handicap sont
système d’enseignement général. Ils exclus de l’enseignement général. Des
étaient pris en charge au sein de centres études ont montré les conséquences
spécialisés, souvent gérés par des as- de l’exclusion de ces personnes, qui
sociations de parents. C’était alors le les privent de jouir de leur droit à l’en-
28

seignement et empêchent leur parti- cial séparé de l’enseignement général. Il


cipation au développement. Dans ce suppose que les besoins « spéciaux » de
contexte, le rapport rédigé en com- ces apprenants ne peuvent être satisfaits
mun par l’Organisation mondiale de par des changements et améliorations
la santé et la Banque mondiale, publié des méthodes d’enseignement et d’ap-
en 2011, a montré que l’éducation est prentissage pratiquées au sein du sys-
une cause centrale à intégrer dans les tème d’enseignement général.
politiques de développement et que
nul ne pourra dire que telle société est En dépit du caractère limitatif du mo-
sur la voie du progrès lorsque 15% de dèle de l’enseignement spécialisé, fa-
sa population sont exclus des écoles vorisant l’exclusion des personnes han-
ordinaires et placés en marge des pro- dicapées du système d’enseignement
grammes économiques et sociaux /1. général, celui-ci ne manque pas de
traits positifs aux yeux des chercheurs.
En effet, il a permis l’invention et la
mise au point de méthodes et de tech-
3 - Les différents modèles
niques pédagogiques adaptées à l’en-
de systèmes éducatifs dans
seignement des enfants en situation de
leur rapport avec les enfants
handicap.
en situation de handicap
3.2 Enseignement intégrateur
3.1 Enseignement spécialisé
L’intégration (en anglais mainstreaming),
L’enseignement spécialisé, aussi appelé également appelée enseignement inté-
éducation spécialisée, est un concept qui grateur ou d’un groupe d’enfants ayant
présuppose l’existence d’une catégorie des besoins spéciaux dans les écoles ou
« spéciale » d’apprenants ayant des « be- les classes ordinaires, en leur fournissant
soins spéciaux en matière d’éducation des services éducatifs et un soutien sco-
et d’enseignement ». Le concept d’en- laire spéciaux.
seignement spécialisé a tendance à per-
cevoir le handicap comme étant un cas L’intégration scolaire vise à rétablir en
spécial auquel il faut fournir des services faveur des personnes ayant des be-
spécialisés dans un environnement spé- soins spéciaux des conditions d’égalité,

1 Rapport de la Banque Mondiale et l’Organisation Mondiale de la Santé, 2011.


L’E NSE IGNE ME NT INC LUSIF D ES PERS ONNES EN S IT U AT ION DE HA NDICA P :  / 29
ÉQU AT ION DE L’ÉQU IT É ET DE L A QU A L IT É :  / 29

à permettre leur pleine participation à compagnement. C’est là un pas quali-


l’apprentissage, à leur offrir les mêmes tatif sur la voie du progrès où l’on voit
chances dont disposent leurs autres ca- le système éducatif général s’ouvrir
marades et à supprimer toute discrimi- plus largement pour accueillir la diver-
nation à leur encontre, tout en admet- sité et la différence.
tant néanmoins les difficultés auxquelles
sont confrontées ces personnes. Toutefois, avec le temps, il s’est avéré
que ce modèle apparemment intégra-
L’intégration scolaire implique aussi la teur n’a pas toujours permis la pleine
fourniture de divers services aux per- intégration des enfants en situation de
sonnes ayant des besoins éducatifs handicap dans le système d’enseigne-
spéciaux. L’admission des personnes ment général en ses divers cursus. En
handicapées dans l’enseignement gé- effet, il implique que l’enfant handica-
néral peut se faire de deux manières, pé doive s’adapter au système d’en-
soit par leur intégration au sein de seignement général sans que des me-
classes dites « d’intégration scolaire » sures soient prises pour améliorer les
(en anglais resource rooms) /2, soit par différentes composantes du système
leur inclusion au sein des classes ordi- par la modification des méthodes de
naires en leur fournissant des services pédagogie et d’évaluation ou par celle
individualisés de soutien éducatif. des programmes. Cette expérience
a entraîné dans les systèmes d’ensei-
Le modèle de l’enseignement inté- gnement de certains pays, comme la
grateur a permis le passage d’un pre- France et le Maroc, une forme nou-
mier stade où les enfants en situation velle d’exclusion éducative avec l’appa-
de handicap étaient accueillis au sein rition au sein des écoles de deux cursus
de centres spécialisés à un deuxième d’enseignement parallèles : l’un pour
stade qui consiste en leur intégration les élèves en situation de handicap et
graduelle au sein du système d’ensei- l’autre pour les autres élèves, sans pas-
gnement général en leur fournissant serelles entre eux. Selon des études et
des services de préparation et d’ac- des rapports émanant d’organisations

2 Ce sont des classes équipées de moyens éducatifs spéciaux et dotées d’un enseignant ayant reçu une formation
spéciale le préparant à satisfaire les besoins spéciaux des élèves handicapés (Farouk Sadek, 2006).
3 Handicap International Maghreb - Ahmed Ait Brahim - Etude de l’état de scolarisation des enfants en situation
de handicap, ville de Salé 2011.
4 « inclusive education system » / « inclusive, quality, and free primary education / « enseignement primaire inclusif »
Article 24. CRDPH.
30

représentatives des personnes en si- recherches ont été dédiées à la problé-


tuation de handicap au Maroc /3, les en- matique de l’enseignement à fournir
fants en situation de handicap inscrits aux personnes en situation de handi-
dans les classes d’intégration scolaire cap et aux alternatives institutionnelles
ont bien moins de chances que leurs et pédagogiques mieux adaptées aux
camarades de s’inscrire pour passer les besoins spéciaux de ces personnes.
divers examens certificatifs et accéder
à un cycle d’enseignement supérieur. Dans les publications anglophones et
francophones relatives à ce sujet, l’en-
En dépit des aspects négatifs du mo- seignement inclusif, l’enseignement
dèle d’intégration des personnes en pour tous et l’éducation inclusive sont
situation de handicap dans le système des expressions synonymes. Les ver-
scolaire général, il n’en demeure pas sions arabe, française et anglaise de
moins que ce modèle a fait éclore un la Convention relative aux droits des
esprit nouveau au sein du système personnes sont des expressions syno-
d’enseignement qui était encore em- nymes, tout en se référant à un ensei-
pêtré d’idées fixes et de stéréotypes en gnement ouvert à tous /4.
matière de pédagogie et de gestion.
Cela a constitué une étape qui a pré- Dans le domaine arabe, nous trouvons
paré le terrain à l’enseignement inclusif. une multiplicité d’expressions pour dé-
signer). Nous allons examiner ces no-
3.3 Enseignement inclusif tions en détail, en indiquant toutefois
que nous allons (intégration scolaire)
La question de l’enseignement que la sera employée en un sens différent.
société doit offrir aux personnes en si-
tuation de handicap a acquis une grande 3.3.1 C
 oncept de l’enseignement
importance au cours de la dernière dé- inclusif
cennie. Elle est devenue prioritaire dans
les projets de réforme du système édu- L’enseignement inclusif, appelé aussi
catif dans de nombreux pays. De son l’éducation intégrée, constitue l’un des
côté, l’ONU a œuvré dans ce sens en principes directeurs de la Déclaration
propageant une approche Droit à tra- de Salamanque pour l’éducation et
vers l’adoption de conventions interna- les besoins spéciaux (Unesco, 1994).
tionales et la publication de rapports Cette déclaration recommande à tous
thématiques. De nombreuses études et les États d’adopter, dans la législation
L’E NSE IGNE ME NT INC LUSIF D ES PERS ONNES EN S IT U AT ION DE HA NDICA P :  / 31
ÉQU AT ION DE L’ÉQU IT É ET DE L A QU A L IT É :  / 31

et la planification, le principe de l’édu- té du système d’enseignement général


cation intégrée, en accueillant tous les dans l’éducation de tous les enfants.
enfants dans les écoles ordinaires, à
moins que des raisons impérieuses ne L’enseignement inclusif est fondé sur
s’y opposent. des références juridiques internatio-
nales, notamment la Règle 6 contenue
L’expression éducation inclusive dé- dans le document de l’ONU publié en
signe le processus qui tend à répondre 1993 intitulé Règles pour l’égalisation
à la diversité des besoins spéciaux de des chances des handicapés, règle
tous les apprenants (Unesco, 2005) /5, énonçant que «  les États devraient
vise à accroître la participation et à ré- reconnaître le principe selon lequel il
duire l’exclusion (cf. Handicap Interna- faut offrir aux enfants, aux jeunes et
tional, L’éducation inclusive) /6. aux adultes handicapés des chances
égales en matière d’enseignement pri-
Le Guide de l’éducation inclusive de maire, secondaire et supérieur, dans un
l’UNESCO  /7 définit l’inclusion comme cadre intégré et qu’ils devraient veiller
une opération qui répond à la diver- à ce que l’éducation des personnes
sité des besoins de tous les élèves handicapées fasse partie intégrante
grâce à une participation accrue dans du système d’enseignement. »
les domaines de l’apprentissage, des
cultures, et de réduire l’exclusion au Le principe de l’enseignement inclu-
sein du système d’enseignement géné- sif est renforcé par la Convention re-
ral. L’inclusion implique l’introduction lative aux droits des personnes han-
des aménagements dans les conte- dicapées, qui proclame à l’article 24
nus, les méthodes, les structures et que les États Parties reconnaissent
les stratégies pédagogiques (…). Elle le droit des personnes handicapées
implique aussi la ferme conviction des à l’éducation (…) à tous les niveaux,
décideurs et gestionnaires de la finali- en leur offrant, tout au long de la vie,

5 UNESCO, 2005: Guidelines for Inclusion: Ensuring Access to Education for All.
6 Handicap International, L’éducation inclusive – Document cadre, 2012.
7 Policy Guidelines on Inclusion in Education, UNESCO 2009.
8  Application de la résolution de l’Assemblée Générale n° 60/251 en date du 15 mars 2006, intitulée Conseil
des droits de l’homme : Droit des handicapés à l’enseignement – Rapport du rapporteur spécial chargé du droit
à l’enseignement.
9 Skrtic, cité par Susan Peters, T.M. (1991) – The Special Education Paradox: equity as the way to excellence,
Harvard Educational Review, 61 (2), pp. 148-206.
32

des possibilités d’éducation le même cap très tôt à une pleine participa-
article 24 stipule aussi de procéder « à tion dans la société. Par ailleurs, des
des aménagements raisonnables en études ont bien montré que l’ensei-
fonction des besoins de chacun. » (Ar- gnement inclusif peut être d’un bon
ticle 24, §2, c). rapport coût-efficacité /9.

Nous avons évoqué plus haut le célèbre


rapport rédigé par le rapporteur spé- 3.3.2 P
 rincipes directeurs pour la mise
cial des droits de l’homme sur la ques- en place l’enseignement inclusif
tion de l’enseignement des personnes
en situation de handicap /8. Dans son Les principes relatifs à la mise en place
rapport, il affirme que l’enseignement de l’enseignement inclusif peuvent être
dans son ensemble requiert un chan- tirés de plusieurs documents publiés
gement politique et culturel radical des par l’ONU ou par ses agences. On les
systèmes d’enseignement ; en d’autres retrouve notamment dans les textes des
termes, un système qui exclut des indi- conventions internationales comme la
vidus ne peut être le système intégra- Convention concernant la lutte contre
teur ou qui promet l’intégration, sinon la discrimination dans l’enseignement,
la question se réduit simplement à un la Convention sur les droits de l’enfant,
mécanisme qui remplace l’exclusion le Pacte international relatif aux droits
par l’inclusion pour continuer à contrô- économiques, sociaux et culturels et
ler les exclus. Toutefois, il y a lieu de la Convention relative aux droits des
rappeler ici l’apparition de formes d’in-
personnes handicapées. En outre, les
tégration paradoxales qui intègrent en
principes de l’enseignement inclusif
apparence et qui excluent en fait, par
encadrent un ensemble d’orientations,
une séparation des cursus au sein du
même établissement scolaire. notamment les Règles unifiées pour
l’égalisation des chances des handica-
L’enseignement inclusif est un espace pés (Nations unies, 1993), la Déclara-
qui permet aux individus de jouir com- tion de Salamanque pour l’éducation
plètement du droit à l’éducation. Il a et les besoins spéciaux (Unesco, 1994),
un effet positif sur les apprenants tant la Conférence mondiale sur l’éducation
sur le plan pédagogique que psycho- pour tous (Unesco, 1990) et le Forum
logique. Il contribue aussi à préparer mondial sur l’éducation, Dakar (Unesco,
les personnes en situation de handi- 2000).
L’E NSE IGNE ME NT INC LUSIF D ES PERS ONNES EN S IT U AT ION DE HA NDICA P :  / 33
ÉQU AT ION DE L’ÉQU IT É ET DE L A QU A L IT É :  / 33

Sept principes permettent de mettre des besoins éducatifs spéciaux


en place l’enseignement inclusif /10; doivent pouvoir accéder aux
ils se résument comme suit : écoles ordinaires ; celles-là doivent
les intégrer dans un système
• a
 pprendre ensemble : tous les pédagogique centré sur l’enfant,
élèves d’une communauté doivent capable de répondre à ces besoins ;
apprendre ensemble, dans la mesure
du possible, quels que soient leurs • lutter contre la discrimination :
handicaps et leurs difficultés ; les écoles ordinaires ayant cette
orientation inclusive constituent le
• o
 ffrir la possibilité d’atteindre moyen le plus efficace de combattre
le plus haut niveau de les attitudes discriminatoires,
développement : l’éducation est en créant des communautés
un droit fondamental de chaque accueillantes, en édifiant une
enfant qui doit avoir la possibilité société intégratrice et en atteignant
d’acquérir et de conserver un l’objectif de l’éducation pour tous ;
niveau d’instruction acceptable ;
• un enseignement d’un bon
• les caractéristiques propres : rapport coût-efficacité pour tous :
chaque enfant a des caractéris- les écoles assurent efficacement
tiques, des intérêts, des aptitudes l’éducation de la majorité des
et des besoins d’apprentissage enfants et accroissent le rendement
qui lui sont propres ; et, en fin de compte, la rentabilité
du système éducatif tout entier.
• u
 n curriculum intégrateur :
les systèmes éducatifs doivent
être conçus et les programmes 3.3.3 O
 bjectifs de l’enseignement
appliqués de manière à tenir inclusif
compte de cette grande diversité
de caractéristiques et de besoins ; L’enseignement inclusif tend à accroître
les chances de recevoir un enseigne-
• r épondre aux besoins éducatifs ment meilleur à toutes les personnes en
spéciaux  : les personnes ayant situation de handicap, nommément :

10 Tiré avec adaptation de la Déclaration de Salamanque pour l’éducation et les besoins spéciaux (UNESCO, juin 1994).
34

• celles qui ne vont pas à l’école, mais née scientifique. Bien au contraire, l’ex-
qui auraient pu y aller si leurs familles, clusion a un coût éducatif et social très
les communautés au sein desquelles lourd, car elle aggrave la faiblesse de
elles vivent et les systèmes édu- l’autonomie de l’individu en situa-
catifs de leurs pays étaient tion de handicap ; elle a aussi
à même de mieux ré- un coût économique, car
pondre à leurs besoins ; « L’exclusion a un un faible niveau d’acquisi-
coût éducatif et social
très lourd, car elle tion des connaissances de
• c elles qui vont à l’école, aggrave la faiblesse base rend la personne en
mais qui n’arrivent pas à de l’autonomie de situation de handicap in-
l’individu en situation
apprendre à cause de la de handicap… » capable de s’intégrer dans
mauvaise qualité de l’en- le processus de développe-
seignement et son carac- ment. Ainsi, l’enseignement
tère inadapté ; inclusif est une alternative parado-
xalement plus économique que l’ensei-
• c elles qui vont dans des centres spé- gnement spécialisé.
cialisés, car le système d’enseigne-
ment général n’est pas préparé pour
Plusieurs organisations, instituts de
satisfaire à leurs besoins éducatifs
recherche et agences internationales
spéciaux.
ont traité la question de l’éducation in-
tégratrice. Ainsi, l’Agence européenne
3.3.4 Avantages de pour l’éducation adaptée et inclusive
l’enseignement inclusif a publié une étude dont la conclusion
affirme que les systèmes éducatifs des
Certains écrits ont pris le parti de justi- États qui ont enregistré une bonne
fier l’enseignement spécialisé pour les performance sont ceux qui ont réussi
personnes en situation de handicap en à améliorer les conditions d’apprentis-
le qualifiant d’alternative la plus raison- sage pour tous les enfants (Agence eu-
nable au motif que leur intégration au ropéenne, 2012). Cette même agence a
sein du système de l’enseignement gé- publié un guide intitulé Cinq messages
néral peut avoir un impact négatif sur le clés pour l’éducation inclusive (Agence
rendement interne du système et son ni- européenne, 2013). L’équipe de travail
veau de performance. C’est là une idée de l’Agence européenne a publié aussi
fausse qui ne s’appuie sur aucune don- un article d’analyse au terme duquel
L’E NSE IGNE ME NT INC LUSIF D ES PERS ONNES EN S IT U AT ION DE HA NDICA P :  / 35
ÉQU AT ION DE L’ÉQU IT É ET DE L A QU A L IT É :  / 35

elle conclut que « ce qui est bon pour De nombreuses études ont montré
des élèves ayant des besoins parti- que les élèves sans difficulté particu-
culiers l’est également pour tous les lière réagissent positivement quand ils
élèves » /11. ont l’occasion de jouer avec des élèves
en situation de handicap. Par ailleurs,
En 2013, une autre étude publiée par dans le système inclusif, les occasions
l’Organisation de Coopération et de sont fréquentes pour les personnes
Développement Économiques ob- handicapées de nouer des liens d’ami-
serve que l’amélioration des appren- tié entre elles (Kachef Mansour, 1988).
tissages des élèves à niveau scolaire
faible est sans influence sur le cursus Dans le cadre de l’application du Pacte
et la performance des élèves à niveau international relatif aux droits écono-
scolaire élevé. miques, sociaux et culturels, notam-
ment le droit à l’éducation énoncé à l’ar-
Dans leur publication de 1988, Van- ticle 13, un rapport international a défini
dercook, Fleetham, Sinclair and Tetile quatre éléments caractéristiques et es-
notent que l’inclusion des personnes sentiels requis pour jouir complètement
handicapées dans les écoles et les du droit à l’éducation, à savoir : dota-
classes du système d’enseignement tions suffisantes, accessibilité, accepta-
général sera bénéfique à tous les bilité et adaptabilité. L’enseignement,
élèves (ceux-là auront l’occasion d’ap- sous toutes ses formes et à tous les ni-
prendre les uns des autres ; chacun veaux, doit avoir ces caractéristiques
sera plus attentionné envers l’autre ; ils interdépendantes et essentielles telles
acquerront les attitudes, aptitudes et qu’elles sont développées ci-dessous /12 :
valeurs sociales nécessaires et propices
à la formation de bons citoyens). Il est a    Dotation   -   les établissements d’en-
donc possible de conclure que l’inté- seignement et les programmes édu-
gration des personnes en situation de catifs doivent exister en nombre suffi-
handicap dans les écoles et les classes sant. Leur fonctionnement est tributaire
du système d’enseignement général de nombreux facteurs, dont l’environ-
aboutit à relever leur niveau scolaire. nement dans lequel ils opèrent : par
exemple, dans tous les cas, il faudra pré-

11 Publication intitulée Intégration scolaire et pratiques pédagogiques effectives (Agence européenne, 2003, p.38).
12 Comité des droits économiques, sociaux et culturels, Application du pacte international relatif aux droits
économiques, sociaux et culturels, Le droit à l’éducation (art. 13 du pacte), Observation générale n° 13.
36

voir des bâtiments suffisamment pro- - accessibilité économique : l’éducation


tégés, des toilettes tant pour les filles doit être économiquement à la portée
que les garçons, un approvisionnement de tous. Il y a lieu de noter à ce sujet que
en eau potable, des enseignants ayant le paragraphe 2 de l’article 13 est libellé
reçu une formation et percevant des sa- différemment selon le niveau d’ensei-
laires compétitifs sur le plan national, gnement considéré : l’enseignement pri-
des matériels pédagogiques, etc. Dans maire doit être « accessible gratuitement
d’autres cas, il faudra prévoir également à tous », tandis que les États parties sont
certains équipements, par exemple une tenus d’instaurer progressivement la gra-
bibliothèque, des ordinateurs et du ma- tuité de l’enseignement secondaire et
tériel informatique. de l’enseignement supérieur;

 b     Accessibilité   -    les établissements  c     Acceptabilité - la forme et le conte-


d’enseignement et les programmes édu- nu de l’enseignement, y compris les
catifs doivent être accessibles à tout un programmes scolaires et les méthodes
chacun, sans discrimination, fondée sur pédagogiques, doivent être accep-
une quelconque des considérations. L’ac- tables (par exemple, pertinents, cultu-
cessibilité revêt trois dimensions qui se rellement appropriés et de bonne quali-
chevauchent : té) pour les étudiants et, le cas échéant,
les parents - sous réserve des objectifs
-    non-discrimination : l’éducation doit que doit viser l’éducation, tels qu’ils
être accessible à tous en droit et en fait, sont énumérés au paragraphe 1 de l’ar-
notamment aux groupes les plus vulné- ticle 13, et des normes minimales en
rables, sans discrimination fondée sur matière d’éducation qui peuvent être
l’une des considérations sur lesquelles approuvées par l’État (voir les para-
il est interdit de la fonder (voir les para- graphes 3 et 4 de l’article 13) ;
graphes 31 à 37 sur la non-discrimina-
tion) ;  d Adaptabilité - L’enseignement doit
être souple de manière à pouvoir être
-   accessibilité physique : l’enseigne- adapté aux besoins de sociétés et
ment doit être dispensé en un lieu rai- de communautés en évolution, tout
sonnablement accessible (par exemple, comme aux besoins des étudiants dans
dans une école de quartier) ou à tra- leur propre cadre social et culturel.
vers les technologies modernes (par
exemple, l’enseignement à distance) ;
L’E NSE IGNE ME NT INC LUSIF D ES PERS ONNES EN S IT U AT ION DE HA NDICA P :  / 37
ÉQU AT ION DE L’ÉQU IT É ET DE L A QU A L IT É :  / 37

La liberté en matière d’éducation, énon- l’inclusion dans l’éducation, UNES-


cée à l’article 13, est interprétée comme CO 2009), dotant ainsi le corps en-
étant la liberté de choix des parents seignant d’un moyen qui lui permet
ou des tuteurs par rapport au type de d’assurer le développement cognitif,
scolarité (écoles publiques ou privées), affectif, social et créatif de l’enfant.
sous réserve du respect des normes mi-
nimales réglementées par l’État.
Pour savoir comment traiter les trois di-
mensions que sont les cultures, les po-
3.3.5 Dimensions du cadre d’action
litiques et les pratiques, Ainscow et son
équipe /16 a proposé un cadre d’action.
L’opérationnalisation de l’enseignement
Chacune de ces trois dimensions sub-
inclusif requiert de travailler sur des di-
divisées en sections thématiques, tout
mensions de base /13, à savoir : les poli-
en proposant pour chacune d’elles des
tiques, la culture et les pratiques, com-
indices de performance.
posantes inter-reliées qui se complètent
les unes les autres, afin de minimiser les
—> DIMENSION A :
divers obstacles qui gênent la participa-
Créer une culture
tion et l’apprentissage des élèves dans
d’éducation inclusive :
la vie scolaire, sachant qu’il est néces-
- Section A.1 Bâtir une collectivité
saire d’accorder une attention spéciale
- Section A.2 Établir des valeurs inclusives
aux enfants vulnérable /14. C’est un pro-
cessus qui s’étale dans le temps, ten-
—> DIMENSION B :
dant à lever peu à peu les obstacles qui
Produire des politiques
barrent le chemin qui mène à l’équité.
d’éducation inclusive :
- Section B.1 Développer une école
Le changement des politiques im-
pour tous
plique un changement culturel /15 af-
- Section B.2 O
 rganiser le soutien
fectant les attitudes et les concep-
à la diversité
tions stéréotypées prévalant dans le
milieu enseignant. Le changement
—> DIMENSION C :
de politiques requiert aussi un chan-
Développer des pratiques
gement du curriculum de manière à
d’éducation inclusive :
le rendre plus souple et plus ouvert
- Section C.1 O
 rganiser les apprentissages
à tous (cf. Principes directeurs pour
- Section C.2 Mobiliser les ressources
38

3.3.6 L
’enseignement inclusif
est un défi sociétal prendre en compte les intérêts, habi-
letés et expériences de chaque enfant
Des chercheurs considèrent l’inclu- (Moran, 2007).
sion scolaire comme un processus
étroitement lié à l’adoption de va- L’intégration scolaire est une approche
leurs sociales et éducatives de justice normative centrée sur l’intervention
et d’équité (Moran, 2007 ; UNESCO, auprès des élèves ayant des besoins
1994). Plus spécifiquement, nombreux spéciaux. Elle cherche à amener ces
sont les acteurs ou actrices et les cher- derniers le plus près possible de leurs
cheurs ou chercheuses dans le do- pairs « normaux » par le recours à des
maine de l’éducation qui choisissent services spécialisés et l’adaptation
d’inscrire le développement d’écoles des programmes (Moran, 2007). Ainsi,
inclusives dans une vision transforma- l’école intégratrice ne s’adapte et ne
tive de la société (Hick, Kershner & Far- se transforme pas réellement (Mitchell,
rel, 2009). Par ailleurs, l’inclusion se ca- 2005) ; elle tente plutôt d’aider l’élève
ractérise par la responsabilité partagée à s’adapter à une structure scolaire pré-
de chercher de nouvelles façons de définie (Loreman, Deppeler & Harvey,
construire les curricula et de concevoir 2005).
l’apprentissage afin que tous les élèves
participent, s’acceptent et collaborent Par ailleurs, une étude a montré d’une
(Ainscow, 2009 ; Booth, Nes & Strøms- manière convaincante que l’équité et
tad, 2003 ; Brown & Bauer, 2001). la performance des écoles peuvent
aller ensemble (UNESCO, Learning
La vision transformative se distingue divides, Willms, 2006).
d’une vision assimilatrice de l’école
(Booth et al., 2003). La gestion de la
diversité dans une perspective assimi-
latrice s’associe plutôt à l’intégration
scolaire et se limite à placer ensemble
tous les apprenants sans respecter et

13  Guide de l’éducation inclusive : développer les apprentissages et la participation à l’école.


Tony Booth et Mel Ainscow. Édition et production pour le CEEI Mark Vaughan.
14 Ainscow, Booth et Dyson, Improving Schools, Developing Inclusion, Routledge, 2006, p. 25.
15 Policy guidelines on inclusion in education, UNESCO, 2009.
16 Tony Booth et Mel Ainscow - Guide de l’éducation inclusive- CEEI-2002.
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ÉQU AT ION DE L’ÉQU IT É ET DE L A QU A L IT É :  / 39

Relever le défi de l’enseignement dix, la société civile a lancé une cam-


inclusif : expériences internationales /17 pagne contre les abus de la médecine
psychiatrique dont les pratiques théra-
La Norvège est l’un des États qui s’est peutiques étaient à l’époque critiquées
lancé tôt (dès le début des années à juste titre, et cette campagne a été
soixante-dix) dans la mise en œuvre des couronnée par la fermeture de nom-
principes de l’enseignement inclusif en breuses institutions de psychiatrie.
l’intégrant au sein d’une nouvelle vision
culturelle et politique en matière d’édu- Le système éducatif italien a adopté des
cation. À présent, il ne reste dans ce pays mesures visant à réduire le nombre des
que très peu de structures éducatives élèves dans les classes accueillant des en-
spécialisées. Les enfants en situation de fants handicapés et à former des experts
handicap ne sont placés dans une struc- chargés de fournir instruction, conseil et
ture spécialisée qu’à la demande de leurs soutien aux enseignants en charge de ces
parents. La formation de base des ensei- classes.
gnants comporte des cours de pédago-
gie traitant des besoins éducatifs spé- Quand il s’agit d’allier la qualité de l’en-
ciaux. L’État reconnaît les associations de seignement à l’équité, la Finlande pré-
parents d’élèves comme des organisa- sente le bon modèle d’une école do-
tions partenaires dans la conception et le tée de multiples spécialités, équitable
modelage du projet éducatif de l’école. pour tous les enfants et bannissant
toute discrimination. Les bons résul-
L’Italie s’est distinguée aussi par une tats des écoles finlandaises sont notés
politique audacieuse dans le domaine dans le document de l’Organisation
de l’éducative inclusive. Elle a opté de coopération et de développe-
progressivement pour le chemin de la ment économiques (OCDE) relatif au
désinstitutionalisation, et elle a fini par Programme international pour l’évalua-
passer du stade de l’intégration des tion des élèves (PISA)  /18, résultats obte-
personnes handicapées dans les écoles nus grâce à l’accueil des enfants ayant
ordinaires au stade de l’enseignement des besoins spéciaux et des élèves lents
inclusif. Le paysage social en Italie se à apprendre dans les écoles ordinaires
distingue aussi par la présence forte des (Halinen & Järvinen, 2008).
associations. Dans les années soixante-

17  Revue suisse des sciences de l’éducation, n° 35 (1) 2013, p. 77.


18  OECD – PISA - Programme for international student assessment.
40

Alternatives diverses pour l’enseignement des élèves en situation de handicap

Systèmes séparés

Écoles pour les personnes Centres ou écoles réservé(e)s aux personnes en situation
« normales » avec un programme de handicap avec des programmes spéciaux et sans
d’enseignement général. passerelles avec le système d’enseignement général.

