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Directeur Supply Chain Directeur informatique de Bourmont, Professeur associé
alimentaire et logistique Managing Director de Logistique,
de groupe Casino des Laboratoires Sarbec chez BearingPoint et CNAM Paris.
Auditeur du Master 2
Logistique et Système
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Testent le Flowcasting
Peut-on piloter l’approvisionnement d’une chaîne de distribution
par des prévisions de ventes atomiques, réalisées à partir de sorties
de caisses par magasin, sur un horizon de 26 à 52 semaines ?
C’est pour évaluer la pertinence de ce concept de Flowcasting que
le grand distributeur Casino et son fournisseur Sarbec ont accepté
de le tester sur 29 références MDD. Les résultats plutôt mitigés les ont
conduit à opter pour un pilotage par des sorties d’entrepôt distributeur…
L
e Flowcasting serait-il plus séduisant chez BearingPoint, se met à la recherche d’un
sur le papier que dans la réalité ? industriel et d’un distributeur prêts à se lancer
Serait-il réservé à la grande distribu- dans l’aventure d’un test du concept de
tion américaine, dont les ventes sont Flowcasting. C’est au premier trimestre 2007
moins perturbées par des promotions qu’il entre en relation avec Casino et Sarbec.
à répétition ? Le mystère reste entier… Faisant suite aux travaux de Stéphane Marin,
Toujours est-il que le modèle, tel que testé par il part du constat que les fournisseurs qui tra-
Casino et son fournisseur Sarbec, nous laisse vaillent en gestion partagée des approvision-
sur notre faim. Jugez plutôt… nements (GPA) n’exploitent pas les données
stocks et sorties entrepôts de leurs clients dans
Un test Made in France leur planification industrielle. La GPA est uti-
Dans le cadre de son Master 2 Logistique et lisée en cycle court et une multitude de prévi-
Système au CNAM de Paris, Laurent de sions subsistent. Il envisage alors d’étudier le
Bourmont, également Managing Director Flowcasting, processus intégré de pilotage de
Casino : les couples articles / point de ventes (lissage + tendance + saisonnalité). En parallèle
oscillant entre 2 et 10 ventes par semaine sont également testés des modélisations proba-
comptent en effet pour 80 % des flux DPH. bilistes, de Croston, d’Arma, à base de modèles
(« pattern based »)… Des prévisions sont géné-
Des prévisions atomisées rées sur la base des historiques de chacun des
peu fiables 380 magasins sur un horizon de 12, 26 et 52
Le projet se découpe en quatre phases : vérifier semaines. Le résultat est que pour 85 % des
la fiabilité de prévisions au niveau atomique volumes étudiés, le taux d’erreur est largement
sur 26 semaines ; mettre en œuvre un plan supérieur à 30 %, avec une très forte hétérogé-
d’approvisionnement entrepôt à 26 semaines néité entre les points de vente d’une même caté-
partagé entre l’industriel et le distributeur ; ana- gorie. De même, sur les produits à rotation
lyser les résultats du pilote et tirer un bilan avec moyenne, 80 % des couples article/magasin ont
des perspectives de généralisation. une variabilité supérieure à 0,5. La forte variabi-
De juillet à octobre 2007, l’objectif de la pre- lité expliquerait également que les prévisions ne
mière étape est donc de savoir si les prévisions sont pas meilleures sur un horizon court que
réalisées à la maille article/magasin sur un hori- long. Finalement, ce sont les modèles qui lissent
le plus la demande qui s’avèrent les mois
mauvais, les autres étant trop réactifs aux
à-coups. Mais en fait aucun de ces
modèles ne convient à une demande
faible et continue « Nous n’avons pas
trouvé de modèle adéquat, ce qui ne veut
pas dire qu’il n’existe pas ou n’existera
pas », relativise Laurent de Bourmont.
©CNAM Paris/Groupe Casino/Laboratoire Sarbec
Un DRP distributeur
Après vérification, le taux d’erreur des
sorties entrepôt varie entre 15 et 25 %
selon les articles. La seconde hypo-
24 thèse, tablant sur un pilotage de la
chaîne par les sorties entrepôt, semble
donc plus appropriée. De janvier à juin
2008, le groupe de travail cherche à
élaborer un plan d’approvisionnement
« entrepôt » à 26 semaines partagé
zon de 26 semaines sont fiables. Pour ce faire, entre l’industriel et le distributeur (voir
Laurent de Bourmont effectue des tests statis- p.23). Il met ensuite en œuvre ce « DRP dis-
tiques sur des articles représentatifs de l’assorti- tributeur » pour les 29 références MDD
ment Casino à partir des sorties de caisses de sélectionnées. Casino élabore une prévision
380 points de vente. Dans un premier temps, il brute « sortie entrepôt », corrigée compte
n’a conservé que les historiques de produits per- tenu des plans promotionnels, des nouveaux
manents faisant l’objet de prévisions automa- produits et des négociations. En fonction des
tiques, les articles promotionnels étant censés niveaux de stocks et des en-cours, Casino en
être prévus manuellement, en accord avec les déduit le besoin net pour l’entrepôt de
magasins. Par ailleurs, les historiques conservés Montélimar projeté sur 26 semaines, avec
ont été nettoyés des pics de promotions. Par des couvertures cibles en stocks (21 puis 15
souci d’utiliser des outils logiciels largement jours) et arrondi à la palette complète. Un
présents sur le marché et sur les conseils d’ex- fichier Excel est transmis tous les vendredis
perts, Laurent de Bourmont retient quatre par Casino à Sarbec, qui l’intègre automati-
modèles de prévisions. « Ces modèles sont clas- quement dans son système d’information.
