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2020

ANATOMIE
PATHOLOGIQUE
VETERINAIRE
Toute l’anatomie pathologique vétérinaire en un seul
document
(S7 - PHYSIOPATHOLOGIE +
S8 - ANATOMIE PATHOLOGIQUE SPECIALE)

DZVET 360
2020

Unité d'Enseignement
Physiopathologie
2ème Année – S7

DZVET 360
‫القرآن‬ ‫‪‬‬

‫األذكار‬ ‫‪‬‬

‫تالوة‬ ‫‪‬‬

‫الحديث‬ ‫‪‬‬

‫مواقيت الصالة‬
‫تطبيق إسالم بوك ‪Islambook‬‬

‫تسابيح‬ ‫أذكار بعد الصالة‬ ‫أذكار المساء‬ ‫أذكار الصباح‬

‫جوامع الدعاء‬ ‫أذكار الصالة‬ ‫أذكار االستيقاظ‬ ‫أذكار النوم‬

‫أذكار متفرقة‬ ‫أدعية األنبياء‬ ‫األدعية القرآنية‬ ‫أدعية نبوية‬

‫أذكار المنزل‬ ‫أذكار الوضوء‬ ‫أذكار المسجد‬ ‫أذكار اآلذان‬

‫دعاء ختم القرآن الكريم‬ ‫أذكار الحج والعمرة‬ ‫أذكار الطعام‬ ‫أذكار الخالء‬

‫فضل القرآن‬ ‫فضل السور‬ ‫فضل الذكر‬ ‫فضل الدعاء‬

‫القرآن‬ ‫الرقية الشرعية‬


‫ُّ‬ ‫أدعية للم ّيت‬ ‫أسماء هللا الحسنى‬
UE : S7 - PHYSIOPATHOLOGIE
OBJECTIFS D'ENSEIGNEMENT

 Être capable de définir et d'expliquer les grands processus


pathologiques susceptibles d'entrainer l'émergence de lésions
cellulaires, tissulaires et organiques

 Connaitre leurs principales causes et leurs évolutions

 Être capable de décrire les caractéristiques morphologiques


générale macroscopiques et microscopiques des lésions
induites par ces grands processus pathologiques

SOMMAIRE

1. UE - PP - CM01-02 - Les lésions cellulaires


2. UE - PP - CM03 - Les lésions vasculaires - Les œdèmes
3. UE - PP - CM04 - Les lésions vasculaires - Hyperhémie et congestion
passive
4. UE - PP - CM05 - Les lésions vasculaires – hémostase
5. UE - PP - CM06 - Les lésions vasculaires- La thrombose et ses
conséquences
6. UE - PP - CM07 - Les lésions vasculaires - CIVD - hémorragies et
chocs
7. UE - PP - CM09-12-13-14 – L’inflammation
8. UE - PP - CM15-18 - L’immunité et ses dérèglements
9. UE - PP - CM08-10-11-19 - Cancérologie générale-Oncogenèse
10. UE - PP - CM16-17-20 - Génétique - Notion d’oncogenèse
moléculaire et de virus oncogènes
11. UE - PP - CM22-23-24-26-27 - Cancérologie-Cancérologie générale
Evolution des tumeurs
12. UE - PP - CM27-28-30 - Cancérologie générale-Morphologie des
tumeurs
13. UE - PP - CM25-29 - Etude de cas
14. UE - PP - TD01-02 - Les lésions cellulaires
15. UE - PP - TD1-2 - Fiche - Les lésions cellulaires
CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM


LES LESIONS CELLULAIRES
BASES MORPHOLOGIQUES, BIOCHIMIQUES ET GENETIQUES

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INTRODUCTION ___________________________________________________________________2
I.PRINCIPALES CAUSES D’AGRESSION CELLULAIRE ___________________3
A. DEPRIVATION EN OXYGENE ______________________________________3
B. AGENTS PHYSIQUES ____________________________________________4
C. AGENTS INFECTIEUX ____________________________________________4
D. DEFICITS ET DESEQUILIBRES NUTRITIONNELS ________________________4
E. DEREGLEMENTS GENETIQUES ____________________________________4
F. DESEQUILIBRE DANS LA CHARGE DE TRAVAIL ________________________4
G. AGENTS CHIMIQUES, MEDICAMENTS ET TOXINES ____________________4
H. REACTIONS IMMUNOLOGIQUES __________________________________5

II. MECANISMES DE DEVELOPPEMENT DES LESIONS CELLULAIRES _______5


A. DEPLETION EN ATP _____________________________________________5
B. LESIONS MITOCHONDRIALES _____________________________________6
C. ENTREE DE CA2+ _______________________________________________7
D. AUGMENTATION DE LA CONCENTRATION EN ESPECES REACTIVES DE
L’OXYGENE (ROS) ______________________________________________________8
E. MAUVAISE CONFORMATION DES PROTEINES, LESIONS DE L’ADN _________9

III. LES PRINCIPAUX TYPES DE LESIONS CELLULAIRES _________________9


A. LES LESIONS CELLULAIRES REVERSIBLES ___________________________10
B. LES LESIONS IRREVERSIBLES _____________________________________12
C. LESIONS CELLULAIRES CHRONIQUES ET ADAPTATIONS ________________27

IV. LES DEPOTS TISSULAIRES


A. ACCUMULATIONS INTRACELLULAIRES
B. ACCUMULATIONS EXTRACELLULAIRES
C. CALCIFICATION PATHOLOGIQUE
D. PIGMENTS

CONCLUSION GENERALE

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Introduction
INTRODUCTION A L’ANATOMIE PATHOLOGIQUE

L’anatomie pathologique est la discipline médicale qui permet la reconnaissance des anomalies des
cellules et des tissus d’un organisme. Elle participe au diagnostic des maladies, à l’évaluation du pronostic,
des effets de la thérapeutique et participe de la compréhension des causes et des mécanismes des maladies.
Ainsi la pathologie est au carrefour de nombreuses disciplines cliniques, paracliniques et
fondamentales et permet de comprendre les problématiques de médecine, d’imagerie médicale,
d’hématologie, …
Une lésion correspond à une altération morphologique d’un organe ou d’une cellule, décelable par
tout moyen d’observation. Les lésions sont des marqueurs des maladies (comme des signes cliniques)
Tout vétérinaire est amené à réaliser des prélèvements (cytologie, tissulaires) et à utiliser des
examens morphologiques appropriés (examen macroscopique (œil nu), microscopie photonique,
immunohistochimie, microbiologique, biologie moléculaire, …)

INTRODUCTION AUX LESIONS CELLULAIRES

Le développement de la quasi-totalité des maladies débute toujours par des altérations


moléculaires ou structurales dans les cellules (« lésions cellulaires ») (Rudolf Virchow, 1821-1902). Ainsi,
comprendre les causes et les mécanismes de développement des lésions cellulaires permet de comprendre
les maladies, la symptomatologie associée et le type de stratégie thérapeutique à adopter.
Les lésions cellulaires traduisent les modalités de réponses des cellules vis-à-vis d’un agent agresseur
modifiant leur équilibre biologique normal (homéostasie cellulaire)
L’objectif de ce document est de donner les clés pour comprendre comment une lésion peut se développer,
quelles peuvent en être les causes et quelles sont les lésions de base qui peuvent affecter une cellule.
Une fois les principes des lésions cellulaires maîtrisés, les grands schémas pathogéniques peuvent
alors être abordés (lésions vasculaires, inflammatoires, tumorales, dysimmunitaires) : c’est l’ANATOMIE
PATHOLOGIQUE GENERALE. Il faut ensuite pouvoir comprendre ces mécanismes en fonction des réponses
spécifiques de chaque organe ou tissu : c’est l’ANATOMIE PATHOLOGIQUE SPECIALE.

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I. Principales causes d’agressions cellulaires
Les causes d’agressions cellulaires sont nombreuses et très variables, allant de l’accident de la
voie publique à la mutation d’un gène à l’origine du dysfonctionnement d’une enzyme.

A. Déprivation en oxygène
L’apport en oxygène a une importance majeure dans le fonctionnement d’une cellule, à l’origine de
la phosphorylation oxydative. Ainsi, un déficit en oxygène (= hypoxie) altère sévèrement le fonctionnement
d’une cellule. L’hypoxie représente une des causes majeures d’agressions cellulaires.
Plusieurs circonstances peuvent entraîner une hypoxie :
• La réduction du flux sanguin : = ischémie, diminution de l’apport sanguin dans une région donnée,
souvent dûe à une obstruction vasculaire
• La mauvaise oxygénation du sang : lorsque le cœur ou les poumons fonctionnement mal
• La diminution des capacités de transport du sang : lorsqu’il y a moins de globules rouges (anémie),
lors de pertes sanguines massives (hémorragies) ou dans certains cas d’intoxication (cf. infra : intoxications
au monoxyde de carbone)
• Le blocage des enzymes de la chaine respiratoire (cas des intoxications au cyanure)

B. Agents physiques
• Traumas : ils peuvent être à l’origine d’une rupture directe des cellules (parfois un grand nombre
d’entre elles au même moment) ou d’une détérioration de l’apport sanguin (qui secondairement entraînera
une hypoxie)
• Températures extrêmes : le froid peut altérer le flux sanguin (vasoconstriction) ou être à l’origine de la
formation de cristaux de glace en position intracellulaires, qui peuvent percer les membranes
• Electricité
• Rayonnements ionisants : ils sont à l’origine de radicaux libres

C. Agents infectieux
Tous les agents infectieux peuvent être à l’origine de lésions cellulaires : des virus, des bactéries, des
champignons, des protozoaires ou des parasites métazoaires.
Les lésions cellulaires induites par ces agents pathogènes sont variées (mort cellulaire induite par des
virus ou des protozoaires, transformation tumorale pour certains virus par exemple), avec des modes
d’action divers (bactéries sécrétant des toxines, bactéries, champignons ou métazoaires à l’origine d’une
réponse inflammatoire excessive, métazoaires à l’origine d’une déprivation en nutriments, …)

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D. Déficit et équilibre nutritionnel
Des carences ou des excès en divers nutriments peuvent entraîner des lésions cellulaires. C’est le cas
lors de carences en protéines et calories qui entraînent une fonte musculaire et adipeuse (= cachexie). A
l’inverse, un excès de calories peut entraîner un état d’obésité et du diabète (avec possiblement des lésions
d’athérosclérose dans les artères par exemple).
Un déséquilibre en un seul nutriment peut entraîner à lui seul des lésions cellulaires. C’est le cas de la
carence en vitamine E et ou en Sélénium, à l’origine de nécrose des cellules musculaires cardiaques, pouvant
entraîner la mort des jeunes animaux (cf. rôle des radicaux libres).

E. Dérèglements génétiques
Il existe de nombreux dérèglements génétiques possibles, avec des conséquences variées
(mutations silencieuses, à l’origine d’une anomalie enzymatique, à l’origine de l’apparition de tumeurs, ou
encore incompatibles avec la vie). La recherche permet de mettre en évidence une prédisposition génétique
pour un nombre croissant d’affections (cf. synthèse « bases génétiques des maladies »).

F. Déséquilibre dans la charge de travail


Cette notion sera étudiée en détail dans la partie « lésions chroniques et adaptation ».
Le surmenage d’une cellule peut soit entraîner son adaptation, soit sa mort. A l’inverse, en cas de
perte d’activité, la cellule peut s’atrophier ou présenter des lésions de dépérissement. C’est le cas par
exemple des cellules des tissus endocrines qui réagissent à la présence ou à l’absence d’hormones, ou des
fibres musculaires en cas de repos prolongé ou de dénervation.

G. Agents chimiques, médicaments et toxines


De très nombreuses substances peuvent entraîner des lésions cellulaires, avec des mécanismes
d’action très variés.

H. Réactions immunologiques
Le système immunitaire joue un rôle de défense contre les agents pathogènes infectieux,
notamment. Cependant, un dysfonctionnement du système immunitaire peut entraîner des lésions
cellulaires.

1. Défaut de fonctionnement

Lorsque le système immunitaire n’est pas suffisamment efficace, certains agents infectieux ou
certains antigènes vont pouvoir exercer leurs effets délétères sur les cellules. C’est le cas lorsqu’il existe des
défauts congénitaux du tissu lymphoïde ou de ses productions (aplasie congénitale du thymus, syndrome
d’immunodéficience combinée sévère SCID du poulain Arabe), ou lors d’immunodéficience transitoire (après
un premier passage infectieux ou de toxiques, ayant entraîné des lésions lymphoïdes)

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2. Excès de fonctionnement

A l’inverse, le système immunitaire peut fonctionner de manière excessive et ainsi léser les cellules.
C’est le cas lors de maladies auto-immunes où la réaction immune est dirigée contre des antigènes de la
cellule-hôte, ou lors de réactions d’hypersensibilité (qui est une réponse inappropriée ou exagérée face à
certains antigènes -asthme félin, anaphylaxie, allergie aux piqûres de puces…-).

II. Mécanismes de développement des lésions


cellulaires

A. Déplétion en ATP
La déplétion en ATP représente l’un des mécanismes les plus importants dans le développement
d’une lésion cellulaire. En effet, l’ATP est nécessaire à la quasi-totalité des processus métaboliques de
synthèse ou de dégradation (transport membranaire, synthèse protéique, lipogenèse, …). Une diminution de
5 à 10% de la quantité d’ATP par rapport à la normale est susceptible d’entraîner des conséquences pour la
cellule.

1. Causes
La quantité d’ATP peut se trouver réduite dans une cellule par 3 grands mécanismes :
• Réduction de l’approvisionnement en oxygène et en nutriment
• Lésions mitochondriales
• Action de certains toxiques

2. Conséquences

La déplétion en ATP a des conséquences sur de nombreux compartiments cellulaires :


→ Baisse de l’activité de la pompe Na+, K+ / ATPase au niveau de la membrane plasmique : elle est à
l’origine d’une accumulation de Na+ dans le cytoplasme et d’une fuite de K+, à l’origine d’une entrée passive
d’eau dans la cellule et donc d’un gonflement cellulaire et d’une dilatation des organites
→ Modifications du métabolisme énergétique de la cellule : la déplétion en ATP est à l’origine du
passage à une glycolyse anaérobie, à l’origine d’une déplétion des stocks de glycogène, d’une accumulation
d’acide lactique et d’une diminution du pH intracellulaire. Ceci entraîne une perte d’activité de nombreuses
enzymes.

→ Défaillance de la pompe Ca2+


→ Réduction de la synthèse protéique
→ Unfolded Protein Response : il s’agit d’une accumulation de protéines mal conformées, qui ne
jouent plus (ou mal) leur rôle initial.
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→ Lésions irréversibles des membranes lysosomiales et mitochondriales

Les conséquences d’une déplétion en ATP sont résumées dans le schéma ci-dessous :

B. Lésions mitochondriales

Les lésions mitochondriales apparaissent secondairement à :


 une déprivation en oxygène,
 une augmentation des espèces dérivées de l’oxygène,
 une augmentation de la concentration cytosolique en
Ca2+

Deux grandes conséquences peuvent découler de ces lésions


mitochondriales. L’ouverture du « Mitochondrial Permeability
Transition Pore » qui correspond à une fuite des ions H+, à
l’origine d’une perte du potentiel membranaire, d’un arrêt de la
synthèse d’ATP, menant le plus souvent à une nécrose de la
cellule. Le deuxième type de conséquence correspond à la fuite
de protéines dites pro-apoptotiques (cytochrome C notamment)
à l’origine de l’apoptose de la cellule.

Cette figure résume les lésions mitochondriales :

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C. Entrée de calcium

Le calcium libre dans le cytosol est maintenu à de très


faibles concentrations. Les ions calcium sont séquestrés dans les
mitochondries et le réticulum endoplasmique.

La figure ci-contre résume les conséquences lors d’une


augmentation de la teneur en calcium (par entrée directe dans la
cellule ou par libération des stocks intracellulaires). Il en résulte
une diminution de la teneur en ATP, des lésions nucléaires et
membranaires notamment

D. Augmentation de la concentration en espèces réactives de


l’oxygène (ROS)

Le stress oxydatif est un mécanisme important dans le développement des lésions cellulaires.
Les radicaux libres correspondent à des espèces ayant un électron non-apparié dans leur orbite externe et
donc une conformation instable. Ce sont donc des molécules hautement réactives. La majorité des radicaux
libres est issue de la molécule d’oxygène (peroxyde d’hydrogène H2O2, anion superoxyde O2- , radical
hydroxyl .OH, peroxynitrite ONOO., …)
De nombreuses circonstances, normales ou non, peuvent générer des radicaux libres dans une cellule :
 Réactions d’oxydoréduction des voies métaboliques normales
 Absorption des rayonnements (UV, RX)
 Inflammation (neutrophiles, macrophages)
 Métabolisme enzymatique des substances chimiques exogènes
 Métaux de transition (fer et cuivre)
 Oxyde nitrique (hémostase par exemple)

La présence de radicaux libres dans une cellule peut entraîner plusieurs conséquences :
 Une peroxydation des lipides membranaires (membrane plasmique et membranes des organites),
qui s’auto-entretient et s’amplifie (libération de nouveaux peroxydes)

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 L’oxydation des protéines (oxydation des chaînes d’acides aminés, formation des ponts disulfides
entre protéines, altérations du site actif enzymatique, rupture de la conformation des protéines
stucturales)
 Des lésions de l’ADN (cassure simple ou double brin, formation de ponts, cross-links…)

Remarque : Les cellules mettent en place de nombreux moyens de protection contre les radicaux libres leur
permettant de faire face au stress oxydatif. Les radicaux libres peuvent être contrés par des anti-oxydants
(vitamine E, acide ascorbique), par la séquestration du fer et du cuivre (transferrine, ferritine, lactoferrine,
céruloplasmine, …) et par des réactions enzymatiques (catalase dans les peroxysomes, superoxyde
dismutase et glutathion peroxydase dans les mitochondries et le cytoplasme).

E. Mauvaise conformation des protéines, lésions de l’ADN


Cf. partie sur l’apoptose et sur les bases génétiques des maladies

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III. Les principaux types de lésions cellulaires

En cas d’agressions, les cellules ont un répertoire de réponses plutôt limité. L’objectif principal est de
maintenir l’homéostasie cellulaire. C’est seulement lorsque le maintien de l’homéostasie n’est pas possible
que des lésions cellulaires apparaissent.
Lorsque les stimuli physiologiques sont altérés ou non létaux, la cellule va s’adapter à son nouvel
environnement. Lorsque les stimuli sont nocifs, la cellule ne va pas s’adapter mais présenter des lésions. Les
lésions sont réversibles lorsque les stimuli nocifs sont modérés et/ou transitoires. Les lésions deviennent
irréversibles lorsque les stimuli sont sévères ou progressifs, et conduisent à la mort cellulaire (par nécrose
ou apoptose).
Remarque : plusieurs facteurs peuvent influencer ces réponses cellulaires. La cause de l’agression, sa durée,
sa sévérité, ou encore l’état physiologique de la cellule ou le type cellulaire (et sa capacité à s’adapter
notamment) influencent ces réponses

Nature de l’agression Réponse cellulaire


Stimuli physiologiques altérés, agressions non létales Adaptations cellulaires
1. Augmentation de la demande, 1. Hyperplasie, hypertrophie
stimulation augmentée 2. Atrophie
2. Diminution des nutriments, stimulation diminuée 3. Métaplasie
3. Irritation chronique (physique ou chimique)

Diminution de l’apport en oxygène, agressions Lésions cellulaires


chimiques, infection
1. Aiguë et transitoire 1. Lésions réversibles aiguës
(dégénérescence hydropique,
2. Progressive et sévère dégénérescence lipidique)
2. Lésions irréversibles mort cellulaire
(nécrose, apoptose)

Altérations métaboliques, génétiques ou acquises, Accumulations intracellulaires, calcification


lésions chroniques

Lésions cumulatives non létales tout au long de la vie Vieillissement cellulaire

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A. Les lésions cellulaires réversibles

Il existe deux types de lésions réversibles :


 la dégénérescence hydropique, la plus fréquente et
la plus fondamentale
 la dégénérescence lipidique (« fatty change ») qui
concerne des cellules qui ont un rôle dans le métabolisme
des lipides.

1. La dégénérescence hydropique

a) Définition
Une cellule qui présente une dégénérescence hydropique augmente de taille et de volume. Il s’agit d’une
surcharge hydrique due à l’impossibilité pour la cellule de maintenir un niveau d’homéostasie normal (cf.
mécanismes du développement des lésions cellulaires, avec notamment la déplétion en ATP)
Remarque : pour les cellules du système nerveux central, on parle d’œdème cytotoxique. Pour les cellules de
l’épiderme, on parle de dégénérescence ballonisante.

b) Morphologie
• Microscopie électronique :
On reconnaît une cellule en dégénérescence hydropique par l’observation de
modifications de la membrane plasmique, du cytoplasme, des organites (mitochondries et
réticulum endoplasmique notamment) et du noyau. On retiendra
particulièrement le gonflement des organites et les
bourgeonnements à la surface de la membrane plasmique.

• Microscopie optique :
L’examen histologique standard en pratique vétérinaire permet le diagnostic de
dégénérescence hydropique par
l’observation de cellules ayant un
cytoplasme finement vacuolisé et pâle. On peut observer dans le
cytoplasme de petites vacuoles pâles (indiquées par une flèche sur
la figure) qui correspondent à des organites dilatés (mitochondries
et citernes dilatées du Golgi)
• Aspect macroscopique :
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Il est difficile à l’œil nu. On peut cependant noter une pâleur accentuée de l’organe qui peut
apparaître gonflé et hypertrophié. Sa densité apparaît diminuée. Pour les organes entourés par une capsule
(le foie par exemple), le tissu apparaît bombé à la section.

c) Conséquences de la dégénérescence hydropique


Lorsqu’une cellule entre en dégénérescence, elle perd partiellement ou totalement ses capacités de
régulation du volume et ses autres fonctions cellulaires.
Ainsi, si la dégénérescence concerne les cellules épithéliales des tubes rénaux proximaux, un défaut de
formation de l’urine pourra survenir. Des troubles du rythme et un défaut de contraction du rythme
cardiaque pourront apparaître en cas de dégénérescence des cardiomyocytes.

d) Devenir des cellules en dégénérescence hydropique


Si l’agression à l’origine de la dégénérescence cesse (par exemple avec un retour à un niveau
d’oxygénation normal ou une réparation de lésions membranaires), la cellule peut retourner à la normale
(ou dans un état proche de la normale) et retrouver sa structure et ses fonctions. Des traces de la
dégénérescence peuvent persister dans la cellule, sous forme de lipofuscine notamment (cf. accumulations
cellulaires).
A l’inverse, si l’agression à l’origine de la dégénérescence persiste, la cellule va atteindre un « point de non-
retour » et développer des lésions irréversibles à l’origine de la mort cellulaire.

2. La dégénérescence lipidique (« fatty change »)


Cf. les accumulations cellulaires

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B. Les lésions irréversibles
Les lésions irréversibles conduisent à la mort cellulaire.

La mort cellulaire correspond à un arrêt irréversible des réactions chimiques qui permettent à la cellule
d’utiliser de l’énergie pour bâtir des édifices moléculaires complexes.

On distingue classiquement deux principaux types de mort cellulaire : la nécrose et l’apoptose

1. La nécrose
La nécrose correspond à la mort « naturelle » de la cellule, devenue incapable de survivre à ses lésions ; elle
aboutit à une fragmentation de la cellule avec libration directe de son contenu dans la MEC et déclenchement
d’une réaction de la part de l’organisme (inflammation).

On peut également parler d’oncose ou de nécrose oncotique.

L’une des caractéristiques principales de la nécrose est qu’elle conduit à une inflammation du tissu
nécrosé. En effet, lorsque les lésions cellulaires deviennent irréversibles, on observe une fuite du contenu
des différents organites, notamment des lysosomes, à l’origine notamment d’une dégradation des
composantes nucléaires et cytoplasmiques. Il en résulte une fuite massive de substances intracellulaires en
dehors de la cellule, d’où l’inflammation.

a) Mécanismes de développement
Les mécanismes sont ceux présentés précédemment. Reprenons ces mécanismes dans le contexte de
l’hypoxie, qui correspond à l’une des causes les plus fréquentes de lésion cellulaire en médecine vétérinaire.

Lorsque, par exemple, un thrombus obstrue une artère, une ischémie se développe dans les
territoires irrigués par ce vaisseau. L’ischémie est un phénomène hypoxique de grande sévérité car à
l’absence d’oxygène s’ajoute l’absence d’apport en divers substrats nécessaires pour la glycolyse anaérobie
(mécanismes qui prend normalement le relais). Les cellules présentent dans un premier temps des lésions
réversibles de dégénérescence hydropique (gonflement cellulaire, dilatation des organites, fragmentation
de la chromatine, dépôt de lipides, …). Après un certain délai si l’hypoxie persiste, les lésions deviennent
irréversibles et les cellules se nécrosent (perte de phospholipides, altérations du cytosquelette, radicaux
libres, ruptures membranaires, …).

Le délai d’apparition de nécrose dans les tissus hypoxiques dépend de la sensibilité des cellules qui les
composent à la déprivation en oxygène :

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Sensibilité Type cellulaire Délai d’apparition des lésions
irréversibles
Elevée Neurones 3 à 5 minutes
Cardiomyocytes
Intermédiaire Hépatocytes 30 minutes à 1 heure
Epithélium rénal
Fibroblastes
Basse Kératinocytes Plusieurs heures
Myocytes

→ Les dangers de reperfusion :


La reperfusion correspond à la restauration du flux sanguin dans un tissu précédemment
ischémique/hypoxique mais encore viable.
La réoxygénation des cellules lésées entraîne la génération de nouveaux radicaux libres en grande quantité
(due à la présence de mitochondries endommagées, à l’altération des mécanismes anti-oxydants et au début
d’inflammation (arrivée de leucocytes)). Par ailleurs, un afflux marqué de Ca2+ survient (secondaire aux
lésions membranaires et des pompes ioniques). S’ensuit une aggravation des lésions cellulaires et une
nécrose additionnelle.
Par exemple, ces lésions de reperfusion jouent un rôle majeur dans l’infarctus du myocarde chez l’homme
après levée du blocage dans une artère coronaire. Il faudra donc prendre en compte ce type de lésions
lorsque sera traitée une situation d’hypoxie tissulaire chez un animal.

b) Morphologie des cellules nécrotiques

Avant d’étudier plus en détails comment reconnaître la


nécrose, il est nécessaire de garder à l’esprit qu’il existe un
décalage entre la mort d’une cellule et sa traduction
morphologique. Il faut ainsi environ 6h pour que des
lésions de nécrose ne soient visibles en microscopie
électronique, 4 à 12h pour qu’elles le soient en
microscopie optique et de 24 à 48h pour qu’elles soient
observables à l’œil nu.
Cette notion est importante à avoir en tête lorsque l’on veut
diagnostiquer une nécrose tissulaire. La morphologie des
cellules nécrosées est principalement due à la dénaturation
des protéines intracellulaires et à la digestion enzymatique
des cellules.

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α. Morphologie des cellules nécrotiques en microscopie électronique

En microscopie électronique, deux phases sont visibles : une phase précoce et une phase avancée,
dont les caractéristiques sont résumées dans les figures suivantes (pour information).

β. Morphologie des cellules nécrotiques en microscopie photonique

→ Evolution de la morphologie du noyau


Les altérations du noyau sont de très bons marqueurs de la mort cellulaire. Lorsqu’une cellule se
nécrose, le noyau change de morphologie et peut présenter des caractéristiques de pycnose ou de caryolyse
ou de caryorrhexie.

 Pycnose : la pycnose se reconnaît par l’observation d’un noyau


rétréci, sombre, homogène et rond. C’est la phase qui succède à
la condensation de la chromatine lors de la dégénérescence
hydropique.

 Caryorrhexie : on observe la rupture de l’enveloppe nucléaire et la


libération de fragments nucléaires sombres dans le cytoplasme.

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 Caryolyse : le noyau est devenu extrêmement pâle. Cette
pâleur est due à la dissolution de la chromatine suite à
l’activation de DNases et de RNases.

→ Altération du cytoplasme

Lorsqu’une cellule devient nécrotique, le


cytoplasme prend un aspect éosinophile homogène
(rose). Cette modification de couleur correspond à la
perte de l’ARN ribosomal et à la consolidation des
composantes du cytoplasme.
Par la suite, la cellule prend un aspect plus pâle et
évolue sous la forme de « fantôme cellulaire ». Elle
perd ses adhérences et jonctions avec les cellules
adjacentes et la matrice extracellulaire. On peut donc
observer des cellules libres dans la lumière des tubes,
des alvéoles, des follicules…

→ Rupture de l’intégrité des cellules

Par ailleurs, l’intégrité membranaire étant perdue, la forme des cellules nécrotiques peut être
perdue également, et donc s’accompagner d’inflammation (cf. mécanismes, cf. cours sur l’inflammation).

γ. Aspect macroscopique de différents types de nécrose

Il est important en pratique vétérinaire courante de reconnaître ou de suspecter un tissu qui


présente une nécrose.
L’aspect macroscopique de la nécrose est fonction de la durée et de la cause de l’agression, de l’organe en
question, et comme mentionné plus haut, du délai entre l’agression et l’observation.
De manière générale, un tissu nécrotique est plus friable, pâle et mou que du tissu normal, bien délimité du
tissu viable par une zone inflammatoire. On notera d’ores et déjà des exceptions à cette morphologie avec
notamment des zones nécrotiques rouges quand des lésions vasculaires sont associées à la nécrose.
La délimitation nette entre tissu nécrosé et viable permet par exemple de différencier la nécrose (du vivant
de l’animal) de l’altération cadavérique (cf. 3A et 4A).

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On distingue différents types de nécrose. Ces types forment une classification « pratique », basée
sur des différences macroscopiques et sur le type d’organes atteints, et permettent notamment de
privilégier une cause plutôt qu’une autre.

→ Nécrose de coagulation

La nécrose de coagulation se caractérise par la préservation des contours cellulaires des cellules
nécrotiques. Ceci est dû à la dénaturation des protéines structurales mais également des enzymes (qui ne lyseront
pas les composantes cellulaires). Ainsi, macroscopiquement, un tissu nécrosé conserve sa forme. La nécrose
apparaît pâle, et de texture sèche ; bien délimitée, le plus souvent par une zone d’inflammation.

Ce type de coagulation concerne tout type de tissu (muscle, reins, foie, …) excepté le parenchyme cérébral.
Classiquement, la nécrose de coagulation se développe en cas d’hypoxie (secondaire à des états de chocs, des
ischémies, …), secondairement à l’action de toxines bactériennes, chimiques, …

→ Nécrose gangréneuse : dans la nécrose de coagulation, on classe également la nécrose gangréneuse (ou
gangrène), qui peut être de trois types : gangrène sèche, humide ou gazeuse.

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• Gangrène sèche :
La gangrène sèche correspond à une nécrose de
coagulation secondaire à un arrêt de la circulation
(infarctus par exemple), suivi d’une momification des
tissus. Il n’y a pas de proliférations bactériennes
associées.
La gangrène sèche concerne souvent les extrémités
(membres, oreilles, queue, mamelles, …). Elle peut être
secondaire à l’ingestion de toxines (empoisonnement à
l’ergot de seigle ou à la fétuque qui entraînent une
vasoconstriction artériolaire périphérique à l’origine
d’une thrombose et d’un infarctus ; ou encore le froid).
Lors de gangrène sèche, à terme, un détachement du
tissu nécrosé est possible.
• Gangrène humide :
La gangrène humide correspond à une zone de nécrose de
coagulation dégradée par l’action de bactéries
saprophytes, dans un tissu vascularisé.
Le tissu prend alors un aspect mou, humide, rouge sombre
à noir, associé à une possible production de gaz, à odeur
putride (sulfure d’hydrogène, ammoniac, mercaptans).
Suite à une gangrène humide, une toxémie est possible, ou
encore un détachement du tissu secondaire à une
Mamelle (brebis) inflammation.

• Gangrène gazeuse :
Lors de gangrène gazeuse, il y a prolifération de bactéries
anaérobies associée à une production de toxine dans le
tissu nécrotique.
Les bactéries en cause sont des clostridies : Clostridium
perfringens, Cl. chauvoei, Cl. Septicum… qui arrivent par
ingestion ou à l’occasion d’une blessure pénétrante sous
forme de spores. Lorsque le tissu dans lequel ces spores
sont présentes perd son oxygénation et devient
anaérobie, il y a germination de ces spores et libération de
toxines. La gangrène gazeuse se traduit par la présence
d’un tissu rouge foncé à noir, associé à une production de
bulles de gaz et un exsudat liquide pouvant contenir du
sang.

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→ Nécrose caséeuse

La nécrose caséeuse est le résultat de la


conversion des cellules mortes en masse granuleuse
friable (lui donnant un aspect en « fromage blanc »).
Il s’agit d’une lésion chronique qui associe la présence
de bactéries ayant des lipides peu dégradable qui
entraînent une inflammation granulomateuse (cf.
inflammation chronique).
Reconnaître une nécrose caséeuse est importante car
seules quelques bactéries peuvent être responsables
de ce type de lésions, notamment les bacilles de la
tuberculose (mycobactéries). Des corynébactéries
(C. pseudotuberculosis, responsables de la maladie
des abcès chez le mouton) peuvent également
entraîner une nécrose caséeuse.

→ Nécrose de liquéfaction

La nécrose de liquéfaction correspond au type


habituel de nécrose qui se développe dans le
système nerveux central. La mort des cellules
nerveuses est à l’origine d’une dissolution
enzymatique rapide du neuropile qui entraîne alors la
formation d’une cavité remplie de débris et de
fluides.

La nécrose de liquéfaction est également


observable dans des foyers infectieux dus à des
bactéries pyogènes qui entraînent une
inflammation suppurée (abcès…).

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→ Nécrose du tissu adipeux

La nécrose du tissu adipeux, aussi appelée cytostéatonécrose, concerne le tissu adipeux qui prend
un aspect typique lorsqu’il se nécrose. En effet, au lieu d’être mou ou friable, le tissu adipeux nécrosé a une
consistance augmentée (classiquement décrite comme consistance « en cire de bougie »), et est de couleur
blanchâtre.
On distingue trois types de nécrose du tissu adipeux :

• Nécrose enzymatique du tissu adipeux :


Aussi appelée nécrose pancréatique du tissu adipeux, elle
correspond à la destruction du tissu adipeux de la cavité
abdominale secondairement à la libération des lipases
pancréatiques activées quand le pancréas est lésé. Ces
enzymes entraînent une fragmentation des esters de
triglycérides stockés dans les adipocytes, qui, par
association avec les acides gras et le calcium, est à l’origine
d’une saponification (d’où la consistance augmentée du
tissu nécrosé).

• Nécrose traumatique du tissu adipeux :


La nécrose traumatique du tissu adipeux fait suite à l’écrasement du tissu adipeux. Cela concerne
principalement les graisses présentes dans la filière pelvienne lors de dystocie ou le tissu sous-cutané et le
gras intra-musculaire du sternum sur des bovins en décubitus prolongé.

• Nécrose du tissu adipeux abdominal des bovins :


Chez les bovins, il n’est pas rare d’observer des masses de tissu
adipeux nécrosé de grande taille dans le mésentère, sur l’omentum ou
en position rétropéritonéale. La cause de ces masses adipeuses
nécrosées n’est pas connue. Le plus souvent, il n’y a aucune incidence
clinique (très rarement, elles peuvent être à l’origine d’une
compression et d’une sténose des intestins).

c) Devenir des cellules nécrotiques

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Les cellules nécrotiques sont à l’origine du développement d’une réaction inflammatoire dans les
tissus atteints (système nerveux central excepté), elle a pour but d’éliminer les débris nécrotiques et de
réparer les tissus endommagés (régénération ou cicatrisation). Elle se traduit par la présence d’une bande
bien délimitée de leucocytes et d’hyperhémie (liseré rouge) autour de la zone nécrosée.
Par ailleurs, si les tissus nécrotiques persistent, ils peuvent se minéraliser (calcification dystrophique, cf.
infra) ou former des séquestres (dans l’os).

2. L’apoptose
a) Définition

L’apoptose est un cas de mort cellulaire programmée suivant une séquence d’évènements cellulaires bien
précis et initiée par un programme auto-induit finement régulé (« suicide cellulaire »). Elle permet
l’élimination d’une cellule inutile ou potentiellement dangereuse, sans provoquer de dommages aux cellules
environnantes. C’est un mécanisme rencontré dans des situations tout aussi bien physiologiques que
pathologiques.

Le terme d’apoptose dérive du grec ἀπόπτωσις, par analogie avec la chute cyclique des feuilles et de la perte
des pétales.

b) Bases moléculaires
L’apoptose se développe suivant deux grandes phases :
 Une première phase d’initiation qui peut être intrinsèque (mitochondriale), extrinsèque (initiée par
des récepteurs de mort), ou directe
 Une deuxième phase d’exécution.

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L’apoptose fait intervenir une famille particulière d’enzymes, appelées caspases, qui comportent
deux groupes : les caspases dites initiatrices (caspases 8 et 9 par exemple) et les exécutants (caspases 3 et 6
par exemple). Les caspases sont synthétisées sous la forme de pro-enzymes inactives.

Ces phases sont résumées dans la figure ci-dessous :

α. Phase d’initiation
• Voie intrinsèque :
La voie intrinsèque se déclenche par exemple sous l’effet de radiations, toxines, radicaux libres, …,
qui ont une action directe sur la structure membranaire et/ou entraînent des altérations de l’ADN ou des
protéines. Par ailleurs, la perte de facteurs de croissance ou d’hormones peut également entraîner le
déclenchement de cette voie d’apoptose.
La voie intrinsèque survient suite à un déséquilibre entre des protéines anti- (exemples : Bcl-2) et
des protéines pro-apoptotiques (exemples : Bim, Bid, Bad), à l’origine d’une augmentation de la perméabilité
de la membrane mitochondriale externe. S’ensuit alors la libération de molécules pro-apoptotiques comme
le cytochrome C contenues dans l’espace inter-membranaire, vers le cytoplasme. Un ensemble de réactions
d’activations et de liaisons d’enzyme entraîne l’activation de caspase 9 notamment.
La caspase 9 activée permet le déclenchement de la phase d’exécution.

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• Voie extrinsèque :
La voie extrinsèque fait intervenir des « récepteurs de mort » membranaires. Ces molécules
appartiennent principalement à la famille de récepteurs TNF (Tumor Necrosis Factor). Le récepteur (par
exemple CD95) s’active lorsque le ligand s’y fixe. Une activation à terme de la caspase 8 est permise, qui à
terme permettra le déclenchement de la phase d’exécution de l’apoptose.

• Voie directe :
La voie directe fait intervenir l’action de perforine et de granzyme. Elle met en jeu
l’action de lymphocytes T cytotoxiques CD8+, qui, après avoir reconnu la cellule à détruire,
sécrètent la perforine, qui crée des pores dans la membrane de la cellule cible. La présence
de ces pores permet le passage d’autres molécules sécrétées, appelées granzymes, qui
permettent notamment l’activation de caspases. Il y a alors induction directe de la phase
effectrice de l’apoptose.

β. Phase d’exécution et de phagocytose

La phase d’exécution est permise par l’action d’autres caspases (notamment la caspase 3 et la
caspase 6), faisant suite à la phase d’initiation. Ces caspases ont une action sur de nombreuses composantes
cellulaires : elles activement par exemple des DNases qui clivent l’ADN en nucléosomes, permettent la
dégradation du cytosquelette, des membranes. Elles aboutissent à la formation de corps apoptotiques
(fragments de cellules entourés par la membrane plasmique et renfermant divers débris cytonucléaires).
Ces corps apoptotiques sont alors phagocytés par des macrophages qui détectent rapidement divers
signaux et molécules membranaires. La rapidité de la phagocytose explique l’absence d’inflammation
associée à l’apoptose (il s’agit d’une différence fondamentale par rapport à la nécrose).

c) Méthodes de détection des cellules apoptotiques

Plusieurs méthodes permettent de détecter la présence de cellules apoptotiques. En pratique


vétérinaire courante, la détection passe majoritairement par l’observation de cellules apoptotiques en
microscopie photonique.

α. Approche morphologique

En microscopique électronique, la reconnaissance de cellules apoptotiques se base sur l’observation


d’une diminution de la taille des cellules, la densification du cytoplasme, la formation de bourgeons de
cytoplasme et de corps apoptotiques, et une condensation de la chromatine.

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En microscopie optique, la reconnaissance de
cellules apoptotiques se base sur l’observation d’une
contraction cellulaire et d’une condensation de la
chromatine. La présence de bourgeons de
cytoplasme et de corps apoptotiques isolés ou
phagocytés facilite le diagnostic d’apoptose. Une des
caractéristiques principales permettant la
reconnaissance de l’apoptose est qu’elle concerne
des cellules isolées dans un tissu. Rappelons par
ailleurs qu’il n’y a pas d’inflammation associée.

β. Approche biologique

Plusieurs techniques de biologie moléculaire permettent de détecter l’apoptose dans des tissus. Elles
sont pour l’instant utilisées en recherche et peu en pratique courante. La figure ci-dessous résume les
principales techniques utilisables (pour information).

Pour
info

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d) Exemples d’apoptose
α. Apoptose normale

• En situation physiologique :
L’apoptose existe en situation tout à fait physiologique. Elle permet d’éliminer des cellules âgées,
devenues inutiles voire potientiellement dangereuses, et ce tout au long de la vie d’un animal. C’est le cas
par exemple lors de l’embryogenèse (perte de la queue des têtards, formation des espaces interdigités), ou
chez l’adulte lors de l’involution de tissus hormono-dépendants (régression du tissu mammaire au
tarissement par exemple).

L’apoptose permet également d’éliminer des cellules au sein d’une population proliférante. Ainsi,
dans le système immunitaire, la sélection positive et négative des lymphocytes immatures dans les organes
lymphoïdes primaires est permise par l’apoptose.

• Dans des mécanismes réactionnels :


L’apoptose joue également un rôle dans certains mécanismes réactionnels. Elle permet l’élimination
de cellules ayant accompli leur rôle et devenues inutiles. C’est le cas par exemple pour les neutrophiles
après une réaction inflammatoire ou pour les lymphocytes après la réponse immunitaire.

L’apoptose permet également l’élimination de cellules


potentiellement dangereuses, sans dommage pour les cellules
adjacentes. C’est le cas par exemple lors d’une papillomatose
orale chez le chien (infection par le Canine Oral Papillomavirus
qui entraîne le développement de multiples petites tumeurs
bénignes appelées papillomes, dans la cavité buccale). Les
papillomes régressent à terme, sans traitement, par le
déclenchement de l’apoptose dans les cellules infectées par le
virus et qui se sont tumorisées (probablement par la voie
extrinsèque avec intervention de lymphocytes).

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β. Apoptose dérégulée

Il est aujourd’hui montré que dans un grand nombre de maladies chez les animaux domestiques et
chez l’homme, l’apoptose, lorsqu’elle est dérégulée et fonctionne mal, joue un rôle important dans leur
apparition. Cette dérégulation peut être en excès ou en défaut.
• Excès d’apoptose :
Lorsqu’il y a trop d’apoptose dans un tissu, il y a donc un excès de mort cellulaire et une déplétion cellulaire.
C’est ce qui est observé notamment dans des maladies neurodégénératives de type maladie d’Alzheimer.
Chez les animaux, des affections proches sont décrites, où l’on observe la perte spécifique de neurones par
apoptose.

C’est le cas également lors d’infections virales où l’infection


par le virus peut entraîner la mort par apoptose de la cellule
(et donc à terme une perte de tissu). C’est ce qui est observé
par exemple chez les bovins infectés par le virus de la
diarrhée bovine (Bovine Viral Diarrhea) qui développent une
sévère ulcération de la muqueuse digestive notamment.

• Insuffisance d’apoptose :
Les cellules voient leur durée de vie augmenter et le risque qu’elles survivent alors qu’elles sont anormales
ou dangereuses est important. Cette insuffisance d’apoptose est un élément fondamental expliquant le
développement des tumeurs (cf. cancérologie). Pour chaque tumeur, il est détecté une ou plusieurs
anomalies spécifiques intervenant à des points particuliers des phases de l’apoptose, qui explique cette
insuffisance (exemples sur la figure ci-dessous)

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C. Lésions cellulaires chroniques et adaptations
Lorsqu’une agression n’est pas létale pour la cellule, elle occasionne un « stress cellulaire ». La cellule, qui
survit, va donc s’adapter et évoluer vers un nouvel état d’équilibre. On peut alors parler de lésions cellulaires
chroniques.
Ces lésions chroniques regroupent les séquelles d’agressions non-létales, les adaptations et les accumulations,
détaillées dans les paragraphes suivants.

1. Séquelles d’agressions non létales

L’autophagie est une forme de mort cellulaire programmée, qui est en fait un mécanisme de survie. En cas
de déplétion marquée en certains nutriments, la cellule se met à utiliser ses propres composantes pour y faire face.
Cela met en jeu la digestion de ces composantes par les lysosomes.
Il s’agit d’un mécanisme génétiquement programmé (il est montré l’existence de gènes de l’autophagie).

NB : les mécanismes d’autophagie jouent un rôle dans le développement de certaines maladies


neurodégénératives (atteintes musculaires ou nerveuses).

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2. Adaptations

Les adaptations regroupent les variations dans le nombre, la taille, la fonction ou l’aspect des cellules. Elles
sont synthétisées dans la figure suivante.

a) L’hypertrophie
L’hypertrophie cellulaire correspond à l’augmentation de la taille des cellules. Elle résulte d’une
augmentation de la synthèse de nouveaux composants structuraux (organites, protéines). Il n’y a pas de
synthèse de nouvelles cellules.

L’hypertrophie est le plus souvent réversible. Le diagnostic histologique passe par l’observation de cellules
de taille augmentée, sans modifications de l’architecture tissulaire.
→ Circonstances d’apparition

α. Augmentation des besoins fonctionnels


L’augmentation des besoins fonctionnels peut entraîner l’hypertrophie des cellules. Cette augmentation
peut être physiologique ou pathologique.
• Augmentation physiologique :
L’hypertrophie physiologique peut se rencontrer par exemple lors du développement des muscles
squelettiques. Le type d’hypertrophie sera variable en fonction de la sollicitation musculaire : pour des
exercices d’endurance, l’hypertrophie concerne surtout l’augmentation du nombre et de la taille des

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mitochondries alors que pour des exercices avec forte résistance (type haltérophilie), il y a une
augmentation surtout des protéines contractiles.
Un autre exemple d’hypertrophie physiologique est l’utérus d’une femelle en gestation qui, de par les
modifications hormonales, voit sa taille nettement augmenter

• Augmentation pathologique :
L’augmentation des besoins peut également être pathologique. C’est
par exemple le cas lors de certaines cardiopathies. Une surcharge
hémodynamique chronique entraîne une augmentation de la pression
sanguine (hypertension) ou du volume sanguin (insuffisance valvulaire
par exemple). Pour pallier à ces modifications, les cardiomyocytes
synthétisent plus de protéines et de myofilaments, à l’origine d’une augmentation du nombre de
sarcomères, ce qui conduit à une hypertrophie de l’ensemble du muscle cardiaque.

β. Hypertrophie de compensation

L’hypertrophie d’un tissu peut se développer pour compenser une perte


tissulaire. C’est par exemple le cas après la perte d’une portion d’organe
ou d’un de deux organes pairs (exemple de l’hypertrophie d’un rein après
perte du rein controlatéral)
Ce type d’hypertrophie se rencontre également après obstruction de la
lumière d’un organe musculaire creux (certaines cardiopathies
hypertrophiques par exemple)

γ. Excès de nutrition

C’est le cas des animaux obèses (= augmentation de la taille des adipocytes)

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NB : à noter qu’il peut exister une hypertrophie sélective d’un organite en particulier. C’est le cas des chiens
épileptiques traités au long cours par des barbituriques. Les barbituriques sont à l’origine d’une hypertrophie
du réticulum endoplasmique lisse des hépatocytes et donc d’une augmentation de la quantité de cytochrome
p450, d’où une métabolisation accrue des barbituriques. La dose doit donc être augmentée pour maintenir
un effet (or les barbituriques peut entraîner à terme une cirrhose hépatique)

b) L’hyperplasie

L’hyperplasie est l’augmentation du nombre de cellules dans un organe ou un tissu. Elle se fait par
l’augmentation de l’activité mitotique. C’est un processus contrôlé qui cesse après arrêt de la stimulation.

L’hyperplasie peut se faire en association ou indépendamment d’une hypertrophie, la traduction


macroscopique étant similaire (augmentation de la taille de l’organe). Le diagnostic d’hyperplasie passe par
l’observation d’une augmentation du nombre de cellules morphologiquement normales à l’histologie.

• Hyperplasie physiologique :
L’hyperplasie physiologique peut être d’origine hormonale, ou compensatrice.
Un exemple d’hyperplasie hormonale est l’évolution de la glande mammaire avant la lactation, qui prend du
volume, grâce à une hyperplasie des acini mammaires notamment.

Lors de la gestation, l’utérus augmente de taille, de par une augmentation de la taille des cellules (cf. supra)
mais également de par l’augmentation de la cellularité (hyperplasie).
L’hyperplasie peut également être compensatrice, après la perte d’une portion d’organe par exemple. C’est
le cas après une hépatectomie partielle (résection d’un ou plusieurs lobes de foie) où la taille normale du
foie est restaurée par hyperplasie des hépatocytes restants.
C’est également le cas lors de la cicatrisation cutanée après abrasion où il y a régénération de la membrane
basale de l’épiderme par hyperplasie.

• Hyperplasie pathologique :

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L’hyperplasie peut également être pathologique. C’est souvent la conséquence d’une stimulation
hormonale excessive des cellules cibles.
Le goitre de la thyroïde en est un exemple. Lorsqu’il existe un déficit en iode au cours de la gestation, par
rétrocontrôle, une augmentation de la sécrétion de TSH par l’hypophyse se met en place dans la thyroïde du
fœtus. Il y a alors hyperplasie des cellules folliculaires thyroïdiennes à l’origine macroscopiquement d’une
augmentation de la taille de cet organe.

L’hyperplasie
glandulo-kystique de l’utérus chez la chienne
est un autre exemple d’hyperplasie
pathologique secondaire à une stimulation excessive par les oestrogènes.

Un dernier exemple correspond à un syndrome paranéoplasique (cf. cancérologie) dans le cas d’un certain
type de tumeur testiculaire appelée sertolinome. Cela peut s’accompagner d’un syndrome de féminisation
caractérisée notamment par une hyperplasie de la glande mammaire (chez un mâle donc).

c) Métaplasie
La métaplasie correspond à un changement (potentiellement) réversible où un type cellulaire est remplacé
par un autre type cellulaire.

La lignée germinale reste identique. Elle concerne d’avantage les épithéliums que les tissus conjonctifs. La
métaplasie fait suite à la dégradation d’un environnement tissulaire, ou à des irritations chroniques. Il y a
alors reprogrammation des cellules souches ou de réserve vers une autre voie de différenciation.

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On peut observer une métaplasie lorsqu’un oiseau est carencé en vitamine A. Il y a par exemple une
métaplasie squameuse des épithéliums transitionnels du tractus urinaire, de l’épithélium des glandes
salivaires, œsophagiennes, …
Lorsque les voies respiratoires sont irritées (fumée, particules, produits chimiques), l’épithélium cylindrique
cilié est perdu après métaplasie squameuse. Cela s’accompagne donc d’une perte de fonction de cet
épithélium.
Remarque : il existe d’autres types de métaplasies rencontrés dans diverses situations, résumées sur cette
figure : Pour
info

d) Atrophie
L’atrophie correspond à la diminution de la taille d’une cellule, d’un tissu ou d’un organe, après avoir
atteint sa taille normale. Elle concerne tous types de tissus et est la conséquence d’agressions graduelles et
continues.

Lorsque la nutrition d’une cellule devient insuffisante, des mécanismes tels l’autophagie se développent,
permettant de diminuer la quantité de protéines et d’organites dans la cellule. Un nouvel état d’équilibre est
alors atteint permettant à la cellule de survivre. En cas d’aggravation, la mort cellulaire peut se déclencher.
Un retour à la normale est également possible
La figure suivante résume les principales caractéristiques morphologiques visibles dans un tissu atrophié :

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• Atrophie physiologique : L’atrophie est un mécanisme pouvant être tout à fait physiologique. C’est le cas
par exemple de l’atrophie de certaines structures au cours du développement embryonnaire ou après la
naissance de mécanismes d’involution (atrophie de l’organe par association entre atrophie et apoptose
cellulaires) comme par exemple l’involution thymique ou l’involution de l’utérus post-partum
• Atrophie pathologique : Plusieurs circonstances pathologiques peuvent entraîner l’atrophie d’un organe :
→ Diminution en apport nutritionnels :

Lorsque les apports nutritionnels sont sévèrement diminués, certains tissus


peuvent s’atrophier. C’est le cas avec l’atrophie du tissu adipeux en cas
d’inanition lors de déficit calorique majeur (pouvant être dû à de la malnutrition,
un problème de malabsorption, d’infection chronique, de parasitisme,
cancéreux…) où le tissu adipeux prend un aspect gélatineux œdémateux et pâle.

Lors de shunt porto-systémique, le foie n’est plus correctement


vascularisé et ne bénéficie plus de l’apport en nutriment par la
veine porte. Il s’atrophie donc. C’est un critère utile pour le
diagnostic.

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→ Diminution de la charge de travail : Par exemple chez un animal sédentaire ou pour qui un
membre est immobilisé (réparation d’une fracture par exemple), la musculature squelettique s’atrophie.

→ Dénervation : L’atrophie de dénervation est un


exemple bien connu à l’origine du cornage laryngé (« roaring »).
Le nerf laryngé récurrent dégénère, ce qui entraîne l’atrophie
secondaire des muscles crico-aryténoïdiens innervés par celui-ci.
Il en résulte un mauvais fonctionnement du larynx à l’origine du
cornage.

→ Pression augmentée : L’augmentation de la pression dans un tissu peut entraîner


l’atrophie de celui-ci, principalement du fait de la compromission de la vascularisation.
→ Perte de la stimulation hormonale : Elle peut entraîner l’atrophie de certains organes.
Ainsi lors d’une thérapie aux stéroïdes, la zone fasciculée des glandes surrénales s’atrophie.
→ Vieillissement : Il entraîne l’atrophie de certains organes.

3. Accumulations
Les accumulations, qu’elles soient intra- ou extracellulaires peuvent être la conséquence d’agressions cellulaires,
mais pas seulement.
Elles font donc l’objet d’une partie à part-entière.

IV. Les dépôts tissulaires

Une substance qui s’accumule dans un tissu ou une cellule peut être le signe de plusieurs circonstances :
 Signe d’une altération dans le fonctionnement d’une cellule
 Signe d’une souffrance ou d’une agression cellulaire (adaptation, lésions réversible ou témoin de la mort
cellulaire par nécrose)
 Présence sans lien avec une lésion cellulaire
Les accumulations peuvent être intracellulaires ou extracellulaires. Les désordres liés à la calcification et aux
pigments sont traités spécifiquement.

A. Accumulations intracellulaires
Les accumulations intracellulaires constituent l’un des marqueurs de désordres métaboliques dans les cellules.
On en distingue 3 catégories :
 Accumulation en excès d’une substance normale (eau, lipides, glycogènes, carbohydrates…)

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 Accumulation d’une substance anormale
 Substance exogène (minéral, produit synthétisé par un agent infectieux…)
 Substance endogène (synthèse anormale au cours du métabolisme)
 Accumulation de pigments

1. Accumulations de lipides

L’accumulation de lipides, aussi appelée dégénérescence lipidique, est le deuxième type de lésion cellulaire
réversible (avec la dégénérescence hydropique).
Elle consiste en l’accumulation de triglycérides (et d’autres produits du métabolisme lipidique), notamment dans
les hépatocytes (on peut alors parler de stéatose hépatique). Cette préférence pour les hépatocytes s’explique
par le rôle central du foie dans le métabolisme des lipides. On en retrouve cependant dans d’autres types
cellulaires, tels que cellules musculaires et cellules des tubes rénaux.
Plusieurs situations peuvent expliquer l’accumulation de triglycérides dans les hépatocytes. Elles sont résumées
sur la figure ci-dessous.

Le diagnostic de dégénérescence lipidique peut se faire par examen histologique. Il est également aisé à l’œil nu.
• L’examen microscopique met en évidence des vacuoles optiquement vides de taille variable, dans les
hépatocytes qui ont tendance à repousser le noyau. Ces vacuoles sont bien délimitées.

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• A l’œil nu, la stéatose se caractérise par un foie de taille augmentée (hypertrophie) avec des bords des lobes
arrondis, une couleur jaune à la section et une consistance molle à friable.

2. Accumulations de glycogène

Le glycogène est normalement stocké majoritairement dans les hépatocytes et les myocytes, en quantité
variable. Dans certaines situations pathologiques, il peut se retrouver en quantité augmentée dans certains
tissus. Cette accumulation signe une altération du métabolisme du glucose ou du glycogène.
C’est le cas lors de diabète, d’hypercorticisme ou dans certaines maladies génétiques de stockage du glycogène.

Le diagnostic d’accumulation de glycogène passe par l’observation en microscopie


optique de vacuoles optiquement vides, mal délimitées et irrégulières (contrairement
aux vacuoles lipidiques) ; le noyau n’est pas repoussé. On peut s’aider de la coloration à
l’acide périodique de Schiff pour les mettre en évidence.
L’observation macroscopique met en évidence un organe de taille augmentée
(hypertrophie), avec une consistance diminuée, de couleur marron à beige pâle. A la
section, contrairement à la lipidose, il n’y a pas d’aspect graisseux.

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3. Accumulations de protéines

Plusieurs circonstances où certaines protéines peuvent s’accumuler dans les cellules sont rencontrées en médecine
vétérinaire et son résumées sur la figure suivante :
Dans ces circonstances, l’organe présente un aspect normal à l’œil nu.

Pour
info

4. Autres accumulations intracellulaires

D’autres types d’accumulations intracellulaires existent. Elles sont notamment importantes dans l’aide au
diagnostic de certaines affections lors d’analyses de cytoponctions ou de coupes histologiques. C’est le cas de la
présence de corps d’inclusions viraux (qui permettent parfois de diagnostique le virus incriminé) ou de corps
d’inclusion de plomb lors d’intoxications chroniques.
Pour
info

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B. Accumulations extracellulaires

Les accumulations de substances extracellulaires font partie de la catégorie des lésions de la matrice
extracellulaire.
Les altérations de la matrice extracellulaire peuvent concerner la quantité d’une substance (par
accumulation ou défaut de production) ou la qualité de la substance. Par exemple, si l’on s’intéresse aux
fibres de collagène ou à la substance fondamentale qui constituent une part importante de la matrice
extracellulaire, plusieurs lésions associées à ces altérations sont décrites, qui entraînent des troubles
cliniques chez les animaux. Certaines sont résumées dans la figure suivante :

1. Fibrose
La fibrose est une lésion élémentaire du tissu conjonctif caractérisée par l’augmentation des constituants
fibrillaires de la matrice extracellulaire

Elle résulte soit de l’augmentation de la synthèse et du dépôt des constituants, soit d’une diminution de leur
dégradation, ou d’une multiplication des fibroblastes (production accrue de collagène).

a) Circonstances de développement
La fibrose peut se développer dans plusieurs circonstances :
 Réactions inflammatoires : la fibrose est un marqueur de l’inflammation chronique et de la
cicatrisation (cf. cours sur l’inflammation)
 Fibrose dystrophique : on parle de fibrose dystrophique lorsqu’elle se développe dans un tissu
fonctionnel altéré. C’est le cas par exemple dans un organe souffrant d’hypoxie chronique, lorsqu’il y
a atrophie, une sénescence ou lors d’un déficit hormonal.
 Fibrose du stroma des tumeurs
 Idiopathique

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b) Morphologie

La fibrose se reconnaît facilement à l’œil nu : elle se caractérise par un


tissu blanchâtre, de consistance ferme (voire dure). L’organe dans lequel
elle se développe est souvent atrophié et déformé (le volume de tissu
fibreux étant inférieur au volume tissulaire normal).

Remarque : il existe dans de rares circonstances des


fibroses entraînant une hypertrophie de l’organe. C’est
le cas des chéloïdes chez les chevaux (cicatrices
hypertrophiques) par exemple.

Le diagnostic histologique passe par l’observation d’une augmentation de la


quantité de collagène (qui se présente sous la forme d’un matériel
éosinophile amorphe et homogène)

c) Evolution
Au cours du temps, la fibrose peut se stabiliser ou s’aggraver (notamment si l’agent agresseur n’est pas
éliminé). Quoique théoriquement possible, la régression de la fibrose n’est quasiment jamais effective.

2. Mucinose
La mucinose est un syndrome causé par l’accumulation modérée à sévère de muco-polysaccharides
(glycosaminoglycanes GAG) dans la substance fondamentale dermique. C’est donc une lésion cutanée.

Le GAG le plus fréquemment accumulé est l’acide hyaluronique, qui est produit par les fibroblastes (du
derme).
On distingue la mucinose primaire de la mucinose secondaire dont les caractéristiques sont synthétisées
dans le tableau suivant :
Mucinose primaire Mucinose secondaire
Accompagnement d’une autre maladie (inflammation
Maladie métabolique ou endocrine, acquise ou
cutanée : allergies, pyodermite, inflammations
héréditaire
éosinophiliques, lupus érythémateux)
Fréquent chez le Shar-Peï
Myxoedème : mucinose lors d’hypothyroïdie Cliniquement silencieuse
Épaississement symétrique de la face

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• Morphologiue :
On distingue une forme diffuse, qui se caractérise par un épaississement marqué et un plissage de la peau,
et une forme nodulaire ou papuleuse (plus rare). L’aspect est synthétisé dans la figure ci-dessous :

Le diagnostic histologique passe par l’observation d’une


accumulation dans le derme d’une substance gris-bleu pâle,
fibrillaire à granuleuse, séparant les faisceaux de collagène
(l’épiderme ne présente généralement pas d’anomalies). On peut
s’aider pour confirmer le dépôt de mucine de la coloration au Bleu
Alcian qui colore la mucine en bleu-vert.

3. Amyloïdose

L’amyloïdose représente un groupe d’affections caractérisées par le dépôt dans la substance fondamentale
d’un ou de plusieurs organe(s) d’un groupe de substances protéiques appelées « substance amyloïde ».

Ce groupe de substances a des propriétés histologiques et ultrastructurales similaires. Elles sont constituées
de fibrilles non ramifiées formant des feuillets β.

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a) Nature biochimique
La substance amyloïde est majoritairement composée de protéines fibrillaires, dont la nature varie
en fonction de la circonstance du développement (cf. infra). La nature biochimique de l’amyloïde est
résumée dans la figure suivante :

b) Pathogénie
L’amyloïde peut se déposer et persister dans un tissu car une de ces principales caractéristiques est
d’être résistante à la protéolyse. En effet la substance amyloïde peut être formée de protéines normales
ayant tendance à un mauvais repliement et à s’organiser en fibrilles lorsqu’elles sont produites en excès, ou
alors formée de protéines anormales à la structure instable formant des fibrilles. Dans les deux cas, les
macrophages n’ont pas les capacités pour dégrader ces substances en quantité suffisante.

c) Classification
En fonction de sa nature biochimique et de son expression clinique, l’amyloïdose peut être classée comme
suit :

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α. Amyloïdose systémique
• Amyloïdose primaire :
L’amyloïdose primaire est composée de substance amyloïde de type AL. Elle est la
conséquence d’un dérèglement du système immunitaire (le plus souvent de type
plasmocytome et myélome multiple), qui a pour conséquence une prolifération de
plasmocytes et une production d’immunoglobulines qui vont entraîner le
développement d’amyloïde.
NB : Il ne faut pas confondre ce type d’amyloïde avec la gammapathie monoclonale et
la protéinurie de Bence-Jones (cf. cancérologie et pathologie clinique)

• Amyloïdose secondaire :
L’amyloïdose secondaire représente la forme la plus fréquente chez les
mammifères domestiques. Elle se développe en cas d’inflammation chronique le
plus souvent.
En effet lors d’inflammation chronique (processus tissulaire destructeur
(tuberculose, ostéomyélite, arthrite rhumatoïde, suppurations, …)), les
macrophages sont activés et sont à l’origine de la production d’interleukines (Il-1
et Il-6 notamment). Ces interleukines entraînent une activation des hépatocytes
qui produisent alors la protéine SAA qui est à l’origine de la substance amyloïde
qui se dépose.

• Amyloïdose familiale :
Il existe une forme d’amyloïdose familiale qui correspond à une forme systémique de dépôt d’amyloïde de
type AA. C’est une forme héréditaire, que l’on décrit notamment chez les chats Abyssins et Siamois et chez
le chien Shar-Peï.

β. Amyloïdose localisée

Il existe plusieurs formes d’amyloïdose localisée rencontrées chez les mammifères domestiques :
 Tumeurs odontogènes productrices d’amyloïde
 Plaques amyloïdes dans certaines formes d’encéphalopathies spongiformes
 Vestibule nasal et portion rostrale du septum nasal et des turbinets chez le cheval
 Amyloïdose endocrine : dépôt dans le pancréas chez les chats, primates, lors de diabète de type 2
(dérivé de l’Islet Amyloid PolyPeptide (IAPP) sécrété par les cellules β)
Résumé des différentes formes d’amyloïdose décrite en médecine vétérinaire :

Page 42 sur 54
Pour
info

Pour
info

d) Morphologie

Le diagnostic d’amyloïdose est histologique et passe par l’observation de substance amyloïde. Elle se met en
évidence comme une substance extracellulaire, amorphe, éosinophile (rose) et hyaline, qui fait pression sur
les cellules et tissus adjacents.

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La coloration au Rouge Congo est une aide permettant de révéler la substance amyloïde en rouge-orangé.
Observée en lumière polarisée, elle présente une biréfringence verte.

A l’œil nu, un organe présentant un dépôt de substance amyloïde est de taille augmentée, de consistance
modérément ferme, avec une pâleur accentuée.

L’application d’une solution iodée (type Lugol) colore l’amyloïde en sombre, qui devient bleu violacé après
exposition à une solution d’acide sulfurique diluée.

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4. Goutte
La goutte correspond à un dépôt de cristaux d’urate ou de sels d’urate dans les tissus. Elle concerne les
oiseaux, les reptiles et l’homme principalement.
L’acide urique et les urates sont des produits du métabolisme des bases puriques et sont éliminés sous forme
semi- solide, du fait de l’absence d’uricase chez ces espèces (contrairement aux mammifères)
La goutte est la conséquence d’une hyperuricémie. Cette augmentation du taux d’urates peut être la
conséquence d’un défaut d’excrétion par les reins (en cas de déshydratation ou d’affection rénale) ou d’une
production excessive d’acide urique (excès de protéines dans la ration par exemple). L’hyperuricémie entraîne
alors une précipitation de ces molécules sous forme de cristaux.

On distingue deux grands types de goutte : la forme articulaire et la forme viscérale Pour
info

Le diagnostic histologique passe par l’observation de « tophi »


(singulier tophus) qui correspondent aux cristaux d’urate apparaissant
sous forme de longues aiguilles biréfringentes, entourés par une
inflammation granulomateuse

C. Calcification pathologique

La calcification correspond à un dépôt de sels de calcium (phosphates ou carbonates de calcium). On


reconnaît deux types de calcification : la calcification dystrophique et la calcification métastatique.

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1. Calcification dystrophique
La calcification dystrophique se développe dans les zones de nécrose, alors que la calcémie est
normale. Il y a impossibilité pour les cellules en voie de mort de réguler l’influx de calcium, d’où son
accumulation.
La calcification dystrophique affecte principalement le myocarde, la peau (calcinose lors
d’hyperadrénocorticisme, calcinosis circumscripta chez les chiens de grande taille), les lésions de
tuberculose, et en périphérie des parasites morts.

2. Calcification métastasique
La calcification métastatique survient dans les tissus sains secondairement à une hypercalcémie.
L’augmentation de la quantité de calcium dans le sang entraîne une entrée de grandes quantités de cet ion
dans les cellules, puis une précipitation dans les organites (notamment les mitochondries).
Les causes de calcification métastatique correspondent donc aux circonstances entraînant une
hypercalcémie, résumées dans la figure ci-dessous :

1. Insuffisance rénale
• Hyperparathyroïdisme secondaire d’origine rénale
Cf Anapath Spéciale, médecine et endocrino

2. Intoxication par la vitamine D


• Ingestion de plantes calcinogènes par les herbivores
• Rodenticides contenant du cholécalciférol chez les carnivores

3. Parathormone (PTH) et protéine PTH-like


• (hyperparathyroïdisme primaire)
• Syndromes paranéoplasiques
• Lymphomes malins canins
• Adénocarcinome des glandes apocrines des sacs anaux

4. Destruction du tissu osseux


• Tumeurs primitives ou métastatiques intra-osseuses

3. Morphologie
La calcification dans un tissu se traduit par la présence d’un matériel blanc, dur qui crisse à la
coupe. On l’observe le plus fréquemment à l’œil nu dans les poumons, la paroi de l’estomac, les reins et les
vaisseaux sanguins.

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A l’examen histologique, la calcification apparaît sous forme de dépôts basophiles (bleus) en position intra-
ou extracellulaire. On peut s’aider de colorations spéciales pour confirmer le diagnostic (von Kossa, Rouge
Alizarine S, …)

D. Pigments
Le dépôt de pigment donne la couleur d’un tissu. Les pigments forment un groupe très hétérogène, reliés ou
non à un phénomène pathologique. On distingue des pigments exogènes et des pigments endogènes.

1. Pigments exogènes
a) Anthracose

L’anthracose correspond à l’accumulation de particules de carbone dans le cytoplasme des macrophages


pulmonaires.

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Dans un environnement pollué, des particules de carbone sont inhalées, qui se déposent alors à la surface
des alvéoles pulmonaires. Elles sont ensuite phagocytées par des macrophages qui n’ont cependant pas les
capacités pour métaboliser ces particules inertes. Ces particules s’accumulent donc dans les macrophages
qui migrent secondairement dans les nœuds lymphatiques de drainage des poumons.

A l’œil nu, l’anthracose


apparaît sous forme de points
gris à noirs dans les poumons
ou les nœuds lymphatiques
trachéobronchiques.

A l’examen histologique, elle se caractérise par la présence de fines granulations


noires dans le cytoplasme des macrophages.

b) Tétracyclines
Les tétracyclines donnent une coloration jaune à brune dans les dents en cours de formation.

c) Pigments caroténoïdes
Ce sont des pigments dérivés des végétaux (β-carotène précurseur de la vitamine A par exemple) et solubles
dans les tissu adipeux. Ils peuvent se déposer dans de nombreux tissus autres que les cellules adipeuses
(cellules corticosurrénaliennes, corps jaunes, cellules testiculaires, cellules de Kupffer, …). Chez les chevaux,
les vaches de race Jersey et Guernesey, le sérum, le plasma et le tissu adipeux sont naturellement riches en
pigments caroténoïdes. Ces pigments donnent une coloration jaune-orangée aux tissus (à ne pas confondre
avec de l’ictère, cf. infra).

2. Pigments endogènes
a) Mélanine
La mélanine est sécrétée par les mélanocytes puis transférée notamment aux kératinocytes. Elle est
présente dans la peau, la rétine et l’iris (ainsi que dans l’arachnoïde et la pie-mère des animaux foncés
(moutons Suffolk) et les muqueuses de certaines races (Jersey, Chow-chow).

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On reconnaît la mélanine à l’histologie sous forme de pigments intracytoplasmique
granuleux, brunâtres.
Il existe 2 situations pathologiques liées à la pigmentation mélanique : une
pigmentation en excès ou en insuffisante.

• Mélanine augmentée :
La mélanine peut se trouver augmenter dans plusieurs situations, notamment :
 Hyperpigmentation cutanée (en cas d’inflammation chronique ou d’endocrinopathies)
 Tumeurs mélanocytaires (et autres tumeurs pigmentées)
 Mélanose congénitale (aucune conséquence clinique, retrouvée dans les poumons, l’intima des gros
vaisseaux et les leptoméninges)

• Mélanine diminuée : La mélanine peut se trouver diminuée lors d’affections à médiation immune
(destruction des mélanocytes) comme par exemple le vitiligo ou en cas d’albinisme.

Page 49 sur 54
b) Lipofuscine et céroïde
L’aspect de ces deux pigments est similaire. Leurs caractéristiques sont résumées dans le tableau suivant :

Lipofuscine Céroïde
(= témoin de l’oxydation de lipides endogènes) (= témoin de l’oxydation des lipides exogènes)
Physiologique Pathologique
Témoin du vieillissement cellulaire Réponse à une malnutrition cellulaire sévère
Accumulation dans les cellules ne se divisant plus (carence en vitamine E - lipofuscinose intestinale du
(neurones, cardiomyocytes, myocytes), ou chien, panniculite nutritionnelle féline -), cachexie
lentement (hépatocytes, cellules gliales) cancéreuse, rayonnements…

Le diagnostic histologique montre la présence de granules jaune-marron pâle à marron foncé, en position
périnucléaire (plus rarement en position extracellulaire). A l’œil nu, ce type de pigments est rarement visible
excepté dans quelques circonstances, comme la lipofuscinose intestinale canine (décoloration marron de la
musculaire intestinale).

c) Pigments hématogènes

α. Hémoglobine
• Oxygénation sanguine insuffisante : Lorsque l’oxygénation est insuffisante, les
tissus deviennent cyanosés et prennent une coloration bleutée.

• Intoxication toxique au cyanure : Lors d’intoxication au cyanure, le toxique se fixe à la cytochrome oxydase,
à l’origine d’une paralysie de la respiration cellulaire. L’oxygène n’est alors plus utilisable par les tissus et le
sang veineux garde un aspect rouge vif

• Methémoglobine : La méthémoglobine se développe lorsque le fer ferreux de


l’hème est remplacé par du fer ferrique. C’est ce qui survient lors d’intoxication à
l’acétaminophène, aux nitrites napthalènes, chlorate …. Le sang et les tissus
prennent alors une coloration chocolat foncé

• Intoxication au monoxyde de carbone : En cas d’intoxication au monoxyde de


carbone, il y a formation de carboxyhémoglobine donnant un aspect rouge cerise au sang.

• Hémoglobine stricto sensu : L’hémoglobine au sens strict peut pigmenter les tissus dans certaines
circonstances pathologiques. C’est le cas lors d’hémolyse intravasculaire où le plasma devient de couleur
rose et les reins de couleur rouge sombre à noire avec une urine rouge (les reins filtrant l’hémoglobine)

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β. Hémosidérine
L’hémosidérine est issue du catabolisme des hématies.
Pour rappel, ce schéma synthétise le devenir des différentes composantes des globules rouges :

Globine a.a.

Catabolisme des Fer Ferritine Aggrégats de Hémosidérine


hématies ferritine

Hème bilirubine

Lorsqu’il y a accumulation en excès d’hémosidérine, on parle d’hémosidérose. L’hémosidérose peut être


localisée dans différents organes comme lors d’hémorragie chronique, de congestion passive chronique
(dans le foie et les poumons). L’hémosidérose concerne souvent la rate et/ou le foie, notamment en cas
d’anémie hémolytique par exemple.
Remarque : la présence d’hémosidérine est normale dans la moelle osseuse et la rate de par leur rôle dans la
destruction des globules rouges (sénescence ou hémolyse).

Le diagnostic histologique d’accumulation d’hémosidérine est permis par


l’observation de globules jaune doré à brun-doré en position
intracytoplasmique dans les macrophages ou en position extracellulaire.
La nature du dépôt peut être confirmée par une coloration au bleu de
Prusse (qui colore spécifiquement le fer).

A l’œil nu, l’accumulation d’hémosidérine est rarement visible. Seulement dans les rares cas où
l’hémosidérose est sévère, on observe une décoloration jaune à marron de l’organe.

Page 51 sur 54
γ. Bilirubine

La bilirubine est issue du métabolisme de l’hème de l’hémoglobine.


Pour rappel, cette figure synthétise les principales étapes de la synthèse et de l’élimination de la bilirubine :

Dérivée du métabolisme
de l’hème de
l’hémoglobine
Destruction dans les macrophages de la rate, du foie,
de la moelle osseuse et dans les sites hémorragiques
• Phagocytose des globules rouges sénescents

Dégradation de la porphyrine de l’hème en bilirubine

Passage dans le sang (liée à l’albumine) jusqu’au foie

Conjugaison dans les hépatocytes

Excrétion dans les voies biliaires

La bilirubine peut s’accumuler dans les tissus


lorsque sa production est augmentée et/ou lorsque
son excrétion est diminuée. L’accumulation de
bilirubine dans les tissus peut alors se traduire par
une teinte jaune de ceux-ci. On parle alors d’ictère.

En médecine, savoir investiguer un ictère est important et passe par la recherche de l’origine de
l’accumulation de la bilirubine. Cela permet alors de distinguer l’ictère pré-hépatique, l’ictère hépatique et
l’ictère post- hépatique, dont les causes sont différentes et sont résumées dans la figure suivante :

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Le diagnostic clinique d’ictère est aisé et passe par l’observation à l’œil nu de
tissus décolorés en jaune. La distribution est systémique (muqueuses de la cavité
orale, urogénitale, sclère, omentum, mésentère, intima des gros vaisseaux, tissus
adipeux sauf chez les chevaux, les vaches Jersey et Guernesey et les primates qui
ont physiologiquement un tissu adipeux jaune).

L’ictère n’est pas détecté à l’examen histologique


(c’est donc un diagnostic macroscopique).

δ. Porphyries
Les porphyries forment un groupe d’affections lié à un déséquilibre dans le métabolisme des porphyrines.
Ces affections peuvent être génétiques ou acquises. On décrit par exemple la porphyrie érythropoïétique
congénitale (chez les veaux, chatons et porcelets) issus d’une déficience génétique en uroporphyrinogène III
cosynthétase.
Les porphyries donnent une coloration rose de la dentine et des os.

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Conclusion générale

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CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM


LES PATHOLOGIES VASCULAIRES
CM03 : Les œdèmes

Table des matières

LES PATHOLOGIES VASCULAIRES ..........................................................................................................1


Introduction.......................................................................................................................................2
I - RAPPELS .........................................................................................................................................2
II - LES OEDEMES ...............................................................................................................................7
A - Définitions ................................................................................................................................7
B - Mécanismes .............................................................................................................................7
C - Aspects macroscopiques ........................................................................................................10
D - Aspects microscopiques ........................................................................................................13
E - Conséquences et évolutions ..................................................................................................14

1 sur 16
Introduction
Les vertébrés sont des organismes pluricellulaires et ont donc besoin d’un système
circulatoire contrairement aux unicellulaires. Ils sont dotés d'un système circulatoire composé
d’une pompe, le cœur, qui permet la circulation d’un liquide chargé de nutriments et de
déchets, le sang, ce qui assure l’irrigation des différents organes. Le sang artériel (système de
distribution) afflue vers les organes, la microcirculation assure les échanges puis le sang
retourne vers le cœur via les veines (système de retour).
Nous allons étudier dans ce cours les grands mécanismes qui concernent le système
circulatoire et les pathologies associées.

I - RAPPELS
• Le système circulatoire :

La circulation sanguine se compose d’un cœur et de vaisseaux sanguins. Parmi les vaisseaux sanguins
se distinguent :

 les artères : élastiques (grosses artères, type artères aorte, pulmonaires, ou carotides qui se
dilatent rapidement et compensent la systole), musculaires, artérioles
 les capillaires : continus (les plus nombreux), fenêtrés, discontinus
 les veines et les veinules.
Parallèlement à la circulation sanguine, la circulation lymphatique démarre par des vaisseaux
borgnes et draine toute l’eau émise au pôle artériel et non réabsorbée au pôle veineux.

2 sur 16
Les éléments qui composent le système circulatoire possèdent une structure de base
commune : trois couches concentriques de composition variable. La dénomination change au
niveau du cœur.

- Couche interne : une couche de cellules endothéliales au contact du sang, intima ou


endocarde. L’endothélium, métaboliquement actif, repose sur une lame basale et est entouré
de tissu conjonctif.

- Couche intermédiaire : média ou myocarde (avec cellules musculaires striées cardiaques)


constituée de cellules musculaires lisses et de fibres élastiques.

- Couche externe : adventice ou épicarde, deux couches de tissu conjonctif périphérique.


C’est la couche la plus épaisse pour les veines.

Paroi d'une artère

Les capillaires sont, comme les autres vaisseaux, composés de cellules endothéliales reposant
sur une membrane basale mais il y a absence de couche musculaire et d’adventice. On trouve
parfois des péricytes, cellules musculaires permettant des variations de calibre afin de réguler
le débit sanguin. Le diamètre des capillaires est de l’ordre de celui des globules rouges (7µm
ou moins). Il existe 3 types de capillaires, déterminant les éléments échangés et leur
rôle :

3 sur 16
 Les capillaires continus : ce sont les plus
nombreux (ex : poumon). Les cellules sont jointes
par des jonctions occlusives, la membrane basale
est continue et les échanges se font par diffusion
pour les gaz, et par pinocytose ou transcytose pour
les autres composés.

 Les capillaires fenêtrés : la membrane


basale est continue, mais il y a des interruptions
entre les cellules endothéliales soit totales, soit il
reste un petit diaphragme. Ils sont présents dans les
organes à échange important : intestins, glomérules
rénaux et glandes endocrines.
Les échanges se font par filtration par les pores.

 Les capillaires discontinus (ou sinusoïdes)


: la membrane basale et les cellules endothéliales
sont discontinues. Ils sont présents dans le foie et la
rate. Ils permettent le passage des grosses
molécules (ex : hématies dans la rate).

• La microcirculation est la partie du système circulatoire concernée par les échanges de


gaz, liquides, substances nutritives et déchets métaboliques.
Elle se compose d’artérioles, de sphincters pré-capillaires (qui contrôlent le flux sanguin
dans les capillaires en étant ouverts ou fermés), de capillaires (échanges entre sang et
tissus), de veinules post-capillaires et de veinules collectrices. On peut avoir la présence
de shunts artério-veineux (lorsque le sphincter pré-capillaire est fermé) qui correspondent
à une communication directe entre artériole et veinule par la métartériole, sans passage
par un capillaire. Par exemple, en cas d'hypovolémie, les shunts vont permettre l'irrigation
des "organes nobles" en priorité (cœur, encéphale...), évitant ainsi les pertes sanguines
pour ces organes.

4 sur 16
La microcirculation

• La matrice extracellulaire :

La matrice extracellulaire se compose d’une phase soluble (protéoglycanes) et d’une


phase insoluble (collagène, fibronectine, élastine, réticuline et autres glycoprotéines de
structure). Elle entoure complètement les cellules du tissu conjonctif (exemple : les cellules
du tube contourné du rein) contrairement aux autres types de cellules (endothéliales) qui
sont séparées de la MEC par une lame basale.

On appelle interstitium (ou tissu interstitiel) l’espace compris entre les cellules et la
microcirculation. C’est le lieu d’échange des liquides, des nutriments et des déchets entre
les cellules et la microcirculation. C’est aussi là que naissent les capillaires lymphatiques. Les
pressions oncotiques et hydrostatiques y sont constantes.

• L'équilibre des pressions : les pressions hydrostatique et oncotique du sang varient suite à
ces échanges. (Il faut comprendre le principe plutôt que d'apprendre les chiffres !)

La pression hydrostatique de l'interstitium vaut 8 mm Hg, et sa pression oncotique vaut 10


mm Hg.
5 sur 16
On peut alors calculer l'équilibre de Starling : Ceci implique que les liquides circulent de
l'artériole vers l'interstitium puis de l'interstitium vers la veinule. La différence entre les
deux pressions n'étant pas nulle, une partie du liquide non réabsorbé par les veinules sera
récupérée par le système lymphatique.

• au pôle artériel : Pression nette de filtration = (30-8) - (25-10) = 7 mm Hg


• au pôle veineux : Pression nette d'absorption = (17-8) - (25-10) = - 6 mm Hg

La circulation lymphatique

6 sur 16
II - LES OEDEMES
A - Définitions

Un œdème : accumulation exagérée de liquide interstitiel dans un organe ou un tissu.


Il résulte de l’altération d’un des facteurs qui régulent la distribution normale des liquides
entre le plasma, la matrice extracellulaire et les cellules. Parmi ces facteurs, notons la
pression oncotique, la pression hydrostatique et la circulation lymphatique.
B - Mécanismes

Quatre mécanismes principaux sont à l’origine des œdèmes. Tous les quatre dépendent des
facteurs de régulation de la circulation physiologique.

• Augmentation de la pression hydrostatique


• Baisse de la pression oncotique
• Obstruction lymphatique
• Augmentation de la perméabilité vasculaire, visible dans les phénomènes
inflammatoires (non traité ici, cf CM l’inflammation).
Ces 4 mécanismes sont à savoir (questions au partiel) ! Attention à ne pas confondre les
mécanismes et les causes !

1-Augmentation de la pression hydrostatique

(À décrire si elle demande le mécanisme pour cette première cause, texte + courbe)

L’augmentation de la pression hydrostatique résulte d’une accumulation de sang dans la


microcirculation, le plus souvent du fait d’une stase (= accumulation et stagnation anormale
de sang).

La pression hydrostatique reste constamment supérieure à la pression oncotique


normale, y compris au pôle veineux : la pression nette de filtration permet au liquide de sortir

7 sur 16
du capillaire mais la pression nette d'absorption est positive, le liquide ne peut alors pas être
réabsorbé, le drainage de l’eau interstitielle est alors insuffisant.
L’augmentation de la pression hydrostatique peut être généralisée ou localisée.
 Augmentation généralisée : insuffisance cardiaque
C’est un mécanisme plus complexe. La diminution du volume d’éjection cardiaque
provoque une hypoperfusion des reins qui déclenche le système rénine-angiotensine-
aldostérone. Il y a donc rétention de Na et d’eau par les reins ce qui augmente le volume
sanguin sans restaurer le volume d’éjection. Cela augmente encore la pression hydrostatique
donc l’œdème apparait.

L’augmentation généralisée de la pression hydrostatique (pour les deux circulations ou


une seule) résulte d’une insuffisance cardiaque, qui peut être de plusieurs types :

• Insuffisance cardiaque gauche : le volume d’éjection du cœur gauche est diminué sans que le
volume arrivant par la veine pulmonaire ne diminue. La stase sur le territoire de la petite
circulation ainsi provoquée se traduit par un œdème pulmonaire par augmentation de la
pression hydrostatique dans la circulation pulmonaire.

• Insuffisance cardiaque droite : la pression hydrostatique augmente dans les veines caves. La
stase se localise alors au niveau de la grande circulation d’où la formation d’œdèmes
cavitaires (on parle d’ascite lorsque du liquide s’accumule dans la cavité abdominale) et
d’œdèmes sous-cutanés dans les parties de l’animal les plus proches du sol.

Dans le cas d’une insuffisance cardiaque globale, les œdèmes sont généralisés.

Dans tous les cas, l’augmentation de la pression hydrostatique diminue la réabsorption


des liquides dans les capillaires et modifie l’équilibre de Starling. Commence alors un
phénomène d’auto-amplification (et d’auto-aggravation) :

8 sur 16
L'augmentation de la volémie de suffit pas à restaurer le volume d'éjection car le cœur
n'est pas capable d'éjecter le sang.

 Augmentation localisée de la pression hydrostatique


L'augmentation localisée de la pression hydrostatique peut être due à 2 causes :

• une compression veineuse (ex : pansement trop serré, tumeur, abcès), d'autant plus que les
veines ont une paroi fine. Le sang ne peut alors plus retourner au cœur. Dans ce cas-là, la cause
est extérieure.

• une obstruction veineuse (ex : caillot, thrombus, parasites). Ici la cause est intérieure. Dans
les 2 situations, la pression hydrostatique augmente en amont à cause du ralentissement de la
circulation veineuse.

2-Baisse de la pression oncotique

Dans ce cas, la pression oncotique sanguine reste toujours inférieure à la pression


hydrostatique normale. A nouveau, il y a absence de drainage du liquide interstitiel.

La baisse de la pression oncotique est due à l'hypoprotéinémie : diminution du taux de


protéines sanguine et notamment de l’albumine (< taux protéines sanguines (<60-70 g/l)).

La baisse du taux de protéines peut être liée à :

• une diminution de synthèse protéique hépatique, due à un mauvais apport : malnutrition ou


parasitisme (les enfants victimes de malnutrition ont des gros ventres : ce sont des œdèmes),
à une malabsorption ou une pathologie hépatique chronique (cirrhose, fibrose du foie...).

• une augmentation des pertes protéiques, soit au niveau du rein (protéinurie, lésions du
rein,...), soit au niveau du tube digestif (entéropathie avec perte de protéines dans les selles).

9 sur 16
3-Obstruction lymphatique

En situation normale, les vaisseaux lymphatiques compensent la différence entre filtration


et absorption. Un œdème apparait si ce drainage cesse.
Les causes sont variées :
• une obstruction ou une compression des vaisseaux lymphatiques par un phénomène
inflammatoire (paratuberculose des ruminants), néoplasique (tumeur, métastases) ou un
abcès,

• Aplasie ou hypoplasie congénitale,

• Lymphangite (inflammation des vaisseaux lymphatiques), par exemple, la paratuberculose


peut en être à l’origine.

4-Augmentation de la perméabilité vasculaire : les phénomènes inflammatoires

Lors d’inflammations, la perméabilité vasculaire augmente. (cf. cours sur l’inflammation)

C - Aspects macroscopiques
Suivant la localisation de l’œdème, on distingue :

 les épanchements, c’est-à-dire des œdèmes collectés dans une cavité préformée
(cavité thoracique, abdominale, péricardique, articulaire, …) ;
 les œdèmes des tissus et organes.

1-Les épanchements

Attention le terme épanchement est un terme général qui ne précise en rien la nature du liquide.
Deux grands types à différencier selon l’origine pathogénique :

• Les transsudats correspondent à des liquides collectés à travers les vaisseaux par un mécanisme
non inflammatoire (mécanisme « passif »). Ils sont désignés par le préfixe hydro

• Les exsudats correspondent à des liquides collectés par un mécanisme inflammatoire (mécanisme
« actif »). Ils sont désignés par le suffixe -ite. En raison de son caractère actif, l’œdème est riche
en protéines.

10 sur 16
Les différences entre ces deux liquides sont récapitulées dans le tableau ci-dessous :

Dénomination, mécanisme Exsudat actif Exsudat passif


Richesse en protéines
- +++

Aspect Varié : trouble, séreux, séro-fibrineux Limpide incolore ou jaune clair, fluide

Pleurésie, Hydrothorax,
Péritonite, Hydropéritoine = ascite,
Péricardite, Hydropéricarde,
Nomenclature Arthrite Hydrarthose

+ qualificatif selon aspect

Par exemple, la pleurésie (ou


pleurite) correspond à un exsudat
dans la cavité thoracique et
l’hydroarthrose à un transsudat
dans les articulations. Néanmoins,
il sera parfois difficile de faire la
différence…

2-Œdème des tissus et organes

L’aspect d’un œdème est plus caractéristique dans les organes bien vascularisés et de texture
lâche comme le poumon. Pour les autres organes, l’augmentation du volume de l’organe
est diffuse (Ex : tissu sous-cutané, paroi intestinale, paroi stomacale).

11 sur 16
Cas d’un œdème pulmonaire :

Un liquide spumeux (brassé par l'air), d’aspect mousseux (à cause des mouvements
respiratoires), s’accumule au carrefour trachéo-bronchique et dans la lumière alvéolaire. Le
volume du poumon augmente avec l'accumulation de ce liquide. De plus, alors qu’un poumon
normal s’affaisse normalement lors de l’ouverture de la cavité pleurale, un poumon
œdémateux se maintient gonflé. La congestion du parenchyme pulmonaire le colore en rouge
au lieu de rose pâle.

Les œdèmes pulmonaires sont fréquents à


l’autopsie lors d’une euthanasie par des barbituriques, on
parle alors d’œdèmes agoniques : la mort entraîne le
ralentissement progressif des mouvements cardiaques,
d'où la formation de liquide d'œdème. Dans ce cas,
l'animal n'a pas de problème respiratoire avant la mort. En
revanche, lors d'un œdème aigu du poumon, l'animal a des
troubles respiratoires marqués (voire de la mousse sortant Liquide d'œdème dans la trachée
des narines). En autopsie il peut être difficile d’interpréter un œdème pulmonaire
(pathologique ou lié à la mort).

Pour ce chiot souffrant d’un œdème généralisé, on remarque (photo de gauche) une
augmentation du volume extérieur et un aspect luisant et humide des tissus du membre. Cela
est provoqué par une anomalie congénitale des vaisseaux sanguins empêchant le bon
fonctionnement de la filtration et de la réabsorption du liquide interstitiel : le liquide d'œdème
s'est accumulé à l'extrémité de la patte (photo de droite, sans la peau).
12 sur 16
Chiot : œdème généralisé Œ dème en coupe

Cet œdème sur la paroi de l’estomac d’un porc


fait apparaitre la paroi très épaissie et les tissus
très clairs et gélatineux : l’accumulation de
liquide dissocie les structures. Cette apparition
d’œdème est due à une espèce d’E.Coli
spécifique du porc.

D - Aspects microscopiques
Histologiquement, l’œdème se présente comme une substance amorphe plus ou
moins éosinophile (donc plus ou moins rose en coloration Hémalun Eosine) suivant la teneur
en protéines du liquide d’œdème : sans processus inflammatoire, il y a moins de protéines d'où
un aspect plus pâle. Il dissocie les structures préexistantes des organes (ex : le foie) ou
s’accumule dans une lumière (ex : alvéole du poumon).

• Au niveau des espaces portes du foie, un œdème rend les tissus plus clairs et avec des
lumières agrandies :

Espace porte normal Espace porte agrandi, avec œdème

13 sur 16
• Au niveau des poumons, les alvéoles pulmonaires ne sont pas optiquement vides mais
rouges à cause du liquide éosinophile. Les plages optiquement vides correspondent à
l'air restant. Ceci va grandement modifier la qualité des échanges gazeux entre l’air et le
sang.

Poumon normal Œdème pulmonaire

E - Conséquences et évolutions
Les conséquences sont différentes si l’œdème est généralisé ou localisé.

1-Œdème généralisé

L’œdème généralisé est souvent secondaire, significatif d’un état pathologique grave,
surtout s’il est dû à une pathologie cardiaque sous-jacente. Il a de plus tendance à
s’autoentretenir et à s’aggraver. Le pronostic est généralement mauvais sauf si la cause de
l’œdème peut être traitée rapidement.

2-Œdème localisé

Les conséquences d’un œdème localisé sont plus limitées. Ces œdèmes sont même
bien tolérés en sous-cutané. Les conséquences fonctionnelles peuvent être graves à certaines
localisations (comme par exemple au niveau des endroits qui ne peuvent pas se dilater, il y a
alors une compression) ou si l’œdème se prolonge dans le temps.

14 sur 16
Exemples d'œdèmes localisés à conséquences graves :

• l’œdème péricardique comprime le cœur à cause de l'œdème entre les feuillets du péricarde
(phénomène de tamponnade = le cœur ne peut pas battre normalement) et les gros
vaisseaux de retour car le péricarde n’est pas élastique. La mort survient très rapidement.

• l’œdème cérébral est à l’origine de troubles nerveux (compression nerveuse car le volume de
la boite crânienne n’est pas dilatable) : perte de connaissance, convulsions…

• l’œdème pulmonaire provoque une hypoxie : du liquide est présent dans les alvéoles
pulmonaires à la place de l’air et limite les échanges gazeux.

• l'œdème de la cornée : La cornée perd sa transparence, prend un aspect bleuté et mène à la


cécité au moins temporaire.

Œdème de la cornée

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A SAVOIR :

 Les définitions : œdème, épanchement, œdème localisé/généralisé, exsudat/transsudat

 Les quatre mécanismes (à ne pas confondre avec les causes !) conduisant à un œdème
(augmentation de pression hydrostatique, baisse de pression oncotique, baisse du drainage
lymphatique, augmentation de la perméabilité vasculaire)

 Reconnaître l’aspect macroscopique d’un œdème,

 Retenir qu’un œdème généralisé est un signe pathologique grave

Quizz sur les œdèmes :


Quelle est la réponse fausse ? Les causes impliquées dans les œdèmes par baisse de la pression
oncotique sont :

1- Entéropathie avec perte de protéines

2- Malnutrition

3- Hypoperfusion rénale

4- Cirrhose hépatique (par insuffisance de synthèse de protéines)

5- Amyloïdose glomérulaire

Réponse : 3 : L’hypoperfusion rénale entraine plutôt un œdème par augmentation de la pression hydrostatique

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REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

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LES PATHOLOGIES VASCULAIRES
CM04 : Hyperhémie et congestion passive
Table des matières
LES PATHOLOGIES VASCULAIRES .............................................................................................................. 1
HYPERHEMIE ET CONGESTION PASSIVE ............................................................................................... 2
A - Hyperhémie ou congestion active ............................................................................................... 2
1- Etiologie ..................................................................................................................................... 2
2- Aspect macroscopique............................................................................................................... 2
B - Congestion passive ou stase ........................................................................................................ 3
1- Causes et mécanismes ............................................................................................................... 3
2- Congestion passive généralisée ................................................................................................. 4
3- Congestion passive localisée ..................................................................................................... 6
C - Morphologies des lésions ............................................................................................................ 6
1-Congestion passive du foie ...................................................................................................... 7
2- Congestion passive du poumon............................................................................................... 11
3- Conséquences et évolution des lésions de stase..................................................................... 14

Page 1 sur 14
HYPERHEMIE ET CONGESTION PASSIVE

L’hyperhémie : aussi appelée congestion active, est l’apport exagéré de sang artériel associé
à une vasodilatation artérielle et à une dilatation capillaire. Elle peut être physiologique ou
pathologique. Quand elle est pathologique, c’est le premier temps de l’inflammation. Cf cours
sur l’inflammation

Congestion passive : aussi appelée stase, est une accumulation de sang par insuffisance de
drainage veineux due à la présence d’un obstacle dans les veines. Elle s’accompagne d’une
dilatation veineuse et capillaire.
La congestion passive est toujours pathologique.

A - Hyperhémie ou congestion active

1- Etiologie

Il existe deux origines possibles de l’hyperhémie :

 Hyperhémie physiologique, le tissu apparait rouge.


Plusieurs exemples: hyperhémie du tube digestif et des glandes annexes (foie surtout)
pendant la digestion, mais aussi du muscle en phase d’activité ou de la peau lors de
chaleur (thermorégulation).

 Hyperhémie pathologique : elle est le plus souvent localisée


Toutes les artères ne peuvent être dilatées simultanément, il n’y a pas assez de sang. C’est le
premier temps d’une inflammation. Cette hyperhémie est induite par des facteurs variés :
physiques, chimiques, mécaniques, biologiques (toxine, virus, bactéries, …). Elle ne dure pas
très longtemps, elle est souvent finie avant qu'on ne voit l'animal en clinique.

2- Aspect macroscopique

L’aspect macroscopique de l’hyperhémie dépend de sa localisation. Durant une


hyperhémie, les organes sont légèrement gonflés et de coloration rouge vif car irrigués par
du sang artériel.

Page 2 sur 14
 La congestion cutanée, très visible, se nomme érythème :
elle se caractérise par une zone rouge et chaude.

Erythème

 La congestion des muqueuses d’origine inflammatoire leur donne une coloration


rouge vif, accompagnée d'une augmentation de la production de mucus. On parle
d’inflammation catarrhale.
 Lors de la congestion du tissu conjonctif lâche, de multiples arborisations vasculaires
apparaissent. L’arbre vasculaire se dilate et devient bien visible, formant des « toiles
d’araignées ».

B - Congestion passive ou stase

1-Causes et mécanismes

À l’état physiologique, le retour du sang au cœur est assuré par :


• l’aspiration diastolique
• le vide thoracique (produit à chaque inspiration)
• le reliquat de poussée systolique dans le territoire veineux
• la contraction musculaire et la présence de valves anti-reflux sur les gros vaisseaux
La bonne circulation sanguine nécessite le bon fonctionnement des valvules cardiaques
sigmoïdes et auriculo-ventriculaire et du muscle cardiaque en général.

Tout ralentissement ou arrêt de la circulation de retour entraine une stase dans le territoire
veineux situé en amont. Selon sa localisation et sa nature, la stase peut être généralisée ou
localisée.

Page 3 sur 14
2-Congestion passive généralisée

On qualifie de généralisée une stase lorsque la lésion est étendue au moins à l’un des
grands territoires vasculaires : soit la petite circulation, soit la grande circulation. Les causes
peuvent être multiples :
• hyposystolie et insuffisance de l’aspiration diastolique, par exemple lors de
myocardite (inflammation du myocarde), myopathie (dégénérescence et nécrose
du muscle cardiaque), péricardite exsudative (photo ci-dessous) ou
hydropéricarde (formation d'un épanchement dans le péricarde)…
• compression des gros vaisseaux veineux de la base du cœur (exemple : tumeur
ou abcès à la base du cœur, péricardite…), le retour sanguin est alors mal assuré
et le sang s’accumule.
• défaut d’occlusion des valvules cardiaques (ex : l'endocardiose chez le chiot : il y
a fibrose à la base des valves qui se ferment mal d'où une insuffisance cardiaque),
l’étanchéité n’est pas parfaite et du sang reflue à chaque contraction, d’où la
stase dans les territoires en amont. On distingue :

 Les défauts d’occlusion des valves auriculo-ventriculaire


provoquent un reflux systolique dans l’oreillette.

 Les défauts d’occlusion des valves sigmoïdes (plus rare) sont à


l’origine d’un reflux diastolique dans le ventricule.

Ces différents défauts d’occlusion


donnent naissance à une stase généralisée au
système vasculaire situé en amont du
dispositif cardiaque lésé : territoire de la
petite circulation pour le cœur gauche et
territoire de la grande circulation pour le cœur
droit.

Page 4 sur 14
Exemples :

Veau :
cardiomyopathie
aspect muscle cuit.
Sur animaux
jeunes, on pense
en premier à des
carences en
vitamine E.

Veau: cardiomyopathie

Bovin : péricardite fibrineuse (fibrine entre


les deux feuillets), contraction difficile et
insuffisance cardiaque.

Bovin : Péricardite fibrineuse : dépôt blanchâtre anormal

Chien : chemodectome. Stase au niveau de


la grande circulation.

Figure 1 Chien:chémodectome

Page 5 sur 14
3-Congestion passive localisée

Les causes de la congestion passive localisée peuvent être de deux types :

• une compression vasculaire prolongée et des torsions de pédicules vasculaires.


C’est le cas lors de torsion d’organe. En médecine vétérinaire il y a souvent des
torsions intestinales. Dans ce cas, le pédicule vasculaire, composé d’une artère et
d’une veine, est tordu. Or l’artère, grâce à sa paroi épaisse, n’est pas totalement
collabée (= parois affaissées) et assure encore une arrivée de sang. Mais ce n’est
pas le cas de la veine qui a une paroi fine, d’où la stase.

Chien: torsion de l'estomac

• une obstruction vasculaire : phlébite (= inflammation d’une veine), thrombose


veineuse (= caillot sanguin).
Ce sont les mêmes causes que celles de l’augmentation de la pression hydrostatique à
l’origine des œdèmes (pansement trop serré…).

C - Morphologies des lésions

La morphologie des lésions de stase varie en fonction de l’organe et de sa capacité à se


détendre ou non ainsi que de sa durée (par exemple, une insuffisance cardiaque brutale
entraîne une stase aigue tandis qu’une insuffisance rénale chronique longue provoque une
stase chronique).

A l’autopsie, il ne faut pas confondre congestion passive (qui peut être due à un
mauvais retour veineux entraînant une stase généralisée terminale) et hypostase cadavérique
qui correspond au phénomène au cours duquel le sang s’accumule dans la partie la plus basse
de l’animal mort par gravité (en particulier chez les grands animaux). L’hypostase cadavérique
sera facile à voir sur les organes pairs car l’un sera plus foncé que l’autre. Par contre, la
congestion est diffuse sur l’organe lors d’une congestion passive.

Page 6 sur 14
-

Congestion et œdème pulmonaire :


Hypostase cadavérique : le sang
le poumon est gonflé et rouge, de
s'est accumulé dans le poumon droit
manière homogène
(en haut), tandis que le poumon
gauche
Nous (en bas)
allons s'en est
détailler vidéexemples
deux
Nous allons voir deux exemples : : la congestion passive du foie et la congestion passive du
poumon.
1-Congestion passive du foie

Rappel sur l’organisation d’un lobule hépatique : la circulation sanguine s’effectue de la


périphérie (artère hépatique) vers le centre (veine hépatique), à l'inverse de la bile. Le lobule
hépatique est constitué de 3 zones :
 Zone 1 : Zone péri lobulaire où les cellules sont bien irriguées (avec du sang
majoritairement artériel) et peu sensibles à l’hypoxie.
 Zone 2 : Zone médio lobulaire où les hépatocytes sont moyennement sensibles à l’hypoxie.
 Zone 3 : Zone centro-lobulaire où les hépatocytes sont très sensibles à l’hypoxie car
elles sont peu vascularisées, avec une circulation veineuse essentiellement, et sont
très actives métaboliquement.

Sensibilité à l’hypoxie 7 sur 14


 En cas d'insuffisance cardiaque brutalement déécompensée, un foie cardiaque
aigu apparait.
 Si l’insuffisance cardiaque ou la stase s’installe plus progressivement, on a un foie
cardiaque chronique

Remarque : lors d’une congestion du foie, on parle de foie cardiaque, que la cause soit une
insuffisance cardiaque ou non.

Foie cardiaque aigu :

Macroscopiquement, les caractéristiques d’un foie cardiaque


aigu à l’autopsie sont :
• augmentation régulière de la taille de l’organe (bords
arrondis).
• une coloration rouge sombre diffuse.
• augmentation du volume sanguin émis après section.
Il est difficile à différencier d’une stase agonique.

Histologiquement :
 une dilatation de la veine centro-lobulaire
(notée C sur la photo)
 une atrophie des hépatocytes à partir de la
zone centro-lobulaire et une dilatation
des capillaires sinusoïdes beaucoup
plus marquée au centre qu’en périphérie.
 Une distorsion des travées d’hépatocytes,
séparées par le sang.
Cette pathologie entraine la mort rapide de
l’animal.

8 sur 14
Foie cardiaque chronique :
Cette pathologie se déroule en 3 stades au niveau du lobule :

• Stade de la stase centro-lobulaire : dilatation de la veine centro-lobulaire et des capillaires


sinusoïdes et inondation sanguine du centre du lobule accompagnées d’une atrophie voire
nécrose hémorragique des hépatocytes. Des lésions d’hypoxie apparaissent en périphérie de la
zone de stase et induisent une stéatose. La zone péri lobulaire est préservée.
Sur ce foie de porc, au centre de
chaque lobule, la zone très rouge
correspond à une dilatation des veines
centro-lobulaires et à des hémorragies
dans la zone centro-lobulaire : l’atrophie
et la nécrose des hépatocytes du centre
des lobules sont suivies d’une
extravasation des globules rouges.

Remarque : sur cette photo, on distingue les cloisons inter-lobulaires mais c'est une
caractéristique du foie de porc.

9 sur 14
.

• Si le processus continue, passage d’un lobule à l’autre de la zone de dilatation des


capillaires sinusoïdes.

• Stade du lobule interverti : le lobule donne l’impression d’être centré sur l’espace porte au
lieu d'être centré sur la veine centro-lobulaire. On observe une nécrose centro-lobulaire
partiellement hémorragique, systématisée autour des veines dilatées (V), avec respect des
zones périportales. . (Sur la photo, V = veine dilatée, EP = espace porte)

• Stade de la fibrose : les zones nécrosées se fibrosent. Cette phase est rarement
observable car l’animal meurt souvent avant le début de la fibrose.

Macroscopiquement, on a des
zones plus claires et plus foncées.

10 sur 14
Remarque : on parle de «
foie muscade » car il
ressemble à l’intérieur d’une
noix de muscade (encadré en
haut à droite sur la photo).
Cet aspect est bien visible
chez les ruminants (moins
chez les carnivores).

Zone de nécrose

Enfin, il n’y a presque plus de couleur foncée (car plus de nécrose) mais une couleur claire entre les
lobules car il se forme un tissu fibreux blanc là où il y avait des hémorragies.

Remarque : ces différents stades se


chevauchent car les différentes zones
du lobule ne sont pas toutes au même
stade au même moment.

2-Congestion passive du poumon

On parle de « poumon cardiaque » dans le cas d’une congestion passive du poumon.


Selon l’origine de la congestion, on en distingue deux types : l'œdème aigu ou l'œdème
chronique du poumon.

• L'œdème aigu du poumon :

Congestion et
Insuffisance Stase aigüe œdème aigu du
cardiaque brutale poumon

11 sur 14
Le poumon se colore en rouge et augmente de taille. Il y a du liquide spumeux dans les voies
aérifères.

Attention à ne pas confondre avec un œdème agonique qui correspond à plus de 90% des cas
(cf. partie sur les œdèmes).

• L'œdème chronique du poumon :

Insuffisance
cardiaque Stase chronique Œdème chronique
progressive

NB : Le diagnostic est beaucoup plus difficile à poser que dans le cas du foie.

Dans le poumon normal, les alvéoles sont


optiquement vides, avec uniquement des
macrophages alvéolaires. Les parois sont très
fines et avec peu de collagène.

L’œdème chronique se traduit histologiquement par une distension des capillaires alvéolaires
ainsi qu’un œdème dans la lumière.

12 sur 14
Les capillaires étant distendus, les jonctions ne sont plus assurées et les hématies passent dans
les alvéoles pulmonaires par un mécanisme passif, c’est l’érythrodiapédèse (à ne pas confondre
avec la diapédèse, qui est un phénomène actif). A la suite d’un épaississement de la paroi entre
les alvéoles, l’hémostase se fait moins bien.

Les hématies vont être dégradées par les macrophages alvéolaires, plus abondants. Ces
derniers vont renfermer de l'hémosidérine (issue de la dégradation de l'hémoglobine) et sont
appelés les "cellules cardiaques".
Sur la photo de gauche, on peut voir les capillaires dilatés (en haut à gauche), et la lumière
alvéolaire (en bas à droite) qui contient des hématies et des macrophages pigmentés
d'hémosidérine.

Poumon : congestion passive, macrophages Coloration de Pearls: L'hémosidérine prend une teinte bleue
pigmentés par de l’hémosidérine

Macroscopiquement, le poumon est gonflé (à cause du


liquide d'œdème et des macrophages). On peut observer
des plages sombres (tout en haut à droite sur la photo)
qui correspondent à l'hémosidérine accumulée. Le
poumon voit sa consistance légèrement augmenter, et
prend une coloration brune.

Le diagnostic est souvent délicat à poser et on regarde


généralement l’aspect histologique pour confirmer
(coloration de Perls).

Poumon cardiaque chronique

13 sur 14
3-Conséquences et évolution des lésions de stase

Les conséquences et les évolutions des lésions de stases diffèrent selon la durée du processus.
 Si la stase est prolongée, elle a des conséquences graves :

• Hypoxie prolongée, à l’origine de lésions de dégénérescence et de


nécrose (cf cours sur les lésions cellulaires).
• Modifications parenchymateuses irréversibles et fonctionnellement
graves. On observe alors des insuffisances hépatique et respiratoire (ex
: foie et augmentation des paramètres hépatiques, poumon et baisse
de l’oxygénation cellulaire, détresse respiratoire, occlusions digestives).
• Distensions vasculaires, lésions endothéliales et ralentissement du
courant sanguin ce qui favorise la thrombose.

 Si la stase est localisée, les conséquences vont dépendre de la rapidité de l’intervention


permettant la levée de la stase. Ainsi, une torsion de l’estomac doit être prise en urgence. Il n’y
aura guérison que si l’intervention est très rapide.

 Bien connaitre différence congestion active/passive


 La pathogénie chronique du foie et du poumon qui peuvent faire l’objet d’une question

à l’examen

Quizz sur les stases


Parmi les propositions suivantes, laquelle selon vous est fausse La congestion passive chronique
du foie peut être due à :
1. Myocardite

2. Sténose valvulaire pulmonaire

3. Défaut d’occlusion des valvules mitrales

4. Tumeur à la base du cœur

5. Epanchement péricardique

Réponse 3 : les valvules mitrales sont à gauche ce qui entraine une insuffisance cardiaque gauche et donc une
congestion pulmonaire.

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LES PATHOLOGIES VASCULAIRES

CM05 : L’hémostase : coagulation et fibrolyse

Table des matières

LES PATHOLOGIES VASCULAIRES ...........................................................................................................1


Introduction – Définition et rôle de l’hémostase ...........................................................................2
I. La coagulation .................................................................................................................................2
II. La fibrinolyse ...................................................................................................................................4
III. Les facteurs de l’hémostase normale .............................................................................................4
A. Endothélium ..................................................................................................................................4
B. Les plaquettes (=thrombocytes) .....................................................................................................7
C. Les facteurs de la coagulation : la cascade de la coagulation ......................................................11
IV. La régulation de l’hémostase ........................................................................................................16
A. Les inhibiteurs de la coagulation ..................................................................................................16
B. Les inhibiteurs de la fibrinolyse ....................................................................................................16
V. Méthodes d’exploration ...............................................................................................................17
Conclusion .............................................................................................................................................18

1 sur 20
Introduction – Définition et rôle de l’hémostase

Hémostase : réponse physiologique aux lésions vasculaires qui a pour but de limiter la
perte sanguine.

C’est un équilibre assuré par les phénomènes de coagulation et de fibrinolyse (un


excès de coagulation provoque une thrombose ; un excès de fibrinolyse et d’anticoagulants
provoque une hémorragie).

La fonction hémostatique normale assure :


• le maintien de la masse sanguine (par oblitération spontanée des
brèches vasculaires)
• le maintien du sang à l’état liquide

L’efficacité et l’innocuité de l’hémostase dépendent de son caractère :


• localisé,
• rapide (selon la taille de la brèche vasculaire),
• non extensif.

I. La coagulation
La coagulation a lieu après une brèche vasculaire. Il y a alors une courte période de
vasoconstriction due à des mécanismes réflexes nerveux et à la sécrétion locale
d’endothéline très temporaire (puissant vasoconstricteur), par les cellules endothéliales.
Ce phénomène, trop court dans le temps, ne suffit pas à lui seul pour arrêter
l'hémorragie, mais diminue le diamètre du vaisseau.

Page 2 sur 20
• Mécanisme :

La lésion endothéliale expose la MEC sous-endothéliale hautement thrombogène (le


collagène jouant le rôle le plus important). Ceci provoque en parallèle :

→ L’activation des plaquettes, qui adhèrent au tissu conjonctif par le facteur de


Willebrand via des glycoprotéines, s'aplatissent puis s’activent et libèrent le contenu
de leurs granules (sécrétion d’ADP, de thromboxane A2 (TXA2) et de phospholipides).
Cela permet le recrutement d’autres plaquettes. Toutes ces plaquettes s’agrègent et il
y a ainsi formation du caillot primaire (ou clou plaquettaire). Il est relativement fragile
car il est constitué uniquement de plaquettes, cela peut suffire pour les petites
brèches (capillaires).

→ la cascade de la coagulation par libération du facteur plaquettaire qui permet de


former la thrombine. Cette dernière convertit le fibrinogène soluble en fibrine
insoluble et favorise la contraction et l’agrégation des plaquettes.

→ L'association des plaquettes du caillot primaire et de la fibrine forme le caillot


secondaire. C’est l’hémostase secondaire. Elle entraîne la formation d’un clou
plaquettaire permanent et arrête l’hémorragie par obstruction du vaisseau.

Schéma général de la coagulation

Page 3 sur 20
II. La fibrinolyse
La fibrinolyse correspond à des mécanismes régulateurs et inhibiteurs permettant de
limiter la coagulation et de libérer la fibrine quand la brèche est cicatrisée pour éliminer
le caillot.

• Mécanisme :

Des facteurs activateurs convertissent le plasminogène inactif (protéine plasmatique)


en plasmine. Celle- ci dégrade la fibrine en PDF (Produits de Dégradation de la Fibrine).

III. Les facteurs de l’hémostase normale

Les acteurs de l'hémostase sont les parois vasculaires et notamment l’endothélium, les
plaquettes et les facteurs de coagulation.

A. Endothélium

L’endothélium est une monocouche aplatie de cellules polygonales et allongées (25 à


50μm sur 10 à 15μm).

Ces cellules renferment :


• des corps de Weibel-Palade parallèles au grand axe de la cellule, stockant le
facteur de Willebrand
• des filaments intermédiaires
• des vésicules de pinocytose (transport)

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Ces cellules ont diverses propriétés permettant l’hémostase.
→ Dans les conditions normales, l’endothélium inhibe l’adhésion, l’agrégation des
plaquettes et la coagulation. Il a donc des propriétés anti-thrombosantes.

→ Quand l’endothélium est lésé, il favorise l’adhésion, l’agrégation des plaquettes et la


coagulation. Il a donc des propriétés pro-thrombosantes.

1. Propriétés anti-thrombosantes (empêche la coagulation)

• Effets anti-plaquettes :
→ Sécrétion de prostacycline (PGI2) et oxyde nitrique (NO) qui sont des vasodilatateurs
et des anti-agrégants plaquettaires.

→ Expression par la cellule endothéliale d’ADPase qui dégrade l’ADP plaquettaire


contenu dans les granules denses des plaquettes et contribue à l’inhibition de
l’agrégation plaquettaire.

• Effets anti-coagulants :
→ Molécules héparine-like sont associées à la membrane (même fonction que
l’héparine = propriétés anti-coagulantes). Elles réagissent avec l’antithrombine III pour
dégrader la thrombine, le facteur Xa, et d’autres facteurs de la coagulation. C’est une
action indirecte.

→ La thrombomoduline associée à la membrane des cellules endothéliales se lie à la


thrombine et forme alors un complexe capable d’activer la protéine C. Cette protéine C
va ensuite cliver et donc inactivés les facteurs Va et VIIIa.

→ L’endothélium est aussi la source de l’inhibiteur du facteur tissulaire. Il s’agit des


facteurs VIIa et Xa (voie extrinsèque de la coagulation). Ainsi, la coagulation ne se

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déclenche pas de manière inopinée.Il y a synthèse d’un activateur tissulaire du
plasminogène qui va donc dissoudre

• Effets fibrinolytiques :
→ Synthèse d’un activateur tissulaire du plasminogène qui va au final dégrader
la fibrine en PDF.

• Bilan des facteurs anti-thrombosants :

Effets anti -
plaquettaires

Effets
fibrinolytiques

Effets anti -
coagulants

2. Propriétés pro-thrombosantes (épithélium lésé)

Les cellules épithéliales peuvent être lésées par une contrainte mécanique, un
produit chimique, ou encore par des bactéries. Elles présentent alors des propriétés pro-
thrombosantes pour favoriser la coagulation.

• Effet pro-plaquettes
→ Production du facteur de Willebrand (noté vWF), cofacteur pour la liaison des
plaquettes ou du collagène provoquant l'adhésion des plaquettes au sous-endothélium.

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• Effet pro-coagulant
→ Les cellules endothéliales activées vont synthétiser les facteurs tissulaires (la
thromboplastine ou facteur III), qui activent la voie extrinsèque de la coagulation.

• Effet anti-fibrinolytique
→ Sécrétion d’un inhibiteur de l’activateur du plasminogène

• Bilan des facteurs pro-thrombosants

B. Les plaquettes (=thrombocytes)

1. Formation

Les plaquettes sont des fragments anucléés de cellules, disques biconcaves ronds ou
ovales chez les mammifères, de taille variable mais plus petites que les globules rouges,
avec un aspect granuleux. Les plaquettes ont une durée de vie de 9 à 12 jours.

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Sur un frottis : Environ 2 à 4 µm de
diamètre, hétérogène, souvent en amas.
Le cytoplasme est clair et renferme des
granulations azurophiles.

• Mécanisme de formation des plaquettes (cf. cours 1A)


(mégacaryoblaste → mégacaryocyte basophile → mégacaryocytes granuleux →
plaquettes)

Un mégacaryocyte granuleux (ou plaquettogène)


en début de fragmentation.

2. Structure

Une plaquette est constituée de structures particulières :

 Une membrane support des glycoprotéines Gp 1b (adhésion entre les plaquettes


et le facteur de Willebrand) et Gp IIb-IIIa, elles permettent respectivement
l’adhésion et l’agrégation des plaquettes,

 Un système canaliculaire ouvert qui permet le déversement du contenu des


granules lors de l’activation des plaquettes

 Un système tubulaire dense séquestrant des enzymes et du Ca2+

 Un cytosquelette majoritairement composé de microtubules et de


microfilaments, important dans le changement de forme des plaquettes.

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 Des granules :

 Granules α : les plus nombreux, ils renferment le facteur de Willebrand,


du fibrinogène, facteur plaquettaire 4, et des facteurs de croissance
(PDGF, TGFβ)
 Granules denses : contiennent de l’ADP, l’ATP, le calcium et la sérotonine

Remarque : Le facteur de Willebrand provient des plaquettes et de l’endothélium.

3. Fonctions des plaquettes primaires : hémostase primaire

Les plaquettes jouent un rôle majeur dans l’hémostase primaire :

1. Adhésion à la MEC par l’intermédiaire du facteur de Willebrand (forme un


pont entre Gp 1b de la membrane plaquettaire et le collagène de la MEC)

2. Changement de forme des plaquettes qui deviennent plus plates et ceci


expose des phospholipides en surface qui favorise la coagulation
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3. Libération de granules qui servent au recrutement d’autres plaquettes

4. Agrégation plaquettaire (favorisée par le thromboxane A2 synthétisé par les


plaquettes) pour obstruer la perte de substrat

Lors de l’activation des plaquettes, l’ADP change la conformation d’une glycoprotéine de


surface, le Gp IIb-IIIa, qui se lie au fibrinogène.

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Complément sur le schéma :
Tous les facteurs de la coagulation ont été mis en évidence grâce aux
pathologies associées (maladies peu voire pas présentes dans le domaine animal),
notamment :
 la maladie de Willebrand chez le chien, une des plus fréquentes maladies
congénitales, où le facteur de Willebrand est non fonctionnel ou absent.
 le syndrome de Bernard Soulier présentant un déficit en GpIb
(uniquement en médecine humaine).
 la thrombasthénie de Glanzmann chez le chien, où GpIIa et IIIb sont non
fonctionnelles ou absentes.

C. Les facteurs de la coagulation : la cascade de la coagulation

1. Définition

Cascade de la coagulation = série de réactions enzymatiques :

 C’est une activation séquentielle d’un grand nombre de protéines plasmatiques,


de phospholipides membranaires et de calcium.

 Les facteurs de la coagulation sont numérotés de I à XIII, on rajoute un « a »


quand le facteur est activé. Attention le facteur VI n’existe pas !

Chaque réaction est le résultat de l’assemblage d’un complexe composé :

- d’une enzyme (le facteur de coagulation activée)


- d’un substrat (la forme proenzyme d’un facteur de coagulation)
- d’un cofacteur (accélérateur de la réaction, facultatif)

Exemple :
Le facteur XIa (le produit de la réaction) = facteur XIIa (enzyme) + facteur XI (substrat)
en présence de thrombine IIa (cofacteur).

De manière simplifiée, cette cascade est divisée en voies intrinsèque et extrinsèque (très
importante et prédominante in vivo) qui aboutissent toutes les deux à la formation du facteur
qui va permettre la formation de fibrine via une voie finale commune.

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2. Les facteurs de la coagulation

La cascade de la coagulation et ses facteurs sont à connaitre.

Remarque : la vitamine K synthétise des facteurs appartenant à toutes les voies de la


cascade, ainsi lors d’intoxications avec des anti-coagulants anti-vitamine K, toutes les
voies de la coagulation sont ralenties : fort risque d’hémorragie.

Voie intrinsèque Voie extrinsèque Voie finale commune

Facteur XII = facteur de Facteur XIII = facteur


Facteur VII =
Hageman stabilisant la fibrine
proconvertine

Facteur XI Facteur III = Facteur X = facteur de


thromboplastine Stuart

Facteur IX = facteur Facteur V = pro-


antihémophilique B accélérine
Facteur VIII = facteur Facteur II =
antihémophilique A prothrombine
Facteur IIa = thrombine

Facteurs soulignés : facteurs dépendants de la vitamine Facteur I = fibrinogène


K.

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• La voie intrinsèque met en jeu des composants sanguins uniquement.
C’est une cascade séquentielle qui débute par la reconnaissance d’une molécule signal
(HMWK collagène ou molécules de haut poids moléculaire) d'une lésion (ce sera revu dans
le cours sur l'inflammation) par le facteur de Hageman (XII). Ce facteur est transporté lié.
Le complexe ainsi formé est activé au contact du collagène (présenté lors d’une brèche).
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L’activation du facteur VIII est amplifiée par la thrombine qui n’est formée qu’à la fin de
la cascade : la réaction va donc être peu importante au départ puis être de plus en plus
importante au fur et à mesure de l’activation de la thrombine. Ensuite, il y activation
successive des facteurs XIa, Xa et IXa.

• La voie extrinsèque met en jeu des facteurs sanguins et non sanguins à partir du facteur
tissulaire des cellules endothéliales.
Elle est prédominante in vivo. Le facteur tissulaire (facteur III) active VIIa puis Xa.

• La voie commune de fin débute par le complexe [facteur Xa - Ca2+ - facteur Va-
Phospholipides membranaires] activant la thrombine (IIa) qui permet ainsi la formation
de fibrine.

3. Formation de la fibrine

Sous l'action de la thrombine en présence de calcium, le fibrinogène (I) se transforme


en fibrine (Ia), avec comme sous-produits les fibrinopeptides A et B (PDF).

La fibrine est formée sous forme de monomères, qui se polymérisent spontanément,


puis sont stabilisés par le facteur stabilisant XIIIa en présence de Ca2+. Le réseau formé
emprisonne les plaquettes qui comblent la brèche vasculaire et forment le caillot
secondaire, plus solide.

A l'issue de cette hémostase secondaire, l'association entre la fibrine polymérisée et la


contraction des plaquettes forme un "bouchon" très efficace.

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Remarque : des globules rouges ou des neutrophiles peuvent être piégés dans le caillot
secondaire.

4. La fibrinolyse

Fibrinolyse : dissolution du caillot quand la paroi du vaisseau est cicatrisée. La


fibrinolyse débute rapidement après la brèche vasculaire elle provoque la dégradation
de la fibrine.

Les produits de la dégradation de la fibrine (PDF) :

• Inhibent la thrombine, ce qui ralentit la coagulation


• Interfère avec la polymérisation de la fibrine
• Peuvent recouvrir la membrane plaquettaire pour inhiber l'agrégation
plaquettaire

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IV. La régulation de l’hémostase
A. Les inhibiteurs de la coagulation

Divers systèmes sont à l’origine de l’inhibition de la coagulation : voir schéma page 9

• l'antithrombine III (AT III) une sérine protéase produite par l’endothélium et les
hépatocytes. Elle peut dégrader tous les facteurs activés sauf le VIIa.
• le système protéine C - protéine S – thrombomoduline dégrade les facteurs Va
et VIIIa.
• les molécules héparine-like dégradent les facteurs IXa et Xa.
• l'inhibiteur du facteur tissulaire inhibe la voie extrinsèque de la coagulation et
notamment le facteur VIIa.

B. Les inhibiteurs de la fibrinolyse

Les systèmes inhibiteurs de la fibrinolyse sont :


• l’inhibiteur de l’activateur du plasminogène qui :
- favorise la stabilisation de la fibrine
- favorise l’inactivation de la protéine C activée et de la plasmine.
• les antiplasmines qui dégradent la plasmine protégée dans le caillot

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V. Méthodes d’exploration
Pour explorer l'hémostase, on peut analyser :

• Les plaquettes (hémostase primaire):


- La numération correspond au nombre de plaquettes dans un échantillon
sanguin : il y a entre 200 000 et 500 000 plaquettes/mm3.

- Le temps de saignement correspond au temps à partir duquel le sang ne


s’écoule plus sur une petite piqure effectuée sur l’animal (le plus souvent
sur l’oreille). L'hémostase primaire est ciblée.

• La coagulation (hémostase secondaire, sang sur anticoagulant) :


- Le temps de Quick correspond à l’étude de la voie extrinsèque.
- Le temps de Céphaline activée correspond à l’étude de la voie intrinsèque.
- Le temps de thrombine correspond à l’étude de la voie finale commune.
- Le dosage du fibrinogène est important car un manque de fibrine entraîne
un temps de coagulation anormal.
- Le dosage des PDF.

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Conclusion
Le minimum à retenir : le schéma de la coagulation, les mécanismes de l’hémostase
normale : la coagulation et la fibrinolyse, la cascade de la coagulation et les principaux
facteurs de coagulations

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Quizz :

Q1) Quelle combinaison des différentes propositions concernant l'hémostase après


lésion vasculaire est correcte ?

1- La voie extrinsèque débute par l'activation de facteur XII


2- L'adhésion des plaquettes à la MEC est facilitée par le facteur vWF
3- L'agrégation plaquettaire suit l'adhésion et la synthèse du thromboxane A2
par les plaquettes
4- La MEC du sous-endothélium après lésions endothéliales est fortement
thrombogène
5- Les inhibiteurs du plasminogène sont activés pour limiter le
développement du clou hémostatique au site de la lésion

Q2) L'agrégation plaquettaire lors de l'hémostase primaire est stimulée par :

1- NO
2- Prostacycline
3- ADP
4- Thromboxane A2
5- Thromboxane

Q3) Ces propriétés des cellules endothéliales sont anti-thrombosantes sauf une,
laquelle? :

1- Intégrité des cellules endothéliales


2- Sécrétion de NO
3- Présence de thrombomoduline sur la membrane des cellules endothéliales
4- Synthèse d'un activateur du plasminogène
5- Production d'ADP

Q4) L'adhésion des plaquettes à la MEC est médiée pendant l'hémostase primaire par:

1- La protéine GP IIb-IIIa
2- Le fibrinogène
3- L'ADP
4- Le thromboxane A2 5- Le facteur de Willebrand

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Q5) Quelle proposition concernant la cascade de coagulation est fausse ? :

1- La voie intrinsèque débute par l'activation du facteur de Hageman (XII)


2- Le facteur Xa permet l'activation de la prothrombine II en thrombine IIa
3- Le facteur tissulaire libéré par les cellules endothéliales déclenche la voie
extrinsèque
4- Les voies intrinsèque et extrinsèque aboutissent à l'activation du facteur IX en
IXa
5- Le facteur stabilisant la fibrine est le facteur XIIIa

Réponses : Q1) 2-3-4 Q2) 2-3-4 Q3) 5 Q4) 5 Q5) 4

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CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM


LES PATHOLOGIES VASCULAIRES
CM06-La thrombose et ses conséquences

Table des matières


I - DEFINITION ................................................................................................................................................................. 2
II - PATHOGENIE : LA TRIADE DE VIRCHOW .................................................................................................................... 2
A – Les lésions de l’endothélium............................................................................................................................. 3
B - L’état d’hypercoagulabilité ................................................................................................................................ 4
C - Modification du flux sanguin ............................................................................................................................. 5
III - MORPHOLOGIE DES THROMBI.................................................................................................................................. 6
A - Thrombi artériels (thrombus blanc) .................................................................................................................. 7
B - Thrombi cardiaques ........................................................................................................................................... 8
C - Thrombus veineux ............................................................................................................................................. 8
IV - EVOLUTION DES THROMBI ....................................................................................................................................... 9
V - CONSEQUENCES DES THROMBI............................................................................................................................... 11
A - L’infarctus ........................................................................................................................................................ 12
B - Infarcissement ................................................................................................................................................. 13
B - L’embolie.......................................................................................................................................................... 15

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I - DEFINITION

Thrombose : formation, du vivant de l’animal, d’un caillot inapproprié de fibrine et/ou de plaquettes au
niveau de la paroi vasculaire (vaisseaux sanguins ou lymphatiques) ou de la paroi cardiaque (endocarde).

Ce processus est toujours pathologique. Il correspond à un phénomène de coagulation plus marqué.

ATTENTION : il est important de bien distinguer les caillots post-mortem des thrombi. Des problèmes de
diagnostics différentiels, que nous étudierons ultérieurement, peuvent apparaitre.

II - PATHOGENIE : LA TRIADE DE VIRCHOW


La pathogénie du thrombus repose sur la triade de Virchow (les 3 facteurs principaux) :

• Une lésion physique de l’endothélium (surtout au niveau des artères et du cœur) ou une
altération de l’équilibre entre les activités coagulante et anticoagulante de l’endothélium
déclenche dans la majorité des cas le thrombus (ex : Strongylus Vulgaris dans l’artère
mésentérique crâniale, une IV réalisée avec un matériel non stérile…)
• Les thrombi peuvent aussi être déclenchés par un flux sanguin anormal (turbulences et/ou
stase). Le flux sanguin anormal peut lui-même être à l’origine de lésions et renforcer ainsi le
processus de thrombose.
• Une hypercoagulabilité (pas assez de fibrinolyse ou trop d’activateurs de la coagulation)
peuvent également participer au déclenchement d’une thrombose. En gros, cela correspond
à un déséquilibre entre les facteurs coagulants et les anticoagulants.
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A – Les lésions de l’endothélium

Les causes déterminantes des thrombi sont les lésions de l’endothélium vasculaire ou cardiaque.

1-Lésions physiques de l’endothélium

Ce sont des lésions physiques qui enclenchent au départ un phénomène d’hémostase classique mais
l’hémostase va persister et prendre des proportions exagérées. Plusieurs agents pathogènes peuvent
être à l’origine de ces lésions ou de la persistance de l’hémostase :

• virus endothéliotropes en majorité (adénovirus canin type I : Hépatite de


Rubarth du Chien, herpesvirus, arterivirus…)
• bactéries (Salmonelles, Mannheimia…)
• champignons (Aspergillus, Mucor…)
• nématodes (larves de Strongylus vulgaris chez le cheval qui vont provoquer
une thrombose au niveau de l’artère mésentérique crâniale, Dirofilaria immitis
chez le chien…)
• inflammations à médiation immune (complexe Ag-Ac)
• toxines (endotoxine (bactéries GRAM-) → CIVD cf. suite du cours)
• carences en vitamine E /sélénium
• intraveineuses mal réalisées (surtout chez le cheval)

2- Altérations de l’équilibre entre les activités coagulantes et anticoagulantes de l’endothélium

Le déséquilibre entre les activités coagulantes et anticoagulantes de l’endothélium est une autre cause
de thrombi.

 L’augmentation des facteurs pro-coagulants peut être due :

- à des substances pro-coagulantes (LPS, IL-1, TNF-α (facteurs médiateurs


de l’inflammation)), ce sont des facteurs anormaux qui favorisent la
coagulation
- au facteur tissulaire
- à une activité antifibrinolytique

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 La diminution des facteurs anticoagulants est quant à elle liée :

- à des facteurs de vasodilatation (PGI2, NO)


- à des substances anticoagulantes (thrombomoduline, héparine, inhibiteur
du facteur tissulaire)
- à des substances fibrinolytiques

B - L’état d’hypercoagulabilité

C’est le deuxième élément de la triade de Virchow. Ce phénomène d’hypercoagulabilité peut


être dû à :
- une augmentation de l’activation des facteurs de coagulation (syndrome
néphrotique...) et diminution de la quantité de protéines anticoagulantes
- une augmentation de l’activité des plaquettes
- une thrombocytose (trop de plaquettes) et polyglobulie : la viscosité du sang
augmente, ce qui favorise la coagulation.

1- Augmentation de l’activité des facteurs de coagulation et diminution de la


quantité de protéines anticoagulantes

La quantité de facteurs de coagulation activés augmente par activation de leur production ou


inhibition de leur dégradation (ex : une inflammation, une chirurgie, un néoplasme (tumeur) ou une
gestation vont entraîner une augmentation de la quantité de facteur tissulaire.)
Une diminution de la quantité de protéines anticoagulantes par défaut de production ou par
perte peut également induire de l’hypercoagulabilité (ex : le syndrome néphrotique).

Thrombose pulmonaire

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Remarque : le syndrome néphrotique est dû à des lésions glomérulaires (dépôt de substances
amyloïdes ou phénomène inflammatoire) avec défaut de filtration : passage de protéines dans les
urines, dont l’antithrombine III. Ceci peut provoquer des thromboses, et en cas de thrombose dans
les artères pulmonaires il peut y avoir mort de l’animal.

2-Augmentation de l’activité des plaquettes

Une dirofilariose ou certaines tumeurs (néoplasiques) peuvent être à l’origine de l’augmentation de


l’activité des plaquettes.

Filaires dans
le cœur droit
d’un chien

C - Modification du flux sanguin

La modification du flux sanguin correspond soit à un phénomène de stase, soit à un phénomène de


turbulence et parfois à l'association des deux.

1-Stase sanguine (surtout niveau veineux)

Lors de phénomènes de stase, le courant est ralenti ce qui diminue l’oxygénation.


D’autre part :
1/ le contact des plaquettes avec l’endothélium est favorisé, d'où l'activation des plaquettes
2/ la concentration des facteurs de la coagulation activés diminue
3/ le ralentissement de la circulation entraîne un retard de l’afflux des inhibiteurs de la coagulation
et une baisse de l’élimination des facteurs activés de la coagulation
4/ la diminution de l’oxygénation dans les zones de stase entraîne la promotion de l’activateur de
l’endothélium

Ces stases peuvent être locales (anévrisme vasculaire dû à Spirocerca lupi (Chien), Strongylus vulgaris
(Cheval) ou à une compression veineuse) ou généralisées (cardiomyopathies).

Remarque : Dans les veines le flux sanguin est naturellement ralenti et favorise donc le contact des
plaquettes avec l’endothélium.

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2-Phénomènes de turbulence

Physiologiquement, le flux est laminaire et les éléments


figurés du sang sont séparés de l’endothélium par une
mince couche de plasma. Les turbulences dans les
vaisseaux suppriment cette couche de plasma entre les
éléments figurés du sang et vont entraîner :
1/une stase locale
2/une augmentation de l’interaction entre les différents facteurs de coagulation au niveau
des lésions endothéliales.
3/ Lésions endothéliales

Les turbulences (! attention : peuvent être physiologiques !) peuvent être causées par:
- un changement de calibre du vaisseau sanguin
- un changement de direction du vaisseau sanguin (artère aorte et artères
iliaques)
- phénomènes pathologiques : ex : anévrysme (dilatation locale d’un
vaisseau, souvent une artère) de l’aorte du cheval (cheval : souvent
phénomène cicatriciel de par une infestation par strongylus vulgaris)

Anévrysme aorte Artérite vermineuse (Strongylus vulgaris) chez un cheval

III - MORPHOLOGIE DES THROMBI

La morphologie des thrombi va dépendre :

• de la cause sous-jacente
• de sa localisation (artères, myocarde, veines)
• de sa composition (type de vaisseau : proportion relative de plaquettes, de
fibrine et de globules rouges).

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Thrombus artériel cardiaque Thrombus veineux

Cause principale : Lésion endothéliale/turbulence Stase


1. Fermement adhérent 1. Très peu adhérent
2. Rouge gris beige (couleur 2. Hémorragique (beaucoup
Aspect morphologique relativement clair) d’hématies prises)
3. Friable 3. Occlusif
4. Occlusif ou non

A - Thrombi artériels (thrombus blanc)

Les thrombi artériels sont initiés par une lésion endothéliale ou des
turbulences. Le thrombus est essentiellement composé de plaquettes, de
fibrine et de peu de globules rouges (=thrombus blanc). La circulation
artérielle est trop rapide pour qu’il y ait stase des hématies et cela donne une
couleur claire au caillot.

Lignes de Zahn : alternance de


couches de plaquettes et de
couches de fibrine, ainsi que des
GR : donne une apparence
« feuilletée » au thrombus.

Caractéristiques du thrombus blanc

• Couleur rouge/gris/beige
• Fermement attaché au vaisseau (! très important !)
• Consistance friable (ce qui permet de le différencier d’un caillot post mortem
qui est plus élastique)
• Rarement occlusif (au moins au début) : il est mural
Remarque : les caillots post-mortem visibles en autopsie sont riches en hématies car ils correspondent
à un arrêt total de la circulation.

Thrombus mural (artère0) (mural=dans la paroi de la structure) Thrombus pulmonaire chez le chien

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Le thrombus s’allonge dans le sens du flux sanguin : une partie est plus adhérente à la paroi du
vaisseau que l’autre. La partie la moins adhérente peut parfois se détacher et passer dans la
circulation et former alors des emboles.

B - Thrombi cardiaques

Au niveau du cœur, les thrombi cardiaques ressemblent aux thrombi artériels. Ils peuvent être
localisés soit au niveau de la paroi (thrombus mural), soit au niveau des valvules (thrombus valvulaire
végétant, souvent associés à des inflammations bactériennes donnant alors des endocardites
végétantes valvulaires, forme la plus fréquente).
Les thrombi valvulaires sont très fragiles. Des fragments peuvent s’en détacher et partir dans la
circulation : ils peuvent être alors à l’origine de thrombo-embolies.
Origine infectieuse : présence de colonies bactériennes.

Thrombus valvulaire

C - Thrombus veineux

Les thrombi veineux s’observent dans les zones de stase. Du fait d’un flux sanguin ralenti et de
la diminution du taux d’élimination des facteurs activés de la coagulation, de nombreux globules
rouges s'accumulent : on parle donc de thrombus rouge hémorragique.

Thrombus veineux occlusif

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Caractéristiques du thrombus rouge :

• Couleur très foncée


• Points d’adhérence aux vaisseaux peu visibles
• Souvent de grande taille
• Occlusif
• Consistance molle

Pièges en salle d’autopsie : faire la différence entre caillot et thrombus :

Les caillots post mortem, ou caillots agoniques, sont sans


adhérence avec la paroi et élastiques, le plus souvent, rouge
foncé (sauf exception).

Surtout, il existe une séparation plasma/globule : on parle


de caillot biphasique. A la mort de l’animal, les éléments figurés
du sang sédimentent avant la coagulation (une phase claire vers
le haut avec le plasma et une phase sombre vers le bas avec les
éléments figurés).

Attention surtout au niveau du cœur, un caillot post-mortem peut paraître adhérent s’il est pris dans
les cordages tendineux et peut alors être confondu avec un thrombus cardiaque. Mais une légère
pression permet de la détacher et le caillot post mortem présente une consistance flasque.

Les caillots post mortem biphasiques (différents d’un thrombus) sont très courants chez les
chevaux qui possèdent naturellement une vitesse de sédimentation très rapide ou chez les animaux
anémiés, qui possèdent moins de globules rouges, et sédimentent donc plus facilement.

IV - EVOLUTION DES THROMBI


Il existe 4 évolutions possibles d’un thrombus (classées du pronostic le plus favorable au plus grave)

- La résolution qui correspond à une fibrinolyse, le vaisseau redevient normal. C’est l’issue
principale lorsque le thrombus est rapidement diagnostiqué et traité. (agent peu pathogène
par exemple)

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- La formation d’une organisation conjonctive à partir des macrophages qui phagocytent la
fibrine et qui recrutent des fibroblastes producteurs de collagène. Il s’agit d’un phénomène
de cicatrisation.

 Cas 1 : Thrombus non occlusif : le thrombus


diminue de taille et est converti en tissu
fibreux. Il est recouvert par des cellules
endothéliales et redevient alors non
thrombogène. La présence de ce thrombus
rétrécit le diamètre ce qui induit des
turbulences et favorise l’installation d’un
second thrombus.

 Cas 2 : Reperméation d’un thrombus


occlusif : il y a transformation de la fibrine en
collagène puis les cellules endothéliales
migrent dans la cicatrice pour former des
néocapillaires (avec endothélium). Le
passage d’hématies favorise la formation
ultérieure de thrombi.

Reperméation d'un thrombus

- La propagation correspond à une augmentation de taille du thrombus par auto-entretien :


les causes persistent d'où une persistance du thrombus qui favorise les turbulences et donc
le développement de thrombi. Le thrombus peut ainsi devenir occlusif. De plus, ce
phénomène favorise l’embolisation (détachement de morceaux de thrombus dans la
circulation générale). Chez les animaux cela est le plus souvent dû à des thrombi cardiaques
notamment valvulaires.

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V - CONSEQUENCES DES THROMBI

Les conséquences sont une réduction ou une oblitération du vaisseau avec ischémie en aval dans
le cas des artères ou stase en amont dans le cas des veines. Ces phénomènes dépendent :

• de la taille du thrombus et de son caractère occlusif. Plus le vaisseau touché a un grand diamètre,
plus c’est grave. Lorsqu’un petit vaisseau est lésé, il y a mise en place de la circulation collatérale.
• de sa vitesse de formation : plus la formation du thrombus est rapide et moins l’organisme a le temps
de s’adapter. Si le thrombus est lent, un phénomène de circulation collatérale est parfois possible (ex
: poumon). Si cette circulation collatérale est efficace, le thrombus peut être sans conséquence mais
ce cas est rare.
• de sa localisation. Par exemple, les thrombi peuvent être à l’origine de petits infarctus dans le rein
qui sont peu graves mais ils peuvent être très graves même s’ils touchent de minuscules vaisseaux
comme dans le cas de l’encéphale ou d’une artère coronaire qui irrigue le tissu nodal du cœur.
• de la vascularisation collatérale : dans certains organes, des collatérales peuvent compenser les
conséquences du thrombus (poumon). Cette compensation est impossible dans le rein.
• de la capacité de résolution/cicatrisation de l’organisme.
• du type d’organe

NB : L'ischémie se déroule dans les artères et a pour conséquence l'infarctus. La stase


quant à elle se déroule surtout dans les veines et conduit à un infarcissement.

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A - L’infarctus

Infarctus : foyer circonscrit de nécrose ischémique, consécutif à l’interruption brutale de


l’irrigation artérielle.

Attention : un infarctus n’est pas un arrêt de la circulation, il est secondaire à l’arrêt de la


circulation.
Il existe deux types d’infarctus, définis selon le type d’irrigation de l’organe :

• Les infarctus blancs sont purement ischémiques et se


produisent dans le cadre d’une vascularisation terminale
(rein, myocarde) : une seule artère irrigue le territoire donc
aucun relais n’est possible par l’irrigation périphérique (le
plus fréquent)
• Les infarctus rouges qui subissent une infiltration
sanguine secondaire et qui ont lieu dans le cadre d’une
vascularisation large avec des collatérales (foie, rate et
poumon).

Les causes de l’infarctus peuvent être une thrombose, une embolie ou une thrombo-embolie (le
thrombus se détache et s’arrête dans un vaisseau). Il est plus fréquent dans les organes à
vascularisation terminale (rein, myocarde).

Remarque : l'infarctus est d'abord rouge, puis il devient blanc s'il n'y a pas de vascularisation
collatérale.
1- Observations microscopiques

Lors de l’étude histologique, on observe une nécrose de coagulation avec une architecture
du tissu conservée mais une perte des détails cellulaires (cf. cours Les lésions cellulaires).

2-Observations macroscopiques

La lésion présente une forme pyramidale plus ou moins profonde selon le vaisseau. Dans un
premier temps, le sang afflue des vaisseaux qui se nécrosent (infarctus rouge) puis est éliminé
(résorption des hématies). La pyramide forme alors un relief, où le tissu en hypoxie se nécrose
(infarctus blanc) (blanc au centre et rouge en périphérie à cause d’une inflammation). Le tissu
devient alors fibreux, blanc, ferme, formant une dépression par rapport à la surface de l’organe.

Les conséquences des infarctus dépendent essentiellement de l’organe atteint : les ¾ des
infarctus du rein n’entraînent pas d’insuffisance rénale. Les infarctus du myocarde dépendent
de la localisation de la lésion : si elle se situe au niveau du tissu nodal, il y a un risque d’arrêt
cardiaque.

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Observations macroscopiques liées à un infarctus

B - Infarcissement

Infarcissement : lésion de nécrose hémorragique consécutive à l’arrêt du courant circulatoire


veineux.
L’infarcissement est un phénomène souvent aigu et avec
une clinique importante (surtout au niveau digestif).

Les causes de l’infarcissement peuvent être :


• une thrombose veineuse (surtout chez l'Homme)
• une torsion et un déplacement d’organes qui peuvent
être multiples, entrainant alors des stases (en
médecine vétérinaire)

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 Dilatation torsion de l’estomac surtout chez le
chien. C’est l’urgence vétérinaire par excellence
car le chien peut mourir en l’espace d’une nuit.
Cependant ce n’est pas facile à détecter pour le
propriétaire : le chien veut vomir mais n’y
parvient pas. Cela arrive souvent chez le grand
chien qui fait de l’exercice après un repas.
Photo : Stase avec infarcissement veineux au
niveau de la rate et de l’estomac.
Nécrose hémorragique de la paroi de l’estomac.

 Volvulus : torsion du mésentère sur lui-même à


l’origine d’une stase du sang, provoquant un
thrombus veineux et un infarcissement de la
portion intestinale associée. (phnomène de
stase et de nécrose hémorragique)
Photo : Torsion du mésentère avec dilatation
des veines.

 Invagination intestinale : l’intestin se replie


dans lui-même. Le mésentère est entrainé ce
qui provoque un collapsus des veines. La partie
invaginée se nécrose.
Photo : on distingue la partie invaginée
nécrosée. Il s’agit d’une intussuception.
NB : A ne pas confondre avec invagination
agonique (remarque fin de §)

 Hernie inguinale étranglée : perforation de la


paroi abdominale à travers l’anneau inguinal. Il
y a alors possibilité de passage des anses
intestinales et compressions des pédicules
vasculaires.

 (torsion utérus, de lobes pulmonaires….)

En pathologie vétérinaire, la cause la plus fréquente d’infarcissement est la torsion et le


déplacement d’organes qui provoque un écrasement du pédicule vasculaire. La paroi artérielle,
plus épaisse, laisse encore passer le sang. La veine, qui a une paroi fine, se collabe et n’assure
plus le retour veineux d’où une stase, qui provoque une nécrose hémorragique.

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Cette lésion est toujours grave et nécessite une intervention rapide. De plus, pour les lésions
digestives, cette lésion est souvent associée à un choc occlusif, c'est-à-dire à un arrêt du transit
intestinal, qui peut ensuite avoir des difficultés à redémarrer.

Remarque : Attention à ne pas confondre invagination pathologique et agonique :


L'invagination agonique survient au moment de la mort de l’animal mais n’est pas une cause
de décès et n'est pas due à un phénomène vasculaire. Dans ce cas, il est facile de dévaginer
l’intestin en tirant dessus et il n’y a pas de nécrose de la partie invaginée.

C - L’embolie

Embolie : Oblitération brusque, partielle ou totale d’un vaisseau par un corps étranger
entraîné par la circulation.

Des petits morceaux de thrombus se détachent, se retrouvent dans la circulation et


bouchent des vaisseaux lorsque le diamètre est trop petit pour permettre leur circulation
(cas des thrombo-embolies
On dit que le corps étranger est une embole. Le sens habituel du cheminement de
l’embole est celui du courant sanguin.
Ainsi :

 Un thrombus veineux entraine une


embolie pulmonaire
 un thrombus artériel entraine une
embolie des artérioles
locales
 un thrombus cardiaque gauche
entraine une embolie à la
bifurcation aortique (cf photo)
 un thrombus cardiaque droit
entraine une embolie de l’artère
pulmonaire.
Embolie à la bifurcation aortique

Il existe différents types d’embolies d’après la nature de l’embole:

 Thrombo-embolie si l’embole est un thrombus ou un fragment de thrombus qui s’est


détaché. Cela représente 90% des embolies.
 Embolie bactérienne, parasitaire ou mycotique
 Embolie causée par les cellules cancéreuses = métastases
 Embolies gazeuse, graisseuse ou amniotique (anecdotique)

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Les conséquences de l’embolie sont variées :

- Si les emboles sont des cellules tumorales on a


alors des métastases.
Photo : métastases pulmonaires d’un sarcome
(tumeur d’origine mésenchymateuse qui métastase
par voie sanguine) chez un chien

- Si les emboles sont des bactéries, on a alors


formation de microabcès par des processus faisant
intervenir les polynucléaires neutrophiles. Par
exemple, si la bactérie s’arrête au niveau du
glomérule rénal on peut avoir une néphrite
embolique.
Photo : néphrite embolique chez le cheval
(actinobacillus equuli). Les points clairs sont des
microabcès.

- Si l’embolie arrête la circulation sanguine, il y


aura alors ischémie et infarctus.
Photo : thrombo-embolie au niveau de l’aorte terminale,
au commencement des deux artères iliaques.

A SAVOIR :

Les définitions : thrombose, infarctus, infarcissement, embolie.


La Triade de Virchow, caractérisant les trois principaux facteurs de la thrombose : Lésion de l’endothélium,
l’hypercoagulabilité, flux de sang anormal.

Les conséquences d’un thrombus : infarctus, embolie, infarcissement.


L’évolution d’un thrombus : résolution ou formation d’une organisation conjonctive (soit thrombus non occlusif,
soit reperméation d’un thrombus occlusif) ou propagation.

Connaître la différence entre thrombus veineux et thrombus artériel ainsi que leurs caractéristiques
morphologiques.

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CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

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REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM


LES PATHOLOGIES VASCULAIRES

CM07 : CIVD, hémorragies et chocs

Table des matières


LES PATHOLOGIES VASCULAIRES .................................................................................................. 1
La CIVD : coagulation intravasculaire disséminée........................................................................ 3
I. Circonstances d’appartiton ............................................................................................................ 3
II. Pathogénie ......................................................................................................................................... 4
III. Les lésions ......................................................................................................................................... 5
A. Macroscopie .................................................................................................................................. 5
B. Histologie ....................................................................................................................................... 5
IV. Diagnostic ......................................................................................................................................... 6
V. Conséquences des CIVD .................................................................................................................... 6
L’hémorragie .................................................................................................................................. 7
I. Etiologie et pathogénie .................................................................................................................. 7
A. Lésions vasculaires pariétales ........................................................................................................ 7
B. Troubles de la fonction hémostatique .......................................................................................... 8
C. Lésions endothéliales (virus, bactéries, urée, complexe immuns…) ........................................... 10
D. Fragilité vasculaire anormale ...................................................................................................... 10
II. Les différents types d’hémorragies ................................................................................................. 11
A. Dans les tissus (hémorragies interstitielles) ................................................................................ 11
B. Dans les cavités (hémorragies internes ou cavitaires) ................................................................ 12
C. Hémorragies externes ou extériorisées ....................................................................................... 12

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III. Evolution des hémorragies ............................................................................................................. 13
A. Hémorragie interstitielle ............................................................................................................. 13
B. Hémorragie collectée................................................................................................................... 13
IV. Conséquences des hémorragies ..................................................................................................... 14
Les chocs ...................................................................................................................................... 15
I. Définition ......................................................................................................................................... 15
II. Choc hypovolémique ....................................................................................................................... 15
A. Les causes .................................................................................................................................... 15
B. Mécanismes compensateurs et leurs rôles ................................................................................. 16
III. Le choc cardiogénique .................................................................................................................... 16
A. Les causes .................................................................................................................................... 16
B. Mécanismes compensateurs ....................................................................................................... 16
IV. Le choc septique ............................................................................................................................. 17
V. Le choc neurogénique ..................................................................................................................... 18
VI. Le choc anaphylactique (rare en médecine vétérinaire) ................................................................ 18
VII. Les signes cliniques du choc .......................................................................................................... 18
VIII. Les lésions du choc...................................................................................................................... 19
IX. Les diffèrentes phases du choc....................................................................................................... 19

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La CIVD : coagulation intravasculaire disséminée

Coagulation intra-vasculaire disséminée (CIVD) : Processus pathologique résultant


d’un phénomène de microthromboses intracapillaires disséminées dans tout
l’organisme.

C’est un trouble de l’hémostase particulier et un phénomène pathologique grave.

I. Circonstances d’appartiton
Les circonstances d’apparition d’une CIVD sont :
• Une destruction tissulaire massive, lors de brûlures étendues ou d’écrasement
tissulaire par traumatisme qui provoquent la libération de thromboplastine tissulaire
et active ainsi la voie extrinsèque de la coagulation
• Des tumeurs malignes qui peuvent activer la thromboplastine tissulaire
• Des lésions endothéliales diffuses (virus, bactéries, endotoxine, …)
• Une stase ou une hémoconcentration : la disponibilité en O2 diminue ce qui provoque
une activation des cellules endothéliales et la libération de thromboplastine (cf. cours
sur les thromboses)
• Des complications obstétricales (rétention in-utéro d’un fœtus mort, rétention
placentaire surtout chez la jument) à l’origine de la libération de thromboplastine
tissulaire.
• des facteurs de coagulation activés par des enzymes anormalement présentes dans la
circulation sanguine (ex : du venin de serpent, plus anecdotique).

Dans tous les cas, il y a libération importante de facteurs tissulaires.

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II. Pathogénie
La pathogénie se traduit par des hémorragies à résolution difficile.
En première phase, il y a formation d’une très grande quantité de thrombine ce qui
provoque des micro-thrombi. La fibrinolyse entraine la formation de nombreux PDF
(= produits de dégradation de la firbrine), amenant à l’épuisement des facteurs de
coagulation et des plaquettes.

En deuxième phase, l’épuisement des facteurs de coagulation et des plaquettes


entraine la formation d’hémorragies. La thrombine formée peut se lier à la
thrombomoduline quand elle est en grande quantité et dégrader les facteurs VIIIa et
Va ce qui va favoriser d’autant plus les hémorragies.

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III. Les lésions

A. Macroscopie

On observe des hémorragies multiples diffuses interstitielles et cavitaires. Les


phénomènes de microthrombose sont peu visibles. De façon inconstante, on peut
observer des infarctus multiples de petite taille.
Ils sont néanmoins rarement trouvés en autopsie car ils seront lysés par la fibrine
en évolution terminale.

Nombreuses hémorragies
de petite taille.

B. Histologie
Les micro-thrombi subissent une fibrinolyse au moment de la mort de l’animal. On retrouve des
lésions de nécrose ischémique disséminée et des hémorragies.

Substance éosinophile :
présence de fibrine dans les
capillaires

Hématies en dehors des


capillaires
 Signe d’hémorragie

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IV. Diagnostic
Le diagnostic est difficile. Il faut explorer l’hémostase. D’un point de vue clinique,
on a un syndrome hémorragique. Le diagnostic biologique peut être réalisé suivant
différentes analyses :

Augmentation :
• Des PDF (le plus caractéristique)
• Du temps de saignement (causée par la diminution des plaquettes)
• De tous les temps de coagulation (fibrinogène consommé)
- Temps de Quick
- Temps de Céphaline
- Temps de thrombine

Diminution :
• Du nombre de plaquette (thrombopénie)
• De la concentration du fibrinogène

De façon anecdotique, on observe sur un frottis sanguin des globules rouges fragmentés.

V. Conséquences des CIVD


Les conséquences sont toujours graves, et dépendent de l’organe touché
(très grave dans le cas de l’encéphale ou du cœur). Les problèmes peuvent être liés
à la première phase, avec possibilité de thrombose ou d’infarctus, ou à la deuxième
phase, qui peut entraîner un choc hémorragique (avec des pertes sanguines très
importantes).

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L’hémorragie
Hémorragie : Lésion caractérisée par une effusion de sang hors de l’appareil
circulatoire.
L’hémorragie peut être interstitielle (dans les tissus), cavitaire (thorax, abdomen,
cavité péricardique, cavité articulaire…) ou extériorisée (le sang coule à l’extérieur).