Système inclusif Système d’intégration scolaire

Les enfants handicapés apprennent avec leurs


camarades dans un environnement éducatif
à accès facile et avec un programme souple qui Classes d’intégration scolaire
tient compte de la diversité et des différences.

structures d’enseignement existantes


4 - Le passage de l’enseignement
qui séparent et excluent des catégories
spécialisé à l’enseignement inclusif
d’élèves qualifiées de « difficiles » ou de
« différents ». Néanmoins, on reconnaît
Le passage à l’enseignement inclusif de plus en plus qu’une inclusion dans
n’est pas un simple changement tech- des écoles ordinaires a un impact béné-
nique ou organisationnel  ; c’est plutôt fique aux enfants ayant des besoins spé-
une dynamique de transformation gé- ciaux, quelles que soient l’ampleur et la
nérale qui s’inspire d’une philosophie diversité des formes de soutien spécial
bien fondée. Cette transition vers la ré- dont ils auront besoin. Des études me-
alisation d’une inclusion la plus com- nées dans des pays membres de l’Orga-
plète possible est souvent difficile et se- nisation de coopération et de dévelop-
mée d’embûches à cause du poids des pement économiques (OCDE) et dans
L’E NSE IGNE ME NT INC LUSIF D ES PERS ONNES EN S IT U AT ION DE HA NDICA P :  / 41
ÉQU AT ION DE L’ÉQU IT É ET DE L A QU A L IT É :  / 41

d’autres pays indiquent que les élèves d’une manière qui n’est pas vraiment
souffrant de handicaps obtiennent des inclusive et qui aboutit en fait à les sé-
résultats meilleurs dans les milieux sco- parer de leurs autres camarades. Ce qui,
laires inclusifs. au bout du compte, ramène à la situa-
tion antérieure où les besoins éducatifs
La relation entre l’enseignement spéciali- de tous les élèves ne sont pas vraiment
sé et l’enseignement inclusif reste néan- satisfaits.
moins bien compliquée /19. Par exemple,
les élèves sourds doivent apprendre la Pour cette raison, le rapporteur spé-
langue des signes et les élèves aveugles cial affirme que le modèle de l’enseigne-
apprendre le braille au début de leur ment intégrant tous les élèves ne doit
apprentissage /20. Ils peuvent d’ailleurs pas être considéré comme un « système
apprendre ces langages dans les écoles adapté à tous ». En effet, si la mise en
inclusives qui, à cette fin spécifique, sé- œuvre de ce modèle est fondée sur les
pareront l’élève sourd ou aveugle du deux principes de la participation et de
reste des élèves, ce qui, dans ces deux la non-discrimination, celui-ci doit être
cas, contredit quelque peu l’objectif pro- innovant et souple pour être en mesure
clamé de l’inclusion totale. Une autre dif- de prendre en compte les besoins de
ficulté, à laquelle nous avons fait allusion chaque individu, et de gérer la diversité
plus haut, apparaît lorsqu’on confond des handicaps et la diversité culturelle.
« admission » et « inclusion ». En effet, il y
a des cas où des élèves en situation de En ce qui concerne les enfants, l’ensei-
handicap sont admis dans des écoles gnement inclusif doit, d’abord et avant
spéciales sans recevoir le soutien sup- tout, ménager « les intérêts supérieurs
plémentaire nécessaire leur permettant de l’enfant ». À ce sujet, il est néces-
de satisfaire pleinement à leurs besoins saire de renoncer à la focalisation sur le
éducatifs individuels ; il y a d’autres cas « handicap » selon l’approche médicale
où des élèves en situation de handicap et de considérer les besoins éducatifs
sont admis dans des écoles ordinaires de chaque élève, qu’il soit handicapé

19 A pplication de la résolution de l’Assemblée Générale n° 60/251 en date du 15 mars 2006, intitulée Conseil
des droits de l’homme : Droit des handicapés à l’enseignement – Rapport du rapporteur spécial chargé du droit
à l’enseignement, M. Vernor Muñoz Villalobos.
20 Markku Jokinen, “ Meeting the best interests of the child through special education in the context of inclusive
education and the identification of specific services required by students with disabilities ”, Speech of the expert
meeting on the right to education of persons with disabilities, OHCHR, Geneva, November 2006.
42

« La nécessité d’un


débat au sujet (… )
des idées d’inclusion et
ou non. Ces considéra- d’éducation pour tous, afin des personnes handi-
tions sont à prendre en que le changement du système capées et a exprimé sa
compte lorsqu’on en- éducatif ne se réduise pas volonté de conserver le
à simplement changer la
visage la mise en place désignation des catégories droit de dispenser aux
d’un enseignement in- et des problématiques enfants handicapés l’en-
clusif. dites « différentes ». » seignement dans des lieux
situés loin des communautés
Il faut donc admettre la né- où ils vivent dès lors qu’il existe
cessité d’un débat de fond au su- ailleurs des centres éducatifs plus
jet des conceptions et des desseins adaptés à leurs besoins spéciaux en
que recouvrent les idées d’inclusion matière d’éducation  /22.
et d’éducation pour tous, afin que le
changement du système éducatif ne se De nombreuses expériences montrent
réduise pas à simplement changer la aussi que l’admission des enfants handi-
désignation des catégories et des pro- capés dans des écoles ordinaires, si elle
blématiques dites « différentes », mais, n’est pas accompagnée de transforma-
bien au contraire, se concrétise par la tions structurelles (dans divers domaines,
mise en place de nouvelles méthodes tels que l’organisation, le contenu des
pour organiser les rapports éducatifs cours et les stratégies d’enseignement
entre toutes les parties de la commu- et d’apprentissage), sont préjudiciables
nauté scolaire. aux droits éducatifs des handicapés
et le demeureront pour des raisons di-
Le passage d’un enseignement spé- verses  /23.
cialisé basé sur la séparation à un
enseignement inclusif n’est pas une L’article 24 de la Convention relative
affaire facile  /21. La Grande-Bretagne aux droits des personnes handica-
avait émis des réserves au sujet des pées appelle à la mise en place d’un
paragraphes 2(a) et 2(b) de l’article 24 enseignement inclusif, c’est-à-dire qui
de la Convention relative aux droits permet aux personnes en situation de

21 A pplication de la résolution de l’Assemblée Générale n° 60/251 en date du 15 mars 2006, intitulée Conseil
des droits de l’homme : Droit des handicapés à l’enseignement – Rapport du rapporteur spécial chargé du
droit à l’enseignement.
22 http : //www.wipo.int/treaties/ar/remarks.jsp ?enty_id=3934C
23 Application de la résolution de l’Assemblée Générale n° 60/251 en date du 15 mars 2006, intitulée Conseil
des droits de l’homme : Droit des handicapés à l’enseignement – Rapport du rapporteur spécial chargé
du droit à l’enseignement.
L’E NSE IGNE ME NT INC LUSIF D ES PERS ONNES EN S IT U AT ION DE HA NDICA P :  / 43
ÉQU AT ION DE L’ÉQU IT É ET DE L A QU A L IT É :  / 43

handicap d’accéder complètement au teindre le plus haut développement


système de l’enseignement général. possible. Il en résulte que l’ensei-
Une lecture analytique et cohérente gnement inclusif est un ensemble de
du texte de cet article, en ayant pré- mesures, de structures et d’environ-
sent à l’esprit les textes des rapports nements, se complétant les unes les
émanant des commissions et des ins- autres, qui offrent à tous les enfants
tances chargées de traiter des ques- sans discrimination la plus grande
tions relatives aux droits de l’homme, possibilité de développement, de
montre que la convention susdite pré- participation et d’efficacité.
conise :
Il est utile ici de rappeler le cas des
• ue des mesures d’accompagne-
q sourds dans des pays comme la Suède
ment individualisé efficaces soient ou le Royaume-Uni, où la possibili-
prises dans des environnements qui té d’apprendre deux langues est une
optimisent le progrès scolaire et la condition de l’égalité dans l’enseigne-
socialisation, conformément à l’ob- ment dispensé, ou celui des sourds
jectif de pleine intégration (para- en Suisse où le soutien apporté dans
graphe 2(e)), et les premières étapes de l’enseigne-
ment conduit plus tard à l’égalisation
•  ue l’on veille à ce que les personnes
q des chances éducatives. Dans ces deux
aveugles, sourdes ou les deux à la cas, sont appliqués les principes de
fois – en particulier les enfants – re- compensation et de différence de trai-
çoivent un enseignement dispensé tement, lesquels ne peuvent être taxés
dans la langue et par le biais des ici de pratiques discriminatoires, mais
modes et moyens de communication correspondent à une reconnaissance
qui conviennent le mieux à chacun, de droits spécifiques, comme celui de
et ce, dans des environnements qui l’acquisition de la langue des signes
optimisent le progrès scolaire et la utilisée dans le pays dans des condi-
socialisation. tions particulières. Plus généralement,
la notion d’enseignement inclusif n’im-
Il s’agit là de mesures de soutien spé- plique pas qu’il faille ignorer la parti-
cial et individualisé, non excluantes cularité des personnes qui forment la
ni discriminatoires, appliquées dans catégorie des « handicapés », mais im-
des environnements décrits par la plique de ne pas considérer cette par-
convention comme permettant d’at- ticularité comme un facteur négatif ou
44

un point faible en se fondant sur des ordinaires en leur fournissant les connais-
théories basées exclusivement sur le sances et les expertises dont ils ont be-
modèle médical  /24. soin, et que ces écoles spéciales - ou des
unités à l’intérieur d’écoles intégratrices
L’UNESCO, dans la Déclaration de Sa- - peuvent continuer d’offrir l’éducation
lamanque de 1994, avait suggéré que la mieux adaptée aux enfants handica-
les écoles spéciales peuvent également pés, relativement peu nombreux, qui
servir de centres de formation et de res- ne peuvent pas être accueillis dans les
sources pour le personnel des écoles écoles ou les classes ordinaires.

24 A pplication de la résolution de l’Assemblée Générale n° 60/251 en date du 15 mars 2006, intitulée Conseil
des droits de l’homme : Droit des handicapés à l’enseignement – Rapport du rapporteur spécial chargé du
droit à l’enseignement.
45
:  / 45

Réflexions sur les groupes


cibles de RUMI
46

LES 4 GROUPES
CIBLES DE RUMI :

Étudiant(e)s Appréciation Étudiant(e)s Étudiant(e) s


en situation par approche étranger(e)s souffrant
de handicap « Genre » de la précarité
Étudiant(e) s
étranger(e) s
socio-
Étudiant(e)s Étudiant(e)s
en situation de soumis à provenant économique
handicap : l’inégalité de nationalités
6,8% des marocains différentes : Étudiant(e)s
des chances
ont un handicap 65 nationalités soumis(es) à
suite à des
et uniquement sont présentes des contraintes
0,11% accèdent préjugés
et stéréotypes dans les universités de pauvreté
à l’université ; et de précarité
parmi eux, véhiculés dans marocaines ;
les problèmes socio-économique :
très peu le monde
se basent ici l’origine rurale
décrochent universitaire
un diplôme. sur la diversité et la fragilité
en particulier ;
culturelle, familiale
et dans la société
les difficultés qui causent
marocaine en
linguistiques l’abandon
général
et les problèmes des études.
(appréciation
par approche d’intégration
genre). dans la société
marocaine.
RÉF L EXIONS SLUES
R LRÉS
ES U LTAT SPES
GROU DUCIBLES
PROJETDERU MI  / 47
RUMI  47

Le questionnaire à destination
des quatre groupes
cibles du projet RUMI
Cadre conceptuel & résultats factuels

Mohammed Cadre conceptuel du questionnaire :


Youbi Idrissi
Coordinateur Les réflexions menées en vue d’élaborer l’enquête sur
pédagogique
l’enseignement inclusif au Maroc ont permis de dégager une
du projet RUMI,
Professeur vue d’ensemble sur les contraintes qui sanctionnent les étu-
à l’Université diants en difficultés d’intégration dans l’enseignement supé-
Abdelmalek rieur. Un questionnaire fut réalisé en faveur des 4 groupes
Essaâdi, Tétouan
cibles du projet RUMI ; les objectifs visés de cet exercice
étaient, entre autres, de :

• interroger les étudiants sur leur façon de voir les choses et


comprendre leurs doléances en relation avec l’amélioration des
conditions de l’inclusion dans le système universitaire marocain ;
• collecter les informations qui concernent les étudiants cibles ;
• améliorer et informatiser ces supports d’informations
en les soumettant à un traitement spécifique ;
• actualiser, compléter et compiler les données existantes.
Vu la particularité de ce livrable, surtout dans ses volets
conceptuels, techniques et opérationnels, les partenaires du
projet RUMI ont aussi tôt entrepris une démarche de concerta-
tion et de réflexions partagées. Un premier effort était déployé
pour s’enquérir d’abord de l’information existante chez les
partenaires institutionnels (MESRSFC /1, MSFFDS /2, & ONDH /3)

1M
 ESRSFC : Ministère de l’Enseignement Supérieur de la Recherche Scientifique et
de la Formation des Cadres / www.enssup.gov.ma/fr
2M
 SFFDS : Ministère de la Solidarité de la Femme,
de la Famille et du Développement Social / www.social.gov.ma/fr
3O
 NDH : Observatoire National de Développement Humain /www.ondh.ma
48

en capitalisant sur leurs bonnes pra- « L’enseignement supérieur relève de


tiques et expériences acquises dans la responsabilité de l’État qui en assure
le domaine de l’élaboration des ques- la planification, l’organisation, le déve-
tionnaires et de la conduite des études loppement, la régulation et l’orienta-
et enquêtes similaires aux thématiques tion selon les besoins économiques,
retenues par le projet RUMI. sociaux et culturels de la Nation, qui
en définit la politique nationale avec
De même, les partenaires ont tablé sur le concours de la communauté scienti-
l’apport de l’expérience concluante fique, du monde du travail et de l’éco-
de certains partenaires européens nomie ainsi que des collectivités lo-
dans le domaine de l’élaboration des cales et particulièrement des régions ».
questionnaires, et ont visé par consé-
quent de s’en enrichir. Ce regard croi- Par ailleurs, le MESRSFC défend le
sé entre ce qui se fait en Europe, en potentiel de formation au Maroc en
matière de l’élaboration des question- mettant en relief des chiffres clefs de
naires et de la conduite des enquêtes, l’offre en formation supérieur et en
et ce qui se fait au Maroc est à même rappelant les principes fondamentaux
de rapprocher les points de vue et qui régissent le système d’enseigne-
d’affiner les attentes d’un tel travail. ment supérieur au Maroc en termes
Un effort de contextualisation s’est d’accessibilité, de gratuité, de services
avéré nécessaire pour coller à la fois (bourses, logement, restauration, dé-
à la réalité des situations au Maroc et placement,etc.) et en jetant la lumière
de bénéficier de l’expérience acquise sur l’ensemble des mesures qui accom-
en Europe selon les démarches en- pagnent l’étudiant dans sa vie universi-
treprises dans des cas de réussite si- taire. Une stratégie de déconcentration
milaires aux objectifs assignés par le des établissements universitaires joue
projet RUMI. justement en faveur du rapprochement
de ces établissements des populations,
•  
Du point de vue du Ministère de notamment dans les régions éloignées,
l’Enseignement Supérieur de la Re- et participe clairement à dynamiser
cherche Scientifique et de la Forma- le développement des régions. De
tion des Cadre (MESRSFC), les actions même, la réforme de l’enseignement
entreprises s’inscrivent dans le cadre supérieur marocain joue en faveur du
de la Loi 01.00 dont notamment rapprochement de ce dernier de l’es-
l’Article 1 qui stipule que : pace européen (statut avancé Maroc-
RÉF L EXIONS S U R L ES GROU PES CIBLES DE RUMI / 49

UE) et avantage considérablement son le questionnaire sur l’environnement


ancrage africain. socio-économique, le questionnaire
Ménage, l’organisation et déroule-
•  De son côté le Ministère de la Soli- ment de l’enquête (contrôle de don-
darité, de la Femme, de la Famille, nées, saisie de données, traitement et
et du Développement Social (MS- analyse des données), etc.
FFDS) vient de publier les résultats
de l’« Enquête nationale sur la préva- •  
Les approches développées par
lence du Handicap au Maroc (2014) ». l’ONDH ont le mérite d’évaluer « Le
Des précisions sont apportées quant handicap dans les politiques publiques
à la méthodologie de l’enquête quan- marocaines face au creusement des
titative et les instruments de collectes inégalités et à l’appauvrissement des
de données. Beaucoup d’enseigne- familles avec des ayant droit en situa-
ments sont retenus de l’organisation tion de handicap ». Le cadre concep-
et de déroulement de cette enquête tuel de ces approches répond à quatre
pilote et une analyse détaillée des ré- préoccupations majeures, à savoir  :
sultats y est faite.
- nécessité d’aboutir à des données
L’enquête réalisée par le MSFFDS a fiables, scientifiques et actualisées ;
l’avantage de s’appuyer sur des don- - meilleure identification
nées statistiques actualisées et fiables des besoins en relation avec
qui ont servi pour la mise en place la thématique de l’inclusion ;
d’un plan d’action gouvernemental - recherche appliquée au service
pour la promotion des droits des per- du plaidoyer ;
sonnes en situation de handicap. Pour
atteindre cet objectif des dispositifs - objectif de faire évoluer
ont été mis en place pour assurer une les politiques publiques…
Base de Sondage fiable et de travail-
ler sur un échantillon qui assure un ni- De même, il ressort des premiers
veau élevé de précision (95%). La mé- constats des études menées par
thodologie adoptée par le MSFFDS l’ONDH que le surcoût du handi-
était amplement commentée en ce cap contraint les ménages à une
qui concerne les critères de ciblage plus grande austérité financière, et
des type d’habitat (urbain, rural), la a un impact réel sur la hausse du taux
qualité des fiches de dénombrement, d’appauvrissement des ménages et
50

condamne les Personnes en Situation Structure du questionnaire  /4 :


de Handicap (PSH) à un accès très li-
mité, voire parfois inexistant, aux ser- Le questionnaire, fruit de toute cette dé-
vices. L’impact du handicap sur les re- marche de concertation et d’échange
venues des familles et leur éventuel d’idées entreprise par les partenaires du
processus d’appauvrissement est projet RUMI, a été finalement élaboré
évident dans plusieurs cas de figures, selon une structure présentée en trois
parties distinctes selon le modèle suivant :
notamment avec des situations de
handicap sévères à très sévères. • une première partie (questions
d’ordre général) réservées à toutes
Il ressort de ce qui précède, que les étudiantes et tous les étudiants ;
le projet RUMI a tout à gagner en • une deuxième partie consacrée res-
s’inspirant des démarches et métho- pectivement aux trois groupes cibles
dologies préconisées par les parte- du projet RUMI, à savoir :
naires institutionnels de ce projet
(MESRSFC, MSFFDS & ONDH). Le > Étudiant(e)s avec précarité socio-économique ;

Consortium se félicite donc que les > Étudiant(e)s en situation de handicap ;

deux ministères précités, ainsi que > Étudiant(e)s étranger(e)s.

l’ONDH soient des partenaires ins-


titutionnels à haute valeur ajoutée, • une troisième partie (approche
car leur contribution était concluante genre pour perception de l’inclusion,
ayant certainement aidé à atteindre de l’égalité des chances et de cer-
les objectifs assignés par RUMI et tains stéréotypes) réservée à tous les
étudiant(e)s peu importe leur appar-
pour aller de l’avant dans la réalisa-
tenance/ou non à une catégorie des
tion de résultats tangibles et fiables.
trois groupes cibles susmentionnés.

Par souci de facilitation, deux versions


sont présentées aux étudiant(e)s, l’une
en arabe et l’autre en français.

4 C f. en annexe les différentes questions retenues pour apprécier l’inclusion dans le système d’enseignement
supérieur au Maroc.
RÉF L EXIONS S U R L ES GROU PES CIBLES DE RUMI / 51

Étudiant(e) s souffrant de
la précarité socio-économique

Étudiant(e)s en situation
de handicap  titre indicatif, quelques résultats
A
du traitement du questionnaire.
Étudiant(e)s n’appartenant
à aucune des trois catégories
précédente (approche genre) Il va sans dire qu’il est hors question de
rapporter dans cet ouvrage l’ensemble
Étudiant(e)s étranger(e)s
des résultats auxquels le questionnaire
a donné lieu. Plusieurs enseignements
sont à retenir, soit université par univer-
sité, soit dans le traitement global de
Informatisation et mise en ligne l’ensemble des réponses. Beaucoup de
du questionnaire /5 conclusions très intéressantes à consi-
dérer peuvent faire l’objet d’une publi-
Aussitôt l’élaboration du questionnaire cation à part et dont la lecture rensei-
fut finalisée et adoptée par les parte- gnera certainement sur les points de
naires RUMI dans sa structure géné- vue des étudiant(e)s qui ont exprimé
rale, un effort de mise en forme et de librement leurs opinions dans le présent
digitalisation de la totalité des ques- questionnaire. C’est un échantillon de
tions était fourni pour permettre à un 3700 réponses qui traduisent des si-
grand nombre d’étudiant(e)s d’y accé- tuations différentes géographiquement,
der facilement depuis n’importe quelle nuancées socio-économiquement et qui
université marocaine partenaire. Aussi, donnent lieu à des lectures croisées très
était-il d’un grand secours la mise en intéressantes à plus d’un titre.
ligne du questionnaire et sa domicilia-
tion sur la page web du projet RUMI
(www.rumi-project.org). La collecte de
l’information s’est opérée pendant 14
mois, du 01/11/2014 au 01/01/2016. La
totalité des réponses sont centralisées
au niveau de l’UAE qui se chargera de
faire parvenir les résultats du question-
naire à chaque université partenaire.

5 Le questionnaire est toujours domicilié sur la page web du projet RUMI. Cliquer sur le lien ci-après pour l’activer :
https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSeGPoy08nupdG1Yea_bZk9R0_V7P30u_HIfgSWX8lu5uhY_
RA/viewform?fbzx=8077802981915309507
52

Résultat du quetionnaire_RUMI au 31 janvier 2016


Toutes catégories confondues / par université partenaire

2000
1800
1864

1600
1400
1073

1200
1000
791

800
608

524
600
435
343

293
400
265

179

293
114

179
200

99
114

92
89

62

79
53
37

45

37
34

25
39

12
0
Université Université Université Université Université Université Université Université Université Ibn
Abdelmalek Mohammed V / Ibn Tofail / Moulay Internationale Mohammed Moulay Cadi Ayyad / Zohr / Agadir
Essaâdi / Rabat Kenitra Ismail / de Rabat Premier/Oujda Soulaiman / Marrakech
Tétouan Meknès Benimellal

■ Réponses en français ■ Réponses en arabe ■ Total des réponses

• P
 articipation des universités marquées selon les attentes des
partenaires au questionnaire : un(e)s et des autres et les ambitions
il était question de constater les des un(e)s et des autres…
différences enregistrées entre
université publiques et université • L es réponses apportées par
privée (UIR) ; entre le contexte socio- les groupes cibles considérés
économique de chaque université ; dans le projet RUMI donnent lieu
entre garçons et filles, etc. également à une grille de lecture
nettement marquée selon que l’on
• L e traitement des questions par s’estime appartenir à un groupe ou
approche genre homme/femme à un autre. L’essentiel des réponses
révèlent des appréciations nettement apportées par les étudiant(e)s

Réponses selon filles & garçons / par université partenaire

1000
900
951

800
913

700
600
500
400
309
299

260
264

300
144
149

200
100
56

49
50

45
47
47

39
40

18
19

0
Université Université Université Université Université Université Université Université Université Ibn
Abdelmalek Mohammed V / Ibn Tofail / Moulay Internationale Mohammed Moulay Cadi Ayyad / Zohr / Agadir
Essaâdi / Rabat Kenitra Ismail / de Rabat Premier/Oujda Soulaiman / Marrakech
Tétouan Meknès Benimellal

■ Réponses filles ■ Réponses garçons


RÉF L EXIONS S U R L ES GROU PES CIBLES DE RUMI / 53

Répartition des réponses selon groupe cible


par toutes les université marocaine partenaire
du projet RUMI

■ Etudiant(e) en situation de précarité


socioéconomique
■ Etudiant(e) en situation de handicap
■ Etudiant(e) étranger
■ Avis selon
approche genre
situation de handicap et les étrangers)
1889
1573 reste somme toute limitée au regard
de leur effectif limité en comparaison
avec les deux autres catégories.

• L e traitement des questions,


44 92 selon chaque groupe cible, et par
université partenaires donne lieu à
des comparaisons sous tendues par
qui ont pris part à cet exercice est les différences géographiques et
constitué par les étudiant(e)s qui socio-économique.
se définissent en tant qu’étudiant(e)
s souffrant de la précarité socio- • G
 endériser à chaque fois les
économique, ou tout simplement des réponses par distinction homme/
étudiant(e)s qui veulent s’exprimer femme révèle des cas de figures
sur des questions de stéréotypes nettement intéressants à considérer
et d’approche genre ; la quantité puisque le questionnaire permet de
de réponse collectées pour les faire la part des choses selon que
deux autres groupes (personnes en l’on est étudiant ou étudiante.

Répartition des réponses selon groupe cible /


par université partenaire et par genre : filles & garçons
494

500
475

433

450
416

400
350
300
250
200
169
159

156
153

150
124
120

100
94
95
88
91
13

50
9 10

12

46
48

48

17
41

16

5
34
35
28
29
16
8

19
20

18
13

12
5

3
12

23
3

11
11
3
11

2
1

01

0
5
9

5
5

1
1

2
1
3

Université Université Université Université Université Université Université Université Université Ibn
Abdelmalek Mohammed V / Ibn Tofail / Moulay Internationale Mohammed Moulay Cadi Ayyad / Zohr / Agadir
Essaâdi / Rabat Kenitra Ismail / de Rabat Premier/Oujda Soulaiman / Marrakech
Tétouan Meknès Benimellal
■ Filles ■ Garçons ■ Filles ■ Garçons ■ Filles ■ Garçons ■ Filles ■ Garçons
Étudiant(e) en situation de Étudiant(e) en situation Étudiant(e) étranger Avis selon approche genre
précarité socioéconomique de handicap
54

• L a grille de lecture selon • P


 lace de RAMED /6 dans la révélation
les indicateurs de la précarité de la précarité socio-économique
socio-économique donne lieu à des familles des étudiant(e)s.
des recoupement de situations
qui mettent en relation plusieurs
éléments : par exemple Précarité socio-économique / Votre famille
bénéfice-t-elle de RAMED ? (total réponses 3687)
ci-après le revenu de la famille
et les prestations médicales ■ Oui
dont bénéficient la famille ■ Non
de l’étudiant(e). ■ En cours

6
Précarité socio-économique : revenu de 29,3
la famille en Dh par mois (total réponse 3687) 64,7

■ Moins de 2350 dh / par mois


■ Entre 2350 et 5000 dh / par mois
■ Plus de 5000 Dh par mois

19%
77%
4% • L a grille d’analyse des opinions
exprimées par les personnes en
situation de handicap permet de
s’enquérir des besoins, doléances
et opinions de ce groupe cible.
Dans l’ensemble le pourcentage
de ce groupe cible dans les
universités marocaines partenaires
reste très limité (0,11%) en
comparaison avec la prévalence
du handicap au Maroc estimée
à 6,8 % de la population globale

6 RAMED : Régime d’Assistance Médicale, destiné aux familles les plus démunies.
RÉF L EXIONS S U R L ES GROU PES CIBLES DE RUMI / 55

Étudiant(e)s étrangers : Dans quel pays


souhaitez-vous travailler après vos études
au Maroc? (total réponses 44)

■ Mon pays d'origine


■ Maroc
(2014). Les étudiant(e)s en ■ Autres déstination
situation de handicap sont surtout
majoritairement représentés 26%
dans les universités marocaines
partenaires par respectivement 64%
la situation de handicap moteur 10%
et visuel.

Répartition des situations de handicap


dans les universités marocaines partenaires
(effectif 92) • Q
 uoique l’écrasante majorité des
étudiant(e)s continue à pencher
■ Visuelle vers l’emploi dans le secteur public
■ Auditive (60%), néanmoins une tendance
■ Physique (motrice) notoire commence à se dessiner
Dyslexie

Maladie chronique
en faveur de l’auto-emploi (29%) et
■ 5,6%
5,6% 27,8% un penchant pour le secteur privé
(11%). Ceci révèle des situations
5,6% d’adaptation en réponse à la rareté
d’offre d’emplois que montre
77,8%
le secteur public.

Préférence pour le mode d’emploi


Total réponses 3687
• L e groupe cible des étudiants
étrangers renseignent amplement ■ Dans le secteur public
sur les besoins, doléances et opinions ■ Dans le secteur privé
de ces étudiants. Ici-bas un exemple ■ Auto-emmploi (création de ta propore
entreprise)
de leur attente du mode de l’emploi.
révélateur. 29%

• É
 tudiant(e)s étrangers : 60%
Dans quel pays souhaitez-vous
11%
travailler après vos études au Maroc ?

• (total réponses 44)


56

Approche genre :
enjeux et perspectives

Mohammed CONSTATS D’ORDRE GÉNÉRAL :


Youbi Idrissi
Coordinateur
Aborder la question de l’approche genre, de l’équité et de
pédagogique
du projet RUMI, l’égalité des chances dans le cadre du projet RUMI, appelle, à
Professeur
notre sens, un certain nombre de remarques pour définir
à l’Université
Abdelmalek objectivement le contexte et la portée d’un tel exercice.
Essaâdi, Tétouan

En effet, le projet RUMI offrait une occasion très pertinente pour


vérifier « In situ » l’ancrage des notions susmentionnées dans les
sphères universitaires et sociétales, et mesurer le degré de leur
appropriation par les différents acteurs et partenaires.

