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Dr Pierre Laurencet
Dr Jean-Daniel Rotilio
Dr Jean-Paul Jaccoud
Professeur Renaud Favre
Mai 1999
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP I
PRÉFACE
A l’origine, le mandat de recherche 88/94 avait pour titre « Armature minimale dans les ponts
en béton précontraint en fonction de la contrainte du béton sous charges permanentes ». Un
subside de recherche de l’Office fédéral des routes (OFROU) avait été attribué à
l’EPFL-IBAP en décembre 1994 à cet égard, qui a permis entre autre de financer le travail de
thèse de Pierre Laurencet.
Pour profiter de l’effet de synergie produit par le travail de thèse de Jean-Daniel Rotilio,
financé par le Fonds National Suisse pour la Recherche Scientifique et par la Fondation pour
la recherche de l’industrie suisse du ciment (CEM Suisse), la commission accompagnante C
de l’OFROU a souhaité que le sujet soit élargi. Ainsi avons-nous effectué pour ce rapport une
synthèse plus globale pour le choix des dimensions et la vérification des ponts en béton basée
sur des considérations d’aptitude au service. La détermination des contraintes variables
apparaissant dans un pont routier à l’état de service telle que présentée au chapitre 3, découle
des études faites par J.-D. Rotilio dans sa thèse. Le chapitre 5 intitulé déformations constitue
également une synthèse des autres résultats importants de cette dernière. Il y est en particulier
proposé d’étendre l’actuelle loi moment-courbure du Code Modèle CEB-FIP 1990 par une
branche descendante permettant de tenir compte de l’augmentation des déformations due aux
actions variables. Le chapitre 4 intitulé fissuration correspond au mandat de recherche 88/94
initialement confié par l’OFROU, et comprend un résumé du travail de thèse de P. Laurencet
ainsi que ses principales conséquences pratiques. Des méthodes, l’une générale et l’autre
simplifiée, ainsi que des abaques afin de faciliter le travail y sont proposés, pour choisir
l’armature minimale en fonction de la précontrainte, du niveau d’exigences requis (ouverture
des fissures) et de l’intensité des contraintes variables sous l’effet des charges de trafic et de
gradients de température. Ce chapitre constitue la pièce maîtresse du présent rapport.
Toutes ces études ont été réalisées à l’Institut de Statique et Structures, Béton Armé et
Précontraint (ISS - IBAP) de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), sous la
direction des deux soussignés.
Nous tenons à remercier en premier lieu l’Office Fédéral des Routes (OFROU), pour son aide
financière, et plus spécialement sa commission d’accompagnement C (MM. P. Matt,
président, M. Donzel, R. Favre, H. Figi, H. Fleischer et P. Wüst).
II Influence des actions variables sur l’état permanent des ponts en béton précontraint
Nous avons beaucoup apprécié les conseils avisés de MM. les Professeurs P. Gambarova
(Politecnico di Milano), J. Mazars (ENS - Cachan, Paris) et E. Brühwiler (EPFL - MCS), tous
trois membres d’une commission consultative chargée du suivi de ce travail de recherche.
Nous remercions de plus MM. les Docteurs H. Charif et P. Mivelaz (ESM - Sarrasin
Ingénieurs SA) ainsi que le Dr S. Bailey (EPFL-ICOM) pour la qualité de leurs conseils.
RÉSUMÉ
En ce qui concerne les déformations, une branche descendante a été ajoutée à la loi moment-
courbure du Code Modèle CEB-FIP 1990 afin de permettre de tenir compte de l’augmentation
des courbures à l’état permanent. Cette augmentation provient des traces laissées par les
actions variables.
Comme dans notre rapport concernant le mandat de recherche 83/90 publié en 1995, la
quantité de précontrainte peut être caractérisée par le degré de compensation des flèches ß
qui est défini par le rapport entre les flèches élastiques à mi-travée dues à la précontrainte et
aux charges permanentes. Ce degré ß est d’une grande utilité lors de la conception et du
prédimensionnement d’un ouvrage précontraint. Des valeurs numériques en fonction de
divers paramètres ont ainsi été développées.
