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DOSSIER: L’EXPERIMENTATION MEDICALE SUR LES

ANIMAUX

TEXTE1: Pourquoi le recours aux modèles animaux reste indispensable dans la


recherche  Billet rédigé par  Ivan Balansard , Docteur vétérinaire, Chargé de mission Bureau de
l’expérimentation animale, Institut National des Sciences Biologiques, CNRS, juin 2015

A l’heure où L’Europe se dote de la réglementation la plus  stricte au niveau international, en termes


de protection des animaux de laboratoire, une minorité d’activistes radicaux, à l’origine de la pétition
« stop vivisection », souhaite interdire toute utilisation de modèles animaux en recherche.

Les principaux arguments des pétitionnaires sont qu’aujourd‘hui la recherche biomédicale massacre
inconsidérément un nombre démesuré d’animaux et en particulier de singes pour mener une
recherche inefficace en ignorant les méthodes de substitution. Il est donc important de rappeler ici
quels animaux, combien d’animaux, pourquoi a-t-on encore besoin d’utiliser des animaux et enfin
comment utilise-t-on des animaux en recherche ?

Quels animaux ? 80 % de rongeurs (souris et rats essentiellement), 15 % de poissons, 4 % d’oiseaux,
0,2 % carnivores, 0,05 % de primates non humains.

Combien d’animaux ? En Europe, 12 millions d’animaux vertébrés sont utilisés par an, soit 1 animal
pour 45 habitants par an. A titre de comparaison, nous mangeons 1 000 fois plus d’animaux tous les
ans. Notons que, pour tout projet scientifique, le nombre d’animaux utilisés doit être limité à un
minimum et statistiquement justifié auprès du comité d’éthique avant d’être autorisé.

Pourquoi ? L’utilisation de modèles animaux permettant d’étudier les fonctions intégrées a aidé à
comprendre et traiter de nombreuses maladies. L’espérance de vie a quasiment doublé en un  siècle
(45 ans en 1900, 80 ans en 2015) et ce, grâce aux avancées prodigieuses des connaissances en
biologie et à la mise au point de nombreux médicaments à partir de recherches chez l’animal.

Ceci s’explique par les très nombreuses homologies existant entre les espèces animales et l’Homme
comme l’illustre le fait que plus de 60 % des agents infectieux pathogènes pour l’Homme le sont
aussi pour une ou plusieurs espèces animales.

Ainsi grâce à la recherche menée sur le modèle macaque (1 animal utilisé pour 34 000 personnes en
Europe) des traitements efficaces contre le HIV puis Ebola ont pu être mis au point.

Comment utilise-t-on des animaux ? La réglementation est très claire : elle impose de n’avoir recours
au modèle animal que si aucun autre modèle ne peut lui être substitué. Ces modèles substitutifs
(cellules, tissus, modèles informatiques) sont en réalité très majoritaires. On utilise ainsi un excellent
modèle de peau artificielle qui permet de s’affranchir du modèle animal, mais certains organes très
complexes (comme le cerveau par exemple) ne peuvent pas se modéliser aujourd’hui. Peut-on
sérieusement imaginer un modèle de maladie d’Alzeihmer, de maladie de Parkinson ou de
dépression nerveuse sur des cellules in vitro ? Il est donc mensonger de laisser croire que les
chercheurs utilisent des modèles animaux par facilité. C’est la combinaison d’un ensemble de

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méthodes avec et sans animaux qui permet d’augmenter les connaissances et de continuer de
découvrir de nouveaux traitements contre les maladies.

TEXTE2 : Nous ne sommes pas des rats de 70 kg


Billet rédigé par : André Menache , Directeur Antidote Europe ; http://antidote-europe.org/, juin
2015

 Il faut environ 10 à 12 ans, depuis sa découverte jusqu‘à sa mise en vente, et 500 millions d’euros
pour qu’un nouveau médicament soit utilisé. Par ailleurs, il est important de signaler que la plupart
des composés (92 sur 100) qui semblent prometteurs chez les animaux de laboratoires, échouent au
cours des essais cliniques (tests sur l’Homme).