Une évaluation globale, à froid, nous permet de relever donc


plusieurs points de forces qui renseignent sur les développe-
ments positifs, et parfois avant-gardistes, dans ces domaines
au sein de la société marocaine. Cependant, beaucoup de
zones d’ombre persistent et appellent donc de doubler d’efforts
pour pallier les difficultés constatées et améliorer les degrés
d’appropriation de ces notions et valeurs.

POINTS DE FORCE :

•  Le tissu associatif féminin au Maroc est très actif et peut être
considéré parmi les composantes brillantes, de par sa diversi-
té et ses actions, en ce qui concerne la promotion et défense
des valeurs de l’équité, de l’approche genre et de l’égalité des
chances. C’est le résultat d’un long parcours de mobilisation,
de lutte, de travail ardu et de militantisme pour faire avancer
les choses et bouger les lignes en termes d’égalité entre tous
et toutes, et pour moins de violence à l’encontre des femmes.
RÉF L EXIONS S U R L ES GROU PES CIBLES DE RUMI / 57

A ce titre de nombreuses associations leur droit de vote et de candidature


féminines s’activent pour réaliser des ayant pour finalité de permettre aux
percées notoires en la matière en femmes de s’impliquer convenable-
s’appropriant la logique et les outils ment dans les instances des collectivi-
de l’approche genre, de l’équité et de tés territoriales (locales et régionales),
l’égalité des chances. voire législatives sur le plan national.

•  
Au Maroc, beaucoup de femmes •  Les effectifs dans les différents éta-
sont considérées comme des icônes blissements d’enseignement supé-
en termes d’engagement politique rieur tendent à la parité (50% gar-
et de militantisme. De génération en çons & 50% filles) ; parfois le taux de
génération des militantes ont fait leur réussite et d’excellence est nette-
preuve face aux multiples exactions ment supérieure chez les filles que
nourries depuis la période coloniale, chez les garçons. Les chiffres dont
conduites même au lendemain de nous disposons à travers les campus
l’indépendance et perpétrées durant des universités partenaires du projet
les années de plombes. C’est pour RUMI dressent des situations somme
dire que le tissu associatif féminin au toute semblables, avec de légères
Maroc est dépositaire d’un héritage fluctuations d’une université à l’autre.
haut en combativité pour défendre Les filières des lettres et Sciences
les droits de l’homme d’une manière Humaines, Médecine et pharmacie,
générale, et les droits des femmes Médecine dentaire, Formation des
en particulier. enseignants, Institut supérieur des
Sciences de la santé enregistrent une
•  Le souci de promouvoir la participation progression des filles sur les garçons
féminine en termes d’engagement po- en termes d’effectif. Les filières des
litique est supporté par plusieurs as- Sciences, Techniques et Technologie
sociations féminines qui encouragent les effectifs sont à égalité entre filles
la prise de conscience et la partici- et garçons. Par contre, les garçons
pation des femmes dans les activités restent majoritaires dans les filières
politiques. Aussi, ces dernières dé- suivantes : Sciences et Sciences de
ploient-elles beaucoup d’efforts pour l’Ingénieur, Sciences juridiques, éco-
encourager les femmes à participer nomiques et sociales, Commerce et
dans la vie politique et s’approprier le Gestion et l’enseignement originel
processus électoral tout en exerçant (Sciences de la religion).
58

Représentation des élu-e-s (homme/femme) suite aux éléctions


communale du 04 septembre 2015, Cas de la ville de Tétouan

20
18

15 14

10
8
5 4
5 4
2
1 1 1
0
PJD RNI PAM Istiqlal USFP

Homme Femme

•  
Ceci traduit des mutations démo- • A
 u Maroc, les élections communales
graphiques et comportementales du 04 septembre 2015 ont donné
qui impacteront surement l’évolu- lieu à une configuration de conseils
tion des pratiques liées au genre communaux où la présence de la
non seulement dans la société et femme est de plus en plus confir-
l’environnement socio-économique, mée. Quoi que cette configuration
mais également dans les représen- diffère sensiblement d’un parti à
tations culturelles que l’on se fait de l’autre (cf. le cas de la commune de
cette problématique. Tétouan, fig. ci-dessus).

•  L’entreprenariat féminin a également RECOMMANDATIONS


ses femmes leaders qui gagnent POUR LE LONG TERME :
de plus en plus de la place dans le
monde des affaires et grignotent • R
 evisiter les manuels scolaires à tous
leur part du marché. Beaucoup les niveaux, et notamment depuis le
d’associations féminines conduisent primaire, pour y apporter les modifi-
avec professionnalisme et qualité cations pédagogiques nécessaires et
beaucoup de projets ayant pour bonnes attitudes d’apprentissage re-
mission d’engager les entreprises quises permettant de bannir, à terme,
féminines sur la voie de l’innovation, les stéréotypes les plus dérangeantes
de la qualité et de la coopération à qui régissent encore les relations
l’échelle locale, régionale, nationale Hommes/femmes et qui sont malheu-
et internationale. reusement toujours ancrés dans l’ima-
RÉF L EXIONS S U R L ES GROU PES CIBLES DE RUMI / 59

ginaire collectif d’une large frange échelles et l’absence des mesures


de la population. Exposé de cette de reddition des comptes, etc. il est
manière, les choses semblent faciles communément admis que l’approche
et évidentes, mais il ne faut pas se genre ne puisse émerger comme une
leurrer à ce propos car nous sommes préoccupation majeure chez une
ici devant une complexité extrême grande majorité de la population,
où les phénomènes sociétaux n’évo- moins encore un remède à tous les
luent pas forcément selon une ligne maux qui traverse la société…
rectiligne, ascendante et permettant
d’atteindre toujours les objectifs as- RECOMMANDATIONS
signés d’une manière automatique et POUR LE MOYEN TERME :
déterministe. Loin s’en faut ! Mais tou-
cher aux manuels scolaires pour com- • M
 ettre en application les différentes
bler les lacunes, pallier les difficultés closes et articles stipulés dans la
et rectifier les clichés en tous genres constitution marocaine qui stipulent
est, à notre sens, un préalable pour justement de combattre et de ban-
amorcer le changement. Et puisque nir toutes formes de discrimination
c’est un changement qui aspire à faire de quelle manière qu’elle soit. De
évoluer les mentalités et les attitudes 2011 à aujourd’hui beaucoup de
sur un terrain des plus conflictuels, il choses ont été initiées fort heureu-
est prudent d’inscrire ces mutations sement, mais nous sommes encore
sur le long terme. très loin de l’esprit de la constitution
qui aspire à la création de l’Autorité
• O
 pérer les réformes nécessaires à tous pour la parité et la lutte contre
les niveaux pour que l’approche genre toute discrimination basée sur le
ne soit plus considérée comme un luxe genre. Malgré l’adoption de la pra-
dont on peut se passer, ou du moins tique du « quota » à plusieurs niveaux,
un palliatif pour qui il est difficile d’ac- la représentation de la femme dans
corder une importance extrême. En les différentes instances nationales ré-
effet, face aux multiples dysfonction- gionales et communales reste en ré-
nements socio-économiques et terri- alité largement en deçà des objectifs
toriaux, au regard de l’injustice dont assignés. L’exemple de la représen-
souffrent plusieurs catégories de po- tativité des femmes universitaires
pulation, le manque des pratiques de dans les conseils d’établissements
bonnes gouvernances à différentes (7%) confirme ce constat !
60

• P
 rocéder à la « gendérisation » des depuis 2010, il n’en demeure pas
données par rapport à toutes les moins vrai que sa portée reste limitée
activités et en mobilisant tous les et sans impact réel sur l’égalité des
moyens pour rendre cette pratique chances entre hommes et femmes.
un exercice commun dans toutes les
administrations. Hormis les secteurs • T
rouver les moyens d’impliquer les
de l’éducation et de la santé où les associations féminines ayant une
données sont présentées souvent longue expérience dans les do-
selon la représentativité masculine maines du plaidoyer en faveur de la
et féminine, il est difficile, voire im- femme et qui ont fait de l’approche
possible, de mettre la main ou de genre un cheval de bataille depuis
collecter de l’information « gendéri- fort longtemps. L’on a mentionné au
sée » dans plusieurs autres adminis- début de cet article l’importance des
trations. Le manque de cette pra- associations de femmes militantes,
tique traduit l’esprit, somme toute engagées et porteuses de grands
« machiste », qui prévaut dans plu- projets et qui ont toute l’expérience
sieurs administrations publiques et requise pour faire aboutir les choses.
privées. L’une des conséquences de Malheureusement, nous ne les trou-
ce procédé est l’opacité des don- vons pas suffisamment représentées
nées qui ne permet pas de faire la parmi les instances qui sont à même
part des choses entre hommes et de faire bouger les lignes et chan-
femmes et conduit par conséquent ger sensiblement les choses. Ceci
à dresser des situations globales et interpelle sur le degré de mobilisa-
généralisatrices où le manque de tion conduit en amont pour faire ad-
traitement des données par genre, hérer un large spectre de femmes
en termes de besoins, de spécifici- dans le processus d’élaboration des
tés et de doléances, conduit à des projets de développement. Est-ce
visions « monochrome » de la société qu’elles sont invitées à ce processus,
où l’autre composante féminine de mais ne jugent pas utile de prendre
la société semble absente pour ne part à cet exercice peu crédible à
pas dire oubliée ! leurs yeux, car non élaboré sur des
bases concertées et communément
• R
enforcer la démarche relative à la acceptées ? Ou ont été tout simple-
budgétisation sensible au genre. Quoi ment, pour ne pas dire délibérément,
que cette mesure ait été généralisée écartées de ce processus ?
RÉF L EXIONS S U R L ES GROU PES CIBLES DE RUMI / 61

Étudiants et
approche genre  : 
les femmes à l’université marocaine,
un chemin vers l’égalité mais…

Zohra Lhioui Dans l’un de mes articles publiés, j’avais commencé par
Professeur
une anecdote familiale dont voici le récit : « J’avais encore
à l’Université
Moulay Ismail, dix ans quand, ma mère, analphabète mais d’une grande
Meknés
perspicacité, me répétait continuellement, jusqu’à l’agace-
ment quelquefois : tes études sont la clé de ta dignité, de
ta liberté, elles t’éviteront de tendre la main à ton mari ou
à quelqu’un d’autre ».

« A l’époque, vers la fin des années soixante, je ne saisissais pas


la sagesse du message de ma mère. Le modèle des femmes
indépendantes à ce moment-là se limitait à nos institutrices
avec à leur tête la directrice de l’école. Notre rêve, à nous les
filles, était donc de devenir institutrices, le poste de directrice
demeurait une chimère.

Je suppose qu’à l’époque beaucoup de mamans au foyer sou-


haitaient à leurs filles de terminer leurs études et d’occuper des
postes importants, ces mères et ces filles ne tarderont pas à
constituer tout un mouvement féminin qui va militer et revendi-
quer l’égalité entre les deux sexes dans les droits et les chances,
lequel mouvement continue à être mené jusqu’à nos jours mal-
gré les acquis réalisés depuis les années soixante-dix. »

Le Maroc se développe et évolue à un bon rythme comparé à


la majorité des autres pays arabes. L’implication croissante des
femmes dans ce processus est une évidence. Elles ont accédé
62

à l’instruction et investissent progressive- stipulent une parfaite égalité homme-


ment des domaines longtemps réservés femmes avec l’engagement et la res-
aux hommes. ponsabilité de l’État à garantir l’exercice
de cette égalité.
Les femmes marocaines ont le droit
d’être fières du défi qu’elles ont levé Un pas géant a été ainsi réalisé. Et grâce
depuis l’indépendance du pays en à l’intégration du concept du genre dans
1956, celui d’accéder à l’école, à l’édu- les politiques publiques, la budgétisation
cation, à l’enseignement supérieur, sensible au genre a été initiée depuis l’an
aux postes de responsabilité les plus 2000 dans le but de réduire les inégali-
élevés. Sur le plan juridique, plusieurs tés hommes-femmes et d’améliorer les
réformes législatives, notamment le conditions de vie des femmes et donc sa
Code de la famille (2004) et le Code participation active au développement
de la nationalité (2007) ont été adop- du pays.
tées, des mesures ont été mises en
œuvres pour encourager les femmes à Malgré cette avancée nette des acquis
occuper des postes de décision telles et des droits des femmes, les inéga-
que la liste nationale /1 des femmes lités persistent au niveau juridique
aux élections législatives (60 sièges sur (l’héritage, le mariage des mineures en
395) et le quota à respecter dans les recrudescence, le droit successoral, la
listes locales. violence à l’égard des femmes…), au ni-
veau économique (les femmes touchent
La nouvelle constitution adoptée le 1er un salaire inférieur à celui des hommes
juillet 2011 est venue consacrer le prin- dans le privé et sont minoritaires à la
cipe de l’égalité entre les femmes et les tête des entreprises…). Sur le plan po-
hommes à tous les niveaux : politique, litique, abstraction faite des sièges ré-
économique, social et civil. Dès son servés aux femmes au parlement grâce
préambule, cette constitution proclame à la liste nationale qui sont passés de 30
l’attachement du Maroc à la lutte contre à 60, aucune amélioration n’est à sou-
toutes formes de discrimination fondée ligner. La participation politique reste
sur le genre. Les articles 6, 19, 30, 31 encore loin de l’objectif de la parité.

1 L es listes nationales (Féminine+Jeunesse) ont été mises en place pour garantir des sièges à une certaine catégorie
sociale « défavorisée » par le vote : catégorie des femmes et des jeunes. C’est ce qu’on appelle : la discrimination
positive par quotas de sièges. Cette méthode de discrimination positive est très débattue. Pour certains,
elle est anti-démocratique, d’autres pensent qu’elle est la consécration de la démocratie.
RÉF L EXIONS S U R L ES GROU PES CIBLES DE RUMI / 63

En terme de scolarisation des filles, étudiantes représentent dans le cycle


le Maroc réalise un véritable bond en normal 48%, c’est au niveau des mas-
avant. Les femmes représentent 48% ters et des doctorats que l’écart se
du total des étudiants de l’enseigne- creuse. Un échantillon de statistiques
ment supérieur. Il y a certes une réduc- de l’université Moulay Ismaïl (année
tion de l’écart entre les hommes et les 2014-2015) est à même d’illustrer cet
femmes dans l’accès à l’université, les écart :

Répartition de l’effectif global des étudiants inscrits à l’UMI


par cycle de formation et par sexe de l’année 2014-2015

Total Total Total Nouveaux Nouveaux Nouveaux


Étu- étudiants étudiants étudiants Total
Sexe inscrits inscrits inscrits Total
diants cycle cycle cycle NI
en S1 Master Doctorat
Normal Master Doctorat

H+F 52506 1031 838 15830 420 263 54375 16513


Total
F 24416 406 280 7281 173 100 25102 7554
Pourcentage 46,67% 39,38% 33,41% 45,59% 41,19% 38,02% 46,16% 46,75%
des filles

S’il est une vérité incontestable c’est • D


 ans d’autres, les garçons et les filles
celle de l’accès des filles en grand sont presque à égalité : Sciences et
nombre à l’université, elles sont pré- Techniques, Technologie,
sentes dans toutes les filières mais à un
taux variable. • L es garçons restent majoritaires dans
les filières suivantes : L’enseignement
• Il y a certes une progression incon- originel (où les sciences de la reli-
testable, il existe des filières où le gion dominent), Les Sciences, Les
nombre des filles est en progression Sciences juridiques, économiques et
et dépasse même celui des garçons : sociales, Les Sciences de l’Ingénieur,
Lettres et Sciences Humaines, Mé- Commerce et Gestion.
decine et Pharmacie, Médecine den-
taire, Formation des enseignants,
Institut Supérieur des Sciences de la
Santé.
64

« Les filles sont


attirées par les filières
littéraires, de formation
Nous remarquons ainsi d’enseignants, de la santé seur de l’enseignement
que le Maroc ne dé- et s’orientent de plus en supérieur), le plus haut
plus vers les filières de
roge pas à une ten- technologie. … Ce qui est niveau de la promotion
dance mondiale  /2
où sûr c’est qu’il n’existe scientifique. Le taux est de
les filles sont attirées plus de filières qui soient 19,38% (F/1002, H/5171).
l’apanage des
par les filières littéraires, garçons. »
de formation d’enseignants Ce qui est regrettable c’est
(les métiers de l’éducation), de que la situation n’a pas vérita-
la santé et s’orientent de plus en plus blement évolué depuis les années 90,
vers les filières de technologie. Les gar- même si le nombre des professeurs
çons optent plutôt pour les sciences, chercheurs (les deux sexes confon-
les mathématiques, les sciences de dus) ont connu une augmentation.
l’Ingénierie, le droit. Ce qui est sûr Une étude réalisée par Amina Ben-
c’est qu’il n’existe plus de filières qui mansour en 1999 /3 révèle « que sur les
soient l’apanage des garçons. L’avan- 6.941 chercheurs marocains recensés,
cée scolaire des filles est la voie royale 1.423 sont des femmes, soit 20% de la
de la reconnaissance des compétences communauté scientifique, et que seu-
sociales, économiques et politiques, lement 70 unités de recherche sur les
et au Maroc, elle est une réalité. 910 identifiées sont dirigées par des
femmes (13%). Lorsqu’on sait qu’au
En ce qui concerne les enseignantes Maroc les femmes constituent la moi-
chercheures, les dernières statistiques tié de la population totale et que l’éga-
dont je dispose montrent que leur nombre lité d’accès des filles à l’enseignement
ne dépasse pas 26,39% du nombre glo- sur le plan légal est acquise, on ne
bal de leurs collègues hommes (F/3255, peut que s’étonner devant cette infé-
H/12332), ce pourcentage baisse sensi- riorité numérique des femmes dans le
blement dans la catégorie PES (Profes- paysage de la recherche ».

2 C hristian Baudelot et Roger Establet, Allez les filles. Une révolution silencieuse, Edition du Seuil, Coll. Points, 1992,
édition actualisée en 2006, p.60.
3 Référence électronique : Amina Benmansour, « Au Maroc », Clio. Histoire‚ femmes et sociétés [En ligne], 9 | 1999,
mis en ligne le 14 novembre 2006, consulté le 27 décembre 2015. URL : http://clio.revues.org/1528 ;
DOI : 10.4000/clio.1528 - Éditeur : Éditions Belin - http://clio.revues.org - http://www.revues.org
Document accessible en ligne sur :http://clio.revues.org/1528
RÉF L EXIONS S U R L ES GROU PES CIBLES DE RUMI / 65

Regardons de près le tableau suivant versité Moulay Ismaïl et les chiffres sont
correspondant aux statistiques de l’uni- éloquents :
versité Moulay Ismaïl de Meknès et vi-
sualisant parfaitement cette situation :
Membres féminins dans les conseils
d’établissement (*Statistiques de 2015-2016)
Répartition des enseignants chercheurs Nombre Nombres
Etablissements
par cadre et par sexe Total de femmes
Sexe
Cadre Faculté des Sciences 24 0
Homme Femme
Faculté Lettres et
PES 302 42 13,91% Sciences Humaines 34 3

PH 133 21 15,79%
Faculté des Sciences Juridiques,
Economiques et Sociales 23 3
PESA 283 80 28,27%
Total 714 143 20,03% Faculté des Sciences 20 0
et Technonogies

Faculté Polydisciplinaire 19 0
Nous constatons d’après ces statis- d’Errachidia
tiques que le pourcentage des femmes Ecole Supérieure
universitaires ayant atteint le plus haut deTechnologie (Meknès) 25 3
degré de la promotion scientifique est Ecole Supérieure
sans sans
le plus bas, il s’améliore légèrement deTechnologie (Khénifra)
dans le grade intermédiaire et se trouve Ecole Nationale
Supérieure d’Arts et Métiers 33 0
presque doublé s’agissant du grade de
professeur assistant, situé en bas de Ecole Normale Supérieure 25 3
l’échelle des promotions. Si nous obser-
vons bien le tableau, nous remarquons
que le plus grand nombre d’hommes Voyons maintenant le pourcentage des
(302 sur 714) est arrivé au sommet de femmes chercheures au sein des équipes
la pyramide, tout à fait à l’opposé des de recherche, nous avons pu obtenir les
femmes. statistiques de leur représentativité dans
tous les établissements de l’université
Qu’en est-il de la représentativité des Moulay Ismaïl et tout porte à croire que
femmes universitaires dans les conseils la situation est similaire ou légèrement
d’établissement ? Faute de statistiques différente dans les autres universités
sur le plan national, voici celles de l’uni- marocaines :
66

Représentativité des femmes dans les équipes de recherche


(*Statistiques de 2015-2016)

Nbre Respon- Respon- Membres Membres Total Total


ETABLISSEMENT sables sables permanents permanents
d’équipes Femmes Hommes
femmes hommes femmes hommes

FSM 67 8 59 43 163 51 222

FSTE 24 0 24 10 72 10 96
FPE 10 0 10 3 25 3 35
FLSH 23 1 22 14 58 15 80
FSJES 10 0 10 19 52 19 62
EST 11 1 10 5 30 6 40
ENSAM 13 0 13 3 50 3 63
ENS 8 1 7 4 15 5 22
101 /
Total 166 11 / 6,6% 155 465 112 620
17,84%

Représentativité des femmes à la tête Malgré ce triste constat, force est de


des laboratoires (*Statistiques de 2015-2016) constater que les femmes chercheures
Nbre des Respon- Respon- ont investi le monde de la recherche
Etablissement sables sables scientifique qui fut auparavant la chasse
Laboratoires femmes hommes
gardée des hommes. Comme le sou-
FSM 17 0 17 ligne Amina Benmansour, « C’est ainsi
FSTE 1 0 1 que s’est progressivement constitué un
champ de la recherche féminine avec
FPE 2 0 2 l’émergence d’un certain nombre de
FLSH 1 0 1
chercheuses dont la pionnière et la plus
célèbre est sans aucun doute Fatima
FSJES 3 0 3 Mernissi, avec la création d’associations
EST 0 0 0
féminines dont certaines œuvrent ac-
tivement dans le domaine éducatif et
ENSAM 3 0 3 culturel, et plus tard avec la constitution
de groupes de recherche sur la question
ENS 2 0 2
féminine au sein des universités »/4.

4 Op.cit.
RÉF L EXIONS S U R L ES GROU PES CIBLES DE RUMI / 67

Certes, les femmes chercheures tra- Nous pouvons affirmer que les asso-
vaillent dans un milieu universitaire ciations de droits des femmes sont en
où elles exercent leur métier d’ensei- majorité dirigées par des femmes uni-
gnantes et leurs activités de recherche, versitaires qui s’impliquent dans le mi-
elles ne sont pas pour autant coupées, litantisme associatif tout autant qu’elles
isolées de la société. Elles sont des ci- s’impliquent dans la recherche sur le
toyennes qui mènent leur vie dans une genre. Certaines ministres femmes (de-
société donnée, entretiennent des rela- puis que des femmes sont nommées
tions sociales, dans leur famille proche ministres ou plus exactement secrétaires
et leur entourage, dans leur lieu de ré- d’État, fin des années 90) et hauts res-
sidence, agissent dans leur milieu fa- ponsables de l’État, viennent de l’univer-
milial. Certaines s’investissent dans la sité et du monde associatif. Il s’agit de
sphère politique, le militantisme syndical, femmes qui se sont engagées dans l’es-
les associations et les ONG. Changent- pace public, dans la lutte contre toutes
elles le monde ? S’émancipent-elles par les formes d’inégalités et de discrimina-
la recherche ? tion, qui ont même réalisé des études et
des recherches sur les femmes.
Les femmes instruites, en majorité uni-
versitaires, sont à l’origine des change- Je peux citer l’exemple de Fatéma Mer-
ments sociaux et du mouvement fémi- nisi, éminente chercheure en sociologie,
nin et ce depuis l’indépendance. Elles écrivaine et savante, celui d’Aïcha Belar-
sont la locomotive de l’évolution de la bi, grande figure du militantisme féminin
situation des femmes, de son éman- au Maroc, sociologue, professeur cher-
cipation. Et c’est à partir des années cheure, ex-secrétaire d’état à la coo-
90 que les revendications de l’égalité pération et ex-ambassadeur à l’Union
entre hommes et femmes deviennent Européenne, les deux sont auteures de
plus fortes et persistantes. L’accès en plusieurs ouvrages en sociologie.
masse des femmes à l’éducation (en
2013, 48% de femmes inscrites à l’uni- Un autre exemple lumineux des femmes
versité), l’accès au travail, aux moyens chercheures impliquées dans la recherche
contraceptifs, aux postes de décision et le militantisme social et politique.
ont accéléré le processus d’égalité Il s’agit de Mme Nouzha Chekrouni, qui
entre hommes et femmes. a enseigné la linguistique à la faculté
68

des lettres de Meknès, a été pendant nat, ex-professeure chercheure et ex-


plusieurs années membre du bureau di- membre de la commission scientifique à
recteur de l’équipe de recherche sur la la faculté de Médecine de Casablanca,
femme Tanit. Elle est aussi membre de elle a publié plusieurs articles scienti-
la Société internationale et du Groupe fiques. Militante au sein du RNI (parti
Jarel (équipe de recherche ethnolinguis- du Rassemblement National des Indé-
tique judéo-arabe-CNRS. France). Elle a pendants). Elle est également membre
été également présente dans l’Associa- actif dans plusieurs associations qui
tion Jossour « Forum des femmes maro- œuvrent dans les domaines de la santé
caines » en tant que membre du conseil et de l’action sociale.
national. Militante inlassable du parti de
l’USFP où elle a occupé des responsabili- Issue du PJD (Parti Justice et Déve-
tés au sein du secrétariat national du sec- loppement), Mme Bassima Hakkaoui,
teur féminin, du secrétariat des relations ministre de la Solidarité, de la Femme,
extérieures et du bureau politique. Elle a de la Famille et du Développement
été nommée en 1998 Secrétaire d’État Social, est professeure chercheure en
auprès du ministre du Développement psychologie sociale et enseignante des
social, de la solidarité, de l’emploi et de sciences de l’éducation. Elle a réalisé
la formation professionnelle, chargée une série de recherches sur la femme,
des handicapés et en 2000 ministre dé- l’approche genre et l’éducation. Mme
léguée auprès du ministre de l’Emploi, Jamila El Moussali, du même parti,
de la formation professionnelle, du dé- professeure chercheure en histoire, est
veloppement social et de la solidarité, membre fondateur de plusieurs asso-
chargée de la condition féminine, de la ciations actives et auteur d’ouvrages
protection de la famille et de l’enfance et sur le mouvement féministe, la famille
l’insertion des handicapés. En 2009, elle et le développement.
est nommée par le Roi Mohammed VI
ambassadeur au Canada, poste qu’elle C’est grâce à toutes ces femmes et à
occupe toujours. d’autres appartenant à des ONG, des
femmes qui ont un pouvoir extraordi-
Trois femmes sur six dans le gouverne- naire de mobilisation, que le Maroc a
ment actuel au Maroc sont également entrepris des réformes importantes
des professeures chercheures et des qui ont changé considérablement les
membres actifs dans la société civile. conditions de vie des femmes. Grâce
Fatéma Marouane, ministre de l’Artisa- à leurs compétences en matière de
RÉF L EXIONS S U R L ES GROU PES CIBLES DE RUMI / 69

C’est grâce à
toutes ces femmes et
à d’autres appartenant à
des ONG, des femmes qui
plaidoyers et de lob- ont un pouvoir extraordinaire des tâches. Les femmes,
de mobilisation, que le Maroc
bying, elles ont réussi à a entrepris des réformes même universitaires, se
convaincre le reste de importantes qui ont changé retrouvent avec plus de
la société et les partis considérablement les 90% des tâches ména-
politiques d’appuyer leur conditions de vie des gères à effectuer, en plus
femmes.
combat. de la fonction de maternité.
Certaines peuvent se décharger
Leur acharnement a fini par payer, de quelques tâches ménagères grâce
plusieurs réformes ont été mises en aux femmes de ménage.
œuvre : le Code de la famille (2004), le
Code du travail (2004) les Codes pé- Cependant, « au Maroc, la loi ne pré-
nal et de procédure pénale (2003 et voit aucune discrimination dans l’accès
2002), le Livret de famille (2002), ainsi au travail que ce soit dans le secteur
que le Code du Commerce et des obli- public ou privé. Conformément au sta-
gations et Contrats (1995), le code la tut de la fonction publique de 1958 :
nationalité (2007). « sous réserve des conditions qu’il
prévoit ou résultant des statuts parti-
Cependant, ces femmes chercheures culiers, aucune distinction n’est faite
qui arrivent à concilier recherche et ac- entre les sexes pour l’application de
tion sociale ne sont pas nombreuses, ce statut ». De même, la législation ac-
elles restent minoritaires et même dans corde les mêmes droits aux femmes et
le domaine de la recherche, leur apport aux hommes dans le choix et l’exercice
est très restreint. Elles représentent d’un emploi, ainsi que dans la promo-
moins de 20% de la recherche scien- tion professionnelle. » /5
tifique au Maroc. Nous savons que la
recherche exige des professeurs une Plus que cela, la nouvelle constitution
grande disponibilité que les femmes de 2011 a consacré l’égalité hommes/
ont du mal à avoir, les femmes ma- femmes en instituant la création de
riées se trouvent lourdement freinées l’Autorité pour la parité et la lutte
par les contraintes liées à leur sexe, par contre toute discrimination basée
un modèle inégalitaire de répartition sur le genre.