I. Etiologie et pathogénie
Il y a de multiples causes, une seule partie des hémorragies est due à des troubles de l’hémostase
certaines sont aussi dues à des lésions et ruptures des vaisseaux.

A. Lésions vasculaires pariétales

Une lésion peut arriver après un traumatisme, une érosion due à une inflammation ou à cause d’un
phénomène néoplasique.

Photo : Cas de rupture de la carotide interne chez


le cheval suite à une inflammation due à des
champignons Aspergillus ( Mycose au niveau des
poches gutturales) qui ont un tropisme pour les
vaisseaux. L’hémorragie provoquée par cette
rupture entraîne la mort de l’animal.

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B. Troubles de la fonction hémostatique

1. Troubles de l’hémostase primaire

• Les thrombopénies

C’est une diminution du nombre de plaquettes dans le sang. L’hémorragie est inévitable lorsqu’on
descend en dessous de 50 000 plaquettes/μL.
Différentes causes peuvent en être à l’origine :
→ Thrombopénie centrale : une diminution de la production donc une atteinte de la lignée
mégacaryocytaire (dans la moelle osseuse) avec différentes causes possibles : radiation,
œstrogènes, virus, prolifération cellulaire anormale type leucémie. Cette insuffisance médullaire
peut également toucher toutes les autres lignées des éléments figurés du sang. Dans ce cas le
pronostic est très négatif.

Intoxication aux oestrogènes (thrombopénie centrale)

→ Thrombopénie périphérique :
- Par augmentation de leur destruction, le plus souvent à médiation immune avec production
d’anticorps anti-plaquettes (Maladie Auto Immune : production d’Ac anti- Gp IIb- IIIa). Dans ce
cas, si on réalise une ponction de moelle, elle sera riche en mégacaryocytes destinés à rétablir un
« nombre normal » de plaquettes. On a un meilleur pronostic.
- Par augmentation de leur consommation (lors de CIVD, thrombi). Par exemple, lors de tumeurs
de la rate (hémangiosarcomes) qui sont des grosses tumeurs qui saignent, il y a une
consommation excessive de plaquettes.

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• Les thrombopathies

Dans ce cas-là, la numération plaquettaire est normale, mais le fonctionnement de ces plaquettes est
anormal. Elles peuvent avoir 2 origines :

→ Les thrombopathies congénitales (ex : Maladie de Willebrand)

→ Les thrombopathies acquises :

- Consécutives à l’administration d’AINS (ex : aspirine), ce qui diminue la synthèse de


Thromboxane A2 (important pour l’agrégation plaquettaire)
- Dues à la présence d’auto-Ac anti-facteur de Willebrand : les anticorps adhèrent là où les
plaquettes doivent se placer normalement et empêchent alors leur adhésion

- Suite à une intoxication aux œstrogènes.

2. Troubles de la coagulation plasmatique (hémostase secondaire)

• Troubles congénitaux

Ils sont en général mono-factoriels. Ces troubles provoquent des hémorragies subcliniques à
sévères et ne sont pas très fréquents. On dispose à l’heure actuelle de nombreux exemples en
pathologie animale de carence en facteur (pour info) :
- Facteur I : rare : CN (bouvier bernois, colley..), chèvre
- Facteur II : rare : CN (boxer)
- Facteur VII : rare CN (beagle boxer, bulldog.)
- Facteur X : rare CN (cocker, Jack Russel)
- Facteur XII : Ct, rarement CN → pas d’hémorragie
- Facteur XI : BV et CN → hémorragie après chirurgie
- Facteur IX : hémophilie B CN et CT. + sévère grands CN
- Facteur VIII : hémophilie A CN, CV, BV, Mt, CT
- Facteurs vitamine K dépendants : rare Chat Devon Rex

A retenir :

- Les troubles concernant les facteurs IX et VIII sont les plus fréquents.
- Le facteur XII déclenche la voie intrinsèque. Or il n’est pas à l’origine
d’hémorragies, ce qui prouve qu’in vivo, c’est la voie extrinsèque qui
domine.

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• Troubles acquis

Ils sont généralement plurifactoriels, ils ont diverses causes :


 Une trop grande consommation de plaquettes : le plus fréquent, surtout lors d’une CIVD

 Une diminution de production des facteurs de coagulation : à cause d’une insuffisance


hépatique (le foie produit la majorité des facteurs), de troubles du métabolisme de la
vitamine K ou des protéine C (désactive le facteur V et VIII) et protéine S (qui est un
cofacteur). (ex : lors d’une pathologie hépatique chronique, comme la cirrhose)

 Une intoxication, par exemple par des raticides qui sont des anti vitamines K souvent
appétants (c’est donc une intoxication fréquente chez les chiens…). Cette intoxication va
diminuer la quantité de tous les facteurs dépendant de la vitamine K et va donc affecter
toutes les voies de la coagulation.

C. Lésions endothéliales (virus, bactéries, urée, complexe immuns…)

Une insuffisance rénale chronique augmente la


concentration plasmatique d’urée, toxique à forte dose
pour l'endothélium, et provoque des nécroses et des
calcifications vasculaires à l’origine d’hémorragies. Les
parois des vaisseaux sanguins de l’estomac sont lésées.

Hémorragie gastrique après insuffisance rénale (urémie)

D. Fragilité vasculaire anormale

Une carence en vitamine C chez les primates ou les cobayes provoque la


formation d’un collagène anormal qui peut entraîner des hémorragies par
fragilité vasculaire. Ces hémorragies ont souvent lieu au niveau sous cutané
ou au niveau des articulations.

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II. Les différents types d’hémorragies
Tout le vocabulaire défini dans cette partie est à connaître.

A. Dans les tissus (hémorragies interstitielles)

 Les pétéchies : lésions punctiformes (en forme de point car elles sont toutes petites, quelques
mm). Souvent rencontrées lors de septicémies.
 Les suffusions / ecchymoses : lésions plus grandes sans tuméfaction de l’organe.
 Les hématomes : lésions avec tuméfaction de l’organe (rate surtout)
 Le purpura : pétéchies et/ou suffusions et/ou hématomes dans plusieurs organes.

Hématome splénique : déformation de l’organe Pétéchies sur un rein de veau

Suffusions et ecchymoses sur un estomac

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B. Dans les cavités (hémorragies internes ou cavitaires)

Leurs noms désignent la cavité dans laquelle est retrouvé le sang. On distingue :
 Hémothorax
 Hémopéritoine
 Hémopéricarde
 Hémarthose (dans les articulations, surtout lors d’hémophilies)

Sang coagulé

Hémopéricarde sur un chien intoxiqué aux anti-coagulants

C. Hémorragies externes ou extériorisées

La nomenclature permet de connaître l’origine de l’extravasation sanguine. On va distinguer :

 Une hématémèse : par la bouche et d’origine digestive


 Une hémoptysie : d’origine pulmonaire
 Une épistaxis : au niveau des narines ou des naseaux (a pour origine les cavités nasales ou les
poumons)
 Une hématurie : par les urines
 Une rectorragie : par l’anus (sang rouge non digéré, d’origine rectale)
 Un méléna : par l’anus (le sang sera digéré avec un aspect noir)
 Une métrorragie : par la vulve (hémorragie utérine)

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III. Evolution des hémorragies

A. Hémorragie interstitielle

• Si l’hémorragie est de petite taille, on observe une résorption in situ et un retour à la normale.

• Si l’hémorragie est de taille plus


importante, on aura un drainage dans le
ganglion lymphatique satellite (aspect des
nœuds et vaisseaux lymphatiques plus gros
et marron, couleur due à l’hémosidérine,
colorée bleue au Perls).

Macrophages ayant phagocyté des hématies


(erythrophagocytose) contenant de
l’hémosidérine

• Si l’hémorragie est très importante, le tissu infiltré sera en hypoxie et en acidose, d’où le développement
d’une nécrose.

B. Hémorragie collectée

Les petits hématomes seront résorbés. Pour les hématomes de plus grande taille, on aura un
enkystement par une coque conjonctive (qui renferme du sang modifié) ou une évolution vers une
organisation conjonctive (l'hématome entier évolue vers du tissu fibreux).

Hématome enkysté Extrémité cicatrisée Extrémité enkystée

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IV. Conséquences des hémorragies
Les conséquences dépendent :

• de la localisation de l’hémorragie (si l’encéphale ou le cœur est touché, c’est beaucoup plus
grave qu’ailleurs et même une petite hémorragie peut être mortelle)
• de sa vitesse (si elle est rapide cela va provoquer un choc hypovolémique ou hémorragique. Si
elle est lente, on peut la compenser avec une augmentation de l’érythropoïèse) de la quantité
de sang perdue

Les conséquences peuvent être :

• générales : le choc hémorragique quand il s’agit d’une hémorragie importante. Il conduit à la


mort s’il n’est pas traité immédiatement.

• mécaniques : si elle intervient dans le crâne, on aura une hausse de la pression intracrânienne ;
tamponnade lors d’un hémopéricarde (le sang empêche le cœur de battre normalement et la
perte de sang n’explique pas la mort).

• hématologiques :
- anémie aiguë régénérative, il s’agit d’une hémorragie marquée mais qui reste raisonnable.
- anémie chronique hypo-régénérative (entraîne un manque de fer). Les pertes de sang sont
discrètes mais répétées.

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Les chocs
I. Définition
Choc : Trouble circulatoire aigu et sévère caractérisé par une hypoperfusion systémique
résultant :
- d’une insuffisance cardiaque ou
- d’une disproportion entre le volume sanguin et le volume du système circulatoire qui
doit être rempli (on a alors un collapsus cardiovasculaire).

Insuffisance cardiaque
Ou
Disproportion entre V Hypoperfusion Hypoxie Disfonctionnement
sanguin et V du système Hypotension tissulaire des organes vitaux
cellulaire
circulatoire

Toute cette cascade est initialement réversible.


Les chocs sont classés en 3 types différents :

• le choc hypovolémique : perte de sang (hémorragies) ou de plasma (brulures,


gastroentérites…), le volume de liquide est anormal.
• le choc cardiogénique : la pompe cardiaque ne marche plus, ce choc peut être dû à un
infarctus, une tamponnade, une embolie pulmonaire, une myocardite, entraînant une stase
généralisée
• le choc par vasodilatation systémique : il y a assez de sang mais la résistance vasculaire
diminue ce qui augmente le volume à remplir pour une même quantité de sang. De plus, il y
a souvent en parallèle une augmentation de la perméabilité vasculaire qui entraîne une
perte de liquide. Il existe trois types de chocs par vasodilatation en fonction des causes qui
entraînent le choc :
- le choc septique : septicémie, surtout par des bactéries à Gram (-) = choc
endotoxémique par le LPS (mais aussi Gram (+)).
- le choc neurogénique lié au système nerveux autonome (moins fréquent)
- le choc anaphylactique (moins fréquent)

II. Choc hypovolémique


A. Les causes
 Hémorragies massives : c’est le choc hémorragique
 Perte de plasma : brûlures étendues, déshydratation consécutives à des vomissements ou
diarrhées
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B. Mécanismes compensateurs et leurs rôles

Ils ne sont efficaces que s’il y a une perte de moins de 10% du volume sanguin. Leur rôle est le maintien
de la perfusion des organes nobles en favorisant la rétention hydrosaline.

 vasoconstriction (par le système nerveux sympathique : adrénaline, noradrénaline) → Pour


favoriser le fonctionnement des organes nobles (cœur, reins, encéphale) au détriment des
organes moins importants (peau, tube digestif).

 système rénine angiotensine aldostérone : rétention hydrosaline (Na et eau) par les reins et
augmentation de la pression artérielle
→ Pour favoriser la rétention hydrosaline.

III. Le choc cardiogénique

A. Les causes

Les causes sont tous les phénomènes qui empêchent le cœur de battre normalement :

 Myocardites, cardiomyopathies primitives, dégénérescence et nécrose du myocarde

 Infarctus du myocarde, même s'il est de petite taille, lorsqu’il se situe sur une zone de
conduction

 Tamponnade (liquide présent dans la cavité péricardique, empêchant le cœur de battre


correctement).

 Embolie pulmonaire, sténose aortique

B. Mécanismes compensateurs

Les mécanismes compensateurs sont en général non efficaces (augmentation du volume sanguin
sans augmenter le volume d'éjection). On va donc avoir une stase, d’où une hypoperfusion, une
hypoxie et le choc.
Dans ce cas, la rétention hydrosaline ne va rien arranger et va même augmenter la stase puisqu’il
y aura plus de liquide pour un même volume qui ne circule plus.
Le pronostic est donc mauvais sauf exceptions (exemple de la tamponnade : si l'on arrête
l'hémorragie et qu'on enlève le liquide de la cavité péricardique, le cœur peut recommencer à battre
normalement).

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IV. Le choc septique
On aura dans ce cas une mauvaise distribution sanguine avec diminution de la résistance
vasculaire périphérique et accumulation de sang dans les tissus périphériques, donc une
vasodilatation systémique, puis la cascade suivante :

Vasodilatation Diminution du
Hypoperfusion Hypoxie Choc
systémique volume sanguin
efficace

Dans le choc septique, la vasodilatation est due à des toxines des bactéries (LPS) ou des champignons
avec libération de médiateurs vaso-actifs et de médiateurs inflammatoires.

• Causes :
- Endotoxines des bactéries Gram (+), LPS (lipopolysaccharide)
- Molécules analogues dans la paroi de certaines bactéries Gram + et certains champignons

Le choc septique peut être reproduit par injection de LPS.

• Pathogénie :

Le LPS circulant se lie à des protéines (LPS binding protein) puis à des récepteurs cellulaires sur les cellules
endothéliales ou sur les leucocytes, il agit à 3 niveaux :

- Lorsqu’il se fixe sur les cellules endothéliales, il inhibe des mécanismes anticoagulants
notamment de l’inhibiteur du facteur tissulaire de la voie extrinsèque de la coagulation,
- LPS active le Facteur XII (voie intrinsèque de la coagulation),
- Lorsqu’il se fixe sur les leucocytes, il les active, ce qui induit la production de cytokines
(notamment IL1 et TNF).

A forte dose de LPS, les cytokines et médiateurs provoquent :


• Une vasodilatation systémique et donc une hypotension,
• Une diminution de la contraction cardiaque
• Des lésions endothéliales diffuses qui activent de la coagulation et engendrent une CIVD
• Des lésions endothéliales des capillaires de l’hématose provoquant un œdème et une détresse
respiratoire aiguë.
Remarque : En petite quantité, le LPS entraîne une inflammation locale (cf cours plus tard). En moyenne
quantité, il cause de la fièvre et des effets systémiques (activation des leucocytes).

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V. Le choc neurogénique
Il est dû à des traumatismes, notamment au niveau du système nerveux (électrocution, stress…).
On aura donc activation du système nerveux autonome, ce qui entraîne une vasodilatation périphérique,
donc une hypotension, une hypoperfusion tissulaire et le choc.

C’est ce qui peut se produire par exemple dans les élevages d’oiseaux quand on ouvre la porte
brusquement et que certains oiseaux meurent subitement.

VI. Le choc anaphylactique (rare en médecine


vétérinaire)
Le choc provient d’une hypersensibilité immunitaire de type I généralisée consécutive à la réaction
d’un Ag (allergène) avec un Ac spécifique de type IgE fixé sur la membrane des mastocytes d’un sujet
sensibilisé (nécessité d'un premier contact, pendant lequel il y a juste formation de l’IgE. Puis au second
contact, fixation de l’Ag sur l’IgE, puis sur les mastocytes…).

La fixation ultérieure de l’Ag sur l’IgE entraîne une dégranulation des mastocytes, donc une libération
d’histamine, de sérotonine et de PAF (plaquette active factor). Il en résulte une vasodilatation systémique,
donc une hypotension et une hypoperfusion tissulaire.

Les lésions observées sont : un érythème cutané généralisé, un œdème généralisé dont un œdème laryngé
et un œdème pulmonaire aigu qui vont entraîner une détresse respiratoire aiguë.

C’est ce qui se passe lors de piqûre d’abeille sur un individu allergique par exemple (qui sera traité en IV
par corticostéroïdes).

VII. Les signes cliniques du choc


Différents signes cliniques sont observables, ils sont en général similaires quelle que soit
l’origine du choc :

• l’animal sera léthargique. Il ne présentera aucune réponse aux stimuli extérieurs


• la peau de l’animal sera pâle et froide (à cause de la vasoconstriction)
• l’animal sera en tachycardie (en compensation)
• l’animal présentera une oligurie (peu d’urine) voire une anurie.
• l’animal sera en hypothermie

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VIII. Les lésions du choc
Les lésions dépendent de la vitesse à laquelle l'animal va mourir. En effet, plus la
mort est rapide et moins les lésions dues au choc seront visibles. Il s'agit
principalement de nécroses. Elles sont surtout dues à l’hypoxie :
• sur le myocarde : nécrose de coagulation focale ou étendue, nécrose hémorragique
• sur le rein : nécrose ischémique des tubes
• sur le poumon : lésions alvéolaires diffuses
• au niveau des surrénales : nécrose hémorragique
• au niveau de l’encéphale : nécrose → foyer de ramollissement (car nécrose de
liquéfaction)
• sur le foie : stase, nécrose surtout centrolobulaire
• sur le tractus gastro-intestinal : entéropathie hémorragique

IX. Les diffèrentes phases du choc


Un choc non traité entraîne forcément la mort de l'animal. Le point d’irréversibilité est mal
défini.
Les différentes phases du choc (avec traitement) sont :
• une phase initiale : à ce stade, les lésions sont réversibles si le traitement est
adapté. Le meilleur pronostic va au choc hypovolémique où l'ajout de sang ou de
liquide permet un retour à la normale.
• une phase de progression : il y a hypoperfusion et acidose
• une phase irréversible avec des lésions de dégénérescence et de nécrose trop
étendues pour qu’on puisse empêcher la mort. Ainsi, même si l'on ajoute du
sang à ce stade pour un choc hypovolémique, il y a déjà trop de nécroses.

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CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM


CM 09 : L’INFLAMMATION

Table des matières


Objectifs ............................................................................................................................................................... 3
Introduction ......................................................................................................................................................... 4
Etiologies .............................................................................................................................................................. 5
L’inflammation aiguë ........................................................................................................................................... 6
I. Déroulement de l’inflammation .............................................................................................................. 6
A. La phase exsudative ou vasculaire........................................................................................................... 6
B. La phase cellulaire ................................................................................................................................... 9
II. La fin de la réponse l’inflammation .......................................................................................................15
III. Les types d’inflammation aiguë et leur aspect morphologique ............................................................16
IV. Les effets systémiques de l’inflammation aigüe (la réponse de la phase aigüe) .................................22
L’inflammation chronique ................................................................................................................................24
I. Les phénomènes inflammatoires ..........................................................................................................24
II. La réparation tissulaire ..........................................................................................................................25
A. L’angiogenèse ........................................................................................................................................26
B. La fibrogénèse .......................................................................................................................................28
C. Maturation du tissu fibreux ...................................................................................................................29
III. Les types d’inflammation chronique et leur aspect morphologique ....................................................31
Les médiateurs de l’inflammation.....................................................................................................................37
I. Les médiateurs d’origine cellulaire ........................................................................................................38
A. Histamine et sérotonine ........................................................................................................................38
B. Les métabolites de l’acide arachidonique .............................................................................................39
C. Le PAF (platelet aggregating factor) ......................................................................................................41
D. Les radicaux dérivés de l’oxygène .........................................................................................................41
E. L’oxyde nitrique (NO) ............................................................................................................................42

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F. Les cytokines et les chémokines ............................................................................................................42
G. Les neuropeptides .................................................................................................................................43
II. Les médiateurs d’origine plasmatique ..................................................................................................44
A. Le complément.......................................................................................................................................44
B. La coagulation ........................................................................................................................................45
C. Le système des kinines ...........................................................................................................................46

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Objectifs
1. Connaître la définition de :

 Inflammation aigue
 Inflammation chronique
 Diapédèse leucocytaire
 Chimiotaxie
 Régénération et réparation tissulaire
 Angiogenèse
 Tissu de granulation

2. Savoir lister les causes d’une inflammation

3. Connaitre le déroulement de l’inflammation aigue :

- Savoir décrire les modifications vasculaires (vasodilatation, augmentation de la perméabilité


vasculaire, stase et exsudation), ainsi que leurs mécanismes, les facteurs déclenchants et les aspects
pathologiques et cliniques
- Savoir décrire la phase cellulaire de l’inflammation (diapédèse et activation) : définition, mécanisme,
aspect pathologique.

4. Connaitre l’aspect morphologique de l’inflammation aigue et chronique: -

- Savoir décrire la différence entre exsudat et transsudat


- Savoir décrire l’aspect histologique de l’œdème inflammatoire
- Pour chaque type d’exsudat savoir décrire le mécanisme spécifique de formation, la composition
principale, les aspects macroscopique et histologique.

5. Savoir lister les différences entre une inflammation aigue et une inflammation chronique en rapport à
l’installation, à la durée et aux caractéristiques morphologiques

6. Savoir dire quelles sont les évolutions possibles des inflammations aigues et chroniques

7. A propos de la réparation tissulaire :

- Savoir décrire le mécanisme, les cytokines principales qui interviennent les aspects macroscopiques
et histologiques de l’angiogenèse, de la fibrogenèse, du tissu de granulation et de sa maturation.

8. A propos de médiateurs :

- Savoir décrire le mécanisme pathogénique de la fièvre


- Pour le médiateurs d’origine cellulaire traités en cours, connaitre leur origine, savoir lister les cellules
productrices, les stimuli déclenchants, les effets.
- Pour les dérivés de l’acide arachidonique et pour l’oxyde nitrique savoir aussi décrire le mécanisme de
formation.
- Pour les médiateurs d’origine plasmatique savoir décrire le mécanisme de formation et les effets.

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Introduction
Inflammation = réponse de l’organisme permettant d’éliminer les causes d’une agression ainsi que ses
conséquences. Elle est essentielle à la survie. L’intérêt en pathologie vient du fait que parfois la réponse
inflammatoire est excessive ou peu contrôlée, ou bien elle est insuffisante ou mal dirigée : elle devient donc
la cause des lésions tissulaires.

Déroulement : Lors d’une agression (microbes, nécrose, etc…), les agents responsables stimulent la sécrétion
ou produisent des médiateurs chimiques, responsables du début de l’inflammation, de son amplitude, du
type, de la sévérité et des manifestations cliniques et pathologiques. Sous le stimulus des médiateurs, les
cellules inflammatoires et les protéines plasmatiques présentes dans les vaisseaux sanguins sortent du
réseau circulatoire et migrent dans le site d’agression pour exercer leurs fonctions.

L’inflammation se termine quand les agents responsables sont éliminés. Les médiateurs et les leucocytes se
dissipent, parce qu’ils ont une vie courte et ils ne sont pas remplacés, et des mécanismes anti-inflammatoires
se mettent en place. Pendant l’inflammation on observe souvent une destruction tissulaire, due aux agents
pathogènes mais aussi à l’inflammation même. Donc, pendant l’inflammation, mais surtout quand elle se
termine, on assiste à des phénomènes importants de réparation tissulaire.

L’inflammation peut être aiguë ou chronique :

- Inflammation aiguë : elle est rapide à s’installer et dure peu de temps (heures ou jours) ; elle est
dominée par la phase vasculaire, qui se traduit en œdème, et par les neutrophiles comme éléments
cellulaires. Si l’agent étiologique n’est pas éliminé rapidement, elle évolue en inflammation chronique.

- Inflammation chronique : elle est la séquelle d’une inflammation aiguë dans laquelle les agents
responsables n’ont pas été éliminés, ou bien elle peut naître de façon insidieuse. Elle est de longue
durée et caractérisée par la présence de lymphocytes, de macrophages de fibrose, de prolifération
vasculaire et de destruction tissulaire.

INFLAMMATION AIGUE INFLAMMATION CHRONIQUE


Installation Rapide Après une inflammation aiguë apparente
ou non
Durée Courte (minutes, heures, 2-5 jours) Longue
Caractéristiques Extravasation des leucocytes (N) et Leucocytes dominants : lymphocytes et
des protéines plasmatiques macrophages Angiogenèse Fibrose

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Etiologies
Les causes capables d’entraîner une inflammation sont :

- Les infections (virales, bactériennes, fongiques et parasitaires) et les toxines microbiennes


- La nécrose tissulaire, indépendamment de son origine (ex : ischémique, traumatique, physique ou
chimique)
- Les corps étrangers
- Les agressions dysimmunitaires (hypersensibilités, maladies auto-immunes, déficiences
immunitaires)

Attention !

1. L’agent pathogène peut être endogène ou exogène ;

2. Les micro-organismes infectieux ne constituent qu’une partie des causes de l’inflammation ;

3. Une réaction inflammatoire n’est donc pas synonyme d’infection ;

4. Un même agent pathogène peut entraîner des réactions inflammatoires différentes selon l’hôte, en
particulier selon l’état des défenses immunitaires ;

5. Plusieurs causes peuvent être associées dans le déclenchement d’une réaction inflammatoire.

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L’inflammation aiguë
L’inflammation aiguë est une réponse très rapide à une agression tissulaire et sert à amener les leucocytes et
les protéines plasmatiques dans le site d’agression.

I. Déroulement de l’inflammation
Indépendamment des causes et de la localisation de l’agression, le schéma général de l’inflammation est le
même, avec des variations sur l’intensité des réactions sur la durée et sur l’aspect lésionnel.

Le mécanisme de l’inflammation aigue peut être divisé en deux parties :

- La phase vasculaire ou exsudative : il s’agit des modifications vasculaires et structurales responsables


d’une augmentation du flux sanguin et de l’extravasation des protéines plasmatiques.

- La phase cellulaire : il s’agit de l’intervention leucocytaire, qui se fait par extravasation des leucocytes
et leur migration et action dans le site d’agression.

Les sites d’action sont les parties terminales du réseau vasculaires, appelés micro-vaisseaux : artérioles,
capillaires, veinules.

Les leucocytes concernés sont les neutrophiles et les macrophages.

A. La phase exsudative ou vasculaire

Les modifications vasculaires ont pour but de maximiser la sortie des protéines plasmatiques et des leucocytes
du réseau circulatoire au niveau du site de l’agression tissulaire.

On observe d’abord une vasodilatation qui est suivie par une augmentation de la perméabilité vasculaire
responsable de l’accumulation de liquide dans le tissu interstitiel (œdème).

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1. Vasodilatation

Vasodilatation : augmentation du calibre des artérioles et des veinules, qui a pour but d’augmenter l’afflux de
sang.

Mécanisme : Les cellules inflammatoires dans le site d’agression secrètent de l’histamine (Hys) et de l’oxyde
nitrique (NO), qui agissent sur la musculature lisse vasculaire artériolaire et causent son relâchement. Le
relâchement de la musculature lisse artériolaire détermine une augmentation du diamètre des artérioles, avec
comme conséquence une augmentation de l’afflux de sang qui ouvre aussi d’autres réseaux micro-vasculaires.

Relâchement de la Augmentation Ouverture


Histamine
musculation lisse Vasodilatation de l’afflux des shunts
No péri-artériolaire sanguin

Aspect clinique/pathologique : La vasodilatation est


visible macroscopiquement par des vaisseaux très
rouges et une congestion. La vasodilatation est visible
histologiquement par la présence de nombreux
capillaires dilatés et souvent remplis d’érythrocytes.

Cliniquement elle se traduit par une rougeur et la chaleur


tissulaire.

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2. Augmentation de la perméabilité vasculaire
Mécanisme : Quatre mécanismes différents sont responsables de l’augmentation de la perméabilité
vasculaire :

• Augmentation de l’espace intercellulaire endothélial au niveau


des veinules : Les médiateurs de l’inflammation (histamine,
bradykinine, substance P, leucotriènes, interleukine-1, TNF-α,
INF-γ) se lient aux récepteurs présents sur les cellules
endothéliales des veinules. Le lien provoque une contraction des
protéines du cytosquelette, responsable de la contraction des
cellules endothéliales : les cellules réduisent, donc, leur longueur,
en augmentant les espaces intercellulaires. Il s’agit d’une réaction
rapide à s’installer (15-30 minutes) et de courte durée (4-24
heures).

• Transcytose : Des médiateurs de l’inflammation, (comme l’histamine et le VEGF)


stimulent les cellules endothéliales à réabsorber du liquide du côté vasculaire et à le
transporter, à travers la cellule dans des vésicules, du côté extravasculaire. Les
vaisseaux concernés sont les veinules post-capillaires.

• Lésions endothéliales : Il y a des facteurs étiologiques, comme les brûlures, les agents chimiques,
des agents infectieux, les enzymes des neutrophiles, qui causent une lésion directe sur les cellules
endothéliales qu’ils rencontrent. Ils sont donc responsables d’une nécrose des cellules endothéliales
des veinules, artérioles et capillaires qui rentrent en contact avec eux. La mort cellulaire est
responsable d’une perte de l’étanchéité des vaisseaux, ainsi que des phénomènes de thrombose
vasculaire. C’est un phénomène rapide à s’installer et qui peut durer des heures. Les leucocytes
peuvent attaquer directement les vaisseaux, ou par un mécanisme de défense, par exemple lors que
les cellules endothéliales sont infectées par des agents pathogènes, ou par un mécanisme de
protection biaisé (réaction d’hypersensibilité). Leur action sur la paroi capillaire en détermine son
altération, voir destruction, avec une perte de l’étanchéité du vaisseau. Le type de vaisseau le plus
concerné surtout par les réactions d’hypersensibilité, sont les veinules pulmonaires et glomérulaires.
C’est une réaction lente à s’installer mais qui dure dans le temps.

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• Diffusion liquidienne des vaisseaux néoformés : Les vaisseaux néoformés ne sont pas matures et
les jonctions intercellulaires endothéliales ne sont pas étanches. Autour des vaisseaux néoformés, on
observe un phénomène de diffusion liquidienne, qui est augmenté par les médiateurs de la
néoangiogenèse (VEGF, Histamine, substance P).

3. Passage de liquide dans le tissu interstitiel

Mécanisme : Le passage de liquide des vaisseaux au tissu interstitiel est causé par l’augmentation du flux
sanguin, responsable d’une augmentation de la pression hydrostatique intravasculaire, ainsi que par les
mécanismes d’augmentation de la perméabilité vasculaire, qui font passer la partie liquidienne accompagnée
par les protéines. Le liquide interstitiel riche en protéine s’appelle œdème (inflammatoire).

Aspect clinique/pathologique : L’aspect histologique de l’œdème est celui d’une substance homogène,
parfois fibrillaire, faiblement éosinophile. Cliniquement il est responsable d’un gonflement des tissus, causant
parfois de la douleur par compression des terminaisons nerveuses.

Extravasation de liquides et de protéines


EXSUDAT
plasmatiques

Remarque : Attention à ne pas confondre exsudat et transsudat.

4. Stase

Mécanisme : La perte de liquide au niveau intracellulaire, qui détermine une augmentation de la viscosité du
sang, ainsi que l’augmentation du calibre vasculaire, sont responsables d’une diminution de la vitesse du flux
sanguin. Cela est important pour permettre aux leucocytes d’interagir avec les parois vasculaires et pouvoir
sortir des vaisseaux.

B. La phase cellulaire

La phase cellulaire correspond à l’intervention des leucocytes au niveau du site inflammatoire. Elle est
constituée d’abord par une migration leucocytaire des vaisseaux au site inflammatoire et successivement par
l’activation des leucocytes pour qu’ils puissent exercer leur activité de destruction et élimination de l’agent
pathogène.

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1. La migration leucocytaire (diapédèse)

La diapédèse leucocytaire correspond à la migration des leucocytes en dehors de la microcirculation et leur


accumulation dans le foyer lésionnel. Elle intéresse d’abord les neutrophiles (pendant les 6 à 24 premières
heures), puis un peu plus tard (en 24 à 48 heures) les monocytes et les lymphocytes.

Cette migration se fait en 4 étapes :

 Margination
La stase sanguine permet aux leucocytes de passer du centre du flux à la périphérie (margination), proche de
la paroi vasculaire, où la vitesse du flux se réduit ultérieurement. Les leucocytes ralentissent et commencent
à rouler sur eux même contre la paroi vasculaire (rolling), exposant tous leurs récepteurs et ligands aux cellules
endothéliales.

 Adhésion à la paroi vasculaire


L’adhésion à la paroi vasculaire se fait par le lien des molécules d’adhésion entre les leucocytes et les cellules
endothéliales. On se rappellera des sélectines, comme les molécules responsables d’un lien faible des
leucocytes à l’endothélium, pour permettre le ralentissement de leur vitesse, jusqu’à l’arrêt, et les intégrines
pour l’adhérence stable des leucocytes à la paroi endothéliale.

 Passage trans-endothélial
Les leucocytes émettent des pseudopodes qui s’insinuent dans les espaces intercellulaires endothéliaux, aidés
par la liaison entre les molécules de CD31 exprimées par les leucocytes et celles exprimées par les cellules
endothéliales. Ils secrètent des collagénases, pour détruire la membrane basale endothéliale, et migrent dans
le tissu interstitiel, en s’aidant par la liaison entre CD44, présent sur la surface leucocytaire, et la fibrine et la
fibronectine, présentes dans la matrice extracellulaire.

 Chimiotaxie
Par chimiotaxie, on entend la migration des leucocytes vers un gradient chimique : les leucocytes se dirigent
vers la concentration maximale de la substance chimique capable de les appeler. Ces substances, qui sont
représentées par des produits bactériens, par des médiateurs de l’inflammation, par les chémokines,
médiateurs de l’inflammation spécifiques pour rappeler des leucocytes, se lient à des récepteurs
membranaires leucocytaires. La liaison cause un réarrangement du cytosquelette et la motilité cellulaire.

Capture Roulement Adhésion Diapédèse


Leucocyte

Chimiokines

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Aspect clinique/pathologique : Histologiquement on peut observer
nombreux leucocytes qui adhèrent à la paroi endothéliale, mais
étant donné que ce phénomène est transitoire, il est rare de
l’observer. Le plus souvent on observe les leucocytes quand ils ont
déjà migré dans le tissu interstitiel. On observe alors une
accumulation de neutrophiles, si la lésion est aiguë, et de
macrophages et leucocytes, si la lésion est un peu plus ancienne.

2. L’activation leucocytaire

Une des fonctions principales de l’inflammation est celle de délivrer les leucocytes sur le site de l’inflammation
et de les activer pour qu’ils puissent détruire les agents pathogènes.

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L’activation passe par deux étapes :

 la reconnaissance de l’agent pathogène


 l’activation cellulaire pour que les leucocytes puissent phagocyter et détruire les agents nocifs.

 Reconnaissance des agents pathogènes

La reconnaissance des agents pathogènes se fait par une liaison entre les produits des agents pathogènes et
des récepteurs spécifiques présents sur la membrane leucocytaire. Il y a 4 classes de récepteurs :

- Toll-like receptors (TLR) : Il s’agit de récepteurs pour les produits microbiens. Ce type de récepteurs
reconnait des classes de produits, comme par exemple l’ADN bactérien ou l’ARN viral; ils ne sont donc
pas spécifiques d’un agent infectieux mais ils reconnaissent plusieurs agents qui partagent le même
type de produit. Un TLR fondamental est le TLR-4, parce qu’il est capable de se lier aux
lipopolysaccharides de la paroi des bactéries Gram (-). Ce lien active les leucocytes mais il peut aussi
déterminer la production de TNF-α et IL-1 en excès, responsables de la fièvre mais aussi d’un choc
septique.

- Récepteurs couplés à la protéine G : ils sont capables de reconnaître des peptides courts d’origine
bactérienne et des médiateurs de l’inflammation.

- Récepteurs pour les opsonines : Les opsonines sont des substances qui recouvrent la surface d’une
particule, comme un microbe, pour qu’elle soit reconnue par les leucocytes et phagocytée. Les
opsonines sont les anticorps, les protéines du complément et les lectines. Les leucocytes possèdent
des récepteurs pour les opsonines et la liaison cause l’activation leucocytaire et la phagocytose.

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- Récepteurs pour les cytokines : Les cytokines sont des substances chimiques protéiques qui servent à
la communication intercellulaire. Elles sont secrétées par des cellules et influencent le comportement
d’autres cellules. Par exemple les chémokines, secrétées par des cellules inflammatoires sur le site de
l’agression, son capable de recruter des nouveaux leucocytes ; le TNF-α, l’INF-γ et les interleukines
sont capables d’activer d’autres cellules inflammatoires. Les leucocytes ont des récepteurs spécifiques
pour les cytokines et sont activés après liaison.

 La réponse leucocytaire

La liaison entre les récepteurs et les agents pathogènes cause une activation des voies de signalisation
intracellulaires, qui permet aux leucocytes, neutrophiles et macrophages, d’être capable de phagocyter et
détruire les agents responsables.

Phagocytose :

Une fois que les agents pathogènes sont liés aux leucocytes, ces derniers émettent des pseudopodes qui
entourent les particules, fusionnent entre eux, délimitant donc les particules dans une vésicule intracellulaire,
appelée phagosome. Le phagosome fusionne avec un lysosome en formant un phagolysosome : les enzymes
et les produits contenus détruisent les particules phagocytées.

Destruction microbienne :

Le système le plus efficace se base sur les dérivés actifs de l’oxygène (ROS) et du nitrogène. Au niveau du
phagolysosome la NADPH oxydase est reconstituée et activée ; elle oxyde le NADPH et dans le processus une
molécule d’oxygène (O2) est transformée en anion superoxyde (O2-°). L’anion peut se combiner à l’oxyde
nitrique (NO) pour former le peroxy-nitrite radical (OONO°) ou se transformer en eau oxygénée (H2O2). Dans
les granules des neutrophiles il y a la myélo-peroxydase, une enzyme capable de convertir l’H2O2 + l’ion chlore
(Cl-) en hypochlorite (OCl°) un puissant microbicide. H2O2 peut aussi générer le OH°, un radical puissant. On
obtient donc différents types de ROS, tous très puissants pour détruire les lipides, les protéines et les acides
nucléiques. D’autres enzymes microbicides sont présents dans les granules des leucocytes, comme le
lysozyme, qui hydrolyse les liens dans la paroi bactérienne, ou la lactoferrine, qui masque le fer, ou la major
basic protein, présente dans les éosinophiles et toxiques pour les parasites.

Autres rôles :

Les leucocytes activés jouent aussi d’autres rôles très importants, comme la production de facteurs de
croissance, importants pour la prolifération vasculaire et la réparation tissulaire, la sécrétion de facteurs pro
et anti-inflammatoires, de façon à réguler l’intensité de la réponse.

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 Les effets collatéraux

Les leucocytes activés sont responsables aussi d’une destruction tissulaire, parce qu’ils larguent les ROS et les
enzymes lysosomiaux dans l’espace extracellulaire. Cela arrive dans quatre circonstances :

- « Regurgitation during feeding » : dans le processus de phagocytose, le lysosome fusionne avant


que le phagosome soit complété et un peu d’enzymes s’échappent dans l’espace extracellulaire.

- « Frustrated phagocytosis » : la particule à phagocyter est trop grande, comme dans le cas des gros
complexes antigène-anticorps, et donc le phagosome n’arrive pas à se refermer et les enzymes
s’échappent.

- « Cytotoxique release » : les leucocytes sont eux même dépassés par l’agent pathogènes ou la
réaction inflammatoire et ils meurent en larguant les enzymes intracellulaires, comme dans le cas
des lésions suppuratives.

- « Exocytose » : des granules sont intentionnellement secrétés dans l’espace extracellulaire, parce
que leur action se déroule à l’extérieur de la cellule, comme c’est le cas pour les collagénases.

Il ne faut pas donc oublier que dans une lésion inflammatoire, une partie des lésions observées est un effet
collatéral de l’action des leucocytes. Au niveau histologique on observera fréquemment une nécrose
tissulaire associée à une importante réaction leucocytaire, de type neutrophile (dans les lésions suppurées),
macrophagique (dans les lésions granulomateuses) ou éosinophile (dans les lésions d’origine parasitaire).

3. Le système lymphatique
Il ne faut pas oublier d’autres acteurs de l’inflammation comme le système lymphatique. Les vaisseaux
lymphatiques ont comme rôle de drainer les tissus. Lors de l’inflammation, le liquide interstitiel accumulé,
riche en protéines, mais aussi en leucocytes, en débris cellulaires et, si c’est le cas, en agents microbiens, est
drainé par les capillaires lymphatiques. Le liquide, dans son parcours dans le système lymphatique, entre dans
les nœuds lymphatiques, où les différentes substances et cellules activent le système immunitaire spécifique.

Histologiquement, on observera dans les tissus enflammés une augmentation du nombre et une dilatation
des vaisseaux lymphatiques. Dans les nœuds lymphatiques on verra les signes d’une réaction de l’organe :
dilatation des sinus qui contiennent le liquide d’œdème et son contenu, une réaction des follicules lymphoïdes
et/ou du paracortex, une prolifération histiocytaire et plasmocytaire. Cliniquement un nœud lymphatique
réactionnel se traduit par une augmentation de sa taille et de sa consistance et parfois il peut être douloureux
à la palpation.

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II. La fin de la réponse l’inflammation
La réponse inflammatoire aiguë se termine si, dans un court délai de temps (<5jours), les agents d’agression
tissulaire d’origine et générés pendant l’inflammation sont éliminés. Dans ce cas :

- Il n’y a plus le stimulus pour le maintien de l’inflammation et pour le recrutement de nouveaux


leucocytes.
- Les leucocytes sur place et les médiateurs de l’inflammation ont une vie courte et disparaissent
rapidement.
- Des médiateurs de fin de l’inflammation sont produits par les macrophages et d’autres cellules: il s’agit
des lipoxines, TGF-β, et de l’IL-10 et d’autres substances (résolvines et protectines).

Il y a trois évolutions possibles de l’inflammation aiguë :

1. Résolution complète : Il s’agit d’une « restitutio ad integrum » du tissu. Cela est possible si les agents
d’agression tissulaire ont été éliminés, si les débris ont été phagocytés, si le processus a été de courte
durée, s’il n’y a pas eu de destruction tissulaire importante et si les cellules détruites peuvent être
remplacés par d’autres cellules du même type.

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2. Résolution par cicatrisation : le tissu est réparé par production de tissu fibreux (cicatrice). Cela arrive
quand il y a eu une destruction tissulaire importante, si les cellules détruites ne peuvent pas être
remplacées par des cellules du même type, ou s’il y a eu exsudation abondante de fibrine qui est
restée longtemps dans le site de l’inflammation.

Agression Destruction Angiogenèse TISSU DE TISSU


tissulaire tissulaire Fibrogenèse GRANULATION Maturation CICATRICIEL

Les mécanismes d’angiogenèse, de fibrogenèse et de maturation seront vus dans une seconde partie.

3. Evolution en inflammation chronique : si les agents pathogènes persistent et ne peuvent pas être
éliminés, ou si il y a eu un problème dans la phase de résolution, l’inflammation persiste mais change
des caractéristiques : elle devient une inflammation chronique.

III. Les types d’inflammation aiguë et leur aspect


morphologique
Lors d’une inflammation, l’extravasation de fluide, protéines plasmatiques et leucocytes dans le tissu
interstitiel ou dans les cavités s’appelle exsudation.

Un exsudat est donc un liquide extravasculaire, riche en protéines (>3g/dl), avec un poids spécifique élevé
(>1020) et contenant des leucocytes (>1500/µl). L’exsudat est synonyme d’inflammation.

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Un transsudat est un liquide avec une plus faible concentration de protéines, (<2.5g/dl), dont la majorité
est souvent de l’albumine, et de leucocytes (<1500 cellules/µl) et avec un poids spécifique faible (<1012).

Le transsudat n’est pas un liquide inflammatoire ; il s’accumule par augmentation de la pression hydrostatique
ou par diminution de la pression oncotique.

Exsudat Transsudat
Protéines > 3g/dL < 2g/dL
Poids spécifique > 1020 < 1012
Leucocytes > 1500/µL < 1500µL

Un œdème est un fluide, présent dans le tissu interstitiel, et il peut être d’origine inflammatoire ou non. Dans
le cas d’une inflammation, il est composé de liquide et de protéines plasmatiques. Son aspect histologique est
celui d’une substance homogène, parfois fibrillaire, faiblement éosinophile.

Selon la prédominance d’un type cellulaire et/ou de protéines plasmatiques, et/ou de phénomènes associées,
on distingue cinq types d’exsudat :

• Séreux
Dans lequel prédomine un fluide pauvre en fibrine. Il s’agit d’une inflammation très aiguë.
Macroscopiquement on observe un contenu très clair et liquidien, comme dans le cas des vésicules virales
épidermiques.

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• Fibrineux
La fibrine est l’élément qui domine. L’augmentation de la perméabilité vasculaire est telle que des grosses
molécules comme le fibrinogène peuvent passer. Le fibrinogène dans le tissu interstitiel coagule en fibrine,
qui, après 3-5 jours, commence à s’organiser en tissu conjonctif. La fibrine non organisée est éliminée par
fibrinolyse. Un exsudat riche en fibrine mais sans aucun signe de réorganisation conjonctive date donc de
moins de 3 jours.

Macroscopiquement on observe un liquide jaunâtre et fibrillaire, qui se déchire facilement.

Histologiquement on observe un matériel fibrillaire éosinophile amorphe, dans lequel on retrouve les autres
éléments cellulaires de l’inflammation.

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• Suppuré
Les neutrophiles sont l’élément caractéristique. Ils arrivent dans le tissu dans les heures qui suivent l’agression
tissulaire et leur prédominance est indice :

 d’une inflammation bactérienne extracellulaire ou


 d’une nécrose.

Macroscopiquement, le pus est un liquide dense, jaune ou vert, selon l’espèce et les bactéries concernées,
sans odeur ou avec une mauvaise odeur. Les tissus limitrophes sont très rouges, avec une vascularisation
évidente et une exsudation plasmatique, du fait de l’inflammation primaire en elle-même et du fait que les
neutrophiles dégénérés sont phlogogènes.

Histologiquement, on observera un amas de matériel amorphe bleuté accompagné par des noyaux
caryorrhectiques (signe des neutrophiles dégénérés), entouré par des neutrophiles encore reconnaissables
(parce que viables ou en pycnose). Parfois, on peut observer des colonies bactériennes dans l’exsudat
suppuré. Le tissu autour présente une phase vasculaire évidente (hyperémie, stase, exsudation plasmatique).

- Un abcès est une inflammation suppurée délimitée avec des lésions nodulaires. Il a une architecture
concentrique avec au concentrique avec au centre la nécrose et la suppuration, qui sont entourés par
des neutrophiles viables. Dans le cas d’abcès chronique, on observe une capsule.

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- Un empyème est une inflammation suppurée dans une cavité préformée (ex. poches gutturales)

- Un phlegmon est une inflammation suppurative non circonscrite qui tend à s’infiltrer entre les fascias
musculaires, le long des gaines tendineuses et à se propager.

• Nécrotique
Parfois l’élément dominant est la nécrose tissulaire, comme dans le cas d’infections virales ou bactériennes
très pathogènes qui dépassent les capacités de réaction de l’hôte, ou dans les cas d’ischémie ou d’agents
physiques ou chimiques.

Macroscopiquement, dans les cas de nécrose hyper aiguë ou si il n’y a pas eu de contamination bactérienne,
la nécrose se présente comme du tissu préexistant mais blanc et friable.

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Histologiquement on observera une nécrose de coagulation. La nécrose est très mal tolérée par l’organisme
étant elle-même phlogogène, donc très rapidement on observera une réaction inflammatoire associée,
destinée à éliminer le tissu nécrotique.

Selon les habilités de l’agent étiologique, on pourra observer :

- Une inflammation necrotico-hémorragique : certains agents pathogènes comme les aspergillus,


certaines Clostridies et les herpesvirus équins, ciblent les vaisseaux. Le résultat est une hémorragie
importante qui accompagne les signes d’inflammation. Etant donné que les vaisseaux sont importants
pour la survie tissulaire, souvent ce type d’inflammation s’accompagne d’une nécrose.

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- Une inflammation necrotico-fibrineux, lorsque les micro-organismes ciblent les cellules, en
déterminant leur mort, et en même temps stimulent le relâchement de médiateurs responsables
d’une exsudation fibrineuse.

- Une inflammation necrotico-suppurée : le contenu des cellules nécrotiques est lui-même phlogogène
et chimiotactique pour les neutrophiles. Souvent donc, les lésions nécrotiques, évoluent en lésions
suppurées.

IV. Les effets systémiques de l’inflammation aigüe (la


réponse de la phase aigüe)
L’inflammation aiguë peut avoir des conséquences sur l’organisme. Ces effets systémiques sont dus aux
cytokines qui rejoignent la circulation sanguine et lymphatique en stimulant d’autres cellules et organes à
distance. Ici on n’abordera que deux effets :

• Fièvre :

La fièvre est une élévation de la température basale. Elle est causée par des facteurs, exogènes ou endogènes,
appelés pyrogènes, qui sont capables de stimuler les cellules vasculaires et péri-vasculaires de l’hypothalamus
à produire prostaglandines (PGE2).

La PGE2 est responsable d’une dérégulation du centre de la température, qui se trouve dans l’hypothalamus,
avec comme conséquence une augmentation des mécanismes systémiques pour produire ou conserver de la
chaleur (par exemple le travail musculaire, vasoconstriction) et une diminution des mécanismes de dispersion
(par exemple la transpiration). Par exemple, les produits bactériens, dont le plus important est le LPS
(lipopolysaccaride), stimulent les leucocytes à produire IL-1 et TNF-α. Ces deux cytokines sont les responsables
de l’activation des cyclooxygénases et de la conversion de l’acide arachidonique en prostaglandines, dont la
PGE2.

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• Les protéines de phase aigüe

Il s’agit de protéines plasmatiques, synthétisées pour la plupart par le foie, dont la concentration sérique
augmente ( les protéines « positives ») ou diminue («les protéines « négatives ») considérablement au cours
de l’inflammation, en réponse à la sécrétion de cytokines, dont l’IL-1, l’IL-6, et le TNF-α.

Les protéines dites positives jouent un rôle important dans l’immunité : certaines détruisent ou inhibent la
réplication microbienne, comme la C-reactive protein, les facteurs du complément, la serum amyloid A (SAA,
précurseur de l’amyloïde), l’haptoglobine, la ceruloplasmine, la ferritine ; d’autres régulent l’intensité de
l’inflammation, comme les serpines, ou affectent la coagulation, comme le fibrinogène.

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L’inflammation chronique
Si l’inflammation aigüe n’est pas traitée dans les 5 jours. Une inflammation chronique se met en place, c’est
une inflammation de longue durée (semaines, mois, années) caractérisée par la coexistence de phénomènes
inflammatoires, de lésions tissulaires et de tentative de réparation.

Elle est souvent la conséquence d’une inflammation aiguë qui ne peut pas se résoudre, parce que :

- il y une persistance des stimuli inflammatoires, comme lors d’infections difficiles à éradiquer (par
exemple lors d’infections à champignons ou d’infestations parasitaires)
- le stimulus est une molécule du soi, donc toujours présente (comme dans les maladies autoimmunes),
- l’exposition au stimulus est prolongée dans le temps, comme lors des expositions chroniques aux
agents toxiques (par exemple l’amiante chez l’homme).

Le but de l’organisme est d’éliminer les causes, avec l’intervention de l’immunité spécifique, et de réparer les
dégâts tissulaires, à travers la fibrose. La fibrose est un mécanisme efficace aussi pour isoler l’agent pathogène
et l’empêcher de diffuser.

I. Les phénomènes inflammatoires


Les phénomènes vus dans l’inflammation aiguë persistent, mais ils se modifient.

Souvent la phase vasculaire exsudative diminue d’intensité. On assiste aussi à une modification de la
composante cellulaire inflammatoire. Comme on verra dans le chapitre sur l’immunité, les agents pathogènes
sont présentés aux cellules de l’immunité spécifique, qui se met en place. Donc, à côté des leucocytes présents
aussi dans la phase aiguë et suivant le type d’inflammation (neutrophiles, éosinophiles, mastocytes), on
observe un enrichissement de la lésion par les macrophages, les histiocytes, les lymphocytes et les
plasmocytes.

Les macrophages dérivent des monocytes sanguins ou de macrophages interstitiels résiduels. Dans
l’inflammation chronique ils jouent plusieurs rôles dominants : de phagocytose, de présentation de l’antigène
et d’activation de l’immunité spécifique (ils s’appellent alors des histiocytes), de sécrétion de cytokines et
d’autres médiateurs de l’inflammation et de la réparation.

Les lymphocytes et les plasmocytes, stimulés lors de l’activation de l’immunité spécifique, s’accumulent dans
les nœuds lymphatiques, qui deviennent hyperplasiques et souvent palpables, et migrent dans le site
inflammatoire. Leur rôle est de détruire les agents pathogènes et de secréter d’autres médiateurs de
l’inflammation.

D’autres cellules peuvent s’ajouter ou augmenter en nombre, comme les éosinophiles, lors des infections
parasitaires ou de réactions allergiques, ou les mastocytes, abondants aussi dans les réactions allergiques.

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II. La réparation tissulaire
La réparation tissulaire est un mécanisme qui se met en place dès qu’il y a destruction. Pour des raisons de
praticité elle est ici décrite dans le chapitre de l’inflammation chronique, mais elle est une réaction à tous
dommages de l’organisme, y compris l’inflammation aiguë et l’inflammation chronique.

On distingue la régénération de la réparation.

La régénération est la « restitutio ad integrum » du tissu. Elle est possible pour les tissus plus simples doués
de capacité de renouvellement, comme le système hématopoïétique et les épithéliums de la peau et de
l’intestin. Cette capacité est due à la présence dans le tissu de cellules souches ; tant qu’elles sont viables et
sensibles à rentrer dans le cycle cellulaire, le tissu peut se régénérer. La réplication cellulaire et ses mécanismes
de contrôle seront abordés dans le chapitre des néoplasies.

La réparation essaie de reconstruire le plus de structures préexistantes possibles ; là ou ce n’est pas possible,
une cicatrisation par fibrose se met en place. La quantité de tissu cicatriciel dépend de la capacité de
régénération du tissu, mais aussi de l’extension de la destruction et de la présence de médiateurs qui
favorisent la cicatrisation. Après une destruction tissulaire, on observe :

o Une inflammation aiguë, comme réponse à l’agression tissulaire


o L’angiogenèse
o La fibrogénèse
o La maturation du tissu cicatriciel

LA CAPACITE DES TISSUS A PROLIFERER

Selon la capacité des cellules souches tissulaires à s’activer et à se répliquer on distingue 3 types de tissus :

1. Tissus qui répliquent facilement : les cellules souches se divisent facilement déjà en conditions
physiologiques. Ex : les épithéliums de surface, comme celui de la peau, de la cavité orale, de l’appareil génital
féminin, de l’appareil gastro-intestinal, de la vessie et les cellules hématopoïétiques.

2. Les tissus quiescents : il s’agit de tissus qui normalement ont un faible niveau de réplication cellulaire, parce
que la vie cellulaire est plus longue. Cependant, sous stimulation adaptée, les cellules souches peuvent
s’activer, entrer dans le cycle cellulaire, se répliquer et se différencier. Ex : cellules épithéliales hépatiques,
pancréatiques et des canaux biliaires, les cellules tubulaires rénales, les fibroblastes et les cellules musculaires
lisses, les cellules endothéliales, les ostéocytes et les chondrocytes.

3. Les tissus stables : il s’agit des tissus presque sans capacité de réplication cellulaire dans la vie extrautérine.
Leurs cellules sont dites pérennes, parce qu’elles ne sont pas soumises au renouvellement cellulaire et
potentiellement vivent autant que l’organisme. Ex : les neurones et le tissu musculaire cardiaque.

Le tissu formé par les nouveaux vaisseaux et le tissu fibreux non mature s’appelle tissu de granulation. Sa
maturation permet la transformation du tissu de granulation en tissu fibreux.

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A. L’angiogenèse

L’angiogenèse est la formation de nouveaux vaisseaux à partir de vaisseaux préexistants. Elle se différencie
de la vasculogenèse, responsable de la formation de vaisseaux à partir de précurseurs endothéliaux et typique
du développement embryonnaire.

L’angiogenèse est un processus très important lors des réparations tissulaires, et elle a comme objectifs :

- la reconstruction du réseau vasculaire détruit,


- le rétablissement de la nutrition et l’oxygénation des cellules,
- l’élimination de leurs catabolites,
- le transport des cellules souches responsables de la réparation tissulaire.

Sans réparation du réseau vasculaire il n’y a pas de réparation tissulaire possible. L’angiogenèse est aussi
importante pour la survie des cellules tumorales, qui, en fait, sont capables de la stimuler pour se construire
un réseau vasculaire adapté à leurs exigences.

• Mécanisme : Il s’agit d’un processus multi étapes :

- Sous la stimulation de facteurs de vasodilatation (NO et VEGF), on observe une vasodilatation des
artérioles.
- Les cellules endothéliales produisent des collagénases (métalloprotéinases-MMP) pour détruire la
membrane basale et se libèrent des jonctions intercellulaires.
- Elles migrent vers le stimulus angiogénique
- Sur le front de migration, elles prolifèrent.
- Elles maturent, en formant, entre autre, des jonctions intercellulaires.
- Elles reproduisent la membrane basale et les péricytes migrent autour du nouveau vaisseau.

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• Facteurs angiogéniques : Il y a plusieurs facteurs qui stimulent l’activation, la prolifération et la migration
endothéliale pour construire des nouveaux vaisseaux. Les principaux sont :

- VEGF (vascular endothelial growth factor) : C’est un facteur très puissant, qui agit sur l’angiogenèse
mais aussi sur la perméabilité vasculaire. Au niveau clinique, on peut utiliser des anti-VEGF pour
bloquer l’angiogenèse tumorale et donc réduire la tumeur.

- PDGF (plateteld derived growth factor) : c’est un facteur important pour l’angiogenèse responsable
entre autre, du recrutement des cellules musculaires lisses autour des néovaisseaux.

- TGF-β (transforming growth factor beta) : dans l’angiogenèse, il est responsable de la production de
la membrane basale.

- Hypoxie : l’hypoxie est capable d’activer directement des gènes nucléaires : le manque d’oxygène
détermine la formation de protéines, appelées HIF, qui dans le noyau activent des gènes de régulation
et de transcription stimulant l’angiogenèse, mais aussi la prolifération cellulaire.

• Aspect morphologique : Histologiquement un tissu néo-vascularisé présente de nombreux petits capillaires


délimités par des cellules endothéliales turgescentes. Souvent on observe une hyperémie dans ce type de
vaisseaux. Etant donné que les néovaisseaux ne sont pas encore matures, leur perméabilité est accrue et leur
résistance faible. Autour des capillaires néoformés on observe donc un œdème très important et des
microhémorragies. Macroscopiquement, les tissus néo-vascularisés sont très humides, voire œdémateux,
rouges, par augmentation de flux sanguin dans les néovaisseaux, et peuvent présenter des hémorragies et
des troubles vasculaires.

vaisseaux

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B. La fibrogenèse

Lorsque le tissu préexistant ne peut pas être régénéré, il est remplacé par du tissu fibreux. Le nouveau tissu
conjonctif ne peut pas remplacer la fonction du tissu préexistant, mais il a une fonction structurale, il est très
résistant et il a besoin de moins d’oxygène que d’autres tissus.

Mécanisme :

- Migration et prolifération fibroblastique. Sous-stimulation chimique, les fibrocytes présents dans le


tissu environnant s’activent en se transformant en fibroblastes. Les fibroblastes migrent et
prolifèrent. La fibrine, déposée lors de la phase exsudative de l’inflammation, représente un élément
fondamental : elle constitue le support pour la migration fibroblastique et pour le travail de
conversion en tissu conjonctif.

- Les fibroblastes commencent à produire la matrice extracellulaire, qui va combler « les trous »

Facteurs de cicatrisation

De nombreux facteurs sont importants pour l’angiogenèse et l’inflammation interviennent aussi dans le
processus de cicatrisation :

- FGF (fibroblast growth factor)


- PDGF
- TGF-β
- IL-1

Aspect morphologique : Le tissu fibreux néoformé est caractérisé par une matrice extracellulaire abondante,
de nombreux fibroblastes, et une orientation de ses éléments (fibroblastes et fibres collagéniques) au hasard
ou perpendiculaires à la surface de la lésion.

Pour résumer, un tissu de granulation est caractérisé par la néoangiogenèse et la présence de tissu conjonctif
non mature. On observera donc un tissu riche en petits capillaires (néo-vaisseaux), délimités par des cellules
endothéliales turgescentes (cellules activées), souvent avec des globules rouges à l’intérieur (hyperémie).
Autour de ces vaisseaux on
observe la présence d’une
matrice extracellulaire
abondante et très
œdémateuse, riche en
fibroblastes et pauvres en
fibrocytes. Les fibres
conjonctives sont espacées par
le liquide d’œdème et elles
sont mal-orientées.

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Macroscopiquement le tissu de granulation est un tissu exubérant, humide et rouge.

C. Maturation du tissu fibreux

Mécanisme :

1. Selon la disposition des forces et les différentes médiateurs chimiques, on observe la production de
différents types de collagénases (MMP), qui ont la fonction de remodeler le tissu conjonctif pour qu’il soit le
mieux adapté à l’environnement.

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2. En même temps on observe une contraction des fibres, pour réduire la taille du tissu fibreux

3. Progressivement, avec le temps (semaines, mois, années) on observe une maturation des vaisseaux, avec
disparition de l’œdème, une diminution de la substance fondamentale extracellulaire et un enrichissement en
fibres qui s’orientent selon la distribution des forces, et la transformation des fibroblastes en fibrocytes
quiescents avec une diminution de la cellularité de la lésion.

Aspect morphologique :

Progressivement, avec le remodelage, le tissu de granulation mature en cicatrice : les vaisseaux deviennent
non-perméables, avec une structure plus ferme et souvent, en absence de stimulus phlogogène, leur diamètre
se réduit pour diminuer le flux sanguin, jusqu’à ce qu’ils deviennent presque non visibles. L’œdème disparaît
et le tissu conjonctif devient riche en fibres et pauvre en cellules (fibrose). Les fibrocytes remplacent
progressivement les fibroblastes et les fibres s’orientent selon les tensions du tissu. Macroscopiquement la
fibrose est un tissu ferme et blanc, souvent rétracté.

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III. Les types d’inflammation chronique et leur aspect
morphologique
Les inflammations chroniques sont caractérisées par une réduction de la composante exsudative, la présence
de lymphocytes et macrophages dans le foyer inflammatoire et par la présence de fibrose, qui remplace le
tissu détruit et/ou qui essaie de délimiter les agents d’agression par la formation d ‘une capsule fibreuse.

On reconnaît les inflammations fibrineuses, les suppurées, et les granulomateuses. Les inflammations aiguës
qui évoluent en chroniques se transforment en un de ces types.

• Fibrineuses :

Elles sont caractérisées par la présence d’un exsudat fibrineux qui est en partie organisé en tissu fibreux. Le
rapport entre fibrine et tissu fibreux donne un âge approximatif de la lésion. Souvent la fibrine est mélangée
à des neutrophiles, donc on parlera plus proprement d’inflammations fibrino-suppurées.

Histologiquement on retrouvera de la fibrine associée à des neutrophiles, ainsi que du tissu cicatriciel riche
en lymphocytes, macrophages et éventuellement en plasmocytes.

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• Suppurées :

Les inflammations suppurées se caractérisent par la présence massive de neutrophiles dégénérés. Dans les
formes chroniques, là où il y a eu destruction tissulaire on observe de la fibrose. Celle si prend deux aspects
principaux : dans les formes diffuses, la fibrose est un tissu fibreux blanc et ferme, qui remplace le tissu
nécrotique, et dans lequel on retrouve parsemés des petits foyers encore actifs ; dans les formes localisées
(les abcès) la fibrose forme une capsule, dont l’épaisseur augmente avec le temps et donne un âge
approximatif de la lésion.

La fibrose est importante cliniquement parce qu’elle peut être efficace à isoler l’agent pathogène du reste de
l’organisme, et qu’elle peut empêcher aussi la diffusion des antibiotiques dans le site infectieux.

Macroscopiquement, l’exsudat purulent sera plus épais et délimité ou éparpillé dans du tissu blanc et ferme,
le tissu fibreux. Histologiquement on retrouve le ou les foyers de nécrose, de caryorrhexie et pycnose
neutrophilique, entourés par des neutrophiles viables, délimités par de la fibrose, dans laquelle on retrouve
des lymphocytes, parfois organisés en follicules, et des macrophages.

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• Granulomateuses :

Les inflammations granulomateuses sont les inflammations où les composants leucocytaires prédominants
sont les macrophages transformés, appelés cellules épithélioïdes par leur aspect histologique (cellules
polygonales, volumineuses, à marges cellulaires visibles, noyau central, rond, nucléolé).

Dans certains cas (typiquement lors de tuberculose et de corps étrangers), en plus des macrophages et des
cellules épithélioïdes, on retrouve des cellules géantes plurinucléées, dérivées de la fusion des macrophages.
Ce sont des cellules de 50-80µm de diamètre, à cytoplasme éosinophile avec :

- Cellules géantes à corps étrangers : un nombre variable de noyaux disposés au hasard


- Cellules géantes de Langhans : un nombre variable de noyaux disposés en couronne
- Cellules géantes de Touton : présence de lipides, caractérisées par des noyaux en couronne et un
cytoplasme spumeux

Cellules géantes de
Langhans

Cellules géantes à
corps étranger

Cellules géantes de
Touton

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L’inflammation granulomateuse est une inflammation typiquement chronique, induite par les lymphocytes T,
abondants dans la lésion, qui secrètent des cytokines qui recrutent et activent les macrophages.

Les agents étiologiques capables d’induire une telle réaction sont :

- les bactéries intracellulaires (dont les plus importantes sont les Mycobacteries, responsables de la
tuberculose),
- les parasites intracellulaires (comme la Leishmania spp),
- les champignons
- les corps étrangers (comme les fils de suture).

Morphologiquement, on reconnaît deux formes principales:


- Si la composante épithélioïdes est diffuse, on parlera d’inflammation granulomateuse ou histiocytaire;
- si elle s’organise pour former une lésion nodulaire, on parlera de granulome.

Un granulome a une architecture bien définie. Il peut avoir un centre nécrosé ou non, entouré ou composé
par des macrophages activés et des cellules épithélioïdes. Vers l’extérieur on observe une couronne de
lymphocytes et de plus rares plasmocytes, qui infiltrent une capsule fibreuse plus externe.

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Macroscopiquement un granulome est une lésion nodulaire, avec ou sans centre nécrotique, blanche et
ferme. La distinction avec un abcès ancien, un foyer de fibrose ou une lésion tumorale n’est pas forcement
évidente et elle se fait donc à l’histologie. Cependant, la reconnaissance d’une lésion granulomateuse est très
importante parce qu’elle renvoie à un nombre limité de causes, dont certaines représentent un risque
sanitaire pour l’homme.

L’inflammation granulomateuse peut s’accompagner d’éosinophiles ou de neutrophiles.


Dans le premier cas en parlera d’inflammation granulomateuse et éosinophilique ou de granulome
éosinophile, selon sa structure. Les causes les plus fréquentes sont les infections parasitaires, les allergies et
les inflammations à champignons.

Dans le cas d’infiltration neutrophilique importante, on parlera de pyogranulome ou d’inflammation


pyogranulomateuse.

Granulome éosinophile - Chat

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Historiquement les granulomes se classent en deux groupes :

Granulomes à corps étranger : il s’agit de granulomes qui se forment autour d’un corps étranger non
immunogène (fil de suture, talque, fibres végétales, cristaux, calcium) : l’agent est souvent trop gros pour être
phagocyté, donc il est entouré par des macrophages, des cellules épithelioïdes et des cellules géantes qui
essayent de le détruire. Les lymphocytes sont peu nombreux.

Granulome immunologique : il est causé par des agents qui stimulent une réaction immunitaire très forte ; il
s’agit souvent d’agents immunogènes résistants à la destruction par phagocytose. Histologiquement on
observe alors une très grande quantité de macrophages et cellules épithelioïdes, ainsi que nombreux
lymphocytes. La réaction inflammatoire est très importante.

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Les médiateurs de l’inflammation

Les médiateurs de l’inflammation sont des substances chimiques qui dirigent les réactions vasculaire et
cellulaire de l’inflammation, en la déclenchant, la régulant ou l’exagérant.

Ils ont deux origines : soit plasmatique soit cellulaire.

 Les médiateurs d’origine cellulaire sont soit préformés et séquestrés dans des granules
intracellulaires (ex histamine) soit synthétisés en réponse à un stimulus (ex prostaglandines). Les
principales cellules qui produisent ce type de médiateurs sont les neutrophiles, les plaquettes, les
monocytes/macrophages et les mastocytes.

 Les médiateurs d’origine plasmatique sont présents dans le plasma sous forme de précurseurs inactifs
et doivent être activés (en général par coupure enzymatique) pour devenir actifs. Leur principal lieu
de synthèse est le foie.

Les médiateurs sont produits en réponse à des stimuli variés:

- Produits microbiens
- Substances libérées par les cellules nécrotiques
- Protéines du complément, des kinines et du système de la coagulation (ces protéines sont-elles
mêmes activées par les microbes et les tissus endommagés).
- D’autres médiateurs : les médiateurs secondaires peuvent avoir le même effet des médiateurs
primaires, ou d’autres effets ou des effets contraires.

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La plupart des médiateurs agissent en se fixant à des récepteurs membranaires sur des cellules cibles.
L’activation des différents médiateurs peut se répéter au cours du processus inflammatoire ce qui peut
amplifier ou prolonger le stimulus initial. La régulation du processus nécessite que les médiateurs soient
rapidement inactivés par des inhibiteurs ou détruits. La plupart des médiateurs ont une vie courte : ils se
détruisent par eux même, ou ils sont inactivés par d’autres enzymes ou inhibés par des substances
inactivatrices.

I. Les médiateurs d’origine cellulaire


A. Histamine et sérotonine

• Source : Les mastocytes, les basophiles et les plaquettes. La sérotonine est contenue aussi dans des cellules
neuroendocrines. Elles sont contenues dans des granules intra-cytoplasmiques, « prêtes à l’emploi » et
sécrétées par exocytose

• Stimulus : elles sont secrétées par les mastocytes en réponse à :

- Stimulus physique (froid, trauma, chaleur)


- la liaison entre les anticorps (IgE) et leur récepteur sur les mastocytes
- Les fragments C3a et C5a du complément (les anaphylatoxines)
- Des protéines spécifiques secrétées par les leucocytes
- Neuropeptides (substance P)
- Certaines cytokines (IL-1, IL-8)

La sérotonine, contenue dans les plaquettes, est libérée quand les plaquettes s’agrègent dans le processus de
la coagulation.

• Effets : Elles sont appelées aussi des amines vasoactives, parce que leur principal rôle est sur les vaisseaux :

- Dilatation des artérioles


- Augmentation de la perméabilité vasculaire

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B. Les métabolites de l’acide arachidonique

• Source : ils sont formés à partir de l’acide arachidonique, qui est un composant de la membrane cellulaire

• Stimulus : Plusieurs stimuli sont capables de les former, en particulier les produits microbiens et d’autres
médiateurs de l’inflammation

• Mécanisme de formation et effets:

→ Les prostaglandines: elles sont produites par l’action de deux types de cyclooxygénases (COX).

- Les COX-1 sont des enzymes garantissant l’homéostasie de l’organisme ; les prostaglandines produites
permettent le déroulement normal des fonctions de l’organisme. Par exemple elles garantissent un
bon niveau de circulation sanguine au niveau gastrique et rénal.

- Les COX-2 sont dites inductibles, parce qu’elles sont produites lors de l’inflammation (ou des tumeurs).

Elles ont des effets différents selon le type de prostaglandine. Par exemple :

- PGI2 : il s’agit d’une prostacycline qui est un vasodilatateur, un inhibiteur de l’agrégation plaquettaire,
une chémokine pour les leucocytes et elle augmente la perméabilité vasculaire

- PGD2 : elle est secrétée spécialement par les mastocytes et elle a un effet sur les vaisseaux
(vasodilatation et augmentation de la perméabilité). Elle est aussi une chémokines pour les
neutrophiles

- PGE2 : c’est une prostaglandine importante avec de nombreuses fonctions. Elle est responsable de la
vasodilatation et de l’augmentation de la perméabilité vasculaire, mais on la retrouve aussi dans le
mécanisme de déclenchement de la fièvre et de la douleur.

- PGF2α : stimule la contraction de la musculature lisse utérine, bronchiale et artériolaire.

→ Les thromboxanes sont produits à partir de la prostaglandine PGH2 par action de l’enzyme thomboxane-
synthétase, contenue surtout au niveau des plaquettes. Ils ont une fonction importante pro-coagulante : ils
stimulent l’agrégation plaquettaire et la vasoconstriction.

→ Les leucotriènes sont produits presque exclusivement par les leucocytes par action de la lipooxigènase 5.

- LTB4 : il a une action privilégiée sur les neutrophiles : il est une chémokine et un activateur.
- LTC4, LTD4, LTE4 : ils causent une contraction vasculaire et bronchique ainsi qu’une augmentation de
la perméabilité vasculaire.

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→ Les lipoxines sont produites par la lipo-oxigénase 12 mais elles ont un rôle important pour terminer
l’inflammation : elles inhibent le recrutement des leucocytes.

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C. Le PAF (platelet aggregating factor)

Source : il est produit par nombreuses cellules, dont les plaquettes, les basophiles les mastocytes, les
neutrophiles, les macrophages et les cellules endothéliales.

Effets: Il a été découvert comme facteur d’agrégation plaquettaire mais il a nombreuses autres fonctions
inflammatoires :

- Agrégation plaquettaire
- Vasoconstriction et bronchoconstriction
- A très faibles concentrations il est un vasodilatateur et augmente la perméabilité vasculaire
- Sur les leucocytes il stimule leur attachement aux cellules endothéliales, la chimiotaxie, la
dégranulation, et les réactions oxydatives.
- Stimule la production d’autres médiateurs, comme les prostaglandines

D. Les radicaux dérivés de l’oxygène

Source et stimuli : Les radicaux O2 libres peuvent être relâchés par les leucocytes par action des micro-
organismes, des chémokines, des complexes immuns ou après phagocytose.

Types : Le système NADPH oxydase produit principalement l’anion superoxide (02), du peroxyde d’oxygène
(H2O2) et le radical hydroxyle (OH). NO + 02 forment des réactifs nitrés.

Effets :

- Leur excrétion à faible dose peut augmenter l’expression des chémokines (IL-8), des cytokines et des
molécules d’adhésion endothéliales → Amplification de l’inflammation
- Peuvent inactiver les antiprotéases (α1-antitrypsine) donc favorisent la destruction de la matrice
extracellulaire.
- Ils augmentent la perméabilité vasculaire par destruction des cellules endothéliales
- Ils détruisent les cellules parenchymateuses qu’ils rencontrent.

De nombreuses cellules et tissus ont des mécanismes de protection :

- Superoxyde dismutase
- Catalase qui detoxifie l’H2O2 - La glutathionne peroxydase
- La céruloplasmine
- La transferrine

La présence de lésions induites par les radicaux oxygène est le résultat d’un déséquilibre entre leur
production et les mécanismes de défense.

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E. L’oxyde nitrique (NO)

C’est un radical libre gazeux à demi-vie très courte (quelques secondes) donc qui n’affecte les cellules que sur
le lieu de production (effet paracrine).

Source : Il est produit par les cellules endothéliales, par les macrophages et certains neurones.

Mécanisme de formation : il est synthétisé à partir de la L-arginine par action de l’enzyme nitric oxyde
synthase (NOS). Il y a trois types de NOS :

- NOS endothélial (eNOS)


- NOS neuronal (nNOS)
- NOS inductible (iNOS)

L’eNOS et le nNOS sont physiologiquement exprimés à faible concentration et leur concentration peut
augmenter en réponse à une augmentation de l’afflux de calcium dans la cellule. iNOS est produit par les
macrophages quand ils sont stimulés par des cytokines (comme le TNF-α) ou des produits microbiens.

Effets : Le NO induit sur les cellules cibles une augmentation du monophosphate guanosine cyclique (GMPc),
qui stimule une série de réponses cellulaires.

- Vasodilatation
- Inhibition de l’agrégation et de l’adhésion plaquettaire
- Inhibition du recrutement leucocytaire
- Microbicide par action de ses dérivés

F. Les cytokines et les chémokines

Les cytokines sont des protéines produites par de nombreuses catégories de cellules (lymphocytes et
macrophages activés principalement, cellules épithéliales et conjonctives) et qui règlent les fonctions d’autres
cellules. Elles interviennent dans l’immunité et dans l’inflammation aiguë et chronique.

Elles peuvent agir :

– Sur la cellule qui les a produites: effet autocrine


– Sur des cellules voisines : effet paracrine
– Avoir un effet systémique : effet endocrine

Elles agissent en se couplant à des récepteurs spécifiques. On verra quelques cytokines. D’autres seront
traitées dans le chapitre de l’immunité.

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• TNF-α et IL-1 :
Source : Ce sont des cytokines majeures produites surtout par les macrophages.

Stimuli : Leur sécrétion est déclenchée par : endotoxines et produits microbiens, complexes immuns, agents
physiques…

Effets :

- Activation leucocytaire
- Activation endothéliale : Sur les endothéliums elles permettent l’expression des molécules
d’adhésion, la synthèse des médiateurs (cytokines, chémokines, facteurs de croissance, eicosanoïdes
et NO), la production des enzymes intervenant dans le remodelage de la matrice et l’augmentation de
la thrombogénicité de l’endothélium.
- Sur les fibroblastes, ils sont pro-fibrose : ils stimulent la prolifération fibroblastique et la synthèse du
collagène.
- TNF : facteur cachectisant : il régule la balance énergétique avec une mobilisation des graisses et des
protéines et une diminution de l’appétit.
- Ils sont des pyrogènes.
- Ils sont responsables de nombreux effets systémiques de l’inflammation, dont la fièvre, la production
des protéines de phase aiguë et la leucocytose.

• Chémokines
C’est une famille de petites protéines qui sont surtout chimiotactiques pour les leucocytes. Une quarantaine
a été identifiée et une vingtaine de sites récepteurs ont été découverts. On se rappellera de :

- IL-8 : c’est une chémokine pour les neutrophiles, capable de les activer.
- IL-17 : chémokine pour les neutrophiles.
- Eotaxine : chémokine pour les éosinophiles

G. Les neuropeptides

Ce sont des petites protéines comme la substance P.

Source : Sécrétées par les fibres nerveuses surtout abondantes dans le poumon et le tractus gastrointestinal,
et par les leucocytes.

Effets :

La substance P est responsable de :

- Douleur,
- Régulation du tonus musculaire vasculaire,
- Modulation de la perméabilité vasculaire,
- Stimulation de la sécrétion des cellules endocrines.

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II. Les médiateurs d’origine plasmatique
Une partie de la réponse inflammatoire est provoquée par des protéines plasmatiques. Ces protéines
appartiennent à trois systèmes interdépendants:

- le complément,
- les kinines
- le système de la coagulation

A. Le complément

Le système du complément est composé par une vingtaine de protéines plasmatiques. Elles sont présentes
dans le plasma sous forme inactive (plus de 20 dont une partie numérotée de C1 à C9). Quand l’une est activée
elle prend une fonction protéolytique et dégrade d’autres protéines du complément (cascade enzymatique).
Plusieurs produits de clivage ont une action chimiotactique, opsonisante et augmentent la perméabilité
vasculaire.

Mécanisme de formation : Le point important est l’activation (protéolyse) de C3 (le plus abondant des
composants). C3 est activé par trois voies:

- La voie classique : C1+anticorps (IgM ou IgG) + antigènes


- La voie alterne déclenchée par des molécules de la surface des microorganismes (par exemple les
endotoxines ou LPS), complexes polysaccharidiques, venin de cobra en absence d’anticorps
- La voie des lectines : celles-ci se fixent sur les microorganismes et activent directement C1.

→ Toutes ces voies aboutissent à la formation d’une enzyme active: la C3 convertase qui clive C3 en 2
fragments : C3a et C3b. C3a est libéré et C3b reste attaché à l’antigène qui a déclenché l’activation du
complément.

→ C3b se combine aux molécules précédemment formées pour constituer la C5 convertase.C5 convertase

→ C5b se couple aux derniers composants (C6 à C9) pour former le complexe d’attaque membranaire = MAC,
responsable de la lyse microbienne.

Effets :

 Inflammatoires : C3a, C5a et à un moindre degré C4a sont les anaphylatoxines (effets semblables à
la dégranulation des mastocytes dans le choc anaphylactique). Elles augmentent la vasodilatation et
la perméabilité vasculaire. Le C5a est responsable aussi de la chimiotaxie des neutrophiles, des
monocytes, des éosinophiles et des basophiles. Il active aussi la voie de la lipo-oxygénase.

 Phagocytose : C3b et son produit de clivage iC3b fixés aux parois microbiennes facilitent la
phagocytose par les neutrophiles et les macrophages qui ont des récepteurs de surface pour ces
fragments (ils agissent comme des opsonines).

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 Lyse cellulaire : le dépôt de MAC (complexe d’attaque membranaire) rend les cellules perméables à
l’eau et aux ions et provoque leur mort.

C3a et C5a sont les médiateurs les plus importants. En plus des mécanismes déjà décrits ils peuvent être clivés
par les enzymes protéolytiques présents dans l’exsudat inflammatoire (plasmine, enzymes des lysosomes des
neutrophiles) en causant un cycle autoentretenu de recrutement des neutrophiles.

L’activité du complément est contrôlée par des protéines cellulaires ou circulantes (protection des tissus sains
sur le lieu d’activation du complément).

B. La coagulation

L’inflammation et la coagulation sont des phénomènes corrélés, qui se stimulent. L’inflammation augmente
la production de facteurs de la coagulation, rend les cellules endothéliales thrombogéniques et inhibe les
mécanismes anticoagulants.

D’autre part, la thrombine stimule des récepteurs (PARs), responsables de nombreux mécanismes
inflammatoires, comme une production et une mobilisation des sélectines, des intégrines, des chémokines,
l’induction de Cox-2 (production de prostaglandines), production de PAF et de NO, modification de la forme
des cellules endothéliales.

Mécanisme de formation : La voie intrinsèque de la coagulation débute par l’activation du facteur XII ou de
Hageman, protéine plasmatique inactive synthétisée par le foie, par contact avec le collagène :

- L’augmentation de la perméabilité vasculaire et l’exsudation le mettent en contact avec la matrice


conjonctive
- La lésion endothéliale le met en contact avec la lame basale

Devenu le facteur XIIa il active la cascade de la coagulation et celle des kinines.

Effets :

 Le facteur Xa : un intermédiaire dans la cascade de la coagulation augmente la perméabilité vasculaire


et la migration des leucocytes.
 La thrombine hydrolyse le fibrinogène qui donne la fibrine (insoluble) et des fibrinopeptides (activité
inflammatoire).
 La cascade de la coagulation active le système de la fibrinolyse qui doit solubiliser le caillot.

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C. Le système des kinines

Les kinines sont des produits de lyse des protéines plasmatiques, les kininogènes. Les protéases qui clivent
les kininogènes sont les kallikréines elles même activées par le facteur XIIa. La lyse des kininogènes (HMWK)
donne la bradykinine.

Effets :

 La bradykinine augmente la perméabilité vasculaire, provoque la contraction des muscles lisses, dilate
les vaisseaux et provoque la douleur. Sa demi-vie est courte: elle est inactivée par la kininase et lors
de son passage dans le poumon par un système enzymatique angiotensine.

 La kallicréine est un puissant activateur du facteur XII, elle a également une activité chimiotactique et
active directement le complément.

 La kallicréine et l’activateur du plasminogène (provenant de l’endothélium, leucocytes..) coupent le


plasminogène (protéine plasmatique) pour donner la plasmine, protéase qui coupe la fibrine en
produits de dégradation (augmentent la perméabilité vasculaire). La plasmine est entre autre capable
d’activer directement le complément, le facteur de Hageman.

En conclusion, les médiateurs plasmatiques s’influencent entre eux:

• La bradykinine, C3a et C5a (perméabilité vasculaire), C5a (chimiotactisme) et la thrombine sont les
médiateurs plasmatiques les plus importants.

• C3a et C5a peuvent être formés par plusieurs voies :

- La voie classique Ag-Ac


- La voie alterne
- La voie des lectines
- Les agents non directement en relation avec la réponse immunitaire : plasmine, kallicréine, protéases

Le facteur de Hageman (XII) permet d’enclencher 4 systèmes impliqués dans la réponse inflammatoire:

- Le système des kinines : vasoactives


- Le système de la coagulation : formation de thrombine à propriétés inflammatoires
- Le système de la fibrinolyse : dégrade la fibrine et produit les fibrinopeptides pro inflammatoires
- Le système du complement : anaphylatoxines et autres médiateurs.

Certains produits ainsi libérés activent le facteur de Hageman amplifiant ainsi la réaction.

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Conclusion

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CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM


L’INFLAMMATION

CM15-18 L’immunité et ses dérèglements

OBJECTIFS
1. Savoir expliquer la différence entre immunité innée et immunité acquise
2. Savoir lister les composants de l’immunité innée et de l’immunité acquise
3. Savoir décrire le stimulus, le mécanisme d’activation et les effets produits par le TL4
4. Pour les cellules intervenant dans l’inflammation savoir :
• Décrire leur structure
• Lister les principaux médiateurs produits
• Lister leurs fonctions dans l’inflammation
5. Pour l’immunité humorale et l’immunité à médiation cellulaire savoir :
• La definition
• Décrire le mécanisme de reconnaissance de l’antigène
• Décrire le mécanisme d’activation lymphocytaire et ses effets
6. Des hypersensibilités : savoir la définition, savoir décrire les acteurs, le
mécanisme et les lésions.
7. Des maladies auto-immunes : savoir décrire les mécanismes de la
tolérance immunitaire et de sa perte.

Le système immunitaire a un rôle vital parce qu’il nous protège des microbes
potentiellement mortels présents dans l’environnement. Comme tout, il est une arme à
double tranchant : bien organisé il nous protège, mais s’il est dérégulé, il est responsable de
maladies comme les hypersensibilités, les maladies auto-immunes et les immunodéficiences.
Le système immunitaire est constitué par deux grands mécanismes de protection contre les
pathogènes: l’immunité innée et l’immunité spécifique.

Les parties I et II sont des rappels de l’immunologie de l’année dernière.

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I. L’immunité innée
Elle regroupe les mécanismes qui sont présents dans l’organisme pour le protéger, même
avant la naissance. Ils ne sont pas spécifiques contre un pathogène déterminé mais ils sont à
large spectre d’action : leur activité est donc immédiate mais pas toujours complètement
appropriée. Il s’agit d’une première ligne de défense.
Les principaux composants de l’immunité innée sont les suivants :

A. Les pattern recognition receptors


Les leucocytes et les cellules épithéliales qui participent à l’immunité innée sont
capables de reconnaitre les microbes de façon peu spécifique par le biais de récepteurs,
appelés pattern recognition receptor. Ces derniers reconnaissent des classes de molécules
(ex : de l’ARN viral, des molécules de la paroi bactérienne,…), permettant ainsi de reconnaitre
des groupes de microbes comme les bactéries GRAM -, les bactéries GRAM +, etc.
Les récepteurs les plus importants sont les Toll-like receptors (TLR). Les TLR (14 classes)
sont présents sur la membrane et dans le cytoplasme cellulaire, de façon à pouvoir s’activer
contre les microbes externes et ceux phagocytés. Ils reconnaissent des composants des
bactéries et des virus. Une fois stimulés, ils activent des voies intracellulaires qui conduisent à
l’activation des facteurs de transcription responsables de la production de facteurs à activité
antimicrobienne et de l’activation des leucocytes (neutrophiles). On se rappellera du TLR4 qui
est activé par les lipopolysaccharides (LPS) contenus dans la paroi bactérienne.

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B. Les cellules de l’immunité innée
1. Les granulocytes
Parmi les leucocytes, on distingue les granulocytes ou polynucléaires (« Poly Morpho
Nuclear» = PMN) qui peuvent être neutrophiles, éosinophiles ou basophiles, des
agranulocytes que sont les monocytes ou lymphocytes.

Les granulocytes ont des granules (granules spécifiques) dans leur cytoplasme :
• Les éosinophiles ont une affinité pour l’éosine (rouge =acide) et donc des
granules rouges.
• Les basophiles ont des grains bleu (nature acide = affinité pour les colorants
basiques)
• Les neutrophiles ont des granules qui n’ont pas d’affinité pour un colorant
particulier. Ils restent neutres, i-e beiges – gris, (surtout vrai chez l’homme).
Certains animaux ont des neutrophiles à grains légèrement rouges.

Ces cellules sont aussi nommées polynucléaires car leur noyau est unique mais multilobé
(polymorphonuclear = PMN)

a) Les neutrophiles
Vie : Les neutrophiles naissent dans la moelle osseuse à partir d’une population de cellules
souches. Leur maturation dure environ 2 semaines mais elle peut être accélérée en cas de
besoin avec passage de formes immatures dans le torrent circulatoire.
Les neutrophiles restent peu dans la circulation (en moyenne 24h) répartis en deux
catégories :
• Le pool circulant (qu’on apprécie par la numération formule (NF))
• Le pool marginal, accolé aux cellules endothéliales surtout dans les veinules post
capillaires et roulant sur lui-même grâce aux molécules d’adhésion mais pouvant
retourner dans le pool circulant.
L’adhésion permet le passage dans les tissus où ces cellules vivent 1 à 2 jours, ne se divisent
pas et ne reviennent pas vers le sang.

Structure : Les granules des neutrophiles contiennent des protéines ou des enzymes dans une
membrane (lysosome) portant des molécules actives.
Plusieurs types de granules ont été identifiés et chaque type contient des enzymes différentes
(variable avec l’espèce) :
• Les granules azurophiles (ou primaires) contiennent des peptides antibactériens
(défensines) et surtout de la myelopéroxydase (composant important d’un
mécanisme microbicide oxygéno dépendant).
• Les granules spécifiques (ou secondaires) ne contiennent pas de myelopéroxydase
(MPO) mais possèdent notamment du cytochrome b pour la production de
radicaux antimicrobiens oxygéno dépendants.

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• D’autres granules contenant surtout de la gélatinase (granules tertiaires)
• Enfin des « vésicules sécrétoires » sont riches en récepteurs (complement receptor
1= CR1; CD11b/CD18 = molécule d’adhésion; CD14 = récepteur d’endotoxine) et
contiennent des enzymes (phosphatase alcaline, urokinase, activateur du
plasminogène). Ces vésicules sécrétoires sont rapidement mobilisées et fusionnées
à la membrane plasmique augmentant le nombre de molécules d’adhésion et de
récepteurs au complément

Fonctions : Les neutrophiles sont en général les premiers leucocytes à arriver sur un lieu
d’inflammation et sont spécialisés dans la destruction des microbes. Dans l’inflammation, ils
interviennent dans la phagocytose, le relargage de leurs enzymes lysosomiales et la
production de facteurs chimiotactiques. Certains composants du complément sont activés par
les enzymes des neutrophiles (C5a) eux-mêmes chimiotactiques pour les neutrophiles.

b) Les éosinophiles
Vie : Les éosinophiles sont des phagocytes moins actifs que les neutrophiles. Ils sont produits
dans la moëlle osseuse sous l’influence de trois cytokines (IL-3, IL-5, et GM-CSF) dont l’IL-5 est
particulièrement importante. Ils représentent de 1 à 5% de tous les leucocytes circulants et ils
migrent dans les tissus en réponse à des facteurs chimiotactiques dont l’éotaxine. Ils se
localisent surtout dans les tissus en contact avec l’extérieur (muqueuses) et dans les sites
d’allergie, de parasitisme ou d’inflammation fongique.

Structure : Leur caractéristique sont les granules cytoplasmiques : il s’agit de gros granules
rouges (éosine), de taille et en nombre variables avec les espèces (gros et nombreux chez
cheval, petits et nombreux chez le rat). Dans ces granules on retrouve:
• les mêmes médiateurs que dans les mastocytes
• des protéines spécifiques contre les parasites, comme la major basic protein et la
protéine cationique éosinophilique.
• des enzymes (collagénases = MMP-1,-8 et élastase) pour dégrader la matrice
protéique extracellulaire

Fonctions : Ils attaquent ou détruisent les helminthes (et d’autres pathogènes) et régulent les
réactions d’hypersensibilité (type I surtout).

c) Les basophiles
Vie : ils naissent dans la moelle osseuse et passent dans le sang. Ils sont rares dans le sang et
non visibles dans les tissus (1% des leucocytes circulant).

Fonctions : Les basophiles passent dans les tissus surtout lors des réactions d’hypersensibilité
ou sur le lieu de parasitisme car même contenu des granules et même rôle que les mastocytes.

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2. Les mastocytes

Vie : On ne connait pas leur précurseur mais, une fois formés, leur demi-vie est de 4 à 12
semaines. On reconnait deux types de mastocytes:
• Les mastocytes des muqueuses, intervenant dans l’immunité T-dépendante
• Les mastocytes du tissu conjonctif, indépendants des lymphocytes T.

Structure : Il s’agit de larges cellules rondes à polygonales, à cytoplasme clair et noyau rond
central. Leur cytoplasme renferme de très nombreux granules, métachromatiques avec
certains colorants acides (violet-pourpre avec le bleu de toluidine). Les médiateurs relargués
par les mastocytes appartiennent à deux catégories : les médiateurs primaires, préformés et
les médiateurs lipidiques et les cytokines, qui sont formés après stimulation cellulaire.
Dans les médiateurs primaires, on reconnait :
• Les amines biogéniques (histamine et sérotonine) : elles sont responsables de la
contraction musculaire, de la vasoperméabilité, des secrétions muqueuses et
gastriques.
• Les enzymes (chymase et tryptase) : responsables des lésions tissulaires, de la
génération des kinines et de l’activation du complément.

Dans les médiateurs lipidiques, on retrouve :


• Les leucotriènes à fonction vasoactive, spasmogénique et chimiotactique
• La PGD2: responsable du bronchospasme, de la sécrétion de mucus - Le PAF

Dans les cytokines, on retrouve :


• IL-5 : qui contribue à l’activation des lymphocytes B et à la synthèse des IgE. Elle est
aussi une chémokine pour les éosinophiles.
• IL-6 et TNF-α : interviennent dans le choc anaphylactique.

Fonctions : Les mastocytes interviennent dans les inflammations et les hypersensibilités,


surtout de type I. La membrane de ces cellules porte des récepteurs pour la partie Fc des IgE
ce qui provoque une dégranulation quand des antigènes se lient aux IgE attachées aux
membranes.
Ils représentent la source majeure d’histamine (phénomènes vasculaires de l’inflammation)
et producteurs de cytokines (TNF-α, IL-1,-3,-4,-5,-6,-8, IFN-γ). Ils ont un rôle aussi dans le
recrutement des éosinophiles : la libération des molécules du mastocyte provoque la synthèse
par diverses cellules (fibroblastes) de molécules chimiotactiques (éotaxine de la famille des
chemokines) qui attirent les éosinophiles.

3. Les macrophages
Vie : Les macrophages peuvent naître soit à partir des cellules souches de la moelle osseuse
(faible réserve), passer dans le sang (demi-vie 24-72h), sous forme de monocytes et migrer
dans les tissus où ils se transforment en macrophages (durée de vie : de quelques mois à des
années), soit se former par division à partir des macrophages résiduels dans les tissus.

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Structure : Histologiquement les macrophages sont des cellules volumineuses, rondes à
polygonales, à cytoplasme gris bleu à fins granules (lysosomes). Le noyau est central, gros et
réniforme. Ils synthétisent nombreux médiateurs :
• Protéines (cytokines, chémokines, fragments du complément, protéinases,)
radicaux oxygène et oxyde nitrique, lipides (PAF, prostaglandines et leucotriènes) et
cytokines qui activent d’autres leucocytes et des fibroblastes
• Les cytokines comme IL-1, TNF-α, IL-6 avec un rôle dans la fièvre et le choc

Fonctions :
Les macrophages ont un double rôle dans l’inflammation :

➢ Rôle pro-inflammatoire
Les macrophages avec ce rôle, sont les macrophages stimulés « classiquement » par les
produits des microbes et les agents d’agression. Ils interviennent dans les inflammations, en
détruisant et phagocytant les microbes et les débris cellulaires. Ils produisent aussi les
cytokines pro-inflammatoires et les chémokines.

➢ Rôle anti-inflammatoire et réparateur


Les macrophages avec ce rôle sont activés par IL-13 et IL-4. Ils secrètent des cytokines qui
inhibent l’inflammation, en particulier l’IL-10 et le TGF-β, et secrètent nombreuses cytokines
qui favorisent la cicatrisation et la fibrose.

Les macrophages stimulent aussi la réponse immunitaire acquise, en agissant comme


présentateurs d’antigène (CpAg) aux lymphocytes.

4. Les cellules dendritiques


Les cellules dendritiques sont des cellules qui possèdent des prolongements cytoplasmiques.
On reconnait deux types de cellules dendritiques :
• Les cellules dendritiques interdigitées : ce sont les cellules qui ont comme rôle
primaire de présenter l’antigène aux lymphocytes T. Elles sont localisées surtout
au niveau des épithéliums et dans le tissu interstitiel de tous les organes. Les
cellules dendritiques qui n’ont pas encore rencontré l’antigène au niveau
épidermique s’appellent cellules de Langerhans. Elles sont pourvues des pattern
recognition receptors pour reconnaitre les antigènes. Une fois liées à l’antigène,
elles se déplacent dans les zones riches en lymphocytes T pour activer les
lymphocytes CD4.
• Les cellules dendritiques folliculaires : ce sont des cellules présentes dans le centre
germinatif des follicules lymphoïdes. Elles ont des récepteurs pour la partie
constante des anticorps et pour la fraction C3b du complément. Une fois liées à
l’antigène, elles le présentent aux lymphocytes B et participent à la sélection des
lymphocytes B spécifiques.

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5. Les lymphocytes Natural Killer (NK)
Il s’agit de leucocytes de taille supérieure à celle des lymphocytes et pourvus de
granules cytoplasmiques à activité cytotoxique. Ce ne sont pas des lymphocytes T ou B donc
ils sont négatifs pour le CD3, CD79a et pour le TCR. Par contre, ils sont positifs pour le CD16 et
le CD56.

Fonctions : La fonction principale est la cytotoxicité, en particulier contre les cellules infectées
ou les cellules tumorales.
L’activité des NK est le résultat de la balance entre stimuli activateurs et stimuli inhibiteurs.
Les stimuli activateurs sont des molécules de surface, exprimées par les cellules en condition
de stress. Le stimulus inhibiteur majeur est le CMH de type I, exprimé par toutes les cellules
du soi en bonne santé. Une cellule infectée exprime souvent les molécules du stress et réduit
l’expression du CMH I. Si la balance est en faveur de l’activation du NK, la cellule relargue les
enzymes présentes dans les granules, en particulier la perforine et le granzyme B, qui vont
tuer la cellule et son microbe intracellulaire.
Le CD16 est en particulier un récepteur pour les anticorps : les anticorps liés à un antigène se
lient au CD16 activant le lymphocyte Natural killer qui va secréter ses granules, contenant de
la perforine et du granzyme, qui tuent la cellule qui possède l’antigène. Ce type d’activité est
appelée cytotoxicité médiée par les anticorps.
Les NK secrètent aussi nombreuses cytokines, dont l’INF-γ.

II. L’immunité acquise (adaptative)


L’immunité acquise est une défense supplémentaire de l’organisme. Elle est activée de
façon spécifique par les pathogènes. Elle est plus lente à se mettre en place, mais une fois
stimulée elle est beaucoup plus efficace pour détruire les microbes. De plus, il reste une
mémoire qui permet à l’organisme de réagir beaucoup plus rapidement et efficacement s’il
rencontre une deuxième fois le même pathogène.
Elle se déroule en 4 temps :
1 - Reconnaissance de l’antigène
2 - Activation spécifique des lymphocytes
3 - Elimination de l’antigène
4 - Diminution de la réponse immunitaire.

Les cellules appartenant à l’immunité acquises sont :


• Les lymphocytes B et les plasmocytes, médiateurs de l’immunité humorale et
principalement dirigés vers les pathogènes extracellulaires
• Les lymphocytes T, à médiation cellulaire, principalement dirigés vers les
pathogènes intracellulaires

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A. Les cellules de l’immunité acquise
Les lymphocytes sont des leucocytes très mobiles : ils circulent dans les tissus et les
organes lymphoïdes.
Les lymphocytes ont une morphologie identique, mais sont très différents par leurs fonctions
et leurs propriétés. On reconnait 5 types de lymphocytes :
• Les lymphocytes B : une fois stimulés par les microbes, ils se transforment en
plasmocytes et secrètent les anticorps
• Les lymphocytes T helper CD4 : ils sont stimulés par les microbes présentés par les
macrophages et les autres cellules présentatrices d’antigènes et ils activent les
macrophages, interviennent dans l’inflammation et activent les lymphocytes B
• Les lymphocytes T cytotoxiques CD8 : ils sont stimulés par les antigènes présentés
par les cellules du soi et ils mettent en place la toxicité à médiation cellulaire
(détruisent la cellule qui leur a présenté l’antigène)
• Les lymphocytes Treg : ils ont une fonction anti-inflammatoire en modulant
négativement la réponse immunitaire
• Les Natural killer (NK) : (traités dans l’immunité innée)

Les lymphocytes B et T qui n’ont jamais rencontré un antigène sont appelés naïfs; les
lymphocytes B et T qui ont rencontré l’antigène peuvent être des cellules effectrices s’ils
détruisent l’antigène, ou mémoire quand ils restent quiescents jusqu’à une nouvelle
rencontre de l’antigène.

1. Lymphocytes T
Les lymphocytes T se développent à partir de précurseurs présents dans le thymus et
sont présents dans le sang ainsi que dans les zones dites « T » des organes lymphoïdes
périphériques.
Chaque lymphocyte T (CD4 et CD8) est génétiquement programmé pour reconnaitre un
antigène spécifique capable de se lier à leur récepteur (TCR).

Structure du récepteur:
• TCR : le TCR est formé par deux chaines protéiques (αβ) spécifiques d’un seul
antigène. Ils existent des lymphocytes T qui possèdent un TCR formé par les chaines
protéiques γδ. Ils sont peu connus, mais il semblerait qu’ils soient localisés au niveau
des muqueuses et qu’ils reconnaissent des petits antigènes et peptides sans l’aide
du complexe majeur d’histocompatibilité. Les chaines αβ sont formées par une
partie variable, spécifique à l’antigène, et une partie constante.
• CD3 : partie du récepteur responsable de l’identification des lymphocytes T. Elle
est composée de 5 chaines protéiques et intervient dans la transduction du signal.
• CD4 ou CD8 : chaque lymphocyte mature possède soit le CD4 soit le CD8. Ce sont
des corécepteurs qui se lient au complexe majeur d’histocompatibilité (CMH) : le
CD4 se lie au CMH de type II, le CD8 au CMH de type I. En fait, les lymphocytes T
s’activent seulement lorsque le TCR se lie à l’antigène et que le CD4 ou le CD8 se
lie au CMH (double signal).
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2. Les lymphocytes B
Les lymphocytes B se forment à partir de précurseurs présents dans la moelle osseuse
et circulent dans le sang et les organes lymphoïdes périphériques. Ils sont génétiquement
programmés pour reconnaitre un antigène spécifique capable de se lier à leur récepteur (BCR).
La liaison stimule l’activation de la cellule qui se transforme en plasmocyte secrétant des
anticorps ou en cellule mémoire.

Structure du récepteur
• BCR : Le récepteur pour les antigènes des lymphocytes B sont les anticorps de type
D ou M. Leur partie variable est spécifique d’un seul antigène.
• CD79 (à connaître) : il s’agit d’un corécepteur important pour la transduction du
signal. Il est composé par deux chaines (αβ). Le CD79a est utilisé pour reconnaitre
les lymphocytes B dans nombreux examens complémentaires.
• CD21 : c’est un récepteur pour les fractions C3b et C3d

B. Le Complexe Majeur d’Histocompatibilité


Il s’agit d’un récepteur qui se lie aux antigènes, de façon aspécifique, pour que les
lymphocytes les reconnaissent comme antigènes et s’activent. Il a donc pour rôle la
présentation des antigènes. On reconnait deux types de molécules :
• CMH de type I : il est présent sur presque toutes les cellules nucléées du soi et
permet aux lymphocytes de les reconnaitre comme du soi. Quand ces cellules sont
infectées, elles vont apprêter (antigen process), par les proteasomes, les microbes
pour lier les fragments (= antigènes) au CMHI qui transloque sur la surface
cellulaire. Quand un lymphocyte CD 8+ reconnait le CMH de type I lié à un
antigène, il active un mécanisme de cytotoxicité qui entraine la mort de la cellule
et possiblement du microbe
• CMH de type II : il est présent sur les cellules dites présentatrices d’antigène et un
peu sur d’autres types de cellules (macrophages, cellules dendritiques, cellules
endothéliales, kératinocytes et fibroblastes). Il se lie de préférence aux antigènes
extracellulaires, souvent phagocytés par les cellules présentatrices d’antigène. Les
lymphocytes T CD4 se lient à l’antigène par le TCR et au CMH de type II par le CD4.
Cette double liaison permet l’activation lymphocytaire.

Le CMH est déterminé génétiquement et chaque organisme possède un CMH de type I et de


type II différent. Cela explique la prédisposition à avoir des allergies (si le sujet possède le CMH
II qui se lie aux antigènes par exemple des pollens) ou des résistances à développer certaines
maladies infectieuses (si le sujet possède un CMH qui est capable de se lier à l’antigène
microbien et donc de stimuler la réponse immunitaire acquise).

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C. L’activation lymphocytaire et réponses immunitaires
1. Reconnaissance antigénique
Des lymphocytes spécifiques pour un très grand nombre d’antigène existent avant
l’exposition à l’antigène. Chaque lymphocyte peut reconnaitre un seul type d’antigène et le
groupe de lymphocytes qui se lient à la même molécule s’appellent clones. Chaque clone est
représenté par un faible nombre de lymphocytes.
Pour faire en sorte que le bon lymphocyte rencontre l’antigène, il y a plusieurs mécanismes :
• Les antigènes sont capturés par les cellules dendritiques qui se retrouvent partout
dans l’organisme.
• Les lymphocytes B secrètent leurs récepteurs, les anticorps, dans les liquides.
• Les microbes stimulent une réponse immunitaire innée, qui rappelle les cellules
dendritiques et qui active les lymphocytes.
• Les lymphocytes circulent dans l’organisme.

2. Activation de l’immunité à médiation cellulaire


L’antigène est présenté par le CMH de type I ou de type II aux lymphocytes T CD8 ou
CD4. Le lien entre le TCR et l’antigène ainsi qu’entre le CD4 ou le CD8 et le CMH active le
lymphocyte qui se multiplie. Les lymphocytes qui en dérivent se différencient en cellules
mémoires et en cellules effectrices. Les cellules effectrices, selon qu’elles soient CD4 ou CD8,
ont une réponse différente, qui est influencée par les cytokines présentes dans
l’environnement.

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a) Les lymphocytes CD4
Si l’antigène est extracellulaire et donc présenté par des cellules présentatrices
d’antigène par le CMH de type II, ce sont les lymphocytes T CD4 spécifiques qui reconnaissent
la molécule. La liaison détermine la réplication des lymphocytes T CD4 spécifiques et leur
différenciation en cellules mémoires et cellules effectrices.
Les cellules effectrices peuvent être de trois types, secréter trois types différents de cytokines
et avoir une action différente. On reconnait donc trois types de réponse immunitaire
adaptative à médiation cellulaire : les réponses dites TH1, TH2, TH17.

➢ La réponse TH1 est stimulée par la présence, dans l’environnement cellulaire, d’INF-γ
et d’IL- 12. Elle est caractérisée par la sécrétion, de la part des lymphocytes T, d’INF-γ,
qui active les macrophages et stimule les lymphocytes B à produire des anticorps. La
réponse immunitaire est donc dirigée surtout contre les microbes intracellulaires

➢ La réponse TH2 est stimulée par l’IL-4 et elle est caractérisée par la sécrétion, de la part
des nouveaux lymphocytes T CD4, d’IL-4, d’IL-5, et d’IL-13. Ces cytokines stimulent
l’activation des mastocytes et des éosinophiles, ainsi que des lymphocytes B à
produire des IgE. C’est une réponse immunitaire dirigée contre les agents
extracellulaires et les parasites.

➢ La réponse TH17 est stimulée par l’IL1, l’IL-6, l’IL-23 et le TGF-β. Elle stimule les
lymphocytes à produire l’IL-17, l’IL-22. Ce type de réponse a comme effet le
recrutement de neutrophiles et de monocytes. Elle est stimulée et efficace contre les
bactéries extracellulaires et les champignons. Elle intervient aussi dans l’inflammation
chronique à médiation immune.

b) Les lymphocytes CD8


Les lymphocytes T CD8 reconnaissent les antigènes présentés par le CMH de type I.
Deux réponses sont possibles :
➢ Activité cytotoxique : Les cellules effectrices peuvent se transformer en lymphocytes
cytotoxiques qui induisent la mort de la cellule (lyse) qui a présenté l’antigène. Ce type
de réponse est donc dirigée contre les microbes intracellulaires et les cellules
tumorales. Il s’agit de l’activité principale des L CD8.

➢ Réponse TH1

3. Activation de l’immunité humorale


Les lymphocytes B s’activent quand l’antigène se lie au récepteur membranaire qu’ils
possèdent. Le lien détermine la prolifération lymphocytaire et la différenciation en cellules
mémoires et cellules effectrices. Celles-ci vont se transformer en plasmocytes, capables de
sécréter différentes classes d’anticorps.
Les antigènes peuvent être plus au moins immunogènes donc capables d’activer plus ou moins
bien les lymphocytes B. Dans le cas où l’activation n’est pas très efficace, les lymphocytes B
phagocytent les antigènes et les présentent liés au CMH de type II. Cela active les lymphocytes

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T CD4, qui sécrètent des cytokines, capables d’activer les lymphocytes B. Les lymphocytes TH1
induisent une production d’IgG, les lymphocytes TH2 stimulent la production d’IgE.
Chaque plasmocyte secrète les anticorps qui ont le même site de reconnaissance antigénique
que le premier lymphocyte B qui a reconnu l’antigène. Les anticorps sont capables de
combattre les microbes par différents mécanismes :
• Neutralisation : la liaison entre anticorps et microbe empêche ces derniers
d’infecter d’autres cellules
• Opsonisation : les IgG se lient aux microbes et les recouvrent. Leur partie variable
spécifique est en contact avec le microbe ; la partie constante est donc positionnée
vers l’extérieur. Les particules deviennent alors une cible pour les neutrophiles et
les macrophages qui possèdent un récepteur pour le Fc. La liaison les active et la
particule opsonisée est phagocytée et détruite.
• Activation du complément (Ig G et Ig M) par la voie classique avec formation du
complexe d’attaque membranaire (CAM) qui détruit le microbe. Des fragments du
complément fonctionnent comme des opsonines en facilitant la phagocytose des
microbes.

4. Fin de la réponse immunitaire


La majorité des cellules effectrices meurt par apoptose une fois le microbe éliminé. Les
cellules mémoires forment un clone de nombreux lymphocytes. Elles peuvent vivre pendant
des années et, au cours de stimulations antigéniques successives, s’activer et proliférer. En
raison du fait que le clone de lymphocytes mémoires est de plus grand que celui des cellules
naïves du départ, la réponse immunitaire se développera beaucoup plus vite que la première
fois.

III. Les désordres immunitaires


Les désordres immunitaires peuvent se classer en :
• Hypersensibilités : lorsqu’ il y a une activité anormale du système immunitaire (la
réponse inflammatoire, quant à elle, est normale). Si la réponse immunitaire est
dirigée contre les antigènes du soi, en parlera de maladies auto-immunes.
• Déficiences : lorsque l‘activité immunitaire est déficitaire.

A. Les hypersensibilités
L’hypersensibilité est une réaction inappropriée à un antigène spécifique lors d’un premier
contact, avec comme conséquence des réactions exacerbées, amenant à des lésions, après
nouvelle exposition à l’antigène spécifique (inflammation mal dirigée et mal régulée).

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Toutes les hypersensibilités sont caractérisées par deux phases :
• Une phase dite de sensibilisation : elle consiste en une première exposition de
l’hôte à l’antigène, de façon à développer une première réponse immunitaire avec
formation de cellules mémoires.
• Une phase effectrice : il s’agit de la nouvelle rencontre ou d’une première
rencontre prolongée de l’hôte avec l’antigène. Elle a pour conséquences la mise en
place de la réponse immunitaire et le développement de ses conséquences
pathologiques : une réaction inflammatoire ou une lyse cellulaire.

Les hypersensibilités ont été classées en quatre types, selon le mécanisme sous-jacent. Nous
allons les voir, en détaillant les acteurs (type d’antigène et leucocytes), le mécanisme, les
effets pathologiques et exemples.

Pour chacune des hypersensibilités, connaitre les définitions, les acteurs, les
mécanismes et les lésions associées.

1. L’hypersensibilité de type I
Elle est appelée aussi hypersensibilité immédiate ou allergie. Elle est due à une réponse
immunitaire médiée par les IgE.

a) Acteurs
Les antigènes concernés, appelés aussi allergènes, sont surtout d’origine
environnementale ou parasitaire. Ceux-ci vont interagir avec les IgE qui se fixent sur la paroi
des mastocytes en déterminant leur dégranulation.
Les cellules qui interviennent sont les mastocytes et les éosinophiles. Les mastocytes peuvent
être activés par liaison des IgE présents sur leur surface cellulaire avec l’antigène (→ réaction
anaphylactique) ou par d’autres facteurs (→ réaction anaphylactoide) comme le froid, la
chaleur, le trauma, des cytokines (IL-8), C3a et C5a et des médicaments (codéine, morphine,
AINS).
Les éosinophiles sont rappelés par les chémokines libérées par les mastocytes, comme
l’eotaxine et l’IL-5. Ils interviennent surtout dans la phase retardée.

b) Mécanisme
Un sujet déjà sensibilisé développe cette réaction dans les minutes qui suivent le
contact avec l’allergène. C’est pour ça que la réaction est appelée immédiate.

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Dans la phase de sensibilisation, les antigènes sont captés par les cellules présentatrices
d’antigènes qui stimulent une forte réponse de type TH2, via des T CD4 produisant des
cytokines (IL-4 et IL-13) responsables de la réplication des lymphocytes B spécifiques et de
leur stimulation à produire des IgE ainsi que de l’activation des éosinophiles (IL-5). Les IgE vont
se lier à la surface des mastocytes. Quand le sujet rencontre à nouveau l’antigène, celui-ci va
se lier aux IgE présents sur les mastocytes (passage direct en phase effectrice).
La liaison (phase effectrice) détermine :
• La dégranulation des médiateurs préformés des mastocytes : les médiateurs
relargués sont ceux déjà synthétisés et sont donc responsables des premiers signes.
Cette phase s’appelle phase immédiate et les médiateurs concernés sont
l’histamine, la sérotonine, la chymase, la tryptase, les chémokines pour les
éosinophiles et les neutrophiles, ainsi que les produits d’origine lipidique
(prostaglandines, prostacyclines, leucotriènes), certaines cytokines, et le PAF.
• L’activation des mastocytes à produire d’autres médiateurs (en particulier les
médiateurs d’origine lipidique) qui entretiennent l’inflammation, à secréter des
chémokines qui rappellent des nouvelles cellules inflammatoires en quantité
élevée, ainsi que des cytokines qui amplifient la réponse de type TH2. La phase
retardée est stimulée par des expositions prolongées ou intenses à l’allergène.

Dans la phase retardée, les éosinophiles contribuent aux lésions tissulaires par relargages de
leurs enzymes et les cellules épithéliales augmentent la réaction inflammatoire en secrétant
des chémokines.
Les facteurs qui déterminent si un sujet développe ou non une réaction d’hypersensibilité de
type I sont variés et complexes :
• Il y a une surement une composante génétique qui prédispose le sujet à développer
une réponse immunitaire de type TH2 (atopie) avec sécrétion de cytokines favorisant
la production d’IgE. Les sujets atopiques, en humaine, ont des niveaux plus élevés
d’IgE circulantes et plus de cellules TH2 qui secrètent de l’IL-4.
• Le type de CMH, déterminé génétiquement, prédispose aussi à développer une
réponse allergique. Un sujet qui possède une quantité augmentée de CMH de type
II se liant à un antigène normalement non immunogène sera prédisposé à
développer une allergie pour l’antigène en question.
• D’autres facteurs jouent un rôle, même s’il est peu connu : les polluants
environnementaux, les infections virales et bactériennes, la voie d’exposition…

Les manifestations changent avec l’espèce et le tissu concerné et cela dépend des types et des
proportions des médiateurs secrétés.

c) Lésions
On observe une inflammation aiguë due à la phase immédiate (dans les minutes qui
suivent) qui peut progresser à la phase retardée (peut durer des heures).

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Réaction immédiate: elle est secondaire au relargage des amines vasoactives. On observera
donc :
✓ Une vasodilatation
✓ Une augmentation de la perméabilité vasculaire
✓ Une contraction de la musculature lisse
✓ Une hypersécrétion glandulaire
✓ L’arrivée des cellules inflammatoires
✓ Une destruction tissulaire induite par les enzymes mastocytaires.
Ces réactions s’installent dans les minutes qui suivent l’exposition à l’antigène et durent
quelques heures.

Réaction retardée: caractérisée par une infiltration leucocytaire plus importante


(éosinophiles, neutrophiles, macrophages, lymphocytes de type T), ainsi que par une
destruction tissulaire secondaire aux effets des leucocytes. En particulier, les éosinophiles
secrètent des enzymes, comme la major basic protein (MBP), qui sont toxiques également
pour l’hôte et contribuent aux lésions des cellules épithéliales.
Ces réactions s’installent entre 2 et 24 heures, sans besoin d’une exposition ultérieure à
l’antigène. Elle peut durer plusieurs jours.

La phase immédiate dépend directement des médiateurs secrétés par les mastocytes, lorsque
les lésions tissulaires observées dans la phase retardée ne sont plus attribuables aux autres
leucocytes, recrutés par les cytokines secrétés lors de la phase immédiate et capables d’auto-
entretenir et aggraver l’inflammation par production de nouveaux médiateurs de
l’inflammation.

Cliniquement, on observera des réactions localisées ou des réactions systémiques


(anaphylaxie). Les réactions systémiques progressent rapidement vers un état de choc suivi
par la mort de l’animal. L’atopie est la prédisposition génétique du sujet à développer des
hypersensibilités de type I, localisées et dirigées vers des antigènes non pathogènes.

d) Deux exemples

➢ L’anaphylaxie

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➢ L’atopie
Il s’agit d’une réaction d’hypersensibilité I localisée. Il existe des prédispositions
génétiques à l’origine de cette maladie.

L’atopie peut être déclenchée chez le chien ou le chat par des piqûres de puces ou via
l’alimentation. Elle se traduit par une augmentation du nombre de mastocytes au niveau
digestif, respiratoire ou cutané.

On parle de dermatite atopique chez les carnivores. En effet, les chiens ont beaucoup de
mastocytes au niveau de la peau ce qui explique que la réaction ait lieu à ce niveau là.
Chez les ruminants, on parle de rhinite allergique (beaucoup de mastocytes au niveau
respiratoire).

En résumé :
Type Antigène Composante immunitaire Lésions Exemples
1. Hyperémie
2. Œdème
IgE 3. Contraction
Anaphylaxie
I Allergènes Mastocytes musculaire
Atopie
Eosénophiles 4. Hypersécrétion
5. Inflammation
6. Destruction tissulaire

2. L’hypersensibilité de type II
L’hypersensibilité de type II, ou cytotoxique, est une réaction des anticorps contre des
antigènes présents sur la surface cellulaire ou dans un tissu.

a) Acteurs
Les antigènes peuvent être endogènes (récepteurs, protéines cellulaires ou tissulaires)
ou exogènes (par exemple des médicaments ou des protéines microbiennes absorbées sur la
surface cellulaire). Les anticorps qui interviennent sont pour la plupart des IgG ou des IgM.

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b) Mécanisme
L’hypersensibilité de type II se base sur la production d’anticorps qui interagissent avec
des antigènes (endogènes ou exogènes absorbés sur la surface cellulaire ou tissulaire) en
déterminant la destruction de la cellule ou du tissu présentant l’antigène. La réaction se met
en place en quelques heures pour un sujet sensibilisé.
Il y a trois mécanismes majeurs :
• Réactions dépendantes du complément : les anticorps activent le complément
(voie classique) et détruisent la cellule par formation du CAM et/ou par
opsonisation par la fraction C3b et phagocytose.
• Réactions dépendantes des anticorps : les anticorps peuvent déterminer la
destruction cellulaire par opsonisation ou par cytotoxicité cellulaire médiée par les
anticorps.
• Dysfonctionnement cellulaire médiée par les anticorps : les anticorps qui se lient à
des récepteurs peuvent en altérer la fonction. Ils peuvent fonctionner comme des
agonistes (le récepteur est activé → hyperactivité) ou comme des antagonistes (le
récepteur est inhibé → hypoactivité).

c) Lésions
Des exemples de maladies induites par une hypersensibilité de type II sont l’anémie
hémolytique auto-immune, l’isoérythrolyse néonatale, le pemphigus, la myasthenia gravis.
On distingue :
• Les maladies cytotoxiques par destruction cellulaire, qui se caractérisent par une
diminution de la population cellulaire concernée, le plus souvent des cellules
sanguines comme les globules rouges ou les plaquettes
• Les maladies non- cytotoxiques par dysfonctionnement, se caractérisant plutôt par
un dysfonctionnement initial suivi par une inflammation induite par les anticorps.

d) Exemple
➢ Isoérythrolyse néonatale du poulain
Un 1er poulain hérite à sa naissance des Ag érythrocytaire du père, transmis à la mère
par le sang fœtal. Celle-ci subit donc une première exposition à ces antigènes : il y a
sensibilisation.
Le 2ème poulain hérite toujours des Ag érythrocytaires du père, mais cete fois-ci la mère va
produire des anticorps contre ces antigènes (deuxième exposition donc phase effectrice) qui
vont être transmis au poulain via le colostrum.
L’isoérythrolyse néonatale du poulain entraine une anémie très sévère et de l’ictère.
L’hémoglobine est libérée dans le sang ce qui entraine une forte coloration rouge des reins et
de l’urine.

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En résumé :
Type Antigène Composante immunitaire Lésions Exemples
Antigènes
1. Lyse cellulaire
associés aux IgG et IgM Isoérythrolyse
II 2. Dysfonctionnement
cellules ou à Complément néonatale
et infammation
la matrice

3. L’hypersensibilité de type III


L’hypersensibilité de type III, ou à complexes immuns, se base sur la formation de complexes
immuns avec activation du complément et destruction cellulaire secondaire.

a) Acteurs
Les acteurs sont les complexes immuns qui stimulent les neutrophiles, les
macrophages et les lymphocytes et activent le complément.
Les antigènes responsables sont les antigènes solubles dans le sang et qui peuvent dériver
d’une inflammation chronique de longue durée, comme par exemple lors d’infections
parasitaires ou de maladies auto-immunes.
Les anticorps sont des IgG et des IgM. Ils vont permettre la formation de complexe immuns.

Pour la formation de complexes immuns stables, il faut que les antigènes soient juste
légèrement supérieurs en quantité par rapport aux anticorps et que le complexe immun formé
soit petit et soluble. S’il y a beaucoup plus d’anticorps que d’antigènes, les complexes immuns
formés seront de grandes tailles et seront donc phagocytés; si les antigènes sont beaucoup
plus abondants que les anticorps, les complexes immuns seront peu nombreux et
disparaitront rapidement.

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b) Mécanisme
Des anticorps dirigés contre des antigènes vont former des complexes immuns qui
circulent dans le sang. Ces complexes, sur la base de leur propriétés (taille, charge électrique,
quantité) se fixent au niveau de la membrane basale de certains tissus, où ils activent les
cellules inflammatoires et le complément, qui produisent des cytokines vasoactives
(histamine et sérotonine, C3a, C5a) et des chémokines.
Le résultat est une augmentation de la perméabilité vasculaire et la stimulation d’une
réponse inflammatoire, qui est localisée au niveau des vaisseaux (afflux de neutrophiles et
macrophages, activation du complément, activation de la coagulation). Dans des cas moins
fréquents, les complexes immuns se forment au sein des tissus et la réaction inflammatoire
est donc localisée dans ces tissus plutôt qu’au niveau vasculaire.
Les effets lésionnels de destruction cellulaire et tissulaire ressemblent à ceux de
l’hypersensibilité de type II mais le mécanisme pathogénique est différent. En fait, dans
l’hypersensibilité de type III, la destruction tissulaire n’est pas due aux anticorps dirigés contre
des antigènes cellulaires mais elle est secondaire à l’accumulation de complexes immuns dans
les tissus.

c) Lésions
Les lésions dérivent de l’activation de l’inflammation par les complexes immuns. On
observera donc une inflammation notamment une vascularite lorsque les complexes immuns
sont localisés au niveau de la membrane basale vasculaire. Les tissus les plus concernés sont
les glomérules rénaux, la synovie, les plexus choroïdes et les petits vaisseaux en général.
Rq : Les animaux ont surtout des lésions au niveau des glomérules rénaux et de la synovie.
Il y a deux types de maladies dues à l’hypersensibilité de type III :
• Une forme localisée : elle ne concerne qu’un organe (ex : maladie de l’œil bleu chez
le chien (Adenovirus canin I (CAV 1) = hépatite de Rubarth) ou la COPD (chronic
pulmonary obstructive disease) chez le cheval).
Dans les heures qui suivent le dépôt de complexes immuns, on observe la
margination et la diapédèse de neutrophiles ainsi que la formation de lésions
tissulaires qui progressivement augmente. La quantité de complexes immuns dans
les parois vasculaires détermine la sévérité des lésions. Les lésions observées sont
donc principalement des vascularites neutrophiliques avec, dans les cas les plus
graves, des thrombus, des hémorragies périvasculaires et des lésions de nécrose
tissulaire.
• Une forme systémique : tous les vaisseaux sont atteints (ex : syndrome consécutif à
l’administration de sérum hétérologue, Lupus érythémateux systémique, anémie
infectieuse équine).

En résumé :
Type Antigène Composante immunitaire Lésions Exemples
1. Vascularité
Antigènes Maladie de
III Complexes immuns nécrosante
solubles l’œil bleu
2. Inflammation

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4. L’hypersensibilité de type IV
L’hypersensibilité de type IV, ou retardée, est une réaction médiée par les lymphocytes T. Du
fait que les lymphocytes T mettent environ 24-48 heures pour s’activer et développer la
réponse immunitaire. C’est la réaction typique de la tuberculose.

a) Acteurs
Les antigènes sont ceux capables de stimuler une réponse des lymphocytes de type
T. Souvent ils appartiennent à des protéines du soi (maladies auto-immunes) ou à des agents
microbiens intracellulaires.
Les leucocytes concernés sont les lymphocytes T CD4 et les lymphocytes T CD8.

b) Mécanisme
On reconnait deux types de réponse :
• Réponse retardée : elle est médiée par les lymphocytes T CD4, activés par des
antigènes présentés par le CMH de type II. Une fois que le sujet a été
préventivement sensibilisé, une deuxième rencontre avec l’antigène stimule ce
type de réaction. Les antigènes sont présentés par les cellules présentatrices
d’antigènes, stimulent les CD4 à produire des cytokines qui déclenchent une
réponse immunitaire de type TH1, avec appel et activation de macrophages, ou de
type TH17, avec une prédominance de neutrophiles.
• Réponse cytotoxique : elle est médiée par les lymphocytes T CD8, activés par des
antigènes présentés par le CMH de type I. C’est une réponse fréquente lors
d’infections virales ou dans certaines maladies auto-immunes comme le diabète
de type I. Les CD8 activés induisent la mort de la cellule présentatrice d’antigène
par sécrétion de protéines cytotoxiques (perforine et granzyme) ou par interaction
de leur ligand Fas avec le récepteur sur la cellule. Le résultat dans les deux cas est
une apoptose de la cellule.

c) Lésions
Réponse retardée : l’exemple typique est la réaction tuberculinique mais toutes les
inflammations granulomateuses persistantes sont en fait des hypersensibilités de type IV. Dans
un premier temps on observe un nodule œdémateux qui contient au début des neutrophiles
qui sont rapidement remplacés par des macrophages et des lymphocytes. La lésion devient
donc granulomateuse avec présence de cellules épithélioïdes et éventuellement de cellules
géantes. Si à la base de la réaction on a une réponse de type TH17, on aura aussi la persistance
des neutrophiles (lésion pyogranulomateuse).

Réponse cytotoxique : on observe une apoptose cellulaire accompagnée par des lymphocytes
T souvent très proches de la cellule apoptotique.

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En résumé :
Type Antigène Composante immunitaire Lésions Exemples
1. Antigènes
solubles
2. Antigènes
1. Granulome
IV de contact Lymphocytes T Tuberculose
2. Destruction cellulaire
3. Antigènes
associés
aux cellules

B. Les maladies auto-immunes


Les maladies auto-immunes se caractérisent par trois caractéristiques communes :
• La présence d’une réaction immunitaire dirigée contre un antigène ou un tissu du
soi.
• L’évidence que cette réaction n’est pas secondaire à une lésion tissulaire mais
qu’elle est la première cause de la lésion.
• L’absence d’une autre cause qui puisse expliquer la maladie.

Selon l’antigène qui stimule la réaction immunitaire, les maladies peuvent être localisées à un
seul organe, comme la myasthenia gravis ou le diabète sucré de type I, ou être systémiques,
comme le lupus érythémateux systémique.
A la base du développement d’une maladie auto-immune il y a la perte de la tolérance vers
les antigènes du soi.

C. La tolérance immunologique
La tolérance immunologique est l’absence de réaction immunitaire contre les antigènes du
soi.

Cela est possible grâce à plusieurs mécanismes :


• Délétion des lymphocytes auto-réactifs
Au moment du développement fœtal, les lymphocytes T dans le thymus rencontrent presque
tous les antigènes du soi. S’ils réagissent, ils sont automatiquement détruits par apoptose, de
façon à ne laisser que des lymphocytes T sans récepteurs pour les antigènes du soi. Les
lymphocytes B qui réagissent fortement aux antigènes du soi sont stimulés à réarranger les
gènes qui codent pour leur récepteur de façon à le changer. Malheureusement ce mécanisme,
appelé self tolérance, est loin d’être parfait, et des lymphocytes T et B auto-réactifs échappent
au système. Donc il y a d’autres systèmes pour rendre silencieux ces lymphocytes.
• Anergie
C’est un mécanisme qui inactive de façon prolongée ou irréversible les lymphocytes. Il se met
en place lorsque l’antigène n’est pas présenté par une molécule de CMH. Le récepteur B ou T
se lie mais il n’y a pas la co-stimulation qui vient des co-récepteurs qui se lient à la molécule
du CMH. Le lymphocyte, donc, à la place de s’activer, devient anergique ou meurt par
apoptose
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• Suppression médiée par les lymphocytes régulateurs
Les lymphocytes régulateurs, appelés aussi Treg, sont des lymphocytes CD4, qui expriment
aussi le CD25 (récepteur d’IL-2) et le facteur de transcription Foxp3. L’IL-2 stimule la
différenciation des T CD4 en Treg. Les Treg produisent des cytokines, comme l’IL-10 et le TGF-
β (action immunosuppressive). Ils se développent dans le thymus, à partir des lymphocytes T
qui reconnaissent des antigènes du soi. Leur fonction est de déprimer la réponse immunitaire
lorsque celle-ci est activée par l’antigène du soi qu’ils ont reconnu. Il s’agit d’un phénomène
de réponse immunitaire dite périphérique.

D. Perte de la tolérance immunologique


Les maladies auto-immunes sont la conséquence d’une prédisposition génétique
responsable de la perte de tolérance, et de facteurs environnementaux, qui stimulent
l’activation des lymphocytes autoréactifs.
La prédisposition génétique est due aux :
• gènes qui codent pour le CMH. Une altération du CMH peut modifier le processus
du développement de la tolérance immunitaire (production de plus de cytokines,
CMH II plus affin, …)
• polymorphismes sur des gènes qui interviennent dans l’activation des lymphocytes
(ex: gènes qui codent pour des interleukines).

Les facteurs environnementaux correspondent principalement à la présence de microbes :


• soit le microbe active les cellules dendritiques, entrainant l’activation des
lymphocytes T qui deviennent réactifs pour des Ag du soi
• soit les microbes présentés aux lymphocytes T possèdent des Ag identiques aux Ag
du soi ce qui entraine l’activation des lymphocytes T, réagissant alors aussi pour les
antigènes du soi.

Les infections peuvent déclencher une maladie auto-immune à travers différents


mécanismes :
• Byastender activation : Sur-stimulation des cellules présentatrices d’antigènes à
exprimer le CMH de type II, y compris les cellules qui présentent des antigènes du
soi. L’anergie donc vient à manquer et les lymphocytes auto-réactifs s’activent.
• Epitope spreading : Les réactions inflammatoires induites par les microbes peuvent
amener à une destruction cellulaire avec libération de certains antigènes du soi qui
sont normalement cachés. Comme tous les antigènes du soi ne sont présentés aux
lymphocytes T pendant leur développement de la tolérance du soi, certains
antigènes, s’ils sont libérés, peuvent activer les lymphocytes spécifiques.
• Cryptic antigens model : les cellules présentatrices d’antigène, activées par une
infection microbienne, peuvent phagocyter des protéines du soi et les apprêter
différemment en libérant des épitopes non reconnus comme du soi par les
lymphocytes.

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• Molecular mimicry : Parfois les microbes peuvent avoir des antigènes qui
ressemblent à ceux du soi (molecular mimicry). On assiste donc à un biais de la
réponse immunitaire qui s’active contre les microbes de façon spécifiques, et
contre les antigènes du soi.

E. Les immunodéficiences
Les immunodéficiences peuvent être primaires si elles sont causées par un défaut
génétique ou secondaires si elles sont liées à d’autres causes, comme le cancer, les infections,
ou la malnutrition. Les immunodéficiences seront traitées dans d’autres cours, plus cliniques.

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CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM


ONCOGENESE : Gènes cibles, agents
carcinogènes, facteurs favorisants.

Introduction
Il existe différents phénomènes à l'origine d’une prolifération cellulaire. En effet, lors d’un
changement dans le micronvironnement cellulaire (une agression), les cellules peuvent réagir
de différentes manières :
• En cas d’agression d’intensité forte, il y a mort cellulaire
• En cas d’agression faible ou progressive,
▪ si la durée est courte, on a un retour à la normale
▪ si la durée est longue, on a alors adaptation au nouveau
microenvironnement.

Lors des néoplasies, en plus de la prolifération cellulaire, une altération du génome a lieu.
• En cas d’altérarion des gènes vitaux, il y aura mort cellulaire
• Si des gènes mineurs sont touchés, il n’y aura pas de modification visible
• Si des gènes majeurs sont altérés, il peut y avoir transformation de la cellule, modification
de gènes impliqués dans le cycle cellulaire et ainsi une multiplication incontrôée.

En anatomie pathologique, le terme "tumeur" renvoie à un tissu gonflé, c'est un terme général
qui ne dit rien sur le mécanisme à l'origine du gonflement (œdème...). Dans la suite de ce cours,
le terme "tumeur" renvoie à tout aspect néoplasique. (« onco », du grec, veut dire « masse »)

Tumeur : prolifération cellulaire résultant d’un trouble irréversible de la multiplication et de la


différenciation cellulaire, conduisant à l’émergence et au développement, dans un tissu
préexistant, d’une néoformation.
Tumeur = néoplasie = néoplasme = néoformation

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Tumeurs bénignes : l’accroissement est strictement local sans possibilité d’implantation à distance.

Adaptation au microenvironnement

Hypertrophie : Atrophie : Métaplasie : Hyperplasie :


Stockage, Diminution des Modification de la Multiplication
augmentation des organites fonctionnalité contrôlée.
organistes.
Avec le temps elle peut devenir maligne.

Tumeurs malignes : l’accroissement local peut s’accompagner d’une propagation à distance


(=métastase). Une telle tumeur est appelée cancer.

Contexte :
• En 2015, 1/3 des individus seront concerné par un cancer, il y a 385 000 nouveaux cas/an
(= taux standardisé d’incidence annuelle) et est la cause de 1 décès sur 4.
Il existe des tumeurs dans toutes les espèces, et chez nos animaux domestiques :
• Dans l’espèce canine, ¼ des chiens sera concerné. Incidence annuelle : 370/100 000
chiens, et si on considère les tumeurs bénignes elle sera de 760/100 000 chiens en un an.
Le cancer représente ¼ des décès, et 1 chien sur 2 chez les chiens âgés.
• Chez le mâle, on retrouve majoritairement des mastocytomes, des lymphomes et enfin
des cancers de la prostate. Chez la femelle, on trouve majoritairement des tumeurs au
niveau de la chaîne mammaire, des mastocytomes et enfin des lymphomes.
NB : on voit moins de tumeurs chez les bovins, mais ceci est lié au temps d’élevage court pour
cette filière.

Contexte mécanistique général :


L’homéostasie tissulaire est à opposer à la néoplasie :

Homéostasie : équilibre dans le renouvellement cellulaire (entre élimination, différenciation et


prolifération cellulaire). Cet équilibre est régi par des gènes.
Transformation néoplasique : rupture d’équilibre provoquées par des anomalies sur les gènes ;
altération des gènes ou modifications épigénétiques (méthylations par exemple)
Ainsi la transformation néoplasique résulte d’une maladie génétique. Près de 300 gènes
interviennent dans le phénomène de cancer. L’environnement est associé à ce processus de
transformation néoplasique.

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La carcinogenèse confère différentes capacités aux cellules, étape par étape :
• Etape 1 : prolifération incontrôlée et
continue (commune aux tumeurs bénignes et
malignes).
• Etape 2 : Echappement au système
immunitaire (étape commune aux tumeurs bénignes
et malignes).
• Etape 3 : capacité à stimuler la
néoangiogenèse (commune aux tumeurs bénignes et
malignes). La cellule va stimuler la formation de
vaisseaux sanguins qui vont alimenter la tumeur en
oxygène et nutriments. Elle est supérieure dans les
tumeurs malignes.
• Etape 4 : caractère invasif (plus
marqué dans les tumeurs malignes que bénignes). La cellule détruit la
matrice extracellulaire environnante dans le but de coloniser le terrain. Ceci
dépend également de l’origine cellulaire (mésenchymateuse / épithéliale).
La cellule mésenchymateuse vit seule et peut se déplacer ce qui la rend plus apte à
l’envahissement. Au contraire, la cellule épithéliale est entourée de beaucoup
d’autres cellules ce qui diminue son pouvoir invasif.
• Etape 5 : capacité à métastaser (propre aux tumeurs malignes). Cela
correspond à la capacité de quitter l’environnement d’origine et de
s’implanter à distance, d’où une dissémination et une expansion de la
tumeur.

La carcinogenèse résulte de la sommation d’évènements génétiques ou épigénétiques qui


permettent le développement de la tumeur. C’est une pathologie chronique à étapes, avec
acquisition à chaque étape de nouvelles capacités :

Capacité Tumeurs concernées : Tumeurs bénignes (TB)


ou malgnes ™
Indépendance vis à vis des signaux de TB ET TM
prolifération
Insensibilité aux signaux anti-prolifératifs TB ET TM
Résistance à l’apoptose TB ET TM
Prolifération illimitée : immortalité TB ET TM
Capacité à induire l’angiogenèse TM>>TB
Capacité d’invasion tissulaire TM>>>TB
Capacité de diffusion métastatique TM uniquement

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Les cours de cancérologie vont être divisés en trois parties :
• Partie I « trouble irréversible de la multiplication cellulaire » : naissance d’une tumeur =
carcinogenèse : les cibles, les causes, et les mécanismes.
• Partie II « émergence et développement dans un tissu préexistant » : croissance d’une
tumeur = schéma général de l’évolution d’une tumeur : les modèles théoriques de
croissance, les phases précliniques et cliniques, et les effets de la tumeur sur le tissu
hôte.
• Partie III « une néoformation » : C'est l'étude des divers aspects des tumeurs =
classement morphologique des tumeurs : les aspects macroscopiques et
microscopiques (nomenclature).

I. Les gènes régulateurs cibles


Les causes de cette prolifération incontrôlée et continue sont des dommages génétiques
non létaux (mutations par délétions, translocations) d’origines diverses (produits chimiques,
radiations, agents infectieux = virus...) sur des gènes régulateurs. Les dommages doivent être
suffisamment importants pour altérer réellement les gènes, mais des dommages trop
importants entraînent la mort cellulaire.
Ces gènes régulateurs cibles sont :

• Des gènes proto-oncogènes : promoteurs de croissance, ils incitent la cellule à entrer


en division, ils contribuent donc à la prolifération cellulaire. Leur mutation va les
activer et donc favoriser la prolifération.
• Des gènes anti-oncogènes : ils inhibent la prolifération cellulaire. Leur mutation
entraîne l'activation de facteurs oncogènes, d'où la prolifération cellulaire.
• Des gènes régulateurs de l’apoptose et de la réparation d’ADN : leur mutation
provoque la désactivation des phénomènes régulateurs et apporte le caractère continu
aux divisions cellulaires.

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A. Rappels : La croissance cellulaire normale et ses contrôles

La croissance cellulaire normale nécessite des signaux extérieurs : des facteurs de


croissance qui se fixent à des récepteurs particuliers, intra-membranaires. Cette fixation génère
l’émission d’un signal dans le cytoplasme, via les protéines de transduction qui interagissent
avec le génome en activant des facteurs de transcription nucléaires. Ceux-ci activent ou inhibent
à leur tour certains gènes. Chacune de ces étapes peut être perturbée par diverses mutations.

Il existe des points de contrôle ("check-point") entre les différentes phases du cycle cellulaire
afin d’arrêter les divisions si des anomalies sont détectées et d’éviter la transmission de ces
anomalies aux cellules-filles. Les cellules défectueuses sont menées vers la mort.

• Le premier point de contrôle a lieu entre les phases G1 et S du cycle de division


cellulaire :
- Les kinases CDK (Kinase Dépendante des Cyclines) sont sécrétées en
permanence à dose faible et sont inactives. CDK4 et CDK6 sont activées après
fixation de la cycline D (synthétisée lors de G1).
- Le complexe cycline - CDK phosphoryle la protéine RB (protéine du
rétinoblastome)
- Cette phosphorylation permet le passage à la phase S.
Si la protéine RB n'est pas phosphorylée, il y a arrêt du cycle et donc mort
cellulaire.
- Une fois le passage en phase S effectué, les cyclines sont détruites et ne
réapparaîtront qu’à la fin de la future phase G1, et les CDK sont alors inactivées.

• Le second point de contrôle se situe entre les phases G2 et M. Le processus est


globalement similaire au précédent, excepté qu’il s’agit de CDK1, CDK2 et de la
cycline.

Ainsi, si la cellule ne présente pas


d’anomalies, elle passe ces deux «
checkpoints ».
Une cellule tumorale ne retourne pas
en G0. Normalement le nombre de
mitose est limité (60 à 80 divisions), les
cellules tumorales, elles restent en
division.

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B. Les gènes promoteurs de croissance : Les proto-oncogènes

Leur altération va favoriser directement la prolifération cellulaire (mutation ou délétion,


amplification génique, réarrangement chromosomique…). Ces gènes codent pour les différents
acteurs de la croissance cellulaire à savoir :
• les facteurs de croissance
• les récepteurs de ces facteurs
• les protéines de transduction du signal (transformation du signal
extracellulaire en intracytoplasmique)
• les facteurs de transduction nucléaires (transformation du
signal intracytoplasmique en intranucléaire)

1. Altération des gènes codant pour les facteurs de croissance

A l’état normal, une cellule va recevoir le signal de déclenchement de division par les facteurs
de croissance d'une autre cellule par le mode paracrine.

Cellule normale Cellule tumorale


La cellule tumorale va en revanche produire elle-même ses facteurs de croissance (mode
autocrine) : cette cellule n’est plus dépendante de son environnement.

La mutation à l'origine de cette anomalie entraîne la production d’une protéine qui « suractive»
un autre gène qui produit des facteurs de croissance. Ainsi, la cellule ne dépend plus des autres
cellules pour sa croissance. Parmi ces facteurs de croissance, il faut retenir PDGF (Platelet-
Derived Growth factor) et TGF-α (Transforming Growth Factor α). Il existe aussi l’EGF (pour les
cellules épithéliales) et le FGF (pour les cellules mésenchymateuses Fibroblast Growth Factor)
qui sont plus anecdotiques.

2. Altération des gènes codants pour les récepteurs des


facteurs de croissance

Des mutations sur les gènes codant pour les récepteurs aux facteurs de croissance peuvent
entrainer une activation permanente de ces récepteurs (production d’un signal dans le
cytoplasme sans avoir reçu de facteur de croissance, ou production de signal qui continue bien
après la réception).

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➢ Exemple 1 : Mastocytome cutané
du chien (à retenir)

Cette tumeur est due à une mutation du


gène Ckit qui code pour la protéine du
récepteur du SCF (Stem Cell Factor).

• Lorsque le récepteur au SCF est normal,


le domaine juxta-membranaire réalise
une régulation négative qui bloque la
division cellulaire en l’absence de
facteurs de croissance SCF.

Schéma de la protéine C-kit


Lorsque SCF se fixe sur son récepteur, il y a transmission du signal ce qui induit les effets indiqués
ci-contre dont :
- La multiplication cellulaire (mastocytes)
- La suppression de l'apoptose (protection)
- L’adhésion à la fibronectine (déplacement).

• Lors de mutations de la zone juxta-membranaire : il y a perte du contrôle négatif. Les


cellules tumorales reçoivent des signaux de division (SCF), ce qui entraîne des divisions
cellulaires, mais il n'y a pas de régulation négative par la suite, d'où la prolifération continue
des cellules. La cellule s'est affranchie du récepteur de croissance.

Remarque : Les mutations du domaine juxta-membranaire peuvent être des mutations


ponctuelles, des délétions, ou encore des duplications au sein de domaines juxta-membranaires
(tumeurs spontanées).

➢ Exemple 2 : Surexpression du récepteur à la surface de la cellule

Lors de surexpressions du récepteur aux facteurs de croissance à la surface de la cellule, la


multiplication est possible même en présence d’une faible quantité de facteur de croissance.
Exemple : 25% des tumeurs du poumon chez l’Homme sont dues à la surexpression de HER2,
récepteur à l ’EGF (Epidermal Growth Factor).

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3. Mutation des gènes codant pour les protéines de
transduction du signal

Dans une cellule normale, lors de la fixation du facteur de croissance sur son récepteur, il
y a autophosphorylation du récepteur, puis fixation de protéines de pontage (bridging protein)
sur la partie intra cytoplasmique du récepteur. Cela permet l’activation de la protéine RAS par
phosphorylation, qui fixe alors la protéine RAF-1, ce qui aboutit à l’activation du système des
MAP kinases qui constitue le signal intracellulaire.

Ce qu’il faut retenir ! ce mécanisme est régulé par l’activation de la protéine de transduction
GAP (GTPase Activating Protein) qui hydrolyse le GTP de la protéine RAS. Ce mécanisme inactive
la protéine RAS et stoppe le signal intracellulaire.

Dans les cellules tumorales, la protéine RAS est mutée. Les mutations aboutissent à une
absence d’hydrolyse du GTP par la protéine GAP donc la protéine RAS est activée en
permanence, ce qui favorise en continu les divisions cellulaires. Cette mutation est responsable
de 30% des tumeurs chez l'homme, c'est donc un facteur très important.

4. Altération de gènes codant pour les facteurs de


transcription nucléaire

La transcription nucléaire correspond à une transformation d’un signal intracytoplasmique


en un signal intranucléaire sous forme d’un facteur de transcription nucléaire.

Exemple : La protéine codée par le gène MYC se fixe sur l’ADN et active des gènes codant pour
les CDK. Normalement, le taux de protéine MYC chute rapidement vers un niveau basal dès que
le cycle cellulaire commence (début de G1).
Lorsque le gène MYC est muté, la protéine MYC est alors surexprimée, ce qui entraîne un taux
élevé de CDK qui persiste. Ainsi les divisions cellulaires sont facilitées par levée des
checkpoints (il suffit juste qu’il y ait des cyclines).

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5. Mutations sur les gènes codant pour les facteurs de
régulation du cycle cellulaire (les cyclines)

Dans une cellule normale, le taux de cycline baisse rapidement après activation des kinases.
Lors de la mutation des gènes codant pour les cyclines, il y a une surexpression persistante de
ces cyclines et donc un maintien des cellules dans le cycle (qui vont toujours passer les
checkpoints).
Exemple : Lors de tumeurs hépatiques et œsophagiennes chez l'homme, il y a surexpression de
la cycline D.

C. Les gènes codant pour l’inhibition de croissance des


tumeurs : Les antioncogènes

Les anti-oncogènes sont des gènes censés freiner la prolifération cellulaire. Leur altération
va favoriser indirectement la prolifération, puisqu'il y a une levée de l'inhibition de la prolifération.
Par exemple, il peut y avoir des phénomènes épigénétiques d’hyperméthylation d’un promoteur
ce qui va empêcher la formation de la protéine, ou bien production d’une protéine anormale
inactive, qui ne pourra plus empêcher la prolifération cellulaire.
Il y a trois groupes différents : RB, CDKN2A, APC

1. Exemple 1 : Le gène codant pour la protéine RB (à retenir) :


la protéine du rétinoblastome

Normalement, lorsque la protéine RB est hypophosphorylée (peu phosphorylée) et


complexée au facteur de transcription nucléaire E2F, elle se fixe sur l’ADN et inhibe la
transcription des gènes nécessaires au passage en phase S.
Quand la protéine RB
est hyperphosphorylée, elle libère le
facteur de transcription nucléaire E2F
qui active alors la transcription des
gènes nécessaires au passage en
phase S.
Lors de la mutation du gène
rétinoblastome (RB) (et même en cas
d’absence de phosphorylation) : il y a
libération permanente d’E2F et
disparition du point de contrôle entre
G1 et S, d'où des divisions continues.

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2. Exemple 2 : Défaut d’activation des gènes codant pour les
CDKI (protéines inhibitrice des CDK)

Les CDKI (I comme inhibiteur et non 1 comme 1 !) sont les inhibiteurs des CDK : tant qu’il y
a des CDKI, la division cellulaire est impossible. Il existe 2 types de CDKI (pour information) :
• La famille des CDKI à large spectre : P21, P27, P57 qui inhibent toutes les CDK.
• La famille des CDKI à spectre étroit, notamment P15, P16, P18, P19 qui inhibent CDK4 et
CDK6.

Exemple : Les CDK sont régulées par le facteur TGF β (Transforming Growth factor) qui arrête
le cycle en G1 par stimulation des gènes codant pour CDKI 4 et 6.

Dans une cellule tumorale, les récepteurs à TGF β sont mutés, il n’y a donc pas de production
de CDKI à spectre étroit et donc persistance de CDK 4 et 6, donc une prolifération continue. Il
s’agit d’un des mécanismes des mélanomes et sarcomes très fréquents chez l’Homme.

3. Exemple 3 : Altération du gène codant pour la protéine APC


(Adenomatous Polyposis Coli)

La β-caténine est une protéine impliquée dans l’adhésion des cellules épithéliales du
colon entre elles, notamment grâce à sa liaison avec l'E-cadhérine.
• Dans une cellule normale, quand le facteur de croissance WNT est absent et la βcaténine
en fin de vie, celle-ci est détruite par le complexe APC.
En présence du facteur de croissance WNT, le complexe APC se dissocie. La β-caténine
n’est alors pas détruite et migre dans le noyau où elle stimule la prolifération cellulaire.
• Lors d’une mutation du gène APC : il n'y a pas de complexe APC, la β- caténine n’est
donc pas détruite et migre dans le noyau et stimule la prolifération cellulaire, sans qu'il
n'y ait fixation du facteur de croissance. Chez l’homme, la mutation du gène APC est
observée dans 70 % des cancers sporadiques du colon.

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D. Les gènes codant pour l’apoptose, les mécanismes de la
sénescence et la réparation de l’ADN : Les gènes
gardiens du génome
1. Les mécanismes normaux de l’apoptose

Ceci est un rappel des mécanismes déjà vus dans le CM 1-5 : les lésions cellulaires.
Il existe 2 voies d’apoptose :
• Le système des caspases (intrinsèque) : Voie mettant en jeu les récepteurs
membranaires qui vont activer les systèmes de caspases (la caspase 8 qui va
activer la 3 qui entraine la mort cellulaire).
• La voie des mitochondries
(extrinsèque) : Suite au signal de P53, le cytochrome C est relargué par PCL2c et
s’associe à APAF1 qui active la caspase 9 qui va activer la caspase

2. Echappement à l’apoptose

Pour rappel :
L’échappement peut intervenir à différentes étapes:
1 : mutation sur TP53 qui entraîne une disparition
des récepteurs Fas, récepteurs de mort, pour la voie
de la caspase 9 et diminution de CD 95.
2 : activation du gène FLIP qui empêche l’activation
de la pro-caspase 8 en caspase 8 (fixation de la
protéine FLIP).
3 : activation du gène BCL2 (qui normalement
inhibe la sortie du cytochrome C) ce qui empêche
le relargage du cytochrome C mitochondrial
4 : mutation sur TP53 qui agit sur le gène codant
pour BAX (défaut de synthèse de BAX) qui fait
normalement sortir le cytochrome C de la
mitochondrie (le gène BAX est proapoptotique).
5 : mutation sur le gène APAF1 (Apoptotic Protease
Activating Factor) qui empêche l’activation de la
caspase 9.

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3. Echappement à la sénescence réplicative : activation des
télomérases et échappement à la sénescence réplicative

Une cellule humaine normale peut en


moyenne se diviser 60 à 70 fois avant d’entrer en
sénescence. La sénescence est un processus qui
pousse la cellule dans un état pour lequel elle ne
peut plus se diviser (la cellule est toujours
vivante) et duquel elle ne peut plus sortir. Le
mécanisme en jeu est le raccourcissement à
chaque division des télomères jusqu’à
l’apparition d’anomalies chromosomiques qui
entrainent la mort cellulaire.
Mais, dans 90% des cancers chez l’Homme, il y a
activation de télomérases qui vont, entre chaque
cycle, réparer les télomères. La cellule échappe
alors à la sénescence et le nombre de divisions
cellulaires n’est donc plus limité.

4. Altération des gènes impliqués dans la réparation de l’ADN


(125 gènes répertoriés)

On a pu identifier plus de 125 gènes impliqués dans ces mécanismes.


Exemple : BRCA 1 et BRCA 2 sont des gènes suppresseurs de tumeurs qui agissent comme des
gardiens du génome. Une mutation sur l’un d’eux peut impliquer chez la femme des cancers du
sein et des ovaires.

Avec mutation Sans mutation


Risque de développer un 40-85 % 10%
cancer du sein avant 70 ans
Risque de développer un 10-63 % 1%
cancer de l’ovaire

5. Le gène de la protéine P53

La protéine P53 est très importante et assure des rôles très variés dans la régulation du cycle
cellulaire et ne laisse pas survivre une cellule avec une anomalie. P53 est une protéine
fondamentale en cancérologie !

La mutation du gène p53 conduit donc à l'expansion de cellules mutantes, avec des cellules
filles porteuses de l'anomalie.

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Remarque : trois quarts des tumeurs chez l’homme présentent une mutation sur ce gène.

Protéine P53 dans cellule normale Mutation du gène P53

Arrêt du cycle de division en G1 pour une cellule Pas d’arrêt du cycle cellulaire
dont le matériel génétique est endommagé, par
activation des gènes
CDKI
Si réparations impossibles

Activation des gènes de réparation de l'ADN Pas de réparation de l'ADN


(gène
GADD45)
Activation des gènes de l’apoptose si Pas d'apoptose
nécessaire (gène BAX)

NB : Une protéine P53 a normalement une durée de vie très courte et par conséquent est
non détectable. En cas d’anomalie, elle devient par contre détectable.

II. Les agents carcinogènes et leurs effets


A. Les agents chimiques

Il existe plus de 1500 carcinogènes chimiques, qui sont répertoriés chez l’homme par le CIRC (Centre
International de Recherche sur le Cancer) à partir d’études épidémiologiques. De nouveaux agents
continuent de compléter cette liste chaque année. Ils sont susceptibles de modifier le génome et
d’induire des tumeurs. Le groupe 1 rassemble les substances cancérogènes avérées, le groupe 2A les
probablement cancérogènes et le groupe 2B les « peut-être » cancérogènes.

1. Mécanisme d’action des agents chimiques

Il peut y avoir modification directe du génome : altération isolée d’une base, fixation sur les
nucléoprotéines, formation de dimères pyrimidiques ou formation de liaisons covalentes entre bases
de deux brins.
Il peut également y avoir des modifications épigénétiques : méthylations, modifications post-
traductionnelles des histones. La méthylation au niveau de promoteur provoque la formation d’îlots
CpG qui provoque l’inactivation de la transcription du gène. C’est l’altération la plus fréquente dans
les cancers, elle est précoce dans le déroulé de ce phénomène : elle permet l’inactivation de la
transcription des gènes suppresseurs de tumeur, des gènes gardiens de l’intégrité du génome et des
gènes impliqués dans la migration cellulaire. La méthylation est donc un bon outil diagnostic précoce
et est un facteur pronostic en ce qui concerne l’évolution d’un cancer. Ces modifications sont de plus
réversibles : de nouvelles approches thérapeutiques sont donc à envisager.

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2. Mécanismes de réparation
Les principaux systèmes sont la réparation des erreurs de réplication = Miss Match Repair, la
réparation des dimères pyrimidiques ou additions de grosses molécules à l’ADN = Nucleotide
Excision Repair, la réparation des oxydations, méthylations ou désaminations des bases = Base
Excision Repair et enfin les réparations des cassures.
Les échecs de ces mécanismes de réparation sont dus à la vitesse et au taux de réparation de l’ADN
qui dépend du type de cellule, de l’âge de la cellule et de son environnement cellulaire. L’altération
d ’un mécanisme existant (altération des gènes réparateurs), la saturation des mécanismes de
réparation font également partie des raisons d’échecs. Enfin, il y a « la réparation SOS » : elle se met
en place si la lésion de l ’ADN survient pendant la phase S, l ’ADN-polymérase codée n ’est pas fiable
et il y a des erreurs d ’appariements.

B. Exemples d’agents chimiques impliqués

1. Les substances minérales


La plus connue est l’amiante, puisqu'elle est un problème de santé publique (ancien anti-feu
dans les bâtiments). Il s’agit de silicates de Ca et Mg à texture fibreuse qui provoquent des
mésothéliomes (cancer des séreuses) chez l’homme et le chien. Lors de son inhalation, ces fibres
persistent dans l'organisme parce que les macrophages sont incapables de les phagocyter. C’est la
chronicité de l’inflammation qui génère des tumeurs. Les macrophages synthétisent des cytokines
qui provoquent la prolifération des cellules mésothéliales (=couche de cellules qui recouvre les
organes internes et les cavités).

Lieu d’action : au niveau des mésothélium, larynx, poumons, ovaires.


Mécanismes : génotoxicité directe, modifications épigénétiques, activation des voies de
transduction, et résistance à l'apoptose.

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En cas de dépistage de mésothéliome, il faut avertir le propriétaire qu'il a sûrement de l'amiante
dans son environnement. Il n'y a pas de toxicité de relais connue (pas de contamination à l'autopsie).

