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I – Marie-Frédérique Lemieux-Simard
M - Michelle Makoko
M - Moi je crois que la société d'accueil doit Faire des tests avec la
mieux se préparer. Comme on dit, il y a société d’accueil en temps
toujours cette phrase-là que j'aime pas: que les reel pour leur démontrer à
immigrants s'adaptent pas. Moi, une fois, j'ai quel point c’est difficile
dû faire un petit test, je faisais des
présentations de service de l’AFIO au Centre
de s’adapter à quelque
Vision-Avenir. Il y a juste une étudiant qui dit: chose de nouveau...
«Mais les immigrants, ils exagèrent, ils veulent
pas s'adapter!» J'ai dit: «Ok. Pour répondre à Se « mettre à la place »
ta question, moi je te demanderais de prendre pour mieux comprendre
ton stylo et un bout de papier. Écris-moi ton le parcours migratoire de
prénom comme d'habitude.» La personne écrit la personne arrivée,
son prénom. J'ai dit: «OK. Dépose-ton stylo, mieux comprendre les
change de main. Prends avec la main droite si
défis et les raisons d’un
vous êtes gaucher, prenez avec la main
gauche si vous êtes droitier.» La personne tel changement dans leur
change. J'ai dit: «Écris ton prénom, comme tu vie.
avais écrit avant.» Elle écrit. J'ai dit: «Ok.
Compare les deux écritures.» Puis, sans rien
dire, elle dit: «Ah ouin! C'est différent!» J'ai dit:
«Ok! Mets-toi à la place de la personne
immigrante. Elle est habituée à écrire avec sa
main gauche. Dans sa culture, elle est
habituée... ?... et puis on change de milieu, on
change de situation et on demande à la
personne de s'adapter.» Ça doit prendre du
temps. C'est pas à la seconde, que vous
désirez que la personne change, qu'elle va
changer. C'est un grand processus.
M - Souvent ils vont dire: «Non, ils sont là juste « Vous arrivez ici, en
pour prendre de l'aide sociale. Ils sont là pour faire famille, vous avez tout perdu
ceci...» Ça aussi, moi personnellement ça me là-bas, ou avez tout vendu
choque. Parce que moi je suis arrivée pour recommencer une vie
volontairement. Vraiment volontairement, parce ici et vous arrivez ici et on
que c'est le Canada qui nous a attiré. «Venez, vous vous dit «Non! Vous pouvez
allez recevoir ceci, venez, vous allez travailler pas travailler dans votre
domaine, il faut l'expérience
comme vous travailliez dans votre pays. Venez, il y
québécoise. Il faut
a des avantages.» La personne qui veut changer va
l'expérience canadienne, il
dire quoi? «Ok je vais aller essayer.» Vous arrivez faut l'expérience
ici, en famille, vous avez tout perdu là-bas, ou avez canadienne.» On se sent
tout vendu pour recommencer une vie ici et vous coincé, on n'peut plus faire
arrivez ici et on vous dit «Non! Vous pouvez pas marche arrière. On a déjà
travailler dans votre domaine, il faut l'expérience tout perdu, et on reste ici, on
québécoise. Il faut l'expérience canadienne, il faut va essayer de s'adapter, des
l'expérience canadienne.» On se sent coincé, on fois à accepter même un
n'peut plus faire marche arrière. On a déjà tout travail que tu pouvais faire
perdu, et on reste ici, on va essayer de s'adapter, dans ton pays. » - Michelle
des fois à accepter même un travail que tu pouvais Makoko
faire dans ton pays.
M - N'est pas la même. Donc, je peux dire à Les gens qui arrivent
90% des personnes qui arrivent volontairement volontairement, entres
sont déçus. Des fois, on arrive, on est autres des travailleurs
surqualifiés et on ne trouve pas quelque chose qualifiés, sont très déçus
qui convient à notre niveau ou à notre scolarité.
Et tu vas voir aujourd'hui, il y a des personnes
lorsqu’ils arrivent parce
surqualifiées qui se retrouvent comme taximan, que l’information
y'a des médecins qui se retrouvent comme véhiculée et l’expérience
taximan, y'a des chefs d'entreprise qui se vécue une fois au Canada
retrouvent à travailler au McDo... c'est très n’est vraiment pas la
choquant pour ces personnes-là. même.