5 Femmes dans la science, Rapporteur : M. Mohamed EL ANSARI, Membre de la Commission ad hoc sur les droits de la
femme dans les pays euro-méditerranéens de l’Assemblée Parlementaire euro-méditerranéenne.
70

Il apparaît clairement que le problème disposer des mêmes possibilités et


n’est pas dans les lois mais dans un chances de promotion et de succès
système de pensée sociale qui reste que leurs collègues ou camarades
foncièrement conservatrice, je dirai hommes. Il revient aux femmes cher-
même passéiste, un modèle ancien de cheures impliquées dans l’espace pu-
distribution des rôles ; quand un chef blic (associations, politique) d’encou-
de gouvernement tel que celui que rager, de mobiliser d’autres femmes
nous avons actuellement déclare pu- chercheures afin qu’elles s’investissent
bliquement, devant la Chambres des dans l’action sociale pour que l’avenir
Conseillers (deuxième chambre du soit porteur d’un nouveau système
parlement marocain) que « la femme social plus égalitaire. Leur investiga-
est un lustre qui illumine le foyer », on tion dans le domaine des études fé-
doit s’attendre à ce que tout un pan de minines est un meilleur plaidoyer pour
la société se retrouve en lui. défendre les autres causes telles que
l’égalité dans l’héritage, le mariage
L’université est le lieu naturel de la des mineures, l’égalité des chances
recherche scientifique où les femmes, dans les postes de décision et dans les
étudiantes et enseignantes, devraient salaires dans le privé etc.

       Si les droits des femmes sont un problème


pour certains hommes musulmans modernes,
ce n’est ni à cause du Coran, ni à cause
du prophète [Mohammed], et encore
moins à cause de la tradition islamique,
c’est simplement que ces droits sont en conflits
avec les intérêts d’une élite masculine.  
Fatima Mernissi
RÉF L EXIONS S U R L ES GROU PES CIBLES DE RUMI / 71

Étudiants étrangers :
chiffres & réalité

Mohammed Depuis 1990, le nombre d’étudiants étrangers qui sont


Youbi Idrissi
formés au Maroc atteint le chiffre de 50.000 étudiants.
Coordinateur
pédagogique Leur nombre est en nette progression d’année en année et
du projet RUMI,
enregistre actuellement un effectif annuel de plus de 11 000
Professeur
à l’Université étudiants. Plus de 130 nationalités fréquentent nos universi-
Abdelmalek
tés, dont une écrasante majorité vient de pays subsahariens.
Essaâdi, Tétouan

Il ressort de la figure ci-après que les étudiants étrangers portent


majoritairement leur choix sur trois domaines d’études princi-
paux, à savoir les sciences juridiques, économiques et sociales,
les Lettres et Sciences Humaines, et les Sciences. Ce sont des
champs disciplinaires affiliés à des établissements dits à accès
ouvert (sans concours de sélection). Par contre le nombre d’étu-
diants étrangers qui se dirigent vers des établissements à accès

Nombre des étudiants étrangers par rapport au nombre des étudiants marocains, par domaine d’étude
Source : Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres
au titre de l’année universitaire 2014-2015

300 000
250 000
193 058
257 888

200 000
120 339

150 000
100 000
21 567

16 444

16 839
13 201

50 000
9 701

5 782
1 796

1 200

1 564
3 646

583

340

340
946

122

445

832
291
158

82
52

0
1

Enseigne- Sciences Lettres et Sciences Sciences Medecine Médecine Sciences Commerce Techno- Sciences Tra- Para-
ment Juridiques, Sciences et et Phar- Dentaire de et Gestion logie de duction médical
Original Econo- Humaines Technique macie l'Ingé- l'Educa-
mique et nieur tion, ENS
Sociales et ENST
■ Effectifs des étudiants marocains ■ Effectifs des étudiants étrangers
72

Répartition des étudiants étrangers par université au titre de l’année universitaire 2014-2015
Source : Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres

100 000 82 883


90 000
70 401

91 071

80 000
64 826

86 987
60 855
70 000

53 551
51 242
60 000

38 680
50 000
40 000

53 551
18 200

30 000

22 656
20 000
1 548

1 055
1 308

10 000
1 830

647

597
158

498

597

535
617

149
92

0
0

Qua- Moham- Hassan II, Sidi Cadi Sultan Moham- Abdel- Chouaib Hassan Moulay Ibn Tofail, Ibn Zohr,
raouiyine, med V, Casablanca Moham- Ayyad, Moulay med malek Doukkali, 1er, Settat Ismail, Kenitra Agadir
Fès Rabat med Ben Marrakech Slimane, Premier, Essaâdi, El Jadida Meknès
Abdellah, Béni Oujda Tétouan
Fès Mellal
■ Étudiants marocains ■ Étudiants étrangers

Répartition des étudiants étrangers par universités / en couleur orange les universités
marocaines partenaires du projet RUMI

Ibn Zohr, Agadir


Ibn Tofail, Kenitra
Moulay Ismail, Meknè
Hassan 1er, Settats
Chouaib Doukkali, El Jadida
Abdelmalek Essaâdi, Tétouan
Mohammed Premier, Oujd
Sultan Moulay Slimane, Béni Mellala
Cadi Ayyad, Marrakech
Sidi Mohammed Ben Abdellah, Fès
Hassan II, Casablanca
Mohammed V, Rabat
Quaraouiyine, Fès
0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000

■ Universités partenaires du projet RUMI ■ Universités non partenaires du projet RUMI


RÉF L EXIONS S U R L ES GROU PES CIBLES DE RUMI / 73

régulé (avec concours) sont propor- Dans l’ensemble, ce sont des chiffres
tionnellement moins bien représentés. qui montrent que la destination Ma-
Il s’agit des disciplines des Sciences et roc est de plus en plus séduisante
Technique, de Médecine et pharmacie pour cette catégorie d’étudiants qui
et des Sciences de l’ingénieur. véhiculent certainement des témoi-
gnages/messages positifs en ce qui
La présence des étudiants étrangers concerne et la qualité des enseigne-
dans les universités marocaines parte- ments et les dispositifs mis en place
naires. par l’état marocain à travers l’Agence
Marocaine de Coopération Interna-
L’on constate les destinations pour les- tionale (AMCI) (bourse, Campus uni-
quelles les étudiants étrangers portent versitaire, etc.). Cependant, plusieurs
une préférence pour une raison ou une griefs sont relevés par nos étudiants
autre. Il s’agit respectivement, pour nos étrangers, dont, entre autres, des pro-
universités partenaires, de Moham- blèmes linguistiques, de difficulté d’in-
med  V (Rabat), d’Abdelmalek Essaâdi tégration dans la société marocaine, et
(Tétouan) de Mohammed Premier (Ou- même certains phénomène de racisme
jda), de Moulay Ismail (Meknès), d’Ibn dû probablement à l’amalgame fait par
Tofail (Kenitra) et de Cadi Ayyad (Mar- rapport au phénomène de migration
rakech) ; pour Ibn Zohr (Agadir) et Sul- clandestine subsaharienne que le Ma-
tan Moulay Slimane (Béni Mellal) les roc essaye d’y apporter des réponses à
chiffres ne semblent pas y dégager une la mesure des défis que pose ce phé-
destination principale pour nos étu- nomène.
diants étrangers.
74

Étudiant(e)s souffrant
de la précarité
socio-économique

Mohammed Le groupe des étudiant(e)s souffrant de la précarité


Youbi Idrissi
socio-économique s’est révélé, parmi les autres groupes
Coordinateur
pédagogique cibles du projet RUMI, le plus délicat à cerner et à en
du projet RUMI,
apprécier convenablement la portée et l’ampleur.
Professeur
à l’Université
Abdelmalek Ceci est dû à la quantité d’étudiant(e)s qui se considère faisant
Essaâdi, Tétouan partie de cette catégorie. Il est vrai que le nombre limité des
étudiant(e)s en situation de handicap, ainsi que les étudiant(e)s
étrangers a rendu la tâche facile à nos partenaires pour travail-
ler en étroite relation avec ces deux groupes cibles. A l’opposé
de ce cas de figure, les étudiant(e)s souffrant de précarité socio-
économique sont représentés au sein des universités dans des
proportions très élevées, allant de 75 à 85% de l’effectif total des
étudiants !

La sensibilité du sujet (précarité socio-économique) conjuguée à


la masse des étudiant(e)s concernée, ont fait que les différentes
universités partenaires marocaines, à l’exception de l’UIR/1, ont
trouvé des difficultés objectives et compréhensibles pour aller
très en détail dans l’analyse des besoins et doléances de ce
groupe cible. Pour cette raison, nous nous sommes limités aux
réponses apportées par les étudiant(e)s au questionnaire mis à
leur disposition à cette fin.

Les questions /2 considérées et retenues pour apprécier la situa-


tion socio-économique des étudiant(e)s ne sont certes pas ex-
haustives, mais ont l’avantage de créer la possibilité d’échange
avec cette catégorie pour qu’elle s’exprime librement et di-
RÉF L EXIONS S U R L ES GROU PES CIBLES DE RUMI / 75

rectement. Les résultats obtenus ren- bains résidentiels ; de l’impact du niveau


seignent effectivement sur l’éventail d’instruction du père et de la mère, de la
des degrés de précarité socio-éco- taille du ménage, etc.
nomique que recèlent nos universités
partenaires. Aussi, est-il intéressant de Les efforts déployés par l’état marocain
noter une nette distinction de sévéri- sont certes colossaux et budgétivores :
té dans la pauvreté selon les cas. Que l’une des réponses apportée par le
l’on se trouve à Tétouan, Rabat, Kenitra, gouvernement marocain à la précarité
Meknès, Oujda, Béni Mellal, Marrakech socio-économique, depuis fort long-
ou Agadir, les conclusions et constats temps, est l’octroi de bourses, la
obtenus diffèrent très sensiblement se- construction de campus universi-
lon l’environnement socio-économique taires, la diversification de l’offre de
de l’université considérée, et selon le l’enseignement supérieur, etc. Mais
degré de développement du bassin ter- toutes ces solutions appellent de
ritorial régional dont relève celle-ci. nouvelles stratégies volontaristes et
audacieuses pour apporter des ré-
Plus encore, au sein de chaque univer- ponses adéquates au phénomène de
sité, se déclinent des situations de dif- la massification auquel sont assujet-
férenciations socio-économiques selon ties les différentes universités maro-
le lieu de résidence des parents (urbain caines, avec des degrés différents
ou rural), et en considérant la catégo- d’une université à l’autre. En effet, ce
rie socioprofessionnelle de chefs de fa- phénomène (massification), qui prend
mille, le revenu de la famille, l’accessi- de l’ampleur avec les nouveaux ar-
bilité aux infrastructures de base et aux rivants/inscrits, place les universités
soins médicaux, etc. marocaines en porte-à-faux et parti-
cipe à exacerber les manifestations
Avec une grille d’analyse encore un peu de la précarité socio-économique au
plus fine l’on apprécie l’impact qu’exerce sein de nos universités. Ceci se traduit
la provenance des étudiant(e) s, même par des tensions palpables dans la vie
au sein de la même ville, de quartiers pé- au quotidien des étudiant (e)s et ex-
riphériques pauvres ou de quartiers ur- plique quelque part le phénomène de

1 UIR : Université Internationale de Rabat est la première université créée dans le cadre d’un partenariat avec l’État dans
le domaine de l’enseignement supérieur. Le profil socio-économique des étudiant(e)s est ici nettement différent de
celui des universités publiques, notamment en ce qui concerne les établissements à accès ouvert.
2 Voir le questionnaire en annexe 3, volet « Étudiant(e)s souffrant de la précarité socio-économique »
76

« Le clair de lune


pénètre dans la pièce
à la mesure de l’ouverture,
décrochage et d’échec même si sa lumière de développement hu-
dont pâtissent certains se répand partout, main, dont l’école et le
d’étudiant(e)s souffrant de l’orient à l’occident. » système de l’enseigne-
de la précarité socio-éco- Jalal Iddîn Ibn RUMI ment supérieur…
nomique.
Quel que soit le type de pré-
Nous pensons que combattre la carité socio-économique, nous
précarité socio-économique dans les uni- pensons que la nature et l’ampleur de
versités passe inévitablement par des po- la pauvreté traduisent en fin de compte
litiques publiques qui doivent se pencher la dynamique du système social qui
sur ce phénomène dans la société d’une les sous-tend et les nourri. D’où notre
manière générale. conviction que pallier les difficultés de la
précarité socio-économique à l’universi-
Plusieurs études et démarches sont té doit être entrepris en amont de l’école
dédiées à cette finalité. Nous nous ré- et de l’université, c’est-à-dire dans la cel-
férons aux travaux de notre partenaire lule familiale, dans les foyers et les mé-
institutionnel, l’Observatoire National nages en particulier et dans la société
de Développement Humain, qui, au d’une manière générale. C’est unique-
long du projet RUMI a tenu à parta- ment avec des remèdes qui doivent jus-
ger avec nous ses expériences dans tement puiser leur force des valeurs de
l’appréciation de l’inclusion/3 dans l’inclusion, de l’égalité des chances, de
la société marocaine, et a expliqué la justice et de la gouvernance que des
comment certains phénomènes d’ex- solutions alternatives puissent voir le jour
clusion sociale et d’aggravation des et réguler quelque peu le phénomène
seuils de pauvreté impactent inévita- de la précarité socio-économique dans
blement et négativement le processus nos universités.

3O
 NDH : A titre d’exemples :
- Etude sur l’inclusion des ménages démunis par le logement (2015) ;
- Questionnaire Enquête Panel de ménages (2015) ;
- Evaluation des progrès en matière d’inclusion des femmes, des jeunes et du monde rural (2011)…
77
:  / 77

Déficience visuelle et
scolarité : défis et solution
78

Ma vie, au rythme
de mon handicap visuel

Nabil Maaroufi Annonce de la maladie


Centre Basse Vision
Mes parents me racontent que j’étais un bébé calme et gentil.
Services (BVS)
Dès mes premiers pas apparaissait un autre de mes traits de
caractère, je semblais être un peu fainéant. Chaque fois que
je faisais tomber par terre un petit jouet, je demandais à mes
parents de me le redonner.

Je suis l’aîné de la famille et bien que mes parents n’aient pas


d’enfant avant moi, ils trouvaient que mon comportement
n’était pas normal. Un enfant plein de vie qui marche, joue, mais
ne veut pas récupérer ce qui tombe par terre… c’est un peu
bizarre !

Ma mère, du corps médical, a pressenti que je devais avoir un


problème visuel. Ce qui a été confirmé par mon premier oph-
talmologue mais de manière un peu brutale, en annonçant dès
la première consultation : « Si ce n’était qu’un simple problème
de vue votre fils a une maladie visuelle très grave ; la « rétinite
pigmentaire », c’est-à-dire une dégénérescence rétinienne, il
deviendra aveugle vers l’âge de 13 ans, ce qui ne serait pas
sans incidence sur le choix de son métier : « Il ne pourra être ni
chirurgien ni pilote… ». Cette annonce a été un choc pour ma
mère et le début d’un long questionnement de mes parents
sur mon avenir.

Le médecin avait aussi corrigé ma forte myopie par une paire


de lunettes à l’âge de dix huit mois, ce qui m’avait déjà beau-
coup aidé.

La rétinite pigmentaire a en effet compliqué certaines périodes


de ma vie. Cependant, je peux dire qu’avec du recul, j’ai pu en
tirer quelques avantages pour au final m’en sortir plutôt bien.
D É FIC IE NC E VIS U EL L E ET S COL A RIT É : DÉF IS ET S OL U T ION / 79

 arcours scolaire parsemé


P Le temps et l’effort à fournir pour cette
d’embûches lecture limitait le nombre de révisions
que je pouvais effectuer. Sans le réali-
La rétinite pigmentaire réduit progres- ser ceci m’a permis de développer ma
sivement le champ visuel. Son premier mémoire et j’arrivais à m’en sortir juste
signe est la difficulté à voir en faible en lisant mes cours une seule fois.
luminosité.
Depuis le collège, mes parents ont fait
Au début de ma scolarité, je n’avais pas appel à un professeur qui me dispensait
trop de difficulté mais je devais être au des cours de soutien à domicile pour
premier rang pour voir le tableau et la certaines matières. Ces cours m’avaient
classe devait être bien éclairée... permis d’assimiler ce qui m’avait échap-
pé en classe.
Pendant la récréation, je ne jouais pas
trop avec les autres enfants car leur Au lycée, le rythme était plus soutenu.
mouvement rapide était difficile à aper- Au premier semestre, j’avais fini avant
cevoir pour moi. Mon tempérament ré- dernier de ma classe. J’avais choisi la
servé ne m’avait pas beaucoup aidé à branche « sciences mathématiques », ce
surmonter cette difficulté. qui n’était pas pour faciliter ma tâche.

Au collège, je n’arrivais plus à lire l’écri- J’avais compris qu’il fallait doubler d’ef-
ture sur le tableau en classe, mes amis forts pour suivre le rythme de ma classe.
le faisaient pour moi. Mais ma timidité J’ai eu la chance d’avoir un camarade
m’empêchait de demander de l’aide à de classe qui était également mon voi-
chaque fois que j’en avais besoin, de sin et avec qui je révisais une bonne
peur de les déranger. partie de mes cours. Il était meilleur
en mathématique, moi plutôt en phy-
Ma vitesse de lecture devenant de plus sique et sciences naturelles. Après les
en plus lente, j’ai naturellement préféré cours au lycée nous nous retrouvions
les matières scientifiques où on a plus pour réviser ensemble. Il me lisait les
besoin de compréhension que de lec- cours de physique, chimie et sciences
ture. Quand il fallait apprendre un cours naturelles pour que je les lui explique.
d’histoire par exemple, mon rythme Sans se rendre compte, il m’avait aidé à
de lecture ne me permettait de le lire surmonter ma lenteur de lecture. Je ne
qu’une ou deux fois pour le mémoriser. faisais pas grand-chose, je lui expliquais
80

en arabe dialectale ce qu’il me lisait en des contrastes. Car mon acuité visuelle
arabe classique. Ceci était bénéfique s’améliorait grandement par le simple
pour nous deux. fait de rendre l’écriture blanche sur un
fond noir…
Les conditions étant devenu plus favo-
rables, j’ai pu remonter la pente pour dé- Cependant, dès ma première séance à
crocher mon bac avec mention. Je n’étais l’université, j’ai senti que ça allait être
plus avant dernier, mais parmi les 15 pre- difficile. Les amphis étaient très sombres
miers de ma classe. Cependant, ma note et je n’arrivais même pas à retrouver
au baccalauréat ne m’avait pas permis ma place pour m’asseoir. Les quelques
d’accéder aux classes préparatoires. En lumières au plafond qui devait éclairer
effet, ma lenteur m’avait souvent empê- l’amphi ressemblaient plus pour moi à
ché de terminer mes examens, ce qui des étoiles dans un ciel d’été.
retentissait sur mes résultats.
Sans voir le tableau, la mécanique,
J’avais aussi passé le concours de l’INSA l’électrocinétique et presque toutes les
organisé à Casablanca, mais je n’avais matières devenaient pour moi incom-
pas réussi, car c’était dans les mêmes préhensibles. Il m’a fallut beaucoup d’ef-
conditions. fort pour avoir juste la moyenne pour
réussir ma première année de DEUG.
Finalement, j’ai du opter pour des études
à la faculté des sciences de Rabat, en Durant ma deuxième année, la pente
DEUG de mathématique physique. devenait de plus en plus raide jusqu’à
devenir un mur infranchissable. Le dé-
Ma vision continuait de baisser. Entre- couragement m’envahissait et j’avais
temps, mes parents m’avaient acheté abandonné mes études en deuxième
un téléagrandisseur. C’est un disposi- année de DEUG.
tif muni d’une caméra pour agrandir
sur un écran les documents papier et
Seconde chance
aussi le tableau. Il était un peu compli-
qué à utiliser en classe pour des soucis J’aurais pu en rester là, mais mes parents
logistiques, mais il m’avait bien servi à voyaient en moi la possibilité d’aller plus
la maison pour réviser mes cours. Son loin dans mes études si de meilleures
avantage et qu’il pouvait changer les conditions m’étaient offertes. Ils se sont
couleurs pour combler ma faible vision énormément renseignés, surtout via In-
D É FIC IE NC E VIS U EL L E ET S COL A RIT É : DÉF IS ET S OL U T ION / 81

ternet. Un jour ma mère m’a proposé L’association « Mission Handicap » qui


de tenter l’expérience en France, où les se trouve au sein de l’université m’avait
conditions pour poursuivre mes études beaucoup soutenu durant mon parcours
seraient peut être plus favorables. universitaire. Son rôle est de suivre le
parcours scolaire des étudiants en situa-
Bien que mes parents n’aient pas été tion de handicap de l’université Claude
encouragés par notre entourage qui Bernard. J’ai bénéficié de la part de cette
leur conseillait d’investir leur argent association de l’agrandissement de mes
dans une rente pour subvenir à mes cours et de l’aménagement de mes
besoins plus tard plutôt que de le dé- examens. Mais le plus grand soutien à
penser dans mes études aux résultats mon avis était les conseils prodigués par
incertains, ma mère m’avait toujours son président et le soutien moral que
dit « Je préfère une tête pleine au chô- son équipe m’apportait à chaque fois
mage qu’une tête vide ». que les études devenaient un peu plus
compliquées. En plus, j’avais la chance
Nous avons alors pris l’avion en juin d’avoir le bureau de l’association juste à
pour nous rendre aux universités de côté de l’amphi où je suivais mes cours
Lyon, Montpellier et Toulouse. L’univer- tous les jours. Ceci m’a permis de les
sité de Lyon paraissait la plus avancée avoir à mes côté à chaque fois que le
pour l’accompagnement des étudiants besoin se faisait sentir.
en situation de handicap. Le président
de l’association «  Mission Handicap  » En dehors de l’université, j’ai bénéficié
m’avait encouragé à m’inscrire à l’uni- des services de la FIDEV (Formation et
versité Claude Bernard de Lyon. Comme Insertion des Déficients Visuels). Cet
le délai d’inscription des étrangers était organisme offre une prise en charge
échu, c’est grâce à son soutien que j’ai globale aux personnes avec handicap
pu obtenir une dérogation de la prési- visuel pour surmonter leurs difficultés.
dence de l’université pour m’inscrire. Au premier rendez-vous une psycho-
logue évalue les difficultés et l’état
En septembre, je me suis retrouvé à d’esprit afin d’établir un programme
nouveau sur les bancs de l’université de prise en charge globale par l’équipe
pour suivre un DEUG MIAS (Mathé- multidisciplinaire. Un ophtalmologue
matiques, Informatique appliqués aux avait évalué mes capacités visuelles. Un
Sciences). orthoptiste m’avait montré comment
exploiter mon reste visuel à travers des
82

séances de rééducation. Un opticien d’utiliser la canne blanche. Je l’emme-


« basse vision » m’avait conseillé la cor- nais avec moi tous les jours, mais il m’a
rection optique et les aides techniques fallut plus d’un an pour la sortir de mon
pouvant me faciliter la lecture. Une cartable. Dès que ce fut le cas, j’avais pu
instructrice de locomotion m’avait ap- constater qu’en plus d’offrir une autono-
pris l’utilisation de la canne blanche et mie, elle m’évitait un grand nombre de
les stratégies de déplacement en ville. malentendus dus au fait que mon han-
Une instructrice pour les activités de la dicap n’est pas visible de prime abord.
vie journalière m’avait donné quelques
conseils pour cuisiner, coudre, ranger Par exemple, un jour je rentre en amphis
mes habits… Un formateur en informa- et prends place. Le professeur distribue
tique m’avait initié à la dactylographie le polycopié à tous les étudiants sauf à
pour écrire au clavier sans voir. Et fina- moi. Je n’ai pas compris son comporte-
lement l’équipe administrative m’avait ment. En sortant de l’amphi, j’ai retrou-
aidé à monter un dossier de demande vé ma mère qui avait bien remarqué que
de financement pour acquérir les équi- je n’étais pas dans mon assiette. Je lui
pements devant faciliter mon cursus ai raconté ce qui s’était passé. Elle m’a
universitaire. dit qu’il fallait revenir chez le professeur
et lui faire part de mon handicap visuel.
Mes conditions de scolarité se sont Je suis revenu chez lui pour lui expli-
énormément améliorées. Ma mère qui quer que j’étais malvoyant. Il était très
m’avait accompagné en France me li- gêné en m’écoutant. J’avais compris
sait les cours à la maison. J’utilisais une par la suite qu’il m’avait tendu la pile
loupe électronique en classe pour agran- de polycopiés pour le distribuer à mes
dir mes documents. Certains profes- camarades, mais comme il n’était pas
seurs m’envoyaient leur cours par e-mail dans mon champ visuel réduit je l’avais
à l’avance pour en prendre connaissance ignoré. Si j’étais à sa place, je l’aurais
avant le cours. Pour garantir l’égalité des mal pris aussi. Par la suite, il était devenu
chances avec les autres candidats, je bé- l’un des professeurs qui étaient le plus
néficiais d’un tiers temps supplémentaire attentif envers moi. Il me préparait les
pour passer mes examens que j’arrivais documents en agrandis et s’assurait que
enfin à terminer. j’avais bien compris.

J’avais quand même quelques blocages A la fin de ma première année de DEUG


psychologiques qui m’avaient empêché j’étais classé 6ème de ma promotion. Et
D É FIC IE NC E VIS U EL L E ET S COL A RIT É : DÉF IS ET S OL U T ION / 83

ma deuxième année s’est passé dans suivre l’ensemble des cours. En effet,
d’aussi bonnes conditions. le rythme était beaucoup plus soutenu
qu’à l’université. Elle m’avait alors pro-
J’étais parmi les dix premiers de ma pro- posé de faire cette première année en
motion, ce qui donne le droit d’axée au deux ans. Elle m’avait convaincu que
concours de l’INSA. J’ai donc décroché c’était préférable que je suive la moi-
mon DEUG, passé le concours le l’INSA tié des modules et les réussir, plutôt
et réussi à y intégrer le département de que de faire la totalité des modules et
génie informatique. redoubler en fin d’année. C’était une
décision très sage qui m’avait permis
A l’INSA de Lyon il y avait aussi une en- de très bien assimiler grâce au temps
tité appelé « Mission Handicap » que je libéré par les modules que j’avais re-
visitais moins de part son éloignement portés à l’année d’après. Mais le pro-
de mon département. Cependant, elle blème résidait plutôt dans le fait qu’un
m’a été d’une grande aide en m’orga- malvoyant a parfois besoin de plus de
nisant des cours de soutien à domicile temps pour s’habituer à certains chan-
par des professeurs ou des étudiants. gements.
Ces deux heures par semaine étaient
très importantes pour moi pour qu’on A l’INSA, tous les professeurs m’en-
m’explique les schémas que je n’arri- voyaient le polycopié au format électro-
vais pas à voir facilement même en les nique pour le lire sur mon ordinateur à
agrandissant. la maison. Cependant, je n’arrivais plus
à lire facilement les notes que je pre-
Au département de génie informa- nais encore au stylo durant les cours.
tique, une professeur était désignée
pour être ma tutrice. Elle suivait mon Un jour, j’avais reçu un appel d’un étu-
parcours à travers le retour des diffé- diant de ma classe qui m’avait dit qu’il
rents professeurs et les réunions pério- voulait passer me voir accompagnés
diques que j’avais avec elle. d’autres étudiants. Ils sont venus chez
moi et m’ont dit qu’ils avaient remarqué
Après deux mois de cours de ma pre- que je ne prenais pas de notes en classe.
mière année de génie informatique, je Je leur ai expliqué que je ne voyais pas
me suis réuni avec ma tutrice qui m’a le tableau et que les notes manuscrites
expliqué que mes professeurs avaient étaient assez difficiles à lire pour moi. Ils
remarqué que j’avais des difficultés à savaient que j’arrivais à lire sur ordina-
84

teur via l’agrandissement et la synthèse Claude Bernard, j’ai rencontré par ha-
vocale. Ils m’avaient proposé de me sard des ingénieurs de Thales qui pré-
retranscrire ce que le professeur no- sentaient le logiciel gratuit PortaNum
tait au tableau dans un format élec- développé par leur soin. L’objectif de ce
tronique pour me l’envoyer par email. logiciel est de réaliser le traitement des
Ainsi 15 étudiants de ma promotion images capturées par une caméra reliée
sur les 120 qu’elle comptait avaient à un PC pour permettre aux malvoyants
établi un planning entre eux pour de voir le tableau. J’en ai parlé à l’équipe
m’envoyer à la fin de chaque cours les de la FIDEV et j’ai opté pour la demande
notes du professeur par email. Je leur de financement de cette solution qui
suis toujours très reconnaissant pour représentait le tiers du coût de la pre-
cette précieuse aide que je n’aurais mière solution qu’elle m’avait proposé.
jamais osé demander. Donc durant la deuxième partie de ma
première année du cycle d’ingénieur,
Comme ma première année a été amé- j’arrivais à voir le tableau et prendre des
nagée en deux ans, je n’avais plus ces notes directement sur mon ordinateur
camarades avec moi mais leur coup ce qui m’a énormément facilité la tâche.
de pouce m’avait offert la possibili-
té de mettre le train sur les rails pour Désormais, je passais aussi mes exa-
poursuivre le reste de mon parcourt de mens sur PC. Les professeurs me re-
manière plus autonome. J’avais réussi mettaient les sujets d’examen sur clé
à prendre des notes en classe directe- USB. Je rédigeais les réponses sur un
ment sur mon ordinateur. document à l’aide de mon PC. J’enre-
gistrais le document sur la clé USB qui
En effet, durant l’une de mes visites à la était remise à l’administration. Mes ré-
FIDEV, j’avais expliqué que la difficulté ponses étaient imprimées par l’admi-
que j’avais en cycle d’ingénieur était de nistration et remises au professeur qui
suivre les cours sans voir le tableau. Ils les corrigeait comme pour tout autre
avaient alors envisagé de demander le étudiant avec pour avantage d’avoir
financement d’un téléagrandisseur por- une « écriture irréprochable ».
table qui me permettra d’agrandir l’écri-
ture du tableau pour pouvoir la lire. L’ordinateur avait l’avantage de me per-
mettre d’agrandir le texte que je devais
Quelques jours après, en rendant visite lire comme je pouvais l’écouter grâce à
à la « Mission Handicap » de l’université ma synthèse vocale.
D É FIC IE NC E VIS U EL L E ET S COL A RIT É : DÉF IS ET S OL U T ION / 85