Un taux d’échec aussi élevé révèle clairement que les animaux de laboratoires ne sont pas
des modèles fiables pour prédire la toxicité et l’efficacité de nouveaux médicaments destinés à
l’Homme et, ceci, malgré le fait que ces composés soient évalués sur deux espèces animales  : un
rongeur (généralement le rat) et un non rongeur (généralement le chien).

Les lois sont, en grande partie, responsables de ce triste état des lieux. Les bases de la loi encadrant
les tests médicaux (la directive 2003/63/CE), qui exige toujours les tests sur animaux, se reposent sur
le procès de Nuremberg, après la seconde guerre mondiale. Aussi, elle est très en retard en
comparaison des progrès énormes qu’a connu la science depuis 65 ans.

Actuellement, la soumission de données issues de tests sur animaux est obligatoire alors que celles
issues de tissus humains, comme la pharmacogénomique, n’est que facultative.

Toutefois, l’industrie pharmaceutique reconnaît l’importance de notre patrimoine génétique et qu’il


est temps de soigner les gens selon le nouveau paradigme de la « médecine personnalisée », c’est-à--
dire en tenant compte de l’ADN spécifique de chaque individu.

Il s’agit là d’une situation gagnante pour tous, puisque cela signifie des traitements plus ciblés pour
chaque patient avec, par conséquent, moins d’effets secondaires.

On ne peut pas continuer à ignorer le fait qu’après les maladies cardiaques, les cancers et les
accidents vasculaires cérébraux, les effets secondaires des médicaments représentent la
quatrième cause de décès en France, soit environ 18 000 morts par an.

Quand il faut évaluer la toxicité des médicaments, les humains ne sont pas des rats de 70 kilos. Il est
temps de dépasser la norme actuelle sur laquelle repose l’évaluation de la toxicité des médicaments.

La première étape serait de supprimer les exigences réglementaires pour les tests sur des animaux et
de remplacer ces tests par des méthodes scientifiques dignes du 21ème siècle.

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TEXTE3 : CONTRE L’EXPÉRIMENTATION
« Vivisection : La majorité des gens connaissent le mot sans jamais savoir de quoi il s’agit réellement.
S’ils le savaient, je suis certain qu’ils en useraient avec beaucoup moins de légèreté. » Samir Mejri,
animalier dans un laboratoire pharmaceutique à la fin des années 80, s’indigne en 1991 du sort fait
aux animaux au nom de la science, et surtout du profit généré par l’industrie dans son livre plaidoyer
« Victimes silencieuses ». Vingt-cinq ans plus tard, malgré les avancées en matière de méthodes
substitutives, on met encore à mort, avec la complicité d’une législation faite d’exceptions, des êtres
vivants dans des conditions inhumaines et indignes…

La vivisection n’est pas une fatalité, réagissez !

Dernier en date des tripatouillages intervenus sur les conditions d’exercice de l’expérimentation
animale, un décret de février 2013 qui, sous couvert de défense nationale, autorise l’armée à
procéder sans contrôle externe, aux expériences qu’elle juge nécessaires, ne rendant de comptes
qu’au seul ministre de la défense. C’est l’exception qui devient la règle.

Légalement, comment définit-on la vivisection en France ? C’est « l’utilisation, invasive ou non, d’un
animal à des fins expérimentales, scientifiques ou éducatives ». Et en font partie « les interventions
destinées ou de nature à aboutir à la naissance ou à l’éclosion d’un animal ou à la création et la
conservation d’une lignée d’animaux génétiquement modifiés », englobant ainsi implicitement le
clonage dans son champ d’action. Quant au seuil de douleur tolérable, sous une apparente
simplicité, il laisse la porte ouverte à tous les abus. Il s’agirait «d’une douleur, souffrance, angoisse ou
dommage durable d’un niveau équivalent ou supérieur à celui causé par l’introduction d’une aiguille.
» Pas de raison d’invoquer la taille de l’aiguille ou l’endroit où on l’introduit…

Pour contrebalancer d’éventuels abus, la Commission nationale de l’expérimentation animale a un


rôle consultatif mais pas décisionnaire et le Comité national de réflexion éthique sur
l’expérimentation animale, sur 14 membres actifs, ne comprend que trois personnalités désignées
sur proposition d’organisations reconnues d’utilité publique de protection des animaux et de
protection de la faune sauvage, dont Patricia Lortic, administratrice de la Fondation Assistance aux
Animaux.

