Laicité, COLLECTIVITES LOCALES
ET ADMINISTRATION PUBLIQUE
SO Faux. Une commune peut participer a certaines
«dépenses nécessaires ».
Les articles 13 et 19 de la loi du 9 décembre 1905
prévoient que les collectivités publiques, telle une
commune, peuvent participer financiérement aux
-cdépenses nécessaires pour Uentretien et la conserva-
tion des édifices du culte dont la propriété leur est
reconnue par la loi», ou « pour réparations aux édifices
affectés au culte public » lorsquils ne leur appartiennent.
pas.
La commune propriétaire dun liew de culte (ce qui
conceme en trés grande majorité des églises catho-
liques*) peut voir sa responsabilité engagée & raison
des dommages provenant du défaut d’entretien dudit
liew de culte,
4. Enasondurefs de gis catholique de cer des associations
cultuelles aprés la loi de 1905; of. Uidée fausse n° 32.12 ges fuses cur a ct
81 Faux. Cela est possible sous conditions, via la signa-
ture d'un bail emphytéotique administratif.
Le code général des collectivités territoriales (CGCT),
& son article L.1311-2, permet & une collectivité locale
(telle une commune), par dérogation a interdiction
de subventionnement des cultes posée par la loi de
1905, de louer sur une longue durée et pour un cot
modique, via un bail emphytéotique administratif
(BEA)?, un bien immobilier & une association cultuelle
en vue de la construction d'un édifice cultuel.
Toutefois, le CGCT ne permet la conclusion d'un tel
bail que si U&difice cultuel est exploité par une « asso-
ciation cuttuelle», Cest-d-dire une association soumise
au régime spécifique posé par le titre IV de la loi du
9 décembre 1905.
2, Varticle L, 1311-2 du Code général des collectivtésteritoriales
(CGCT) definite bail emphytéotique administratif comme permet-
tant d une collectivtéteritoriale proprétaie dun bien immobilier
de e Lover un tiers qui pourra construire un ouvrage surle domaine
public et ensuite le Lover la collectvité propretaire du terain.Lact, colectvts acles et administration publique a
G2 «ne commune ne peut jamais garantir
un emprunt pour la construction d'un
edifice religieux»
> Faux. Cela est possible dans les agglomérations en
voie de développement.
Une commune peut garantir les emprunts contractés
pour financer, dans les agglomérations en voie de déve-
loppement, la construction, par des groupements locaux ou
par des associations cultuelles, d'édifices répondant a des
besoins collectfs de caractére religieux (articles L. 2252-4
et L. 3231-5 du code général des collectivités territoriales)
Ainsi, par exemple, une commune ou un département
peut garantir un emprunt contracté par une association
cultuelle en vue de la construction d'un édifice du culte
dans des agglomérations en voie de développement. La
notion d'«agglomération en voie de développement »
doit étre comprise comme étant une zone urbanisée
dont la population augmente de maniére significative,
83 Une commune ne peut financer aucun
projet qui aurait un rapport avec un
culte»
> Faux. Des arréts du Conseil d'état sont venus préciser
le droit en vigueur, dans le cadre d'un intérét public
local.
Par cing arréts du 19 juillet 2011, le Conseil d'état a
jugé que, pour attribuer une subvention pour un projet144 ges fuses cur a ct
en rapport avec les cultes, il fallait un intérét public
local, qu’elle respecte le principe de neutralité & Végard
des cultes et le principe dégalité, et qu'elle exclue toute
libéralité qui pourrait s‘analyser comme une aide au
culte, notamment en inscrivant par voie conventionnelle
la destination de la subvention qui doit étre autre que
association cultuelle; en inscrivant par voie conven-
tionnelle Vorganisation de usage du bien acquis; en
prévoyant une redevance en contrepartie du service.
Ainsi, par exemple, un orgue a pu étre financé dans
tune église pour organiser des cours ou des concerts de
musique; un ascenseur étre construit pour accéder a la
basitique de Fourviére a Lyon afin de valoriser les atouts
culturels ou touristiques de Uédifice, un abattoir provi-
soire pour («Aid el Kébir» étre financé (en respectant.
des conditions tarifaires et qui excluent toute libéralité,
et dans le cadre du nécessaire respect des régles de
salubrité et de santé publiques); une manifestation
pour la paix, organisée par une association, étre financée
sous forme de tables-rondes et de conférences sans
caractére cultuel.