Il existe d'autres substances minérales cancérigènes, qui sont des polluants de plus en plus
émergents (dans l'alimentation et l'eau), notamment :
• l’arsenic : responsable de tumeurs de la peau et des poumons (cancer professionnel chez les
tanneurs de peau dans l'industrie du cuir) . Mécanismes : lésions oxydatives de l'ADN,
amplification de gènes, méthylation de l’ADN inhibition de la réparation de l'ADN.
• le chrome : responsable de tumeurs des poumons chez l’homme. Mécanisme : lésions
directes de l'ADN
• le cadmium : responsable de tumeurs de la prostate chez l’homme. L’effet cancérigène reste
néanmoins à prouver chez l’animal. Mécanisme : inhibition de la réparation de l'ADN,
dysfonctionnement des protéines suppresseurs de tumeurs
• le composé du Nickel : responsable de tumeurs des poumons, des sinus et des fosses nasales
chez l’Homme. Mécanismes : lésions de l'ADN, inhibition de la réparation de l'ADN,
modification de la méthylation de l'ADN

Les mécanismes ne sont pas à connaître, mais permettent de faire le lien avec ce qui a été vu
précédemment.

2. Les substances organiques aromatiques

• Les hydrocarbures polycycliques (dérivés des goudrons) provoquent des cancers du poumon
et du larynx. Le plus dangereux est le 3-4 benzopyrène,( Mutation d’une base purique (A ou
G) en Thymidine ) retrouvé dans la fumée de cigarette (4000 composants chimiques dont 40
carcinogènes) . Leur rôle dans les cancers des mammifères domestiques n’est pas prouvé. On
a simplement remarqué que les chats de fumeurs développaient plus souvent des
lymphomes que les autres chats (peut-être par tabagisme passif ...).

• Les amines provoquent des


cancers de la vessie chez l’Homme et le chien.
La biodégradation dans le foie de la 2-
naphylamine donne un métabolite carcinogène
(= carcinogène ultime). On a donc ici un
carcinogène à action indirecte. Il est
ensuite glucoroconjugué et éliminé par voie
urinaire. Dans les reins, la β-glucoronidase
réactive le métabolite en 2- amino-1-napthol
qui amène à des tumeurs vésicales car il
s’accumule dans la vessie avant l’élimination.

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3. Les substances organiques aliphatiques

Le chlorure de vinyle est responsable de tumeurs hépatiques chez l’homme. Dans


l’industrie du plastique, les polymères de chlorure de vinyle sont stables et sans danger,
mais les monomères (substance primaire de cette industrie) sont très carcinogènes.

4. Les substances alimentaires

Il y a ici un problème de chronicité évident qui nous vient à l’esprit.


• Ces tumeurs concernent surtout les animaux d'expérimentation. Par exemple,
l’additif AF-2 (dérivé du nitrofurane) est utilisé pour la conservation des
aliments riches en protéines et provoque des cancers gastriques chez la souris
(mais non prouvé chez l’Homme).
• Dans les conservateurs, on peut citer les nitrates (carcinogène à action
indirecte) utilisés dans les salaisons (charcuterie), responsables de cancers
hépatiques chez le rat et le cobaye. Ils acquièrent leur rôle cancérigène
uniquement après transformation en nitrites puis en nitrosamines (eux
carcinogènes ultimes) par des bactéries spécialisées :

Remarque : Les preuves sont uniquement expérimentales à haute dose, rien n’a encore été
prouvé chez l’homme.

5. Les contaminants

• Le benzopyrène, produit de la pyrolyse des graisses, lors de barbecues, est


responsable de tumeurs digestives.
Remarque : quand le gras de la viande tombe sur le feu, le benzopyrène remonte avec la chaleur dans
les viandes).
• Les aflatoxines d’Aspergillus Flavus, toxine mycélienne provenant de la mauvaise
conservation (humidité et chaleur) des farines et tourteaux contenant de l’arachide
qui provoquent des tumeurs hépatiques chez le porc.
• Les fourrages dits « involontaires » comme la fougère Grand Aigle responsable de
tumeurs vésicales chez les bovins. Cette fougère était notamment utilisée comme
litière en Ardèche. Elle est normalement non ingérée, mais en hiver il peut y avoir une
faible ingestion de litière.

Ces tumeurs vésicales peuvent être vasculaires (hémangiomes : prolifération des


cellules endothéliales) et/ou épithéliales (papillomes : prolifération des cellules
épithéliales de revêtement de la vessie).

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6. Les nanomatériaux

Ce sont des matériaux avec au moins une dimension entre 1 et 100 nanomètres. Ils ont donc une
très grande réactivité surtout vis-à-vis des protéines. Il y a les particules ultrafines (d’origine
naturelle, ou anthropique fumée volcanique, transport …), nanomatériaux manufacturés
(Nanoparticules d’argent : industrie du vêtement (bactéricides), Nanotubes de carbone (classé 2B
formations d’agglomérats, effets proches de l’amiante), Nanoparticules de dioxyde de Titane
(classé 2B, colorant alimentaire E 171.), Nano-silices (industrie alimentaire : modificateur de
viscosité).
Un certain nombre d’études montrent qu’ils ont des capacités à induire des lésions de l’ADN mais
peu de données sont disponibles sur leur potentiel cancérigène.

C. Les agents physiques : Les rayonnements


1. Rayonnements non ionisants

Ces rayonnements résultent d’un phénomène d’excitation d’un atome, avec passage
d’un électron proche du noyau à une orbite plus éloignée. Le retour à la normale
s’accompagne d’une libération d’énergie et de la formation de radicaux libres, de peroxydes
(en présence d’oxygène) et de dimères pyrimidiques.
La principale source de rayonnements non ionisants est le soleil avec les UVA (315-400 nm) et
les plus dangereux : les UVB (290-315 nm).

UVA : formation de dimères pyrimidiques


UVB : production de radicaux oxygénés
ex : une bactérie exposée 1/4 heure aux UV contient ensuite entre 10 000 et 1 000 000
dimères

Ces rayons peu pénétrants représentent un danger uniquement pour l’œil et la peau (organes
de surface). Il existe une protection naturelle de la peau contre les UV :

• la couche cornée
absorbe presque la
totalité des UVB par les
acides aminés de la
kératine et le film
lipidique.
• la mélanine absorbe les
UVA en formant une
coiffe qui entoure le
noyau des cellules.
La surexposition a lieu en été sur les tissus où ces systèmes de protection sont inefficaces. Par
exemple, les oreilles du chat ont moins de follicules pileux, donc moins de kératine et ainsi
moins de protection contre les UVB. Les animaux blancs ont moins de mélanine, donc moins
de protection contre les UVA.

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Finalement, 20 % des UVB atteignent la couche basale et provoquent des dysplasies
(anomalies dans l’organisation des différentes couches de tissus) puis un carcinome. 10 %
atteignent le derme et provoquent des tumeurs vasculaires.

Exemple : le carcinome épidermoïde UV-induit


C'est un exemple très important, qui concerne notamment les zones peu poilues du chat
blanc. Ces tumeurs se développent au niveau des zones où il y a moins de poils : la truffe,
les lèvres, les oreilles (bord libre du pavillon), les extrémités des pattes...

• Étape 1 : la kératose solaire


C'est un phénomène de dysplasie (= anomalie de constitution des tissus) au départ
réversible, puis qui devient irréversible. On observe des anomalies cellulaires mais ce n’est
pas encore tumoral, c’est-à-dire que si on protège le chat du soleil on n’ira pas jusqu’au
cancer. On observe plusieurs types d'anomalies
- Parakératose
- Dyskératose
- Nucléolation
- Perte de la stratification des kératinocytes

Ces lésions apparaissent en général en hiver sous forme de croutes (photos ci-dessous) qui vont
sécher et tomber. Puis cela va recommencer d’année en année et les lésions vont devenir
constantes : il s’agit alors d’un carcinome.

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• Étape 2 : carcinome épidermoïde in situ irréversible

Il apparaît au bout de 3 ou 4 étés en surexposition. Il est irréversible, mais sans risque


métastatique. Le tissu conjonctif (donc le tissu vasculaire) n'est pas encore envahi. A ce
stade, il est encore traitable chirurgicalement (plus difficile si cela concerne la truffe). On
observe alors un épaississmeent de l’épiderme, accompagné de l’apparition de mitoses,
puis formation de crêtes.

Les cordons de cellules


épithéliales poussent dans
le derme, mais la
membrane basale persiste.
Les mitoses sont
nombreuses.

Epaississement de la zone
d’alopécie, qui persiste
l’hiver

Croûte épaisse, qui


recouvre un liquide

• Étape 3 : carcinome épidermoïde invasif


Les cellules tumorales poussent en profondeur,
passent la lame basale et rongent l’organe. Il y a
formation d’un ulcère (un trou). Les métastases
sont possibles mais pas forcément présentes. Il
faut amputer la partie externe de l’oreille pour
résoudre le problème (plus difficile si cela
touche la truffe).

Prévention : limiter l'exposition au soleil,


surveiller les oreilles et les yeux (en été comme
en hiver). Les animaux les plus à risques sont
ceux à poils ras et/ou de couleur blanche.
Remarque : la crème sert plus à rassurer le
propriétaire, puisqu'en quelques minutes le chat la lèche et se gratte.

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Ces tumeurs sont peu fréquentes chez le chien chez qui on retrouvera le plus souvent des
tumeurs vasculaires (notamment chez le dogue argentin blanc à poil court).

Cas particulier des rayonnements non–ionisants de basse fréquence (lignes à haute tension
= champs extrêmement basse fréquence, antennes relais de téléphones mobiles = radio
fréquences)
Les radio fréquences constituent un risque 2B pour les gliomes. Les études
épidémiologiques font un lien entre les leucémies infantiles et les expositions à des CEM-
EBF( pas de lien mécanistique, juste une étude épidémiologique).

2. Rayonnements ionisants
Ces rayonnements sont moins fréquents que les UV. Ils provoquent une rupture entre
le noyau d’un atome et l’un de ses électrons périphériques : l’atome ionisé est alors très
réactif (effet direct) ou il permet la formation de peroxydes (effet indirect).

Mécanismes : Cassures simple brin et double brins des liaisons Phosphodiesters entre deux
dimères pyrimidiques. Endommagement des bases par destruction du groupe imidazole
des purines hydrolyse de la thymine.

Les principales sources sont les UVC qui sont arrêtés par la couche d’ozone (mais pas par la
peau), les rayons α (charge +), les rayons β (charge -), les rayons γ (rayons X). Ces 3 derniers
rayons sont générés par les machines (imagerie et radiothérapie anticancéreuse) : les tumeurs
sont donc souvent dues à des surexpositions accidentelles lors des radiothérapies

Ce sont des rayons très pénétrants et touchent les organes profonds. Les principaux tissus
concernés sont ceux à index mitotique naturellement élevé : moelle osseuse, gonades,
muqueuse digestive. Ces tumeurs sont rares chez nos animaux (absence d’exposition) mais
des cas ont déjà été observés chez l’Homme (notamment à cause d'accidents industriels,
par exemple Tchernobyl).

D. Les agents biologiques : rôle des virus

Les virus sont à l’origine d’environ 15% des tumeurs.

On observe 2 modes d’action des virus dans la tumorogénèse :


• Direct : introduction d’un gène proto-oncogène porté par le virus lors de l'insertion
du génome viral au génome de la cellule cible qui pousse la cellule à se diviser ou
interférence avec un proto ou un anti-oncogène de la cellule hôte.
• Indirect : entretien d’un phénomène inflammatoire favorisant les dommages
génomiques.

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Familles de virus Familles à ADN Familles à ARN

22 familles 7 familles 15 familles

Impliquées dans une tumeur : 5 familles 1 famille


6 familles
Poxviridae, Herpesviridae,
Adénoviridae,
Papovaviridiae, Retroviridae
Hepadnaviridae

Pour la culture générale :

Virus oncogène connus chez l’homme : Virus à ADN :


Human Papilloma Virus 16 et 18 : cancer du col de l’utérus (apparition du cancer 10 à 15 ans
après une infection persistante par le virus, 12ème cause de cancer chez la femme) protéine
virale E7 qui inhibe la fixation de la protéine Rb aux facteurs de transcription protéine virale E6
qui inhibe p53 et l’apoptose.
Epstein-Bar Virus (Herpes Virus 4) (à retenir éventuellement) , à l’origine du lymphome de
Burkitt, du lymphome de Hodgkin mais aussi mononucléose infectieuse. Expression de la
protéine LMP-1 qui active, via le récepteur au TNF, la protéine NFκB qui migre dans le noyau
et stimule la prolifération cellulaire. LMP-1 stimule également la production de protéines
anti-apoptotiques.
Human Herpès Virus 8 : sarcome de Kaposi rôle du virus dans la cancérogenèse ?
Virus de l’hépatite B (hepadnavirus) : hépatocarcinome. Insertion du virus dans le gène de la
cycline A avec allongement de la demi-vie de la cycline A)

Virus oncogène connus chez l’homme : Virus à ARN :


Human T-Leukemia Virus (rétrovirus) : leucémie lymphoide T de l’adulte. La protéine Tax du virus
augmente la transcription de gènes de la prolifération cellulaire et bloque les régulateurs du cycle
cellulaire : interaction avec CDK4 et cycline D2 ce qui rend le complexe résistant à l’inhibition
par p21 (inhibitrice des kinases). D’autre part, elle active l’expression des gènes anti-apoptiques et
bloque les complexes de réparation de l’ADN.

1. Les poxviridae

Ce sont des virus à ADN, non intégrés au génome de la cellule hôte (réplication
cytoplasmique). Ils affectent surtout les cellules mésenchymateuses (fibroblastes). Ils
expriment un protooncogène codant pour un facteur de croissance l’EGF (= Epidermal
Growth Factor) qui active la prolifération cellulaire des fibroblastes. La majorité est rejetée
par le système immunitaire mais il arrive parfois qu’il y ait apparition de tumeurs bénignes
(fibromes : tumeurs d'origine fibroblastique).

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Exemple : Fibrome de Shope sur un écureuil.

2. Les Herpesviridae

Ce sont des virus à ADN. Il y en a 3 genres :


• herpesvirus α à effets cytolytiques (pas de tumeurs)
• herpesvirus β à effets cytomégalocytiques (pas de tumeurs)
• herpesvirus γ a un lymphotropisme responsable de tumeurs. Les lymphocytes sont les
cellules cibles.

Exemple chez l’homme : Le lymphome de Burkitt (Epstein Barr Virus), fait partie des lymphomes B.
Le mécanisme comprend 2 étapes
• translocation du gène MYC qui sera transcrit en permanence et agit sur les CDK.
• expression de la protéine LMP-1 qui active, via le récepteur au TNF, la protéine NFκB
qui migre dans le noyau et active la prolifération cellulaire.

Exemple chez la poule : La Maladie de Marek qui provoque des neurolymphomatoses chez la
poule. Elle entraine une prolifération de lymphocytes néoplasiques dans le tissu nerveux.

Filet nerveux

Lymphocytes
néoplasiques

Nerf sciatique Nerf sciatique


hypertrophié normal

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D'autres organes peuvent être touchés, tels que le foie :

Foie de poule
hypertrophié
(rempli de Foie de poule
lymphocytes) normal

3. Les Adénoviridae

Ce sont des virus à ADN, responsables de troubles digestifs et respiratoires, de tumeurs


surtout expérimentales. En effet si on les inocule à des hamsters nouveau-nés, il y a formation
de sarcomes et de lymphomes.

Le mécanisme passe par la présence dans le génome du virus d’un gène qui code pour la
protéine T qui inactive P 53 .

4. Les Papovaviridae
On s’intéresse au genre Papillomavirus. Ce sont encore des virus à ADN qui ont besoin des ADN
polymérases et des cyclines de la cellule hôte. Ils sont responsables de :

• tumeurs bénignes (les plus fréquentes) : Papillomes qui concernent les cellules
épithéliales (chez le chien surtout jeune, et le chat) et Fibropapillomes qui
concernent les cellules épithéliales et les fibroblastes (chez les bovins et
chevaux). Ces lésions sont contagieuses (car virales). On observe une régression
spontanée par action du système immunitaire. Les lésions blanches sont
caractéristiques :
Ces lésions ne sont pas à enlever car elles partent toutes seules (sauf si elles empêchent la prise
alimentaire, et dans ce cas on les opère).
Rq : On parle de lésions en choux fleur !

Papillomatose buccale
et pharyngée chez un
chien

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• tumeurs malignes : elles sont rares, et correspondent à des carcinomes.

Mécanisme d’action :
• les protéines du fragment E6 du virus facilitent la dégradation de la TP 53.
• les protéines du fragment E7 du virus se fixent sur la forme non phosphorylée
de la protéine du Rétinoblastome (1er check-point du cycle cellulaire) et
provoquent un dysfonctionnement, comme si Rb était phosphorylée. Le
fragment E7 va libérer le check point, il n’y a plus besoin que la molécule soit
phosphorylée.

5. Les Hepadnaviridae

Ce sont toujours des virus à ADN qui ne s’intègrent pas au génome et ne possèdent pas
d’oncogène. Ils ne causent pas directement les tumeurs. C’est un facteur favorisant indirect : ces
virus sont responsables d’hépatites (donc inflammation chronique), dues à un fort tropisme pour
les hépatocytes. La destruction cellulaire importante entraîne un phénomène de régénération
massive en plus des mutations spontanées qui sont nombreuses dans les hépatocytes en division
active. Le virus favorise la prolifération de nodules de régénération (pool de cellules à risque) qui
peuvent partir vers la voie de la néoplasie (action indirecte).

Exemple : hépatite à virus du canard et de la


marmotte (modèle de l’hépatite B de
l’homme)

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6. Les Retroviridae
Ce sont les seuls virus à ARN impliqués dans les tumeurs. Tous les Retrovirus ont 3 portions d'ARN
caractéristiques : gag, pol et env.

Nous allons étudier deux sous-familles : les Oncovirinae et les Lentivirinae

➢ Sous famille des Oncovirinae


Il existe deux types d’Onconvirinae
• Les virus transformants rapides
• Les virus transformants lents

a) Les virus transformants rapides

Ils possèdent un oncogène v-onc


dans leur génome, activé dès leur
introduction dans la cellule cible.

Le virus peut s’intégrer n’importe où dans les cellules hôtes puisque l’expression de l’oncogène
est sous son seul contrôle. Il y a alors rapidement une prolifération cellulaire polyclonale
incontrôlée (= plusieurs cellules sont à l’origine de la tumeur). Quand l’animal est infecté, il a donc
de fortes chances de développer plusieurs tumeurs.

Ex :

FeSV (Feline Sarcoma Virus) :


Fibrosarcome du jeune chat

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b) Les virus transformants lents
Ils ne possèdent pas d’oncogène. Il faut que le virus s’intègre immédiatement en amont d’un
proto-oncogène de la cellule hôte pour pouvoir ensuite l’activer en activant son propre génome. Le
risque que cela se produise est beaucoup plus faible que pour les virus transformant rapides. La
prolifération sera monoclonale (= une seule cellule mère est à l’origine des cellules filles tumorales), donc
d’expansion plus lente.

Ex :

• FeLV
(Féline Leukemia Virus)

• BeLV (Bovine Leukemia Virus) :


On observe l’émergence de nodules
contenant des amas de lymphocytes
néoplasiques sous la peau

• Leucose aviaire chez la poule :


Le génome viral s’insère en amont du gène myc,
d’où la prolifération cellulaire. Les lymphocytes se
retrouvent au milieu du parenchyme
hépatique et forment des « nodules
blancs ».

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➢ Sous-famille des Lentivirinae
Ces virus concernent surtout les pneumocytes.

• Exemple 1 : adénomatose chez un mouton : tumeur des pneumocytes de type II


(cellules qui produisent le surfactant). C’est un cas très fréquent !

Prolifération de
pneumocytes

• Exemple 2 : chez le chat il y a des lymphomes induits par le FIV (on a surtout un
syndrome). Les cellules cibles sont alors les lymphocytes.

Remarque : Aucune tumeur virale n’a été identifiée à ce jour chez le chien.

III. Les facteurs favorisants (= les promoteurs)


A. Les hormones sexuelles
C’est un facteur important à prendre en compte, notamment chez nos carnivores
domestiques. Nous allons développer 4 exemples de tumeurs favorisées par les hormones
sexuelles.

• Exemple 1 : Lésions de fibro-adénomatose


chez la chatte

Cliniquement, on observe une hypertrophie


extrêmement rapide des mamelles, ainsi que des
lésions nécrotiques. Ça paraît très inquiétant,
mais cela régresse aussi très vite dès que l’on
castre l’animal : la castration
(ovariectomie) est le meilleur traitement. Ceci
prouve bien l’importance des hormones
sexuelles.

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Cette tumeur est appelée fibro- adénomatose, (fibro- : prolifération de fibroblastes, adéno- :
prolifération des cellules épithéliales glandulaires, -atose : lésions multiples = nombreuses
mamelles concernées) dont l’émergence est gouvernée par les hormones sexuelles. Elle est dite
mixte. L’Algepristone bloque les récepteurs de la progestérone, on observe alors une régression de
la lésion.

• Exemple 2 : tumeur mammaire chez la chienne

Il a été prouvé que stériliser les chiennes diminue significativement l'apparition des tumeurs
mammaires. L'âge de la castration est très important :
• La castration sur les chiennes de plus de 2 ans n’a plus aucun effet sur le risque d'avoir une
tumeur mammaire.
• Les chiennes de moins de 9 mois sont trop
jeunes, n'ont pas encore suffisamment
d'imprégnation hormonale. De plus, elles
n'ont pas fini leur croissance donc il y a des
risques de problèmes tels que l'atrésie des
voies urinaires d'où des problèmes de
miction, ce qui est très douloureux.
• L'âge optimal de la castration est donc
entre 9 mois et 2 ans. Au sein de cet
intervalle, le plus tôt sera le mieux,
puisque cela limite l'imprégnation
progestéronique.
Remarque : ces âges de référence ne concernent que les tumeurs mammaires.

• Exemple 3 : Fibroléiomyome chez la chienne

Ces tumeurs se développent au niveau des organes


génitaux à partir de cellules musculaires lisses (d’où le
préfixe léiomyo) de l’utérus ou du vagin. Elles sont
bénignes (d’où le suffixe –ome), avec souvent des nodules
multiples. En cas de détection d’une tumeur, il est
conseillé de stériliser la chienne tout de suite, sinon il y a
un risque de prolifération de plusieurs tumeurs. La masse
pâle homogène correspond
à la zone tumorale. C’est une tumeur lente.

• Exemple 4 : Leydigome et circumanalomes chez le chien

Le point de départ de la tumeur est localisé au niveau des testicules : les cellules de Leydig
(situées entre les tubes séminifères) tumorales forment un leydigome. Elles vont alors produire
une grande quantité de testostérone, ce qui provoque le circumanalome : tumeur bénigne des
glandes anales (cellules dérivées des glandes sébacées qui sont hormono-dépendantes), autour de
l'anus des chiens mâles.

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Lorsque l'on suspecte un circumanalome, il faut aussi explorer les testicules pour détecter un
leydigome. Le meilleur traitement est la castration du chien.
Remarque : Attention, le carcinome des glandes anales (malin) est une tumeur qui n’est plus
hormono dépendante, la castration est donc inutile.

B. Les facteurs traumatiques

• Exemple 1 : Fibrosarcome du chat (très fréquent !)

Le point de départ des néoformations cutanées est un traumatisme dû à une injection d’une
substance immunogène et rémanente (à durée de vie prolongée dans le tissu conjonctif).
L’injection seule n’est pas suffisante : c’est l’ensemble injection et produit.
Exemples de substances : adjuvants des vaccins, corticoïdes retard…
L’effraction de la peau de l’animal et la mise en place d’une substance rémanente va provoquer un
afflux de macrophages (qui vont internaliser la substance et produire des cytokines) et de fibroblastes
qui persistent dans le tissu sous-cutané et se multiplient de manière incontrôlée.

Attention : Il est conseillé de faire les injections dans des zones où l’exérèse de la tumeur est
facilitée (les pattes plutôt qu’entre les épaules). Outre-Atlantique, cela a abouti à des folies
cliniques, telles que vacciner au bout de la queue ou des pattes, pour pouvoir amputer en cas de
fibrosarcome…

Ce type de cancer est assez peu rencontré chez le chien.

• Exemple 2 : Ostéosarcome (-sarcome : tumeur mésenchymateuse maligne) appendiculaire


chez les chiens de grande taille

Il s’agit là d’une prolifération osseuse qui se produit principalement lorsque l’animal est de grande
taille : le risque est 30 fois plus élevé chez les animaux dont le poids est supérieur à 40 kg, par
rapport à ceux de moins de 10 kg. On ne sait pas la cause exacte à ce jour. Mais plusieurs causes
sont tout de même privilégiées :

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o la prédisposition génétique à
contrôler la prolifération des
fibroblastes.
o le poids : le soutien de poids
important sur les articulations
entraîne des microtraumatismes qui
provoquent des divisions cellulaires et
donc des phénomènes de réparation :
c'est une phase à risque.
o les fractures anciennes : elles sont des
lieux de réparation, et donc de division
des cellules osseuses, d'où un risque de
tumeur.
On observe alors un gonflement important du membre, une lyse osseuse et une ostéo-prolifération.

C. Les facteurs liés à la race


• Exemple 1 : le Boxer
Cette race est un « catalogue à tumeurs », probablement à cause de la sélection génétique qui a
été faite pour obtenir ces animaux. On retrouve tous les types de tumeurs, à un taux beaucoup
plus élevé que la normale.

• Exemple 2 : Bouvier Bernois et histiocytes malignes (sarcome histicytaire disséminé)

Dans cette race, il y a beaucoup plus de tumeurs dont l’origine est histiocytaire (macrophages,
cellules dendritiques). Ces chiens semblent incapables de contrôler la prolifération des histiocytes
et des cellules dendritiques.

Cellule tumorale :
géante et
plurinucléée

Ici, la tumeur du médiastin occupe la totalité de la cage thoracique et atteint les organes profonds.

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• Exemple 3 : races brachycéphales

Les races brachycéphales développent beaucoup de tumeurs naso-sinusales et des tumeurs des
baro- et chémorécepteurs au niveau de la base de l’aorte. Ce sont des chémodectomes. Les
problèmes respiratoires de ces races semblent impliqués dans l’apparition de ces tumeurs, puisque
les voies aérophores sont réduites et entraînent donc des variations de pression qui favoriseraient
les chémodectomes.

Remarque : Ces tumeurs sont aussi connues chez l’homme, surtout dans les populations qui vivent
en altitude. D’où l’hypothèse que la pression atmosphérique interviendrait dans ce genre de
tumeur en stimulant les chémorécepteurs.

D. Maladies infectieuses
1. D’origine bactérienne
Ici, on prendra l’exemple de la relation entre la présence d’Helicobacter pylori et l’apparition de
carcinome gastrique chez l’homme.
Les Helicobacter pylori sont des bactéries spiralées, qui vivent dans l'estomac. Ces bactéries sont
pathogènes lorsqu’elles sont présentes dans les canalicules intra- cytoplasmiques des cellules
pariétales. Elles sont alors à l’origine d’une inflammation chronique de la paroi stomacale (gastrite),
qui a pour conséquences :
• un afflux de macrophages
• la présence de radicaux libres dus à l’inflammation à l’origine de mutations
• la libération de substances toxiques : la nitrite réductase des Helicobacter, qui dégrade le
NO en nitrosamines, substance cancérigène
• une action de cette bactérie sur les cellules directement : elles répriment leur capacité de
réparation de l'ADN

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On constate également
qu’Helicobacter favorise des
lymphomes de l’estomac, du fait
de la stimulation importante du
système immunitaire local. On les
appelle des lymphomes MALT
(Mucus Associated Lymphoïd
Tissu), qui font partie des
lymphomes B : ils sont développés
à partir des zones marginales des
ganglions.

Le traitement en première
intention contre ces lymphomes
consiste juste à éliminer ces
bactéries grâce à des
antibiotiques, la chimiothérapie
est rarement nécessaire.

Remarque : Les chats possèdent naturellement des Helicobacter dans leur estomac. Cependant, il
n’a pas été encore démontré de relation entre l’apparition de ces tumeurs et la présence de ces
bactéries chez nos carnivores domestiques. Ces bactéries ne seraient pathogènes que lorsqu'elles
atteignent un niveau profond dans les canalicules cytoplasmiques des cellules pariétales.

2. D’origine parasitaire
C'est un phénomène rare, car peu de parasites induisent des tumeurs, il y a donc peu d'exemples.
Ceux cités sont juste pour information.

Exemple : chez le chien, le nématode


Spirocerca lupi. C’est le seul exemple de parasite
oncogène.

Ceci est un œsophage de chien

Macroscopiquement, on obtient des granulomes (nodules) strictement inflammatoires à paroi


épaisse dans la sous-muqueuse de la partie caudale de l’œsophage qui contient des petits vers
rouges (ce sont les adultes). Ce parasite va induire une tumeur conjonctive des fibroblastes.

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Cycle du parasite :
• Ingestion d'un scarabée contaminé (ou d'un insectivore)
• Pénétration de la larve de 3ème stade dans la paroi de l'estomac
• Migration vers l'aorte le long des artères de l'estomac
• Formation dans l'adventice de la partie thoracique caudal de l'aorte d'un granulome où les
larves persistent 2 à 4 mois, sans signes cliniques
• Migration vers la sous-muqueuse de l'œsophage
• Transformation en adulte et ramollissement du tissu œsophagien par des enzymes : c'est
cette lésion qui peut dégénérer en tumeur
• Ponte des œufs dans la lumière de l'œsophage

Gravité de la lésion : Elle peut être mineure (grosse inflammation) ou majeure par stimulation
répétée des fibroblastes et dérapage néoplasique (fibrosarcome).

CONCLUSION

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CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM


NOTION D’ONCOGENESE MOLECULAIRE ET
VIRUS ONCOGENES

SOMMAIRE
I/ DEFINITIONS ET RAPPELS SUR LE CYCLE CELLULAIRE ET SA REGULATION .......................................................... 3

A – Définitions ................................................................................................................................................... 3

B - Classification des protéines codées par certains oncogènes ...................................................................... 3

C - Régulation du cycle cellulaire ...................................................................................................................... 4

D – Les acteurs de cette régulation .................................................................................................................. 5

E- Bilan sur la vie et la mort des cellules ........................................................................................................... 8

F - Propriétés des cellules immortalisées et transformées............................................................................... 8

II/ ONCOGENESE ................................................................................................................................................. 11

A – Introduction .............................................................................................................................................. 11

B - Exemple du cancer du colon ...................................................................................................................... 12

C - Epigénétique et épigénome....................................................................................................................... 12

D - Mécanisme moléculaire de formation d’un oncogène ............................................................................. 13

III/ L’ONCOGENESE VIRALE ................................................................................................................................ 13

A - Introduction ............................................................................................................................................... 13

B - Les virus tumorigènes à ARN (retroviridae)............................................................................................... 14

c - Les virus tumorigènes lents (lentivirus) ..................................................................................................... 17

D - Les virus tumorigènes à ADN..................................................................................................................... 17

E - Bilan à retenir............................................................................................................................................. 18

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INTRODUCTION

DEF Cancer : Maladie génétique de la cellule somatique. Cela résulte de l’accumulation


de mutations multiples et de modifications épigénétiques entrainant une perte de
contrôle de la prolifération cellulaire. L’environnement est associé à ce processus.

Le cancer est l'un des problèmes les plus fréquents et les plus graves en médecine. Le cancer est une
maladie génétique de la cellule somatique. C'est un nom qui s'applique à un grand nombre de tumeurs
malignes causées par un processus fondamental de croissance incontrôlée. De cette prolifération résulte
une masse qui envahit les tissus environnants et peut métastaser jusqu'à des tissus éloignés.

Le cancer résulte d'une accumulation de mutations multiples et de modifications épigénétiques qui


conduisent à la perte du contrôle de la prolifération cellulaire. Les gènes cibles des anomalies sont les
proto-oncogènes (qui deviennent oncogènes s'ils sont activés) ou les gènes suppresseurs de tumeurs. Ces
évènements modificateurs surviennent :

- spontanément : ces anomalies sont nombreuses par jour et par génome.


- sous l'action de facteurs endogènes : immunitaires et hormonaux.
- sous l'action de facteurs exogènes : physiques (rayons, UV), chimiques (substances cancérigènes,
polluants) et infectieux ((bactéries, virus, parasites), prépondérants chez les animaux).

On distingue les facteurs de risques initiateurs et promoteurs.

Attention : Le cancer n'est pas héréditaire mais à prédisposition familiale.

Une tumeur est composée de cellules en prolifération avec un stroma de tissu conjonctif et des vaisseaux
sanguins. Les quatres formes principales de tumeurs sont :

- les sarcomes (tumeur des tissus mésenchymateux)


- les carcinomes (tumeur des tissus épithéliaux)
- les cancers hématopoïétiques (leucémie avec une origine des précurseurs hématopoïétiques)
- les lymphomes (tumeur au niveau des ganglions)

Tumeurs bénignes: Elles sont constituées de cellules normales entourées par une
DEF capsule fibreuse qui facilite leur ablation. Elles constituent un danger pour l’hôte
lorsque leur volume augment ou lorsqu’elles contiennent une quantité importante de
substances biologiquement actives.

Tumeurs malignes : Elles sont disséminées dans l’hôte par la circulation sanguine
et forment des métastases.

Le cancer est une tumeur maligne clonale : un agrégat de cellules dérivant d'une cellule fondatrice
aberrante (anormale). Il s’agit essentiellement d’une maladie de gènes.

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I/ DEFINITIONS ET RAPPELS SUR LE CYCLE CELLULAIRE ET SA REGULATION

A – DEFINITIONS

Proto-oncogènes : Gènes cellulaires normaux qui codent pour des protéines intervenant
dans le contrôle de la division cellulaire. La protéine codée a pour fonction de transmettre un

DEF
signal de prolifération cellulaire de l'extérieur jusqu'au noyau pour permettre l'expression des
gènes. Ils codent pour des protéines intervenant dans des fonctions cellulaires importantes
et régulant le cycle cellulaire de façon positive (=accélération du cycle).

Oncogènes : Versions altérées du proto-oncogène. On distingue les oncogènes cellulaires


("c- onc") et les oncogènes viraux ("v-onc").

Les mutations des proto-oncogènes sont à l’origine de tumeurs car elles entrainent une prolifération
excessive des cellules.

Les oncogènes ont le potentiel d’induire la transformation néoplasique de cellules en conditions naturelles
ou expérimentales. Leur expression favorise la prolifération tumorale cancéreuse. Ils ont une action
dominante, c’est-à-dire qu’il suffit qu’un seul des deux allèles du proto-oncogène soit muté pour obtenir
une prolifération cellulaire expressive.

Il faut noter qu’ils ne sont pas systématiquement impliqués dans la prédisposition héréditaire au cancer.

Anti-oncogène : Gène suppresseur de tumeur, c'est un gène normal codant pour une protéine
DEF qui régule négativement la progression du cycle cellulaire. Son action s'oppose à celle des
oncogènes.

Ce sont des gènes dont la perte de fonction conduit au développement tumoral. Leur action est elle aussi
dominante mais leurs mutations sont récessives donc il faut qu’il y ait mutation des deux allèles pour qu’il
y ait perte du contrôle de la prolifération cellulaire. Ils ont la capacité d’induire l’apoptose.

B - CLASSIFICATION DES PROTEINES CODEES PAR CERTAINS ONCOGENES

Lisez attentivement ce petit schéma …

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Pour ensuite aborder sereinement les différentes classes de prot’.

Classe I : facteurs de croissance / molécules de signalisation


Protéines de la famille des FGF (Fibroblast Grotwh Factor)
Classe II : récepteurs des facteurs de croissance / molécules signalisation (membranaires et intracellulaires)
Proto-oncogène erb B (récepteur mbR à l’EGF - Epidermal Growth Factor), proto-oncogène erb A
(Récepteur cytosolique aux hormones thyroïdiennes)
Classe III : transducteurs intracellulaires
Proto-oncogène src (Tyrosine protéine-kinase cytosolique) Proto-oncogène ras (protéine-G)
Classe IV : facteurs de transcription nucléaires
Proto-oncogènes fos, jun et c-myc, anti-oncogène p53
Classe V : protéines pro-apoptotiques
Anti-oncogène Bax , anti-oncogène p53
Classe VI : Protéines de contrôle du cycle cellulaire
Cyclines, CDK, P53 et pRB
Classe VII : Protéines de réparation de l’ADN
BRCA1 et 2 (cancers familiaux du sein)

NB : Il ne faut pas savoir de manière exhaustive toutes les protéines, mais surtout bien avoir compris les
rôles fonctionnels de celles-ci.

C - REGULATION DU CYCLE CELLULAIRE


« Pour commencer : une petite mise en jambe sur les étapes du cycle »

Le cycle cellulaire est une suite d'évènements entre 2 divisions. Elle est composée de plusieurs phases :

- la phase M (mitose et cytodiérèse) : 10% de la durée du cycle, séparation des chromosomes et


division nucléaire, puis division cytosolique.
- l'interphase : 90 % du cycle
- la phase G1 (Gap 1) : activité biosynthétique (organites, protéines...).
- la phase S : réplication de l'ADN, 2h en 4n chromosomes.
- la phase G2 (Gap 2) : fin de l'activité biosynthétique.

G0
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La phase G0 correspond à un stade de quiescence (dormance) comme les cellules souches. La durée de la
phase G1 détermine la durée du cycle. Selon le type cellulaire et les conditions de croissance, la durée du
cycle (quelques minutes à plusieurs heures) est principalement déterminée par la phase G1.

Le volume cellulaire double pendant l'interphase pour que la cellule mère se divise en deux cellules filles
identiques.

« Pour continuer: une partie de jambes en l’air sur la régulation du cycle »

Le cycle cellulaire est contrôlé entre certaines étapes : un système de contrôle vérifie que chaque étape est
correctement réalisée.

On doit retenir les trois principaux points de contrôle : aux jonctions G1-S, G2-M et à la sortie de M où les
chromosomes sont répartis de façon homogène sur le fuseau mitotique. Le système de contrôle doit activer
au bon moment chaque acteur puis ensuite les désactiver. Il doit aussi s’assurer que chaque stade du cycle
est terminé avant de passer au suivant.

LE PREMIER CHECK POINT, G1-S : C’est un contrôle de la taille de la cellule et l'environnement qui doit être
favorable. Il conditionne l’entrée en phase S.

LE SECOND CHECK POINT, G2-M : C’est un contrôle de la taille de la cellule et de l’environnement qui doit
toujours être favorable. Il est aussi vérifié que la quantité d’ADN soit bien doublée.

LE TROISIEME CHECK POINT, LA SORTIE DE LA PHASE M : Vérification de la bonne répartition des


chromosomes sur le fuseau mitotique.

Ces trois points de contrôles enregistrent les conditions intra et extra cellulaires.

D – LES ACTEURS DE CETTE REGULATION


# LE COMPLEXE CYCLINE-CDK
Le système de contrôle est en partie fondé sur des complexes composés de 2 types de polypeptides :

- des Cyclines qui sont synthétisées à un moment particulier du cycle cellulaire, leur taux d’expression
varie au cours de la phase du cycle.
- des protéines Kinases dépendantes de la Cycline-CDK qui se lient à leurs cyclines spécifiques, elles
sont activées et désactivées par des phosphorylations et déphosphorylations.

Par des jeux de phosphorylations et déphosphorylations, les complexes cyclines-CDK permettent la


progression du cycle.

Le mécanisme : La Cdk fixe la cycline à la fin de la phase G1. Ce complexe est alors phosphorylé. Cela active
la Cdk, entraînant alors une machinerie de réplication de l'ADN par phosphorylation de diverses protéines
ce qui enclenche la phase S. Le complexe est ensuite clivé et la cycline dégradée.

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En voici une illustration :

#LA PROTEINE RB

C'est une phospho-nucléoprotéine, codée par un gène suppresseur de tumeur. Cette protéine RB est
notamment impliqué dans les rétinoblastomes (cancer de la rétine) qui apparaît si les deux allèles du gène
de cette protéine sont mutés/inactivés.

Dans une cellule normale :

- dans une cellule au repos en G0, RB n’est pas phosphorylée. RB est ensuite phosphorylée par un
complexe Cycline-CDK en fin de phase G1 puis RB est déphosphorylée par un autre complexe au cours de
phase M.

- la forme non phosphorylée de RB fixe de nbx protéines, en particulier E2F qui est un facteur de
transcription stimulant l’expression des gènes de la transition G1/S.

- la forme phosphorylée de RB en fin de G1 libère ces protéines et E2F, qui activent alors l’expression
des gènes cibles essentiels à la phase S (réplication ADN).

Dans une cellule tumorale :

Certains antigènes tumoraux viraux (T du virus SV40 et E1A Adénovirus) se fixent spécifiquement à la
forme non phosphorylée de RB et entrent en compétition avec E2F Ce complexe Ag tumoral-RB ne peut plus
fixer E2F ni d’autres protéines, le facteur de transcription agit ainsi en permanence et il y a expression
excessivement anormale des gènes de phase S (et expression gènes viraux). La cellule est donc forcée à se
diviser.

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# LA PROTEINE P53 (THE MOST IMPORTANT)
La protéine P53 (qui pèse 53 kDa) est une phospho-nucléoprotéine codée par un gène suppresseur de
tumeur. De nombreux cancers humains sont dus à une délétion des 2 allèles du gène de P53 (car c'est une
mutation récessive), ce qui entraîne une croissance cellulaire illimitée. C’est la gardienne du génome !
Dans une cellule normale :

P53 active la protéine P21 (qui pèse 21 kDa), qui elle-même inhibe les complexes Cycline-CDK. En fin
de phase G1, P53 centralise toutes les informations des enzymes qui contrôlent la réparation du génome
(arrêt du cycle cellulaire le temps de la dégradation) :

Lorsque l'ADN est réparé, P53 est dégradée, d'où une levée de l'inhibition des complexes Cycline-CDK : le
cycle peut continuer.

Si la cellule a passé le check-point G1-S mais que l'ADN est endommagé, alors P53 induit l'apoptose de la
cellule en activant des gènes codant pour des protéines pro-apoptotiques (Bax) et en réprimant les gènes de
la voie anti-apoptotique (Bcl2).

Dans une cellule tumorale :

En cas d'absence de P53, il y a alors une croissance illimitée et anarchique puisqu'il n'y a plus de
contrôle du check point G1-S. Le taux de mutation va progressivement augmenter et le tissu va évoluer en
tumeur.

L’agression de l’ADN se traduit par une augmentation de la synthèse de P53. P53 est un facteur de
transcription qui agit dans 3 directions :

- active l’expression p21WAF arrêt du cycle cellulaire


- active la synthèse protéines de réparation de l’ADN  correction ADN
- induit l’apoptose  active les gènes pro-apototiques (Bax) et réprime les gènes anti-apoptotiques
(Bcl2)

En bref, il y a trois décisions possibles au point de contrôle G1-S : poursuite du cycle, pause/réparation ou
entrée en phase G0 (la cellule quitte le cycle et reste en G0 jusqu’à réactivation du cycle).

NB : Au check point G2-M, le principe est le même que le check-point G1-S, sauf que les acteurs sont la
cycline mitotique et la CDK mitotique. Le complexe de leur association forme le MPF actif (Phase M
Promoting Factor) qui agit sur la phase M.

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E- BILAN SUR LA VIE ET LA MORT DES CELLULES

Cellule

Vie Mort

Division Quiescence
Accidentelle Programmée
= lyse = apoptose
cellulaire
accompagnée
d'une
inflammation

Remarque : l'apoptose peut être normale (recyclage cellulaire, développement embryonnaire, maturation
lymphocytaire) ou anormale (phénotype cancéreux, artériosclérose ou infection virale).

F - PROPRIETES DES CELLULES IMMORTALISEES ET TRANSFORMEES

1-Les cellules immortalisées

Immortalisation : Transformation génétique d’un type de cellules en une lignée cellulaire au


DEF potentiel de division cellulaire illimité, c’est à dire échappant à la sénescence cellulaire
normale. C’est une capacité de croissance indéfinie sans changement perceptible du
phénotype. La régulation du cycle cellulaire est perturbée.

Les cellules normales, isolées à partir de cellules primaires issues de tissus d'un organisme, font un nombre
fini de divisions puis meurent par sénescence cellulaire lors de culture in vitro. Cependant, certaines cellules
peuvent subir des remaniements génétiques qui les rendent immortalisées. Attention à ne pas confondre
avec "immortelles" : les cellules immortalisées ont besoin de conditions favorables à leur croissance
contrairement aux cellules immortelles. Ces cellules ont besoin d'un milieu de culture favorable à leur
croissance et peuvent alors se propager à l'infini pour donner une lignée cellulaire. Ces cellules expriment
les mêmes caractères phénotypiques que la cellule primaire dont elles dérivent et les mêmes
caractéristiques (exigence en facteurs de croissance, prolifération dépendante de l’ancrage à un support
solide, inhibition de croissance lors de contact avec d’autres cellules). L'immortalisation est une étape avant
la transformation.

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2-Les cellules transformées (=cancéreuses)

Transformation cellulaire : Absence totale de réponse aux éléments régulateurs habituels


DEF du cycle cellulaire. On assiste à des modifications génétiques et phénotypiques observables
de la cellule par rapport aux cellules normales de même origine. La régulation du cycle
cellulaire est inexistante. Il y a des mutations et des réarrangements du génome.

Les cellules cancéreuses ont des propriétés particulières :


- leur croissance est illimitée.
- elles sont indépendantes par rapport au milieu (pas de besoin en facteurs de croissance exogènes).
- elles sont insensibles à l'inhibition de contact
- elles n'ont pas besoin d'un support solide pour se multiplier.
- elles sont dotées de tumorigénicité : lorsqu'elles sont injectées à des souris « nude » (athymique
donc incapable de rejeter une greffe de cellules étrangères) sous forme de suspension cellulaire, il y
a développement d'une tumeur au point d'injection (cette tumeur est viable et va former un néo-
organe). Par comparaison, lorsque des cellules non transformées sont injectées à ces souris, aucune
tumeur ne se développe.
- leurs divisions anarchiques sont à l'origine d'anomalie comme la polyploïdie ou des modifications
cytogénétiques.

3-Les anomalies cellulaires

Quel que soit le tissu d'origine, la cellule acquiert des anomalies phénotypiques et fonctionnelles :

Anomalies phénotypiques Anomalies fonctionnelles


Altération de l'expression ou de la fonction
Taille du noyau >> taille d'un noyau normal des molécules d'adhérence à la matrice
extracellulaire (d'où un arrêt de l'ancrage et
de l'inhibition de contact)

Morphologie arrondie (comme une cellule Réorganisation du cytosquelette (d'où un


en mitose) changement de morphologie)

Hausse de production des facteurs de


Chromatine irrégulière et index mitotique croissance
élevé (grand nombre de mitoses) (grâce aux proto-oncogènes devenus
oncogènes)

Toutefois, les principales anomalies fonctionnelles des cellules cancéreuses portent sur leur capacité de
croissance et de division.

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4-Immortalisation et transformation
In vitro, lorsque l’on observe une cellule cancéreuse, on observe : une croissance illimitée (immortalisation),
une indépendance vis-à-vis des facteurs de croissance, une perte de l’inhibition de contact, une perte de
contact vis-à-vis de l’ancrage à un support solide et une tumorigénicité in vivo (trasformation).

A partir de cellules normales en culture, il est possible de les modifier en cellules immortalisées ou
transformées, en apportant des plasmides d'expression contenant les séquences d'ADN codant pour des
protéines interférant avec la régulation du cycle cellulaire.

Les séquences introduites sont des proto-oncogènes activés en oncogènes : myc, ras, moyen T et grand T.

L’immortalisation et la transformation d’une cellule impliquent différentes modifications géniques


successives qui contribueront à perturber la régulation du cycle cellulaire.

Interprétation : Lorsqu'on introduit le gène codant pour la protéine Myc ou celui codant pour la protéine T
du SV40, la cellule normale devient immortalisée. Cette cellule devient cancéreuse si on y introduit le gène
codant moyen T ou pour la protéine Ras activée.
La cellule normale peut acquérir directement le phénotype transformé si on introduit le gène codant pour la
protéine moyen T et celui codant pour la protéine T du SV40 ou le gène codant pour la protéine Myc et celui
codant pour la protéine Ras activée.

Ainsi, par transformation expérimentale, on a décomposé l'influence de plusieurs gènes sur la modification
du phénotype des cellules en une ou deux étapes.

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Remarque :

- Voici quelques principaux oncogènes immortalisants : v-myc, v-jun, v-fos, E1A Adenovirus, T SV40, T
polyomavirus. Ces trois derniers agissent en fixant les protéines RB et P53 qui ne peuvent donc plus
fixer E2F.
- Les principaux oncogènes transformants sont E1B Adenovirus, v-ras et moyen T polyomavirus.

II/ ONCOGENESE
A – INTRODUCTION

DEF
Tumeur : clone de cellules dérivant d’une cellule ancestrale normale dans laquelle se sont
accumulées des mutations et évènements modificateurs.

La formation d'une cellule cancéreuse peut être décomposée en 2 phases :

- la phase d'initiation : des mutations permettent une prolifération des cellules


- la phase de promotion : c'est une sélection naturelle des cellules viables.

En réalité, moins de 1% des cancers de l'homme sont réellement héréditaires. Bien qu’ils aient presque tous
une composante héréditaire prédisposant à leur développement. Environ 5% sont des cancers "familiaux"
ce qui suppose un rôle génétique prépondérant : exemple des cancers du sein et du côlon.

A bien retenir : Une seule mutation ne suffit pas à induire l'apparition d'un cancer. Il faut 2 à 7
mutations/évènements modificateurs indépendants selon le gène touché, pour induire un cancer.

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Remarque : Pour de nombreux cancers, l'évolution jusqu'à l'état de métastases est graduelle.

L’augmentation de l’instabilité génétique peut être :

- intrinsèque (défaut des voies du métabolisme des mutagènes et de la réparation du génome)


- extrinsèque (mutagènes)

B - EXEMPLE DU CANCER DU COLON


La prédisposition familiale est fréquente pour ce cancer. Il évolue en plusieurs étapes :

Etape 1 : Il y a un taux anormalement élevé de divisions des cellules de la muqueuse. Ces cellules ont
toutefois un aspect normal. La raison de cette anomalie est variable : déséquilibre de la flore intestinale,
infection parasitaire, allergie alimentaire (ex : gluten), maladie autoimmunes (maladie de Crohn). La
régénération de la muqueuse est très importante et ce contexte de division cellulaire anormalement élevée
favorise l’apparition d’erreurs non réparées.

Etape 2 : Un peu plus tard, un polype (= tumeur bénigne) apparaît, c'est le premier signe de la maladie. Le
dépistage est primordial à ce stade. Si le polype est enlevé chirurgicalement, alors les étapes suivantes
n'auront pas lieu.

Etape 3 : La tumeur devient un adénome qui évolue en Classe I (ras muté : activation de ras) puis Classe II
(perte des 2 allèles d'un anti-oncogène) puis Classe III (perte des 2 allèles de P53). Si la tumeur n'est
toujours pas enlevée, la prochaine étape a lieu.

Etape 4 : La tumeur devient un carcinome, une tumeur maligne.

Etape 5 : Des métastases se forment.

Ce cancer a très souvent une origine clonale. La progression tumorale implique des cycles successifs de
mutation et de sélection naturelle, en plus des modifications épigénétiques.

C - EPIGENETIQUE ET EPIGENOME

DEF
Epigénétique: ensemble des modifications stables au cours des générations cellulaires
n'impliquant aucun changement de la séquence du génome.

Ces mutations sont induites par l’environnement qu’ils s’agissent de signaux reçus de l’environnement
cellulaire ou de signaux liés à notre comportement (tabagisme, alimentation, stress…). Elles peuvent être
transitoires ou pérennes (persistent même lorsque le signal qui les a induit a disparu). Certaines marques
sont trans-générationnelles, c’est-à-dire qu’elles seront transmises à la descendance sur plusieurs
générations (environ 3).

Les modifications sont de deux types :

- modifications post-traductionnelles des histones


- méthylation de l'ADN

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Le lien entre épigénétique et cancer provient du fait que les dérégulations épigénétiques participent
fréquemment à la tumorigenèse par l'inactivation de gènes suppresseurs de tumeur ou la sur-expression
d’un proto-oncogène. Ces dérégulations sont très nombreuses par rapport aux mutations par changement
de séquence. Elles sont réversibles, ce qui permet des espoirs de traitement. La méthylation de l'ADN est
notamment un mécanisme simple et bien caractérisé à l'heure actuelle. Des inhibiteurs de l'ADN
méthyltransférase ou des histones-désacétylases font d’ailleurs partie de la pharmacopée anticancéreuse.

D - MECANISME MOLECULAIRE DE FORMATION D’UN ONCOGENE


Il existe 4 types de mécanismes moléculaires permettant de convertir un proto-oncogène cellulaire en un
oncogène :
- Mini-délétion ou mutation ponctuelles dans la séquence codante ou dans la séquence régulatrice : la
séquence codant pour la protéine est modifiée ou il y a surexpression d'une protéine proto-
oncogène. Ce cas est difficile à détecter.
- Amplification génique : multiplication du nombre de copies du proto-oncogène, ainsi le locus
chromosomique est dupliqué un grand nombre de fois, ce qui entraîne une surexpression de la
protéine codée par le proto-oncogène. Ceci a lieu lors d’un stress majeur subi par la cellule (hypoxie,
chimiothérapie,…).
- Réarrangements chromosomiques : elles consistent à des rapprochements de gènes ou à un
éloignement de leur séquence régulatrice, par translocation par exemple avec un proto-oncogène
qui se trouve proche d'un enhancer induit la surexpression de la protéine normale. Ou encore, la
fusion d’un gène A avec un gène B activement transcrit induit une importante transcription de A
(protéine hybride hyperactive).
- Transposition de gènes ou d'éléments régulateurs : un provirus rétroviral s'intègre dans le génome et
conduit aux mêmes résultats que les réarrangements chromosomiques.

Les 2 derniers points sont souvent accompagnés de grandes modifications chromosomiques, ils sont donc
repérables par cytogénétique, ce sont aussi les anomalies les plus fréquemment rencontrées. Les
aberrations chromosomiques sont de règle dans les cellules tumorales (polyploïdie, aneuploïdie,
translocations, doublement localisés de L’ADN…)

III/ L’ONCOGENESE VIRALE


A - INTRODUCTION
Chez l'homme, il n'y a pas de transmission directe suite à l'infection de "virus oncogènes". Seulement 15%
des cancers sont associés aux virus. Il s’agit simplement d’association entre des virus et des cancers.

Exemples : Hépatocarcinomes (HBV, HCV), certains lymphomes (EBV, HTLV 1 et 2), cancer de l'utérus (HPV),
Kaposi (HHV6, Sarcome de Human Herpèsvirus). On préconise la vaccination de prévention pour éviter ces
cancers.

Chez les animaux, la proportion de cancers viro-induits est nettement plus importante. Le virus peut
entraîner l'apparition de cancers de 3 manières :

- Le virus apporte un oncogène contenu dans le génome viral


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- Le virus bouleverse l'ADN cellulaire (par intégration) et affecte l'expression d'un proto- oncogène ou
d'un gène suppresseur de tumeur
- L’agent pathogène induit une régénération cellulaire intense au sein du tissu infecté ce qui entraine
une augmentation de l’apparition d’erreurs/mutations

Les modifications apportées par le virus au génome cellulaire ne représente qu'un évènement conduisant à
l'oncogenèse, d'où la lenteur du processus (10 à 40 ans). Par exemple, le cancer du foie est lié au virus de
l'hépatite B : il y a une division anormalement importante des hépatocytes. C’est la chronicité de l'infection
qui conduit au cancer. Il est nécessaire qu'il y ait d'autres changements de l'ADN par des facteurs
environnementaux. Parmi les virus responsables directement de l'apparition de cancers, on distingue les
virus tumorigènes à ARN et ceux à ADN.

On peut également retrouver des agents non viraux comme Helicobacter pylori ou Schistosoma.

B - LES VIRUS TUMORIGENES A ARN (RETROVIRIDAE )


Ce sont majoritairement des Oncoviridae et Lentiviridae.

Les virus tumorigènes à ARN sont classés en 2 catégories selon la rapidité avec laquelle ils induisent
l'apparition d'un cancer : Oncoviridae=rapide et Lentiviridae=lent.

Les virus tumorigènes rapides contiennent dans leur génome un oncogène viral (v-onc) très actif qui
induit très rapidement la transformation néoplasique des cellules infectées. Ils induisent toujours la
formation de tumeurs d'origine polyclonale (= les différentes tumeurs sont indépendantes ; si on fait le
caryotype de chaque tumeur, on observera qu’ils sont différents).

Les virus tumorigènes lents ne contiennent pas d'oncogène viral. Ils contribuent à un évènement
altérant la régulation du cycle cellulaire. Les tumeurs induites ont toujours une origine monoclonale (issues
du clone tumoral initial = métastases).

Les principales catégories de virus tumorigènes à ARN sont

Type de virus Symbole Espèce Type de cancer


cible
Virus de sarcomes ASV Poulet Sarcome
aviaires

Virus érythroblastose aviaire AEV Poulet Erythroblastose,


sarcome

Tumorigènes Virus sarcomes murins MSV Souris Sarcomes, leucémies


rapides

Virus sarcomes félins FeSV Chat Sarcomes

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Virus sarcomes simiens SSV Singe Sarcomes

Virus leucose aviaire ALV Poulet Lymphomes

Virus leucémies murines


MuLV Souris Leucémie

Virus tumeurs mammaires MMTV Souris Carcinomes


mammaires
Tumorigènes lents
Virus leucose féline FELV Chat Lymphomes

Virus leucémies T HTLV I, HTLV Homme Leucémies T


humaines II

Virus leucose bovine BLV Vache Lymphomes

#EXEMPLE D’UN VIRUS TUMORIGENE RAPIDE (ONCOGENE)

Nous allons étudier le virus du sarcome de Rous (RSV) dont l'oncogène est v-src. Lorsqu'on infecte
un poulet, des tumeurs (sarcomes) apparaissent en quelques jours. Si on infecte des cellules fibroblastiques
de poulet in vitro, les cellules sont transformées dès 24 heures. L'ARN génomique du RSV ressemble à celui
de la majorité des rétrovirus avec les séquences : 5'R - U5 - gag - pol -env - oncogène v-src - U3 - R3'. R-U5 et
U3-R sont les séquences régulatrices.

La séquence v-src est une séquence supplémentaire de 1500 bases portée par le génome viral. Elle dérive
de la séquence c-src présente dans toutes les cellules du poulet. Les deux séquences v-src et csrc codent
pour une même protéine PP60 (phosphoprotéine de 60 kDa).

La séquence v-src est la même que les séquences exoniques de c-src, sauf quelques codons du coté 3': les
19 derniers codons sont remplacés par 12 codons issus de l'aval de la séquence. Lors de l'expression du
gène c-src, la protéine PP60 a une activité tyrosine kinase, mais sans pouvoir transformant. L'expression du
gène v-src induit une protéine PP60 dont l'activité tyrosine kinase est très importante, et qui a un pouvoir
transformant. Ainsi, le remplacement des codons de la séquence c-src modifie le comportement de la
protéine PP60 et induit la capacité transformante.

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Tous les virus oncogènes rapides ont au moins une séquence v-onc. La majorité des autres virus rapides
obtiennent également l'oncogène par gain de codons, mais ceux-ci prennent souvent la place d'autres
codons indispensables, d'où des virus incomplets défectifs, qui ont besoin d'un virus helper. Leur génome
est donc presque toujours incomplet.
Pour l’origine des oncogènes viraux, on suppose qu’il y a transduction de proto-oncogènes cellulaires par
des rétrovirus (le matériel génétique est transféré d’une cellule à une autre par l’intermédiaire d’un virus).

Mécanisme de transcription du proto-oncogène par les rétrovirus

« A retenir »

- Les v-onc ne contiennent jamais de séquence intronique du proto- oncogène dont ils dérivent.
- La séquence ADNc du proto-oncogène a presque toujours subi des changements moléculaires qui
modifient l'activité de la protéine codée par le v-onc.
- Les mutations peuvent être dominantes : une copie de la séquence oncogène suffit à induire
l'apparition de la tumeur.
- Les mutations induisent un changement qualitatif de la protéine (modification du site actif ; exemple
: vsrc) ou quantitatif (augmentation de la demie-vie de l’ARNm ou de la protéine).

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C - LES VIRUS TUMORIGENES LENTS (LENTIVIRUS )

Transduction : Transfert de matériel génétique (ici un proto-oncogène) d’une cellule a une


DEF autre par l’intermédiaire d’un virus.

Ils agissent après une longue incubation. Leur intégration est localisée. Elle peut se faire à proximité du
locus d’un proto-oncogène, il s’agit d’une cis-activation ou en amont du locus d’un proto- oncogène
(insertion variable) et on a alors une trans-activation (dans ce cas, l’activation est encore plus lente).

D - LES VIRUS TUMORIGENES A ADN


Lorsqu'ils infectent les cellules, il y a une multiplication rapide du cycle lytique mais qui n'aboutit pas à une
transformation cellulaire.

Mais certains virus à ADN peuvent provoquer une tumeur si :

- Ils intègrent leur génome dans le génome cellulaire : ceci peut mener à une transformation cellulaire
(exemple : Hépatite B) mais il n'y a pas de multiplication virale intense et donc pas de cycle lytique.
- Il y a un oncogène viral dans le génome viral. Les oncogènes des virus à ADN n'ont pas d'équivalents
cellulaires.

Les virus oncogènes à ADN infectent en général des cellules qui se divisent pas ou peu, il faut donc qu'ils les
forcent à se diviser : ces virus forcent le check-point G1-S grâce à l'activation des effecteurs de ce point de
contrôle. La protéine virale oncogène :

- neutralise les anti-oncogènes (par fixation ou inhibition de leur dégradation)


- force la prolifération en éliminant les freins du cycle cellulaire : P53 et PRB.

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Les Papovaviridae sont des petits virus à ADN non enveloppés au sein desquels on distingue les
papillomavirus qui donnent des verrues, des papillomes, le cancer du col de l’utérus (HPV16 et 18). Ils
apportent des oncogènes à effets immortalisant et transformant E7 et E6 qui fixent et inactivent
respectivement PRB et P53. Il y a ausse les polyomavirus qui entrainent des infections inapparentes chez
l’hôte naturel mais induisent des tumeurs chez les hôtes permissibles : apport de Grand T SV40 qui a un
effet immortalisant et transformant.

E - BILAN À RETENIR
- Retenir les définitions de proto-oncogène, oncogène (v et c) et anti-oncogène
- Existence de gènes qui régulent le cycle cellulaire et dont les produits appartiennent à différentes
classes : Récepteurs membranaires et intracellulaires, Transducteurs intracellulaires, Facteurs de
transcription nucléaires, Protéines pro-apoptotiques, Protéines de contrôle du cycle cellulaire,
Protéines de réparation de l’ADN.
- 3 points de contrôle du cycle cellulaire : G1-S, G2-M, Sortie de la phase M
- Régulation par des complexes cyclines-CDK (plusieurs CDK par cycline) dont la quantité varie en
fonction des besoins du cycle. Il se produit un jeu de phosphoryation/déphosphorylation pour
activer/inactiver.
- Protéine P53 « gardienne du génome » gère la réparation du génome, contrôle le cycle et l’apoptose
(voies pro et anti-apoptotique). En cas d’absence de P53, il y a une augmentation des dommages de
l’ADN et donc une augmentation des mutations.
- Retenir les définitions et les propriétés des cellules normales, immortalisées et transformées.
- Retenir les gènes à effets immortalisants et transformants
- Une cellule cancéreuse est issue d’une progression clonale à la suite d’accumulation de mutations et
d’évènements modificateurs. Ceci est lié à une augmentation de l’instabilité génétique extrinsèque
et intrinsèque
- La progression tumorale se fait en 3 phases : initiation, promotion et progression
- Importance du rôle épigénétique
- Faible proportion de cancers associés aux virus chez l’homme. Les virus ou agents pathogènes sont
un des évènements du processus oncogènes. Chez les animaux, cette proportion est plus élevée.
- Il existe des virus oncogènes (Rapides : contiennent des oncogènes v-onc, tumeur très rapide,
origine polyclonale, Lents : ne contiennent pas de v-onc, tumeur lente, origine monoclonale)

CONCLUSION
Le cancer est une maladie génétique de la cellule somatique qui apparaît après accumulation de plusieurs
mutations dans des proto- ou anti-oncogènes cellulaires (sauf dans le cas d'infection par des virus
oncogènes rapides à ARN) ou après modifications épigénétiques. Dans tous les cas, les cellules cancéreuses
se divisent sans aucun contrôle et sont capables d'envahir d'autres tissus.

Il semblerait que les cellules caractéristiques d'une tumeur primaires soient capables d'induire une tumeur
secondaire sans métastaser, par émission de certains signaux. Le mécanisme, complexe est encore en
recherche.

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Le cancer est un problème de santé publique. C'est une maladie des plus fréquentes et graves en médecine,
ce qui justifie une recherche active. Pour qu'il y ait guérison, il faut que le cancer soit diagnostiqué le plus
tôt possible (de préférence avant les symptômes). Les méthodes de génétique moléculaire sont des
instruments précieux pour ce dépistage, mais aussi pour la thérapie.

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CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM


UE-Physiopathologie-Cancérologie-CM22-23-24-26-27- Cancérologie générale : Evolution des tumeurs (2/2)-RHL

Preneurs : Léo DUMORTIER Professeur: L’incourtournable Thierry MARCHAL


Axel FABRE CM22-23-24-26-27
25.10.17

CANCEROLOGIE GENERALE PARTIE II


EVOLUTION DES TUMEURS

SOMMAIRE
CANCEROLOGIE GENERALE PARTIE II EVOLUTION DES TUMEURS ........................................................... 1
I/ Etude cinétique de la croissance tumorale....................................................................................... 2
A. Le temps de doublement .............................................................................................................. 2
B. Facteurs influençant le temps de doublement : type de tumeur et âge de la tumeur ................ 3
C. Conséquences pratiques pour le clinicien : L’émergence clinique ............................................. 6
II. La phase pré-clinique : phase de progression ................................................................................. 7
A. Rejet par le tissu hôte : 1er point chaud....................................................................................... 7
B. L’approvisionnement vasculaire ................................................................................................ 15
III. La phase clinique : phase de croissance, d’infiltration et de généralisation .......................... 19
A. Comparaison des périodes cliniques des tumeurs bénignes et malignes .................................. 19
B. Infiltration de la matrice extracellulaire ..................................................................................... 21
C. Le phénomène de dissémination métastatique ......................................................................... 26
D. Les relations hôte-tumeur ........................................................................................................... 39

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Au stade préclinique, aucun symptôme n'est visible. Le dysfonctionnement devient visible à
l'émergence clinique. L’émergence clinique peut être synchrone à la phase de généralisation.

I/ ETUDE CINETIQUE DE LA CROISSANCE TUMORALE

Dans un tissu normal, les gains cellulaires sont identiques aux pertes cellulaires : c'est
l'homéostasie. Dans un tissu tumoral, les gains cellulaires sont supérieurs aux pertes, d’où une
accumulation de cellules et donc une croissance de ce tissu.

A. LE TEMPS DE DOUBLEMENT

Temps de doublement (TD) : temps mis par un néoplasme pour doubler de volume. Il
DEF permet d’apprécier la vitesse de croissance de la tumeur. Chez nos animaux
domestiques: Les TD vont de 7 à 40 jours.

Le TD est mieux connu chez l'homme que chez les animaux.

Quelques TD, pour information:

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Ce temps de doublement est variable et fonction de l’origine de la tumeur et de « l’âge » de cette
tumeur.

B. FACTEURS INFLUENÇANT LE TEMPS DE DOUBLEMENT : TYPE DE TUMEUR ET AGE DE LA TUMEUR

1) Répartition de la population cellulaire tumorale

On distingue trois compartiments au sein d’une tumeur : la fraction proliférante FP, la fraction
G0 et le compartiment des pertes cellulaires PC.

La Fraction Proliférante (FP) : C’est la somme des cellules engagées dans un cycle
DEF mitotique. La durée du cycle mitotique est peu différente entre une cellule normale et
une cellule tumorale : médiane de 1 à 3 jours.

On définit alors un coefficient de prolifération, c’est-à-dire le pourcentage de cellules en cycle


de division par rapport à l’ensemble de la population cellulaire. Il varie de 10% (adénocarcinomes) à
90% (tumeurs embryonnaires). Une tumeur ayant un coefficient de prolifération élevé sera très
agressive contrairement à une tumeur ayant un faible coefficient de prolifération.

La Fraction G0 : C’est la somme des cellules au repos, « en phase G0 ».


DEF Le compartiment des Pertes Cellulaires (PC) : Il correspond à l'ensemble des
cellules perdues pour la tumeur (destruction, migration, différenciation).

On définit un coefficient de pertes cellulaires : pourcentage de cellules perdues par rapport aux
cellules produites. Il est de l’ordre de 10 à 95% (en fonction des types de tumeur). Ce coefficient est
souvent élevé car beaucoup de nouvelles cellules comportent des anomalies ce qui les rend non

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viables. La machinerie tumorale a donc un très mauvais rendement. Cette répartition de la population
cellulaire tumorale est variable en fonction du type de tumeur.

Il faut retenir que les deux grands paramètres qui varient sont PC ET FP.

2) Résultats des temps de doublement en fonction de l’origine tumorale

Selon l'importance de ces compartiments, les tumeurs ont des temps de doublement courts ou longs.

Fraction proliférante importante,


VS
Fraction proliférante faible,
tumeur à TD court. La croissance tumeur à TD long. La croissance de
de cette tumeur est rapide. cette tumeur est lente.

En espèce humaine : Les temps de doublement vont de 1 mois à 1 an chez l'homme. La radiothérapie et
la chimiothérapie agissent seulement sur les cellules qui se divisent, elles seront donc beaucoup plus
efficaces sur les tumeurs à TD court.

3) Relation entre TD et stratégie de traitement des tumeurs

Les tumeurs à TD court (donc à croissance rapide) ont un fort coefficient de pertes (jusqu’à
90%) et une haute sensibilité aux rayonnements du fait du nombre important de cellules en mitose. La
radiothérapie est donc très efficace. Elles sont également sensibles à la chimiothérapie car il y a
blocage de la division cellulaire à un certain stade. C’est le cas des tumeurs embryonnaires et des
hématosarcomes.

Exemple : lymphomes de haut grade, histiocytome cutané.

Les tumeurs à TD long (donc à croissance lente) ont un coefficient de pertes faible (6 à 25%)
et une faible sensibilité aux rayonnements. C’est le cas des carcinomes épidermoïdes et des
adénocarcinomes. Elles seront principalement traitées par chirurgie.

Exemples de tumeurs à croissance lente : fibrome, léiomyome (fibre musculaire lisse).

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Remarque sur le phénomène de cytolyse aigue : la destruction d’un trop grand nombre de cellules suite
à une action trop forte du traitement entraine la mort de l’animal.

Une tumeur maligne a une croissance souvent rapide mais cela n’est pas toujours vrai. Mais une
tumeur à croissance rapide ne signifie pas forcément une tumeur maligne.
Ex : Histiocytome cutané canin.

4) Résultats des temps de doublement en fonction de l’âge de la tumeur

Si tout était constant dans l'évolution de la tumeur (durée du cycle, coefficient de prolifération
et coefficient de pertes cellulaires), on obtiendrait une prolifération exponentielle. Mais, pour une
tumeur donnée, ce n’est jamais le cas ! La répartition des populations cellulaires dans les 3
compartiments (FP, G0, PC) varie en fonction du temps.

On distingue alors trois temps dans l’évolution tumorale :

Temps 1 : « Croissance progressivement accélérée »


Le temps de doublement diminue avec le temps. Il y a diminution de G1 et apparition de pertes
cellulaires (échappement au système immunitaire). On a enfin une augmentation du coefficient de
prolifération.

Temps 2: «Croissance exponentielle»


Le temps de doublement est constant. G1 est court, les pertes sont minimes, le coefficient de
prolifération est très important.

Temps 3: «Croissance continue mais ralentie»


Le temps de doublement a une croissance ralentie. Il y a allongement de G1, majoration des pertes
cellulaires, effondrement du coefficient de prolifération.

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C. CONSEQUENCES PRATIQUES POUR LE CLINICIEN : L’EMERGENCE CLINIQUE
Les conséquences sont notables lors de l’émergence clinique du phénomène tumoral. Plus le
diagnostic a lieu tôt, plus on a de chances de soigner la tumeur. Entre le moment où la tumeur émerge
et sa détection, il y a souvent plus de 10 TD et c’est donc souvent trop tard pour soigner l’animal.

Le diagnostic clinique se fait à partir d’une tumeur d’environ 1 cm en moyenne, soit 10^9/10^10
cellules tumorales, ce qui correspond à 30 TD (temps de doublement). La mort de l’animal a lieu
lorsque la tumeur pèse environ 1 kg (1012 cellules), ce qui correspond à 40 TD.

La tumeur est aperçue à ses ¾ de sa vie, c’est malheureusement souvent trop tard…

Application très importante : En moyenne, chez le chien, la période pré-clinique est de 2 ans et la
période clinique de 8 mois. On pourra dire que l’animal est guéri s’il y a absence de récidive ou de
métastase après une période de 2 ans. Il existe des cas isolés où il y a récidive plus tard, mais dans
l’immense majorité des cas on retiendra cette période de 2 ans.

HOMME CHIEN

Période pré-clinique 2 à 30 ans 7 mois à 3 ans (env 2 ans)

Période clinique 1 à 10 ans 2 mois à 1 an (env 8 mois)

A partir de ces données, on peut globalement affirmer que si un chien ne présente


pas de récidive tumorale ou métastase après 2 ans, alors il est guéri.

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II. LA PHASE PRE-CLINIQUE : PHASE DE PROGRESSION

Durant cette phase, deux « points chauds » se révèlent importants.

Les points chauds correspondent à des mécanismes qui permettent l’arrêt de la progression tumorale.

Point chaud n°1: Il est constitué de la tentative de rejet de la tumeur par le tissu hôte. Si
le rejet est efficace, la tumeur ne se développera pas.

Point chaud n°2: Il correspond au défaut « d’intendance » : défaut de vascularisation de la


tumeur. A ce moment-là, la tumeur ne croît plus, le volume reste constant.

A. REJET PAR LE TISSU HOTE : 1ER POINT CHAUD

1) Origine de ce rejet

Le tissu va tenter de rejeter la tumeur car les altérations génétiques sont à l’origine de
l’expression de protéines non reconnues comme étant du soi (Ag tumoraux). Cela aboutit à la mise en
place d’une réponse immunitaire spécifique.

2) Les Antigènes tumoraux

La cellule tumorale peut être reconnue comme anormale grâce à plusieurs types d’antigènes:
ils peuvent être étrangers ou bien du soi mais dans ce cas leur expression sera anormale.

#LES ANTIGENES CODES PAR DES VIRUS ONCOGENES

-Virus à ADN : Exemple, le virus du papillome humain (HPV) responsable des carcinomes du col
utérin. La cellule tumorale exprime une protéine (appelée E7 sur le schéma ci-dessous).

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Info : Une cellule normale possède 20 000 protéines contre une cellule tumorale qui en contient 1,5
millions.

-Virus à ARN : Exemple, le virus 1 lymphotropique des cellules T de l’homme (HTLV-1) est
responsable d’une leucémie aiguë lymphocytaire T CD4+.

#LES ANTIGENES NORMAUX EXPRIMES DE MANIERE ABERRANTE

-Antigènes surexprimés : Certains tissus néoplasiques expriment à des niveaux élevés certains
antigènes qui sont exprimés à des niveaux très bas dans les tissus sains.
Exemple : la surexpression de HER 2 (Human Epidermal Growth factor receptor-2) dans certains
cancers du sein et des ovaires : le système immunitaire réagit contre l’abondance de cette protéine
en surface. On passe de 20 000 protéines synthétisées dans une cellule normale à 1500 000 dans une
anormale.

- Antigènes oncofoetaux : Ces antigènes sont exprimés à des niveaux élevés lors de la vie
fœtale mais à des niveaux très faibles chez l’adulte. En cas de néoplasie, ces antigènes peuvent être
exprimés chez l'adulte ce qui correspond à une expression anormale.
Exemple, l’antigène carcino-embryonnaire peut réapparaitre dans des circonstances néoplasiques.

-Antigène « cancer-testicule » : Ces antigènes sont exprimés normalement uniquement sur


les gamètes mais ils peuvent être exprimés par certaines tumeurs. A ce moment-là, ces antigènes ne
sont pas dans la localisation normale d’où la présence d’une réponse immunitaire.
Exemple, Melan-A d’origine mélanocytaire lors du cancer des testicules.

-Les antigènes altérés : Une protéine normale est altérée dans les cellules tumorales et induit
une réponse immunitaire.
Exemple, la protéine RAS intervenant dans le cycle cellulaire, peut être altérée et se présente alors
comme un antigène.

3) Les composantes de la réponse immunitaire aux tumeurs

Le rejet de la tumeur fait intervenir le système immunitaire inné (précoce et à base de


cellules cytotoxiques) et le système immunitaire acquis. C’est essentiellement un phénomène
cellulaire.

#LA REPONSE IMMUNITAIRE INNEE

Les acteurs de cette réponse sont… (On souffle un coup, et allez hop on se relance !)

-Les cellules NK : Elles agissent de 2 façons.

Avec des récepteurs de «protéines de stress » : une cellule tumorale exprime massivement
ces protéines de stress qui sont reconnues par les cellules NK et qui détruisent alors la cellule.

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Grâce à une plus faible expression du CMH I des cellules tumorales : un inhibiteur des
cellules NK reconnaît les CMH I sur les cellules de l’individu et un activateur s’exprime quand le
signal inhibiteur est absent.

-Les lymphocytes T γδ : Leur fonctionnement est à peu près similaire à celui des cellules NK.

-Les macrophages : Ils sont aussi capables de détruire les cellules tumorales par sécrétion de
produits toxiques tels que le TNF, le NO ou des métabolites de l’oxygène (superoxyde, anion
hydroxyle, …), qui sont toxiques pour les cellules tumorales mais également pour les cellules
saines du tissu.

-Les NKT : Cellules intermédiaires LT/NK : elles possèdent une capacité cytotoxique ("NK") et se
servent du récepteur T (du LT). Leur répertoire est beaucoup plus limité que ceux des LT mais
elles peuvent reconnaître les grands groupes d’agents pathogènes.

#LA REPONSE IMMUNITAIRE ACQUISE

Les acteurs de cette réponse sont…(On souffle un deuxième coup, et allez hop on se relance !)

-Les lymphocytes T CD8 : Ils luttent spécifiquement contre les cellules tumorales grâce à leur
cytotoxicité, et sont activés suite au contact avec une cellule présentatrice d’antigène.

-Les anticorps : Ils servent de lien entre les cellules immunitaires et tumorales.

Il faut noter que la réponse immunitaire la plus efficace contre les cellules tumorales est l’action
cytotoxique (par rapport à l’action des anticorps par exemple).

4) Résultats de l’interaction entre système immunitaire et cellules tumorales

Il faut bien retenir les 3 phases décrivant les relations entre évolution tumorale et
réaction du système immunitaire. C’est la règle des 3E : Elimination, Equilibre, Echappement.

#ELIMINATION
L'envahissement tissulaire par les cellules tumorales entraîne une inflammation discrète
qui attire les cellules du système immunitaire non spécifique (macrophages, NK, NKT, LT γδ,
cellules dendritiques).

Ces cellules reconnaissent des structures à la surface des cellules anormales cancéreuses et
sont activées pour produire de l'IFN-γ.

L'IFN-γ a plusieurs effets :


- blocage du cycle de divisions des cellules tumorales en G0
- apoptose des cellules tumorales.
- induction de la sécrétion de chimiokines par les cellules tumorales et le tissu environnant
sain (MIG IP-10, I-TAC).

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Les chimiokines ont ensuite plusieurs actions :
- recrutement d’autres cellules NK et macrophages : amplification de la réponse immunitaire.
-action angiostatique (blocage de la formation de nouveaux vaisseaux) empêchant les cellules
tumorales de proliférer.

Les cellules NK et les macrophages s'activent réciproquement par la production d'IFN-γ


et d'IL-12. Cette activation leur permet de tuer les cellules tumorales (TNF, perforine, dérivés
oxygénés).
Enfin, lorsque les cellules tumorales sont tuées, les antigènes (débris cellulaires) libérés
sont pris en charge par les cellules dendritiques qui migrent vers les ganglions lymphatiques.

On observe une transition entre immunité innée (« Je casse tout ») à immunité acquise (« Je
casse plus finement »), un peu comme une nuit de choppe après une boum.

Elles vont alors présenter ces antigènes aux LT CD4 helper et LT CD8.

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A retenir : lors de l'élimination, le système immunitaire gagne sur la tumeur. Celle-ci ne
progresse pas.

#EQUILIBRE
Les cellules tumorales qui ont échappé au système immunitaire entrent dans une phase
d'équilibre. Le système immunitaire va alors exercer une pression suffisante sur la tumeur pour
la contenir. Durant cette phase, les cellules tumorales les plus immunogènes sont détruites
par le système immunitaire, mais quelques cellules développent une certaine résistance. On
parle de sélection "Darwinienne", la plupart des variants initiaux sont probablement détruits
mais de nouveaux variants émergent continuellement. Cette phase peut durer des années.

#ECHAPPEMENT
Les variants qui ont réussi à échapper au système immunitaire finissent par proliférer de
manière incontrôlée et aboutissent à une tumeur cliniquement observable. On entre à ce
moment-là dans la phase clinique de la tumeur.

Remarque importante : « A propos de la notion de cellules tumorales souches »


Une tumeur est hétérogène et est constituée, à côté de cellules tumorales, de quelques
cellules souches cancéreuses jouant un rôle de “meneuses”. Elles sont peu nombreuses, et ont la
capacité d'échapper au système immunitaire. Lors de leur division, elles produisent une cellule
fille qui deviendra tumorale et une autre qui deviendra aussi une de ces cellules souches. Ce sont
elles qui seraient à l’origine des récidives et des métastases.
L'objectif du traitement anticancéreux est l'identification des cellules souches pour les
détruire spécifiquement mais elles sont difficiles à mettre en évidence, soit parce qu’elles se
divisent vite puis se différencient (et ne sont donc plus des cellules souches en tant que telles),
soit parce qu’elles se mettent au repos, avec la possibilité d’un réveil tardif engendrant des
rechutes.

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5) Exemple d’élimination d’une tumeur : l’histiocytome cutané canin (HCC)/Important\

Dans de très rares cas, l’organisme peut parvenir au rejet d’une néoformation bien
constituée : c’est le cas de l’histiocytome cutané canin.

C’est une lésion qui touche les jeunes chiens (moins de 3 ans) et d’évolution très rapide (1 mois)
qui se caractérise par un nodule en dôme, alopécique et érythémateux. Cette tumeur évolue en
deux phases : une phase floride et une phase de rejet où la tumeur régresse.

-Phase floride : Cette phase se caractérise par une tumeur du derme qui se compose de
beaucoup de cellules tumorales (les cellules sont de type cellules de Langerhans) formant des
plages homogènes riches en cellules se divisant. Cette phase dure environ 2 ans et la tumeur se
voit cliniquement.

-Phase de rejet : Il y a des amas de lymphocytes T (massif tumoral) autour des vaisseaux qui
colonisent ensuite la tumeur ce qui forme des plages de nécrose de cellules tumorales. Ensuite,
le dôme s'affaisse jusqu'à la disparition de la tumeur.

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On dit que c’est une tumeur auto-résolutive. Le nodule cesse de pousser, ramollit,
s’affaisse, et en 23 mois la tumeur régresse et finit par disparaître.

Si on diagnostique un HCC (avec une cytoponction du nodule pour confirmer), on


considère que la guérison est spontanée. Selon sa localisation, on effectue le plus souvent une
exérèse totale et on établit le diagnostic ensuite.
6) Mécanismes d’échappement à la réponse immunitaire

#DIMINUER L’EFFICACITE DU SYSTEME IMMUNITAIRE

Il existe plusieurs moyens pour une cellule tumorale de diminuer l’efficacité du système
immunitaire :

-Empêcher la maturation des cellules présentatrices d’antigènes (CPA) : Exemple, la production


d’IL-10 ou de TGF-β qui vont induire un défaut de maturation des CPA. Les CPA ne peuvent donc
plus jouer leur rôle et la voie des LT CD8 est bloquée.

-Favoriser la destruction des cellules effectrices : Exemple, l’expression par les cellules
tumorales du Fas L qui conduit à l’apoptose des lymphocytes T anti-tumoraux.

-Recruter dans le micro environnement tumoral des cellules immunosuppressives : Exemple, les
lymphocytes T régulateurs, les macrophages de type M2 ou les cellules dendritiques
myéloïdes suppressives vont :
- inhiber les lymphocytes T cytotoxiques
- stimuler la production de facteurs de croissance
- stimuler la production de facteurs pro-angiogéniques
Notion de micro-environnement des cellules tumorales : La perspective de traitement
consiste à ne pas tuer les cellules tumorales elles-mêmes mais à maitriser les cellules qui aident
(en les supprimant) et qui tuent (en les favorisant) ces cellules tumorales.

-Diminuer l’efficacité des cellules effectrices : Exemple, la diminution de l’expression du CMH I


et II (pas d’action des LT à la surface des cellules tumorales), des molécules de co-stimulation
(nécessaires à la cascade de stimulation de la réponse immunitaire), production de TGF-β
inhibant les lymphocytes T cytotoxiques.

#MIEUX RESISTER A L’APOPTOSE

Cela peut se faire en diminuant l’expression de Fas (facteur pro apoptotique) à la surface des
cellules tumorales ou en augmentant l’expression de molécules anti- apoptotiques comme Bcl-2
qui bloque la voie d’apoptose par les mitochondries.

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7) Perspectives en immunothérapie anti-cancéreuse

L'immunothérapie anticancéreuse consiste à remettre en ordre le système immunitaire.

#L’IMMUNOTHERAPIE ACTIVE

Cette voie consiste à utiliser des cytokines pour stimuler le système immunitaire : il y a
mobilisation ou renforcement du système immunitaire de l’individu.

Exemple 1 : L’IL 2 est utilisé lors de cancer du rein métastatique et une réponse objective est
obtenue dans 15 à 20 % des cas dont 5 % environ de réponse complète (=disparition de la
tumeur). L’IL 2 active les NK, les LT cytotoxiques et les macrophages.

Exemple 2 : Le traitement chat Oncepet IL2 Mérial : Canary pox recombinant exprimant IL2
féline. Utilisation pour les fibrosarcomes non métastasés en complément de la chirurgie et de la
radiothérapie. Sur 71 chats traités et non traités, on a une récidive à 730 jours avec IL2 et une
récidive à 287j sans IL2. Il y a donc un retard de récidive avec ce traitement proposé par Mérial.

Exemple 3 : L’IFN-α est utilisé dans certaines Leucémies Myéloïdes Chroniques. L’IFN-α active les
macrophages et les fonctions cytotoxiques des lymphocytes T et NK, ce qui augmente
l’expression des molécules HLA (Human Leucocyte Antigen) de classe I et II.

#L’IMMUNOTHERAPIE PASSIVE

On utilise aussi des anticorps spécifiques d’antigènes tumoraux (Ac monoclonaux si


possible), associés ou non (à gauche) à une molécule toxique (au centre) ou radioactive (à
droite) :

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Exemples :

-Rituximab : Ac anti CD20 présents sur les LB de l’homme, utilisés dans le traitementdes
Lymphomes B.
-Trastuzumab : anticorps anti-récepteur à l’EGF (facteur de croissance) utilisés dansle
traitement de certains cancers du sein.
-Utilisation d’inhibiteurs et récepteurs de la tyrosine kinase pour le mastocytome du
chien. Cette molécule bloque le récepteur de SCF (ckit) ce qui est bénéfique à long terme pour la
survie du chien pour les mastocytomes non opérables (40% de survie a 2 ans pour les animaux
traités contre 15% normalement).

Remarque : on cherche à utiliser les anticorps les plus spécifiques possibles pour ne pas avoir
d’interférences.

#L’IMMUNOTHERAPIE ADAPTATIVE

On prélève des cellules de l’individu à partir du sang (cellules NK, lymphocytes T ou


cellules dendritiques), on les stimule ex-vivo, puis on les réinjecte au patient. Cette technique
est encore en recherche. C’est une technique plus lourde et plus compliquée à mettre en place.
Ces méthodes de thérapie limitent l’utilisation de la thérapie classique et ses inconvénients mais
ce n’est qu’un début de traitement.

Principe du traitement en cancérologie : agir TOT et FORT pour que l’action soit efficace
car il y a sélection des cellules qui ont résisté.

Si la tumeur passe ce premier « check point » constitué de la réaction immunitaire, elle


doit encore en franchir un second qui est constitué par l’approvisionnement vasculaire.

B. L’APPROVISIONNEMENT VASCULAIRE

1) Importance

Dans un tissu, la distance maximale de diffusion de l’oxygène et des nutriments à partir


des vaisseaux sanguins est de 1 mm. Au-delà de cette distance, il y a des risques d’hypoxie et
donc d’activation de la P53 ce qui va déclencher l’apoptose. Il y a donc nécessité d’une néo
angiogenèse pour qu’une tumeur se développe au-delà de 1 mm.

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2) Mécanismes

Cela est permis grâce à la production de facteurs angiogéniques par :


-Les cellules tumorales elles-mêmes (par activation des gènes correspondant à ces
facteurs à la faveur d’une mutation).
-La stimulation d’autres cellules normales du stroma.

Les deux principaux facteurs angiogéniques sont le VEGF (Vascular Endothelial Growth
Factor) et le BFGF (Basic Fibroblast Growth Factor).

Grâce à ces facteurs, il y a formation de néo-capillaires à partir des vaisseaux préexistants en


périphérie de la tumeur.

Cela passe par 4 étapes :


1- lyse de la matrice extracellulaire
2 et 3 - migration et prolifération des cellules endothéliales : création et creusement du nouveau
cordon
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4- formation d’une lumière entre les cellules endothéliales et les cellules musculaires lisses en
périphérie, ce qui aboutit à la formation d’un néo-capillaire.

3) Conséquences

Pour la tumeur :
La néo-angiogenèse a notamment pour conséquence de faciliter la dissémination
métastatique : les vaisseaux sont plus dilatés, plus tortueux (le sang passe moins vite) et plus
perméables car les néovaisseaux sont en général moins bien faits.

Pour le clinicien :
Lors de l’exérèse d’une tumeur, en observant son centre et sa consistance on peut déjà donner
une « tendance » sur l’agressivité de la tumeur : si le centre est mou et pâle, c'est un critère de
sévérité et de malignité.

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Pour le pathologiste : facteur d’histopronostic
Restucci a travaillé en 2000 sur 30 carcinomes mammaires chez des chiennes, de grade I
à III et a apprécié la densité moyenne de micro-angiogenèse par marquage grâce au CD31. Il a
ensuite relié ceci à leur degré de malignité. Quantifier la néo-vascularisation peut nous donner
des informations sur la tumeur. Plus la tumeur est agressive, plus elle est vascularisée.

Remarque : Dans une même tumeur, il peut y avoir différentes intensités d’angiogenèse en
fonction de la coupe, il y a donc une certaine difficulté de mettre en œuvre cette technique.

Pour le thérapeute :
Actuellement, les cancérologues font des recherches sur l’angiogenèse et son contrôle
(via molécules thrombosantes et facteurs antiangiogéniques). Les pistes de traitements sont les
suivantes.
-Traitement par embolisation : injection dans les vaisseaux sanguins alimentant la
tumeur de microsphères biomédicales venant boucher ces vaisseaux (pour les tumeurs
hépatiques et endocrines).

-Chimio-embolisation : association d’un traitement médicamenteux


(chimiothérapie) et d’un blocage de l’alimentation sanguine (embolisation). Ceci permet
de concentrer et d’augmenter la durée de la substance anti-tumorale au sein de cette
tumeur.

-Radio-embolisation : exemple de therasphère = petites billes de verre


radioactives utilisées dans le traitement du cancer du côlon.
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-Traitement anti-angiogénique : Le cas du cancer du colon avec Bevacizumab, Ac
Mc, ciblant le VGEF, augmente la survie de 5 mois par rapport à la chimiothérapie seule.

III. LA PHASE CLINIQUE : PHASE DE CROISSANCE, D’INFILTRATION ET DE GENERALISATION

Pour rappel, la phase clinique est une phase de croissance qui apparaît à partir de 1010
cellules tumorales et dure environ 10 TD.

A. COMPARAISON DES PERIODES CLINIQUES DES TU MEURS BENIGNES ET MALIGNES

1) Les tumeurs bénignes

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La plupart des tumeurs bénignes ont une croissance de type expansif : ces tumeurs
n’ayant pas les moyens de lyser la matrice extracellulaire, leur seul moyen de s’étendre est
de repousser le tissu avoisinant « comme à la mêlée ». Cela se fait par refoulement progressif du
tissu conjonctif périphérique et formation d’une pseudo-capsule ("pseudo-" car c’est une
réaction qui résulte du tassement du tissu conjonctif et pas une néoformation consécutive à une
réaction de l’organisme face à la tumeur).

Conséquences cliniques : A la palpation, une tumeur bénigne parait bien délimitée et


facilement mobilisable.

2) Les tumeurs malignes

A cause des défauts de réparation de l’ADN, il y a une instabilité génomique qui entraîne un
changement de nature : la tumeur devient infiltrante.

A l’échelle moléculaire, il y a une augmentation des fréquences d’amplification, de


recombinaison, de conversion et de transposition des gènes.

A l’échelle cellulaire, par l’acquisition de nouvelles capacités telle que la capacité à


détruire la matrice et la disparition d'autres.

Exemple d’acquisition de nouvelles capacités : la transformation épithéliale


mésenchymateuse (TEM). En temps normal, les cellules épithéliales sont groupées et ne
franchissent pas la lame basale. Or dans le tissu conjonctif sous-jacent, il y a présence de
capillaires, intéressant pour les tumeurs : certaines tumeurs d’origine épithéliale peuvent
franchir la membrane basale et atteindre le tissu conjonctif. Les cellules mésenchymateuses
ont naturellement cette capacité, d'où le nom de TEM.

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B. INFILTRATION DE LA MATRICE EXTRACELLULAIRE

1) Exemple d’une tumeur épithéliale

(1) On observe le détachement des cellules épithéliales tumorales les unes par rapport
aux autres par perte des jonctions : les E cadhérines (protéines transmembranaires impliquées
dans les ceintures d’adhérence). La cellule isolée ne subit pas d’apoptose car elle est bloquée
par des processus propres aux cellules tumorales.

(2)

(1)

(3)

(2) Puis il y a attachement aux composants de la matrice extra cellulaire, grâce à


l’augmentation du nombre d’intégrines α- β. Celles-ci se fixent à la laminine et à la fibronectine
du tissu conjonctif, ce qui permet la migration dans le tissu conjonctif.

(3) Il y a ensuite dégradation de la matrice extracellulaire collagénique grâce à la


sécrétion d’enzymes protéolytiques (métallo- protéinases) et à la réduction de la sécrétion des
inhibiteurs des métallo-protéinases. La nature des métalloprotéinases est un facteur pronostic.
La collagénase de type IV est très importante car le collagène IV est le constituant majeur de la
membrane basale des vaisseaux sanguins et du tissu conjonctif.

La cellule épithéliale a acquis les fonctions de la cellule mésenchymateuse. C’est


toutes ces étapes qui assurent la transformation épithéliale mésenchymateuse.
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Enfin, il y a migration des cellules tumorales à travers la membrane basale puis dans le
tissu conjonctif grâce à un mécanisme qui se base sur la sécrétion autocrine de facteurs de
motilité, la perte de l’inhibition de contact et l’augmentation de la quantité de microfilaments
(mouvements pseudopodiques). Cette migration aboutit au passage dans le sang ou la lymphe
des cellules tumorales à l’origine de la dispersion des métastases dans l’organisme.

2) Conséquences de l’infiltration : Formation d’un stroma (= Stroma réaction)

DEF Stroma : Tissu conjonctif hôte envahi par les cellules tumorales, qui est transformé et
ramnié par cette infiltration. On parle de « stroma réactionnel ». (Il est constitué du
paléostroma et du néostroma)

Il sert et dessert la tumeur :


-Il assure la nutrition du tissu cancéreux (grâce à la néo-vascularisation). Il
correspond au microenvironnement de la tumeur.
-Il représente le terrain d’affrontement entre les cellules tumorales et les réactions
de défense de l’hôte, le stroma est une réaction de l’organisme en vue de limiter la progression
tumorale : encapsulation, fibrose limitant la progression, infiltration lymphoplasmocytaire,
réponse immunospécifique, réaction exsudative à polynucléaires neutrophiles résultant de la
lyse cellulaire.

Il existe différents aspects morphologiques des stromas, ce qui explique les différents aspects
microscopiques et macroscopiques des tumeurs. La masse tumorale est la conséquence du
développement des cellules tumorales mais également de la stroma réaction.

Pour votre culture générale, voici les différents types de stroma :

 Stroma organoïde : Ce stroma est qualifié d’organoïde car son aspect est proche du TC
normal de l’organe d’origine. Il est donc parfaitement adapté à la tumeur.
Exemple : les tumeurs endocrines sont constituées d’un stroma organoïde ressemblant à une
glande endocrine (fin tissu conjonctif entourant des lobules, riche en vaisseaux sanguins). On a
un fin stroma conjonctif richement vascularisé autour des amas néoplasiques.

Réseau de vaisseaux
sanguins (coloré en
Rouge car contient
des hématies)

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Stroma inflammatoire : On assiste dans ce stroma à une infiltration leucocytaire qui lyse et tue
si possible des cellules tumorales isolées.
Exemple : Le carcinome épidermoïde où on observe un lobule de cellule tumorale. On remarque un
invité surprise, les PN qui tentent de détruire les cellules tumorales.

Stroma modifié : Il limite plus ou moins la propagation de la tumeur par une surproduction de
collagène. La proportion stroma collagénique / cellules tumorales
tumorales dépend beaucoup de la tumeur.

Zoom sur un abondant stroma collagénique


collagénique entre lobules néoplasique

Exemple : carcinome épidermoïde avec un abondant stroma collagénique entre les lobules
néoplasiques, formant une capsule conjonctive épaisse qui permet l’enkystement des cellules
tumorales et évite donc leur progression. On parle de "stroma-réaction avec fibrose collagénique".
Celui-ci est à l’origine d’une bonne partie de la taille de la tumeur et de sa consistance ferme à la
palpation.
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Stroma remanié par métaplasie :

Exemple des différents types tissulaires possibles dans une tumeur mammaire mixte : Des plages de
tissu inhabituel apparaissent dans le tissu hôte (cartilage, os). On assiste donc à une croissance de
type invasif avec une destruction tissulaire importante, de nombreux micro- foyers inflammatoires
ainsi que la présence de cellules tumorales très à distance du « cœur » de la tumeur. Dans le tissu
hôte, celles-ci vont modifier les fibroblastes qui vont pouvoir produire le cartilage et/ou tissu osseux.

Remarque 1 : Parfois le stroma est tellement ferme qu’on ne peut pas le couper avec un bistouri. On
utilisera alors une scie.

Remarque 2 : Les stromas générés sont parfois beaucoup plus abondants que le tissu cancéreux lui-
même.

Remarque 3 : Ici, il n’est pas certain que le but de la stroma-réaction soit de limiter la croissance de la
tumeur, car elle peut facilement passer à travers le tissu osseux. Cependant, les cellules tumorales
englobées dans le tissu osseux sont plus souffrantes. L'intérêt du tissu osseux reste un mystère, mais ce
mécanisme pourrait permettre de former de l'os in vitro.

3) Conséquences cliniques et thérapeutiques de l’infiltration

Il y a une relation entre le caractère infiltrant d’une tumeur et son degré de malignité. Ainsi, la
limite entre la tumeur infiltrante et les cellules normales est peu distincte et on n’observe pas de
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pseudocapsule fibreuse. Cela a une conséquence clinique : lors de la palpation de tumeurs malignes,
on note un aspect mal délimité et peu mobilisable, notamment à cause de la micro réaction
inflammatoire qui solidarise la tumeur avec les tissus avoisinants.

Cela entraîne une complication de la chirurgie qui devra être plus large. C’est le cas lors de
mastocytomes chez les chiens, qui sont des tumeurs très infiltrantes. Il faut alors réaliser l’exérèse
avec une marge chirurgicale de 3 cm (en largeur et en profondeur) en zone
macroscopiquement saine par rapport à la masse palpée (la marge n’est que de 0.5 cm pour une
tumeur bénigne). Ceci sera réalisé en fonction de la faisabilité de l’exérèse.

Si on laisse la tumeur, le risque de récidive augmente et l’intervalle inter-récidives est de plus


en plus court avec une malignité de plus en plus forte : en effet, il y a sélection des clones les plus
résistants. De plus, la tumeur reprend son développement non pas à partir d’une cellule mais de
quelques centaines de cellules tumorales (période pré-clinique de récidive plus courte).

Remarque : On rencontre beaucoup ce problème avec les fibrosarcomes chez le chat où lorsqu’on
laisse des cellules tumorales en place après la chirurgie, l’intervalle inter-récidives passe de 8 mois à
6 mois, puis à 3 mois et même parfois des récidives avant même la cicatrisation totale. On sélectionne
des cellules tumorales de plus en plus aggressives.

Ainsi, dans les exérèses de tumeurs malignes, il vaut mieux un geste plus agressif d’emblée
car souvent on n’a pas de deuxième chance et les risques de récidives après une première récidive
sont fortement augmentés. Le problème est qu’on ne sait jamais où finit la tumeur.

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C. LE PHENOMENE DE DISSEMINATION METASTATIQUE

1) Définition

Dissémination métastasique : développement d’un foyer lésionnel secondaire à


DEF partir de matériel transporté d’un foyer primitif.
Embole : c’est lorsque les cellules tumorales circulent et de métastasent lorsqu’elles
sont implantées. Une embole n’est pas forcément tumoral.

Mais cette définition est vraie aussi pour des phénomènes autres que tumoraux, par exemple des
emboles septiques lors de la dissémination de bactéries.

La capacité à métastaser caractérise les tumeurs malignes par rapport aux tumeurs
bénignes.
2) Mécanismes de la dissémination métastatique

Le phénomène de dissémination métastatique se déroule en 4 étapes.

-Phase locale au sein de la tumeur primaire :

Elle se caractérise par la migration des cellules tumorales au sein de la MEC du stroma avec
une effraction vasculaire (vaisseaux sanguins ou lymphatiques). Cela va nécessiter l’adhésion à la
membrane basale (intégrines des cellules tumorales se liant aux laminines et collagène IV de la
membrane basale). Il y a une lyse de la lame basale par des enzymes protéolytiques (collagénase IV).
Enfin il la migration entre les cellules endothéliales.

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Les cellules vont ainsi pouvoir passer dans le torrent circulatoire sanguin ou dans la circulation
lymphatique.

-Phase de transport vasculaire : formation d’emboles tumoraux

Il existe deux types d’emboles tumoraux : Les emboles homotypiques (qui


contiennent uniquement des cellules tumorales) et les emboles hétérotypiques (qui
contiennent des cellules tumorales, des lymphocytes et des plaquettes).

« Quels est l’intérêt du « voyage en groupe » des emboles hétérotypiques ? »

La formation d’emboles entourées de plaquettes sert de protection à ces emboles vis- à-vis
des mécanismes de défense de l’hôte (par masquage des Ag tumoraux aux cellules NK = «
camouflage »), mais aussi facilite l’immobilisation des cellules dans les vaisseaux de petit
calibre, du fait de l’augmentation de volume des emboles.

-Phase d’implantation :

Les cellules tumorales vont d’abord s’immobiliser :

-Soit dans les voies lymphatiques : cette immobilisation est facilitée dans les ganglions
lymphatiques par la trame de réticuline qui porte les macrophages : le flux y est ralenti. Les
ganglions drainent l'organe touché par la tumeur et constituent donc les premiers organes
cibles pour l’installation des tumeurs. Ils nécessiteront donc un examen approfondi lors d’un
bilan d’extension régionale.

-Soit dans les voies sanguines : phénomène de "homing" : interaction entre des
intégrines spécifiques des cellules tumorales et des ligands spécifiques de certains organes. La
microcirculation va permettre aux cellules de stopper leur circulation et de traverser
l’endothélium vasculaire, notamment dans les capillaires de très petit calibre. Ceci explique que
les organes « filtres » tels que les poumons et les reins soient des zones fréquentes de
métastases.

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-Phase de développement dans un tissu hôte :

La cancérogenèse a un mauvais rendement : toutes les cellules tumorales disséminées


ne donnent pas naissance à des métastases. Pour qu'UNE seule cellule tumorale s'implante il
faut environ un million de cellules disséminées.

Les cellules qui donnent des métastases recommencent pour leur propre compte le
modèle de croissance « gompertzien », d'où une croissance généralement plus rapide que celle
de la tumeur mère (tumeur mère en fin de phase T2 ou T3 : croissance ralentie, métastase en
phase T1 : croissance forte). Cependant, généralement, le volume de chaque métastase
demeure la plupart du temps inférieur à celui de la tumeur mère, permettant ainsi de définir la
tumeur mère.

Exemple d'exception : métastases des carcinomes épidermoïdes de l’amygdale (le point de


départ est l'épithélium qui recouvre l’amygdale) : cancer très agressif qui métastase rapidement.
Le signe d’attaque qui gêne d'abord l’animal est la croissance anormale du ganglion et pas
l’atteinte des amygdales (alors que c'est la tumeur mère).

Remarque : Certains phénomènes favorisent la dissémination métastatique. Les animaux


anesthésiés ont plus de métastases car l’anesthésie diminue les réponses immunitaires. La
manipulation d’une tumeur est à l’origine de brèches vasculaires. Attention toutefois, le risque
d’essaimage de la tumeur lors de gestes médicaux est faible, il est négligeable comparé à
l’intérêt de ce geste pour le malade.

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3) Facteurs conditionnant la dissémination métastatique

#NATURE DE LA TUMEUR PRIMITIVE


-Tumeurs à métastases précoces : La tumeur émet parfois des emboles très
précocement, voire avant même la phase clinique. Les métastases sont visibles lors de l’exérèse
de la tumeur primitive : elles sont déjà disséminées. Le pronostic n’est pas bon : il existe
seulement des traitements pour ralentir le processus.
Exemple : mélanome de la cavité orale, carcinome épidermoïde amygdalien.

-Tumeurs à métastases tardives : Les métastases ne sont pas détectables lors de


l’exérèse de la tumeur primitive, voire absentes. La chirurgie peut être possible mais il faut
auparavant faire un bilan d’extension.
Exemple : séminome, nombreux carcinomes épidermoïdes (sauf ceux qui touchent les
amygdales).

-Les explosions métastatiques : Dans les 2-3 mois qui suivent l’exérèse chirurgicale de la
tumeur primitive que l’on pensait cantonnée, on observe une flambée métastatique (qui
correspond à de très nombreuses métastases, dans tout l'organisme). En effet, quand on enlève
la masse primitive volumineuse, on enlève une grande quantité d’antigènes qui limitaient la
progression tumorale, le système immunitaire se relâche alors, ce qui profite aux cellules
tumorales qui étaient en dissémination. Ce phénomène est peu fréquent.
Exemple : mélanome de la cavité orale.

#LA VOIE DE DISSEMINATION

- Dissémination lymphatique : Elle est prépondérante pour les tumeurs épithéliales. Les
tumeurs mammaires de la femelle sont les plus importantes, mais cela concerne aussi d’autres
types de tumeurs (comme les mastocytomes cutanés ou des tumeurs mésenchymateuses, des
mélanomes...). Les cellules tumorales sont emportées par le flux de la lymphe.

Cellules
tumorales dans
un vaisseau
lymphatique

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Les voies lymphatiques afférentes des ganglions satellites. Dans ce cas, les cellules
tumorales s'implantent dans les vaisseaux et y créent des nodules de perméation. On finit par
avoir un éclatement des vaisseaux lymphatiques, d'où la formation de plaques.
Exemple : carcinome du côlon ci-dessous, carcinome du lit de l’ongle. Conséquence visible =
œdème en aval des cellules tumorales.

Ici, les nodules de perméation donnent un aspect granuleux au côlon. Sur la coupe
histologique, on observe un vaisseau lymphatique avec des cellules tumorales dans sa lumière.
Ces cellules tumorales s’implantent et forment des nodules de perméation au niveau des
valvules des vaisseaux lymphatiques (photo de gauche).

Les ganglions lymphatiques satellites. Le plus souvent les cellules tumorales vont être
arrêtées dans le ganglion lymphatique de drainage par le filtre ganglionnaire : les cellules
tumorales vont alors soit être détruites, soit proliférer. Quand le ganglion devient métastatique,
il change de taille (adénomégalie par accumulation de cellules tumorales) et de consistance
(plus ferme), mais pas de forme (il reste arrondi et lisse). On n’observe pas non plus de
phénomène de douleur. A la palpation, le ganglion roule sous les doigts comme un ganglion sain
car il n'a pas de moyen de fixité. Le ganglion est immobilisé en cas d'inflammation, ce qui n'est
pas forcément dû à la tumeur.

L'augmentation de taille est proportionnelle au nombre de cellules tumorales :

- Grand nombre de cellules tumorales : il y a adénomégalie.


- Petit nombre de cellules tumorales : c'est les cas des micrométastases, qui peuvent
être détectées par cytoponction ou exérèse, puis immunomarquage avec anticorps
antikératine. Par exemple, si on détecte des cellules épithéliales (ce qui est totalement anormal
dans les ganglions), il s'agit de métastases.
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Remarque : il n’y a pas forcément de métastases même si le ganglion est plus gros que la
normale : une inflammation du ganglion peut entraîner une hypertrophie du ganglion, palpable
et visible.

 Les voies lymphatiques rétrogrades : Dans ce cas, les cellules tumorales ne vont pas suivre
le trajet de la lymphe mais le remonter. Cela se produit surtout lors de carcinose mammaire
cutanée : c'est une tumeur mammaire particulière, profonde (très mauvais pronostic). Les
emboles ne vont pas suivre la lymphe pour atteindre les ganglions qui dépendent de la mamelle
(M) dont il s’agit (axillaires si M1, M2, M3, ou inguinaux mésentériques si M3, M4, M5). Les
vaisseaux lymphatiques qui passent dans la mamelle pour aller ensuite dans les ganglions
viennent de la peau, donc les cellules tumorales se retrouvent dans la lumière lymphatique du
derme, prolifèrent puis le vaisseau éclate et les cellules passent dans le derme : cela donne des
nodules rouges (cf. photo).

Le motif de consultation est un phénomène inflammatoire cutané. Le vétérinaire pense donc


d’abord à une pyodermite (et prescrit des antibiotiques, inutiles). Puis lorsque l’on entame un
diagnostic histologique, il est souvent trop tard.

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Dissémination sanguine : Elle est prépondérante pour les tumeurs conjonctives (par
exemple les sarcomes : tumeurs malignes d’origine mésenchymateuse) et conditionnée par la
topographie du réseau vasculaire dans lequel se développe la tumeur primitive et le réseau
vasculaire des organes cibles. Les cibles principales seront les organes riches en capillaires de
petit diamètre comme les poumons et les reins.

Loi de Walter: Elle permet de savoir où se situeront préférentiellement les métastases selon
l’origine de la tumeur primaire en fonction du type de circulation emprunté.

Il existe 4 types de métastase :

 Type 1 : Métastases de type hépatique :

Remarque : Dans le
cœur il y a peu de
métastases car les
vaisseaux sont de gros
calibre et la pression
est trop importante, ce
qui ne facilite pas
l’immobilisation et donc
l’implantation des
emboles

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Type 2 : Métastases de type pulmonaire :

Ce type de tumeur métastase dans n’importe quel organe (surtout les viscères : reins, les surrénales,
les os et le cerveau).

Exemple : chez le chat, on a souvent des tropismes des métastases pour les tissus musculaires et les
doigts.

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 Type 3 : Métastases de type porte :

On peut aussi avoir des métastases secondaires pulmonaires à partir du foie.

Type 4 : Métastases de type cave

Remarque : Chaque foyer métastatique primaire peut être à l’origine de dissémination


métastiques secondaires. Par ailleurs, il existe une voie sanguine supplémentaire : la voie veineuse
rétrograde par reflux des cellules tumorales.

Exemple de métastases osseuses pelviennes des adenocarcinomes prostatiques : La tumeur est


d'origine épithéliale et les emboles atteignent le ganglion de la prostate. Une partie des implantations
métastatiques se fait dans le tissu osseux de la région proche de la prostate (dernières vertèbres et
bassin). Dans un tiers des cas, la consultation ne concerne pas la tumeur prostatique mais une boiterie,
une douleur lombaire ou une gêne lors de la miction.

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Dissémination par greffe

Dans le cas de certaines tumeurs localisées dans une cavité, des cellules
cellules peuvent se détacher et
«tomber » au fond de cette cavité par gravité, avant de métastaser.

• Greffes dans les séreuses


Exemple 1 : hémangiosarcome de la rate.
Le point de départ est vasculaire. Cette tumeur est très volumineuse et peut atteindre plusieurs kilos.
La tumeur est remplie de cellules tumorales et de sang coagulé.
coagulé. La capsule splénique va finir par se
rompre lorsque la pression devient trop importante, ce qui entraine une hémorragie : cela provoque
la mort ou on peut observer une greffe en semis des cellules tumorales dans le péritoine.

L’implantation est facilitée dans les séreuses, ces tissus offrant une faible résistance et étant bien
vascularisés.
Exemple 2 : adénocarcinome ovarien chez la chienne
Le terme est inadapté car le point de départ n'est pas l'épithélium mais les cellules qui
tapissent l’ovaire, d'origine mésenchymateuse. La tumeur est volumineuse car pousse dans une
cavité en ne comprimant aucun organe. Elle va finir par tomber dans la cavité abdominale en se
décrochant. Elle s’implante alors, à la faveur de la gravité,
gravité, dans le péritoine. L’implantation est facile
car on est en présence d’un tissu conjonctif très vascularisé.

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Exemple 3 : mésothéliomes

Des amas de cellules tumorales vont se


détacher et coloniser le péritoine ou la
plèvre. La tumer a pour origine le
mésothélium, tissu conjonctif qui tapisse
les cavités. Lorsque ces cellules évoluent en
cellules tumorales, elles prolifèrent en
surface et tombent dans la cavité
abdominale, où elles se fixent sur les
organes et prolifèrent.

Métastase sur le péritoine avec liquide inflammatoire

- Greffes sur la peau et les muqueuses nasales, génitales et buccales

Le sarcome de Sticker (TVT : Transmissible Venerial Tumor), propre au chien. Il existe aussi
chez le diable de Tasmanie mais l’origine n’est pas exactement la même. Les cellules responsables de
la tumeur ont probablement comme origine les cellules histiocytaires, en particulier les cellules
dendritiques, et la tumeur apparaît au départ sur les voies génitales.

La dissémination de la tumeur est particulière car elle se fait par contact direct (muqueuse-
muqueuse), très importante, rapide et facile : Les femelles porteuses (atteintes au niveau de l'utérus,
du vagin ou de la vulve) contaminent les mâles lors du coït, comme un processus infectieux. Puis le
mâle contamine d'autres femelles. De plus, la reconnaissance entre animaux entraîne une greffe de la
tumeur au niveau nasal. Et enfin, lors du toilettage, l'animal greffe les tumeurs génitales sur le pelage
et le revêtement cutané.

Cette tumeur est éradiquée en France, mais très fréquent en Afrique de Nord et aux Caraïbes. Elle se
soigne très bien par chirurgie ou radiothérapie.

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Lésion granuleuse
tumorale sur la vulve
d’une chienne

Tumeur en crête
de coq sur le
pénis d’un chien

4) Applications cliniques : les bilans d’extension

Ce qui amène le clinicien à rechercher des preuves directes ou indirectes de la présence de


métastases, et leur extension. Il faut alors réaliser un bilan d’extension.

On distingue 3 étapes successives dans le bilan :

-Bilan d’extension local : C’est l’examen de la tumeur primitive en elle-même : où ?


comment ? quelle taille ? quelle forme ? délimitation ? caractère infiltrant ?

-Bilan d’extension régional: C’est l’examen des ganglions lymphatiques satellites qui drainent
la zone où se trouve la tumeur pour rechercher la présence d’emboles ou de phénomène
métastatique. Le vétérinaire doit donc bien connaître les aires de drainage des ganglions
et savoir apprécier leur normalité ou pas.

Ce bilan peut s’effectuer :

-Par palpation les principales modifications sont la taille et la consistance des ganglions
(plus gros et plus fermes).

Mais attention : Il n'y a pas forcément équivalence entre hypertrophie et présence de cellules
tumorales. Il se peut qu'un phénomène inflammatoire active la production de macrophages et donc
de lymphe dans le ganglion. Une taille normale n’induit pas forcément l’absence de cellules
tumorales : la palpation n’est pas une étape suffisante.

- Par cytoponction dans le ganglion, pour rechercher des cellules tumorales sur un étalement
de cellules fraîches. Le vétérinaire doit faire des prélèvements à différents endroits du ganglion. C'est
un examen complémentaire qui ne nécessite qu'une seringue, une aiguille. Il n’y a même pas besoin
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d'anesthésier l'animal, ni même souvent de le tranquilliser. Un cytologiste analyse les résultats et
cherche les cellules anormales. S’il y a des cellules tumorales, alors la tumeur est maligne. Attention
: cet examen n'est pas fiable à 100%, on peut passer à côté de cellules anormales (comme les
micrométastases) : des examens complémentaires doivent être réalisés.

- Par exérèse du ganglion qu’on envoie au pathologiste pour une analyse cytologique s’il reste
un doute : en pratique, quand on enlève la tumeur primaire, on en profite pour enlever le ganglion et
l’analyser.

Remarque : L’exérèse de ganglions superficiels n’a pas de conséquences sur l’animal.

-Bilan d'extension à distance : Il s’agit de la recherche de cellules tumorales dans les organes cibles
des métastases sanguines. Il se fait le plus souvent par des méthodes d’imagerie médicale. (Exemple
classique : dans le cas d’une tumeur mammaire chez la chienne, recherche de métastases au niveau
des poumons par radiographie).

Exemples :
Poumons : radiographie thoracique ou scanner. Sur la radio, on voit des lésions types de
métastases : des nodules répartis en zone assez bien délimités, plus ou moins opaques. Les poumons
apparaissent normaux. Attention : les lésions ne sont visibles qu'à partir de 5mm.

Rate, foie : échographie, puis cytoponction du foie s’il est anormal.

Prostate : radiographie du bassin (cf. dissémination sanguine rétrograde)

Tumeur thyroïdienne : scintigraphie

Remarque importante : On réalise un bilan d’extension à distance même si la tumeur est disséminée
par voie lymphatique, car si la tumeur a déjà atteint le ganglion et a réussi à le dépasser, c'est que les
métastases peuvent gagner la circulation sanguine.

Intérêts du bilan :

- Donne un pronostic.
- Oriente la nature de l’acte thérapeutique à utiliser.

Si la tumeur est restée cantonnée au tissu d’origine , on traite par chirurgie (exérèse). Si
la tumeur est partie au moins dans les ganglions : une chirurgie locale ne suffit pas, il faut
associer un traitement systémique de type chimiothérapie. Attention la chimiothérapie ne
permet pas de guérir l’animal mais elle lui donne de meilleures conditions de vie et freine le plus
possible la maladie.

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D. LES RELATIONS HOTE-TUMEUR

1) Les conséquences liées à la croissance tumorale

Destruction du parenchyme normal : On distingue un dysfonctionnement plus ou moins marqué


de l’organe touché selon le degré d’infiltration (l’intensité), selon l’organe touché ou si celui-ci est
pair ou impair.

Lorsque la tumeur se développe dans un organe impair : les signes cliniques sont visibles très
rapidement (pas de compensation par l’autre organe, dysfonctionnement rapide, signes cliniques
d'insuffisance). En revanche dans un organe pair ou plurilobé les signes cliniques ne sont visibles que
lorsque le processus est très avancé.

Tumeur de l’hypophyse Tumeur de la moelle épinière (cellules plus foncées)

 Compression d’autres organes : Il peut y avoir développement de la tumeur au détriment du tissu


avoisinant le plus mou, ce qui provoque des compressions ou des obstructions.

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Obstruction d’organes creux : La tumeur peut gêner un écoulement, ici on a une tumeur des voies
biliaires qui provoque une réduction du canal biliaire qui gêne l’écoulement de la bile, elle peut
entrainer un ictère.

De la même manière, des tumeurs qui se développent dans la paroi intestinale, à partir des cellules
musculaires lisses, vont perturber la digestion.

Perforation d’organes creux : Il existe des tumeurs qui « creusent » dans les tissus. Ici, on observe
un ulcère perforant dans l’intestin. Le contenu de l’intestin se déverse dans la cavité abdominale et
provoque une péritonite, des douleurs abdominales aiguës …

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2) Conséquences liées à la sécrétion des cellules tumorales

 Tumeurs endocrines : Dans un certain nombre de cas de tumeurs d’origine endocrine, les cellules
tumorales continuent à produire la substance qu’elles produisent physiologiquement, en plus grande
quantité.

Exemple : chez le chat âgé, les tumeurs thyroïdiennes sont en général sécrétrice d'une quantité
astronomique d'hormones thyroïdiennes et provoquent donc une hyperthyroïdie avec les symptômes
associés : cela peut évoluer jusqu’à une thyréotoxicose cardiaque avec une hypertrophie du cœur.

Myélomes : tumeurs d’origine plasmocytaire

Les plasmocytes produisent des immunoglobulines. Ce type de tumeur se développe en général dans
la moëlle osseuse, et entraîne souvent une production massive d'immunoglobulines. Les myélomes
ont 4 conséquences : lyse osseuse, dépôt de substance amyloïde, précipitation d’immuns complexes
et hyperviscosité sanguine.

Ci-dessous une lyse osseuse due à l’action des plasmocytes et une zone de nécrose due à une
précipitation de complexes immuns.

 Facteurs cachétisants : En fin d’évolution, les tumeurs produisent des facteurs cachéctisants
responsables d’un amaigrissement sévère avec une fonte musculaire et perte de tissus adipeux, et ça
même si l’animal se nourri correctement. Une forte perte de poids, de manière rapide doit être un
signe d’appel pour une tumeur.

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3) Les syndromes paranéoplasiques

Syndromes paranéoplasiques : ensemble des dysfonctionnements (biochimiques,


DEF cliniques,) associés à la présence d’une tumeur, maligne ou bénigne, mais non reliés à
sa taille, sa localisation, la présence de métastases ou à l’activité physiologique
habituelle du tissu d’origine de la tumeur.

Par exemple, la production excessive d’hormones thyroïdiennes n’est pas considérée comme un
phénomène paranéoplasique. En effet, la sécrétion de ces hormones correspond à l’activité
physiologique habituelle de la thyroïde. Attention, selon les sources on peut trouver que ces
sécrétions font partie des phénomènes paranéoplasiques.

On distingue 3 applications majeures de ces syndromes paranéoplasiques :

• Signe d’appel pour un processus néoplasique non encore diagnostiqué

Exemple : chez le Berger Allemand, une fibromatose nodulaire (émergence de petits nodules très
fermes dans le derme. À l’histologie on observe une prolifération fibroblastique bénigne) souvent
associée à une tumeur rénale bilatérale kystique. Ces nodules sont visibles et sont souvent le but de la
consultation, ils permettent ainsi de détecter la tumeur rénale. Les cellules tumorales rénales
produisent des facteurs de croissance stimulant le développement des nodules.

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Fibromatose nodulaire

Tumeur rénale bilatérale


kystique qui a été retirée

• Aggravation du pronostic

Le pronostic est plus mauvais si on observe des syndromes paranéoplasiques.

Exemple : dans le cas d’un Sertolinome (tumeur testiculaire qui a pour point de départ les
cellules de Sertoli), il peut y avoir production d’œstrogènes par les cellules tumorales, qui imprègnent
la moëlle osseuse, d’où une aplasie médullaire : thrombocytopénie (= destruction de la lignée des
polynucléaires et de la lignée des plaquettes) qui se traduit par un purpura hémorragique
(=hémorragies cutanées). Les chances de survie diminuent beaucoup lorsqu’on observe ce
purpura associé à la tumeur.

• Témoigne de la présence de métastases

Exemple : toujours dans le cas d’un Sertolinome, on peut observer une alopécie symétrique due à la
production d’œstrogènes. Si trois mois après la castration (qui est le traitement de cette tumeur), ce
syndrome d’alopécie ne disparaît pas, alors c’est qu’il y a des métastases qui continuent à produire
des œstrogènes.

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Les principaux syndromes paranéoplasiques

-Manifestations de type endocrine :

-hypercalcémie maligne (le mot « maligne » permet de qualifier le support


néoplasique de l’hypercalcémie et de la différencier d’une hypercalcémie classique). Le
pronostic est sombre.
-hypoglycémie maligne
-hyperoestrogénisme
-hyperhistaminémie (lors de mastocytomes par exemple, elle provoque des
ulcères gastriques)

-Manifestations cutanées :

- syndrome hépato-cutané (lésions cutanées signes de tumeurs hépatiques)


-dermatofibrose nodulaire
-dermatite érythémato-squameuse (chat surtout : tumeur d’origine thymique)

-Manifestations osseuses :

-ostéopathie hypertrophiante pneumique (élargissement de la partie corticale des os


longs, apparition de tissu osseux réactionnel sur les os longs, elle est souvent liée à des
tumeurs pulmonaires).

Exemple de l’hypercalcémie maligne : Importance ? Elle est fréquente (plus fréquente chez le chien
que chez le chat) et le pronostic est considérablement assombri par des dépôts de calcium dans
différents organes, notamment les reins ou les cellules musculaires cardiaques

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Ci-dessus : les cellules musculaires cardiaques plus foncées sont les cellules qui contiennent
beaucoup de calcium), ce qui entraîne des dysfonctionnements cardiaques et rénaux graves.

Signes d’appel :

• Troubles rénaux : l’hypercalcémie entraîne une polyuro -polydipsie (PUPD), c’est le signal le
plus constant et le plus précoce (mais attention, si PUPD,
PUPD, il faut d'abord penser à un diabète, une
insuffisance rénale chronique ou un syndrome de Cushing)
• Troubles neuromusculaires : elle entraîne faiblesse musculaire, tremblements, somnolence,
torpeur voire coma.
• Troubles digestif : l’animal peut présenter une anorexie, des vomissements, une
constipation ...
• Troubles cardiaques : on peut observer une bradycardie, un intervalle PR augmenté et QT
diminué (cf cours de RCV du S5) ...

Conduite diagnostique :

Lorsque les causes classiques de PUPD sont écartées, on envisage une hypercalcémie : il faut doser la
calcémie. Pour le chien, la calcémie normale se situe entre 90 et 120 mg/ml, l’hypercalcémie sera
diagnostiquée si on obtient deux mesures supérieures à 120 mg/ml à 48h d’inter valle. Au-delà de
180 mg/ml, il s’agit d’une urgence médicale.

Diagnostic étiologique :

Une fois qu’on sait que la cause n’est pas rénale, il faut d’abord rechercher un lymphome ou une
leucémie car ce sont les principales causes d’hypercalcémie. Certains lymphomes
lymphomes T vont synthétiser
un peptide PTH-like (semblable au PTH) qui va entraîner l’augmentation de la calcémie par plusieurs
moyens :
• favorise la réabsorption du calcium au niveau du rein.
• favorise l’activité ostéoclastique dans l’os, ce qui va
va induire une augmentation de la
calcémie.
• agit sur les reins pour favoriser la synthèse de vitamine D et donc l’absorption de calcium
intestinal.
Ces lymphomes libèrent également des substances ostéolytiques (IL1, TNF α, PGE1, PGE2,...).

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Si ces tumeurs ne sont pas présentes, il faut alors suspecter un adénocarcinome des glandes
sudoripares apocrines des sacs anaux (cf photo : A= sac anaux R=rectum, la tumeur est pointée par
les flèches) Rappel : X-carcinome : tumeur maligne à point de départ glandulaire.

Cet adénocarcinome synthétise également un peptide PTH-like mais c’est beaucoup moins fréquent.

Le problème est qu’ils sont souvent de petite taille et donc difficile à distinguer surtout que tant qu’il
y a de la place dans les cavités il n’y a aucun symptôme extérieur. Généralement quand on a fait le
diagnostic c’est déjà trop tard.

Remarque : Il touche surtout les femelles âgées.

C’EST L’HEURE DE LA BLAGUE !!!!


1) La petite Laetitia (3ans, fille de parents chtis) demande à sa maman :
-"Dis maman, comment ça s’écrit "bite" ? avec un "T" ou avec deux "T" ?
-"Tu peux en mettre trois ; c’est jamais assez long !"

2) Deux Bobby’s se croisent dans la rue accompagné de leur bobbinette….


-‘’Tu sais que ta femme se promène dans la rue sans p’tite culotte ?’’
-‘’ Hein ?! qui c’est qui te l’a dit ?’’
-‘’ Mon p’tit doigt...’’

C’est vraiment du tonnerre cette présentation

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CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM


MORPHOLOGIE DES TUMEURS

I. Aspect macroscopique
Rappel : Une tumeur est un développement d’une néoformation dans un tissu préexistant.
L’association entre cellules tumorales et stroma-réaction est très variable en fonction des
tumeurs et du tissu d’origine.

A. Variables en fonction des tumeurs

1. Les tumeurs exophytiques


Leur développement a lieu en surface et déforme les muqueuses ou la peau. Elles ont souvent
une origine épithéliale mais attention aux exceptions (origine conjonctive).

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Au sein de ces tumeurs, il existe 3 formes différentes :
• Tumeurs sessiles
• Tumeurs papillaires
• Tumeurs pédiculées

a) Les tumeurs exophytiques sessiles

Elles sont en forme de plaque épaisse localisée, à


base large.
Exemple : fibrosarcome de la cavité orale :
l'épithélium de revêtement n'est plus noir à cause
de la néoplasie. Les cellules tumorales sont très
larges et de type infiltrantes.

b) Les tumeurs exophytiques papillaires


Elles sont ramifiées, en forme d'arbre.
Exemple : les papillomes : les cellules tumorales prolifèrent autour de l'arborescence
conjonctive.

c) Les tumeurs exophytiques pédiculées


Pédicule Masse tumorale

Elles présentent un pied, parfois large.


Exemple: tumeur des voies urinaires

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2. Les tumeurs térébrantes
Les tumeurs térébrantes se développent en creusant en profondeur après un départ en
surface. Elles forment souvent des ulcères : les bords sont surélevés avec une dépression
centrale où se situent les cellules tumorales. La présence de ce trou est due à une ischémie
qui a entraîné la nécrose des cellules. Attention lors d’une biopsie, il faut donc prélever des
cellules au centre et non en périphérie.

Exemple 1 : carcinome colique chez un chien. Les


cellules creusent dans ces ulcères. Rien ne les arrête, il
peut ensuite y avoir perforation, puis péritonite, …
La flèche pointe les cellules tumorales en dépression.

Exemple 2 : carcinome épidermoïde du chat (souvent UV-induit).


Le bord de l'oreille est très épaissi : c'est la stroma-réaction. Il
s'agit d'un ulcère. Attention, cliniquement on ne pense pas
toujours à une tumeur.
Pour le choix du site biopsique, il faut avoir une idée de la cause
de l’ulcère avant le prélèvement :
• Lorsqu’on suspecte une tumeur, il vaut mieux prélever les
cellules au centre de la lésion pour avoir des cellules
tumorales et pas des cellules de la stroma réaction.
• Si l’ulcère n’est pas d’origine tumorale, il faut au contraire
prélever les bords pour en connaitre l’origine.

3. Les tumeurs nodulaires


Elles se développent en profondeur. Elles peuvent
être simples ou multiples.
Attention : La différence entre masse et nodule
(en toxicologie):
=> de 0 à 2 cm, on parle de nodule; Au-delà de 2
cm, on parle de masse.

Exemple : Fibrosarcome du chat dû aux injections répétées

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B. Variabilités d’un même type de tumeur
L’expression clinique d'un même type de tumeur peut être variable : dans le temps sur un
même individu selon sa localisation ou selon l'espèce atteinte.

1. Exemple 1: Mycosis fongoïde (lymphome épidermoïde T)


C’est une tumeur d’origine lymphoïde et épithéliotrope. Elle peut provoquer à la fois : des
nodules cutanés ou muqueux, des épaississements en plaques, des érosions et ulcères, … Il y
a une variation de la tumeur dans le temps pour un même animal. La plupart du temps c’est
l’association de ces différentes formes qui permet de réaliser le diagnostic.

Nodule cutané et
buccal d’un boxer

Remarque : Chez le boxer, on observera uniquement des nodules de la cavité buccale peu
visibles. Cette tumeur est alors visible uniquement au niveau des ganglions mandibulaires.
Souvent, ces lésions sont associées à des lésions cutanées, un prurit, qui sont les signes
d'alerte.

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2. Exemple 2: Mastocytomes
Il existe 4 formes de mastocytomes.

3. Exemple 3: Carcinome épidermoïde


Cette tumeur a une expression variable selon l'espèce atteinte. Chez le chien, la tumeur peut
être térébrante (sur le palais) ou exophytique (sur les coussinets), alors que chez le cheval (sur
le pénis surtout) la tumeur est proliférative exophytique.

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II. Aspects microscopiques
Les objectifs d'un examen histopathologique sont :
• de vérifier qu’il s'agisse bien d'une tumeur
• de déterminer l’origine cytogénésique d’une tumeur, c'est-à-dire la cellule qui a
donné naissance à cette tumeur, à partir de critères morphologiques et
architecturaux.
• de prédire sa possible évolution (bénignité ou malignité) et son agressivité (facteur
histopronostique).

A. Critères de reconnaissance cellulaire

1. Critères architecturaux
L’architecture de la tumeur permet souvent de la relier au type cellulaire d’origine.

➢ Tissu d’origine: épithélium de revêtement


Plusieurs aspects microscopiques sont caractéristiques des carcinomes (tumeur épithélium de
revêtement).

Papilles Rubans

Cordons Cordons

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➢ Tissu d’origine: épithélium glandulaire

➢ Tissu d’origine: endothelium

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➢ Cellules d’origine:
fibroblastes

Les cellules s’organisent en longs faisceaux


orientés dans l’espace dans différentes
directions, ou en amas divers.

➢ Cellules d’origine:
Cellules de Schwann

On a un empilement, évoquant des piles


d’assiettes.

➢ Cellules d’origine:
Cellules musculaires

L’organisation de la tumeur ressemble à celles


qui dérivent des fibroblastes. Les cellules
s’organisent en faisceaux larges et parallèles,
mais les cellules apparaissent plus larges et
plus longues que lors d’une prolifération de
fibroblastes.

➢ Cellules d’origine:
Péricytes
Ces cellules se localisent autour de certains
capillaires et peuvent avoir des propriétés
procontracturantes. Les cellules tumorales
s’organisent en « Whorls » : c’est un
arrangement en amas concentrique autour
d’un point central. Cela fait penser à un
oignon coupé transversalement.

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➢ Cellules en plage
Dans certains cas, on n’a pas d’architecture
nette et on observe des cellules en plages.
Cette organisation ne donne pas
d’indication sur la nature des cellules à
l’origine de la tumeur : ce sont souvent des
tumeurs à cellules rondes (très variées et
d’origine cytogénésique variable :
lymphocytes, mastocytes, plasmocytes,
histiocytes, …).

2. Critères morphologiques des cellules


Certains signes morphologiques sont caractéristiques :

Lorsqu’on n’a pas de critère aussi net, ce qui arrive très souvent, on cherche d’autres
paramètres pour caractériser le point de départ de la tumeur.

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3. Association des critères topographiques et de la nature de la
stroma-réaction

➢ L’épithéliotropisme: origine lymphocytaire

Ceci nous oriente vers une origine


lymphocytaire de la tumeurn car seuls les
lymphocytes vivant dans les épithélium ont ce
tropisme.

➢ Origine mastocytaire
Lors de tumeur d'origine mastocytaire, 3 signes sont caractéristiques :

Les mastocytes tendent naturellement à attirer les polynucléaires éosinophiles. La


dégranulation de ceux-ci entraîne une hyalinisation et une nécrose du collagène.

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➢ Origine plasmocytaire
Le dépôt de la substance amyloïde est dû à un dépôt d’immunoglobulines, on en déduit que
les cellules à l’origine de la tumeur sont des plasmocytes.

➢ Autres origines
Si ces examens restent Insuffisants, on peut réaliser
des colorations histochimiques ou
immunohistochimiques.

Bleu de Toluidine : grains violets dans le cytoplasme:


évoque une tumeur d’origine mastocytaire

4. Bilan

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Remarque 1 : Limites des critères architecturaux et morphologiques
Parfois, les critères sont contradictoires et évoquent plusieurs types de tumeurs, on parle de
"tumeur caméléon".
Exemple du mélanome ("spécialiste du transformisme") : il présente deux types de plages :
des plages avec des cellules en faisceau et fusiformes, évoquant une origine
mésenchymateuse et des plages avec des cellules en lobules et polyédrique, évoquant une
origine épithéliale. Ainsi, quand on a une tumeur « qui part dans tous les sens », on part
d’abord sur un mélanome et on réalise un examen histologique.

Remarque 2 : apport de l'immunohistochimie sur l’immunophénotype des tumeurs


Sur différentes coupes histologiques, on utilise des anticorps (marqués) caractéristiques d'un
type de tumeur, ce qui permet d'identifier l'origine de la tumeur.
Exemple des tumeurs à cellules rondes : elles ne présentent aucun critère morphologique et
architectural. Il existe alors de nombreux anticorps pour préciser l'origine de ces tumeurs :
antikératine (cellule épithéliale), anti vimentine (cellules mésenchymateuse), anti desmine et
anti α actine lisse (cellules musculaire), anti GFAP (cellule nerveuse), anti CD3 et anti CD79a
(cellule lymphoïde). Ceci permet d’établir une carte d’identité immunologique de la tumeur.

B. Comportement de la tumeur
On peut évaluer certains critères pouvant indiquer la malignité ou la bénignité de la tumeur.
Ils n’ont pas tous le même poids et c’est la sommation de tous ces éléments qui va permettre
de déterminer le degré de malignité et de mettre en place une gradation des tumeurs allant
du grade I au grade III (le grade III étant de très mauvais prognostic).

1. Présence d’emboles et/ou de métastases


C’est le CRITERE ABSOLU
Lorsqu’il y a des métastases ou des emboles, la tumeur est maligne.
Attention la réciproque n’est pas vraie : une tumeur maligne ne métastase pas toujours.
La recherche des emboles se fait :
• Dans la tumeur primitive : invasion vasculaire.
• Dans le ganglion de drainage (pour les tumeurs lymphophiles surtout : tumeurs
épithéliales, mélanomes, mastocytomes…).
Attention au cas des micrométastases : il faut réaliser un immunomarquage pour les
détecter.

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Remarque : Les autres critères ci-dessous sont relatifs, ils font uniquement pencher la balance.
On les cherche si on ne trouve pas d'emboles.

2. Mode de croissance
On prend en compte le caractère infiltrant. Cela permet de dire avec une bonne certitude si
la tumeur est maligne ou bénigne.

Un amas bien défini (photos de gauche) correspond plutôt à une croissance expansive (→
tumeur bénigne). Le caractère infiltrant (photos de droite) correspond plutôt à une croissance
infiltrante (→ tumeur maligne).

Attention : Il existe de nombreuses exceptions à cette règle. Il peut y avoir croissance


infiltrante pour une tumeur bénigne.

Pour soigner ce genre de tumeur, il faut souvent recourir à l’amputation lorsque la tumeur
touche un membre. Un lipome est bénin, c'est-à-dire qu’il ne donne pas de métastases, mais
il a une croissance importante et infiltrante dans le muscle qu’on ne sait pas arrêter. C’est
également le cas pour les hémangiopéricytomes.

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3. Densité cellulaire
Plus la densité cellulaire est élevée et plus on va vers une tumeur maligne. Cela concerne
notamment les tumeurs mésenchymateuses.

Là encore, il existe de nombreuses exceptions avec une


forte densité pour une tumeur.
Exemple (photo ci-contre) : Histiocytome : forte densité
cellulaire mais bénin car rejet par l’organisme

4. Différenciation cellulaire
La différenciation cellulaire permet d’orienter sur la malignité, la bénignité ou l’agressivité
dans le cas d’une tumeur maligne.

En règle générale : moins les cellules seront différenciées, donc plus elles se distinguent des
cellules de départ, et plus ce sera malin.

Grade I : les cellules tumorales ressemblent aux cellules d’origine.


Grade II : stade intermédiaire.
Grade III : les cellules tumorales sont très différentes de celles d’origine.

Exemple 1 : Tumeur d’origine Malpighienne


Sur les trois photos ci-dessous, les cellules sont très différenciées (kératinisées, présence de
ponts épineux caractéristiques des épithéliums, cellules plates, riches en kératine). La tumeur
est maligne de grade I. Elle est donc peu agressive. La tumeur ressemble beaucoup au tissu
d’origine (épithélium de revêtement pluristratifié pavimenteux qui se kératinise). Le
phénomène est avant tout local et il n’y a que très rarement des emboles.

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Ci-dessous, on a le même type de tumeur mais dans les cordons cellulaires, on observe une
organisation anarchique, pas de kératinisation, pas de pont épineux. Les cellules sont donc
peu différenciées. Il s'agit alors d'une tumeur maligne de grade III, très agressive avec la
possibilité d’emboles et un mauvais pronostic.

Tumeur d’origine malphigienne de grade III : carcinome épidermoïde

Certaines cellules présentent toutefois une kératinisation individuelle (différenciation


kératinocytaire). Ce carcinome épidermoïde sera beaucoup plus agressif, avec une forte
probabilité d’emboles et de métastases.

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Exemple 2 : Tumeur sébacée
Les tumeurs sébacées peuvent être de 2 types :
• Adénome sébacé : tumeur bénigne. Toutes les cellules sont différenciées et organisées
en lobules.
• Carcinome sébacé : tumeur maligne. Les cellules ne sont pas organisées, mais
individuellement, quelques cellules sont différenciées.

Exemple 3 : Tumeur d’origine vasculaire

Ce type de tumeur concerne 3 types de cellules : pavimenteuse, polyédrique (de tailles


variées) et dodues.

Exemple 4 : Tumeur d’origine adipocytaire


Dans la forme bénigne, toutes les cellules sont vacuolisées. Dans la forme maligne
(liposarcome), seulement quelques cellules sont vacuolisées.

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Exemple 5: Tumeur d’origine mastocytaire

Exemple 6: Tumeur d’origine fibroblastique

Tumeur bénigne Tumeur maligne bien différenciée Tumeur maligne peu différenciée

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5. Présence d’atypies cytonucléaires
C'est une notion fondamentale en cancérologie. Les atypies cytonucléaires sont des
irrégularités d’une cellule tumorale à une autre :

Anisocaryose = diminution ou augmentation du noyau


Anisocytose = diminution ou augmentation volume du cytoplasme
Nucléolation =plus le nucléole est important, plus l'activité cellulaire est intense, plus la
tumeur est aggressive
Monstruosité nucléaire = présence de plusieurs noyaux

Plus la morphologie de la cellule est différente de la cellule normale, plus la tumeur sera
maligne et agressive.

6. Nombre et normalité des mitoses

➢ Le nombre de mitoses

Le nombre de mitoses augmente avec la malignité et l’agressivité de la tumeur. On peut


évaluer ce dernier avec l’index mitotique.

Index mitotique (IM) : nombre de cellules en phase M du cycle de division par champ (ou pour
10 champs) de microscope au grossissement x 40.
Attention, c’est donc une somme et non une moyenne. Il varie généralement de 0 à 30 pour
1 champ.

Au microscope, on reconnaît les cellules en phase M dès


lors qu'elles ont leurs chromosomes condensés sur la
plaque équatoriale (photo ci-contre).

Un IM élevé évoque une forte agressivité mais le seuil


d'agressivité dépend du type de tumeur: une tumeur
d'origine mastocytaire est considérée comme maligne à
partir de 5 mitoses pour 10 champs, alors que le seuil du
fibrosarcome est de 15-20 mitoses pour 1 champ.

Exemple : fibrosarcome de chat, IM par champ = 9


ici. Chaque flèche pointe une cellule en phase M.

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Attention : il y a des exceptions, par exemple l'histiocytome cutané canin est bénin alors qu'il
comporte de nombreuses mitoses.

➢ Anormalité des mitoses

Il est aussi très important de regarder l’anormalité des mitoses. En effet, plus une tumeur est
à un stade avancée, plus elle aura accumulé d'anomalies et plus il y aura d'erreurs de
mitoses, notamment des anomalies du fuseau achromatique qui se traduisent par des
malpositions d’un ou plusieurs chromosomes. Quelques mitoses anormales suffisent pour
indiquer la malignité de la tumeur.

Exemple 1 : les chromosomes entourés ne sont pas


tous sur la plaque équatoriale : certains sont en
retard : chromosomes polaires excentrés (on parle
de chromosomes retardataires), ce qui témoigne
une anomalie génétique profonde.

Exemple 2 : les chromosomes peuvent former plusieurs plaques équatoriales dans la même
cellule.

7. Bilan sur les aspects microscopiques des tumeurs


Seule la présence d’emboles ou métastases est un critère absolu. Les autres ne sont que des
suspicions, et doivent être interprétés prudemment.
En effet, tous ces critères sont à pondérer par leur importance : soit pro-bénin, soit pro-malin.
Ainsi les emboles/metastases, les atypies cytonucléaires, le nombre et la normalité des mitoses
sont des critères qui ont plus de “poids” que la différenciation cellulaire, qui elle-même a plus
de “poids” que le mode de croissance et la densité cellulaire.

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Remarque 1 : Il existe des exceptions.
Exemple: l'insulinome du chien : de nombreux critères sont en faveur d'un type bénin =>
croissance expansive dans une capsule, cellules bien organisées en cordons comme les ilots
de Langerhans, morphologie uniforme entre les cellules, pas de mitose. MAIS dans la capsule,
on observe une infiltration de cellules néoplasiques, donc la capacité à entrer dans le tissu
conjonctif qui est caractéristique du type malin. Post-mortem, on a analysé l'individu atteint :
il y a des métastases hépatiques, donc c'était bien une tumeur maligne. Ceci concerne surtout
les tumeurs endocrines.

Remarque 2 : Différence entre malignité histopathologique et clinique. Exemple des


séminomes = tumeurs de cellules de la lignée germinale. Les emboles dans les vaisseaux
lymphatiques, les nombreuses mitoses et les monstruosités nucléaires indiquent une tumeur
maligne, mais dans la majorité des cas il n'y a pas de métastases.

Remarque 3 : Pour identifier les cellules en cycle de division mais pas uniquement en phase
M, on détecte la fraction proliférante par immunomarquage, grâce à l'index de prolifération
Ki67 : il permet de déterminer la quantité de cellules Ki67+ par rapport à 100 cellules
tumorales. Exemple : pour les tumeurs mélaniques cutanées, l’index de prolifération est le
seul critère qui ait du poids car pour ce type de tumeur, l'IM est souvent faible.

C. Nomenclature des tumeurs


La nomenclature est basée sur le nom de la cellule d’origine de la tumeur et sa bénignité ou malignité.
On distingue 2 grands types de tumeurs:
• les tumeurs dysgénésiques
• les tumeurs à tissus matures.

1. Tumeurs dysgéniques : anomalie du développement


embryonnaire à frme tumorale
Tumeurs dysgénésiques : tumeurs qui résultent d’une anomalie du développement
embryonnaire à forme tumorale. Les cellules embryonnaires ne se différencient pas, restent
dans l'organisme, et se "réveillent" un jour pour se différencier dans une voie ou une autre,
peu importe l'âge de l'individu.

On en distingue 3 sous types : les hamartomes, les choristomes et les tératomes.

➢ Hamartome ou nevus collagène


Hamartome : tumeur histologiquement correcte mais qui échappe à l’organisation habituelle:
c'est-à dire que les structures observées sont des structures qui appartiennent normalement
au tissu hôte mais que leur organisation n’est pas normale. Cette tumeur est toujours bénigne.

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Exemple 1 : On observe ci-dessous un hamartome cutané collagénique au niveau de la peau.
La présence de collagène est normale au sein de la peau, mais ici l’organisation (la taille et la
densité des fibres) et la quantité de ce collagène est anormale. Il y a apparition d’une
néoformation exophytique et pédiculée.

Exemple 2 : Ci-contre, on observe un hamartome cutané


folliculaire au niveau de la peau (nodule). On a bien une
tumeur histologiquement normale puisqu’il existe de
manière normale des follicules dans la peau. Mais on
remarque ici que l’organisation de ces follicules n’est pas
normale : ils sont gros et nombreux, la matrice
extracellulaire est anormale et les glandes sébacées sont
peu nombreuses .

➢ Choristome

Choristome : tumeur qui est histologiquement correcte mais en situation topographique


anormale. Elle peut être bénigne ou maligne.

Exemple : La tumeur thyroïdienne de la base du cœur correspond à l’apparition de follicules


qui ressemblent à des follicules thyroïdiens, à la base du cœur suite à un défaut lors de la
migration des bourgeons thymiques lors du développement embryonnaire. Certaines cellules
embryonnaires destinées à être des thyréocytes restent au niveau de la base du cœur et sont
donc présentes dès la naissance de l’individu. Parfois, la présence de ces cellules ne pose
aucun problème. Mais il arrive qu'elles se tumorisent.

➢ Tératome

Tératome : tumeur constituée de tissus plus ou moins différenciés appartenant aux trois
feuillets embryonnaires. Elle peut être bénigne ou maligne. C'est un type de tumeur peu
frequent.

Exemple : Il existe des tumeurs ovariennes contenant à la fois des poils (ectoderme), des
plaques de cartilage (mésoderme), un épithélium respiratoire avec des cellules ciliées
(endoderme).

Remarque : Il est à noter que les tumeurs dysgénésiques sont rares. Et parmi ces trois sous
types, c’est l’hamartome qui est le plus fréquent.

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2. Tumeurs à tissus matures
La nomenclature des tumeurs à tissus matures est à connaître et tombera au partiel.

➢ Tissus épithéliaux
Ce tableau est à bien connaître, et les termes qui suivent sont aussi à retenir car ils sont utilisés
dans les comptes rendu de description des tumeurs ou tout simplement dans l’information du
type de tumeur qu’on observe.

A ces termes, on ajoute différentes particules ou qualificatifs afin de préciser son aspect ou
son origine :

De plus, il existe des dénominations particulières :


• circumanalome bénin = adénome des glandes circumanales
• circumanalome malin = adénocarcinome des glandes circumanales
• céruminome bénin = adénome des glandes sudorales du conduit auditif
• céruminome malin = adénocarcinome des glandes sudorales du conduit auditif

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Attention aux exceptions :
• Le carcinoïde est une tumeur du système endocrinien diffus et non de l’épithelium de
revêtement comme on pourrait le penser. Ce terme est cependant de moins en moins
utilisé au profit du terme de carcinome endocrine.
• Une lésion pré-tumorale est appelée kératose solaire dans le cas où l’agent étiologique
est les UV. Ce terme désigne les lésions et non la tumeur. On reconnaît la kératose
solaire par ces symptômes

➢ Tissus mésenchymateux et musculaires

La nomenclature est simple :


▪ Tumeur bénigne : nom de la cellule d’origine + suffixe « - ome ».
▪ Tumeur maligne : nom de la cellule d’origine + suffixe « - sarcome ».

Il existe des exceptions à savoir :


• Si la cellule d’origine est le péricyte (cellule qui entoure les capillaires) on parle
d’hémangiopéricytome bénin / malin.
• Dans le cas du sarcome de Sticker (où la cellule d’origine est inconnue) et où il y a une
dissémination possible par greffe (cf. les stickers qui collent : transmission par contact).
On n’a pas de nom pour ces types de tumeurs.
• Et le suffixe “-atose” sert encore à désigner des tumeurs multiples (ex : une
fibromatose correspond à plusieurs nodules de fibroblastes).

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De plus, il y a aussi des associations de tumeurs possibles :
• Fibroléiomyome : une tumeur bénigne (au niveau des parois de l’intestin ou de
l’utérus) avec des cellules qui ressemblent à des fibroblastes et d'autres qui
ressemblent à des cellules musculaires lisses.
• Quand on a 3 tissus mésenchymateux distincts (vaisseaux, fibroblastes et tissu
musculaire), on parle de mésenchymome, (qui est plus court).
▪ Un angiofibroléiomyome devient alors un mésenchymome bénin.
▪ Un ostéochondromyxosarcome devient un mésenchymome malin (myxo=tissu
embryonnaire riche en MEC, surtout en substance fondamentale) où une partie
est constituée de tissu osseux, une autre de cartilage et une dernière de tissu
embryonnaire.

➢ Cellules hémato-lympho-poïetiques

On prend pour la nomenclature : nom de la cellule d’origine + suffixe « -ome » + grade.


Elles sont toutes malignes (sauf histiocytome et parfois lors de plasmocytomes), c'est
pourquoi on n'utilise plus le suffixe “-sarcome”.

Remarques :
▪ Leucémie : Tumeur d’emblée multicentrique avec atteinte de la moelle
épinière et passage des cellules tumorales dans le sang.
Ex : Leucémie lymphoide, myeloide, monocytoide, a plasmocytes, a
mastocytes…
▪ Leucémie lymphoide + lymphome = hémopathies malignes lymphoides

➢ Tumeurs d’origine nerveuse

• Tumeur bénigne : nom de la cellule d’origine + suffixe « ome ».


• Tumeur maligne : nom de la cellule d’origine + suffixe « ome » + adjectif « malin ».

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Exemples :
Cellules de Schwann : - bénin : Schwannome
- malin (rare) : Schwannome malin
Mélanocyte : - bénin : mélanocytome (anciennement «mélanome»)
- malin : mélanome (anciennement « mélanome malin »)

III. Conclusion et introduction à la demarche


diagnostique en cancérologie, place de
l’histopathologie

En clinique, il faut savoir reconnaître les formes de tumeurs : c'est la suspicion clinique. Pour
la confirmer, il faut faire un diagnostic par des examens complémentaires de confirmation par
une étude morphologique au microscope (cytoponction analysée par un cytologiste ou
biopsie/pièce d’exérèse chirurgicale analysée par un histologiste).

L'histologiste doit répondre à 4 questions :

• Est-ce bien une tumeur ?


Les principaux paramètres morphologiques sont la désorganisation de l'architecture tissulaire,
l'envahissement des tissus voisins, les caractères massif et monomorphe de l'infiltration
cellulaire. Il est parfois difficile de différencier hyperplasie et néoplasie. En cas de doute, on
s'aide de notre expérience, des commémoratifs précis du clinicien, on refait un examen un
peu plus tard et on observe l’évolution clinique, puisque c'est le suivi clinique qui permet
toujours de trancher.

• Est-ce une tumeur bénigne ou maligne ?


On utilise les critères morphologiques ou des indicateurs biologiques (Ki67).

• Quelle est l’origine cellulaire de la tumeur ?


On utilise les critères architecturaux ou l'immunomarquage.

• Quel est le risqué pour l’animal ? = EVALUATION DU PRONOSTIC


En cas de tumeur bénigne, le pronostic dépend de la localisation anatomique : une chirurgie
large permettra la guérison si l’accessibilité est satisfaisante.

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En cas de tumeur maligne, les facteurs sont :
- les facteurs cliniques : le stade (degré d'envahissement), le volume, l'état général
de l'animal, la présence d’insuffisances organiques, la qualité de la prise en charge
médicale (expérience du clinicien).
- les facteurs biologiques = biomarqueurs
- les facteurs histologiques (= facteurs histopronostiques), qui doivent permettre:
o l'évaluation de l'agressivité de la tumeur par la notion de “grade”: il permet
d’estimer la durée de survie probable de l’animal traité. Le grade dépend
du type de tumeur, de sa localisation et de l'espèce atteinte.
Un grade est défini par un chiffre : “I” correspond à une probabilité de
survie élevée après mise en place d’un acte thérapeutique (tumeur peu
aggressive), “II” est intermédiaire et “III” (voire IV) correspond à une
probabilité de survie faible (tumeur très aggressive). Le grading n'a d'intérêt
que s'il est relié à la survie de l'individu.
Attention à ne pas confondre le grade (analyse histologique) et le stade
(étude clinique des organes envahis).
Culture G : exemple de grade : le grading de Patnaik pour les mastocytomes
cutanés du chien.
o l’évaluation du risque d'essaimage métastatique : il permet d’estimer la
nécessité d’un traitement adjuvant. La présence d’un essaimage
métastatique aggrave le prognostic, induisant la realisation d’un traitement
systémique (= chimiothérapie).
o l’évaluation du risque de récidive (évalué sur la pièce d'exérèse) : il permet
d’estimer la nécessité d’une ré-intervention chirurgicale. On évalue le
caractère inflitrant de la tumeur, ce qui dépend du type cellulaire, du grade
et de la qualité des marges d'exérèse (marges saines (→ récidive peu
probable), marges infiltrées (→ récidive probable) ou marges avec distance
de sécurité insuffisante (→ récidive possible)).

Remarque : notion de distance de sécurité : pour les tumeurs peu différenciées (donc plus
agressives), la distance à laisser avec les tissus sains est d’au moins 5 mm !

Dans l’avenir, on utilisera de plus en plus les biomarqueurs pronostiques, qui se basent sur
l'étude des mécanismes moléculaires (détection de certains gènes,...). Par exemple, on a
découvert chez les ostéosarcomes appendiculaires du chien, que les chiens qui ne survivaient
pas plus de 6 mois avaient une surexpression de 37 de leurs gènes. Ce groupe de gènes
représente donc un biomarqueur pronostique.

A partir des facteurs cliniques, histopronotiques et biologiques, on peut proposer comme


traitement la chirurgie, la chimiothérapie/immunothérapie ou la radiothérapie en mesurant
dans chacune de ces mesures la balance bénéfice sur les contraintes occasionnées.

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CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

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ETUDE DE CAS
Pour l’examen, il faut connaitre les mécanismes et aspects macroscopiques des lésions
élémentaires. Il y aura une partie de connaissance et une partie étude de cas avec des photos
projetées, un peu comme ceux présentés ci-dessous. Ceci permet d’introduire et de préparer
l’Anatomie Pathologique du S8 (déclinaison selon l’organe et l’espèce).

I. Nomenclature
Petit rappel de nomenclature :
• Pour l’inflammation, on met le nom de l’organe suivi de « ite ». Par exemple entérite.
• Type d’inflammation: suppurée, nécrotique, hémorragique
• Distribution: diffus,…
• Durée: aiguë, subaiguë, chronique
• Sévèrité

Par exemple dans ce cas-là on a une entérite nécrotique et hémorragique diffuse sévère.

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II. Etude de cas
A. Partie de S. Belluco
Rappel: Lors de la description d’une lesion, on doit parler de sa taille, sa forme, sa couleur et
sa consistence.