I - D'autant plus qu'on a besoin de médecins,
on a besoin de spécialistes...
M - Trois ans.
M - Je vais donner un exemple d'une dame que « Sans ami, sans réseau,
j'ai rencontrée ici. Ça m'avait fait très mal. La sans famille, sans statut, sans
personne est arrivée ici avec un chum langue. Mettez-vous à la
québécois. Le Québécois voulait la parrainer. place de la personne. »
La dame arrive ici, ne parlait pas le français... - Michelle
aucun mot, ni français ni anglais. Elle se
retrouve enceinte et le monsieur refuse de Les réseaux sont importants,
parrainer la dame. En attendant, le monsieur la même cruciaux. Que ce soit
chasse de chez lui parce que, selon le des réseaux de famille,
monsieur, ils ne se comprenaient plus, la d’amis ou des réseaux par le
madame demande trop... ça créé un cycle de la biais des organismes
violence conjugale. La dame se retrouve en communautaires, c’est ce qui
hébergement, elle n'avait pas de statut légal ici, semble permettre aux acteurs
elle ne parle pas le français, elle ne pouvait pas d’être supportés dans tous
accéder non plus à la francisation et elle ne les défis que l’immigration
pouvait plus retourner chez elle car en quitter peut comporter.
chez elle, elle est passée par les États-Unis.
Arrivée aux États-Unis, elle a eu un séjour de
10 ans. Mais avec les États-Unis, quand tu sors
des États-Unis et que tu fais une année à
l'extérieur, sans explication claire, tu ne peux
plus rentrer aux États-Unis. Donc la dame se
retrouve sans statut, elle ne pouvait plus rentrer
aux États-Unis. En étant enceinte, elle ne
pouvait pas rentrer dans son pays d'origine;
elle était obligée de rester clouée ici au
Canada. Moi j'ai dit qu'elle se retrouvait à
l'intersection de plusieurs problématiques. Elle-
même ne comprend pas le système, comme ça
fonctionne ici. Sans réseau social, elle est
seule. La seule personne qui la comprenait
c'était son mari, mais le conjoint l'a mis dehors.
Sans ami, sans réseau, sans famille, sans
statut, sans langue. Mettez-vous à la place de
la personne.
18:04 I - Donc aussi au niveau administratif, elle était
refusée de partout.
I - Résilience
M - La résilience
19:50 I - Mais aussi le support des paires... du groupe
de socialisation. Ça m'amène à une autre
question: Est-ce que vous travaillez beaucoup
conjointement avec d'autres organismes?
25:40 M - Mais c'est difficile, avec la DPJ, ils ont leur Le “cours d’habileté
protocole. Pour eux, c'est juste ça, la négligence. parentale” (de l’AFIO)
Mais les parents ne comprenaient pas. Pourquoi on pour les parents
nous accuse de négligence; on élève nos enfants immigrants représente un
depuis longtemps. À ce niveau-là, la compréhension outil important dans la
de mots. Des fois, ça peut être les mêmes mots, mesure où les perceptions
mais la façon dont vous parlez à la personne d’une culture à l’autre
immigrantes, elle va pas comprendre. peuvent être très très
Dépendamment de la personne aussi. D'où elle différentes.
vient. Si vous comprenez pas d'où vient la
personne, qui est la personne, c'est quoi le parcours
migratoire de la personne, c'est difficile de pouvoir
évaluer correctement par rapport à la réalité d'ici.
Ces derniers temps, on a instauré ici le projet de
Madame Mouner?, Espace-Parents. Parce que, on
disait, les parents immigrants doivent être outillés,
doivent prendre le cours d'habileté parentale. Mais
le cours d'habileté parentale ne reflète pas la
réalité des immigrants. Donc, il faut un cours qui
s'adapte à la réalité de ces personnes-là. Nous, on
l'a instauré pour pouvoir...
I - Ça fonctionne bien?
M - Exact, parce que là, si y'a quelque chose qui Mettre tout le monde dans
peut faire fâcher un immigrant, c'est comme si tous le même panier, assumer
les immigrants font pareils... des choses. Il y a un
caractère inconnu, soit
l’historique, qui est
important dans la
compréhension ou dans
l’acceptation.
I - ... font parti de ce tout-là alors qu'on peut pas
faire ça. C'est comme n'importe quel individu... On
peut pas généraliser.