Ainsi, même quand la fatalité de ne de braille en échange de cours d’in-


plus pouvoir lire, comme annoncée par formatique. Elle avait apprécié ma mé-
mon premier ophtalmologue, m’ar- thode d’enseignement et m’avait en-
riva en dernière année de mon cycle couragé à démarrer un projet pour
d’ingénieur, j’ai pu poursuivre mes promouvoir les nouvelles technolo-
études grâce au logiciel de lecture gies au service des personnes en si-
d’écran avec lequel j’écoutais ce que tuation de handicap visuel. Partageant
je ne voyais plus à l’écran d’ordinateur. son avis, mes parents m’ont apporté
L’ophtalmologue ne s’était pas trompé leur appui pour la création de ma so-
sur le fait que j’allais devenir aveugle, ciété « Centre-BVS, Basse Vision Ser-
Il s’est trompé sur quand ça devait ar- vices ». C’est ainsi que mon chemin a
river. En Effet, je ne pouvais pas être croisé celui d’UNICA (Network of Uni-
chirurgien ou pilote, mais « ingénieur versities from the Capitals of Europe)
en informatique », c’est pas mal aussi. et l’équipe du projet RUMI (Réseau des
Universités Marocaines pour l’ensei-
Heureusement, avec les efforts de tous gnement Inclusif). J’espère à travers ce
ceux qui m’ont soutenu, j’ai décroché projet mettre à profit mon expérience
mon diplôme d’ingénieur avec les féli- afin d’améliorer le cursus universitaire
citations du jury en 2007. des étudiants marocains en situation
de handicap et contribuer ainsi à aug-
menter leurs chances d’intégration
Retour au Maroc
professionnelle.
Bien que j’avais une opportunité de tra-
vailler en France, suite au dernier stage
Rêve d’un Maroc meilleur
de fin d’étude dans une grande entre-
prise qui avait pris le soin de m’aména- J’ai la certitude que de nombreux étu-
ger un poste de travail pour faciliter ma diants marocains en situation de han-
mission professionnelle, j’avais plutôt dicap visuel n’ont pas pu poursuivre
envie de contribuer au développement leurs études à cause de difficultés sem-
de mon pays, même si je ne savais pas blables à celles que j’ai rencontrées.
encore comment y parvenir. J’ai eu la chance de pouvoir les surmon-
ter et trouver un chemin pour continuer
De retour au Maroc, en attendant de mes études. J’espère que dans moins
trouver du travail, une jeune femme d’une décennie tous les étudiants bé-
malvoyante m’avait donnait des cours néficieront de bonnes conditions pour
86

aller aussi loin dans leurs études que Capitalisation d’expérience


leurs capacités les leurs permettent.
La clé de la réussite de l’intégration
universitaire des étudiants en situation
Problème de mentalité de handicap visuel est l’élaboration de
bonnes pratiques, fruit du cumul des
Un jour je me suis rendu dans un CHU
pour donner des dépliants aux ophtal- expériences.
mologues et orthoptistes. Je me suis
retrouvé au bureau d’un professeur Afin d’élaborer ces bonnes pratiques,
d’ophtalmologie qui a très mal pris mon une cellule d’accompagnement des
action et m’a dit que je faisais des efforts étudiants en situation de handicap doit
inutiles. Pour lui 80% de l’information être présente au sein de l’université.
passe par le sens de la vue, ce qui veut
A TRAVERS SES MISSIONS :
dire qu’une personne privée du sens de
la vue n’aura jamais suffisamment d’in- • accueil et écoute des étudiants
formations pour poursuivre une scolarité en situation de handicap ; 
normale ou travailler. Il a raison sur le fait • sensibilisation des professeurs,
que 80% des informations sont perçu du personnel administratif
par le sens de la vue, mais ceci est va- et des étudiants ; 
lable pour une personne dont la vision • aménagement des cours
est normale. Car dès que la vision est et examens.
altérée des mécanismes de compensa-
tion sont mise en place spontanément LA CELLULE CAPITALISE :
pour obtenir l’information par des voie
détournées. Les nouvelles technologies • une meilleure compréhension
que je voulais lui présenter offrent en- des difficultés et besoin lié à chaque
core plus de facilités à accéder aux in- type de handicap ;
formations. Ainsi une grande partie des • un fond de support de cours adapté ;
80% d’informations visuelles arrivent • un guide de bonnes pratiques
quand même au cerveau des personnes destiné aux enseignants pour
en situation de handicap visuel par prendre en compte les différents
d’autres canaux. handicaps dans leur méthodologie
pédagogique ;
D É FIC IE NC E VIS U EL L E ET S COL A RIT É : DÉF IS ET S OL U T ION / 87

• d es bénévoles membres de la cellule Ce soutien ne doit pas être uniquement


pour offrir des services aux étudiants motivé par la compassion ce qui amène
en situation de handicap, comme à faire trop de choses à la place de la
enregistrement audio de support personne en situation de handicap.
de cours, soutien scolaire ;
• une vision stratégique pour Une aide bénéfique doit se limiter aux
l’intégration des étudiants en situations où elle en a vraiment besoin
situation de handicap. afin de lui laisser le champ de dévelop-
per ses capacités et son autonomie.
Cette aide dépend de chaque per-
CONCLUSION sonne et des situations qu’elle n’arrive
pas à surmonter.
Le handicap est un défi pour la per-
sonne qui le porte. Elle doit réussir à En effet, le handicap est perçu par la
l’accepter, fournir plus d’efforts, de pa- personne en situation de handicap à tra-
tience et de persévérance pour surmon- vers les situations difficiles à surmonter.
ter les obstacles qui y sont liés. C’est L’aide humaine et technique intervient
aussi un défi pour la société qui doit sa- dans ces situations pour que le poids du
voir porter sur elle un regard positif et handicap ne pèse plus seulement sur la
la soutenir quand elle en a besoin pour personne qui le porte.
la conduire vers la réussite.

88

Accès à l’information que leur offre le vidéo-agrandisseur qui


par les nouvelles technologies permet d’agrandir n’importe quel livre
ou autre document (relevé de banque,
L’accès à l’information à travers la lec- contrat, document personnel, pros-
ture est la principale difficulté que ren- pectus,...).
contrent les personnes avec handicap
visuel. Aujourd’hui cette difficulté est Machine à lire :
surmontée grâce à divers outils. Pour Si la difficulté de lecture persiste même
qu’elle leur soit accessible, l’information avec un agrandissement, la machine à
peut être agrandi, vocalisé ou transcrite lire utilise la reconnaissance de carac-
en braille. Les nouvelles technologies tères pour lire vocalement tout livre im-
offrent une multitude de solutions pour primé.
rendre l’information accessible.
Imprimante braille :
Logiciel de lecture d’écran : A l’aide d’une imprimante braille et d’un
Le logiciel de lecture d’écran lit à l’aide logiciel de transcription braille il est pos-
d’une voix de synthèse tout ce que le sible de retranscrire n’importe quel texte
malvoyant ne peut pas voir sur l’écran. sur ordinateur en documents braille.
Il lui offre aussi la possibilité de contrô-
ler son appareil par des commandes
Organisation
clavier ou des gestes tactiles.
Pour l’intégration universitaire les aides
Logiciel d’agrandissement : techniques ne sont que le maillon d’une
Au cas où la personne possède une chaine. Le plus important est l’organisa-
faible vision, le logiciel d’agrandissement tion qu’il y aura autour.
procure un confort de lecture optimale
en agissant sur la taille des caractères, les L’implication des enseignants, de l’admi-
couleurs, le repérage des éléments... nistration et des étudiants est nécessaire
pour aboutir aux résultats souhaités.
Plage braille :
En couplant le lecteur d’écran à une D’après mon expérience et les diffé-
plage braille, la personne pourra aussi rentes recommandations dont j’ai pris
lire en braille tout ce qu’elle écoute à connaissance, les principaux besoins
travers le lecteur d’écran. d’un étudiant malvoyants sont :

Vidéo agrandisseur : • des documents adaptés ;


La majorité des personnes malvoyantes • un professeur volubile ;
possèdent un reste visuel. Grâce à • de bonnes conditions pour
l’agrandissement et l’amélioration des passer les examens ;
couleurs et du contraste la lecture re- • l’accessibilité des locaux
devient possible pour elles. C’est ce de l’université.
D É FIC IE NC E VIS U EL L E ET S COL A RIT É : DÉF IS ET S OL U T ION / 89

Documents adaptés : Aménagement des examens :


Un étudiant malvoyant aura des diffi- Un étudiant malvoyant est capable de
cultés ou carrément l’impossibilité de rédiger ses réponses d’examen sans
lire les supports de cours écrits dont il obligatoirement avoir recourt à un se-
a besoin durant son parcourt universi- crétaire. Pour cela, il a besoin des condi-
taire. Il a donc besoin de documents tions suivantes :
adaptés.
• u n temps supplémentaire pour
Pour adapter un document pour une compenser sa lenteur de lecture
personne malvoyante, il est possible de et d’écriture ;
le transcrire en braille, audio ou agrandi. • des sujets d’examens adaptés
(agrandis, électronique ou braille) ;
Pour un étudiant légèrement malvoyant, • un éclairage suffisant et la
une simple photocopie agrandi du for- possibilité de rédiger sur
mat A4 vers A3 est suffisante. Ceci re- des feuilles avec des traits bien
présente un agrandissement de 2x. contrastés. Eventuellement,
la possibilité de rédiger
Ceci dit, pour la majorité des malvoyants, les réponses sur un ordinateur
le choix d’une police agrandie en gras dans un document qui sera rendu
apporte un meilleur confort de lecture à l’administration sur clé USB
sur un format de taille raisonnable A4. pour être imprimé et remis au
Des polices recommandées sont Arial, professeur qui va le corriger ;
Verdana, Comic sans MS… pour les lan- • un examen oral.
gues latine et Traditional Arabic, DejaVu
Sans Mono… pour la langue arabe. Accessibilité de l’université :
Pour qu’un étudiant malvoyant puisse
Concernant les étudiants qui ne peuvent se déplacer de manière autonome au
pas lire en agrandi, la solution est le re- sein de l’université, il faudrait que :
cours à l’enregistrement audio ou la
transcription braille. • les trajets soient balisés et ne
présentant aucun danger ;
Professeur volubile : • l’éclairage des couloirs, des salles
Pour un malvoyant, le professeur idéal de cours… soit adéquat ;
est celui qui décrit oralement tout ce • les portes soient de couleurs contras-
qu’il écrit au tableau. C’est aussi un tées et avec des repères au sol…
professeur qui n’utilise pas à profusion
« ceci, ici, cela, cette… ». Au lieu de mon-
trer du doigt le tableau on disant « on va
adopter cette définition », ce professeur
idéal dira « on va adopter la deuxième Nabil Maaroufi
définition de la Jurisprudence ». Centre Basse Vision Services (BVS)
90

Les centres ressources dans les universités


marocaines partenaires
Un des livrables les plus importants Les équipements ont été installés dans
dans le projet RUMI est la création des les centres ressources dédiés à cette
centres ressources au sein des universi- fin dans les neuf universités marocaines
tés marocaines partenaires. Les centres partenaires du projet RUMI :
ont été créés et équipés à la fin de
2016 grâce au soutien de la Commission • Université Abdelmalek Essaâdi
Européenne. Le personnel des universi- (Tétouan)
tés a été formé pour savoir utiliser à bon • Université Moulay Ismail (Meknès)
escient ces équipements spécifiques. • Université Ibn Zohr (Agadir)
• Université Cadi Ayyad (Marrakech)
Aussi, les équipements spécifiques sui- • Université Internationale de Rabat
vants ont été achetés en sein du projet • Université Mohammed V de Rabat
RUMI : • Université Sultan Moulay Slimane
(Beni Mellal)
•  lage Braille Focus 40 ;
p • Université Mohammed Premier
• imprimante Braille Index Everest ; (Oujda)
• loupe de texte digital ZoomText ; • Université Ibn Tofail (Kénitra)
• d
 ictaphone numérique
Milestone 312 Daisy ;
• a
 udio Domino Personal
Listening System.

Ouverture du centre
ressources de Université
Sultan Moulay Slimane,
Beni Mellal
91
:  / 91

Comité technique
IDMAJE
92

Comité technique
IDMAJE

Mohammed Pour bien gérer le projet RUMI, nous avons mis en place
Youbi Idrissi une instance de gouvernance nommée Comité exécutif d’Inser-
Coordinateur tion, de Dissémination, de Médiation et d’Accompagnement
pédagogique des Jeunes Étudiant(e)s. L’acronyme IDMAJE recherché et rete-
du projet RUMI, nu n’est donc pas fortuit, car il veut dire en arabe « Insertion », et
Professeur traduit notre souci de coller aux valeurs que s’efforce à véhiculer
à l’Université et ancrer le projet RUMI.
Abdelmalek
Essaâdi, Tétouan Les responsables des neuf universités partenaires marocaines
n’ont pas hésité à formaliser la démarche officielle des respon-
sables du comité IDMAJE. Des lettres de nomination ont été
aussitôt signées par les présidents des universités partenaires en
désignant institutionnellement la personne de contact au sein
du comité IDMAJE de chaque université. Cet acte symbolique
signifie que la décision est prise au niveau du haut management
des présidences pour encourager et appuyer tout le processus
de mise en place des dispositifs préconisés par le projet RUMI.

Dès lors de sa mise en place et son officialisation, le comité


exécutif IDMAJE a joué un rôle primordial dans la coordination
des travaux du projet et a participé activement à la réalisation
de plusieurs livrables. En effet, il y a lieu de se féliciter que les
membres IDMAJE assuraient un flux continue et dynamique
de partage d’informations et d’échanges de bonnes pratiques
entre les neuf universités marocaines partenaires. Ceci nous
conforte dans l’idée que la responsabilisation de personnes
ressources, impliquées et motivées, participe à créer une sy-
nergie active permettant d’atteindre les objectifs arrêtés et
les résultats escomptés.

Plusieurs réunions ont été consacrées aux travaux du comité


IDMAJE, soit en marge de certaines rencontres tenues en Eu-
rope ou au Maroc, soit organisées pour traiter spécifiquement
COMIT É T ECHNIQU E IDMA JE  / 93

de certaines questions où la concerta- permettant de pallier les difficultés et


tion entre les universités marocaines d’avancer avec confiance et sérénité
partenaires devait aboutir à des prises pour atteindre les objectifs assignés.
de décisions concertées. Il en était ain-
si pour l’élaboration du questionnaire/1, La récente réunion d’IDMAJE à l’uni-
discuté, élaboré et mis en ligne à l’at- versité Mohammed V de Rabat était
tention des étudiant(e)s. La réalisation concluante car elle dessine un horizon
du film_ RUMI et son amélioration est pour un travail collectif, concerté et
également le fruit d’une collaboration coordonné. En effet, grâce à IDMAJE il
collective enrichie par les remarques et était possible de définir, avec finesse et
apports du comité IDMAJE. Mais l’utili- savoir-faire, la vision et les missions que
té de ce comité est avant tout destinée à l’on cherche à dresser pour la durabilité
assurer la pérennisation du projet RUMI du projet RUMI. D’où l’élaboration du
en veillant à mettre en place l’Associa- statut de l’« Association RUMI » que l’on
tion RUMI qui se chargera de porter propose de monter réellement et offi-
les actions de RUMI au-delà des délais ciellement lors de la réunion finale du
officiels alloués au projet RUMI qui doit projet RUMI.
prendre fin, au bout de trois années de
travail, le mois de janvier 2017. De par les déclarations de nos parte-
naires institutionnels, et leur intention
La leçon retenue de la création de ce de faire de l’inclusion, de l’égalité des
comité exécutif IDMAJE est haute en chances et de l’équité une priorité des
signification, car l’objectif de monter stratégies qui se dessinent à l’horizon
et consolider un réseau des universi- 2030, nous pensons que la démarche
tés marocaines autour des valeurs de RUMI pourrait s’étendre pour intéres-
l’inclusion, de l’égalité des chances et ser et englober toutes les universités
de l’approche genre, doit tirer sa force marocaines.
d’un organe de gouvernance, comme
celui d’IDMAJE. Un organe exécutif à La dynamique enclenchée dans la société
même d’assurer une bonne circulation civile par l’apport assez important du nou-
de l’information entre les différents veau cadre législatif, nous conforte dans
partenaires, une réactivité exemplaire l’idée que les valeurs que défend et vé-
et une capacité de prise de décisions hicule le projet RUMI trouveront un écho

1 Questionnaire RUMI : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSeGPoy08nupdG1Yea_bZk9R0_V7P30u_


HIfgSWX8lu5uhY_RA/viewform?fbzx=8077802981915309507
94

très positif auprès de plusieurs associa- ferme conviction que le Comité exé-
tions de la société civile, de fondations cutif IDMAJE et l’Association RUMI
caritatives et d’ONG d’utilité publique. qui va bientôt être mise en place sont
appelés à jouer un grand rôle d’inter-
En fin, l’implication des collectivités face entre les différentes entités citées
territoriales dans la gestion des affaires ici-haut pour placer la sphère universi-
régionales et locales, basées sur la par- taire au cœur des préoccupations des
ticipation citoyenne et sur les bonnes uns et des autres et pour amorcer un
pratiques de la gouvernance, érigera changement vers une société inclusive,
certainement ces collectivités comme égalitaire, tolérante et évolutive. De la
de nouveaux partenaires qui pour- convergence de tous ces acteurs dé-
raient jouer un rôle primordial dans le pend le degré de développement que
processus de l’inclusion à des échelles l’on cherche à assurer nos seulement à
territoriales différents. Nous avons la l’université mais à tout le pays.

Membres du Comité Technique IDMAJE 2016 :


Mohammed Youbi Idrissi - Université Abdelmalek Essaâdi, Tétouan • Wajih El Ghachi - Association des étudiants ASSO BDE,
Tanger • Mohamed Yassine - Université Moulay Ismail, Meknes • M’feddal Hilali - Université Internationale de Rabat, Rabat
• Hafida Mderssi - Université Mohammed V, Rabat • Cherki Karkaba - Université Sultan Moulay Slimane, Beni Mellal •
Samia Berrada - Université Cadi Ayyad, Marrakech • Amal Merimi - Université Ibn Zohr, Agadir • Mohammed Benkaddour -
Université Mohammed Premier, Oujda • Jamal Al Karkouri - Université Ibn Tofail, Kénitra
95
:  / 95

Qu’est-ce que j’ai appris ?


Impressions de partenaires
96

Le projet RUMI était une expérience à la fois unique et enrichissante


pour tous les partenaires, qu’ils soient marocains ou européens.

Le fait que les réunions aient été organisées dans des lieux diffé-
rents, au Maroc et en Europe, a certainement joué en faveur d’une
compréhension mutuelle. Le projet a permis à chacun de découvrir
la culture de l’autre et de porter un regard approfondi sur des points
de vue différents. Ainsi, cette expérience nous a également permis
de mieux connaître nos propres perspectives.

Nous avons en outre été enchantés par l’hospitalité sans


Hilde Van Lindt égale de nos partenaires marocains, trouvant son reflet
Erasmushogeschool, Bruxelles dans les plats nationaux tous plus savoureux les uns que
les autres, mais aussi dans les visites guidées, autant
Frans Smulders
Jacqueline Van Swet d’occasions de discuter de manière informelle et d’ap-
Université Fontys prendre à mieux se connaître.
des Sciences Appliquées,
Tilburg Même si l’objectif du projet consistait à soutenir les uni-
versités marocaines dans la mise en œuvre de politiques
inclusives, il était clair que les partenaires universitaires eu-
ropéens, appelés à proposer notre expertise, ont également pu
prendre part à un processus d’apprentissage intéressant. De toute
évidence, nous avons tous beaucoup appris les uns des autres en
posant des questions essentielles, en abordant des sujets délicats,
en étant à l’écoute les uns des autres et en nous ouvrant entiè-
rement au point de vue de nos interlocuteurs. Cette expérience
s’avère aujourd’hui des plus utiles, car beaucoup de pays euro-
péens éprouvent des difficultés à intégrer les nombreux jeunes ré-
fugiés en provenance des pays d’Afrique du Nord. Cela nous aide-
ra, nous l’espérons, à mieux les comprendre.

Dans l’ensemble, on peut dire que cela a été une expérience di-
dactique très intéressante qui nous a donné l’occasion de ren-
contrer nos collègues marocains, de découvrir leur mode de vie
et d’aborder des sujets qui posent également problème dans nos
propres pays. Nous avons été impressionnés par l’esprit d’ouver-
ture dont nos collègues marocains ont fait preuve lors des nom-
breux débats menés.

Même s’il n’a pas été facile pour certains partenaires de s’exprimer
en français, cela a été une expérience enrichissante pour nous tous !
Nous espérons que les résultats du projet, et notamment le film
RUMI, inciteront d’autres étudiants à s’inscrire dans les universités
marocaines !
QU’E ST-C E QUE J’A I A PPRIS  ? IMPRES S IONS DE PA RT ENA IRES  / 97

J’ai personnellement beaucoup appris du Projet RUMI sur l’ensei-


gnement inclusif. Et je suis convaincu que l’ensemble des partici-
pant(e)s partage le même sentiment.

Le Projet a été mené de bout en bout par une équipe com-


posite de marocains et d’européens qui ont su programmer
Mounir Zouiten
Université Mohammed V
les rencontres et respecter les Agendas arrêtés. Les échanges,
de Rabat occasionnés lors des multiples rencontres en Europe et au
Maroc, ont renforcé nos connaissances en matière d’ensei-
gnement inclusif. Ils nous ont aussi permis d’élargir notre
réseau de connaissances aussi bien dans le corps des ensei-
gnants-chercheurs que dans celui des cadres des organisations
académiques. Quasiment, toutes les tâches, planifiées dans le cadre
du Projet, ont été accomplies dans de très bonnes conditions pour
les participant(e)s.

C’est merveilleux d’arriver en fin de parcours d’un projet et de sentir


que l’effort collectif, qui a été déployé durant son processus, pour-
rait contribuer réellement à changer l’ordre des choses dans nos
Universités en faveur des populations estudiantines concernées par
l’inclusion dans les Etablissements d’enseignement. Le ressenti est
d’autant plus grand lorsqu’on sait qu’aujourd’hui les neufs univer-
sités marocaines participantes disposent, désormais chacune, d’un
Centre de Ressources doté d’équipements et de matériels spéci-
fiques destinés aux non-voyants, malvoyants et malentendants.

La mission de la formation des formateurs est également engagée


en vue d’asseoir la bonne gouvernance des Centres-Ressources. Ce
ne sont que des Laboratoires de bonnes pratiques qui devraient être
dupliqués dans tous les Etablissements universitaires.

Trois facteurs majeurs devraient, de mon point de vue, faciliter da-


vantage les opérations de formation et d’encadrement en les répan-
dant sur l’ensemble des espaces universitaires :

- D’abord, le fait que nous ayons eu, pour les opérations d’acquisi-
tion d’équipements et des formations en faveur des bénéficiaires
des Centres de Ressources, le meilleur expert sur la place en la
matière. C’est une grande chance d’avoir la personne idoine, veil-
lant à la bonne gestion et suivi du Projet avec toutes les qualités
requises.

- E
nsuite, les perspectives des activités de l’Association IDMAJ
qui visent à assurer le suivi et l’évaluation des actions et activi-
98

Il paraît donc impératif d’instituer un ensei-


tés d’inclusion des personnes à besoins
gnement qui met en œuvre des dispositifs
spécifiques dans nos Universités. L’As-
visant à supprimer les barrières matérielles,
sociation nationale est, dans le cas du
pédagogiques, culturelles et sociales ren-
présent Projet, un atout considérable
contrées à l’accès aux études et à favoriser,
pour sa pérennisation.
par ailleurs, l’insertion socioprofessionnelle
- Enfin, et plus globalement par le haut, des étudiants bénéficiaires. Ceci suppose de
la dynamique que devraient enclencher mettre en œuvre un dispositif d’accueil des
les nouveaux plans stratégiques respec- étudiants concernés et d’instituer des amé-
tifs du Ministère de l’Enseignement Su- nagements raisonnables que les étudiants
périeur (MESRFC) et celui du Dévelop- porteurs de handicap sont en droit d’obte-
pement Social (MSFFDS), partenaires nir pour leur assurer des chances égales de
eux-mêmes avec l’ONDH (Observatoire réussite et pour participer pleinement aux
National de Développement Humain) activités sociales, culturelles et sportives qui
du Projet durant tout son déploiement. caractérisent la vie d’un étudiant.

Au-delà de ces enseignements pratiques L’ouverture de l’Université se mesure par sa


tirés de l’expérience du Projet, nous avons volonté d’intégrer les personnes à besoins
également été plus sensibilisés et plus spécifiques au monde de la transmission
conscientisés sur les besoins des caté- du savoir. C’est une structure qui ne devrait
gories d’étudiants en situation de handi- en aucun cas exclure personne en mettant
cap qui sont de plus en plus nombreux à en place des dispositifs adaptés pour tous
s’inscrire dans l’enseignement supérieur. selon les besoins de chacun. Elle est tenue
Il n’est plus donc possible, pour nous, de d’être ouverte à la différence, d’adapter son
penser le développement et la moderni- enseignement à chacun et de prendre en
sation de notre système d’enseignement compte toutes les difficultés d’apprentis-
sans se préoccuper réellement des condi- sage de chacun.
tions d’accès aux connaissances et d’ac-
C’est dans cette perspective que l’on arrive-
cès physiques en faveur des catégories
ra à donner aux étudiant(e)s en situation de
d’étudiant(e)s à besoins spécifiques.
handicap la possibilité de se réaliser et de
La mise en œuvre des outils d’infrastruc- s’épanouir en allant jusqu’au bout de leurs
ture et technologiques permettent l’ac- capacités. C’est la voie de la démocratisa-
cès aux études sans discrimination et tion de l’enseignement supérieur qui per-
la réalisation du projet de formation de met de contribuer à renforcer les valeurs
l’étudiant dans les meilleures conditions. humaines tant nécessaires à l’éducation à
Celui-ci devrait pouvoir acquérir un di- la citoyenneté et à un enseignement pensé
plôme académique valorisable sur le et réussi.
marché du travail.
QU’E ST-C E QUE J’A I A PPRIS  ? IMPRES S IONS DE PA RT ENA IRES  / 99

Le projet RUMI a contribué à élargir nos horizons des citoyennes


du monde, en nous permettant d’approfondir une rencontre, celle
avec la culture marocaine, qui a commencé il y a plusieurs années,
dans le cadre d’un précédent projet TEMPUS.

Barbara Felcini Nous aimons penser que, grâce à Rumi et à tous les collè-
Laura Moschini gues partenaires, nous avons pu bouger un autre pas vers
Università degli Studi Roma Tre,
la réalisation de la pleine citoyenneté des femmes et sur-
Rome
monter la division historique des rôles entre les sexes, en
aidant à modifier les comportements et les traditions. Il sera
peut-être un cas, mais c’est de ces jours-ci la nouvelle que le gou-
vernement marocain a décidé de réécrire les manuels en usage
dans les écoles publiques, en éliminant toute référence discrimi-
natoire, intolérante ou sexiste envers les femmes, les handicapés
et les gens qui habitent les zones rurales. Une annonce qui semble
juste en ligne avec notre projet.

Le projet RUMI se pose, donc, à la suite de la modernisation en


place, visant à renforcer l’égalité des sexes et de la démocratie ma-
rocaine, comme en témoigne l’entrée en vigueur en 2004 de la
nouvelle loi sur la famille qui a jeté les bases pour une majeure
reconnaissance des droits des femmes.

Nous croyons que ce serait bien de surveiller l’impact des actions


mises en place par le projet RUMI et, sur la base des 17 Sustai-
nable Development Goals (Objectifs de développement durable)
signé le 25 Septembre 2015 par l’ONU, de développer une nouvelle
recherche sur les conditions sociales et économiques de la po-
pulation, afin de mettre en œuvre les objectifs généraux énoncés
dans son préambule: mettre fin à la pauvreté, protéger la planète
et assurer la prospérité pour tous grâce aux 17 objectifs et parmi
ceux-ci : bonne santé, bien-être, éducation de qualité, réduction
des inégalités et égalité des sexes (Objectif 5 : assurer l’égalité des
sexes et l’autonomisation des femmes et des filles) dans le cadre
d’un nouveau programme de développement durable (http://
www.un.org/sustainabledevelopment/fr).

Enfin, en serrant dans nos bras les compagnons de ce voyage qui


a duré trois ans, nous faisons nôtres les paroles du poète Rumi
qui nous inspiré le long de ce chemin: Laissez la beauté de ce que
vous aimez être ce que vous faites. Il y a mille façons de s’age-
nouiller et de baiser la terre.
100

Le projet RUMI s’achève, et j’éprouve un sentiment mêlé de fierté


et de tristesse : fierté d’avoir atteint les objectifs et les finalités du
projet, tristesse de ne pas savoir si j’aurai la possibilité à l’avenir
de travailler à nouveau avec les partenaires du projet, maintenant
que le Royaume-Uni a choisi de quitter l’Union européenne.