Cas 1 : Bovin avec mort brutale


Au niveau de l’aorte et des valvules sigmoïdes, on observe un matériel jaunâtre facilement
déchirable, il s’agit donc de fibrine (dépôt jaune friable) et de fibrose (tissu ferme qui tient).
La lésion est-elle aiguë / subaiguë / chronique ?
Il s’agit d’une lésion chronique car il y a de la fibrose.
Dans quelles conditions se développe une inflammation chronique ?
Il faut qu’il y ait persistance des stimuli inflammatoires: infection difficile à éradiquer,
exposition prolongée, cas où le stimulus est une molécule du soi.

Pour rappel,

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INFLAMMATION AIGUE INFLAMMATION CHRONIQUE
Installation Rapide Après une inflammation aigüe
apparente ou non
Durée Courte (minutes, heures, Longue
2-5 jours)
Caractéristiques Extravasation des Leucocytes dominants:
leucocytes et des Lymphocytes et macrophages
proteines plasmatiques Angiogenèse
Fibrose

Les lésions au niveau de l’aorte sont des lésions secondaires, conséquences de la lésion
vasculaire. L’insuffisance cardiaque gauche entraine une congestion et un œdème pulmonaire
avec des emboles. On a alors un infarctus blanc au niveau du rein et donc, une nécrose de
coagulation due à un arrêt de la circulation cellulaire (la vascularisation est de type terminale
au niveau du rein).

Cas 2 : Faucon trouvé mort


Description des lésions: petits nodules blancs de consistance ferme, répartis de manière
homogène.
S’agit-il d’un abcès / granulome / kystes / tumeur?
Ce ne peut pas être un abcès car il faut du pus. De même, pour un kyste il faudrait qu’il y ait
présence de liquide.
→ Ici il s’agit de granulome multiple. C’est une lésion chronique qui apparait en présence d’un
corps étranger (contrairement à la tumeur).
ATTENTION à ne pas confondre le granulome et le tissu de granulation. Les cellules impliquées
dans le granulome sont les lymphocytes, les macrophages et parfois les cellules géantes
multinuclées. On distingue l’inflammation granulomateuse du granulome (généralement avec
une capsule fibreuse et de la nécrose au centre).

Lymphocyte
Lymphocyte

Macrophage

Cellule
epitheloïde

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Les agents étiologiques sont les corps étrangers, les parasites, les bactéries intracellulaires. Ce
sont souvent des agents difficiles à éradiquer.
→ Ici il s’agit de mycobactéries responsables de tuberculose.

Cas 3 : Cheval avec de la fièvre et tuméfaction de la gorge à droite


Après ponction, on obtient un liquide épais jaune de densité élevée, avec de nombreuses
protéines et neutrophiles.
S’agit-il d’un transsudat ou d’un exsudat ?
C’est un liquide riche en protéines et en leucocytes donc c’est un exsudat (exsudat =
inflammation).

De quel type d’exsudat s’agit-il ?


C’est de l’exsudat supuré.
Sachant que celui-ci est localisé dans les poches gutturales, quel est le nom de cette lésion?
C’est un empyème (pus dans une cavité préformée). A différencier de l’abcès et du phlegmon.
L’agent étiologique est une bactérie intracellulaire (Streptococcus equi), on a donc traité avec
des antibiotiques.

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Deux semaines plus tard, on observe une vascularite nécrosante avec la présence de
neutrophiles au niveau des gencives. On a aussi fait des examens complémentaires qui ont
mis en évidence la présence de complexe immuns.
De quoi s’agit-il ?
Cette réaction est caractéristique de l’hypersensibilité de type 3.

B. Partie de D. Watrelot
Cas 1 : Rapport d’autopsie chez un boxer de 8 ans
Ce chien a été euthanasié car il présentait une tumeur à la base du cœur qui se traduisait par
de l’anorexie, léthargie et une fatigabilité à l’effort.
A l’autopsie, le cœur présentait un centre remanié, nécrotique et hémorragique avec du
liquide jaunâtre. De plus, le foie était de volume et de consistance augmentés avec une
coloration rouge foncée centro-lobulaire et une décoloration périlobulaire.

Quel est le type d’épanchement et le mécanisme de formation associé ?


Il s’agit d’un transsudat par augmentation de la pression hydrostatique qui entraine un
phénomène de stase (congestion passive) chronique. En effet, si c’était un phénomène aigu, le
foie serait très gros et plein de sang: les modifications macroscopiques n’auraient pas eu le
temps de se faire.

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Cas 2 : Border collie de 6 ans en bon état général le matin et retrouvé mort le soir
Les lésions sont une pâleur des muqueuses, une hémorragie multifocale de taille variée
(pétéchies et hématomes) et environ 300 ml de sang non coagulé dans le sac péricardique
(hémopéricarde).

La mort est due à une compression du cœur dans le sac péricardique. L’hémorragie provient
d’un empoisonnement à la mort aux rats (pas de coagulation dans le sac péricardique). On a
donc des troubles de la coagulation au niveau de l’hémostase secondaire. L’antidote est la
vitamine K. Pour rappel, les facteurs de coagulation vitamine K dépendants sont les facteurs
II, VII, IX et X.

Cas 3 : Poulain pur sang arabe de 6 mois


Ce poulain présentait de la maigreur, une cachexie, une anémie et un retard de croissance. Sa
mère avait été vue 15 jours auparavant pour les mêmes raisons.
A l’examen nécroscopique, on retrouve 2L d’épanchement jaune clair transparent.

Quelle est la lésion et son mécanisme de formation associé ?


C’est un transsudat par diminution de la pression oncotique qui entraine un oedème diffus
marqué de la paroi stomacale.

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La diminution de la pression oncotique est due à un manque de protéines. Trois causes
peuvent expliquer un manque de protéines: une baisse de la production, un excès
d’élimination ou un défaut d’apport. Ici, il s’agit très certainement d’un défaut d’apport car on
a retrouvé des ténias dans les intestins du poulain.

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TD : LES LESIONS CELLULAIRES

Introduction :
« Le développement de la quasi-totalité des maladies débute toujours par des altérations moléculaires
ou structurales dans les cellules (« lésions cellulaires ») » Rudolf Virchow (1821-1902)
L’anatomie pathologique consiste en la reconnaissance de ces lésions aux différentes échelles. Elle a
pour but le diagnostic des maladies, leur pronostic, l’évaluation des effets de la thérapeutique, la
compréhension des causes et des mécanismes des maladies.
Définir la pathologie passe par étudier sa cause (Etiologie), sa pathogénie, les modifications
morphologiques, et les conséquences cliniques attendues. Elle est au carrefour de nombreuses
disciplines cliniques : Médecine et chirurgie, imagerie médicale, Hématologie, biochimie et cytologie,
immunologie, microbiologie et biologie moléculaire.

I/ Les principales causes d’agressions cellulaires :

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Exemple 1 : Cas d’une thrombo-embolie aortique chez un
chat, une urgence médicale.
Pour quelle raison cette lésion peut-elle être à l’origine
d’agressions cellulaires ?
Présence d’une masse rouge obstruant la lumière au
niveau de la partie terminale de l’aorte abdominale
(bifurcation iliaque). S’en suit un arrêt d’apport de sang
donc un arrêt de l’oxygénation.
Les territoires situés en aval de cette lésion, soit
l’ensemble des tissus présents au niveau des deux
membres postérieurs, sont concernés par cette lésion

II/ Quiz :
1/L’un des mécanismes les plus importants dans le développement des lésions cellulaires est la
déplétion en ATP : VRAI
2/Cette déplétion est à l’origine d’une fuite d’eau hors de la cellule secondairement à la fuite de Na+.
FAUX (C’est le contraire, le Na+ rentre, l’eau suit)
3/La déplétion en ATP est à l’origine d’une défaillance de la pompe Ca2+ : VRAI
4/Elle entraîne une augmentation du pH intracellulaire : FAUX (diminution)
5/Les mitochondries jouent un rôle important dans le développement de lésions cellulaires :
-Les lésions mitochondriales entraînent une fuite d’ion K+ à l’origine d’une perte de potentiel
membranaire et d’une nécrose de la cellule FAUX
-Fuite de protéines pro-apoptiques VRAI
6/ Vrai/Faux
-Les voies métaboliques normales peuvent générer des radicaux libres VRAI
-Des mécanismes tels que l’inflammation peuvent générer des radicaux libres VRAI
-La vitamine E, la ferritine, la glutathion peroxydase sont des exemples d’agents anti-oxydants VRAI

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-Les radicaux libres entraînent une peroxydation des lipides membranaires et une oxydation des
protéines VRAI
-Les radicaux libres n’ont pas de conséquences sur le matériel génétique nucléaire FAUX (Les radicaux
libres peuvent entrainer des lésions de l’ADN : cassures simple ou double brin, formation de ponts,
cross-links…)
7/ Nature de l’agression/Réponse cellulaire:
A : stimulus modéré et transitoire : le type de lésion est une dégénérescence hydropique
B : Stress : le type de lésion est un ensemble d’adaptations cellulaires
C : Stimulus progressif et/ou sévère : le type de lésion est une mort cellulaire
D : Altérations métaboliques : le type de lésion est un ensemble d’accumulations intracellulaires.
8/ Biopsie rénale de chien.

Examen histologique : Structures sphériques avec cavité : Tube contourné proximal, caractérisés par
des microvillosités au pôle apical des cellules.
Aspect anormal : Pôle apical moins nette, villosités moins nettes. Le cytoplasme des cellules est plus
pâle, avec un aspect vacuolisé, parfois plus éosinophile et hyalin.
Cela correspond à : Une dégénérescence lipidique, une dégénérescence hydropique ( lésion
réversible ), une nécrose des cellules épithéliales des tubes , une apoptose des cellules épithéliales des
tubes ?
On peut relier cette lésion à un rein de surface d’aspect normal. (Photo C). Ces lésions sont très peu
visibles à l’œil nu.
9/ A quel processus de mort cellulaire ces affirmations se rapportent-elles ?
Arrêt irréversible des réactions chimiques : Nécrose ou apoptose ?

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Libération directe du contenu dans la matrice extracellulaire avec secondairement le déclenchement
d’une inflammation : Nécrose
Processus de mort cellulaire génétiquement programmé et régulé : Apoptose
Processus de mort cellulaire se développant toujours dans des circonstances pathologiques : Nécrose
Intervention de caspases : Apoptose
10/ Homme d’environ 50 ans, décédé brutalement. Réalisation d’une autopsie médico légale. Cœur
ayant un aspect normal. NB : La paroi des oreillettes est fine, il est normal qu’elles apparaissent un peu
sombres.
Peut-on suspecter un infarctus du myocarde : Oui. Cet homme est mort brutalement. Il existe un
décalage entre le développement de la lésion et le moment où on peut la voir. Délai long à l’œil nu,
plus court au microscope.

11/ Au cours d’une investigation clinique sur un chat présentant une altération rapide de son état
général (avec notamment arrêt de l’émission d’urine, vomissements…) et des anomalies
échographiques sur les reins, des biopsies échoguidées sont réalisées.
Compte rendu de l’examen histologiques : Cellules parfois remplacées par un matériel éosinophile et
des décris caryorrhectiques. Des cellules épithéliales hyper-eosinophiles avec un noyau condensé ou
fragmenté ou lytique sont présentes. Ceci correspond à une nécrose des néphrocytes.

12/ Chat 8 ans, décédé d’une cardiomyopathie hypertrophique.


Aspect anormal : Lésions bien délimitées, pâles, localisées principalement dans le cortex rénal,
grossièrement triangulaires avec la base au niveau de la capsule et la pointe en direction de la jonction
cortico-médullaire.

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Quel est le type de nécrose correspondant à ces lésions rénales? Nécrose de coagulation.

Examen histologique de la lésion rénale : On retrouve les lésions bien délimitées (rose plus foncé). En
zoomant d’avantage :

A- L’architecture des tubules et glomérules est conservée, mais les cellules les constituant sont
hyperéosinophiles ou noyau disparu (caryolyse). VRAI
B-Leur structure est disparue et cellules en partie détruite, et d’autres avec cytoplasme vacuolisé.
FAUX
1-En périphérie, nombreux débris cytonucléaires, issus de cellules inflammatoires sont visibles (PNN
notamment, et lymphocytes) VRAI
2-En périphérie, des colonies bactériennes abondantes sont visibles. (non, particules trop grandes,
débris cytolytiques plutôt) FAUX

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CCL : nécrose de coagulation du cortex rénal, bien délimitée, entourée par une inflammation
secondaire.
- A quelle cause pourrait-on penser ? Arrêt de la vascularisation, infection à bactéries pyogènes, à
Mycobacterium, dérégulation de la voie intrinsèque de l’apoptose.
13/ Un veau est retrouvé plusieurs jours après
s’être échappé de son élevage.
Au niveau des membres postérieurs en partie
distale, on observe une gangrène sèche.
(Vasoconstriction puis hypoxie, due au froid…)

14/ Elevage de 200 moutons à viande, perdant 20% des agneaux. Agneaux souvent retrouvés morts
sans signes cliniques ; rarement, observation de dyspnée.
A l’autopsie, des lésions cardiaques sont observées, sur lesquelles un examen histologique est réalisé.
Normalement, on devrait observer des cardiomyocytes avec striation. Or, on observe des
cardiomyocytes hyperéosinophiles, avec un noyau basophile condensé, et une perte de la striation
intracytroplasmique.
Est-ce une nécrose de coagulation ? OUI

NB : carence de vitamine E, oxydation augmentée des cellules et donc nécrose de coagulation. Pourquoi
des troubles respiratoires : on observe également une nécrose musculaire du diaphragme…
15/ Au cours d’une laparotomie exploratrice d’un chien adulte présentant d’importantes douleurs
abdominales, on observe des lésions en relief, jaunes, de consistance augmentée (ferme).
Cette lésion est-elle : une tumeur du péritoine, une cytostéatonécrose, gangrène humide de l’intestin,
nécrose caséeuse des nœuds lymphatiques périphériques ?
Quel organe est probablement responsable de cette lésion ? Foie, reins, pancréas, glandes surrénales ?

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NB : Normalement, synthèse des
enzymes pancréatiques intervenant
dans la digestion. Les lipases, au lieu
d’aller dans le tube digestif, se
retrouvent dans la cavité abdominale
(suite à un traumatisme quelconque
du pancréas). Saponification du
tisseux adipeux, d’où une consistance
augmentée (vs nécrose où la
consistance est plutôt diminuée)

16/ Cochon d’Inde de 5 ans, présenté pour une masse ou niveau du cou.
Quels sont les organes lésés : Thyroïdes, Glandes salivaires mandibulaires, nœuds
lymphatiques cervicaux.

Biopsie : Cellules présentant un cytoplasme hyperéosinophile, un noyau pycnotique, ou


caryorrhectique voire lytique. Association avec une perte des détails cellulaires. On observe une
Macroscopiquement : Abcès du nœud lymphatique.
NB : Quelle en est la cause : Bactérie pyogènes, Streptococcus zooepidemicus
17/ Relier les photos à la lésion correspondante.

Gangrène sèche

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Gangrène gazeuse

Nécrose de caséification

Gangrène humide

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Nécrose de liquéfaction

Nécrose de coagulation

18/L’apoptose est un mécanisme pouvant se rencontrer en


situation physiologique ou pathologique : VRAI
19/ L’apoptose
Qui de la voie intrinsèque ou extrinsèque fait intervenir les
mitochondries et un déséquilibre entre protéines pro-
apoptotiques et anti-apoptotiques ? Voie intrinsèque ou
extrinsèque ?
La voie directe de l’apoptose est typique des lymphocytes T
CD4+ : FAUX

Parmi ces 3 molécules, laquelle intervient dans la phase d’exécution de l’apoptose ? Caspase 8 Caspase
9, Caspase 3 ?
Les corps apoptotiques sont rapidement phagocytés et ne sont pas à l’origine d’une inflammation dans
le tissu concerné : VRAI
20/ A propos de l’apoptose, Quelle est l’affirmation vraie ?
A : Il est impossible de faire la différence par examen histologique entre de l’apoptose ou de la nécrose
dans un tissu

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B : L’apoptose joue un rôle dans l’élimination de cellules ayant accompli leur rôle ou devenues
inutiles
C : Dans le développement des tumeurs, on note souvent des anomalies moléculaires à l’origine d’un
excès d’apoptose
21/ A quelle adaptation correspondent ces définitions ?
Augmentation de la taille des cellules dans un tissu : Hypertrophie
Evolution d’un type cellulaire vers un autre : Métaplasie
Diminution de la taille des cellules d’un tissu : Atrophie
Augmentation du nombre de cellules dans un tissu : Hyperplasie
Augmentation de la taille d’un organe : Hypertrophie
22/ Chien de 8 ans présenté pour augmentation de la prise de boisson et de l’émission d’urine
(polyuro-polydipsie). On observe les lésions suivantes :

Hyperplasie corticicurrénalienne

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Lésions cutanées :

On parle de dermatose atrophique.

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Ces images correspondent à une minéralisation cutanée.
A : Les lésions d’hyperplasie corticosurrénaliennes sont secondaires à l’augmentation de la sécrétion
d’une hormone. Laquelle ? Testostérone, Insuline, ACTH, Hormone de croissance ?
B : L’organe à aller investiguer chez ce chien est : L’hypophyse, l’hypothalamus, le pancréas (partie
endocrine), les thyroïdes ?
CCL : Ce chien souffre d’un hypercorticisme d’origine hypophysaire (maladie de Cushing)
22/ Les photos suivantes représentent des organes/tissus atrophiés. Déterminer la cause la plus
probable de leur atrophie :

Pression augmentée

Dénervation : Dégénérescence
nerveuse (nerf laryngé récurrent) ->
Atrophie des muscles crico-
aryténoïdiens -> Cornage laryngé

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Diminution des apports
nutritionnels

Perte de la stimulation
hormonale

23/ A propos des dépôts tissulaires, quel est l’ensemble des affirmations correctes ?
A : Une substance normale peut s’accumuler si le niveau de métabolisme n’est pas suffisant pour
l’éliminer
B : Une substance anormale endogène est produite et peut s’accumuler
C : Les substances exogènes telles que les particules de carbone sont facilement métabolisées par les
cellules spécialisées de l’organisme
D : Les accumulations cellulaires sont synonymes de lésions cellulaires
A et B
24/ Brebis adulte gestante, ayant présenté une toxémie de gestation quelques jours avant la
parturition. La toxémie de gestation est caractérisée par un degré variable de la lésion hépatique :
On a des hépatocytes de taille augmentée du fait de la présence de vacuoles intracytoplasmiques
optiquement vides, de tailles variables. Ceci est à associer avec une stéatose hépatocytaire.

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25/ Parmi ces 3 lésions, choisir celle correspondant à ces définitions :
C’est une substance amorphe s’accumulant en position extracellulaire
En se déposant, la substance entraîne une augmentation de la taille de l’organe
Le dépôt peut être héréditaire ou acquis
Le dépôt de cette substance affecte génétiquement le Shar-Peï
Cette substance se met en évidence par une coloration spéciale au Rouge Congo
Fibrose Mucinose Amyloïdose
25/ Définir la lésions sur ces organes :

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26/ Foie d’un macaque ayant développé une cardiomyopathie dilatée. Pour s’aider, on peut utiliser
une coloration : Trichrome de Masson. On observe alors un tissu éosinophile amorphe, homogène, en
périphérie des espaces portes et épaississant les travées hépatocytaires. Il s’agit d’une fibrose
hépatique.

27/ Ces photos représentent une lésion rénale de chien,


laquelle ?

Il s’agit d’une amyloïdose rénale.

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28/Laquelle de ces affirmations relatives à l’amyloïdose est fausse :
A : L’amyloïdose primaire est composée de substance AL et est secondaire à un dérèglement du
système immunitaire (exemple : myélome multiple)
B : L’amyloïdose secondaire se développe le plus souvent secondairement à une inflammation
chronique et est de type AA
C : Il existe des formes systémiques héréditaires qu’on retrouve par exemple chez le chat Abyssin
D : L’amyloïdose est une atteinte systémique. Il n’existe pas d’atteintes localisées
29/ Quelle photo illustre une mucinose cutanée ?

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29/ Associer ces caractéristiques au type de calcification correspondant :

30/Laquelle de ces circonstances n’est pas une cause de calcification métastatique? Destruction du
tissu osseux, carence en vitamine D, augmentation de la sécrétion de parathormone (PTH),
insuffisance rénale ?
31/Parmi cette liste, retrouver les deux organes dans lesquels une anthracose peut se développer.
A : Poumons et nœuds lymphatiques trachéobronchiques
B : Foie et pancréas
C : Organes génitaux et nœuds lymphatiques de drainage
D : Cœur et gros vaisseaux
32/Laquelle de ces photos n’illustre pas une mélanose ? Photo B

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32/ Soit un chat obèse de 7 ans, ayant fugué pendant 4 jours. Depuis son retour, il est faible,
désorienté. Apparition de vomissements. Aspect du chat au cours de l’examen clinique :

Cette lésion correspond à un ictère. Il


s’agit d’une accumulation de bilirubine.
Elle est à associer avec un
dysfonctionnement du foie, du sang, des
canaux biliaires, ce chat ayant
développé une lipidose hépatique.

III/ Conclusion :
Il existe des formes variées de dérèglements et d’adaptations cellulaires : l’adaptation de la taille des
cellules, de leur croissance et de leur fonction, des lésions cellulaires aiguës (Formes réversibles et
formes irréversibles), mort cellulaire programmée, altérations pathologiques dans les organites et
accumulations et dépôts intra ou extra cellulaires.
Ces notions de base sont utilisées en permanence (anatomie pathologique spéciale, médecine,
infectiologie, …) pour toutes les espèces afin de comprendre l’ensemble des mécanismes de
développement des maladies.

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CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

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TD 1&2: Les lésions cellulaires

I. Lésions réversibles : la dégénérescence


hydropique
La dégénérescence hydropique augmente la taille et le volume d’une cellule. Il s’agit
d’une surcharge hydrique due à l’impossibilité pour la cellule de maintenir une homéostasie
normale. Pour les cellules du SNC, on parle d’œdème cytotoxique. Pour celles de l’épiderme,
on parle de dégénérescence ballonisante. D’un point de vue fonctionnel, la cellule touchée
est affaiblie partiellement ou totalement. Selon l’épisode de dégénérescence hydropique
(+/- fort, +/- long), la cellule est plus ou moins touchée : le plus souvent la cellule encaisse le
coup et retourne à la normale, mais parfois cela peut conduire à une mort cellulaire.
A l’œil nu, il est difficile de voir une dégénérescence hydropique. On peut cependant
noter une pâleur accentuée de l’organe qui peut apparaitre gonflé et hypertrophié. Pour les
organes à capsule (ex : foie), le tissu apparait bombé à la section.
Histologiquement, cela se traduit par un cytoplasme finement vacuolisé.

II. Lésions irréversibles : nécroses et gangrènes


A. Les nécroses
Définition : La nécrose correspond à la mort naturelle de la cellule, devenue incapable de
survivre à ses lésions. Elle aboutit à une fragmentation de la cellule avec libération directe de
son contenu dans la MEC. Cela déclenche une réaction inflammatoire.
« Mais dit nous Bobby, quelle est la grande différence entre nécrose et apoptose ?
-Et bien la nécrose se caractérise principalement par une inflammation, pas l’apoptose. »
On peut distinguer plusieurs types de nécrose : la nécrose de coagulation, la nécrose
gangréneuse (les gangrènes), la nécrose caséeuse et la nécrose de liquéfaction.

1/4
NB : Les gangrènes sont des types de nécroses gangréneuses. Les gangrènes font donc
partie des nécroses, plus particulièrement des nécroses de coagulation.

Nécrose de coagulation Nécrose caséeuse Nécrose de Nécrose du tissu


liquéfaction adipeux ou
cytostéatonécrose

Microscopiquement Préservations des Amas de cellules Digestion de cellules


contours cellulaires. mortes. Présence de mortes qui forment
bactéries notamment une masse de liquide.
les bacilles (ex : Présence de bactérie
tuberculose). pyogène.

Macroscopiquement Le tissu nécrosé Masse granuleuse Pus, abcès, l’organe Consistance


conserve sa forme. friable aspect fromage peut être localement augmentée, en cire
Nécrose pâle, sèche, blanc. hypertrophié. de bougie, de couleur
délimitée le plus blanchâtre.
souvent par une
inflammation.
Causes Hypoxie Présence de bactérie Inflammation -enzymatique
et inflammation suppurée d’origine -traumatique
granulomateuse. bactérienne.
Remarques Touche tous les tissus Se développe souvent
sauf le parenchyme dans le SNC.
cérébral.

Nécrose de coagulation Gangrène sèche Gangrène humide Gangrène gazeuse


Microscopiquement Pas de prolifération Présence de bactéries Présence de bactéries
bactérienne. saprophytes. (Mais anaérobies (Clostridies)
saprophyte à qui ?)
Macroscopiquement Aspect cartonné, sec. Tissu mou, humide, rouge Couleur rouge foncé à
sombre à noir, odeur noir, bulle de gaz et
putride. exsudat liquide pouvant
contenir du sang.
Causes Arrêt de la circulation (ex : Infection bactérienne Infection bactérienne
infarctus) ou saprophyte suite à une anaérobies suite à une
vasoconstriction phase d’hypoxie. phase d’hypoxie.
prolongée.
Remarques Touche surtout les
extrémités.

B. Apoptose
L’apoptose est un cas de mort cellulaire programmée suivant une séquence
d’évènements cellulaires bien précis et initiée par un programme auto-induit finement
régulé. Elle permet d’éliminer une cellule potentiellement dangereuse, sans provoquer de
dommage aux cellules environnantes. Elle se rencontre en condition physiologique et
pathologique.

2/4
En microscopie optique, la reconnaissance de cellules apoptotiques se base sur
l’observation d’une contraction cellulaire et d’une condensation de la chromatine. La
présence de bourgeons de cytoplasme et de corps apoptotiques isolés ou phagocytés facilite
le diagnostic d’apoptose. Une des caractéristiques principales permettant la reconnaissance
de l’apoptose est qu’elle concerne des cellules isolées dans un tissu.
Il existe plusieurs voies de déclenchement de l’apoptose et la régulation de ce
mécanisme peut être déréglée induisant des pathologies liées par exemple à un excès
d’apoptose (cf cours).

III . Les termes classiques pour décrire une lésion


cellulaire
- Atrophie : Réduction de la taille des cellules après avoir atteint leur taille normale. Elle est
la conséquence d’agressions graduelles et continues dans le temps. Elle peut être normale
(ex : durant de développement embryonnaire) ou pathologique (ex : carence nutritionnelle
sévère).

- Hypertrophie : Augmentation de la taille des cellules. Il n’y a néanmoins pas


obligatoirement d’hyperplasie. Elle peut être normale (ex : la musculation) ou pathologique
(ex : cardiopathie).

- Hyperplasie : Augmentation du nombre accompagnée d’une augmentation de l’activité


mitotique. Ce processus n’est qu’une réponse à une stimulation. Elle peut être normale (ex :
les glandes mammaires avant lactation) ou pathologique (ex : le goitre d’hyperthyroïdisme).

- Métaplasie : Changement de type cellulaire par un autre. La lignée germinale reste


identique. Cela concerne surtout les épithéliums.

III. Les différents types d’accumulations


cellulaires
- La fibrose : C’est une lésion élémentaire du tissu conjonctif caractérisé par l’augmentation
des constituants fibrillaires de la MEC. Elle se développe dans un contexte inflammatoire,
dans des tissus fonctionnels mais altérés (fibrose dystrophique), dans le stroma des tumeurs
et peut aussi être d’origine idiopathique.
A l’œil nu, elle se reconnait facilement : tissu blanchâtre, consistance ferme, l’organe dans
lequel elle se développe est souvent atrophié et déformé.
Histologiquement, il y a une augmentation de l a quantité de collagène (coloration de
Masson).
Elle évolue soit en se stabilisant soit en s’aggravant, mais très rarement en régressant.

3/4
- La mucinose : C’est un syndrome causé par l’accumulation de muco-polysaccharides dans la
MEC dermique. C’est une lésion cutanée. On distingue la mucinose primaire et secondaire.
A l’œil nu, cela se traduit par un épaississement et un plissage de la peau. L’aspect peut être
nodulaire ou papuleux.
Histologiquement, il y a accumulation dans le derme d’une substance gris-bleu pâle entre les
faisceaux de collagène.

- L’amyloïdose : C’est un dépôt dans la substance fondamentale de protéines insolubles


appelées « substance amyloïde ». Ces protéines sont résistantes à la protéolyse. Elle peut
être systémique ou localisée.
A l’œil nu, l’organe est de taille augmentée, de consistance modérément ferme, avec une
pâleur accentuée.
Histologiquement, il y a la substance amyloïde dans la MEC : elle apparait amorphe,
éosinophile. La coloration au rouge de Congo peut s’avérer très utile dans ce cas.

- La calcification : C’est un dépôt de sels de calcium. On reconnait deux types de calcification,


la calcification dystrophique et la calcification métastatique.
Pour la première, elle se développe dans les zones de nécrose, alors que la calcémie est
normale. Cela résulte d’une mauvaise régulation cellulaire des flux de calcium dans un tissu.
Pour la seconde, elle se développe dans les tissus sains secondairement à une
hypercalcémie.
A l’œil nu, cela se traduit par la présence d’un matériel blanc et dur qui crisse à la coupe. On
le repère souvent dans les poumons, l’estomac, les reins et les vaisseaux sanguins.
Histologiquement, il y a des dépôts basophiles en position intracellulaire ou extracellulaire.
On peut aussi faire une coloration Von Kossa.

- Accumulation de bilirubine : La bilirubine peut s’accumuler dans les tissus lorsque sa


production est augmentée et/ou lorsque son excrétion est diminuée. L’accumulation de
bilirubine se traduit alors par une teinte jaune des tissus. On parle d’ictère. Il y a trois grands
types d’ictères (pré hépatique, hépatique ou post hépatique). L’ictère ne se repère qu’à l’œil
nu au niveau des muqueuses, histologiquement on ne peut rien voir.

4/4
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‫أذكار المنزل‬ ‫أذكار الوضوء‬ ‫أذكار المسجد‬ ‫أذكار اآلذان‬

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‫فضل القرآن‬ ‫فضل السور‬ ‫فضل الذكر‬ ‫فضل الدعاء‬

‫القرآن‬ ‫الرقية الشرعية‬


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2020

Unité d'Enseignement
Anatomie pathologique
spéciale
2ème Année – S8

DZVET 360
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UE : S8 - ANATOMIE PATHOLOGIQUE SPECIALE

OBJECTIFS D'ENSEIGNEMENT

- être capable d'identifier, quel que soit l'organe, sur une image
macroscopique ou microscopique, une lésion simple, en suivant une
méthodologie rigoureuse et être capable d'exposer les mécanismes
aboutissant à leur développement et de décrire leurs conséquences
fonctionnelles

- être capable pour chaque organe ou appareil, en partant des


principales cause, de présenter les mécanismes pathogéniques observés
et de décrire et nommer les lésions qui en sont les conséquences

- être capable pour chaque organe ou appareil, d'identifier les


dominantes lésionnelles selon les bases acquises en Anatomie
Pathologique Générale, d'en citer la ou les causes et de nommer la ou
les principales maladies au cours desquelles elles peuvent être
observées
SOMMAIRE

1. CM 1-2 L'appareil génital


2. Introduction à l'anatomie pathologique
3. TD 1-2-3 La cavité orale
4. TD 4 Pré-estomacs des ruminants
5. TD 4bis Œsophage
6. TD 5 Estomac glandulaire
7. TD 6 Les intestins
8. TD 7-8 Appareil cardiovasculaire
9. TD 9-10 Pathologies rénales
10.TD 10bis Voies urinaires
11.TD 11 Foie
12.TD 12 Appareil respiratoire
13.TD 13 Appareil génital et système nerveux
14.TD 14 Rate
15.TD14bis Le thymus
16.TD 15 Nœuds lymphatiques
17.TD 16 – Autopsie
18.TD 16 - Exemples de Rapports d’Autopsie
19.BOOK – Color Atlas of Small Animal Necropsy
20.VIDEO - Necropsy Demonstration
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Module Anatomie pathologique spéciale - L'appareil génital

L'APPAREIL GENITAL

PLAN
Introduction...................................................................................................................................2
I/. Pathologies de l'appareil génital femelle..................................................................................4
II/. Pathologies de l'appareil génital mâle.....................................................................................15
III/. Pathologies du fœtus et du placenta.....................................................................................22
IV/. Pathologies de la mamelle.....................................................................................................28

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Module Anatomie pathologique spéciale - L'appareil génital

INTRODUCTION

Rappel : le développement des organes génitaux

L'appareil génital est programmé pour se développer en appareil génital femelle. Chez les
mâles, le chromosome Y porte le gène sry qui code pour la protéine SOX9.
La protéine SOX9 stimule les cellules de Sertoli à produire l'Hormone Antimüllérienne : AMH,
qui permet :
 La régression du canal de Müller (organes femelles)
 La différenciation des cellules de Leydig qui vont alors produire de la testostérone qui
- permet la différenciation des canaux de Wolff (partie tubulaire).
- devient de la di-hydrotestostérone qui permet la différenciation de la prostate, du
scrotum et du pénis.

En cas de
perturbation de la
production de la protéine
SOX9, les organes
génitaux seront de type
femelle.

On distingue 3 types de
sexes : chromosomique (X
ou Y, présence ou absence
de sry), gonadique (ovaire,
testicule, ovotestis (les
deux mélangés au sein de
la même gonade)),
phénotypique (forme
visible extérieurement).

1/. Les anomalies chromosomiques, gonadiques et phénotypiques de l'appareil


génital

Type d'anomalie Pseudohermaphrodisme Hermaphrodisme


Sexe XY XX
Gonades Testicules Testicules + ovaires
ou ovotestis
Genitalia tubulaires Féminin Féminin / Masculin

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Module Anatomie pathologique spéciale - L'appareil génital

2/. Le pseudohermaphrodisme

Il concerne surtout les mâles, mais avec un appareil génital femelle. Les testicules sont dans la
cavité abdominale (et souvent découverts à l'occasion d'une chirurgie), et il n'y a pas d'ovaires.
Les causes sont diverses
 anomalie du récepteur à l'AMH : il n'y a pas de régression du canal de Müller
 anomalie du récepteur à la testostérone : les testicules sont présents mais la
testostérone est sans action.
 anomalie enzymatique qui empêche la formation de la dihydrotestostérone : les
organes mâles ne sont pas différenciés

Testicule

Vésicule séminale

Utérus atrésique

Vulve et clitoris développés

Cornes utérines peu développées,


atrésiques

  du free -martinisme : C'est un cas fréquent


Cas
chez les bovins . Lors de la gestation
gémellaire avec des veaux de sexes différents,
il y a anastomose placentaire et donc échange de
sang entre les deux veaux. Or, le veau mâle se
développe en premier et produit la protéine
SOX9, qui va être transférée au veau femelle .
Celle- ci aura alors des ovaires, un utérus
malformé, des canaux de Wolff, un clitoris très
développé et des vésicules séminales.
Vésicule
séminale
ovaires

utérus

Canaux de Wolf

Vésicule séminale

Clitoris très
développé Page 3 sur 30
Module Anatomie pathologique spéciale - L'appareil génital

3/. L'hermaphrodisme

Il concerne le sexe chromosomique femelle (XX) : ces animaux auront un mélange entre des
testicules et des ovaires (un de chaque côté, ou un ovotestis : mélange entre ovaires et
testicules), et un phénotype mâle ou femelle.

I/. PATHOLOGIES DE L’APPAREIL GENITAL FEMELLE

A/. L’ovaire

1/. Rappel de physiologie

A la naissance, une femelle a un quota d'ovocytes primordiaux (1) sous la capsule de l’ovaire
(une couche de granulosa en cellules aplaties), qui se développent successivement en :

 Follicule primaire (2) : les cellules de la


granulosa deviennent cubiques.

 Follicule secondaire (3) : les cellules de


1 2 la granulosa sont plus grandes, il y a
formation de liquide et des thèques

 Follicule tertiaire (4) : les cellules de la


granulosa grandissent encore, et le
liquide s'accumule en vésicules

 Follicule de De Graff (5): les vésicules


3 4 de liquide fusionnent, et il se forme
l'antrum, qui est rempli d'oestrogènes.

 Puis un pic de LH entraine l'ovulation,


les cellules de la granulosa et de la
5 6 thèque forment le corps jaune (6) :
source de progestérone.

Avant la puberté, cette cascade s'arrête au follicule secondaire. Lors de la puberté, l'hypophyse
stimule la production de FSH qui permet la formation des follicules tertiaire et de De Graff.

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Module Anatomie pathologique spéciale - L'appareil génital

2/. Les kystes acquis

Un kyste : cavité remplie de liquide tapissée par un épithélium.

Pour un kyste ovarien, le liquide est le liquide antral et l’épithélium concerne les cellules de la
granulosa.

Les kystes ovariens sont de 3 types


-folliculaires
-lutéiniques
-corps jaune kystiques.

2.1/. Kystes folliculaires

Remarque : Ces kystes existent aussi chez la vache (à tout âge). On considère qu'il y a un kyste
si le follicule mesure plus de 2,5cm. Le kyste entraine un anœstrus, ce qui pose problème en
élevage. Il faut alors traiter la cause du kyste.

2.2/. Kystes lutéiniques

Cause : La LH est présente, mais en quantité insuffisante pour entraîner l'ovulation. Elle
transforme les cellules de la granulosa en cellules lutéiniques. La conséquence est également
un Anœstrus.

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Module Anatomie pathologique spéciale - L'appareil génital

2.3/. Corps jaunes kystiques


Fosse d’ovulation

3/. Les tumeurs

Les différentes origines des tumeurs de l’appareil génital femelle


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Module Anatomie pathologique spéciale - L'appareil génital

Cellules d'origine Tumeur Commentaire


Dysgerminome Rare
Cellules germinales Tératome Forme la plus fréquente parmi les
(oocytes) tumeurs des cellules germinales. Bénin
Tératocarcinome Malin mais rare
Tumeur des cellules de la
Cellules stromales
granulosa
gonadiques
Techome
Cystadenome
Epithélium de surface
Cystadenocarcinome

Remarque : Un tératome est caractérisé par la présence d’au moins deux tissus venant de
feuillets embryonnaires différents.

B/. Pathologies de l’utérus

1/. Les hyperplasies : Pathologies non inflammatoires

 Chez les carnivores domestiques :

Cause : Un kyste lutéinique (déséquilibre endocrinien) entraine une


surproduction de progestérone pendant la phase lutéinique. Les
traitements anti-chaleur à base de progestérone (surtout chez la chatte)
ou l'introduction d'un corps étranger (stérile ou bactéries) dans l'utérus
sont aussi responsable.

Pathogénie : La progestérone stimule la prolifération endométriale.

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Module Anatomie pathologique spéciale - L'appareil génital

Lésions : Hyperplasie endométriale ou glandulo-kystique.

Nombreux kystes ("bulles") sur la paroi


utérine.

Hydromètre, avec cornes utérines


dilatées

Complications : Pyomètre si prolifération bactérienne, Hydro-mucomètre si accumulation de


mucus (consistance visqueuse).

 Chez les ruminants, petits ruminants, truie et jument :

Cause : Un hyperœstrogénisme dû à un kyste folliculaire, ou une tumeur des cellules de la


granulosa, ou une plante œstrogénique (comme le trèfle). Les glandes de l'utérus sont
surdéveloppées, alors que les canaux excréteurs sont métaplasiés : ils vont se boucher et
former des "petites bulles" le long de l'utérus, ce qui empêche l’implantation embryonnaire.

Lésions : Hyperplasie endométriale éventuellement associée à une hypertrophie vulvaire et/ou


une hyperplasie mammaire.

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Module Anatomie pathologique spéciale - L'appareil génital

Les glandes de l'utérus sont surdéveloppées, ce qui


bouche les canaux excréteu rs et forme des "petites
bulles" le long de l'utérus.

Hypertrophie
vulvaire (truie)

Conséquences : L'implantation embryonnaire est impossible : l'animale est infertile ou risque


de faire des dystocies.

2/. Les lésions inflammatoires

Rappel de la structure de la paroi


utérine

Les principales pathologies inflammatoires de l'utérus sont l'endométrite, la métrite


(endomètre + myomètre) et le pyomètre.

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Module Anatomie pathologique spéciale - L'appareil génital

 L’endomètrite

Endométrite : lésion inflammatoire de l'endomètre uniquement.

Cause : Elle concerne les animaux non gestants, après un vêlage difficile. L'utérus est contaminé
par l'extérieur (voie ascendante). Les agents pathogènes sont divers : sperme, bactéries
(Taylorella equigenitalis, Trichomonas fœtus, E.coli) ou virus (Herpesvirus type 4).

Conséquences : Si l'inflammation est faible, il y a alors peu de dégâts, l'animal pourra retourner
en reproduction. Si l'inflammation est persistante ou sévère, il y a alors fibrose et donc stérilité.
C'est important chez la jument quand on cherche à expliquer une stérilité.

 La métrite

Métrite : lésion inflammatoire de l'endomètre et du myomètre.

Cause : C'est une complication de l'endomètrite qui atteint la musculeuse.

Lésions :
- Métrite nécrotique-hémorragique :
Hémorragie partout, et en coupe : exsudat
hémorragique.
- Métrite fibrino-nécrotique : de la fibrine se
détache de la muqueuse
- Métrite purulente = pyomètre
- Métrite granulomateuse : typique de la
tuberculose

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Module Anatomie pathologique spéciale - L'appareil génital

 Le pyomètre

C’est une pathologie très importante chez la chienne


et la chatte.

Cause : C’est une complication de l’endométrite


pendant la phase lutéinique : le col se referme pendant
la phase inflammatoire et le pus s’accumule dans
l’utérus. Divers agents pathogènes sont en cause (E.
coli, Streptocoques, Staphylocoques, Proteus spp, …)

Pathogénie : schéma ci-contre

Lésions : Nécrose de la muqueuse, hyperplasie glandulo-kystique, pus dans la lumière utérine.

Lésions associées : Kystes folliculaires ou lutéiniques, léiomyomes vaginaux (polypes


blanchâtres dans le vagin, à savoir identifier pour faire le bon traitement : enlever les ovaires).

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Grande quantité de pus .


La couleur du pus dépend de la bactérie pathogène :
- chocolat : E. coli ou Proteus
- jaune : Streptocoque ou Straphylocoque.

Pyomètre nécrotique. Les petits points sont


des reliquats de l'hyperplasie des glandes.

Pyomètre segmentaire ("en


saucisses")

Complications : Cystite, troubles rénaux (glomérulopathie à médiation immune à cause des


antigènes et anticorps circulants), hyperplasie myéloïde, endotoxémie et mort.

Conséquences cliniques : L'animal est en polyuro-polydipsie, abattu, et douloureux. Il y a un


risque de choc endotoxémique : c'est une urgence vétérinaire. Il faut enlever l'utérus, en
prenant le temps de bloquer le choc endotoxémique avant l'opération pour limiter les risques
de l'anesthésie sur cet animal fragile. Souvent, l’animal ne pourra plus se reproduire par la suite.

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C/. Le vagin et la vulve

1/. Le fibroléiomyome

Les chiennes âgées non stérilisées sont les plus à risque.

Cause : Des kystes folliculaires ou des tumeurs de la granulosa entrainent une production
d'oestrogènes qui est à l’origine de la métaplasie squameuse.

Tumeur qui peut


atteindre de grandes
dimensions (jusqu'a
sortir du vagin)

Muqueuse vaginale :
aspect cartonné à
cause des œstrogènes

Cette photo est plus typique, avec


plusieurs petites masses tumorales.

Cette tumeur existe aussi dans


l'utérus, mais plus rarement.

Conseil : il faut stériliser l'animal,


et ces tumeurs sont alors
réversibles.

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2/. Transmissible venerial tumor : Syndrome de sticker

C'est une tumeur de chien (mâles ou femelles) transmissible par simple contact
(coït, léchage…) entre les animaux, mais l'agent étiologique est inconnu. Les organes génitaux
(pénis et face dorsale du vagin) et la muqueuse orale sont les tissus-cibles. Les cellules de cette
tumeur ont pour caractéristique d'avoir 59
chromosomes (cette particularité est
étonnante pour une tumeur, qui est souvent
due à des mutations diverses entre les
cellules). Elles sont généralement bénignes et
régressent spontanément.

Remarque culturelle : Il existe une tumeur de la face du Diable de Tasmanie qui a les mêmes
particularités (transmissible par contact lors des bagarres, agent inconnu, nombre fixe de
chromosomes), et qui va causer sa disparition (mort par impossibilité de prise alimentaire) d'ici
une quinzaine d'années… Pauvre titi !

3/. Le carcinome épidermoïde

Il concerne les Bovins et les chevaux.

Cause : Les radiations solaires lors de prolapsus de la vulve.

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II/. LES PATHOLOGIES DE L’APPAREIL GENITAL MALE

A/. Le testicule et l’épididyme

Attention, la
localisation des
Testicule
testicules dépend
de l’espèce !

Face thoracique
d'un coq

1/. La cryptorchidie

Cryptorchidie : Descente incomplète des testicules.

Elle concerne toutes les espèces, est fréquente (13% des chiens), souvent unilatérale, avec une
composante héréditaire (il faut donc les retirer de la reproduction car considérée comme un
vice rédhibitoire. L’anomalie est autosomique récessive).

Causes prédisposantes :
- Anomalie du gubernaculum : le testicule n'est pas tiré dans le scrotum
- Hypoplasie du testicule : il n'est pas tiré car il est trop léger
- Oestrogènes pendant la gestation
- Fermeture retardée du nombril : la fermeture du nombril exerce une pression sur
l’abdomen facilitant la descente testiculaire. Si cette fermeture est retardée, la pression
s’exerce plus tard.

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Rein

Graisse

Testicule resté dans la


cavité abdominale

Lésion associée : Atrophie ou


hypoplasie du testicule à cause
de la chaleur de la cavité
abdominale.

A gauche : testicule hypoplasique


A droite : testicule normal

Complications:
- Tumeurs (Sertolinome (test. Abdominaux) ou séminome
(test inguinaux))
- Torsion lors de la tumorisation: nécrose et douleur qui est tellement intense qu’elle peut
provoquer un choc.

Conseil : Il faut retirer le testicule cryptorchide.

2/. Le granulome spermatique

Granulome spermatique : Réaction inflammatoire au sperme.

Cause : Lors de la vie fœtale, tous les antigènes passent par le thymus pour l'éducation des
lymphocytes. Or, il n'y a pas de spermatozoïdes lors de la vie fœtale, donc ils sont considérés
comme des corps étrangers pour le système immunitaire. Normalement ils ne sont pas en
contact avec le sang sauf quand il y a traumatisme ou hypoplasie des canaux efférents.

Pathogénie :

Réaction
Spermiostase =
Atrésie des Rupture des spermatozoïdes - Epididymite
Accumulation de
canaux efférents canaux efférents système granulomateuse
spermatozoïdes
immunitaire

Le système immunitaire développe une réaction et une mémoire immunitaire contre les
spermatozoïdes : ils sont tous des corps étrangers pour l'organisme (pas de CMH). Le
granulome peut alors se développer au niveau du testicule. Ceci n'a lieu qu'à partir de la
puberté.
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Lésions : La tête épididymaire augmente


de taille.
Matériel caséeux dans
la tête épididymaire

Atteinte du testicule

Conséquences : Infertilité et atrophie


testiculaire.

3/. Epididymite

Epididymite : Inflammation de l'épididyme.

Attention à ne pas confondre le granulome spermatique (réaction immunitaire, touche d'abord


la tête épididymaire car les canaux efférents sont atrésiques), et l'épididymite (due à un agent
étiologique, touche d'abord la queue de l'épididyme). Toutes les espèces sont concernées,
surtout le bélier et le chien.

Cause : Principalement les bactéries Brucella, qui atteignent l'épididyme par voie hématogène
pendant la saison reproductive, mais aussi
Actinobacillus, Histophilus et E. coli par voie
ascendante.

Pathogénie : Les brucelles stimulent l'arrivée des


neutrophiles et macrophages.

Lésions pyogranulomateuses :
- Forme aiguë : le testicule est chaud, mou,
hypertrophié, avec du pus (photo ci-contre).
- Forme chronique : le testicule est ferme et
hypertrophique (granulome). L'inflammation
s'étend ensuite au testicule entier.

Evolution d’une épididymite

Complications : granulomes spermatiques, dégénérescence testiculaire, périorchite,


endotoxémie et septicémie.

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4/. Les tumeurs

On distingue les tumeurs selon la cellule d'origine :

Cellules
Tumeur Commentaire
d'origine
Fréquent, surtout dans les testicules cryptorchides.
Cellule d'origine : Spermatogonie (cellules souches des spz)
Morphologie : Blanc, mou, en relief. Sans tissu conjonctif ni d’hormones.
Séminome
Cellules Eclosion multicentrique (développement dans les 2 testicules, mais pas à
germinales cause de métastases), souvent bénin.
Rares métastases.
Caractéristique : les cellules souches se différencient en différents types
Tératome
cellulaires (cartilage, poils, tissu nerveux,...)
Moins fréquent, surtout dans les testicules cryptorchides.
Morphologie : Blanc, ferme, avec du tissu conjonctif en travées.
Cellules de Caractéristique : gros testicules qui produisent des œstrogènes, d'où des
Sertolinome
Sertoli problèmes de peau et des comportements de femelle. Eclosion
multicentrique. Les rares métastases sont dans les nœuds lymphatiques
iliaques d’où des douleurs dans les vertèbres lombaires.
Très fréquent chez chiens, chats et taureaux.
Reconnaissance facile : jaune (production de testostérone = lipides), mou,
avec peu de tissu conjonctif (tumeur endocrinienne), souvent
Cellules de
Leydigome hémorragique.
Leydig Connue comme une tumeur bénigne, mais pourrait devenir maligne.
Caractéristique : hypertrophie de la prostate, hypertrophie des glandes
hépatoïdes présentes sur la queue et autour de l’anus : dépilation.

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Séminome Sertolinome
Blanc, en relief, mou, Blanc, multinodulaire,
ferme

Leydigome
Jaune, possibles hémorragies, mou

Cas des mésothéliomes : ils concernent les bovins. Il s'agit d'une tumeur du péritoine, qui
envahit les testicules en de nombreux nodules par la vaginale. C’est une tumeur généralement
maligne.

B/. La prostate

1/. Hyperplasie prostatique (non inflammatoire)

Le chien est la principale espèce concernée.

Cause : Chez le chien âgé, l'origine est inconnue mais pourrait être un excès de testostérone,
ou une sur-activation de l'enzyme convertissant la testostérone en dihydrotestostérone (Pour
rappel, la dihydrotestostérone permet le développement des glandes). Un excès d'œstrogènes
peut aussi être en cause.

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Lésions : Hypertrophie diffuse et hyperplasie


glandulokystique. Le tissu conjonctif dense
hypertrophié est retenu par la capsule, d'où une
ischémie et des lésions vasculaires par compression.
Remarque : chez le chien, l’hypertrophie est centrifuge
ce qui est à l’origine de
problèmes de défécation. Zones triangulaires noires :
lésions caractéristiques

Urètre

Prostate normale de chien :


tissu blanc, ferme
Hyperplasie granulokystique :
nombreux kystes dans
l'épaisseur

Complications : Chez les bovins : métaplasies squameuses de l’épithélium (en cas d'injection
d'œstrogènes). Chez le chien, il y a un risque lors de prostatite suppurée (E. coli, proteus
vulgaris, brucella canis) avec abcès qui peut évoluer en péritonite septique s’il y a rupture.

2/. Adénocarcinome (4X / 5 a l’examen !)

C'est un cas très rare en canine, mais méchant car très métastasique.
L'adénocarcinome n'est pas secondaire à une hyperplasie prostatique.
Le motif de consultation est une douleur lombaire, due aux métastases (apparaissent dans 80%
des cas) au niveau de la colonne vertébrale, et une hypertrophie des NL iliaques.

Adénocarcinome testiculaire

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C/. Le pénis et le prépuce

1/. Balanoposthite = infection du prépuce et du pénis

Diverses causes :
• Bouc : Corynebacterium renale lors de stase urinaire
• Traumatisme
• Herpesvirus (BHV-1, EHV-3, CHV-1)
• Parasites : Habronema spp
Exemple : Habronema chez le cheval (Habronémiose)

Pathogénie (voir cours de parasitologie) :


Cycle normal : des larves sont déposées
sur les muqueuses du cheval par une
mouche, sont avalées par le cheval, puis
migrent dans l'estomac où elles
deviennent adultes. Les œufs sont
expulsés dans les fèces. Les larves qui se
développent sont déposées par les
mouches sur les tissus des chevaux.
Dans le cas pathologique, les œufs sont
déposés sur des plaies au niveau du
pénis, où ils provoquent une inflammation granulomateuse (les œufs étant des corps
étrangers). Faire le diagnostic différentiel avec le carcinome épidermoïde.

2/. Carcinome épidermoïde

Il concerne le Cheval.
Attention, la morphologie est la même que
la balanoposthite (Habronémiose), on les
différencie uniquement en coupe histologique.
Caractéristiques : papillomes qui sont des tumeurs
pré-malignes.

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3/. Fibropapillome

Fibropapillome chez un chien

Il concerne les Bovins. L’agent étiologique est un virus (Papillomavirus bovin de type 2). La
lésion est sous forme de nodules fibreux blancs.

III/. PATHOLOGIES DU FŒTUS ET DU PLACENTA

A/. Terminologie

L'embryon est la partie qui se développera en organisme et membranes. Le fœtus est plus
développé et on peut y reconnaitre les caractères phénotypiques de l'espèce et du sexe. Lors
de mortalité embryonnaire, l'embryon est réabsorbé (sans séquelles), alors que lors d'un
avortement, le fœtus est évacué avec un impact clinique. Le fœtus expulsé lors d'un
avortement n’est pas indépendamment viable, tandis qu'un fœtus mort-né ("stillbirth") était
potentiellement viable.

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B/. Les conséquences d’un avortement

1/. Macération :

Cause : Des bactéries sont présentes avec le fœtus mort (Bactéries


responsables de l’avortement).

Lésions : Le corps est désintégré, sauf les os, et provoque une


inflammation. Ceci est à l’origine d’une odeur insupportable.

Complications :
- La mère risque une endométrite, puis une septicémie et la mort.
- Les os du fœtus favorisent une perforation utérine, qui peut entrainer une rupture des
vaisseaux (puis un hémopéritoine et la mort) ou une entrée de bactéries (puis une
péritonite septique).
- L'utérus plein produit moins de prostaglandine, il y a ainsi un risque d'anœstrus (car pas
de lyse du corps jaune donc pas d'ouverture de l'utérus).

Résolution : Il faut ouvrir et nettoyer l'utérus. La mère a peu de chance de revenir à la


reproduction.

2/. Momification :

Lors de rétention fœtale avec absence de


bactéries, le fœtus se déshydrate. Les
causes les plus fréquentes sont des
problèmes circulatoires (retournement de
la matrice) ou infections virales.

Exemple : Chez la truie, la parvovirose


atteint les porcelets un par un, d'où des
stades de momification différents au sein de
la même portée (photo ci-contre).

3/. Les modalités lésionnelles des avortements

Voie d'infection : Le fœtus est infecté par voie hématogène, sauf chez la jument où elle se fait
par voie ascendante.

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Moment de l'avortement : L'avortement a principalement lieu au 3ème tiers de gestation.

Causes : Elles sont très nombreuses, telles que : des septicémies, des virus (herpes, pestivirus),
des bactéries (Brucella, leptospira), des champignons (aspergillus) et des parasites (toxoplasma,
neosporum).

Lésions : Elles sont souvent similaires entre les avortements : endométrite (chronique),
placentite, pneumonie, hépatite, vascularite (les 3 dernières peuvent être aiguës : nécrosantes,
ou chroniques : pyogranulomateuses). Il faut faire des analyses bactériologiques (PCR) pour les
distinguer.

4/. Les avortements chroniques (infections bactériennes)

Modèle de la brucellose

Lésions : La mère a un œdème du placenta, qui a un aspect de cuir avec un exsudat marron, de
la nécrose cotylédonaire et inter-cotylédonaire. Le fœtus a les poumons et le foie recouverts
de fibrine : hépatite et pneumonie. Ces observations ne sont pas pathognomoniques.

La bactérie : Brucella abortus est une bactérie


Gram- à multiplication intracellulaire, qui
infecte les bovins. La bactérie est excrétée
dans le lait, le placenta et l'avorton.

Pathogénie : Chez les bovins, au 3è trimestre


de gestation, les bactéries passent dans
l’utérus (probablement car le placenta
produit un sucre qui les attire). Les cellules
trophoblastiques sont infectées et nécrosées
et la bactérie atteint le sang du fœtus où elle
se dissémine.

Lésions : non caractéristiques


Cotylédons
- Chez la mère : placentite
nécrosante et fibrineuse
chronique (photo ci-contre).
- Chez le fœtus : hépatite (avec
infiltration cellulaire et
fibrine), bronchopneumonie,
splénite et lymphadénite
pyogranulomateuses.

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Autres Brucelles : B. canis infecte la chienne et le chien (épididymite), B ovis et B. melitensis


infectent les moutons (épididymite) et B. suis infecte la truie (avec un tropisme pour les os et
les articulations, et des endométrites non associées à la gestation).

5/. Les avortements aigues (infections virales)

Le plus souvent, un virus provoque une nécrose du foie du fœtus (nombreux points blancs),
ainsi qu’une pneumonie.

Exemple 1 : Herpesvirus Equin de type 1 et 4 : la rhinopneumonie équine

Ce virus a un tropisme pour les cellules épithéliales, endothéliales, et nerveuses. Il reste en


latence dans les lymphocytes T et les ganglions nerveux. Il se transmet par voie génitale ou
respiratoire.

Pathogénie :
Le placenta peut
développer une vascularite
(mort fœtale par anoxie,
sans lésions) ou une
septicémie du fœtus (à
l’origine d’une nécrose
hépatique).

Lésions : Chez le fœtus, lésions respiratoires et du système nerveux central, vascularite,


hépatite nécrosante, bronchopneumonies, splénite et lymphadénite, inflammation et nécrose
dans tous les organes.

Bronchopneumonie
nécrosante aiguë

Empreintes des cotes  preuve d’une exsudation

Examen histologique : corps d'inclusion intranucléaires éosinophiliques caractéristiques des


herpesvirus. On privilégiera le diagnostic par PCR.

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Exemple 2 : La malade d'Aujeszky chez le porc

Elle est due à un herpesvirus. Le fœtus présente une nécrose des amygdales et
des hépatocytes. Chez les autres éspèces on rencontre des formes
neurologiques.

6/. Les avortements aigus mycosiques

 Aspergillus
Lésions : Dermatite à champignons sur la peau
du fœtus, placentite, et vascularite nécrosante.
Tropisme pour les cellules épithéliales.

 Toxoplasma gondii
L'hôte définitif est le chat, qui émet les ookystes dans ses fèces qui sont ensuite ingérés par
des moutons ou chèvres.

Le protozoaire ne touche que les cotylédons et pas le reste du placenta.


On observe des kystes
(petits points blancs)

Photo à l’examen !

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Chez le chat, et les hôtes intermédiaires non immunodéficients,


on n’observe pas de lésions : les ookystes sont ingérés, les
tachyzoïtes en sortent et migrent par les vaisseaux, ils vont
alors s’enkyster. En cas d’immunosuppresion, ces kystes se
réactivent. Chez les individus immunodéficients, on va avoir
des lésions de nécrose : inflammation granulomateuse
nécrosée éosinophilique.

Enkystement cotylédonaire

 Neospora caninum

Les lésions sont les mêmes que Toxoplasma, on les différencie par PCR ou immunomarquage.
L'hôte définitif est le chien, et tous les mammifères sont des hôtes intermédiaires. Il cause
principalement des avortements tardifs chez les bovins. Il est transmis chez les bovins par les
voies horizontale (ingestion des ookystes, passage des tachyzoïtes dans le sang) et verticale
(infection aiguë de la mère : réactivation d'une infection latente).

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Chez le chien : Il n'y a pas de lésions sauf chez les chiots qui ont des lésions systémiques :
neurologiques, myosiques et dermatiques.

Lésions : Avortements tardifs avec placentite nécrosante, et le fœtus présente nécrose et


inflammation (points blancs dans le foie, le cœur, les muscles, avec congestion passive
chronique), surtout au niveau de l’encéphale : encéphalite nécrosante. Cliniquement, la vache
a des problèmes reproductifs.

Conséquences :
Les avortements tardifs ont des conséquences économiques importantes, et il n'y a pas de
traitement. Si la première infection a lieu pendant la gestation, le pathogène se multiplie et
forme des lésions. Si l'infection est antécédente, il se forme des kystes qui se mobilisent
pendant la gestation. Cette infection est donc persistante chez la vache : les avortements sont
très fréquents dans les élevages atteints.

IV/. PATHOLOGIES DE LA MAMELLE

1/. Tumeur mammaire chez la chienne

Facteurs prédisposants : Les tumeurs mammaires sont très fréquentes chez la chienne,
notamment en cas de non stérilisation, ou de stérilisation après les 2èmes chaleurs, ou de
traitement progestinique.

Pronostic : 50% malin, 50% bénin.


La chienne possède 10 mamelles, ainsi toutes
les cellules de tous les lobules de toutes les
mamelles peuvent présenter une tumeur
particulière. On parle de tumeur
multicentrique. Il est donc conseillé d'envoyer
toute la chaîne mammaire en analyse, et de
faire le bilan d’extension locorégional et à
distance.

Progression : hyperplasie > dysplasie >


adénome > carcinome.
En quelques années, ces tumeurs peuvent donc devenir malignes.
Le pronostic dépend de nombreux critères (dont la taille : bénin < 3cm / malin > 5cm, les tissus
environnants, les métastases, les symptômes). Toujours envoyer en analyse histo !

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Classification histologique (important) :


gravité
 Tumeur des cellules épithéliales (productrices de lait) : adénome / adénocarcinome
simple. Le carcinome a un pronostic très négatif.
 Tumeurs des cellules épithéliales et des cellules myoépithéliales :
- prolifération myoépithéliale : adénome / adénocarcinome complexe. Le
carcinome a un pronostic négatif.
- métaplasie cartilagineuse : adénome / adénocarcinome mixte. Le carcinome a
un meilleur pronostic (à différencier de l'ostéosarcome mammaire).
 Tumeur des canaux galactophores : adénome / adénocarcinome canalaire.

2/. Hyperplasie fibro-adénomateuse chez la chatte

Chez la chatte de moins de 2 ans, non stérilisée ou sous traitement de progestérone, il peut se
former des hyperplasies fibro-adénomateuses, qui ressemblent aux tumeurs mammaires mais
qui sont réversibles (absolument bénin).

C'est un trouble hormonal, il faut


simplement arrêter le traitement
ou attendre que les chaleurs se
stabilisent. Il est fréquent au
printemps, lorsque les premières
chaleurs apparaissent en même
temps que la phase lutéinique ou
après traitement à la progestérone.
A l’histologie on observe beaucoup
de tissu fibreux autour des acini.

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Module Anatomie pathologique spéciale - L'appareil génital

3/. Tumeur mammaire chez la chatte

Les tumeurs mammaires de la chatte sont à 90% malignes. Elles concernent les chattes d'au
moins 7 ans au niveau des mamelles crâniales. Ces tumeurs sont multicentriques et simples.
Les métastases sont fréquentes dans les nœuds lymphatiques et les poumons. La majeure
partie est représentée par des adénomes ou adénocarcinomes simples. Chez les chattes les
tumeurs complexes sont beaucoup plus rares.

4/. Carcinome inflammatoire

Il ne s’agit pas en réalité d’une inflammation histologiquement parlant, seul l’aspect clinique
(rougeur, chaleur) est responsable du nom. Existe chez la femme. Tous les vaisseaux
lymphatiques du derme sont remplis d’emboles. Aucune chienne ne vit après 1 mois. Il y a
donc une nécessité de réaliser un diagnostic rapide.

images : https://secure.vet.cornell.edu/nst/

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CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM


Module Anatomie pathologique spéciale – Introduction à l’anatomie pathologique spéciale

INTRODUCTION A L’ANATOMIE
PATHOLOGIQUE SPECIALE
Ce semestre, l'objectif de l’anatomie pathologique spéciale est de nous sensibiliser aux
pathologies importantes mais surtout à la démarche clinique : observation, description et
analyse méthodique de façon à émettre une hypothèse puis la confirmer si possible. Les TD
seront organisés de la manière suivante :
- 1ère partie : rappels sur la physiologie de l’organe : rappels d’histologie, étude des
différentes portes d’entrée des agents agresseurs, étude des mécanismes de
défense spécifiques
- 2ème partie : étude de lésions selon le plan de l’anatomie pathologique générale, à
travers des exemples.

Rappel sur les mécanismes à l’origine d’une pathologie

Mécanismes lésionnels
Dégénérescence, mort Lésions Dysfonctionnement Symptômes
cellulaire, troubles macroscopiques ou visibles ou non
des organes
vasculaires, inflammation, microscopiques
prolifération cellulaire…

Agent causal
Agent infectieux, problème Diagnostic et Consultation
métabolique (pathologie de traitement
surcharge, ..)

Notre but en tant que vétérinaire est de remonter le schéma en sens inverse, des
symptômes jusqu’à l’agent causal de manière à pouvoir proposer un traitement contre cet
agent. Parfois ce n’est pas toujours possible, on va alors proposer un traitement
symptomatique.
On part donc des symptômes et des lésions, pour comprendre de quel type de
mécanisme lésionnel il s’agit. L’objectif est d’apprendre à analyser ces lésions pour les
comprendre. On pourra mettre cette analyse en pratique en 3A et 4A en salle d’autopsie.
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Module Anatomie pathologique spéciale – Introduction à l’anatomie pathologique spéciale

I/. ETAPE ANALYTIQUE

Il s’agit de caractériser une lésion selon son aspect, sa topographie et son intensité.

A/. Description

Il faut se poser 4 questions sur la lésion :


 la taille
 la forme
Normale, augmentée ou diminuée
 la couleur
 la consistance

Pour savoir décrire ce qui est anormal il faut d’abord savoir ce qui est normal : cela viendra avec
les séances d’autopsie. A partir de la morphologie, on essaie de remonter au mécanisme
d'origine (vasculaire, inflammatoire, tumoral, ..), puis à l'agent agresseur.
! Important : on commence par raisonner avec le paramètre qui est le plus modifié !

Exemple : Un foie hypertrophié de manière harmonieuse (on voit qu'il est hypertrophié par ses
bords qui sont plus arrondis qu'un foie normal).
 Si ce foie est surcoloré (marron foncé voire noir), alors le mécanisme est un trouble
vasculaire.
 Si ce foie est pâle (un foie normal a une couleur marron), il y a alors 2 hypothèses
explicatives :
- Hypothèse 1 : une infiltration cellulaire diffuse : étiologie de type tumorale.
- Hypothèse 2 : une pathologie de surcharge (en lipides ou glucides).
Pour choisir entre ces deux hypothèses on va donc utiliser le dernier paramètre : la consistance.
Si l’hypothèse 1 est vraie, la consistance sera normale à augmentée. Si l’hypothèse 2 est vraie,
la consistance sera diminuée (le parenchyme hépatique est fragilisé et voire présente des
déchirures spontanées).

B/. Topographie

L’étude de la topographie est très importante car elle est liée à la porte d’entrée de l’agent
pathogène. L'atteinte peut être :
 focale : zone atteinte plus ou moins bien délimitée, une partie de l’organe est
concernée. Si la surface est grande, on parle de lésion focale étendue.
 multifocale : plusieurs zones bien délimitées sur l’ensemble de l’organe, souvent signe
d’une entrée vasculaire.
 diffuse : lésion homogène sur l’ensemble de l’organe. (Ex : lors d’hypercalcémie, on a
un dépôt de calcium diffus.

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Module Anatomie pathologique spéciale – Introduction à l’anatomie pathologique spéciale

Exemple : En cas de lésion des lobes crâniaux du poumon, la porte d'entrée est très
probablement les voies aérophores, alors que si la lésion est multifocale ou diffuse, c'est plutôt
la voie sanguine.

C/. Intensité

Elle permet d’apprécier la gravité de la lésion (et donc d’établir un pronostic) :


• mineure : on ne peut pas affirmer avec précision si c’est normal ou non, en général pas
de symptômes
• modérée : la lésion se voit mais n'est pas de nature à donner un dysfonctionnement de
l’organe, symptômes présents
• majeure : lésion évidente, symptômes et vie en danger

Avec l'habitude, ces 3 niveaux d’intensité sont insuffisants, on rajoute donc 2 états
intermédiaires (mineure à modérée et modérée à majeure) pour former une échelle en 5
points.

II/. ETAPE DE SYNTHESE

Cette étape est plus subjective car elle consiste en une interprétation visant à
comprendre les mécanismes lésionnels, et les relier aux symptômes observés.

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CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

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REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM


Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

LA CAVITE ORALE
PLAN

Partie 1 : Principes généraux sur le tube digestif


I. La variabilité des pathologies du tube digestif ....................................................1
II. Les portes d'entrée des agents pathogènes.........................................................2
III. Les mécanismes de défense dans la cavité orale.................................................3
Partie 2 : Lésions de la cavité orale
I. Les anomalies congénitales............................................................................5
II. Les lésions acquises........................................................................................6
Partie 3 : Lésions des dents

Partie 1 : Principes généraux sur le tube digestif

I/. LA VARIABILITE DES PATHOLOGIES DU TUBE DIGESTIF

Les pathologies du tube digestif sont très variables en fonction des espèces. Les
principales différences que nous pourrons observer s’expliquent par des :

 Diversités dans les habitudes alimentaires

- Herbivores : cuve à fermentation, remplie de bactéries, pour la digestion de la


cellulose (rumen ou cæcum). Les anomalies sont donc dues à une accumulation
excessive de gaz dans le tube digestif, ou des anomalies de la fermentation qui
peuvent conduire à une baisse du pH (acidose).
- Carnivores : estomac glandulaire et gros intestin de faible longueur. Les pathologies
gastriques proviennent plus souvent d'un déséquilibre entre mucus et acidité dans
l'estomac.

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

 Durées et conditions de vie différentes


Les carnivores ont, en moyenne, une durée de vie plus élevée que les animaux de rente,
puisque tous leurs soins sont faits, jusqu'à la fin de leur vie. On rencontre donc
principalement des maladies chroniques, comme les cancers, surtout dans la deuxième
moitié de leur vie. Ce moment de la vie n'est pas souvent atteint par les animaux de rente
qui sont abattus avant. Les dominantes pathologiques sont donc différentes.

 Anatomies différentes
La longueur de l’intestin, la fixité des viscères, et d'autres caractéristiques diffèrent selon
les espèces, et sont à l'origine de différentes pathologies.

Bilan : Des dominantes pathologiques différentes


- Les équidés ayant un sphincter du cardia puissant entre l'estomac et l'œsophage, ils ne
peuvent pas vomir. En cas de surcharge, il y a alors un risque de déchirure de l'estomac.
De plus, ils seront sujets à des déplacements de viscères (torsions d’organes surtout).
- Les carnivores seront plus touchés par des phénomènes néoplasiques : ils ont une durée
de vie longue et on cherche souvent à les maintenir en vie le plus longtemps possible.
- Chez les animaux de rente, par leur mode de vie grégaire, seront plus sujets aux
maladies infectieuses.

II/. LES PORTES D’ENTREES DES AGENTS PATHOGENES

Le tube digestif est en relation avec le milieu extérieur. Les différentes portes d’entrées, classées
par ordre d’importance, sont :

 La cavité orale : C'est la porte d’entrée essentielle (corps étrangers dans les
fourrages, virus, ...). 4 rôles principaux de la cavité orale, donc 4 sites possibles de
lésions
- Préhension Langue-lèvre (BV langue, CV-petits Ru  lèvres
supérieures).
- Mastication Dents (gésier pour les oiseaux)
- Déglutition
- Organoleptique

 La voie sanguine : Un foyer infectieux dans l'organisme peut engendrer une virémie,
une bactériémie ou une septicémie, il peut alors y avoir un passage dans le tube
digestif et le foie d’agent pathogène.

 Les traumatismes : Les accidents (aiguille) ou la migration larvaire (hypodermose


chez les ruminants) causent des lésions traumatiques : hémorragies et nécrose puis
inflammation et fibrose, et peut véhiculer des bactéries commensales quand il y a
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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

passage de la lumière au tissu. Par exemple, la migration larvaire du tube digestif


vers le foie entraîne une inflammation suppurée, ainsi que des dégâts importants
dans le foie.

 La voie respiratoire : La zone pharyngée est le carrefour des voies digestives et


aérophores. Un agent pathogène localisé dans la trachée peut alors parvenir à la
cavité orale grâce à la ciliature (mécanisme de protection qui fait remonter le mucus
jusqu’au pharynx). De plus, lors des vomissements, le contenu (et donc les bactéries)
peut remonter jusqu'aux voies respiratoires et causer des inflammations
destructrices.
Remarque : A l’inverse, il peut aussi y avoir passage de matériel des voies digestives
aux voies aérophores, notamment lors des fausses déglutitions où l’acide détruit
alors les systèmes de protection des voies aérophores.

Remarques générales sur les traumatismes

 Chez le chat la cause la plus importante de lésion traumatique est la morsure qui
peut provoquer des abcès jusqu’aux perforations thoraciques, pyothorax, …
 Les morsures d’arthropodes sont aussi classées dans les traumatismes. La salive
des agents vecteurs joue d’ailleurs aussi un rôle en inhibant les systèmes de
défense de l’hôte (Ex : la maladie de Lyme déprime les macrophages et le système
de chimiotactisme).

III/. LES MECANISMES DE DEFENSE DANS LA CAVITE ORALE

Il existe 5 mécanismes de défense :

 La salive est le principal acteur des défenses de la cavité orale, grâce à ces fonctions

 Rôle mécanique lavant : l'eau présente en grande quantité permet de "laver" les
surfaces, ce qui empêche les agents pathogènes (surtout les bactéries) de se
fixer et donc de se multiplier
 Rôle antibactérien des enzymes, surtout les lysozymes (pour les Gram+),
lactoferrine (chélate le fer essentiel à la croissance bactérienne), et les
lactoperoxydases avec comme substrat H2O2 + thiocyanates qui sont
bactéricides.
 Effet anti-dessiccation (mucus riche en mucine 1 et 2)
 Rôle des IgA (Rappel : c'est l'anticorps n°1 des muqueuses), produites par des
plasmocytes qui sont situés :

 À distance : dans les plaques de Peyer localisées dans l'intestin. Les IgA
sont alors véhiculées par voie sanguine.

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

 Localement : le tissu lymphoïde étant proche des glandes salivaires, les


IgA (produites dans le tissu lymphoïde) sont excrétées dans le tissu
conjonctif, passent dans l'épithélium glandulaire où elles acquièrent la
particule sécrétoire (IgAs), puis sont excrétées par la salive.

Remarque : le pH est négligeable : Chez les Ruminants il est basique à rôle tampon. Chez les
carnivores, il est proche de la neutralité. Attention lors d’anesthésie au dessèchement, car les
glandes salivaires ne sont plus stimulées.

 La flore commensale (protection présente tout le long du tube digestif sauf dans
l’estomac glandulaire, qui est stérile à cause du pH acide) : elle empêche la fixation
des bactéries par compétition car elle occupe tous les sites de fixation et utilise les
substrats présents. Il s'agit de bactéries et de champignons. Il y a près de 300
souches autochtones différentes dans la gueule d’un chien sain.
Remarque : Lors d’une antibiothérapie à large spectre pendant un temps prolongé, il y a
destruction des bactéries commensales et prolifération de champignons comme des candidoses
(par Candida albicans), car la modification de l'environnement bactérien permet l'activation de
la forme de spore inoffensive en une forme filamenteuse qui colonise l'épithélium grâce à des
protéases.

 L'épithélium de revêtement pluristratifié et kératinisé : protection mécanique de


la cavité buccale grâce aux couches de kératine. Il existe un lien entre le degré de
stratification et de kératinisation, et le régime alimentaire (herbivores > carnivores).
L’épithélium de revêtement empêche certains agents infectieux (surtout les
bactéries) d’accéder au tissu conjonctif sous-jacent qui contient les vaisseaux
sanguins par désquamation.
Remarque : Les virus, en revanche, doivent rentrer dans les cellules épithéliales qui sont leur
première cible (suffisante pour se disséminer), ou migrer grâce aux cellules circulantes
(lymphocytes et cellules dendritiques) qui sont leur deuxième cible.

 Les formations lymphoïdes : Les tonsilles, surtout concentrées vers le fond de la


cavité buccale.

 Les bourgeons du goût : Ils permettent de détecter un aliment non comestible, ce


qui permet de protéger l’organisme.

 Facteurs de croissance (EGF) : Permet la maintenance de l’épithélium.

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

Partie 2 : Les lésions de la cavité orale

I/. LES ANOMALIES CONGENITALES

Les modifications présentes dès la naissance sont nommées "anomalies" et non "lésions" car ce
terme correspond aux phénomènes acquis. Les anomalies congénitales sont rares mais très
variées.

A/. Palatoschisis

Cornets nasaux
visibles à travers
le palais fendu

Palatoschisis chez deux veaux


charolais (fréquent)

On observe une discontinuité du palais dur : on peut voir les cornets nasaux. La question à se
poser : le palais dur manquant était-il présent au départ ou non ? Il faut choisir entre une origine
traumatique ou congénitale.

En cas de traumatisme, on observerait les bords de la fente imprécis et :


- si le traumatisme est récent : les bords enflammés et hémorragiques (surcolorés et
noirs).
- si le traumatisme est ancien : les bords cicatrisés (sur-épaissis blancs et fermes). Ce
n’est pas le cas ici.
La forme de la perte de substance qui est symétrique, sans hémorragie ni cicatrice, et la netteté
des bords, infirme cette hypothèse : le tissu n’a jamais existé (= origine congénitale).
Lors de l’embryogénèse, la migration du tissu s’est arrêtée. Cette fente du palais congénitale a
un nom médical : palatoschisis ("-schisis" évoque une fente).

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

Cette anomalie est grave car

 elle empêche la succion : la communication avec l'extérieur par la cavité nasale


empêche la création d'une dépression nécessaire à la succion. La consommation de
lait sera faible voire absente, ce qui va entraîner une hypoglycémie par manque de
réserves, puis une hypothermie et la mort.

 elle entraine une fausse déglutition du lait dans les poumons, et les lipides et l'acidité
du le lait vont stimuler l'inflammation, ce qui risque d’entrainer d’importants
problèmes respiratoires, comme une bronchopneumonie.

Un traitement chirurgical est possible (fixation de prothèse de revêtement), mais il n’est pas
réalisé chez les animaux de rente en raison de son coût trop élevé.

B/. Cheiloschisis

Par les mêmes observations que précédemment, on peut déduire qu'il


s’agit d’une anomalie congénitale.
La pathologie liée à l’absence de fusion des lèvres est nommée
cheiloschisis ("cheilos" signifie lèvres en grec).

Remarque : Une inflammation des lèvres est nommée chéilite.

Palatoschisis et cheiloschisis chez


un chien

II/. LES LESIONS ACQUISES

Dans la cavité orale, les lésions peuvent être, par ordre d'importance

 inflammatoires : très importantes chez les animaux de rente, et surtout dans la


cavité orale
 néoplasiques : très importantes chez les carnivores domestiques
 vasculaires
 de dégénérescence ou de surcharge

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

Remarque : Une stomatite désigne toute inflammation de la cavité buccale, et une glossite se
rapporte à la langue. Ce sont des termes très généraux, non caractéristiques de l'agent causal.

A/. Lésions de dégénérescence et de surcharge

Ces lésions sont très peu fréquentes dans la cavité orale.

Exemple 1 : Dégénérescence

Muqueuse
Zone plus foncée dans le (pigmentation
muscle : due à la pigmentation normale)
normale de la muqueuse, ce ne
sont pas des hémorragies !

Muscles

Langue de bovin en coupe transversale

1-Observations : Sur cette coupe transversale de langue de bovin, on observe des foyers
circonscrits décolorés sous la muqueuse (au bout des flèches sur la photo), avec une
alternance tissu normal / tissu anormal. Dans chaque foyer circulaire, on distingue des fines
compartimentations. De plus, ces anomalies sont réparties de façon symétrique et
organisée, ce qui évoque qu'une structure histologique particulière est l'objet de l'anomalie.

2-Hypothèse 1 : Le tissu est pâle, décoloré, on peut penser à une nécrose. Mais la nécrose
correspond à un tissu sec, ce qui n'est pas le cas puisqu'il y a une brillance (qui indique la
présence de liquide).

3-Hypothèse 2 : Lésion de tissu musculaire. La langue contient effectivement des faisceaux


musculaires dorsaux qui sont parallèles au grand axe de la langue, et les faisceaux
musculaires présentent bien des compartimentations. C'est donc bien le cas. Il faut
maintenant trouver ce qu'il s'est passé.

4-Trouver le mécanisme général à l'origine de ces lésions. Deux mécanismes sont possibles:
la dégénérescence hydropique et la pathologie de surcharge. Les muscles lésés sont pâles
et riches en liquide : c'est donc un cas de dégénérescence hydropique.

5-Identifier l'agent causal. Ces lésions sont dues à une carence en vitamine E et en sélénium
(anti oxydants qui luttent contre les radicaux libres). En leur absence, les radicaux libres vont
s'accumuler, oxyder les membranes, ce qui va augmenter la perméabilité membranaire et
donc entraîner un phénomène de dégénérescence hydropique puis de nécrose. Cette
pathologie est appelée le syndrome myopathie-dyspnée.

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

6-Prévoir la gravité de la lésion. Les zones les plus atteintes dans l'organisme sont les
muscles les plus sollicités, donc le cœur et les membres. Ainsi, cette lésion est bénigne si
elle est limitée à la langue, mais devient moyenne à majeure si elle atteint d'autres organes.
Lorsque le tissu musculaire est atteint de façon plus grave, il prend un aspect blanc nacré
de muscle cuit.

Exemple 2 : Surcharge

Lésion sur la face inférieure de la langue d’un chien

1- Observation : La lésion est focale,


pâle, et relativement volumineuse et ferme.
C’est la consistance qui est le paramètre le plus
intéressant ici : elle est très ferme, et crisse à la
coupe, ce qui indique qu'elle est due à une minéralisation : lésions par
dépôt de sels minéraux (sels de calcium).

2- Deux mécanismes sont à envisager pour expliquer le dépôt de


calcium :
 Une hypercalcémie : l'augmentation de la calcémie provoque des dépôts diffus dans
les membranes basales, et particulièrement celles des vaisseaux sanguins du rein ou
des poumons. On parle de minéralisation de type métastatique. Ce n'est pas le cas
ici.
 Une minéralisation dystrophique (dystrophique : anomalie dans ce qui est apporté
aux tissus) : Dans ce cas la calcémie est normale. Suite à une nécrose, les tissus
manquent de nutriments, ce qui entraine une augmentation de l'affinité des fibres
de collagène pour les sels de calcium, le tissu devient calciphile. C'est le cas ici !
(Ex : Nécrose caséeuse lors de tuberculose).
Il s'agit donc d'une minéralisation dystrophique. La lésion est une calcinose
circonscrite.

3- Identifier l'agent causal. On peut émettre 2 hypothèses :


 Un écrasement du tissu dû à un traumatisme a provoqué une nécrose et
donc une minéralisation dystrophique.
 Un syndrome de Cushing (hypercorticisme chronique) provoque des
plaques minéralisées diffuses dans le derme (il y a altération des
fibroblastes, donc de la qualité du collagène qui va avoir une affinité plus
forte pour les sels de calcium.). Rappel : le syndrome de Cushing entraine
aussi une PUPD, de la polyphagie et une peau fine.

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

En cas de syndrome de Cushing :


Amas violacés : dépôts calciques dans
le derme

4- Prévoir la gravité de la lésion. Ce sont des lésions mineures à moyennes,


uniquement focales. Les macrophages sont sollicités mais la phagocytose est insuffisante
pour que les lésions disparaissent. Les macrophages fusionnent alors en cellules géantes
plurinucléées (quand on est plus gros, on est plus fort), mais cela ne suffit pas non plus : il
se forme un granulome inflammatoire. Ces lésions ne sont donc pas résorbables.
Elles provoquent une gêne à la prise alimentaire, et peuvent être à l'origine de surinfections
secondaires, des frottements sur les tissus avoisinants puis des érosions voire des ulcères,
favorisant ainsi les proliférations bactériennes. On conseille donc un traitement chirurgical
de confort, mais cela est discutable selon l'état général de l'animal.
(Ex: peser la balance bénéfice/risque d'opérer un vieux animal insuffisant cardiaque).

B/. Lésions vasculaires non traumatiques

1/. Ulcères et érosions

1.1/.Description des ulcères

 Stomatite ulcérative chez un chien : sur les crêtes


palatines.
1- Observations : Au bout des flèches, le tissu lésé est
décoloré, de couleur rosé et cerclé de blanc. Il forme des
creux sur les crêtes palatines.
2- Mécanisme d’origine : La décoloration a 2 origines
possibles :
- Perte de fonction des mélanocytes. La muqueuse
de l’épithélium est bien noire, donc les
mélanocytes sont fonctionnels.
- ulcère : Perte de l’épithélium avec la mélanine et
centre rosé correspondant au tissu conjonctif.

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

3- Préciser le mécanisme. La lésion a une taille petite à moyenne, une faible profondeur.
Le cerclage de blanc peut indiquer : une nécrose (ce n'est pas le cas, car le centre de
la lésion serait aussi blanc) ou une cicatrice : c'est le cas ici. Ceci indique que les
ulcères sont anciens. On appelle cette pathologie une stomatite ulcérative.

 Glossite ulcérative chez un chien :

1- Observations. Les lésions se situent sur les bords de


la face inférieure de la langue, et sont d’une couleur
jaune. (La déchirure centrale est due à la coupe du frein
de la langue  non lésionnel.) Les lésions sont linéaires,
et placées de chaque côté du plan médian de la langue de
façon symétrique. Ce caractère régulier indique que la
lésion touche une structure histologique caractéristique.
Hypothèse 1 : Lésion des muscles. Ce n'est pas le cas car il
n'y a pas de muscle aussi long dans la langue.
Hypothèse 2 : Lésion des canaux salivaires sublinguales qui
polystomatiques.

2- Mécanisme d'origine. On peut observer des plaques


blanchâtres en lambeaux, qui correspondent à une mort
cellulaire, sur un fond marron, qui correspond au tissu
musculaire. L’ischémie est donc l’origine de la nécrose de
surface.

Ceci entraine une perte de substance mais qui dans un premier temps ne concerne pas toute les
couches épithéliales. C’est une érosion. L’ulcère est un stade plus avancée, avec perte de la
totalité des couches épithéliales.

1.2/. Lien entre ces lésions et l’urémie

Ces deux ulcères sont dus à un excès d'urée dans le sang, à cause d'une pathologie rénale. Si
l’animal présente ces ulcères dans la cavité orale, il faudra donc explorer le fonctionnement rénal.
Deux mécanismes relient l'urémie et ces lésions :

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

Elimination de l'urée
Excès d'urée dans le sang
dans la salive

Toxicité de l'urée : Vascularite Présence d'urée dans la


(nécrose fibrinoïde des artérioles ) salive

Thrombose Formation d' ammoniac


Obstruction de la lumière des à partir d'urée par les
vaisseaux bactéries résidentes

Action toxique de
Nécrose ischémique l'ammoniac : brûlure
chimique de l'épithélium

Ulcères superficiels (artérioles


Ulcères
terminales ischémiées)
Glossite ulcérative
Stomatite ulcérative

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

2/. Coloration anormale des muqueuses

Exemple 1 : Ictère franc sur lèvre d’un chien


Les muqueuses
la de ce chien ont une
couleur anormale, jaune safran : c’est un
ictère. Celui -ci est du à une molécule, la
bilirubine, anormalement accumulée
dans le tissu conjonctif. Un ictère se
manifeste quand la concentration en
bilirubine dans le sang est supérieure à
2mg/dL chez le chien . La bilirubine est
issue du mécanisme de dégradation de
l'hémoglobine des hématies vieillissantess .

Exemple 2 : sub-ictère (= ictère léger) sur


un chien en décubitus latéral (la lèvre
supérieure est rabattue)

1- Observations : on observe un
territoire globalement pâle, qui
indique une anémie. De plus, on
observe au milieu de ce territoire
une zone de couleur blanc sale qui
indique un ictère. On observe aussi
des pétéchies.
Territoire blanc sale = ictère

2 – Mécanismes en cause : ces 3 lésions sont dues à une maladie virale : l’hépatite de
Rubarth due à un Adénovirus. Ce virus présente un tropisme pour les cellules endothéliales
des capillaires et les hépatocytes, ce qui explique les 3 lésions observables.

Remarque : On classe les ictères en fonction des différentes nuances de jaune, liées à différentes
pathologies :
 ictère franc : muqueuses couleur jaune safran, lorsque la pathologie est l’ictère
seulement. (cf. Exemple 1)
 sub-ictère : muqueuses jaunes pâles, lorsque l’ictère se complique d’une anémie
(anémie -> destruction massive de GR -> muqueuses pâles). (cf. Exemple 2)
 ictère flamboyant : muqueuses oranges due à une association avec un phénomène
de congestion lors d’une inflammation.
La bilirubine se fixe préférentiellement sur les fibres élastiques (élastine…) du chorion de l’aorte,
des poumons ou du derme.

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

 Rappel sur le métabolisme normal de la bilirubine

Hémoglobine Bilirubine non conjuguée (BNC) Bilirubine conjuguée (BC)


Liposolubles hydrosolubles

Les macrophages capturent les Conjugaison dans le foie (la


globules rouges vieillissants bilirubine hydrosoluble a une
dans la moelle osseuse meilleure élimination urinaire

Remarque : Le foie et la rate peuvent intervenir dans le métabolisme de dégradation des globules
rouges (en plus de la moelle osseuse), mais pas dans les conditions physiologiques (seulement
lorsque les GR sont atteints par une pathologie).

 Rappel sur la disposition hépatocytaire et la conjugaison de la bilirubine

1- Arrivée de la BNC transportée par


l’albumine dans les vaisseaux sanguins
(capillaires sinusoïdes ).
Entrée par transport actif dans
l’hépatocyte

Jonctions
étanches
2 - Conjugaison de la bilirubine
dans l'hépatocyte

Espace de
3- Pôle biliaire de l’hépatocyte : Disse

transfert de la BC jusqu’aux
canaux biliaires , puis trajet vers
le duodénum

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

Les 3 origines possibles de l’ictère : Attention, l'ictère n'est pas toujours une pathologie
hépatique : la cause peut être pré- ou post-hépatocytaire !

 Ictère post-hépatocytaire : la bilirubine est formée, conjuguée et excrétée normalement.


Mais :
- soit il y a un obstacle obstruant les voies biliaires (compression par une masse ou des
calculs)
- soit il y a arrêt de la mise en mouvement de la bile au niveau des canalicules
(Ex: manque d’énergie, ou destruction des filaments contractiles des hépatocytes par une
toxine bactérienne).
Dans ces différents cas, la pression augmente dans les voies biliaires, les jonctions
serrées lâchent et il y alors passage de la bilirubine conjuguée dans les espaces de Disse
puis dans le sang, à l’origine d’ictères.

 Ictère pré-hépatocytaire : Cette pathologie est due à une hémolyse intra- ou


extravasculaire importante (hémolyse intra vasculaire : exemple de la piroplasmose,
leptospirose ; hémolyse extra vasculaire : exemple d’une hémolyse dans la rate et le foie).
Les globules rouges sont excessivement détruits, et le foie n'est pas capable de traiter
autant de bilirubine non conjuguée, celle-ci s'accumule alors dans le sang puis dans le tissu
conjonctif.

 Ictère hépatocytaire : (plus rare) La quantité de bilirubine est normale mais le foie est en
souffrance, il n'est pas en état de traiter la bilirubine non conjuguée :
- soit il n’y a pas de conjugaison de la bilirubine puisqu’il y a trop peu d’hépatocytes
fonctionnels pour la métaboliser
- soit ceux-ci n'arrivent pas à excréter la bilirubine (manque d'énergie dû à une
hypoxie par exemple, à l’origine d’un manque de conjugaison et d’un manque de
transporteurs actifs)
La bilirubine passe alors dans le sang et colore les tissus.

Remarque 1 : Attention, il existe des cas intermédiaires à cette classification théorique.


Exemple : Dans le cas d’une hémolyse intra-vasculaire, l'ictère est mixte pré-hépatocytaire et
hépatocytaire. En effet, en plus de l'excès de bilirubine non conjuguée (-> ictère
préhépatocytaire), il y a un défaut d'hémoglobine, d'où une anémie et donc une hypoxie des
hépatocytes (-> ictère hépatocytaire).

Remarque 2 : A l'autopsie d'un animal ictérique, on vérifie la perméabilité des voies biliaires
(de la vésicule biliaire au duodénum), et on étudie les répercussions sur les autres organes.
Souvent la rate est activée puisque les macrophages sont activés.

Remarque 3 : A l'autopsie, les organes sont plus ou moins jaunes. Les plus colorés sont ceux
atteints en premier : les poumons, la rate et la paroi de l'aorte (car riches en fibres élastiques).
La bilirubine a une forte affinité pour ces fibres.
- La rate est naturellement pleine de sang, la couleur jaune est donc impossible à observer. -
La paroi de l'aorte est naturellement blanche, on voit donc plus facilement une modification
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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

de couleur. C'est ainsi un bon marqueur, surtout en cas de très faible augmentation de la
concentration en bilirubine sanguine.

- Les poumons sont intermédiaires.

C/. Lésions inflammatoires

Les lésions inflammatoires de la cavité orale sont beaucoup plus fréquentes. Les ruminants
sont les plus concernés. Nous distinguerons ces lésions selon les agents responsables. Par
ordre de fréquence décroissante on observe : les traumatismes (porte d’entrée aux
bactéries), les virus, les agents chimiques, les antigènes.

1/. Agent causal : les traumatismes

Souvent les traumatismes ne suffisent pas à induire une lésion inflammatoire, mais ils
permettent une inoculation bactérienne (franchissement de l'épithélium pluristratifié). Ils
peuvent être causés par des corps étrangers, par exemple les éléments vulnérants dans les
fourrages des ruminants.

Exemple 1 : inoculation d’actinobacillus ligneresi

On observe dans ce tissu conjonctif, une inflammation pyogranulomateuse : granulome


inflammatoire avec polynucléaires neutrophiles dégénérés (pus) et macrophages.
La caractéristique de cette lésion est la présence des corps de Splendor-Hoeppli qui
correspondent à des protéines sériques coagulées (anticorps surtout).
Souvent ces granulomes inflammatoires génèrent une production exagérée de collagène (par
activation des fibroblastes) : on observe une fibrose inflammatoire autour des
pyogranulomes. Le tissu musculaire est progressivement remplacé par du collagène, d'où une
langue de plus en plus ferme. En général, ces réactions restent locales mais il peut parfois y
avoir extension par voie lymphatique aux ganglions de drainage.
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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

La langue est l’organe le plus souvent concerné : maladie de la langue de bois : la langue
devient peu fonctionnelle avec perte de mobilité, l’animal devient anorexique. A cause de son
rôle dans la préhension, elle est plus sujette aux traumatismes et est en contact direct avec
les agents infectieux.

Exemple 2 : inoculation par fusobacterium necrophorum

Exemple 3 : inoculation d’agents moins pathogènes

traumatisme

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

2/. Agent causal : les virus

Les virus sont obligatoirement intracellulaires et génèrent donc peu d’inflammation.


Néanmoins ils peuvent donner une porte d’entrée aux bactéries car leurs cellules cibles sont
les cellules épithéliales (pour rentrer dans l'organe) et les cellules du système immunitaire
(cellules circulantes).

On distingue :
 Les lésions primaires qui sont provoquées par un agent causal. Elles sont toujours
spécifiques de l'agent causal.
 Les lésions secondaires qui résultent de la transformation d’une lésion primaire. Ces
lésions sont donc moins spécifiques de l’agent causal. Exemple : la multiplication
bactérienne.

2.1/. Traduction macroscopique des lésions primaires

On distingue 3 grandes catégories de lésions primaires :


 La vésicule : soulèvement circonscrit de l'épithélium de revêtement, contenant une
sérosité translucide (pas du pus, c’est transparent donc il y a peu de bactéries et pas de
cellules).
Une bulle est une grosse vésicule (qui se charge progressivement). L’évolution de la
vésicule est son ouverture, le liquide se vide, on a donc une lésion secondaire qui est
une perte de substance.

 L’érosion : perte partielle de l'épithélium de revêtement (Il reste les couches basales de
l’épithélium). Une vésicule ouverte est une érosion.
A différencier de l’ulcère : perte de la totalité de l’épithélium de revêtement, voire d'une
partie du tissu conjonctif.

 La papule : élevure solide de forme et de taille variables formée par une infiltration
cellulaire de la couche superficielle du chorion (ne contient pas de liquide).
Il s’agit en général de cellules inflammatoires colonisant le derme. Ces lésions sont plus
fermes, plus profondes, moins fragiles que les vésicules. Elles se traduisent en surface par un
relief ou une déformation.

Remarque : Les définitions des érosions et des ulcères sont valables pour des épithéliums
pluristratifiés. Quand il s’agit d’un épithélium unistratifié, ces définitions changent (exemple
de l’estomac glandulaire). On parle d’érosion quand il y a perte de la muqueuse et sans que
cela atteigne la musculeuse. Pour un ulcère il y a atteinte de la musculeuse.

Les conséquences cliniques de ces lésions sont :


 Une douleur et donc une difficulté à mastiquer. Cela se traduit par une
diminution de la prise alimentaire pouvant conduire à l’anorexie.
 Une hypersalivation

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

Nous allons étudier successivement la formation et la structure de ces 3 types de lésions par
des exemples.
 Exemple de vésicule : stomatite vésiculeuse

Plusieurs maladies virales sont à suspecter :


Maladies Virus en cause Espèce cible

Fièvre aphteuse Picornavirus Porcs, Ruminants

Stomatite vésiculeuse Rhabdovirus Ruminants

Exanthème vésiculeux Calicivirus Porc

Maladie vésiculaire Entérovirus Porc

On prend ici l’exemple de vésicules causées par la fièvre aphteuse.


On observe la présence de lésions vésiculeuses épithéliales, légèrement en dépression et
contenant un liquide clair. La partie centrale d’une des lésions s’est affaissée sur elle-même.

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

Mécanisme de formation d’une vésicule (lésion précoce) :

Pénétration par voie oro -nasale

Multiplication dans les tonsilles palatines

Dissémination dans le tissu conjonctif par les cellules


mononuclées sanguines

Colonisation des cellules épithéliales

Effets cytopathogènes (épargnant la couche basale) :


-- > oedème intracellulaire et acantholyse des cellules *
-- > oedème intercellulaire : formation de la vésicule

* Les cellules de l'épithélium sont en souffrance : les desmosomes des cellules


infectées sont détruits, leurs ponts épineux sont rétractés et les cellules deviennent rondes
et ne sont plus cohésives. Les cellules meurent, libèrent des virions qui se répandent de
manière centrifuge. Le liquide présent en profondeur dans l'épithélium s'accumule alors
dans la cavité creusée par le massif, d'où la formation de la vésicule.

On peut associer un diagnostic morphologique à cette lésion.


Pour lui donner un nom : organe + aspect de la lésion + mécanisme lésionnel sous-jacent.
On parlera ici de glossite vésiculeuse.

Epithélium normal

Aspect histologique d’une


vésicule

Le toit de la vésicule est constitué de cellules mortes kératinisées, elles sont donc
insensibles au virus. Cette couche est très fine, ce qui explique que la vésicule soit si fragile.
Lorsqu’elle se vide du liquide on observe à la place une érosion ou un ulcère.
Remarque : un aphte est une vésicule rompue.

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

 Exemple d’érosion : stomatite érosive et ulvérative

Lésion rose foncée = ulcère :


absence d’épithélium, on voit le
tissu conjonctif sous-jacent

Lésion rose pâle = érosion : il reste


de l’épithélium

Glossite ulcérative sur une langue de bovin

On observe ici des lésions de glossite ulcérative et érosive. Ces lésions peuvent être dues à un
pestivirus responsable de la maladie des muqueuses (BVD), qui est complexe (nombreux porteurs
sains et mutations, ..) et fréquente. On retrouvera dans ce cas des lésions dans l'œsophage, les
estomacs et les intestins. Le virus est responsable de la nécrose des cellules épithéliales. Il est
important de distinguer les ulcères des érosions. En effet, suite à une érosion, il reste une barrière
épithéliale, donc la réparation sera plus rapide grâce aux cellules basales présentes. Il y aura un
retour à la normale (restitutio ad integrum). En revanche, suite à un ulcère, il y a un risque
d'extension en cas de surinfection bactérienne, et la réparation va nécessiter la multiplication et
la migration des cellules épithéliales avoisinantes : ce sera beaucoup plus long.

 Exemple d’une stomatite ulcérative due au coryza gangreneux (herpes ᵧ)

Ulcère sur la lèvre. L’aspect est sanguinolent


car l’ulcère est plus profond
et le chorion est concerné.

Tissu de granulation qui


bourgeonne (plus pâle, avec un peu
de relief) : ulcère plus ancien.

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

Ces ulcères, plus profonds et plus étendus, retrouvés au niveau du palais et des lèvres, sont
dus à un γ-herpesvirus responsable du coryza gangréneux. Ce virus a pour particularité de
ne pas provoquer de destruction cellulaire mais il provoque une prolifération de
lymphocytes T grâce au dérèglement des lymphocyte T régulateurs. L'excès de lymphocytes
T provoque une vascularite immunitaire avec in fine une nécrose ischémique : l'ulcère est
plus profond et volumineux.

 Exemple de papules : stomatite papuleuse

Elle s’observe surtout chez des animaux


immunodéprimés, le
dysfonctionnement pouvant être
d’origine infectieuse ou plus rarement
d’origine congénitale.

Cette lésion est due à un parapoxvirus,


transmissible à l’homme.

Ecthyma contagieux chez un mouton

On parle de chéilite papuleuse pour les papules situées du bord des lèvres. Elles se forment sur
les sites de micro-traumatismes.

Mécanisme de formation d’une papule :


Dans un premier temps, il y a un épaississement de l’épithélium dû à une prolifération
cellulaire (plaque épaissie). Puis les cellules meurent, plus la nécrose génère une
inflammation suppurée avec un afflux de polynucléaires neutrophiles. Cet infiltrat
neutrophilique rend la lésion ferme : il se forme une papule.
Les polynucléaires neutrophiles modifient la lésion en excrétant leurs granules, ce qui
entraine la formation de pus en plus de la nécrose des kératinocytes. Ceci forme une nécrose
de liquéfaction, qui entraine la transformation de la papule en pustule. Celle-ci finit par
s’ouvrir, libère son contenu en surface, et sèche avec la formation d’une croûte. Si la croûte
est arrachée il y a perte de substance et donc un ulcère.

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

2.2/. Evolution des lésions primaires

Nous allons voir successivement l'évolution des vésicules puis des papules.

2.2.1/. Evolution des vésicules

Il existe 3 évolutions possibles des stomatites vésiculeuses : surinfection bactérienne, restitution


ad integrum, ou surinfection mycosique.

 Surinfection bactérienne : ce que l’on observe le plus souvent !

Exemple 1 : Chez le chat

Gingivite ulcérative : stade


Glossite ulcérative : formation bactérien. Inflammation prononcée
Glossite vésiculeuse : on d’un trou, porte d’entrées aux des gencives, à traiter avec des
observe des vésicules et bactéries
antibiotiques.
des bulles.

Exemple 2 : Chez les bovins, infection par Fusobacterium necrophorum

Au départ, la lésion est superficielle. Elle va s'étendre grâce à des toxines nécrotiques qui
provoquent une nécrose de
coagulation et une inflammation. Les
PNN affluent et sont détruits par les
toxines. A leur mort, ils libèrent leur
contenu qui entretient la nécrose,
d'où la suppuration. On obtient une
glossite nécrosante.

fibrose

 Cas 1 : Si le traitement
Antibiotiques ou système immunitaire est efficace, la nécrose est endiguée,

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

l’infection bactérienne maitrisée et le foyer détergé. Le tissu manquant (ici


musculaire) est alors remplacé par du tissu cicatriciel fibreux de type collagénique.

 Cas 2 : Extension locale des lésions : si cela empire (en


l’absence de traitement ou si le système immunitaire est
défaillant) le tissu est de plus en plus nécrotique et devient
localement friable. La langue entière, ou une partie, peut être
perdue, comme ici la partie apicale de la langue d’un veau.
Rq : Chez l’Homme, les bactéries de la cavité orale peuvent
engendrer des endocardites. Il s’agit plutôt d’hépatite pour les
animaux.

 Cas 3 : Extension à d’autres organes : les bactéries peuvent


se retrouver dans le torrent circulatoire et être disséminées par embolie (même si
le foyer primaire est guéri). Les emboles vont s’implanter dans le foie principalement
(cœur chez l’Homme). Des foyers de suppuration puis
des abcès s’y développent.

Foyer primaire
cicatriciel guéri

Pus

Coque fibreuse

 Restitutio ad integrum

Cette évolution est la plus favorable mais


peu fréquente. Elle concerne les lésions
superficielles et peu étendues (érosion ou
ulcère peu profond). Il n’y a alors pas de
complications (pas de surinfection
bactérienne), le tissu manquant est réparé
de manière presque intégrale par du tissu
collagénique. Il n’y a pas ou peu de perte de
fonctionnalité.

Glossite et cicatrisation des lésions

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

 Surinfection fongique par Candida


albicans
plage de filaments
mycéliens et de
protéines sériques

Exemple ici d'œsophage, mais cela arrive


également dans la cavité buccale. Les
champignons profitent de l'absence d'épithélium
pour s'implanter.

2.2.2/. Evolution des stomatites papuleuses

Ulcères et
Papules Pustules Croûtes lésions
prolifératives

Lésion proliférative :
Ulcère En noir : stade masse compacte de
hémorragique : formation cellules épithéliales
de croûtes

3/. Agent causal : agent chimique

Les chiens sont le plus souvent concernés. On décrit un évolution en 4 étapes.


Etape 1 :

Coloration
rouge de la
lèvre :
Erythème
Aspect de poils
agglomérés :
Hypersalivation
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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

Etape 2:
Aspect normal: lisse,
brillant et bleuté (dû à
l’épithélium)

Aspect anormalement
irrégulier: absence
d’épithélium

Etape 3: Congestion et cyanose de la langue

Zone rouge: Congestion

Zone bleue/grise:
Cyanosedue à un défaut
d’oxygénation

Etape 4: Quelques heures plus tard, glossite nécrosante


Tissu marron altéré et gonflé : tissu
musculaire mourant

Tissu à aspect blanc radié


: il ne
reste plus que le collagène, tout
ce qui était vivant a été nécrosé

Aspect histologique de la glossite nécrosante


:

Epithélium Absence
Aspect bleu:
normal d’épithélium
accumulation de
cellules
inflammatoires
Partie rouge nécrosée,
aspect strié
Cellules musculaires
Vaisseaux lymphatiques dissociées(grands
dilatés qui drainent espaces
intercellulaires) et
l’œdème
cellules infiltrantes

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

Agent figuré responsable de ces lésions : soie urticante

Ici la glossite nécrosante est due aux soies


des chenilles processionnaires. Ici la soie
est encore intacte. Lorsque les soies sont
cassées, leur contenu provoque une
importante inflammation et de la nécrose Epines le
(cf. page précédente). long de la
soie
Premiers soins : ne pas frotter, rincer
abondamment et traiter avec des anti- Zone anormale : cellules
inflammatoires et antidouleurs en musculaires détruites.
attendant que ça passe. Les soies sont Lésion limitée car le
projetées, elles peuvent donc atteindre contenu n'est pas encore
les yeux, la langue et les cavités nasales. libéré.
Si la langue est atteinte plus
profondément que le frein de la langue, l'opération est impossible (pas de survie possible).

Remarque : Le chat n'est jamais atteint, car il explore avec ses coussinets, qui sont plus
résistants. Par contre, les petits enfants sont très sensibles.

4/. Agent causal : Antigène et hypersensibilité

Ces agents se rencontrent surtout chez les chats. Ceux-ci, plus que les chiens, peuvent exprimer
un état d'hypersensibilité systémique (exacerbation du système immunitaire spécifique) par des
lésions buccales et/ou du revêtement cutané.
 Exemple 1 : Glossite granulomateuse et nécrosante

Lésion du complexe granulome éosinophilique


félin (CGEF)
Territoire nécrotique : "bouillie" de
polynucléaires éosinophiles en
dégénérescence
Infiltrat d'histiocytes, d'éosinophiles
fonctionnels, de mastocytes, de
plasmocytes et très peu de macrophages
Les cellules citées ci-dessus sont
caractéristiques du CGEF. Le terme
"granulome" est abusif puisque ce terme
confère une lésion circonscrite et des
macrophages : ce n'est pas le cas ici !
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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

On observe des lésions en relief, bien délimitées, organisées en nodules rouges très inflammés
et parsemés de point blancs (que les propriétaires décrivent souvent comme des « petites
fraises »). Il s’agit du complexe granulome éosinophilique (« complexe », car les expressions
cliniques sont différentes ; « granulome » désigne la présence de macrophages et la forme
circonscrite de la lésion, souvent de type nodulaire ; « éosinophilique » car on rencontre
principalement des polynucléaires éosinophiles.)

Le point de départ est une hypersensibilité de type I à certains antigènes, comme certaine
protéine de la salive de puce, amenée jusqu’à la bouche de l’animal lors du toilettage.

Rappel : l'hypersensibilité de type I fait intervenir les IgE, fixées à la surface des plasmocytes.
Lors d'hypersensibilité, il y a dégranulation des plasmocytes.
Il existe en fait 5 expressions possibles très différentes de cette réaction d'hypersensibilité chez
le chat :
- Le complexe granulome éosinophilique felin (CGEF) que l'on vient de décrire.

- La chéilite ulcérative sur les lèvres supérieures le


plus souvent : La lésion n’est pas rouge, il n’y a pas
de congestion et la lésion ne semble pas évoluer.
On parle aussi d'ulcère atone (n’évolue plus) ou
indolent (évolue peu). C’est le même cadre
d’hypersensibilité que le CGEF : on retrouve
éosinophiles, histiocytes et mastocytes, mais il y a
un ulcère en plus. Ces signes cliniques suffisent au
diagnostic.

- Les granulomes linéaires : Plusieurs granulomes donnent des grandes plaques par
confluence sur la face postérieure des cuisses, souvent en bandes linéaires
symétriques. L'hypersensibilité de type I provoque vasodilatation, douleur et prurit
: le chat se lèche ce qui conduit à une alopécie et à un tissu ferme. (De nouveau, le
terme granulome est abusif car lésion non circulaire et absence de macrophages)

- La dermatite miliaire : Ce sont de tous petits granulomes cutanés avec des PNE,
donnant à la peau une texture en grain de sable.

- Le "syndrome tête et cou" : mutilation avec les griffes due au prurit au niveau de la
tête de l’animal.

Remarque : Chez le chien il existe aussi un complexe granulome éosinophilique mais


uniquement chez certaines races nordiques.

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

 Exemple 2 : Stomatite nodulaire

Il s’agit là aussi d’un état d'hypersensibilité. Elle


est due à une sur-stimulation chronique du
système immunitaire provoquée par des
antigènes bactériens en cas de mauvais état de
la cavité buccale (gingivite, tartre…). Ceci
stimule les cellules du tissu lymphoïde qui
devient hypertrophié.

Obstruction des muqueuses lymphoïdes de


l’arc palato-glosse

Stomatite nodulaire au niveau du


pharynx d’un chat

Dans le nodule : hyperplasie plasmocytaire et


quelques lymphocytes
On parle de stomatite lympho-plasmocytaire

Si on améliore l'état de la cavité orale, les lésions


régressent :
- Hygiène de la cavité buccale : bien
nettoyer toutes les dents, détartrage, enlèvement des dents non fixes...
- Compléter, si besoin, avec des antibiotiques et des corticoïdes
(diminution de l’inflammation).
Les lésions peuvent réapparaître à la faveur d'une nouvelle prolifération bactérienne.

Remarque : Attention au diagnostic différentiel avec une néoplasie. Ici la lésion a un caractère
symétrique.

D/. Les lésions néoplasiques

Elles affectent surtout les carnivores domestiques et plutôt les chiens. Chez les chats elles
sont moins fréquentes mais plus agressives (très souvent malignes). Les animaux de rente
sont très souvent abattus avant de développer ces lésions. Nous allons ici décrire les lésions
des chiens uniquement.

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

1/. Catégories tumorales et fréquences

La cavité buccale présente une grande diversité de tissus et est à l’origine de la diversité des
origines tumorales :
- épithélium de revêtement (kératinocytes, mélanocytes, lymphocytes) ou glandulaire
(glandes salivaires)
- tissus conjonctifs (fibroblastes, vaisseaux...), osseux (ostéoblastes, ostéoclastes),
muscule strié, nerveux (cellules de Schwann)
- les dents (améloblastes, odontoblastes)

Chacune de ces catégories cellulaires peut proliférer, se transformer et former des tumeurs.
Nous allons étudier successivement ces différentes catégories : épulis, mélanomes,
carcinomes épidermoïdes, fibrosarcomes et papillomes. Les deux premières représentent 2/3
des tumeurs de la cavité orale des chiens. Chez le chat, il n'y a pas d'épulis mais
majoritairement des mélanomes, carcinomes épidermoïdes et fibrosarcomes.

1.1/. Les épulis

Ce sont les plus fréquentes : les épulis représentent 40 % des tumeurs buccales et se
développent dans la gencive. Elles proviennent de la tumorisation des reliquats des ébauches
dentaires.
Remarque : "épulis" est un nom féminin, et on prononce le "s" final.

La formation des dents :


- Les odontoblastes, cellules mésenchymateuses qui produisent l’ivoire et
proviennent de cellules du tissu conjonctif de la gencive qui se différencient.
- Les améloblastes, cellules épithéliales qui produisent l’émail et proviennent de
cellules de l’épithélium de la gencive qui se différencient.

Selon les cellules qui tumorisent, les dénominations sont différentes :

Différenciation Différenciation
-- > Améloblaste -- > Odontoblaste
Tumeur correspondante : Tumeur correspondante :
Cellule de Améloblastome (rare ) Cellule du Odontoblastome (rare )
l'épithélium conjonctif de
de la gencive la gencive

Non différenciation Non différenciation


Tumeur correspondante : Tumeur correspondante :
Epulis acanthomateuses Epulis fibromateuses

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

Remarque : Les deux épulis n’ont pas le même comportement : dans le cas des épulis
acanthomateuses, il y a une lyse possible du tissu osseux, ce qui n’est pas le cas pour les épulis
fibromateuses.

Ces tumeurs se retrouvent uniquement dans


la gencive au niveau des arcades dentaires,
puisqu’elles se développent à partir des
reliquats des ébauches dentaires. Ce sont des
proliférations exophytiques, fermes, roses,
lisses (non érodées et non ulcérées), qui
émergent entre la gencive et la dent (on ne les
voit qu’à un stade avancé) et poussent autour
de la dent.

Pour la plupart des épulis, une chirurgie des tissus mous peut suffire et être curative, quitte
à racler un peu l’os alvéolaire, sauf dans le cas d’une épulis acanthomateuse : les cellules
pénètrent dans l’os de la mâchoire : il faut alors enlever chirurgicalement une partie de l’os.
Le pronostic est moins bon.

Le diagnostic différentiel doit être fait par un examen histologique avec :


- les carcinomes épidermoïdes, qui sont de consistance plus molle et poussent plus
rapidement.
- les fibrosarcomes dont la base est plus large et les bords moins nets.

1.2/. Les mélanomes

Ils représentent 25 % des tumeurs buccales. Les cellules d’origines sont les mélanocytes.

Rappel de PP S7 : Si la tumeur est bénigne on parle de mélanocytome (très rare dans la cavité
buccale), si elle est maligne on parle de mélanome (90% des cas). En revanche, le revêtement
cutané présente une majorité de tumeurs bénignes, sauf dans le lit de l'ongle où il y a 50% de
chaque. Ces tumeurs ont le même point de départ (les mélanocytes), ces différentes
proportions sont encore un mystère à ce jour.

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

Dans la cavité orale, la majorité des tumeurs


sont des mélanomes, et lorsqu’on voit l’animal
en consultation il y a déjà des métastases. Ce
sont des tumeurs qu’on retrouve souvent chez
des races à robe très pigmentée comme le
Schnauzer géant. Le mélanome est constitué
de tissu mou, donc qui pousse très rapidement
: il y a souvent un défaut de vascularisation,
donc nécrose d’une partie de la tumeur. Le
motif de consultation est donc souvent une
halitose (! bien penser à vérifier toute la cavité
buccale en consultation !) et pas la présence
d’une masse. Mélanome : masse noire
appendue au palais mou

1.3/. Les carcinomes épidermoïdes

Ils se rencontrent dans 15 % des tumeurs buccales. Il s’agit de tumeurs malignes qui se
développent à partir de l'épithélium de revêtement.
On distingue :

Les carcinomes épidermoïdes hors amygdales : malins mais peu


agressifs. Ils peuvent se présenter sous 2 formes :

 Forme nodulaire et exophytique (la moins fréquente) : lésion


en relief, volumineuse et molle, à croissance rapide. Les
dents à proximité tombent ou bougent car le carcinome
détruit l’os et le ligament alvéolaire, ce qui désolidarise les
dents.

 Forme térébrante (la plus fréquente) : il y a aussi lyse de l’os


et du ligament alvéolaire, donc chute des dents, et la lésion
est en dépression : ulcère, caractéristique de ce type de
tumeur.
Les carcinomes épidermoïdes se développant au niveau des amygdales :

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

La lésion est de grande taille, unilatérale,


exophytique dans la majorité des cas. Ce
genre de carcinome est caractérisé par un
phénomène métastatique très précoce. La
lésion en elle-même ne gêne pas l'animal.
Le motif de consultation est souvent lié à
une masse dans le cou de l’animal : cette
tumeur est accompagnée d’une stroma
réaction de type fibroblastique et
collagénique, ce qui rend le ganglion
mandibulaire hypertrophié (très ferme et
développé). Dans ce cas il faut penser à
regarder les amygdales de l’animal, ce qui
est très peu commode!

1.4/. Les fibrosarcomes

Les fibrosarcomes correspondent à 7 %


des tumeurs buccales. Ils sont d’origine
fibroblastique. Ils sont malins (récidives
de 50%) mais les métastases apparaissent
très tard, donc le problème est le plus
souvent local lorsqu’on voit l’animal.
Ce sont des tumeurs très infiltrantes (cf
photo) à base très large à bords mal
délimités, nécrosées, hémorragiques,
fermes et en relief. Elle est constituée de
cellules capables de lyser le tissu osseux.

Attention : L’infiltration visible à l’œil nu est souvent différente de ce qu’on a à l’histologie : si


on envisage une chirurgie, il faut faire une biopsie/un bilan d’extension. Si la tumeur dépasse le
plan médian, la chirurgie est impossible (on peut vivre sans une demie mâchoire, mais pas plus).
Si la chirurgie est impossible, il faut envisager une radiothérapie ou des soins palliatifs pour
soulager la douleur de l’animal.

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

1.5/. Les papillomes

Les lésions sont souvent situées sur les lèvres, mais peuvent aussi être sur les gencives, la langue
et le pharynx. L'origine est virale (Papillomavirus), ainsi :
- C'est contagieux, lors de jeux entre chiens. Les jeunes chiens sont atteints au niveau de la
cavité orale (surtout les lèvres), mais les adultes sont surtout atteints sur le revêtement cutané.
- Les virus infectent de nombreuses cellules, la lésion peut alors être multiple : on parle de
papillomatose (photo ci-contre).

Aspect histologique des papillomes :

Axe conjonctif de la
papille, tapissé de Koïlocyte = kératinocyte
particulier : cytoplasme
cellules tumorales
dilaté et pâle (état de
spongiose) : début de
dégénérescence hydropique

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

Ces lésions sont bénignes et régressent spontanément. Si jamais elles sont en trop grand
nombre et gênent l’animal, on peut les enlever chirurgicalement.

2/. Classification en fonction du pronostic

On classer les tumeurs en fonction du pronostic, et du caractère malin ou bénin :


 Tumeurs bénignes de bon pronostic (40%) : Elles ne quittent pas la cavité orale, ne
concernent que le tissu mou et sont d'évolution favorable. La plupart du temps on enlève
chirurgicalement le tissu mou.
- Épulis fibromateuses
- Papillomes

 Tumeurs bénignes de pronostic réservé (3 %) : Elles sont bénignes mais peuvent


s'infiltrer et lyser l’os. Cela complique la thérapie : il faudra enlever l’os pour guérir
l’animal. La chirurgie et les soins postopératoires sont plus lourds.
- Épulis acanthomateuses

 Tumeurs malignes potentiellement curables (20 %) : Les métastases sont tardives. En


général, il n’y a pas encore de métastases lors du diagnostic. Elles peuvent être soignées si
elles sont retirées totalement et qu’il n’y a pas de métastase.
- Fibrosarcomes : Ils sont infiltrants puisque les fibroblastes ont la capacité de migrer
au niveau du tissu conjonctif (ils y vivent!). Attention il existe certains fibrosarcomes
qui sont très infiltrant. La chirurgie doit alors être très large pour être curative, et il
y a beaucoup de récidives (50 %).
- Carcinomes épidermoïdes (hors amygdales) : Ils sont moins inflitrant que les
fibrosarcomes, puisqu'il faut une mutation, la transformation épithéliale
mésenchymateuse (vue en PP S7), permettant l'acquisition de la migration. Il y a
moins de 10% de récidives.

 Tumeurs malignes de mauvais pronostic (27%) : Elles métastasent très rapidement : les
métastases sont présentes lorsque le propriétaire amène son animal en consultation, il
n’y a pas de guérison possible (trouble local et systémique), on peur seulement ralentir
la progression par radio/chimiothérapie, et chirurgie palliative.
- Mélanomes
- Carcinomes épidermoïdes de l'amygdale : ils sont très agressifs mais rares. La
dissémination métastatique serait favorisée par la présence de vaisseaux
lymphatiques, grâce à la proximité des tissus lymphoïdes.

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

3/. Bilan d’extension

Le bilan d’extension permet de déterminer le stade de la maladie, et ainsi les pronostics et


traitements. Il se fait en 3 étapes :
 Bilan d’extension local (examen de la tumeur en elle-même, et ses alentours)
 Bilan d’extension régional (examen des nœuds lymphatiques)
 Bilan d’extension à distance (radiographie du poumon)

3.1 Bilan d’extension local

La particularité de la cavité buccale est la présence d’os. Il faut donc


s’inquiéter de l’état de lyse du tissu osseux : en cas d'ostéolyse, il y a
destruction de la matrice collagénique et disparition du calcium. A la radio,
on observe alors une zone sombre alors que l'os devrait être blanc (photo ci-
contre).
Dans ce cas, la chirurgie sera plus lourde puisqu’il ne suffit pas de retirer la
masse tumorale, mais il faudra retirer une partie de la mâchoire pour retirer
les cellules tumorales et limiter les récidives (maxillectomie). Il faut couper
avec une marge d’au moins 1 cm.

Portion de tissu qui apparaît


gris : ostéolyse

3.2/. Bilan d’extension régional

Il s’agit de l’examen des nœuds mandibulaires. Il permet de vérifier s’il y a eu métastase (sauf
exceptions), et permet de justifier la chirurgie.

 Un examen par palpation, des deux côtés. Il faut alors analyser :


- la taille du ganglion : augmentée.
- la consistance du ganglion : plus ferme.
- la mobilité : en cas de tumeur, le ganglion est fuyant sous les doigts, comme en situation
normale. Il se forme des adhérences en cas d'inflammation.
- la chaleur : elle ne change pas en cas de tumeur.
- la forme : elle est inchangée.
- La douleur : indolore

La palpation ne suffit pas à être sûr de la présence d'un processus tumoral.

 Une cytoponction : elle permet de s'assurer qu'il s'agit d'une tumeur.

Attention : Il existe des tumeurs malignes de la cavité orale qui n'entrainent pas de gonflement
des ganglions. La cytoponction est quand même à faire.
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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

Remarque : il est inutile de réaliser une cytoponction quand on sait que la tumeur est bénigne
(exemple des papillomes).

3.3/. Bilan d’extension à distance

Le bilan à distance permet de déterminer si la chirurgie se justifie ou non. Le poumon est un


organe souvent impliqué dans les métastases. Un examen par imagerie médicale des poumons
est donc indispensable.

Métastases pulmonaires d’un


mélanome (autopsie)

Tous les nodules visibles sur la photo sont des


métastases de mélanome. En image
radiographique, les métastases apparaissent
comme des nodules plus pâles dans le parenchyme
pulmonaire. Mais attention, ce ne sont pas
forcément des métastases, on ne peut le vérifier
qu’en ouvrant la cavité thoracique, ce qu’on ne fait pas en pratique.

Les bilans d'extension permettent d'établir un stade clinique de la maladie.

4/. Différents stades de la maladie

Le stade clinique permet de décrire l’évolution clinique de la maladie (à différencier du grade


qui est une notion histopathologique !).
Il existe 4 degrés d’envahissement de la cavité orale, donc 4 stades :

 Stade 1 :
La tumeur est cantonnée aux tissus mous, elle ne touche pas le
tissu osseux.
C’est le cas des papillomes et des épulis fibromateuses.
Le traitement est curatif : exérèse de la tumeur.

 Stade 2 :
Par rapport au cas précédent, s’ajoute une infiltration du tissu osseux et une
lyse osseuse.
C'est le cas des épulis acanthomateuses, des carcinomes épidermoïdes et
des fibrosarcomes.
Le traitement peut être curatif, mais la chirurgie est lourde car elle
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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

englobe le tissu osseux.

Tumeur qui a détruit le palais osseux, Volet osseux enlevé si bilan d’extension
avant chirurgie favorable (douleur importante, cicatrisation
compliquée)

 Stade 3 :
Il y a des métastases dans les ganglions lymphatiques de drainage. Cela
peut être mis en évidence par des cytoponctions ganglionnaires.
C'est le cas des carcinomes épidermoïdes de l'amygdale et les mélanomes.
On peut mettre en place un traitement palliatif pour ralentir le processus
tumoral, complété par une radio- ou chimiothérapie, pour freiner
l'évolution de la tumeur et atténuer la douleur. Si celle-ci est trop
élevée, l’euthanasie est à envisager. A ce stade, il n'y a plus de guérison
possible, l’animal va se maintenir pendant un certain temps (entre 1 mois à
2 ans), puis le processus va s'aggraver. L’exérèse de la lésion n’est à faire que si cela améliore la
qualité de vie de l’animal.

 Stade 4 :
Les métastases atteignent le poumon. On parle de stade terminal, il
s’agit de toutes les lésions précédentes en fin d'évolution.
C'est le cas des carcinomes épidermoïdes, des fibrosarcomes et des
mélanomes.
Le freinage n'est plus possible, on met en place un traitement
symptomatique, c’est à dire qu’on administre des antalgiques à
l’animal pour qu’il retrouve un certain confort. Il est généralement
euthanasié quelques temps après : on laisse le temps
au propriétaire de s’habituer à l'idée en prolongeant la vie de l’animal de quelques jours.

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

Bilan des lésions acquises :

Type de lésions Mécanisme Exemples abordés


Dégénérescence hydropique du tissu
Dégénérescence
De dégénérescence ou musculaire lingual
de surcharge Minéralisation dystrophique (calcinose
Surcharge
circonscrite)
Vasculaires (non Ulcère et érosion Stomatite et glossite ulcératives
traumatiques) Coloration anormale Ictères
Traumatiques Inoculation bactérienne
Virus Vésicule, érosion et papule
Inflammatoires Agent chimique Soies urticantes
Glossite granulomateuse (CGEF) et
Antigène
stomatite nodulaire
Epulis (40%) E. Acanthomateuses ou Fibromateuses
Mélanomes (25%)
Carcinomes
Néoplasiques Hors amygdales, Des amygdales
épidermoïdes (15%)
Fibrosarcomes (7%)
Papillomes (3%) Papillomavirus

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

Partie 3 : Lésions des dents

RHRreReRappel sur la formation des dents :

 Les améloblastes sont des cellules épithéliales qui produisent


l’émail.
 Les odontoblastes sont des cellules mésenchymateuses qui
produisent l'ivoire.

I/. LESIONS AU NIVEAU DE L’EMAIL

A/. Hypoplasie de l’émail chez un chien

Territoire jaune et rugueux :


ivoire

Territoire blanc et lisse : émail

On observe chez ce chien une transition nette entre l’émail et l’ivoire, une partie de la dent n’est
pas recouverte d’émail.

Hypothèse 1 : Un traumatisme. Ce n'est pas le cas car ce phénomène touche plusieurs dents.

Hypothèse 2 : Des caries. Ce n'est pas le cas car elles continueraient dans l’ivoire.

Hypothèse 3 : Il n’y a jamais eu d’émail dans la partie sans émail. En effet, il y a eu arrêt de la
production d’émail sans arrêter la production d’ivoire : il y a donc eu destruction des
améloblastes sans destruction des odontoblastes. Ce n’est donc pas lié à un phénomène
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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

inflammatoire car sinon les deux types de cellules seraient touchées. Cette maladie est due à un
virus (affinité pour les cellules épithéliales) de la maladie de Carré.
Le chien a été infecté alors qu'il changeait de dentition (avant 6 mois) : le virus a atteint les cellules
épithéliales (donc améloblastes non fonctionnels) mais pas les cellules conjonctives
(odontoblastes fonctionnels). On parle d’hypoplasie de l’émail.

B/. Intoxication au fluor chez un bovin

Chez ce bovin, les limites entre l’émail et l’ivoire sont moins nettes, et on observe une
surcoloration de l’émail en noir, avec des zones en dépression. Ceci nous laisse penser qu’ici il
y a eu destruction de l’émail.
Cette anomalie de coloration
associée à une destruction de
larges plaques d’émail mal
minéralisé marque une
intoxication chronique au fluor
(par le biais de l’eau de boisson).
L'excès de fluor est délétère pour
le tissu qui se minéralise.

Hypominéralisation de
Fragilité et perte de
la couche externe de
substance
l'émail
Intoxication chronique
au fluor

Oxydation de la matrice Coloration noire

II/. LESIONS DE LA PLAQUE DENTAIRE

A/. La formation de la plaque dentaire :

 Elle débute par la formation d’un film en surface de l’émail, à partir de cellules de la
salive qui empêchent l’action lavante du flux salivaire.

 Ce film forme un dépôt irrégulier, qui favorise l'implantation de bactéries Gram+


(Streptocoques, Actinomyces), qui vont produire des polymères d’adhésion (donc vont

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

augmenter la taille de la plaque) et favoriser l’implantation d’autres bactéries Gram+ et


de bactéries Gram- : on est au stade de la plaque dentaire, la dent a une couleur
modifiée, plus sombre. Les bactéries Gram- sont en profondeur (racine) tandis que les
Gram+ sont au niveau de la racine. A ce stade un simple brossage mécanique permet
d’enlever cette plaque dentaire.

On va ensuite distinguer la plaque qui est dans la partie aérienne de la dent (plaque
supragingivale), et celle qui se trouve dans la partie gingivale (plaque sub-gingivale) :

B/.Plaque supra-gingivale :

Les bactéries prolifèrent grâce aux sucres


présents dans la salive, et produisent de l'acide
lactique. Celui-ci détruit la matrice
collagénique, ce qui libère le calcium (l'émail
étant constitué à 95% de sels minéraux) et laisse
un trou : lieu de formation de caries.

Les corps bactériens morts


forment des nuclei, supports du
dépôt des minéraux libérés dans
la salive (carbonate de calcium) :
c'est la formation de tartre
(éléments nodulaires blancs sur
la plaque marron), réversible
mais difficile à enlever (par
détartrage avec une fraise ou
des ultrasons, et sous
anesthésie).

Le tartre provoque une irritation de la gencive : la gingivite. Il se forme alors un bourrelet à la


base de la dent : c'est une hyperplasie gingivale (Diagnostic différentiel à faire avec les épulis).

S’il y a persistance de l’action de l’acide, celui-ci va déminéraliser l’ivoire (constitué à 65% de


sels minéraux) puis atteindre la pulpe dentaire : les lésions sont douloureuses à chaque appui
sur la dent.

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Module Anatomie pathologique spéciale – cavité orale

C/. Plaque sub-gingivale :

Les plaques sub-gingivales se développent à l’intérieur de la gencive, entre la gencive et la


dent. Ce phénomène peut donc passer inaperçu. On y trouve surtout des bactéries Gram-
(Bacteroïdes gingivalis), qui vont exposer le LPS : celui-ci génère une inflammation classique
(gingivite), avec des PNN qui libèrent leurs enzymes protéolytiques. Il y a alors digestion de la
gencive, qui entraine une rétraction de la gencive autour de la dent, à l’origine de
déchaussement de dents (cf photo) et lyse de l’os alvéolaire (lyse du collagène). C’est la
maladie périodontale.

A gauche : dent saine


A droite : dent atteinte (lyse de la gencive)

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CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

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Module anatomie pathologique spéciale – L’œsophage

L’OESOPHAGE
Les anomalies de l’œsophage concernent les chiens, bovins, chats et équidés.

I/. LES ANOMALIES DE FORME


Anomalie de forme : Dilatation de l’œsophage provoquée par un défaut de péristaltisme dans la
partie moyenne ou cervicale de l’œsophage.
On en distingue deux types :

 Méga-œsophage qui concerne l’ensemble de l’œsophage

 jabot œsophagien qui n’affecte qu’une portion.

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Module anatomie pathologique spéciale – L’œsophage

Les origines de ces déformations de l’œsophage sont diverses

 congénitale : persistance du 4ème arc aortique, ce qui entourage et comprime l’œsophage,


dénervation idiopathique

 Acquise : Polymyosite, myasthenia gravis (origine auto immune avec présence d’Ac anti
récepteur à l’acétyl choline), hypothyroïdisme.

La traduction clinique est majoritairement un phénomène d’irritation mécanique de la muqueuse par


stagnation du bol ce qui provoque une régurgitation reflexe. C’est une lésion majeure. Cette
régurgitation ne se rencontre qu’avec une alimentation solide, donc chez des individus sevrés.

Rq : Chez l’homme, ces reflux gastriques s’expliquent par un phénomène anatomique : la hernie
hiatale qui provoque des hypersécrétions et donc des remontées par le sphincter.

II/. REFLUX GASTRO-OESOPHAGIEN

Chez un chien : Lésion érosives dues au reflux oesophagien.


Rappel : Les glandes productrices de mucus dans l’estomac sont situées au niveau du cardia et du
pylore. De plus l’épithélium de revêtement stomacal unistratifié sécrète également du mucus. Ce
mucus protège de l’acidité. L’éptihélium oesophagien est kératinisé (chez les BV) et pluristratifié. Il n’y
a pas de production de ce mucus, donc la protection vis-à-vis de l’acidité est plus faible. Il y a alors
érosion voire ulcère lorsque cet épthélium est exposé à des reflux gastriques chroniques. Il s’en suit
une inflammation avec fibrose et donc in fine une sténose oesophagienne.

Lésion erosive

Portion d’œsophage de chien

III/. PHENOMENE NEOPLASIQUE

Les principales tumeurs qui affectent l’œsophage ou le cardia de l’estomac sont les
léiomyomes (tumeur des muscles lisses). Elles empêchent la fermeture du sphincter
oesophagien ce qui conduit à des reflux gastro-oesophagien.

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Module Anatomie pathologique spéciale - pré-estomacs des ruminants

PRE-ESTOMACS DES RUMINANTS


PLAN

I/. La météorisation………………………………………………………………………………………..........................2
II/. L’acidose lactique et la ruminite…………………………………………………….....................................3
III/. Lésions dues à des corps étrangers……………………….……..................................................…..7

Rappel : les pré-estomacs des ruminants sont le rumen, le réseau (structure en nid d’abeille
caractéristique), et le feuillet.

Les dominantes pathologiques concernant


les pré-estomacs des ruminants sont les réseau
indigestions du rumen et du réseau. Elles
se traduisent cliniquement par
- une baisse de l’appétit
- des bouses de consistance rumen
feuillet
anormale
- une fréquence de défécation
anormale caillette
- une distension du rumen

Il existe deux types d’indigestion :


 les indigestions primaires, c'est à-dire dont la cause est située dans le tube digestif.
Ces causes sont de deux types :
- des anomalies de fermentation, qu’on va aborder dans ce TD (métérorisation,
acidose lactique, ruminite)
- des anomalies dans la motricité des pré-estomacs, qui sont le plus souvent
secondaires à des troubles de la fermentation, ou bien la conséquence d’une
réticulo péritonite traumatique, du syndrome de Hoflund ou de l’obstruction
du cardia.
 les indigestions secondaires, dues à un processus situé en dehors du tube digestif
(exemple d’une hyperthermie suite à une inflammation, ce qui entraine une
indigestion), on ne les abordera pas ici.

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Module Anatomie pathologique spéciale - pré-estomacs des ruminants

I/. LA METEORISATION (= tympanisme)

Météorisation : distension exagérée du rumen et du réseau due à une augmentation de la


quantité de gaz produit par la fermentation, par défaut d’éructation.

La dilatation est dissymétrique et se fait du côté gauche. On parle aussi de tympanisme car on
entend un bruit anormal lorsque l'on percute l'abdomen à l’auscultation.
On distingue deux catégories de météorisation :
 spumeuse (la plus fréquente)
 gazeuse

A/. Météorisation spumeuse

Dans ce type de météorisation, lorsqu’on ouvre le rumen, on voit de la mousse. Les gaz sont
emprisonnés sous forme de bulles dans la mousse et ne sont donc pas éliminés. Il s’agit
toujours d’un problème de surconsommation de certains aliments :
 De tiges et feuilles de jeunes légumineuses (luzerne), de crucifères ou de jeunes
graminées, riches en substances moussantes
 De graines et céréales : ils entraînent une faible salivation, donc il n’y a plus d’effet
anti-moussant
 D’aliments avec peu de fibres qui causent un défaut de rumination, donc moins de
brassage des strates du rumen : les gaz stagnent et sont moins libérés jusqu'à être
emprisonnés.

Si on observe ce genre de météorisation, il faut suspecter un problème au niveau du troupeau


car il s’agit d’un problème d’alimentation.

B/. Météorisation gazeuse

Elle est due à une obstruction, fonctionnelle ou physique, empêchant toute éructation. Son
apparition est donc brutale.
Les causes sont diverses : présence d'un corps étranger dans l'œsophage (comme une pomme
par exemple), compression par une tumeur, sténose cicatricielle de l'œsophage, troubles de
l'innervation (comme une lésion du nerf vague entraînant une atonie du rumen, c'est la
maladie d’Hoflund).

C/. Conséquences de la météorisation

La distension du rumen se fait au détriment des organes autour, qui se trouvent repoussés. On
a alors :

 Compression du diaphragme et des lobes pulmonaires (écrasement du parenchyme =


atéléctasie) : on observe des troubles respiratoires. Les poumons sont avancés, ce qui
entraine des lésions des lobes crâniaux des poumons.
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Module Anatomie pathologique spéciale - pré-estomacs des ruminants

 Compression veineuse (à cause de la compression des viscères) et donc stase


sanguine, ce qui est à l’origine d’une diminution du retour veineux (stase, collapsus).

Ces deux troubles peuvent être à l’origine d’un collapsus cardiaque pouvant aboutir à la mort
de l'animal. Il sera alors nécessaire de réaliser un trocardage du rumen, pour éliminer mousse
et gaz. La gravité de ces lésions est majeure : 50% de mortalité, d'autant qu'elle concerne
souvent plusieurs animaux du troupeau.
Lors d'un diagnostic post mortem, il n'est pas toujours facile de détecter une météorisation.
En effet, la mousse disparaît rapidement après la mort, mais les bactéries survivent et
produisent du gaz : il y a encore une distension du rumen, on parle de météorisation post
mortem (visible 48h post mortem). Si l'autopsie est tardive, il n'y aura plus de gaz, alors pour
prouver que la distension existait du vivant de l'animal, il faut trouver des organes dont la
compression s’est produite avant la mort : la stase veineuse a surcoloré certains organes.
L'œsophage présente particulièrement une la ligne de congestion, témoignant d'un défaut de
retour veineux : on en déduit qu'il y a eu météorisation.

Partie crâniale de l’œsophage rouge Partie caudale de l’œsophage de


foncée qui résulte d’une accumulation couleur rose clair qui résulte d’une
sanguine : le sang ne pouvait pas partir car compression par le diaphragme :
le diaphragme était comprimé absence de sang

Pour différencier une météorisation spumeuse d'une gazeuse, il faut chercher un obstacle à la
circulation, regarder le contenu du rumen, et si possible connaitre l'état de l'animal avant sa
mort.

II/. L’ACIDOSE LACTIQUE ET LA RUMINITE

Ce phénomène est dû à un changement brutal d’alimentation avec une ration trop riche en
graines. Cette ration contient moins de cellulose et plus de sucre, ce qui favorise la
prolifération de bactéries Gram+ au détriment des Gram-, entraînant donc un déséquilibre de
la flore ruminale. La flore Gram+ génère de l'acide lactique (par fermentation des
carbohydrates), ce qui aboutit à une diminution du pH du rumen qui peut passer en dessous
de 5 (Norme : 5,5 à 7,5). On parle alors d’acidose ruminale.
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Module Anatomie pathologique spéciale - pré-estomacs des ruminants

Les mécanismes sont détaillés dans le schéma suivant.

Changement brutal du régime alimentaire (ration trop riche en grains)

Diminution de la flore Gram- et prolifération de la flore Gram+ (Lactobacillus, Streptococcus


bovis) permettant la fermentation de carbohydrates

Diminution du pH ruminal < 5 par production d'acide lactique

Destruction de l'épithélium de revêtement


par l'acide lactique Augmentation de
l'osmolarité
--> Lésions de la muqueuse du rumen

Décapage de la muqueuse jusqu'au


chorion Passage de l'eau du sang vers
le rumen
Colonisation bactérienne

Colonisation mycosique Déshydratation et acidose


sanguine
Fusobacterium, arcanobacterium

Bactériémie et extension des lésions à Hypoxie de tous les


d'autres organes (foie : 1er organes
organe cible

Baisse de l'état général, baisse de Collapsus circulatoire,


production, mais pas de mort jusqu'à la mort

On peut conclure à une acidose ruminale lorsqu’on observe à l’autopsie :

 Un contenu ruminal surchargé en grains par rapport aux fourrages Ex : sur la photo il y a
présence surtout de maïs).

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Module Anatomie pathologique spéciale - pré-estomacs des ruminants

 Une ruminite congestive (1er stade) : les territoires rouges et congestionnés


correspondent à des zones de lésions vasculaires.
 Ruminite hémorragique
Zone grisée : artefact : il
s’agit de l’épithélium de
revêtement qui se détache
en grands lambeaux

Aspect normal des


papilles ruminales

 Une ruminite nécrotique (2ème stade ) :


l'épithélium et le chorion sont perdus, les plis de la
muqueuse disparaissent (ulcère) . Il y a souvent une
colonisation bactérienne.
Plages grises : tissu
nécrosé encore en place

Plages rouges foncées : tissu


ulcéré, absence de toute la
muqueuse : épithélium et chorion

Champignons : Lésions étendues nécrotiques, très



hémorragiques car les champignons ont une ors
: L d’une
affinité
bactériémie , les bactéries peuvent arriver jusqu’au foie
pour les vaisseaux sanguins.
où elles vont former de nombreux abcès. On peut aussi
observer des lésions en cocarde dans la caillette (photo
 Lésion à d’autres organes : Lors d’une bactériémie, les bactéries peuvent arriver
jusqu’au foie où elles vont former de nombreux abcès. On peut aussi observer des
lésions en cocarde dans la caillette dues notamment à l’acide lactique qui passe dans
le sang et circule jusqu’à la caillette (celle-ci est d'abord résistante à l'acidité puis les
lésions apparaissent). A ce stade, il y a une surinfection mycosique, les formes
filamenteuses entrent dans la lumière des vaisseaux sanguins (source de nutriments,
d'oxygène), et l'obstrue : il y a nécrose ischémique. Ces lésions sont très nécrotiques et
hémorragiques par rapport à une infection bactérienne.

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Module Anatomie pathologique spéciale - pré-estomacs des ruminants

Abcès hépatique pyohémique

En périphérie : zone de
congestion ( rouge)

Liseré noir : zone d’hémorragie


(destruction vasculaire)

Au centre : zone de nécrose


brune/violette)

La cicatrisation des lésions d’acidose ruminale :


Si l'animal survit à ce type d'acidose, il présentera
des cicatrices en étoiles blanches, plutôt en
dépression. Ces étoiles sont dues au
remplacement du tissu nécrotique par du
collagène (la coloration claire correspond à la
fibrose), puis au phénomène de rétraction selon
les lignes de forces, lors de la phase de
cicatrisation. Cette lésion est guérie, n'évoluera
pas plus.
Lorsqu'on observe cela à l'autopsie, on est sûr que l'animal a eu une acidose ruminale dans sa
vie, mais sa datation est difficile. Dans tous les cas, il faut revoir la zootechnie de l'élevage.

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Module Anatomie pathologique spéciale - pré-estomacs des ruminants

Remarque philosophique: A propos de l’examen nécropsique


- Pour les animaux de compagnie : on le fait uniquement pour l’aspect scientifique : savoir
ce qui nous a échappé pouvoir y penser au prochain cas clinique.
- Pour les animaux de rente : On va souvent plus loin dans les examens complémentaires.
On fait souvent un examen général, même sur ce qui n’a pas tué l'animal (examen
parasitaire, ..). Ceci permet pouvoir traiter les autres animaux du cheptel, et d'améliorer
le traitement, la gestion de l'alimentation, etc.

Parfois, en plus des ruminites, les papilles sont surcolorées, ce qui correspond à une
hyperparakératose, due elle aussi à une mauvaise gestion de l'alimentation. (Partie
développée dans le cours des rhx, mais nous n'avons pas eu le temps de l'aborder cette année).

III/. LESIONS DUES A DES CORPS ETRANGERS

Cette présence de corps étrangers est surtout un grand classique chez les bovins, elle
est liée à la fois à leur régime alimentaire particulier et à l’anatomie du tube digestif. Les corps
étrangers sont présents dans le réseau en majorité : c’est la première poche dans lequel le
corps étranger va se retrouver. En général ce corps étranger est métallique, et l’importante
force de contraction du réseau va favoriser son implantation dans la paroi.
Remarque : Autrefois les corps étrangers que l’on retrouvait dans les pré-estomacs des
ruminants étaient des morceaux de barbelés de clôture, maintenant ce sont des tiges
métalliques très fines qui proviennent de carcasses de pneus qui servent à tenir les bâches sur
l’ensilage.

On peut observer différents types de lésions dues à l’implantation de ces corps étrangers dans
la paroi :

 Lésions primaires

Le corps étranger est planté dans la


paroi, poussé par le bol alimentaire. Il
rentre progressivement dans la paroi, ce
qui permet une inflammation, mais il
peut même perforer la paroi : il y a alors
une péritonite.

Inflammation autour
du corps étranger (ici
un clou)

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Module Anatomie pathologique spéciale - pré-estomacs des ruminants

Chez les bovins, dans le cas d’une péritonite, l'inflammation est très productive dans sa phase
vasculaire, il y a une production massive de fibrine et de liquide dans la cavité abdominale,
mais de l’extérieur on ne voit rien (différence avec les chevaux qui, eux, montrent des signes
de colique). Au mieux on peut observer une baisse de l’appétit et des performances.

Réticulo-péritonite traumatique
- Face externe (abdominale) de réseau

Perforation de la
paroi du réseau et
nécrose autour du
corps étranger (zone
grisée)

 Aggravation des lésions : péricardite


En faveur des contractions, le clou va continuer son trajet, percer le diaphragme puis le sac
péricardique. Il va s'en suivre la même évolution que dans l'abdomen avec une inflammation
suppurée riche en liquide et fibrine. Le sac péricardique subira alors une distension maximale.
Le cœur ne pourra plus se dilater ce qui va entraîner une tamponnade cardiaque et la mort de
l’animal par arrêt cardiaque. Cliniquement, on observe un pouls rétrograde, mais il est déjà
trop tard pour sauver l’animal à ce stade.

Liquide dans Fibrine (amas compacts jaunes)


le sac qui apparait une fois que le liquide
péricardique est enlevé  omelette fibrineuse

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Module Anatomie pathologique spéciale - pré-estomacs des ruminants

Aspect du cœur suite à une


péricardite fibrino-suppurée
d’origine traumatique

 Prévention de ces accidents : On peut faire avaler à l'animal un aimant qui va


directement dans le réseau et permettra d'agglomérer les corps métalliques.

Aimant retrouvé dans le


réseau après l’autopsie
d’un bovin

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CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

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Module anatomie pathologique spéciale – Estomac glandulaire

ESTOMAC GLANDULAIRE

SOMMAIRE

I. Troubles liés à l’anatomie de l’estomac.....................................................................1


II. Troubles liés à la physiopathologie de l’estomac.......................................................4
III. Traduction macroscopique des lésions espèce par espèce.......................................10
IV. Lésions tumorales.....................................................................................................12
V. Les lésions parasitaires…………………………………………………………………………………………14

On observe deux types de problèmes concernant les estomacs glandulaires


 Ceux liés à l’anatomie : concerne les déplacements, dilatations, déchirures et torsions
 Ceux liés à la physiopathologie de l’estomac glandulaire

I/. TROUBLES LIES A L’ANATOMIE DE L’ESTOMAC

A/. Exemple 1 : Dilatation et déchirure chez le cheval

Ces troubles sont surtout présents chez les équidés, qui ont la particularité de ne pas pouvoir
vomir car ils ont un sphincter du cardia très puissant. Par conséquent, il peut y avoir une
augmentation importante du volume stomacal. Quand il y a en plus un défaut de vidange de
l’estomac, le contenu stomacal s’accumule, l'estomac est alors plein et donc fragile. Si ceci est
associé à un traumatisme (même un traumatisme léger), on peut donc observer une
déchirure, qui est une cause majeure de mort subite chez les équidés.

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Module anatomie pathologique spéciale – Estomac glandulaire

Déchirure d’un estomac


de cheval

A ce stade de déchirure, on
peut affirmer que c’est une
hémorragie interne qui est
survenue du vivant de l’animal.
Si la déchirure avait été moins
large, on aurait plutôt suspecté
une péritonite.

Il faut faire la différence entre une déchirure ante-mortem et une altération post-mortem qui
lors d'autopsies, l'estomac peut se déchirer à la faveur de manipulations un peu brusques ou
lors de l'ouverture de l'abdomen.

 Cas 1 : lésions ante mortem. On observera la présence


- d’une infiltration de sang dans le tissu conjonctif (signe MAJEUR) : quand on passe un
coup d’éponge sur l’estomac, le sang NE PART PAS
- d’hémorragies
- de fibrine le long des bords de la déchirure (inflammation)
- de contenu stomacal répandu dans la cavité abdominale, entre les anses intestinales.

 Cas 2 : lésions post mortem. Dans ce cas il n’y a pas de sang dans le tissu conjonctif :
quand on passe un coup d’éponge sur l’estomac, le sang PART.

B/. Exemple 2 : Dilatation et torsion chez le chien

Le syndrome de dilatation-torsion de
l’estomac n’arrive que chez les chiens de
moyenne ou grande taille, lors d’une
activité physique intense après un repas.

On observe un estomac dilaté (mésentère


tendu en surface), avec une paroi
anormalement rouge, dû à la stase
veineuse provoquée par l'écrasement
des veines (absence de retour veineux,
mais apport artériel persistant). La rate
est également souvent congestionnée car elle est appendue à l'estomac, elle est donc
entraînée dans la torsion ce qui peut engendrer un défaut de retour veineux (chez le chien la
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Module anatomie pathologique spéciale – Estomac glandulaire

rate peut stocker jusqu’à 1,5 à 2L de sang). On a alors un risque d’arrêt cardiaque : il s’agit
d’une des seules véritables urgences vétérinaires (50% de mortalité). Evolution en 5-6h.
Lorsqu’un chien arrive en clinique avec une suspicion de torsion de l’estomac, le diagnostic est
peu difficile, mais on peut le confirmer par imagerie. Il faut à ce moment-là vérifier si le pylore
est bien à sa place.
! Attention piège (rare) ! Il arrive que l’estomac ait tourné de 360° : le pylore semble alors être
correctement placé. Dans ce cas on se base sur le fait que l’estomac apparaît très dilaté et qu’il
contient beaucoup de gaz.

Mécanisme d’apparition du syndrome de dilatation-torsion :

Affaiblit le ligament
Dilatations de l'estomac
gastro-hépatique :
répétées, de plus en plus Torsion de l'estomac
diminution de la fixité de
importantes
l'estomac

Remarque : Les dilatations répétées de l’estomac passent souvent inaperçues : on voit


simplement que le chien, de temps en temps, ne se jette plus sur sa gamelle, mais il la mange
plus tard dans la nuit par exemple.

L’affaiblissement du ligament gastro-hépatique est souvent associé à certains facteurs


prédisposant pour entraîner une torsion de l’estomac :
- des facteurs héréditaires (les grandes races de chien)
- l’absorption d’une trop grande quantité de liquide ou de nourriture en un temps réduit
(souvent en une seule prise)
- un exercice physique violent juste après cette prise alimentaire

De plus, la torsion s’aggrave s’il n’y a pas de traitement car les gaz ne peuvent plus s’échapper.

La prévention de cette pathologie est donc de fractionner l’alimentation, et de maintenir


enfermés les chiens après leur avoir donné, au moins entre 2 et 3 heures, le temps que la
vidange gastrique se fasse.

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Module anatomie pathologique spéciale – Estomac glandulaire

C/. Exemple 3 : Déplacement et torsion de caillette chez les bovins

Chez les bovins, en temps normal, la caillette


se situe dans le plan médian, au-dessus du
processus xiphoïde. Les déplacements sont
plus fréquents que les torsions. Dans 90 %
des cas, le déplacement s’effectuera à
gauche. Normalement celle-ci se remet
toute seule en place sauf s’il y a à la fois
déplacement et torsion.
Sur la photo ci-contre, on observe une
caillette très congestionnée, avec sa paroi
hémorragique et dilatée.

Le phénomène est long à s’installer, les


répercussions cliniques seront donc moins importantes que chez le chien par exemple (le seul
signe clinique sera surtout l’anorexie).

On observe ces lésions dans deux cas de figure


 Les femelles hautes productrices laitières quelques semaines après la mise bas
(environ 6 semaines). La gestation provoque la rupture ou une faiblesse du ligament
attachant la caillette au grand omentum. La rupture des moyens de fixité de la caillette et la
zone qu’occupait le fœtus se retrouvant soudainement vide facilitent le déplacement de la
caillette.
 Les veaux en post-sevrage souffrants d’une hypocalcémie (ce qui diminue donc la
motricité de l’estomac) et/ou si leur ration est trop riche en grains (cas des sevrages trop
précoces): importante formation d’acides gras volatiles qui favorisent une atonie, entrainant
le déplacement et la torsion de la caillette.

II/. TROUBLES LIES A LA PHYSIOPATHOLOGIE DE L’ESTOMACI. TROUBLES LIES A LA


PHYSIOPATHOLOGIE DE L’ESTOMAC

Ces troubles sont les gastrites érosives et ulcératives, qui sont des pertes de substance dans
l’estomac. C’est un phénomène très fréquent mais dont on ne connaît pas forcément la cause.
Ils sont surtout fréquents chez les animaux qui sont facilement stressés, comme les chevaux
et les porcs.
Il est important d’observer le nombre, la profondeur et la topographie de ces phénomènes
dans l’estomac.

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Module anatomie pathologique spéciale – Estomac glandulaire

! Attention, rappel à savoir !

Les définitions d’érosion et d’ulcère sont différentes dans l'estomac et dans la cavité buccale,
car l’épithélium de l'estomac est unistratifié. Définition dans l’estomac :
- Erosion = perte focale d’une partie de la muqueuse : perte d’épithélium + une partie du
chorion.
- Ulcère = perte focale de la totalité de la muqueuse : perte de l’épithélium + tissu conjonctif
+ musculeuse de la muqueuse (voire plus encore). Dans le cas d'un ulcère perforant, toutes
les couches sont traversées (jusqu'à la séreuse). Un ulcère récent détruit les vaisseaux, il a
donc un fond noir, tandis qu'un ulcère ancien est ferme et blanc (fibrosé).

Les traductions cliniques d’une perte de substance au niveau de l'estomac sont les suivantes
- Vomissements teintés de sang
- Douleurs au niveau de la zone de palpation de l’estomac
- Anorexie
- Modification de la prise alimentaire : l’animal mange puis il ralentit car l’ulcère lui fait
mal
- Ptyalisme = hypersalivation

A/. Les mécanismes de protection de la muqueuse gastrique

Dans l’estomac glandulaire des carnivores domestiques, le pH est compris entre 1 et 2, il faut
donc un système de protection de l'épithélium. On retrouve 5 principaux mécanismes de
protection des muqueuses :

 Sécrétion d’une couche de mucus par les glandes à mucus du cardia, du pylore et par
l’épithélium de revêtement de l'estomac (cardia, pylore, et fundus). Le mucus se dépose en
surface de l’épithélium, qui est un épithélium simple cylindrique, où le pH est alors de 6-7 alors
qu'il est de 1-2 dans la lumière gastrique. Le mucus a un effet tampon grâce au bicarbonate
qu’il contient. Ces carbonates sont acheminés par le sang.

 Plasticité de l’épithélium : En cas de brèche dans l’épithélium, celle-ci sera comblée par :

- Aplatissement des cellules épithéliales voisines pour recouvrir le chorion (les


Si la brèche cellules cylindriques deviennent pavimenteuses pour couvrir une plus grande
n’est toujours surface protégée)
pas comblée - Migration rapide d’autres cellules (met quelques heures en moyenne)
- Multiplication cellulaire intense et rapide

L'objectif est d’empêcher le contact entre HCl et le tissu conjonctif. En effet si l’acide parvient
jusqu’au chorion, il stimulera les terminaisons nerveuses sous-jacentes, entrainant une action
à distance (via la gastrine) sur les cellules pariétales qui produisent HCl : c'est un cercle vicieux,
l'érosion s'élargit.

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Module anatomie pathologique spéciale – Estomac glandulaire

Il est donc très important, en cas de suspicion d’ulcères d’administrer des médicaments qui
vont bloquer les pompes à protons. Les pansements gastriques ont le même effet que cette
plasticité de l'épithélium.

Remarque : L'estomac est un des organes où la multiplication cellulaire est la plus rapide. Ainsi,
lors de chimiothérapies avec administration d'antimitotiques, il y a un risque de
vomissements, de diarrhées ou d’ulcères.

 Sphincter entre le duodénum et le pylore : Il empêche les reflux de bile du duodénum vers
l’estomac. La bile étant mucolytique, elle entraine des ulcères dans le pylore en cas de défaut
de fermeture du sphincter, qui ont pour caractéristique d'être jaunes.
Remarque : En cas de défaut de fermeture du sphincter œsophage-cardia, il y a des remontées
acides. Or l'épithélium de l'œsophage est pluristratifié mais mal protégé, l'acidité va donc
bruler les couches épithéliales et détruire cette muqueuse, qui en plus bénéficie d'une
mauvaise cicatrisation.

 Production locale de prostaglandine E2 qui favorise le système de défense de l’épithélium


(stimule la production de bicarbonate et de mucus, stimule la prolifération cellulaire) et
diminue la production d’HCl.
Remarque : les anti-inflammatoires induisent la diminution de production de prostaglandines.