Les mauvaises questions

Chaque année en France, dans les laboratoires industriels et universitaires, près de trois millions
d’animaux (hors expérimentations militaires) sont empoisonnés, mutilés, soumis à des décharges
électriques, à des transplantations, des greffes de têtes ou d’organes divers. On les aveugle, on les
ébouillante, on les éventre, on les brûle, on les prive de sommeil, on organise leur mise à mort par la
faim, la soif, le froid ou le chaud, le plus souvent à vif puisque les protocoles d’anesthésie retardent
les bourreaux, leur coûtent de l’argent, et ne sont de toute façon recommandés qu’au moment de
l’intervention directe de l’expérimentateur. Personne ne prend en charge les douleurs post
expérimentation d’un corps pantelant qui finira de toute façon dans une poubelle à déchets
organiques.

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » avançait Rabelais dans Pantagruel. « Il n’y a pas
d’éthique humaine qui soit séparée de l’éthique animale, » complétait le Pr. Schwarzenberg. On se
donne bonne conscience en rappelant que l’Académie des sciences indique que les conditions

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d’élevage, de transport et de stabulation des animaux destinés à l’expérimentation doivent obéir aux
règles strictes de l’éthique et que soient offertes aux laboratoires des possibilités
d’approvisionnement dûment organisées et réglementées. Et là, on se pose les mauvaises questions.
Comment organiser l’expérimentation animale, vaut-il mieux acheter des dizaines de chiens sur
catalogue plutôt que sous le manteau à des individus qui les ont manifestement volés à leurs
propriétaires, oui, ce sont de mauvaises questions. Ce qu’il faut se demander, c’est comment abolir
l’expérimentation animale, comment avoir recours systématiquement aux méthodes substitutives
mises au point parfois depuis plusieurs dizaines d’années.

Cruauté violente et implaccable

Les scientifiques aiment mettre en avant la recherche médicale, sachant que chacun est soucieux,
pour lui comme pour ses enfants, de bénéficier des meilleurs soins possibles. Il n’empêche que c’est
ailleurs que les vies animales sont le plus gaspillées : en cosmétologie par exemple, où on continue à
longueur de journée à tester des produits sur les yeux des lapins, ou des crèmes solaires sur la peau
rasée de pauvres rongeurs placés sous des lampes chauffantes jusqu’à ce que leur peau se détache
de leur corps. C’est comme ça qu’on détermine les indices si chers au consommateur lambda…

Quant aux produits d’entretien ménager (vous savez ceux qui ont l’étiquette avec la tête de mort, ne
pas ingérer, etc), les pesticides et autres produits chimiques, ils sont le prétexte pour être introduits
de force dans la gorge des animaux testeurs jusqu’à ce que mort s’ensuive par brûlure chimique
atroce.

Singes, chiens, chats, lapins, rongeurs, chevaux, oiseaux, poissons, reptiles, moutons, chèvres, veaux
et vaches sont des sujets d’expérience possibles. Aucune espèce n’est à l’abri des expérimentations
cruelles des hommes. Et aucune d’entre elles ne bénéficie de conditions de détention décentes :
cages minuscules, éclairage au néon uniquement pour sortir de l’obscurité, pas de sorties, pas de
possibilité de s’étirer, marcher, courir, pas de contacts rassurants. La réalité d’une vie de condamné,
c’est la solitude, le stress, l’angoisse, la douleur, le désespoir et la cruauté violente et implacable des
vivisecteurs. On peut comprendre pourquoi la seule vue d’une blouse blanche induit dans les
laboratoires de torture, tremblements incontrôlés et relâchement des sphincters des futures
victimes…

Pourquoi ces pratiques d’un autre âge subsistent-elles quand d’autres méthodes de tests existent,
parfaitement capables de remplacer les charcutages sans fin répétés dans les laboratoires ? L’Union
européenne reconnaît en bien des domaines des protocoles alternatifs qui ont fait leurs preuves :
peau synthétique pour les tests de phytotoxicité, de corrosivité, test Elisa pour les vaccins. Dernière
innovation en la matière : un laboratoire français a mis au point une peau humaine reconstituée à
partir de déchets récupérés lors des opérations de chirurgie plastique. Genoskin est à même de
fournir une peau utilisable par les laboratoires cosmétiques et pharmacologiques en vue de tester
leurs produits.