L’UE a pour habitude d’évaluer la qualité d’un projet de ma-


nière intrinsèque. Mais pour moi, la mesure de la qualité va
Mee Foong Lee
European Access Network, au-delà du simple respect des délais et de la production de
Londres résultats tangibles. Entre les premiers regards curieux et les
approches timides au début du projet, et les étreintes cha-
leureuses échangées à la fin des trois années, ma participa-
tion au projet RUMI a élargi mon champ de vision, diversifié mes
horizons et a changé ma perception des choses, sur des questions
qui n’étaient jusqu’alors pour moi que des hypothèses. Cela m’a
aidé à me développer en tant que personne, et à mieux m’informer
et m’équiper pour contribuer au projet RUMI.

Nos partenaires marocains ne se sont pas contentés de « rece-


voir » l’« expertise » de leurs partenaires européens. Ils nous ont
également donné en retour leur savoir et leur sagesse. En com-
prenant et acceptant nos différences ethniques, culturelles et re-
ligieuses, nous avons été en mesure d’éliminer tout conflit et de
trouver ensemble le meilleur chemin pour aller de l’avant. Nous
avons brisé les barrières et forgé des amitiés durables. Notre rôle
dans le projet a fait de nous des « ambassadeurs » dans le domaine
de l’enseignement. C’est ce que l’on appelle la « diplomatie édu-
cative », un aspect souvent resté dans l’ombre. Nous avons tous
contribué à cet égard et j’espère avoir donné à mes partenaires
européens et marocains bien plus qu’un simple « Mode d’emploi »
expliquant comment établir un réseau de relations pour faciliter
l’accès à l’enseignement supérieur !
QU’E ST-C E QUE J’A I A PPRIS  ? IMPRES S IONS DE PA RT ENA IRES  / 101

La coordination du projet RUMI a une place particulière au sein


des activités du Réseau UNICA. Enseignement inclusif est effecti-
vement une des priorités du réseau. Il existe au sein d’UNICA
depuis longtemps un groupe de travail au sujet de l’équité
Kris Dejonckheere dans l’enseignement supérieur qui a pour but le réseautage
Marta Rachlewicz
UNICA, Network of des responsables et les échanges des bonnes pratiques
Universities from entre les universités. En plus, il est important de mention-
the Capitals of Europe, ner que chaque université désirant de devenir membre du
Bruxelles
réseau UNICA est demandée de signer la Charte des Oppor-
tunités Egales (Mission Statement on Equal Opportunities)
qui stipule que toutes les universités de l’UNICA, en tant qu’Uni-
versités des Capitales d’Europe respectant les valeurs démocra-
tiques, s’engagent à mettre en œuvre des politiques, des procé-
dures et des pratiques qui ne discriminent pas en fonction du
sexe, de l’état civil, de l’âge, du handicap, de la couleur, de l’ori-
gine ethnique, de croyance ou d’orientation sexuelle. Par consé-
quent, ils mettront en œuvre des programmes visant à éliminer
les obstacles à l’égalité et à promouvoir les concepts de diversité
et d’égalité des chances dans toutes leurs activités. RUMI est un
projet qui nous a inspiré et qui a permis de tisser des liens entre
les universités et les collègues européens et marocains.

Au nom de notre association bureau des étudiants de la faculté de


droit TANGER (BDE), nous avons eu l’honneur et la chance d’être
associés à ce grand projet : Réseau des Universités Marocaines pour
l’enseignement Inclusif (RUMI). Que les étudiants, à travers
leur association, soient impliqués dans de tels projets est une
Wajih El Ghachi démarche pédagogique de premier ordre. En effet, le fait que
Association bureau nous avions eu l’opportunité de bénéficier des formations en
des étudiants, Tanger Europe, des journées d’études au Maroc et des démarches
de concertation avec tous les partenaires marocains et euro-
péens est pour nous une occasion précieuse et enrichissante. C’est
une occasion qui nous a permis de relater les opinions et points
de vue des étudiant(e)s tout en mesurant la quantité de travail qui
reste à faire pour amorcer le changement vers une université juste,
équitable et inclusive pour tous les étudiants sans distinction faite
du niveau social, de la religion ou du pays de provenance.
102

Journées d’études sur l’inclusion et l’approche genre à l’Université


Sultan Moulay Slimane, Beni Mellal, les 22-24 avril 2015.

Formation « Précarité socio-économique et diversité à l’université » à


la Vrije Universiteit Brussel (VUB), Bruxelles, les 7- 8 décembre 2015.
103
:  / 103

Les universités
marocaines inspirées
par l’expérience RUMI
UNIVERSITÉ MOHAMMED V
DE RABAT

RUMI : UNIVERSITÉ
AncrerCADI leAYYAD
concept de l’inclusion
dans les universités marocaines

UNIVERSITÉ MOHAMMED
PREMIER

MINISTÈRE DE L‘ENSEIGNEMENT
SUPÉRIEUR, DE LA RECHERCHE
via ETun
SCIENTIFIQUE questionnaire
DE LA FORMA- hébergé sur le
Samia Berrada site web de RUMI.
TION DES CADRES Ce dernier est
Université Cadi Ayyad Marrakech
structuré selon trois volets : le premier,
d’ordre général, est destiné à toutes
les étudiantes
NATIONAL DE et à tous les étudiants, le
Le Maroc a placé le développement
OBSERVATOIRE
second
DÉVELOPPEMENT est réservé aux quatre groupes
HUMAIN www.rum
du système éducatif parmi les pre- cibles et le dernier est consacré à la
mières priorités de l’état. Il a intro- perception de l’inclusion et de l’égalité
duit des réformes nécessaires répon- des chances et de certains stéréotypes.
dant au contexte général d’évolution Toutes les données collectées ont été
de la société marocaine et à ses as- focalisées et traitées par le coordona-
pirations pour un futur meilleur. Son teur marocain du Projet RUMI.
objectif ultime
RUMI-Handbook-FR-AR-END.indd 41 est de dispenser une Les partenaires ont participé à des jour-
éducation édificatrice d’une socié- nées d’études sur l’inclusion et l’égalité
té démocratique, solidaire, moderne des chances dans les universités maro-
et ouverte. C’est dans cette synergie caines pour dégager une vision globale
que l’université marocaine s’est ins- sur la situation dans nos universités et à
crite avec la stratégie de profiter de identifier les besoins.
toutes les expériences réussis, de part
le monde, dans l’inclusion et l’égalité En effet, des formations ont été organi-
des chances dans l’enseignement su- sées sur l’inclusion et l’égalité des chances
périeur tout en l’adaptant aux spécifi- ainsi que des visites aux services dispen-
cités marocaines. sés dans les universités Européennes.

Chaque université partenaire a lancé


Étudiants en situation de handicap 
une campagne de sensibilisation au-
près de ses étudiants pour renseigner La formation à l’Université de Paul-
des fiches électroniques relatives à Valéry, Montpellier est consacrée à l’in-
l’intégration des quatre groupes cibles clusion des étudiants à besoins spéci-
LE S UNIVE R SITÉ S MAROCA INES INS PIRÉES PA R L’EXPÉRIENCE RU MI  / 105

fiques. Les partenaires européens ont Le centre de ressource de l’Université


présenté leur expérience ainsi que le Cadi Ayyad de Marrakech, a pour rôles :
chemin parcouru pour concrétiser les
pratiques réussies. Ces dernières étaient
le fruit d’une coopération judicieuse • le repérage des étudiants à be-
entre l’université et son environnement soins spécifiques, lors des séances
socio-économique, à travers une colla- d’accueil de nouveaux étudiants,
boration active avec les organisations et les sensibiliser à s’auto-identifier
qui s’occupent des problématiques de en renseignant des fiches émanant
l’inclusion et de l’égalité des chances. de service spécialisé ;
A cette occasion, les partenaires maro-
• l’édition d’un guide de l’accueil
cains ont exposé leur vision du projet
des étudiants en situation d’Han-
de création de Centres de Ressources,
dicap et l’héberger dans le site de
d’accueil, d’accompagnement et de sui-
l’université avec des propositions
vi des étudiants aux besoins spécifiques
d’aide et d’accompagnement
au sein de leurs universités respectives.
humain et techniques ;
A l’Université Cadi Ayyad par exemple,
et qui compte 75 000 étudiants répartis
• la coordination avec les académies
sur quatorze établissements, seuls huit
de l’enseignement secondaire pour
non voyants, vingt mal voyants et dix en
les inciter à élaborer des dossiers
déficiences auditives sont déclarés au
pour pouvoir identifier en amont
moment d’accès à l’université. Ces étu-
les étudiants nécessiteux ;
diants ne dépassent pas alors un pour-
centage de 0,0005%, et ne reflèteraient • le travail sur l’accessibilité et la
pas la réalité. Il est fort probable que les signalisation des locaux de l’univer-
étudiants ne réclament leur handicape sité selon les normes (un projet du
qu’au moment du besoin, par exemple campus universitaire UCA est conçu
lors d’accès à une salle ayant un pro- selon les normes internationales) ;
blème d’accessibilité le jour d’examen
• la formation des formateurs et
pour les étudiants à mobilité réduite.
la sensibilisation du personnel,
en profitant du savoir faire des
universités plus expérimentées ;
• l’instauration du bénévolat.
106

Malgré l’importance de cette question, • services d’appui à l’apprentissage


notre université manquait de stratégies pour les personnes à déficience visuelle
et de structure de gestion centralisée (Edition en Braille et sous format Au-
capables de fournir des services d’in- dio, enseignement de l’informatique
formation et d’orientation pour les étu- adaptée, alphabétisation en Braille) ;
diants à besoins spécifiques. Cependant
plusieurs importantes actions de solida- • appui à la mobilité individuelle suite
rité sont entreprises pour faire face aux au développement d’un service spé-
questions de l’handicap par le personnel cialisé dans l’attribution du matériel de
et les étudiants. La solidarité estudian- mobilité individuelle et grâce à un par-
tine encadrée parfois par les initiatives tenariat stratégique avec l’Association
de quelques enseignantes et adminis- pour le Transport des Personnes Han-
trateurs est le plus grand atout de notre dicapées (ASTH) (Rennes, France) ;
université. • t ransport collectif adapté : Le centre
a développé un projet pilote de
L’implication et l’engagement dans ce transport collectif adapté pour les
projet RUMI nous a incités à faire une re- personnes en situation de handicap.
cherche plus approfondie à l’échelle de Ce service, le premier de son genre au
l’Université Cadi Ayyad, sur les actions Maroc, exploite 5 minibus et une voi-
et les services liés à l’insertion des étu- ture utilitaire adaptés pour le transport
diants à besoins spécifiques. Nous avons des personnes à mobilité réduite. Ce
relevé la présence d’un Centre de res- service assure, au quotidien, le trans-
sources « Lecture pour tous » pour l’inclu- port scolaire pour 4 classes intégrées
sion socio-éducative et professionnelle (une trentaine d’enfants) et le transport
des personnes en situation de handicap, professionnel pour deux coopératives
dans l’enceinte de la faculté des sciences de femmes en situation de handicap ;
juridiques et économiques. Le centre
travaille dans le développement et l’inté- • a
 ctivités de recherche hébergées
gration des services d’appui pour l’inclu- dans ce centre et parrainées par une
sion sociale, par la formation et la qua- équipe de recherche en économie
lification, des personnes en situation de sociale et solidaire (ERSS)  ; coor-
handicap. Il travaille sur les axes suivants : données par le Professeur Moham-
med BOUGROUM. Cette structure
organise également des rencontres
scientifiques et de sensibilisation au-
LE S UNIVE R SITÉ S MAROCA INES INS PIRÉES PA R L’EXPÉRIENCE RU MI  / 107

tour de la mobilité et l’inclusion des Montpellier de l’association SAEH, et


personnes en situation de handicap ; de l’assistance dont il bénéficie grâce
au soutien de la SAEH, a montré les ap-
• actions pour l’accessibilité architectu-
ports concrets et la réduction des obs-
rale ont été menées par l’association
tacles auxquels sont confrontés les étu-
« Intégration » en partenariat avec
diants cibles. Ces bonnes pratiques
l’ordre régional des architectes. s’exerçant dans un contexte différents
du notre-nous ont poussés à mener des
Actuellement, les activités du centre bé- réflexions profondes pour fonder notre
néficient des partenariats avec plusieurs propre modèle de cellule d’accueil des
institutions : le Conseil de ville, l’INDH, étudiants en situation d’handicap. Il
l’entraide nationale, Rennes Métropole faut alors œuvrer, pour avoir un cadre
et l’association ASTH légal qui traite des aménagements rai-
sonnables que les étudiants porteurs
Le matériel offert dans le cadre du pro- d’handicap soient en droit d’obtenir
jet RUMI, renforcera cette structure. des chances égales de réussite et pour
L’équipement des autres établissements participer pleinement aux activités so-
de l’UCA suivra par multiplication de ce ciales, culturelles et sportives qui carac-
prototype. térisent la vie estudiantine.

L’installation du Comité technique A l’Université marocaine, la question


« IDMAJE » (l’Inclusion, la Dissémination, d’handicape interpelle tous les ac-
la Mobilisation et l’Accompagnement teurs (administrateur, enseignant et
des Jeunes Étudiants marocaines) ayant étudiant). L’université, ne pouvant pas
comme rôle l’application de la stratégie être détachée de son environnement
d’inclusion du RUMI avec un esprit de socioculturel, participera aussi à dé-
tolérance, de diversité et d’égalité des fendre les principes et les valeurs de
chances, a permis d’initier ses membres la solidarité et d’égalité des chances
aux techniques de mise en réseaux. Ce dans la société. En effet, le Maroc a ra-
comité est composé d’un membre de tifié la convention internationale pour
chaque université marocaine partenaire le soutien des personnes en situation
et soutenu par les ministères. d’handicap, a signé le protocole et a
introduit dans la nouvelle constitution
Le témoignage sur l’expérience d’un plusieurs clauses et textes en relation
étudiant en situation de handicap à avec la thématique de ce projet. Le
108

chef du gouvernement s’est aussi en- mation sur Précarité socio-économique


gagé à attribuer une bourse aux en- et la Diversité à Vrije Universite Brussel
fants à besoins spécifiques, en l’inscri- – Bruxelles. Cette problématique a
vant dans le projet de la Loi de finances été abordée à différentes échelles  :
2016 et a affirmé qu’un budget d’un Pratiques en Europe pour l’enseigne-
milliard de dirhams sera alloué par le ment inclusif, la vision sur la précari-
Fonds d’appui à la cohésion sociale té socio-économique dans la ville de
pour soutenir ces enfants. Bruxelles, et une présentation géné-
rale des différents services et activités
Initié par le ministère de l’Emploi et des au sein de la Vrije Universiteit Brussel.
Affaires sociales en partenariat avec
l’Agence nationale pour la promotion de La Fondation Roi Baudouin a dévelop-
l’emploi et des compétences (ANAPEC) pé des programmes d’amélioration des
et l’Entraide nationale, le Forum Han- conditions de vie de la population en
dicap Maroc offre aussi des espaces s’appuyant sur la Justice sociale, sur la
pour le recrutement, le coaching et la Société civile et sur la participation des
formation de personnes handicapées. citoyens aux processus de décision et
aux débats, tout en encourageant les
Précarité socio-économique formes de générosité (fonds).
et diversité 
Au niveau du conseil de Bruxelles ; un
Conscient de l’impact négatif que peut exemple sur l’Egalité des chances a été
avoir la pauvreté sur l’intégration et le présenté par le Président du Conseil des
rendement des étudiants issus de mi- Bruxellois d’origine étrangère.
lieux défavorisés, le projet RUMI s’est
intéressé, lors de la formation dispensée Le témoignage des associations pour
à cette catégorie d’étudiants à l’Univer- la Solidarité estudiantine en Belgique
sité Libre de Bruxelles, pour leur assurer montre le degré d’engagement des
les bonnes conditions d’apprentissage. étudiants et le rôle des associations à
soutenir les étudiants qui se confrontent
Afin de s’inspirer de bonnes pratiques et à des problèmes économiques, en leurs
des expériences réussies pour l’inclusion permettant une meilleure intégration.
des étudiants en précarité socio-écono-
mique, un programme très riche et di- Au Maroc, la société civile participe à plu-
versifié a été présenté au cours de la for- sieurs actions sociales qui contribuent à la
LE S UNIVE R SITÉ S MAROCA INES INS PIRÉES PA R L’EXPÉRIENCE RU MI  / 109

réduction de la pauvreté et de l’exclusion et une structure d’accompagnement et


sociale. Comme à l’image de la société, d’écoute de l’étudiant (FSTG).
l’université UCA regroupe plusieurs as-
sociations sociales et culturelles. Ainsi ; le Au cours de la semaine d’intégration
projet RUMI nous a incité à rencontrer les installée dans quelques établissements
responsables de la majorité des cellules, de l’UCA, nous avons pu sensibiliser les
des clubs ou des associations de l’UCA, nouveaux étudiants aux principes de
qui œuvrent pour l’amélioration des RUMI en les incitants à adhérer aux clubs
conditions sociales des étudiants en pré- sociaux, comme une préparation à la
carité socio-économique. Les expériences mise en place de l’association RUMI.
sur le terrain et les actions concrètes de
ces associations, ont pu sauver et ap- Quand à la vision de notre Ministère
porter réellement d’énormes aides à ce de l’Enseignement Supérieur de la Re-
groupe cible d’étudiants. cherche Scientifique et de la Formation
des Cadres ; son plan d’action en ma-
tière de services sociaux universitaires
Quelques établissements possèdent
(2013-2016) vise à :
des services d’accueil, d’information et
d’orientation des étudiants de toutes ca- •  généraliser des Bourses, Elargisse-
tégories et un centre d’écoute qui assure ment de la base des bénéficiaires ;
l’accueil, l’écoute et accompagnement
des étudiants en situation de vulnérabilité •  étendre des logements universitaires
(FSSM). L’association Tareeq Najah dont et de la restauration universitaire ;
le principal objectif est d’offrir un accom- •  instaurer du système relatif
pagnement aux étudiants en situation à la couverture médical.
difficile (pauvreté, démembrement fami-
lial, éloignement,…) afin de lutter contre L’engagement institutionnel et la signa-
le phénomène de décrochage scolaire ture de conventions de partenariat avec
et universitaire (FSSM). Un Club Agora les parties prenantes de la région (entre-
pour la Culture et l’Innovation qui œuvre prises, collectivité, associations...) offrira
à l’accompagnement des étudiants à aux étudiants des conditions meilleures
besoins spécifique (ENS). Un Service d’apprentissage et renforcera le disposi-
Sanitaire (Ambulance, cabinet dentaire, tif d’appui social visant à faciliter l’accès
échographe, pris en charge par deux des bacheliers à l’université et un en-
médecins (FSEJS) pour les étudiants en seignement inclusif (cités et restaurants
situation de précarité socio-économique universitaires, bourses pour étudiants).
110

Approche genre à l’université  réformes législatives en matière d’éga-


lité de genre et droits des femmes au
Malgré la conquête officielle des droits
Maroc (code de la famille, code de la
à l’égalité, la parité n’a toujours pas
nationalité, constitution,...) et institution-
été atteinte. Pendant le séminaire sur
nelles, font face à des résistances dues
l’approche genre tenu à l’université
Degli Studi Roma Tre, les partenaires notamment à la mentalité patriarcale
européens ont abordé la question des très ancrée dans la société marocaine.
droits humains d’une perspective de
genre, les concepts clef de la question Des conclusions et des recommanda-
de genre ainsi que l’inclusion relative tions ont été tirées pour une mise en place
au genre dans l’enseignement supé- d’un dispositif de renforcement de la re-
rieur et le développement des poli- cherche et de la formation sur le genre
tiques d’égalité des chances. au Maroc. Faire converger et articuler les
efforts des différents partenaires dans
La recherche et la formation sur le leurs initiatives pour l’égalité: universi-
genre au Maroc interpelle l’œuvre du tés, ministères concernés, organismes
feu Fatima Mernissi dans le contexte nationaux et internationaux, chercheurs,
des études genre au Maroc. fondations, associations…  ; et établir
durablement le lien entre le genre et
Dans le cadre du projet RUMI, la ques- le développement pour une meilleure
tion du genre a fait partie des aspects reconnaissance des études de genre.
à évaluer. L’université Moulay Ismaïl a
servi d’échantillon en ce qui concerne Sensibilisation de l’environnement
la représentativité des femmes dans les universitaire pour faire connaitre
équipes de recherche, dans les conseils le projet RUMI
d’établissement, les commissions scien-
tifiques et les responsabilités adminis- Le film documentaire réalisé pour
tratives. L’étude a évalué le taux d’accès une sensibilisation sociale contribue-
des étudiantes à l’université, le pourcen- ra à faire comprendre au grand pu-
tage des professeures chercheures et
blic les problèmes rencontrés par les
des fonctionnaires femmes dans l’uni-
quatre groupes cibles de l’inclusion et
versité marocaine, et dans les organes
de l’égalité des chances aux univer-
de gouvernance de l’université, lieu par
sités marocaines. Ce film sera diffusé
excellence de la prise de décision. Les
sur les chaînes de télévision et proje-
LE S UNIVE R SITÉ S MAROCA INES INS PIRÉES PA R L’EXPÉRIENCE RU MI  / 111

té pendant de multiples rencontres de stratégie et s’inscrivent dans leurs


sensibilisation. champs et actions prioritaires.

Les témoignages des étudiants cibles Ce projet RUM pour un enseignement


exposent les difficultés et contraintes qui inclusif, permettra de mettre en œuvre
sanctionnent leur parcours de formation des dispositifs visant à supprimer ou
et d’apprentissage et qui freinent leur in- à réduire les barrières matérielles,
clusion universitaire. Le choc des images pédagogiques, culturelles et sociales
et la justesse des propos participeront à rencontrées lors de l’accès aux études
faire passer les messages d’une manière et au cours des études universitaire.
pertinente et rapide. RUMI constitue alors une station très
importante dans la mesure où il est en
parfaite concordance avec la volonté
CONCLUSION
du Gouvernement, à démocratiser l’en-
L’adhésion à RUMI d’un maximum seignement supérieur. Il contribuera à
d’universités marocaines et des renforcer les valeurs humaines telles
parties prenantes, particulièrement que le respect d’autrui, la tolérance
les Ministères marocains MESRSFC, et la solidarité entre les individus. Son
MSFFDS et l’ONDH, est considérée impact sera d’encourager les bonnes
comme un pilier solide du réseau. En pratiques non seulement dans les uni-
effet ; les principes et valeurs que dé- versités marocaines mais au sein de
fend RUMI font aussi partie de leur toute la société.
112

U
UNIVERSITÉ MOULAY ISMAIL
D

Rompre avec l’approche affective et


UNIVERSITÉ MOHAMMED V
DE RABAT
U
S

instituer une politique de l’université

UNIVERSITÉ CADI AYYAD U

UNIVERSITÉ MOHAMMED U
PREMIER • Comment répondre aux besoins d’ac- K
Mohammed Dinia cessibilité ?
Université Mohammed V, Rabat
• Ne faut-il pas penser à nommer un
responsable des étudiants en situa-
MINISTÈRE DE L‘ENSEIGNEMENT
M
SUPÉRIEUR, DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE ETtion
DE LAd’handicap ? Reconnaître le droit D
La question des Personnes en Situation FORMA-
TION DES CADRESà l’accompagnement.
E
de Handicap (PSH)  interpelle aujourd’hui
toutes les composantes de la société • Rétablir l’égalité en renforçant l’au-
marocaine. A l’échelle universitaire, le tonomie des étudiants en situation
défi est de taille : comment RUMI OBSERVATOIRE
peut-il de handicap.
NATIONAL DE
DÉVELOPPEMENT HUMAIN www.rumi-
transposer et mettre en pratique, chez
• Renforcer la cohérence et la lisibilité
nous, les expériences des universités
du dispositif d’accueil, ce qui suppose
européennes  ; les résultats auxquels
la création d’un guide de l’accompa-
sont parvenues celles-ci invitent à la
gnement de l’étudiant en situation
réflexion (46 universités sont organisées
de handicap et la constitution d’une
en réseau UNICA , depuis 26 ans main-
équipe plurielle pour réussir l’accom-
tenant). Les politiques d’établissement
pagnement.
intègrent la question du handicap parce
RUMI-Handbook-FR-AR-END.indd 41

qu’il faut rompre avec l’approche affec- • 


Créer des emplois jeunes pour les
tive et sortir du rapport à l’étudiant de étudiants (contractuels ou vacataires)
l’affectif  ; il n’existe aucune différence pour s’occuper, dans l’établissement,
entre un étudiant à besoins spécifiques des étudiants en situation de handi-
et un autre. La situation des PSH n’est cap. Les étudiants en SH préfèrent
plus à considérer comme une affaire de généralement avoir affaire non au per-
cœur ou de charité. Il s’agit d’accorder sonnel administratif ou enseignant,
des droits selon une approche profes- mais aux autres étudiants (même âge
sionnelle, afin de mettre en place des etc.), raison pour laquelle, il faut sensi-
dispositifs appropriés et pouvoir prati- biliser l’ensemble des étudiants.
quer. Dès lors
LE S UNIVE R SITÉ S MAROCA INES INS PIRÉES PA R L’EXPÉRIENCE RU MI  / 113

• R
 enforcer le lien avec les lycées pour Pour la seconde, il faut rappeler qu’un
anticiper l’arrivée de nouveaux étu- fort intérêt est accordé à la question :
diants.
• la volonté royale exprimée à travers
• A
 méliorer l’accueil en mettant le ser- le discours du Trône en 2002 ;
vice sur le passage car l’étudiant en
• la convention internationale ratifiée
situation de handicap est avant tout
par le Maroc en 2009 ;
un étudiant. L’objectif est d’en finir
avec l’échec scolaire lié au handicap. • la constitution de 2011.
Ce n’est pas aux PSH de s’adapter,
mais c’est à la société de s’adapter à Ainsi, la volonté royale exprimée à travers
toutes les situations d’handicap. un extrait de son discours du Trône de
2002 : « Nous tenons à réaffirmer l’intérêt
Deux conditions paraissent indispen- particulier que nous portons aux per-
sables pour atteindre ces objectifs, sonnes en situation de handicap et qui
un changement dans les mentalités et se traduit par l’adoption de programmes
une réelle et entière application de ce intégrés leur permettant de s’insérer par-
que prévoient déjà nos institutions et faitement dans la vie publique, en leur
depuis longtemps maintenant (Le dis- assurant une formation adaptée, leur ga-
cours du Trône en 2002, la convention rantissant les moyens de mener une vie
internationale -2009- et la Constitution décente ». C’est un message à l’occasion
de 2011), auxquels on peut rajouter les de la célébration du 60ème anniversaire
politiques publiques ou programmes de la Déclaration Universelle des Droits
gouvernementaux. de l’Homme : « Nous annonçons éga-
lement la ratification par le Royaume
Pour la première, une campagne de de la Convention internationale sur la
sensibilisation auprès de nos jeunes protection des personnes en situation
pourrait aider à faire avancer et réussir de handicap, et la préservation de leur
l’inclusion. dignité, réaffirmant ainsi la sollicitude
toute particulière dont Nous entou-
rons cette catégorie de nos citoyens. »
114

En effet, le Maroc a ratifié la Conven- Enfin la loi cadre n°97-13 qui « fixe les
tion internationale relative aux droits objectifs fondamentaux à atteindre par
des personnes en situation de handicap l’État dans le domaine de la protection
en 2009. et de la promotion des droits des per-
sonnes en situation de handicap » in-
Puis, la Constitution de 2011 est venue siste sur l’objectif de facilitation de leur
consacrer l’adhésion du Maroc au pro- intégration sociale et de leur participa-
cessus d’interdiction et de lutte contre tion normale à tous les aspects de la
toute forme de discrimination basée vie sur le même pied d’égalité avec les
sur le handicap et garantit aux PSH autres et sans discrimination aucune.
leurs droits politiques économiques et
sociaux.
LE S UNIVE R SITÉ S MAROCA INES INS PIRÉES PA R L’EXPÉRIENCE RU MI  / 115