 Production de TGF-α (cytokine produite localement par les cellules épithéliales) et d’EGF (=
Epithelial Growth Factor, produite par la salive), qui favorisent la prolifération et la migration
cellulaire de l’épithélium, et diminuent la production d’acide par les cellules pariétales.

B/. Les facteurs favorisant les ulcères

Une perte de substance dans l'estomac est toujours due à un déséquilibre entre la production
d’acide et les mécanismes de protection de la muqueuse gastrique. Cinq mécanismes sont à
l’origine de ce déséquilibre.

1/. Perte focale de la barrière épithéliale

La perte de la barrière épithéliale se produit lors du reflux de sels biliaires, ou de l’ingestion de


substances pouvant dissoudre les lipides (Ex : alcool, ce qui explique qu’on se sent barbouillé
un lendemain de soirée : la muqueuse s’est faite décapée).

2/. Augmentation de la sécrétion de HCL

Cette augmentation peut se faire par deux voies :


 La voie nerveuse (paramètre fondamental !) : le stress entraine une hyperstimulation
du système nerveux. Ceci est très observé chez les chevaux, chez qui on observerait pour

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Module anatomie pathologique spéciale – Estomac glandulaire

90% d’entre eux des ulcères gastriques. On applique ceci en élevage porcins, où l’on
introduit des jeux pour que les porcs soient moins stressés.
 La voie hormonale (moins fréquente) : Une hypersécrétion d'histamine ou de gastrine
active les cellules pariétales (productrices d'HCl).
- Les tumeurs produisant de la gastrine sont très rares.
- L'histamine est produite par les mastocytes : lors de mastocytomes chez le chien, les
premiers signes cliniques sont des vomissements dus aux ulcères, car les mastocytes
tumorisent et certains meurent (faible rendement de la tumorisation) ce qui libère
l’histamine et va stimuler les cellules pariétales à l’origine d’une hyperproduction d’HCl.
Il s’agit d’un syndrome paranéoplasique classique.

Remarque : Les cellules pariétales possèdent 3 types de récepteurs différents (acétylcholine,


H2, gastrine). Leur stimulation entraine la synthèse d’HCL.

3/. Phénomènes d’ischémie

Une perturbation locale du flux sanguin artériel est à l’origine d’un moindre apport en
bicarbonate, donc il y a moins de mucus produit.

4/. Administration d’AINS

L’administration d’AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens) provoque une diminution de la


production de prostaglandines (PGE2), donc une diminution de la quantité de phospholipides
protecteurs. Les chevaux sont très sensibles à ce phénomène. Les troubles dus aux AINS
peuvent également se retrouver au niveau du colon ou des reins.

5/. Présence de pathogènes : Helicobacter pilori

 Chez l’homme
Helicobacter pylori est très fréquemment incriminée lors d’ulcères gastriques.

Caractéristiques de la bactérie :
 bactéries Gram- ! toujours extracellulaire !
 mobiles grâce à des flagelles présentes à ses 2 extrémités, ce qui leur permet de
traverser la couche de mucus
 forme spiralée (intéressant du point de vue diagnostic : on les voit sur une coupe
histologique)
 Uréase + (survit dans le milieu acide)

Les bactéries sont ingérées, puis survivent dans l'estomac grâce aux uréases qu'elles
produisent. Elles traversent le mucus grâce à leurs flagelles, puis se fixent aux cellules antrales
(=cellules pariétales) de l'estomac grâce à leurs adhésines. En restant extracellulaires, ces
bactéries :
- produisent des toxines (cytotoxines Vac A à effets vacuolisants) et des enzymes
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Module anatomie pathologique spéciale – Estomac glandulaire

- entretiennent une inflammation par induction de la sécrétion d’IL 8. Les macrophages


produisent alors des radicaux libres, qui augmentent la perméabilité membranaire et
entrainent des altérations du génome
- altérent les systèmes de réparation de l’ADN des cellules épithéliales.

On a alors déclenchement d’un phénomène néoplasique : les 2/3 des tumeurs dans l’estomac
chez l’homme sont dues à Helicobacter pylori : lymphomes et (adéno-)carcinomes. Pour
explorer les douleurs gastriques, il faut donc réaliser des endoscopies, des biopsies et des
mises en culture.

Muqueuse normale
Ingestion
H.pylori par
. voie orale Gastrite superficielle

Gastrite chronique

Aucun 1) Gastrite atrophique Maladie Lymphome du MALT


symptôme 2) Métaplasie intestinale ulcéreuse
(transformation en 70% des cas chez
épithélium de type l'adulte
intestinal)
3) Dysplasie
4) Adénocarcinome

Remarque 1 : Le lymphome du MALT


Il concerne en majorité les lymphocytes B. Les H. pylori possèdent de nombreux antigènes
exogènes qui déclenchent un flux lymphocytaire ainsi que l’apparition de follicules primaires
où a lieu une production de plasmocytes. Ceci associé à une inflammation due à la présence
de la bactérie (production de radicaux libres) génère des lymphomes de la zone marginale. Le
traitement antibiotique suffit parfois à faire régresser la tumeur.

Remarque 2 : Historiquement, l’unique traitement était un pansement gastrique à base


d’aluminium, qui a été prouvé comme toxique pour le système nerveux central. Un autre essai
de traitement a été l’utilisation d’antiacide, mais lorsqu’on arrêtait le traitement les troubles
recommençaient. Désormais on associe des antiacides à des antibiotiques, et il n’y a pas de
récidive.

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Module anatomie pathologique spéciale – Estomac glandulaire

 Chez les animaux


La quasi-totalité des chats sont porteurs d’Helicobacter
(90% des chats), et sont des porteurs sains. Dans la
majorité des cas, les bactéries ne sont pas pathogènes :
elles sont dans le mucus de surface. Il faut se méfier
lorsqu'elles s'insinuent dans les glandes pariétales et
traiter lorsque les bactéries sont au niveau des
canalicules intra cytoplasmiques.
Chez les chiens on n’en voit pas aussi souvent, mais elles
ne sont également peu pathogènes. On n’observe pas
autant de lymphomes et de carcinomes que chez
l’homme.

Rappel sur la structure d’une cellule


pariétale

H. pylori dans le
mucus de surface
d’un estomac de
chien : non gênant
à ce stade

H. pylori dans les


canalicules intra
cytoplasmiques :
pathogène

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Module anatomie pathologique spéciale – Estomac glandulaire

III/. TRADUCTION MACROSCOPIQUE DES LESIONS ESPECE PAR ESPECE

A/. Chez les ruminants

En noir : méléna = sang


digéré par l’acide
chlorhydrique

Sur la photo de droite, on observe de nombreuses pertes de substances : érosions et ulcères.


Ces pertes de substance peuvent être due à une mauvaise pratique alimentaire ou à un
changement trop brutal d’alimentation (fourrage de mauvaise qualité provoquant une
irritation mécanique).
Sur la photo de gauche, on observe des ulcères récents (ils sont bordés de sang) et profonds
(on voit la musculaire de la muqueuse sous-jacente).

Il existe 3 causes principales chez les ruminants qui responsables de ce genre de lésions
- Acidose lactique due à un déséquilibre alimentaire,
- Maladie des muqueuses (virale) avec des ulcères en « coup d'ongle » caractéristiques
- Déplacement ou torsion de la caillette entraînant une compression vasculaire et une
ischémie.

B/. Chez le cheval

Les causes des ulcères chez le cheval sont de 3 types :


- Idiopathique, le plus souvent.
- AINS : les chevaux y sont très sensibles. Si on les utilise, on veillera à mettre en place
un traitement antiacide avec notamment des pansements gastriques.
- Stress : 40 à 90 % des chevaux ont un syndrome ulcereux gastrique.

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Module anatomie pathologique spéciale – Estomac glandulaire

La cause est le plus


souvent inconnue , on fait
donc un traitement
symptomatique qui ne
permet pas une guérison. Ce
traitement est bien connu :
on utilise d es antiacides,
mais ceux -ci coûtent très
cher (surtout chez le cheval,
puisque la quantité à
administrer est
proportionnelle au poids).

C/. Chez le chien

Les causes des ulcères chez le chien


sont de 4 types :
- Idiopathique le plus souvent
(généralement ces ulcères ne
sont pas graves, on en trouve
très fréquemment à l’autopsie)
- AINS Ulcères
- Mastocytomes

- Urémie : l’urée est toxique pour


la paroi des petites artères, et
va entrainer une nécrose
ischémique des territoires
irrigués. Ceci peut être à
l’origine de gastrites érosives

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Module anatomie pathologique – Estomac glandulaire

IV/. LES LESIONS TUMORALES

Les tumeurs de l’estomac sont rares. Celles qui sont le plus souvent observées concernent soit
l’épithélium de revêtement (carcinome), les glandes (adénocarcinomes) ou les cellules
lymphoïdes (lymphomes).

A/. Carcinome épidermoïde de la partie non glandulaire chez le cheval

En blanc :
partie non
glandulaire

En rose :
partie
glandulaire

Chez le cheval, la tumeur la plus classique est le carcinome épidermoïde (tumeur maligne) qui
se forme à partir de l’épithélium pluristratifié pavimenteux de la partie non glandulaire de
l’estomac (partie très développée chez le cheval). Le carcinome se présente sous la forme
d’ulcères térébrants.
On les traite peu car il y a peu de symptômes, sauf quand le carcinome finit par perforer
l’estomac, une péritonite se développe alors et des métastases peuvent se disséminer. Ceci
peut être à l’origine d’une colique et parfois de la mort du cheval.

Remarque importante : différence entre ulcère et phénomène néoplasique : la lésion a un


caractère unique et profond pour une lésion de type tumorale.

B/. Adénocarcinome et lymphome chez les carnivores : peu fréquent

Chez les carnivores, on retrouve principalement 2 types de tumeurs

 L’adénocarcinome térébrant (la plus fréquente des tumeurs de l’estomac des


carnivores). C’est une tumeur maligne issue des cellules glandulaires ou de
l’épithélium sécrétant.
Remarque : On parle d'adénocarcinome alors que cette tumeur maligne touche l’épithélium
de revêtement et non l’épithélium glandulaire. En réalité, l'épithélium glandulaire est aussi
touché, et on ne sait pas distinguer les deux.
Cet adénocarcinome cause des ulcères perforants très larges et profonds, et des métastases
en grenaille dans l’abdomen au niveau du mésentère. Les premiers symptômes seront des
vomissements dus à l’ulcère et non dus à la masse qui prolifère.

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Module anatomie pathologique – Estomac glandulaire

Métastases « en
semailles » dans le
mésentère greffées par
voie lymphatique ou par Bords de l’ulcère
gravité épaissis : stroma
réaction
Ulcère collagénique

 Le lymphome de type B : infiltration diffuse dans la muqueuse de l'estomac avec


un épaississement et un plissement de la muqueuse ou sous-muqueuse gastrique
sur une grande surface, due à une hypertrophie du tissu : prolifération des cellules
tumorales lymphoïdes. Ce sont les chats qui sont les plus touchés par ces tumeurs.

Duodénum
Plis de la muqueuse
épaissis : dus à une
accu mulation de cellules
donc phénomène
néoplasique

Nodule :
accumulation de
cellules néoplasiques

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Module anatomie pathologique – Estomac glandulaire

V/. LES LESIONS PARASITAIRES

Essentiellement chez les ruminants et notamment dans la caillette des moutons. L’agent
responsable est Haemonchus contortus.
La gravité des lésions est due aux adultes hématophages qui provoquent des anémies parfois
sévères et des hypo protéinémies.

Adulte H. contortus

Caillette de mouton hébergeant des adultes H. contortus

Cycle de Haemonchus contortus

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CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM


Module anatomie pathologique - Les intestins

LES INTESTINS
PLAN

I. Les désordres mécaniques de l'intestin...............................................................................1


II. II. Les désordres histo-physiologiques de l’intestin............................................................12

I/. LES DESORDRE MECANIQUES DE L’INTESTIN

Un intestin peut être schématisé par un long tube contenu dans la cavité abdominale et dans
lequel circule les ingesta d'amont en aval.
Il existe alors des désordres qui sont liés à la longueur des intestins (torsion, hernies, prolapsus et
étranglement), et des désordres qui sont liés à la progression de l’ingesta (occlusion, modification
de la vitesse du transit).

A/. Désordres liés à la longueur de l’intestin

1/. Les déplacements de l’intestin

1.1/. Les hernies herniaires

Herniation interne : déplacement de l’intestin à travers une perforation normale ou pathologique


dans la cavité abdominale, qui aboutit à une incarcération (fixation) puis à un étranglement de la
portion herniée.

C'est une pathologie que l’on retrouve


surtout chez le cheval. Il existe un
foramen naturel dans l’épiploon : le
foramen épiploïque (photo ci-contre),
dans lequel les anses intestinales
peuvent glisser en cas de compression.

Foramen épiploïque

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Module anatomie pathologique - Les intestins

En cas d'étranglement, les


anses intestinales ne peuvent
pas ressortir, il y a alors Anses
infarcissement, stase sanguine, intestinales
herniées
puis nécrose ischémique et
prolifération bactérienne.
Cliniquement, le cheval est en
colique.

Quand il y a stase sanguine,


c’est une urgence : il faut ouvrir
le sac herniaire et Foramen
généralement sacrifier une épiploïque
partie des anses intestinales.

1.2/. Les hernies externes

Herniation externe : formation d’une poche de péritoine (sac herniaire) qui sort hors de la cavité
abdominale.

Les anses intestinales sortent de la cavité abdominale par le canal inguinal, par le diaphragme (cas
fréquents d'AVP des chats), par la paroi abdominale… : on retrouve alors des hernies ombilicales,
ventrales, diaphragmatiques, hiatales, inguinales, scrotales, périnéales…
Hernie diaphragmatique chez
un chat
Ici le problème ne se pose pas
tellement pour les anses
intestinales , mais plutôt pour
les poumons et le cœur qui
sont compressés : le chat a des
difficultés respiratoires. On
peut essayer de suspendre le
chat par les pattes avant, afin
Anses intestinales que les anses intestinales
dans la cavité redescendent dans la cavité
thoracique abdominale, mais il faudra
quand même suturer le
diaphragme.

Testicule

Hernie scrotale chez un porc

Anses intestinales dans le


scrotum (passage des anses
à travers le canal inguinal)

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Module anatomie pathologique - Les intestins

Hernie ombilicale chez un porcelet et chez un veau

Les hernies ombilicales sont banales chez les très jeunes animaux et surtout les veaux. La gravité
des hernies ombilicales est variable, de mineure à majeure : elles s’opèrent facilement. Ici, ces
deux hernies sont de gravité majeure : les 2/3 de l’abdomen sont passés dans la hernie.

1.3/. Les prolapsus rectaux

Prolapsus rectal : éversion d’une partie de la muqueuse du colon à travers le rectum (hors de
l'animal).

Les causes sont essentiellement :


• un effort expulsif violent des fèces (ténesme) : suite à une coprostase ou lors de
diarrhée par péristaltisme (plus rare)
• des efforts trop importants lors de la mise bas (surtout chez les bovins), suite à la
pression importante qui s’exerce au niveau du bassin et au relâchement du système
ligamentaire.

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Module anatomie pathologique - Les intestins

La muqueuse éversée est très fragile


(épithélium simple). Si la lésion perdure, il
peut y avoir des problèmes liés au
dessèchement de la muqueuse, tels que des
érosions, des ulcérations et de la nécrose,
ainsi que des contaminations bactériennes.
Il faut essayer de remettre en place la
muqueuse (attention : on remet en place
une muqueuse non altérée !) sans la
déchirer, et il faut en déterminer la cause
pour éviter des récidives. Si l'intervention
est trop tardive ou difficile, il y a un risque
de perforer l'intestin, ce qui sera difficile à
réparer chirurgicalement.
Le prolapsus rectal est une lésion de gravité
Muqueuse
moyenne mais qui doit être traitée à temps.
digestive
rouge
vif
Prolapsus rectal chez un bovin en haut et chez un chat en bas

2/. Les torsions de l’intestin : les volvulus

Volvulus : torsion des anses intestinales autour de l’axe mésentérique. En général, c’est au niveau
de l’intestin grêle, sauf chez le cheval où le gros intestin est également concerné.

Obstruction Congestion Oedème et Coloration


veineuse passive nécrose rouge foncé à
Torsion de noire
l'intestin
autour de son Prolifération
axe bactérienne Distension
mésentérique par des
(bactériémie,
liquides et gaz
toxémie)

Volvulus de l’intestin grêle chez un chien à gauche et chez un cheval à droite

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Module anatomie pathologique - Les intestins

C'est une lésion majeure, souvent mortelle. Elle peut être traitée par entérectomie : il faut enlever
toute la portion d'intestin prise dans la torsion, ce qui pose généralement problème car, souvent,
une grande proportion d'intestin est concernée.

Remarque importante : Il faut faire très attention au risque de lésion de reperfusion pour les anses
intestinales qui ont été privées longtemps de sang. En effet, le torrent circulatoire va disséminer
les toxines accumulées (action systémique) et va également apporter du Ca2+ aux cellules qui
étaient en hypoxie, ce qui entraîne leur mort brutale.

Partie rouge :
congestionnée

Volvulus du colon chez des chevaux (torsion sur son grand axe) Zone de
torsion

3/. Etranglements de l’intestin : lipomes pédiculés du cheval

Mésentère

Chez les chevaux, les lipomes sont Pédicule


surtout situés dans le mésentère et sont
Lipome
pédiculés (possèdent un « pied »). Ce
sont des tumeurs bénignes.
Remarque : Chez le chien, les lipomes sont surtout
cutanés, et de morphologie variable (pas uniquement pédiculés). Les lipomes pédiculés du
mésentère ne concernent que le cheval.

Lorsque le lipome devient trop gros et trop lourd,


le pied s'étire. Il va alors y avoir rotation du lipome
(à la faveur des mouvements de l’animal), le
pédicule tourne sur lui-même, et entraine le
mésentère. Le mouvement rotatoire est transmis
aux anses intestinales, jusqu'à étrangler une anse,
avec arrêt de la vascularisation et accumulation de
sang très importante
Anse intestinale
(stase sanguine). étranglée
Lipome

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Module anatomie pathologique - Les intestins

B/. Les désordres liés à la progression de l’ingesta

1/. Les obstructions intestinales

Remarque : Il existe des tumeurs intestinales, principalement épithéliales (les polypes) et


lymphomateuses, mais qui ne vont pas jusqu’à former une occlusion.

1.1/. Atrésie

L’atrésie intestinale : est le développement anormal de la paroi


intestinale, à l’origine d’une occlusion et d’une stagnation des
produits de digestion (accumulation en amont).

C’est une anomalie congénitale due à un défaut d’organisation lors de


l’embryogénèse (défaut d’invagination qui donne deux tubes borgnes
car pas de fusion de l’endoderme et de l’ectoderme).
La gravité dépend de la portion manquante au-delà de l'anus. Les
animaux de rente atteints ne sont souvent pas opérés (à cause du
coût).
Atrésie de l’anus d’un chat: imperforation de l’anus 

1.2/. Corps étrangers

A lui seul, le corps étranger ne suffit souvent pas à provoquer l’obstruction. Il va servir de
nucléus.
Les entérolithes (littéralement « pierres dans l’intestin ») sont constitués d'un «nucléus» central
(petit caillou, corps étranger métallique par exemple), autour duquel se déposent des couches
concentriques régulières de sels minéraux du tube digestif (phosphates ammoniacomagnésiens).
Ils peuvent mesurer de 1 à 20 cm et peser jusqu'à plusieurs kg !

On les rencontre essentiellement chez le cheval et surtout le cheval arabe, au niveau de la flexion
pelvienne du côlon transverse car les corps étrangers ne la passent pas.

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Module anatomie pathologique - Les intestins

Caillou central

Couches concentriques
de sels minéraux

Coupe transversale d’un entérolithe


(issu du colon d'un cheval)

1.3/. Impactions

Une impaction est une agrégation d’ingesta qui ne peut plus progresser dans l’intestin.

 Exemple 1 : Ascaris du Cheval (après un traitement anthelminthique)

Les Ascaris adultes du cheval sont de très grande taille et vivent non fixés à la muqueuse. Ils se
maintiennent à contre-courant des ingesta grâce à des ailettes sur leur face céphalique.
Lors d'un traitement antiparasitaire, les ascaris sont tués. Ils sont alors emportés par le
péristaltisme et forment des pelotes, c'est à ce moment qu'il peut y avoir obstruction de la lumière
intestinale : c'est le
phénomène d'impaction.

Pelote d’ascaris
adultes morts dans un
jéjunum de cheval

 Exemple 2 : Accumulation de méconium

Chez les nouveaux nés, le méconium est le résidu de la digestion fœtale. Il est très collant et peut
rester accroché à la paroi du tube digestif. L'absorption de colostrum favorise l'expulsion du
méconium par hyperstimulation du péristaltisme.
Il peut y avoir des impactions par non-élimination et accumulation du méconium après la
naissance. Cela peut favoriser la prolifération bactérienne.

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Module anatomie pathologique - Les intestins

Accumulation de
méconium
chez un
agneau

1.4/. Sténoses cicatricielles

Suite à une atteinte de la paroi intestinale, il peut y avoir une sténose (= rétrécissement) de la
lumière lors de la phase de rétractation cicatricielle et une dilatation en amont. Ce phénomène
se produit souvent après des phénomènes inflammatoires, par exemple chez le porc, c'est une
complication des salmonelloses (lésions ulcérées multifocales).

Selon le degré de sténose,


c’est une lésion de gravité
moyenne à majeure .

Sténose cicatricielle dans un


côlon de porc

Dilatation du colon en
amont de la zone de
sténose

Zone de sténose

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Module anatomie pathologique - Les intestins

1.5/. Intussusception

Intussusception : télescopage d’un segment d’intestin dans un segment plus distal.

Lumière de
l’intussuscipiens

Lumière de
l’intussusceptum

L’intussusception entraî ne une stase sanguine


(congestion passive), un œdème puis une nécrose
ischémique et une hémorragie . La paroi de
l’intestin étant très fragilisée, voire détruite, cela
peut entrainer une perforation . Le contenu se
déverse alors dans la cavité abdominale et entraine
une péritonite.
C’est une lésion de gravité majeure .

Lorsqu'on opère, on peut essayer de tirer de


chaque côté, mais il faut prendre beaucoup de
précautions pour ne pas risquer de déchirer les

Si on intervient tardivement , il peut s'être formé


des adhérences, qui fragilisent faut alors réaliser une
entérectomie (qui pose peu de problèmes car
seulement quelques centimètres sont retirés), en
coupant un peu plus large car la paroi est fragilisée
par la stase sanguine, et il faut suturer dans une
paroi solide.

Les mécanismes sont encore peu connus. Une irrégularité du péristaltisme entre les anses est en
cause (Comme sur la route : quand une voiture freine fort, celle de derrière lui rentre dans le coffre).
Tout ce qui perturbe l’onde peut aboutir à une intussusception, mais le plus souvent elle est
imputable à du parasitisme, un corps étranger ou une inflammation locale. On appelle
tussusceptum la portion enveloppée et intussuscipiens la portion enveloppante.

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Module anatomie pathologique - Les intestins

Remarque : Après la mort, les cellules musculaires survivent quelques minutes, les contractions
intestinales continuent alors de manière anarchique et peuvent être à l’origine d’une
intussusception post mortem. Il faut donc faire le diagnostic différentiel avec l’intussusception
ante-mortem.
En cas de lésion post-mortem, on observe :

- réduction facile de l’intussusception en tirant sur les deux anses (absence


d’inflammation, absence d’adhérences),

- pas d’hyperhémie, donc pas de surcoloration

- pas de fibrine en surface.

2/. Modification de la vitesse du transit

2.1/. Hypotonicite

 Le mégacôlon

Mégacôlon : augmentation exagérée de la taille du côlon dont la lumière est distendue par
accumulation de matières fécales.

Le mégacôlon peut avoir 2 origines :

- Une origine congénitale (Maladie de


Hirschprung) : Chez les porcelets, chiots, chatons et
poulains. Lors de l'embryogénèse, il n'y a pas de
formation du plexus nerveux myentérique (par
défaut de migration des cellules nerveuses des
crêtes neurales et défaut de formation des ganglions
nerveux de l’intestin). Cela entraîne un défaut de
stimulation nerveuse des cellules musculaires du
côlon et donc un défaut de vidange par hypotonie.

Défaut de vidange du colon par


hypotonie chez un chat

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Module anatomie pathologique - Les intestins

- Une origine acquise suite à des


lésions nerveuses d’origine traumatique
(Accidents de la Voie Publique des chats)
provoquant une compression ou
un cisaillement des terminaisons
nerveuses à l’origine d’un défaut de
stimulation du tissu musculaire du colon
(et du système urinaire souvent :
rétention urinaire). Une imperforation de
l’anus peut aussi entrainer un mégacôlon.

Mégacôlon dans un intestin de


chat

(Le côlon est deux à trois fois plus gros que l’estomac).

C’est une lésion de gravité majeure, et il n’y a pas grand chose à faire car les terminaisons
mettent plusieurs mois à se régénérer.

 Les iléus paralytiques

Iléus paralytique : est une hypomotilité non mécanique (n’ayant pas pour origine une
altération des cellules musculaires) qui aboutit à une obstruction de l'intestin. Il concerne
surtout le cheval.

Mécanisme :
Péritonite
Choc Stimulation
Douleur sévère continue des Défaut de
faisceaux
Toxémie stimulation de Hypomotilité
nerveux qui
Hypokaliémie la musculeuse
deviennent
Urémie réfractaires
Tétanos

Cela mène à une stagnation du contenu intestinal pouvant parfois être accompagnée d'une
prolifération bactérienne.

2.2/. Hypertonicité : les diarrhées parasitaires

Il y a augmentation de l’intensité ou de la fréquence du péristaltisme, ce qui diminue le temps de


contact avec la muqueuse. Cela est souvent dû à la présence de parasites dans les intestins (les
diarrhées sont alors verdâtres).
Remarque : Diarrhée : ramollissement des fèces imputable à une augmentation de la quantité
de liquide, souvent accompagné d'une augmentation de fréquence des fèces.

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Module anatomie pathologique - Les intestins

Diarrhée chez un
jeune veau

BILAN DES DESORDRES MECANIQUES DE L'INTESTIN :


L'intestin : un tube ... ... long
Occlusions : Déplacements : Hernies,
Atrésie, Impactions, Sténose, Intussusception Prolapsus
Désordres Modification de la vitesse du transit : Hypotonie,
Torsions : Volvulus
mécaniques Hypertonie
Etranglements : Lipomes
pédiculés

II/. LES DESORDRES HISTO-PHYSIOLOGIQUES DE L’INTESTIN

A/. Histo-physiologie normale de l’intestin

1/. L’absorption des produits de la digestion

L'intestin grêle possède un épithélium simple et cylindrique, il est formé de cellules peu larges
et hautes, présentant des microvillosités à leur pôle apical (1 à 2 μm de hauteur, constituées
de microfilaments) qui permettent d'augmenter la surface d'absorption.

Pathologie associée : En cas de perte ou d'effacement des villosités, les entérocytes ne


peuvent plus absorber, d'où une diarrhée par malabsorption.

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2/. Le passage dans le chorion : sortie des produits de la digestion

Après avoir métabolisé les produits de la digestion, les entérocytes les émettent dans les
espaces intercellulaires de Grünhagen, pour parvenir au chorion. Des jonctions étanches au
pôle apical des entérocytes évitent le reflux dans la lumière intestinale.

Espace de
Grünhagen

A gauche : trajet du produit de la digestion (en pointillés) au niveau des entérocytes


A droite : schéma d’un entérocyte pour mieux visualiser l’espace de Grünhagen

Pathologie associée : Si les entérocytes sont totalement détruits, alors le chorion est exposé
dans la lumière intestinale, et il risque une érosion mécanique ainsi qu'une prolifération
bactérienne, d'où une diarrhée hémorragique.

Autre pathologie associée : La perte de jonctions étanches, due à des bactéries par exemple,
a pour conséquences la sortie des produits de la digestion dans la lumière de l’intestin :
phénomène d’exsudation.

3/. Le passage dans les chylifères

Les villosités intestinales contiennent un vaisseau lymphatique central : le chylifère. Autour de


celui-ci, il y a des cellules musculaires qui permettent l'entrée des nutriments dans le chylifère
lorsqu'elles sont relâchées, ou le piégeage et la chasse des nutriments dans la circulation
lymphatique lorsqu'elles sont contractées (puis jusqu’au système sanguin, jusqu’à la veine
porte).

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Module anatomie pathologique - Les intestins

Coupe longitudinale d’une villosité intestinale

Pathologie associée : En cas d'un influx anormal de cellules dans le chorion, les nutriments ne
peuvent plus atteindre le chylifère et restent dans les espaces de Grünhagen (C'est comme
essayer de traverser la place Bellecour pendant la fête des Lumières!). Il y a alors une
accumulation dans ces espaces, qui finit par altérer les jonctions étanches sous l’effet de la
pression, d'où une diarrhée par exsudation.

4/. Quelques structures particulières

 Les glandes de Lieberkühn déversent leur contenu dans la lumière intestinale.

Pathologies associées : Suractivité des enzymes productrices à cause des toxines, à l'origine
d'une hypersécrétion des glandes, d'où une diarrhée par hypersécrétion. Le renouvellement
cellulaire des glandes est également une cible de pathologies.

 Les plaques de Peyer sont surmontées d'un épithélium contenant des cellules
M, qui sont des cellules sans bordure en brosse. Elles permettent le passage d'antigène
de la lumière intestinale au chorion, puis une cellule présentatrice d'antigène prend en
charge l'antigène jusqu'aux plaques de Peyer. Les produits de la digestion ne doivent
pas induire de réponse immunitaire, à l'inverse des agents pathogènes (virus,
bactéries,..) : il s’agit d’un équilibre entre le déclenchement ou pas d’une réponse
immunitaire.

Pathologie associée : En cas de réponse immunitaire induite à partir d'un aliment (cas de
l'intolérance au gluten), ou sans réponse immunitaire alors qu'il y a un agent pathogène. Les
cellules M peuvent aussi faire passer des agents infectieux dans l'organisme.
Nous allons étudier successivement les anomalies de ces mécanismes.

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Module anatomie pathologique - Les intestins

B/. Absorption des produits de la digestion et diarrhées

On distingue 4 types de diarrhées provoquées par des désordres histo-physiologiques de


l’intestin : diarrhée par malabsorption, par hypersécrétion, par hyperpéristaltisme, et par
exsudation. Nous allons ici étudier le premier type.

1/. Diarrhée par malabsorption

1.1/. Par effacement des villosités

1.1.1/. E.coli enteroadhérentes

Certaines souches d’E. Coli peuvent provoquer un effacement des microvillosités. C’est le cas
d’E. Coli entéroadhérente. On parle de colibacilloses entéroadhérentes. Cela concerne les
porcelets, agneaux, veaux, lapereaux, chiots autour de 2 semaines.

Mécanisme :
Pénétration de la bactérie dans le glycocalyx

1er contact : Adhésion à la surface des entérocytes par des pilis (codés par le gène bfd)

2ème contact (plus puissant) : Attachement aux entérocytes grâce à l'intimine (codée par
le gène eae A, recherché lors de diagnostic par PCR)

Activation d'une tyrosine phosphokinase des entérocytes grâce à l'EPEC Signaling Protein (codée
par les gènes esp A et B)

Réarrangement du cytosquelette de l'entérocyte

Collapsus et effacement des microvillosités (seule modification de


l'entérocyte, il est toujours viable sinon)

Maldigestion et malabsorption

Diarrhée

Remarque : Ces diarrhées sont très souvent secondaires à l'infection par d’autres agents
pathogènes : cryptosporidies, E. coli entérotoxinogènes, coronavirus, coccidies, etc. Ceci fait
qu’un diagnostic ne prouve pas forcément l’origine complète des symptômes.

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Module anatomie pathologique - Les intestins

Microvillosités normales

Bactérie

Absence de
microvillosités

Intestin de lapin infecté


en microscopie électronique

1.1.2/. Les cryptosporidioses

L'agent pathogène est Cryptosporidium parvum (protozoaire du même phyllum que les
coccidies) et touche principalement les agneaux et veaux. Elle présente un cycle parasitaire
identique à celui des coccidies, avec
une reproduction sexuée et asexuée :

Les Cryptosporidies se posent en surface des entérocytes (contrairement aux Coccidies qui
rentrent dans les cellules pour les détruire), et effectuent leurs cycles de multiplication
asexuée puis sexuée. C'est un parasite intracellulaire extracytoplasmique : la membrane
plasmique de l'entérocyte infecté l'enrobe au pôle apical, mais il est séparé du cytoplasme.
Cette caractéristique complique le traitement (difficulté d'accès).
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Module anatomie pathologique - Les intestins

Les Cryptosporidies ne détruisent pas les entérocytes, mais provoquent l'aplatissement de


leurs microvillosités, d'où une diarrhée par malabsorption.

Remarque importante : Il peut être transmis à l’homme (épisodes diarrhéiques), et concerne


principalement les jeunes animaux (car les adultes ont déjà développé une immunité) ou les
adultes immunodéprimés.

Cryptosporidie
intracellulaire
extracytoplasmique

Intestin de mouton infecté

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Module anatomie pathologique - Les intestins

Microscopie électronique
d’intestin de mouton - Un
cratère est persistant même
après détachement du
parasite

Un diagnostic histologique
est possible :

Cryptosporidies le long de
l’épithélium

2/. Par destruction des entérocytes.

2.1/.Exemple1 : Rotaviroses du groupe A

Les rotavirus ont pour caractéristiques :


- bonne résistance dans le milieu extérieur
- ubiquitaire
- cytolytique
- tropisme pour les entérocytes matures : limité à la partie supérieure des villosités
de l'intestin grêle
- infectent les jeunes animaux, surtout les veaux et porcelets

Mécanisme :
1- Le rotavirus rentre dans les entérocytes de la moitié supérieure des villosités et s’y
multiplie.

2- Dans les premières heures, les premiers signes de souffrance cellulaire apparaissent
(gonflement des mitochondries, perte des microvillosités, vacuolisation des cellules, ..).

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Module anatomie pathologique - Les intestins

Cellules de la moitié
supérieure des entérocytes
infectées (colorées en
marron : marquage

Jéjunum de porcelet atteint d’une


rotavirose

3- Suite à la disparition de l'épithélium, les villosités se tassent sur elles-mêmes et fusionnent.


On parle d'atrophie villositaire régénérative, puisque l'épithélium est ensuite renouvelé
grâce aux entéroblastes. Cette fusion entraine une diminution de la surface épithéliale, d'où
une diminution des capacités d'absorption. Ces fusions sont toutefois limitées à l'échelle de
l'intestin, et ont donc peu de conséquences.

Jéjunum de porcelet
(fusion villositaire)

4- Réparation. Il y a successivement :
- En 24h : ré-épithélialisation du tissu conjonctif. Les cellules persistantes s'aplatissent
pour reformer une barrière (étanchéité retrouvée), mais il n'y a pas d'absorption
possible.
- Au bout de 4 jours : les plateaux striés sont formés, il y a donc un début d'absorption.
- Au bout de 7 jours : le tissu est complètement réparé, avec des villosités normales.

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Module anatomie pathologique - Les intestins

2.2/. Exemple 2 : Coronaviroses

Les coronavirus détruisent les entérocytes sur toute la longueur des villosités : il y a une
atrophie subtotale. La villosité est presque totalement décapée, mais les capacités
régénératives sont toujours intactes. On parle donc aussi d’atrophie régénérative.
Ces virus provoquent une atrophie villositaire plus marquée que les rotavirus, d'où une
réparation plus longue et donc une gravité plus importante. En particulier chez le porcelet, ils
sont responsables de gastro-entérite transmissible (GET).

Coronavirose avec nécrose de l’épithélium villositaire – Bovin

Bordure en brosse normale

Cellules épithéliales
détruites : Atrophie
villositaire subtotale

Remarque : les coronaviroses concernent les veaux de moins de 3 semaines et les porcelets
de moins de 10 jours.

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Bande plus colorée : entérocytes aplatis qui ont


recouvert l’épithélium : début de réparation

Atrophie villositaire majeure – Porcelet

2.3/. Exemple 3 : Enterotoxémie de type B

Les entérotoxémies forment un groupe de maladies qui résulte de la production de toxines


par Clostridium perfringens.

Clostridium perfringens possède 17 toxines, dont 4 pathogéniques :

 Toxine alpha (α): action sécrétoire (stimule les


glandes)

Hyperstimulation des glandes

Pas de surcoloration ni de lésion


cellulaire

Au début de la maladie : action de la toxine α

 Toxine beta (β): action nécrosante, responsable de la dysentérie du mouton qui


provoque une nécrose de coagulation

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Fantômes de villosités
Muqueuse

Glandes (encore en vie)

Sous muqueuse

Action de la toxine β -
Entérite hémorragique
et nécrosante

Surcoloration des
intestins Hémorragies

Nécrose de coagulation massive de la partie supérieure de la muqueuse – Bovin

 Toxine epsilon (ε): angiotoxique


Cette toxine entraine une autolyse accélérée des reins lors de la mort. A l'autopsie, les reins
seront ramollis ("rein pulpeux") : l'emprunte des doigts y reste. En fait, cette toxine provoque
une glycosurie, l'animal a donc beaucoup de sucres dans les reins et les bactéries y prolifèrent
préférentiellement.
 Toxine iota (ι)

2.4/. Exemple 4 : coccidiose

Elles sont provoquées par des protozoaires : des coccidies du genre Eimeria ou Isospora, et
concernent presque toutes les espèces animales.
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Module anatomie pathologique - Les intestins

Il faut retenir de ce cycle que la multiplication asexuée entraine une destruction importante
des entérocytes, tandis que la multiplication sexuée détruit moins d'entérocytes. Il faut aussi
retenir que, contrairement aux Cryptosporidies, les coccidies rentrent dans l’entérocyte.

Schizontes et gamontes – Bovins Macrogamontes - Lapins

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Mécanisme lésionnel :

Lors de la schizogonie Lors de la gamétogénèse

Production de nombreux entérocytes


Destruction de nombreux entérocytes (réparation)
+ +
Chorion dénudé qui saigne facilement Inflammation du chorion suite aux
érosions

Entérite hémorragique Entérite proliférative

Selon les espèces, une des phases est prépondérante, d'où des symptômes différents :

 Mouton et Chèvre : entérite proliférative avec formation de polypes (prolifération


endoluminale de la muqueuse, ici par hyperplasie : exagération de la réparation).

Plis épaissis et
blancs

Entérite chronique hypertrophique – Agneau

Entérite
chronique
hypertrophique
avec polypes –
mouton

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 Chien, chat, bovins : entérite hémorragique

 Porc : entérite fibrino-nécrotique (dominante inflammatoire) avec formation de


pseudomembranes

C/. Diffusion des produits de la digestion

Il existe des altérations de la diffusion des produits de la digestion à partir des espaces de
Grünhagen.
1/. Passage dans le chorion : diarrhée par exsudation

Exemple : les entérotoxémies de type A chez les carnivores et l’homme. On qualifie ces
entérotoxémies de type A car elles sont dues à l’entérotoxine α de Clostridium perfringens. Le
gène codant pour Cpe (Clostridium Perfringens entérotoxine) s'exprime lors de la sporulation.

Diarrhée par
exsudation

2/. Passage dans les chylifères

Au centre de chaque villosité se trouve un chylifère central (vaisseau lymphatique) et des


cellules musculaires lisses associées. Il peut y avoir un défaut de diffusion à cet endroit, soit
par défaut du système lymphatique, soit par accumulation de cellules dans le chorion.

2.1/. La lymphangiectasie : diarrhée par exsudation

Remarque : lymph- : système lymphatique / ang- : vaisseaux / -ectasie = dilatation d’un canal
ou d’un vaisseau.

La lymphangiectasie se traduit par un épaississement de la muqueuse de l’intestin avec


dilatation extrême des chylifères centraux et des vaisseaux lymphatiques du tube digestif.

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La lymphangiectasie peut avoir 2 formes :

• Une forme congénitale : lors de l’embryogénèse, il y a une anomalie dans le


développement des vaisseaux lymphatiques (taille irrégulière, extrémité borgne,...). Il
y a alors des troubles de la circulation, avec des zones de stagnation de la lymphe.
Concerne essentiellement le chien.
• Une forme acquise : elle est provoquée par une compression des voies lymphatiques
par une tumeur ou une inflammation granulomateuse ou idiopathique.

Aspect macroscopique :
Sur un intestin sain, on ne distingue pas les villosités à cette échelle. Ici, les villosités sont
hypertrophiées à cause de l'accumulation de lymphe dans les chylifères (villosités blanches
dues à l’accumulation de chyle blanc riche en lipides). A ce jour, le mécanisme précis n’est pas
connu.

Villosités hypertrophiées

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Aspect histologique

Chylifères centraux dilatés


par accumulation de lymphe

Sous -muqueuse intacte

V illosités avec lymphangiectasie

Traduction clinique
La lymphangiectasie fait partie des entéropathies exsudatives par perte de protéines.
L’absorption se fait correctement, mais du fait de l'obstruction lymphatique il y a fuite
protéique dans la lumière de l’intestin.
Les conséquences sont successivement :
- Diarrhée par exsudation (le chyle ressort dans la lumière intestinale)
- Hypoprotéinémie. Il faut alors explorer le foie (production protéique) par
biochimie, le rein (élimination protéique) par biochimie et l'intestin (absorption)
par endoscopie.
- Fonte du tissu adipeux
(l'organisme puise dans ses
réserves protéiques)
- Fonte du tissu musculaire :
amyotrophie.
- Ascite (= présence de liquide
dans la cavité abdominale).

La seule issue est l'euthanasie.

2.2/. Les entérites immunologiques

Les entérites immunologiques se traduisent par l’accumulation dans le chorion d’une grande
quantité de lymphocytes et de plasmocytes.
Les entérites immunologiques concernent les chiens (berger allemand surtout) et les chats, et
les symptômes sont ceux d’une diarrhée peu intense.
Ce type de lésion est dû à la réponse immunitaire anormale mise en place par l’animal. On
pense que cette réponse déséquilibrée est provoquée par une stimulation antigénique
chronique (alimentation,...). Quand on soumet ces animaux à un régime alimentaire
hypoallergénique, il y a dans certains cas une amélioration. Le cas échéant, il faut déprimer le
système immunitaire.

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Module anatomie pathologique - Les intestins

Le mécanisme est simple : la forte densité cellulaire perturbe la diffusion du produit de la


digestion dans le chorion. Le produit de digestion s’accumule dans l’épithélium qui finit par se
décoller sous l’effet de la
pression. Le produit de la
Points noirs nombreux dans le
digestion ressort alors dans la chorion : lymphocytes
lumière car il ne peut plus
diffuser : cela provoque une
malabsorption et une
entéropathie par perte
protéique. De plus, si l’infiltrat
cellulaire est trop important, il
peut y avoir une dilatation des
voies lymphatiques (mais ce n’est
pas systématique).
Décollement de l'épithélium

Aspect macroscopique :
La muqueuse est épaissie et
apparait plus pâle (on parle
d'aspect "velouté").

Entérite lympho-plasmocytaire chez un chien

Remarque : Il faut faire la distinction avec une inflammation classique, mais dans ces cas-là, il
y aurait congestion. Il faut également écarter l’hypothèse d’un lymphome.

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Module anatomie pathologique - Les intestins

D/. Activité sécrétoire : entérocytes immatures des glandes

Les glandes intestinales ou cryptes de


Lieberkühn sont composées de
cellules caliciformes et d’entérocytes
immatures, leurs microvillosités sont
encore incomplètes, il n'y a donc pas
d'absorption à ce niveau. Ces glandes
assurent la sécrétion d’eau,
d’électrolytes, de bicarbonates et
d’entérokinase (permet l’activation du
trypsinogène en trypsine). La
sécrétion est activée via les systèmes
d’adénylate et de guanylate cyclase.

Remarque : Le liquide produit n'est pas


négligeable, il représente 1 à 1,5L par jour chez l’homme. Il est normalement réabsorbé par
les entérocytes matures.

Exemple : Hypersécrétion des entérocytes immatures : diarrhée par hypersécrétion

On étudie ici les colibacilloses entérotoxiques. Elles sont provoquées par certaines souches
entérotoxinogènes d’Escherichia Coli. Ce sont des maladies qui concernent les très jeunes
animaux de moins d’une semaine (porcelets, veaux, agneaux, poulains). A cet âge-là, la
barrière acide de l’estomac n’est pas encore en place (pH>2), et les toxines peuvent donc
passer dans le chorion.
Ces souches entérotoxinogènes se fixent à la surface des entérocytes par des pilis bactériens
(qui permettent de classer les bactéries : K88, K99, F17, F41, ..).

Fixation des pilis bactériens (adhésines) à des récepteurs gangliosides à la surface des
entérocytes de l'intestin grêle

Multiplication bactérienne et sécrétion de 2 types de toxines

Toxine thermolabile Toxine thermostable

Activation de l'adénylate cyclase Activation de la guanylate cyclase

Action Blocage de l'absorption du NaCl Action


lente mais par les entérocytes matures rapide mais
de longue Ouverture des canaux Cl des de courte
durée entérocytes immatures durée

Diarrhée aigue profuse sévère


Déshydratation rapide

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L’animal présente une diarrhée très abondante, d’arrivée brutale, de couleur jaune à blanche.
L'animal cible est le très jeune : les conséquences d'une telle déshydratation sont très rapides :
il risque de collapsus cardiaque hypovolémique.

Traduction clinique :
Les animaux sont abattus,
adynamiques. On observe
une surcoloration des poils sur les
bords de l’anus (souillés par la
diarrhée). Cette diarrhée
est collante, visqueuse. Attention,
il n’y a pas de sang dans les fèces, il
s’agit seulement d’une perte
liquidienne !

Agneau : apathie, déshydratation,


anus souillé par des fèces jaunes

Aspect macroscopique :
A l’autopsie, on observe un contenu
jaunâtre et abondant au niveau de
l’intestin.

Agneau : entérite catarrhale aiguë

Aspect histologique :
Il y a peu ou pas de lésions microscopiques, les cellules ont une morphologie normale. Par
contre on observe de nombreuses bactéries attachées au pôle apical des entérocytes (flèches):

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Module anatomie pathologique - Les intestins

Colibacillose entérotoxique chez un porcelet (jéjunum)

E. Coli atta ché à un entérocyte


par ses pilis (flèches)

E/. Renouvellement de l’épithélium : les enteroblastes

Les entéroblastes sont les cellules souches de la plupart des cellules intestinales. Suite à leur
multiplication, leurs cellules-filles vont emprunter différentes voies selon le
microenvironnement (si on a une destruction massive d’entérocytes, les entéroblastes vont
se diviser préférentiellement en entérocytes, s’il y a parasitose, elles vont plutôt donner des
cellules caliciformes pour permettre l’élimination des parasites par le mucus). Les
entéroblastes ont une grande importance puisqu'ils servent au renouvellement cellulaire des
cellules épithéliales. Le cycle de renouvellement dure trois jours. Les entéroblastes sont
localisés au fond des glandes intestinales (cellules à gros noyau pâle).

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Module anatomie pathologique - Les intestins

Destruction des entéroblastes : exemple de la parvovirose

Remarque : Chez le chien cette maladie s’appelle la parvovirose, alors que chez le chat elle
s’appelle la panleucopénie infectieuse féline (PIF) différente de la péritonite infectieuse féline
(PIF aussi !).

La parvovirose est provoquée par un parvovirus, qui a différentes caractéristiques.


- il a besoin de cellules en division pour se répliquer : les 2 cellules cibles dans l’intestin
sont les entéroblastes et les lymphocytes.
- cytolytique (destruction de la cellule après s'y être divisé)
- très résistant dans le milieu extérieur : résistance aux agents chimiques, physiques et
à la chaleur. Il faut donc faire une désinfection extrêmement poussée et minutieuse
de l’environnement après une contamination.

Mécanisme :

Pénétration du virus (voie orale ou nasale : transmission par les


matières fécales contaminées)

Multiplication dans le tissu lymphoïde (amygdales)

Virémie

Contamination des entéroblastes via les plaques de Peyer

Multiplication du virus dans les entéroblastes des cryptes intestinales

Nécrose de l'épithélium des cryptes par effet cytolytique

Défaut de renouvellement de l'épithélium

Mise à nu progressive des villosités

Atrophie villositaire hyporégénérative Page 32 sur 48


Module anatomie pathologique - Les intestins

Nombreuses fusions villositaires, villosités tordues et atrophiées

Réparation très très longue

Aspect histologique :
Epithélium absent (détruit)
Villosités aplaties

Aspect de la muqueuse
intestinale d’un chien
atteint de parvovirose

Amas de cellules entourées


d'un halo clair : épithélium
des glandes desquamé

La première multiplication au sein des cellules lymphoïdes passe en général inaperçue


(un peu d’hyperthermie transitoire). Puis on observe une diarrhée (défaut d’absorption) qui
devient hémorragique car le chorion est mis à nu.
L'atrophie villositaire est hyporégénérative (il reste quelques cellules permettant le
renouvellement) voire arégénérative (aucune cellule intacte) de pronostic reservé.

Remarque : Généralement, la parvovirose entraîne la mort suite à une surinfection


bactérienne (on observe une inflammation avec PNN, œdèmes…). C’est le stade de la diarrhée
hémorragique.

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Module anatomie pathologique - Les intestins

Glandes anormales lors d’une


parvovirose

Les glandes ont perdu leur


épithélium et des cellules mortes
détachées sont à l’intérieur des glandes.

La présence de corps d’inclusion


(en plus des circon stances vues
précédemment) met en évidence
une parvovirose.

Déplétion des plaques de Peyer


(flèches) chez un chien atteint de
parvovirose

Normalement, les plaques de


Peyer sont pleines de cellules
lymphoïdes.

La parvovirose entraine une forte déplétion lymphocytaire au sein des formations lymphoïdes:
il y a une hypoplasie lymphoïde. Le système immunitaire local est détruit, ce qui facilite encore
plus les surinfections bactériennes.

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Module anatomie pathologique - Les intestins

Aspect macroscopique :

La partie proximale de l’intestin grêle


est surcolorée et dilatée. Il y a une
entérite hémorragique et il peut y avoir
une très forte inflammation s’il y a des
surinfections bactériennes.

Congestion segmentaire de l’intestin


qui apparait dilaté par un liquide de
couleur marron chez un chien

Entérite nécrosante et
hémorragique (fibrineuse) chez un
chien

Nécrose et pétéchies

La nécrose est ovalaire et bien


délimitée : elle concerne une structure
particulière : les plaques de Peyer.

Lésions de panleucopénie infectieuse


chez un chat

L'entérite hémorragique est étendue à


toute la longueur de l'intestin grêle.

La champylobactériose est à l’inverse une maladie bactérienne où Champylobacter active la


régénération des entéroblastes et leur différentiation, ce qui aboutit à un épithélium déséquilibré
car enrichie en villosités mais déficitaire en cellules caliciformes donc peut de production de
mucus. Il y aura alors une érosion par le bol alimentaire qui diminue in fine l’absorption.

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Module anatomie pathologique - Les intestins

F/. Les moyens de défense de l’intestin

Les moyens de défense de l’intestin sont très divers


- Les sécrétions intestinales et extra-intestinales des cellules de Paneth
- La motilité intestinale
- Le turnover rapide des entérocytes
- La présence de sels biliaires
- Le mucus riche en IgA
- Les mécanismes immunologiques
- Les bactéries autochtones du réservoir caecal

1/. Les cellules lymphoïdes

Les cellules
lymphoïdes
disséminées

Les lymphocytes T sont surtout au sommet des villosités. On retrouve surtout les CD8 au
sommet des villosités, au milieu des villosités les CD4 et CD8 sont plus panachés.

Les plasmocytes sont retrouvés à la base de la villosité, entre les glandes. Ils produisent de
manière constante surtout des IgA et IgM qui passent dans les glandes et sont excrétées avec
le mucus à la surface des villosités. Les IgA ont une activité bloquante : elles doivent être
excrétées dans le mucus.

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Module anatomie pathologique - Les intestins

La sécrétion d'IgA :

Les IgA sont


internalisées par les
cellules épithéliales des
glandes au pôle basal, et
ré-excrétées au pôle
apical dans le mucus , en
dimère et avec la pièce
sécrétoire (elle permet à
la fois la diffusion de
l’Ig et allonge sa durée
de vie).

2/. La présence de sels biliaires secondaires

Les sels biliaires représentent 70% de la bile. Elle est produite par les hépatocytes, déversée
dans les canalicules biliaires puis dans les canaux biliaires jusqu’au duodénum. Le rôle des sels
biliaires dans le duodénum est l’émulsion des lipides qui permet l’action des lipases et la
formation de micelles pour permettre le passage dans les entérocytes. Après action, les sels
biliaires repartent jusque dans la lumière de l’iléon où les bactéries autochtones vont les
transformer en acides biliaires secondaires : rôle de contrôle de la prolifération bactérienne.
Des récepteurs vont ensuite les capturer pour les recycler dans le foie.
S'ils ne sont pas réabsorbés dans l’iléon, ils vont passer dans le côlon, ce qui va perturber la
flore bactérienne, provoquer une hypersécrétion des glandes, une diarrhée et des coliques.

3/. Les cellules M

Avec les amygdales, les cellules M font partie du système de tissu lymphoïde associé au tube
digestif (Gut Associated Lymphoid Tissue ou GALT), sous-système du MALT (Mucosa
Associated Lymphoid Tissue ou tissu lymphoïde associé aux muqueuses). Les cellules M («
microfolded ») se retrouvent uniquement dans l’épithélium au-dessus du tissu lymphoïde (au
niveau des plaques de Peyer dans l’intestin grêle et au niveau des follicules clos dans le gros
intestin).

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3.1/. Exemple 1 : la paratuberculose ou maladie de Johne

Il s’agit d’une maladie causée par Mycobacterium avium subsp. paratuberculosis et qui
concerne les ruminants (bovins et petits ruminants). La contamination se fait durant la
première année de vie de l’animal mais les manifestations cliniques ne surviennent que
beaucoup plus tard vers 1,5 – 2 ans : le temps de latence est important. Ce sont des bactéries
intracellulaires, elles sont donc difficiles à atteindre par le système immunitaire.
Il s’agit d’une maladie chronique dans laquelle on observe une accumulation lente et massive
de cellules (souvent des macrophages) dans le chorion.

Nous allons étudier successivement la maladie chez les bovins et les petits ruminants.

3.1.1/. Chez les bovins

Mécanisme :
Contamination par de l'alimentation souillée par des fèces

Prise en charge de la bactérie par les cellules M : portes d'entrée du chorion surtout
dans la partie terminale de l'iléon

Passage de la bactérie dans le chorion

Contamination des macrophages présents

Multiplication des bactéries dans les macrophages en


résistant à la phagocytose et sans destruction de la cellule

Stimulation des macrophages : sécrétion de cytokines

Accumulation de macrophages dans le chorion et la sous-muqueuse

Diarrhée profuse chronique

Hypoprotéinémie

Emaciation (fonte musculaire)

L'accumulation de macrophages empêche la diffusion des produits de la digestion dans la


muqueuse, et des vaisseaux sanguins à l’épithélium (entraîne une hypoxie), ce qui aboutit à
une dissociation de l'épithélium, une augmentation de la perméabilité et donc une diarrhée
exsudative. D'autres mécanismes provoquent la diarrhée, mais ils sont encore peu connus.

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Module anatomie pathologique - Les intestins

Aspect histologique :

Entérite granulomateuse chez un


bovin : forte densité en
macrophages

Bovin atteint de
paratuberculose : mise en
évidence des bacilles acido-
alcoolo -résistants (points bleus
dans les macrophages) par la
coloration de Ziehl

Aspect macroscopique

Entérite granulomateuse d'un bovin 

La muqueuse est pâ le et épaissie du fait de


l’accumulation de cellules. Cette maladie se nomme «
la maladie du gros boyau blanc », ou dit de manière
plus scientifique « aspect encéphaloïde de la
muqueuse ».

Bovin atteint de paratuberculose :


émaciation et diarrhée chronique

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Module anatomie pathologique - Les intestins

3.1.2/. Chez les petits ruminants

Chez les petits ruminants, les manifestations de la paratuberculose ne sont pas les mêmes, alors
que c'est toujours Mycobacterium qui est en cause. Il y a extension de la maladie dans les voies
lymphatiques, ce qui donne des lymphangites granulomateuses et des adénites
granulomateuses.

Mécanisme :

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Module anatomie pathologique - Les intestins

Aspect macroscopique:

Lymphangite granulomateuse chez un


mouton
Intestin peu/pas épaissi

Voies lymphatiques
hypertrophiées et irrégulières
"en chapelet" : accumulation de
macrophages dans la paroi

Lymphadénite granulomateuse et
entérite granulomateuse chez un
mouton
Points blancs au niveau du
ganglion mésentérique :
granulomes contenant
macrophages et Mycobactéries

3.2/.Exemple 2 : la salmonellose

Elle est causée par des bactéries du genre Salmonella (Salmonella typhimurium, S.enteritidis,
S. dublin, S. cholerasuis, S. typhosa). On considère que toutes les espèces sont pathogènes.
Elles ont pour caractéristiques :
- Survie dans ou hors des cellules (macrophages)
- Flagelles : colonisation des tissus, bactérie invasive

Toutes les espèces animales peuvent être touchées, même l’homme.

Mécanisme :

Il existe 2 modes de pénétration pour ces bactéries.

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Module anatomie pathologique - Les intestins

• Par voie générale : formes aigues = « passage en force »

Adhérence de la bactérie
aux entérocytes de l'iléon
distal et du colon proximal
par des pili

Pénétration dans les


entérocytes (réarrangement du
cytosquelette puis
internalisation de la bactérie)

Production de 3
toxines

Toxine à
Toxine Toxine qui activité
thermolabile- interrompt les phopsholipase
like synthèses A
protéiques de la
cellule
Fuite
Diarrhée
liquidienne :
sécrétoire
diarrhée
profuse Nécrose des
exsudative
entérocytes

Chorion dénudé colonisé par les bactéries puis


multiplication sous forme libre ou intramacrophagique

Transport par les macrophages aux


ganglions lymphatiques et multiplication
locale

Bactériémie
et sépticémie
: phase
générale

• Par adhérence aux cellules M : formes chroniques

Une fois que les bactéries ont adhéré aux cellules M, elles colonisent les formations
lymphoïdes sous-jacentes via les macrophages. Il y a alors multiplication bactérienne et
nécrose du tissu lymphoïde. Il s’agit de lésions très localisées (plaques de Peyer de l'intestin et
follicules clos du côlon). Cette voie est donc moins destructrice que la première où les lésions
sont plus diffuses.

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Module anatomie pathologique - Les intestins

Les 3 formes cliniques :


Plusieurs facteurs déterminent l’apparition d’une forme clinique:
- La quantité de bactéries infectantes (plus elle est importante, plus on va vers une
forme aiguë).
- L’exposition antérieure à une salmonelle (développement d’une immunité spécifique
qui oriente plutôt vers une forme chronique)
- La concomitance d’un stress (surpopulation, transport, chute brutale de température,
changement de lot, mise bas, gestation, administration d’antibiotiques) qui peut
entrainer une rupture de l’état d’immunité.

• Forme septicémique (ou suraigüe) : la diarrhée n’a pas le temps de se mettre en place. Il y
a développement d’une CIVD puis d’une nécrose fibrinoïde des vaisseaux (réaction de
Schwartzman généralisée pour info). Il y a des pétéchies dans de nombreux organes.

• Forme entérique aiguë : il y a développement d’une entérite catarrhale et d’une


typhlocolite (typhlo- = caecum, col- = côlon, c’est donc une inflammation du caecum et du
côlon) fibrino-nécrotique très sévère. La muqueuse intestinale apparaît congestionnée
voire hémorragique avec un enduit rouge-gris.

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Module anatomie pathologique - Les intestins

Colite nécrotico -hémorragique chez


Entérite nécrotico-hémorragique chez un chien: un cheval : salmonellose aiguë
salmonellose aiguë

• Forme entérique chronique : on a une vascularite induite par les toxines bactériennes puis
une thrombose des vaisseaux et une nécrose ischémique. Un phénomène de cicatrisation
entraine alors une sténose de certaines portions du tube digestif. On observe également
des lésions extrêmement localisées : des ulcères dits « en bouton » surtout dans le côlon
(surtout en regard des formations lymphoïdes).

Ulcères en bouton chez un porc


avec nécrose des plaques de
Peyer : salmonellose chronique

Plaque de Peyer
nécrosée

Plaque de Peyer
normale : chaque point
blanc correspond à une
formation lymphoïde

Nécrose de la muqueuse (flèche) et


ulcère en bouton (caract éristique
d’une entrée par les cellules M) dans
le côlon d’un porc :
salmonellose chronique

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Module anatomie pathologique - Les intestins

G/. Expression clinique d’un dysfonctionnement intestinal : La


diarrhée

Diarrhée : sécrétion de fèces anormalement liquides qui s’accompagne d’une augmentation


du volume des fèces et d’une augmentation de la fréquence de défécation.

1/. Mécanismes d’apparition

Malabsorption par altération de la bordure en brosse ou destruction des entérocytes de


l’intestin grêle. Secondairement à cause de la malabsorption des sels biliaires au niveau de
l’intestin grêle, il y a une stimulation de la sécrétion de fluides au niveau du gros intestin. Il y
aura donc en plus une diarrhée d’hypersécrétion au niveau du côlon.

 Hypersécrétion : la muqueuse est intacte mais il y a hyperactivité des entérocytes des


glandes intestinales.

 Exsudation : il y a augmentation de la perméabilité des capillaires et/ou des entérocytes.

 Hypermotilité : il y a augmentation de l’intensité ou de la fréquence du péristaltisme ce


qui diminue le temps de contact avec la muqueuse.

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Module anatomie pathologique - Les intestins

2/. Conséquences

Hypovolémie
(peut déjà tuer Hémoconcentration : Production Acido-
Défaut de cétose
l'animal s'il est ralentit la diffusion d'énergie par
Diarrhée Déshydratation perfusion (SNC 1er
jeune : d'oxygène aux glycolyse
tissulaire
collapsus hématies anaérobie touché)
cardiaque)

La mise en place de la glycolyse anaérobie est un système de


secours. Cependant, celle - ci produit de l’acide lactique à l’origine d’une
acido-cétose (la cétose proviendrait de la production de corps
cétoniques par les hépatocytes hypoperfusés) . On observe des troubles
neurologiques. Puis il y a coma et mort.

3/. Les différents types de diarrhée


Les diarrhées peuvent présenter des couleurs et des consistances très
différentes .

 Le méconium ≠ diarrhée !
Chez cet agneau de 2 -3 jours, on observe une matière collante et
pâteuse de couleur jaune -orangée restée collée aux poils autour de
l'anus. Ici, il ne s'agit pas de diarrhée mais de l'expulsion du
méconium .

• Diarrhée de malabsorption

Diarrhée blanche/plâtreuse,
d’aspect pâteux, souillant la zone
péri-anale

La couleur blanche correspond au


lait non digéré. Il peut s'agir d'une
coronavirose.

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Module anatomie pathologique - Les intestins

• Diarrhée sécrétoire

Diarrhée jaunâtre et très muqueuse

C’est dû à un
phénomène d’hypersécrétion. Elles se
rencontrent par exemple lors de
colibacilloses où il y a production de toxines
qui activent les systèmes enzymatiques des
glandes.

 Diarrhée hémorragique

Diarrhée marron foncé ("chocolat") à


noire
(due à des hémorragies)

Ce type de diarrhée peut toucher de


nombreuses espèces, par exemple lors de
parvovirose chez le chiot ou
d’entérotoxémie chez les bovins.

 Diarrhée parasitaire

Diarrhée verte liquide

Elles peuvent prendre un aspect très


liquide (en «geyser») ou plus pâteux,
mais sont presque toutes caractérisées
par une couleur verdâtre. La couleur
verte témoigne souvent d’une origine
parasitaire (mais attention, ce n’est
quand même pas exclusif).

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CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM


Module anatomie pathologique spéciale - Pathologie cardio-vasculaire

PATHOLOGIE CARDIO-
VASCULAIRE
SOMMAIRE

I. Rappels anatomiques, histologiques et physiologiques……………........……............1


II. Phénomène de compensation…………………………………………......……...............……..5
III. Manifestations d’une insuffisance cardiaque…………………………......…...................6
IV. Anomalies congénitales………………………………………………......….......................…....8
V. Lésions du myocarde……………………………………….…...………………….......…........…..10
VI. Lésions de l’endocarde…………………………………………......…………………………...….…19
VII. Lésions du péricarde…………………………………………….....…......….......................…..26
VIII. Lésions des vaisseaux sanguins et lymphatiques………………………...................….28
IX. Exemples de pathologie vasculaire…………………………….................……................31
X. Examen post-mortem du cœur..........................................................................32

!Attention! : Pour l’examen, il faudra donner un diagnostic morphologique pour des photos qui
seront projetées, il est donc très important d’aller voir les photos de TD en couleur pour mieux
voir les détails, elles sont disponibles sur Vetotice et sur Bourgelat.
** Un récapitulatif photo par photo se trouve à la dernière page de ce cours **

I/. RAPPELS ANATOMIQUES, HISTOLOGIQUES ET PHYSIOLOPGIQUES

A/. Rappels sur la circulation sanguine

Avant la naissance, la veine ombilicale amène le sang oxygéné et se mêle à la veine cave
caudale (mélange de sang oxygéné et non oxygéné). Comme les poumons ne sont pas encore
fonctionnels, ils exercent une résistance importante, une partie du sang du cœur droit passe
alors directement dans le cœur gauche : shunts par le trou de Botal (entre les oreillettes) et
le canal artériel (entre l’artère pulmonaire et aorte).

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Module anatomie pathologique spéciale - Pathologie cardio-vasculaire

Canal
Poumons artériel

Trou de
Foie
Botal

Veine
ombilicale

placenta et Veine
utérus ombilicale

Après la naissance, les poumons sont développés, il y a une baisse de pression, ce qui
entraîne la fermeture des deux shunts (et la dégénérescence de la veine ombilicale).

Ceci explique les anomalies congénitales les plus rencontrées chez le chien :
- Persistance du canal artériel
- Anomalies du septum interventriculaire : haute ou basse (communication entre les
ventricules)
- Persistance du trou de Botal : communication entre les oreillettes

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Module anatomie pathologique spéciale - Pathologie cardio-vasculaire

B/. Rappels Anatomiques

Le cœur est un organe situé dans la cavité thoracique. Il est formé d’une masse musculaire de
forme générale conique contenant 4
cavités : 2 ventricules et 2 oreillettes.

Du ventricule gauche, le sang est


éjecté vers l’aorte. Du ventricule
droit, le sang est éjecté vers l’artère
pulmonaire. Le sang provenant des
veines pulmonaires arrive à
l’oreillette gauche tandis que le sang
provenant des veines caves arrive à
l’oreillette droite.

Cœur normal de porc


A : aorte, PA : artère pulmonaire,
LA : atrium gauche, LV :
ventricule gauche, RA :
ventricule droit
Quatre valvules sont observables :
- la valvule atrio-ventriculaire
gauche ou valvule mitrale
- la valvule atrio-ventriculaire
droite ou valvule tricuspide
- la valvule sigmoïde aortique
- la valvule sigmoïde pulmonaire

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Module anatomie pathologique spéciale - Pathologie cardio-vasculaire

C/. Rappels histologiques

1/. Le cœur

2/. Les vaisseaux sanguins

Structure de base commune :

- Couche interne : intima =


endothélium reposant sur une
membrane basale + tissu conjonctif
- Couche moyenne : media = cellules
musculaires lisses + lames et fibres
élastiques en proportion variable
suivant le type de vaisseau
- Couche externe : adventice = tissu
conjonctif et fibres élastiques

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Module anatomie pathologique spéciale - Pathologie cardio-vasculaire

D/. Rappels physiologiques

Le cycle cardiaque est une alternance de contractions et de relâchements :


 Systole auriculaire : contraction de l’oreillette, valvule sigmoïde fermée, valvule
auriculo-ventriculaire ouverte. Le sang remplit le ventricule.
 Systole ventriculaire : la valvule auriculo-ventriculaire est fermée, les valvules
sigmoïdes sont ouvertes. Le sang est éjecté dans les artères.
 Diastole ventriculaire : phénomène de relâchement du ventricule à valvule sigmoïde
fermée et valvule auriculo-ventriculaire ouverte correspondant à un remplissage du
ventricule par aspiration.
 Diastole auriculaire : relâchement de l’oreillette.

Le cœur est une pompe aspirante et refoulante. Le bon fonctionnement cardiaque nécessite
l’intégrité du muscle cardiaque ainsi que des valvules totalement fonctionnelles. Toute
anomalie du fonctionnement cardiaque sera à l’origine de phénomènes réactionnels
cardiaques et généraux qui sont appelés les phénomènes de compensation. Ils peuvent être
suivis d’un tableau d’insuffisance cardiaque, c’est-à-dire d’un état où le cœur est incapable
d’assurer correctement sa fonction. On appelle décompensation cardiaque le passage des
phénomènes de compensation à l’insuffisance cardiaque.

II/. PHENOMENES DE COMPENSATION

La diminution de l’efficacité du fonctionnement cardiaque entraîne une diminution du volume


d’éjection systolique provoquant une diminution de la perfusion rénale à l’origine d’une
hypoxie. Cette diminution de la perfusion rénale est à l’origine de la synthèse de rénine et de
la sécrétion d’aldostérone entraînant une augmentation du volume liquidien et une rétention
de sodium. Elle entraîne aussi une libération d’érythropoïétine qui provoque une
hyperglobulie augmentant la viscosité du sang.

Les phénomènes de compensation cardiaque sont l'augmentation de la fréquence


des contractions (= tachycardie), puis l'adaptation du myocarde au stimulus
provoquant une hypertrophie cardiaque.

Cette hypertrophie est différente en fonction du stimulus initial :


 Si le cœur subit une surcharge en pression (= augmentation de la pression
intra ventriculaire au cours de la systole), on observera une addition de
myofibrilles en parallèle entraînant une augmentation de l’épaisseur de la
paroi cardiaque et une diminution de la taille de la lumière. Il s’agit d’une
hypertrophie cardiaque concentrique.
 Si le cœur subit une surcharge en volume (= stase sanguine au niveau des
ventricules), l’addition des sarcomères se fait en série, provoquant un
allongement des cellules musculaires et une augmentation de l’épaisseur de

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Module anatomie pathologique spéciale - Pathologie cardio-vasculaire

myocarde avec augmentation du diamètre de la chambre ventriculaire. Il


s’agit d’une hypertrophie ventriculaire
excentrique.

Conséquences de la compensation cardiaque :


 Echelle tissulaire : une augmentation du
volume du tissu sans augmentation de
sa vascularisation capillaire, donc une
moins grande efficacité des échanges
gazeux et nutritifs.
 Echelle cellulaire : une diminution du
ratio mitochondrie/ myofibrilles
provoqués par l’hypertrophie de la
cellule et une désorganisation du
système T (système
membranaire transverse) avec mise en
défaut du couple excitation-
contraction.

Après une certaine valeur de masse


cardiaque qui est appelé « masse critique », on
assiste à des phénomènes de décompensation
se traduisant par une dilatation ventriculaire
cardiaque associée à une atrophie de la paroi
ventriculaire.

III/. MANIFESTATONS D’UNE INSUFFISANCE CARDIAQUE

A/. Insuffisance cardiaque d’installation brutale

On observe des syncopes, c'est-à-dire des pertes de conscience et une mort plus ou
moins brutale. Les lésions sont plus ou moins visibles. On observera le plus souvent
un tableau de stase très importante sur l’ensemble du cadavre (d’où son nom
d’insuffisance cardiaque congestive) associé fréquemment à un œdème pulmonaire
aigu.

Circonstances d’apparition :
 nécrose myocardique aiguë sévère, quelle qu’en soit la cause
 fibrillation ventriculaire
 bloc auriculo-ventriculaire complet (arrêt de la conduction)
 réflexe vagal

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Module anatomie pathologique spéciale - Pathologie cardio-vasculaire

B/. Insuffisance cardiaque d’installation progressive

On observe le plus souvent une insuffisance respiratoire, de la toux, une fatigabilité


importante, des œdèmes sous-cutanés ou des épanchements dans les cavités. Le
tableau lésionnel est variable en fonction de la cavité cardiaque atteinte, il
correspondra toujours à une stase en amont de la cavité atteinte.

 Pour le cœur gauche, Stase pulmonaire associée à un œdème sévère


évoluant vers un poumon cardiaque (cf cours anatomie pathologique générale).

On observe ces lésions en


cas de :
- cardiomyopathie
- nécrose du myocarde
- lésions des valvules mitrales ou sigmoïdes aortiques
- anomalies congénitales

 Pour le cœur droit, les lésions siègent au niveau du foie essentiellement. On


observe une congestion, une sclérose, une stéatose des hépatocytes = foie
cardiaque (= foie muscade) (cf cours anatomie pathologique générale). Associé à ce
foie cardiaque, on note un œdème principalement sous-cutané chez les ruminants
et les chevaux (moins fréquents chez le chien), de l’ascite chez le chien, et un
hydrothorax chez le chat.

Ces lésions s’observent en cas de


- cardiomyopathie
- sclérose pulmonaire
- lésions des valvules tricuspides
- anomalies congénitales

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Module anatomie pathologique spéciale - Pathologie cardio-vasculaire

IV/. MALFORMATIONS CONGENITALES

A/. Ectopie cardiaque

Exemple de l’ectopie cardiaque : le cœur


PHOTO 27
n’est pas en position médiastinale mais est
développé en dehors et en avant de la
cavité thoracique, en région
cervicale postérieure. Cette ectopie est
compatible avec la survie de l’animal au
moins pendant quelques semaines.

Cœur ectopié de chiot

B/. Malformations cardiaques

1/. Malformations provoquant un shunt gauche-droit

PHOTO 1

communication
inter-ventriculaire
*basse
*haute
PHOTO 30

 Persistance du foramen oval présent entre les 2 oreillettes ( = trou de Botal) (BV, CN,
PC)
 Communication inter-auriculaire
 Communication interventriculaire : haute ou basse (CN, poule).

Conséquence : le sang va du cœur gauche au cœur droit, d'où une surcharge en volume
du cœur droit.

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 Persistance du
canal artériel PHOTO 2
(CN, CT)

PHOTO 35

PHOTO 3
2/. Malformations simples

Sténose de l’artère
pulmonaire :
entraîne une
hypertrophie du
ventricule droit

 Valvulaire
4 - Sténose pulmonaire
- Sténose aortique et sous aortique
- Dysplasie de la valvule tricuspide (CT)
- Kystes hématiques valvulaires. Connus chez
l’homme, le chien et le veau, rares dans les autres
espèces. = petit kyste unique ou multiple de diamètre
contenant du sang et localisée dans une valvule
auriculo-ventriculaire.
11 - Kystes lymphatiques : aspect voisin des kystes
hématiques mais contenu liquidien clair.

Kyste hématique

33

Kyste lymphatique

 Pariétale
- Fibro-élastose de l’endocarde
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3/. Malformations complexes

 Trilogie de Fallot : association sténose pulmonaire + communication inter-


auriculaire + hypertrophie du ventricule droit
 Tétralogie de Fallot : association d’une sténose pulmonaire + dextropsition de
l’aorte (= aorte à cheval) + communication interventriculaire + hypertrophie
concentrique du ventricule droit

V/. LESIONS DU MYOCARDE

A/. Cardiomyopathies

Le terme de cardiomyopathie est restrictif et ne s’applique qu’à des affections


primitives du myocarde d’étiologie inconnue et ne reconnaissant pas, en particulier,
une origine ischémique (nécrose, infarctus) ou valvulaire (congénitale ou acquise)
responsable de cardiomégalies secondaires. Il s’agira donc toujours d’un diagnostic
qui sera réalisé par exclusion.
Les cardiomyopathies sont toujours accompagnées d’une cardiomégalie, c’est-à-dire
d’une forte augmentation du volume global du cœur.
Il existe trois types majeurs de cardiomyopathies : les cardiomyopathies hypertrophiques,
dilatées ou congestives, et restrictives.

1/. Les cardiomyopathies hypertrophiques

Elles sont initialement décrites chez


l’homme avec les caractères suivants : PHOTO 5
- Hypertrophie sévère de la paroi de
toutes les cavités
- Hypertrophie asymétrique du
septum
- Réduction et déformation de la Cœur
cavité ventriculaire gauche hypertrophié
- Réduction de 50 à 75% du volume
d’éjection systolique
- Arrangement spatial désordonné
des fibres myocardiques,
notamment septales Témoin
- Epaississement de l’intima et la
média + fibrose de l’adventice des vaisseaux coronaires intra-muraux.

Cette forme est connue chez le chien, le chat et le porc.

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1.1/. Exemple 1 : Cardiomyopathie hypertrophique du chat

Caractéristiques :
• Mâle > femelle
• Apparition brutale d’un syndrome d’insuffisance cardiaque
• Parésie postérieure due à une thrombose de l’aorte caudale dans 50% des cas
• Mort subite
Lésions macroscopiques : Hypertrophie PHOTO 22
diffuse du ventricule gauche,
hypertrophie du septum
interventriculaire et des muscles
papillaires et dilatation de l’oreillette
gauche. Cavité ventriculaire gauche de
petite taille. Thrombo-embolie aortique Témoin
postérieure, infarctus du rein, œdème et
congestion pulmonaire.
Souvent associé chez le chat à une Hyperthyroïdie associée
hyperthyroïdie (adénome thyroïdien à une hypertrophie
sécrétant). Le lien entre la (légère) de la paroi
cardiaque
cardiomyopathie et l'hyperthyroïdie est
mal connu. Le diagnostic est souvent
difficile, et repose alors sur le poids et la taille du cœur.

1.2/. Exemple 2 : Cardiomyopathie hypertrophique du chien

Connue chez le Berger Allemand, le Saint-Bernard mais aussi dans quelques petites races.
• Mâle > femelle
• Mort brutale dans 50% des cas au cours d’un acte chirurgical
• Lésion : hypertrophie cardiaque excentrique

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2/. Les cardiomyopathies dilatées = congestives

Ces lésions existent chez l’homme, chez le chien, le chat, les dindes, les poules, les oies et les
bovins. Ce sont les cardiomyopathies les plus fréquentes.

PHOTO 6

Ventricule gauche
dilaté

Caractéristiques :
• Mâle > femelle
• Chez le chien : elles sont plus fréquentes chez les chiens de grande races (Dogue
Allemand, Doberman, Irish Wolfhound, St Bernard...) de 2 à 9 ans
• Chez le chat : elles sont plus fréquentes chez le siamois, le burmese et l’abyssin de 5 à
8 ans.
Signes cliniques : apparition brutale d’une insuffisance cardiaque
Lésions macroscopiques : dilatation des 4 cavités = "cœur en besace" associé à une stase
hépatique, pulmonaire, à de l’ascite chez le chien ou à une thrombose de l’aorte postérieure
dans 25% des cas chez le chat.

Etiologie : une étiologie héréditaire est suspectée. Chez PHOTO 29


le chat, cette pathologie est associée à une carence en
Taurine. Conséquence d’une endocardite valvulaire.

Lumière du ventricule
gauche très dilatée

3. L ES CAR DIOM YO PAT HIES RES TRICT IV ES

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3/. Les cardiomyopathies restrictives


PHOTO 7

C’est une lésion provoquée par une


diminution de l’aptitude du muscle cardiaque
à se dilater au moment de la diastole, liée à
une infiltration du myocarde ou de
l’endocarde.

Chez l’animal elles sont rares et s’observent


principalement chez le chat (photo ci-contre),
associées à une fibro-élastose de l’endocarde
avec prédisposition des siamois et des
burmese.

B/. Cardiomégalies acquises ou cardiomégalies secondaires

Il s’agit de lésions cardiaques d’hypertrophie dont le mécanisme est une réponse adaptative
à une augmentation de l’effort demandé au muscle cardiaque. On observera 3 types
morphologiques : les hypertrophies concentriques, les hypertrophies excentriques, et
l’atrophie –dilatation.

1/. Hypertrophie concentrique secondaire

Rappel : Hypertrophie concentrique : augmentation de l’épaisseur de la paroi cardiaque et


diminution de la taille de la lumière.

Etiologie : C’est une réponse adaptative du cœur à une cause extracardiaque. Cette cause est
à rechercher au niveau du système circulatoire : il s’agit d’une augmentation de la résistance
à l’éjection systolique à l’origine de l’hypertrophie des cardiomyocytes.
 En cas d'hypertrophie du ventricule droit, le trouble siège sur la petite circulation :
- sténose de l’artère pulmonaire
- sclérose pulmonaire = conséquence d’inflammation chronique
- bronchiolite chronique obstructive du cheval (=emphysème pulmonaire)
- persistance du canal artériel (augmentation de la pression dans la petite circulation
identique à celle de la grande circulation)

 En cas d'hypertrophie du ventricule gauche, le trouble siège sur la grande circulation :


- sténose aortique

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- hypertension artérielle (très souvent d’origine rénale chez les carnivores, due à une
néphrite chronique = rein terminal)

Lésions : On observe une hypertrophie de la paroi ventriculaire avec une lumière ventriculaire
qui reste de taille normale ou qui est diminuée.

Evolution et conséquences : Au stade de l’hypertrophie, il y a peu de conséquences. C’est un


phénomène de compensation. Evolution vers une atrophie avec dilatation. Cette évolution est
probablement conditionnée par les compressions progressives des coronaires qui sont de
moins en moins bien perfusées au fur et à mesure que croit l’épaisseur du myocarde.

2/. Hypertrophie excentrique secondaire

Rappel : Hypertrophie excentrique : épaississement de la paroi et augmentation de la taille des


cavités.

Etiologie : Les lésions qui provoquent une augmentation du volume diastolique, c’est à dire
une surcharge en volume sont des lésions intracardiaques. Ce sont des lésions de valvules :
- défaut d’occlusion auriculo-ventriculaire provoquée par une endocardiose ou une
endocardite chronique
- défaut d’occlusion sigmoïdienne PHOTO 8
aortique ou pulmonaire
- dirofilariose Dirofilaria
immitis dans le
Dans tous les cas on observe une stase sanguine ventricule droit
intraventriculaire.

Lésions : On observe une augmentation de


l’épaisseur de la paroi ventriculaire avec
dilatation de la cavité.

Evolution et conséquences : Durant la période


de compensation, on n’observe pas de signes
cliniques à l’ exception de souffles. L’évolution
vers la décompensation est plus rapide que dans
l’hypertrophie concentrique secondaire. Elle se
fera vers une atrophie dilatation cardiaque.

3/. Atrophie – dilatation secondaire

C’est une lésion d’atrophie du myocarde et de dilatation des cavités qui est toujours associée
à un syndrome d’insuffisance cardiaque.

Etiologie :
 secondaire par décompensation après une hypertrophie surtout
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 excentrique, ou à la suite d’une myocardite quelle qu’en soit l’origine

Lésions : Le cœur apparaît rond, flasque. Son apex est effacé. On observe une augmentation
de la taille des cavités avec diminution de l’épaisseur des parois. Lorsque les lésions sont
bilatérales, on parle de "cœur en besace".

Conséquences :
Les principales conséquences sont une stase en amont, c'est-à-dire une insuffisance cardiaque
congestive.
 Pour le cœur gauche, on observe un œdème aigu du poumon ou un œdème chronique
associé à un hydropéricarde.
 Pour le cœur droit on observe un foie cardiaque, de l’ascite et des œdèmes sous-
cutanés.

Il faut noter qu’une insuffisance unilatérale conduit à plus ou moins long terme à une
atteinte de l’autre cavité. En cas de lésion valvulaire gauche provoquant un défaut d’occlusion
mitrale, on observe une hypertrophie excentrique gauche qui peut se décompenser et être à
l’origine d’un œdème du poumon. Cet œdème devient chronique et provoque une surcharge
en pression de la cavité ventriculaire droite provoquant une hypertrophie concentrique droite
qui peut se décompenser et être à l’origine d’une insuffisance cardiaque généralisée.

C/. Infiltration graisseuse

Cette lésion est associée à l’obésité. Elle se traduit par une accumulation d’adipocytes entre
les cardiomyocytes.
Aspect macroscopique : abondant dépôt de tissu adipeux au niveau de l’épicarde et du
myocarde, mais attention : aspect homogène.

D/. Dégénérescences

1/. Dégénérescence graisseuse (fatty change)

Dégénérescence graisseuse : accumulation de nombreuses gouttelettes lipidiques dans le


sarcoplasme des cellules musculaires.

Macroscopiquement : Le myocarde est pâle et mou.


Circonstances d’apparition : Maladies systémiques comme anémie sévère, toxémie carence en
cuivre.

2/. Lipofuscinose (= atrophie brune)

Elle survient chez les animaux âgés et chez les animaux avec une cachexie sévère.
Aspect macroscopique : Coloration brune du myocarde

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Aspect microscopique : Présence d’amas de granulations jaune-brun (lipofuscine) aux pôles du


noyau des cardiomyocytes

E/. Nécrose et minéralisation myocardique

Etiologie : Nombreuses causes


 Carences nutritionnelles : carence en vitamine E et en Sélénium chez les bovins, les
petits ruminants, le porc et les chevaux
 Intoxication : ionophores (monensin) chez les chevaux et les ruminants, vitamine D et
plantes calcinogènes (cestrum diurnum, solanum malacoxylon….)
 Origine vasculaire : infarctus

Aspect macroscopique : variable. On observe le plus souvent des zones de décoloration du


muscle cardiaque plus ou moins étendue avec un aspect et une consistance de «muscle cuit»
(consistance diminuée) : lésions de nécrose. Chez le porc en cas de carence en vitamine E et
en Sélénium on observe des phénomènes hémorragiques (« Mulberry » (= mûre) heart
disease). On peut observer le même phénomène sur des muscles striés squelettiques.
Lésions de nécrose due à une
carence nutritive chez un veau
PHOTO 34

PHOTO S 21
Mulberry heart disease chez un
porc : hétérogène, zones de
nécroses/zones hémorragiques

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Aspect microscopique : dépend de l’âge de la lésion


 Lésions récentes : fibres gonflées hyper éosinophile avec perte de la double striation
et noyau pycnotique, et/ou minéralisation (granulations basophiles = mitochondries
calcifiées), ou fibres hypercontractées
 Après 24-48 heures, infiltration du foyer nécrotique par des macrophages
essentiellement
 Phase de cicatrisation avec fibrose

Conséquences :
 mort brutale si les lésions sont étendues ou atteignent le système de conduction
 développement progressif d’une insuffisance cardiaque
 si la lésion est peu étendue : asymptomatique

F/. Myocardites PHOTO 9

Myocardite : Lésion inflammatoire du myocarde survenant le plus


souvent par voie hématogène.
L’étiologie peut être virale, bactérienne ou parasitaire. Différents
type d’inflammation existent :
 Myocardite suppurée (ex : bactéries pyogènes)
 Myocardite nécrosante (ex : toxoplasmose)
 Myocardique lymphoplasmocytaire (myocardite virale :
exemple d’une myocardite due à une parvovirose ci-contre)
 Myocardite hémorragique (ex : Clostridium chauvei) PHOTO 10
 Myocardite éosinophilique (parasitaire : exemple d’une
myocardite due à Cysticercus cellulosae ci-contre)
 Myocardite granulomateuse (ex : tuberculose)

L’aspect macroscopique est variable suivant le type de myocardite.


Evolution :
- résolution complète des lésions
- cicatrices myocardiques sans symptômes
- insuffisance cardiaque aiguë ou chronique

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Principales causes de myocardites chez les animaux domestiques


• Parvovirus : chien, oie, canard de Barbarie
• Herpesvirus : maladie d'Aujeszky (porc)
Myocardite virale • Picornavirus : fièvre aphteuse
• Orthomyxovirus : grippe équine
• Morbillivirus (famille des Paramyxoviridae) : maladie de
Carré
• Nécrobacillose (Fusobacterium necrophorum ) chez les
bovins
• Maladie de Tyzzer (Clostridium piliformis)
Myocardite bactérienne • Staphylococcus sp
• Actinobacillus equuli
• Pseudomonas aeruginosa
• Streptococcus pneumoniae
• Tuberculose
• Toxoplasmose (Toxoplasma gondii) :myocardite
nécrosante
• Sarcosporidiose (Sarcosystis sp) des ruminants :
Myocardite parasitaire généralement sans conséquences
• Cysticercose :Cysticercus cellulosaedu porc, C. bovis des
bovins
• Néosporose(Neospora caninum)

1/. Primitives
1. PR I(rares)
MITIV ES (RA RES )
PHOTO 18
 Tumeurs bénignesmymyxome, rhabdomyo me, schwannome,

Schwannome
épicardique

 Maligne : fibrosarcome , rhabdomyosarcome, hémangiosarcome . La


plus fréquente est l’hémangiosarcome de l’atrium droit, avec une PHOTO 36
prédisposition du berger Allemand. Les hémangiosarcomes sont des
tumeurs très fragiles qui peuvent facileme nt entraîner des
hémopéricardes, car elles renferment du sang.

Hémangiosarcome de l’atrium droit


(caractéristique : plurinodulaire, très foncé)

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2/. Secondaires

Métastases (carcinome, sarcome, mélanomes) : relativement rares. Tumeurss


nombreuses bien délimitées.

Lymphomes : infiltrations fréquentes du myocarde commençant au niveau de


l’oreillette droite dans la leucose bovine.

PHOTO 32 PHOTO 40

Lésion multifocale, +/- nodulaire, blanche. Nodules foncés de taille variable dans le
coeur et les poumons = Métastases. 2
En coupe : infiltrats cellulaires dans le origines possibles :
myocarde. - hémangiosarcome
- mélanome malin (cutané, buccal ou de
Prolifération de lymphocytes tumoraux
l'oeil)
= Lymphome.

VI/. LESIONS DE L’ENDOCARDE

A/. Calcification de l’endocarde

L’endocarde est une structure riche en fibres élastiques qui subit volontiers des calcifications
hétérotopiques en cas d’hypercalcémie prolongée. Les calcifications endocardiques sont
observées :

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• Chez le cheval : en général un poulain chez


lequel l’apport vitaminique et calcique a été forcé
(accident iatrogène)

Minéralisation d’un
endocarde de cheval

PHOTO 12

• Chez les bovins et autre herbivores qui ont brouté des végétaux riches en analogues de
la vitamine D ( Cestrum diurnum , trisetum flavescens , solanum malacoxylon )
• En cas
d’hyperparathyroïdie PHOTO 13
(chien en urémie Nécrose et
chronique) minéralisation d’un
atrium gauche de chien

B/. Hémorragies sous-endocardique

- Souvent agoniques et dépourvue de spécificité notamment chez les bovins et les chevaux
- Accompagnent parfois un trouble de la coagulation
- Observées sous forme de suffusion dans les septicémies (pasteurellose, colibacillose,
leptospirose) et dans les maladies virales (ex : peste porcine classique)

PHOTO 14 PHOTO 28

Suffusions sous endocardiques d’un cœur de bovin


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Module anatomie pathologique spéciale - Pathologie cardio-vasculaire

C/. Nécrose de l’endocarde

Elle est essentiellement observée au cours du syndrome urémique chez le chien sur
l’endocarde pariétal de l’atrium gauche et elle est associé à des calcifications (voir photo 13 à
la page précédente).

D/. Endocardiose valvulaire = Dégénérescence valuvulaire myxoïde

C’est une lésion d’une très grande fréquence chez le chien, caractérisée par un épaississement
des valvules qui deviennent opaques associé à la présence de nodules blanc lisses au niveau
du bord libre des valvules mitrales et tricuspides, plus rarement des sigmoïdes aortiques.

Histologie : On observe une dégénérescence myxoïde du centre de la valvule, mais l’endocarde


est normal.
Localisation et fréquence : La valvule mitrale est la plus atteinte. Ces lésions varient également
avec l’âge : on observe une augmentation de la fréquence ainsi qu’une augmentation de la
sévérité des lésions avec le temps.
Race prédisposée : Cavalier King Charles, cocker, caniche, teckel.

Pour la valvule mitrale on observe 4 stades :

Lame valvulaire

Cordage tendineux
Stade II :
Stade I : Apparition de
Modification de la nodules conjonctifs
substance hyalins sur les bords
fondamentale. libres de la lame
A spect myxoïde de valvulaire
la lame valvulaire

Stade IV :
Stade III : Rétraction de la
Fu sion des nodules valve et rupture de
e t épaississement certains cordages
des cordages

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Module anatomie pathologique spéciale - Pathologie cardio-vasculaire

Les stades III et IV sont à l’origine d’une mauvaise fermeture de la valvule provoquant une
insuffisance mitrale.

Evolution : Cette insuffisance mitrale a pour conséquences une surcharge en volume du


ventricule gauche et ainsi une hypertrophie excentrique gauche à l’ origine d’une dilatation
provoquant elle-même une stase pulmonaire (congestion pulmonaire chronique). Si cette
compensation ne suffit pas, le cœur fatigue et s'atrophie.
En cas d’insuffisance mitrale, à chaque systole ventriculaire, il y a régurgitation
systolique c’est à dire passage d’un flux de sang du ventricule vers l’oreillette avec choc de ce
jet de sang contre l'endocarde. Ce choc répété entraine une sclérose sous-endocardique
localisée appelée « jet lesion » ou lésion de projection. A un stade plus avancé on note
également une dilatation de l’atrium gauche.

Tissu blanc épaissi au niveau de


l'endocarde de l'atrium gauche :
fibrose due aux lésions de
projection PHOTO 20

Valvules opaques et épaissies avec des


nodules blancs/transparents sur leur bord
libre: endocardiose valvulaire mitrale

Les stades I et II sont considérés comme des lésions non significatives.

E/. Endocardites

1/. Etiologie

Pratiquement toutes les endocardites animales sont d’origine bactérienne, exceptées celles
produites par la migration des larves de Strongylus vulgaris chez les chevaux, et de très rares
endocardites mycosiques.
Les endocardites sont des lésions beaucoup plus fréquentes chez les ruminants et le porc que
chez les équidés et les carnivores.

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Principales espèces de bactéries à l’origine d’endocardites :

Bovin Porcin Equin Ovin Chien Chat


• Arcanobacteriu • Corynebacterium • Streptococcus • Streptococcus
m pyogenes • Erysipelothrix • Stretococcus
rusiopathiae equi pyogene sp. sp.
• Fusobacterium • Streptococcus sp. • E. coli
necrophorum • Streptococcus • Actinobacillus
suis equuli • Leptospira sp.
• coli
E. • Streptococcus
zooepidemicus

Les endocardites microbiennes accompagnent les maladies infectieuses d’évolution


chronique. La fixation endocardique de l’agent bactérien est rarement primitive mais se fait le
plus souvent à partir d’un foyer infectieux persistant périphérique. Ce sont donc des lésions
secondaires.

Exemples : abcès interdigité ou hépatique, mammite, réticulo- péritonite, métrite chez les
bovins, lésion oro-pharyngé, périodontite, prostatite chez le chien…
La fixation de l’agent bactérien serait favorisée par un état d’hypersensibilité à l’agent
infectieux développé à partir d’infections répétées ou au cours d’une infection persistante
(épisodes répétés de bactériémie).
Bien que les valvules cardiaques ne soient pas des structures très vascularisées, la fixation de
l’agent infectieux est presque uniquement valvulaire et serait due à l’activité phagocytaire
particulière des cellules endocardiques situées au niveau des valvules. Il en résulte que les
endocardites sont presque toujours observées sur les valvules cardiaques ; les cas
d’endocardites pariétales, trabéculaires (sur les cordages) ou papillaires (sur les muscles
papillaires) sont beaucoup plus rares.

Remarque : Les endocardites peuvent donner des néphrites emboliques : des bactéries sont
emportées par le torrent circulatoire jusqu’au rein où on va observer de nombreux petits abcès
au niveau des glomérules.

2/. Localisation

 Essentiellement valvulaire
 Valvules atrio-ventriculaires > valvules sigmoïdes
 Endocardites mitrales > tricuspides chez les carnivores et le porc MAIS Endocardites
tricuspides > mitrales chez les bovins

3/. Morphologie et évolution

Histologie : on observe de très nombreuses cellules inflammatoires (polynucléaires), ainsi que


de la fibrine et le plus souvent des colonies bactériennes.
 endocardite œdémateuse
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 endocardite fibrineuse superficielle


 endocardite chronique sclérosante
 endocardite ulcéreuse et ulcéro-végétante : présence à la place des valvules d’un
abondant matériel friable : fibrine jaune, et rouge, en relief formant des végétations :
« végétante ».

Tissu jaunâtre : fibrine PHOTO 24


+ présence de sang
= inflammation aiguë

Lésions en chou -fleur sur la valvule mitrale :


endocardite valvulaire végétante aiguë sévère

Important : La présence de fibrine, de congestion et


PHOTO 37
d’hémorragie prouve qu’on est face à une
endocardite aiguë. En cas d'inflammation
chronique, il y aurait de la fibrose.

endocardite de la valvule aortique


Nodule en « choux-fleur »

4/. Conséquences

Les conséquences pour l’animal sont


 Locales : fermeture anormale des valves, sténose en phase d’endocardite chronique
sclérosante.
 Générales :
- Insuffisance cardiaque droite/gauche
- Emboles de fibrine (thrombo-embolie) qui peuvent se former et entraîner un infarctus
(les reins surtout sont touchés)
- Septicopyohémie

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Remarque : conséquences d’une lésion valvulaire gauche


- congestion et œdème pulmonaire
- surcharge en volume, ce qui entraîne une dilatation : hypertrophie excentrique, puis le
cœur fatigue et on observe une atrophie du myocarde.

! Important ! Rappel des différents types de lésions valvulaires :

Important ! : Savoir faire la différence entre une endocardiose et une endocardite.


 Endocardite se caractérise par la présence de fibrine ET de tissu hémorragique.
 Endocardiose se caractérise par la présence de lésions claires, blanches et lisses.

Endocardiose
Endocardite

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VII/. LESIONS DU PERICARDE

A/. Accumulation de fluide

1/. Hydropéricarde PHOTO 38

hydropéricarde : Accumulation de liquide séreux, aqueux, jaune


clair dans le sac péricardique qui devient distendu.

L’hydropéricarde survient dans les maladies avec un œdème


généralisé (il est souvent associé à de l’ascite et un hydrothorax).
Il peut également accompagner l’hypertension pulmonaire,
l’insuffisance rénal, les hypoprotéinémies (baisse de la pression
oncotique), ou une tumeur de la base du cœur (hausse de la pression
hydrostatique). Si l’hydropéricarde se développe rapidement il y a
un risque de tamponnade cardiaque ou compression qui interfère avec le remplissage du
cœur.

2/. Hémopéricarde

Causes d’un hémopéricarde :


 chez le chien lors d’hémangiosarcome de l’atrium droit : tumeur rompue qui saigne
dans le sac péricardique
 traumatismes quels qu’il soit
 rupture de l’aorte : plus fréquent chez le cheval
 idiopathiques chez les chiens de grande race (Danois, Berger Allemand St Bernard,
Montagne des Pyrénées,
Golden retriever) PHOTO S 26
L’hémopéricarde est aussi
fréquemment associé à des
phénomènes de tamponnade (il y
a trop de liquide pour que le
coeur batte).

Remarque : Si le sang n'était pas


Sang coagulé dans le péricarde
coagulé, il faudrait penser à une
intoxication aux anticoagulants

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B/. Hémorragies sous-épicardique

Idem hémorragies sous-endocardiques.

C/. Altérations du métabolisme

PHOTO 25 PHOTO 15
1/.1.Atrophie
AT Rséreuse de la graisse
OPHIE SER EUSE DE LA
GRAISSE

On observe une apparence gélatineuse de la


graisse épicardique consécutive à des anorexies

2/. Dépôt d’urates


2. D EPO TS D’UR AT ES PHOTO 16
Chez les oisea ux et les serpents atteints de goutte
viscérale. La su rface e st épaissie et blanche par dépôts de
cristaux d’urates

D/. Péricardite

Voies d’entrée :
 Hématogène
 Corps étranger (réticulo-péritonite traumatique des bovins)
 Extension directe à partir de la plèvre ou du médiastin

PHOTO 17

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Type le plus fréquent : péricardite fibrineuse d’origine hématogène


Macroscopiquement : surfaces viscérales et pariétales du péricarde couvertes par des
dépôts de fibrine de couleur jaune : péricardite fibrinosuppurée (cf photo ci-contre).
Evolution : souvent mort rapide car associé à des septicémies. Quand la survie est prolongée
on observe une organisation fibreuse de l’exsudat.
Etiologie : bactéries, mycoplasme

E/. Tumeurs

 Tumeurs primitives :
- Mésothéliome (associée généralement aux tumeurs de la plèvre du à de
l’amiante)
- schwannome : au niveau de l’épicarde chez les bovins (cf photo 18, évoquée
p.15)
 Tumeurs métastatiques (rare) : lymphomes, mélanomes, sarcomes…

VII/. LESIONS DES VAISSEAUX SANGUINS ET LYMPHATIQUES

A/. Malformations congenitales

persistance du IVème arc aortique PHOTO 31


droit (CN) = lésion principalement
responsable d’un étranglement
trachéooesophagien avec
constitution d’un jabot œsophagien
ou d’un mégaoesophage.

Il n'y a pas de conséquence sur la


circulation sanguine, mais sur le transit
digestif ! IVème arc
aortique Mégaoesophage
Voir aussi la photo 3. persistant

B/. Réponses des vaisseaux aux aggressions

1/. Hémorragies
1. H EMO RRAGIES
Cf. cours Anapath générale S7 : pathologie vasculaire.

2. LES IO NS DEGE NE RAT IV ES

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2/. Lésions dégénératives

- Artériosclérose : caractérisée par une fibrose de l’intima entrainant secondairement


une prolifération des fibres musculaires de la média. En relation avec l’âge. Entraine
rarement des signes cliniques.
PHOTO 19

- Athérosclérose (rare chez les animaux) = dépôt de lipides, de tissu fibreux et de calcium
dans la paroi des vaisseaux. S’observe chez les chiens
hypothyroïdiens (photo ci-contre).

- Minéralisation :
- dystrophique
- métastatique secondaire à une hypercalcémie (cf cours Anapath générale :
lésions des substances intercellulaires)

3/. Rupture artérielle et anévrisme

 Rupture artérielle :
- Rupture de l’artère utérine au moment du poulinage
- Rupture de l’aorte chez l’étalon âgé (photo ci-contre)
 Anévrisme (ou anévrysme) : dilatation localisée et
anormale d’un vaisseau. Important quand localisé au
niveau de l’aorte, ou des vaisseaux de l’encéphale. Chez
l’homme souvent secondaire aux lésions d’athérosclérose. Lésion de rupture artérielle
Rare chez les animaux domestiques. chez un cheval

4/. Thrombose et embolie PHOTO 23

Thrombus à la bifurcation aorte/artère iliaque (bigarré rouge


et blanc, friable)

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Module anatomie pathologique spéciale - Pathologie cardio-vasculaire

Cause : cardiomyopathie hypertrophique qui provoque des turbulences.


Cliniquement, l'animal est paralysé, avec les membres froids (ce qui permet de
différencier la paralysie d'une lésion nerveuse). Il y a souvent une mort subite.
Remarque : Il faut différencier ce thrombus d'un caillot post-mortem, qui est non
adhérent, élastique et biphasique (sédimentation du sang).

5/. Lésions tumorales

 Hémangiome = tumeur bénigne des cellules endothéliales souvent localisée au niveau de


la peau
 Hémangiosarcome = tumeur maligne des cellules endothéliales fréquemment localisée à
la rate, au niveau de l’atrium droit ou à la peau.

6. Vascularite
6/. VASCULARITE

La vascularite est très fréquente chez le chat

Lésions de vascularite
pyogranulomateuse due à la PIF
sur les vaisseaux rénaux

C/. Pathologies des vaisseaux lymphatiques

Œdème généralisé de la patte d’un chiot du a une


anomalie congénitale affectant la perméabilité des
vaisseaux lymphatiques.

PHOTO 41

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IX/. EXEMPLES DE PATHOLOGIE VASCULAIRE

A/. Chez le cheval


PHOTO 39
 Artérite vermineuse : localisée préférentiellement à l’artère
mésentérique crâniale. Elle est le résultat de la migration des Larves
4 de Strongylus vulgaris. Affection relativement rare aujourd’hui
car les traitements antiparasitaires sont plus fréquents et plus
efficaces. L’artère affectée est dilatée et sa paroi devient derme et
fibreuse. On observe souvent au niveau de l’intima la présence d’un
thrombus dans lequel on observe des larves.

Masse friable de couleur hétérogène, avec fibrine et sang =


thrombus
Présence de larves 4 de strongles (flèches)
Dilatation de l'artère mésentérique crâniale = anévrisme
Conséquences : possibilité de thrombo-embolie des artères
intestinales pouvant entrainer des coliques, mais du fait de la
circulation collatérale bien développée, les lésions d’infarctus
intestinal sont rares.

B/. Chez le porc

 « Mulberry heart disease » due à une carence en vitamine E/sélénium. On a une nécrose
fibrinoïde et une thrombose des petits vaisseaux entrainant des microhémorragies bien
visibles sur le cœur. (voir photo 34, évoquée p.13)

C/. Chez le chien

 Dirofilariose : La maturation des adultes survient dans l’artère pulmonaire et peut


s’étendre dans le cœur droit. L’artère pulmonaire présente une endartérite avec
infiltration de l’intima par des polynucléaires éosinophiles associé à une prolifération
fibromusculaire visible macroscopiquement.
 Thrombose de l’artère pulmonaire : Le plus souvent observée dans les hypoprotéinémies
avec fuite d’antithrombine III (ex : amyloïdose rénale)
 Lymphangiectasie intestinale : maladie importante chez le chien entrainant une
entéropathie avec perte de protéines. On observe une dilatation des chylifères centraux et
des vaisseaux lymphatiques le long de l’intestin grêle.

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D/. Chez le chat

 Péritonite infectieuse féline (PIF) : coronavirus de la PIF : produit des phlébites dans
différents organes = résultat du dépôt d’immuns complexes qui entraine une réaction
inflammatoire au niveau des vaisseaux affectés.

X/. EXAMEN POST MORTEM DU CŒUR

A/. Etape 1 : Préparation du coeur

 Ponction de l’apex du péricarde et incision


jusqu’à sa base, dégagement du cœur de
l’enveloppe péricardique

 Séparation du cœur des poumons : section des


artères et des veines pulmonaires le plus
proche possible des poumons

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 Ouverture du cœur : 5 incisions


1. Section transversale au niveau de la limite 1/3
inférieur – 1/3 moyen
Observation : comparer les tailles des ventricules, et leur
proportion lumière / paroi.

2. Cœur placé la pointe vers soi, ventricule droit placé à


gauche : branche des ciseaux dans le ventricule droit
en direction de l’artère pulmonaire (en longeant le
septum), incision jusqu’aux valves sigmoïdes
pulmonaires
Observation : les valvules sigmoïdes pulmonaires.

3. Incision le long du sillon auriculo-ventriculaire droit puis verticalement dans l’atrium


droit. Observation des valvules tricuspides

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Module anatomie pathologique spéciale - Pathologie cardio-vasculaire

4. Incision en face caudale du ventricule gauche en


direction de l’atrium gauche .
Observation : les valvules mitrales .

5. Incision en direction de l’aorte en plaçant une branche


des ciseaux sous la valvule mitrale.
Observation : les valvules sigmoïdes aortiques.

B/. Exemples d’observations post mortem

- On pourrait penser qu’il s’agit d’un animal


avec une cardiomyopathie hypertrophique. En
réalité il s’agit du cœur d’un chat normal, qui a le
myocarde plus développé que les autres espèces.

- On observe un cœur qui est symétrique (on


ne sait pas différencier le gauche du droit), c'est
anormal.
Comme c’est un animal jeune, on va rechercher
plutôt des anomalies congénitales, telles qu'une
communication gauche/droite.

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Module anatomie pathologique spéciale - Pathologie cardio-vasculaire

QUIZZ
Questions
1- Quelles sont les lésions pouvant être secondaires à une endocardiose mitrale ?
a) Congestion et œdème pulmonaire d) Hypertrophie concentrique
b) Infarctus rénal e) Atrophie du myocarde
c) Pneumonie embolique

2- Quelles sont les lésions secondaires à une insuffisance cardiaque droite ?


a) Une ascite* et un foie cardiaque c) Œdème pulmonaire
b) Thrombus aortique d) Œdème sous-cutané
*ascite = épanchement liquidien intra-abdominal.

Réponses
Question 1 : (Les détails de l'endocardiose mitrale : p.17)
a) OUI car l'insuffisance cardiaque gauche entraine une stase en amont = dans les poumons.
b) NON, l'infarctus rénal est dû à une obstruction d'une artère rénale.
c) NON, la pneumonie embolique est la conséquence d'une endocardite droite.
d) NON, le défaut de fermeture entraine une hypertrophie excentrique. e) OUI.

Question 2 : (Les détails de l'insuffisance cardiaque : p.5-6)


a) OUI car ils sont la conséquence de la congestion en amont du cœur droit.
b) NON
c) NON, car les poumons sont en aval du cœur droit.
d) OUI

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Récapitulatif des photos "Anapath TD 07-8 Pathologie cardio-vasculaires PHOTOS".

Photo Nom de la pathologie Page du


cours
1 Communication interventriculaire basse (congénitale) 8
2 Persistance du canal artériel 9
3 Persistance du IVème arc aortique qui entraine un 9
mégaœsophage
4 Sténose de l'artère pulmonaire 9
5 Cardiomyopathie hypertrophique 10
6 Cardiomyopathie dilatée 12
7 Cardiomyopathie restrictive 13
8 Dirofilariose : hypertrophie excentrique secondaire 14
9 Myocardite due à la parvovirose 17
10 Myocardite due à Cysticercus cellulosae 17
11 Kyste hématique 9
12 Minéralisation de l'endocarde (accident iatrogène chez un 20
poulain)
13 Minéralisation de l'atrium gauche (chien en urémie chronique) 20
14 Hémorragies sous-endocardiques 20
15 Atrophie séreuse du tissu adipeux 27
16 Dépôt d'urates 27
17 Péricardite 27
18 Schwannome épicardique 18
19 Athérosclérose (=dépôts dans la paroi des vaisseaux) 29
20 Endocardiose valvulaire mitrale 22
21 Nécrose du myocarde ("muscle cuit") 16
22 Cardiomyopathie hypertrophique du chat (avec hyperthyroïdie) 11
23 Thrombus à la bifurcation aorte / artère iliaque 29
24 Endocardite aiguë 24
25 Atrophie séreuse du tissu adipeux 27
26 Hémopéricarde 26
27 Ectopie cardiaque (congénitale) 8
28 Hémorragies sous-endocardiques 20
29 Cardiomyopathie dilatée (stade de l'atrophie) 12

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Module anatomie pathologique spéciale - Pathologie cardio-vasculaire

30 Communication interventriculaire haute (congénitale) 8


31 Persistance du IVème arc aortique qui entraine un 23
mégaœsophage
32 Lymphome 19
33 Kyste lymphatique 9
34 "Cœur en mûre" dû à une carence en Vitamine E et Sélénium 16
35 Persistance du canal artériel 9
36 Hémangiosarcome de l'atrium droit 18
37 Endocardite de la valvule aortique 24
38 Hydropéricarde 26
39 Artérite vermineuse (thrombus, larves 4 de strongles, anévrisme) 31
40 Hémangiosarcome ou mélanome malin 19
41 Oedeme généralisé (congénital des vaisseaux lymphatiques) 30

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CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM


Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

PATHOLOGIE RENALE
SOMMAIRE
PARTIE 1 : INTRODUCTION A LA PATHOLOGIE RENALE

I. Rappels d’histophysiologie rénale………………………………………………….……………………2


II. Perte de fonction du rein : l’insuffisance rénale….……………………………………………….2
III. Bases de pathologies rénales……………………………………………………………………………...5

PARTIE 2 : PATHOLOGIE RENALE

I. Pathologie des glomérules……………………………………………………………………………….…7


II. Pathologie des tubes rénaux…………………………………………………………………………..…23
III. Pathologie du tissu interstitiel…………………………………………………………………………..37
IV. Réponse des vaisseaux face aux agressions…………………………………………………….…47
V. Maladies du pelvis rénal………………………………………………………………………………..….52
VI. Pathologies tumorales………………………………………………………………………………..…….57
VII. Pathologies du développement…………………………………………………………………………61
VIII. Les lésions extra-rénales d’insuffisance rénale…………………………………………………..64

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

PARTIE 1 : INTRODUCTION A LA PATHOLOGIE RENALE

I/. RAPPELS D’HISTOPHYSIOLOGIE RENALE

II/. PERTE DE LA FONCTION DU REIN : INSSUFISANCE RENALE


L’altération d’une ou plusieurs fonction(s) rénale(s) peut être à l’origine du développement
d’un ensemble de signes cliniques importants à reconnaître. Cependant, la réserve
fonctionnelle du rein est élevée ; il faut donc une perte de fonction de plus de 75 % des
néphrons pour que ces signes cliniques d’insuffisance rénale puissent se développer.

Les insuffisances rénales peuvent être divisées en deux catégories : les insuffisances rénales
globale et partielle.

A/. Insuffisance rénale globale

Remarque : Notion de stade clinique

1/. Signes biologiques et cliniques

Lors d’insuffisance rénale globale, des signes biologiques et cliniques caractéristiques se


développent.
1.1/. Signes biologiques

Ils sont regroupés sous le terme d’azotémie : élévation de la concentration sanguine en urée
et en créatinine.

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

1.2/. Signes cliniques

On regroupe l’ensemble des manifestations cliniques de l’insuffisance rénale sous le terme


d’urémie. L’urémie est liée à la fois à l’action directe des toxines urémiques, mais également
aux lésions extra-rénales engendrées par l’insuffisance rénale. A noter que ces lésions
extrarénales se développent rarement lors de développement aigu d’une insuffisance rénale.

Ainsi, tout animal urémique présente une azotémie. Mais un animal azotémique peut ne pas
présenter de signes cliniques d’urémie.

L’insuffisance rénale globale peut être d’apparition aiguë, ou d’apparition chronique.

2/. Insuffisance rénale aigue

Insuffisance rénale aigue (IRA) : Altération brutale (possiblement réversible) de la fonction


rénale.

2.1/. Origine

En fonction de la cause de l’altération de la fonction rénale, on distingue 3 formes


d’insuffisance rénale aiguë.

 Origine rénale
Elle se développe lorsque la perte de fonction du rein est directement due à une lésion se
développant dans le rein. La seule lésion rénale d’importance à l’origine du développement
d’une insuffisance rénale aiguë est la nécrose des cellules épithéliales des tubes. Cette
nécrose a deux grandes origines possibles :

- infectieuse, toxique ou chimique


- vasculaire

 Origine pré-rénale

Elle se développe lorsqu’il y a un défaut de perfusion du rein.

 Origine post-rénale
Elle se développe lorsque la cause primitive se situe dans les voies urinaires faisant suite au
rein, à l’origine d’un défaut d’élimination de l’urine. Ce défaut est souvent la conséquence
d’une obstruction dans les voies urinaires basses (tumeurs du bas appareil urinaire,
urolithiases,…).

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

2.1/. Conséquences

Une insuffisance rénale aiguë peut entraîner divers signes cliniques.

Oligurie/anurie : la production d’urine peut être diminuée (oligurie) voire stoppée


(anurie).

 Perte de l’équilibre électrolytique : l’équilibre électrolytique de l’organisme peut être


perdu, à l’origine d’une acidose métabolique et d’une élévation du taux de potassium
(par diminution de la filtration des ions K+, par diminution de la sécrétion tubulaire
des ions K+ et/ou diminution du transport des ions sodium). Cette hyperkaliémie est
cardiotoxique.

 Accumulation de déchets du métabolisme : les déchets du métabolisme ne sont plus


filtrés et s’accumulent dans l’organisme. Ainsi, l’urée va s’accumuler et être
progressivement dégradée en ammoniaque, qui sera, entre autre, responsable de
l’apparition de lésions digestives (à l’origine de vomissements, diarrhée, …).

3/. Insuffisance rénale chronique

Insuffisance rénale chronique (IRC) : Altération progressive et irréversible de la fonction


rénale.
De nombreuses modifications et lésions extra-rénales sont associées à l’insuffisance rénale.

B/. Insuffisances rénales partielles


On parle d’insuffisance rénale partielle lorsque la perte de fonction rénale ne concerne qu’un
aspect particulier de l’ensemble des fonctions rénales.

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

1/. Perte sélective de protéines

Le type majeur d’insuffisance rénale partielle est la perte sélective de protéines, qui entraîne
une fuite à travers les structures rénales, à l’origine d’une diminution de la teneur sanguine
en albumine (hypoalbuminémie) et diverses protéines (hypoprotéinémie). La pression
oncotique est alors diminuée, ce qui est à l’origine de l’apparition d’œdèmes (effusion
pleurale par exemple).

2/. Dysfonctionnements partiels asymptomatiques (pour info)

D’autres dysfonctionnements partiels du rein sont répertoriés en médecine vétérinaire, mais


n’entraînent pas (ou très peu) de signes cliniques. On distingue notamment

- L’hématurie asymptomatique, probablement due à des modifications


glomérulaires minimes
- Une protéinurie asymptomatique, due à des modifications glomérulaires minimes
- Des dysfonctionnements tubulaires spécifiques, à l’origine d’un défaut d’excrétion
de certaines molécules (glucose, ou urate, comme chez les porcelets nouveau-nés
où il est décrit des lésions de précipitations de cristaux d’urate)

III/. BASES DE PATHOLOGIE RENALE

A/. Voies d’entrées des pathologies rénales

1/. Voie hématogène

Les agents agresseurs arrivant par voie hématogène peuvent atteindre tous types de
structures vasculaires dans le rein

• Localisation dans les vaisseaux cortico-médullaires : c’est le cas d’agents septiques


(qui seront responsables de néphrites emboliques) ou non septiques (à l’origine de
nécrose et d’infarcti)
• Localisation dans les gros vaisseaux rénaux, qui seront à l’origine du développement
d’infarcti massifs
• Localisation dans les glomérules
• Localisation dans les vaisseaux de l’interstitium.

Par la diversité de la localisation au sein de la vascularisation rénale, les agressions par voie
hématogène vont être à l’origine d’atteinte des glomérules, des tubes, du tissu interstitiel et
de la vascularisation en tant que telle.

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

2/. Voie ascendante à partir des uretères

Ces agressions se développent secondairement à partir du bas appareil urinaire puis


s’étendent vers le rein. Elles peuvent provenir

- d’une contamination à partir du tractus génital (pyomètre, chez les femelles


exclusivement)
- d’une contamination par du contenu digestif (diarrhée), chez les femelles
principalement du fait d’une conformation anatomique favorisante
- d’une contamination à partir de la peau (dermatite péri-vulvaire)

Ces agressions provenant des voies urinaires basses vont être à l’origine du développement
de lésions surtout dans les tubes et le tissu interstitiel.

3/. Pénétration directe

Les agents agresseurs peuvent pénétrer directement dans le rein et être alors à l’origine du
développement de lésions intéressant principalement les tubes rénaux.

Ce type d’agression se rencontre par exemple après activation de substances dans les tubes
proximaux. La présence de métaux lourds dans le rein (mercure, cadmium) est à l’origine de
lésions directes dans cet organe. Une sursaturation en cristaux issus du filtrat glomérulaire
ou des agents toxiques (comme le cisplatine, un agent de chimiothérapie) peuvent pénétrer
directement le rein et entraîner le développement de lésions.

B/. Moyens de défense du rein

Pour se protéger des agressions, plusieurs stratégies de défenses sont présentes dans le rein.

1/. Présence de barrières

De nombreuses barrières physiques sont présentes pour empêcher le passage des agents
agresseurs.

 Membrane basale glomérulaire : elle permet de séparer les substances en fonction


de leur taille et de leur charge et de protéger les autres régions composant le néphron
notamment face à des cellules inflammatoires ou des cytokines circulantes et face à
des agents infectieux présents dans la circulation systémique
 Membrane basale des tubules : elle permet d’arrêter les organismes intra-luminaux
(comme des bactéries pénétrant par voie ascendante dans le rein) qui ne peuvent
alors pas pénétrer dans le tissu interstitiel. Elle joue également le rôle d’une trame
pour permettre une ré-épithélialisation des tubes si nécessaire
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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

 Endothélium vasculaire : le revêtement endothélial des vaisseaux empêche le passage


des pathogènes intravasculaires et permet également de prévenir l’activation de la
cascade de la coagulation.

2/. Système des monocytes-macrophages et mésangium

Un ensemble de cellules macrophagiques et de cellules mésangiales est présent dans les


diverses structures qui composent le rein, jouant un rôle important dans l’élimination des
cellules, des débris cellulaires, des macromolécules et des agents pathogènes.

3/. Système immunitaire

La mise en place d’une réponse immune joue également un rôle dans la protection du rein.
Ces réponses peuvent être innées ou acquises. L’immunité acquise rénale concerne aussi
bien les réponses humorales (protégeant les muqueuses, notamment au niveau du pelvis
rénal) que cellulaires (cellules immunitaires situées principalement dans le tissu interstitiel).

C/. Réponse du rein face aux agressions

Les réponses du rein face aux agressions seront détaillées en fonction des structures
cellulaires atteintes. Quelques règles importantes sont d’ores et déjà à retenir.

 Plus les agressions sont chroniques, plus les modifications du rein liées à la perte
globale du fonctionnement du néphron vont être importantes. Ces modifications ne
seront alors plus spécifiques de la cause initiale.
 Une agression peut certes cibler une seule partie du néphron, mais l’ensemble du
néphron sera impacté dans son fonctionnement.

PARTIE II : PATHOLOGIES RENALES

I/. PATHOLOGIE DES GLOMERULES

A/. Réponses des glomérules face aux agressions

1/. Causes principales de lésions des glomérules

Les lésions primitives des glomérules sont la conséquence :


- Du dépôt de complexes immuns
- De la fixation de thrombo-embolies ou d’emboles bactériens

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- D’une atteinte directe par des virus ou des bactéries qui ciblent les cellules
glomérulaires

2/. Modalités de réponse (pour info)

Face à ces agressions, les glomérules peuvent réagir selon diverses modalités :

 Inflammation aigue
 Nécrose glomérulaire
 Hypertrophie glomérulaire
 Prolifération des cellules (endothéliales, mésangiales, glomérulaires)
 Dépôt de substance amyloïde
 Prolifération – épaississement de la membrane basale glomérulaire
 Augmentation de la perméabilité vasculaire
 Atrophie du peloton capillaire
 Fibrose du peloton vasculaire

B/. Signes cliniques associés à une atteinte glomérulaire

Les atteintes glomérulaires sont à l’origine d’une fuite de protéines de bas poids moléculaire
dans le filtrat glomérulaire. Il en découle une hypoprotéinémie secondaire, à l’origine d’une
diminution de la pression oncotique et d’une perte de protéines anti-coagulantes. Les
conséquences de ces déséquilibres sont l’apparition d’œdème (ascite, effusion pleurale, …),
et d’une hypercoagulabilité par perte de l’antithrombine III.

Ces signes cliniques secondaires à la fuite de protéines constituent le Syndrome


Néphrotique.

Syndrômes
néphrotiques

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

C/. Les pathologies glomérulaires

On en distingue deux grandes catégories : inflammatoires (immunes ou infectieuses) et


dépôt de substance amyloïde.

1/. Glomérulonéphrite à médiation immune

1.1/. Exemple à partir d’un cas clinique

Cas d’un chien mâle de 7 ans, en PUPD, léthargique, présentant une ascite, azotémie
(augmentation de l’urée et de la créatinine sanguine, et diminution de la protéinémie).

Question 1 : Est-ce une atteinte rénale ?


OUI car : urée et créatinine augmentées, et signes cliniques en faveur d’une atteinte rénale.

Question 2 : Quelle zone est atteinte dans le rein?


RPCU (rapport protéines/créatinine urinaire) =3.2 > 1  lésion d'origine glomérulaire

Question 3 : Examens complémentaires ?


On fait une échographie et une biopsie. Compte-rendu : glomérules de taille augmentés,
membrane basale épaissie, nombreuses cellules mésangiale, foyers inflammatoires en
pourtour.

Question 4 : Diagnostic ?
- Pas de problèmes vasculaires car pas d’infarcti
- Pas d’atrophie car les glomérules sont élargis
- Pas de pus ni de nécrose
Il s’agit donc d’une glomérulonéphrite membrano-proliférative diffuse chronique (ici
tableau clinique classique).

1.2/. Cause des glomérulonéphrites à médiation immune

1.2.1/. Formation d’Ac contre la membrane basale glomérulaire

Il s’agit d’une cause rare chez les animaux domestiques.

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

1.2.2/.Dépôts de complexes immuns glomérulaires

C’est la conséquence d'une antigénémie prolongée : formation de nombreux complexes


immuns dans le torrent circulatoire et dépôt dans le glomérule. Ils représentent la cause la
plus fréquente des glomérulonéphrites chez les carnivores domestique. L’atteinte peut être
primaire ou secondaire.

a/. Atteinte primaire (idiopathique)

L’antigène en cause est inconnu.

b/. Atteinte secondaire

Antigène connu : Il peut s’agir d’un antigène viral (FeLV, PIF), d’antigènes bactériens
(lors d’infections bactériennes chroniques notamment telles qu’un pyomètre ou une
pyodermite, qui sont des causes relativement fréquentes), d’antigènes parasitaires (cas des
dirofilariose). Les maladies auto-immunes peuvent secondairement être à l’origine de
glomérulonéphrites par dépôts de complexes immuns (cas du lupus érythémateux
systémique). C’est également le cas de certaines tumeurs.

1.3/. Maladies associées à des glomérulonephrites immunes

De nombreuses maladies peuvent entraîner des glomérulonéphrites à médiation immune. La


figure ci-dessous liste les principales maladies en fonction des espèces, à l’origine du
développement possible de ce type de lésions rénales (ne retenir que les principales qui sont
en gras).

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

1.4/. Pathogénie

Le dépôt de complexes immuns dans le glomérule est à l’origine d’une activation du


complément qui déclenchera secondairement les lésions glomérulaires (par les deux voies des
C3a C5a et par l’activation du complexe d’attaque membranaire CAM), notamment par
l’attraction et l’activation de cellules inflammatoires (polynucléaires neutrophiles surtout).

1.5/. Evolution

1.5.1/. Exposition de courte durée aux complexes immuns :


infections transitoires
Les complexes immuns sont phagocytés par les macrophages et les cellules mésangiales, ce
qui abouti à leur élimination. Une disparition des lésions est alors possible, avec résolution des
signes cliniques.
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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

1.5.2/. Exposition continue aux complexes immuns : infections


persitantes

En cas d’infections persistantes, les lésions glomérulaires progressent au cours du temps, à


l’origine d’une aggravation des signes cliniques.

1.6/. Morphologie

1.6.1/. En microscopie électronique

Complexes immuns
denses aux electrons

1.6.2/. En immunofluorescene-immunohistochimie
Cela permet de mettre un nom sur l’antigène et l’anticorps en
question. On peut mettre en évidence les anticorps ou les composants
du complément (C3) dans le glomérule. Chez le chien, les anticorps
les plus fréquemment observés sont des IgG ou des IgM. Ils sont
visibles sous la forme d’amas granulaires.

Méthode disponible uniquement en laboratoire spécialisé (pas à l’ENVL).

1.6.3/. Examen histologique

A l’examen histologique, on fait une différence entre une distribution diffuse ou multifocale,
et une atteinte globale ou segmentaire.

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

 Distribution diffuse (multi)focale : On parle d’atteinte diffuse quand tous les


glomérules sont atteints et d’atteinte focale ou multifocale quand seule une certaine
proportion de ces glomérules est atteinte.
 Atteinte globale ou segmentaire : Quand la totalité des glomérules est atteinte, on
parle d’atteinte globale, contrairement à l’atteinte segmentaire où une partie
seulement de chaque glomérule est lésée.
On classe les glomérulonéphrites en 3 catégories, basées sur leur aspect histologique :

GLOMERULONEPHRITE proliférative
Les glomérulonéphrites prolifératives représentent la
forme la plus courante chez les chevaux . Elles sont
caractérisées par une augmentation de la cellularité
du glomérule , par la prolifération des cellules
endothéliales, épithéliales et mésangiales, et par un
afflux de neutrophiles et d’autres leucocytes.

GLOMERULONEPHRITE membraneuse
Les glomérulonéphrites membraneuses représentent la
forme la plus fréquemment observée chez les chats .
Elles se caractérisent par un épaississement diffu s de
la membrane basale des capillaires glomérulaires,
dont l’observation est facilitée par l’utilisation de
coloration spéciale à l’Acide Périodique de Schiff
(PAS ). Cet épaississement correspond au dépôt de
complexes immuns en position sous-épithéliale.

GLOMERULONEPHRITE membranoproliférative

Les glomérulonéphrites membranoprolifératives


représentent la forme la plus fréquente chez le chien .
Elles se caractérisent par une hypercellularité du
glomérule associée à un épaississement de la
membrane basale capillaire du mésangium (cas du
chien d’avant).

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

1.6.5/. Examen macroscopique

ATTEINTE AIGUË
Le diagnostic à l’œil nu de glomérulonéphrites d’apparition
aiguë est difficile . Le parenchyme rénal prend un aspect plus
pâle que la normale, avec des points rouges dans le cortex
(hémorragies) correspondant à une accentuation des pelotons
capillaires du glomérule.

ATTEINTE CHRONIQUE
Lors de glomérulonéphrites chroniques, les reins sont de taille
diminuée, et présentent de fines granulations du cortex ,
facilement v isibles à la section. Des adhérences entre le tissu
cortical et la capsule rénale sont possibles.

Remarque : lors de glomérulonéphrite à médiation immune :


les 2 reins sont atteints.

2/. Glomérulites infectieuses

Glomérulonéphrite embolique: néphrite embolique


. Conséquences d’une
glomérulites suppurées aigues.
bactériémie prolongée
Les bactéries vont se loger aléatoirement (diffusion
par voie sanguine) dans les capillaires glomérulaires,
à l’origine de multiples foyers d’inflammation
(micro-abcès).

2.1/. Causes principales

 Chevaux : Actinobacillus equuli

C’est une bactérie commensale des muqueuses digestives qui vit surtout chez les adultes (plus
résistants) mais qui va contaminer les poulains principalement par voie ombilicale, à l’origine
d’une septicémie et de la formation de micro-abcès dans les reins (et dans d’autres organes).

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

 Autres espèces
Certaines bactéries sont connues pour entraîner des néphrites emboliques dans diverses
espèces :

- porcs : Erysipelothrix rhusiopathiae


- bovins : Arcanobacterium (=Trueperella) pyogenes (moins fréquemment
Staphylococcus aureus, Mannheimia haemolytica, Streptococcus bovis)
- petits ruminants : Corynebacterium pseudotuberculosis

2.1/. Examen histologique


A l’examen histologique, ces lésions sont
caractérisées par la présence de nombreuses
colonies bactériennes dans les capillaires Aggrégation bactérienne
glomérulaires, variablement associées à des
débris nécrotiques.
Une inflammation composée surtout de
polynucléaires neutrophiles s’installe.Ces lésions
peuvent aller jusqu’à oblitérer le glomérule.
Dans certains cas, des hémorragies associées
peuvent être présentes.

Si l’animal survit, ces lésions peuvent évoluer

- Persistance sous forme d’abcès

- Remplacement par des lymphocytes, plasmocytes, macrophages et fibroblastes, à


l’origine de la formation de cicatrices (points blanc en dépression).

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

2.2/. Morphologie

A l’œil nu, les néphrites emboliques sont caractérisées par de nombreux foyers multifocaux,
surélevés et ponctiformes, de couleur pâle. Ils sont principalement situés sous la capsule, mais
également dans tout le cortex (et sont alors visibles à la section).
Micro abcès (lésions
blanches surélevées)

2.3/. Glomérulites virales

Certains virus peuvent cibler directement les


glomérules, le plus souvent lors d’une infection
systémique aiguë. C’est le cas de l’hépatite de
Rubarth chez le chien (adénovirus), de l’artérite
équine (arterivirus), de la peste porcine classique
(pestivirus) et de la maladie de Newcastle chez les
oiseaux (paramyxovirus)
Inclusion virale
Les lésions associées à cette atteinte sont le plus
souvent modérées et transitoires, elles sont surtout
localisées au niveau systémique et les atteintes
rénales sont des découvertes au moment de
l’autopsie.

Les lésions ne sont pas toujours visibles à l’œil nu mais peuvent apparaître sous la forme d’un
discret gonflement de reins, avec une capsule rénale prenant un aspect lisse. La couleur n’est
pas modifiée ou peut être légèrement plus pâle que la normale. Les glomérules peuvent être
bien visibles sous la forme de petits points rouges.

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

L’examen histologique peut ne pas être spécifique, avec la présence d’hypertrophie ou de


nécrose de l’endothélium, des hémorragies. Dans certaines maladies, le diagnostic peut être
facilité par l’observation de corps d’inclusion viraux, comme c’est le cas dans l’hépatite de
Rubarth chez le chien.

2.4./. Evolution

2.4.1/. Résolution

La cause disparait.

2.4.2/.Glomérulosclérose (atteinte chronique)

a/.Circonstances d’apparition

Plusieurs circonstances peuvent entraîner le développement d’une glomérulosclérose.

 Evolution des glomérulo-néphrites chroniques


 Conséquences d'autres lésions affectant les néphrons
 Vieillissement : une forme modérée est souvent observée chez les animaux âgés
 Hypertension ou diabète

b/. Conséquences

Le développement d’une glomérulosclérose a deux conséquences majeures

 Diminution de l’apport en oxygène des tubules : c’est la conséquence d’une diminution


du flux sanguin dans les vasa recta qui irriguent les tubes (les vasa recta sont issues de
la vascularisation des glomérules), ce qui entraîne une dégénérescence des tubes.
 Protéinurie chronique

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2.4.3/. Histologie

La glomérulosclérose se
diagnostique à l’examen
histologique par l’observation d’un
rétrécissement de la taille des
glomérules, par l’augmentation de
la quantité de tissu conjonctif et de
matrice mésangiale, et par le
développement d’une fibrose péri-
glomérulaire. Matériel rose sans
cellules : fibrose

3/. Amyloïdose glomérulaire

Cf diapo concernant l’amyloïdose des mammifères

3.1/. Circonstances d’apparition

 Développement le plus souvent en association avec d’autres maladies : l’amyloïdose


glomérulaire peut se développer secondairement à une inflammation chronique d’un
organe (c’est la circonstance d’apparition essentielle chez les bovins notamment), à un
développement tumoral. Elle peut également apparaître sans qu’une cause primaire
ne soit détectée (idiopathique)
 Existence de prédisposition génétique au développement des amyloïdoses
glomérulaires : cette prédisposition héréditaire est décrite pour le chat Abyssin, le
Shar-Peï. On suspecte de possibles tendances familiales pour d’autres races de
carnivores domestiques (Siamois, Beagle, Foxhound,…).

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3.2/. Conséquences d’une amyloïdose rénale

Les glomérules représentent les sites de dépôt les plus fréquents pour la substance amyloïde.
Cependant, dans la forme familiale du Shar-Peï et de l’Abyssin, l’amyloïde se dépose plutôt
dans la médullaire.

Le dépôt d’amyloïde dans le glomérule est à l’origine d’un dysfonctionnement de ces


structures et donc d’une fuite de protéines, responsables du développement d’un syndrome
néphrotique. Par ailleurs, l’oblitération du glomérule par l’amyloïde entraîne une diminution
du flux sanguin dans les glomérules et les vasa recta à l’origine d’une hypoxie des tubes (cf.
pathologie des tubes). A terme, une insuffisance rénale chronique va se développer.

Lorsque l’amyloïde se dépose dans la médullaire, elle est à l’origine d’une nécrose des papilles
rénales qui est le plus souvent d’extension limitée, et n’a alors pas de traduction clinique.

3.2/. Histologie
A l’examen histologique, l’amyloïdose
se diagnostique grâce à
l’observation du dépôt de substance typique dans
le mésangium et en position sous -endothéliale
(ce dépôt entraîne alors une augmentation de la
taille globale des glomérules). L’amyloïde se
présente sous la forme d’une substance
acellulaire homogène et éosinophile.

A noter que des lésions secondaires des tubes peuvent être observées (dilatation, atrophie,
comme décrit plus haut dans les conséquences de l’amyloïdose). Une aide au diagnostic est
l’utilisation de la coloration au Rouge Congo qui teinte la substance amyloïde en orange.
L’observation en lumière polarisée permet alors d’observer une biréfringence verte
caractéristique.

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3.3/. Morphologie

Lors de dépôt de substance amyloïde, les reins sont de taille augmentée, de couleur plus pâle,
de consistance augmentée et ont une surface lisse à finement granuleuse. Les glomérules
peuvent être visibles sous la forme de points légèrement translucides.

Coloration au Rouge
Coloration au Rouge Congo
Congo + lumière polarisée

Rein de chien : cortex plus pâle que la médulla (anatomiquement c’est l’inverse, sauf chez le
chat !)

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

L’application d’une solution iodinée de


type Lugol donne une teinte rouge
marron aux glomérules (comme pour
l’amidon). L’ajout d’acide sulfurique
dilué leur donne une couleur violette.

NB : lors d’amyloïdose médullaire, on


n’observe pas de lésions
macroscopiquement visibles

3.4/. Conséquences extra-rénale d’une amyloïdose glomérulaire

Le dépôt d’amyloïde dans le glomérule étant responsable d’une fuite protéique, des protéines
ayant des propriétés anti-coagulantes, comme l’anti-thrombine III, sont perdues par voie
rénale. Il en résulte un état d’hypercoagulabilité facilitant l’apparition de thromboses et de
thrombo-embolies artérielles. Ce type de lésions peut par exemple se retrouver dans le
poumon et être à l’origine de signes cliniques respiratoires, parfois d’apparition brutale,
graves en plus des signes cliniques associés au syndrome néphrotique.

4/. Autres lésions glomérulaires (Pour info)

4.1/. Glomérulopathies chimiques

De nombreux agents chimiques peuvent entraîner le développement de glomérulonéphrites.

- Doxorubicine, antagonistes des récepteurs à l’histamine


- Lésions des cellules épithéliales des glomérules
- Cyclosporine A
- Dégradation de la perfusion rénale et donc de la filtration glomérulaire
- Sérum hyper-immun, or, pénicillamine-D
- Production de complexes immuns
- Hydralazine, procaïnamide
- Induction d’anticorps ciblant la membrane basale glomérulaire

L’atteinte est alors souvent irréversible due à une perte de néphrons fonctionnels. Dans une
certaine mesure, les néphrons restants peuvent compenser la perte des structures altérées,
mais à terme, entraînent une hypertension et une hyperfiltration glomérulaires, puis une
glomérulosclérose et une fibrose interstitielle.

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4.2/. Lipidose glomérulaire

La lipidose glomérulaire se caractérise par une


accumulation de macrophages riches en lipides
dans le glomérule.

C’est une lésion de découverte fortuite chez le


chien. En conditions pathologiques, on la trouve
notamment chez des chats souffrant d’une
hyperlipoprotéinémie héréditaire.

4.3/. Vasculopathies gomérulaires du Greyhoung

Il s’agit d’un syndrome qui se caractérise cliniquement par des manifestations d’urémie
associées à des lésions cutanées (ulcères, érythème et œdème des membres notamment). Ces
signes sont la conséquence de lésions rénales et cutanées de type vasculopathie, dont l’origine
n’est pas encore élucidée.

Les reins des Greyhounds atteints sont gonflés, d’aspect congestif, avec des pétéchies
réparties dans le cortex. L’examen histologique de ces lésions montre la présence de thrombi
fibrineux, d’hémorragies et de nécrose dans les glomérules et les artérioles afférentes.

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II/. PATHOLOGIES DES TUBES RENAUX

A/. Réponses des tubes face aux agressions

Face aux diverses agressions décrites dans la première partie, les différentes structures et
cellules composant les tubes rénaux réagissent selon diverses modalités.

1/. Cellules épithéliales des tubes

 Atrophie : les cellules épithéliales des tubes peuvent diminuer de taille et s’atrophier.
Cette atrophie est le plus souvent secondaire à une compression externe des tubes par
une masse (peu importe sa nature, elle peut être tumorale ou inflammatoire de type
abcès par exemple), à une fibrose du tissu interstitiel, à une obstruction dans la lumière
même des tubes, à une réduction de la perfusion et de la filtration glomérulaire qui va
se répercuter directement dans l’irrigation des tubes par le système des vasa recta, ou
bien par une diminution de la tension en oxygène.
 Apoptose : les cellules épithéliales peuvent mourir par apoptose. Dans ce cas, les
cellules meurent de manière isolée et les cellules adjacentes peuvent compenser
jusque dans une certaine mesure cette perte, notamment en se multipliant. Les débris
apoptotiques peuvent être éliminés dans la lumière tubulaire (parfois visible à
l’examen histologique).
 Dégénérescence et régénération : cette réponse peut concerner de nombreuses
cellules épithéliales, pouvant là encore être compensée par les cellules restantes. Cette
compensation ne pourra se faire que si la membrane basale est intègre. La
régénération prend un aspect facilement diagnostiquable à l’examen histologique par
la formation d’un épithélium cubique bas et les tubes proximaux qui prennent un
aspect dilaté. Si la phase de régénération est efficace, la fonction normale est
retrouvée.

2/. Membrane basale

Lors d’agressions, la membrane basale peut soit se rompre et être détruite, soit s’épaissir.

3/. Régénération des cellules épithéliales

Comme précisé plus haut, la régénération des cellules épithéliales n’est possible que si
l’intégrité de la membrane basale est préservée.

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4/. Nécrose des cellules épithéliales des tubes : Néphrose

La nécrose des cellules épithéliales des tubes (souvent raccourcie en nécrose des tubes) est
aussi appelée néphrose. Elle représente la cause la plus importante d’insuffisance rénale aiguë
en médecine vétérinaire. Comme mentionné plus haut, les conséquences cliniques associées
seront de type oligurie (diminution de la production d’urine) et anurie (arrêt de la production
d’urine), du fait de la fuite de l’ultrafiltrat glomérulaire à travers les tubes nécrosés jusque
dans le tissu interstitiel et de l’obstruction de la lumière des tubes par les cellules nécrosées
qui se sont détachées.
La nécrose des tubes a deux origines principales : une origine toxique (néphrotoxicité) et une
origine ischémique secondaire à une réduction ou à un arrêt de la perfusion rénale.

4.1/. Origine ischémique

La diminution ou l’arrêt de la perfusion rénale peuvent être la conséquence de divers


mécanismes, dont les deux plus importants sont la diminution de la volémie (par
déshydratation, vomissements, diarrhée, hémorragies sévères, états de choc, …) et la
réduction du débit cardiaque (insuffisance cardiaque congestive par exemple). De multiples
autres circonstances peuvent entraîner une nécrose des tubes par ischémie, résumée dans la
figure suivante.

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La figure ci-dessus résume les conséquences du développement d’une ischémie : l’ischémie


entraîne des modifications vasculaires (vasoconstriction, qui va aggraver encore plus
l’ischémie) et des lésions des tubes pouvant être réversibles ou irréversibles. Il en résulte une
diminution du débit de filtration glomérulaire, à l’origine de l’oligurie (ou de l’anurie).

4.2/. Origine néphrotoxique

De nombreux agents toxiques affectent préférentiellement les reins – on parle alors de


néphrotoxines. Ceci est notamment dû au fait que les reins reçoivent 20 à 25% du débit
cardiaque, que les substances filtrées par les glomérules sont retrouvées dans l’urine et donc
que la concentration en toxines et/ou leur(s) métabolite(s) vont être en concentration plus
élevée dans l’urine que dans le reste des fluides de l’organisme.

4.2.1/. Causes

Parmi les néphrotoxines, on distingue celles d’origine exogène (qui ne proviennent pas de
l’organisme) et celles d’origine endogène .

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a/. Origine exogène

Les néphrotoxines d’origine exogène sont très nombreuses. On y retrouve des métaux lourds,
de nombreux agents médicamenteux (antibiotiques, agents de chimiothérapie et
antiinflammatoires non stéroïdiens notamment). Des toxines d’origine fongiques et végétales
sont également décrites comme étant néphrotoxiques. C’est également le cas de l’antigel
(Ethylène glycol). La figure ci-dessous liste de manière plus détaillée certaines de ces
néphrotoxines (ne retenir que les grandes lignes).

b/. Origine endogène

Seuls certains pigments (hémoglobine, myoglobine et bile/bilirubine) sont considérés comme


des agents néphrotoxiques endogènes d’importance.

4.2.2/. Conséquences

Les agents néphrotoxiques peuvent agir selon plusieurs modalités sur les cellules épithéliales
des tubes :

- Elles peuvent avoir une action directe, notamment sur les cellules des tubes
contournés proximaux, surtout après avoir été convertis en métabolites réactifs dans
ces cellules
- Des métabolites réactifs peuvent être créés quand les néphrotoxines se retrouvent
dans le filtrat tubulaire. Ils peuvent alors être réabsorbés par les néphrocytes qui
seront alors lésés.
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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

- Certains néphrotoxiques peuvent diffuser à travers la paroi des capillaires et les


membranes basales et léser alors directement les cellules épithéliales
- Certains néphrotoxiques entraînent de manière indirecte une vasoconstriction des
capillaires intertubulaires, à l’origine d’une ischémie secondaire.

- L’ischémie peut également être directement liée à la substance toxique.

a/. Nécrose tubulaire aiguë : aspect macrosopique

Peu de modifications visibles à l’œil nu


peuvent être détectées, faisant du
diagnostic de néphrose aiguë un
diagnostic parfois difficile. On note un
gonflement du cortex qui prend une
teinte rouge pâle à beige. La capsule rénale
paraît amincie et d’aspect plus lisse. A la
section, le cortex semble faire protrusion,
a un aspect « humide ».On peut parfois y
voir de petites striations blanchâtres, qui
correspondent à des taches de nécrose.

La médullaire peut être pâle, ou, à


l’inverse, congestive.

Rein normal

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b/. Nécrose tubulaire aiguë : aspect histologique

L’examen histologique d’une nécrose tubulaire aiguë est plutôt facile. Il permet également de
suspecter l’origine (ischémique ou toxique) de l’atteinte

Au sein du cortex, les différents segments du néphron peuvent tous être atteints, et ceux de
manière aléatoire, même si généralement, ce sont les cellules du tube contourné proximal qui
présentent les lésions les plus sévères.

La distinction entre une origine ischémique et ou néphrotoxique se fait grâce à l’étude de la


membrane basale (on peut donc s’aider d’une coloration au PAS). Si la membrane basale est
intègre, alors la nécrose est la conséquence de substances néphrotoxiques. A l’inverse, si la
membrane basale est rompue, l’origine de la nécrose est une ischémie. Le corollaire de cette
rupture est que la régénération épithéliales est difficile voire impossible après une atteinte
ischémique.

5/. Autres modalités de réponses des tubes (pour info)

5.1/. Lipofuscinose

La lipofuscinose est visible dans les cellules


épithéliales des tubes che z les bovins âgés.
Elle est la conséquence de l’accumulation de
pigments de lipofuscine, qui résultent d’une
oxydation des lipides des membranes. La
lipofuscinose se traduit rarement par des
modifications visibles à l’œil nu ; on note
parfois la présence de bandes de
décoloration brunâtre dans le cortes. A
l’histologie, on observe des granules jaune -
marron pâles à marron foncé dans la partie
du cytoplasme entourant les noyaux (ces
granules sont dans des lysosomes). Parfois, on peut retrouver ces pigments hors des cellules
dans le tissu interstitiel.

5.2/. Dégénrescence glycogénique

Cette anomalie est visible chez les carnivores domestiques qui souffrent de diabète et qui vont
alors accumuler du glycogène dans le cytoplasme des néphrocytes. Cette accumulation n’a
pas d’incidence sur le fonctionnement rénal. Le diagnostic passe par l’examen histologique où
l’on observe des vacuoles abondantes dans le cytoplasme des cellules des tubes (notamment
dans la partie interne du cortex, mais aussi dans la partie externe de la medulla).
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5.3/. Accumulations d’hémosidérine et de ferritine

Ces accumulations peuvent être secondaires à la dégradation de l’hémoglobine qui est


résorbée dans le filtrat glomérulaire par les cellules des tubes contournés proximaux. Souvent,
aucun signe clinique suggérant une anémie hémolytique par exemple n’explique cette
dégradation de l’hémoglobine. L’accumulation d’hémosidérine est souvent une découverte
fortuite de l’exploration de lésions rénales, surtout chez le chien.

Un cas particulier existe chez la chèvre, où on décrit des « reins cloisonnés », qui prennent une
coloration marron à noire diffuse dans le cortex (sans modifications de la médullaire). Le rein
fonctionne normalement. Il s’agit en fait d’un épaississement de la membrane basale
entourant les tubes contournés proximaux par un dépôt de ferritine et d’hémosidérine.

B/. Evolution des tubulopathies aiguës

Une atteinte aiguë des tubes peut évoluer selon plusieurs modalités :

 si les lésions rénales et l’état clinique


de l’animal ne sont pas trop sévères,
une résolution des lésions avec une
guérison sont possibles
 si les lésions sont trop sévères,
l’insuffisance rénale aiguë peut
entraîner la mort de l’animal, malgré
les traitements mis en place
 les lésions peuvent évoluer vers la
chronicité (cf. parties suivantes, pour
les lésions tubulo-interstitielles et
interstitielles)

NB : En médecine vétérinaire, il existe des maladies qui n’ont pas de traduction lésionnelle et
qui sont donc uniquement la conséquence d’atteintes fonctionnelles. C’est le cas lorsqu’il
existe des anomalies du métabolisme, du transport ou de la réabsorption de certaines
molécules (glucose, acides aminés, ions ou protéines). On décrit alors des maladies telles que
la glucosurie primaire ou le syndrome de type Fanconi (atteinte héréditaire, qui sur le long
terme, pourra entraîner des lésions rénales secondairement).
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C/. Maladies des tubes

1/. Leptospirose

1.1/. Introduction par un cas clinique

Cas d’un cocker mâle de 1 an et demi, pas d'antécédent, bien vacciné.


Subitement : fièvre, abattement, vomissements, ictère, oligoanurie, glucosurie sans
hyperglycémie : diagnostic d'insuffisance rénale aigue.
Traitement : symptomatique et fluidothérapie.
Histologie demandée : réponse attendue : nécrose des tubes et infiltration neutrophilique.
Analyses complémentaires : coloration spéciale de Warthin-Starry qui permet de mettre en
évidence les leptospires directement (en noir) + diagnostic expérimental (PCR, sérologie).

1.2/. La leptospirose chez les animaux domestiques

Les leptospires forment un groupe de bactéries spiralées, appartenant à l’ordre des


spirochètes. Ce sont des bactéries douées de capacités de motilité, facilement reconnues par
leur forme en point d’interrogation (on les nomme de ce fait Leptospira interrogans).

1.2.1/. Classification

Les souches pathogènes d’intérêt vétérinaire appartiennent toutes au groupe des L.


interrogans, qui est subdivisé en multiples sérogroupes et serovars. Ces subdivisions sont
complexes.

En fonction des espèces, les sérogroupes et serovars responsables de leptospirose ne sont pas
les mêmes :

- Chiens : sérovars canicola et icterohaemmoragiae principalement


- Bovins : sérovars pomona et hardjo
- Porcs : sérovars grippotyphosa, pomona et bratislava

Par ailleurs, ces sérovars s’adaptent à des espèces hôtes (différentes pour chaque type de
leptospire) qui jouent alors le rôle de réservoirs (rongeurs surtout).

1.2.2/. Pathogénie de la forme rénale

La pathogénie de la forme rénale est complexe, et dépend des capacités de réponse du


système immunitaire. Les espèces réservoirs hébergent des leptospires dans les tubes rénaux.
Les leptospires sont donc excrétées dans l’urine. L’animal cible peut alors se contaminer
(pénétration des leptospires au travers des muqueuses ou de la peau abrasée par exemple).

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

Les leptospires peuvent alors se multiplier rapidement dans le sang et colonisent de nombreux
organes.

L’évolution ultérieure dépend de l’efficacité de la réponse immune :

 Si la réponse immunitaire est efficace, les leptospires sont éliminées de tous (ou de la
plupart) des organes
 Si la réponse immunitaire est incomplète, les leptospires vont pouvoir migrer dans les
capillaires interstitiels des reins, traverser l’endothélium vasculaire. Deux phénomènes
peuvent alors se développer :
- Les leptospires persistent dans les tubes et le tissu interstitiel rénal, migrent à
travers les néphrocytes pour se retrouver dans la lumière. L’animal excrète alors
les bactéries dans le milieu extérieur.
- Les leptospires se localisent dans les néphrocytes, s’y maintiennent et sont à
l’origine de l’installation de nécrose et d’inflammation dans le rein, entraînant
une néphrite tubulo-interstitielle.

1.2.3/. Signes cliniques et quelques lésions


macroscopiques associées (pour info en anapath)

Plusieurs formes cliniques, détaillées dans les cours de médecine, peuvent faire suite à une
infection par des leptospires :

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

Dans la forme aiguë, les reins prennent


un aspect gonflé et de couleur rouge. Leptospirose
Les muqueuses sont de couleur jaune aiguë
(ictérique). Le développement d’une
hémolyse extravasculaire va libérer de
l’hémoglobine, qui donnera une teinte
rouge à l’urine

Dans la forme chronique, des lésions


de néphrite interstitielle chronique
sont observées.

A l’examen histologique, on observe


une nécrose des tubes (phénomène
aigu), parfois associée à un début de
régénération des cellules épithéliales. En cas de leptospirose aiguë, on note peu ou pas
d’inflammation. Pour s’aider dans le diagnostic, on peut réaliser une coloration spéciale au
Whartin-Starry, qui permet de colorer les leptospires en noir.

Par ailleurs, le diagnostic se base aussi sur la mise en évidence expérimentale des leptospires
par PCR et examen sérologique (test aux micro-cupules).

Coloration à l’Hemalun Eosine Coloration au Whartin Starry

2/. Intoxication à l’éthylène glyco (antigel)

L’intoxication à l’éthylène glycol (antigel) est plutôt fréquente chez les carnivores
domestiques, notamment chez le chat.

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

2.1/. Aspect des lésions

Les reins des animaux atteints prennent une couleur beige, et présentent un aspect finement
moucheté.

A la coupe, le cortex a un aspect


rayé et crisse à la coupe (présence
de cristaux).

A l’examen histologique, cet aspect


moucheté correspond à la
présence de nombreux cristaux
d’oxalate qui ont dilaté les tubes et
comprimé l’épithélium, qui peut
alors se nécroser (et éventuellement régénérer). Ces cristaux sont biréfringents en lumière
polarisée.

Coloration à l’Hémalun Eosine Observation en lumière polarisée

Ce type de lésions est typiquement susceptible d’entraîner un syndrome d’insuffisance rénale


aiguë.

2.2/. Pathogénie

Après ingestion, l’éthylène glycol est rapidement absorbé par les intestins. Il est ensuite
métabolisé dans le foie par l’alcool déshydrogénase, sous forme d’acide glycolique, de
glyoxylate et d’oxalate. Ces métabolites, l’acide glycolique surtout, vont alors pouvoir
précipiter dans les tubules sous forme de cristaux d’oxalate de calcium.

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

3/. Néphrose hémoglobinurique

La néphrose hémoglobinurique résulte de l’association entre une hypoperfusion rénale et une


hémoglobinurie.

3.1/. Circonstances d’apparition

En fonction des espèces animales, les maladies pouvant être responsables du développement
d’une néphrose hémoglobinurique ne sont pas les mêmes :

• Chez les moutons, la principale circonstance de développement est une


intoxication chronique au cuivre
• Chez les bovins, la néphrose hémoglobinurique est principalement secondaire à la
leptospirose et à la babésiose (piroplasmose)
• Chez les chevaux, elle est surtout consécutive à une intoxication par les feuilles
d’érable

• Chez les chiens, on la retrouve suite à des anémies hémolytiques auto-immunes et


à la babésiose (piroplasmose)

3.2/. Pathogénie

Quelle que soit la circonstance d’apparition, il va en résulter une ischémie rénale à l’origine
d’une nécrose des tubes. Par ailleurs, il apparaît une augmentation de la concentration en
hémoglobine dans le sang, qui va dépasser les capacités de fixation par l’haptoglobine.
L’hémoglobine restant libre va alors pouvoir passer à travers le glomérule et se retrouver dans
l’ultrafiltrat glomérulaire (le complexe hémoglobine-haptoglobine étant quant à lui trop
volumineux pour pouvoir être filtré). La concentration intraluminale en hémoglobine est donc
augmentée. Cette concentration élevée est un facteur délétère additionnel qui aggrave les
phénomènes de nécrose des néphrocytes.

3.3/. Morphologie

Lors de néphrose hémoglobinurique, le cortex des reins prend une coloration rouge-marron à
bleu-noir, souvent sous la forme d’une striation entre la surface capsulaire jusque dans la
médullaire. Cet aspect correspond à la présence de cylindres d’hémoglobine présents dans
la lumière des tubes, associé à une nécrose de leur épithélium de revêtement.

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

4/. Néphrose myoglobinurique

La néphrose myoglobinurique résulte de l’association entre une hypoperfusion rénale et une


myoglobinurie.

4.1/. Circonstances d’apparition

La néphrose myoglobinurique se retrouve surtout chez le cheval, où elle se développe


secondairement au phénomène d’azoturie (aussi appelée maladie du lundi matin ou
myoglobinurie paralytique équine).

Chez les animaux sauvages, elle se déclenche souvent lors de myopathie de capture.

La pathogénie de cette affection n’est pas encore complètement élucidée. On pense


cependant que la survenue de lésions musculaires (dans l’azoturie ou la myopathie de capture)
entraîne la libération de myoglobine, qui va passer au travers des glomérules et se retrouver
dans l’urine. De la même manière que pour la néphrose hémoglobinurique, la présence de
myoglobine va aggraver des lésions de nécrose pré-existantes des tubes secondaires à des
phénomènes ischémiques.

4.2/. Facteurs prédisposants (pour info)

Chez le cheval, plusieurs facteurs prédisposants ont été mis en évidence, favorisant la
survenue de ces lésions de néphrose myoglobinurique :

 Alimentation et exercice : Développement chez des chevaux au repos pendant quelques


jours, avec une ration non adaptée - Carence en thiamine (vit B1), vitamine E et Sélénium
 Entraînement inadapté
 Influence endocrine : hormones sexuelles (pouliches et juments), hypothyroïdie
 Influence génétique

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

4.3/. Morphologie

Les lésions rénales de néphrose myoglobinurique sont caractérisées par une coloration diffuse
rougeâtre-marron du cortex et de la médullaire. Cette couleur est due au dépôt de
myoglobine.
L’examen histologique est similaire à celui décrit lors de néphrose hémoglobinurique
(présence de cylindres de myoglobine intraluminale, avec une nécrose possible de
l’épithélium).

5/. Intoxication aux feuilles de chêne

L’intoxication au chêne se rencontre principalement chez les bovins. Les feuilles, les
bourgeons et les glands du
chêne contiennent des tannins.
En les ingérant, le bovin ingère
ces tannins qui sont alors
métabolisés sous forme d’acide
tannique, d’acide gallique et de
pyrogallol notamment. Ces
métabolites sont toxiques pour
les cellules épithéliales des
reins, sans que le mécanisme
précis n’ait pour le moment été
élucidé.