Méthodes alternatives

La France, c’est un peu le pays des bonnes vieilles habitudes. Tout changement y est considéré
comme suspect et ce n’est que la tête sur le billot qu’on consent à regarder vers l’avenir. Les
méthodes in vitro n’y ont pas le même succès qu’ailleurs. On fronce encore le nez sur les cultures de

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cellules humaines pour dépister le degré de nocivité des substances testées ou sur les cultures de
tissus, indispensables en toxicologie. Il n’y a pas actuellement de volonté politique de former
différemment les scientifiques français !

Et pourtant ! On sait depuis longtemps que l’animal n’est pas un modèle acceptable pour l’homme.
Les différences entre les espèces sont énormes, comme le confirme le déchiffrage des ADN d’espèces
de plus en plus nombreuses et diverses. On s’ingénie à continuer à suivre un modèle animal non
adapté pour prendre des décisions graves concernant la santé d’êtres humains : c’est ainsi que la
plupart des effets secondaires des médicaments n’apparaissent pas lors des tests de nocivité. Les
animaux qui en font les frais n’ont pas les mêmes réactions que nous. Il en résulte que dans les pays
développés, ces effets indésirables sont la 4ème cause de mortalité ! N’importe : sous la pression du
lobby pharmaceutique et des laboratoires privés, les pratiques de vivisection perdurent, favorisant
des profits financiers énormes…

A nous désormais de renverser le cours des choses en manifestant notre rejet d’une pratique
honteuse, barbare et opaque dans son fonctionnement, puisque nous sommes officiellement 86% de
la population à réprouver la vivisection. On peut décider de n’acheter et de n’utiliser que des
produits non testés sur les animaux que ce soit en cosmétique ou en produits d’entretien ménager :
les magasins bio en ont fait leur marque de fabrique et si la pression se maintient, les supermarchés
suivront. La plupart des associations de protection animale publient aussi des listes de marques et de
produits non testés sur les animaux.

Un refus européen

Et on peut également participer à l’initiative citoyenne européenne Stop Vivisection, qui permet à
tout citoyen de demander l’abolition de l’expérimentation animale dans l’Union européenne et la
mise en œuvre des méthodes de substitution existantes ou à développer. C’est en ligne (1) qu’il
convient de faire entendre sa voix. A la différence d’une simple pétition, les modalités d’inscription
sont très encadrées, puisqu’il faut indiquer (sous sceau sécurisé) son nom, son adresse, sa date de
naissance et son numéro de pièce d’identité. Pour aboutir, cette initiative citoyenne doit mobiliser un
million de signatures européennes avant le 1er novembre prochain, dont 55 000 représentent le
quota français. C’est un challenge à notre portée, c’est le moyen d’intervenir directement dans une
politique inique qui s’exerce sans aucun sens de l’éthique, c’est l’occasion d’aider les animaux à
échapper aux traitements brutaux et mortels dont ils sont l’objet sous de mauvais prétextes. Il est de
notre devoir de nous manifester et de prêter notre voix à ceux qui n’en ont pas.

 La Fondation se bat au quotidien contre ce fléau. Une de ses administratrices siège au comité
d’éthique de l’expérimentation animale. La fondation octroie également des aides aux associations
spécialisées dans ce domaine.