Le résautage universitaire
UNIVERSITÉ MOULAY ISMAIL pour
une meilleure inclusion

UNIVERSITÉ MOHAMMED V
DE RABAT

de l’UNICA. Il est également issu des


Mohammed Yassine
Directeur ENS, Université Moulay Ismail
réalisations positives de cette expé-
rience
UNIVERSITÉ surAYYAD
CADI les plans éducatif, social et
culturel. L’engagement de l’UMI est
régi aussi par la nécessité de mettre en
A l’instar des autres universités inté- place des structures, des espaces, des
grées dans le Réseau des Universités méthodes et des initiatives qui assurent
Marocaines pour l’Enseignement Inclu- la promotion
UNIVERSITÉ MOHAMMED de l’enseignement inclu-
sif (RUMI), L’Université Moulay Ismail sif au sein de l’université marocaine
PREMIER
de Meknès (UMI) a contribué efficace- pour qu’elle soit un champ propice à
ment à la structuration et à l’activation l’égalité des chances, à l’intégration et
de l’ensemble des programmes et des à la qualification des personnes ayant
activités relatives à ce chantier éducatif besoins
MINISTÈRE spécifiques, et pour qu’elle
DE L‘ENSEIGNEMENT
et social depuis son lancement, etSUPÉRIEUR,
ce contribue réellement à l’instauration
DE LA RECHERCHE
à travers la présence de l’UMI dansSCIENTIFIQUE
le d’une ET DE LA FORMA-
démocratie susceptible de pré-
TION DES CADRES
Comité du Pilotage chargé de la ges- server le droit à l’apprentissage, à l’ex-
tion du programme et à travers son pression et à la cohabitation culturelle
adhésion au comité «  IDMAJE  » qui et sociale.
veillera sur la continuité du processus
OBSERVATOIRE NATIONAL DE
inclusif après l’expiration de la durée L’importance
DÉVELOPPEMENT sociale et éducative de ce
HUMAIN
allouée à ce programme intégré dans projet est perceptible à partir de l’effi-
le cadre Tempus. cience de l’action collective et organi-
sée au sein du Réseau des Universités
L’engagement de l’UMI dans cette ini- Marocaines pour l’Enseignement Inclu-
tiative trouve sa source dans la prise sif, et à travers le contexte interaction-
de conscience de la richesse de l’ex- nel favorisé par la coopération avec les
périence réalisée et cumulée par les universités et organismes européens
universités européennes en matière de pionniers dans ce domaine. Une telle
l’enseignement
UMI-Handbook-FR-AR-END.indd 41 inclusif dans le cadre importance est inspirée également de
116

la diversité des catégories visées par régional du Maroc, celle-ci est aména-
l’enseignement inclusif. gée à recevoir des étudiants(e) s ayant
des besoins spécifiques et accueillir
La demande massive de l’enseigne- des catégories d’étudiants vivant des
ment universitaire à l’heure actuelle situations de précarité sociale en rai-
aboutit nécessairement à une situation son des conditions difficiles de leurs
positive qui se concrétise par l’augmen- familles ou de leurs régions d’origine.
tation des effectifs d’étudiants(e)s dans L’université reçoit également, et d’une
tous les cycles d’apprentissage. L’ou- manière accrue, des étudiants africains,
verture du Maroc sur les autres pays, dont certains trouvent des difficultés
en particulier les pays africains et l’ac- d’intégration culturelle et d’adaptation
cueil qu’il réserve à un grand nombre pédagogique. Sachant que les muta-
d’étudiants africains qui poursuivent tions morphologiques et culturelles de la
leurs études dans la majorité des uni- société marocaine conduisent clairement
versités marocaines, font de notre pays à une existence croissante de l’élément
un espace attrayant qui permet la di- féminin au sein des universités, jusqu’au
versité des formations et le développe- point où le pourcentage des étudiantes
ment des compétences. se voit dominant dans certains établisse-
ments par rapport à celui des étudiants,
Toutefois, ces acquis ne dissimulent avec tous les problèmes sociaux et cultu-
pas un certain nombre de problèmes rels qui accompagnent le processus et
relevant à la fois de l’éducatif, du social qui mènent parfois certaines étudiantes
et du culturel que connait l’université à mettre un terme à leurs formations
marocaine et qui nécessitent un suivi universitaires avant l’obtention de leurs
permanent et responsable, et des solu- diplômes.
tions qui garantissent à nos universités
une performance positive et la rendent L’engagement de l’Université Moulay
capable d’éliminer tous les obstacles Ismail dans l’élaboration des plates-
formes, des repères et des objectifs du
qui sont à l’origine de l’exclusion et de
programme émane du fait qu’elle est le
la déperdition éducative.
giron des phénomènes pour lesquels
est fondé le Réseau des Universités Ma-
Vu que l’université marocaine est étroi-
rocaines pour l’Enseignement Inclusif,
tement liée à son environnement socio-
ces phénomènes sont comme suit :
culturel et au contexte international et
LE S UNIVE R SITÉ S MAROCA INES INS PIRÉES PA R L’EXPÉRIENCE RU MI  / 117

• la croissance du nombre des L’intégration effective de l’Université


étudiants et étudiantes ayant de Moulay Ismail se voit également
des besoins spécifiques ; dans les réalisations suivantes:
• le phénomène de la diversité
culturelle ; • p
 résentation des données sur les
• la précarité socio-économique ; situations des étudiant(e)s ayant des
• le genre social et la scolarisation besoins spécifiques dans les établis-
de l’élément féminin. sements relevant de l’Université de
Moulay Ismail lors de la session de
Le traitement efficace et permanent formation organisée à l’Université
de ces phénomènes susmentionnés Sultan Moulay Slimane de Beni Mellal
est le passage incontournable pour la du 22 au 24 mai 2015 ;
réalisation de l’intégration éducative
et sociale adéquate et la consolidation • c ontribution à l’élaboration
du principe de l’égalité des chances du film consacré aux catégories
au sein des universités marocaines. d’étudiant(e)s cible. Dans ce cadre
Compte tenu de tout cela, l’Université l’UMI a accueilli l’équipe chargée
de Moulay Ismail a pris part aux diffé- de la réalisation de ce film du 16 au
rentes manifestations organisées par 18 décembre 2015 pour effectuer
le Réseau des Universités Marocaines les tournages et interviewer les
pour l’Enseignement Inclusif (RUMI) en étudiants et les étudiantes vivant
collaboration avec le groupe UNICA un handicap ou une situation sociale
à l’intérieur et à l’extérieur du Maroc. précaire à Meknès et Khénifra ;
Dans cette perspective, le Président de
l’Université Moulay Ismail a désigné un • c ontribution aux journées de
représentant de l’université auprès du formation sur l’approche genre
comité « IDMAJE » qui deviendra pro- organisées à l’Université de
chainement une instance civile respon- Rome 3 par une présentation axée
sable de la gestion de l’enseignement sur la situation de la femme dans
inclusif dans les universités du Maroc. les différentes structures des
ressources humaines de l’UMI ;
118

• a
 ménagement des conditions un intérêt particulier à cette catégorie
organisationnelles et éducatives sociale. Vu l’importance de la dimen-
adéquates à la formation sur l’uti- sion de la sensibilisation, de la commu-
lisation du matériel pédagogique nication et de l’esprit de partenariat
destiné aux non-voyants et aux de cette initiative, le conseil de l’Uni-
personnes ayant un déficit auditif versité Moulay Ismail a approuvé l’or-
le 7 et 8 novembre. ganisation d’une journée d’étude sous
le thème de «  l’enseignement inclu-
Parallèlement aux activités sociales et sif », le 25 novembre 2016, dont l’objet
culturelles de l’UMI au sein du Réseau sera consacré aux fondements organi-
des Universités Marocaines pour l’En- sationnels et éducatifs de l’approche
seignement Inclusif, la commission des inclusive et aux démarches pédago-
affaires sociales et estudiantines éma- giques et sociales indispensables à la
nant du conseil de l’université a pro- conception du projet de l’université
posé une feuille de route relative aux dans le domaine de l’éducation inclu-
étudiant(e)s ayant des besoins spéci- sive. Acteurs publiques et institutions
fiques conformément aux orientations officielles concernées par le sujet ain-
officielles de l’État marocain dans ce si que des organismes civiques sont in-
domaine et aux politiques publiques vités pour participer à cette rencontre
qui focalisent sur la nécessité de porter scientifique et sociale.
LE S UNIVE R SITÉ S MAROCA INES INS PIRÉES PA R L’EXPÉRIENCE RU MI  / 119

MAIL Essai sur le projet RUMI


UNIVERSITÉ INTERNATIONALE
DE RABAT

DV UNIVERSITÉ SULTAN MOULAY


SLIMANE – BENI MELLAL

D DeZOHR
UNIVERSITÉ IBN prendre part à ce projet au sein de
Khadija Boudraa, Mouna Chentoufi,
Meryem Khadri, Rim Rhmani
l’Université Internationale de Rabat, nous
et M’feddal Hilali a permis de déceler des cas qui jusque-
Université Internationale de Rabat là étaient insoupçonnés. Leur situation
D
de handicap ne nous était pas du tout
UNIVERSITÉ IBN TOFAIL –
KENITRA visible.

Étudiants en situation de handicap Notre regard a changé, notre


GNEMENT
à l’université  approche n’est plus la même.
MINISTÈRE DE LA SOLIDARITÉ,
HERCHE
FORMA-
L’Université Paul Valéry Montpellier Voyez
DE LA FEMME, DE le cas de cette étudiante qui vit
LA FAMILLE
(France) a organisé une session ET deDUfor- avec son handicap depuis son tout jeune
DÉVELOPPEMENT SOCIAL

mation portant sur l’inclusion des étu- âge. Elle a une maladie qui use ses arti-
diants en situations de handicap. culations et son traitement est très lourd.
Aucun handicap en apparence, aucune
AL DE
IN www.rumi-project.org
Retours d’expériences en matière de douleur perceptible… Une étudiante
politiques publiques nationales ou ter- en apparence comme les autres et pour
ritoriales, échanges sur les bonnes pra- laquelle, pourtant, marcher est un véri-
tiques, autant de volets abordés durant table calvaire. Elle a beaucoup de mé-
ces deux journées de formation très ins- rite puisqu’aujourd’hui elle est en 4ème
tructives. année d’architecture. Une place de sta-
tionnement juste en face des bâtiments
Pour la personne participante, qui repré- d’enseignements et de la cité universi-
sentait notre structure de formation ma- taire a amélioré considérablement sa vie.
12.04.2016 15:26:36

rocaine, il était enrichissant de disposer


d’un retour d’expériences afin de pou- Chez une autre étudiante, dyslexique
voir imaginer les solutions d’inclusion, celle-là, son angoisse lors de ses exa-
au travers de services adaptés, à même mens était décelable. Le tiers temps lui
d’être mises en œuvre rapidement au était certes accordé mais elle devait pas-
niveau de l’UIR. ser ses examens à part dans une salle.
120

Nous réalisons difficilement l’impact sur une dynamique de communication


d’un petit changement dans la vie de ces effective (timing, programme et mode
étudiants. participatif…) dans laquelle rien n’est
laissé au hasard.
Témoignage sur la formation
« Sensibilisation aux discriminations De ce fait, les concepts-clés d’une ap-
sexuelles » (gender appproach) proche soucieuse d’équité entre les sexes
à l’université : ont été introduits et discutés, nous per-
mettant ainsi, en tant que responsables
Dans le cadre de la stratégie globale
au sein de l’UIR, d’être sensibilisées aux
de bonne gouvernance, visant à lutter
différentes inégalités auxquelles sont
contre toute forme de discrimination au
confrontés à tous échelons les différents
niveau universitaire, et suite à son ouver-
acteurs, femmes et hommes, du milieu
ture à l’International, l’UIR adhère à la
universitaire.
sensibilisation aux discriminations de
genre comme sujet prioritaire dans le
A travers un retour d’expérience sur
cadre d’un partenariat avec le projet
ces pratiques dans les universités euro-
RUMI.
péennes, nous avons pu mettre en évi-
dence la démarche préconisée par le
Ainsi, dans le cadre de la formation ini-
RUMI, qui consiste en une dynamique
tiée par l’Union Européenne / RUMI (Ré-
inclusive au sein des universités maro-
seau des Universités Marocaines pour
caines partenaires basées sur la coor-
l’Enseignement inclusif), les 9 et 10 Mars
dination des actions et la mutualisation
2016 à Rome, la participation de l’UIR
des efforts.
est un pas décisif pour l’atteinte des
objectifs stratégiques de l’Institution.
Par ailleurs, cette formation a été l’oc-
casion de dresser un état des lieux
Cette manifestation de haut niveau a
concernant les études réalisées sur
été pour nous l’occasion d’un enrichis-
l’approche sexospécifique au Maroc.
sement sur le plan professionnel, per-
Ceci nous a permis de soulever cer-
sonnel et humain.
taines lacunes relatives à la Recherche
et la formation sur ce sujet au sein des
En effet, sur le plan professionnel, il
universités marocaines.
convient de souligner la qualité organi-
sationnelle de cette formation, basée
LE S UNIVE R SITÉ S MAROCA INES INS PIRÉES PA R L’EXPÉRIENCE RU MI  / 121

A terme, le projet RUMI se positionne- Précarité socio-économique


ra en tant qu’interface et porte-parole et diversité
des instances universitaires auprès des
La problématique de la précarité so-
parties prenantes afin de favoriser le
cio-économique est au centre de plu-
développement de l’approche sexo-
sieurs débats de nos jours. La formation
spécifique et l’enseignement inclusif
tenue à la Vrije Universiteit Brussel a
dans notre pays.
abordé cette problématique à travers
un cycle de formation et d’expositions
D’un point de vue personnel, l’essen-
des faits montrant l’engagement de
tiel aura été de prendre davantage
tous, universitaires et étudiants, afin
conscience des inégalités qui peuvent
de lutter contre la précarité socio-
entraver la dynamique universitaire. De
économique dans l’université.
plus, cela nous engagera à dévelop-
per notre communication avec autrui à
La précarité engendre une forte incerti-
travers des méthodes universelles em-
tude de pouvoir accéder à une situation
ployées pour lutter contre la discrimina-
acceptable dans un avenir proche, ou
tion dans le milieu de l’enseignement.
de pouvoir la conserver ou la récupérer.
C’est une notion développée et étudiée
Sur le plan humain, cette formation
en Sciences Sociales. C’est aussi une
nous a beaucoup appris sur nous-même
notion subjective et relative, puisqu’elle
et sur les autres, contribuant à parfaire
est définie par rapport à une « situation
notre connaissance de la population
acceptable » dans une société donnée.
cible à travers différentes approches dis-
cutées lors de la formation, qui relèvent
La question liée au thème « Précarité
autant d’un comportement citoyen que
socio-économique et Diversité » est cer-
professionnel.
tainement la plus centrale dans le débat
des sciences sociales à Bruxelles. Elle est
Enfin, cette formation a été une occa-
abordée par le Prof. Dr. Jan CORNELIS,
sion unique de mettre en évidence la
Vice-Recteur de la VUB en charge de la
nécessité d’une communication effec-
politique internationale.
tive avec le monde environnant pour
favoriser l’enseignement inclusif dans le
La montée du chômage depuis le début
milieu universitaire, avec des moyens re-
des années soixante-dix et le dévelop-
lativement simples.
pement d’un chômage de masse ont
122

créé une insécurité socio-économique engagement qui doit d’abord être tenu
croissante, notamment l’insécurité sur le par les différentes insta@nces éducatives
marché du travail, insécurité de l’emploi - écoles et universités - car c’est dans
et insécurité du poste de travail. ces dernières qu’on construit des géné-
rations responsables, qui seront elles-
La Vrije Universiteit Brussel a mis en mêmes capables de transmettre leur ex-
place des initiatives visant à sensibiliser périence et leur aide aux suivantes.
ou du moins réduire la précarité socio-
économique à l’université. Pour conclure, l’expérience RUMI et
l’échange vécu avec les différents ac-
A titre d’exemple, le Student Guidance teurs de cette université représentent
Center a pour objectif d’aider les étu- pour nous une des meilleures expé-
diants dans le cursus académique à tra- riences professionnelles, la vivre avec
vers différentes actions : une grande famille RUMI donne en-
core plus envie d’apprendre. Ce pro-
La précarité socio-économique est un jet donne confiance en une humanité
véritable fléau. L’engagement pour y re- plus solidaire et plus soucieuse de
médier n’est pas que sociétal, c’est un garantir l’avenir de nos enfants.
SLIMANE – BENI MELLAL

LE S UNIVE R SITÉ S MAROCA INES INS PIRÉES PA R L’EXPÉRIENCE RU MI  / 123

AYYAD UNIVERSITÉ IBN ZOHR

AMMED
État desUNIVERSITÉ
lieuxIBN de l’inclusion
TOFAIL –

dans l’Université
KENITRA
Ibn Tofail

NSEIGNEMENT
MINISTÈRE DE LA SOLIDARITÉ,
RECHERCHE
DE LA FEMME, DE LA FAMILLE
DE LA FORMA-
ET DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL

TIONAL DE
HUMAIN Jamal Al Karkouri, Karima Selmaoui
www.rumi-project.org
été classé par une étude du Haut Com-
Université Ibn Tofail
missariat au plan en 2007, comme la
région la plus pauvre du Maroc avec
un taux de pauvreté de 16%. Cette
situation se répercute sur l’effectif des
Étudiant(e)s souffrant de la précarité étudiants soufrant de précarité socio-
socio-économique économique évoluant à l’UIT.

L’ancienne région du Gharb Cherarda En outre la plupart des étudiants sont


12.04.2016 15:26:36

Beni Hssen (intégrée actuellement dans issues de milieu rural où la précarité est
la région élargie Rabat-Salé-Kenitra) a encore plus accentuée. Certes l’univer-

Pourçentage de pauvreté selon les régions du Maroc

18
16
14
12
Nombre en %

10
8
6
4
2
0
Marrakech-Tensift-Al Haouz
Gharb-Chrarda-Béni Hssen

Doukala-Abda

Souss-Massa-Darâa

Fès-Boulemane

Taza-Al Hoceima-Taounate

Oriental

Guelmim-Es-Smara

Meknès-Tafilalet

Tadla-Azilal

Chaouia-Ourdigha

Tanger-Tétouan

Rabat-Salé-Zemmour-Zaër

Grand-Casablanca

Oued Ed-Dahab-Lagouira

Laâyoune-Boujdour-Sakia El Hamra

Localité de provenance : ■ Province de Kenitra ■ Région Rabat-Salé-Kenitra


124

sité et le ministère de tutelle n’ont pas ménagé leurs efforts


pour venir à l’aide de ces étudiants par la création d’une Cité
Universitaire, d’un Restaurant Universitaire, mais le manque à
gagner est important si l’on prend en considération le nombre
d’étudiants inscrits.

Provenance géographique des étudiants inscrits à UIT

100000

10000
Nombre d'étudiants

1000

100

10

1
Kenitra
Sidi Kacem
Sidi Slimane
Rabat
Khemisset
Ouezzane
Sale
Sidi Yahia
Casablanca
Souk Arbaa Du Gharb
Meknes
Fes
Taza
Marrakech
Ksar El Kebir
Errachidia
Laayoune
Oujda
Khouribga
Had Kourt
Agadir
Tanger
Beni Mellal
Khenifra
Taounate
Safi
Tetouan
Larache
Mohammedia
Nador
Sefrou
Settat
Taroudante
El Jadida
Alhoceima
Midelt
Zagora
Essaouira
Chefchaouen
Fkih Ben Salah
Figuig
Tantan
Jerada
Tata

Localité de provenance : ■ Province de Kenitra ■ Région Rabat-Salé-Kenitra


LE S UNIVE R SITÉ S MAROCA INES INS PIRÉES PA R L’EXPÉRIENCE RU MI  / 125

Provenance des étudiants

■ Étudiants à besoins spécifiques


■ Province de Kenitra
■ Effectif total des étudiants
■ Région Rabat-Salé-Kenitra
■ Autres régions du Maroc

14 % 37 %

49 % 1 10 100 1000 10000 100000

La plus grande partie des étudiants


(49%) sont issues de la grande région
Rabat-Salé-Kenitra, notamment des
localités rurales. 37% des étudiants
appartiennent à la province de Kenitra
et 14% proviennent des autres région
du Maroc notamment de localités loin-
taines (Laayoune….).

Étudiant(e)s en situation d’handicap


Le nombre d’étudiants en situation
d’handicap recensé au niveau de l’uni-
versité Ibn Tofail est de 119 personnes.
Le chiffre exact est difficile à connaitre
en raison du fait qu’une bonne part
des personnes concernées préfèrent
ne pas se manifester par craintes de se
confronter aux préjugés qui règnent vis-
à-vis d’eux.
126

Pour avoir plus d’information sur cette


catégorie d’étudiants un bref question-
naire en ligne a été lancé dans le cadre
du Projet RUMI, sur les sites des 5 éta-
blissements de l’université Ibn Tofail.

Cette action a été très appréciée par


les concernées et ont été invités, éga-
lement dans le cadre de RUMI à des
réunions pour discuter de leurs préoc-
cupations et à des ateliers de formation.

Atelier approche genre, au profit des


étudiantes à besoins spécifiques

Il ressort du questionnaire que la plu-


part des étudiants à besoins spécifiques
souffre d’une mobilité réduite (près
de 39%), 33.3% de cette catégorie
d’étudiant ont des problèmes relatifs
à la vision, les autres souffrent soit des
troubles de la parole, soit de maladie
chronique soit de déficience mentale.
LE S UNIVE R SITÉ S MAROCA INES INS PIRÉES PA R L’EXPÉRIENCE RU MI  / 127

Types de handicap à l’UIT

45,0
38,9
40,0
35,0 33,3
30,0
Pourcentage

25,0
20,0 16,7
15,0
10,0 5,6 5,6
5,0
0,0
Mobilité réduite

Déficience visuelle

Trouble de la parole

Maladie chronique

Déficience mentale
Les étudiants en situation d’handicap richi par le matériel en cours de livraison
ont fait l’objet d’un intérêt particulier qui a été octroyé à l’UIT dans le cadre
par l’université Ibn Tofail ces dernières du projet RUMI.
années, notamment par son président
Azzddine El Midaoui. Plusieurs actions Outre ce centre qui est aujourd’hui fonc-
et projets ont contribué à ce regain tionnel, l’université a veillé à une meil-
d’intérêt notamment le projet RUMI. leure accessibilité des étudiants à besoins
Grâce à cette nouvelle dynamique un spécifiques en aménageant des allées
centre dédié aux étudiants en situation spécifiques qui facilitent leur mobilité
d’handicap a été inauguré au sein de et leur accès aux salles de cours et aux
l’université Ibn Tofail et un chargé de sanitaires.
mission a été nommé pour mieux s’oc-
cuper des contraintes qui entrave une
intégration meilleure de cette catégorie
d’étudiants.

Le centre se situe à la Faculté des


Sciences Juridiques et Sociales, il com-
prend déjà un nombre important de ma-
tériel informatique dédié aux personnes
à besoins spécifiques, il sera bientôt en-
128

Nombre d'étudiants

0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
Mauritanie
Mali
Guinee
Comores
Guinee Bissau
Yemen
Tchad
Senegal
Ghana
Congo
Libye
Niger
Arabie Saoudite
Liberia
Cameroun
Cote D'ivoire
Nigeria
Zambie

Provenance des étudiants étrangers


Benin
Cap Vert
Guinee Equatoriale
Malaisie
Oman
Soudan
Togo
Algerie
Angola
Kenya
Madagascar
Rwanda
Afghanistan
Burkina Faso

Pays
Centrafrique
France
Grenade Etgrenadines
Irak
Vietnam
Djibouti
Gambie
Guam
Haiti
Indonesie
Jordanie
Martinique
Afrique Du Sud
Belgique
Burundi
Palestine
Tunisie
Antilles Neerlandaises
viennent an tête de liste.

Bangladesh
Egypte
Erythree
Espagne
Gabon
Iles Vierges (Etats Unis)
Étudiant(e)s non marocains(e)s

Italie
Liban
Malawi
Micronesie
Russie
Thailande
Turquie
soit près de 87% sont issus des pays

cains sont des maghrébins, les libyens


africains. 3.5% des étudiants non maro-
sont suivi par les maliens. 615 étudiants,
total. Les mauritanien constituent 13%
personnes soit près de 1.5% de l’effectif
à l’université Ibn Tofail ont atteint 710
En 2005 Les étudiants non marocains

de l’effectif total des non marocains, ils

Ukraine
LE S UNIVE R SITÉ S MAROCA INES INS PIRÉES PA R L’EXPÉRIENCE RU MI  / 129

■ Effectif des étudiants


■ Effectif des étudiantes
Cette grande majorité d’étudiants afri-
cains s’explique par les difficultés, ren-
contrées par ceux-ci, d’obtenir un visa 53 %
d’entrée à l’espace européen, la recon-
naissance par tous les pays africains
des diplômes délivrés par le Maroc et
enfin pour certains africains le fait que 47 %
le Maroc soit un pays musulmans les en-
couragent d’avantage à poursuivre leur
cursus au Maroc. Les étudiants non ma-
rocains se répartissent sur tous les éta-
blissements de l’Université. Une grande Appréciation par approche « genre ».
partie de ces étudiants n’ont pas de
L’université Ibn Tofail compte actuelle-
problème d’argent, Ils sont soit bour-
ment près de 23636 étudiantes soit 47%
siers soit riches. Les étudiants africains
de l’effectif total. Au niveau des études
se sont constitués en associations et
à l’UIT l’accès de la femme aux études
participent ainsi à la vie estudiantine de
ne pose pas de problème majeurs. les
l’université. La constitution de ces asso-
étudiantes sont prioritaires lorsque il
ciations a été encouragée par l’universi-
s’agit d’une place à la cité universitaire
té en raison du rôle important qu’elles
ou à la résidence universitaire, pour
jouent dans l’accompagnement des
faciliter leurs installation.
étudiants africains, notamment les nou-
veaux arrivants.
La répartition des étudiants selon le
genre dénote quelques différences en
fonction des établissements, ainsi l’EN-
CG et la faculté des sciences juridiques,
économiques et sociales enregistrent un
taux un peu plus élevé d’étudiantes que
d’étudiants. Les premières semblent se
retrouver dans ce cursus. Dans la facul-
té des sciences et la faculté des lettres
ainsi que l’école nationale des sciences
appliquées, le taux est en faveur des
étudiants.
130

Ecole Nationale de Commerce et de Gestion

Faculté des Sciences Juridiques,


Economiques et Sociales

Ecole Nationale des Sciences Appliquées

Faculté des Sciences

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines

0 10 20 30 40 50 60

■ N. d'étudiantes ■ N. d'étudiants (%)

Au niveau des étudiants non marocains, A l’université Ibn Tofail l’approche genre
il importe de signaler que le nombre est bien présente comme stratégie à
des étudiantes ne constitue que 35% de cours et à long terme, l’UIT œuvre avec
l’effectif total. Cette situation est vrai- d’autres partenaire à faciliter d’avantage
semblablement due à l’éloignement. l’intégration des étudiantes à travers
une sensibilisation à l’amont au niveau
des bachelières et à travers des sémi-
■ Étudiants non marocains naires et des ateliers dédiés à la thé-
■ Étudiantes non marocaines matique de l’approche genre. Dans ce
sens la faculté des lettres abrite la chaire
UNESCO de « la femme et ses droits ».
Le réseau des Universités est invité à ce
247 niveau à réfléchir sur les moyens d’amé-
liorer encore plus la situation.
463
LE S UNIVE R SITÉ S MAROCA INES INS PIRÉES PA R L’EXPÉRIENCE RU MI  / 131

Le projet TEMPUS « RUMI » est venu au leurs sont dédiées, des ateliers de ré-
moment opportun pour consolider les flexions autour de leurs préoccupations,
acquis de l’université Ibn Tofail en faveur des actions concrètes comme l’accom-
des quatre groupes cibles (Le Handicap, pagnement des étudiants à besoins
la précarité socio-économique, la diver- spécifiques dans leurs études, l’aide
sité culturelle et la question du genre). à l’insertion dans le monde du travail,
Grâce à ce projet, la présidence de l’ouverture d’un centre dédié aux per-
l’université est plus que jamais engagée sonnes aux besoins spécifiques, la dési-
dans la facilitation de la vie de ces étu- gnation d’une personne ressource pour
diants au sein de l’université à travers, mieux gérer les différents problèmes
une meilleure prise en compte de leurs relatifs à ces groupes cibles du projet
besoins, des formations spécifiques qui RUMI.
132

Conclusion
Mohammed Au terme du projet RUMI, les partenaires marocains
Youbi Idrissi
et européens se félicitent de la quantité du travail four-
Coordinateur
pédagogique ni et se montrent très satisfaits de l’ensemble des dé-
du projet RUMI,
marches accomplies. Aussi, est-il légitime d’éprouver un
Professeur
à l’Université sentiment de satisfaction quand on voit posés sur la table
Abdelmalek
les nombreux livrables qui se distinguent par la qualité
Essaâdi, Tétouan
de leur réalisation et par la valeur des messages qu’ils
comportent et véhiculent. Des livrables qui traduisent le
nombre incalculables de journées de travail, de déplace-
ments d’un pays à l’autre, de réunions et d’ateliers de
débats et de réflexions …

Cependant, tout le monde est parfaitement conscient, au


sein de la « famille » RUMI, que le chemin à parcourir en termes
d’inclusion, d’égalité des chances, de justice et de parité est en-
core très long. Car c’est un chemin tortueux, pleins d’embûches
et nécessite forcément des moyens conséquents, aussi bien
matériels que morales et surtout une bonne dose de volonté
politique, pour amorcer le changement dans un sens vertueux
où il est possible de dresser le cap vers une société solidaire,
égalitaire et inclusive.

Nous croyons que l’école d’une manière générale et la sphère


universitaire en particulier est justement le chemin par lequel doit
s’amorcer le changement qui est à même de participer à l’an-
crage des valeurs universelles de droit humain, de l’inclusion
et de l’égalité des chances.

Il est donc gratifiant pour nous de relayer les dispositifs pré-


parés, étoffés et mis en place par nos trois partenaires institution-
nels. Qu’il s’agisse des mesures prioritaires prévues dans le plan/1
stratégique de la réforme du secteur de l’enseignement supérieur
CONCL U S ION  / 133

(2015-2030), que des résultats de la deuxième enquête /2 na-


tionale sur le handicap, que des approches d’évaluation /3 et
d’appréciation des facteurs générateurs de la précarité socio-
économique, toutes ces stratégies, études et analyses ont
donné un sens à nos actions entreprises tout au long de la
vie du projet RUMI. Ceci nous rassure quant à l’impact que
pourrait avoir des projets comme RUMI quand les efforts sont
mutualisés et les expériences capitalisées.