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

6/. Principales manifestations cliniques

Les principaux signes cliniques et paracliniques sont synthétisés dans le tableau ci-dessous :

Forme sévère
Forme aiguë de gravité modérée
Faiblesse des postérieurs Quelques minutes après le début d’un exercice
Refus de bouger Urine marron foncé
Rigidité musculaire Myoglobinémie, Augmentation des AsAT
Sudation (Aspartate AminoTransférase) et des CK
Trémulations généralisées (créatine kinase), hyperkaliémie
Récupération partielle ou complète Myoglobinurie

La figure ci-dessous est un rappel de notions clinique et biochimiques pour différencier


hématurie, hémoglobinurie et myoglobinurie :

III/. PATHOLOGIES DU TISSU INTERSTITIEL

A/. Néphrite interstitielle


Il en résulte une néphrose, qui se traduit
lésionnellement par des reins pâles, d’aspect
gonflé avec parfois des hémorragies corticales.
Un œdème périrénal est parfois possible. La
néphrite interstitielle correspond à une
inflammation primitive du tissu interstitiel.

Les modifications macroscopiques associées y


sont rares. A l’examen histologique, on observe
la présence d’infiltrats
lymphoplasmocytaires dans le tissu interstitiel.

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

La distinction entre une néphrite interstitielle pure et une néphrite tubulo-interstitielle reste
difficile.

Les signes cliniques associés à une néphrite interstitielle minime à modérée sont rares.
Lorsque la néphrite est sévère, des signes d’insuffisance rénale peuvent cependant être
présents.
1/. Origines

La néphrite interstitielle peut avoir plusieurs origines, que l’on peut séparer en deux grandes
catégories : les causes infectieuses et les causes non infectieuses.

1.1/. Origine infectieuse

En contexte infectieux, les néphrites interstitielles peuvent se développer suit à une infection
ascendante du tractus urinaire (y compris une pyélonéphrite).

Une infection systémique peut également entraîner le développement d’une néphrite


interstitielle. C’est le cas de certaines infections comme l’artérite virale équine, les reins à
macules du veau, la leptospirose, la fièvre catarrhale maligne ou l’hépatite de Rubarth du
chien.

1.2/ Origine non-infectieuse à médiation immune

Les néphrites interstitielles peuvent également se développer en contexte non-infectieux, par


intervention du système immunitaire. Celui-ci peut s’activer secondairement au passage de
toxines ou à certaines lésions antérieures des tubes et/ou des glomérules. C’est le cas des
néphrites interstitielles lors de rejets de greffe ou lors de réactions médicamenteuses
allergiques.

B/. Néphrite tubulo-interstitielle

Néphrite tubulo-interstitielle : Inflammation des tubules rénaux et du tissu interstitiel.

En fonction de la durée de l’installation de ces lésions, on distingue les néphrites tubulo-


interstitielles d’apparition aiguë et d’apparition chronique.

1/. Néphrites tubulo-inerstitielles aiguës

Elles sont souvent secondaires à une nécrose des tubes, plus particulièrement en contexte
infectieux (leptospirose, adénovirus de l’hépatite de Rubarth, …).

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2/. Néphrites tubulo-interstitielles chroniques

Les néphrites tubulo-interstitielles chroniques (ou progressives) peuvent être directement


secondaires à une néphrite interstitielle pure, lorsque l’inflammation n’est pas résorbée et
maintient ses conséquences délétères. Les causes sont donc similaires à celles des néphrites
interstitielles.

Elles peuvent également être secondaires à une glomérulonéphrite ou à une pyélonéphrite


chronique.

3/. Morphologie

L’aspect des reins lors de néphrites tubulo-interstitielles dépend de la chronicité des lésions.
Lors d’atteinte chronique, les lésions sont tout à fait similaires à celles observées pour les
« reins terminaux ».

L’analyse de la distribution des lésions dans le rein permet de privilégier certaines hypothèses
causales plutôt que d’autres.

3.1/. Distribution diffuse

C’est le cas de leptospirose, où les reins ont un aspect gonflé, pâle, avec ou non des taches
grisâtres au niveau de la surface capsulaire. Le tissu rénal fait protrusion à la section, avec
parfois des infiltrats grisâtres visibles. L’aspect radié du cortex est parfois perdu.

3.2/. Distribution multifocale

C’est typiquement le cas des reins à macules du veau. D’autres maladies comme l’hépatite de
Rubarth, l’herpesvirose du chien, la fièvre catarrhale maligne et la leptospirose chez les bovins
et les porcs, ont une distribution multifocale.

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4/. Aspect macroscopique

Le diagnostic histologique de néphrite tubulo-interstitielle aiguë à subaiguë passe par la mise


en évidence d’amas de lymphocytes, plasmocytes et macrophages disséminés dans le tissu
interstitiel. Ce tissu est souvent œdématié et congestif. Les cellules des tubes sont également
lésées avec des images de dégénérescence et de nécrose.
Comme pour l’examen à l’œil nu, l’examen histologique de néphrite tubulo-interstitielle
chronique ne permet pas de faire la différence avec un rein terminal.

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Exemple : Les reins à macule du veau

Les reins à macule sont des lésions fréquemment retrouvées à l’examen nécropsique. On
suspecte la formation de micro-abcès secondairement à une implantation de bactéries
(Escherichia coli notamment, mais possiblement aussi des salmonelles ou Brucella sp.), sans
qu’il n’y ait de signes cliniques associés. Avec le temps, ces micro-abcès sont remplacés par un
infiltrat lymphoplasmocytaire et macrophagique qui pourra disparaître (résolution des
lésions) ou évoluer en tissu cicatriciel. Chez le veau, les reins à macules sont des lésions non
significatives qui n’ont aucune incidence clinique. Il est donc important de ne pas se focaliser
sur ces lésions lors d’un examen nécropsique, mais de chercher une cause aux signes

Cas particuliers des néphrites granulomateuse

Les néphrites granulomateuses forment un groupe particulier de néphrites tubulo-


interstitielles, pour lesquelles l’inflammation est de type granulomateux (c’est-à-dire
essentiellement macrophagiques, avec des cellules épithélioïdes et des cellules géantes pluri-
nucléées). Elles accompagnent souvent des maladies systémiques chroniques. En plus des
reins, divers autres organes présentent donc des lésions granulomateuses, à l’origine d’un
tableau clinique plus complexe qu’une simple atteinte rénale.

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La figure ci-dessous résume quelques-uns des principaux agents infectieux responsables du


développement de ce type de lésions :

Cas de la péritonite infectieuse féline (PIF)

La Péritonite Infectieuse Féline est une maladie importante et fréquente en médecine féline.
Elle est due à une infection par un virus, le Coronavirus de la PIF. Ce virus est issu de la
mutation dans le tube digestif de l’animal d’un coronavirus entérique félin, qui est souvent
cliniquement silencieux et qui infecte et se multiplie dans les entérocytes uniquement.

Cliniquement, on distingue 3 formes dans cette maladie : une forme humide, une forme sèche
et une forme mixte.

Pathogénie
Par rapport au coronavirus entérique, le coronavirus de la PIF a la particularité d’infecter et de
se multiplier dans les macrophages. Les conséquences de cette infection vont alors dépendre
de l’efficacité du système immunitaire dans sa lutte contre le virus.

- Si la réponse immune est efficace, une guérison peut survenir


- Si l’immunité cellulaire est faible, le virus va persister dans les macrophages et être à
l’origine d’une inflammation granulomateuse, notamment dans les organes
parenchymateux. Cliniquement, ces lésions s’expriment sous la forme sèche de la
maladie

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- Si l’immunité cellulaire est absente, des anticorps non-neutralisants sont produits et


vont se déposer sous la forme de complexes immuns dans les parois vasculaires, des
séreuses notamment (hypersensibilité de type III). La forme clinique sera la forme
humide.

Lésions de base : vascularite pygranulomateuse (notamment plhébite)

Dans toutes les formes, la lésion de base est la même, puisqu’il s’agit d’une vascularite, et plus
particulièrement d’une phlébite pyogranulomateuse (c’est-à-dire inflammation des veines et
veinules).
Il y a donc à la fois des macrophages et des neutrophiles dans ces lésions. L’inflammation des
vaisseaux explique qu’il est parfois possible de voir des thromboses vasculaires.

Morphologie

L’atteinte rénale se traduit morphologiquement par la présence de multiples foyers dans le


cortex surtout en position sous-capsulaires, de taille variable et de forme irrégulière, faisant
protrusion à la section. Ces lésions suivent souvent les trajets des gros vaisseaux.

C/. Fibrose et rein terminal

1/. Evolution des atteintes rénales

De manière générale, les atteintes rénales ont toutes deux grandes modalités d’évolution : ou
bien un retour à la normale est possible avec disparition de la lésion, ou bien l’atteinte est
irréversible. Lorsque l’atteinte est irréversible, la lésion terminale est de type fibrose
(cicatrisation). La fonction du tissu normal qui est détruit est alors perdue.

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2/. Fibrose

Fibrose : Remplacement du parenchyme rénal par du tissu conjonctif fibreux.

Elle est un marqueur de la phase de cicatrisation d’une lésion (peu importe son origine
(glomérulaire, tubulaire ou interstitielle)). C’est une phase commune à tous les types
d’atteinte rénale, dont la sévérité est souvent corrélée à la sévérité de l’atteinte originelle.

2.1/. Principales causes de fibrose terminale

Une fibrose cicatricielle terminale se développe pour plusieurs raisons :

- Absence d’élimination de la toxine à l’origine des lésions rénales primitives


- Rupture de la membrane basale des tubes
- Perte d’un trop grand nombre de cellules épithéliales (il n’y a alors pas suffisamment
de cellules épithéliales restantes pour permettre une bonne régénération)

2.2/. Principales agressions responsables de fibrose

Ces différentes causes de déclenchement d’une fibrose rénale sont généralement issues des
lésions rénales suivantes :

- Infarctus
- Glomérulonéphrite – amyloïdose
- Néphrite tubulo-interstitielle (chronique)
- Atteinte chronique du pelvis rénal

2.3/. Morphologie

Les reins ayant des lésions de fibrose cicatricielles sont souvent appelés « reins terminaux ».

Un rein terminal est de taille diminuée, plus ferme que la normale et dont l’architecture
globale est déformée. Il est de pâleur accentuée, sa surface est irrégulière avec une capsule
rénale souvent très adhérente au cortex sous-jacent. A la section, le cortex est aminci,
parsemé de plus ou moins larges bandes de tissu blanchâtre de taille variable (allant de simples
petits points donnant un aspect granuleux à des bandes plus larges formant des dépressions
profondes).

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La cause initiale ne modifie le plus souvent pas l’aspect morphologique (c’est pourquoi des
lésions de néphrite tubulo-interstitielle chronique sont par exemple indifférenciables d’un rein
terminal).

L’aspect particulier du rein terminal explique les caractéristiques échographiques particulières


de cette affection et la sensation typique lors de palpation abdominale (qui est alors très
suggestive de cette lésion).

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2.4/. Aspect microscopique


L’examen histologique permet de conclure quant au
diagnostic de rein terminal, grâce à un ensemble de
lésions très évocatrices.

 Augmentation de la quantité de tissu conjonctif

 Diminution du nombre de néphrons, avec une 1


atrophie des tubes restants qui peuvent avoir une
lumière réduite ou dilatée, un épithélium
possiblement modifié (atrophique ou
hyperplasique), et un épaississement de la
membrane basale (photo 1)

 Présence de kystes acquis, qui peuvent être


secondaire à une dilatation extrême de la capsule
de Bowman ou à une augmentation du diamètre
de la lumière de certains tubes qui sont
comprimés en aval par du tissu fibreux. Ces 2
kystes peuvent se voir à l’œil nu
 Glomérulosclérose (2)

 Amas de lymphocytes et plasmocytes (photo 3)

Rappelons que ces lésions histologiques, tout en étant


diagnostiques d’un rein terminal, ne sont pas spécifiques
d’une cause plutôt qu’une autre. 3
2

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2.5/. Importance de la fibrose rénale en médecine vétérinaire

La fibrose rénale, ou le rein terminal, est une dominante clinique et pathologique en médecine
vétérinaire, notamment chez les carnivores domestiques. La consultation est souvent
motivée par des signes relatifs à l’urémie et à l’insuffisance rénale chronique.

Comme il a déjà été fait mention, il est très difficile, lorsque les reins ont développé ces lésions
terminales, de remonter à l’atteinte primitive. Cette difficulté de diagnostic de la pathologie
primitive reste cependant sans conséquence sur le pronostic, les lésions rénales étant
irréversibles et la réponse thérapeutique de ce fait limitée.

IV/. REPONSE DES VAISSEAUX FACE AUX AGRESSIONS

A/. Hyperémie et congestion


Hyperémie : Augmentation du flux artériel. Il s’agit d’un phénomène actif, correspondant à la
première phase de l’inflammation. C’est donc un phénomène transitoire.

Congestion : Augmentation du volume sanguin veineux, qui est un phénomène passif. La


congestion peut être secondaire à un état de choc ou à une insuffisance cardiaque (terminale
et agonique notamment).

Ces lésions se traduisent par une surcoloration


rouge du cortex et de la médullaire des reins,
avec possiblement du sang qui peut s’écouler
à la section du rein.

Ces lésions sont à différencier de l’hypostase


cadavérique (stagnation de sang dans les
parties déclives d’un cadavre) pour laquelle la
surcoloration rouge est unilatérale (et non
bilatérale).

B/. Hémorragie et infarcti

1/. Hémorragies

Les hémorragies rénales forment un ensemble de lésions qui, en fonction de leur étendue,
doivent évoquer certaines causes plutôt que d’autres.

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1.1/. Hémorragie intra-rénale massive

• Traumatismes
• Biopsie à l’aiguille
Troubles de la coagulation

1.2/. Ecchymoses et pétéchies

-Septicémie (salmonellose et streptococcose)


-Atteintes virales (herpesvirose du chiot, peste
porcine classique (Pestivirus) ou Africaine (Asfarvirus))
-Vascularite thrombo-
embolisme (endocardite valvulaire)

-CIVD : thrombose disséminée dans les capillaires


Pétéchies rénales
glomérulaires, les artérioles afférentes et les
artères interlobulaires.

1.3/. Hémorragies peri-rénales


Traumatisme intra-abdominal

1.4/. Association de lésions vasculaire et interstielles : herpes virose du


chiot

Il est à noter que les lésions vasculaires ne se développent pas forcément de manière isolée
mais peuvent apparaître en association avec d’autres mécanismes pathogéniques. C’est le
cas de l’herpèsvirose chez le chiot, qui associe à la fois des lésions vasculaires et des lésions
du tissu interstitiel.
Ce sont principalement des chiots âgés de 4 à 6 semaines qui sont atteints (mais il n’est pas
rare d’observer cette affection chez des chiots plus jeunes). Les lésions ne se développent
plus après 12 à 16 semaines d’âge. L’infection est néonatale ou intra-utérine.

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Cette maladie associe des lésions de nécrose tubulaire aiguë (avec réaction du tissu
interstitiel) et des hémorragies, qui donnent aux reins une apparence très caractéristique. Les
lésions vasculaires ont cependant tendance à masquer les lésions de nécrose. Lors de
mortalité dans certains élevages, il ne
faut donc pas écarter cette
hypothèse si les reins ne présentent
macroscopiquement que des lésions
hémorragiques.

2/. Infarctus

Un infarctus rénal correspond à un foyer de nécrose de coagulation consécutif à une occlusion


vasculaire, à l’origine d’une ischémie locale.

2.1/. Cause la plus fréquente : thrombose et thrombo-embolie

Les infarcti rénaux sont majoritairement secondaires à une thrombose ou à une thrombo-
embolie. L’observation d’un infarctus doit donc conduire à l’exploration d’une autre
pathologie sous-jacente :

- Thrombus mural des valves cardiaques (endocardite valvulaire), la cause la plus


fréquente. L’endocardite valvulaire est le plus souvent secondaire au développement
de bactéries telles qu’Arcanobacterium pyogenes (bovins), Erysipelothrix
rhusiopathiae (porcs). Chez le chat, la cause la plus fréquente est une cardiomyopathie
entraînant une thrombose murale de l’atrium.
- Artérite lors de maladie parasitaire (strongylose du cheval, dirofilariose du chien)
- Emboles de cellules tumorales
- Emboles bactériennes
- Thrombose a un sepsis et a un chox toxinique (infection par bactéries GRAM-)
- Thrombose secondaire a un état hypercoagulable (amyloïdose glomerulaire et fuite
d’antithrombine III)
- Lésion de l’endothélium des capillaires glomérulaires (vasculopathie des grey hound)

Rappelons que parce que le rein reçoit 20 à 25% du débit cardiaque, c’est un organe privilégié
comparé à d’autres dans le développement d’infarcti.

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2.2/. Type d’obstruction par ordre de fréquence (pour info)

En fonction de la localisation du thrombus, l’infarctus ne concernera pas le même territoire.


Par ordre du plus fréquent au moins fréquent, on retrouve :

- Une obstruction de plusieurs vaisseaux de petite taille, comme les artères


interlobulaires, à l’origine du développement de plusieurs petits infarcti affectant le
cortex
- Une occlusion des artères interlobaires et/ou arquées, qui entraînent le
développement d’infarcti de forme triangulaire touchant le cortex et la médullaire
- Une occlusion de l’artère rénale, plutôt rare, à l’origine d’un infarctus de la totalité du
rein.

2.3/. Morphologie

L’aspect d’un infarctus rénal dépend du délai entre l’apparition de l’occlusion et l’observation
de la lésion. Ce délai est une notion importante à évaluer en clinique (observation directe ou
indirecte par échographie par exemple), car l’impact clinique n’est pas le même (un infarctus
en phase cicatricielle n’aura quasiment pas d’incidence clinique sur le motif de consultation
par exemple).

La figure ci-dessous résume les grandes variations morphologiques d’un infarctus rénal :

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2.4/. Histologie (pour info)

L’examen histologique permet le diagnostic et la datation de l’infarctus. Il est éventuellement


possible de retrouver l’endroit plus précis où se situe l’occlusion et parfois d’en déterminer la
nature (type d’embole par exemple).

- En début d’évolution, on observe une nécrose des néphrons associée à une nécrose
des cellules présentes dans le tissu interstitiel. Des hémorragies sont également
fréquemment visibles
- Après quelques jours d’évolution, un infiltrat inflammatoire se développe en
périphérie de l’infarctus, composé majoritairement de polynucléaires
neutrophiles (associés à quelques macrophages et lymphocytes). Une
hyperémie des capillaires adjacents à l’infarctus est également présente

Infarctus aigu Infarctus Infarctus


subaigu chronique

- La phase de cicatrisation se traduit


histologiquement par la lyse et la
phagocytose des cellules nécrotiques
et leur remplacement par du tissu
conjonctif fibreux.
- A plus long terme, ce tissu fibreux va se
contracter, à l’origine de la dépression
visible à l’œil nu.

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V/. MALADAIE DU PELVIS RENAL

A/. Hydronéphrose (dilataton du pelvis rénal)

Hydronéphrose : Dilatation du pelvis rénal.

1/. Pathogénie

L’hydronéphrose est une conséquence d’une obstruction des voies urinaires.

Cette obstruction peut être secondaire à un blocage de ces voies urinaires par des calculs, par
une inflammation chronique, une tumeur. Une atteinte neurologique des voies urinaires peut
également être responsable de cette occlusion, tout comme une malformation congénitale
(d’un uretère, de la jonction vessie-urètre, ou par une ectopie du rein).

L’obstruction des voies urinaires conduit donc à une rétention d’urine en amont du site
d’obstruction et donc à une augmentation de la pression dans le pelvis. Il s’ensuit alors une
dilatation du pelvis rénal

Cette pathogénie explique les cas d’obstruction d’évolution chronique. Lorsque l’obstruction
apparaît brutalement (secondaire par exemple à la ligature d’un uretère), il n’y a pas de
développement de lésions visibles.

En fonction de l’origine de l’obstruction, l’hydronéphrose pourra être uni ou bi-latérale. Elle


est unilatérale lorsque l’obstruction a lieu au niveau d’un uretère. L’unilatéralité explique qu’il
faut un développement considérable de la lésion avant que n’apparaissent des signes
cliniques (il y a compensation par l’autre rein). Si l’obstruction a lieu dans la vessie (trigone
par exemple), dans l’urètre ou dans les deux uretères simultanément, l’hydronéphrose sera
bilatérale.

2/. Morphologie

A l’œil nu, on observe une dilatation du pelvis et des calices rénaux, un élargissement de la
taille globale des reins qui prennent une forme arrondie, associé à un amincissement du
cortex et de la médullaire. Lors de développement extrême, le rein n’est plus qu’un « sac
rempli d’urine », entouré par une paroi mince (2-3mm).

Parfois, une nécrose est visible, qui est secondaire à une compression de la vascularisation
rénale par la dilatation du bassinet.

Lorsque l’urine est remplacée par du pus, qui dilate le bassinet, on parle d’hydropyonéphrose.

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B/. Pyelonéphrite

Pyélonéphrite : Infection bactérienne du pelvis avec extension dans les tubes rénaux.

Le plus souvent, cette infection s’accompagne d’une inflammation du tissu interstitiel. La


pyélonéphrite peut donc être considérée comme une forme particulière de néphrite tubulo-
interstitielle.

1/. Bactéries en cause

Par leurs facteurs de pathogénicité, certaines bactéries sont plus fréquemment responsables
de l’apparition des pyélonéphrites. On notera par exemple la fréquence de l’implication
d’Escherichia coli (qui possède des hémolysine α, des adhésines, des fimbriae, …), Proteus sp.,
Klebsiella sp., Staphylococcus sp., Streptococcus sp. ou encore Pseudomonas aeruginosa.

Chez les bovins et les porcs, on retrouve également Corynebacterium renale,


Arcanobacterium pyogenes et Eubacterium suis.

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2/. Pathogénie

Une pyélonéphrite est la conséquence de


l’extension d’une infection bactérienne des voies
urinaires basses. Elle est donc plus fréquente chez
les femelles, qui sont le plus souvent sujettes au
développement d’infections urinaires de par la
conformation de leur appareil urinaire (uretères et
urètres plus courts).

L’infection remonte via les uretères, grâce à des


mécanismes de reflux qui sont augmentés en cas
de cystite, de la présence d’une (sub)obstruction
urétrale, ou de la présence de certaines
endotoxines de bactéries Gram – (qui inhibent le
péristaltisme normal).

Il s’ensuit alors une atteinte du pelvis rénal et de la


médullaire interne.

Remarque : la médullaire est sensible à ce genre


d’infections car sa vascularisation est moins bien
développée que le cortex, son
osmolalité/osmolarité est élevée et inhibe donc le
fonctionnement des neutrophiles, et sa teneur en
ammoniaque l’est également, inhibant ainsi le
complément.

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3/. Morphologie

Une pyélonéphrite peut être unilatérale ou bilatérale. Les muqueuses


du pelvis (et des uretères) sont épaissies, rouges, d’aspect granuleux
avec un exsudat inflammatoire les recouvrant. On observe parfois une
dilatation du pelvis et de ces uretères, avec cet exsudat dans les
lumières.

La papille rénale apparaît souvent ulcérée et nécrotique.

A la section, on peut observer des rayons qui partent du pelvis et qui


remontent vers le cortex, de couleur rouge à grise.

Lors d’atteinte plus chronique, le rein est déformé,


par le développement d’une fibrose. Il est important
de ne pas confondre cet aspect avec un infarctus,
même si cela peut être difficile, car les causes à
explorer ne sont pas les mêmes.

4/. Histologie

En fonction de la durée d’évolution de la


pyélonéphrite, des variations dans les lésions
histologiques s’observent.
 Pyélonéphrite aiguë : les lésions sont les plus sévères au niveau de la médullaire
interne, avec une nécrose des cellules épithéliales et la présence de neutrophiles et
d’autres cellules inflammatoires (photo 1)

1 2 3

 Pyélonéphrite subaiguë : le contingent de cellules inflammatoires mononucléées


augmente (plus de lymphocytes, de plasmocytes et de macrophages) et au contraire,
la quantité de polynucléaires neutrophiles diminue (photo 2)
 Pyélonéphrite chronique : une fibrose se développe et on retrouve très
majoritairement des lymphocytes, plasmocytes et macrophages. (photo 3)
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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

Cependant, si l’infection à l’origine de la pyélonéphrite persiste dans le temps, des


neutrophiles et de la suppuration pourront être observés en continu dans le rein.

C/. Nécrose de la papille rénale

1/. Circonstances d’apparition2

La nécrose de la papille rénale est une réponse de la médullaire interne à une ischémie. On
distingue une origine primaire et une origine secondaire entraînant son apparition.

1.1/. Atteinte primaire

Des traitements aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peuvent entraîner


l’apparition d’une nécrose de la papille rénale. Chez les chevaux, c’est surtout lors d’utilisation
de phénylbutazone ou de flunixine. Chez les carnivores domestiques, c’est plutôt secondaire
à une ingestion accidentelle d’ibuprofène, d’aspirine ou d’acétaminophène.

Remarque (pour info) : Ces molécules vont détruire les cellules du tissu interstitiel de la
médullaire. Or ce sont ces cellules qui dans le rein, produisent les prostaglandines, des
facteurs anti-hypertenseurs et la matrice de la médullaire. La synthèse des prostaglandines
est donc diminuée, à l’origine d’une diminution du flux sanguin dans la médullaire et donc
d’une ischémie qui va alors entraîner une dégénérescence et une nécrose des tubes. Tout cela
conduit alors à une nécrose ischémique de la papille rénale.

1.2/. Atteinte secondaire

La nécrose de la papille rénale peut se


développer secondairement à :

 Une diminution du flux sanguin dans les


vasa recta, qui peut survenir en cas de
lésions glomérulaires, ou de compression
de ces vasa recta (par de la fibrose, de
l’amyloïdose dans la médullaire ou de
l’inflammation)
 Une compression de la papille rénale, en
cas de présence de calculs, d’obstruction
des voies urinaires basses ou de reflux vésico-urétral

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

2/. Morphologie
Lorsqu’une nécrose de la papille rénale se développe, le tissu nécrotique prend un aspect
irrégulier, de couleur grisâtre à verte (parfois rose), de consistance friable. La délimitation est
nette avec le tissu médullaire viable.

Avec le temps, la médullaire interne s’amincit et une hydronéphrose secondaire peut


apparaître, dans laquelle il sera possible de retrouver des morceaux de tissu nécrotique
s’étant détachés, dans la lumière de l’uretère (potentiellement à l’origine du blocage du flux
d’urine).

En dépit de son aspect parfois inquiétant, ces lésions n’ont que très peu d’incidence clinique.
Elles peuvent dans de rares cas être à l’origine d’une insuffisance rénale. Le plus souvent,
cela sera une trouvaille d’autopsie, qu’il ne faudra pas confondre comme une lésion
responsable des symptômes présentés par l’animal.

VI/. PATHOLOGIE TUMORALE

A/. Tumeurs primitives


Les tumeurs primitives sont rares. Elles représentent en effet moins de 1% de l’ensemble
des tumeurs. On distingue des tumeurs se développant à partir des cellules épithéliales du
rein et celles se développant à partir des cellules mésenchymateuses.

1/. Tumeurs épithéliales

On distingue les tumeurs bénignes (adénomes) des tumeurs malignes (adénocarcinomes)

1.1/. Adénomes

Ce sont des tumeurs que l’on retrouve plus


fréquemment chez les chiens, les chats et les
chevaux. Elles restent rares néanmoins.

Le plus souvent, on les reconnaît par leur


aspect de masse blanche à jaune, unique et
bien circonscrite.

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

1.2/. Adenocarcinome

A l’inverse, les adénocarcinomes sont nettement observés chez les chiens âgés chez qui elles
forment les tumeurs primitives les plus
fréquentes. Elles ont un aspect nettement moins
bien circonscrit.

Ce sont des tumeurs qui métastasent


fréquemment au niveau des poumons, des nœuds
lymphatiques, du foie et des glandes surrénales.

Les tumeurs épithéliales, bénignes ou malignes,


peuvent être à l’origine d’un syndrome
paranéoplasique, la polycythémie, qui est
secondaire à la synthèse et à la sécrétion d’EPO
par les cellules tumorales.

1.3/. Cas particuliers

Chez le Berger Allemand, on décrit l’association entre des tumeurs rénales de type
cystadénome ou cystadénocarcinome (ie des tumeurs épithéliales kystiques) avec des lésions
de dermatofibrose nodulaires cutanée (qui sont des petites masses de fibrose disséminées
dans la peau).

Une transmission héréditaire est suspectée, selon un mode autosomique dominant. On a


d’ailleurs mis en évidence le gène en cause, qui est l’équivalent du gène responsable de cette
maladie chez l’homme (gène de Birt-Hogg-Dubé sur le chromosome 5). On n’explique
cependant pas pourquoi ces deux lésions se développent ensemble (syndrome
paranéoplasique ou deux affections indépendantes ayant la même origine génétique ?).

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

2/. Tumeurs mesanchymateuses (rares, pour info)

Les tumeurs mésenchymateuses sont rares. On reconnaît des fibromes, des fibrosarcomes, des

hémangiosarcomes.

3/. Tumeurs d’origine embryonnaire : néphroblastique (encore plus rare)

Le néphroblastome est une tumeur


fréquemment rencontrée chez les porcs et
les volailles (et nettement plus rarement
chez le chien ou le mouton), qui se
développe chez le jeune animal à partir du
blastème métanéphrique (structure
embryonnaire). C’est une lésion sans
incidence clinique, sauf chez le chien où
son développement peut comprimer la
moelle épinière, et qui a tendance à
facilement métastaser.

B/. Tumeurs métastatiques

Les métastases rénales de tumeurs extra-rénales entraînent la formation de masses multiples,


à disposition et à forme aléatoire. Les deux reins sont fréquemment atteints.

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

Les lymphomes sont des tumeurs fréquemment retrouvées chez les chats et les bovins, qui
sont composées d’un tissu blanchâtre et mou faisant protrusion à la section. L’atteinte est
souvent bilatérale.

1/. Cas d’un lymphome

Reins de chat Rein de bovin

Ce sont des tumeurs qui peuvent poser un problème dans leur diagnostic car pouvant
ressembler à des lésions non tumorales :

 Chez les bovins par exemple, il peut parfois être difficile de faire la différence entre un
lymphome et un rein à macules. Pour s’aider, il faut se rappeler que dans les reins à
macules, il y a formation de « nodules » bien délimités et une atteinte le plus souvent
du cortex seul. A l’inverse, les lymphomes auront tendance à former des masses mal
délimitées et à détruire le tissu rénal normal.

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

 Chez le chat, le diagnostic différentiel entre des reins atteints de Péritonite Infectieuse
Féline et des reins atteints de lymphome peut parfois être difficile. On s’aide le plus
souvent par le fait que les lésions de PIF ont tendance à suivre le trajet des vaisseaux
et que la distribution des lésions dans les lymphomes est plus aléatoire. L’examen
histopathologique reste souvent l’examen de choix pour trancher entre ces deux
lésions.

VII/. PATHOLOGIE DU DEVELOPPEMENT

Les lésions congénitales liées à des anomalies de développement sont de plusieurs natures.

A/. Aplasie et hypoplasie rénale

Aplasie : absence du développement d’un ou deux


reins. L’atteinte unilatérale n’a souvent pas de
répercussion sur le pronostic vital tant que le second
rein fonctionne normalement. Il a été montré une
tendance familiale chez certaines races comme le
Doberman ou le Beagle.

L’hydroplasie rénale : développement


incomplet. On le décrit chez les chevaux, les
chiens et les chats. L’atteint peut être uni- ou
bilatérale. La plupart du temps, il n’y a pas de
conséquences cliniques (compensation par
le tissu sain).

B/. Dysplasie rénale


La dysplasie rénale correspond à une différenciation anormale des structures rénales au cours
du développement. Elle peut considérer tout ou partie d’un ou des deux reins.

Chez le chien, on parle de néphropathie progressive juvénile, qui est une maladie familiale
touchant plus particulièrement certaines races (Lhassa Apso, Shih Tzu, Golden Retriever, ..).

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

Le mode de transmission est variable selon les races. Ces lésions évoluent en fibrose chez le
chien plutôt jeune (entre 2 mois et 2 ans) à l’origine du développement d’une insuffisance
rénale chronique.
Des reins dysplasiques sont souvent de petite taille et/ou déformés. Leur couleur est plus pâle
que la normale, avec une consistance plus ferme. La surface du cortex est souvent bosselée,
d’aspect irrégulier. A la section, le cortex est aminci, la médullaire souvent fibrosée. Des kystes
sont visibles.

Remarque (pour info) : Le diagnostic de certitude de ces lésions passe par l’examen
histologique. On utilise 5 critères principaux pour aboutir au diagnostic de dysplasie :

- Différenciation asynchrone des néphrons


- Persistance de mésenchyme primitif
- Persistance des canaux métanéphriques
- Présence d’épithélium tubulaire atypique (adénomatoïde)
- Présence de tissu osseux et/ou cartilagineux

C/. Reins ectopiques ou fusionnés

Les reins sont dits ectopiques quand ils sont mal placés dans la cavité abdominale. C’est une
anomalie secondaire à une migration anormale au cours du développement. L’atteinte est le
plus souvent unilatérale. Le principal risque est une malposition des uretères qui pourra être
à l’origine d’une obstruction de voies urinaires.

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

Les reins fusionnés sont aussi appelés « reins en fer à


cheval ». Les deux pôles crâniaux (ou caudaux) des
reins sont fusionnés.

D/. Kystes rénaux

Les kystes rénaux sont des structures


sphériques , à paroi fine , de taille
variable, remplies d’un liquide clair et
aqueux , résultant de la distension de
tubules rénaux (corticaux ou médullaires)
ou de glomérules.

Ils peuvent être d’ origine congénitale ,


primitive, ou secondaire à une dysplasie
rénale. Ils peuvent d’être d’origine
acquise (comme décrit dans la partie sur
le rein terminal).

Cas particulier du rein polykystiques


On parle de reins polykystiques lorsque
de multiples kystes sont présents sur
chacun des deux reins. Ils peuvent
apparaître de manière sporadique, mais
sont le plus souvent d’ origine génétique.

On peut les classer selon le type d’anomalie génétique


en cause.
Transmission autosomique dominante : elle concerne surtout le chat Persan et le Bull-Terrier
et représente l’équivalent de la forme adulte humaine de la maladie polykystique. Il a été
retrouvé des mutations des gènes PKD-1 et/ou PKD-2, à l’origine d’anomalies dans la fonction
des protéines polycystines 1 et/ou 2. En plus des lésions rénales, on peut retrouver des kystes
dans le foie ou le pancréas.
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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

Transmission autosomique récessive : elle concerne des chiens de race WestHighland-White


Terriers, des Cairns Terrier, des agneaux, des porcelets et certains chats Persans. Elle
représente l’équivalent de la forme juvénile humaine de la maladie polykystique. En plus des
lésions rénales, on peut retrouver des kystes dans les voies biliaires.

VII/. LES LESIONS EXTRE-RENALES D’INSUFFISANCE RENALE

Lors d’insuffisance rénale chronique, les lésions et les signes cliniques ne sont pas seulement
cantonnés aux seuls reins. Il est important de reconnaître en médecine l’ensemble des lésions
extra-rénales associées. En effet, ce sont parfois ces lésions extra-rénales qui sont le motif de
consultation, ou qui inquiètent le propriétaire, et qui doivent motiver le clinicien à aller
explorer l’état des reins. Ces lésions extra-rénales sont également importantes à prendre en
charge dans la démarche thérapeutique.

Plusieurs types de lésions existent, en fonction de leur origine.

A/. Lésions vasculaires et augmentation du taux d’urée

L’augmentation du taux d’urée dans le sang est à l’origine d’une dégénérescence et d’une
nécrose des cellules endothéliales tapissant les vaisseaux. Il en résulte alors des vascularites,
des thromboses et/ou des infarcti.

Par ailleurs, l’urémie se traduit également par une augmentation de la quantité d’urée dans
la salive et les sucs gastriques, à l’origine de la formation d’ammoniac par les bactéries
résidentes dans le tube digestif, ce qui entraîne le développement de lésions caustiques au
niveau des épithéliums de la cavité orale et de l’estomac. De plus cela favorise le dépôt de
tartre sur les dents.

L’animal peut donc présenter ces lésions suivantes, qui peuvent entraîner des symptômes
autres que ceux habituellement décrits pour une atteinte rénale seule.

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

B/. Troubles du métabolisme phospho-calcique


Lors d’insuffisance rénale chronique, les désordres électrolytiques se traduisent par une
acidose métabolique et une augmentation de la concentration sanguine en phosphore. Le
calcium ionisé précipite alors avec le phosphore en excès. De plus, les reins lésés ne
synthétisent plus suffisamment de vitamine D
et donc l’absorption de calcium par voie
intestinale est diminuée. La diminution de
l’absorption et la précipitation du calcium
entraînent une diminution de la concentration
sanguine en calcium ionisé.

Cette hypocalcémie entraîne une stimulation


de la synthèse de PTH par les parathyroïdes. On
parle alors d’hyperparathyroïdie secondaire
d’origine rénale.

L’augmentation de PTH va alors activer la lyse du tissu osseux et permettre la libération de


calcium et de phosphore. Il peut alors en résulter une maladie appelée l’ostéodystrophie
fibreuse, où le tissu osseux lysé est remplacé par du tissu fibreux, pouvant aller jusqu’à donner
un aspect caoutchouteux à certains os, de la mâchoire notamment, visible également à la
radiographie.

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

La libération de calcium peut également entraîner une minéralisation de divers organes (reins,
poumons, muscles intercostaux, paroi de l’estomac, …). C’est le principe de la calcification
métastatique.

Poumon
Paroi de l’estomac

Rein

Muscles intercostaux et vre


plè

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Module anatomie pathologique – Pathologies rénales

C/. Diminution de la synthèse d’erythropoïetine (EPO)

Les lésions rénales entraînent une diminution de la


production d’érythropoïétine par les reins. Il en résulte
une diminution d e la stimulation de l’hématopoïèse, à
l’origine d’une anémie (non régénérative ), qui se
traduit cliniquement notamment par une pâleur des
muqueuses .

D/. Activation du système rénine-angiotensine

Lors d’insuffisance rénale, on observe plutôt


fréquemment un e hypertension artérielle , pouvant
notamment entraîner des cardiomyopathies
hypertrophiques, entre autres lésions. L’origine de
cette hypertension n’est pas encore élucidée. Elle peut
s’envisager comme étant la cause des lésions rénales,
avec l’activation du système rénine -angiotensine-
aldostérone, ou bien, à l’inverse, comme étant la
conséquence de l’insuffisance rénale, secondairement
à la diminution de l’excrétion des ions sodium et donc
à une rétention d’eau.

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CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM


Module anatomie pathologique – Pathologies des voies urinaires

PATHOLOGIE DES VOIES URINAIRES


PLAN

I. Rappels sur la structure et la fonction des voies urinaires....................................................1


II. Bases de pathologie des voies urinaires...............................................................................2
III. Pathologie des voies urinaires..............................................................................................3
IV. Pathologie tumorale..........................................................................................................12

I/. RAPPELS SUR LA STRUCTURE ET LA FONCTION DES VOIES URINAIRES

Les voies urinaires regroupent l’ensemble des structures permettant de transporter l’urine
vers le milieu extérieur. De chaque rein part un uretère. Les deux uretères s’abouchent dans
une vessie unique de laquelle part un urètre.

A/. Uretères

Les uretères permettent de propulser l’urine du rein jusqu’à la vessie, notamment grâce à des
mécanismes de péristaltisme.

La présence d’un volet muqueux, appelé la valve vésico-urétérale, permet d’empêcher tout
reflux d’urine de la vessie vers les uretères et le pelvis rénal.

B/. Vessie

La vessie est l’organe permettant le stockage et l’expulsion de l’urine (via l’urètre) en dehors
de l’organisme, et ce grâce aux contractions du muscle detrusor.

Cette musculature pariétale de la vessie est très développée. Ainsi, lorsque l’agonie ou la mort
survient à un moment où la vessie est vide, la musculature se contracte de manière
désorganisée ("contraction agonique"), donnant alors à l’organe un aspect épaissi. A
l’autopsie, il est alors facile d’étirer la muqueuse, lui rendant un aspect lisse, fin et brillant.

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Module anatomie pathologique – Pathologies des voies urinaires

Remarque : A cause de la présence de glandes muqueuses dans le pelvis rénal et les uretères,
l’urine chez le cheval prend un aspect trouble ou « puriforme », qu’il ne faut pas confondre
avec une urine pathologique (pyélonéphrite).

II/. BASES DE PATHOLOGIE DES VOIES URINAIRES

A/. Voies d’entrée des agressions

Plusieurs voies d’entrée sont décrites dans les agressions des voies urinaires. Elles sont
synthétisées dans la figure ci-dessous.

B/. Moyens de défense et de protection

Plusieurs stratégies sont misent en place par les différentes structures urinaires permettant
de faire face à ces agressions :

- Flux urinaire et vidange du tractus urinaire : le flux d’urine constant et la miction


permettent de minimiser le risque de remontée des bactéries, et d’éliminer les agents
agresseurs qui ne peuvent alors pas stagner dans la lumière des voies urinaires.
- Péristaltisme : le péristaltisme permet l’élimination des bactéries qui ont des capacités
d’adhérence
- pH urinaire : le pH urinaire permet de créer un environnement peu favorable au
développement bactérien
- Couche protectrice de mucus : le mucus est produit par les cellules urothéliales
- Réponse immunitaire : elle comprend aussi bien les mécanismes liés à l’immunité
innée que ceux liés à l’immunité acquise (IgAs, …)
-

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Module anatomie pathologique – Pathologies des voies urinaires

C/. Réponses des voies urinaires face aux aggressions

En présence d’agents agresseurs, trois grands types de lésions et de réponses peuvent survenir
dans les voies urinaires :
- Une dilatation et/ou une nécrose, le plus souvent consécutive à une augmentation de
la pression intraluminale. Cette augmentation de pression est secondaire à une
obstruction des voies urinaires basses.
- Une inflammation
- Une transformation tumorale.

III/. PATHLOGIE DES VOIES URINAIRES

A/. Anomalies de développement

Plusieurs lésions des voies urinaires issues d’anomalies lors du développement embryonnaire
sont décrites chez les animaux domestiques.

1/. Aplasie et hypoplasie des uretères

Aplasie : absence de la structure en question.

Ici, l’uretère est absent. Une aplasie urétérale n’est souvent pas isolée, mais associée à une
aplasie rénale (absence du rein)

Hypoplasie : lorsque la structure est présente mais que sa taille est diminuée.

Ici, une hypoplasie urétérale consiste donc en la présence d’un uretère de plus petite taille
que la normale.

Si un seul des deux uretères est concerné par ce type de lésions, une hydronéphrose
unilatérale se met en place. Si ce type de lésion est associé à une agénésie rénale, les
conséquences cliniques vont varier selon leur caractère unilatéral ou bilatéral. Si l’aplasie
concerne un seul rein et son uretère, l’anomalie est cliniquement silencieuse car le rein
fonctionnel compense. Si l’atteinte est bilatérale, ce sont des anomalies totalement
incompatibles avec la vie.

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Module anatomie pathologique – Pathologies des voies urinaires

2/. Uretères ectopiques

La région de la vessie où s’abouchent


normalement les uretères est la région du
trigone vésical. Lorsque cet abouchement ne se
fait pas à cet endroit, on parle d’uretère
ectopique. Un uretère ectopique peut
s’aboucher dans l’urètre, le vagin, le canal
déférent, la prostate, …

Cet abouchement ectopique pourra


notamment être à l’origine d’une obstruction
des voies urinaires, d’une infection (voire d’une
pyélonéphrite secondaire).

3/. Persistance du canal de l’ouraque

Il s’agit de la malformation la plus fréquente dela


vessie, notamment rencontrée chez les poulains.
Elle est la conséquence d’une absence de
fermeture de l’ouraque fœtale, à l’origine de
l’établissement d’une continuité chez le
nouveau-né entre l’apex de la vessie et l’ombilic
(et donc la peau). Cette continuité est souvent
favorisée par le développement d’une omphalite
peu après la naissance, ou lors d’une
obstruction congénitale de l’urètre.

L’existence d’une telle continuité entre la vessie et la peau via l’ombilic est à l’origine d’un
écoulement d’urine et de possibles surinfections secondaires des voies urinaires.

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Module anatomie pathologique – Pathologies des voies urinaires

4/. Diverticule de la vessie

Il s’agit d’une anomalie congénitale de la


vessie secondaire à une fermeture incomplète
du canal de l’ouraque, et plus précisément
lorsque la muqueuse se ferme mais pas la
musculeuse. Il en résulte donc une évagination
de la muqueuse sous forme de diverticule,
dans lequel va pouvoir stagner de l’urine,
favorisant le développement d’une
inflammation de l’organe (cystite) ou le
développement de calculs urinaires.

B/. Hydro-uretère et hydro-urètre

On parle d’hydro-uretère et d’hydro-urètre lorsqu’il


existe une dilatation respectivement de l’uretère et de
l’urètre.
Ces dilatations sont secondaires à une obstruction de
l’urètre ou d’un (ou des deux) uretère(s). Cette
obstruction peut être la conséquence du
développement de calculs urinaires, d’une
inflammation chronique ou bien du développement
d’une tumeur dans la lumière ou la paroi de l’urètre
ou de l’uretère.

La dilatation de ces voies accompagne souvent une hydronéphrose.

C/. Urolithiases

Des calculs urinaires, aussi appelés urolithes, peuvent se former dans les voies urinaires,
secondairement à la précipitation de divers métabolites, et être excrétés dans l’urine.

La précipitation de ces éléments peut se faire dans n’importe quelle portion des voies
urinaires. Elle affecte cependant plus fréquemment l’urètre, et plus rarement le pelvis rénal.

1/. Composition
Schématiquement, un calcul urinaire se compose comme suit :

- Une partie externe formée de couches concentriques de composés organiques ou


inorganiques (minéraux), incorporés dans une matrice protéique

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Module anatomie pathologique – Pathologies des voies urinaires

- Une partie interne formée d’un « nid », qui peut être de nature cristalloïde (lorsque les
urines sont sursaturées), ou composé de débris cellulaires, de bactéries et de
leucocytes.

2/. Facteurs favorisants et prédisposants

Plusieurs facteurs peuvent favoriser (ou prédisposer) la précipitation de ces composés


organiques ou inorganiques qui se déposent sur le nid plus central.

- Une inflammation de la vessie (cystite) est un élément favorisant bien connu.


- Le pH de l’urine joue également un rôle. En effet, certains cristaux ne peuvent se
former qu’en milieu acide (cas des cristaux d’oxalate) alors que d’autres ne peuvent se
développer qu’en milieu basique (cas des cristaux de struvite ou des carbonates).
- La diminution de la prise de boisson entraîne l’augmentation de la concentration des
urines et favorise de ce fait la sursaturation en minéraux.
- L’alimentation joue également un rôle dans le développement des calculs :
 L’ingestion excessive de certaines substances peut favoriser l’apparition
d’urolithes. C’est le cas du mouton chez qui un régime alimentaire riche en
phosphates favorisera le développement de calculs de struvite. De manière
générale, un régime riche en oxalates chez les ruminants favorisera le
développement de calculs du même nom. La richesse en magnésium de
certains aliments pour chat peut également jouer un rôle favorisant
l’apparition de calculs urinaires. De nombreuses autres substances ingérées
sont décrites comme facteurs favorisants
 A l’inverse, une carence en certains éléments peut également, dans
certaines conditions, favoriser l’apparition de calculs. Une carence en
vitamine A est à l’origine d’une métaplasie squameuse des épithéliums, qui
auront alors tendance à desquamer plus facilement, facilitant ainsi la
formation des « nids » sur lesquels vont se déposer les composés
précipitants.

- La race : Chez le chien notamment, certaines races sont plus sujettes au


développement de certains calculs, du fait d’une excrétion urinaire anormale ou augmentée
de certaines substances. Ainsi, le Dalmatien, qui excrète une quantité augmentée d’acide
urique, est plus souvent atteint par des lésions dues au développement de cristaux d’urates.
De nombreuses autres prédispositions raciales sont décrites (Teckel et Terrier Irlandais, et
cristaux de cystine …)
3/. Morphologie

Les calculs urinaires forment le plus souvent des agrégats visibles à l’œil nu. Un calcul peut
être isolé dans une voie urinaire ou bien plusieurs calculs peuvent être présents.
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Module anatomie pathologique – Pathologies des voies urinaires

La morphologie des calculs urinaires est très variée. Le


plus souvent, ils apparaissent sous la forme de masses
rondes à ovalaires, dont la consistance peut être dure,
molle voire friable. Leur surface peut être lisse ou
rugueuse. Leur taille est variable.

Parfois, les calculs prennent l’aspect de grains de sable,


qui donneront alors un aspect trouble à l’urine.

La couleur des calculs est également diverse et varie en


fonction de leur composition. Les cristaux de struvite et d’oxalates sont le plus souvent blancs
à gris. Les cristaux d’urate, de cystine ou de xanthine auront tendance à être jaunes, alors que
les cristaux de silice, certains cristaux d’urate et les cristaux de xanthine seront plutôt marron.
Il ne faut pas se fier à la couleur des cristaux pour déterminer leur nature.

4/. Conséquences

4.1/. Obstruction urinaire

La présence de calculs dans les voies urinaires est souvent à l’origine de symptômes liés à une
obstruction urinaire. L’obstruction secondaire à des calculs se rencontre plus fréquemment
chez le mâle que chez la femelle. En effet, l’urètre du mâle est plus long et a un diamètre plus
étroit.

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Module anatomie pathologique – Pathologies des voies urinaires

La configuration anatomique de l’urètre variant d’une espèce à l’autre, les localisations


principales où vont se loger les calculs varient :
- Appendice vermiforme de l’urètre chez les béliers et les boucs
- Position proximale à la base de l’os pénien chez le chien
- Arc ischiatique ou terminaison proximale de la flexure sigmoïde chez les bovins
- Pas de localisation préférentielle dans l’urètre chez le chat

L’obstruction des voies urinaires, en fonction de leur localisation, peut entraîner le


développement de plusieurs lésions secondaires :
- La vessie peut se distendre, jusqu’au point de rompre. Cette distension peut
s’accompagner d’hémorragies dans la muqueuse (hémorragies pouvant également
être dues à des irritations si des calculs sont dans la vessie)
- Un, ou les deux, uretère peuvent se dilater (hydro-uretère)
- Le pelvis rénal peut également se dilater (hydronéphrose)

4.2/. Conséquences locales : compression tissulaire

La présence de calculs urinaires dans les voies

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Module anatomie pathologique – Pathologies des voies urinaires

Cliniquement, la présence de calculs dans les voies urinaires peut se traduire par une miction
difficile et douloureuse (dysurie, strangurie). Du sang peut être visible dans les urines
(hématurie). En cas d’obstruction, des manifestations d’urémie peuvent apparaître.

D/. Cystites

Il s’agit d’inflammation de la vessie.

1/. Causes étiologiques

Plusieurs origines sont possibles : bactérienne, virale, mycosique ou chimique. L'origine


bactérienne est à connaitre, les autres sont citées pour information.

1.1/. Origine bactérienne

Elle est la plus fréquente. Ce sont les femelles qui sont les plus souvent affectées, du fait de
leur urètre plus court.

Divers éléments favorisent le développement et la migration des bactéries à l’origine de la


cystite. On décrit notamment la stagnation de l’urine (secondaire à une obstruction urinaire,
une vidange incomplète, des traumatismes de l’urothélium, …), mais aussi la présence
augmentée de glucose dans les urines (en cas de diabète notamment), une
immunodépression, ou d’autres éléments comme des cathéterismes, une vaginoscopie, une
vaginite, l’administration prolongée d’antibiotiques, …

Les bactéries à l’origine de ces cystites sont capables de contrer les mécanismes de protection
de la vessie énoncés plus haut, notamment grâce à leur capacité d’adhésion (fimbriae, pili, …).
Cela explique qu’Escherichia coli soit une des bactéries les plus fréquemment impliquées dans
ces cystites. En fonction des espèces, d’autres bactéries sont fréquemment en cause :
Corynebacterium renale chez les bovins, Actinobaculum suis chez les porcs, Enterococcus
faecalis chez les chats et Klebsiella sp. chez les chevaux.

1.2/. Origine virale

Les cystites d’origine virale sont rares. Il a été décrit quelques cas de cystites à herpèsvirus
chez le chat et des cystites hémorragiques lors de coryza gangréneux (fièvre catarrhale
maligne) chez les bovins.
1.3/. Origine fongique
En cas d’immunodépression, de thérapie antibactérienne prolongée ou secondairement à une
cystite bactérienne chronique, des champignons opportunistes peuvent se développer, tels
que Candida albicans, ou Aspergillus sp., et entraîner (ou aggraver) une cystite.

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Module anatomie pathologique – Pathologies des voies urinaires

1.4/. Origine chimique

Des substances chimiques, par leur effet irritant direct, peuvent entraîner le développement
de cystites. C’est le cas du cyclophosphamide (un agent de chimiothérapie), de la
cantharidine ou de la fougère aigle.

2/. Morphologie

L’aspect des lésions varie en fonction du caractère aigu ou chronique de la cystite.

2.1/. Cystite aigue

épaissie.

2.2/. Cystite chronique

Lors d’inflammation chronique, la vessie peut prendre plusieurs aspects différents.

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Module anatomie pathologique – Pathologies des voies urinaires

Une forme diffuse où la muqueuse est épaissie et rougeâtre. La vessie


est épaissie par une augmentation de la quantité de tissu conjonctif et
par une hypertrophie de la tunique musculeuse.

Dans la forme folliculaire (photo ci-contre), de nombreux nodules


disséminés sur la muqueuse vésicale, de quelques millimètres de
diamètre, sont visibles. Ils correspondent à des proliférations
lymphoïdes dans la sous-muqueuse. C’est une forme fréquente de
cystite chronique associée à des urolithiases.

La forme polypoïde se caractérise par la présence


de nombreuses masses qui correspondent à des
proliférations nodulaires de tissu conjonctif
associées à de l’inflammation, recouvertes par un
urothélium hyperplasique. Cette forme est
souvent consécutive à une infection
bactérienne persistante chez la chienne.

3/. Cas des maladies du bas appareil urinaire felin (MBAUF)

Il s’agit d’un syndrome plutôt fréquent, affectant préférentiellement les chats mâles. Il
regroupe plusieurs entités cliniques, et notamment :

- Des troubles liés au développement d’urolithiases (calculs de struvite principalement)


- Des bouchons urétraux : il s’agit
d’accumulations de protéines, de
débris cellulaires et de cristaux
sous forme de sable (fin et
granuleux), affectant les chats
mâles castrés d’âge moyen.

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Module anatomie pathologique – Pathologies des voies urinaires

- Une cystite idiopathique : il s’agit


d’une irritation chronique de la vessie
qui n’est pas due à une infection (les
urines sont stériles). Il s’agit d’une
inflammation neurogénique, à
l’origine de l’apparition
d’hémorragies dans la sous-
muqueuse, d’œdème, de
congestion et d’inflammation. Elle
ressemble à la cystite aiguë.

IV/. PATHOLOGIE TUMORALE


Les tumeurs des voies urinaires affectent essentiellement la vessie. Ce sont les chiens qui
sont le plus souvent affectés, même si les tumeurs vésicales restent rares (moins d’1% des
tumeurs), et les chats dans une moindre mesure.
Plusieurs facteurs de risques ont été démontrés, ou suspectés, dans le développement de ces
tumeurs :
- Une exposition à des cancérigènes (insecticides, colorants, hydrocarbones
aromatiques, …)
- Les femelles sont plus affectées que les mâles
- L’obésité
- Des prédispositions raciales sont décrites (atteinte plus fréquente du Scottish Terrier
par exemple)

A/. Tumeurs épithéliales

Le plus fréquemment, les tumeurs vésicales sont d’origine épithéliale.

Elles peuvent être bénignes (ce sont alors des papillomes), ou malignes (ce sont alors des
carcinomes, qui en fonction de leur origine peuvent être des adénocarcinomes, des
carcinomes transitionnels ou des carcinomes épidermoïdes).

Une particularité de la chienne est la possibilité d’un développement multicentrique de ces


tumeurs (qui peuvent survenir au même moment dans la vessie, les uretères et le pelvis rénal).

Les carcinomes vésicaux peuvent métastaser, notamment aux nœuds lymphatiques de


drainage, mais également, dans les poumons et les reins.

Le type de carcinome le plus fréquent est le carcinome transitionnel, qui affecte


préférentiellement la région du trigone vésical. A l’œil nu ou à l’examen échographique, il peut

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Module anatomie pathologique – Pathologies des voies urinaires

apparaître sous la forme d’un épaississement diffus de la région, ou sous une forme nodulaire
enchâssée dans la muqueuse. Le développement d’un carcinome transitionnel dans la région
du trigone peut boucher l’arrivée des deux (plus rarement d’un seul) uretères, à l’origine
d’hydro-uretères et d’hydronéphrose secondaires.

B/. Tumeurs mésenchymateuses

Les tumeurs vésicales peuvent également être d’origine mésenchymateuse. En fonction de


l’origine cellulaire, on décrit des tumeurs musculaires (léiomyomes par exemple), des tumeurs
vasculaires (hémangiomes et hémangiosarcomes), des tumeurs des fibroblastes (fibromes et
fibrosarcomes).
La vessie peut également être infiltrée par un lymphome.

Cas particulier d’un rhabdomyosarcome botryoïde

Chez les chiens plutôt jeunes (âgés de moins de 18


mois), de grande race , il existe une tumeur de la
vessie, le rhabdomyosarcome botryoïde (qui doit
son nom à son aspect souvent plurilobulé, en
grappe). Cette tumeur est localement invasive.
Occasionnellement, elle pourra entraîner l’apparition
de métastases dans les nœuds lymphatiques.

Remarque : c'est un cas rare où il ne faut pas exclure la


tumeur alors que l'animal est jeune !

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Module anatomie pathologique – Pathologies des voies urinaires

C/. Ingestion de fougère aigle chez les ruminants

La consommation de Fougère Aigle chez les Ruminants (Pteridium aquilinum) est à l’origine
de lésions et de signes cliniques variés. Cette intoxication est due à la présence de diverses
substances toxiques présentes dans cette plante : thiaminase, substances cancérigènes
quercetine, ptaquiloside, …), des « facteurs de saignement », des substances
immunosuprressives, …
L’ingestion de ces substances est à l’origine de deux types d’intoxication : une intoxication
aiguë, et une intoxication chronique.

1/. Intoxication aigue

Elle est responsable de divers syndromes qui ne sont


pas cantonnés à la seule sphère des voies urinaires, et
qui n’affectent pas uniquement les ruminants :
- Bovins (photo ci -contre) : pancytopénies et
aplasie médullaire, qui seront notamment à
l’origine d’un syndrome hémorragique
(diminution des plaquettes et présence de
« facteurs de saignement » entre autres)

- Chevaux : lésions neurologiques secondaires à la carence en thiamine, du fait de


l’ingestion de thiaminase
- Porcs : lésions cardiaques secondaires à la carence en thiamine
- Moutons : polioencéphalomalacie (nécrose de la substance grise de l’encéphale)
- Toutes espèces : diminution de l’hématopoïèse

2/. Ingestion chronique

Lors d’ingestion chronique, deux grandes conséquences sont rapportées : l'hématurie ou


l’apparition de tumeurs.

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Module anatomie pathologique – Pathologies des voies urinaires

2.1/. Hématurie

2.2/. Tumeur induite par la fougère

En effet, lors d’atteinte chronique, une ou plusieurs tumeurs peuvent se développer dans la
vessie, notamment dans ses parois ventrale et latérale, qui sont les zones en contact constant
avec l’urine et les substances cancérigènes qu’elle contient. On suspecte également un rôle
possible d’une infection latente par le Bovine Papillomavirus de type 2 (BPV-2).

Ces tumeurs sont pour moitié d’origine épithéliale (carcinome transitionnel, carcinome
épidermoïde, papillome, adénome). Environ 17% sont des tumeurs mésenchymateuses
(hémangiomes, hémangiosarcomes, léiomyosarcomes, fibromes, fibrosarcomes, …). Dans 1/3
des cas, les tumeurs induites par la Fougère sont mixtes quant à leur origine.
Les tumeurs malignes secondaires à l’ingestion de Fougère peuvent métastaser.

Remarque : l'effet cancérigène d'une intoxication a été prouvé uniquement pour les fougères

Paroi de la vessie avec


carcinome transitionnel

Sur la paroi de la
vessie :
hémangiome
Hématurie

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CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

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REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM


Module anatomie pathologique – Pathologie du foie

PATHOLOGIE DU FOIE
SOMMAIRE

I/. Rappels d’histophysiologie hépatique et notions importantes …………………………………… 2


A/. Généralités de 1A ………………………………………………………………………………………….. 2
B/. Répartition des lésions : indice sur l’étiologie ………………………………………………… 3
C/. Réponses du foie face à une agression ………………………………………………………….. 4
D/. Signes cliniques d’une insuffisance hépatique ………………………………………………. 6
II/. Les lésions post-mortem ………………………………………………………………………………………….. 7
III/. Les anomalies congénitales ……………………………………………………………………………………… 7
A/. Shunts porto-systémiques congénitaux …………………………………………………………. 7
B/. Kystes biliaires ……………………………………………………………………………………………….. 8
IV/. Les troubles circulatoires …………………………………………………………………………………………. 9
A/. Congestion passive ……………………………………………………………………………………….. 9
B/. Hypertension portale ……………………………………………………………………………………. 11
C/. Télangiectasie = péliose hépatique ………………………………………………………………. 12
V/. Les pathologies de surcharges ………………………………………………………………………………….. 13
A /. Lipidose hépatique ………………………………………………………………………………………. 13
B/. Accumulation de glycogène ………………………………………………………………………….. 14
C/. Surcharges biliaires ………………………………………………………………………….…………….15
VI/. Les maladies infectieuses ……………………………………………………………………………..……..….. 16
A/. Virus : exemple de l’herpèsvirose de type 1 …………………………………………..……… 16
B/. Bactéries ……………………………………………………………………………………………………….. 17
VII/. Les maladies parasitaires ………………………………………………………………………………………… 19
A/. Protozoaires …………………………………………………………………………………………….……. 19
B/. Nématodes ………………………………………………………………………………………….………… 19
C/. Céstodes ………………………………………………………………………………………………….……. 19
D/. Trématodes ………………………………………………………………………………..………………… 20
VIII/. Les lésions d’origine toxique …………………………………………………………………………………. 21
IX/. Les lésions prolifératives …………………………………………………………………………..……………… 22
A/. Nodules d’hyperplasie ………………………………………………………………..…………………. 22
B/. Tumeurs primitives …………………………………………………………………………..…………… 23
C/. Métastases tumorales …………………………………………………………………………………… 25

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Module anatomie pathologique – Pathologie du foie

I/. RAPPELS D’HISTOPHYSIOLOGIE HEPATIQUE ET NOTIONS IMPORTANTES

Aorte
Droit

Rate
Pancréas Artère hépatique

Veine hépatique

Veine porte Veine


cave CD

Voies
biliaires

Veine ombilicale

Remarque 1 Une tumeur dans la rate envoie des emboles dans la circulation sanguine et
peut donner des métastases dans le foie.
Remarque 2 Des toxines ou bactéries intestinales peuvent aller jusque dans le foie.

A/. Généralités de 1A
Le foie est en relation via la veine porte avec les intestins (grêle et colon), l’estomac,
le pancréas et la rate. La veine porte est la porte d’entrée principale des agents pathogènes.
Pour sécuriser cette voie d’entrée il y a la présence des cellules de Küpffer
apparentés à des macrophages et doué de phagocytose. Ces cellules sont situées en partie
dans les capillaires sinusoïdes et au niveau des espaces de Disse.
Le sang est un mélange du sang veineux de différents organes. Au moment de
l’arrivée dans le parenchyme hépatique, ce mélange n’est pas totalement aboli. On a alors
une distribution différentielle du sang dans les lobes en fonction de son origine. Ex : Chez le
mouton, intoxication à la sporidesmine qui touche préférentiellement le lobe gauche. De
plus, la répartition du sang dans le foie n’est pas homogène. En cas de phénomène délétère,
la partie du foie la plus irriguée est la plus exposée aux lésions. Lors d’un phénomène
chronique les lésions seront plus réparties et toucheront l’ensemble du foie.

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Module anatomie pathologique – Pathologie du foie

Omphalite et abcès hépatique d’un agneau


La seconde voie d’entrée est constituée par l’artère hépatique qui provient de l’aorte
abdominale. La protection est également réalisée par les cellules de Küpffer. Le sang artériel
est très précocement mélangé au sang veineux à l’entrée dans le foie.
La troisième modalité d’entrée est par la veine ombicale qui persiste seulement quelques
mois (1-2 mois) après la naissance sous forme d’un cordon fibreux. La sécurisation ici n’est
pas réalisée par les cellules de Küpffer.
Enfin, la quatrième voie d’entrée se fait par voie biliaire rétrograde. La protection naturelle
est la sécrétion d’IgA-sécrétoires.
La possibilité d’infection du foie peut également être directe par traumatisme (infection
bactérienne) ou parasitaire à travers l’intestin (grande douve).

B/. Répartition des lésions : indice sur l’étiologie


La répartition des lésions hépatiques dans les lobules. Cette notion est très importante car
elle permet à elle seule d’avoir une idée de l’étiologie de la lésion.
2 Cas différents !
 Les lésions ont une répartition aléatoire, nécrose multifocale aléatoire  agents
infectieux par la voie hématogène
Microscopique (nécrose multifocale aléatoire)
Ex : Salmonellose du porc Macroscopique (anomalies de
couleur, multifocales, de petite
taille, de répartition aléatoire) Ex
Herpès virus du cheval

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Module anatomie pathologique – Pathologie du foie

La cause la plus fréquente lors de lésions avec une répartition aléatoire = agents figurés
venant par voie sanguine (virus, bactéries, protozoaires)

 Les lésions sont zonaires (renforcement de l’aspect lobulaire du foie), nécrose


centrolobulaire  Maladies systémiques de type surcharge provoquée par une
hypoxie ou des xénobiotiques

Microscopique (lésions centrolobulaires) Macroscopique (anomalie de coloration


de répartition régulière, lésions zonaires)

Foie de porc
Foie de cheval

Les causes les plus fréquentes lors de lésions zonaires =


- privation d’oxygène (Hypoxie ou anoxie) : anémie, insuffisance cardiaque
- résultat de la biotransformation des xénobiotiques

C/. Réponses du foie face à une agression


Il existe 2 types de réparations hépatiques

 Réparation cellulaire (2 cas)


 Réparation matricielle
Ces deux mécanismes sont en compétition au sein du foie.
1/. Réparation cellulaire
Cette réparation est possible uniquement si les zones de multiplication cellulaire sont
intactes (lames bordantes)
- MEC intacte

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Module anatomie pathologique – Pathologie du foie

La restitution sera ad integrum et les lobules fonctionnels. Il y a repeuplement des


travées hépatocytaires et reconstitution de l’épitélium des voies biliaires et des
endothéliums.
- MEC altérée
La reconstitution sera imparfaite avec formation de nodules de régénération
comprenant une vascularisation et une excrétion biliaire désorganisées.

2/. Réparation matricielle = Fibrose hépatique


L’augmentation globale de la quantité de matrice extracellulaire (jusqu’à 6 fois la norme)
présente dans le foie, accompagnée d’une modification du type de collagène produit et de
son lieu de dépôt (apparition de collagène I, II et XVIII dans les espaces de Disse à la place du
collagène VII). Elle se produit en cas d’altérations de la matrice extracellulaire (inflammation)
soit lors d’agressions modérées mais répétées, soit lors d’agression massive.
MYOFIBROBLASTE contraction
Cellules de Kupffer Cellules de la MEC (collagène I
activées par Multiplication
ITO diminution des échanges avec
inflammation le plasma

L’altération peut être peu étendue et aiguë (restitution possible) ou étendue et chronique
(nodules de régénération et fibrose)

Fibrose diffuse Cicatrisation post nécrotique


(chien congestion passive chronique) Agneau (migration de larves de céstodes)

Foie terminal (cirrhose) : lésion chronique aboutissant à l’association de plages de fibrose et


de nodules de régénération (alcoolisme chronique, virus de l’hépatite B, stase sanguine)

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Module anatomie pathologique – Pathologie du foie

3/. Réparation biliaire = Hyperplasie


Il y a une prolifération dans les espaces portes et les espaces péri-portaux de petits canaux
biliaires. C’est une réponse non spécifique à de nombreuses agressions, plutôt chroniques et
concernant les voies biliaires.

D/. Signes cliniques d’une insuffisance hépatique


Il y a apparition de signes clinique hépatiques uniquement lors de lésions massives ou
obstruction des voies biliaires.
On peut donc prélever 2/3 du foie sans que cela n’induise de signes cliniques.

 Encéphalose hépatique : trouble de la conduction neuro-neuronale ou neuro-


musculaire aboutissant à un état convulsif ou dépressif Cause supputée :
concentration trop élevée en ammoniaque (qui n’est plus métabolisée par les
hépatocytes)
 Des saignements (par défaut de synthèse en facteur de coagulation ou par
inactivation des facteurs II,VII,IX et X)
 Apparition d’œdèmes
 Présence d’ascite
 Manifestations cutanées (syndrome hépatocutané du Chien = croûtes et ulcérations
sur les coussinets les jonctions cutanéo-muqueuses de la face et les points de
pression)

 Photosensibilisation des herbivores

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Module anatomie pathologique – Pathologie du foie

 Hyperbilirubinémie (ictère)
bilirubine > 2 mg/dL
Ictère pré-hépatique : par surproduction de bilirubine ex: hémolyses extravasculaires
Ictère hépatocytaire : par altération des fonctions hépatocytaires
Ictère post-hépatique : par choléstase

II/. LES ALTERATIONS POST-MORTEM


Il s’agit là de 3 pièges à schtroumpfs !
Ne pas confondre ces lésions avec des lésions apparu lors du vivant de l’animal

 Foyers d’autolyse = multiples plages de couleur claire (en surface et en profondeur)

Ne pas confondre cette lésion avec un phénomène dégénératif.

 Imbibition par la bile


 Imprégnation par la sulfmethémoglobine

III/. LES ANOMALIES CONGENITALES


A/. Shunts porto-systémiques congénitaux

Anomalie peu fréquente


Concerne les chiens (et les chats)
Mécanisme : anomalie circulatoire permettant au sang de la veine porte de court-circuiter le
foie et de passer directement dans la circulation générale

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Module anatomie pathologique – Pathologie du foie

- shunt intra-hépatique (chiens de grande race) résulte souvent du défaut de fermeture du


ductus venosus (conduit intrahépatique qui fait passer le sang de la veine porte directement
dans la veine cave et qui se ferme à la naissance)
- shunt extra-hépatique (chiens de petite race) résulte d’une communication anormale d’une
portion du système porte avec la veine cave caudale ou la veine azygos (le plus souvent chez
le chien ces shunts prennent naissance à la jonction entre la veine splénique et la veine
gastrique gauche)
Conséquences :
- macroscopiques : atrophie hépatique
- microscopiques : absence de structures veineuses dans les espaces portes
- cliniques : augmentation de l’ammoniémie et formation de cristaux de biurate
d’ammonium dans la vessie

Shunt extra-hépatique
(jonction entre la veine
gastrique G et la veine cave
CR)
Shunt intra-hépatique (Persistance du ductus venosus)

B/. Kystes biliaires


Présent chez le chien, le chat et le porc.
Il s’agit d’une lésion unique, kyste à paroi fine et à contenu clair.

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Module anatomie pathologique – Pathologie du foie

Il faudra faire le diagnostic différentiel avec un cholangiome ou une tumeur kystique bénigne

Prédispositions raciales des maladies polykystiques (foie et reins)


CN = Cairn terrier, Westie
CT = Persan

Foie Reins

IV/. LES TROUBLES CIRCULATOIRES

A/. Congestion passive


C’est une lésion fréquente qui concerne toutes les espèces.
Mécanisme
insuffisance cardiaque droite (le plus souvent)

pression augmentée dans la veine cave caudale

pression augmentée dans la veine hépatique

dilatation des veines centrolobulaires et des capillaires sinusoïdes du centre des lobules

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Module anatomie pathologique – Pathologie du foie

Dans les premiers temps, on observe une augmentation régulière de la taille et une couleur
très foncée

Puis il y a une dilatation des veines centrolobulaires et des capillaires sinusoïdes du centre
des lobules entrainant une atrophie puis nécrose des hépatocytes du centre des lobules
suivie d’une extravasation des globules rouges. Si le processus continue : passage d’un
lobule à l’autre de la zone de dilatation des capillaires sinusoïdes

Lobule hépatique

Acinus hépatique
2 conséquences

 dans les zones 1 et 2 des acini : stéatose et hyperplasie


 dans les zones 3 des acini : atrophie et nécrose hépatocytaire avec distension des
capillaires sinusoïdes

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Module anatomie pathologique – Pathologie du foie

Notion de Foie muscade !


La veine hépatique se jette ensuite dans la veine cave caudale qui ensuite rejoint l’atrium
droit du cœur. En cas d’une défaillance cardiaque, le foie est en première ligne face aux
conséquences néfastes de la stase sanguine. Les lésions se localisent au niveau des veines
centro-lobulaires. En cas de stase, les lobules hépatiques vont donc être comprimé et donc à
terme se nécroser. L’étirement des cellules endothéliales des capillaires sinusoïdes vont
laisser passer les hématies par perte de la perméabilité (extravasation des hématies). Il y
aura donc des nappes d’hématies diffuses dans le lobule. On qualifiera donc le foie de « foie
muscade ».
Foie muscade a un stade avancé.

B/. Hypertension portale


De faible fréquence

Causes :

- pré-hépatique : compression externe de la veine porte (tumeur, abcès)


thrombose de la veine porte

- intra-hépatique : fibrose et défaut de perfusion


perte de l’architecture (formation de nodules de régénération)

- post-hépatique : thrombose de la veine hépatique ou de la veine cave caudale

Conséquences : formation de shunts (acquis) et développement d’une ascite.

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Module anatomie pathologique – Pathologie du foie

Vascularisation normale Shunt acquis

C/. Télangiectasie = péliose hépatique


De fréquence relativement élevée chez le chat âgé et les bovines
Cause : ectasie des capillaires sinusoïdes (l’obstruction de petites ramifications de la veine
porte entraine une hypoperfusion focale puis une atrophie hépatocytaire qui favorise la
dilatation des capillaires sinusoïdes)
Aspect macroscopique : multiples kystes de couleur sombre contenant du sang en nature
Gravité : non lésion

Attention à ne pas confondre avec des métastases d’un hémangiosarcome

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Module anatomie pathologique – Pathologie du foie

V/. LES PATHOLOGIES DE SURCHARGE


Liées principalement à une surcharge en triglycérides ou glycogène, les conséquences
macroscopiques au niveau du foie sont une hypertrophie homogène, une décoloration
diffuse et une diminution de consistance. La différence à l’échelle macroscopique entre TG
et glycogène est impossible, on recourt dans ce cas-là à l’échelle microscopique.
Schéma du devenir des AGL dans les hépatocytes

A /. Lipidose hépatique
Lésion très fréquente, il s’agit d’une accumulation de triglycérides (TG) dans les hépatocytes.
Causes :
- trop d’apports : excès alimentaires ou excès de mobilisation de graisses (lactation,
jeûn, diabète)

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-défaut d’oxydation dans les hépatocytes par insuffisance d’énergie (hypoxie) ou


lésions mitochondriales (toxiques)
- régime alimentaire trop riche en sucres (excès de formation de triglycérides dans les
hépatocytes)
- défaut de production d’apoprotéines (qui entraine une diminution de l’exportation
des lipoproteines)
- défaut d’exportation des lipoprotéines par les hépatocytes (effet de certaines
toxines)

Conséquences macroscopiques : augmentation diffuse de la taille du foie, décoloration


zonaire le plus souvent généralisée et diminution de consistance

Chien avec lipidose (décoloration


zonaire généralisée)

Conséquences microscopiques : micro et/ou macrovacuolisation des hépatocytes

Stéatose microvacuolaire

Stéatose macrovacuolaire

B/. Accumulation de glycogène


Egalement très fréquent, les causes principales sont :
- diabète
- hypercorticisme

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Module anatomie pathologique – Pathologie du foie

Conséquences
macroscopie : augmentation diffuse de la taille, décoloration zonaire généralisée et
diminution de consistance
microscopie : augmentation de taille des hépatocyte surtout du centre des lobules avec
clarification du cytoplasme

Hépatopathie stéroido-
induite

C/. Surcharges biliaires


De moindre fréquence !

Causes
- stases biliaires intra-hépatiques : nombreuses maladies ayant pour cible le foie
- stases biliaires extra-hépatiques : obstruction des voies biliaires (calcul, hyperplasie
mucineuse kystique de la muqueuse) ou compression des voies biliaires (tumeur, inflammation)

Conséquences :

macroscopie : coloration « verte » du foie

microscopie :
 stase intra-hépatique (lésion intralobulaire) :
-présence d’emboles de bile entre les hépatocytes
- phagocytose d’amas de bile par les macrophages
 stase extra-hépatique (lésion portale) :
- hyperplasie des canaux biliaires
- infiltration neutrophilique puis macrophagique
- fibrose portale péricanalaire

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Module anatomie pathologique – Pathologie du foie

Gravité : dépend de la cause de la stase


Stase biliaire intrahépatique, embole de
bile en « bois de cerf » entre les
hépatocytes

VI/. LES MALADIES INFECTIEUSES

A/. Virus : exemple de l’herpèsvirose de type 1


Cette maladie concerne les fœtus (avortons) et nouveaux nés de Chiens, Chats, Bovins et
Equidés.
Mécanisme
pénétration du virus par voie orale

multiplication dans l’épithélium

passage dans le sang grâce aux monocytes

dissémination à de nombreux organes


foie

Ce virus est responsable de nécroses hépatocytaires individuelles sans disposition


topographique particulière à l’origine ou non d’une petite réaction inflammatoire (foyers < à
1mm)
Poulain avec de multiples foyers
de nécrose de disposition
aléatoire

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Module anatomie pathologique – Pathologie du foie

B/. Bactéries
De nombreuses bactéries sont en cause : E.Coli, Streptococcus, Pasteurella, Salmonella,
Brucella, Yersinia, Nocardia, Actinomyces Clostridium piliformis, Leptospira + fusobacterium
necrophorum chez les ruminants
Il existe de nombreuses portes d’entrée possibles : veine porte, veine ombilicale, artère
hépatique, voies biliaires, migrations parasitaires
Donc toujours des lésions multifocales sans disposition particulière, atteignant plusieurs
organes dont le foie. Le plus souvent il y a formations d’abcès ou de microabcès, quelques
fois uniquement des foyers de nécrose, parfois seulement des granulomes et enfin dans
quelques cas, seul le foie est concerné.
Formation d’abcès

Fusobacterium necrophorum, Bovins

Corynobactérium pseudotuberculosis,
Ovins

Exemple de la maladie de Tyzzer


Le germe responsable de cette maladie est Clostridium piliforme (G-, intracellulaire
obligatoire) et concerne tous les animaux et principalement problématiques avec les
animaux de laboratoires car cette bactérie peut ruiner des années de recherches.

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Module anatomie pathologique – Pathologie du foie

Mécanisme
pénétration de la bactérie par voie orale

passage à travers l’épithélium intestinal

migration jusqu’au foie par la veine porte

contamination des hépatocytes

Poulain avec de multiples foyers de


nécrose

Cytoplasme d’hépatocytes viables sur les bords


de la lésion de nécrose
présence de bacilles longs et larges
= maladie de Tyzzer,

coloration spéciale de Warthin-Starry

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Module anatomie pathologique – Pathologie du foie

VII/. LES MALADIES PARASITAIRES


A/. Protozoaires
Exemple de toxoplasma gondii et Neospora sp
Ces parasites engendrent des nécroses hépatocytaires multifocales avec inflammation
(macrophages et polynucléaires neutrophiles)

Présence des agents figurés dans les hépatocytes

B/. Nématodes
Les principales lesions associées sont dues aux migrations larvaires responsables
d’hémorragies, nécrose et inflammation puis fibrose

Strongylus equinus

C/. Céstodes
Principalement à cause des Taenia
Adultes dans la lumière du tube digestif de l’hôte
définitif (carnivore) larves enkystées dans de nombreux
organes (dont surtout le foie) de l’hôte intermédiaire

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Module anatomie pathologique – Pathologie du foie

= Hydatidose

D/. Trématodes
Ils engendrent principalement des lésions des voies biliaires chez les Ruminants
Exemple de la grande Douve
adultes dans les voies biliaires

oeufs dans les fèces via les voies biliaires

larves qui se développent dans un escargot (genre lymnea)

cercaires qui quittent l’escargot et s’enkystent sur des herbes

puis se transforment en métacercaires

métacercaires ingérées par un ruminant puis passage à travers

la paroi du duodénum

migration dans la cavité abdominale jusqu’au foie


Hémorragies et
migration dans les voies biliaires nécrose puis fibrose

développement en adultes dans les voies biliaires

Cholangite chronique,
ectasie et fibrose
péricanalaire

Migration de larves de Fasciola hepatica  trajets hémorragiques

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Module anatomie pathologique – Pathologie du foie

Exemple de la petite Douve (Dicrocoelium dentriticum)

VIII/. LES LESIONS D’ORIGINE TOXIQUE


Cible principale : l’hépatocyte
Lésion la plus courante : nécrose centrolobulaire

Les effets des différents toxiques :


1- action par l’intermédiaire du cytochrome P450
En vue de l’élimination par la bile ou les urines des xénobiotiques liposolubles, il y a
biotransformation pour les rendre hydrosolubles. La première étape transforme le produit
en molécule réactive à haute énergie avant de lui faire subir une glucuronoconjugaison Cette
molécule peut former dans l’hépatocyte soit des liaisons covalents avec des enzymes
essentielles à la vie cellulaire (l’acétaminophène chez les carnivores) soit des liaisons
covalentes avec des enzymes, des acides nucléiques, des protéines et induire la formation de
néoantigènes à l’origine d’une réponse immunitaire humorale ou cellulaire (halothane).

2- altération de la perméabilité membranaire par liaison aux membranes cellulaires


et afflux de calcium dans l’hépatocyte ce qui active des protéases qui vont détruire les
filaments d’actine et provoquer une lyse des membranes cellulaires
ex: le chloroforme

3- altération des sécrétions biliaire par inactivation de la pompe qui permet la


sécrétion de la bile dans les canalicules ou par désorganisation des filaments
d’actine autour des canalicules et inhibition des contractions pulsatiles
permettant la mise en mouvement de la bile dans les canalicules
ex : erythromycine cholestase

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Module anatomie pathologique – Pathologie du foie

4- altération du bon fonctionnement des mitochondries ce qui peut provoquer soit le


relargage de cytochrome-c (apoptose) soit une accumulation d’AGL et de triglycérides
(stéatose).

Exemples

 toxicité provoquée par des végétaux (légumineuse …)


porcs >>> moutons > bovins et chevaux
Par la présence d’alcaloïdes. Celui-ci est transformé en esters pyrroliques via le cyt P450. Cet
ester est un agent alkylant empêchant les divisions cellulaires par défaut de synthèse de
l’ADN.

 toxicité provoquée par des champignons

- aflatoxine = Mycotoxine produite par aspergillus flavus


intoxication aiguë (chien) : nécrose centrolobulaire généralisée
intoxication chronique : hyperplasie biliaire, fibrose, atypies hépatocytaires, lipidose et
nécroses hépatocytaires
- sporidesmine = Mycotoxine produite par Pithomyces chartrarum
choléstase et cholangite chronique avec fibrose des voies biliaires
photosensibilisation par défaut d’élimination de la phylloérythrine

 toxicité provoquée par des produits chimiques


ex : phosphore utilisé dans le rodenticides, nécrose périportale (cytotoxicté directe sans
passage par une biotransformation)

 toxicité provoquée par des médicaments


ex : l’acétaminophène chez le chat
à cause de la déficience en glucuronoconjugaison chez le chat, il y aura production de
métabolites par le cytochrome P450 qui ne seront pas stabilisé

ex : le diazepam (tranquilisant) : toxique idiosyncrasique (toxicité non prédictible affectant


une minorité de patients)

IX/. LES LESIONS PROLIFERATIVES

A/. Nodules d’hyperplasie

1/. Sans fibrose


Très fréquent et concerne surtout le chien (> 6 ans)
Macroscopiquement : multiples nodules en dôme de 0,5 à 3 cm de diamètre de couleur
claire de consistance friable nettement délimités, mais non encapsulé comprimant le
parenchyme adjacent lobulation à peu près respectée

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Module anatomie pathologique – Pathologie du foie

Microscopiquement : délimitation nette, lipidose fréquente

2/. Avec fibrose

= Cirrhose

B/. Tumeurs primitives

1/. Adénomes

Peu fréquent ( +chat que chien)

Masse de couleur claire, bien délimitée

travées d’hépatocytes de plusieurs couches


d’épaisseur, séparées par des sinusoïdes dilatés ou des

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Module anatomie pathologique – Pathologie du foie

lacunes remplies de sang, absence d’espaces portes et


de veines centrolobulaires
Caractère très uniforme des hépatocytes,
lipidose et surcharge glycogénique fréquentes

2/. Adénocarcinomes
Rare

lésion unique ou multiple, à


caractère infiltrant plus marqué

pléomorphisme cellulaire plus prononcé

3/. Cholangiomes

Très rare chez le chien, plus fréquent chez le chat

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Module anatomie pathologique – Pathologie du foie

Lésion d’aspect kystique

4/. Cholangiocarcinomes

rare, très agressifs, métastases en


semaille

C/. Métastases tumorales

Les lymphomes : hypertrophie diffuse généralisée avec décoloration sans diminution notable
de consistance

Les hémangiosarcomes : multiples lésions cavitaires de couleur noire remplies de sang

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Module anatomie pathologique – Pathologie du foie

Les carcinomes et adénocarcinomes : multiples lésions de couleur claire de consistance


ferme

Carcinome
mammaire

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CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM


Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

PATHOLOGIES DE L’APPAREIL RESPIRATOIRE


PLAN
I. Rappels : structure et fonction.........................................................................................................1
II. Flore normale de l'appareil respiratoire...........................................................................................5
III. Portes d'entrée dans le système respiratoire..................................................................................5
IV. Mécanismes de défense de l'appareil respiratoire...........................................................................6
V. Examen post-mortem de l'appareil respiratoire............................................................................11
VI. Les principales lésions de l'appareil respiratoire............................................................................12
VII. Photos à reconnaitre.....................................................................................................................70
VIII. Corrélation histologie - macroscopie...........................................................................................77

I/. RAPPELS : STRUCTURE ET FONCTION

L’appareil respiratoire est composé de 3 parties

 Les voies de conduction de l’air, avec


les voies aériennes supérieures et les
voies aériennes inférieures

 Les voies transitionnelles

 Le système d'échange gazeux

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

A/. Les voies de conduction de l’air

Les voies de conduction de l'air incluent


- les cavités nasales et les sinus
- le nasopharynx
- le larynx
- la trachée
- les bronches extra et intrapulmonaires

L’ensemble de ces voies de conduction est tapissé par un épithélium pseudostratifié cilié renfermant
une proportion variable de cellules caliciformes.

Epithélium de type respiratoire

L’épithélium est dit pseudostratifié car il semble


pluristratifié mais les cellules reposent toutes sur
une lame basale. Il est constitué de cellules
cylindriques ciliées au niveau de leur pôle apical,
de cellules de réserve à la base de l’épithélium
(flèches en pointillées) et de cellules caliciformes
(flèches pleines), régulièrement réparties.

Représentation schématique de l’appareil


mucociliaire : les cellules ciliées et les cellules
caliciformes reposent sur la membrane basale.
Le mucus sécrété par les cellules caliciformes
forme en surface une couche dans laquelle sont
piégées les particules inhalées qui sont ensuite
drainées, grâce aux mouvements synchrones
des cils, vers le carrefour pharyngé. A ce niveau,
il est dégluti ou expectoré.

B/. Les voies transitionnelles

Elles sont composées des bronchioles qui servent de zone de transition entre les voies de conduction
(ciliées) et le système d’échange gazeux (alvéoles). La disparition des cils dans le système
transitionnel est progressive. Dans les bronchioles proximales ils deviennent espacés et moins hauts
pour disparaitre complètement dans les bronchioles distales.
Les bronchioles normales ne renferment pas de cellules caliciformes mais d’autres types de cellules
sécrétrices notamment les cellules de Clara et des cellules neuroendocrines. Les cellules de Clara
appelées également cellules sécrétrices bronchiolaires, renferment de nombreux organites qui
jouent un rôle actif dans la détoxification des xénobiotiques (substances étrangères). Elles ont
également un rôle de cellules souches dans la réparation et le remodeling de l’appareil respiratoire.
Enfin elles ont un rôle dans l’immunité innée par sécrétion de protéines (collectines) et de surfactant.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

Chez les carnivores et les singes et dans une moindre mesure chez les chevaux on observe dans les
bronchioles terminales des interruptions de l’épithélium cubique mettant en communication la
lumière bronchiolaire avec les alvéoles (= bronchioles respiratoires) (cf cours d’histologie appareil
respiratoire).

Bronchiole normale de rat :


Paroi fine composée d’une membrane basale, de
muscle lisse et de tissu conjonctif. Au niveau de
la lumière on observe des cellules de Clara
faisant protrusion (flèches) (Mac Gavin,
coloration HE).

Bronchiole respiratoire normale de chien :


La paroi de la bronchiole est tapissée par un
épithélium cubique reposant sur une membrane
basale, du muscle lisse et du tissu conjonctif. La
paroi est parfois interrompue formant des
communications entre la lumière de la bronchiole
et les alvéoles (flèches).

C/. Le système d’échanges gazeux

Le système d’échange gazeux dans l’appareil respiratoire de tous les mammifères est composé de
canaux alvéolaires et de millions d’alvéoles. Les alvéoles sont tapissées par un épithélium simple
formé de pneumocytes de type I et de pneumocytes de type II. Les pneumocytes I sont majoritaires.
Ce sont des cellules pavimenteuses : seuls leurs noyaux sont visibles en microscopie optique et font
saillie dans la lumière. Les pneumocytes II, moins nombreux, sécrètent le surfactant. Cet épithélium
repose sur une membrane basale.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

Les septa interalvéolaires (entre 2 alvéoles) sont composés d’un tissu conjonctif lâche renfermant
les capillaires de l’hématose et des
cellules septales, qui ont un rôle de
soutien et de défense.

Poumon de rat normal

B : bronchioles

Flèche : plèvre viscérale

* : alvéoles

Barrière air-sang : une fine membrane sépare le compartiment sanguin de l'air alvéolaire. Elle est
composée des extensions cytoplasmiques des pneumocytes de type I, d'une double membrane
basale et des extensions cytoplasmiques des cellules endothéliales.

Les trois parties de l’appareil respiratoire peuvent être lésées secondairement à l’exposition à de
nombreux agents infectieux, à des particules, à des gaz et des vapeurs toxiques présentes dans l’air.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

La vulnérabilité par voie aérogène est due :


 A la surface importante des alvéoles pulmonaires qui est l’interface entre le sang et l’air
inspiré
 Au grand volume d’air passant continuellement dans les poumons
 A la grande quantité d’éléments pathogènes pouvant être présents dans l’air

Chez l’Homme il est estimé que la surface des alvéoles pulmonaires est environ de 200m 2, soit
l’équivalent d’un court de tennis, et la quantité d’air atteignant les poumons chaque jour de 9000
litres. La surface d’un poumon de cheval est estimée à environ 2000m2.
Les poumons sont également sensibles aux agents pathogènes (agents infectieux, toxines, emboles)
présents dans le sang. Ceci s’explique par le fait que la totalité du volume d’éjection du ventricule
droit va aux poumons et environ 9% du volume sanguin total est localisée dans les vaisseaux
pulmonaires. Le lit capillaire pulmonaire est le plus étendu du corps avec une surface de 70m 2 chez
l’homme (= équivalent de 2400 km de capillaires avec 1ml de sang remplissant 16km de capillaires).

II/. FLORE NORMALE DE L’APPAREIL RESPIRATOIRE

Le système respiratoire a sa propre flore bactérienne comme tout système en contact avec le milieu
extérieur. Chez un animal en bonne santé, la mise en culture d’un écouvillon stérile introduit dans
les cavités nasales met en évidence de nombreuses bactéries comme Mannheimia haemolytica chez
les bovins, Pasteurella multocida chez les chats, les bovins et les porcins et Bordetella bronchiseptica
chez les chiens et les porcins. La flore normale ne se retrouve que dans les parties proximales du
système de conduction.

La partie thoracique de la trachée, les bronches et les poumons sont normalement stériles. Le type
de bactéries présentes dans la flore nasale varie considérablement suivant l’espèce et la localisation
géographique. Certaines bactéries de la flore normale sont potentiellement pathogènes et peuvent
causer des infections respiratoires importantes, quand les moyens de défense ne sont plus efficaces
(ex : Mannheimia haemolytica). Il a été démontré expérimentalement qu’en permanence des
microorganismes de la flore nasale arrivent dans les poumons. Mais grâce aux moyens de défense,
le poumon normal reste stérile.

III/. PORTES D’ENTREE DANS LE SYSTEME RESPIRATOIRE

Il existe 3 portes d'entrée :


 la voie aérogène : entrée d’agents pathogènes tels que virus, bactéries, mycoplasmes et
champignons, mais aussi des corps étrangers (dont des particules alimentaires), des gaz
toxiques… . Il s’agit de la voie la plus fréquente des infections respiratoires chez les animaux
domestiques.
 la voie hématogène : agents infectieux, toxines et emboles. Cette porte d’entrée est
fréquemment observée dans les septicémies, les bactériémies et pour les protozoaires et les
virus ayant pour cible les cellules endothéliales.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

 par extension directe : passage dans la cavité thoracique lors de plaies pénétrantes, de
morsures, de rupture de l’œsophage thoracique, de perforation du diaphragme…

Agents pathogènes, allergènes et substances toxiques retrouvés dans l'air inhalé :

Type de pathogènes Agents pathogènes


Agents infectieux Virus, chlamydia, bactéries,
champignons, protozoaires
Productions animales ou végétales Squames, plumes, chitine des
insectes, acariens, graine, bois,
coton
Gaz toxiques NH3, H2S, NO2, SO2
Produits chimiques Solvants organiques et
inorganiques, herbicides, amiante,
nickel, plomb

IV/. MECANISMES DE DEFENSE DE L’APPAREIL RESPIRATOIRE

Les caractéristiques de taille, forme, dispersion et dépôt des particules dans l’air inspiré sont
étudiées en aérobiologie. Il est important de connaitre la différence entre dépôt, clairance et
rétention des particules inhalées :
- Le dépôt est le processus par lequel les particules de différentes taille et forme sont
piégées dans des régions spécifiques de l’appareil respiratoire.
- La clairance est le processus par lequel les particules déposées sont détruites,
neutralisées ou enlevées de la muqueuse. Les principaux mécanismes impliqués dans
la clairance sont le jetage, la toux, le transport muco-ciliaire et la phagocytose.
- La différence entre dépôt et clairance s’appelle la rétention.
Une rétention anormale de particules, résultant de l’augmentation du dépôt, de la diminution de la
clairance ou d’une combinaison des deux, est le mécanisme pathogénique sous-jacent de
nombreuses maladies pulmonaires.
La configuration anatomique des cavités nasales et des bronches joue un rôle unique en prévenant
ou en réduisant la pénétration d’agents nuisibles pour les poumons particulièrement dans les
alvéoles qui sont la partie la plus vulnérable de l’appareil respiratoire :

• L’étroitesse du méat des cavités nasales et la structure des cornets nasaux créent des turbulences
qui entrainent le dépôt des particules de taille ≥ à 10μ sur la muqueuse nasale.
• Les particules < à 10μ rencontrent une seconde barrière au niveau du carrefour
trachéobronchique et de la bifurcation des grosses bronches. Les changements abrupts de
direction de l’air entrainent le dépôt des particules de 2 à 10μ sur la muqueuse bronchique.
• Dans le système transitionnel et le système d’échange, la vitesse de l’air est relativement lente et
les particules de 2μ ou moins se déposent par sédimentation ou par diffusion. Les aérosols
infectieux renfermant des virus ou des bactéries de taille variable (0.01 à 2μ) peuvent
typiquement accéder à la région bronchiolo-alvéolaire.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

En plus de la taille, il est important de considérer la forme, la longueur, la charge électrique et


l’humidité des particules.
Exemple : l’amiante est une très longue particule (200μ) mais dont le diamètre est faible (1μ). Quand
elle est inhalée, elle peut arriver jusqu’au poumon. Elle y est responsable d’inflammation chronique
et de fibrose, et peut être à l’origine d’une tumeur (mésothéliome).

A/. Mécanismes de défense du système de conduction


1/. La clairance muco-ciliaire

La clairance muco-ciliaire est le principal mécanisme de défense du système de conduction.


L’appareil muco-ciliaire est un moyen de défense mécanique de l’appareil respiratoire au niveau des
cavités nasales, de la trachée et des bronches. Il appartient aux mécanismes de défenses non
spécifiques de l’organisme. Il comprend les cils et le mucus.

Le mucus est synthétisé par les cellules caliciformes et les glandes muqueuses, puis sécrété à la
surface de l’épithélium. Il est formé de 2 phases :
- une phase liquide au contact des cellules, phase dans laquelle les cils peuvent battre
- une phase solide en surface, à l’extrémité des cils et au contact de l’air

Le film solide agglutine les particules, les agents pathogènes. Il migre sur le film liquide grâce aux
mouvements synchrones des cils, et permet ainsi le drainage du film de mucus de la profondeur vers
le carrefour pharyngé. S’il est abondant, il peut être à l’origine d’une toux. Le transport muco-ciliaire
est physiologiquement plus rapide dans les voies proximales que dans le voies distales.
L’escalator muco-ciliaire joue également un rôle important dans la prévention des lésions causées
par les gaz toxiques. Si un gaz toxique soluble rentre en contact avec le mucus il peut se dissoudre et
diminuer la concentration de gaz atteignant les alvéoles. Si le transport ciliaire est réduit (perte des
cils) ou la production de mucus excessive, la toux est un mécanisme important pour nettoyer les voies
aérophores.
Le mucus est composé :
- d’eau à 96%
- de glycoprotéines
- d’immunoglobulines : surtout Ig A sécrétoires mais aussi Ig G, Ig M
- d’α1-antitrypsine, lysozyme, interféron, lipides… .L’ α1-antitrypsine neutralise la trypsine relarguée
par les polynucléaires lors de leur mort et donc limite son action sur les parois des voies
respiratoires.

L’efficacité de l’appareil muco-ciliaire dépend de l’intégrité :


• des mouvements ciliaires. La fumée, les gaz irritants, ainsi que les virus peuvent altérer les
cils et leurs mouvements, provoquant une cilio-stase
• de la qualité et de la quantité de mucus. Un air très sec peut déshydrater le mucus le
rendant moins fonctionnel (perte des 2 phases), tout comme les polluants, la diminution
de la température de l’air inspiré…

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

2/. Cellules associées à l’épithélium cilié : les cellules M

Les cellules M sont des cellules épithéliales modifiées recouvrant le tissu lymphoïde associé aux
bronches (BALT), situées stratégiquement au carrefour des bronches et des bronchioles. A ce niveau
les particules inhalées et les antigènes solubles sont phagocytés et transportés par les macrophages,
les cellules dendritiques ou d’autres cellules présentatrices d’Ag dans le BALT permettant aux
lymphocytes B et T d’entrer en contact avec les substances pathogènes. Les lymphocytes
pulmonaires ne sont pas quiescents dans le BALT mais sont en continuelle recirculation avec d’autres
organes et contribuent aux réponses immunitaires cellulaires (lymphocytes T helper, cytotoxiques ou
suppresseurs) et humorales. Les immunoglobines A (IgA) produites par les plasmocytes de la
muqueuse et à un moindre degré les IgG et IgM jouent un rôle dans l’immunité locale du système de
conduction particulièrement en empêchant l’attachement des pathogènes aux
Cils.
B/. Mécanismes de défense du système d’échange

Les alvéoles n’ont ni cils, ni mucus, leur moyen de défense provient donc essentiellement de la
phagocytose effectuée par les macrophages alvéolaires. Ces cellules hautement phagocytaires (qui
ne doivent pas être confondues avec les macrophages intravasculaires) proviennent en grande partie
des monocytes sanguins et à un moindre degré de macrophages interstitiels. Le nombre de
macrophages alvéolaires dans la lumière alvéolaire est en relation avec le nombre de particules
inhalées atteignant les poumons. La capacité d’augmenter rapidement (quelques heures) le nombre
de cellules phagocytaires est vitale pour protéger le poumon contre du matériel étranger
particulièrement quand la charge de particules inhalées est élevée.
Contrairement aux macrophages tissulaires, la durée de vie des macrophages alvéolaires est
relativement courte (quelques jours) et ils sont continuellement renouvelés par la migration de
monocytes sanguins. Ils jouent un rôle important dans les mécanismes de défense innée contre les
bactéries inhalées sans nécessité d’une réaction inflammatoire. Les bactéries atteignant les alvéoles
sont rapidement phagocytées et les enzymes lysosomiales sont déversées dans les phagosomes.
Excepté pour les bactéries résistantes à la phagocytose intracellulaire (ex : Mycobacterium
tuberculosis, Listeria monocytogenes, Brucella abortus, certaines Salmonella), la majorité des
bactéries sont détruites par les macrophages alvéolaires activés. Les poussières, le pollen, les spores
ou des hématies sont phagocytés de la même façon. Les macrophages quittent les alvéoles soit en
migrant au niveau des bronchioles puis en atteignant le pharynx par l’appareil muco-ciliaire, soit par
drainage dans les noeuds lymphatiques trachéobronchiques.
La destruction des agents infectieux et des particules inhalées et un mécanisme faisant intervenir de
nombreux récepteurs (comme les récepteurs Fc, récepteurs pour le complément C3b, C3a, C5a,
récepteur pour TNF, récepteurs Toll like… ) et des sécrétions pulmonaires. Les interactions cellulaires
sont complexes et font intervenir les macrophages alvéolaires, les pneumocytes, les cellules
endothéliales, les lymphocytes, les plasmocytes, les natural killer (NK) et les cellules dendritiques.
Les anticorps (réponse immunitaire acquise) sont également importants dans la protection de
tractus respiratoire contre les pathogènes inhalés. Les IgG sont les anticorps les plus importants au
niveau des alvéoles et agissent essentiellement comme anticorps opsonisants. En plus des anticorps
il y a différentes sécrétions libérées dans l’alvéole et qui contribuent à la défense des poumons. Les
plus importants sont la transferrine, les peptides anioniques et le surfactant.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

Macrophages alvéolaires : lavage broncho-alvéolaire d’un


porc sain. Les macrophages alvéolaires, caractérisés par un
abondant cytoplasme vacuolisé sont les cellules
prédominantes chez un animal en bonne santé.

Représentation schématique d’un macrophage alvéolaire : A


noter : les récepteurs membranaires, l’attachement des
bactéries aux récepteurs, la présence de pseudopodes
permettant l’internalisation de la bactérie et la formation
des phagolysosomes permettant la destruction de la
bactérie ingérée.

C/. Mécanismes de défense contre les agents pathogènes sanguins

Les poumons sont également sensibles aux pathogènes sanguins (agents infectieux, toxine,
emboles).
 Les cellules de Küpffer et les macrophages spléniques sont les premières cellules
responsables de l’élimination des pathogènes sanguins chez le chien, quelques rongeurs et
l’homme.
 En revanche les cellules responsables de l’élimination des particules circulantes, des
bactéries et les toxines, chez les ruminants, le chat, le cheval et le porc sont les
macrophages intravasculaires, une population distincte de phagocytes résidents dans les
capillaires pulmonaires. Chez le porc 16% de la surface des capillaires pulmonaires est
bordée de macrophages intravasculaires. Chez les ruminants, 95 % de particules ou de
bactéries marquées sont rapidement phagocytées par les macrophages intravasculaires.
Dans des conditions anormales (comme des
sépticémies), la libération excessive de cytokines par
les macrophages intravasculaires peut entrainer des
lésions aiguës des poumons.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

D/. Mécanismes de défense contre les agents oxydants

Les poumons (compte tenu de leur environnement riche en oxygène et des nombreuses réactions
métaboliques) ont besoin de moyens de défense efficace contre le stress oxydatif. Ces lésions
cellulaires sont causées par des gaz oxydants (NO2, ozone SO2, fumée de cigarette), par des
métabolites toxiques produits localement ou arrivant par voie sanguine (3 méthyl indole par
exemple) ou par des radicaux libres libérés par les cellules phagocytaires pendant l’inflammation. Les
principaux moyens de défense sont des antioxydants dont les principaux sont :
 la superoxyde dismutase
 la glutathion peroxydase
 la catalase
 la vitamine C et la vitamine E

Ces antioxydants sont présents dans les cellules alvéolaires et bronchiolaires ainsi que dans le tissu
interstitiel.
Résumé des principaux mécanismes de défense de l’appareil respiratoire :

Régions de l’appareil respiratoire Mécanismes de défense


Système de conduction : nez, trachée et Clairance muco-ciliaire, anticorps,
bronches lysozyme, mucus
Système transitionnel : bronchioles Cellules de Clara, antioxydants,
lysozyme, anticorps
Système d’échange : alvéoles Macrophages alvéolaires (pathogènes
inhalés), macrophages intravasculaires
(pathogènes circulants), anticorps
opsonisants, surfactant, antioxydants

E/. Dysfonctionnement des mécanismes de défense de l’appareil respiratoire

Il peut y avoir un dysfonctionnement des mécanismes de défense lors :


 d’infections virales. On observe une diminution de la fonction phagocytaire des
macrophages alvéolaires, généralement associée à une diminution de la clairance
mucociliaire, d’une ciliostase, une diminution de la phagocytose, une apoptose des
macrophages alvéolaires… Dans de nombreux cas une immunisation contre les infections
virales prévient ou réduit l’effet synergique des virus et donc l’incidence des pneumonies
bactériennes secondaires.
 d’inhalation de gaz toxiques : notamment l’hydrogène sulfuré (H2S) et l’ammoniaque
(fréquents dans les bâtiments d’élevage mal ventilés).
 d’une immunodéficience congénitale ou acquise (virus)
 d’une déshydratation, d’une acidose, d’une endotoxémie, d’un stress, d’une anesthésie,
d’une urémie…

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

Clairance pulmonaire et rétention après


inhalation expérimentale de bactéries. Quand
de nombreuses bactéries sont inhalées, les
défenses normales éliminent rapidement les
micro-organismes des poumons (ligne de
ronds). Lorsque les mécanismes de défense
sont modifiés par une infection virale, les
bactéries ne sont plus éliminées et elles se
multiplient (ligne de triangles).

V/. EXAMEN POST-MORTEM DE L’APPAREIL RESPIRATOIRE

Le tractus respiratoire doit être examiné de façon systématique :


 vérification du vide pleural avant section du diaphragme
 recherche d’éventuelles adhérences entre les séreuses
 recherche d’un épanchement thoracique avec caractérisation et quantification (exemple :
présence de 300 ml d’un liquide jaune clair transparent)
 la langue, le pharynx, l’œsophage, la trachée et les viscères thoraciques sont enlevés
ensemble
 incision du larynx, de la trachée et des bronches. La muqueuse normale est rose et lisse. La
présence d’un liquide spumeux signe un œdème souvent agonique (cf. lésions vasculaires du
poumon). On peut également observer la présence de particules alimentaires. Un examen
attentif de la muqueuse est alors nécessaire, ces débris alimentaires pouvant être un reflux
agonique ou secondaire au déplacement
de la carcasse.

Poumon normal de porc. La couleur très


pâle est due à la saignée. Un poumon non
exsanguiné est rose plus foncé.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

Comme pour tous les autres organes, il faut observer la taille, la forme la couleur, la consistance et
l’aspect de la tranche de section. La consistance est un critère très important pour les poumons (cf.
pneumonie). Les principales modifications observées sont une augmentation de la consistance
(ferme à dure), un aspect élastique (caoutchouc) ou crépitant (emphysème). La palpation des
poumons peut également permettre de détecter des nodules ou des abcès non visibles
extérieurement.
La distribution des lésions est généralement décrite comme focale, multifocale, localement extensive
ou diffuse.
La topographie des lésions est également importante (lésions cranio-ventrales, dorsocaudales,
diffuse….). Dans le rapport d’autopsie il faut également estimer l’extension des lésions le plus souvent
exprimés en % (exemple : consolidation cranio-ventrale de 40 % des poumons).

Deux méthodes sont utilisées pour examiner les structures nasales ; soit une section longitudinale,
soit une section transverse au niveau de la 2ème prémolaire. Cette dernière méthode est celle utilisé
chez les porcs suspects de rhinite atrophique.

VI/. LES PRINCIPALES LESIONS DE L’APPAREIL RESPIRATOIRE

A/. Lésions des cavités nasales et des sinus

1/. Rappels histologiques

Les cavités nasales sont tapissées d’une muqueuse constituée d’un épithélium reposant sur un
chorion. L’épithélium est cylindrique cilié pseudotratifié comportant de nombreuses cellules
caliciformes. Sous cet épithélium, le chorion, richement vascularisé renferme des glandes séreuses
et des glandes muqueuses.
La partie crâniale de chaque cavité nasale est bordée par un épithélium malpighien kératinisé
(épithélium plus résistant). Il existe une zone de transition entre cet épithélium et l’épithélium de
type respiratoire.
Dans la partie dorso-caudale des cavités nasales l’épithélium est olfactif (épithélium cylindrique
pseudostratifié fait de 3 types de cellules : les cellules sensorielles olfactives, des cellules
sustentaculaires et des cellules basales).

2/. Pattern de réaction aux lésions

L’épithélium cilié, pseudostratifié est très sensible aux agents pathogènes. Il répond à une
agression par :
- exfoliation-régénération (cf. photo et schéma ci-dessous) lors d’infection virale par exemple
(Herpes virus bovin de type 1, Herpes virus félin de type 1, Adénovirus canin de type 2, para
influenza canin de type 2…)
- hyperplasie des cellules caliciformes, lors d’un phénomène chronique. Il y a hyperplasie des
cellules caliciformes avec hyperproduction de mucus et dysfonctionnement de l’appareil
mucociliaire.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

- métaplasie malpighienne, lors d’un phénomène chronique sévère. L’épithélium cilié est
transformé en un épithélium de remplacement de type malpighien pluristratifié, plus
résistant. Mais l’appareil muco-ciliaire est alors non fonctionnel, les cils disparaissent, le
mucus n’est plus synthétisé et les défenses diminuent. Cette réaction est fréquente chez les
fumeurs….

L’épithélium olfactif répond par le même pattern d’exfoliation-régénération que l’épithélium cilié
mais il a des capacités plus limitées de régénération (bien que les neurones de le la muqueuse
olfactives aient la capacité unique de régénérer). Quand les lésions sont extensives, les zones
ulcérées sont remplacées par un épithélium cilié ou malpighien : diminution ou perte de l’olfaction

L’épithélium malpighien comparé aux 2 autres types d’épithélium est relativement résistant.

Rappel : la métaplasie est un phénomène qui transforme un type cellulaire en un autre type cellulaire.
Par exemple, la métaplasie malpighienne transforme l’épithélium respiratoire en épithélium
malpighien.
La métaplasie malpighienne est un phénomène focal. De ce fait, en aval de la lésion le mucus est
produit et l’appareil muco-ciliaire est fonctionnel. Les poussières, piégées par le mucus, remonteront
jusqu’au niveau de la lésion. En aval de la lésion, le mucus s’accumule. Les particules seront éliminées
par la toux.

Epithélium normal et lésé après exposition à un gaz irritant dans une muqueuse nasale de rat :

- 1er jour : lors de la destruction des cellules par l’agent pathogène, il ne reste que la membrane
basale.
- 2ème jour : si l’agent pathogène est peu agressif et si la membrane basale n’est pas lésée, la
multiplication des cellules basales de réserve permet la régénération de l’épithélium. Au début, les
cellules sont peu différenciées (non ciliées).
- 10ème jour : la régénération est totale, l’épithélium est de nouveau fonctionnel (cellules
ciliées…). Il n’y a aucune séquelle pour l’animal.

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Cellules Polynucléaires
caliciformes neutrophiles
Cellules ciliées

Représentation schématique des lésions et de la réparation de l’épithélium respiratoire

Si la membrane basale est détruite, la régénération ne peut plus se faire et la cicatrisation se fera par
formation d’un tissu de granulation et fibrose.

3/. Lésions métaboliques

Elles sont rares dans les cavités nasales et les sinus. On peut observer chez les chevaux une
amyloidose nasale. Macroscopiquement on observe un épaississement diffus ou nodulaire de la
muqueuse formant une pseudotumeur avec un rétrécissement des cavités nasales.
A l’histologie on observe le dépôt d’une substance éosinophile colorée par le rouge Congo. La
substance amyloïde est de type AL.

4/. Lésions vasculaires

• Congestion active ou hyperémie, elle correspond au premier temps de l’inflammation (phase


vasculaire).
• Congestion passive consécutif à un mauvais retour veineux. Elle est souvent non spécifique à
l’autopsie et survient de façon agonique. Au moment de la mort les battements cardiaques sont
de plus en plus faibles. Le retour veineux se fait moins bien, d’où la congestion. Les muqueuses
sont alors très rouges.
• Hémorragies :

- épistaxis : terme clinique employé pour désigner un écoulement de sang par le nez quelle
qu’en soit l’origine (muqueuse nasale ou parenchyme pulmonaire). Le sang peut provenir
de traumatismes, d’érosions des vaisseaux sous-muqueux par une inflammation (ex :
mycose des poches gutturales) ou de tumeurs.

- hématome progressif de l’ethmoïde, uniquement chez le cheval : C’est une formation


pseudo tumorale, à l’origine d’une épistaxis unilatérale. On le rencontre plus
fréquemment chez les chevaux âgés, mais on n’en connaît pas la cause. Il peut
progressivement augmenter de taille et obstruer la cavité nasale. L’animal présente des
pertes chroniques de sang et des troubles respiratoires.

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1 On observe dans l’éthmoïde la


formation d’un hématome
encapsulé.

5/. Lésions inflammatoires

Suivant la localisation de l’inflammation on distingue des rhinites (inflammation de la muqueuse


nasale) et des sinusites (inflammation des sinus). Ces 2 lésions sont assez fréquemment associées.
On parle alors de rhino-sinusite.

5.1/. Rhinites

Les différentes rhinites sont classées en fonction de la nature de l’exsudat en rhinites séreuse,
catarrhale, suppurée, fibrineuse ou granulomateuse :

 Séreuses, les plus banales, bénignes. Elles se caractérisent par une hyperhémie et des
écoulements clairs. Elles peuvent être causées par des irritants, de l’air froid, des phénomènes
allergiques ou des virus. Ce sont « les rhumes ».
 Catarrhales : rhinites un peu plus sévères avec augmentation de la production de mucus par
augmentation de l’activité des cellules caliciformes et des glandes muqueuses. Les écoulements
sont plus muqueux renfermant parfois quelques cellules desquamées, des leucocytes et des
débris cellulaires. Si la rhinite devient chronique on observera une hyperplasie des cellules
caliciformes.
 Suppurées : caractérisées par un exsudat neutrophilique. Elles sont plus sévères et
accompagnées par une nécrose de la muqueuse et une infection bactérienne secondaire. Exsudat
épais et opaque de couleur blanche à verte en fonction de la bactérie en cause et du type de
leucocytes prédominant dans l’exsudat (polynucléaires neutrophiles ou éosinophiles).

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Rhinite suppurée chez un porc :


le septum nasal a été enlevé, pour
permettre de voir les cornets. La
muqueuse est hyperhémique,
recouverte d’un exsudat purulent.

 Fibrineuses : elles surviennent quand la lésion entraine une augmentation marquée de la


perméabilité vasculaire avec exsudation du fibrinogène plasmatique qui coagule en fibrine. Cette
fibrine s’accumule à la surface de la muqueuse sous forme de « fausses membranes ». Si l’exsudat
fibrineux peut être enlevé laissant une muqueuse sous-jacente intacte, on parle de rhinites
pseudodiphtériques. Si les pseudomembranes sont difficiles à enlever et entrainent une
ulcération de la muqueuse, on parle de rhinite fibrino-nécrotique ou diphtérique (photo 3). Les
champignons comme les aspergillus causent des rhinites fibrino-nécrotiques sévères (photo4).

3 Coupe sagittale de tête de bovin


On observe un enduit fibrino-
nécrotique (flèche) dans les
cavités nasales. Il s’ag it d’une
rhinite fibrino-nécrotique. Elle
est associée à des lésions
identiques dans le larynx
(laryngite) et la trachée: IBR.

Coupe transversale de cavités nasales de chien 4

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 Granulomateuses : caractérisées par l’infiltration de la muqueuse et de la sous-muqueuse par


des macrophages activés mêlés à des lymphocytes et des plasmocytes. Quand l’inflammation est
sévère, elle peut donner naissance à des nodules polypoïdes qui peuvent secondairement
entrainer une obstruction des cavités nasales. Les rhinites granulomateuses sont généralement
associées à une inflammation allergique chronique ou à une infection par des agents infectieux
spécifiques comme dans la tuberculose, la rhinosporidiose (photo 5) ou les mycoses systémiques.
Des corps étranger peuvent également entrainer une rhinite granulomateuse. Ces différents
types d’inflammation peuvent se succéder dans le temps (séreuse -> catarrhale-> suppurée) ou
être associées (inflammation muco-purulente, fibrino-hémorragique, pyogranulomateuse..).

5.2/. Etiologie des rhinites

L’étiologie peut être :


 Virale
- Herpesvirus chez le chat, le chien, le cheval et les bovins. L’IBR (infectious bovine
rhinotracheitis) due au BHV1 (Bovine herpes virus de type1) provoque des rhinites fibrineuses
et fibrino-nécrotiques après surinfection par Fusobacterium necrophorum.
- Adénovirus canin de type 2 (un des agents étiologiques de la toux de chenil)
- Cytomégalovirus (β-herpes virus), responsable de la rhinite à inclusions du porc. Elle se
rencontre chez les porcelets de moins de 5 semaines. Des inclusions basophiles de grande
taille s’observent dans le noyau des cellules de l’épithélium nasal et des glandes.
- Calicivirus : chez le chat
- Influenza virus

 bactérienne
- Bordetella bronchiseptica
- Pasteurella multocida, chez les bovins, lapins, chiens…
- Streptococcus equi (gourme)
- Chlamydophila psittaci, chlamydia felis
- mycoplasmes

 fongique : Aspergillus, Cryptococcus neoformans, chez le chat et plus rarement le chien

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 parasitaire :
- Oestrus ovis, chez les ovins. C’est une myiase, les
larves de diptères se développant dans les sinus et 6
les cavités nasales. Observée surtout chez le
mouton mais décrite chez les chèvres, les chiens et
l’homme. La présence des larves cause une
irritation chronique et une rhino sinusite érosive et
purulente. Rarement, lors d’infestation massive, le
parasite peut traverser la lame criblée de
l’éthmoïde, et passer dans la boîte crânienne

7
- Linguatula serrata : paras ite hématophage en forme de langue
de 1 à 2cm de long. Rare. S’observe chez les carnivores.

Coupe transversale des cavités nasales de chien :


présence de Linguatula serrata (flèche)

- Rhinosporidium Seeberi : protiste pouvant entrainer une rhinite


granulomateuse chez les chevaux, les bovins, les chiens et les 5
chats.

Rhinite granulomateuse : Rhinosporidium seeberi

allergique, ce sont souvent des rhinites séreuses


entrainant le développement d’une méningite

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5.3/. Rhinite atrophique du porc

Etiologie :

La rhinite atrophique du porc est une dominante pathologique de l’espèce porcine, observée chez
les porcelets. Son étiologie est complexe. L’association de 2 bactéries est essentielle :
 Pasteurella multocida : certaines souches sont toxinogènes. Leur toxine provoque la diminution
de l’ostéogenèse.
 Bordetella bronchiseptica : elle possède un Ag capsulaire qui entraîne une augmentation de
l’ostéoclasie (= lyse osseuse).
De plus, des facteurs environnementaux, génétiques et nutritionnels ainsi que des virus peuvent
intervenir dans l’étiologie de cette pathologie.

Aspect macroscopique :

Le diagnostic peut se faire à l’abattoir sur une coupe transversale des cavités nasales (entre la
première et la deuxième prémolaire) L’atrophie des cornets nasaux est unilatérale ou bilatérale, et
débute en général par les cornets ventraux. La sévérité des lésions n’est pas proportionnelle à la
sévérité des signes cliniques (jetage, toux).

8 Lésions de rhinite atrophique (coupe transversale)


A: cornets normaux.
De B à D : différents degrés de rhinite atrophique
:
B : atrophie modérée symétrique.
C : atrophie unilatérale droite avec
déviation du septum à gauche
D : atrophie bilatérale symétrique marquée.

Lésion de rhinite atrophique avec déviation du groin.


Si la maladie est à un stade évolué, le septum nas al est
dévié. La lésion se traduit macroscopiquement par la
déviation du groin de l’animal.

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6/. Lésions tumorales

Les tumeurs sont soit primitives soit secondaires. Elles sont rares dans les deux cas.

6.1/. Tumeurs primitives

Les tumeurs surviennent à partir d’un des tissus constituant les cavités nasales : l’os, le cartilage, le
tissu conjonctif, les vaisseaux, les cellules glandulaires, l’épithélium de surface. En théorie, il existe
donc une grande variété de tumeurs, mais en général, les tumeurs sont d’origine épithéliale et
maligne. Ce sont donc des carcinomes. Elles s’observent plus fréquemment chez les chiens
doligocéphales (Colley, Berger Allemand, Airedale terrier… : crâne allongé). Elles sont assez rarement
à l’origine des métastases, mais sont envahissantes et donc de mauvais pronostic.

Coupe sagittale de tête de chien avec


13 carcinome nasal. La tumeur provoque
une ostéolyse unilatérale au départ.
L’accroissement de la tumeur entraine
souvent un effondrement du septum
nasal et permet à la tumeur d’envahir
l’autre cavité nasale. Bien que les
métastases soient rares, les récidives
fréquentes associées à l’envahissement
local en font une tumeur de mauvais
pronostic.

Les tumeurs primitives sont rares chez l’animal, excepté la tumeur nasale enzootique d’origine
virale, due à un rétrovirus survenant chez les petits ruminants et les bovins. Il s’agit d’un
adénocarcinome localement invasif mais ne donnant pas de métastases.

10 Coupe sagittale de tête d’ovin


Aspect macroscopique d’un carcinome
nasal enzootique chez un mouton, il
envahit la cavité nasale.

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11 Mouton atteint d’un carcinome nasal


enzootique. On remarque une déformation
des cavités nasales et une hypersécrétion de
mucus, la tumeur étant formée de cellules
sécrétantes.

12

Histologie du carcinome nasal enzootique


chez un mouton. Les cellules tumorales sont
bien différenciées. Elles ressemblent aux
cellules d’origine qui sont donc
reconnaissables : polarisées, noyau basal,
peu de mitoses, peu d’atypies. La tumeur est
à la limite d’être histologiquement bénigne,
mais elle est envahissante.

6.2/. Tumeurs secondaires

Elles sont rares. Le plus souvent, ce sont des métastases de lymphome (fréquent chez le chat).

B/. Lésions des poches gutturales, du larynx et de la trachée

1/. Lésions des poches gutturales

Les poches gutturales sont des diverticules de 300 à 500 ml présents à la partie ventrale de la
trompe d’Eustache, uniquement chez le cheval. Elles sont exposées au mêmes pathogènes que les
voies respiratoires supérieures et ont des problèmes de drainage (comme les sinus). Les lésions sont
essentiellement inflammatoires. Les 2 plus fréquentes sont :
 l’empyème des poches gutturales dû à Streptococcus equi. Il s’agit souvent d’une séquelle
de la gourme, les poches sont alors remplies de pus.

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14 14

Empyème des poches gutturales : gonflement en région cervicale (à gauche), poche gutturale remplie
d'un exsudat purulent (à droite)

 mycose des poches gutturales


souvent due à Aspergillus 15
fumigatus ou parfois à d’autres
espèces d’Aspergillus. Cette
lésion est habituellement
unilatérale et est souvent
secondaire à l’inhalation de foin
moisi. Macroscopiquement les
parois dorsale et latérale sont
recouvertes par un exsudat
fibrinonécrotique.

On note la présence d’exsudat fibrinonécrotique hémorragique (flèche)

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A l’histologie, l’inflammation nécrotique est sévère avec


vascularite et présence d’hyphes fongiques.

Présence de nombreux hyphes fongiques mêlés à


de la nécrose 16
(Coloration HE)

Les champignons ont en effet un tropisme particulier


pour les vaisseaux sanguins et provoquent des
vascularites. Il y a un risque de rupture de la carotide
interne.

17
Hémorragie unilatérale (flèche) par rupture de la
carotide interne secondaire à une mycose des poches
gutturales.

2/. Lésions du larynx

La majorité des lésions inflammatoires ont un aspect identique aux lésions inflammatoires décrites
dans les cavités nasales. Ne seront citées dans cette partie que les lésions du larynx ayant une
importance particulière, notamment l’hémiplégie laryngée, l’œdème laryngé et la laryngite
nécrotique.

2.1/. Hémiplégie laryngée chez le cheval

Cette lésion est relativement fréquente. Pendant l’inspiration, le larynx se dilate mal. Les cordes
vocales sont alors distendues et leurs vibrations lors de la respiration produit des bruits
caractéristiques de ronflement, en particulier pendant l’effort (d’où le nom de l’affection = cornage).
Il s’agit d’un vice rédhibitoire.
L’hémiplégie laryngée entraine l’atrophie des muscles crico-aryténoïdiens (dorsal et latéral), le plus
souvent du côté gauche. L’atrophie musculaire est due à une neuropathie du nerf laryngé récurrent
(entrainant une atrophie de dénervation). Ces neuropathies sont :
 Idiopathiques (le plus souvent)

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 Secondaires à des compressions ou des lésions


inflammatoires en périphérie de ce nerf. Par exemple, suite 18
à une mycose des poches gutturales, à un abcès du noeud
lymphatique rétropharyngien, à la gourme…

Lésions de cornage chez un cheval. A droite, les muscles


sont normaux ; à gauche atrophie des muscles crico-
aryténoïdiens Cette pathologie est aussi décrite chez le
chien de grande taille (prédisposition héréditaire chez le
Husky et le Bouvier des Flandres).

2.2/. l’Œdème laryngée

Cette lésion a une importance particulière du fait de son


potentiel à obstruer l’orifice laryngé pouvant entrainer une 19
asphyxie. Macroscopiquement la muqueuse laryngée est épaissie
et molle.

Œdème laryngé, vache adulte.


Epaississement œdémateux de la muqueuse laryngée et des
cordes vocales (flèches) qui peut entrainer une détresse
respiratoire secondaire au rétrécissement de la lumière trachéal.

Cet œdème peut survenir chez le porc lors de la maladie de l’œdème, chez le cheval présentant un
purpura hémorragique, chez les bovins en cas de pneumonie interstitielle aiguë et chez le chat lors
d’anaphylaxie systémique. Dans toutes les espèces elle peut également résulter d’un traumatisme,
d’une intubation mal faite, d’inhalation de gaz irritant, d’inflammation locale et de réactions
allergiques.
2.3/. Laryngite nécrotique (diphtérie du veau, nécrobacllose oro-laryngée)

La laryngite nécrotique, dont l’étiologie est Fusobacterium necrophorum, fait partie de la


nécrobacillose oro-laryngée qui peut atteindre la langue, les gencives, le palais et le pharynx.
Fusobacterium necrophorum est un pathogène opportuniste qui produit des endotoxines et des
exotoxines secondairement à une atteinte virale (IBR, stomatite exsudative) ou des lésions
traumatiques. Macroscopiquement les lésions sont sèches jaune-grises recouvertes d’un exsudat
fibrino-nécrotique.

3/. Lésions de la trachée

Rappel histologique sur la structure de la trachée et bronches extrapulmonaires :


L’épithélium est de type respiratoire. Le chorion et la sous muqueuse sont composés d’un tissu
conjonctif lâche renfermant des fibres élastiques orientées, des lymphocytes, des plasmocytes et des
glandes tubulo-acineuses séro-muqueuses. Présence d’un anneau incomplet de cartilage hyalin. Le
périchondre est entouré de l’adventice (tissu conjonctif lâche).

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3.1/. Collapsus et sténose trachéale

Il survient le plus souvent chez les chien de races miniatures, mais est observé également chez les
chevaux, les bovins et les caprins. Il s’agit d’un aplatissement dorso-ventral de la trachée avec
élargissement de la membrane trachéale dorsale qui peut faire prolapsus dans la lumière de la
trachée. Le plus souvent cette anomalie s’observe sur toute la longueur de la trachée.

Collapsus trachéal (poney) 20


La surface dorsale de la trachée est aplatie dorso ventralement
avec élargissement de la membrane trachéale dorsale

3.2/. Lésions inflammatoires

Ce sont essentiellement les mêmes que pour les cavités nasales. Les causes les plus fréquentes sont
des infections virales (comme celles causées par IBR, l’Equine herpes virus, la maladie de Carré, la
rhinotrachéite féline). Les lésions virales sont souvent modérées et transitoires mais peuvent être
compliquées par des infections bactériennes.

Trachéite fibrino-purulente (chat). Ce chat présentait également


21
une bronchopneumonie et Pasteurella multocida a été isolée de la
trachée et des poumons.

Exemple de la trachéite fibrino-nécrotique due à Fusobacterium


necrophorum le plus souvent secondaire à une atteinte par le virus de
l’IBR chez les bovins.
Il est également décrit des trachéites chimiques après aspiration ou
inhalation de fumées lors d’un incendie par exemple. En pathologie
médico- légale la présence de suie au niveau de la muqueuse de la
trachée, des bronches et des bronchioles signifie que l’animal était
vivant pendant l’incendie.
La trachéo-bronchite infectieuse canine (toux de chenil) est une
affection très contagieuse se traduisant cliniquement par de la toux
exacerbé par l’exercice. La cause est complexe et associe plusieurs
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agents pathogènes (Bordetella bronchiseptica, Adénovirus canin de type2,


parainfluenza canin de type 2) et des facteurs environnementaux.

3.3/. Lésions parasitaires

Exemple d’Oslerus osleri chez le chien. Ce parasite est responsable de nodules au carrefour
trachéobronchique. Il est considéré comme le nématode respiratoire le plus fréquent chez le chien.
L’animal présente des symptômes cliniques variables (asymptomatique, toux chronique exacerbée
par l’exercice). En cas d’infestation importante, les nodules présents au niveau du carrefour
trachéobronchique peuvent être à l’origine d’une dyspnée, d’une intolérance à l’effort, d’une
cyanose et même de la mort chez des animaux jeunes.

22
23

Les nodules sont riches en parasites. Ils déclenchent une réaction inflammatoire modérée. Mais, à la
mort du parasite on observe une importante réaction à corps étranger.

24 Histologie de muqueuse trachéale renfermant de


nombreuses sections d’Oslerus osleri (flèche). Les
parasites sont entourés de nombreux infiltrats à
prédominance lymphoplasmocytaire. (Coloration
HE).

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C/. Lésions du poumon

1/. Différences spécifiques

Chaque poumon est divisé en un certain nombre de lobes définis par les ramifications de l’arbre
bronchique. Ainsi le poumon gauche de tous les mammifères domestiques est divisé en un lobe
crânial et un lobe caudal alors que le poumon droit est suivant les espèces composé de lobes crânial,
moyen (absent chez le cheval), caudal et accessoire. Chaque lobe pulmonaire est ensuite divisé par
du tissu conjonctif en lobules.

Il existe des différences inter-espèces concernant l’aspect du parenchyme pulmonaire :


 chez les porcs et les bovins : la lobation et la lobulation sont bien visibles. Les septa
interlobulaires sont bien individualisés et épais (visibles macroscopiquement), ce qui fait qu’il
n’y a pas de communication entre les lobules adjacents et donc pas de ventilation collatérale.
 chez les carnivores et les petits ruminants : la lobation est bien visible et la lobulation peu
visibles. Les septa interlobulaires sont fins, il existe alors une ventilation collatérale
fonctionnelle.
 chez le cheval : la lobation et la lobulation sont peu visibles. La ventilation collatérale existe
mais est peu fonctionnelle.

Le poumon a un réseau interconnecté de stroma supportant le sang, les vaisseaux lymphatiques, les
nerfs, les bronches, les bronchioles et les alvéoles. L’interstitium peut être divisé anatomiquement
en 3 compartiments contigus :
 l’interstitium broncho vasculaire dans lequel la majorité des bronches et des vaisseaux
pulmonaires sont présents.
 l’interstitium interlobulaire séparant les lobules pulmonaires et supportant les petits
vaisseaux sanguins et lymphatiques.
 l’interstitium alvéolaire supportant les parois alvéolaires renfermant les capillaires de
l’hématose et tapissé par les pneumocytes.

2/. Anomalies congénitales

Elles sont rares. La plus fréquente est la mélanose maculeuse des bovins et des porcins.

25 26

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

La mélanose maculeuse est due à un trouble de la migration des mélanocytes dans des organes où
ils ne sont normalement pas présents : les poumons, la plèvre, le foie, l’intima de l’aorte et les
méninges chez les ruminants. Mais il n’y a pas de prolifération des cellules. Ce n’est qu’une
modification de la couleur avec apparition de taches noires multifocales. Cette remarque sert au
diagnostic différentiel avec des métastases d’un mélanome. Dans ce dernier cas, la prolifération
cellulaire forme des nodules.
Il n’y a pas de conséquences sur les capacités respiratoires de l’animal. C’est une découverte
d’autopsie ou d’abattoir. A l’abattoir, il y a saisie des poumons pour aspect anormal. Lorsque les
macules sont localisées à certains lobes et de forme géométrique, le poumon est dit « en damier »
(photo 26).

3/. Lésions non inflammatoires

3.1/. Métaplasie osseuse

Cette pathologie se rencontre chez les chiens âgés, au niveau de la plèvre viscérale. Le tissu fibreux
est remplacé par du tissu osseux, renfermant des ostéoblastes, des travées osseuses,... Les lésions
(photo 27) sont de petite taille et multifocales. A l’examen nécropsique, les lésions sont palpables,
de consistance très dure. Il n’y a pas de conséquences cliniques.

3.2/. Anthracose

L’anthracose est due à l’inhalation de poussières, notamment celles de charbon. Les nœuds
lymphatiques trachéo-bronchiques sont colorés en noir. Le poumon présente un piqueté noir.

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27 Flèche en pointillé : métaplasie osseuse


Flèche pleine : anthracose

La couleur est due à la grande quantité de particules phagocytées


28 par les macrophages alvéolaires, ceux-ci n’arrivant pas à les détruire.
Cette lésion n’a pas de conséquences sur les capacités
respiratoires de l’animal. C’est une découverte d’autopsie . Elle est
présente dans toutes les espèces mais plus ou moins marquée selon le
mode de vie et l’âge de l’animal.
Il n’y a pas de fibrose ni d’inflammation , comme lors
d’inhalation d’autres substances comme l’amiante.
Elle se retrouve également au niveau des nœuds lymphatiques
trachéo-bronchiques qui sont plus ou moins noirs suivant l’intensité de la
lésion

C) TROUBLES METABOLIQUE S
3.3/. Troubles métaboliques

La principale lésion est la calcinose. Il s’agit d’un dépôt de sels calcaires au niveau des poumons
secondaire à une hypercalcémie.
Les principales causes des hypercalcémies sont :
- une hypervitaminose D iatrogène
- une origine toxique : plantes renfermant des substances analogues à la Vitamine D telles que
Solanum malacoxylon
- une urémie, suite à une insuffisance rénale chronique

Les poumons présentant une calcinose importante ne s’affaissent pas à l’ouverture de la cavité
thoracique et ont une consistance irrégulièrement augmentée.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

Pneumopathie urémique chez un


29 chien présentant une insuffisance
rénale chronique.
On note l’absence de collapsus
pulmonaire après ouverture du
thorax secondaire à une
minéralisation des septas
alvéolaires. En bas à gauche
histologie du poumon après
coloration de Von Kossa mettant
en évidence le dépôt linéaire de
sels calcaires (flèches).

3.4/. Atelectasie

C’est une lésion spécifique des poumons. Elle est caractérisée par une distension incomplète des
alvéoles. Les alvéoles sont réduites à une fente, il y a un manque d’air dans les poumons.

 Elle peut être congénitale :

Pendant la vie fœtale, les poumons ne sont pas complètement distendus et les alvéoles ne
renferment pas de l’air mais sont partiellement remplies par un fluide pulmonaire fœtal. Les
poumons d’un avorton ou d’un animal mort-né ne vont pas flotter après immersion dans un liquide.
Normalement au moment de la naissance, le fluide fœtal est rapidement résorbé et remplacé par
l’air inspiré. L’atélectasie congénitale survient chez les nouveau-nés qui ne remplissent pas leurs
alvéoles après les premiers mouvements respiratoires. Ce phénomène peut être secondaire à
l’obstruction des voies respiratoires par aspiration du liquide amniotique ou du méconium.
Une autre cause d’atélectasie congénitale est une anomalie de la quantité ou de la qualité du
surfactant (important chez l’homme et notamment chez les prématurés = syndrome de détresse
respiratoire aiguë, maladie des membranes hyalines). Cette lésion a été décrite occasionnellement
chez les porcelets et les poulains prématurés.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

30 31

Atélectasie néonatale multifocale . Aspect de Atélectasie pulmonaire. Atélectasie d'un


mosaïque avec les zones normales (claires) et lobule superficiel sur une vache
les zones atélectasiées (plus sombre). Ici tous
les lobes sont atteints. Le plus souvent les
lésions sont focales et sans conséquences
cliniques.

 Elle peut également être acquise. On distingue les atélectasies :

par obstruction : Cette atélectasie survient


-
quand il y a une réduction du diamètre des
32
voies aériennes par un oedème ou une
inflammation de la muqueuse ou quand la
lumière des bronches ou des bronchioles est
obstruée par des bouchons de mucus, un
exsudat, un corps étranger ou des parasites.

Les zones rouges correspondent aux lésions. Ces


lésions sont pauvres en air : un fragment de
poumon atélectasié, placé dans un liquide coule
au fond du récipient. 33

- par compression : C’est le cas lors de la


présence :
- d’une masse dans la cavité thoracique
(tumeur, abcès volumineux)
- d’un liquide (quel que soit sa nature :
hydrothorax, chylothorax, exsudat),
- d’un pneumothorax (présence d’air dans la
cavité thoracique).

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

La cause initiale est un hydrothorax (= présence de liquide dans la cavité thoracique). La lésion est
localisée à la partie ventrale des poumons.

Représentation schématique des différents types d’atélectasie :

Alvéole normale Atelectasie par obstuction Atelectasie par compression


des voies respiratoires (parasites (abcès, tumeur…)
exsudat)

Macroscopiquement, la taille des poumons est diminuée. Les lésions sont en dépression, de couleur
plus foncée. En effet, il y a moins d’air et les capillaires sont plus proches les uns des autres. La
consistance est plus ferme par manque d’air : un fragment de poumon ne flotte plus quand il est
immergé dans un liquide.

3.4/. Emphysème

L’emphysème se caractérise par des quantités excessives d’air dans les espaces aériens du poumon.
Chez les animaux c’est toujours une lésion secondaire soit à une obstruction partielle des voies de
conduction de l’air, soit agonique. Il existe deux types d’emphysème : l’emphysème alvéolaire, le
plus fréquent, et l’emphysème interstitiel (chez les bovins).

3.4.1/. Emphysème alvéolaire

L’excès d’air se trouve dans les


alvéoles. L’ origine est une obstruction
partielle des bronches ou bronchioles .
L’air entre lors de l’inspiration qui est un
35
phénomène actif. Mais lors de l’expiration,
l’air reste piégé. Les alvéoles sont alors
dilatées, jusqu’à rupture de certaines
cloisonsinteralvéolaires.
Souvent les lésions sont peu
étendues et/ou peu intenses et ne résultent
que d’une obstruction temporaire des voies
respiratoires. Elles se localisentsurtout sur
les bords des poumons et n’entrainent pas
de répercussions graves sur les capacités respiratoires de l’animal.
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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

La destruction de certaines cloisons


interalvéolaires entraine la formation d’une 36
bulle d’emphysème. En cas de rupture de
bulles d’emphysème , l’air inspiré passe dans
la cavité th oracique et peut être à l’origine
d’un pneumothorax.

Macroscopiquement, les lésions sont


plus claires (car il y a plus d’air et les parois
sont minces), en relief , de consistance
crépitante . Elles sont souvent localisées en
périphérie des poumons.

34 Histologiquement, on observe un amincissement et


une rupture de certaines cloisons alvéolaires ,
entraînant une diminution du lit vasculaire . Les
surfaces d’échange sont donc réduites, surtout si
l’emphysème est important.

Les maladies importantes qui entrainent un emphysème secondaire chez les animaux sont :
- la maladie obstructive des petites voies respiratoires chez le cheval. Les bronchioles sont
partiellement obstruées par du mucus mêlé à des cellules inflammatoires. Le mucus provient
de la métaplasie caliciforme de certaines cellules du revêtement bronchiolaire (les cellules
caliciformes sont normalement absentes du revêtement bronchiolaire).
- l’œdème et l’emphysème pulmonaire chez les bovins (fog fever) (cf pneumonie atypique des
bovins).
- l’asthme félin.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

3.4.2/. Emphysème interstitiel

L’excès d’air se trouve dans les


cloisons interlobulaires qui deviennent alors
37
très visibles. On parle d’emphysème
interstitiel. Cette lésion s’observe chez les
bovins qui ont des cloisons interlobulaires
bien dévelo ppées et pas de ventilation
collatérale.

Les lésions agoniques, dues à une inspiration forcée lors de la mort, donnent des lésions
d’emphysème interstitiel. Pour établir le diagnostic différentiel, il faut rechercher des lésions pouvant
causer l’emphysème comme des lésions d’obstruction bronchique (exsudat purulent, parasites…) ou
des lésions de pneumonies atypiques.

D/. Lésions vasculaires

Les poumons sont des organes très vascularisés avec une double circulation provenant des artères
pulmonaires et bronchiques. Les perturbations dans la circulation pulmonaire ont des effets notables
sur les échanges gazeux et peuvent entrainer hypoxie et acidose.
Les lésions les plus importantes sont l’hyperémie et la congestion, les hémorragies, l’œdème, les
embolies, les infarctus.

1/. Hyperhémie et congestion

L’hyperhémie est un processus actif faisant partie de l’inflammation aiguë alors que la congestion
est un processus passif résultant d’un mauvais retour veineux comme dans les insuffisances
cardiaques (cf. oedème chronique du poumon).
Dans le premier temps d’une congestion, il y a trop de sang dans les capillaires de l’hématose. Les
vaisseaux sont alors dilatés, puis on observe une exsudation dans la lumière alvéolaire (c’est un
œdème pulmonaire) et un passage d’hématies dans la lumière alvéolaire. Lorsque la congestion
devient chronique les hématies sont phagocytées par les macrophages alvéolaires et on observe une
érythrophagocytose puis une hémosidérose (cf. cours de PP : pathologie vasculaire : œdème
pulmonaire chronique).

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

38
Congestion pulmonaire

Une autre forme de congestion est la congestion hypostatique qui résulte de des effets de la gravité
et de la mauvaise circulation sur un tissu très vascularisé comme le poumon. Ce type de congestion
est caractérisé par une augmentation de la quantité de sang du côté sur lequel l’animal est couché,
surtout chez les bovins et les chevaux. Les parties affectées du poumon sont plus rouges et plus
fermes. Chez les animaux qui sont restés en décubitus latéral pendant longtemps, la congestion
hypostatique peut être suivie par un œdème hypostatique et une pneumonie hypostatique (l’œdème
interférant localement avec les mécanismes de défense contre les bactéries).

Cette congestion hypostatique ne doit pas


39
être confondue avec l’hypostase cadavérique
survenant après la mort.

B) HEMORRAGIES

On peut observer des hémorragies à la suite de :


• traumatismes
• troubles de la coagulation
• thromboembolie pulmonaire secondaire à une thrombose jugulaire ou d’emboles à partir
d’abcès hépatique s’étant rompus dans la veine cave caudale (bovins)
• septicémies vascularites
• CIVD.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

Chez les bovins, on peut observer la rupture de gros vaisseaux


pulmonaires secondaire au développement d’un abcès qui envahit
et détruit la paroi d’une artère ou une veine (cf schéma ci-contre).
Dans la plupart des cas, l’animal meurt rapidement avec une
hémoptysie spectaculaire et à l’examen post-mortem les bronches
sont remplies de sang.

Schéma d’un abcès (flèche) érodant la paroi d’une artère


pulmonaire (en haut) et entrainant des saignements dans les
bronches (en bas).

40
Coupe de poumon de bovin montrant les
grosses bronches et la trachée remplies de
caillots sanguins . Épistaxis secondaire à la
rupture d’un vaisseau pulmonaire majeur érodé
par un volumineux abcès pulmonaire.

Chez les bovins les hémorragies pulmonaires sont à différencier à l’abattoir d’une aspiration de sang
secondaire à la section de la carotide lors de la saignée (piquetage et aillotage).

Chez les chevaux de course il existe des hémorragies induites par l’exercice entrainant des épistaxis.
Cette lésion est de pathogénie controversée (rôles possibles de la paralysie du larynx, de
bronchiolites et de l’augmentation des pressions vasculaire et alvéolaire au cours de l’exercice). Cette
lésion est rarement fatale. L’examen post-mortem de chevaux ayant eu des épisodes d’hémorragies
induites par l’exercice montre de larges zones colorées en brun souvent dans les lobes caudaux. A
l’histologie on observe des hémorragies alvéolaires avec de nombreux macrophages renfermant de
l’hémosidérine et une fibrose interstitielle modérée.

2/. Œdème

L’œdème est une lésion pulmonaire importante.


Dans un poumon normal le liquide provenant des vaisseaux passe doucement mais continuellement
dans le tissu interstitiel où il est rapidement drainé par les vaisseaux lymphatiques pulmonaires et
pleuraux et par l’épithélium alvéolaire. L’œdème se développe quand le taux de transsudation
excède la possibilité de drainage.

 Œdèmes non inflammatoires

Ils sont de 3 types selon leur cause :


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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

1. augmentation de la pression hydrostatique


2. baisse de la pression oncotique
3. obstruction lymphatique

(1) L’augmentation de la pression hydrostatique est à l’origine d’une dissociation des cellules
endothéliales entraînant le passage de liquide dans le tissu interstitiel puis dans la lumière
alvéolaire.
Exemples :
- l’œdème dû à une insuffisance cardiaque gauche.
- la perfusion excessive entraînant une hypervolémie.
- tumeur comprimant les vaisseaux diminuant ainsi le retour veineux…

(2) La baisse de la pression oncotique est due le plus souvent à une hypoalbuminémie.
Exemples :
- syndrome néphrotique entraînant une fuite de protéines.
- hépatopathie chronique à l’origine d’un défaut de production de protéines.
- entéropathie avec perte de protéines…

(3) L’obstruction lymphatique est le plus souvent secondaire à la présence d’emboles tumoraux.

 Œdèmes par augmentation de la perméabilité (œdèmes inflammatoires)


Suite à des lésions épithéliales (pneumocytes de type I) et/ou vasculaires (endothélium), la
perméabilité de la barrière air-sang est augmentée. C’est le premier temps de la réponse
inflammatoire. Ces lésions de la barrière air-sang peuvent être provoquées par :
- des gaz irritants, tels le chlore, l’H2S ….
- des toxiques tels que 3 méthyl-indole
- des toxines, telles les endotoxines bactériennes
- des virus pneumotropes (influenza……)
- des chocs anaphylactiques
- des CIVD
- des radicaux libres

La concentration en protéine dans le liquide d’œdème est plus grande dans les œdèmes non
cardiogéniques (exsudat) que dans les œdèmes cardiogéniques (transsudat).

Suivant la vitesse d’installation et la durée d’évolution on distingue des œdèmes aigus et des
œdèmes chroniques :

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

 Les œdèmes aigus :

Les OAP (Œdème Aigu du Poumon) (photo 42) sont rares et se traduisent par la présence d’un liquide
spumeux souvent rosé abondant retrouvé jusque dans les cavités nasales. Ils sont à l’origine d’une
dyspnée sévère chez l’animal atteint. Macroscopiquement, la taille et la consistance sont
augmentées de manière diffuse et modérée (il y a du liquide spumeux à la place de l’air), la couleur
est plus foncée (due à la vasodilatation). Les cloisons interlobulaires sont dilatées. On les observe
lors d’une insuffisance cardiaque brutale ou de choc anaphylactique, mais cela reste relativement
rare.
A l’histologie, ils se caractérisent par une
congestion et par la présence de liquide dans les 42
alvéoles et le tissu interstitiel. Le liquide présent Coupe transversale de
dans les alvéoles est plus ou moins éosinophile poumon montrant la
selon la quantité de protéines qu’il contient. La distension marquée
quantité de protéine est liée au mode de formation des cloisons
de l’œdème. Les œdèmes par augmentation de interlobulaires par de
perméabilité de la barrière air-sang sont plus riches l’œdème
en protéines que les œdèmes par trouble
hémodynamique.

Les capillaires sont dilatés. Il y a du liquide dans la


lumière des alvéoles associé à des bulles d’air.

41 42
Macroscopiquement,

la taille et la
consistance sont
augmentées de
manière diffuse et
modérée (il y a du
liquide à la place de
l’air), la couleur est pl
us foncée (due à la
vasodilatation).
Les cloisons
interlobulaires sont
dilatées.

!Attention ! : lors d’une euthanasie, le cœur s’arrête de battre progressivement et le retour veineux
diminue, entraînant une hypertension au niveau pulmonaire. Celle-ci provoque souvent une
congestion et un œdème agonique, même si la mort est rapide. Les lésions observées seront très
voisines de celles d’un OAP. La différence se fait essentiellement par connaissance des circonstances

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

de la mort. En effet l’œdème aigu du poumon entraine des troubles respiratoires majeurs avec
dyspnée et présence de liquide spumeux au niveau des narines. Si ces signes sont absents, on peut
conclure à un œdème agonique.
Ces œdèmes agoniques sont fréquents. En salle d’autopsie dans plus de 90 % des cas, l’œdème
observé est un œdème agonique.

43 44
Œdème pulmonaire
(mouton). Présence
d'un abondant liquide
spumeux dans la
trachée.

Liquide spumeux d’œdème


agonique d’origine pulmonaire
dans la lumière de la trachée.

Lors d’une mort subite, une cause possible (mais peu fréquente) est un œdème aigu du poumon.
Des lésions cardiaques peuvent en expliquer l’origine. En l’absence de lésions cardiaques, l’œdème
aigu peut être d’origine allergique c’est-à-dire consécutif à un choc anaphylactique. Le diagnostic
différentiel avec un œdème agonique sera alors difficile voire impossible si l’animal a été retrouvé
mort et que la période agonique n’a pas été observée.

 Les œdèmes chroniques :

A l’histologie, il se caractérise par une vasodilatation, la présence de liquide d’œdème, d’hématies


et de macrophages pigmentés par de l’hémosidérine dans la lumière alvéolaire et par une fibrose
septale.
L’œdème chronique peut être provoqué par un mauvais retour veineux au cœur, une compression,
un mauvais fonctionnement cardiaque. Lors d’une insuffisance cardiaque gauche progressive, une
congestion chronique s’installe. Elle entraîne le passage d’hématies hors des vaisseaux, on parle
d’érythrodiapédèse. Les globules rouges sont ensuite phagocytés (= érythrophagocytose). Il y a
dégradation de l’hémoglobine en hémosidérine. Elle est caractéristique d’un œdème chronique :
couleur brune.

Aspect histologique d’un œdème chronique d’un poumon de chien. Les vaisseaux sont dilatés ainsi
que les capillaires de l’hématose.
Les macrophages sont nombreux et pigmentés (marrons), du fait de la présence d’hémosidérine.
L’hémosidérine peut être mis en évidence par la coloration de Perls.
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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

45

La couleur brune de certaines


zones est due à
l’hémosidérine. La consistance
est plus ferme à cause de la
fibrose. La taille est augmentée.
Le liquide qui s’écoule, suite à
une section, est moins spumeux
que lors d’un œdème aigu.

46

3/. L’embolie pulmonaire

Les embolies les plus fréquentes chez les animaux domestiques sont les thromboembolies, les
emboles septiques et les emboles tumoraux.

 Les thromboembolies pulmonaires surviennent à partir d’un thrombus présent n'importe où


dans la circulation veineuse.

Thrombophlébite 47
pulmonaire.
Thrombus de
47
grande taille dans la Thromboembolie
veine jugulaire pulmonaire.
Présence d'un
thrombus (flèche)
dans l'artère
pulmonaire

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

Les fragments libérés atteignent inévitablement les poumons et sont séquestrés dans les vaisseaux
pulmonaires. Des petits emboles stériles ont généralement peu de conséquences cliniques car ils sont
dégradés par le système fibrinolytique.

Chez le chien, des parasites tels que Dirofilaria immitis et Angiostrongylus vasorum, des
endocrinopathies telles que l’hyperadrénocorticisme et l’hypothyroïdie, des glomérulopathies et des
états d’hypercoagulabilité peuvent être à l’origine de thrombose de l’artère pulmonaire et de
thromboembolie.
Des thromboembolies pulmonaires peuvent survenir chez des chevaux après une anesthésie
prolongée, chez des vaches couchées ou chez tout animal avec un cathéter restant en place
longtemps.

 Des emboles septiques, des fragments de thrombus contaminé par des bactéries ou des
champignons détachés de lésions cardiaques (valvulaires ou murales) peuvent s’arrêter dans la
circulation pulmonaire. Ces emboles proviennent le plus souvent d’endocardite bactérienne (à
droite), de thrombophlébites jugulaires (dans toutes les espèces), d’abcès hépatique qui ont
déchargé leur contenu dans la veine cave (chez les bovins), d’arthrite septique ou
d’omphalophlébites (animaux de rente).
Remarque : Des emboles hépatiques formés de fragment de parenchyme peuvent parfois s’observer
dans les vaisseaux pulmonaires après des traumatismes abdominaux avec rupture hépatique.

 Les emboles tumoraux peuvent être nombreux et être


la cause de la mort de l’animal. Exemples :
- Ostéosarcome et hémangiosarcome chez le chien
- Carcinome utérin chez les bovins

Schéma résumant les différentes origines d’une embolie


pulmonaire.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

4/.
E) Infarctus et infarcissement
INFARCTUS ET INFARCI SSEMENT

48

49
Un infarcissement survient dans un territoire
quand le sang artériel continue à arriver et que
le retour veineux n’est plus possible (veines
collabées). Dans les poumons cette lésion
s’observera lors de torsion d ’un lobe (photo ci -
contre, chez un chien).

F)5/. Pattern
P ATTERN
de laDEréponse
LA REPONSE DU PARENCHYME
du parenchyme PULMON
pulmonaire AIRE AUX
aux agressions
AGRESSIONS PULMONAIR ES

A cause de la double vascularisation (pulmonaire et bronchique), les infarctus sont rares et souvent
asymptomatiques. Les infarctus sont rouges (photo ci-contre, chez un chat) car la vascularisation
n’est pas terminale, contrairement au rein.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

Rappel histologique sur la structure des bronches intrapulmonaires et des bronchioles :

 Bronches intrapulmonaires :
La structure est voisine de celles des bronches 50
extrapulmonaires, mais les différentes couches sont plus
minces. La sous muqueuse renferme des fibres
musculaires lisses et une charpente cartilagineuse sous
forme d’anneau discontinu. Enfin, l’adventice renferme
des formations lymphoïdes.

Bronche.
E : épithélium pseudostratifié cilié avec cellules
caliciformes

LP : lamina propria
Mu : muscle lisse
C : cartilage
 Bronchioles :
L’épithélium devient simple (unistratifié), cubique, cilié. Il y a perte des cellules caliciformes et
disparition progressive des cils et apparition d’un nouveau type de cellules : les cellules de Clara.
Le chorion et la sous muqueuse sont peu abondants. Ils renfermant le muscle de Reissessen. Il s’agit
d’un muscle lisse. Il n’y a plus de cartilage ni de glandes séro-muqueuses au niveau des bronchioles.
Les fibres élastiques se raréfient.
L’adventice est mince et sans formation lymphoïde.

Pattern de la réponse aux agressions :

 Bronches :
Le pattern de nécrose, inflammation et réparation dans les bronches est identique à celui décrit dans
les cavités nasales. En bref, des lésions des cellules ciliées entrainent la dégénérescence, le
détachement et l’exfoliation des cellules nécrosée. Dans les circonstances normales, l’exfoliation est
suivie par une inflammation, des mitoses, la prolifération et la différenciation cellulaire et finalement
la réparation.

Suivant le type d’exsudat, la bronchite peut être catarrhale, purulente, fibrineuse, fibrino-
nécrotique et parfois granulomateuse.
Quand la lésion devient chronique, la production de mucus augmente via l’hyperplasie des cellules
caliciformes. Cette hypersécrétion de mucus peut parfois entrainer des bronchites obstructives
chroniques et secondairement de l’emphysème ou une bronchiectasie.
Des irritations chroniques des bronches causent également une métaplasie malpighienne de
l’épithélium bronchique (perte de fonction de l’appareil muco-ciliaire). Une hyperplasie des glandes
bronchiques survient fréquemment dans les bronchites chroniques.
Les bronchiectasies sont des séquelles importantes des bronchites chroniques. Il s’agit d’une
dilatation permanente des bronches avec rupture de la paroi et accumulation d’exsudat.
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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

Représentation schématique d'une bronchiectasie :

Bronche normale Bronchiectasie : la bronche affectée est dilatée, a perdu les


projections de la muqueuse dans la lumière. On note une
infiltration par des polynucléaires, la perte de la muqueuse et
la destruction de la paroi bronchique avec fibrose et
dégénérescence des glandes bronchiques et du cartilage.

Bronchiectasie sévère secondaire à une bronchopneumonie chronique poumon droit de veau :

51 51

La bronche supportant la partie ventrale La bronche dilatée renferme un


du lobe crânial droit est bosselée. Le exsudat suppuré
parenchyme environnant est
atélectasié.
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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

Bronchioles :

L’épithélium bordant les bronchioles est très sensible aux agressions causées par certains virus (para
influenza-3, adénovirus, virus respiratoire syncytial, morbillivirus de la maladie de Carré), des gaz
irritants (NO2, SO2, O3) et des substances toxiques (3 méthyl-indole).

• Réparation dans les lésions bronchiolaires aiguës modérées :


Quand les lésions deviennent irréversibles, les cellules bronchiolaires ciliées dégénèrent et
s’exfolient dans la lumière avec mise à nu de la membrane basale. La réparation est identique à celle
des épithéliums des cavités nasales et de la trachée mais elle est moins efficace. Des macrophages
sont recrutés pour phagocyter l’exsudat et les débris cellulaires, préparant ainsi la membrane basale
à être colonisée par des cellules indifférenciées qui redonneront en quelques jours un épithélium
bronchiolaire cilié normal.