 Mise à jour — L’Europe a balayé d’un revers de la main l’action citoyenne « stop vivisection »signée
par plus d’un million deux cent milles personnes et réclamant la suppression de l’expérimentation sur
les animaux. Si dans sa réponse, la Commission européenne affirme que « L’Union partage la
conviction qui est celle de l’initiative citoyenne, à savoir que les essais sur les animaux devraient être
progressivement supprimés. Il s’agit bien de la finalité ultime de la législation de l’UE dans ce
domaine », elle conclu paradoxalement « la Commission n’a pas l’intention de présenter une

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proposition qui viserait à abroger la directive 2010/63/UE ; elle n’a pas non plus l’intention de
suggérer l’adoption d’un nouveau cadre législatif ». Autrement dit, le combat continue 

TEXTE 4 : l’expérimentation sur les animaux, un mal nécessaire


La Croix, rédigé par Denis Sergent, Bayard Jeunesse

http://www.la-croix.com/Sciences-et-ethique/Lexperimentation-animale-un-mal-necessaire-2012-
09-03-879059

 Fondamentale pour la connaissance en biologie et en santé, l’expérimentation sur les animaux tente
aujourd’hui de limiter leur souffrance et de favoriser les solutions alternatives.

Loin d’être insensibles aux animaux qu’ils manipulent, les chercheurs ont, depuis la nuit des
temps (lire infra), recours aux « animaux de laboratoire », parfois appelés « cobayes », afin de mieux
comprendre la physiologie et la pathologie des animaux eux-mêmes, tout en espérant prévoir ce qui
se passe chez l’homme.

Forts de cet objectif, les scientifiques mettent en œuvre des expériences différentes, selon qu’ils
étudient la fonction d’un organe, d’un tissu, d’une molécule (physiologie, biochimie), le système
immunitaire et la tolérance à un greffon extérieur (transplantation), l’action d’un candidat-
médicament sur un organisme entier (pharmacologie, toxicologie) ou encore la psychologie ou le
comportement social (éthologie). Certaines expériences obligent à intervenir directement, de
manière intrusive, voire destructrice, et à euthanasier l’animal, tandis que d’autres se contentent
d’observer l’animal confiné dans un milieu donné.

De ce fait, l’éventail d’animaux, domestiques et sauvages, auxquels l’homme fait appel semble assez
large : mouche, poisson, souris, rat, hamster, singe, mais aussi grenouille, crapaud, écureuil,
marmotte ou chauve-souris… Pour des raisons de facilité d’observation, l’homme commença par
étudier la reproduction (externe) des amphibiens, qui a lieu dans l’eau.

Pour des raisons de taille, de prix et de temps, il se focalisa sur les petits rongeurs comme la souris,
animal de mieux en mieux connu au point de vue génétique. On dispose ainsi aujourd’hui de lignées
consanguines extrêmement pures, ce qui permet à n’importe quelle équipe de recherche au niveau
international de travailler sur le même matériel.

« Sans l’expérimentation animale, nous ne disposerions sans doute pas de vaccins contre les
maladies infectieuses, nous ne saurions pas soigner les déficits
hormonaux (endocriniens), transplanter un organe, rendre prochainement accessible à l’homme la
thérapie génique », expliquait en 1995 la commission « Expérimentation animale » présidée par
Pierre Tambourin, aujourd’hui directeur général de Genopole, à Évry (Essonne), et président du
Comité national de réflexion éthique sur l’expérimentation animale.

Cette commission eut toutefois la sagesse de s’interroger sur l’éthique de la pratique


expérimentale. « L’expérimentation animale reste cependant une pratique “agressive” qui implique
la perte de liberté, le sacrifice de la vie, parfois une certaine souffrance et qui, de ce fait, soulève
légitimement des interrogations. Est-elle aussi nécessaire qu’elle a pu l’être ? N’est-elle pas héritée

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d’une autre époque où l’animal n’avait pas le statut qu’il possède aujourd’hui ? Avec les nouvelles
technologies, ne peut-on pas appréhender in vitro les phénomènes biologiques ou les explorer à
travers des examens cliniques sans cesse plus sophistiqués ? »