siques et présents dans la plupart des ERP », De son côté, le Laboratoire analyse les don-
justifie-t-il. Il s’agit de la moyenne mobile, du nées et manifeste ses éventuels désaccords
lissage exponentiel d’ordre 1, du modèle Holt concernant les prévisions. Une fois validées,
(lissage + tendance) et de celui de Holt Winters les données sont intégrées dans son plan
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Ce nouveau processus a-t-il amélioré le Sarbec, apprécie la plus grande visibilité au
Guillaume Jouret
système logistique ? Pour les Laboratoires niveau du plan de production et d’approvi-
Sarbec, la prévision « sortie entrepôt » à sionnement dont il dispose, en contrepartie du
maille mensuelle éclatée à la semaine s’amé- stock avancé. Il admet toutefois que faire
liore (erreur de 35 %). De même, pour la pré- accepter par les équipes de Sarbec de se caler
vision Casino revue (maille hebdomadaire), sur une seule prévision fournie par Casino ne
l’erreur de prévision passe à 17 %. « Le fait va pas de soi et insiste sur le besoin de bien
que les deux entreprises utilisent une seule et clarifier les responsabilités entre les acteurs
même prévision de besoin les incitent à (stocks, taux de service, pénalités…). « Met-
davantage de collaboration et d’échange tre en œuvre un DRP distributeur dans le sec-
d’informations (impact des lancements, des teur de la grande consommation en France
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promotions et des plans média, etc.) », est un projet innovant, souligne Laurent de
Laurent de Bourmont
observe Laurent de Bourmont. Cependant, on Bourmont. Cela apporte un éclairage sur les
note une certaine déperdition lors du passage limites du Flowcasting, mais aussi sur la puis-
au plan de besoin sur 26 semaines adressé à sance de cette logique. » La présentation de
l’usine (voir schéma page 24). En effet, si la ses travaux au CNAM lui a d’ailleurs valu un
variabilité des sorties de caisses consolidées 17,5 Mention très bien ! « C’est un projet 25
est de 0,14, celle des commandes des maga- innovant et conduit de manière très péda-
sins à l’entrepôt est de 0,27 et celle des gogique », a commenté Thierry Jouenne,
commandes de l’entrepôt aux Laboratoires Professeur associé de logistique au CNAM.
Sarbec grimpe à 0,78. La cause d’une telle Mais il semble que l’effet coup de fouet ait la
distorsion ? « Les arrondis palette créent une peau dure et que les outils qui permettent de
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variabilité élevée et génèrent des à-coups bien gérer un DRP dans l’univers de la dis-
Damien Morand
dans le calcul de besoins, explique Laurent de tribution ne soient pas encore bien répandus.
Bourmont. Ce phénomène peut être réduit en D’autre part, quid d’un système où seuls
allongeant l’horizon gelé du plan (gain de 15 % des produits en volumes (soit 3 %
15 points en passant de 7 à 15 jours). » En des références) peuvent être gérés en
termes d’optimisation des stocks, le processus Flowcasting quand le reste est géré en
« DRP distributeur » réduit les couvertures Kanban à cycle court ? Des pistes de travail
des produits à forte rotation chez Sarbec. En peuvent être d’ajuster la taille des lots de
revanche, ce n’est pas le cas des produits à production, d’optimiser les conditionne-
rotation lente, l’effet « taille de lot de produc- ments ou les règles d’arrondis sur les pro-
tion » l’emportant sur l’impact de l’améliora- duits à faible rotation, ou encore de raisonner
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tion des prévisions. Enfin, les ressources sur un stock global (Neuville en Ferrain +
Thierry Jouenne
logistiques de Montélimar (stocks, surfaces, Montélimar) et de s’appuyer sur la prévision
équipes) peuvent être mieux dimensionnées de sortie de Montélimar exacte à 83 %
puisque les flux en réception sont planifiés comme source du PDP et du MRP de
grâce au plan de besoins à 26 semaines et que Sarbec. Il est clair que l’on est loin d’avoir
ceux en préparation et expéditions vers les fait le tour du sujet… d’ailleurs les protago-
points de ventes découlent des prévisions de nistes envisagent déjà la suite…
sortie d’entrepôt. Cathy Polge