• Réparation dans les lésions bronchiolaires aiguës sévères : Dans les lésions sévères,
telles que celles provoquées par des pneumonies par
aspiration, l’exsudat ne peut être enlevé de la membrane
basale, et il devient infiltré par des fibroblastes qui forment
des petites masses de tissu fibrovasculaire bien organisé, qui
peuvent secondairement être recouvertes de cellules ciliées.
Cette lésion est appelée bronchiolite oblitérante.

Schéma illustrant l’organisation de l’exsudat formé par du tissu


conjonctif, des macrophages, des lymphocytes et des
neutrophiles, surmonté par un épithélium cilié.

52
Bronchiolite oblitérante : inflammation chronique dans la
paroi bronch iolaire entrainant la formation d’un tissu de
granulation faisant protrusion dans la lumière.

• Réparation dans les lésions bronchiolaires chroniques :


Si la lésion est modérée mais persistante, les cellules caliciformes, normalement absentes du
revêtement bronchiolaire, prolifèrent à partir des cellules basales (métaplasie caliciforme). Les
propriétés physico-chimiques des sécrétions bronchiolaires sont modifiées (sécrétion séreuse des
cellules de Clara → sécrétion muqueuse des cellules caliciformes). Elles ne peuvent plus être
éliminées par les cils et s’accumulent dans les voies distales. Dans ces conditions la toux est
nécessaire à l’élimination du mucus. De l’emphysème et de l’atélectasie pulmonaire sont des
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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

séquelles de la métaplasie et de l’obstruction partielle des voies respiratoires. L’hyperplasie du BALT


est également fréquente dans les bronchiolites chroniques.
Ces lésions sont observées dans la maladie obstructive des petites voies respiratoires chez le cheval
(COPD= chronique obstructive pulmonary disease) (cf schéma). C’est un syndrome ressemblant à
de l’asthme, décrit chez les chevaux et les poneys, caractérisé par de la détresse respiratoire et de la
toux chronique. La pathogénie n’est pas élucidée mais on incrimine à la fois des prédispositions
génétiques [prédominance de la voie TH2 (allergique)] et la sensibilité des voies aérophores aux
allergènes environnementaux.

53
COPD chez un cheval : la bronchiole est remplie
de mucus mêlé à des débris cellulaires et des
neutrophiles.

L’asthme félin aussi connu comme bronchite allergique féline est un syndrome clinique atteignant
les chats de tout âge et caractérisé par des épisodes récidivants de broncho constriction, de toux ou
de dyspnée. La pathogénie incrimine une hypersensibilité de type I à des allergènes inhalés. Cette
pathologie est rarement la cause de mortalité. Une éosinophilie est parfois observée.

Schéma d’une bronchiole normale (en haut) et d’une


bronchiole avec métaplasie caliciforme (en bas)

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Schéma du pattern des réponses des bronches et des bronchioles aux agressions :

Alvéoles :

Les pneumocytes de type I sont particulièrement sensibles aux agents pathogènes qui atteignent la
région alvéolaire par voie aérogène ou hématogène. Quand les lésions deviennent irréversibles, les
pneumocytes de type I se détachent, laissant à nu la membrane basale et augmentant ainsi la
perméabilité alvéolaire. La réparation alvéolaire est possible si la membrane basale reste intacte et
les lésions non compliquées.
Dans les 3 jours les pneumocytes de type II qui sont des précurseurs plus résistants aux
agressions, présentent des mitoses et produisent un pool important de nouvelles cellules
indifférenciées. Ces nouvelles cellules recouvrent la membrane basale et se différencient en
pneumocytes de type I. Quand la lésion alvéolaire est diffuse, la prolifération des pneumocytes de
type II devient si importante que les alvéoles ressemblent à une glande ou à un poumon fœtal. Cette
lésion est appelée épithélialisation ou foetalisation. Bien que ce phénomène (hyperplasie des
pneumocytes de type II) fasse partie de la réparation alvéolaire normale, il peut interférer avec les
échanges gazeux et entrainer une hypoxie. Dans les cas non compliqués, les pneumocytes de type II
peuvent se différencier en pneumocytes de type I et entrainer une restitution ad integrum.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

Les pneumocytes de type I sont une des trois composants de la barrière air-sang, aussi quand ces
cellules sont lésées, il y a augmentation de la perméabilité et passage transitoire dans la lumière
alvéolaire, de plasma, de protéines et de fibrine. Normalement ces fluides sont rapidement éliminés
par drainage lymphatique et alvéolaire, et les pneumocytes nécrotiques et la fibrine, phagocytés par
les macrophages alvéolaires. Quand les lésions sont persistantes et sévères, les fibroblastes et les
myofibroblastes peuvent proliférer dans la paroi alvéolaire (interstitium alvéolaire) provoquant une
fibrose interalvéolaire, alors que dans d’autres formes de lésions sévères, les fibroblastes et les
myofibroblastes migrent activement dans la lumière alvéolaire et provoquent une fibrose
intralavéolaire.

Hyperplasie des pneumocytes de type II :

54 54

Lésion alvéolaire aiguë chez un bovin Lésion alvéolaire chronique lors d’une pneumonie
par aspiration d’huile. Noter la interstitielle chez le cheval. La membrane alvéolaire
prolifération des pneumocytes de est totalement tapissée de pneumocytes de type II
type II (flèches). cubiques (tête de flèche). L’interstitium est épaissi
par des cellules inflammatoires et la lumière
alvéolaire renferme des débris cellulaires mélangé à
des leucocytes.

Les cellules endothéliales jouent un rôle majeur dans le fonctionnement normal et anormal de
l’alvéole. La jonction entre les cellules endothéliales n’est pas aussi jointive qu’entre les pneumocytes
et permet le mouvement de fluide et de protéines de faible poids moléculaire dans l’interstitium
alvéolaire. Les cellules endothéliales ont un contact étroit avec les hématies et les leucocytes puisque
le diamètre des capillaires (5μ) alvéolaires est légèrement plus petit que le diamètre des hématies et
des leucocytes. Les hématies sont facilement déformables et leur temps de transit est plus court que
celui des leucocytes qui sont des cellules moins déformables. Ce temps de transit élevé des
leucocytes et leur contact étroit avec les cellules endothéliales a un impact majeur dans
l’inflammation pulmonaire et le syndrome de détresse respiratoire aigu (ARDS= acute respiratory
distress disease).

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

6/. Les lésions inflammatoire des poumons = pneumonies

Les pneumonies des animaux domestiques peuvent être classées en 4 catégories suivant la
distribution des lésions, la consistance, la couleur et la morphologie :
1. bronchopneumonies
2. pneumonies interstitielles
3. pneumonies emboliques
4. pneumonies granulomateuses

Tableau résumant la morphologie des différents types de pneumonie :

Type de pneumonie Porte Distribution Consistance Exsudat visible Exemple de


d’entrée des lésions du poumon macroscopiquement maladie
Bronchopneumonie aérogène crânioventrale ferme Exsudat purulent Complication
suppurée dans les bronches maladie de
Carré
Bronchopneumonie aérogène crânioventrale dure Fibrine dans poumon Mannhémiose
fibrineuse et plèvres
Pneumonie aérogène ou diffuse Elastique Non visible (présent Influenza
interstitielle hématogène avec dans les septa Alvéolite
empreinte alvéolaires) allergique
des côtes extrinsèque
Pneumonie hématogène multifocal nodulaire Purulent entouré par Endocardite
embolique 1 liseré Rupture d’un
hémorragique abcès
hépatique
Pneumonie aérogène ou multifocal nodulaire Pyogranulomateux Tuberculose
granulomateuse hématogène Caséeux
Nécrotique parfois
calcifiés

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

Schéma de répartition des lésions dans les pneumonies et dans quelques


autres pathologies pulmonaires:

Nous allons maintenant les étudier une par une.

6.1/. Les bronchopneumonies

Les bronchopneumonies sont des pneumonies exsudatives débutant primitivement au niveau des
bronchioles et s’étendant aux bronches et aux alvéoles. C’est le type le plus fréquent chez les
animaux domestiques. Les lésions sont localisées aux parties crânio-ventrales du poumon, sauf
exception. Elles peuvent s’étendre aux parties ventrales des autres lobes.
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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

Les broncho-pneumonies sont arbitrairement subdivisées en suppurée ou fibrineuse suivant la


prédominance de polynucléaires neutrophiles ou de fibrine dans l’exsudat.

L’étiologie principale est bactérienne :


• pour les broncho-pneumonies suppurées :
Pasteurella multocida, Bordetella bronchiseptica, Arcanobacterium pyogenes, Streptococcus spp,
Escherichia coli…
• pour les broncho-pneumonies fibrineuses :
Mannheimia haemolytica, (anciennement Pasteurella) chez les bovins, Actinobacillus
pleuropneumoniae chez les porcins, Histophilus somni chez les bovins.

Une autre étiologie peut être les Mycoplasmes.


Des bronchopneumonies peuvent également être consécutives à des fausses déglutitions (broncho
aspiration de nourriture ou de contenu gastrique).
Bacillus anthracis peut entrainer des bronchopneumonies hémorragiques fulminantes. Bien que
l’anthrax soit le plus souvent une septicémie, il doit être suspecté sur un animal présentant une
pneumonie fibrino-hémorragique aiguë sévère associée à une splénomégalie et des hémorragies
multiples.
La porte d’entrée est la voie aérogène.

On distingue les bronchopneumonies suppurées et fibrineuses :

6.1.1/. Bronchopneumonies suppurées

Une bronchopneumonie suppurée est caractérisée par une consolidation cranioventrale des
poumons avec un exsudat purulent ou mucopurulent dans les voies aérophores. Il s’agit souvent
d’une complication de la maladie de Carré, [due à un morbillivirus (la famille des Paramyxoviridae)].
La baisse des moyens de défense due à l’infection virale facilite une surinfection bactérienne (le plus
souvent Bordetella bronchiseptica).

Les différentes phases des bronchopneumonies suppurées peuvent être résumées comme suit :
 Dans les 12 premières heures quand les bactéries se multiplient, le poumon devient
hyperhémique et oedémateux.

 Après pendant 48h : diapédèse des 55


neutrophiles avec consolidation des poumons
Les lésions sont crânio-ventrales, très rouges.
Initialement, il y a beaucoup de congestion. La
consistance est augmentée car la lumière des
alvéoles renferme des PNN et un peu de fibrine.
Un fragment ne flottera pas quand il sera
immergé dans un liquide comme l’eau ou le
formol. La consistance de ce poumon ressemble
à celle du foie. On parlait d’«hépatisation du
poumon».

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 3 à 5 jours plus tard, la congestion


diminue mais les bronches, 56
les bronchioles et les alvéoles
renferment encore un grand nombre de
neutrophiles. Le poumon devient gris
rose et un exsudat purulent est présent
dans les bronches.

Il y a un début de suppuration. La congestion est


encore présente mais plus faible, d’où une
couleur rouge moins foncé. Plus les lésions
évolueront, plus elles deviendront claires,
presque grises. En revanche, l’exsudation
neutrophilique est plus importante.

 Dans les conditions favorables, le phénomène inflammatoire régresse. Cette phase est
appelée résolution. Elle prend 1 à 2 semaines.

 Chez les animaux pour lesquels l’infection n’est pas rapidement résolue, les lésions
deviennent chroniques. 7 à 10 jours après l’infection, les poumons deviennent gris pâle avec
un aspect en « chair de poisson ». Cet aspect est la conséquence de l’inflammation suppurée
et catarrhale, de l’atélectasie par obstruction, de l’hyperplasie lymphoïde et de la fibrose
alvéolaire débutante.

La résolution complète est inhabituelle dans les bronchopneumonies chroniques. Le plus souvent on
observe de la fibrose (pulmonaire et pleurale), des bronchiectasies et des abcès.

Remarque : L’estimation de la consistance d’un poumon en salle d’autopsie est subjective. Pour aider
à cette estimation, on considère de façon classique que la consistance normale d’un poumon est celle
du creux de la joue. Une consistance un peu plus ferme correspond à celle du bout du nez. Enfin, une
consistance très ferme correspond à celle du front.

Histologiquement, on définit différentes phases au


niveau des alvéoles. Elles suivent les phases de 57
l’inflammation :

1. alvéolite congestive et oedémateuse


correspondant à la phase vasculaire de
l’inflammation.

On observe une dilatation des capillaires de


l’hématose et un œdème inflammatoire (substance
éosinophile homogène).

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2. alvéolite fibrino-leucocytaire correspondant à la phase cellulaire de l’inflammation


- si les PN sont prédominants, on parle de broncho-pneumonie suppurée
- si la fibrine est prédominante, on parle de broncho-pneumonie fibrineuse

58
Alvéolite leucocytaire

Sur une lame, il y a souvent association des 2 types d’alvéolite (œdémateuse et fibrino-leucocytaire).
En effet, l’agent pathogène diffuse de manière centrifuge à partir de la lésion initiale. La lésion la plus
évoluée se situe au niveau de la bronchiole, point de départ de l’inflammation.

59
Bronchopneumonie suppurée (chez un porc) : la
bronchiole au centre renferme un exsudat purulent.

Schéma montrant une bronchiolite aiguë . Les


polynucléaires neutrophiles traversent les
capillaires de la sous -muqueuse et migrent à
travers la paroi dans la lumiè
re de la bronchiole
.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

6.1.2/. Bronchopneumonies fibrineuse

La caractéristique de ces bronchopneumonies est la


prédominance de la fibrine dans l’exsudat.
Plus fréquente chez les bovins, comme dans les infections par 61
Mannhemia haemolytica, la bronchopneumonie fibrineuse se
caractérise par un épaississement marqué des cloisons interlobulaires.
La consistance est très ferme car la fibrine est abondante. Les lésions
sont hétérogènes selon les lésions associées, c’est -à-dire de la nécrose,
des hémorragies ou de la congestion.

62

Microscopie optique de
bronchopneumonie fibrino-nécrotique
(Mannhémiose) chez un bovin. On observe
deux lobules pulmonaires séparés par des
cloisons interlobulaires hypertrophiées
par de l’oedème, un dépôt de fibrine , une
congestion marquée des vaisseaux et des
lymphatiques (dans lesquels on observe
des thrombi fibrineux).

Au niveau histologique on observe des lésions d’alvéolite


fibrineuse (photo ci-contre: fibrine) et des cellules 63
inflammatoires, surtout des polynucléaires neutrophiles
(PNN) associées à des colonies bactériennes. Les noyaux des
PNN ne sont pas polylobés mais allongés et plus ou moins
parallèles les uns aux autres. On parle de cellules « en grains
d’avoine » (photo 64) ou de «oat cells». Cette modification
de forme est due à une toxine de Mannheimia haemolytica
qui modifie la morphologie cellulaire. (Voir aussi photo 64)

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Ces broncho-pneumonies sont


souvent associées à des lésions de pleurésie par
extension. On observe des placards jaunes,
60
essentiellement constitués de fibrine (notée * sur
la photo), pouvant se détacher de la surface de la
plèvre viscérale. On parle alors également de
pleuropneumonie.

Evolution des broncho-pneumonies :

 la résolution, lors de broncho-pneumonie suppurée, si l’agent étiologique est peu


agressif ou si le traitement est approprié.

 la suppuration se traduira par la présence d’abcès ou de bronchiectasie. Lors d’une


bronchiectasie, les PNN s’accumulent en grand nombre dans la lumière bronchique. Leurs
enzymes détruisent la paroi des bronches ce qui provoque une accumulation de pus et
une dilatation localisée de la bronche. Souvent la différence entre une bronchiectasie et
un abcès ne peut se faire que par l’histologie (présence de fragments de paroi bronchique
dans les bronchiectasies).

 la fibrose, fréquente lors de bronchopneumonies fibrineuses. La fibrine est trop


abondante par rapport à la quantité de macrophages pouvant la phagocyter. On a donc
une organisation conjonctive avec fibrose intra-alvéolaire.

 la mort. Elle ne survient pas le plus souvent par insuffisance respiratoire (les lésions,
localisées en partie crânio-ventrale, laissent suffisamment de poumon fonctionnel pour
que la respiration reste correcte) mais souvent par choc toxémique. Cela dépend de
l’agent étiologique :
les bactéries Gram - sont plus fréquemment responsables de choc.

6.2/. Pneumonies interstitielles

Ce sont des pneumonies dans lesquelles la lésion primitive est localisée dans une des trois couches
de la paroi alvéolaire : l’endothélium, la membrane basale, l’épithélium alvéolaire (en général les
pneumocytes de type I).
Ce type de pneumonie est difficile à diagnostiquer à l’examen nécropsique et nécessite une
confirmation histologique. Tout le poumon est atteint. Il est globalement hypertrophié et présente
parfois l’empreinte des côtes.
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 Portes d’entrée :
Il y a deux voies d’entrée possibles :

 la voie aérogène :
- inhalation de gaz toxiques, de fumées
- infection par des virus pneumotropes (influenza virus, IBR…)

 la voie hématogène :
- lésions de l’endothélium vasculaire
- les CIVD
- toxines absorbées par le tractus digestif
- métabolites toxiques générés par le poumon (exemple : 3-méthyl-indole, paraquat = pesticide)
transformé en métabolite encore plus toxique par les cellules de Clara
- infection par des virus endothéliotropes (adénovirus canin, virus de la peste porcine classique…)

 Pathogénie :
Les pneumonies interstitielles sont subdivisées en aiguë et chronique.

 Pneumonies interstitielles aiguës :

Les pneumonies interstitielles aiguës débutent par des lésions soit des pneumocytes de type I, soit
des cellules endothéliales. Cela entraîne la rupture de la barrière air-sang, puis l’exsudation des
protéines plasmatiques dans la lumière alvéolaire et dans la paroi interalvéolaire. C’est la phase
exsudative de la pneumonie interstitielle aiguë. Elle dure quelques jours.

Parfois, les lésions sont associées à des membranes 66


hyalines. Il s’agit de membranes éosinophiles
plaquées contre les parois alvéolaires. Elles sont
composées d’amas de protéines plasmatiques, de
débris de pneumocytes I plus ou moins dégénérés et
de surfactant. Leur nom provient de leur aspect
histologique (éosinophile, amorphe et homogène).

En plus de l’exsudation intra-alvéolaire, il y a un


œdème et la présence de neutrophiles dans la paroi
alvéolaire, ce qui entraine un épaississement de la
paroi alvéolaire.

Puis quelques jours plus tard se met en place la phase proliférative caractérisée par une hyperplasie
des pneumocytes de type II. Leur multiplication permet de remplacer les pneumocytes de type I lésés.
L’épithélium pavimenteux, devient cubique. La paroi alvéolaire s’épaissit. Cette lésion explique
l’augmentation modérée de consistance (caoutchouc).

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

Les pneumonies interstitielles aiguës présentent donc 2 phases successives dans le temps : une phase
exsudative puis une phase proliférative. Ces pneumonies sont fréquentes mais souvent modérées et
transitoires. Dans les formes sévères, l’animal peut mourir d’une insuffisance respiratoire secondaire
à des lésions alvéolaires diffuses (exemple : œdème et emphysème pulmonaire bovin ou emphysème
des regains cf ci-dessous).
65
Aspect macroscopique : La consistance est simplement
augmentée, le poumon a une texture caoutchouteuse. La
consistance est cependant moins ferme que celle d’une
broncho-pneumonie. Un fragment de ce poumon flottera
ou flottera entre 2 eaux, dans le cas de la forme exsudative
aiguë. En tout cas, il ne coulera pas complètement comme
lors d’une bronchopneumonie.
Cette lésion est difficile à mettre en évidence
macroscopiquement, surtout sans renseignement clinique
ou suspicion. Elle nécessite une confirmation histologique.

 Pneumonies interstitielles chroniques :

Elles se développent quand l’agent pathogène est persistant. Le passage au stade chronique est
caractérisé par :
- une fibrose des parois interalvéolaires (avec ou sans fibrose intra-alvéolaire)
- une accumulation de cellules inflammatoires mononucléées dans l’interstitium
- la persistance de l’hyperplasie des pneumocytes de type II

Ces 3 modifications entrainent un épaississement marqué 68


de la paroi alvéolaire et les échanges gazeux deviennent
difficiles.

Il y a souvent une hyperplasie des muscles lisses des


vaisseaux et des voies aérophores, ainsi qu’une
hyperplasie du BALT. Voir aussi photo 69B sur Vetotice et
70.

69
L’hyperplasie des pneumocytes II est bien
marquée ce qui rend l’ épithélium cubique bien
visible. Des infiltrats de cellules inflammatoires
mononucléées et du tissu fibreux sont présents
dans les septa. La barrière air/sang est épaissie et
les échanges gazeux se font mal.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

Exemples :
- pneumonie progressive ovine due au virus de Visna/Maedi.
- CAEV (Caprine Arthritis Encephalitis Virus) chez la chèvre. - pneumonies par hypersensibilité chez
les bovins.
- migration pulmonaire massive de larves d’ascaris chez le porc.

6.3/. Pneumonies emboliques

Les pneumonies emboliques regroupent l’ensemble des pneumonies suppurées d’origine


hématogène. La réponse inflammatoire sera centrée sur les artérioles pulmonaires et les capillaires
alvéolaires.
Le poumon, avec le rein, est un organe filtre pour les particules circulantes. La majorité des particules
filtrées est éliminée par phagocytose grâce aux macrophages intravasculaires. Cependant certaines
bactéries peuvent s’arrêter au niveau du poumon :
- soit par adhésion à l’endothélium par des protéines spécifiques
- soit grâce à la formation de thrombi infectés par adhésion à la fibrine intravasculaire
Une fois arrêtées dans les vaisseaux pulmonaires, en général les petites artérioles ou les capillaires
alvéolaires, les bactéries détruisent l’endothélium et la membrane basale et diffusent dans
l’interstitium.
Les pneumonies emboliques sont caractérisées par des lésions multifocales réparties de façon
aléatoire dans tous les lobes pulmonaires (photos 71 et 72). Les lésions précoces sont de petite taille
(1 à 10 mm), blanches entourées d’un halo hémorragique ou congestif. Sauf si les emboles bactériens
sont massifs, les pneumonies emboliques sont rarement fatales. Les lésions aiguës sont donc assez
rarement observées en autopsie. Le plus souvent les lésions évoluent en abcès pulmonaires. Ils sont
répartis de façon aléatoire et non localisés uniquement en zone cranioventrale comme dans les
bronchopneumonies suppurées.

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71 Pneumonie embolique chez un chiot de 6


semaines, due à Pseudomonas aeruginosa
provenant d'une entérite nécrosante.

72
Pneumonie embolique sur un poumon de
cheval. De petits abcès et des plages de
suppuration, entourées par une zon e
d’inflammation aiguë s’observent si le
germe est très pathogène.

Les lésions histologiques précoces sont toujours focales ou multifocales (voir photo 73).

Les causes les plus fréquentes sont :


1. la rupture d’abcès hépatique avec passage de bactéries dans la veine cave caudale chez les bovins.
Elles transitent ainsi par le cœur droit et gagnent le poumon où elles s’arrêtent au niveau des
artérioles ou des capillaires
2. les omphalophlébites chez les animaux de rente
3. les infections bactériennes chroniques de la peau ou des sabots
4. un cathéter jugulaire infecté dans toutes les espèces, avec passage de germes dans la veine cave
crâniale
5. les endocardites murales ou valvulaires du cœur droit
6. les thromboses veineuses profondes
L’étiologie est essentiellement bactérienne : Arcanobacterium pyogenes, Fusobacterium
necrophorum, Erysipelothrix rhusiopathiae, Staphylococcus aureus, Streptococcus equi,
Streptococcus spp…
Les lésions sont de type suppurées, multifocales dans tous les lobes pulmonaires. Leurs gravités
varient avec la pathogénicité de la souche bactérienne en cause.

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6.4/. Pneumonies granulomateuses

Les pneumonies granulomateuses sont un type particulier de pneumonies causées par des micro-
organismes ou des particules qui ne peuvent être éliminés par phagocytose. Deux portes d’entrée :
la voie aérogène et la voie hématogène.

L’étiologie est multiple :


 bactéries : notamment les Mycobactéries (photo ci-dessous : tuberculoses)

74 75

 champignons : Cryptococcus chez le chat (photo


ci-contre), Aspergillus dans les autres espèces … 78

77
 parasites : Fasciola hepatica (peu fréquent),
strongles pulmonaires (Dictyocaulus,
Angiostrongylus…) (photo ci-contre : strongles)

 corps étrangers

La caractéristique principale est la formation de granulomes centrés sur un corps étranger, une
mycobactérie, ou tout autre agent causal. Ils peuvent être associés ou non à de la nécrose. Quand on
a au centre du granulome des polynucléaires neutrophiles plus ou moins dégénérés, on parle de
pyogranulome.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

Autour de l’agent causal, la cellule caractéristique est le macrophage. Il


peut donner des cellules épithélioïdes ou fusionner avec d’autres
macrophages pour donner des cellules géantes de type de Langhans (Ces
cellules se reconnaissent à leurs noyaux en fer à cheval, situés en
périphérie de la cellule, voir photo ci-contre) ou des cellules géantes à
corps étranger (noyaux répartis de façon aléatoire dans le cytoplasme).
Les cellules de Langhans sont caractéristiques de la tuberculose mais non
pathognomoniques.
Autour se développe une couronne de lymphocytes et plasmocytes. Si le granulome est encore plus
ancien, une capsule de tissu fibreux se met en place.

76
Les lésions nodulaires , centrées sur de la
nécrose de caséification (caractéristique de la
tuberculose), renferme nt des restes de noyaux.
Cette nécrose est bordée d’une couronne de
macrophages parfois épithélioïdes mêlés à d es
lymphocytes et des plasmocytes.

6.5/. Exemples de pneumonies

6.5.1/. Rhodococcose equine

Rhodococcus equi est une cause importante de morbidité


et de mortalité chez les poulains. C’est une bactérie Gram 79
+, intracellulaire facultative, responsable de 2 formes
cliniques : soit une entérocolite ulcérative, soit une
bronchopneumonie souvent fatale. Des facteurs de
virulence codés par des plasmides sont à l’origine de la
survie de Rhodococcus dans les macrophages. Les
Rhodococcus sont plus facilement détruits pas les
neutrophiles que par les macrophages. Suivant le stade de
l’infection et le statut immunitaire, les lésions induites par
Rhodococcus varient de la bronchopneumonie suppurée à
la pneumonie pyogranulomateuse.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

6.5.2/. Pneumonies atypiques bovines

Elles regroupent un ensemble de pneumonies caractérisées par un œdème, des membranes hyalines
et une hyperplasie des pneumocytes de type II. Les causes les plus fréquentes sont :
- l’oedème et l’emphysème pulmonaire bovin (emphysème des regains ou fog fever). Cette
pathologie s’observe lors de la mise à l’herbe de bovins sur un pré déjà fauché. La repousse
est plus riche en tryptophane, métabolisé par le foie en 3-méthyl-indole. Cette molécule,
métabolisée par les cellules de Clara, donne un métabolite très pneumotoxique, qui provoque
des lésions des pneumocytes I.
- l’alvéolite extrinsèque allergique, qui s’observe le plus souvent sur des bovins restés à
l’intérieur pendant l’hiver et respirant du foin moisi. L’inhalation de spores est à l’origine de
la production d’Ac et du dépôt d’immun-complexes au niveau de la paroi alvéolaire qui
activent le complément et entrainent des lésions de la paroi alvéolaire. Saccharopolyspora
rectivirgula est la moisissure la plus fréquente.
- le syndrome de réinfestation par Dictyocaulus, syndrome allergique consécutif à la
réinfestation par un grand nombre de larves de Dictyocaulus (sur des animaux ayant déjà été
en contact avec le parasite) et donnant des lésions identiques à la « fog fever » excepté la
présence de polynucléaires éosinophiles et parfois de larves vues à l’histologie.

Pathogénie des pneumonies atypiques des bovins (! important !) :


Inhalation de spores
Réinfestation par D. viviparus
Hypersensibilité à BRSV

Herbe plus riche en tryptophane


3-methylindole dans le rumen
3-methylindole dans les poumons (métabolisé
par les cellules de Clara en pneumotoxique)

Dépôt de complexes Ag-Ac Activation


de la cascade du complément

Génération locale de radicaux libres


Lésion et nécrose des pneumocytes 1

Phase aigüe proliférative Hyperplasie


des pneumocytes II
Phase aigüe exsudative
Emphysème
Œdèmes et membranes hyalines

Pneumonie chronique interstitielle


Fibrose, emphysème, infiltrat de cellules
MORT interstitielles

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6.5.3/. Pneumonies parasitaires

Les parasites peuvent être à l’origine de différents types de pneumonie :


1. interstitielle (avec éventuellement quelques
polynucléaires éosinophiles), due à la migration des 80
larves.
2. granulomateuses assez souvent dues aux
parasites adultes ou larves mortes.

Granulome centré sur des larves de


Dictyocaulus viviparus
(voir aussi photo 80A sur Vetotice)
82

Dans ce cas, les pneumonies sont associées à des


lésions de bronchites et de bronchiolites. Les lésions
sont souvent localisées à la face dorsale des lobes
caudaux des poumons, surtout chez les petits
ruminants. Voir aussi photo 83.

Les parasites peuvent également être à l’origine de l’obstruction des voies aérophores, ce qui
entraine des lésions d’atélectasie et d’emphysème, plus ou moins sévères. Les principaux strongles
pulmonaires sont:
- Dictyocaulus viviparus chez les bovins (voir photo 81)
- Dictyocaulus filaria, Protostrongylus rufescens, Mullerius capillaria chez les petits ruminants
- Dictyocaulus arnfieldi chez les équins. L’hôte naturel est l’âne mais infestation possible des chevaux
qui pâturent avec des ânes.
- Metastrongylus spp chez les porcins
- Angiostrongylus vasorum chez le chien
- Aelurostrongylus abstrusus chez le chat (voir photo 84)

Des informations supplémentaires sur les différentes pneumonies observées suivant les espèces sont
disponibles dans le livre Pathologic basis of veterinary disease de Zachary et Mac Gavin (5ème
édition) pages 504 à 531 .

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

6.6/. Pneumonies fœtales et perinatales (info)

6.6.1/. Pneumonies foetales

Les pneumonies sont une des lésions les plus fréquemment retrouvées à l’examen postmortem de
fœtus, particulièrement chez les poulains et les animaux de rente. Dans le poumon fœtal, les alvéoles
renferment un liquide visqueux produit localement appelé fluide ou liquide pulmonaire.
Normalement ce fluide remonte le long de l’arbre trachéobronchique et au niveau de l’oropharynx,
une partie est déglutie et une petite partie est relarguée dans le liquide amniotique. L’aspiration de
liquide amniotique contaminé par du méconium ou des bactéries (placentite) est la voie la plus
fréquente par laquelle les pathogènes atteignent le poumon. Cette forme de pneumonie est
secondaire à l’hypoxie et l’acidose fœtale qui entraine un relâchement du sphincter anal et la
contamination du liquide amniotique, qui est inspiré (glotte ouverte) au stade terminal.

Les lésions macroscopiques sont souvent peu visibles, mais histologiquement on observe des lésions
identiques aux bronchopneumonies. Contrairement aux bronchopneumonies postnatales, les lésions
ne sont pas crânio-ventrales mais présentes dans tous les lobes.
Chez les bovins, Brucella abortus et Arcanobacterium pyogenes sont les deux bactéries le plus
fréquemment isolées à partir des fœtus avortés. Ces bactéries sont généralement présentes en grand
nombre dans le liquide amniotique des vaches ayant une placentite bactérienne. L’inflammation du
placenta interfère avec les échanges foeto-maternels entrainant une hypoxie fœtale qui induit le
fœtus à « respirer » glotte ouverte et donc à aspirer du liquide amniotique contaminé.

En plus de la voie respiratoire, les pathogènes (bactéries ou virus) peuvent arriver aux poumons par
le sang fœtal et entrainer des pneumonies interstitielles. Ex : listériose, salmonellose, chlamydiose
chez les animaux de rente. Le plus souvent les lésions ne sont pas visibles macroscopiquement mais
visibles histologiquement sous forme de pneumonie interstitielle nécrosante, et de foyers de nécrose
dans le foie, la rate ou l’encéphale.

Des pneumonies fœtales broncho-interstitielles peuvent survenir lors d’avortement d’origine virale
(Virus IBR, para influenza 3, chez les bovins, virus herpès équin chez le cheval).

6.6.2/. Pneumonies neonatales et septicémiques

Ces entités sont plus fréquentes chez les animaux n‘ayant pas reçu d’immunité passive (pas de prise
de colostrum). Les pneumonies observées sont soit des pneumonies interstitielles en cas de
septicémie, ou des bronchopneumonies lors d’inhalation de bactéries pathogènes.
Les germes les plus souvent isolés sont : Histophilus somni et Pasteurella multocida chez les veaux,
Streptococcus spp. chez les poulains, Escherichia coli, Listeria monocytogenes et Streptococcus suis
chez les porcelets.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

6.6.3/. Syndrome d’aspiration du méconium

Le syndrome d’aspiration du méconium est important, mais peut être prévenu chez les humains. Il
survient quand du liquide amniotique contaminé par le méconium est aspiré pendant le travail ou
juste après la naissance. La pathogénie est la même que pour les pneumonies fœtales (cf schéma ci-
dessous). L’hypoxie fœtale fréquente lors de dystocies ou d’une parturition prolongée entraine un
relâchement du sphincter anal et la libération de méconium dans le liquide amniotique. La
contamination peut se faire directement par aspiration du liquide amniotique contaminé
(mouvements respiratoires) ou tout de suite après la naissance, quand le méconium présent dans le
nasopharynx est entrainé dans les poumons par les premières inspirations d’air.
Ce syndrome d’aspiration du méconium reste mal connu chez les animaux. Il a été décrit chez les
veaux, les poulains, les porcelets et les chiots. Souvent les lésions pulmonaires sont modérées et
transitoires, mais elles peuvent parfois être plus grave car survenant sur des nouveau-nés ayant
souffert d’hypoxie et d’acidose intra utérines
Des séquelles fréquentes sont des lésions d’atélectasie lobulaire.
Histologiquement, le méconium et la kératine exfoliée de la peau du fœtus dans le liquide
amniotique s’observe dans les bronches, bronchioles et alvéoles accompagnés par une alvéolite
modérée.

Schéma de l’aspiration du méconium secondaire à une


hypoxie intra-utérine
1= augmentation du péristaltisme intestinal avec
relâchement du sphincter anal
2 = contamination du liquide amniotique par le méconium
3= méconium dans l’oropharynx
4= aspiration intra -utérine avec la glotte ouverte
entrainant une aspiration du méconium et du liquide
amniotique

7/. Tumeurs pulmonaires

Les tumeurs sont soit primitives soit secondaires.

7.1/. Tumeurs primitives

Les tumeurs primitives sont rares chez les animaux. Elles sont plus fréquentes chez les chiens et les
chats, surtout quand ils sont âgés.
Leur origine peut être épithéliale ou conjonctive.

Les plus fréquentes sont les tumeurs malignes d’origine épithéliale. Dans les différents types de
carcinomes ce sont les carcinomes bronchiolo-alvéolaires qui sont les plus fréquents. Ces tumeurs
ont pour origine les cellules de Clara ou des pneumocytes de type II.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

Chez les ovins, on décrit une tumeur 85


d’origine virale, spécifique :
l’adénomatose pulmonaire ou
carcinome pulmonaire des
ovins.
L’étiologie est un rétrovirus (voir aussi
photo 86, 87 & 88).

7.2/. Tumeurs secondaires

Les tumeurs métastatiques sont fréquentes. Elles sont consécutives au développement :


 de carcinomes (photo 89)
 de tumeurs mésenchymateuses (photos 90, 91 et 92)
 de mélanomes (photo 93)
Les métastases sont généralement multifocales et forment des nodules bien délimités, de forme et
de couleur variables selon l’origine de la tumeur primitive.

E/. Lésions des plèvres

La séreuse pulmonaire est constituée d’une plèvre pariétale qui se réfléchit et recouvre le poumon,
là elle forme la plèvre viscérale. Les 2 plèvres délimitent entre elles la cavité pleurale.
Elle est composée d’un épithélium simple pavimenteux, le mésothélium, reposant sur du tissu
conjonctif lâche, riche en vaisseaux.

Les différentes lésions rencontrées sont :


 des lésions élémentaires
 des lésions d’origine vasculaire
 des lésions inflammatoires
 des lésions tumorales

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

1/. Lésions élémentaires

Les lésions élémentaires sont de 2 types


:
1. Nécrose et minéralisation : Observé chez les chiens 94
présentant une insuffisance rénale chronique avec une
urémie. Leslésions apparaissent comme des lignes blanches
parallèles entre elles et perpendiculaires aux côtes au
niveau de la plèvre pariétale des premiers espaces
intercostaux.
2. Pneumothorax:
Un pneumothorax est la présence d’air dans la cavité
thoracique.

Il y a 2 formes de pneumothorax :
 spontané. L’air venant des poumons et passant dans la cavité pleurale. Il n’est associé à
aucune maladie sous-jacente ni traumatisme.
 secondaire. En médecine vétérinaire les causes les plus fréquentes sont les plaies pénétrantes
dans la paroi thoracique, la rupture de l’œsophage, les traumatismes iatrogènes
(thoracoscopie), les ruptures de la trachée secondaires à des intubations mal faites et la
rupture de bulles d’emphysème ou de kystes parasitaires.

Si le pneumothorax est important, le vide pleural peut disparaitre et provoquer le collapsus des
poumons.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

Remarque : A l’autopsie d’un animal sain, la coupole diaphragmatique est bien concave et si on la
perce, elle recule avec un bruit particulier. Dans le cas d’un pneumothorax, ce bruit est absent. Il faut
cependant vérifier qu’il n’y a pas eu de perforation du diaphragme avant lors de l’autopsie.

2/.2.LésionLESIONS
péri-vasculaires
D’ORIGINE VA SCULAIRE
On décrit 3 types de lésions d’origine vasculaire :

1. hydrothorax, présence de transsudat dans la cavité 95


On observe un liquide transparent, clair, jaune, sans
lésions associées des plèvres.

2. hémothorax, présence de sang dans la cavité


96
Les causes d’hémothorax sont :
- la rupture d’un gros vaisseau sanguin à la suite d’un

- des érosions de la paroi d’un vaisseau par une inflammation


(Spirocerca lupi chez le chien) ou par des cellules tumorales
- la rupture d’anévrysmes
- des troubles de la coagulation et notamment chez le chien
une intoxication par les anticoagulants

3. chylothorax, présence de lymphe dans la cavité 97

3/.
3. LésionsLEinflammatoires ES
Les lésions inflammatoires des plèvres s’appellent
des pleurésies.
Les différentes voies d’entrée sont:
 les plaies pénétrantes
thoracique.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

 la voie hématogène
 l’extension directe (rupture de l’œsophage, extension d’une bronchopneumonie à la plèvre)

L’étiologie est :

1. bactérienne, principalement (voir photos 98, 99, 100 & 101)


 cheval : Streptococcus equi, Streptococcus zooepidemicus
 bovin : Escherichia coli, Arcanobacterium spp (réticulopéritonite traumatique)
 carnivore : Nocardia spp, Actinomyces spp, Bacteroides spp
 porcin : Hemophilus parasuis, Streptococcus suis type II, Pasteurella multocida

2. virale : le seul exemple est la Péritonite Infectieuse Féline (PIF) chez le chat

4/. Lésions tumorales

Comme dans tous les organes on distingue les tumeurs primitives, et les tumeurs secondaires ou
tumeurs métastatiques.
105

Métastases pleurales d'un


mélanome

Les tumeurs primitives sont des mésothéliomes (voir photos 102, 103 et 104). Ces tumeurs sont
rares, mais plus fréquentes chez le veau. Elles sont envahissantes localement mais les métastases
sont exceptionnelles. Elles peuvent infiltrer toute la cavité thoracique et donc comprimer les
poumons. Chez les carnivores, il est suspecté que les mésothéliomes, comme chez l’homme, puissent
être dus à l’inhalation répétée de particules d’amiante.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

VII/. PHOTOS A RECONNAITRE

 Photo 1 : Poumon de porc

Description : Tâches noires sur le poumon et le foie (à


gauche).
Diagnostic morphologique : Mélanose maculeuse
Diagnostic différentiel : Métastases de mélanome (les
tâches noires seraient alors en relief : nodules)
Remarque : les mélanoses maculeuses sont fréquentes
chez les ruminants.

 Photo 2 : Poumon de bovin

Description : Cloisons épaissies par des bulles d'air dans les


espaces interlobulaires
Diagnostic morphologique : Emphysème interstitiel modéré
Circonstances d’apparition chez les bovins :
 inspirations forcées
 obstructions non complètes d’une bronche ou d’une
bronchiole
Remarque : S’il n'y a pas d'autre lésion sur le reste du poumon,
alors cette lésion est due à une inspiration forcée lors de la
mort. S’il y a d'autres lésions, alors l'animal avait des troubles respiratoires de son vivant.

 Photo 3 : Coupe de tête de cheval

Description : Néoformation anormale rouge foncée


au niveau de l’ethmoïde
Diagnostic morphologique :
Hématome progressif de l'éthmoïde. Cette lésion
est souvent unilatérale.
Signes cliniques : Epistaxis, troubles respiratoires

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

 Photo 4 : Larynx de cheval

Description : Atrophie des muscles


cricoarythénoïdiens unilatérale gauche
Diagnostic morphologique :
Hémiplégie laryngée. Elle est due à une
neuropathie : lésion du nerf laryngé :
-soit idiopathique (origine non connue)
- soit secondaire à une inflammation
(gourme, abcès des poches gutturales...).
Cette pathologie est assez fréquente.
Signe clinique : cornage (bruit particulier due aux cordes vocales qui sont plus tendues).

 Photo 5 : Poumon de bovin

Description : Epaississement des


cloisons interlobulaires, parenchyme nécrosé (en bas
à droite) et hémorragique, très ferme. Il n’y a plus
d’air dans le poumon (car présence de fibrine…) : il
coule dans l’eau.
Diagnostic morphologique : Bronchopneumonie
fibrineuse, due à Mannheimia haemolytica. (Cette
photo en est très typique : épaississement des
cloisons inter lobulaires très marqué)

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

 Photo 6 : Poumon (en bas) et paroi


thoracique (soulevée) de cheval

Description : Adhérence de fibrine entre le poumon et


la paroi thoracique
Diagnostic morphologique : Pleurésie fibrineuse
marquée à sévère (souvent dû a des bactéries qui
entrent par voie hématogène ou traumatique ou
extension de lésions de broncho pneumonie :
bronchopleuro-pneumonie)
!Attention! : Fibrine = jaune, se détache facilement,
signe d'une inflammation aigue // Fibrose = se coupe
au couteau, signe d'une inflammation chronique.

 Photo 7 : Poumon de cheval

Description : Nombreuses lésions multifocales à


coalescentes blanches avec liseré rouge, en relief. En
coupe, ces nodules contiennent du pus. Diagnostic
morphologique : Pneumonie embolique Diagnostic
différentiel :
-métastases (pas le cas ici car présence de pus)
-lésions inflammatoires : pneumonie granulomateuse
(lésions non centrées sur les vaisseaux) ou embolique
(lésions centrées sur les vaisseaux).

 Photo 8 : Poumon de chat Diagnostic


morphologique : Thrombus (consistance friable
alors que caillot post mortem élastique) : flèche.
Remarque : Ce thrombus devrait entrainer une
nécrose du poumon, mais l'animal meurt avant.

 Photo 9 : Poumon de chien

Description : Nodules rouges-noirs sur tous les lobes du


poumon, en relief.
Diagnostic morphologique : Métastases
d'hémangiosarcome
Diagnostic différentiel : Métastases de mélanome (le
diagnostic différentiel est fait par recherche de
métastases sur la peau, la muqueuse buccale, parfois
l’œil, histologiquement).

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

Remarque : recherche de métastases d’hémangiosarcome : au


niveau de la rate, ou au niveau de l’atrium droit
(hémangiosarcome de l’atrium droit).

Photo 10 : Poumons de chèvre

Description : Lésions sur le lobe caudal,


partie dorsale. Diagnostic morphologique :
Pneumonie interstitielle localisée.
Fréquente chez les petits ruminants.
Etiologie : Souvent due à des strongles

 Photo 11 : Poumon d'ovin

Description : Consistance modérément


augmentée (poumon qui flotte dans l'eau :
donc il reste de l'air dans les alvéoles),
épaississement des cloisons
interalvéolaires. Diagnostic
morphologique : Pneumonie interstitielle
Etiologie : Chez les ovins, elle est due à des
lentivirus.
Remarque : différence avec la calcinose :
pas d’aspect homogène, moins
d’hypertrophie.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

 Photo 12 : Poumons de chat

Description : Lésions en relief, claires, crépitantes.


Diagnostic morphologique : Emphysème alvéolaire
marqué
Circonstances d'apparition : Asthme félin
Remarque : Cette pathologie n'entraine pas la mort de
l'animal.

 Photo 13 : Porc

Description : Lésions noires


multifocales à coalescentes sur les poumons, le
foie, la plèvre, la peau.
Diagnostic morphologique : Métastases de
mélanome
Remarque : Certaines races de porcs
sont prédisposées.

 photo14 : Poumon de bovin

Description : Lésions multifocales rouges sombres,


qui ne déforment pas le poumon. Lésions
hémorragiques, plus grandes que des pétéchies : on
parle de suffusions.
Diagnostic morphologique : Suffusions
pulmonaires multifocales
Causes : Trouble de la coagulation, septicémie (qui
provoquent des lésions endothéliales diffuses) ou
CIVD. Ici, c'était dû à une thrombopénie.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

 Photo 15 : Tête de chien, coupée et vue de dessus (les yeux sont


en haut et en bas à gauche, le museau à droite)

Description : Destruction du septum.


Diagnostic morphologique : Tumeur des cavités nasales : carcinome
surtout chez le chien
Signes cliniques : Troubles respiratoires marqués, donne peu de
métastases.

 Photo 16 : Poumons d'ovin

Description : Lésions sombres crânio-ventrales (donc


phénomène vasculaire de congestion).
Consistance augmentée, ne flotte pas dans l'eau (donc
sans air : alvéoles remplies de fibrine = alvéolite) : on
parle d’hépatisation car le poumon a une consistance de
foie. Diagnostic morphologique : Bronchopneumonie au
stade aigu (vasculaire).
Etiologie : pasteurellose surtout

 Photo 17 : Poumons de cheval

Description : Lésions multifocales. En coupe :


lésion bien délimitée, rouge-noire.
Diagnostic morphologique : Infarctus rouge. La
nécrose est due à l'arrêt de la circulation artérielle.
Il y a une double vascularisation pulmonaire et
bronchique, d'où un infarctus rouge. (cf cours de
PP S7)
Cause : Thrombose, emboles.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

 Photo 18 : Carrefour trachéo-bronchique de chien

Description : Nodules bruns multifocaux, en relief, au carrefour


trachéo-bronchique.
Etiologie : Oslerus osleri
Remarque : Les signes cliniques sont variables.

 Photo 19 : Poumons de chien

Description : Nodules clairs multifocaux, en relief.


Diagnostic morphologique : Métastases pulmonaires
(tumeur secondaire). Pour connaitre la tumeur primaire, il
faut faire un examen histologique. (Ici, il s'agissait de
métastases de tumeur mammaire.) Diagnostic différentiel :
- tumeur primaire : il y aurait une lésion principale et
des métastases périphériques.
- granulomes : ils sont dus à des agents étiologiques
particuliers (chez le chien : la tuberculose).

 Photo 20 : Poumon de bovin

Description : Zones sombres en dépression (donc


alvéoles collabées), poumon qui ne flotte pas.
Diagnostic morphologique : Atélectasie due à : une
obstruction bronchique ou une compression. Elle est
souvent associée à un emphysème (portion de poumon
plus claire en relief en bas).

 Photo 21 : Poumons d'ovin

Description : Lésion rouge foncée unilatérale gauche.


Diagnostic morphologique : Hypostase cadavérique
(l'animal était couché à gauche)
Remarque : On parle de lésion si le phénomène a eu lieu
du vivant de l'animal, et d'altération lorsque c'est
postmortem.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

 Photo 22 : Poumon d'ovin

Description : Poumon hétérogène. Histologie : alvéoles remplies de cellules jointives cylindriques.


Diagnostic morphologique : Adénomatose pulmonaire (etiologie virale : rétrovirus)

VIII/. CORRELATION HISTOLOGIE-MACROSCOPIE

A/. Emphysème et atelectasie

 Poumon normal (bovin)

 Emphysème pulmonaire :

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

 Atelectasie par obstruction :

B/. Les pneumonies

! Bien savoir reconnaitre pneumonies interstitielle, suppurée, granulomateuse et embolique !

 Pneumonie interstitielle

L'épaississement des cloisons interalvéolaires est dû à un revêtement cubique. Normalement, le


revêtement est principalement constitué de pneumocytes I, mais ici les pneumocytes II sont
majoritaires. L'hyperplasie des pneumocytes II est due à une destruction des pneumocytes I (par des
toxiques ou des bactéries). On observe également des cellules inflammatoires
(mononuclées) et de la fibrose.

Macroscopie : couleur et consistance peu Histologie : principale lésion observée ;


modifiées, difficiles à mettre en hyperplasie marquée des pneumocytes II.
évidence. A noter : l’empreinte des Consistance modérément augmentée.
côtes.

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

 Pneumonie suppurée

Au niveau d'une bronchiole, on observe un amas cellulaire, avec de nombreux neutrophiles plus
ou moins dégénérés et quelques macrophages. Il manque du cartilage, on n’a que la muqueuse.
Grossissement plus fort :
substance éosinophile homogène
et polynucléaires dégénérés +
macrophages.
Elle a une distribution crânio-
ventrale et est fréquente chez les
carnivores.

 Pneumonie
granulomateuse

On observe des nodules de taille


variable.
A l'histologie, on distingue 2 zones:
- à droite : une substance
éosinophile, acellulaire:
nécrose de caséification
- à gauche : lésion
granulaire :
macrophagiques, quelques cellules
plurinuclées avec leur noyau en
couronne = cellules géantes
plurinuclées = macrophages qui ont
fusionné = cellules de Langhans,
témoins d’un granulome
tuberculeux. Cellule de Langhans

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Module anatomie pathologique – L’appareil respiratoire

 Pneumonie embolique

On observe des lésions multifocales, rouges


foncées, claires au centre.

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CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM


Module anatomie pathologique – Pathologie de l’appareil génital et du système nerveux

L'APPAREIL GENITAL
LE SYSTEME NERVEUX

A l'observation d'une lésion, il faut préciser :


- Description : organe, taille, forme, couleur, consistance.
- Diagnostic morphologique : interprétation de ce que l'on voit.
- Etiologie : le plus précis possible.
- Pathogénie : comment l'agent étiologique a causé la lésion. Faire un schéma avec des
flèches si possible.
- Nom de la maladie

PARTIE 1 : L’APPAREIL GENITAL

Pathologie 1 :

Description : Ovotestis
Présence de testicules/ovotestis +
cornes utérines et épididyme Epididyme

Nom de la maladie : hermaphrodisme

(A différencier du
pseudohermaphrodisme où il y a des
testicules sans ovaires)

Vagin très
prononcé

Testicule

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Module anatomie pathologique – Pathologie de l’appareil génital et du système nerveux

Pathologie 2

Description : Lésions circulaires qui Kystes sur


contiennent du liquide clair, de 1 à 2 cm : les ovaires
kystes sur les ovaires.
Diagnostic morphologique : kystes
folliculaires

Altérations hormonales : Production


d'œstrogènes augmentée (déséquilibre
FSH/LH).
Conséquences : anoestrus et kystes
persistants.

Pathologie 3 :

Description : Poils dans les ovaires


Diagnostic morphologique : Tératome
(rappel : néoplasie des cellules germinales, avec au moins 2
tissus d'origine embryonnaire différente). Il est bénin et ne
produit pas d'hormone. Ce n’est pas un dysgerminome car c’est
plutôt une masse blanche.

Masse avec poils dans les ovaires

Pathologie 4 :

Description : Nombreux kystes (une centaine), jaunes, de


petite taille (2-4 cm).
Diagnostic morphologique : Tumeur des cellules de la
granulosa (qui essaie de reproduire de nombreux follicules)
C’est la tumeur ovarienne la plus fréquente chez les grands
animaux, surtout chez le cheval où elle produit des
œstrogènes et de la testostérone.
Chez les carnivores, elle est aussi fréquente et il existe
également des tumeurs de la granulosa et des thèques
(bénignes ou malignes).

Diagnostic différentiel :
- Tumeur des cellules folliculaires
- Cystadenocarcinome : souvent bilatéral, métastases intra-cavitaires, ascite, souvent
malin.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de l’appareil génital et du système nerveux

Lésions associées : Production d’œstrogènes et de progestérone, à l’origine d’une hyperplasie


glandulo-kystique de l’utérus, d’une vaginite squameuse.

Pathologie 5

Description : Utérus plus dilaté, rouge sombre dû à Utérus


gravide
une ischémie
Diagnostic morphologique : Torsion utérine. Elle
concerne toutes les espèces, et est secondaire à une
augmentation du volume de l'utérus (gestation,
mucomètre, pyomètre).
La torsion est pathologique quand la torsion est
supérieure à 180°. La différence entre la vache et la Torsion
jument est le lieu de la torsion (base du col chez la utérine
jument).
Lésions : La compression veineuse entraine un infarcissement, une mort fœtale, et une
nécrose utérine.
Complications : rupture utérine > saignement très important > mort par choc hypovolémique.

Pathologie 6 :

Description : Utérus gonflé et sorti, muqueuse


rouge, sèche.
Diagnostic morphologique : Prolapsus utérin
Concerne la chèvre, la vache, et la truie.

Cause : inertie utérine (dystocie, hypocalcémie,


plantes ostrogéniques).
Pathogénie : inertie > prolapsus
> infarcissement > augmentation de taille :
irréductibilité, sécheresse, traumatisme,
nécrose > choc et mort.
Lésions : infarcissement, œdème, nécrose
utérine.
Complications : hernie de la vessie, septicémie (car l'utérus est dans un environnement non
stérile).
Pour réduire l'œdème, on peut appliquer du sucre qui va empêcher la prolifération
bactérienne et créer un appel d'eau.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de l’appareil génital et du système nerveux

Pathologie 7 :

Description : Utérus gonflé, œdémateux, pâle.


Nombreuses irrégularités de la paroi, points
transparents = glandes dilatées.
Diagnostic morphologique : Hyperplasie glandulo
kystique
Cause : déséquilibres hormonaux à l’origine de
l’hyperplasie des glandes.
Complications : pyomètre, mucomètre, hydromètre

Pathologie 8

Description : Utérus rouge, gonflé, pus qui sort à la


coupe
Diagnostic morphologique : Pyomètre
Lésions : hyperplasie glandulokystique, nécrose de
la muqueuse, pus dans la lumière
Cause prédisposante : endométrite. Favorable
pendant la phase lutéinique car il y a fermeture du
col de l’utérus ce qui séquestre les éventuelles
bactéries présentes.

Pathologie 9 :

Description : Structure rouge inflammée qui sort au


niveau de la vulve
Diagnostic morphologique : Prolapsus vaginal. Se
produit surtout chez les races brachycéphales, ou
lors d’une hypersensibilité aux œstrogènes pendant
les premières chaleurs.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de l’appareil génital et du système nerveux

Pathologie 10 :

Description : Vulve gonflée, couleur normale


Diagnostic morphologique : Œdème dû à la période
d'œstrus, ou à un hyperœstrogénisme (chez la truie :
ingestion de zearalenone, chez la brebis : ingestion de
trèfle, chez la vache : présence de tumeur des cellules de la
granulosa ou kystes ovariens).

Pathologie 11 :

Description : Testicule et épididyme de petite taille, situés


dans la cavité abdominale.
Diagnostic morphologique : Cryptorchidie
Diagnostic différentiel : hypoplasie et atrophie
- Hypoplasie : lésion congénitale caractérisée par un
défaut de développement après la puberté,
associée à une cryptorchidie ou des ambigüités
sexuelles, et une hypoplasie de l’épididyme.
- Atrophie : lésion acquise (infection, lésion
nécrotique, ..) caractérisée par une réduction de
taille de l'organe après la puberté. Le testicule est
mou, petit, voire minéralisé.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de l’appareil génital et du système nerveux

Pathologie 12 :
A gauche :
Description : Lésion jaunâtre avec des points
rouges, ferme, en relief, d'environ 3 cm.
Diagnostic morphologique : Leydigome,
tumeur très fréquente, toujours décrite
comme bénigne.

A droite :
Description : Testicule hypertrophié (environ
5 cm), en relief, mou
Diagnostic morphologique : Séminome.

Pathologie 13 :

Description : Présence de poils dans les


testicules
Diagnostic morphologique : Tératome.

Pathologie 14 :

Description : Prostate de taille augmentée,


avec des kystes.
Diagnostic morphologique : Hyperplasie
glandulo-kystique (points transparents =
glandes dilatées remplies de liquide
transparent). Fréquent chez le chien.
Complications : Hyperplasie centrifuge :
défécation. Terrain optimal pour la
prolifération bactérienne (puis abcès et
péritonite septique).
Cause : Excès de testostérone (tumeurs
testiculaires ou déséquilibre lié à l'âge : la
castration suffit à résoudre le problème).

Pathologie 15 :

Description : Pénis d'un cheval avec lésions


noires en chou fleur, qui peuvent être de la
mélanine ou du sang séché.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de l’appareil génital et du système nerveux

Diagnostic morphologique : lésions multinodulaires, aspect


granulaire : epidermoïde.
Diagnostic différentiel : Granulome à Habronema.

Pathologie 16 :

Description : Points blancs sur les cotylédons


Diagnostic morphologique : Infection à Toxoplasma
gondii (lésion pathognomonique)

Pathologies 17 et 18 : les mammites ! Important !

On classe les mammites en 3 genres :

- Mammite nécrosante :
Agent : Staphylococcus aureus
Pathogénèse : production de toxines > chémiotaxie de neutrophiles > nécrose due aux
enzymes > nécrose cellulaire > suppuration.
Les lésions sont uniquement au niveau de la mamelle.

- Mammite gangréneuse («blue bag »,


pathologie très rapide) :
Agents : E.coli, Mannheimia, Staphyloccocus.
Pathogénèse : toxines bactériennes > lésions
vasculaires > nécrose de coagulation > gangrène.
En coupe : Aspect en triangle noir et rouge qui
confirme une lésion vasculaire.
Les lésions vasculaires permettent de la
différencier cliniquement de la mammite
nécrosante.
La vache meurt rapidement en l'absence de traitement, notamment à cause du risque
d'endotoxémie.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de l’appareil génital et du système nerveux

- Mammite suppurée (summer mastitis) :


Galactophorite nécrosante et suppurée :
Agent : Trueperella pyogenes
La lésion remonte dans tout le quartier concerné.

PARTIE 2 : LE SYSTEME NERVEUX

Pathologie 1 :

Description : Encéphale d’aspect lisse, sans


circonvolutions, disparition des sillons.
Diagnostic morphologique : Lissencéphalie (chez un
chat)
Chez les oiseaux, elle peut être physiologique.

Pathologie 2 : Moelle épinière qu’on


devine (absence de
Description : Extrémité caudale : ouverture de peau et de muscles)
la peau, des muscles, et même lésions au
niveau du crâne : on voit l’encéphale.
Diagnostic morphologique : Dysraphie
Cause : Chez le porc : héréditaire, et chez le
chat : intoxication à la griseofulvine pendant
les première semaines de gestation.
Lésions :
- spina bifida : défaut de fermeture de la
colonne vertébrale/peau
- cranium bifidum : défaut de fermeture de la boîte crânienne

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Module anatomie pathologique – Pathologie de l’appareil génital et du système nerveux

Pathologie 3 :

Description : encéphale et cervelet de taille réduite.


Diagnostic morphologique : hypoplasie cérébelleuse
Causes :
- panleucopénie chez le chat
- pestivirus chez les porcins et bovins

Mécanisme : tropisme de ces virus pour les cellules en


réplication : entraîne une nécrose des neuroblastes du cervelet
(encore en réplication en fin de gestation et au début de la vie
néonatale).

Pathologie 4 :

Description : Tranches de moelle épinière. On observe un canal épendymaire dilaté dans la


coupe 2 et un 2ème canal dans la coupe 3.
Diagnostic morphologique : Hydromyélie (coupe 2) et syringomyélie (coupe 3)

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Module anatomie pathologique – Pathologie de l’appareil génital et du système nerveux

Pathologie 5 :
Description : Absence de substance blanche,
remplacée par du LCR.
Diagnostic morphologique : Porencéphalie
Pathogénie : Tropisme de l’agent pathogène
pour les cellules en division, donc après
multiplication il y a lyse des neurones.

Pathologie 6 :

Description : Absence d'hémisphères cérébraux.


On ne voit que les méninges.
Diagnostic morphologique : Hydrencéphalie
C'est une lésion viable.

Pathologie 7 :

Description :
A gauche : encéphale et cervelet normaux
A droite : circonvolutions de l’encéphale
gonflées, lésions rouges pâles
Diagnostic morphologique : oedème cérébral.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de l’appareil génital et du système nerveux

Conséquences : la boîte crânienne n’est pas extensible, il peut alors y avoir d’abord des
douleurs à la tête (l’animal essaie de comprimer sa tête contre les murs), puis à terme une
herniation du cervelet par le foramen occipital, qui entraine une compression du tronc
cérébral avec, entre autres, des problèmes cardiaques et respiratoires (voire la mort).

Rappels sur les oedèmes : ils peuvent être dus :


 à une augmentation de la pression hydrostatique

- dans les vaisseaux : hypertension > altération de la barrière hémato-encéphalique >


oedème extracellulaire périvasculaire

- dans les ventricules : hydrocéphalie > altération de la barriere LCR/encephale >


oedeme extracellulaire dans la substance blanche péri ventriculaire

 à une baisse de la pression oncotique

Intoxication par excès d’eau > hypo osmose plasmatique > œdème extracellulaire

Cas particulier de l'intoxication à l'eau chez le porc. Lorsque l'éleveur oublie de donner à boire
aux porcs pendant un moment, il leur donne ensuite une grande quantité en une fois. Les
métabolites attirent alors l'eau dans le cerveau, d'où un oedème spécifique avec de nombreux
polynucléaires éosinophiles autour des vaisseaux.

Remarque : La cause de l'oedème peut être une encéphalopathie, c’est alors un œdème
cytotoxique. Encéphalopathie hépatique : production de catabolites par le foie > intoxication
des astrocytes > oedème extracellulaire > démyélinisation.

Pathologie 8 :

Description : zones hémorragiques, et zones plus


foncées, consistance molle, liquide visqueux
Diagnostic morphologique : malacie
Cause : nécrose de liquéfaction, un oedème et/ou
une démyélinisation = pathologie dégénérative. Ces
causes sont souvent associées.

Cas particulier de la polio-encéphalo-malacie chez les


ruminants due à une carence en thiamine (ingestion
de fougères, de composés sulfurés), une intoxication au plomb, ou une intoxication à l’eau.
Elle concerne surtout les animaux jeunes (avant 18 mois), dans la région postérieure du cortex,
d'où des animaux aveugles sans lésion oculaire.
(Polio = substance grise).

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Remarque 1 : La malacie peut parfois être discrète (grisâtre).


Remarque 2 : Si l'animal survit (= n'est pas euthanasié), il aura une atrophie cérébrale, avec
moins de circonvolutions.

Pathologie 9 :

Description : Masse translucide, pus.


Diagnostic morphologique : Abcès.
Chez le cheval : dû à Streptococcus equi, transmis
par voie respiratoire (puis amygdales, empyème et
dissémination). Lésions associées : lymphadénite
suppurée, empyème des poches gutturales,
pneumonie suppurée embolique, abcès
systémiques. Chez les petits ruminants : dû à
Corynebacterium ("maladie des abcès"). Infection
par contamination des blessures muqueuses.
Lésions associées : lymphadénite suppurée
multifocale.

(La photo ci-contre est un cas extrême, ou la moitié du cerveau est remplie de pus).

Pathologie 10 :

Description : cervelet de couleur rouge et très


noire
Diagnostic morphologique : mélanose
congénitale
Concerne surtout les petits ruminants et les porcs.

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Pathologie 11 :

Description : cerveau petit par rapport au cervelet,


qui est plus allongé.
Diagnostic morphologique : Herniation du cervelet
dans le foramen magnum due à une augmentation
de la pression intra-cranienne : entraîne une
compression du tronc cérébral.

Pathologie 12 :

Description : dans le plexus choroïde : masse


multinodulaire, crissant à la coupe.
Diagnostic morphologique : Choléstéatome
(cristaux de cholestérol et d’hémosidérine). Il concerne
le cheval : un granulome contenant du cholestérol se
forme dans les plexus choroïdes, d'une cause
inconnue.
Complications : si le pédicule rétrécit, il y aura moins de
LCR pouvant circuler, et donc une hydrocéphalie.

Pathologie 13 :

Description : plaques blanchâtres et rougeâtres dans


les méninges : moelle osseuse dans les méninges.
Diagnostic morphologique : osseous
pachymeningitis miscellanées
Complications : les masses compriment la moelle
épinière, ce qui peut être à l’origine de paralysie et
de problèmes neurologiques.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de l’appareil génital et du système nerveux

Les agents pathogènes importants du système nerveux central

 La BVD (Pestivirus) :

Ce virus entraîne des lésions congénitales au niveau du SNC.

Etiologie : Pestivirus, Flavivirus. Le virus peut passer d’un effet non cytopathique à
cytopathique.
Il existe plusieurs formes chez les animaux non gestants :
- BVD 1 NCP : forme subclinique
- BVD 1 NCP : diarrhée virale transitoire
- BVD 2 NCP : forme sévère lésions similaire à la MD
- BVD 2 NCP : syndrome thrombocytopénique : MD + hémorragies
Selon l'animal, l'infection entraine diverses lésions :

 Animal non gestant:


- Diarrhée inaperçue
- Forme sévère : maladie des muqueuses (ulcères et érosions)
- Forme thrombocytopénique : hémorragies et pétéchies.

 Animal gestant :

- Infection foetale avant 100 jours :


Avortements. Le virus possède un tropisme pour les cellules en réplication : entraîne une
nécrose et une inflammation histiocytaire (foie, rate, myocarde, NL, peau).

- Infection foetale entre 100 et 170 jours :


Le système nerveux central est en formation. Les neuroblastes et les formations vasculaires
sont les cibles du virus, d'où une hypoplasie cérébrale, une porencéphalie, une
hydrancéphalie. Le virus entraine aussi une vascularite, puis ischémie et nécrose causent des
malformations cérébrales et oculaires.

- Infection foetale après 170 jours :


Le virus est reconnu comme un élément du soi, se transforme en sa forme cytopathique et
cause la maladie des muqueuses. Le veau n'a pas de thymus, un retard de croissance et est
immunodéprimé.

 Listeria monocytogenes : (demandé à l’examen)


C'est une bactérie Gram +, qui cause une zoonose. Elle vit dans l'environnement.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de l’appareil génital et du système nerveux

Pathogénie : ingestion d’aliments contaminés > pénétration, puis 2 voies possibles :


- passe dans le nerf trijumeau > SNC > encéphalite
- voie hématogène > utérus > avortements, métrite, placentites suppurées
Les symptômes sont donc ceux d'une paralysie du nerf trijumeau : tête penchée, bave, langue
qui pend. On ne voit les abcès qu'à l'examen histologique (avec des PNN).
Chez les BV il y a des formes nerveuses mais sans lésions macroscopiques visibles. Il y a
seulement la présence à l’histologie des bactéries dans l’encéphale. Chez les autres espèces
on retrouve des atteintes systémiques et des lésions génitales avec des avortements.

 Virus d'Aujeszky
Il cause des avortements chez le porc, et une forme nerveuse chez les autres espèces (prurit
avec auto mutilation).
On parle de "pseudo-rage".
- Chez le porc : inhalation puis infection des amygdales
Voie 1 : transport axonal rétrograde > noyau trijumeau > encéphalite
Voie 2 : bactériémie > placenta > lésions systémiques de l’avorton (nécrose au niveau des
amygdales et points blancs au niveau du foie)
- Chez les autres espèces : 2 modes de contamination
Cas 1 : Ingestion de viande contaminée crue : passage dans l’intestin, dans les plexus
myentériques et remontée dans la moelle.
Cas 2 : Contamination des blessures.
Puis transport axonal rétrograde, il y a alors une encéphalite lymphocytaire et plasmocytaire,
une méningite.
Histologiquement, on voit des corps d'inclusion intranucléaire éosinophilique.

 La rage
Tous les mammifères sont concernés.
Il y a encéphalite lymphocytaire et plasmocytaire.
Transmission : contamination des blessures avec de la salive / inhalation des fèces de chauve
souris.
Pathogénie : contamination > repli dans les myocytes > entrée dans le nerf au niveau de la
jonction neuro-musculaire > transport axonale rétrograde rapide > cerveau

A partir du SNC, il peut y avoir transport axonal antérograde > infection de plusieurs tissus
dont les glandes salivaires.

Lésions : leptoméningite et encéphalite non suppurée, ganglio-neurite.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de l’appareil génital et du système nerveux

 La maladie de Carré (canine distemper disease)


Elle concerne le chien et le furet. Le virus est transmis par inhalation et a un tropisme pour
toutes les cellules en division (cellules épithéliales, macrophages…) mais surtout les cellules
lymphoïdes.

Pathogénie : Inhalation > réplication dans les NL > virémie > infection du système lymphoïde :
immunodépression > virémie > le virus atteint le SNC et les cellules épithéliales en général.

Le motif de consultation est : pneumonie, conjonctivite, problème de l'émail, augmentation


de taille du coussinet (hyperkératose).
Il existe diverses formes : encéphalique, pneumonie, conjonctivite, rhinite suppurée, entérite.
La forme encéphalique correspond à 30% des cas, avec au cours de l'infection :
- Forme aiguë (à 7 jours) : tous les organes sont touchés, avec notamment une
encéphalite nécrosante (le virus est dans le LCR).
- Forme chronique (à 21 jours) : l'animal peut être sauvé par traitement, mais il aura des
symptômes neurologiques un mois plus tard (tremblements dus à la démyélinisation :
infection des oligodendrocytes).
- Forme tardive : animaux atteints lorsqu'ils sont jeunes ou vaccinés. Histologiquement,
on observe des corps d'inclusion intranucléaires.

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CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM


Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

LESIONS DE LA RATE
PLAN
Partie 1 : bases de pathologie splénique
I/. Fonction de la rate…………………………………………………………………………………………………………………………….2
II/. Bases de pathologie splénique………………………………………………………………………………………………………….3
III/. Etude des lésions de la rate.………………………………………………………………………………………..………………….4
Partie 2 : Lésions de la rate
I/. Splénomégalie uniforme avec une consistance sanguine………………………………………………………………….5
II/. Splénomégalie uniforme avec une consistance ferme…………………………………………………………………….10
III/. Nodules spléniques avec une consistance sanguine……………………………………………………………………….18
IV/. Nodules spléniques avec une consistance ferme……………………………………………………………………………24
V/. Rate de taille diminuée………………………………………………………………………………………………..………………..29
VI/. Lésions de la rate ne modifiant ni la forme ni la taille…….……………………………………………………………….32
VII/. Synthèse sur les lésions spléniques……………………………………………………………………………………………….35

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

PARTIE 1 : BASES DE PATHOLOGIE SPLENIQUE

I/ FONCTIONS DE LA RATE
Les bases nécessaires pour comprendre le fonctionnement de la rate sont présentées dans le cours
d’histologie des organes lymphoïdes

2015

La rate est un organe ayant principalement 4 fonctions.

A/ Filtration du sang

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

La filtration du sang par la rate permet l’élimination des érythrocytes. En conditions physiologiques,
cette élimination concerne les globules rouges sénescents. En conditions pathologiques, la rate permet
également l’élimination des érythrocytes présentant des anomalies, ainsi que ceux portant des parasites
hémotropes (babésies par exemple).

La filtration du sang est assurée par l’ensemble du réseau de monocytes et de macrophages présents
dans la pulpe rouge.

B/. Rôles immunitaires

La rate a également un rôle immunitaire au travers de plusieurs activités :

- La phagocytose et la présentation d’antigènes


- La circulation et le « homing » des lymphocytes circulants à partir du sang
- L’activation, la transformation et la prolifération lymphocytaires - La production d’anticorps et
de cytokines - L’activation macrophagique.

Ce sont les lymphocytes (T et B) de la pulpe blanche et les monocytes-macrophages de la pulpe rouge


qui permettent cela. Rappelons que la pulpe blanche est composée des manchons péri-artériolaires
lymphoïdes, des follicules lymphoïdes et de la zone marginale

C/. Rôle de stockage

Par sa structure (pulpe rouge sinusale et/ou non-sinusale et présence de muscles lisses dans les travées
et la capsule spléniques), la rate est un organe permettant le stockage de sang et de divers éléments
comment le fer et ses dérivés. Ce stockage est variable en fonction des conditions physiologiques et des
besoins de l’organisme.

D/. Hématopoïèse

La rate est un organe dans lequel peut se mettre en place une hématopoïèse extra-médullaire. Celle-ci
est physiologique chez le fœtus. Chez l’adulte, elle se développe lorsque les besoins de l’organisme sont
augmentés.

II/. BASES DE PATHOLOGIE SPLENIQUE

A/. Voie d’entrée des agressions spléniques

Les agents agresseurs pénètrent dans la rate selon deux modalités principales

- Une pénétration via le passage par les voies sanguines


- Une pénétration directe dans le tissu splénique. Cette modalité est nettement moins fréquente,
notamment du fait de la présence d’une capsule épaisse entourant cet organe.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

Rappelons que contrairement à d’autres organes, il n’existe pas de vaisseaux lymphatiques afférents
dans la rate, empêchant l’arrivée d’agents agresseurs par la circulation lymphoïde.

B/. Moyens de défenses et de protection de la rate, réponses face aux agressions

Face à des agressions, la rate est capable de développer des réponses immunitaires, qui peuvent mettre
en jeu l’immunité innée et/ou l’immunité acquise.

La capsule splénique joue également un rôle dans la protection de cet organe.

III/. ETUDES DES LESIONS DE LA RATE

A/. Signes cliniques associés aux lésions

Comme cela apparaîtra ultérieurement, les lésions spléniques se développent souvent lors d’atteinte
systémique. Les signes cliniques développés par l’animal seront donc le plus fréquemment des signes
généraux liés à cette atteinte systémique.

Cependant, certaines lésions spléniques peuvent entraîner des signes cliniques plus spécifiques, qui
seront détaillés le cas échéant.

Il est également important de savoir reconnaître les lésions spléniques qui sont dites non-significatives.
Ce sont des lésions qui n’ont aucune incidence clinique et ne sont pas à l’origine de symptômes. Les
reconnaître permet donc de ne pas se focaliser sur celles-ci et de poursuivre la démarche clinique, pour
mettre en évidence les lésions et dysfonctionnements responsables des signes cliniques ou des
anomalies observés.

B/. Examen macroscopique de la rate

En fonction des espèces, il existe une grande variabilité dans la localisation, la taille, la forme et l’aspect
de la rate qu’il est important de connaître en pratique clinique courante.

L’évaluation de la rate se fait une fois l’organe libéré de ses insertions ligamentaires, après avoir vérifié
l’état de celles-ci (ligament gastrosplénique particulièrement).

Quatre éléments sont à prendre en compte dans l’analyse de l’organe :

 La taille globale de la rate (qui peut être diminuée, normale ou augmentée)


 La couleur : Rappelons que la couleur normale de la rate est fonction de l’épaisseur de la capsule.
La rate est souvent plus rouge chez les carnivores domestiques et le porc, qui ont une capsule
fine, alors qu’elle sera plutôt bleutée chez les chevaux et les ruminants, du fait d’une capsule plus
épaisse.
 La « distension » de la capsule.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

 L’aspect à la coupe : Cette observation est permise par la réalisation de sections régulières
transversales de toute la rate. Cet aspect est variable en fonction du ratio entre pulpe rouge et
pulpe blanche.

L’ensemble de ces observations permet de classer les lésions de la rate dans les catégories présentées
sur la figure suivante :

Partie 2 : LESIONS DE LA RATE

I/. SPLENOMEGALIE UNIFORME AVEC UNE CONSISTANCE SANGUINE


Il s’agit de lésions où la rate est uniformément de taille augmentée et où il y a exsudation de sang à la
section.

Plusieurs circonstances entraînent


le développement de ce type de
lésions.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

A/. Congestion splénique

Une congestion splénique peut avoir deux causes étiologiques : volvulus et anesthésie / sédation /
euthanasie aux barbituriques.

1/. Torsion (volvulus) splénique et torsion gastrique avec accompagnent de la rate

Il s’agit de lésions fréquentes chez le chien et le porc. En effet chez ces espèces, le ligament
gastrosplénique est plutôt lâche et permet à la rate de subir des torsions seule, ou en accompagnement
de torsions gastriques.

Les torsions spléniques et les torsions gastriques constituent des urgences absolues chez le chien, qui
présentera des signes d’état de choc et dont la prise en charge nécessitera la réalisation de soins
intensifs.
1.1/. Pathogénie

La torsion entraîne une occlusion veineuse mais l’apport de sang artériel est maintenu (plus grande
résistance des artères à la torsion). Du sang s’accumule alors dans la rate. La torsion s’aggravant, l’artère
s’occlut, à l’origine d’une nécrose hémorragique de la rate (aussi appelée infarcissement).

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

1.2/. Morphologie

1.3/. histologie

2/. Anesthésie, sédation ou euthanasie aux barbituriques

Ce sont des actes qui, très fréquemment chez les chevaux, entraînent une congestion parfois très
marquée. C’est également visible chez les chiens et les ruminants. Cette congestion est probablement
secondaire à la relaxation des muscles lisses de la capsule et des travées.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

B/. Hyperémie splénique (congestion


aiguë)

Ce type de lésions apparaît lors de septicémies,


lorsque les capacités de phagocytose intra-spléniques
sont dépassées ou inefficaces.

On observe alors une splénomégalie plutôt modérée,


avec une rate de couleur rouge et du sang s’écoulant
à la section.

A l’examen histologique, on peut faire la distinction


entre une septicémie aiguë (par exemple dans le cas
d’anthrax ou de salmonellose fulminante) où l’on note
une distension de la pulpe rouge par du sang
uniquement.

A l’inverse, lors d’une septicémie subaiguë, comme


celle observée lors de rouget (dû à Erysipelothrix
rhusiopathiae) ou de salmonellose, la pulpe rouge
splénique sera distendue par du sang, mais on notera en outre une accumulation possible de
polynucléaires neutrophiles et de macrophages.

1/. Cas particulier de l’anthrax

1.1/. Cause

C’est une maladie, aussi appelée fièvre charbonneuse, due à Bacillus anthracis, une bactérie Gram +, de
grande taille, en forme de bâtonnet, qui a la capacité de sporuler. Elle affecte préférentiellement les
ruminants (bovins et ovins).
1.2/. Pathogénie

L’animal se contamine en ingérant des spores de la bactérie. Ces spores peuvent alors germiner et se
répliquer dans le tube digestif. Les bactéries passent alors dans les nœuds lymphatiques puis rejoignent
la circulation sanguine où elles vont produire des toxines. Ces toxines ont la capacité de dégrader les
membranes des cellules endothéliales et les systèmes enzymatiques des cellules. Cette intoxination et
la multiplication des bacilles est à l’origine d’un choc septique et de la mort le plus souvent brutale de
l’animal.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

1.3/. Morphologie

L’anthrax est une zoonose fatale chez l’homme. Ces bactéries étant
capables de sporuler à l’air libre, l’autopsie des cas suspects est
strictement à proscrire ! Lors de suspicion de cas de charbon, un
prélèvement et une observation microscopique du sang seront
réalisés. L’observation de bacilles conduira à la mise en place d’une
conduite réglementée dont le détail est présenté en cours de PI.

C/. Anémie hémolytique aigue

Les circonstances d’apparition des anémies hémolytiques aiguës sont variées. On retiendra notamment:

- La babésiose aiguë chez le chien


- L’anémie infectieuse équine (AIE) lors de crises hémolytiques typiques de cette
maladie

- Certaines formes d’anémies hémolytiques à médiation immune.

La splénomégalie est secondaire à la dégradation massive des parasites ou des érythrocytes.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

A l’inverse, les anémies hémolytiques chroniques auront une morphologie différente.

II/. SPLENOMEGALIE UNIFORME AVEC UNE CONSISTANCE FERME

Plusieurs circonstances d’apparition résumées dans la figure suivante sont à prendre en compte lorsque
la rate observée est de taille augmentée, uniformément, et que la consistance est ferme, c’est-à-dire
qu’il n’y a pas ou peu de sang s’écoulant à la section.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

A/. Phagocytose
Lorsque l’activité phagocytaire dans la rate est accrue, la taille
globale de la rate est augmentée. Cette splénomégalie est due à
l’hyperplasie macrophagique associée, le plus souvent, à une
hyperplasie lymphoïde.

C’est le type de lésion observé par exemple lors d’atteinte par le


rétrovirus de l’anémie infectieuse équine.

La rate est de taille augmentée avec des bords arrondis


(distension de la capsule). La consistance est ferme. A la section,
un tissu de couleur rouge, plus pâle que la normale, fait
protrusion à la section.

B/. Prolifération de cellules


Dans la rate, des proliférations de cellules peuvent se développer. Il s’agit de proliférations contrôlées
(hyperplasies) ou non (tumeurs, primitives ou métastatiques)

1/. Hyperplasie

1.1/. Hyperplasie lymphoide

L’hyperplasie lymphoïde splénique est secondaire à une stimulation de la réponse immunitaire. Les
follicules lymphoïdes sont alors de taille augmentée et visibles à l’œil nu sous forme de points ou de
taches grisées qui font protrusion au sein de la pulpe rouge.

1.2/. Hyperplasie des macrophages

Lors d’infections par des bactéries intracellulaires ou des champignons notamment, une inflammation
se développe dans la rate, caractérisée par une hyperplasie des macrophages et à terme une
inflammation granulomateuse.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

1.2.1/. Cause

Les splénites granulomateuses diffuses sont secondaires à une infection par plusieurs types d’agents
pathogènes

 Bactérie (pathogènes intracellulaires facultatifs pour les macrophages) :


c’est notamment le cas des mycobactéries (Mycobacterium bovis, responsable de la tuberculose), de
Brucella sp., ou de l’agent de la tularémie (Francisella tularensis)

 Mycose systémique : on retiendra notamment des champignons tels que Blastomyces


dermatitidis ou encore Histoplasma capsulatum.
 Protozoaire : c’est le cas des leishmanies.

1.2.2/. Morphologie et histologie

Ces splénites granulomateuses sont responsables d’une splénomégalie diffuse, uniforme, avec une
surface le plus souvent d’aspect moucheté et à la section, un tissu ferme.

L’examen histologique met en évidence une prolifération macrophagique et une inflammation


granulomateuse diffusément répartie dans la rate.

1.3/. Hyperplasie des cellules hematopoïetiques

1.3.1/. Circonstances d’apparition

Au cours du développement fœtal, la présence de cellules hématopoïétiques dans la rate est normale.
De même, chez le chien adulte, sa présence quasi constante en fait un phénomène que l’on peut
considérer comme physiologique.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

A l’inverse, quand il existe une demande accrue de cellules sanguines dans l’organisme, comme par
exemple lors d’anémies chroniques ou de maladies suppurées, une hyperplasie des cellules
hématopoïétiques se développe.

Elle concerne toutes les lignées, même si en fonction des cas, une lignée peut être prédominante sur les
autres.

1.3.2/. Morphologie
Macroscopiquement, la rate peut être d’aspect normal
ou être de taille diffusément et harmonieusement
augmentée, de consistance ferme et de couleur
généralement plus so mbre que la normale. Il n’y a pas
d’écoulement de sang à la section.

1.3.3/. Histologie

L’examen histologique révèle la présence de cellules hématopoïétiques en quantité variable disséminées


dans la pulpe rouge. Les trois lignées (érythroïdes, myéloïdes et mégacaryocytaires) sont concernées,
dans des proportions variables. Il en ressort une cellularité augmentée de la pulpe rouge

2/. Tumeurs primitives

2.1/. Lymphome splénique

Il s’agit d’une prolifération tumorale des lymphocytes résidents dans la rate.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

2.1.1/. Histologie

A l’examen histologique, on observe une compression ou une disparition de la pulpe blanche et une
infiltration de la pulpe rouge par une prolifération de lymphocytes tumoraux.

2.1.2/. Morphologie

Un lymphome splénique peut avoir plusieurs aspects, dont une forme diffuse ou une forme
(multi)nodulaire.

Dans sa forme diffuse, la rate peut présenter une hypertrophie diffuse et harmonieuse, avec une
consistance ferme, une couleur plus claire et homogène.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

Il est également possible d’observer une


rate avec une hypertrophie là encore
diffuse et harmonieuse, une consistance
ferme, une couleur plus claire à la section,
mais cette fois-ci sous forme de « spots »

2.2/. Mastocytome splénique

Un autre type de tumeur pouvant entraîner une atteinte diffuse est le mastocytome, qui correspond à
la prolifération tumorale des mastocytes résidents du parenchyme splénique.

C’est surtout chez le chat que le mastocytome se développe sous une forme viscérale (et donc affectant
la rate). Chez le chien par exemple, c’est
surtout une tumeur cutanée.

Un mastocytome splénique entraîne une


hypertrophie diffuse et harmonieuse de cet
organe, avec une consistance plus ferme
que la normale et une couleur plus claire.

3/. Tumeurs secondaires ou métastatiques diffuses

Lors de phénomènes métastatiques dans la rate, l’atteinte diffuse est nettement plus rare que l’atteinte
nodulaire, qui sera détaillée ultérieurement. Elle ne survient que dans certaines circonstances,
notamment lors d’envahissement secondaire par des tumeurs hématopoïétiques (lymphome malin
primitivement extra-splénique, ou extension de leucémie aiguë ou chronique).

C/. Stockage de substances acellulaires

1/. Amyloïdose

La rate est un organe dans lequel peut s’accumuler de la substance amyloïde, qui en fonction des
circonstances d’apparition peut être de type AL ou AA.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

1.1/. Morphologie

La présence d’amyloïdose ne se traduit pas toujours par des modifications visibles à l’œil nu. En effet,
une splénomégalie est plutôt rare. La rate est cependant de consistance plus ferme, voire
caoutchouteuse à cireuse, avec une couleur beige à orangée.

1.2/. Histologie

Microscopiquement, on observe une accumulation dans la pulpe blanche puis dans l’ensemble de la rate
d’une substance acidophile amorphe homogène. La coloration au Rouge Congo permet de s’aider pour
établir le diagnostic d’amyloïdose.

2/.2.Maladies de stockage
MALADIES DE STOCKAGE

2.1/. Pathogénie

On regroupe sous le terme « maladies de stockage » un groupe hétérogène de troubles génétiques ou


acquis. Ces affections sont secondaires à l’absence d’une ou de plusieurs enzymes, notamment
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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

lysosomiales, nécessaires au métabolisme de certains substrats. Ces substrats peuvent être des
mucopolysaccharides, des sphingolipides, des lipides, du glycogène, des glycoprotéines, …

L’accumulation ultime de ces substrats se fait dans les macrophages qui n’ont donc pas le matériel
enzymatique nécessaire pour dégrader ces substances.

Ces maladies affectent surtout les animaux jeunes et entraînent plus particulièrement des troubles
nerveux.

La rate est un organe très rarement atteint et lorsqu’elle l’est, fait partie d’un tableau lésionnel plus
vaste intéressant plusieurs autres organes (atteinte et symptômes systémiques).

2.2/. Histologie

L’examen

2.3/. Morphologie

A l’œil nu, dans la majorité des cas, on n’observe pas de lésions visibles. Dans d’autres cas, une
splénomégalie diffuse peut être notée.

2.4/. Microscopie électronique

Des études d’enzymologie permettent de confirmer quelle enzyme est en cause.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

III/. NODULES SPLENIQUES AVEC UNE CONSISTANCE DE TYPE SANGUINE

Quatre grands types de lésions peuvent entraîner cet aspect macroscopique.

A/. Hématome

Les hématomes sont un type de lésions nodulaires parmi les plus fréquents, notamment chez le chien.
Ils correspondent à des saignements dans la pulpe rouge, délimités par la capsule splénique.

1/. Circonstances d’apparition

1.1/. Traumatismes

Les hématomes spléniques peuvent être secondaires à un traumatisme (AVP, coup de pied, …)

1.2/. Développement secondaire

Ils peuvent également être secondaires au développement d’autres lésions spléniques.

1.2.1/. Nodules d’hyperplasie lymphoide

La présence préalable de nodules d’hyperplasie lymphoïde peut être à l’origine du développement


d’hématomes. En effet, la croissance de ces nodules d’hyperplasie peut entraîner une distorsion de
l’architecture de la rate. Il s’ensuit alors une accumulation et une stagnation de sang en périphérie du
nodule, qui favorise l’apparition d’une hypoxie et d’une nécrose des cellules localisées à cet endroit,
permettant le développement de l’hématome.

1.2.2/. Tumeurs vasculaires

La présence de tumeurs vasculaires spléniques favorise l’apparition d’hématomes secondairement à la


rupture dans le parenchyme splénique lui-même (rupture intrasplénique) de ces tumeurs. Une autre
possibilité d’apparition d’hématomes est la distorsion du parenchyme splénique par la masse tumorale
et la stagnation sanguine consécutive (pathogénie similaire aux nodules d’hyperplasie lymphoïde)

2/. Morphologie

Il s’agit de masses, le plus souvent unique, rouge à rouge sombre, molle, qui font protrusion. Leur taille
est variable.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

3/. Evolution
3. EVOLUTION

Il est possible de dater l’hématome splénique et donc de définir le « rôle » de la formation de


l’hématome dans les signes cliniques ayant motivé une consultation :

• En début d’évolution (photo 1), l’hématome se caractérise par la présence du sang qui coagule à
l’origine de la formation d’une masse sombre et molle.
• Puis, dans l’hématome (photo 2), il y a infiltration macrophagique à l’origine d’une dégradation
de l’hémoglobine (et formation secondaire de bilirubine et d’hémosidérine). De la fibrine qui se
dépose dans l’hématome peut être détectée.
• A plus long terme (photo 3), l’hématome « se cicatrise », avec une réparation tissulaire. Il a alors
un aspect plus sec et compact, de couleur pâle (fibrose)

3
1
2

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

4/. Conséquences cliniques

La capsule splénique entourant l’hématome peut se rompre. Cette rupture entraîne le déversement de
sang dans la cavité abdominale (hémopéritoine), à l’origine d’un choc hypovolémique et de la mort de
l’animal.

B/. Vidange incomplète de la rate


Il s’agit de zones dans la rate qui ne se contractent pas suffisamment. Cela est dû à une contraction
inadaptée des fibres musculaires lisses dans certaines travées.

Ce type de contractions inadaptées peut être induit lors d’états de chocs (hypovolémique,
cardiogénique, septique), ou en réponse à une activation du système parasympathique (en situations de
stress).

Ces zones de vidange


incomplète sont le plus
souvent nombreuses, de taille
variable, de couleur rouge
sombre à noirâtre, en
surélévation, de consistance
molle et remplies de sang. Elles
sont fréquemment localisées
sur les bords de l’organe. Le
tissu splénique situé entre ces
zones semble être en dépression.

Un diagnostic différentiel important est à effectuer avec les lésions d’infarcti aigus (pathogénies et
conséquences cliniques différentes).
C/. Infarcti aigue
1/. Circonstances d’apparition
Les infarcti aigus de la rate peuvent se développer secondairement à des thromboses ou à des embolies.
1.1/. Thrombose

Ces thrombi peuvent apparaître suite à

 Des Maladies à l’origine de lésions vasculaires, telles que des septicémies ou certaines maladies
virales (Peste Porcine Classique (Pestivirus) ou Peste Porcine Africaine (Asfarvirus) par exemple)
 Des Etat d’hypercoagulabilité, tels que le syndrome néphrotique, des anémies hémolytiques
auto-immunes, un syndrome de Cushing, une corticothérapie ou des tumeurs
 Une splénomégalie, entraînant une stagnation de sang dans l’organe, qui va pouvoir coaguler

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

1.2/. Embolie

Les emboles sont souvent d’origine septique. C’est typiquement le cas des emboles se détachant lors
d’endocardite valvulaire gauche, lors de thrombose de la veine cave ou de la veine porte, chez les bovins
notamment.
2/. Morphologie

Les lésions d’infarcti aigus se présentent sous la forme de zones le plus souvent de petite taille,
légèrement surélevées, de couleur rouge sombre. Elles sont le plus souvent localisées sur les marges de
la rate.

Lors d’évolution plus chronique, leur délimitation


devient plus nette. Ces lésions sont alors plus pâles,
de consistance plus ferme. L’évolution se termine
par la formation d’une cicatrice fibreuse blanche en

dépression.

3.3/. Histologie
HISTOLOGIE
L’examen histologique de ces lésions montre des zones de
nécrose et d’hémorragies, plus ou moins bien circonscrites.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

D/. Tumeurs vasculaires


Les tumeurs vasculaires comptent parmi les causes les plus fréquentes d’apparition de nodules
spléniques « sanguins ». Ce sont des tumeurs se développant à partir des cellules endothéliales, pouvant
être bénignes (hémangiomes) ou malignes (hémangiosarcomes).

1/. L’hémangiome

Ce sont des tumeurs à point de départ vasculaire, bénignes, plutôt rares.

Ces tumeurs se présentent le plus souvent sous la forme d’une masse unique, de couleur rouge sombre
et de consistance molle à friable.

On en fait le diagnostic à l’examen histologique par la mise en évidence de cellules endothéliales


tumorales bien différenciées, organisées en espaces vasculaires bien formés.

2/.
2.L’hémangiosarcome
HEMANGIOSARCOME

Ce sont des tumeurs malignes qui se développement plus fréquemment que les hémangiomes. C’est en
effet la tumeur splénique la plus fréquente chez le chien, avec une prédisposition bien décrite pour le
Berger Allemand.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

Les hémangiosarcomes se reconnaissent par leur aspect de masse friable, plus ou moins bien délimitée,
de couleur rouge sombre. Ces tumeurs peuvent être uniques
ou multiples (et coalescentes). La multiplicité des masses
dans la rate peut être considérée comme de possibles
métastases intraspléniques à partir de masses primitives
(souvent la masse de plus gros volume). Par ailleurs, comme
expliqué plus haut, des hématomes peuvent être associés à
ces tumeurs. A l’examen histologique, les
hémangiosarcomes sont composés de cellules endothéliales
tumorales d’aspect anaplasique, formant des lacunes
vasculaires mal définies, orientées aléatoirement,
comprenant des amas de sang non coagulé.

Le pronostic des hémangiosarcomes spléniques est sombre.


En effet, ce sont des tumeurs qui métastasent fréquemment
et précocement. Les métastases peuvent se faire en
semailles dans la cavité péritonéale (cf. photo), ou se
développer dans le foie ou les poumons notamment. Par
ailleurs, la capsule entourant les hémangiosarcomes est
fragile (car souvent infiltrée par des cellules tumorales) à
l’origine d’une rupture splénique et d’un hémopéritoine.
Enfin, les hémangiosarcomes sont des tumeur s qui entraînent
fréquemment un état d’hypocoagulabilité ou des états de
coagulation intra-vasculaire disséminée.

3/.
3.Diagnostic différentielDIFFERENT
DIAGNOSTIC IEL
Le diagnostic différentiel entre hématome, hémangiome et hémangiosarcome peut être
difficile à faire (à l’œil nu ou par imagerie médicale).

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

Les pronostics et la prise en charge étant différents en fonction de ces entités, il est souvent
nécessaire de recourir à l’examen histologique pour les différencier.

IV/. NODULES SPLENIQUES AVEC UNE CONSISTANCE FERME

A/. Nodules d’hyperplasie splénique

Il s’agit d’une lésion fréquente chez le chien âgé, qui n’a pas de conséquences cliniques sur la santé de
l’animal (lésion non significative autrefois appelée splénome).
1/.
1. Composition histologique
COMPOSITION HISTOLOG IQUE
Ces nodules sont composés de cellules lymphoïdes
hyperplasiques qui peuvent être seules ou associées à
des cellules hématopoïétiques hyperplasiques, infiltrant
et déformant la pulpe rouge dans des proportions
variables.

2/. Morphologie
2. MORPHOLOGIE
L’examen à l’œil nu de la rate montre un ou plusieurs
nodules surélevés, de couleur variable (pâle à rouge
sombre). La variation dans la couleur correspond aux
variations dans le rapport pulpe rouge – pulpe blanche.
Souvent la couleur est bigarrée. La taille de ces nodules
d’hyperplasie est variable, le plus souvent de diamètre
inférieur à 2 cm. Il n’est cependant pas rare d’observer
des nodules de diamètre supérieur à 5 cm.

3/. Conséquences
3. CONSEQUENCES
Comme mentionné plus haut, ce sont des lésions non significatives qui n’ont le plus souvent aucune conséquence
clinique. Dans un petit nombre de cas cependant, un hématome peut se développer secondairement à l’apparition
du nodule, puis se rompre, entraînant un hémopéritoine.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

B/. Tumeurs primitives

1/. Lymphome

En plus de l’atteinte diffuse précédemment décrite, les lymphomes malins affectant la rate peuvent se
présenter sous la forme de nodules, uniques ou multiples, de consistance ferme.

2/. Sarcome histiocytaire


2. SARCOME HISTIOCYTAIR E
Il s’agit d’une tumeur à point de départ macrophagique ou de cellules dendritiques. C’est une tumeur
peu fréquente, au pronostic vital sombre.

La rate se présente alors sous forme d’une hypertrophie focale nodulaire, de consistance ferme et de
couleur claire.

L’examen histologique met en évidence une infiltration mal délimitée de la rate par une population de
cellules néoplasiques, entraînant une destruction des structures normales de cet organe.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

3/.
3. Tumeurs mésenchymateuses
TUMEURS MESENCHYMATE USES
Dans la rate, les cellules mésenchymateuses
peuvent également se tumoriser et former des
nodules spléniques de consistance ferme

On reconnaît des léiomyomes, léiomyosarcomes,


fibrosarcomes, …

Ces tumeurs forment des masses isolées ou


multiples, surélevées, de consistance ferme. A la
section, le tissu tumoral fait protrusion et est de
couleur pâle.

Cas des myélomes

Ce sont des tumeurs constituées pour moitié de cellules hématopoïétiques et pour moitié de cellules
adipeuses. Par rapport aux autres tumeurs mésenchymateuses, à la section, le tissu tumoral est plus
mou (dû aux adipocytes tumoraux). Ce sont des tumeurs bénignes.

C/. Métastases spléniques de tumeurs extra-spléniques


Les métastases dans la rate de tumeurs extra-spléniques sont plutôt rares. Les tumeurs primitives
peuvent être des sarcomes, des carcinomes ou des tumeurs hématopoïétiques.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

Ces métastases forment des néoformations isolées ou


multiples, de taille très variable.

Les métastases de tumeurs mésenchymateuses prennent


un aspect « fibrillaire » à la section. La section peut-elle
même être rendue difficile (crissement) en cas de
minéralisation (cas des métastases d’ostéosarcome par
exemple). La consistance de ces métastases est plutôt
ferme.

Anapath TD 14 - La rate

Les métastases des tumeurs épithéliales peuvent se reconnaître par


leur aspect plus lobulé à la section, avec un tissu tumoral faisant
protrusion. Le seul diagnostic de certitude de l’origine cellulaire des
métastases est l’examen histologique.

D/. Granulome
Dans la rate, des granulomes peuvent se développer. Les causes sont identiques à celles présentées lors
de l’étude des splénites granulomateuses diffuses, et sont synthétisées dans le tableau ci-dessous.

Origine Causes d’inflammation granulomateuse

Non-infectieuse Corps étrangers

Bactéries
Mycobactéries
Francisella tularensis (Tularémie)
Yersinia pseudotuberculosis
Brucella sp.
Champignons
Infectieuse Blastomyces dermatitidis
Histoplasma capsulatum
Coccidiomyces sp.
Sporothrix sp.
Protozoaires
Leishmania sp.
Toxoplasma gondii

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

Tularémie (chat)

E/. Abcès splénique

1/. Circonstances d’apparition

Les abcès spléniques, aussi appelés splénite suppurative multifocale chronique, sont peu fréquents. Ils
se développent après un épisode de bactériémie ou de septicémie. Les bactéries les plus fréquemment
responsables d’abcès spléniques varient en fonction des espèces.
1.1/. Chevaux

Les abcès splénique sont le plus souvent dus à une infection par Streptococcus equi (même si l’atteinte
de la rate reste occasionnelle avec cette bactérie) ou par Rhodoccus equi (qui affecte primitivement les
poumons, puis possiblement à l’origine d’une extension aux intestins et aux nœuds lymphatiques
mésentériques, et à la rate dans une moindre mesure).
1.2/. Bovins

Les abcès spléniques sont le plus souvent dus à une infection par Arcanobacteriu (truperella) pyogene.
1.3/. Petits ruminants

La bactérie la plus fréquemment responsable d’abcès spléniques est Corynebacterium


pseudotuberculosis.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

2/.
2. Morphologie
MORPHOLOGIE
Le nombre et la taille des abcès spléniques est très
variable d’un cas à l’autre. Les abcès ont une délimitation
plutôt nette (encapsulation progressive avec le temps) et
renferment un matériel pâteux clair à la section (pus).

3/.
3.Histologie
HISTOLOGIE
Les abcès sont composés de polynucléaires neutrophiles
viables et dégénérés associées à des débris nécrotiques.

V/. RATE DE TAILLE DIMINUEE

Par opposition aux rates de taille augmentée, on peut également observer des rates de taille diminuée,
qui apparaissent dans diverses circonstances.

A/. Anomalies de développement

1/. Hypoplasie splénique

On observe des hypoplasies dans la rate lors d’états d’immunodéficience congénitale chez les jeunes
animaux.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

SCID : Syndrome d’immunodéficience aigue combiné sévère

C’est le cas dans le syndrome d’Immunodéficience Combinée Sévère (SCID), qui affecte entre autres, les
poulains pur-sang Arabe. Il s’agit d’une maladie génétique qui se transmet de manière autosomique
récessive. C’est une enzyme, la DNA-PK (DNA-Dependant Protein Kinase) qui est déficiente. Cette
enzyme à un rôle dans la recombinaison des segments V, D et J lors de la maturation lymphocytaire.
L’absence d’enzyme fonctionnelle entraîne une absence de lymphocytes T et B fonctionnels et donc une
immunité acquise non fonctionnelle.

Cet état d’immunodéficience congénitale se traduit par une


rate d’aspect normal ou de taille diminuée, de couleur
rouge pâle. Les autres organes lymphoïdes sont également
atteints (hypoplasie thymique et des nœuds lymphatiques).
En microscopie, on met en évidence une diminution de taille
de la pulpe blanche, avec une absence de follicules
lymphoïdes et des manchons péri-artériolaires.

Les conséquences cliniques de ce syndrome sont directement liées à l’état d’immunodéficience du


jeune animal, qui est alors très sensible aux infections secondaires (bactéries, champignons, adénovirus,
…).

Il existe de nombreuses formes de SCID dans plusieurs espèces (chiens, souris, …) à transmission
héréditaire (récessive, liée à l’X, …) et dont la pathogénie est variable.

2/. Rate accessoire


2. RATES ACCESSOIRES
On parle de rates accessoires pour décrire la présence de
petites rates disséminées au sein de l’épiploon (et plus
particulièrement au niveau du ligament gastrosplénique)

Ces rates accessoires forment de peti ts fragments bien


délimités de parenchyme de couleur marron, disséminés

dans l’omentum. A l’examen histologique, leur structure est en tout point semblable à celle d’une rate
normale.
Ce sont des lésions non significatives qui doivent être différenciées de la splénose ou de métastases
d’hémangiosarcome.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

3/. Fissures spléniques

Ce sont des lésions non significatives fréquentes chez les chevaux, qui se présentent sous la forme de
rainures allongées dans la capsule, parallèles aux bords de la rate.

B/. Atrophie liée à l’âge


Au cours du vieillissement, le nombre de lymphocytes T
et B dans les organes lymphoïdes diminue, à l’origine
d’une atrophie lymphoïde, donnant notamment une
rate de petite taille. La capsule splénique prend un
aspect ridé.

A l’histologie, une diminution de la pulpe blanche et une


condensation de la pulpe rouge (qui a un aspect fibreux)
sont notables.

C/. Dépérissement et maladies chachectisantes


Une atrophie de la rate est présente lors de cachexie. La cachexie peut apparaître en cas de
malnutrition sévère, de tumeur systémique, de syndrome sévère de malabsorption ou de syndrome
paranéoplasique.

Cette cachexie a un effet important de déplétion de la population des lymphocytes T (cf. pathologie du
thymus). Au contraire, peu d’effets sont visibles sur la population des lymphocytes B.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

D/. Splénocontraction

On parle de splénocontraction lorsqu’il y a une contraction des muscles lisses de la capsule et des
travées. Cette contraction peut être secondaire à un relargage des catécholamines (lors de stress ou de
situations mettant en péril la survie de l’animal) ou à un choc cardiogénique, hypovolémique ou septique
(lors de rupture splénique par exemple).

Après splénocontraction, la rate est de


petite taille, d’aspect ridé. A la section,
le parenchyme splénique a un aspect
sec.

VI/. LESIONS SPLENIQUES NE MODIFIANT PAS LA TAILLE NI LA FORME DE LA RATE

Certaines lésions ne modifient pas la taille ou la forme de la rate

A/. Hémosidérose
Lors d’hémosidérose, il y a stockage sous forme d’hémosidérine du fer issu de la dégradation des
érythrocytes. Le stockage du fer fait partie des fonctions normales de la rate, mais lors d’hémosidérose,
il y a un excès d’hémosidérine dans la rate.

Trois grandes circonstances entraînent une hémosidérose

 Une diminution de l’érythropoïèse (demande moindre en fer)


 Une destruction rapide des érythrocytes (par des parasites hémotropes ou lors d’anémies
hémolytiques)
 Une insuffisance cardiaque droit (avec une stase sanguine dans la rate)

Aucune lésion n’est visible à l’œil nu. A l’examen histologique, on observe une accumulation de pigments
de couleur brune ou jaune-doré dans le cytoplasme des macrophages.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

B/. Nodules d’incrustation sidéro calcaires


Aussi appelés corps de Gamna-Gandy, ce sont des lésions non significatives qui se présentent sous la
forme d’incrustations sèches, fermes (voire dures) enchâssées dans la capsule splénique, de couleur
jaunâtre à gris blanc. Ces nodules sont fréquemment
localisées sur les marges de la rate (toute portion de la rate
peut être atteinte ; il est également possible que la rate soit
complètement recouverte).

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

A l’examen histologique, on observe une association de pigments jaunâtre (bilirubine), bleus (calcium)
et jaune doré (hémosidérine), au sein d’un tissu conjonctif fibreux.

Les circonstances d’apparition de ces nodules ne sont pas encore bien comprises. On pense à de
possibles séquelles d’anciennes hémorragies secondaires à des traumatismes.

C’est une lésion sans aucune incidence clinique, même si elle peut parfois être spectaculaire,
particulièrement fréquente chez le chien âgé.

C/. Rupture splénique


Chez le chien notamment, la rupture splénique est plutôt commune. Elle est secondaire à des
traumatismes. Toute splénomégalie constitue un facteur favorisant puisqu’elle entraîne une fragilisation
de la capsule dont la rupture sera d’autant facilitée.

Morphologie

L’aspect d’une rupture splénique évolue avec le temps

 rupture aigue : Il y a une splénocontraction associée avec une déchirure plus ou moins complète
de la capsule.
 splénose : On parle de splénose quand il y a essaimage de morceaux de rate dans la cavité
abdominale, qui peuvent s’implanter au niveau des séreuses. Ils constituent alors des rates
accessoires de petite taille, dont le rôle reste cependant limité.
 rupture chronique : Une cicatrisation des bords de la rupture est visible.

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

VII/. SYNTHESE SUR LES LESIONS DE LA RATE

LESIONS EN FONCTION DES ROLES DE LA RATE


Une autre façon d’envisager les lésions de la rate, plus théorique, consiste à les regrouper en fonction
des structures lésées et des fonctions atteintes. AGRESSION

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

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Module anatomie pathologique – Pathologie de la rate

Hypoplasie /
Immunodéficience

Anomalies de Rates accessoires


développement

Atrophie liée à l’âge Fissures spléniques

Dépérissement et
maladies cachectisantes

Splénocontraction

Hémosidérose

Nodules d’incrustation
sidéro -calcaires

Rupture splénique

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CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM


Module anatomie pathologique – Pathologie du thymus

LESIONS DU THYMUS
I/. FONCTIONS DU THYMUS
Les bases nécessaires pour comprendre le fonctionnement du thymus sont présentées dans le cours
d’histologie des organes lymphoïdes.

A/. Composition du thymus

Le thymus est un organe lymphoïde primaire, lobulé,


qui se divise en un cortex et une médulla. Le cortex est
composé d’un réseau de cellules épithéliales et de
cellules lymphoïdes T. La médullaire, quant à elle, est
majoritairement composée de cellules épithéliales
réticulaires. On y retrouve également des structures
appelées corpuscules de Hassal.

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Module anatomie pathologique – Pathologie du thymus

B/. Multiplication et différenciation des lymphocytes T


Le thymus est colonisé par des cellules souches T
synthétisées dans la moelle osseuse. S’ensuit une
différenciation au sein de cet organe de ces
précurseurs, qui évoluent alors en lymphocytes pro-T,
puis pré-T, lymphocytes double positifs et enfin
lymphocytes simple positifs. Au cours de cette
différenciation, des processus de sélection positive et
négative ont lieu. Les lymphocytes T matures quittent
alors le thymus et rejoignent les organes lymphoïdes
secondaires.

II/. PATHOLOGIES DU THYMUS


Quatre grands types lésionnels peuvent se développer dans le thymus et ont une incidence clinique.

A/. Atrophie lymphoïde

La diminution de la population lymphocytaire dans le thymus est à l’origine d’une atrophie de cet organe.
Deux grandes circonstances d’apparition peuvent entraîner une telle lésion.

Normal

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Module anatomie pathologique – Pathologie du thymus

1/. Hypoplasie congénitale

Le thymus n’est pas un organe hématopoïétique. En effet, toutes les cellules lymphoïdes T présentes dans
le cortex sont directement issues de la colonisation par des cellules souches synthétisées dans la moelle
osseuse. Un apport insuffisant (voire absent) de ces cellules souches entraîne donc une hypoplasie
lymphoïde dans le thymus.

Cette hypoplasie est typiquement la conséquence de syndromes d’immunodéficience chez le jeune,


notamment le syndrome d’immunodéficience combiné sévère (SCID).

C’est un syndrome qui affecte entre autres, le poulain Arabe. Il s’agit d’une maladie génétique qui se
transmet de manière autosomique récessive. C’est une enzyme, la DNA-PK (DNA-Dependant Protein
Kinase) qui est déficiente. Cette enzyme à un rôle dans la recombinaison des segments V, D et J lors de la
maturation lymphocytaire. L’absence d’enzyme fonctionnelle entraîne une absence de lymphocytes T et
B fonctionnels et donc une immunité acquise non
fonctionnelle. Anapath TD 14 - Le thymus

Cet état d’immunodéficience congénitale se traduit


par un thymus de taille nettement diminuée, voire
invisible à l’œil nu dans le médiastin. Les autres
organes lymphoïdes sont également atteints (rate
d’aspect normal ou de taille diminuée, de couleur
rouge pâle et hypoplasie des nœuds lymphatiques).
En microscopie, on met en évidence une atrophie
sévère du cortex thymique, dans lequel on
n’observe quasiment plus que des cellules
épithéliales.

Les conséquences cliniques de ce syndrome sont directement liées à l’état d’immunodéficience du jeune
animal, qui est alors très sensible aux infections secondaires (bactéries, champignons, adénovirus, …)

Il existe de nombreuses formes de SCID dans plusieurs espèces (chiens, souris, …) à transmission
héréditaire (récessive, liée à l’X, …) et dont la pathogénie est variable.

2/. Déplétion acquise

Dans plusieurs circonstances, c’est une augmentation de la lyse des lymphocytes qui est à l’origine d’une
diminution de la taille du thymus. On parle alors de déplétion lymphocytaire.

Plusieurs causes sont à l’origine d’une déplétion.

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Module anatomie pathologique – Pathologie du thymus

2.1/. Toxines

Des toxines telles que le plomb, le mercure ou des bisphénols polychlorés sont responsables de de ce type
de lésions. On retrouve également des toxines produites par des champignons, telles que les fumonisines
B1 (produites par des Fusarium) ou des aflatoxines.

2.2/. Agents de chimiothérapie et rayonnements ionisants

Lors de traitement anticancéreux notamment, certaines modalités thérapeutiques peuvent entraîner une
destruction de la population lymphoïde du thymus. C’est le cas de certains agents de chimiothérapie et
de certains rayonnements ionisants. Ils ont effet la particularité de cibler les cellules qui sont entrées dans
un cycle de division. C’est le cas d’une certaine proportion de cellules tumorales, mais également des
cellules lymphoïdes qui se divisent dans le thymus, et qui sont donc détruites (effet collatéral de ces
traitements).

2.3/. Agents infectieux

Certains agents infectieux peuvent entre autres cibler des cellules lymphoïdes (tous les organes
lymphoïdes sont alors atteints). C’est le cas du virus de la maladie de Carré chez le chien, des parvovirus
canin et félin, du FIV chez le chat, de l’herpès virus de type 1 du poulain, ou du virus de la diarrhée virale
bovine (BVD).

En plus des signes cliniques et lésions associés aux autres effets du virus, cette destruction des
lymphocytes entraîne un état d’immunodépression favorisant des infections secondaires.

2.4/. Malnutrition et cachexie

En cas de malnutrition, voire de cachexie, le tissu adipeux s’atrophie. Il sécrète alors moins de leptine dans
le sang. Cette diminution de la concentration de leptine a des conséquences sur le développement des
lymphocytes T dans le thymus, qui entraînent une diminution du nombre de lymphocytes T circulants, une
diminution du nombre de lymphocytes T migrant dans les organes lymphoïdes secondaires, et un mauvais
fonctionnement de ces lymphocytes T.

3/. L’involution thymique

Le thymus est un organe particulier en ce sens qu’il s’atrophie naturellement avec l’âge. On parle
d’involution thymique. En effet, chez le jeune, le thymus est à son activité maximale et a donc atteint sa
taille maximale. A partir de la puberté, la taille du cortex diminue (par diminution du nombre de
lymphocytes) et la médullaire augmente de taille (par invasion par des adipocytes issus du tissu conjonctif
interlobulaire). A l’âge adulte, il ne reste alors plus que de fins cordons de lymphocytes entourés par du
tissu adipeux dans le médiastin crânial, invisibles à l’œil nu.

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Module anatomie pathologique – Pathologie du thymus

A partir de la puberté de l’animal, il est donc potentiellement difficile de faire la différence entre une
involution thymique normale, et une atrophie pathologique (diminution accélérée de l’organe). Cette
difficulté peut être surmontée si l’on peut observer le thymus d’un animal contrôle (très peu probable en
médecine vétérinaire courante, excepté en médecine d’élevage), ou si les lésions d’atrophie sont très
sévères.

A noter que chez certaines espèces (souches de souris notamment), le thymus peut persister à l’âge
adulte.

B/. Inflammation du thymus


L’inflammation du thymus est un phénomène rare qui ne s’observe que dans un nombre très restreint
de maladies. C’est le cas du syndrome de dépérissement multisystémique post-sevrage du porc. Ce
syndrome résulte d’une infection virale, dont l’agent est
le circovirus porcin de type 2. Les porcs atteints sont en
mauvais état général, présentent une lymphadénopathie
généralisée et une pneumonie interstitielle. A l’examen
histologique, le diagnostic se fait par observation d’une
déplétion lymphocytaire T dans le thymus,, à l’origine
d’une immunodépression clinique, et d’une inflammation
granulomateuse du thymus dans laquelle on peut
observer des corps d’inclusion viraux spécifiques de la
maladie, qu’on appelle des corps botryoïdes. Ce type
d’inflammation se retrouve dans les autres organes
lymphoïdes.

C/. Hémorragies et hématomes du thymus


Ce type de lésions n’est décrit que chez le jeune chien.

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Module anatomie pathologique – Pathologie du thymus

Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer l’apparition de ces hémorragies (ou hématomes) dans
le thymus :

- rupture d’un anévrisme disséquant de l’aorte


- traumatismes (ruptures vasculaire secondaires à des traumatismes, tractions excessives avec un
collier)
- intoxication aux anti-vitamines K1 (rodenticides coagulants)
- origine idiopathique possible

La survenue d’hémorragies ou d’hématome au niveau du thymus peut potentiellement être fatale, de par
le développement d’un choc hypovolémique secondaire aux pertes sanguines massives (qui peuvent
s’épancher dans l’ensemble du médiastin).

D/. Tumeurs thymiques primitives

On distingue deux grands types tumoraux dans le thymus, en fonction du point de départ cellulaire, le
lymphome thymique et le thymome.

1/. Lymphome thymique

Le lymphome se développe à partir de la composante lymphocytaire du thymus. Il s’agit donc quasi


exclusivement de lymphocytes T.

Les lymphomes thymiques touchent préférentiellement les animaux plutôt jeunes, et notamment les
jeunes chats et les bovins. Par définition, les lymphomes sont malins et se présentent sous la forme d'une
masse peu ou pas encapsulée.

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Module anatomie pathologique – Pathologie du thymus

La présence de cette masse tumorale dans le médiastin crânial entraîne des signes cliniques secondaires
à la compression des appareils adjacents, à savoir des signes respiratoires (dyspnée), digestifs ou
cardiaques. Les lymphomes thymiques sont souvent à l’origine d’une effusion thoracique. La suspicion
diagnostique (voire le diagnostic) peut donc se faire par examen cytologique de l’épanchement.

2/. Thymome

Les thymomes se développent à p artir de la


composante épithéliale du thymus . Elle atteint
préférentiellement les animaux plutôt âgés . C’est
une tumeur le plus souvent bénigne ,
morphologiquement bien encapsulée, multilobulée
et à croissance lente. Les métastases ne sont pas
fréquentes.

Les signes cliniques visibles lors de thymome sont de deux types :

 une première catégorie liée à l’effet de masse dans le médiastin crânial (comme pour le lymphome)
 une seconde catégorie liée à l’existence de syndromes paranéoplasiques.
- Le plus fréquent est la myasthénia gravis, qui se caractérise notamment par le
développement d’un mégaoesophage. Ce syndrome est probablement secondaire à la
production d’anticorps ciblant le récepteur à l’acétylcholine des jonctions
neuromusculaires

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Module anatomie pathologique – Pathologie du thymus

- Le développement d’une polymyosite (inflammation de plusieurs muscles striés


squelettiques)
- Une dermatite exfoliative généralisée, visible chez le chat

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CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM


Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

LESIONS DES NŒUDS LYMPHATIQUES


Les bases nécessaires pour comprendre le fonctionnement des
nœuds lymphatiques sont présentées dans le cours d’histologie des
organes lymphoïdes.

I/. RAPPELS D’HYSTOPHYSIOLOGIE


Les nœuds lymphatiques constituent l’une des premières lignes de défense contre les agents infectieux
et non-infectieux présents dans le sang et/ou la lymphe.

Par leur structure, ils filtrent la lymphe de ses particules et des micro-organismes, permettent et facilitent
la surveillance des antigènes arrivant dans l’organe. Dans cet organe ont lieu les interactions entre
lymphocytes T et B et la production de plasmocytes.

A/. Filtration de la lymphe

Trois groupes d’éléments arrivant au nœud lymphatique peuvent être filtrés :

 particules et molécules de grande taille


 molécules de petite taille
 des antigènes apportés par les cellules présentatrices d’antigènes

B/. Développement de la réponse immunitaire


La mise en place de la réponse immunitaire peut passer directement par l’activation des lymphocytes B
via le BCR ou par l’activation préalable des lymphocytes T helper, comme résumés sur les deux figures
suivantes.

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

Activation via le BCR

Activation via les lymphocytes T helper

Le centre germinatif des follicules lymphoïde se développe alors, correspondant à la prolifération des
lymphocytes B qui se différencient en plasmocytes.

La reconnaissance antigénique par les lymphocytes T naïfs entraîne également leur activation et leur
propre différenciation en lymphocytes T effecteurs ou mémoire.

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

II/. BASE DE PATHOLOGIE DES NŒUDS LYMPHATIQUES

A/. Porte d’entrée des agressions

Plusieurs voies d’entrée des agents agresseurs dans un nœud lymphatique sont possibles.

1/. Vaisseaux lymphatiques afférents

Ils constituent la voie d’entrée principale et correspondent au drainage d’un territoire anatomiquement
défini. Le nœud lymphatique sera alors le témoin des phénomènes et des lésions se développant dans ce
territoire. Ainsi, la présence de micro-organismes dans le tissu drainé peut entraîner leur migration jusque
dans le nœud lymphatique de drainage ; une pathologie de surcharge (carbone, lipides, …), une pathologie
vasculaire (oedèmes, hémorragies, …), de l’inflammation (drainage des cellules inflammatoires, à
différencier d’une inflammation du nœud lymphatique stricto sensu) ou un développement tumoral
pourront avoir des conséquences lésionnelles dans le nœud lymphatique.

2/. Vascularisation sanguine

Les agressions peuvent également pénétrer dans le nœud lymphatique par voie sanguine. C’est le cas des
bactéries lors de bactériémie ou de septicémie, ou encore des lymphocytes et macrophages qui migrent
jusque dans le nœud lymphatique.

3/. Capsule

La pénétration directe au travers de la capsule est une troisième modalité, peu fréquente, d’arrivée des
agents agresseurs. Cette pénétration est facilitée en cas d’inflammation, de trauma ou de développement
tumoral.

B/. Réponse des nœuds lymphatiques aux agressions

Quatre grandes modalités réactionnelles des nœuds lymphatiques sont à prendre en compte

 Hyperplasie: l’hyperplasie peut concerner des cellules du système des monocytes-macrophages


(cas de l’histiocytose des sinus) ou les cellules lymphoïdes (hyperplasie folliculaire des lymphocytes
B avec à terme production d’anticorps et/ou hyperplasie du paracortex des lymphocytes T)
 Atrophie : le tissu lymphoïde est capable de s’atrophier
 Inflammation : l’inflammation peut être aiguë ou chronique
 Développement tumoral

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

III/. LES LESIONS DES NŒUDS LYMPHATIQUES

A/. Examen macroscopique


1/. Règles d’observation

Les nœuds lymphatiques s’observent après dissection et retrait des tissus adipeux et conjonctifs
environnants, ainsi que de tout autre tissu d’attachement. Cette étape permet de prendre en compte
toute infiltration en périphérie du nœud lymphatique (cas de certaines tumeurs notamment).

L’observation des nœuds lymphatiques doit prendre en compte leur taille, leur forme et le caractère
intègre ou non de leur capsule.

Les nœuds lymphatiques sont ensuite examinés après section où l’on analysera l’aspect du tissu (si celui-
ci fait protrusion, sa couleur, sa consistance) ainsi que, dans la mesure du possible, le ratio entre cortex
et médullaire.

2/. Localisation des nœuds lymphatiques lésés

En fonction de la localisation du ou des nœuds lymphatiques lésés, des éléments de compréhension pour
la pathogénie en cause peuvent être déduits.

2.1/. Lésions généralisées à tous les nœuds lymphatiques

L’atteinte généralisée des nœuds lymphatiques doit faire évoquer une atteinte systémique, qu’elle soit
infectieuse, inflammatoire ou tumorale.

2.2/. Lésions d’un nœud lymphatique « loco-régional »

Cette observation doit faire suspecter une atteinte régionale et conduire à la recherche d’un foyer
infectieux, inflammatoire, tumoral ou autre dans les tissus drainés par ce nœud lymphatique.

Il existe quelques pièges dans la relation nœud lymphatique et tissu drainé : par exemple les nœuds
lymphatiques sternal caudal et médiastinal caudal, en position intra-thoracique donc, drainent l’abdomen
crânial.

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

2.3/. Cas particulier des nœuds lymphatiques mésentériques

Les nœuds lymphatiques mésentériques drainent les intestins et ont par conséquent un apport constant
en antigènes et bactéries issues du contenu digestif. Il en résulte pour ces nœuds lymphatiques une taille
supérieure à la moyenne des autres nœuds lymphatiques, ainsi que des follicules lymphoïdes bien visibles
(« hypeprlasie » folliculaire).

L’analyse des lésions des nœuds lymphatiques se basent en premier lieu sur la prise en compte de la taille
de l’organe : celui-ci pourra être de taille diminuée, augmentée ou inchangée.

B/. Nœuds lymphatiques de taille diminuée


Pour un nœud lymphatique, une taille diminuée est synonyme d’atrophie lymphoïde.

Plusieurs situations pathologiques sont responsables d’une atrophie lymphoïde.

1/. Syndrome d’immunodéficience

On observe une atrophie lymphoïde dans les nœuds lymphatiques lors d’états d’immunodéficience
congénitale chez les jeunes animaux.

1.1/. Syndrome d’immunodéficience combinée sévère (SCID)

C’est le cas dans le syndrome d’ImmunoDéficience Combinée Sévère (SCID), qui affecte entre autres, le
poulain Arabe. Il s’agit d’une maladie génétique qui se transmet de manière autosomique récessive. C’est
une enzyme, la DNA-PK (DNA-Dependant Protein Kinase) qui est déficiente. Cette enzyme à un rôle dans
la recombinaison des segments V, D et J lors de la maturation lymphocytaire. L’absence d’enzyme
fonctionnelle entraîne une absence de lymphocytes T et B fonctionnels et donc une immunité acquise
non fonctionnelle.

Cet état d’immunodéficience congénitale se traduit par des


nœuds lymphatiques diffusément de taille diminuée
(diminution minime à marquée). Les autres organes
lymphoïdes sont également atteints (hypoplasie thymique et
rate d’aspect normal ou de taille diminuée, de couleur rouge
pâle). En microscopie, on met en évidence une hypoplasie
voire une absence de follicules lymphoïdes.

Les conséquences cliniques de ce syndrome sont directement liées à l’état d’immunodéficience du jeune
animal, qui est alors très sensible aux infections secondaires (bactéries, champignons, adénovirus, …).
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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

Il existe de nombreuses formes de SCID dans plusieurs espèces (chiens, souris, …) à transmission
héréditaire (récessive, liée à l’X, …) et dont la pathogénie est variable.

1.2/. Cachexie et malnutrition

Lorsqu’il y a fonte du tissu adipeux associée à une fonte du tissu musculaire, on parle de cachexie.
1.2.1/. Causes possibles

Toute maladie chronique est susceptible d’entraîner le développement d’une cachexie :


 Malnutrition sévère : fréquente chez les chèvres et les moutons âgés ayant des problèmes de
dentition
 Tumeur systémique : associée ou non à un syndrome paranéoplasique

 Syndrome de malabsorption

1.2.2/. Conséquences

Les nœuds lymphatiques, et plus généralement les organes lymphoïdes, d’animaux cachectiques
présentent une diminution de la production de lymphocytes T, caractérisée par une atrophie des zones T
paracorticales, avec peu ou pas de conséquences directes sur les zones B. Il en résulte un état
d’immunodépression ou d’immunosuppression.

1.3/. Vieillissement

Avec l’âge, on observe une diminution du nombre de lymphocytes B et T dans les organes lymphoïdes.
Cette diminution s’observe principalement chez les chiens, chats et primates âgés.

1.4/. Infections virales

Certains virus ciblent les lymphocytes, entraînant la destruction des tissus lympoïdes (lymphocytolyse).
Une évolution plus chronique de ces infections virales est susceptible d’entraîner une atrophie des nœuds
lymphatiques, visibles à l’œil nu.

C’est le cas du parvovirus chez le chien, du parvovirus du chat (virus de la panleucopénie infectieuse féline,
ou typhus), du virus FIV chez le chat et du virus de la BVD (Bovine Viral Diarrhea) chez les bovins, chez le
poulain on retrouvera l’herpès virus.

C/. Nœuds lymphatiques de taille augmentée


De manière générale, on parle de lymphadénopathie pour évoquer toute augmentation de taille du/des
nœud(s) lymphatique(s), de cause indéterminée. Une lymphadénopathie peut être locale ou généralisée

Plusieurs situations sont responsables d’une augmentation de la taille des nœuds lymphatiques.

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

1/. Hyperplasie lymphoïde

1.1/. Circonstances d’apparition

Elle est à différencier de la lymphadénite (qui sera étudiée ultérieurement) : une hyperplasie lymphoïde
est réactionnelle et correspond au développement d’une réponse immunitaire face à un antigène. A
l’inverse une lymphadénite est une réponse inflammatoire à un agent infectieux au sein même du nœud
lymphatique.

L’hyperplasie réactionnelle peut être une hyperplasie folliculaire (lymphocytes B) et/ou une hyperplasie
paracorticale (lymphocytes T). Elle est le témoin de la mise en place d’une réaction immune face à une
stimulation antigénique ou à une sécrétion d’interleukines.

1.2/. Morphologie

1.3/. Histologie

2/. Lymphadénite

Il s’agit d’une inflammation centrée sur le nœud lymphatique.

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

2.1/. Lymphadenite aigue

2.1.1/. Pathogénie

Le plus souvent, il s’agit d’une infection secondaire du nœud lymphatique drainant une région elle-même
préalablement enflammée. Le matériel drainé peut être des bactéries elles-mêmes, ou des médiateurs de
l’inflammation, des substances irritantes (stériles), des parasites, …

Le tableau ci-dessous résume quelques cas de lymphadénites de certains nœuds lymphatiques en fonction
de l’origine de l’inflammation.
Point de départ
Rhinite
de Pneumonie Mammite aiguë Entérite Sepsis
aiguë
l’inflammation
Nœud
Nœud
lymphatique Nœud Nœud Nœuds Touts
lymphatique
rétro- lymphatique lymphatique lymphatiques nœuds
atteint
pharyngien trachéobronchique supramammaire mésentériques lymphatiques
secondairement
médial

(2) Morphologie
2.2.2/. MORPHOLOGIE
Lors de lymphadénite, le nœud lymphatique est de taille
augmentée, de consistance variable, qui dépend de la quantité
d’œdème et d’exsudat. Sa couleur est rouge.

Un diagnostic différentiel est à réaliser entre une lymphadénite, une congestion passive et une hypostase
cadavérique. Lors de congestion passive et d’hypostase cadavérique, il n’y a pas de protrusion du tissu
lymphoïde, ni de sang ou de pus visible à la section.

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

2.2.3/. Cas de lymphadénite aigue suppurée

Elles sont la conséquence d’une infection par des bactéries pyogènes (par exemple Streptococcus equi
subsp. equi chez le cheval ou Arcanobacterium pyogenes chez les bovins et ovins). Ces bactéries sont
responsables d’une inflammation nettement neutrophilique, qui va évoluer rapidement en lymphadénite
suppurée sous forme chronique.

2.2/. Lymphadénite chronique

Les inflammations chroniques des nœuds lymphatiques peuvent se diviser en deux grandes catégories :
celles où le type de cellules inflammatoires majoritaire est de type neutrophiles (on parle alors de
lymphadénite chronique suppurée, ou d’abcès), et celles où ce sont les macrophages et cellules
apparentées qui dominent (on parle alors de lymphadénite chronique granulomateuse).

2.2.1/. Lymphadenite chronique suppurée (abcès)

Lors de lymphadénite chronique suppurée, les nœuds


lymphatiques sont de taille augmentée et ont une forme
irrégulière. Une fois sectionnés, on note la présence d’un
centre nécrotique associé à un matériel crémeux, pâle,
parfois teinté de rouge (sang), qui a une mauvaise
odeur. Il s’agit de pus.

On parle d’ abcès quand le pus est bien délimité par


une capsule fibreuse.

Le nombre et la taille des abcès peuvent varier, un


abcès pouvant aller jusqu’à remplacer tout le nœud
lymphatique.

Il est par ailleurs possible d’observer des fistulisations jusque


dans la peau (évacuation du pus).

Plusieurs situations pathologiques dans lesquelles des abcès ganglionnaires se développent sont
importantes à reconnaître et à gérer en médecine vétérinaire.

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

a/. Gourme équine

b/. Lymphadénite caséeuse des ovins

Cette affection, aussi appelée maladie des abcès, est due à une bactérie appelée Corynebacterium
pseudotuberculosis.

Cette bactérie pénètre par des lésions cutanées (à l’occasion de blessures occasionnées par la tonte des
animaux), et nettement plus rarement par inhalation. Les bactéries migrent alors vers les nœuds
lymphatiques de drainage, ce qui explique l’atteinte plus fréquente dans cette affection des nœuds
lymphatiques superficiels. L’évolution de la maladie peut se
poursuivre par une extension progressive vers les organes
intracavitaires (poumons, foie, rate, …).

La reconnaissance de cette maladie est assez aisée grace à la


morphologie caractéristique des nœuds lymphatiques atteints. En
effet, on note une lymphadénomégalie et la présence de nécrose
caséeuse associées à du pus disposé en laminations
concentriques. Cet aspect en « pelures d’oignon », qui
correspond à des cycles successifs de nécrose et de reformation
d’une capsule conjonctive, est caractéristique de la maladie.

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

Chez la chèvre, cette maladie existe également et touche plus fréquemment les nœuds lymphatiques de
la tête et du cou.

Cette bactérie est responsable d’autres maladies, notamment la lymphangite ulcéreuse chez les chevaux
et les bovins, et d’abcès pectoraux chez les chevaux.

2.2.2/. Lymphadénite chronique granulomateuse

a/. Causes principales

On distingue les atteintes nodulaires (ou focales) des atteintes diffuses. Cette distinction permet de faire
une première discrimination entre les agents impliqués dans les lymphadénites granulomateuses.

Agents pathogènes impliqués dans les atteintes Agents pathogènes impliqués dans les atteintes
nodulaires diffuses
Leishmania sp.
Mycobacterium bovis
Rhodococcus equi
Mycobacterium avium subsp. paratuberculosis
Agents fongiques (Histoplasma capsulatum,
Actinobacillus lignieresii
Blastomyces dermatitidis, Cryptococcus
Migrations larvaires
neoformans, …)
Circovirus porcin de type 2

b/. Morphologie

Lors d’inflammation granulomateuse, les nœuds lymphatiques sont de taille augmentée et de consistance
ferme à solide. Après section, on observe des zones de nécrose caséeuse dans certains cas, ainsi que de
la minéralisation.

2.2.3/. Lymphadénite chronique granulomateuse nodulaire (focale)

a/. Mycobacterium tuberculosis et bovis

Les lésions sont similaires lorsque les animaux sont infectés par des mycobactéries du complexe
Mycobacterium avium.

Les lésions des nœuds lymphatiques se développent d’abord dans les nœuds loco-régionaux. La
tuberculose étant le plus fréquemment une forme pulmonaire, ce seront donc les nœuds lymphatiques
trachéo-bronchiques qui seront augmentés. Dans certains cas, des macrophages infectés peuvent circuler
dans la circulation sanguine et être à l’origine d’une dissémination de l’infection et d’une atteinte
généralisée : tuberculose miliaire.

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

L’aspect des nœuds lymphatiques infectés par le bacille de la


tuberculose est caractéristique. En effet on observe la
formation de granulomes avec une nécrose caséeuse,
multiples, parfois coalescents, fréquemment associée à de la
minéralisation.

L’examen histologique confirme la présence de nécrose et de minéralisation, avec une inflammation


granulomateuse typique composée de cellules géantes plurinucléées, de cellules épithélioïdes et de
macrophages. Le diagnostic peut être affiné grâce à l’utilisation d’une coloration de Ziehl-Neelsen, qui
met en évidence de rares bacilles acido-alcoolo-résistants.

b/. Paratuberculose des bovins

Cette maladie est due à une infection par Mycobacterium avium subsp. paratuberculosis. La lésion
principale de la paratuberculose est une entérite granulomateuse diffuse sévère. Elle est également à
l’origine de granulomes multiples dans les nœuds lymphatiques mésentériques, sans caséification
(permettant de la différencier de la tuberculose), ainsi que dans les vaisseaux lymphatiques.

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

c/. Maladie de la langue de bois des bovins

La bactérie responsable est Actinobacillus lignieresii. Il y a


une infection et une atteinte primitive des tissus mous de
la tête et du cou, notamment la langue dont l’aspect a
donné son nom à la maladie. Une extension par voie
lymphatique peut survenir dans un second temps à
l’origine d’une lymphadénite granulomateuse focale.

A l’examen histologique, le diagnostic est facile de par la


présence typique de colonies bactériennes bien visibles, ainsi
que de structures spécifiques appelées corps de Splendore
Hoeppli. Il n’y a donc pas de confusion possible avec la
tuberculose.

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

2.2.4/. Lymphadénite chronique granuleuse diffuse

a/. Leishmaniose

La leishmaniose est une maladie due à un protozoaire appelé


Leishmania sp., transmis par un phlébotome. Ce protozoaire est
parasite des cellules du système monocytes-macrophages.

La maladie se caractérise par des lésions cutanées, notamment


des ulcères, et dans un second temps par une atteinte viscérale
(nœuds lymphatiques abdominaux, rate et foie par exemple).

L’examen histologique permet de mettre en évidence une


inflammation granulomateuse avec une prolifération abondante
d’histiocytes et de plasmocytes, ainsi que les parasites, le plus
souvent en position intracellulaire, sous leur forme amastigote.

b/. Rhodococcose

Il s’agit d’une infection par Rhodococcus equi, qui


touche le poulain. L’infection est d’abord pulmonaire,
puis atteint secondairement les intestins. Dans ces
deux situations, il y a un drainage de la bactérie dans
les nœuds lymphatiques loco-régionaux, notamment
les nœuds mésentériques. Il en résulte une
inflammation granulomateuse, possiblement
mélangée à de l’inflammation suppurée.

c/. Agents fongiques

Plusieurs agents fongiques peuvent être responsables


d’une lymphadénite granulomateuse. On reconnaît
notamment Histoplasma capsulatum, Blastomyces
dermatitidis, Cryptococcus neoformans. En plus des
nœuds lymphatiques, divers autres organes peuvent
être atteints. Les nœuds lymphatiques affectés sont de
taille augmentée et renferme un tissu uniforme et
blanchâtre, leur donnant un aspect similaire à celui
d’un lymphome.

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

Le diagnostic histologique passe par la reconnaissance de l’inflammation granulomateuse associée à la


présence d’agents figurés dont la morphologie permet de reconnaître l’étiologie.

SYNDROME DE DEPERISSEMENT
MULTISYSTEMIQUE POST-SEVRAGE DU PORC

Elle résulte d’une infection virale, dont l’agent est le circovirus


porcin de type 2. Les porcs atteints sont en mauvais état général,
présentent une lymphadénopathie généralisée et une pneumonie
interstitielle. A l’examen histologique, le diagnostic se fait par
observation d’une déplétion lymphocytaire (T et B), à l’origine
d’une immunodépression clinique, d’une lymphadénite
granulomateuse et par l’observation de corps d’inclusion viraux
spécifiques, qui ont un aspect spécifique de corps botryoïdes.

3/. Tumeurs primitives : lymphome malin

Les lymphomes malins représentent l’une des tumeurs malignes les plus fréquentes chez les animaux
domestiques.
3.1/. Classification

La classification des lymphomes se base sur plusieurs caractéristiques différentes.

3.1.1/. Organe atteint

On distingue les lymphomes

 Multicentriques, qui associent une atteinte de plusieurs nœuds lymphatiques, avec ou sans une
atteinte du foie, de la rate, de la moelle osseuse et de possibles autres organes
 Digestifs, avec une infiltration lymphomateuse segmentaire ou nodulaire du tractus digestif
(intestins le plus souvent)
 Médiastinaux et thymique

 Cutanés

 La forme Leucémique, dans lesquels il y a invasion secondaire de la moelle osseuse et donc


présence de cellules tumorales dans le sang

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

 D’autres formes sont possibles, en fonction des organes atteints (Formes nerveuses, rénales,
cardiaques…).

3.1.2/. Morphologie cellulaire

La classification des lymphomes passe également par l’analyse de la morphologie des lymphocytes
tumoraux (taille, forme et caractéristiques du noyau, index mitotique). Il en résulte une classification assez
variée et complexe, où l’on parle de lymphomes à petites cellules, à grande cellules, de lymphomes
immunoblastiques, centroblastiques, plasmocytoïdes, à grains, …

3.1.3/. L’immunophénotype

Les lymphocytes pouvant être de phénotype varié, il en est de même pour les lymphocytes tumoraux. A
l’aide d’analyses immunohistochimiques, on fait la distinction entre lymphomes à cellules B (marquage
positif au CD79a), à cellules T (marquage positif au CD3), ou à cellules non-T et non-B.

3.1.4/. Le comportement biologique

En fonction de l’agressivité biologique et clinique des lymphomes, on distingue les lymphomes de bas
grade (ou indolent), les lymphomes intermédiaires et les lymphomes de haut grade (à comportement
agressif).

3.2/. Signes cliniques associés aux lymphomes

Les formes ganglionnaires se traduisent par un élargissement non douloureux des nœuds lymphatiques
(atteinte souvent généralisée).

En fonction des organes atteints, les signes cliniques sont variés. Des exemples sont décrits dans le tableau
ci-dessous :
Organe(s) atteint(s) Signes cliniques associés possibles
Nœud lymphatyique rétrobulbaire Exophtalmie
Dyspnée, obstruction œsophagienne,
Thymus
compression de la veine jugulaire
Intestins Diarrhée, obstructions intestinales, méléna,

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

Cas des syndromes paranéoplasiques

Par ailleurs, les lymphomes sont souvent décrits comme étant à l’origine de syndromes paranéoplasiques,
notamment le Syndrome d’hypercalcémie maligne.

Plusieurs mécanismes sont responsables de l’apparition de ce syndrome. Il peut y avoir sécrétion d’un
analogue de la parathormone (PTH-rp), une sécrétion d’autres facteurs humoraux ou encore une lyse
osseuse secondaire à une infiltration tumorale de la moelle osseuse.

Dans tous les cas, il y a libération d’une quantité excessive de calcium dans le torrent circulatoire, à
l’origine d’une polyuro-polydipsie, de faiblesse, et des troubles digestifs notamment. De nombreux
organes sont lésés et présentent une minéralisation de leurs tissus (calcification métastatique).

3.3/. Morphologie

3.3.1/. Nœuds lymphatiques

Les nœuds lymphatiques tumoraux sont de taille modérément à sévèrement augmentée, avec une
consistance molle à ferme. A la section, le tissu tumoral fait protrusion et a un aspect homogène pâle à
blanchâtre, éventuellement associé à des zones de nécrose et/ou d’hémorragies.

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

Les nœuds lymphatiques sont adhérents aux tissus conjonctifs adjacents. Cette adhérence est due à
l’invasion tumorale péri-nodale et à une fibrose consécutive.

3.3.2/. Autres organes

Une grande diversité dans la présentation morphologique des organes lymphomateux existe en médecine
vétérinaire.

ORGANOMEGALIE DIFFUSE

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

NODULES ISOLES OU MULTIPLES DANS TOUT ORGANE ATTEINT

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

EPAISSISSEMENT FOCAL OU DIFFUS DE LA PAROI D’ORGANES CREUX (INTESTINS, UTERUS,


ESTOMAC)

3.3.3/. Histologie

3.3.4/. Particularités spécifiques des lymphomes

a/. Lymphome malin chez le chien

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

Anapath TD 15 - Les nœuds lymphatiques

b/. Lymphome malin chez le chat

Les formes les plus fréquentes chez le chat sont la forme alimentaire, suivie de la forme multicentrique,
puis de la forme thymique. Viennent ensuite les autres formes de lymphome (notamment lymphome
rénal bilatéral, lymphome oculaire). Contrairement au chien, les lymphomes félins affectent peu les
nœuds lymphatiques périphériques.

Dans 10 à 20% des cas de chats atteints de lymphome, il a été montré une infection par le FeLV (les chats
lymphomateux sont alors plutôt jeunes).

c/. Lymphome malin chez les bovins

Chez les bovins, on distingue deux formes : la forme enzootique, aussi appelée leucose bovine, et la forme
sporadique.

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

Forme enzootique : leucose bovine

abdominaux ou pelviens). D’autres organes sont également atteints, seuls ou en association : atrium droit,
abomasum, utérus, canal vertébral.

Formes sporadiques

Dans ces formes, il n’y a pas d’infection par le BLV. On distingue trois présentations différentes dans la
forme sporadique :

 Forme du veau de 3-6mois

Elle touche les veaux âgés d’environ 3 à 6 mois et se caractérise par une atteinte multicentrique des nœuds
lymphatiques et de nombreux autres organes. Une leucémie est fréquemment retrouvée.

 Forme du juvénil (6-24 mois)

Elle affecte des bovins âgés d’environ 6 à 24 mois. Il s’agit d’une forme thymique avec développement
d’un lymphome dans cet organe.

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

 Forme cutanée (2-3 ans)

Cette forme touche des jeunes adultes âgés de 2 à 3 ans. Les lymphomes sont alors plutôt cutanés, avec
développement de lésions cutanées en plaques, surélevées et souvent ulcérées. Secondairement, il peut
y avoir une atteinte des organes internes, similaire à celle de la forme enzootique.

d/. Lymphome malin chez les chevaux

On reconnaît plusieurs formes :

 Une forme multicentrique


 Une forme alimentaire, affectant surtout la partie antérieure de l’intestin grêle
 Une forme abdominale, avec atteinte des nœuds lymphatiques, et des viscères abdominaux
(colon, rate, foie, péritoine, …)
 Une forme cutanée

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

e/. Lymphome malin chez le porc

On reconnaît une forme multicentrique et une forme médiastinale (qui elle, touche des jeunes âgés de
moins d’un an).

4/. Tumeurs secondaires (métastatique)

4.1/. Pathogénie

Par leur fonction de filtration de la lymphe, les nœuds lymphatiques sont des organes nettement
susceptibles de voir s’y développer des métastases. En effet, la filtration de la lymphe permet l’arrêt
d’emboles tumoraux qui migrent par voie lymphatique. Ces emboles peuvent alors s’implanter dans le
nœud lymphatique en question, à l’origine du développement de métastases ganglionnaires.

Les tumeurs les plus susceptibles de s’implanter dans les nœuds lymphatiques de drainage sont donc des
tumeurs lymphophiles, dont les emboles circulent de manière privilégiée dans les voies lymphatiques.
C’est notamment le cas des carcinomes, des mastocytomes ou encore des mélanomes.

4.2/. Morphologie

4.2.1/. Macrométastases

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

4.2.2/.
(2) Micrométastase
CAS DES MICROMETASTA SES
C’est le cas le plus difficile à apprécier en médecine,
où bien qu’infiltré, le nœud lymphatique ne présente
pas de lésions macroscopiques et aucune modification
n’est détectable à la palpation lors de l’examen
clinique. Cependant, à l’examen histologique, on
observe des cellules tumorales isolées ou en petits
amas, implantées dans les nœuds lymphatiques.

Dans ce cas, l’examen histologique (ou cytologique)


reste difficile, car l’observation d’une cellule tumorale
au sein des plages lymphocytaires reste une gageure.
Pour s’affranchir de cette difficulté, il est possible de
réaliser des examens immunohistochimiques
complémentaires facilitant la détection de ces
micrométastases. La détection de celles-ci reste importante, dans la gestion clinique et thérapeutique de
l’animal cancéreux.

4.3/. Bases du staging en cancérologie clinique

Dans l’approche clinique de l’animal ayant une suspicion d’infiltration tumorale dans un ou plusieurs
organe(s), il est important d’apprécier l’extension du processus tumoral, et notamment si les premières
phases d’un phénomène métastatique ont déjà pu débuter. Les organes en première ligne à prendre en
compte sont donc les nœuds lymphatiques. En fonction, des résultats, on définit trois stades :
Stade 0 Stade 1 Stade 3

Nœud(s) lymphatique(s)
Nœud lymphatique normal drainant la région d’intérêt Nœud(s) lymphatiques(s)
(ou non palpable) augmentés de taille, mais fixes(s), de taille augmentée
mobilisables
Ce staging conditionne la poursuite ultérieure des démarches diagnostique, pronostique et
thérapeutique.

5. Emphysème
5/. EMPHYSEME GANGLIONNA
ganglionnaire IRE
L’emphysème ganglionnaire est la conséquence directe de
la présence d’emphysème dans le tissu drainé.

Les bovins ont tendance à développer de l’emphysème


interstitiel dans les poumons, qui peut se traduire par de
l’emphysème dans les nœuds lymphatiques trachéo-
bronchiques.

Chez les porcs, il n’est pas rare d’observer de


l’emphysème intestinal, qui peut conduire à de
l’emphysème dans les nœuds lymphatiques mésentériques.

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

D/. Nœuds lymphatiques de taille inchangée

Les seules lésions d’importance ne se traduisant pas par une modification de la taille des nœuds
lymphatiques correspondent à des changements de la couleur de ceux-ci.

1/. Couleur rouge

Une couleur plus rouge des nœuds lymphatiques traduit la présence de globules rouges en quantité
augmentée. 3 grandes situations peuvent en être à l’origine :

 drainage en zone d’hémorragie ou d’inflammation aiguë


 Septicémie ou CIVD : à terme, il y a alors évolution de l’hémoglobine sous forme d’hémosidérine,
par érythrophagocytose par les macrophages intra-ganglionnaires
 Stase sanguine post-mortem

2/. Couleur marron

Une pigmentation marron des nœuds lymphatiques peut traduire deux phénomènes principaux.

2.1/. Présence d’hemosidérine

La présence d’hémosidérine en quantité suffisamment augmentée pour être détectable à l’œil nu peut
être la conséquence de :

• drainage d’hémosidérine à partir d’organes avec une congestion passive chronique (foie,
poumons)
• dégradation de l’hémoglobine intra-ganglionnaire

2.2/. Présence de mélanine

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

3/. Couleur noire

La pigmentation noire des nœuds lymphatiques correspond à de l’anthracose. Il s’agit d’une accumulation
de particules de carbone dans le cytoplasme des macrophages pulmonaires et des nœuds lymphatiques
de drainage.

Les particules de carbone de l’air sont inhalées et se déposent à la surface des alvéoles pulmonaires. Ces
particules sont alors phagocytées par des macrophages, qui n’ont pas la capacité de les métaboliser,
entraînant leur accumulation. Les macrophages migrent dans les nœuds lymphatiques de drainage, à
l’origine de la pigmentation noirâtre d’anthracose visible dans ces organes.

L’examen histologique met en évidence des fines granulations noires dans le cytoplasme des
macrophages.

4/. Couleur verte

La couleur verte est souvent une altération cadavérique observée lors d’autopsies, qu’il ne faut pas
prendre en compte dans le tableau lésionnel.

Dans certaines conditions du vivant de l’animal, la couleur verte peut être due à la présence d’un
contingent massif de polynucléaires éosinophiles dans le nœud lymphatique, secondaire le plus souvent
à une lymphadénite éosinophilique (il y aura alors souvent une adénomégalie associée).

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Module anatomie pathologique – pathologie des nœuds lymphatiques

RECAPTIULATIF DES COURS/TD D'ANAPATH de S8 

 Introduction à l'anatomie pathologique


 TD 1-2-3 La cavité orale
 TD 4 Pré-estomacs des ruminants
 TD 4bis Œsophage
 TD 5 Estomac glandulaire
 TD 6 Les intestins
 TD 7-8 Appareil cardio vasculaire
 TD 9-10 Pathologies rénales
 TD 10bis Voies urinaires
 TD 11 Foie
 TD 12 Appareil respiratoire
 TD 13 Appareil génital et système nerveux
 TD 14 Rate
 TD14bis Le thymus
 TD 15 Nœuds lymphatiques

 CM 1-2 L'appareil génital

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Ronéoteurs : MAURIER et SPIZZO Date : 15/05/2017

Chefs de matière : MERINDOL et TILMANT Cours dispensé par : Edouard REYES-GOMEZ


UC 105 : Anatomie pathologique spéciale

AUTOPSIE : BUTS ET MÉTHODES

Objectifs du cours
Être capable :
D’expliquer les objectifs, méthodes et limites de l’autopsie
D’expliquer les étapes de l’autopsie, en incluant les grandes étapes de la dissection
des carnivores
D’appliquer les règles d’hygiène et de sécurité en autopsie
De décrire le contenu d’un compte-rendu d’autopsie
D’expliquer les étapes de la description du cadavre et les principes de description
d’une lésion
D’expliquer les étapes du prélèvement histologique en autopsie
De décrire et de reconnaître les principales altérations cadavérique

L’autopsie est un examen médical util à la base de la médecine moderne. Elle


sert notamment à faire faire la corrélation entre les symptômes observés ante-
mortem et les lésions. Cette corrélation est dite “corrélation anatomo-clinique”.
L’autopsie est un examen pratiqué par tous les vétérinaires (santé publique
vétérinaire, canine, rurale, industrie, recherche). C’est également un examen exigeant :
il demande de bonnes connaissances d’anatomie, d’histologie et d’anatomie
pathologique d’une part et une technique rigoureuse d’autre part. Elle dispose d’un
aspect ludique de par sa ressemblance avec une enquête policière.
D’un point de vue étymologique le terme “autopsie” vient de l’union de deux mots
grecs : “auto” qui signifie “soi-même” et “opsis” qui se traduit par “la vue”. Autopsie
signifie donc “voir par soi-même”. Le dictionnaire Larousse donne une définition
incomplète de l’examen : “dissection et examen du cadavre pour déterminer les causes
de la mort ou pour la recherche”. En médecine vétérinaire, il faudrait étendre cette
définition : “examen médico-scientifique consistant en une dissection avec
examen, recensant et décrivant des lésions sur un ou plusieurs cadavres afin de
déterminer la ou les causes de la mort et/ou de morbidité”. L’examen d’autopsie est
également appelé : nécropsie, examen nécropsique, examen post-mortem. L’autopsie des
animaux se traduit par “necropsy” en anglais, le terme “autopsy” étant réservé à la
médecine humaine. Cette distinction est due à une mauvaise interprétation du terme
grec, traduit non pas par “voir par soi-même” mais par “se voir soi-même”, et donc “voir
sa propre espèce” par extension.

1
I. Généralités
A. Méthode de l’examen
Le diagnostic nécropsique se compose de plusieurs étapes : le diagnostic
lésionnel qui fait l’inventaire des lésions pour chaque organe, le diagnostic
anatomopathologique global et enfin si possible le diagnostic étiologique qui établit
la ou les causes des lésions. Ce diagnostic nécropsique est formalisé par un rapport. Ce
document est remis au demandeur, il engage la responsabilité de son auteur.

Comme dit plus haut, l’autopsie obéit à une méthode bien déterminée. En effet,
l’étape de dissection est effectuée selon une technique standardisée. L’examen de
chaque organe est régi par une méthode propre. Enfin la conclusion fait la synthèse
ordonnée des informations recueillies. Par ailleurs, au besoin, des prélèvements
sont réalisés et expédiés pour examens complémentaires dans l’optique de
confirmer un diagnostic ou de choisir entre plusieurs hypothèses.

L’autopsie se compose de plusieurs étapes, ce sont toujours les mêmes et elles


s’effectuent toujours dans le même ordre. En premier lieu, l’opérateur prend
possession du cas, il lit le dossier médical, prend connaissance des commémoratifs, le
cas échéant, il réceptionne les propriétaires et/ou effectue l’euthanasie. Ensuite, il faut
faire la dissection de l’animal, appareil par appareil. Au fur et à mesure, les lésions
des organes sont relevées. Ces lésions sont hiérarchisées. La conclusion de l’examen
est rédigée. On réalise ensuite les prélèvements pour les examens complémentaires.
Enfin, le cadavre et les déchets associés sont éliminés, d’où l’importance de la méthode
pour ne rien oublier, car, une fois le cadavre éliminé, il est trop tard. Dans un second
temps, le rapport d'autopsie est rédigé.

B. Conditions de réussite
La réussite d’une autopsie repose sur plusieurs conditions. Il est indispensable
d’avoir une tenue vestimentaire et un équipement adapté. Il faut également être à la
fois patient et attentif car une autopsie peut être chronophage, soit parce que les
lésions sont nombreuses et complexes soit parce que le cadavre est volumineux. La
méthode, démarche systématique et rigoureuse doit être respectée. Il est nécessaire
que l’opérateur dispose de connaissances conséquentes en anatomie, histologie et
anatomie pathologique. Enfin, ce dernier doit également savoir chercher les
informations manquantes auprès des propriétaires, du vétérinaire référent ou grâce à
la littérature scientifique.

C. Contextes de l’examen
L’examen nécropsique peut être réalisé dans de nombreux contextes différents. Il
peut être effectué en milieu universitaire, dans des écoles vétérinaires par exemple.
En clientèle, la pratique de l’autopsie est courante que ce soit dans les locaux de la

2
clinique ou en extérieur (au pré ou au box). Dans ce dernier cas, il faut prendre des
précautions spécifiques si l’on suspecte une maladie contagieuse afin de ne pas
répandre d’agent pathogène dans l’environnement. L’autopsie se pratique aussi à
l’équarrissage ou à l’abattoir sous une forme moins aboutie dite “inspection
sanitaire”. Enfin, elle peut être réalisée en laboratoire, dans le cadre de la recherche
en toxicologie et en pharmacologie notamment.

L’examen d’autopsie peut avoir différents demandeurs. Il peut s’agir d’un


particulier, en général un propriétaire mais pas toujours, les retraités concernés par le
sort réservé aux chats errants de leur quartier peuvent amener un cadavre pour
connaître la cause de la mort. Une institution peut être à l’origine de la demande
d’autopsie, c’est notamment le cas pour les animaux appartenant aux mairies. Dans
certains cas des associations, de protection animale le plus souvent, peuvent également
faire la demande pour prouver une maltraitance. Il arrive fréquemment que le
vétérinaire soit à l’origine de l’autopsie, il la réalise alors lui-même ou la fait faire par
un confrère. Plus rarement un magistrat peut ordonner une autopsie dans le cadre
d’une enquête. La loi peut exiger une autopsie lors de suspicion de maladie
réglementée, la rage par exemple, ou lors de développement de produits
médicamenteux. Enfin un chercheur peut demander une autopsie dans un contexte
expérimental.

Ces différents contextes d’autopsie définissent donc des types d’autopsie distincts.
Il peut s’agir d’une autopsie diagnostique. On réalise alors une nécropsie d’un ou
plusieurs animaux malades dans un troupeau pour trouver la ou les maladies en cours
et proposer un traitement. Les autopsies dites médicales ou « à la demande du
clinicien » visent à comprendre le cas, à vérifier le diagnostic ou à identifier les causes
d’un échec thérapeutique. Les autopsies « à la demande du propriétaire » permettent
d’identifier une faute médicale ou une erreur de diagnostic pour se retourner contre le
vétérinaire. Elles peuvent avoir comme objectif de mettre en évidence un vice caché ou
un vice rédhibitoire pour se retourner contre l’éleveur. Elles permettent aussi de
prouver un empoisonnement ou une maltraitance pour porter plainte. Comme vu plus
haut, l’autopsie peut se faire sous réquisition judiciaire et servir dans le cadre d’une
enquête. Une autopsie peut être dite scientifique dans le cadre de la recherche ou
toxicologique pour étudier la toxicité des médicaments ou des produits phytosanitaires.