Une réflexion qui traduit la prise de conscience croissante de cet aspect de l’expérimentation
animale chez les chercheurs. Au XVIIe siècle, en effet, avec Descartes et surtout Malebranche, on
pensait que l’« animal-machine » ne pouvait souffrir. Au XIX e , en France, on commence à parler de
douleur et souffrance animales, à la fois à cause des mauvais traitements de bon nombre de cochers
parisiens avec leurs chevaux et à cause de l’expansion de l’expérimentation animale sous l’égide des
physiologistes Claude Bernard et Paul Bert. L’animal est alors considéré par le code civil comme un «
bien mobilier ».En 1850, avec la loi Grammont, la France est un des premiers pays à introduire le
principe de protection animale dans son code pénal. Toutefois, il faudra attendre 1963 pour qu’une
loi crée le délit d’actes de cruauté envers les animaux (30 000 € d’amende et deux ans
d’emprisonnement) et punisse également quiconque aura pratiqué des expériences sur les animaux
sans se conformer aux prescriptions qui ne seront qu’évasivement fixées par un décret en 1968. En
1976, la loi relative à la protection de la nature accorde à l’animal le statut particulier d’« être
sensible ». Aujourd’hui, l’expérimentation animale se poursuit de façon à prendre en considération le
bien-être animal (cage ou étable spacieuse et confortable, aliments et eau à volonté, environnement
riche en stimuli de façon à éviter des comportements stéréotypiques). Il n’empêche que certains,
comme le philosophe et juriste Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, critiquent l’ambiguïté française de
l’animal, « objet » dans le code civil et « être sensible » dans le code pénal (1). D’autres juristes
proposent de créer une catégorie de « bien protégé », d’autres encore plaidant pour que l’animal
soit reconnu comme une personne…

Depuis le début de son histoire, une des justifications de l’expérimentation animale repose sur
l’homologie-analogie existant entre l’animal et l’homme, et donc son intérêt pour mettre au point
des traitements préventifs (vaccins), curatifs (médicaments, prothèses) et chirurgicaux (greffes). Or,
un certain nombre de traitements, dont l’efficacité a été démontrée chez l’animal, ne marchent pas
chez l’homme.

Beaucoup d’espèces possèdent des caractéristiques anatomiques et/ou physiologiques


particulières. « Une souris n’est pas un homme », souligne le neurobiologiste et chef du bureau
d’expérimentation animale à l’Inserm François Lachapelle. Ainsi, le chimpanzé, primate
génétiquement identique à 98 % à l’homme, ne développe pas le sida, tandis que certaines tumeurs
cancéreuses ne croissent pas de la même manière chez l’animal et chez l’homme.

Fort de ce problème d’interprétation des résultats et sous la pression des associations de défense des
animaux, le législateur a promu les méthodes alternatives (ou substitutives, substitution methods en
anglais). Énoncées en 1959 par les chercheurs britanniques Russell et Burch sous l’appellation « règle
des 3 R » (Reduce, Refine, Replace), elles consistent à réduire au maximum le nombre d’animaux
utilisés, à améliorer les protocoles expérimentaux et les conditions de vie des animaux avec pour
souci premier la prévention de toutes souffrances inutiles, et enfin à remplacer aussi souvent que
possible les essais sur animaux vivants (in vivo) par des méthodes alternatives (cellules cultivées in
vitro, organes ou tissus maintenus en survie ex vivo, modèles informatiques de prédiction in silico).

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Selon le Centre européen pour la validation des méthodes alternatives (Ecvam) d’Ispra, en Italie,
l’expérimentation in vitro pour les produits cosmétiques européens (essentiellement des tests
d’allergie et de toxicologie) a ainsi complètement remplacé l’expérimentation animale.

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QUELQUES CHIFFRES

Environ 10 millions de vertébrés, dont environ 80 % de rongeurs (souris, rats) et de lapins et 10 000
singes, ont été utilisés en 2002 par les États de l’Union européenne (CE, 2003).

Entre 1984 et 1990, le nombre total d’animaux utilisés, toutes espèces confondues, a diminué de
25 %. Parmi eux, le nombre de chiens a été réduit de 26,7 % et celui des chats de 38,1 %. En 1993, la
réduction globale était de 19 % par rapport à 1990.

En France, il y a aujourd’hui 245 animaleries (Inra, Inserm, CNRS, CEA, universités, laboratoires


pharmaceutiques privés). Près de 640 autorisations d’expérimentation ont été accordées par une
commission de contrôle pour les cinq ans à venir.

Les coûts d’entretien et de maintenance d’une animalerie sont très élevés. Leur réhabilitation et
mise aux normes encore plus : 3,5 fois le prix du mètre carré de laboratoire.

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