Nous sommes convaincus que le projet RUMI doit continuer


à ancrer davantage les principes de l’inclusion et de l’égalité
des chances au sein de la sphère universitaire. Pour cette rai-
son nous avons œuvré pour la création de l’Association RUMI
appelée à pérenniser les actions entreprises depuis le début
du projet. Tous les partenaires RUMI se félicitent que les vi-
sions et missions de cette association ont été discutées
et validées, les démarches de sa création officielle
«Ta tâche n’est pas sont avancées et son statut encourage la mise en
de chercher l’amour, musique des apports de plusieurs acteurs et parte-
mais simplement de chercher naires, dont, entre autres, les collectivités territo-
et trouver tous les obstacles
que tu as construit riales, les associations, le secteur privé, les établis-
contre l’amour». sements publics, etc.
Jalal Iddîn Ibn RUMI

1 Plan stratégique 2015-2030 du ministère de l’enseignement supérieur de la recherche scientifique et


de la formation des cadres
2 Deuxième enquête national sur le handicap (2014) du ministère de la solidarité de la femme de la famille
et du développement social
3 Beaucoup de travaux de suivi-évaluation entrepris par l’Observatoire National de Développement Humain
134

Implication du corps diplomatique lors de la formation « Approche genre


à l’université », Università degli Studi Roma Tre, Rome, les 9-10 mars 2016.

Célébration de la grande dame de sociologie marocaine –


Fatima El Mernissi – lors de la formation « Approche genre à l’université »,
Università degli Studi Roma Tre, Rome, les 9-10 mars 2016
135
:  / 135

Annexes
ANNEXE 1 : Partenariat
ANNEXE 2 : Liste des livrables du projet
ANNEXE 3 : Questionnaire RUMI
ANNEXE 4 : Découvrir plus sur le projet RUMI
136

ANNEXE 1 : Partenariat

Coordinateur :
UNICA - Network of Universities from the Capitals of Europe

Co-coordinateur :
Université Abdelmalek Essaâdi, Tétouan

Europe
European Access Network
Erasmushogeschool Brussel
Fontys University of Applied Sciences
Vrije Universiteit Brussel
Université Paul Valéry - Montpellier 3
Grupo Compostela de Universidades
Università degli studi Roma Tre

Maroc
Association Bureau des Étudiants de la Faculté de Droit (Tanger)
Université Moulay Ismail (Meknès)
Université Ibn Zohr (Agadir)
Université Cadi Ayyad (Marrakech)
Université Internationale de Rabat
Université Mohammed V de Rabat
Université Sultan Moulay Slimane (Beni Mellal)
Université Mohammed Premier (Oujda)
Université Ibn Tofail (Kénitra)
Ministère de l’Enseignement Supérieur (Rabat)
Ministère de Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement Social (Rabat)
Observatoire National du Developpement Humain (Rabat)
A NNE X E S  / 137

RUMI PARTENAIRES
RUMI PARTENAIRES ‫الم� ش‬
‫الم�وع‬
‫وع‬ ‫ش� ش‬
‫كاء�كاء ش‬

RÉSEAU
RÉSEAUDES
RÉSEAU UNIVERSITÉS
DES UNIVERSITÉS DES DES
DES UNIVERSITÉS UNIVERSITÉ ABDELMALEK
UNIVERSITÉ ABDELMALEK
UNIVERSITÉ ABDELMALEK
DESCAPITALES
CAPITALES DE
DE L‘EUROPE
CAPITALES DE L‘EUROPE
L‘EUROPE ESSAÂDI
ESSAÂDI
ESSAÂDI

EUROPEAN
EUROPEAN
ACCESS
ACCESSACCESS
EUROPEAN NETWORK
NETWORK
ERASMUSHOGESCHOOL
ERASMUSHOGESCHOOL
ERASMUSHOGESCHOOL
NETWORK BRUSSEL
BRUSSEL
BRUSSEL

VRIJE UNIVERSITEIT
VRIJE VRIJE
UNIVERSITEIT
UNIVERSITEIT
FONTYS
FONTYSOSO
OSO OSO
FONTYS
BRUSSEL
BRUSSEL
BRUSSEL

UNIVERSITÉ
UNIVERSITÉ PAUL
UNIVERSITÉ VALÉRY,
PAUL VALÉRY,
PAUL VALÉRY, GRUPO COMPOSTELA
GRUPO COMPOSTELA
GRUPO COMPOSTELA
MONTPELLIER
MONTPELLIER 3
3 3
MONTPELLIER D’UNIVERSIDADES
D’UNIVERSIDADES
D’UNIVERSIDADES

UNIVERSITÀ
UNIVERSITÀ DEGLI STUDI
DEGLI DEGLI
UNIVERSITÀ STUDI STUDI
ASSOCIATION
ASSOCIATION
ÉTUDIANTS
DES DES
ASSOCIATION
ASSO BDE
ÉTUDIANTS ASSO BDE
ROMA TRE
ROMA TRE TRE
ROMA
DES ÉTUDIANTS ASSO BDE

UNIVERSITÉ
UNIVERSITÉ
UNIVERSITÉ INTERNATIONALE
INTERNATIONALE
UNIVERSITÉ MOULAY
UNIVERSITÉ
UNIVERSITÉ
MOULAY
MOULAY ISMAIL
ISMAIL
ISMAIL INTERNATIONALE
DE RABAT
DE RABAT
DE RABAT
UNIVERSITÉ INTERNATIONALE
UNIVERSITÉ INTERNATIONALE
UNIVERSITÉ MOULAYMOULAY
UNIVERSITÉ ISMAIL ISMAIL
DE RABATDE RABAT
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UNIVERSITÉ
UNIVERSITÉMOHAMMED
MOHAMMED
UNIVERSITÉ V VV
MOHAMMED UNIVERSITÉ SULTAN
UNIVERSITÉ
UNIVERSITÉ MOULAY
SULTAN
SULTAN
MOULAY
MOULAY
DE RABAT
DE RABAT
DE RABAT SLIMANESLIMANE
– BENI
SLIMANEMELLAL
– BENI
– BENI
MELLAL
MELLAL
UNIVERSITÉ MOHAMMED
UNIVERSITÉ V
MOHAMMED V UNIVERSITÉ SULTAN MOULAY
UNIVERSITÉ SULTAN MOULAY
DE RABAT SLIMANE – BENI MELLAL
DE RABAT SLIMANE – BENI MELLAL

UNIVERSITÉ CADI
UNIVERSITÉ CADICADI
UNIVERSITÉ AYYAD
AYYAD
AYYAD UNIVERSITÉ IBN ZOHR
UNIVERSITÉ
UNIVERSITÉ IBN ZOHR
IBN ZOHR
UNIVERSITÉ CADI AYYAD UNIVERSITÉ IBN ZOHR
UNIVERSITÉ CADI AYYAD UNIVERSITÉ IBN ZOHR

UNIVERSITÉ
UNIVERSITÉMOHAMMED
UNIVERSITÉ
MOHAMMED
MOHAMMED
UNIVERSITÉ MOHAMMED
UNIVERSITÉ IBN TOFAIL
UNIVERSITÉ
UNIVERSITÉ
UNIVERSITÉ IBN TOFAIL –
IBN TOFAIL–– –
IBN TOFAIL
PREMIER
PREMIER
PREMIER MOHAMMED
UNIVERSITÉ
PREMIER KENITRA KENITRA
KENITRA
KENITRAUNIVERSITÉ IBN TOFAIL –
PREMIER KENITRA

MINISTÈRE
MINISTÈRE DE
MINISTÈREL‘ENSEIGNEMENT
DE L‘ENSEIGNEMENT
MINISTÈRE DE
MINISTÈRE
DE L‘ENSEIGNEMENT
L‘ENSEIGNEMENT MINISTÈRE
MINISTÈRE DE DELALA
LA SOLIDARITÉ,
DE LA DE L‘ENSEIGNEMENT MINISTÈRE LA DE
MINISTÈRE DESOLIDARITÉ,
LA SOLIDARITÉ,
SUPÉRIEUR, DE DELA RECHERCHE SOLIDARITÉ, DE LALA FEMME,
SUPÉRIEUR, RECHERCHE MINISTÈRE
SUPÉRIEUR,
SUPÉRIEUR,
SUPÉRIEUR, LADE
DE LA RECHERCHE
RECHERCHE DE LA FEMME, DE LA DE SOLIDARITÉ,
FAMILLE
SCIENTIFIQUE ET DE LALA RECHERCHE
FORMA- DE LADE LADEFEMME,
LA LA DE
FEMME, DEFAMILLE
LA FAMILLE
SCIENTIFIQUE
TION DES CADRESET DEDE
SCIENTIFIQUE
SCIENTIFIQUE
SCIENTIFIQUEET DE
ET ETLADE
LA LA FORMA-
FORMA-
FORMA- DEDUET
ET LA
ET DU DÉVELOPPEMENT
DU FAMILLE
FEMME,
ET
DE
ET
FAMILLE
SOCIAL
DÉVELOPPEMENT DUSOCIAL
DU DÉVELOPPEMENT
DÉVELOPPEMENT SOCIAL SOCIAL
LA FORMATION
TION
TIONTION
DES CADRES
DESCADRES
DESDES CADRES
CADRES
DÉVELOPPEMENT SOCIAL

OBSERVATOIRE NATIONAL DE
www.rumi-project.org
OBSERVATOIRE
DÉVELOPPEMENT
OBSERVATOIRE
OBSERVATOIRE
OBSERVATOIRE
NATIONAL DE
HUMAIN
NATIONAL
NATIONAL
NATIONAL
DÉVELOPPEMENT HUMAIN
DE DE www.rumi-project.org
www.rumi-project.org
www.rumi-project.org
DÉVELOPPEMENT
DÉVELOPPEMENT
HUMAIN
HUMAIN
DE DÉVELOPPEMENT HUMAIN

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138

ANNEXE 2 : Liste des livrables du projet


Titre
1.1 PV Réunion d’engagement
1.2 Plan d’action
1.3 PV Première réunion de suivi
1.4 PV Réunion préparatoire de la deuxième année
1.5 PV Réunion d’évaluation
1.6 PV Réunion préparatoire de la troisième année
1.7 PV Deuxième réunion de suivi
1.8 PV Deuxième réunion de évaluation
1.9 PV Réunion finale
2.1 Formation sur les réseaux universitaires
2.2 Mission, rôle et statut du RUMI
2.3 Constitution formelle du Réseau
2.4 Comité technique « IDMAJE »
2.5 Guide de bonnes pratiques : Réseautage universitaire
3.1 Questionnaires
3.2 Enquête : Inclusion dans les universités marocaines
3.3 Base des données sur l’inclusion aux lycées
3.4 Carte des besoins dans les universités marocaines
4.1 Plan de sensibilisation et de diffusion
4.2 Site web du RUMI
4.3 Film documentaire
4.4 Stratégie pour la campagne médiatique
4.5 Dépliant promotionnel
4.6 Bulletin d’informations
5.1 Journée d’études sur l’inclusion
5.2 Journée d’études sur l’approche genre
5.3 Grilles et actes des journées d’études
6.1 Formation : étudiant à besoins spécifiques
6.2 Formation : diversité et précarité socio-économique
6.3 Formation : Approche genre dans l’université
6.4 Rapports sur les formations
7.1 Charte des présidences et des ministères
7.2 Mémorandum avec ONG et parties prenantes
7.3 Plate-forme de Coopération Internationale (PCI)
7.4 Séminaire final
7.5 Publication
8.1 Comité d’Assurance Qualité - CAQ
8.2 Plan de suivi et de qualité
8.3 Directives pour la qualité des activités
8.4 Rapport d’évaluation

A NNERU
L ES RÉS U LTAT S DU PROJET X EMI
S  / 139
Réseau des Universités Marocaines pour l’Enseignement Inclusif 

ANNEXE 3 : Questionnaire RUMI

Questions auxquelles les étudiant(e)s sont invités à renseigner dans le questionnaire


RUMI - Le questionnaire de base à été rédigé en langue française et arabe. Ci-dessous,
vous trouverez la totalité des questions rédigées en français. Le questionnaire est
consultable via ce visuel sur la page d’acceuil de http://rumi-project.org/ ou sur
https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSeGPoy08nupdG1Yea_bZk9R0_V7P30u_HIfgSWX8lu5uhY_RA/viewform?fbzx=8077802981915309507

Questions communes Le niveau d’instruction de votre père


Aucune instruction
à tous les étudiants Ecole élémentaire
Collège
Genre Lycée
Homme Grandes écoles/Université
Femme
Le niveau d’instruction de votre mère
État matrimonial Aucune instruction
Célibataire Ecole élémentaire
Marié(e) Collège
Divorcé(e) Lycée
Veuf/Veuve Grandes écoles/Université

Nationalité Prière de préciser la fonction ou occupation


Marocaine de votre père
Non marocaine Fonctionnaire
Double Paysan
Artisan
A quel groupe cible vous identifiez-vous ? Commerçant/Marchand
Étudiant(e) soumis(e) à la précarité socio-économique Employé
Étudiant(e) en situation d’handicap Chef d’entreprise
Étudiant(e) étranger(e) Militaire/Police
« Étudiant & étudiante ne s’identifiant à aucune des trois Au chômage
catégories précédentes, mais voulant s’exprimer selon Retraité
l’approche genre). » Décédé
Ne sait pas

Étudiant(e) souffrant de Prière de préciser la fonction ou occupation


la précarité socio-économique de votre mère
Fonctionnaire
La composition du ménage Femme au foyer
Père et mère Paysanne
Mère seulement Artisane
Père seulement Commerçante/Marchande
Belle-mère Employée
Beau-père Cheffe d’entreprise
Mari Militaire/Police
Mari et enfants Au chômage
Femme Retraitée
Femme et enfants Décédée
Ne sait pas
140

Pourriez-vous indiquer le revenu familial mensuel Puisque vous avez spécifié « Oui » à la question
Moins de 2350 Dh précédente, veuillez svp cochez de 1 à 3 principaux
Entre 2350 et 5000 Dh obstacles qui vous empêchent de suivre vos études
Plus de 5000 Dh de manière satisfaisante ?
Problèmes familiaux
Votre famille bénéfice-t-elle de la carte RAMED ? Problèmes financiers
Oui Problèmes d’éloignement
Non Problèmes d’adaptation à la vie universitaire
En cours Problèmes de niveau scolaire et linguistique

Bénéficiez-vous d’une bourse ? Cochez les facilités qui favoriseraient le suivi de vos
Oui études de manière satisfaisante (1 à 3 choix possibles)
Non Appui financier (bourse)
En cours Logement dans cité universitaire
Appui de mes parents
Veuillez préciser le lieu de votre résidence Renforcement de mes capacités linguistiques
en tant qu’étudiant(e) ? Création de cellules d’écoute et d’accompagnement
Chez ma propre famille
Chez les parents / oncle, tante, etc.
Dans la cité universitaire Questions concernant
Chambre individuelle chez un particulier, les étudiant(e)s
moyennant un loyer
Chambre partagée avec mes ami(e)s,
en situation de handicap
moyennant un loyer
Précisez à quelle catégorie vous vous identifiez
Handicap
Si vous avez répondu « dans la cité universitaire »
Handicap + précarité socio-économique
à la question précédente, le logement est-il proposé
par le ministère de l’enseignement supérieur depuis
Avez-vous des difficultés sur le plan physique ?
votre première année ? 
Visuel
Oui
Auditif
Non
Physique (moteur)
Dyslexie
Préciser le lieu de résidence de vos parents
Maladie chronique
(lieu d’origine) par rapport à votre université
Dans la même ville où se trouve mon université
Degré du handicap
Dans la même région où se trouve mon université/
Léger : 1
milieu urbain
2
Dans la même région où se trouve mon université/
3
milieu rural
4
Dans une région voisine / milieu urbain
Très lourd : 5
Dans une région voisine / milieu rural
Dans une région lointaine / milieu urbain
Catégorie selon niveau universitaire
Dans une région lointaine / milieu rural
Étudiant(e) premier cycle (niveau Licence)
Dans un autre pays
Étudiant(e) deuxième cycle (niveau Master)
Total réponses en français / Total global français +arabe
Étudiant(e) troisième cycle (niveau Doctorat)
Souffrez-vous de l’éloignement géographique ? École supérieur / Cycle ingénieur
Sans effet : 1
2 Vous êtes un étudiant /une étudiante
3 Sans aucun échec dans le parcours universitaire
4 En retard dans les études
Très pénible et coûteux : 5
Comment rejoignez-vous votre université ?
Pourriez-vous indiquer si vous souffrez de problèmes A pied
dans votre vie universitaire ? Avec les transports publics
Oui Avec un véhicule privé
Non
A NNE X E S  / 141

Comment jugez-vous le niveau d’accessibilité Choix de la discipline - Le degré de votre satisfaction


des moyens de transport pour vous rendre quant au processus d’inscription à l’université :
à votre établissement universitaire ? Très Satisfait
Lamentable  : 1 Assez satisfait
2 Satisfait
3 Peu satisfait
4 Pas du tout satisfait
Excellent : 5
Critères d’accès - Le degré de votre satisfaction quant
Combien de temps vous faut-il pour aller au processus d’inscription à l’université :
à votre université ? Très Satisfait
Moins d’un quart d’heure Assez satisfait
Entre un quart d’heure et une demi-heure Satisfait
Ente une demi-heure et une heure Peu satisfait
Plus d’une heure Pas du tout satisfait

Quelles raisons ou intérêts vous ont poussé a. Aller de chez-vous aux bâtiments d’enseignement
à continuer les études ? Veuillez décrire votre vie au sein de votre établissement.
- Famille Très facile / Excellant
- « Besoin d’un diplôme pour améliorer mes perspectives Facile / Bien
d’emploi et donc de stabilité matérielle et morale » Raisonnable
- « Droit que je dois exercer / Droit garanti par Difficile / Médiocre
la constitution » Très difficile / Nul
- Défit de réussir malgré mon handicap
- « Aspiration personnelle à améliorer mes connaissances b. Entrer et circuler dans les bâtiments d’enseignement
et compétences » (bibliothèque, amphithéâtre, salles TP, toilettes,…)
- « Cas de réussite éclatante de certaines personnes à Veuillez décrire votre vie au sein de votre établissement.
besoins spécifiques » Très facile / Excellant
Facile / Bien
Êtes-vous satisfait/e de votre choix d’études ? Raisonnable
Pas du tout / 1 Difficile / Médiocre
2 Très difficile / Nul
3
4 c. Accéder au matériel éducatif adapté à vos besoins
Très satisfait(e)/5 (livres, matériel spécialisé, etc.)
Veuillez décrire votre vie au sein de votre établissement.
Regrettez-vous le choix de votre parcours universitaire? Très facile / Excellant
Oui Facile / Bien
Non Raisonnable
Ne sais pas encore Difficile / Médiocre
Très difficile / Nul
Aux termes des études, pensez-vous trouver un travail
correspondant à votre formation universitaire ? d. Payer les coûts liés à la scolarité
Oui (inscription, fournitures scolaires,…)
Non Veuillez décrire votre vie au sein de votre établissement.
Très facile / Excellant
Le travail que vous pensez trouver correspond-t-il Facile / Bien
à vos intérêts personnels ? Raisonnable
Oui Difficile / Médiocre
Non Très difficile / Nul
Ne sais pas
e. Accéder à l’information sur les services que vous pou-
Accueil - Le degré de votre satisfaction quant vez fréquenter (signalétique/ canaux de communication)
au processus d’inscription à l’université : Veuillez décrire votre vie au sein de votre établissement.
Très Satisfait Très facile / Excellant
Assez satisfait Facile / Bien
Satisfait Raisonnable
Peu satisfait Difficile / Médiocre
Pas du tout satisfait Très difficile / Nul
142

f. Participer aux activités extrascolaires Cochez de 1 à 3 principaux obstacles qui vous em-
Veuillez décrire votre vie au sein de votre établissement. pêchent de suivre vos études de manière satisfaisante
Très facile / Excellant Problèmes familiaux
Facile / Bien Problèmes financiers
Raisonnable Problèmes d’éloignement
Difficile / Médiocre Problèmes d’adaptation à la vie universitaire
Très difficile / Nul Problèmes de niveau scolaire et linguistique

g. Suivre le cours pendant la classe Cochez les 3 facilités qui favoriseraient le suivi
Veuillez décrire votre vie au sein de votre établissement. de vos études d’une manière satisfaisante
Très facile / Excellant Appui financier (bourse)
Facile / Bien Logement dans cité universitaire
Raisonnable Appui de mes parents
Difficile / Médiocre Renforcement de mes capacités linguistiques
Très difficile / Nul Création de cellules d’écoute et d’accompagnement

h. Passer les examens officiels (logistique, attitude...)


Veuillez décrire votre vie au sein de votre établissement. Questions concernant
Très facile / Excellant
Facile / Bien les étudiant(e)s étrangers
Raisonnable
Difficile / Médiocre Avez-vous quitté votre pays dans l’intention de
Très difficile / Nul poursuivre vos études au Maroc ?
Oui
i. Etre accepté(e) par les professeurs/professeures Non
Veuillez décrire votre vie au sein de votre établissement.
Très facile / Excellant Pourquoi avoir choisi le Maroc pour vos études ?
Facile / Bien Branche d’étude inexistante dans votre pays
Raisonnable Langue
Difficile / Médiocre Pour autres raisons
Très difficile / Nul
Si vous avez choisi Autres raisons, prière de préciser...
j. Etre accepté(e) par les autres étudiants/étudiantes
Stabilité politique et sécuritaire
Veuillez décrire votre vie au sein de votre établissement.
Générosité et amabilité du peuple marocain
Très facile / Excellant
Potentialité d’emploi
Facile / Bien
Beauté du pays et diversité naturelle
Raisonnable
Excellentes relations entre mon pays et le Maroc et
Difficile / Médiocre
l’existence d’accords de coopération entre les deux pays
Très difficile / Nul
Pour raison de proximité géographique du Maroc
k. E tre accepté(e) par le staff administratif
Dans quelle(s) langue(s) avez-vous suivi vos études
Veuillez décrire votre vie au sein de votre établissement.
secondaires ?
Très facile / Excellant
Arabe
Facile / Bien
Français
Raisonnable
Espagnol
Difficile / Médiocre
Anglais
Très difficile / Nul
Est-ce que vous êtes capable de lire ou d’écrire
Avez-vous besoin d’autres services pour
dans l’une ou plusieurs langues suivantes ?
votre parcours universitaire ?
Arabe
Réhabilitation
Français
Orthophonie
Espagnol
Appui scolaire
Anglais
Ecoute, communication et accompagnement
A NNE X E S  / 143

Trouvez-vous des difficultés à suivre les études


universitaires au Maroc ?
Questions concernant
Sans difficultés : 1 l’appréciation de l’inclusion
2 et des stéréotypes
3
4 Pensez-vous que votre choix de formation (type
Beaucoup de difficultés : 5 d’établissement, de filière, de perspective de travail)
a été déterminé par des contraintes ou des modèles
Estimez-vous avoir besoin d’une mise à niveau traditionnels ?
linguistique pour réussir vos études Oui
Oui Non
Non
Pensez-vous que les femmes et les hommes ont
Votre intégration à l’université s’est opérée les mêmes chances d’accéder aux écoles supérieures
selon quel degré de facilité ? et aux établissements de l’enseignement supérieur ?
Très facile : 1 Oui
2 Non
3
4 Selon vous, aujourd’hui, avec les mêmes compétences,
Très difficile : 5 les femmes et les hommes ont-ils les mêmes chances
d’accéder, en quantité et qualité, aux mêmes
Pensez-vous que la diversité culturelle à l’Université opportunités de travail ?
marocaine est un facteur enrichissant ? Oui
Oui Non
Non Ne sais pas

Comment évaluez-vous vos chances d’insertion Y a-t-il des disciplines que vous déconseilleriez
professionnelle au Maroc ou à l’étranger à l’issue à un homme ?
de votre formation? Oui
inexistantes : 1 Non
2
3 Si vous avez répondu ‘Oui’ à la question précédente,
4 veuillez préciser dans la liste de quel champ
Très prometteuses : 5 disciplinaire il s’agit
Lettres et Sciences Humaines
Dans quel pays souhaitez-vous travailler Sciences Juridiques, économiques et sociales
une fois finies vos études? Sciences
Maroc Sciences et techniques
Pays d’origine Ingénierie
Autre destination Langues et traduction

Pour autre destination, veuillez préciser Y a-t-il des disciplines que vous déconseilleriez
Europe à une femme ?
USA, CANADA Oui
Amérique latine Non
Asie
Russie, pays de l’Est Puisque vous avez répondu Oui à la question
Australie précédente, veuillez préciser dans la liste de quel
Afrique champ disciplinaire il s’agit
Lettres et Sciences Humaines
Conseilleriez-vous aux jeunes de votre pays de venir Sciences Juridiques, économiques et sociales
au Maroc pour poursuivre leurs études supérieures? Sciences
Oui Sciences et techniques
Non Ingénierie
Langues et traduction
144

Croyez-vous que le monde du travail est en train Croyez-vous que les thématiques morales et
de changer et que les sciences humaines sont moins d’éducation à la citoyenneté active et responsable
utiles aujourd’hui par rapport aux sciences et devraient être matière d’étude, en accoutumant les
aux technologies ? étudiant(e)s à coexister pacifiquement, dans le respect
Oui des différences et des droits/devoir vers la liberté
Non personnelle et celle des autres ?
Ne sais pas Non
Oui, depuis le secondaire (lycée)
Croyez-vous que la prise de décision et l’occupation Oui, à l’université
des postes de responsabilité est un penchant plus Oui, à tous les stades de l’éducation
naturel chez les hommes que chez les femmes ?
Oui Rôle de la Formation et de la Connaissance dans
Non la bonne communication avec autrui - A votre avis,
connaître et comprendre les nécessités des autres
A compétences égales, croyez-vous que les hommes peuvent-ils faire tomber les préjugés et les stéréotypes ?
arrivent à décrocher plus facilement des postes Sans effet
à responsabilité que les femmes ? Effet moyen
Oui Effet a bien
Non Effet bien
Effet très important
Croyez-vous que les femmes sont plus portées vers
les soins de la maison et de la famille ? Croyez-vous que les thématiques morales devraient
Oui être matière d’étude dans tous les cours scolaires/
Non universitaires, y compris les études techniques ou
technologiques, ou seulement dans les lettres et
Croyez-vous qu’il faut garder les rôles traditionnels sciences humaines?
pour le bon fonctionnement de la famille et Oui, dans tous les cours d’étude
de la société? Non, uniquement dans les sciences humaines
Oui Non, uniquement dans les études scientifiques-techniques
Non Non, nulle part
Ne sais pas
Si vous avez répondu Non à la question précédente,
croyez-vous qu’entre femmes et hommes les travaux Parmi ces activités, quelles sont à votre avis celles
de soin de la maison et de la famille puissent être qui favoriseraient une vie riche, responsable, active,
également redistribués, en permettant ainsi à tous inclusive et participative dans la société?
de participer au marché du travail et d’exercer Activités sportives individuelles
les professions pour lesquelles ils/elles ont étudié ? Activités sportives d’équipe
Oui Réunions culturelles
Non Rencontres dans des structures récréatives (cafés, club,
Ne sais pas maisons des jeunes,...)
Activités artistiques individuelles (musique, peinture,...)
Croyez-vous que les jeunes accordent aujourd’hui Activités artistique d’équipe (groupes de musique,
de l’importance aux valeurs morales/éthiques ? musique chorale, théâtre,...)
Sans aucune importance : 1 Adhésion et activités au sein d’un parti politique
2 Adhésion et activités au sein d’une association
3 de la société civile
4 Lecture, loisirs et voyage
Importance extrême : 5

Rôle de la Formation et de la Connaissance dans


la bonne communication avec autrui - A votre avis,
connaître et comprendre les nécessités des autres
peuvent-ils faire tomber les préjugés et les stéréotypes ?
Sans effet
Effet moyen
Effet albien
Effet bien
Effet très important
A NNERU
L ES RÉS U LTAT S DU PROJET X EMI
S  / 145
Réseau des Universités Marocaines pour l’Enseignement Inclusif 

Questions concernant Croyez-vous que femmes et hommes ont le droit


de choisir leur travail à pied d’égalité?
le monde de l’emploi Oui
et l’insertion professionnelle Non

Dans le monde du travail, Votre famille influence-t-elle le choix de votre travail ?


préféreriez-vous un emploi : Oui
Dans le secteur public Non
Dans le secteur privé
Auto-emploi (création de ta propre entreprise) Si oui qui a le plus d’influence sur votre choix :
Père
Dans le monde du travail, Mère
préféreriez-vous un emploi : Frères et/ou sœurs
A temps plein Grand-père et/ou grand-mère
A temps partiel Autres parents : oncles, tantes, etc.
146

ANNEXE 4 : Découvrir plus sur le projet RUMI


Site web du projet: www.rumi-project.org
RÉSEAU POUR L’ACCÈS

Université

‫إنشا‬
Paul-Valéry Montpellier
Montpellier

‫لزياد‬ RÉSEAU POUR


‫التعل‬ L’ACCÈS
M A N U E L D E S E N S I B I L I SAT IO N

‫شن�ة إع‬
‫العاىل‬
‫ي‬ ‫إنشاء شبكة جامعية لزيادة فرص الولوج اىل التعليم‬

RUMI — RÉSEAU DES UNIVERSITÉS MAROCAINES POUR


‫شبكة الجامعات‬ ISBN 978-0-9567730-7-4 ISBN 978-0-9567730-7-4 L’ENSEIGNEMENT INCLUSIF

Vrije Universiteit

Réseau pour l’Accès.


12.04.2016 15:37:44

Brussel
Bruxelles

Manuel de Sensibilisation
Università degli
Studi Roma Tre
roMe

Rapports sur
les formations
en Europe :
sur le chemin de l’inclusion

RUMI  
     R é s e a u  d e s u n iv e R s ité s  M a Roc a i n e s   
p ou R  l’ e n s e ig n e M e nt i nclu s i f 

Rapport sur les formations en Europe :


sur le chemin de l’inclusion

Dépliant promotionnel

Le Chemin vers l’Université -


film documentaire promotionnel
148

Hier j’étais intelligent et je voulais changer le monde.


Aujourd’hui, je suis sage et je me change moi-même.
Jalal Iddîn Ibn RUMI

www.rumi-project.org

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