8 4 «Une commune ne peut pas louer une
salle municipale & un culte méme pour
une activité ponctuelle »
> Faux. Une salle peut étre louge par une association
cultuelle si a location n’est pas exclusive et pérenne.
Si la salle ou Véquipement est fourni gracieusement
pour une activité devenue cultuelle, il s'agit d'uneLact, colectvts acles et administration publique us.
subvention a un culte, ce qui est illégal. En revanche, si
la salle est louée et non prétée, la location est possible
et ne peut étre refusée que pour deux raisons les néces-
sités objectives de administration communale, et les
troubles & Vordre public.
Bien sir, la mise a disposition de la salle ne peut pas
tre exclusive et pérenne.
Tout refus de location doit étre justifig, et le seul fait
que association soit cultuelle ne saurait constituer un
refus valable.
85 «IL est impossible d'installer oit que
ce soit dans lespace public une créche
de Noal»
> Faux, Cest possible, méme si le principe est l'inter-
diction.
article 28 de la loi du 9 décembre 1905 dispose
quiil «est interdit, & Vavenir, d’élever ou d’apposer
aucun signe ou embléme religieux sur les monuments
publics ou en quelque emplacement public que ce soit, &
(exception des édifices servant au culte, des terrains de
sépultures dans les cimetiéres, des monuments funé-
raires, ainsi que des musées ou expositions ». Cet article
applique d la question des craches de Noal dans Vespace
public: il laisse une large marge d'appréciation dans
la qualification ou non d’embléme religieux de ces repré-
sentations figuratives. Ainsi, une appréciation par le
Juge in concreto, guidée par les circonstances locales
de temps et de lieu, par la récurrence de exposition,16 ges fuses cur a ct
par le caractére culturel, artistique ou festif de Vinstal-
lation, et parla présentation publique qui en a éventuel-
lement été faite, simpose
En amont, la collectivité concernée ou le-la gestion-
naire du service public devra prendre en consideration
existence ou non d'un particularisme local qui justifie-
rait cette installation dans un espace public ouvert &
tou-te's en tant qu’« exposition » traditionnelle, cultu-
relle, artistique ou festive (Lc exposition » étant une
exception a Linterdiction posée par farticle 28 précité)..
Toute présentation religieuse de la créche traduisant
une préférence du service en question serait un manque-
ment & obligation de neutralité de UEtat, des collecti-
vités ou du service public concernés.
Enfin, le Conseil d'état? précise qu'il y a lieu de
distinguer les batiments publics des autres emplace-
ments publics. Dans lenceinte des batiments publics,
siges d'une collectivité publique ou d’un service public,
Uinstallation d'une créche par une personne publique
rest en principe pas conforme au principe de neutralité,
sauf si des circonstances particuligres permettent de lui
reconnaitre un caractére culture, artistique ou fest (par
exemple, une créche de santons dans une commune en
Provence oi) cela est traditionnel, sans présentation
publique d'un caractére cultuel). Dans les autres empla-
cements publics, «en raison du caractare festif des
installations lies aux fétes de fin d’année, installation
dune créche par une personne publique ne méconnait
3. Conseil détat, 9 novembre 2036, Fédération départementale des
libres penseurs de Seine-et-Marne n® 395122 et Fédération de la
libre pensée de Vendée n® 395223.Lact, colectvts acles et administration publique ur
pas le principe de neutralité, sauf si elle constitue un
acte de prosélytisme ou de revendication d'une opinion
religieuse »,
BG sisi nterat au hepa public
installe un sapin de Noél dans son hall »
> Faux, car le sapin de Noal n'est pas un signe religieux.
Le principe de laicité suppose la neutralité de tous
les services publics. Uhdpital public doit donc étre tout &
fait neutre, On ne peut apposer sur ses murs ou dans ses
locaux de quelconques signes conditionnels ou religieux,
a exception de Vespace dédié aux auméneries et aux
cultes,
Néanmoins, cela n’empéche pas C‘nstallation dans
son hall dun sapin de Noél, a Vorigine une tradition
paienne bien antérieure au christianisme, qui r’est pas
considéré comme un signe ou un symbole religieux, mais
comme un symbole d'une fate largement laicisée.
Bien sir, il ne serait cependant pas possible de
décorer le sapin en question avec des symboles eux-
mémes religieux. Il en est de méme pour d'autres tra-
ditions, telle qu’un «calendrier de Cavent» ou une
« galette des rois »: ils ne sont pas contraires au principe
de laicité sils ne sont accompagnés d’aucun prosély-
tisme, daucune marque d’adhésion a un culte et d’aucun
symbole religieux.