D. Les limites de l’examen


L’examen post-mortem comporte cependant des limites. Ainsi, les cadavres
fortement altérés que ce soit par le temps, l’humidité ou la température forment des
supports de travail difficiles sur lesquels la probabilité de trouver la cause de
morbidité/mortalité est faible. Les autopsies réalisées sur des animaux morts durant
une anesthésie générale restent souvent sans résultat, on dit que l’autopsie est
blanche. Une anamnèse incomplète peut compromettre les chances de réussite de

3
l’examen. Certaines maladies ne présentent pas de lésions macroscopiques. C’est
par exemple le cas de la rage, du tétanos ou des ESB. Dans ce cas l’autopsie ne pourra
pas faire avancer le diagnostic. Il existe également des limites d’ordre technique, les
moyens mis à la disposition de l’opérateur en autopsie vétérinaire sont ainsi
considérablement moindres que dans un contexte de médecine légale humaine. Les
limites financières du demandeur peuvent constituer un frein à la bonne conduite de
l’examen, notamment pour les examens complémentaires. Il est possible que les
lacunes dans les connaissances de l’opérateur mettent en péril la réussite de
l’examen. Enfin, l’intérêt scientifique pour ce domaine, bien qu’en progression, reste
limité. L’état de l’art peut donc s’avérer insuffisant dans certains cas.

II. Analyse des lésions et diagnostic nécropsique


Il faut analyser dans l’ordre l’état général et les lésions systémiques, puis les
lésions des cavités, puis celles des organes en prenant compte des particularités de
ces derniers.
Une fois les lésions analysées, on réalise un diagnostic des lésions élémentaires
pour chaque organe. Enfin, un diagnostic nécropsique global sera fait à l’aune de ces
observations et de l’anamnèse.

A. Etat général et anomalies systémiques


L’analyse de l’état général commence par le signalement et l’identification de
l’animal. Il faut ainsi vérifier la correspondance de l’âge, du sexe, de l’espèce et de la
race de l’individu avec les commémoratifs. Il est également nécessaire de vérifier le
tatouage, le transpondeur, la boucle ou le marquage de l’animal. Ces vérifications
ont pour but d’être certain de l’identité de l’individu, elles sont d’autant plus
importantes dans un contexte judiciaire.
Par la suite, il faut déterminer le développement de l’animal. La stature
physique, à nuancer en fonction de l’âge, le poids, les éventuelles déformations sont
donc notifiés.
Il est également nécessaire d’estimer le volume des masses musculaires : l’animal
présente-t-il une amyotrophie, une musculature normale ou développée ? Les réserves
adipeuses sont aussi évaluées : l’animal est-il maigre, normal, en surpoids ?
Il faut ensuite déterminer l’état d’hydratation. Une énophtalmie et un tissu sous-
cutané collant sont des indicateurs de déshydratation. La persistance du pli de peau
n’est pas un indicateur fiable en nécropsie. Attention : l’énophtalmie peut également
signer une maigreur, par consommation des réserves adipeuses orbitaires. Sur la photo
ci-dessous, l’enophtalmie est due à la fois à la maigreur et à la déshydratation.

Par la suite, la coloration des muqueuses est évaluée : une pâleur ou un ictère
peuvent ainsi être observés.

4
Vient le tour de l’examen de la peau et des phanères. Il a notamment pour objectif
de mettre en évidence des traces de soin : des zones de tonte, des traces de cathéter, de
suture qui ont tenu ou pas, de pansement, de déhiscences ou des cicatrices par exemple.
Ces signes sont très importants dans un contexte de conflit avec un vétérinaire car ils
peuvent mettre en évidence des erreurs médicales. On pourra également trouver des
signes de trauma ou de maltraitance comme des plaies ou des contusions. Pour
faciliter l’examen de la peau, il est conseillé de tondre l’animal.

Enfin, il faut vérifier si l’animal présente des mamelles manquantes. Cela pourrait
indiquer la présence ancienne d’une tumeur mammaire, d’où la présence de métastases
sans tumeur primaire par exemple.

B. Examen des cavités


Il intervient dans un second temps. On commencera par déterminer si le contenu
des cavités, qu’il soit liquide ou gazeux, est anormal ou pas. Si une cavité présente un
contenu liquide anormal, il faut le recueillir, le décrire et le quantifier (voir cours et
TD sur l’analyse des épanchements). On prendra garde à vérifier le vide pleural en
écoutant le bruit produit lors de l’ouverture de la cavité correspondante.
On évaluera ensuite la position des organes dans les cavités. Il est ainsi possible
de mettre en évidence des déplacements ou des torsions. Il faut cependant garder à
l’esprit que les déplacements post-mortem sont fréquents chez les bovins et les
chevaux dont les cadavres ont été déplacés. De même, si l’animal est suspendu, la
laparotomie doit être progressive pour éviter que tous les organes ne se répandent sur
le sol, ce qui compromet l’évaluation des déplacements des organes. Par exemple, la
photo ci-dessous présente une dilatation-torsion de l'estomac qui modifie les rapports
anatomiques et l’aspect de cet organe.

Enfin, on examine l’aspect des séreuses. Une congestion, de la fibrine – signe d’une
inflammation aiguë - , des adhérences – signe d’une fibrose et donc d’une inflammation
chronique - peuvent alors être observées.

C. Examen des organes


Il faut évaluer, pour chaque organe sa position, ses rapports anatomiques, sa
taille et sa forme, sa couleur, l’aspect de sa surface – surtout si l’organe en question
dispose d’une séreuse ou d’une capsule - , l’aspect et la consistance à la coupe. S’il
s’agit d’un organe creux, on prendra garde à examiner le contenu et le revêtement
interne. Par exemple, les photos ci-dessous présentent une tumeur thymique
volumineuse blanchâtre, lobulée, ferme à la coupe, déplaçant les poumons caudo-
dorsalement et présentant de multiples petits kystes à la coupe.

5
Il est possible de ne faire figurer dans l’inventaire écrit des lésions que les
organes lésés. Cependant, en cas de suspicion d’atteinte d’un organe au vu des
commémoratifs, il faut signaler l’état de cet organe, même s’il apparaît sain à
l’autopsie. Certains opérateurs font ainsi figurer tous les organes dans leurs rapports
qu’ils soient sains ou non.

D. Cas particuliers
Lors de l’examen des poumons, il faut analyser le contenu trachéo-bronchique.
Attention, un œdème pulmonaire apparaît de façon très fréquente lors de la phase
agonique, surtout chez les bovins. Cet œdème est caractérisé par un liquide mousseux
dans la tranchée, un tel contenu n’est donc pas significatif. On réalisera également un
test de densité par flottaison, un morceau de poumon sain restera en surface lors de
ce test. Enfin on estime la texture par palpation.

L’encéphale doit être systématique examiné, d’autant plus aucune autre lésion n’a
pu être mise en évidence sur les autres appareils. Si une lésion est suspectée, il faut
fixer l’organe dans sa totalité dans du formol pendant 1 ou 2 jours avant de le
sectionner. La coupe est ainsi plus nette et l’examen est facilité. En revanche, la moelle
épinière et le SNP ne sont examinés que si une lésion y est suspectée, dans le cadre
d’une paraplégie par exemple. La photo ci-dessous fait figurer un encéphale de chat
après fixation, on voit que le LCR est si riche en protéine qu’il a été gélifié ce qui signe
une PIF.

En conclusion partielle, l’examen de chaque organe débouche sur l’énoncé des


lésions élémentaires. Il peut être utile de se munir d’une feuille de relevés déjà prête
ainsi que d’une liste d’organe à examiner pour ne rien oublier.

6
Par exemple, voici l’énoncé des lésions élémentaires d’un individu :
État général : hydrocachexie modérée ; ictère franc,
Cavité abdominale : ascite passive, eau de roche, environ 1L
Foie : multiples taches de mélanose congénitale ; cirrhose macronodulaire sévère, de type
post-nécrotique

E. Diagnostic nécropsique
Le diagnostic nécropsique, qui intervient après l’énoncé des lésions, est global. Il
résume et hiérarchise les lésions élémentaires en mettant en valeur leurs
éventuels liens pathogéniques. Le diagnostic peut aussi fournir une ou plusieurs
hypothèses étiologiques. Enfin, il compare l’anamnèse et les conclusions afin d’en
vérifier la cohérence.
Par exemple, en prenant le même individu que dans le paragraphe précédent, on
aura le diagnostic suivant :
Cirrhose hépatique sévère, de type post-nécrotique, ayant entrainé́un ictère franc, une
hydrocachexie et une ascite.
Lésions congénitales non significatives (mélanose hépatique)
Les lésions observées résultent vraisemblablement de l’évolution d’une hépatite nécrosante
bactérienne, notamment d’une nécrobacillose.

F. Anamnèse : aide et danger


L’anamnèse peut s’avérer être une aide précieuse dans le diagnostic mais elle peut
également mener à la faillite de l’examen.
En effet, l’anamnèse permet de prendre les précautions hygiéniques nécessaires,
dans les cas de suspicion de maladies zoonotiques par exemple. Elle permet aussi
d’adapter le protocole de l’examen. Par exemple, en cas de symptômes neurologiques
du vivant de l’animal, il faudra examiner le système nerveux de façon attentive, ce qui
n’est pas réalisé en routine. Si les commémoratifs font état d’une diarrhée, il faudra
réaliser en priorité des prélèvements du tube digestif avant l’autolyse de ce dernier en
vue d’une analyse bactériologique.

Cependant, l’anamnèse présente le risque non négligeable d’influencer jugement


et de mettre l’opérateur sur une fausse piste.

Par conséquent, en routine, il faut prendre connaissance de l’anamnèse avant de


réaliser l’autopsie, elle permet de prendre des précautions hygiéniques et/ou
réglementaires. Grâce à l’anamnèse, on peut également éviter de négliger une lésion peu
évidente, mais très significative. Enfin, l’anamnèse oriente la réalisation des
prélèvements complémentaires lors de la dissection.
Dans le cadre de la recherche, la démarche expérimentale nécessite généralement
un travail « en aveugle », garante de l’objectivité des observations. Ce n’est qu’après la
réalisation de l’ensemble des examens nécropsiques que les lésions sont comparées
entre groupes témoins et traités, et en fonction du protocole. L’analyse de l'anamnèse

7
se fait donc après l’examen nécropsique.

III. Quelques fausses lésions

A. Définitions
Avant de définir une fausse lésion, il est nécessaire de savoir définir une lésion. Une
lésion est une modification macroscopique ou microscopique, présentant un
caractère morphologique et non physiologique, survenant du vivant de l’individu,
elle traduit un processus pathologique. A titre d’exemple : les nécroses, les
inflammations, les tumeurs sont des lésions.

Les fausses lésions, dites aussi non-lésions, couvrent un vaste ensemble


regroupant : les modifications banales et normales pour l’espèce - la mélanose
buccale du chien par exemple - , les variations anatomiques propres à une espèce -
l’absence de vésicule biliaire chez le cheval et le rat par exemple - , les altérations dues
à la méthode d’euthanasie et les altérations cadavériques.

B. Altérations liées à l’euthanasie


Les altérations liées à l’euthanasie sont notamment provoquées par les
barbituriques, dont le principal produit commercialisé est le dolethal. Il est notamment
possible d’observer des cristaux blanchâtres en flocons de neige dans l’endocarde
ou sur le site d’injection, ces lésions figurent sur la photo ci-dessous. Le sang peut
présenter un aspect dit « cuit » soit une consistance pâteuse et une couleur brunâtre.
Une splénomégalie diffuse est également possible, la rate apparaît alors rouge et de
grande taille. Cependant, tous ces signes sont inconstants.

C. Altérations cadavériques
Les altérations cadavériques sont des signes positifs de mort, c’est à dire qu’ils
prouvent que l’individu est bien passé de l’autre côté. On observe donc une autolyse,
soit une autodigestion des tissus par libération des enzymes des lysozymes. Les
organes sécrétant des enzymes sont donc atteints de façon prioritaire, c’est le cas du
pancréas et du tractus digestif.

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La putréfaction est une autre altération. Elle se caractérise par une destruction
des tissus par les bactéries. Les organes riches en bactéries, les intestins donc, sont
atteints en premier, en particulier ceux des herbivores, ces derniers présentant une
flore bactérienne plus riches. En cas de diarrhée, qui implique des prélèvements
digestifs, il est préférable de travailler sur des animaux qui ont été euthanasiés et non
morts de causes naturelles afin de limiter au maximum le temps de l’autolyse.
Par exemple, ces photos présentent un rat frais à gauche et un rat altéré. La graisse
verte signe la putréfaction. En effet, lors de la putréfaction, les bactéries prolifèrent et
produisent du sulfure d’hydrogène, gaz qui diffuse depuis tractus digestif vers la graisse.
Il s’y conjugue à l’hémoglobine pour donner un pigment vert.
Quelques heures après la mort, la rigidité cadavérique, ou rigor mortis, s’installe.
Elle a d’abord lieu au niveau de la tête, du tronc puis des membres. Elle dure quelques
jours puis disparaît selon le même ordre. Cette rigidité s’explique par le mécanisme
suivant : après la mort, les réserves d’ATP s’épuisent mais le calcium continue d’affluer
dans les muscles, alors les tête myosine passent en position chargée grâce au calcium
mais ne peuvent pas passer en position non chargée, faute d’énergie fournie par l’ATP.
Dès lors les muscles restent rigides jusqu’à leur autolyse.

La lividité cadavérique ou livor mortis est également une altération à prendre en


compte lors de l’autopsie. Cette lividité est la conséquence du déplacement passif des
masses sanguines dans les parties déclives. Quelques temps après la mort, les masses
sanguines restent en place même si le cadavre est déplacé. Par exemple, si le cadavre est
resté sur le côté droit après la mort, on pourra observer un poumon droit plus rouge
que le gauche.

Enfin le refroidissement, dit aussi algor mortis fait aussi partie de ces « fausses
lésions ».

Plus d’informations sont disponibles sur le site suivant (mais c’est un site lyonnais, il
est donc fortement recommandé d’adopter la plus grande prudence face aux données
mises à disposition) : http://www3.vetagro-sup.fr/ens/FaussesLesions/frame.html

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IV. Prélèvements histologiques
Dans ce cours, seuls les prélèvements histologiques ont été développés mais
l’autopsie peut faire appel à de très nombreux examens complémentaires différents
comme les analyses bactériologiques, virologiques, sérologiques, parasitologiques etc.

A. Indications
Les prélèvements histologiques sont réalisés dans plusieurs cas. Un aspect
macroscopique ambigu d’une lésion appelle un prélèvement histologique. Dans le
cadre de suspicion de maladie à lésions pathognomoniques microscopiques, un
prélèvement histologique peut permettre d’objectiver l’affection. C’est notamment le cas
pour la rage dans les laboratoires nationaux de référence. Une analyse histologique peut
aussi permettre que vérifier un diagnostic macroscopique. Dans le cas inverse, elle
peut confirmer qu’un organisme est sain. En cas d’autopsie blanche, il est nécessaire
de réaliser de nombreux prélèvements en divers organes : cœur, poumons,
encéphale, tractus digestif, foie, rein etc.

B. Exigences
Un bon prélèvement doit répondre à certaines exigences. D'une part, il doit être
précoce, représentatif et bien délimité (à cheval entre tissu sain et anormal si la
lésion est trop volumineuse). Il doit d'autre part satisfaire des normes de fixation
(formol à 10% ou autre truc à 4%), d'identification (on identifie le flacon lui-même et
non le bouchon qui peut se perdre) et d'expédition (au bon endroit et assez
rapidement).

1) La précocité du prélèvement
Elle permet d'obtenir un échantillon qui n'a que peu subi les altérations
cadavériques (autolyse et putréfaction). Ces altérations sont ralenties par le froid
(idéal = 4°C) mais la congélation doit être proscrite sauf nécessité. Dans ce cas, il faut
mettre les organes à décongeler dans le formol afin de limiter les altérations
provoquées par la congélation à savoir la déformation de tissus par les cristaux de
glace. Il faut noter que l'autolyse et la putréfaction sont plus rapides à température
élevée, chez les très petits animaux (car leur paroi digestive est très fine ce qui cause
une diffusion plus rapide de la putréfaction) et chez les herbivores (car ils possèdent
de nombreuses bactéries dans leur tube digestif → putréfaction intense), mais aussi au
niveau du tube digestif et des glandes annexes et du système nerveux central. En
revanche, l'autolyse et la putréfaction sont plus lentes à température froide, chez
les carnivores, ainsi que dans les muscles et la peau. Si une maladie digestive est
suspectée dans un élevage il est donc recommandé de sacrifier des animaux malades
pour avoir du tissu frais et de réaliser le prélèvement du tube digestif rapidement. Pour
les mêmes raisons de conservation, il est recommandé de ne pas fermer de façon
étanche les sacs contenant des cadavres volumineux, la chaleur émise par le cadavre est
en effet retenue dans le sac et accélère le processus de dégradation.

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2) Echantillonnage et délimitation
Il ne faut pas hésiter à prendre plusieurs organes lésés ou susceptibles de l'être, ou
même plusieurs échantillons d'un même organe. Pour ce qui est des lésions
volumineuses et hétérogènes on doit prélever des échantillons représentatifs des
différentes zones de la lésion. Enfin, dans le cas d'organes comportant différentes zones
topographiques il faut essayer de prendre tous les territoires lors de prélèvements (ex
rein : cortex, medulla et bassinet).

3) Fixation du prélèvement
Pour bien fixer le prélèvement, on utilise une solution à 10% de formol
isotonique tamponné (=4% de formaldéhyde), qui doit idéalement représenter 10 fois
le volume de l'échantillon. Ce dernier doit faire 1cm maximum d'épaisseur, ce qui est
d'autant plus important pour le foie et la rate qui sont très denses. Il est nécessaire de
manipuler avec précaution les organes creux, pour ne pas altérer la muqueuse. Pour ces
mêmes prélèvements, il faut s’assurer que la lumière soit directement en contact avec le
formol afin de fixer directement la muqueuse. Une fois le prélèvement plongé dans le
formol, celui-ci doit rester le plus clair possible, il faut donc d'abord rincer au sérum
physiologique les prélèvements trop sanguinolents.

4) L'identification
Elle doit être réalisée sur le corps du flacon (et non sur le bouchon qui peut se
perdre), à l'encre indélébile.

5) Envoi du prélèvement
Les prélèvements doivent être adressés, en emballage étanche, à un laboratoire
d’histopathologie vétérinaire, accompagnés de commémoratifs et d’une anamnèse
précise mentionnant notamment :
− vos coordonnées et celles du propriétaire ;
− l’identification de l’animal (espèce, race, âge, sexe…) ;
− les commémoratifs cliniques et nécropsiques ;
− la nature et la localisation des prélèvements ;
− les références portées sur les flacons.

6) Matériel nécessaire
Pour réaliser un prélèvement, on a besoin de scalpel ou couteau tranchant, de
flacons plastiques étanches, de pinces et de marqueur indélébile.

V. Compte-rendu d’autopsie
Le compte-rendu d'autopsie contient trois types d'informations : les données
administratives, la description des lésions et la conclusion.

A. Données administratives
Le nom de l'auteur du compte-rendu et sa raison sociale (vétérinaire traitant par

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exemple), identité du propriétaire de l'animal, le signalement de l'animal (espèce,
race, âge, sexe, numéro de tatouage → informations à vérifier !), le nom/adresse des
confrères éventuellement concernés (car ils nous ont référé le cas par exemple),
l'anamnèse avec les circonstances de la mort, le motif de l'autopsie, le numéro
d'enregistrement, le mode de conservation, la date de réalisation de l'autopsie, et
enfin date de rédaction du compte-rendu et signature. Ci-dessous un exemple de
compte-rendu d'autopsie.

B. Description des lésions


Il faut être capable d'émettre des réserves si jamais l'animal est mal conservé. De
plus on ne donne un diagnostic lésionnel que si on est sûr de soi. Il faut privilégier la
description factuelle des lésions, accompagnée d'une ou plusieurs hypothèses
diagnostiques si possible. Il faut dans tous les cas décrire avant d'interpréter.
On peut également ajouter des précisions sur la sévérité des lésions ou leur signification
(a pu causer la mort ou non…). Pour obtenir une description de qualité : on doit se
mettre à la place de quelqu'un n'ayant pas assisté à l'autopsie : il doit "voir" les mêmes
choses que nous et arriver à la même conclusion que nous grâce à notre description des
lésions. Il faut pour cela utiliser des données objectives, exhaustives, précises. On
décrit toujours les organes selon le même schéma : localisation, taille, forme, couleur,
consistance, aspect à la coupe, rapport aux autres tissus, distribution des lésions,
intensité… La prise de photographie peut en ce sens apporter une aide précieuse.
Encore une fois, il faut séparer l'interprétation de la description. L'observation ne doit
pas être contestable.
Exemple d'une rate :
− Description non contestable : splénomégalie diffuse, modérée, avec aspect charnu
et « lie de vin » du parenchyme splénique à la coupe
− Entre parenthèses, interprétation : (aspect d’hématopoïèse extramédullaire)
La prise de photo est par ailleurs très vivement conseillée.

C. Conclusion
Elle doit être aussi claire que possible, surtout si le nombre de lésions est

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important. Selon les cas, il s'agit soit d'un récapitulatif ordonné des lésions
significatives observées, permettant d'aboutir soit à un diagnostic final, lésionnel, et
éventuellement étiologique (ex: mort naturelle dont la cause est un hémangiosarcome de
la rate s’étant rompu et responsable d’une hémorragie interne fatale), soit à un énoncé
de la ou des hypothèses diagnostiques (ex: la seule anomalie observée est une
congestion généralisée du cadavre ; cette lésion, non spécifique, est compatible avec une
hypothèse d’intoxication aiguë par un toxique convulsivant). Il faut enfin préciser si des
examens complémentaires sont en cours ou nécessaires.

Remarque : un compte-rendu d'autopsie en médecine humaine doit indiquer trois choses :


les circonstances de mort, la cause de la mort (lésion à la base de tout et dont découle tous
les mécanismes ayant mené à la mort), et le mécanisme conduisant à la mort (ex
hémorragie fatale si rupture de l'artère fémorale).

VI. Hygiène et sécurité


Ceci est une présentation du fonctionnement du service d'autopsie pour nous
préparer à la A4.
La tenue vestimentaire doit être adaptée et comprend : une blouse/côte non
fournie, des gants (fournis, youhou), un tablier de caoutchouc (fourni et à nettoyer en fin
de séance), des bottes (fournies), les cheveux longs doivent être attachés, bijoux et
téléphones portables sont interdits. Si nécessaire, des masques, protections oculaires,
gants anti-coupure, ou charlotte seront fournis.
Concernant l'hygiène générale il faut travailler le plus proprement possible, c’est-
à-dire éviter les éclaboussures et ne pas porter les mains au visage, mais aussi bien se
laver les mains, en salle et au vestiaire.
Pour ce qui est de la prévention des accidents, interdiction de courir, de plaisanter,
ne pas laisser de couteaux sur les tables notamment pointes vers l'extérieur, et ne pas
stationner inutilement aux endroits dangereux (sous les palans, rails plafonniers…)
Afin de prévenir les infections, il faut au préalable être correctement vacciné
(tétanos, rage, BCG, autres si cas particuliers), et faire attention en cas de grossesse ou
immunodépression. En salle, il faut faire attention à sa tenue vestimentaire, se laver les
mains, porter des gants et mettre des pansements étanches sur ses plaies. L'entretien
des blouses, bottes et tabliers est également important. Il ne faut pas non plus sucer ses
pinces, ses doigts (etc….) et ne pas plonger son stylo dans les matières souillées ou
échanger de matériel entre les tables. Il est enfin formellement interdit de manger,
boire, introduire de la nourriture ou fumer en salle d'autopsie, et de sortir du matériel
de la salle (ex nos notes seront scannées puis envoyées).
Les cas autopsiés sont sélectionnés selon différents critères afin de garantir notre
sécurité : sont exclus les animaux suspects de rage, les psittacidés et primates, les
ruminants à suspicion d'ESST et plus généralement le SNC des ruminants. Les animaux
suspects de zoonose (tuberculose, listériose) ainsi que les espèces non domestiques
sont autopsiés avec un soin particulier et les cas à risque sont suivis.

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Ex : si on diagnostique une échinococcose à l'autopsie on va prévenir les propriétaires.

Il faut avoir la bonne attitude vis-à-vis de la rage : on ne peut pas euthanasier un


animal sous surveillance sanitaire sauf dérogation de la DDPP. De même, on ne pratique
pas directement une autopsie sur un suspect clinique de rage, on envoie la tête à
Pasteur. Si le résultat du test est négatif on pourra alors autopsier le cadavre (qui aura
été congelé en attendant, faute de mieux). L'autopsie est en revanche possible
directement si l'animal n'est pas suspect clinique mais uniquement sous surveillance
sanitaire mordeur (la tête est alors adressée au laboratoire de diagnostic agréé).
En cas d'accidents il ne faut pas paniquer, on prévient l'encadrant, on soigne ses
blessures, on déclare l'accident et la scolarité et on va voir un médecin pour toute plaie,
même minime.
Enfin afin de protéger l'environnement il faut avoir une tenue vestimentaire
adaptée, veiller à son hygiène corporelle et à la propreté des prélèvements, l'accès est
interdit aux animaux, nettoyer et désinfecter après toute autopsie et enfin gérer les
effluents. Ces règles d'hygiène permettent par ailleurs de ne pas transmettre de
maladies à nos animaux domestiques en rentrant chez nous.

Présentation des autopsies à l’ENVA


Ceci est une présentation rapide du service d'autopsie de l'ENVA, et ce qu'il faut
savoir dire à un client du ChuvA qui nous demanderait des informations :
Le service traite 450 cas par an en moyenne, dont 20% à la demande du propriétaire :
Les locaux sont situés en BCG, et le service est ouvert le matin du lundi au vendredi,
9.5 mois par an (fermé juillet-août et à Noël). Le responsable est Edouardo.
Les tarifs sont de 114€ pour CN/CT, 60€ pour les NAC, 360€ pour un cheval adulte,
144 € pour les ruminants, porcs, gibiers. A noter que le tarif est doublé lors d'expertise,
et que le prix de l'équarrissage et de l'éventuelle euthanasie ne sont pas compris dans
ces tarifs.
L'autopsie en elle-même comprend un examen macroscopique, la réalisation des
prélèvements (histologiques et éventuellement virologiques, bactériologiques…), un
examen histopathologique des tissus prélevés, et la rédaction d'un compte-rendu
détaillé (communiqué par courrier dans un délai d'un mois à cause du temps que prend
l'histologie).
En revanche les examens complémentaires (toxicologiques, bactériologiques,

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virologiques et autres) ne sont pas compris et on ne peut pas restituer le corps au
propriétaire pour des raisons à la fois réglementaires et hygiéniques (à bien préciser
car ils sont nombreux à préférer récupérer le corps plutôt que de connaitre la cause de
la mort).

Rotation autopsie-biopôle
On présente ici rapidement les modalités de notre rotation de l'an prochain : le
responsable est Sylvain Bellier, Edouard Reyes-Gomes est le co-responsable. La rotation
sera de 2 semaines pendant le semestre DPASP, par groupes de 7-10… Les modalités
précises sont dans le diaporama mais nous seront présentées à nouveau donc on ne va
pas s'étendre sur le sujet.

Conclusion
Tout le monde doit savoir faire une autopsie (en revanche l'interpréter est une
autre histoire), et il faut avoir une démarche rigoureuse afin de ne rien oublier. Enfin
les connaissances de base sont primordiales : anatomie et histologie, APS, biologie
clinique (inflammation, épanchements, cancérologie reviennent le plus souvent à
l’interrogation de fin de rotation et doivent donc être particulièrement bien connus).

VII. Technique générale de l’autopsie des carnivores


On voit dans ce paragraphe les différentes étapes d'une autopsie à travers l'exemple
d'un chat cachectique.
L'animal doit être placé en décubitus dorsal (les américains le font en décubitus
latéral mais bon c'est des américains), les gros animaux sont en décubitus latéral ou
suspendus.
Une des premières étapes est de vérifier l'identification de l'animal, c’est-à-dire
contrôler que les informations qu'on a sur lui correspondent bien à ce qu'on a devant
nous (sinon on trouve parfois des testicules sur une femelle présumée…)
Vient ensuite l'examen externe global qui nous donne de premières informations :
par exemple des griffes déchiquetées, fragmentées sont le signe d'un AVP ou de chats
parachutistes (tendance à essayer de se rattraper au mur avec leurs griffes quand ils
réalisent finalement que ce n'est pas une si bonne idée que ça …). Il est important de
réaliser cet examen en premier car une fois l'animal vidé il est trop tard. Cela permet
d'évaluer l'état général de l'animal, sa NEC, l'état du poil…
On réalise alors une incision du menton jusqu'à l'appareil génital puis une incision
transverse en croix vers les membres. On peut alors récliner la peau.
Une étape importante à ce stade est la ligature des jugulaires et veines
brachiales, afin de ne pas mettre du sang partout. Par la suite on ligaturera
systématiquement les gros vaisseaux pour cette raison.
On peut à présent ouvrir la cavité abdominale, voir si les organes sont en place, et
prélever les éventuels liquides. Il ne faut pas oublier cette étape car après il sera trop
tard (fluides partis et organes déplacés).

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On sectionne ensuite le ligament hépato-rénal et on ligature la veine cave
caudale.
On réalise alors une double ligature puis la section du rectum.
On ponctionne le diaphragme afin de vérifier le vide pleural : on doit entendre l'air
entrer, dans le cas contraire on recueille le liquide éventuellement présent.
Il faut alors préparer la découpe des côtes (on peut tracer la limite de coupe au
marqueur, à mi-hauteur de la côte), on découpe et on récline le plastron costal.
On peut à présent tirer sur la langue, sectionner le palais mou, les muscles et le
branches de l'os hyoïde, et en tirant assez fort sur la langue on entraine œsophage,
trachée, tube digestif, poumons, cœur, foie, rate. Il reste les reins, surrénales et
l'appareil uro-génital sur le cadavre.
On sépare œsophage et appareil respiratoire, on ligature les gros vaisseaux au fur et
à mesure. Il faut vérifier la perméabilité du canal cholédoque, surtout sur un animal
ictérique (ce qui peut être causé par un ictère cholestatique). On incise le foie pour
inspecter le parenchyme.
On prélève du contenu de l'estomac et des intestins si l’on suspecte un
empoisonnement
On ouvre le péricarde puis le cœur, en lui-même. On ouvre la trachée jusqu’à la
bifurcation bronchique. On ouvre aussi le palais mou (ce qui permet une vision des
amygdales). Il faut savoir qu'on trouve souvent de la mousse dans la trachée du fait de
l'emphysème d'agonie des bovins (la mousse peut même ressortir par les naseaux).
On extrait les reins, on les décapsule et on les incise.
On ouvre la vessie pour recueillir l'urine et le plancher du bassin pour voir
l'urètre, les organes génitaux…
Il faut aussi regarder les surrénales, les nœuds lymphatiques et les glandes
salivaires. En clinique il ne faut pas confondre ganglions et glandes salivaires.
Enfin on ouvre la boîte crânienne de cette manière : on recline la peau du crâne et
on désinsère les muscles, on découpe un triangle dans l’os du crâne pour voir les
cavités nasales et sinus, et on relie ensuite ce triangle au foramen magnum en partie
caudale du crâne. On soulève le volet ainsi formé et on accède ainsi à l'encéphale. Il faut
désinsérer les nerfs au niveau du chiasma optique afin de pouvoir retirer le tout. Il est
conseillé de laisser tremper l'encéphale dans du formol si on veut ensuite réaliser des
coupes, cela améliore sa tenue. Dans le cadre d’un prélèvement de tête d’un individu
suspect de rage, il ne faut pas procéder à la dissection mais désarticuler au niveau de la
jonction atlanto-occipitale et envoyer la tête dans son entier.

Il faut revoir cette méthode globale avant la rotation d'autopsie pour être
opérationnel dès le premier jour. A la fin de la rotation, on doit connaître ce qui est
anormal (et donc les fausses lésions), et savoir prélever et décrire (l'interprétation
est moins importante).

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RAPPORT D’AUTOPSIE N° A11/801

SIGNALEMENT
Brebis Texel, robe blanche, n° de boucle BE988123, âge estimé à moins de 2 ans.

VÉTÉRINAIRE PROPRIÉTAIRE
Thissen Anne-France M. Barth Martial
Rue de Battice 110, 4880 Aubel Rue de Vaals 86, 4851 Gemmenich
Tel: 087/44.65.53 Tel: 0494/43.77.06

ANAMNÈSE
Brebis traitée il y a 15 jours pour diarrhée, coliques et abattement sévère. Elle récupère bien mais
le jeudi 16 décembre, le propriétaire la retrouve toute raide, le cou tendu avec de la bave qui lui
coule de la bouche. L’animal ne se relève plus, il décide de l’égorger.

AUTOPSIE
• DESCRIPTION :
- Aspect extérieur : L’embonpoint est difficile à évaluer à ce stade étant donné le gonflement du
cadavre causé par la putréfaction. L’état du poil est correct excepté au niveau de l’arrière-train
souillé par les matières fécales de l’animal. Absence d’énophtalmie.

- À l’ouverture : L’état de putréfaction est très avancé, celui-ci limite l’examen nécropsique.
Absence de liquide dans la cavité abdominale. La quantité de graisse répartie sur le cadavre est
normale ce qui laisse penser que l’embonpoint était correct.

- Tractus respiratoire : Putréfaction de la muqueuse trachéale, aucune autre anomalie. Les


poumons sont de forme et de volume normaux, leur couleur est rose, homogène. La
consistance ne peut pas être interprétée.

- Tractus digestif : La paroi du rumen se moule sur son contenu, celui-ci est sec et fibreux. La
phase liquidienne n’est pas présente. Il y a peu de contenu dans la caillette, celui-ci est plutôt
liquidien, la muqueuse est putréfiée. L’intestin grêle est vide, sa muqueuse est pâle. Le contenu
du caecum est trop sec, sa muqueuse est putréfiée. La muqueuse du gros intestin est claire, pas
de contenu. Le foie est putréfié. Ganglions de volume normal.

- Coeur : Celui-ci est trop putréfié pour les mesures, le volume global en est augmenté. Il n’y a
ni communication inter-ventriculaire, ni communication inter-auriculaire. Les valvules et les
piliers ne présentent pas d’anomalie.

- Tractus urinaire : Pas d’anomalie. Reins putréfiés.

- Tractus génital : Pas d’anomalie. L’utérus est petit, absence de gestation.

• INTERPRÉTATION :
L’interprétation est difficile étant donné l’état de putréfaction avancé du cadavre et le fait que
l’animal ai été traité. Il n’y a néanmoins pas de signes d’inflammation. L’absence de contenu dans
les intestins et le côlon est suspect. L’assèchement du rumen laisse entendre que l’animal
présentait des désordres électrolytiques. La cause de la mort ne peut pas être déterminée.

PRÉLÈVEMENTS
Matières fécales en vue d’une coprologie pour la recherche de parasites.
RAPPORT D’AUTOPSIE N° A11/811

SIGNALEMENT
Vache BBB, robe pie-noire, 6 ans, 763 kg, n° de boucle BE61402882

VÉTÉRINAIRE (RUPO) PROPRIÉTAIRE


Dr J-F Brillon Serge Boldrin
Rue Sylvain Panis 91 Rue de Honon
4367 Crisnée 4460 Honon Hozemont
Tel: 04/257.42.60 Tel: 04/250.23.86

ANAMNÈSE
Césarienne effectuée il y a 8 jours, depuis l’animal présente de l’anorexie. Le 18, il est pris en
charge à la faculté par le Dr. Léonard Théron, l’examen clinique révèle des signes de choc.
L’echographie abdominale montre un épanchement. L’Hématocrite est à 45%, PT= 55g/l. A la
paracenthèse l’animal présente un exsudat avec PT=39g/l et neutrophiles. L’animal est traité par
laparotomie. 16L d’exsudat nauséabond sont récoltés, il y a des adhérences sur le rumen et la
matrice. Un lavage est effectué avec 100L d’eau, du chlore et 12 L de Nacl stérile. L’animal reçoit
de l’Excenel© et du Rapidexon© en IV. L’animal meurt de mort naturelle le 21 décembre.

AUTOPSIE
• DESCRIPTION :
- Aspect extérieur : L’animal est gras, l’état du poil est bon, le flanc gauche présente 4 plaies
chirurgicales cutanées: En arrière de la dernière côte se trouve la plaie de césarienne d’une
longueur de 25 cm. Parallèlement à celle-ci, 3 cm plus caudalement on trouve deux plaies
chirurgicales, la plus dorsale aillant une longueur de 15 cm, la plus ventrale 10 cm. Une
dernière plaie chirurgicale de 15 cm parallèle aux autres est présente dans le flanc 3 cm en
arrière. Les sutures cutanées sont belles.

- À l’ouverture : La paroi abdominale présente de la nécrose sous cutanée en regard de la plaie


de césarienne et de la 2eme plaie décrite qui entreprends les différentes couches musculaires et
s’étend jusqu’à la ligne blanche. Il s’agit d’un clapier gangréneux. De la fibrine est présente
dans la cavité abdominale, surtout dans les parties supérieures ainsi que 10L de liquide sero-
hémorragique. Les adhérences fibrineuses avec le péritoine et la paroi abdominale sont
nombreuses sur le rumen et la caillette. Ces anomalies traduisent une péritonite fibrineuse
(aigüe). La quantité de graisse est correcte.

- Tractus respiratoire : Présence de mousse dans la trachée. Les poumons sont de forme, de
volume et de consistance normale, la couleur est bordeaux homogène et luisante à la section,
le test de docimasie est négatif. Ceci traduit une congestion active.

- Tractus digestif : La séreuse est de couleur hétérogène sur toute la surface du tractus digestif,
cependant la muqueuse est uniforme. Ceci est explicable par la péritonite. Le foie est de
volume augmenté et de couleur claire traduisant de la stéatose. Le parenchyme est jaune.

- Tractus génital : L’utérus est correctement involué. Une plaie chirurgicale suturée de 20 cm est
présente, elle est intacte et étanche.

• INTERPRÉTATION :

Péritonite et gangrène sous cutanée ayant pour origine la plaie de césarienne.


RAPPORT D’AUTOPSIE N° A11/820

SIGNALEMENT
Busco, chien bulldog anglais de 10 ans, 25 kg, bicolore blanc-beige

VÉTÉRINAIRE PROPRIÉTAIRE
Peduzzi Arabia

ANAMNÈSE
Le 25 décembre, l’animal fait une crise d’épilepsie avec hyperthermie. Il est traité avec du
Valium, 2 ampoules de valium en intra-rectal. Le 26 décembre, l’animal meurt au domicile.
Arrêt cardiaque?

AUTOPSIE

• DESCRIPTION :
- Aspect extérieur : Petites zones (1 cm) de dépilation sur les membres antérieurs en regard du
carpe, compatibles avec des lésions de couchage.

- À l’ouverture : L’animal est très gras. Présence de 15ml de liquide séro-hémorragique dans la
cavité thoracique droite. Grosses pétéchies sur la paroi thoracique droite.

- Tractus respiratoire : Sur l’ensemble des poumons mais plus marqué à droite, il y a
hétérogénéité de couleurs et de consistance à la section. Le test de docimasie est négatif sur
l’ensemble des lobes à l’exception du lobe apical droit. Ceci est compatible avec une
pneumonie interstitielle diffuse bilatérale plus marquée à droite qu’à gauche.

- Le coeur est rond. Le rapport entre les ventricules est anormal, il est de 1/2, le volume de
l’oreillette droite est augmenté. Les cavités sont petites.Ces constatations combinées à la
pneumonie intertitielle diffuse bilatérale, nous font penser que celle-ci est chronique et qu’il y a
donc cardiomyopathie hypertrophique du cœur droit.

- Tractus digestif : Absence de contenu dans l’estomac et l’iléon. Peu de contenu liquidien
verdâtre de type bileux dans le duodénum et l’iléon. Peu de matières fécales mais d’aspect
normal dans le rectum. Le reste est normal. L’animal présentait donc de l’anorexie.

- Section sagittale de la tête : Présence d’une quantité anormale de liquide transparent dans les
différents sinus correspondant à de l’hydrocéphalie. Ceci est fréquemment rencontré chez le
bulldog.

• INTERPRÉTATION :

La cause de la mort ne peut pas être déterminée. On peut néanmoins suspecter que la
cardiomyopathie hypertrophique du cœur droit entrainée par une augmentation de résistance
dans les poumons, suite à la pneumonie interstitielle diffuse chronique, ai entrainé des
modifications dans la conduction électrique au niveau des tissus cardiaques. L’hyperthermie
devait sans doute provenir de l’excitation de l’animal lors de la crise.

PRÉLÈVEMENTS

Poumon et Cerveau en vue de coupes histo-pathologiques.


RAPPORT D’AUTOPSIE N° A11/843

SIGNALEMENT
Veau mixte de 15 jours, mâle, robe blanche et noire, 45 kg. N° BE4.2698.5574

VÉTÉRINAIRE PROPRIÉTAIRE
De vries Annie Monsieur Du Chemin
0477/98.30.50 rue voie taillé
6230 BUZET

ANAMNÈSE
2 veaux mort. Suspicion d’entérite et pneumonie à confirmer.

AUTOPSIE

• DESCRIPTION :
- Aspect extérieur : Veau sale sur l’ensemble du corps, arrière train anormalement souillé.
Celui-ci présente en outre une énophtalmie bilatérale qui peut être compatible avec un état de
déshydratation ou/et de cachexie.

- À l’ouverture : Peu de graisse. La cavité abdominale est en état de putréfaction avancé par
rapport à la conservation de l’ensemble du cadavre, celle-ci ne permet pas le prélèvement pour
analyse pour déterminé la nature de l’entérite. L’ombilic est induré, présence d’un nodule de
1,5 cm de diamètre foncé verdâtre en sous-cutané sur le trajet de l’ombilic. Son involution est
donc retardée. L’aspect des muscles est humide à la coupe.

- Tractus digestif : Les ganglions sont fusionnés sur l’ensemble du trajet de l’intestin formant un
«cordon» ganglionnaire. Le contenu digestif est liquide, de couleur gris-vert, sur toute la
longueur du tractus. Ceci est compatible avec une entérite. La muqueuse de la caillette
présente par endroit des petits foyers rouges érithémateux non significatifs.
-
- Tractus respiratoire : Rien à signaler.

- Coeur : Il n’y a pas de graisse dans les sillons coronaires, signant l’état cachectique du veau.
Le rapport entre les ventricules D/G est de 1/2, le canal artériel n’est pas complètement
fermé, l’oreillette droite est un petit peu augmentée en taille. L’ensemble de ces éléments
plaide pour un retard de croissance.

- Le diamètre des artères ombilicales est large par rapport à l’âge du veau signant un retard
d’involution.

• INTERPRÉTATION :

- L’ensemble de ces éléments plaide pour un état post-septicémique associé à une entérite ayant
provoqué de la déshydratation et un retard de croissance et ayant entrainé la mort de l’animal.
L’origine du problème remonte aux alentours de la naissance. Le veau a donc d’emblée mal
démarré.
RAPPORT D’AUTOPSIE N° A11/864

SIGNALEMENT
Veau pie-noir holstein, 15 jours Femelle 50kg N° BE3.5574.6912

VÉTÉRINAIRE PROPRIÉTAIRE
UYSTEPRUYST Inconnu

ANAMNÈSE
Inconnue
AUTOPSIE

• DESCRIPTION :
- Aspect extérieur : propre, pas d’énophtalmie, le cordon est bien involué.
- À l’ouverture : Les organes de la cavité abdominale sont anormalement clairs. Le veau est un
peu maigre au vu de la quantité de graisse mais reste dans la normalité.
- Tractus respiratoire : Les ganglions sous maxillaires sont augmentés en volume, le droit + fort
que le gauche; Les ganglions pulmonaires également. Il y a du liquide jaune crémeux dans la
trachée pouvant correspondre à du pus. Une grande quantité de micros abcès sont disséminés
dans les parties antérieures des poumons gauche et droit entreprenant 30% de ceux-ci. Dans
ces mêmes zones la couleur des poumons est rouge bordeaux et le test de docimasie est positif.
Tout ceci est compatible avec une pneumonie alvéolaire abcédative multifocale antérieure
entreprenant 30% du parenchyme pulmonaire.
- Tractus digestif : Le Foie est clair. A l’extérieur comme à la section, la couleur est hétérogène,
entre le beige et le rose pâle. Ceci est compatible avec une dégénérescance graisseuse du foie
causé par une balance énergétique négative. Au niveau des intestins, les ganglions sont
fusionnés, formant un cordon sur toute la longueur du jéjunum. Le contenu est liquide, y
compris dans le gros intestin et le caecum. Ceci est compatible avec une entérite. Il n’ y pas de
lésion sur la muqueuse.
- La taille du thymus est augmentée.
- Rien à signaler au niveau des articulations.

• INTERPRÉTATION :

Deux infections concomitantes ont provoqué la mort de l’animal: d’une part une pneumonie
alvéolaire abcédative multifocale antérieure entreprenant 30%, d’autre part une entérite. La
Balance énergétique négative révélée par la couleur du foie trouve son origine d’une part dans la
mal absorption énergétique causée par l’entérite, d’autre par par une augmentation généralisée
du métabolisme due à l’infection.

Remarques: Les deux infections pourraient être liées. Ici cela n’est probablement pas le cas car l’infestation est
aérogène pour le poumon, au vu de la localisation antérieure de l’infection, et il est peu probable qu’une infection
pulmonaire ait pu se propager à l’intestin. Il s’agit donc bien de deux infections concomitantes. La pression
d’infection était peut-être trop forte, ou l’immunité du veau trop faible. Mais on aurait pu imaginer que l’entérite ai
été provoquée par une dérive de flore suite à la prise d’antibiotiques pour soigner la pneumonie, c’est une autre
possibilité. Si la pneumonie avait été multifocale, on aurait pu envisager la possibilité que les bactéries de l’entérite
ai infesté le poumon par voie sanguine.

PRÉLÈVEMENTS
Prélèvement de la rate et congélation pour analyse virologique. Contenu intestinal pour virologie,
bactériologie avec kit digestif.
RAPPORT D’AUTOPSIE

Autopsie pratiquée au CHV des Cordeliers, 29 ave du Maréchal Joffre à Meaux, le


24/05/2010.
Date de la mort : le 23/05/2010.

Identification de l’animal : Chat British Short Hair, femelle, âge : 1 jour.


Poids : 0,2 kg.

Propriétaire : LEONARD Cécile, 47 rue de Meaux 77450 Isles les Villenoy


Vétérinaire traitant : Pas d’information.

1. ANAMNESE

Animal amené décédé aux urgences du CHV dans la soirée du 23/05/2010 par son
propriétaire.

2. EXAMEN NECROPSIQUE DU 24 Mai 2010

 Aspect extérieur

Absence de plaie, absence de souillure périnéale, beau poil. Absence de sang sur la face et
dans la cavité buccale. Muqueuses pâles. Les yeux sont fermés mais présents. Arcades
dentaires normales. À la palpation, pas de fracture des membres. Palpation de l’abdomen sans
anomalie.

 Ouverture des cavités

État d’engraissement normal. Absence d’épanchement cavitaire.

 Système nerveux

Pas d’anomalies constatées.

 Viscères abdominaux

- Œsophage : absence de modifications lésionnelles significatives à l’examen macroscopique.


- Estomac : absence de contenu alimentaire. Muqueuse ne montrant pas de modifications
lésionnelles visibles à l’examen macroscopique.
- Masse intestinale : contenu qui apparaît normal à gazeux, probablement dû à la colonisation
bactérienne post mortem du tube digestif.

- Glandes annexes :
* Foie : l’aspect extérieur montre un foie dont le volume est normal, la forme
homogène, la surface lisse, et de couleur marron foncée. A la coupe, la lobulation
hépatique se discerne macroscopiquement, le parenchyme est homogène et de couleur
marron foncée. Vésicule biliaire intègre.
* Pancréas : absence de modifications lésionnelles significatives à l’examen
macroscopique.
- Appareil urinaire :
* Reins : absence de modifications lésionnelles significatives à l’examen
macroscopique. Aspect normal des glandes surrénales à l’échelle macroscopique.
* Vessie : présence de contenu urinaire (0,5 ml). Muqueuse ne montrant pas de
modifications lésionnelles visibles à l’examen macroscopique.

- Réseau artériel et veineux ombilical présent et integre.

- Système lymphoïde :
* Rate : absence de modifications lésionnelles significatives à l’examen
macroscopique.

 Viscères thoraciques

- Diaphragme : pas de modifications lésionnelles significatives à l’échelle macroscopique.


- Cœur : Le tronc aortique apparaît normal. Les autres structures cardiaques ne présentent pas
de modifications lésionnelles significatives à l’échelle macroscopique.
-Trachée : absence de modifications lésionnelles significatives à l’échelle macroscopique.
Présence de sang dans les bronches.
- Poumons :
* Aspect extérieur : congestion passive des lobes pulmonaires gauches.
*A la coupe : coloration homogène, absence de modifications lésionnelles
significatives à l’échelle macroscopique.

3. BILAN LESIONNEL

La congestion pulmonaire est consécutive au décès.


Absence de modification organique macroscopique pouvant expliquer le décès.

4. PRELEVEMENTS REALISES, EXAMEN MICROSCOPIQUE

Néant.
RAPPORT D’AUTOPSIE

Autopsie pratiquée au CHV des Cordeliers, 29 avenue du Maréchal Joffre à Meaux, le


12/07/2010.
Date de la mort : le 11/07/2010.

Identification de l’animal : Panthère noire, femelle, âge : 14 ans.

Propriétaire : Parc des Félins


Vétérinaire traitant : Pas d’information.

1. ANAMNESE

Animal amené décédé au CHV le 12/07/10. Décès ayant eu lieu le 11 juillet suite à une
bagarre entre congénères.

2. EXAMEN NECROPSIQUE DU 24 Mai 2010

 Aspect extérieur

Présence de souillures de sang sur la face. Traces de crocs au dessus de la paupière gauche.
Présence de sang sur la face et dans la cavité buccale. Muqueuses pâles. Les yeux sont fermés
mais présents. Arcades dentaires normales. À la palpation, pas de fracture des membres.
Palpation de l’abdomen sans anomalie.

 Ouverture des cavités

État d’engraissement normal. Absence d’épanchement cavitaire.

 Système nerveux

Pas d’anomalies constatées.

 Viscères abdominaux

- Œsophage : absence de modifications lésionnelles significatives à l’examen macroscopique.


- Estomac : Présence de contenu alimentaire (restes de poulet et os). Muqueuse ne montrant
pas de modifications lésionnelles visibles à l’examen macroscopique.
- Masse intestinale : contenu qui apparaît normal à gazeux, probablement dû à la colonisation
bactérienne post mortem du tube digestif.

- Glandes annexes :
* Foie : l’aspect extérieur montre un foie dont le volume est normal, la forme
homogène, la surface lisse, et de couleur marron foncée. A la coupe, la lobulation
hépatique se discerne macroscopiquement, le parenchyme est homogène et de couleur
marron foncée. Vésicule biliaire intègre.
* Pancréas : absence de modifications lésionnelles significatives à l’examen
macroscopique.

- Appareil urinaire : Absence de modifications lésionnelles.


* Reins : absence de modifications lésionnelles significatives à l’examen
macroscopique. Aspect normal des glandes surrénales à l’échelle macroscopique.
* Vessie : présence de contenu urinaire (0,5 ml). Muqueuse ne montrant pas de
modifications lésionnelles visibles à l’examen macroscopique.

- Système lymphoïde :
* Rate : absence de modifications lésionnelles significatives à l’examen
macroscopique.

- Appareil reproducteur :
* Utérus et cornes utérines d’aspect macroscopique normal. Présence de
quelques nodules sur l’ovaire gauche. Ovaires de taille normale.

 Viscères thoraciques

- Diaphragme : pas de modifications lésionnelles significatives à l’échelle macroscopique.

3. BILAN LESIONNEL

Absence de modification organique macroscopique pouvant expliquer le décès.

4. PRELEVEMENTS REALISES, EXAMEN MICROSCOPIQUE

Prélèvements des deux ovaires pour analyse histologique.


CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM

CE DOCUMENT A ETE OFFERT AUX VETERINAIRES ALGERIENS PAR

REDA MOHAMED GUESSOUM, DVM


· .
Inasor

, -
- - ~ - -- -
Color Atlas of
Small Animal Necropsy

First Edition

by
Richard E. Moreland, BS, DVM
Necropsy Coordinator
Antech Diagnostics
Irvine, CA

REMSOFT PUBLISHING
www.remsoftpublishing.com
2009
1
Statement of Copyright
Copyright 2009 © by Remsoft Publishing. All rights reserved.

No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval


system, or transmitted in any form or by any means electronic,
mechanical, photocopying, recording or otherwise without the prior
permission of the publisher.

ISBN: 978-0-557-07597-3
102509V15

2
Table of Contents
CHAPTER 1: BASIC PATHOLOGY DEFINITIONS
• Importance of Necropsy.. .... ......... ...... ................................... ............ .................. 7
• Basic Pathology Definitions.. ........... . .. ................ ...... ..... .................. .................... 7
• Basic Pathological Changes........... ....... ............................................................... 8

CHAPTER 2: Pre-Necropsy and General Considerations


• When and Where To Do A Necropsy ........................................ ... .......................... 10
• Basic Equipment ................................................................................................ 11
• Protective Clothing ..................................... .......... ............................. .. ............... 12
• The Submission Form ...................................................................... ... .... ............ 13
• Ancillary Specimen Submissions ..... ... .............. ..... ................................. ......... .... 14
• Common Postmortem Changes ............................................................................ 15
• Describing Gross Lesions ......................................... .. ......................................... 17
• History ............ .................... . .... ......... ............ ................................... ..... ............. 18
• Routine vs. Cosmetic Necropsy ..................... ....... ... ............................. ................ 19

CHAPTER 3: THE NECROPV PROCEDURE


Overview ................... .. ................ . ............................................ ........ ....... .......... 21
• External Exam .... .. ............................................................................................. 21
• Limb and Skin Reflection .......................................................... .......................... 23
• Icterus .. ..... .......... .. .......... .. ............. .... ..... ...... .. ................ ..... .... .................... 24
• Removal of the Tongue and Trachea .................................................. ................ .. 25
• Opening and Examining the Abdominal Cavity .................................................... 27
• Feline Infectious Peritonitis ... '" ...... .......... ... ........ ..... .............. ..... ...... ....... ....... 29
• Malpositions ........... .. ............................. .. ... .......... ...... ...... ........... ...... ......... .. 31
• Opening and Examining the Thoracic Cavity .......................... ............................. 32
• Removing the Heart and Lungs ........... ....... ............. ............................................ 34
• Pneumonia ......................... ..... ....... ....... ................................. ........ .......... .... 37
• Opening and Examining the Heart .......... .. .......................................................... 38
• Thrombosis and Postmortem Clotting ...... ......................... ..... ............ ...... ... ...... 42
• Removal and Examination of the Liver ............................ .... ... .. ............. ... .......... .. 44
• Necrosis ................................... .. ................................................. ... ............... 46
• Opening and Examining the Intestine .................................................................. 50
• Examination of the Pancreas ........... .................................................................... 54
• Removal and Examination of the Spleen .............................................................. 55
• Hemangiosarcoma .......................................... ............................................... 57
• Removal and Examination of the Adrenals ........................................................... 59
• Removal and Examination of the Kidneys .................................................. .... ..... . 60
• Amyloidosis ........................... ..... ........... ....... ................................................ 62
• Removal and Examination of the Bladder ............................................................ 65
• Removal and Examination of the Brain ................................................................ 66

CHAPTER 4: THE NECROPSY REPORT


• Writing the Necropsy Report ........................ ·.......................... .......... ................... 70
• Writing the Necropsy Conclusion ....................... .... ... ............................... ........... 70

CHAPTER 5: COMPLETE NECROPSY REPORT EXAMPLE.......................................... 71


Preface
Necropsy is the purest form of pathology. It involves the direct visualization of diseased organs and (

tissues and can provide invaluable infortQation, not only about the animal being necropsied, but
about the cause, progression, and possible outcome of diseases in other patients. Necropsy results
can provide feedback on implemented therapies and confirm or deny clinical assumptions and
diagnoses.

Most people consider necropsy as just the gross dissection of a carcass. A complete necropsy,
however can be considered to be a 4 stage process.

• The first stage is the pre-dissection preparation. Proper preparation includes consideration of
where and when the necropsy will be done, as well as the gathering of all necessary equipment
and supplies. Proper preparation significantly increases the efficiency of the dissection and the
prosector's ability to recognize and interpret lesions. Part of the pre-dissection stage is the
gathering and consideration of the history. History is of paramount importance, impacting-not
only the course of the dissection itself, but the final conclusions as well .

• The second stage is the gross necropsy dissection itself. As with all diagnostic procedures, the
usefulness of a necropsy for drawing proper conclusions is only as good as the data (in the
case of necropsy, lesions) from which those conclusions are drawn. The primary goal of the
dissection stage of a necropsy is to dissect the carcass in a systematic manner to assure that
all important organs and tissues are visualized with maximal exposure to avoid overlooking
important lesions. Specimen collection for ancillary tests are also carried out during the
dissection stage. .

• The third stage is the handling of collected specimens taken during dissection for ancillary
testing. These specimens are submitted to the proper laboratories for processing, and the
results compiled on completion . The premier ancillary test associated with necropsy is
histopathology, however other tests such as microbiology, virology, and toxicoJogy may be very
important, even pivotal, in reaching proper conclusions.

• The fourth stage is the writing of the necropsy report and the conclusions. The necropsy
report is the compilation of all of the data collected from the other three stages. The
conclusion is the comprehensive interpretation of all of the data, including the history, the
gross lesions, and the results of ancillary tests. The stronger the data from all stages, the more
accurate the conclusions.

The main goal of this book is to outline the proper standardized necropsy dissection procedure for
small companion animals . It is an attempt to increase the usefulness of necropsies in the clinical
setting by 1) insuring all gross lesions are visualized for interpretation, 2) familiarizing the
prosector with examples of common gross lesions, and 3) refreshing the understanding of basic
pathology concepts and pathogeneses important in the proper interpretation of necropsy findings.

4
Acknowledgements
First and foremost I would like to thank my family (Cynthia, Miles, Amber, and
Kristen) for their patience and understanding throughout this long and time
consuming process. Special thanks to my daughter Kristen for her help with
some of the book's graphics and cover art. I am very grateful to Dr. Earmie
Edwards of Lancaster Pet Clinic in Lancaster, CA for her invaluable help in
editing the manuscript. Lastly, I extend my appreciation to the professionals and
staff at Antech Diagnostic in Irvine, CA for their assistance, both direct and
indirect, on this project.

5
')

6
Chapter 1 Basic Pathology Definitions

THE IMPORTANCE OF NECROPSY


Necropsy is the animal analogy to human Clinical pathology strives to diagnose disease
autopsy. At its core, it is the systematic by the use of tests on various body fluids and
dissection and examination of an animal body waste products. These include blood
carcass to search for abnormal anatomical plasma, urine, cerebrospinal fluid, sputum',
changes (lesions) in the tissues. It is generally saliva, peritoneal fluid, thoracic fluid, and feces.
used to determine the cause of death, but is
also used to chronicle disease progression. Lesions are recognizable morphologic
Necropsy is the purest form of pathology. It (anatomic) changes in tissues, either grossly or
involves the direct visualization of diseased microscopically.
organs and tissues (grossly and/ or
Clinical signs are changes in behavior or
microscopically) and can provide a wealth of
function that are observable by a third party
information, not only about the animal being
which indicates disease. Limping is an example
necropsied, but about the cause, progression,
of a clinical sign which would suggest a broken
and possible outcome of diseases in other
leg (a lesion). The terms "clinical signs" and
patients. Necropsy results can provide feedback
"symptoms" are often used interchangeably,
on implemented therapies, and confirm or deny
although technically symptoms are changes in
clinical assumptions and diagnoses.
behavior or_function which cannot be observed
?bviously, a knowledge of the normal anatomy objectively by a third party. Symptoms can only
IS necessary to make a distinction between be detected by the individual (such as the pain
normal tissues and lesions. The proper, of a headache), however it may cause the
standardized necropsy procedures are designed animal to behave in a way that is detectible as a
to allow the prosector (the person doing the clinical sign (such as head pressing).
necropsy) maximal exposure of organs for
Morphologic diagnosis is a short phrase in
maximum visualization of possible lesions.
which the most important aspects of tissue
Obtaining the maximum benefit and changes (either gross or microscopic) are
information from a necropsy requires not only summed up and communicated.
knowledge of the proper necropsy dissection
The most important part of the morphologic
procedure, but knowledge of basic disease
diagnosis is the naming of the lesion, with other
processes. In particular an understandil).g of
components giving specific information about
basic pathology processes is paramount,
the lesion .
starting with standard basic pathological
definitions. The elements of the morphologic diagnosis are:
• Severity
BASIC PATHOLOGY DEFINITIONS
• Duration
Pathology is the study of disease .
• Distribution
Disease is any variation from the normal • Anatomic site
morphology or physiology of a living organism. • Miscellaneous adjectives/modifiers
Disease results from various causes, such as
infection, genetic defect, or environmental • Lesion
stress, and is characterized by an identifiable Examples of a complete morphologic diagnosis:
group of lesions, clinical signs, and/ or
symptoms. Diagnosis of disease is important • Severe, acute, multifocal, renal tubular
for proper treatment. coagulation necrosis"
• Marked, chronic, focally extensive,
Anatomical pathology strives to diagnose
lymphoplasmacytic, cholangiohepatitis"
disease by concentrating on those anatomical
(morphological) changes in living tissue at the
gross and microscopic levels.

7
Chapter 1 Basic Pathology Definitions

An etiology is the cause of a disease or lesion. Inflammation is the vascular and cellular
Etiologies are numerous and diverse and response of the body to injury. Grossly,
include infectious agents such as bacteria, inflammation is characterized by a swelling and
fungi, or parasites, and physical damage such reddening of the affected tissue.
Microscopically, inflamed tissues feature the
as blunt force trauma or thermal burns (to presence of vascular congestion, edema, and
name a very few). An etiologic diagnosis the presence of one or more types of
names the etiology (ex. Histoplasmosis) . inflammatory cells. The types of inflammatory
Determining the etiology when possible is very cells present usually give some indication of the
important as it often dictates proper treatment. cause of the inflammation.

Disease Names: When a condition features a Neoplasia (tumor, cancer) is the abnormal and
unique combination of lesions, clinical signs, uncontrolled proliferation of body cells. All
and/ or symptoms, that condition may be given tumors originate from some existing
tissue/body cell. Neoplastic cells usually try to
a name. For example, a disease of young mimic their tissue of origin, which is an
puppies caused by a morbillivirus that results important feature in helping to identify them.
in pneumonia, encephalitis, and the formation Broadly, all body cells can be classified as
of eosinophilic inclusion bodies in epithelial either epithelial or non-epithelial.
tissues has been named Canine Distemper.
In naming tumors, those that arise from
epithelial cells and are determined to be benign
are designated with the suffIx -oma appended
BASIC PATHOLOGICAL TISSUE to their tissue / cell type (hepatoma, mammary
CHANGES (LESIC}NS) adenoma). Those that arise from epithelial
Broadly speaking, the primary lesions detectib1e tissue and determined to be malignant are
grossly and/ or microscopically in body tissues designated with the suffIx -carcinoma
include degeneration, necrosis, inflammation, (hepatocellular carcinoma, mammary
adenocarcinoma). Tumors of non-epithelial
and neoplasia. origin and determined to be benign also use the
suffIx -oma (fibroma, osteoma). Tumors of non-
Degeneration represents the gradual epithelial origin and determined to be malignant
deterioration of cells or tissue due to the loss of use the suffix -sarcoma (fibrosarcoma,
osteosarcoma). There are numerous exceptions
specific cellular functions and manifested in
to these rules, with lymphoma and melanoma
specific morphologic abnormalities. being two glaring examples.
Degeneration is usually reversible if the cause is
reversed. Examples include cloudy swelling
and hydropic change of hepatocytes, resulting
from the failure of plasma membranes sodium-
potassium pump to keep out water.

Necrosis is the morphologically recognizable


death of cells and/ or tissue. Necrosis is not
reversible. In general, changes in the nucleus
of cells are the primary indicators of necrosis.
These changes include pyknosis,
karyorrhexis, and karyolysis. A pyknotic
nucleus is one which has shrunken and
become very dense and dark, with little if any
recognizable chromatin. A karyorrhectic
nucleus is one which has fragmented into
several pieces. A karyolytic nucleus features a
slow loss of nuclear chromatin, resulting in a
very faded appearance.

8
9
Chapter 2 Pre-Necropsy and General Considerations

WHEN AND WHERE TO DO A


NECROPSY
The best time to do a necropsy is immediately
after the death of an animal to minimize
postmortem autolysis. When a necropsy has to
be delayed, the carcass should be refrigerated.
Refrigeration slows, but does not stop, autolysis
by slowing down enzymatic reactions. If
possible, avoid freezing the carcass. For one
thing, it is impossible to necropsy a frozen
carcass and thawing can take 24 hours or more
depending on the size of the carcass. More
importantly, however, ice crystals which form
during freezing damages the tissues at the Figure 1: Wet prep table.
microscopic level making histopathology more
difficult~. However, if the necropsy is to be
delayed for a week or more, freezing is
preferable to the prolonged but continuing slow
autolysis of refrigeration,.

The necropsy location should have adequate


light, water, ventilation, drainage, and
provisions for cadaver storage and disposal. In
clinical settings, necropsies are often done on
an exam table, however these tables do not
provide for drainage of blood and fluids (except
over the side on to your shoes). Ideally, a
bathtub with a slatted grate or a wet prep table
should be used to allow drainage. Larger,
dedicated necropsy rooms may have a Figure 2 : Dedicated necropsy room and
necropsy table.
customized stainless steel necropsy table.
Some feature downdraft ventilation in the table
to minimize odor. Wherever the necropsy is
done, the pro sectors should have easy access to
their basic necropsy equipment, a lined
biohazard garbage can for excised tissue,
formalin containers, and toxicology and
microbiology collection materials.

Pre- and post storage of the cadaver and


necropsy remains requires some form of
refrigeration. This can be problematic for large
animals. In larger dedicated necropsy rooms,
large walk-in coolers are often used. In smaller
necropsy rooms, an open top refrigerator may Figure 3: Specialized necropsy table with
suffice . downdraft ventilation and built-in disposal.
10
Chapter 2 Pre-Necropsy and General Considerations

BASIC NECROPSY EQUIPMENT


The choice of equipment for necropsy depends
in part on the size and type animal, the type of
examination requested, and the individual
prefer ences of the examiner. Most small animal
necr opsies will require:
• One or more sharp boning knives
• Scalpel
• One or more pairs of specialized scissors
• One or more pairs of specialized forceps
• A ruler (plastic or metal) and a tape
measure
• An ink pen/marking pen and note paper
Figure 1: Basic necropsy equipment
• A plastic cutting board
• Large syringes for collecting and measuring
fluids
Some means of cutting bone; either manual
hacksaw, bone shears, and/or a Stryker
saw.
• Plastic or metal containers for temporary
viscera holding
G A scale of some type for weighing organs
• Formalin-filled container for collection of
tissues for histopath
Multiple, variably-sized Whirl-Pak or Ziploc
bags for fresh tissue collection
Digital camera (optional)
Figure 2: The Stryker saw is a special
Supplies and containers for collecting motorized saw used for cutting bone.
specimens (formalin jars and whirl-pak Essentially the same as a cast cutter, it is used
bags) primarily for cutting the flat bones of the skull to
remove the brain. The blade oscillates, so it only
cuts bone and not soft tissue.

Figure 5: Digital camera


Figure 3: 10% neutral Figure 4: Whirl-pak
buffered formalin bag 11
Chapter 2 Pre-Necropsy and General Considerations

:PROTECTIVE CL9THI~G

The wearing of protective clothing is meant to


protect the examiner from contamination with
blood, tissues and body fluids from the cadaver
that are potential carriers of infectious particles.
The best protective clothing should provide comfort
to the examiner while not compromising protection
against possible contamination. The primary
clothing should be either surgical scrubs or cotton
utility coveralls.

Ideally, a second outer covering such as a surgical


gown or a plastic apron should be worn to give
added protection. Unless they are disposable,
these articles must be washed clean and
Figure 1: Scrubs Figure 2: Plastic apron
disinfected after each use.

Disposable paper booties are good for providing


protection for your footwear from contamination,
however, many formal necropsy rooms are often
wet environments. If the necropsy is done in such
a wet environment, rubber boots should be worn.

Proper gloves are paramount when performing a


necropsy. Although latex surgery or examination
gloves are often used, they generally are not hardy
enough for a full necropsy on animals larger than
small rodents, young kittens, or puppies. A pair of
ordinary garden or kitchen latex gloves of
appropriate size are best for performing a necropsy Figure 3: Paper booties Figure 4: Rubber boots
on most dogs, cats, and large animals. Compared
with the latex glove, the latter are less expensive,
more durable and provide greater protection. The
gloves should fit the hands and fingers of the
examiner without interfering with manual
dexterity and causing numbness.

Facemasks, face shields, or goggles are generally


not used doing a routine necropsy unless a
contagious zoonotic disease is suspected and
additional protection is deemed necessary.
Disposable paper facemasks cleared by the FDA
for use as medical devices have been determined to
have specific levels of protection from penetration
of blood and body fluids, keeping unlikely splashes Figure 5: Gloves
or sprays from reaching the mouth and nose. They
are not designed to protect against breathing in
very small particle aerosols that may contain
viruses.

Contrary to popular belief, face masks do not mute ,


odors. Odors from a recently deceased or quickly 1

refrigerated carcass should be minimal. Obviously


the more autolytic the carcass, the worst the odor
will be. Most prosectors generally get use to even
strong odors within the first few minutes of the
necropsy. In particularly autolytic and rank
carcasses, practical techniques such as placing
Vicks VapoRub® ointment underneath the nostrils Figure 6: Disposable
to mask the odor can be employed. paper facemask 12
Chapter 2 Pre-Necropsy and General Considerations

THE SUBMISSION FORM


The style and type of necropsy submission forms vary from laboratory to laboratory, depending on the mode of
document storage and retrieval system in use,

At a minimum, submission forms should include the following information:

Clinic Identification - Clinic name, ID#, address, phone number, doctor's name

• Case Identification - Assigned necropsy case number, clinical case number, and the date of submission
and examination

Owner's Identification - Owner's name, address (optional), and phone number (optional)

• Specimen Identification - Animal's name, species, breed, age, weight, and sex

• Clinical History! - Includes the details of clinical findings, signs and symptoms observed (especially
perimortem signs), and the clinical diagnosis, Use the back or additional sheets of paper if necessary,

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Finding$; Progrll.Xiit & C'o.!mnr;nt)
DOERM OerrnFJtO[J~I~
(BIQp&y ~
OcrrmllObgktt Reoolllim:.'fmuons)
• ADDmoNAL CHARGES APPLY ,
Type o f B laps: y~ D Exclsln",-" o Ind$j(k~ 1
D Ncoolo D Endoscopic
AI[ riS$I,Ie{s) $uhmine4 '? Dyes Dr<Q V I\-
t\.'urroer ot Containers Submitted:
D30mL OGOmL 0 25() ml 032 oz.

~
Ntl!'\'d)Cr' ot.sPCCirncM Subl'nit1¢d:
SourcelSite:

Previous. BiopsylCyt:01ogy Submitted ? DYes DNG


Rofe:renca Numbef:

VSNl"flA.L vr.ew
fi1eoo-.Y.:q

13
- -----_.-----------------------------------------

Chapter 2 pre-~opsy and General Considerations

ANCILLAl{Y SPECIMEN SUBMISSIONS


Obtaining a definitive diagnosis from gross incise and collect the required material from the
lesions alone is often not possible and may deeper portion of solid organs " a bscess, or
require the use of other ancillary laboratory coagulated masses. From this incision, sterile
diagnostic procedures. Specimens for those swabs, tissue fragments, and aspirates may
diagnostic procedures may be collected during then be taken. Place sterile swabs and aspirates
in a special transport media, especially if the
the necropsy as deemed necessary. Specimens suspect organism is a fastidious one . The
are often collected for: choice of transport media depends largely on
e Histopathology: Specimens should be the microorganism suspected to be present in
the specimen. If cultures are required, sterile
routinely collected from every major
swabs should be used immediately before fully
organs in all necropsies exposing body cavities or openings. Hollow
• Microbiology: Specimens are only organs such as segments of the gastrointestinal
collected when the history, clinical tract are best handled by obtaining a loop of
intestine tied at both ends and placing them in
diagnosis, or necropsy lesions suggest a a sterile petri dish.
causative infectious agent
• Toxicology: Specimens are only collected Toxicology
when the history, clinical diagnosis, or Materials for toxicological examination should
necropsy lesions suggest a toxic agent be collected without contamination by
(poison). chemicals being used during necropsy.
Chemicals that may contaminate the specimen
Histopathology include fixatives, detergents and disinfectants
Histopathology is the primary ancillary test routinely used during necropsy. Although
associated with necropsy and is often the test different toxicants require specific samples for
which provides the definitive answers in many chemical analyses, in general certain tissue
cases. Collection of histopathology samples samples are best. These include whole blood
should be a part of all gross necropsies. and sera, tissue blocks (about 100 grams) of
both liver and kidneys, urine, and stomach and
What Specimens To Collect: Ideally, samples intestinal contents. -
for histopathology should be collected from all
of the major organs. These include the heart, Contact the toxicology laboratory where the
lung, liver, spleen, kidneys, bladder, pancreas, samples will be sent to ensure that the right
stomach, small intestine, large intestine, specimens and amount ar~ collected and that
thyroids, mesenteric lymph nodes, adrenals, and adequate precautions for handling and
brain. When obvious lesions are present in preservation are observed.
these tissues they should of course be sampled,
however, when no lesions are present, 1 or 2 It is important to note that most laboratories do
random samples should be taken from each not have the capabilities to do "toxicology
tissue. When it is not feasible to take samples of screening", i.e. checking a single sample for a
all major organs, and there are no obvious wide range of possible toxins (like they do on
lesions, priority should be given to those organs CSI). In general, specific tests can be run for
and tissues which correlate most with the specific toxins, each test having it's own
primary clinical signs observed (i.e. GI for associated cost. Obviously, random testing is
vomiting, lung for dyspnea, etc.). All specimens impractical, so it is important to have some idea
should be immediately fixed in 10% neutral of what toxin to test for. The problem is that
buffered formalin. Formalin stops all autolysis most toxins cause death without producing
and hardens the tissue in preparation for being significant (or any) gross or microscopic lesions
cut thinly for microscopic slides. The which might give clues to the cause . Generally,
specimens should be collected as soon as the most important information on which toxin
possible and should not be more than 1.5 cm to check for comes from the clinical history
thick. Collected tissue should be placed in a and/ or antemortem clinical signs. While
volume of formalin that is 10 times the tissue toxicology screening is not widely available,
volume to ensure proper fixation . toxicology panels, in which a group of individual
tests are run together, are common. A common
Microbiology toxicology panel would include those
Specimens intended for microbiological compounds commonly used in malicious
examination should be collected aseptically as and/ or accidental animal poisoning such as
possible. One technique is to sear the surface strychnine, arsenic, metaldehyde, and warfarin.
of the organ or tissue With a hot spatula, then
14
Chapter 2 Pre-Necropsy and General Considerations

COMMON POSTMORTEM CHANGES


When an abnormality is found during There are several tissue changes which can
necropsy, it must be judged whether it is an occur after death however the more common
' antemortem lesion or a postmortem postmortem changes seen at necropsy include
change. Antemortem lesions occurred before hemoglobin imbibition, pseudomelanosis, and
death and therefore may have contributed to livor mortis.
the death or disease of the animal;
postmortem changes occur only after death Hemoglobin imbibition is the pinkish to
and therefore cannot have contributed to the reddish coloration imparted to tissues due to
death of the animal. Judging which is which the lysis of red blood cells. It is most evident on
is very important so that a proper the outer surfaces of light-colored organs like
interpretation can be made. the intestine or brain, or on the inner surfaces
of large arteries or in the heart.
Postmortem autolysis result from the ,,\r~
degradation of tissues associated with the Bile imbibition is the greenish-yellow
release of proteolytic lysosomal enzymes from coloration imparted to tissues in contact with
tissue cells when they die, as well as from the the gallbladder after death. This is usually seen
action of postmortem bacterial enzymes on the surrounding liver tissue, as well as on
(putrefaction). Bacteria that form part of the loops of gut.
normal microbial flora in the intestine
proliferate soon after death. Invasion of
organs and tissue occurs primarily through Pseudomelanosis is a blue-green to blackish
the vessels and lymphatics. discoloration imparted to tissues due to the
action of bacteria on hemoglobin, resulting in
the formation hydrogen sulfide and iron sulfide.
Postmortem autolysis can be slowed by This discoloration is often black within the
decreasing the animal's temperature via anaerobic environment of the abdominal cavity,
refrigeration soon after death. Since most but is often more greenish in the more aerobic
lysosomal enzymes and bacterial enzymes are environment of the skin.
temperature dependent, lower temperatures
slow (but does 'not completely stop) the
degradation of the tissues. Lower temperature Livor mortis (hypostatic congestion) is
also inhibits bacterial growth. Freezing is not, caused by the settling of blood to the down side
however, recommended because the ice of the animal's body due to gravity. This
crystals which form damage cells and can gravitational settling of blood and body fluids
make this histopath difficult to interpret.' Still, results in a darker reddish coloration of the
if the necropsy must be delayed a week or orgahS and tissues on the down side of the
more, freezing is recommended since the cadaver.
continued degradation of tissue refrigerated
longer than would have even more harmful
consequences.

Figure 1: Hemoglobin imbibition of the small Figure 2: Hemoglobin imbibition of the


intestine brain
15
Chapter 2 Pre-Necropsy and General Considerations

Figure 3: Pseudomelanosis of the kidneys . In Figure 4: Pseudomelanosis of the pancreas


the anaerobic abdomen, pseudomelanosis has
a black to dark blue-green hue

Figure 5: Pseudomelanosis in the ventral Figure 6: Livor mortis in the lungs. Blood
abdominal skin. In the more aerobic has settled in the left lung lobes due to gravity,
environment of the skin, pseudomelanosis has making them much darker than the right lobes
a lighter green hue.

Figure 7: Pale pox-marking of the liver and Figure 8: Though this looks like a myocardial
small gas bubbles due to bacterial putrefacation. infarct, it is only an area of postmortem
autolysis 16
Chapter 2 Pre-Necropsy and General Considerations

DESCRIBING GROSS LESIONS


The general rule in recording necropsy findings is to be descriptive rather than interpretive.
Interpretation of lesions should be described in the diagqosis and/ or conclusion section.

When applicable tissues/lesions should be described by:


Shape/margins (irregular, circular, ovoid, oblong, polypoid, botryoid, wedge-shaped, papillary,
pedunculated, indistinct, well-demarcated, infiltrative, etc.)
.:IConsistency (hard, firm, gritty, soft, rubbery, spongy, viscous, friable, etc.)
~ Color (black, brown, mahogany, grey-green, red, tan, white, off-white, yellow)
lJSize (measured in centimeters)
::JDistribution and location (bilateral, unilateral, diffuse, focal, multiple, multifocal, patchy, etc.)
u Surface appearance (bulging, ulcerated, eroded, rough, reticulated, smooth, pitted, umbilicated,
verrucous, etc.)

Figure 1: "Lung and liver lobes are FigUre 2: "The kidney features multifocal,
characterized by multifocal, coalescing dark roughly triangular, pale areas in the cortex.
circular lesions in the parenchyma. These lesions Each is bordered by a thin zone of reddening
vary in size from .2 to . Scm, and have a firm and are approximately 1 x 2 em in size. " (renal
consistency on palpation." (Metastatic
melanosarcoma) cortical infarcts)

Figure 3: "Both kidneys feature similar


pathological changes. Both kidneys are
enlarged with slightly distorted conformation.
There are multifocal, variably sized, pale, firm
masses present throughout the renal
parenchyma. Many blood vessels contain large
occlusive thrombi and scattered areas of the
parenchyma are reddened.
Gross Diagnosis: Bilaterql, multifocal irregular
renal masses with vp.scular thrombosis and
hemorrhage (Fungal infection - Phycomycosis).

17
Chapter 2 Pre-Necropsy and General Considerations

HISTORY
The importance of a good history cannot be overemphasized. Arriving at a proper diagnosis
and/or cause of death often depends strongly on the information gathered from the clinical history. )
The history gives the prosector clues about which organ systems might be more important in the
disease process, warranting greater scrutiny. The history may suggest the examination of tissues not
normally evaluated during the course of a routine necropsy (spinal cord, inner ear, sinus cavities,
etc.). The history may suggest the collection of certain tissues for ancillary tests (toxicology,
microbiology, etc.) which are not normally collected during a routine necropsy. While the history does
not affect what is seen at necropsy, it will affect the interpretation of what is seen. Consider the
following examples.

Figure 1: Edema fluid in tissues appears as


a clear translucent, almost gelatinous
material. It can be seen here in the
subcutaneous tissues of a dog's forearm.
This is a good example of subcutaneous
edema.

Figure 2: A similar clear translucent fluid


layer is present here in the skin taken from
the dorsal back of a dog. Subcutaneous
edema would be the most likely
interpretation. Subcutaneous edema
suggests many possible pathogenic scenarios
including heart failure and/ or
hypoproteinemia. However, the history
indicated the animal was being given
therapeutic subcutaneous fluids in this area.
This fluid is, in fact, the result of that therapy
and not from pathological edema. Without
that history, many erroneous interpretations
of this lesion could have been made.

18
Chapter 2 Pre-Necropsy and General Considerations

ROUTINE VS. COSMETIC NECROPSY


A routine necropsy is the standardized, systemic gross dissection of the carcass whose goal is to
assure that all important organs and tissues are visualized with maximal exposure to avoid
overlooking important lesions . Since the aim of the technique is thoroughness, there is considerable
mutilation of the carcass.

A cosmetic necropsy is one where the dissection is not as extensive (or as mutilating) as in a routine
necropsy. It is commonly requested by owners who have a strong aversion to the mutilation of their
pet, and/or wish some post-necropsy viewing of the body. Such necropsies are not nearly complete
and may result in missed lesions, and, as such, are not recommended.

The cosmetic necropsy involves the bulk removal of the internal organs through a single ventral
midline incision. Visualization of organs and lesions can be difficult, and many of the cuts needed to
remove the organ have to be made blindly.

Cosmetic Necropsy Procedure


w Make a single incision through the skin, muscles, and peritoneum in the ventral abdomen,
extending from the xiphoid process approximately the mid abdomen
.J Visualize the abdominal cavity through the incision and make note of any fluid accumulations.
Assess the orientation of the organs for possible malpositions .
.J Incise the diaphragm, making note of the presence or absence of negative pressure in the
thorax. Cut the diaphragm as completely as possible from its attachments .
..J Reaching as far as possible into the cranial mediastinum, cut the esophagus, trachea, and
cranial mediastinal vessels at the thoracic inlet
..J Remove the heart and lungs by pulling the esophageal-tracheal stump through the abdominal
incision, tearing or cutting them free from their dorsal attachments
.J Cutting the root of the mesentery will allow the liver, stomach, spleen, and small intestines to
be partially extracted through the skin incision . Cutting the colon as far caudally as possible
will allow full removal of the viscera .
.J Identify the kidneys and remove them. If visible, identify and remove the adrenal glands .
...l Identify and remove the bladder .
.J Drain any fluids remaining in the cavities. It is a good idea to place old newspapers in the
abdominal cavity so that it does not have a sunken appearance when closed .
...l Suture the abdominal incision to close the abdomen .
...l The brain is removed only if the history suggests a neurological problem.
o Make a midline incision between the eyes towards the level of the first cervical vertebra.
Dissect the skin and reflect all muscles covering the calvarium, cutting them towards the
sides.
u Using whichever bone cutting implement you have available, cut the calvarium to expose
the brain.
o Sever the spinal cord and lift the brain carefully. Cut all of the nerves at the base of the
brain. Tilt the head upward and backward to simplify removal of the brain from the cranial
cavity.
Q Replace the calvarium, reposition the muscles and skin, and suture the skin closed.
Examine the removed organs per the usual routine as normal and take whichever specimens
deemed necessary
~ e carcass should De returned to as near a pristine state as possible . Clean any blood and fluids
::-om the hair coat. Sutures should be continuous and as neat as possible.

19
;

o
Chapter 3 The Necropsy Procedure

OVERVIEW STEP 1: EXTERNAL EXAM


The goal of the gross dissection phase of the Position the carcass on the table in left lateral
necropsy is the removal and close examination recumbency. Carefully examine the animal's
of the major organs for lesions, and for the exterior. Measure the carcass length from tail
collection of tissue samples for further ancillary base to nose-tip . Observe the eyes, ears, and
testing. In most animals this involves the other body openings for the presence of
reflection of the front and hind limbs on one secretions or excretions, prolapse, and
side to get greater access to the thoracic and abnormal coloring of mucus membranes.
abdominal cavities. Once the body cavities are Examine the hair coat, and note for the
exposed, cursory examination of the organs is presence of ectoparasites, areas of alopecia,
performed prior to the complete removal of the thickening of the skin, tumor masses, and
organs, with the more detailed organ possible wounds. Palpate the continuity of bony
examinations performed outside of the body. structures and look for evidences of fractures,
enlarged joints, and abnormal masses. Open
In a routine necropsy, there is not generally a the mouth and examine the oral cavity (if rigor
detailed dissection of the musculoskeletal permits). Many types of abnormalities are
system, joints, spine or spinal cord, the eyes, evident from the external exam .
s inus cavities, or the inner ears unless the
history, clinical signs, or obvious necropsy
changes warrant detailed attention.

Figure 1: Traditionally, animals are positioned . Figure 2: Alopecia and hyperpigmentation


~ left lateral recumbency. This animal is (demodecosis)
severely emaciated (cruelty starvation case).

Figure 3: Sublingual oral fibrosarcoma Figure 4: Blood in the anterior chamber of


the eye (hyphema) 21
Chapter 3 The Necropsy Procedure

Figure 5: Glossal and gingival fungal lesions Figure 6: Glossal and gingival fungal lesions
(Cryptococcosis) (Cryptococcosis)

Figure 7: Corneal ulceration and Figure 8: Marked oral, ocular, and nasal
inflammation (ulcerative keratitis) planum icterus

Figure 9: A large sublingual cystic mass full of Figure 10: Prior to the necropsy, x-rays of
collected saliva resulting from a ruptured the carcass can be very useful in helping to
salivary duct (a sublingual mucocele or ranula) localized broken bones and finding small
metal projectiles 22
Chapter 3 The Necropsy Procedure

STEP 2: LIMB AND SKIN


REFLECTION
Grasp and lift the right forelimb upward and Connect the skin opening made when reflecting
cut all muscles between the subscapular area the front leg to the skin opening made when
and the rib cage to free the limb. Reflect the reflecting the hind leg by cutting beneath the
leg dorsally. Hold the right hind limb up and skin along the right lateral thorax and abdomen.
cut down to the hip joint. Cut the joint capsule
and the round ligament to free the head of the
femur. Continue cutting through the soft Reflect the skin both dorsally and ventrally,
tissue and reflect the freed hind limb to the exposing the subcutaneous tissues of the thorax
dorsum of the specimen. Inspect the hip joint and abdomen. The subcutaneous tissues
for signs of Degenerative Joint Disease or should be inspected for hemorrhage, edema,
other changes. icterus, and other lesions.

Figure 1: Cut through the axillary region to Figure 2: Connect the exposed areas from
reflect the front limb, and through the the two limb reflections and reflect the skin
inguinal area to the coxofemoral joint to off of the trunk and thorax dorsally and
reflect the hindlimb ventrally.

Figure 3: Both left limbs have been reflected Figure 4: Exposed coxofemoral joint. This joint
along with the thoracic and flank skin to reveal features a thickened capsule and eroded
severe subcutaneous hemorrhage . This femoral head cartilage with polishing of the
i emorrhage resulted from the improper use of a underlying bone (ebernation). These are all
. eating pad. signs of Degenerative Joint Disease .
23
..
Chapter 3 The Necropsy Procedure

ICTERUS
A distinctive yellowing can occasionally be noted in the oral, ocular,
subcutaneous, or abdominal tissues on necropsy. This yellowing is ;
called icterus or jaundice and is caused by the deposition of the
compound bilirubin. Bilirubin is a normal breakdown product of
heme and icterus only occurs when it present in high amounts in the
blood stream. Normal heme metabolism starts with the phagocytosis
of old or damaged RBCs in the spleen by splenic macrophages.
Hemoglobin is removed and separated into its heme, globin, and iron
components. The iron is converted to ferritin and hemosiderin for
storage and recycling. The globin is broken down into amino acids for
recycling. The heme cannot be recycled and therefore must be
excreted. It is first converted to unconjugated bilirubin wtthin the
splenic macrophage, then transferred via the blood-stream to the liver
while attached to albumin. Within the liver cell it is conjugated with
glucoronic acid to become conjugated bilirubin. It is then put into
the bile via the bile caniculi, the small tracts between the hepatic
cords. Bilirubin is not a bile salt and does not aid in the breakdown
of fat; it is only in the biliary system as a means of disposal. Figure 1: Oral, ocular, and
nasal planum icterus
The three primary mechanisms of icterus are
intravascular or extravascular hemolysis, liver
disease, and bile duct obstruction.

With hemolysis, the spleen is forced to deal with


an excessive amount of heme, either from
increased phagocytosis (extravascular hemolysis)
or hemoglobin released into the bloodstream from
lysed RBCs (intravascular hemolysis). With
intravascular hemolysis some of the heme in the
bloodstream (hemoglobinemia) will pass through
the kidneys and into the urine (hemoglobinuria).
Regardless of the type of hemolysis, the spleen
produces excessive amounts of unconjugated
bilirubin for processing by the liver. The liver is
unable to process all of this extra bilirubin which
consequently remains in the blood-stream and Figure 2: Icterus of the subcutaneous and
eventually stains the tissues yellow. In liver omental adipose tissue
disease, the liver is unable to process even the normal amounts of bilirubin resulting from normal
heme metabolism. The excess unconjugated bilirubin remains in the bloodstream and stains the
tissues yellow. In addition, the swelling of hepatocytes causes some obstruction of the bile caniculi,
resulting in a portion of the conjugated bilirubin gaining access to the blood-stream.

In biliary obstruction, the processed conjugated bilirubin from normal heme metabolism cannot gain
access to the biliary system, spills over into the bloodstream and stains the tissues yellow .

... .Ihto
• 8U""

Figure 1: Normal Heme Metabolism 24


Chapter 3 The Necropsy Procedure

STEP 3: REMOVAL OF THE TONGUE,


TRACHEA, AND ESOPHAGUS
Make a skin incision from the mandibular
symphysis along the mid-ventral neck, to the
thoracic inlet. Reflect the skin as before to
expose the underlying structures .
The tongue must be removed to thoroughly
examine the buccal cavity. Cut the muscular
and tissue attachments of the tongue along the
inner surfaces of both sides of the mandible.
After cutting, the tongue can be pulled out
through the floor of mandible . Reflect the
tongue back to the pharyngeal hyoid bones,
continuing to cut all muscular attachments.
Cut through the hyoid bones by severing their Figure 1: Make a submandibular skin incision
cartilaginous articulations (the cornu). then reflect the skin
Once the tongue is reflected back, examine the palate, pharyngeal mucosa, and tonsillar tissues.
Continue dragging the tongue backward and dissect free the trachea and esophagus, cutting all
attachments back to the thoracic inlet. Identify and remove the thyroid glands and parathyroid
glands.

Figure 2: Cut the muscles


along each side of the Figure 3: Pull the tongue out through the
mandible bottom of the mandible

Figure 4: Expose the oretropharyngeal hyoid Figure 4 : Cut the hyoid bones at their
b ones cartilaginous articulation (the "cornu")
25

Chapter 3 The Necropsy Procedure

Figure 5: Dissect the tissues covering the Figure 6: Reflect the tongue, trachea, and
ventral neck to expose the ventral trachea esophagus back to the thoracic inlet

Figure 7: Identify and remove the thyroids Figure 8: Bilateral parathyroid hyperplasia due
and the parathyroid glands on the sides the to renal failure (renal secondary
trachea. hyperparathyroidism)

Figure 9: Marked tracheal hypoplasia (part of Figure 10: Tracheal collapse (part of .
Brachycephalic Syndrome) Brachycephalic Syndrome) 26
Chapter 3 The Necropsy Procedure

STEP 4: OPENING AND EXAMINING


THE ABDOMINAL CA VITY
The abdominal cavity is opened by removing
the abdominal (flank) wall along the ventral
midline, the curve of the last rib, and dorsally
a t the level of the kidneys. Usually the
abdominal viscera is initially obscured by fatty
omentum which can be removed.

The viscera should be regarded in situ for


obvious lesions, fluid accumulations, relative
s izes, and malpositions, however, no detailed
examination is done until all organs are
completely removed. Inflammation of the
p eritoneal cavity (peritonitis) is generally
Figure 1: Normal abdominal viscera
:1oted by the presence of reddening and
:-oughening of the serosal surfaces of the
n sceral organs, along with the presence of
~brinous tags.

_illy abdominal fluids should be collected and


~antified. Broadly, abdominal fluids can be
exudates, transudates, or btood. Blood in the
abdominal cavity is referred to as a
h emoabdomen. When large amounts of blood
are present, it is important to try and
:::etermine the source of the bleed before
:-emoving the abdominal viscera as this
~enerally makes it more difficult to determine
::"1e origin. The presence of transudates and
::"' rudates in the abdominal cavity is calleq
ascites. When transudates are
-..mcontaminated with blood they generally
Figure 2: Enlarged liver (hepatomegaly),
:::'ave a clear yellowish (straw-colored)
extending well beyond the last rib
2.flpearance. When blood is present it tints the
:::'uid red and is referred to as serosanguinous.
:are must be taken to avoid confusing actual
::-ank) blood with serosanguinous fluid.
3 ood's higher opacity and viscosity are
~en erally the best features to distinguish it
=:-om serosanguineous fluid.

~e liver should be assessed in situ. Extension


- ell beyond the last rib is considered
~ep atomegaly.

-=-- e thoracic cavity should be assessed for


::egative pressure by inspection of the
.:.:aphragm. Normally it should be pulled taut
:.:ward the thoracic cavity. Puncturing it
"-""ould produce an in-rush of air and a Figure 3: Serosanguinous ascitic fluid.
:=:axation of the musGle. If the muscle is Though it looks like blood, its low viscosity as
=--eady relaxed prior to puncturing it, it is judged during the necropsy suggested it was in
.=.dicative of pneumothorax.. fact blood-tinged fluid. 27
Chapter 3 The Necropsy Procedure

Figure 4: Straw-colored ascitic fluid Figure 5: Marked abdominal hemorrhage


(hemoabdomen)

Figure 6: Partially clotted straw-colored Figure 7: An unknown intra-abdominal mass


abdominal fluid with white nodular lesions on turned out to be a granuloma formed around
the serosal surfaces of the small intestine and gauze left from a previous surgery. This
mesentery (Feline Infectious Peritonitis - FIP). "gauze granuloma" is called a gossypiboma.

Figure 8: The diaphragm is pulled taut Figure 9: Here, the diaphragm is relaxed,
against the thoracic cavity, confirming negative indicative of air in the thorax (pneumothorax)
pressure within the thorax. and a lack of negative pressure. 28
Chapter 3 The Necropsy Procedure

FELINE INFECTIOUS PERITONITIS lFIP)


FIP is a serious, fatal, infectious but non-contagious viral infection of cats. It is caused by a mutation
of the feline enteric coronavirus. FIP causes widespread pyogranulomatous inflammatory lesions
throughout the abdominal visceral and/ or thoracic organs, and often a thick viscous yellow ascitic or
pleural fluid . The widespread infection causes weight loss, anorexia, non-responsive fever, and
eventually organ failure and death.

The disease pathogenesis involves complement fIxation and the release of vasoactive amines that
causes increased vascular permeability and endothelial cell retraction. In addition, antigen-antibody
complexes result in systemic vasculitis. These changes lead to the exudation of fluid and plasma
proteins typical of the effusive "wet" form , as well as organ damage due to impaired blood flow. The wet
form generally causes death within a few weeks. The "dry" form is more insidious, leading to death
over a much longer period (often years) .

Testing for the disease clinically can be problematic. Exposure to the virus with the production of an
antibody titer does not mean the virus has mutated and will cause FIP. Higher titers could be more
suggestive, however some cats with fulminant FIP may have no titer. Most tests involve "statistical
probabilities" that the infection is present. The albumin to globulin ratio (A/G ratio) is one such
statistical method. If the ratio is less than 0.8, there is a 92% statistical chance the cat has FIP. If the
ratio is greater than 0.8 there is a 61 % statistical chance the cat does not have FIP. Another statistical
method is Rivalta's Test. This test is performed by taking a test tube that is fIlled with distilled water
and adding a single drop of 98% acetic acid. Then, one drop of abdominal or pleural effusion is added.
If the drop dissipates, the test is negative. If the drop retains its shape, the test is positive. A negative
Rivalta's test is 97% accurate in ruling out FIP. A positive test is 86% accurate in ruling in FIP. Lastly,
the pleural or ascitic fluid can be checked for protein, with FIP infectious fluid generally having a value
of 3.5 mg/ dl or higher.

At necropsy, the wet form of FIP is characterized by a viscous yellowish fluid which generally clots soon
after the abdomen is opened. The serosal surfaces of the intestine, kidneys, liver, and pancreas are
often covered to varying degrees with small white nodules. These nodules represent pyogranulomas,
accumulations of macrophages and neutrophils. This reaction is more common to fungal infections
than to viral ones. In fact, fungal infections such as histoplamosis, cryptococcosis, blastomycosis, and
coccidiomycosis must be considered as part of the differential. To defInitively diagnosis FIP,
immunohistochemistry staining (IHC) of affected organs is necessary. In IHC staining, antibodies
specifIc for the feline coronavirus are attached to a stain and exposed to the affected tissue. If
coronavirus is present in the lesion, the antibody will stick and so will the stain, confIrming FIP
infection.

Figure 1: The abdomen is fIlled with copious Figure 2: Soon after opening the cavity, the
amounts of a clear but viscous yellowish fluid fluid has clotted.
.... ~ with tags of fIbrin throughout. 29
Chapter 3 The Necropsy Procedure

FELINE INFECTIOUS PERITONITIS (continued)

Figure 3: Small white nodular lesions on the Figure 4: Small nodules and tags of clotted
serosal surfaces of the small intestine. fluid cling to the surface of the liver.
Microscopically these nodules feature
accumulations of macrophages and neutrophils.

Figure 5: Small nodules and tags of clotted Figure 6: Small white raised nodular lesions
fluid cling to the surface of the spleen. (pyogranulomas) are evident in the
parenchyma of both kidneys.

, ;

30
Chapter 3 The Necropsy Procedure

MALPOSITIONS
Volvulus/torsion involves a twisting of the mesenteric attachments of the stomach and/ or intestines.
This twisting action cuts off the outflow of blood from the intestine and stomach, causing the tissues to
suffer from a buildup of carbon dioxide and, eventually, a lack of oxygen. A common consequence seen
is bloating (gaseous dilation) of the stomach. The twisting also pulls the spleen from the left side of the
body to the right side and causes it to be engorged with blood.

Sometimes the intestine will telescope in on itself. This is called an intussusception. The blood
supply draining the telescoped portion is cut off so the cells die from lack of oxygen. Occasionally in
strong trauma cases (such a hit by car) the diaphragm will rupture allowing the intestines to move up
into the chest cavity (diaphragmatic hernia). These abdominal organs interfere with the normal
functioning of the heart and lungs.

Figure 1: Large congested spleen evident on the Figure 2 : Gas-filled and hemorrhagic stomach
right side of the body caused by rotation of the subsequent to gastric torsion/volvulus .
stomach. .

Figure 3: Section of gut telescoped on itself Figure 4: Localized intestinal torsion.


:ntussusception) . The telescoping cuts off
- enous drainage from the affected area and
~e effect on the tissue is identical to a
:;)[sion.
31
r
Chapter 3 The Necropsy Procedure

STEP 5: OPENING AND EXAMINING


THE THORACIC CAVITY
The thoracic cavity or the abdominal cavity can
be opened next. When opening the thoracic
cavity, first cut the right ribs dorsally a few inches
below their vertebral attachments using bone
shears. Next, cut along the costo-chondral
junction. The rib cage can then be removed by
cutting any remaining muscle or soft tissues.
Removal of the rib cage exposes the thoracic
organs in situ.
Upon opening the thoracic cavity, make note of
any fluid in the chest or in the pericardial sac.
Blood in the thoracic cavity is called Rib .cage
hemothorax. If there is fluid in the chest cavity
that is not blood, the term is hydrothorax or
pleural effusion. If the fluid is not blood, but is Figure 1: The ribs are cut along the
red because it is "blood-tinged", it is described as costochondral junction and near their dorsal
serosanguinous. spinal attachments
When air is present in the thorax it is called a pneumothorax and the lungs will usually be partially
collapsed. If air builds to positive pressure inside the thorax, it is called a tension pneumothorax,
and the lungs are usually fully collapsed (atelectic).

Figure 2: Normal heart and lungs exposed Figure 3: Blood accumulation in the thoracic
after removing the rib cage cavity (hemothorax)

r ;

32
Chapter 3 The Necropsy Procedure

Figure 4: Serosanguinous fluid in the thorax Figure 5: Milky white fluid in the thoracic
(hydrothorax/pleural effusion). Though the cavity (chylothorax). This condition is usually
fluid is red, it is evident that it is translucent seen in association with cardiomyopathy, and
and not thick enough to be actual blood. rarely, (although it is a common misconception)
due to thoracic duct rupture.

Figure 6: Here the chest cavity is filled with a Figure 7: Much of the intestines have
-;-ery thick red exudate (often called a "tomato migrated into the thoracic cavity via a hole in
soup" exudate) consistent with blood-tinged the diaphragm (diaphragmatic hernia). The
.!Jus (pyothorax) caused by Nocardia. negative pressure in the thorax facilitates the
movement of intestines into the thorax even
through very small openings .

33
jjO

Chapter 3 The Necropsy Procedure

STEP 6: REMOVING THE HEART AND


LUNGS
The esophagus should be separated from the The external color of the lungs should be
trachea and is reflected to the point where it assessed and all lobes palpated for firmness
goes through the diaphragm into the stomach. and/or nodular lesions. At necropsy, the
The aorta and vena cava are cut and the appearance of "normal" lungs can vary from an
trachea, heart, and lungs ("the pluck") are uncongested pale light pink, to an irregular
removed en masse. The trachea should be splotchy reddened congestion. Other grossly
opened and followed as far irito the bronchi as evident findings include hemorrhage, edema,
possible. Foamy fluid in the bronchi or neoplasia, and pneumonia.
trachea indicates pulmonary edema.

Figure 1: The esophagus is separated from the Figure 2: The heart and lungs (the "pluck")
trachea back to the diaphragm removed

'.
"
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""..... ..l.. ....


4 ..

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, .
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~;.... ~/' .~..f "

Figure 3: Normal, uncongested lungs Figure 4: Normal uncongested lungs


(microscopic)

34
.hapter 3 The Necropsy Procedure

Figure 5: Normal, irregularly congested lungs Figure 6: Normal congested lungs


(microscopic). The vasculature is distended with
blood but the alveoli are clear

Figure 7: Foamy tracheobronchial fluid Figure 8: Pulmonary edema (microscopic).


= dicative of pulmonary edema Many alveoli contain eosinophilic staining fluid.

Figure 9: Pulmonary atelectasis Figure 10: Pulmonary atelectasis


(microscopic). The alveoli are devoid of air and 35
collapsed.
Figure 11: Pulmonary emphysema Figure 12 : Pulmonary emphysema
(microscopic) . The alveoli are dilated, ruptured,
and coalescing. .

Figure 13: Pulmonary hemorrhage Figure 14: Pulmonary hemorrhage


(microscopic). The alveoli are filled with blood
with no significant inflammation. Non-
inflammatory pUlmonary hemorrhage may
result from pulmonary thromboembolism,
lung lobe torsion, or coagulopathy.

Figure 15: "The Float Test" is used to help


determine the presence of common lung
conditions at necropsy. When placed in fluid
(fixative or water), normal aerated lungs
(congested or non-congested) will float on the
surface. Lungs with pneumonia or that are
atelectic will sink to the bottom. Fluid-filled
lungs (pulmonary edema) will "float heavy",
suspended somewhere between the surface
and the bottom. This picture illustrates all
three examples .

36
1

Chapter 3 The Necropsy Procedure

PNEUMONIA
Pneumonia is inflammation of the lungs. It is This is usually the anterior and ventral regions
characterized by the accumulation of of the lungs, giving the reddening an "antero-
inflammatory cells and fluid within alveoli. ventral" distribution. Non-inflammatory
Grossly, it can be difficult to distinguish congestion is irregular and/ or diffuse. Second,
':Jetween inflammation from physiological or because of the accumulation of inflammatory
passive congestion of the lungs since both cells in the alveoli, there is little or no air in the
::eature a reddening of the lung parenchyma. alveoli, reSUlting in a firm feel to the
hree gross characteristics of pneumonia can parenchyma (consolidation). Third, the lack of
~elp in distinguishing the two. First, since air in the lungs in pneumonia causes the lungs
pneumonia is usually caused by bacteria which to sink when placed in water or fixative,
enter the lungs via the trachea whereas congested lungs will still float.
(bronchopneumonia), the inflammation starts
';1;'here the bacteria initially settle in the lungs.

Figure 1: Gross bronchopneumonia. Note Figure 2: Gross bronchopneumonia. Note


:he pattern of reddening in the anterior and the pattern of reddening in the anterior and
7entral regions of the lung lobes ventral regions of the lung lobes

Figure 3: Pneumonia (microscopic). Note Figure 4: Close-up of pneumonia lung. The


:..'-1e presence of inflammatory cells filling the alveoli are filled with inflammatory cells and
" veoli. Palpation of this tissue would result in devoid of air.
?. firm feel, and there is no air to allow it to
::'oat when placed in liquid.
37
--- .. --------------------------------------------------------------------------------------------------~ .
.--

Chapter 3 The Necropsy Procedure

STEP 7: OPENING AND EXAMINING


THE HEART
The outer surface of the heart should be
examined before opening. Assess the sharpness
of the apex; rounding may suggest hypertrophy
or dilation. If a scale is available, the heart
should be weighed. The normal heart weight (g)
to body weight (kg) ratio is 7.4 ± 0.2 however,
care must be taken when interpreting this
number as certain factors can affect the formula.
In a fat or obese animal, the ratio will be skewed
low, where as in a thin or emaciated animal it
will be skewed high.
One of the most widely accepted methods of
opening the heart is by following the normal path
of blood flow. Beginning in the caudal vena cava
and/or entrance to the right atrium, a V-shaped
incision is made by cutting down through the Figure 1: Grossly normal heart. Note the
right atrio-ventricular valve, following the inter- sharp apex.
ventricular septum to the bottom of the ventricle,
then back to the base of the heart and out
through the pulmonary valve. This cut produces
a V-shaped flap which can be lifted to expose the
right ventricle, right atrium, and tricuspid valve.
The left side of the heart is opened in a similar
way. A single incision is made through the left
atrial free wall, down through the lateral border
of mitral valve and the left ventricular free wall
all the way down to the apex. A cut is then
made through the medial leaves of the mitral
valve into and out of the aorta.
Sometimes a better in situ visualization of the
valves, as well as an opportunity to compare the
relative thickness of the right and left ventricular
myocardium, can be determined by doing a
single longitudinal cut. The cut starts through
the middle of the right ventricle and proceeds
through the RV lumen, the interventricular Figure 2: Very rounded apex indicating
septum, the LV lumen, and finally through the either hypertrophy or dilation
LV free wall.

r ;

Figure 3: To open the right side of the heart, Figure 4: Cut along the septum and exit the
cut into the right atrium via the vena cava, right ventricle through the pulmonary artery.
then down through the tricuspid valve to the
bottom of the right ventricle.
38
hapte r 3 The Necropsy Procedure

Figure 5: The flap produced allows Figure 6 : To open the left heart, cut into the
visualization of the right atrium, ventricle, and left atrium via the pulmonary veins and
rricuspid valve. continue the cut through the mitral valve and
along the free wall to the bottom of the left
ventricle .

Figure 7: Cut through the mitral valve to exit Figure 8: Alternatively, by lining up on the
:...'-1e left ventricle through the aorta. middle of the right ventricle, a single cut
through the right ventricle, interventricular
septum, and the left ventricle will allow a better
comparative visualization of the chambers . In
this normal heart, note the 3: 1 ratio of left
ventricular thickness to right ventricular
thickness. Also note the relatively tubular
shape of the left ventricular lumen, not a round
or bowl shape as is the popular miscoriception.

39
Chapter 3 The Necropsy Procedure

Figure 9: The nodular thickening noted in the Figure 10: Severe left ventricular hypertrophy
mitral valve of this partially fIxed heart is is evident in this partially fIxed heart. The
Valvular Endocardiosis (Degenerative Mitral lumen is extremely narrowed by the marked
Valve Disease). In this condition, the heart thickening of the septum and free wall.
valve (usually the mitral) is thickened by the Cardiomyopathy (with a big C) refers to
proliferation of the valve's fIbrous and primary cardiac disease in which some
myxomatous tissue. This proliferation distorts inherent (and idiopathic) defect in the heart
the leaves of the valve, giving them a nodular muscle itself results in hypertrophy or dilation
appearance. This change is usually mild and is of the myocardium (Hypertrophic or Dilative
a common incidental fInding at necropsy of no Cardiomyopathy). Secondary dilation or
clinical consequence. It can get worse with age, hypertrophy (due to valvular defects, septal
however, and can be signifIcant in older dogs. defects, hypertension, etc.) does not constitute
When severe, the valves do not close properly Cardiomyopathy.
and blood regurgitates into the left atrium on
systole (causing a systolic murmur). The
eventual consequence of this regurgitation is
chronic heart failure . King Charles Cavalier
Spaniels have a very high genetic disposition to
develop this condition at an early age.

Figure 11: Severe left ventricular dilation. Figure 12: Heart-based tumor
There is thinning of the free wall and septum (chemodectoma)
and smoothing of the endocardial surface. The
lumen shape is more bowl-like as opposed to a
more normal tubular shape.
40
a !UM

Chapter 3 The Necropsy Procedure

Figure 13: Metastatic thyroid carcinoma Figure 14: Metastatic salivary gland
carcinoma

Figure 15: Small metal projectile (bb) Figure 16: Subendocardial hemorrhage on
?enetrated the heart and lungs causing marked the papillary muscle
::::'emorrhage

41
,
Chapter 3 The Necropsy Procedure

THROMBOSIS vs. POSTMORTEM


CLOTTING
During the necropsy examination,
differentiating postmortem clotting from
antemortem clotting is very important. Clots
are common in the heart and larger vessels.
Thrombi are always pathological and
significant, while postmortem clots hold no
significance.

The normal clotting mechanism in the living


animal leads to the formation of fibrin to plug
openings in blood vessels to prevent bleeding.
When clotting occurs within the vascular
system in response to endothelial injury, the
resulting clot is called a thrombus and can
block blood flow to tissues and cause necrosis Figure 1: Two "currant jelly" postmortem clots
(infarction). Blood also clots after death in within the heart chambers. Note the smooth
response to the release of tissue factors. These dark red, shiny, and gelatinous appearance.
are called postmortem clots. Distinguishing
antemortem clots (thrombi) that are
important in causing disease from postmortem
clots that are of no significance is important
during necropsy. Even though they are both
clots, the mechanism of their formation makes
them physically distinguishable from each
other. Postmortem clots form as a solid net of
fibrin within the vessel, entrapping large
numbers of red blood cells. Consequently
postmortem clots are dark red in color, they
have a gelatinous consistency, and are smooth,
wet and shiny. They are also usually well-
molded to the shape of the vessel. Thrombi are
formed by the sequential deposition of platelets
and fibrin, forming a layered effect without the
incorporation of significant numbers of red
cells. Consequently thrombi have a friable
("crumbly like a cookie") consistency, and have Figure 2: Microscopically, currant jelly
a paler, drier, rougher appearance. Because of postmortem clots consists almost exclusively of
this friability, pieces easily break off the main red blood cells with a few entrapped white blood
thrombi and float down the bloodstream as a cells. Fibrin is usually not clearly recognizable.
thromboembolus, and can lodge in smaller
vessels, block blood flow, and cause an infarct.

Two different types of postmortem clots can


occur after death. The most common type is
called a "currant jelly" clot. This is the very
common, red, shiny, and smooth gelatinous
clot. If clotting is delayed for some reason after
death, the stagnant blood will have a chance to
separate (the red cells settle to the bottom),
leaving a yellowish layer of plasma at the top.
When clotting ultimately occurs, a currant jelly
clot is formed at the bottom, and a plasma clot
(called a "chickenjat clot") is formed at the
top. The appearance of chicken fat clots in
most animals denotes a possible clotting
disorder since postmortem clotting was delayed.
Horse red blood cells, however, normally settle
rapidly due to rouleaux formation so chicken fat Figure 3: In this heart, both a currant jelly
clots in horse are inconsequential. clot and a chicken fat clot are evident. -Both
are postmortem clots.
42

..
hapter 3 The Necropsy Procedure

THROMBOSIS vs. POSTMORTEM CLOTTING (continued)

Figure 4: Two thrombi attached to the mitral Figure 5: A thrombus attached to the aortic
valve. Valvular thrombi are often caused by valve. Note the pale, dull and rough
bacterial endocardial damage and constitutes appearance.
"vegetative endocarditis".

Figure 7: Viewed here is an opened left Figure 6: Microscopically, thrombi often have
pUlmonary artery containing one leg of a a layered appearance (called "Lines of Zahn").
s addle thrombus (arrows) . The thrombus Here, a thrombus nearly occludes a blood
started at the junction of the pulmonary trunk vessel. The dark purple blobs are bacteria (this
then extended into the lungs along each is a "septic" thrombus)
branch (pulmonary thromboembolism).

43
Chapter 3 The Necropsy Procedure

STEP 8: REMOVAL AND EXAMINATION


OF THE LIVER
After removal of heart, lungs, and the Alternating pale and dark areas can produce a
diaphragm, the abdominal viscera can be "reticulated" or "nutmeg" appearance.
removed systematically, starting with the liver. Prominent fat infiltration can produce a very
Before removal of the liver, the bile duct yellowish liver. Obviously, any masses or
connection to the duodenum should be nodules should be noted.
checked for patency. Make a small slit in the After assessing the surface, the liver should be
proximal duodenum and identify the major "bread-loafed", cut into small 1-2cm slices
duodenal papilla. Squeeze the gallbladder to from end to end, to expose possible lesions
see if bile can be easily expressed through the deep within the p£encltyma that are not
duct and out the papilla. If not, the bile duct visible on ,the surf~c~,/fhe gallbladder should
should be opened and traced back up to the be opened to assess the character of the bile,
gallbladder. The liver can then be removed by the presence of any stones or concretions, and
cutting the bile duct and all diaphragmatic the possibility of hyperplasia or neoplasia of
and body wall connections. the gallbladder epithelium.
After removal of the liver, the size,
conformation, and color should be assessed.

Figure 1: The bile duct is checked for patency. Figure 2: Grossly normal liver
As the gallbladder is squeezed, note the stream
of bile from major duodenal papilla (arrow)

Figure 3: Focal area of hepatic necrosis Figure 4: Severe hepatic lipidosis


44
Chapter 3 The Necropsy Procedure

Figure 5: Hepatic nodular hyperplasia Figure 6: Nutdleg liver (chronic passive


congestion)

Figure 7: Gallstone in the gallbladder Figure 8: Hepatic biliary adenocarcinoma

Figure 9: Metastatic hemangiosarcoma Figure 10: Hepatocellular carcinoma


45
'f'

Chapter 3 The Necropsy Procedure

NECROSIS
Necrosis is common in the liver and other n ucleus or no nucleus at all. Caseous necrosis
tissues and must be properly identified and is necrosis where the dead tissue is still present
categorized when it occurs. but has degenerated into an unrecognizable
matrix. Grossly, caseous necrosis has a dry,
cottage cheese-like appearance and texture.
Necrosis is the death of cells within the body
Microscopically, caseous necrosis is a
that occurs prior to somatic death (death of the
eosinophilic granular material with no
animal). It can be recognized both grossly and
recognizable cells. Certain types of bacteria are
microscopically, and varies depending on the
often the cause of caseous necrosis including
type of necrosis. The types of necrosis are /::: b .
Myc~bacterium and somf Coryne actenum
coagulative, caseous, and liquefactive.
speCles. ~/

Coagulative necrosis is defined as necrosis Liquefactive necrosis is necrosis where the


where cellular and/ or tissue architecture is tissue cells have been completely liquefied,
preserved (the cells still look like cells). leaving only fluid, inflammatory cells, and
Grossly, coagulative necrosis is usually
possibly the causative agent. Liquefactive . .
characterized by a distinct paleness of the necrosis is the most common type of necrOS1S m
tissue. Depending on the degree of hemorrhage the brain due to the high water and lipid
present, the tissue may be red or might have a content. In other tissues, liquefactive necrosis
red border. One of the most common causes of usually only occurs due to infections by certain
coagulative necrosis is hypoxia/ischemia, which bacteria with very powerful enzymes which can
in turn is often due to loss of blood supply. An liquefy tissue ("pyogenic" bacteria). Because of
area of necrosis due to hypoxia is called an
these bacteria, neutrophils are generally
infarct. Microscopically, coagulative necrosis is present in high numbers within the liquefied
characterized by dead cells, recognizable due to
tissue. Grossly, liquefactive necrosis is
distinct nuclear changes. The nuclear changes
characterized by a cavity filled with a creamy
that represent undeniable cell death 'are
white, viscous, and often foul-smelling fluid
pyknosis, karyorrhexis, and karyolysis. (pus). When this cavity is well-defined and
Pyknotic nuclei are shrunken, dense and dark.
walled off with connective tissue, it is referred to
Karyorrhectic nuclei are fragmented into several
as an abscess. Microscopically, no tissue cells
pieces. Karyolytic nuclei have lost much of
are present, only the neutrophils and the
their dark staining, resulting in either a pale
bacteria.

nuclear changes

pyknosis

karyorrhexis
normal , ,

karyolysis

Figure 1: The pale regions of this muscle are Figure 2: Microscopically, cell death in
necrotic. Aside from the color change, the coagulative necrosis is identified primarily by t~e
tissue architecture is still present (the affected presence of particular nuclear changes (pyknOS1S,
areas still look like muscle) so this would be karyorrhexis, and/or karyolysis). These changes
coagulative necrosis. occur together but independently in the same
tissue and do not represent a continuum (ie.
karyorrhexis does not follow pyknosis, etc.). 46
vhapte r 3 The Necropsy Procedure

.N ECROSIS (continued)

Figure 3: Coagulative necrosis. The cortex Figure 4: Microscopic coagulative necrosis of


:eatures mUltiple infarcts, roughly triangular the liver. Many necrotic cells have pyknotic
pale regions bordered by a thin zone of red nuclei (white arrow) and karyolytic nuclei (green
~ emorrhage arrow). There is also an increased cytoplasmic
eosinophilia and vacuolization, however cellular
architecture is still maintained .


Figure 5: Coagulative necrosis. Clear Figure 6: Coagulative necrosis can also
3idence of cell death is apparent (pyknotic represent preservation of,tissue detaiL In this
",--'1 d karyorrhectic nuclei), but the cellular kidney, renal tubular cells are unrecognizable
:;:-chitecture is still intact however the tissue/tubular shape
(architecture) is preserved.

47
Chapter 3 The Necropsy Procedure

NECROSIS (continued)

Figure 7: Grossly, caseous necrosis has a Figure 8: Microscopically, caseous necrosis


dry, granular, "cottage cheese-like" is generally a pink, amorphous matrix with no
consistency. recognizable cells or cellular structure

Figure 9: Grossly liquefactive necrosis is Figure 10: Microscopically liquefactive


often characterized by a well-circumscribed necrosis features completely loss (liquefaction)
walled-off cavity containing a creamy pale of the parenchymal tissue, with only
foul-smelling viscous liquid (pus) forming an inflammatory cells (usually neutrophils)
abscess. remaining.

48
hapte r 3 The Necropsy Procedure

NECROSIS (continued)
~e microscopic pattern of necrosis in an organ Centrilobular necrosis is most commonly
:;.an be helpful in determining the cause. In the associated with anemia of any cause, or with
iver, necrosis can occur randomly throughout passive congestion of the liver due to righ t sided
::he liver, or in one of three zones of the hepatic heart failure. Centrilobu lar hepatocytes a lso
~obule. contain the highest concentrations of mixed
function oxidases (MFOs). MFOs are enzymes
~andom necrosis of the liver is usually responsible for the metabolism of chemical
a s sociated with infectious organs which gain substances in the blood . Metabolism of some
access to the liver via the vascular system. This substances may produce toxic metabolites
~7pe of necrosis is usually associated with which may in turn cause degeneration and
:""-illammation, though some viral infection may necrosis of the centrilobular hepatocytes.
':Je non-inflammatory. Substances which can cause this pattern of
necrosis include acetaminophen and aspirin.
?atterns of necrosis of the hepatic lobule are
::he result of its microanatomy and function. Mid-zonal necrosis, necrosis in region of the
~e hepatic lobule is an irregular hexagonal hepatic lobular between the centrilobular region
structure with a large vein at the center (the and the periportal region , is uncommon but is
~entral vein) and portal regions at the seen in rare toxicities (like hexacholorophene in
:;>eriphery. The portal regions consist of the cats).
::epatic artery (bringing oxygenated blood to the
iver), the hepatic vein (bring unoxygenated but Periportal necrosis occurs in toxicities where
u trient-rich blood from the GI tract), and a bile the toxin does not require metabolism by MFOs,
Qu ct. Oxygenated blood which enters via the but is already toxic when it enters the liver
i epatic artery drains through the sinusoidal through the hepatic artery or vein. Because the
sp aces into the central vein, where it is periportal hepatocytes are the first affected,
eventually dumped into the vena cava. Because they suffer more degeneration and necrosis
:..~ e hepatocytes around the central veins are than the mid-zonal or centrilobular regions.
::ne last to receive oxygenated blood, they are This pattern of necrosis can be seen in cer tain
extremely susceptible to hypoxia and anemia, poisonous, alkaloid-containing plants.

Figure 1 1: Centrilobular hepatic necrosis Figure 12: Periportal hepatic necrosis and
fibrosis .

49
Chapter 3 The Necropsy P r ocedure

STEP 9: OPENING AND EXAMINING OF


THE INTESTINE
The esophagus, stomach, small intestine, large To facilitate opening of the gastrointestinal (GI)
intestine, pancreas, and spleen are removed en tract, all of the mesentery is cut away from the
masse by cutting the diaphragm and the root of bowel loops, thereby allowing the entire tract to
the mesentery. The colon is typically cut as it be laid out straight. Opening starts in the
passes into the pelvic canal. If pathology is esophagus, proceeds along the greater
suspected in the pelvic canal, it is opened by curvature of the stomach, and extends
cutting the pubic and ischial bones on both throughout the length of the small and large
sides, allowing the removal of the floor of the intestiI}e. -Stomach and intestinal contents-are
pelvis. assess~d, along with the surface mucosa. Any
foreign o,bjects and/ or parasites should be
identified -and their possible impact on
Once the viscera is removed, the spleen is cut gastrointestinal function assessed. The entire
away and set aside for later examination. The tr:act should be assessed for inflammation,
pancreas is also examined, cut away from its ulceration, thickening, and/or neoplasia.
duodenal attachments and examined.

Figure 1: Remove the GI tract by cutting the Figure 2: When necessary, open the pelvis by
root of the mesentery (marked by the scissors) cutting the pubic (white arrow) and ischial
bones (green arrow) on each side to remove the
floor of the pelvic canal.

Figure 3: Full GI tract. These small intestines Figure 4: The mesentery has been cut away
are thickened, hyperemic, and have a slightly to facilitate opening the intestines.
pitted surface, all evidence of inflammation .
50
Chapter 3 The Necropsy Procedure

Figure 5: The intestine and liver are knotted Figure 6: Multifocal petechial hemorrhaging
together in a tight ball by fibrin (fibrinous in the mucosa of the small intestine due to
peritonitis) hookworms (Ancyclostoma caninum).

Figure 7: Roundworms (Toxocara canis) in Figure 8: Whipworms (Tricuris vulpis) in


the small intestine the large intestine

Figure 9: Severely hemorrhagic intestine Figure 10: Hemorrhagic mucosal surface of


'Parvoviral Enteritis) jejunum (Parvoviral Enteritis) 51
Chapter 3 The Necropsy Procedure

Figure 11: Markedly thickened cross-section Figure 12: Neurofibrosarcoma on the colon
of small intestine with multifocal pale yellow
necrotic regions . Microscopically, there was
prominent pyogranulomatous and necrotizing
enteritis with large numbers of hyphal fungal
organisms (Phycomycosis)

Figure 13: Thickened region of the jejunum Figure 14: Section of intestine from Figure 13
with focal perforation and leakage of intestinal opened up. Microscopically there was an
contents. infiltration of neoplastic lymphocytes
(lymphosarcoma) which weakened the wall
and led to the perforation.

52
Chapter 3 The Necropsy Procedure

Figure 15: Severe esophageal inflammation Figure 16 : Multifocal gastric ulcerations and
and ulceration from gastric reflux (Gastro- hemorrhage (injudicious NSAIDS use)
esophageal Re flux Disease or GERD)

Figure 17: Gastric foreign body Figure 18: Gastric mucosal calcification due
to renal failure.

Figure 19: This stomach was filled with


clearly recognizable pieces of sausage. This was
:1ot deemed important until considered with
:he history. The owner stated that she fed the
animal a strict commercial dog food diet. This
~ ade the presence of sausage suspicious. The
animal had died acutely with no clinical signs.
Closer inspection of the sausage revealed small
:?ellets (see insert) consistent with Strychnine
:?ellets . Subsequent t~xicology was positive for
""'trychnine. The history was pivotal in this
::ase as it affected the consideration of a
seemingly benign finding .

53
Chapter 3 The Necropsy Procedure

STEP 10: EXAMINATION OF THE


PANCREAS
Changes involving the pancreas include appearance due to the formation of prominent
inflammation, hemorrhage, and neoplasia. connective tissue, as well as due to regenerative
When acute, pancreatitis is often hemorrhagic, nodules.
however hemorrhage can be an agonal change
so interpretation grossly is tentative unless
supported by accompanying lesions. Acute There are numerous possible causes of
pancreatitis is characterized by loss (necrosis) pancreatitis. Nutritional factors believed to
of pancreatic tissue, as well as varying degrees contribute tOiJancreatic acinar-cell injury
of necrosis of the surrounding tissues. The include obesity, h igh fat diets, and
peri-pancreatitic fat is commonly involved and hyper1ipoprotein~mia. Drugs are also suspected
the result is saponification, the formation of of causing some cases of pancreatitis an these
soap due to the action of the strongly alkaline include su1fonamides, tetracycline, and
enzymes leaking from the pancreas on the fat . corticosteroids. Surgical manipulation, blunt
This generally appears as white plaques within abdominal trauma, and biliary tract diseases
the fat. When pancreatitis is chronic, the have also been implicated.
gland is generally very nodular in

Figure 1: Grossly normal pancreas Figure 2 : Marked pancreatic hemorrhage and


edema (acute pancreatitis)

(j

Figure 3 : Chronic pancreatitis Figure 4: Pancreatitis with fat sap'onification.
Note the white plaques in the adipose tissue.
54
Chapter 3 The Necropsy Procedure

STEP 11: REMOVAL & EXAMINATION


OF THE SPLEEN
The spleen should be examined for its size, shape
and conformation. A normal spleen can be either
contracted or congested at necropsy, although
contracted is most common. The contracted
spleen has a lightly brownish hue, often with
wrinkling of the capsule. The congested spleen is
very dark red, with a smooth taut outer surface
and a gelatinous cut surface. Sometimes the
spleen features irregular areas of congestion
which can be confused with hyperplastic nodules
or neoplasia. Hyperplastic nodules are usually
well circumscribed and sessile in appearance.
These masses are not neoplastic but can rupture
and bleed like malignant tumors. A common
finding on the edges of spleens are fibrosiderotic
(or just siderotic) plaques. These plaques have a Figure 1: Grossly normal contracted spleen
grainy, light tan appearance. They represent small
areas of chronic degeneration with fibrous connective tissue proliferation and dystrophic calcium
deposits. The cause is unknown but they are of no clinical or pathological significance.

Figure 2: Grossly normal congested spleen Figure 3: Cut surface of congested spleen

Figure 4: Hyperplastic spleen (Histoplasmosis) Figure 5: Cut surface of hyperplastic spleen


(Histoplasmosis) 55
--
Chapter 3 The Necropsy Procedure

Figure 6: Incomplete contraction (irregular Figure 7: Ruptured and hemorrhaging


congestion) nodular splenic hyperplasia

Figure 8: MUltiple dark red hyperplastic Figure 9: Ruptured hemangiosarcoma with


splenic nodules with tan fibrosiderotic blood clot
plaques along the splenic edges (arrow)

, 1

Figure 10: Marked splenomegaly due to Figure 11: Focal splenic infarction
lymphosarcoma 56
Chapter 3 The Necropsy Procedure

HEMANGIOSARCOMA
::-Iemangiosarcoma is a tumor of neoplastic endothelial cells which often form vascular channels filled
-.vith blood. It occurs most commonly in the spleen and right atrium of the heart, however, a primary
::temangiosarcoma can occur anywhere due to the ubiquitous nature of endothelium. Splenic
::temangiosarcomas are often asymptomatic until they rupture, with the resulting peracute abdominal
. emorrhaging causing hypovolemic shock and death. Atrial hemangiosarcomas may be
asymptomatic or may cause cardiopulmonary signs. They often rupture resulting in
::temopericardium, cardiac tamponade, cardiogenic shock and peracute death. Metastasis usually
occurs very early in the course of the disease, often before the primary tumor is discovered.
:Iemangiosarcomas occur in the spleen and right atrium simultaneously (no metastasis) in about 25%
af the cases .

.\symptomatic splenic hemangiosarcoma may result in mild anemia, spherocytosis, and


s chistocytosis due to red blood cell damage as they pass through the neoplastic blood channels of
:he tumor (microangiopathy). The presence of acanthocytes (acanthocytosis) is an especially
::nportant signal of possible hemangiosarcoma.

Figure 1: The pericardial sac is distended Figure 2: Opened pericardial sac revealing
with blood after rupture of an atrial hemopericardium
hemangiosarcoma

Figure 3: Ruptured hemangiosarcoma on the Figure 4: Marked hemoabdomen due to a


right atrial auricle. ruptured splenic hemangiosarcoma
57
Chapter 3 The Necropsy Procedure
HEMANGI0~ARCOMA (cont.i1).ued)

Figure 5: Two hemangiosarcoma masses on Figure 6: Metastatic foci of hemangiosarcoma


the head and tail of the spleen. The larger in the lungs
mass ruptured resulting m hemoperitoneum.

Figure 7: Metastatic foci of hemangiosarcoma Figure 8: Microscopically, hemangiosarcomas


in the intestine and on the spleen often form irregular and abnormal blood
vessels and vascular passages filled with blood

The microscopic vascular appearance of


hemangiosarcomas (HSA) are very important for
the pathologist to make a definitive diagnosis.
When the tumor is undifferentiated and this
vascular pattern is not evident, it may not be
possible to make a definitive diagnosis with
H&E histology alone. In such cases,
immunohistochemistry staining (IHC) can be
very useful. IHe staining uses antibodies
directed against certain proteins that are
exclusive (or nearly exclusive) to a certain type
of tissue. In the case of HSA, the antibodies are
directed against the endothelial cell protein
Factor 8-related antigen. These antibodies are
conjugated with a stain so that if the antigens
are present and the antibodies stick to the
Figure 9: Undifferentiated spindle cell tumor tissue, the tissue will stain. When this staip is
from the spleen. A hemangiosarcoma is positive, it is definitive for hemangiosarcoma,
suspected but cannot be confirmed because it
lacks the definitive vascular pattern. regardless of the tumor's histologic appearance.
58
Chapter 3 The Necropsy Procedure

STEP 12: REMOVAL AND EXAMINATION OF THE ADRENALS


Before removal of the kidneys, the adrenal artery and cranial mesenteric artery. It has a
glands should be identified and removed. The "comma", "wedge", or "boomerang" shape.
adrenal glands are retroperitoneal structures.
The phrenicoabdominal vein courses across
The left adrenal gland is slightly craniomedial to the body of each gland slightly ventral to the
the left kidney, and ventrolateral to the aorta center. Adrenocortical hyperplasia is a
between origins of the cranial mesenteric and common finding in the adrenal glands. It may
left renal arteries. It is centrally constricted with be noted as a large nodular mass, or may
enlarged extremities, having a "dumbbell" or appear as multiple scattered pale yellowish
"peanut" shape. regions. Neoplastic masses include
adrenocortical adenoma and adrenocortical
The right adrenal is craniomedial to hilus of the carcinoma, both of which can cause Cushing's
right kidney, dorsal or dorsolateral to the Syndrome. Pheochromocytoma is neoplasia of
caudal vena cava, and cranial to the right renal the medullary adrenal cells.

Figure 1: Grossly normal right adrenal gland Figure 2: Left adrenal gland with pale
hyperplastic cortical foci

Figure 3: Adrenocortical nodular hyperplasia Figure 4: Adrenal pheochromocytoma


59
Chapter 3 The Necropsy Procedure

STEP 13: REMOVAL & EXAMINATION


OF THE KIDNEYS
Necrosis is most often in the form of an infarct.
Both ureters should be identified and Infarcts are generally roughly: triangular in
examined for enlargements, strictures, stones, shape, and when acute, are pale with a red
or other abnormalities. If they are normal, en hemorrhagic rim. When chronic they can be
masse removal of both kidneys, ureters, and very pale and fibrotic, and cause considerable
bladder together does not have to be done. distortion of the renal conformation. Renal
Each kidney can be cut out of the perirenal fat cysts are usually congenital and appear as
separately. The size and shape of each should fluid-filled cavities of varying size. Degenerative
be noted, and evidence of necrosis, change such as hydronephrosis is
hemorrhage, inflammation, and neoplasia characterized by\ dilation of the pelvis and loss
should be sought. The capsule should peel of medullary or cortical parenchyma. In
easily off of each kidney; excessive adhesion extreme cases, the kidney can be greatly
suggests inflammation. Inflammation of the enlarged and consist only of a fluid filled sac.
kidney mayor may not be evident grossly. Neoplasia, either primary or metastatic, is
Inflamed kidneys may have areas of petechial usually dbvious as variably-sized masses
hemorrhaging and congestion. and/ or diffuse infiltration in the parenchyma.

Figure 1: Normal dog kidneys Figure 2: Polycystic cat kidneys (the pale
color and subcapsular veins are normal in
cats).

Figure 3: Bilateral polycystic kidneys on cut Figure 4: Focal renal abscess


surface 60
Chapter 3 The Necropsy Procedure

Figure 5: Unilateral renal hypoplasia Figure 6: Bilateral chronic renal infarcts. The
affected areas are markedly shrunken,
distorting the shape of the kidneys

Figure 7: Hydronephrosis with dilation of Figure 8: Severe unilateral hydronephrosis


the renal pelvis and hydroureter

Figure 9: Infiltrative renal neoplastic disease Figure 10: To distinguish the left kidney from
(lymphosarcoma) the right kidney after removal, it is customary
to cut the right kidney at a right angle, and
the left longitudinally. 61
Chapter 3 The Necropsy Procedure

AMYLOIDOSIS
Amyloidosis is any disease entity characterized
by the formation and deposition of amyloid.
Amyloid is a protein which is formed when a
protein or parts of a protein becomes misfolded
into an abnormal beta-pleated sheet
arrangement. There have been more than 15
proteins identified that can become misfolded in
this way and form amyloid. Regardless of which
parent protein causes amyloid, microscopically,
it all looks the same. Histologically it has a pale
bluish-red (amphophilic) homogenous and
amorphous appearance.

Of the numerous proteins that can form


amyloid, there are only 3 which are common
and important in domestic animals. Amyloid Figure 1: Molecular pattern of a b-pleated
associated (AA amyloid) is formed from a sheet. The pleating refers to the "wavy" folding
common acute phase protein called serum (like drapery pleats) of the polypeptides.
amyloid (SAA), amyloid light chain (AL amyloid)
is formed from the light chains of immunoglobulins, and islet amyloid (IA amyloid) forms from a islet
amyloid polypeptide (lAPP), a protein synthesized by islet b-cells. IA amyloidosis is most commonly
seen in the pancreatic islets of old cats.

AA amyloid is commonly associated with chronic inflammatory diseases which, of course, produce
lots of the acute phase protein SAA. Normally, SAA should be degraded after it has performed its
function, however occasionally some component becomes (inexplicitly) folded in the b-pleated sheet
formation and becomes amyloid. Because the amyloidosis is secondary to whatever is causing the
chronic inflammation, it is often called "secondary" or "reactive" amyloid.

Familial amyloidosis is seen as an inherited condition in certain dogs (Shar peis) and cats
(Abyssinians) as an autosomal recessive condition. The type of amyloid is usually AA. In Shar peis it
is often (but not always) part of Familiar Shar pei Fever (FSF) syndrome, also referred to as Shar Pei
Fever and Swollen Hock Syndrome. It is characterized by recurrent, unexplained fever episodes
and is often accompanied by swollen hocks and/or joint inflammation (arthritis). Fevers are usually
105 - 107 degrees F, however it may go higher in rare cases. Shar-Peis with FSF have increased
levels of the cytokine Interleukin-6 (IL-6) which is involved with the fever response and is an integral
part of triggering the production of acute phase reactant proteins by the liver. The increased acute
phase proteins (particularly SAA) predisposes the animal to develop amyloidosis. About 25% of the
FSF dogs will develop renal failure due to renal glomerular amyloidosis. A smaller percentage will
develop hepatic amyloidosis as well.

AL amyloid is commonly associated with immunologic conditions resulting in the production of large
amounts of immunoglobulin. Occasionally (inexplicably) some of the light chains of the .
immunoglobulins become folded in the b-pleated sheet formation and become amyloid. The most
common immunologic condition associated with AL amyloidosis is multiple myeloma or plasma cell
neoplasia. Neoplastic plasma cells produce very large amounts of immunoglobulins, some of which
become folded and form amyloid. AL amyloidosis is known as "primary" amyloidosis.

62
Chapter 3 The Necropsy Procedure

AMYLOIDOSIS {continued}
In humans, a protein called amyloid precursor protein (APP) is an integral plasma membrane protein
which is found in highest concentrations in neurons near synapses. Misfo1ding of this protein forms
amyloid which commonly deposits in blood vessels of the brain and is associated with Alzheimer's
disease. Currently, no association of amyloid and Cognitive Dysfunction Syndrome, a syndrome in
animals analogous to Alzheimer's, has been established .

By far, however, the most common "form" of amyloidosis is idiopathic, when the condition cannot be
linked to any of the above stated conditions.

As previously stated, regardless of the parent protein that causes amyloid, microscopically it al1100ks
the same. The b-p1eating of the proteins makes amyloid very resistant to normal degradation by
proteolytic enzymes. Since it can't be broken down or excreted through the kidneys, the amyloid is
deposited in numerous extravascular sites. It can be deposited anywhere, however, common
extravascular sites of deposition include the hepatic sinusoids, renal glomeruli, and splenic
sinusoids. Amyloid is not toxic to the cells in these areas however its presence causes slow pressure
atrophy and eventual necrosis of the surrounding tissue . Obviously, the clinical syndrome associated
with amyloidosis has a lot to do with where it is deposited. In renal glomerular amyloidosis, the loss
of glomerular cells leads to a loss of proper fiitration, renal failure, and the presence of very
prominent proteinuria.

In the liver, severe amyloidosis can eventually cause chronic liver failure by its slow atrophy and
destruction of hepatocytes. More commonly, however, hepatic amyloidosis leads to fatal abdominal
hemorrhage. In severe cases, the presence of the amyloid markedly weakens the structural integrity
of the liver, making it very friable. Because of this friability, minor trauma to the liver can result in
fracturing/ cracking of the parenchyma, severe hemorrhage, and death from exsanguination.

Figure 2: Grossly, hepatic amyloidosis has Figure 3: Microscopic hepatic amyloidosis.


caused this liver to have a swollen, puffY Notice how the hepatic cords (white arrow) are
appearance, and there are several cracks and thin and atrophic, being separated an
fractures on the surface which have resulted compressed by the pale amorphous amyloid
in fatal hemorrhage . (green arrow) in the sinusoids. This separation
and destruction of the hepatic cords weakens
the liver's structural integrity, predisposing it
to fracturing and hemorrhage.

63
Chapter 3 The Necropsy Procedure

AMYLOIDOSIS (continued)

Figure 4: Grossly, renal amyloidosis is Figure 5: Microscopically, amyloid has a pale


characterized by a nondescript paleness, pinkish appearance. Here in the glomeruli it is
although it can cause the tissue to have a waxy expanding and destroying the tuft.
feel when severe.

Figure 6: Amyloid can look similar to other Figure 7: Amyloid can deposit in the white
deposits (like fibrin and collagen) so Congo pulp or the red pulp of the spleen. When the
Red staining is used to confirm. Under deposits are in the white pulp they look like
polarized light it fluoresces a bright apple-green grains of sand (or sago) and it is called a "sago
color. spleen" (the above picture). A "lardaceous
spleen" has its amyloid in the red pulp, and ·
usually indicates amyloid AL.

64
Chapte r 3 The Necropsy Procedure

STEP 14: REMOVAL & EXAMINATION


OF THE BLADDER
The bladder should be opened and the Uroliths may be smooth, jagged, or "pointy". In
character of the urine should be noted (red => dogs and cats, bladder stones are more common
hemoglobinuria; brown => myoglobinuria; than kidney stones.
cloudy => cystitis). The bladder wall should be
checked for inflammation and/or hemorrhage, A serious problem in cats, especially males, is
and the lumen for the presence of uroliths. called Feline Lower Urinary Tract Disease
(FLUTD). It is sometimes also called by its
previous name, Feline Urologic Syndrome (FUS).
A urolith is a rocklike body that can form This is a disease of the urinary tract that is
anywhere in the urinary tract from naturally often related to the buildup of crystals
occurring mineral salts in the urine and which (crystalluria) and/ or bladder stones, leading to
can become lodged along the tract. Uroliths may inflammation of the lining of the urinary bladder
vary in size from sand-like particles, to larger, and urethra.
sometimes radiographically visible "stones".

Figure 1: Large, distended, and hemorrhagic Figure 2: Severe hemorrhagic cystitis with
bladder (blocked cat; FLUTD) marked mucosal emphysema caused by gas-
forming bacteria

Figure 3: Hemorrhagic cystitis (FLUTD) Figure 4: Multiple variably-sized stones


(uroliths) in the lumen of the bladder
65
Chapter 3 The Necropsy Procedure

STEP 15: REMOVAL OF THE BRAIN


The examination of the brain is most easily After exposure, invert the head and cut all
facilitated by removal of the head from the rest attaching cranial nerves to remove the brain.
of the carcass, and opening the cranial cavity. After removal, the brain should be cut
To remove the head, use your knife to sever all transversely at about lcm intervals to check for
attachments at the atlanto-occipital joint. hemorrhages, malacia, and masses in the inner
After removing the head, all muscle over the parenchyma. The brain's soft consistency can
calvarium (primarily the temporalis muscle) make sectioning difficult while it is fresh, so it
should be removed. To open the cranial cavity is best to place the entire brain in formalin to
and expose the brain, a hacksaw or Stryker saw harden for 24 hours before cutting and taking
may be used to saw through the flat bones. samples for histopathology.
~

Figure 1: Exposure of the atlanto-occipital Figure 2: After the head is removed, it should
joint and foramen magnum. The spinal cord is be skinned dorsally and the temporalis
severed at the foramen, and the cutting of the muscles cut away.
lateral and dorsal spinal ligaments at this
location will allow removal of the head.

Figure 3: Assess the subcutaneous tissues, Figure 4: Starting just above the occipital
muscles, and skull bones for signs of injury. condyle, cut cranial to just behind the orbit,
Here, fracture of the basisphenoid bone is then dorsally to the top of the skull. Repeat on
evident. the other side. When the cuts are connected,
the calvarium can be removed.
66
Chapter 3 The Necropsy Procedure

Figure 5: Removal of the calvarium exposes Figure 6: Inverting the head and cutting the
the brain. cranial nerves will allow the brain to be
removed .

Figure 7: Grossly normal dog brain removed Figure 8: Subdural hematoma


from cranial cavity

Figure 9: Multifocalleptomeningeal Figure 10: Focal cerebral malacia


hemorrhaging.
67

Chapter 3 The Necropsy Procedure

Figure 11: Benign choroid plexus papilloma Figure 12: Multifocal metastatic
hemangiosarcoma

Figure 13: Extensive intra-cerebral Figure 14: Hydrocephalus with enlargement


hemorrhage of the lateral ventricles and loss of the septum
pellucidum

Figure 15: Neoplastic pituitary Figure 16: Neoplastic pituitary


58
Chapter 4 The Necropsy Report

STEP 16: WRITING THE NECROPSY REPORT


The necropsy report is the document which communicates the findings of the necropsy examination.
The report may be in narrative form or it may be a part of a specialized printed report form. If
ancillary tests are pending (especially histopath), a preliminary gross report may be written, however
its conclusions may be contradicted later by the microscopic findings. The final report should be a
compilation of all the gross and microscopic findings , as well as any ancillary tests, with comments
and conclusions representing these findings .

Whichever form the report takes, the following information should be included:

Q Case Identification - Assigned necropsy case number, clinical case number, and the date of
submission and examination

Q Owner's Identification - Owner's name, addJ ess (optional), and phone number (optional)

QSpecimen Identification - Animal's mh ne;{pecies, breed, age, weight, and sex

Q Clinical History - Includes the details of clinical findings , signs and symptoms observed
(especially peri-mortem signs) , and the clinical diagnosis.

Q Gross necropsy findings , often arranged by organs/system. This mayor may not include
pictures of the significant lesions and/ or major organs. For each organ, there should be a full
description followed by a morphologic diagnosis.

QThe microscopic findings (if this is the final report)

Q Necropsy Conclusions and Comments - The examiners final interpretation and diagnoses based
on the clinical history, the gross lesions, and the ancillary test findings , as well as any pertinent
and useful comments on the case.

STEP 17: WRITING THE NECROPSY CONCLUSION


The necropsy report conclusion is arguably the most important part of the report. It is where all of
the findings and information (the clinical history, gross findings, and the ancillary test findings) are
interpreted together and conclusions are drawn about the cause of death and/ or the clinical
syndrome. The conclusion should be written in narrative form and contain the following:

QA direct statement of the morphologic cause of death or the clinical syndrome (if it has been
determined) , including a statement about the etiology if determined

• e .g. "This animal died from exsanguination (bleeding out) into the chest cavity subsequent to
traumatic injuries to the heart and lungs inflicted by a high powered projectile"
• e .g. "The cause of death in this case was humane euthanasia"

QA brief pathogenesis for the cause of death or clinical syndrome, as well as any other significant
findings (whether or not they were related to the cause of death)

• Important lesions can be restated (do not restate the entire report) to explain how the
findings inter-relate to each other

QIf a specific condition or neoplasia is found to be the cause of death (ex. lymphosarcoma), write a
brief, general description about the condition

Q If the specific cause of death could not be determined, speculations based on gross and/ or
microscopic lesions are permitted, after clearly stating that these are opinions and not facts

QAny other information or observations deemed pertinent or important to the case.


70
1
~ ...
4I1r'• • 1IIIIr •
D A G N T c s

NECROPSY REPORT

Accession Number: NA2005-55


Hospital Name: Some Great Veterinary Hospital
Hospital Address: 5555 Main Street., Los Angeles, CA
Doctor's Name: Dr. Jones
Owner's Name: John Smith
Pet's Name: Gizmo
Sex: Male
Age: 5-6 months
Species: Canine
Weight: -151bSJ
Necropsy Date: 05105)0

HISTORY
Gizmo was at a local groomer for a grooming on 05-04-05. During the final brush out he
collapsed and died (no other details provided). He was delivered DOA to the veterinary
hospital. He has had a history of a distended abdomen.

GROSS EXAMINATION
The animal submitted for necropsy is Gizmo, a male Shih Tsu canine (Figures 1 - 2). He
measures approximately 18 inches from nose tip to tail-base. The hair coat is long with white,
tan, and black markings.

Integumentary System:
The carcass is in fairly good body condition with adequate fat stores. No significant gross
lesions are observed in the skin, subcutaneous, or musculoskeletal tissues.
72

...
JtIIIIIII . . .
41f111"'• • ,., •
D A G N T c s
l
Digestive system and pancreas:
No significant lesions are noted in the oral cavity or the esophagus. The abdominal cavity
contains approximately 250ml of a yellowish, slightly blood tinged fluid (urine) (Figure 3). A
large fluid-filled sac, later determined to be the left kidney, is displacing the intestines
cranially, and there is very marked peri-renal accumulation of yellow fluid (urine) (Figures 4 -
5). The small intestinal bowel loops are pale and there is no evidence of inflammation,
rupture, or necrosis. The stomach contains only fluid and mucus, and no significant gross
lesions are observed. The left testicle is present in the abdominal cavity at the entrance to the
inguinal canal (Figure 6). The pancreas is pale with no inflammation, necrosis or masses
noted.
Gross Diagnosis:
1) Marked uro-abdomen
2) Prominent gastric and intestinal pal/or
3) Grossly normal pancreas
4) Left testicular cryptorchidism

73
D A G N T c s
Liver: Figure 7
The liver features relatively sharp edges and a
faint reticulated surface appearance. The
parenchyma has a reddish appearance with
several linear pale regions (postmortem rib
impressions), and the capsular surface is
smooth and glistening (Figure 7). There is no
significant oozing of blood on cut surface. No
masses, nodules, or evidence of inflammation
or necrosis is noted. The gallbladder is intact
with no stones or evidence of inflammation
Gross Diagnosis: Grossly normal liver and
gal/bladder

Spleen:
The spleen is normally contracted, measures approximately 9cm in length, and features no
elevated nodules or masses.
Gross Diagnosis: Grossly normal contracted spleen

Cardiopulmonary System:
All lobes of the lungs are inflated and have an irregular, dark red, mottled appearance (Figure
8). There is prominent foamy and bloody fluid in the trachea primarily at the tracheobronchial
bifurcation (Figure 9). There is approximately 2ml of clear, slightly red-tinged fluid in the
pericardial sac. The heart measures approximately 4.5 cm from its base to the apex (Figure
10). The left and right ventricular walls are of normal size and conformation, and the tricuspid
and mitral valves appear normal (Figure 11).
Gross Diagnosis:
1) Prominent pulmonary congestion, edema, and hemorrhage
2) Grossly normal heart C

Figure 8

74
~ ...
4111". . . . . .
D A G N T c s
Figure 10 Figure 11

Urogenital System:
There is very marked enlargement of the left kidney, with normal size and conformation of the
right (Figure 12). There is complete atrophy of the left renal parenchyma, leaving only a
fluid-filled, dilated pelvis, fibrous calyxes, and capsule (Figures 13 - 14). No overt rupture
could be found, however there is very prominent leakage of fluid into the peri-renal tissues.
There is a double ureter exiting the pelvis, one of which is small and non-patent going to the
trigone of the bladder, and the other is patent, markedly dilated, and ends blindly in the region
of the prostate (Figure 15). There is mild to moderate vascular congestion of the cortex and
medulla of the right kidney. The bladder is empty with no significant gross lesions noted.
Gross Diagnoses:
1) Severe left renal atrophy with left renal hydronephrosis, non-patent ectopic double
ureters, and hydroureter
2) Moderate vascular congestion of the right kidney
3) Grossly normal bladder

75
~
~

D
.
. ..,.A G N T c s
Figure 14 Figure 15

Adrenal glands and thyroid glands:


No significant gross lesions are noted in the adrenals or thyroid glands. 80th sets of glands
appear to be of normal size and conformation with no nodules or masses noted.
Gross Diagnosis: Grossly normal adrenals and thyroid glands

Brain:
The brain is characterized by moderate
congestion of the cerebral vessels (Figure 16).
It was serially sliced transversely at 5mm
intervals and no hemorrhage, malacia, or
neoplasia was observed.
Gross Diagnosis: Moderate
cerebrovascular congestion

'.

76
~
411/1f11'• •
...
D
,., •
A G N T c s
HISTOPATHOLOGY
STOMACH: Examined sections of gastric glandular mucosa features areas of
postmortem change but mostly an intact, columnar epithelial mucosal border without
evidence of erosion or ulceration. There are no significant inflammatory infiltrates
noted in the lamina propria, but there is mild edema.
Microscopic Diagnosis: Mildly edematous stomach

INTESTINE: In the small intestine there is mild autolysis of the villous tips but no
evidence of blunting, ulceration, necrosis, or inflammation. There is no evidence of
rupture of the bowel wall and no evidence of peritonitis, but there is mild edema. The
colon appears similarly normal histologically.
Microscopic Diagnosis: Mildly edematous small intestine with normal colon

PANCREAS: The pancreas featured normally arranged acini, and normal numbers of
well-spaced pancreatic islets. The interstitium is mildly expanded by edema fluid and
vascular congestion is prominent, but there is no evidence of hemorrhage,
inflammation, necrosis, or neoplasia.
Microscopic Diagnosis: Mild interstitial pancreatic congestion and edema

LIVER: Moderate sinusoidal and vascular congestion is evident. The accumulation is


most notable in the central veins and periacinar regions. The hepatic cords around the
central veins are attenuated and slightly pale, imparting a distinct reticulated
appearance to the section. Some hepatocytes feature vacuolar change.
Microscopic Diagnosis: Moderate hepatic passive hepatic congestion

LUNG: All of the pulmonary tissue vasculature is moderately congested. There are
extensive areas throughout the lung tissue characterized by prominent intra-alveolar
hemorrhage. No evidence of inflammation or necrosis are noted in association with
this hemorrhage. Pulmonary edema is also prominent, and scattered atelectic regions
are present.
Microscopic Diagnosis: Marked, focally extensive intra-alveolar pulmonary
hemorrhage, congestion, edema, and atelectasis

HEART: Examined sections of heart musculature feature variable fiber separation


characteristic of interstitial edema. Overall there were no significant histologic lesions
beyond mild vascular congestion. Myocardial fibers are intact, organized, and feature
no hyalinization, degeneration, or inflammatory changes.
Microscopic Diagnosis: Mild myocardial edema

77
~... -........
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D AGNOS T C S

SPLEEN: Examination of the splenic sections reveals contraction of the parenchyma


with prominence of the fibroleiomatous septae. Both the vascular red pulp and the
white pulp follicles are adequate with no evidence of inflammation, necrosis, or
neoplasia.
Microscopic Diagnosis: Histologically normal spleen

KIDNEYS: The right kidney featured well proportioned cortical and medullary tissue.
Glomeruli are adequate in number and are not distended or sclerotic. Bowman's
capsules are not thickened. There is moderate vascular congestion involving the
corticomedullary junction and the medulla. No crystaluria or proteinuria is noted in the
renal tubules. Almost no recognizable renal parenchyma was present in the left
kidney. The tissue featured tlfifly a connective tissue capsule with scant evidence of
atrophied tubules. No inflarlv!!ayon was noted.
Microscopic Diagnosis: Moderate right renal congestion with severe left renal
hydronephrosis and atrophy

BLADDER: Sections of bladder are characterized by mild to moderate mucosal and


submucosal congestion. There is no evidence of significant inflammation, necrosis, or
neoplasia.
Microscopic Diagnosis: Mild to moderate bladder congestion

LEFT AND RIGHT ADRENAL GLANDS: Examined sections from the left and right
adrenal glands features a normal cortical and medullary architecture. No hyperplastic
or neoplastic growth is observed. No evidence of inflammation or necrosis is noted.
Microscopic Diagnosis: Histologically normal adrenal glands

THYROID AND PARA THYROID GLANDS: Examined sections of thyroid glands featured
normal follicular developing with no hyperplastic or neoplastic growth observed.
There is no evidence of inflammation or necrosis. The observed parathyroid tissue is
normal. ,
Microscopic Diagnosis: Histologically normal thyroid and parathyroid glands

BRAIN: Examined are multiple sections of brain featuring no significant histologic


lesions beyond moderate vascular congestion. Neuronal fibers are intact, organized, ·
and feature no malacic, demyelination, degenerative, or inflammatory changes. No
viral inclusions are observed.
Microscopic Diagnosis: Moderate cerebrovascular congestion

78
~JIl.
411'• •'" •
D A G N T c s

COMMENTS AND CONCLUSIONS:


The gross and microscopic examinations rule out trauma and physical abuse as the cause of
death of this animal. Also eliminated are neoplasia, infection/inflammation, and ischemic
tissue necrosis (infarction). No foreign material was evident in the stomach or intestine to
suggest poisoning. While most of the findings noted were postmortem and/or nonspecific in
nature, several lesions do suggest a pathogenesis for the cause of death. Though the death
was acute, the lesions that led to the death were not, having been present since birth.

The most dramatic finding was the presence of severe hydronephrosis and hydroureter of the
left kidney. The lesion was congenital and due to the formation of double, non-patent ureters,
one of which was ectopic. The lack of a urine outlet for the left kidney led to dilation of the
ureter and pelvis and ultimately to slow pressure atrophy of the entire left renal parenchyma.
There was apparent adequate compensation by the right kidney as no signs of renal failure or
illness was reported previously by the owners. It appears, however, that there was some
sudden loss of integrity of the dilated, urine-filled kidney that resulted in significant urine
leakage into the surrounding tissues and the abdomen. This uroperitoneum led to peracute
azotemia, toxicity, and possibly hypovolemic shock. Finally, it appears there was severe
pulmonary hemorrhage and that death was ultimately due to respiratory failure.

Ectopic ureters are defined as ureters that empty at a site distal to the trigone. They may
empty at any point distal to this location, including the neck of the bladder, the proximal,
middle, or distal urethra, the uterus, or the vagina. The dilated left ureter in this case coursed
to the level of the proximal prostate, at which point it could no longer be identified. Ectopic
ureters are most commonly diagnosed in animals younger than one year of age, and more
commonly (20x) in female dogs. A familial predisposition has been found in Nordic breeds,
including the Siberian husky. Additional familial predispositions have been found in the golden
retrievers, Labrador retrievers, Newfoundland retrievers, West Highland White Terriers, Wire
Fox Terrier and the Poodle. Urinary tract infections are a common complication though this
was not present in this case.

Pathologist:
R.E. Moreland as, DVM
Antech Necropsy Coordinator

79
The Color Atlas of Small Animal Necropsy was written to serve
as a guide for veterinary students, technicians, and clinicians
on the important aspects of necropsy in dogs and cats. Using
over 230 vivid color photographs, it aims not only to show the
reader the proper standardized necropsy dissection technique,
but also to:
..:lRefresh the understanding of some of basic pathology
definitions and concepts important in the proper
interpretation of necropsy findings
r- Detail the im portan t preparatory pre-dissection
considerations of necropsy
OFamiliarize the prosector with examples of common gross
and microscopic lesions
[ Examine some common diseases and disease processes
which illustrate important pathological concepts

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