IV Influence des actions variables sur l’état permanent des ponts en béton précontraint
ZUSAMMENFASSUNG
Das Ziel dieses Berichtes ist eine zusammenfassende Darstellung von theoretischen und
experimentellen Forschungsarbeiten an unserem Institut auf dem Gebiet des
Gebrauchszustandes von vorgespannten Brücken. Obwohl sich absichtlich auf den
Dauerzustand beschränkend, beinhalten diese Arbeiten den Einfluss der Beschädigungen
betreffend Risse und Verformungen, die von den variablen Einwirkungen herrühren. Diese
werden vor allem durch die Nutzlasten und die Temperaturgradienten erzeugt. Je nach
Intensität der Vorspannung werden mehr oder weniger breite Risse nach dem zyklischen
Auftreten der variablen Einwirkungen zurückbleiben. Behandelt werden nur die Trennrisse,
die senkrecht zur Brückenlängsachse verlaufen. Für die Gebrauchstauglichkeit und
Dauerhaftigkeit sind ja bekanntlich die Trennrisse, die primär zu beschränken sind, da Luft
und Wasser sie durchfliessen können, was zu Korrosionsschäden führen kann. Da in einem
aufgelösten Brückenquerschnitt (Hohlkasten, etc.) Spannungszustände im Längssinn
auftreten, die jenen eines Zugbandes ähnlich sind, wurden die Trennrisse an Hand von
Zugbändern untersucht. Wenn die Dauerspannung σperm aus Dauerlasten und Vorspannung
bekannt ist, kann die verbleibende Rissweite wres bestimmt werden, welche nach dem
Auftreten der zyklischen Spannungen ∆σ zurückbleibt. Da wres vom Armierungsgehalt ρ
abhängt, kann daraus die erforderliche Minimalarmierung abgeleitet werden.
Was die Verformungen anbelangt, wurde ein absteigender Ast (bei Entlastung) der
Momenten-Krümmungsbeziehung der Mustervorschrift CEB-FIP 90 zugefügt. Damit kann
die zusätzliche, auf die zyklischen Einwirkungen ∆M zurückzuführende Krümmung für den
Dauerzustand ermittelt werden.
Wie in unserem 1995 publizierten Bericht über den Forschungsauftag 83/90 haben wir die
Intensität der Vorspannung mit dem Grad des Verformungsausgleichs β definiert. Dieser
bildet das Verhältnis zwischen elastischer Durchbiegung in Feldmitte aus Vorspannung und
aus Dauerlasten und ist von grossem Nutzen für den Entwurf und die Vordimensionierung
eines vorgespannten Bauwerkes. Deshalb wurden numerische Werte für β in Abhängigkeit
verschiedener Parameter entwickelt.
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP V
RIASSUNTO
Questo rapporto contiene la sintesi di ricerche teoriche e sperimentali con lo scopo di meglio
inquadrare il comportamento reale dei ponti in calcestruzzo precompresso a livello di
efficienza funzionale. Indirizzate principalmente sugli effetti delle azioni permanenti, queste
ricerche includono anche i risultati dei danni prodotti sulla fessurazione e sulle deformazioni
dalle azioni variabili. Queste ultime provengono essenzialmente dai carichi di circolazione
stradale e dalle variazioni di temperatura. A seconda della quantità di precompressione
utilizzata, il manufatto avrà più o meno tendenza a fessurarsi sotto l’effetto combinato e
ripetuto di queste azioni variabili. Per ciò che concerne la fessurazione, sono state considerate
unicamente le fessure che attraversano interamente il ponte perpendicolarmente al suo asse. In
effetti, sono queste ultime che rappresentano il pericolo maggiore per l’efficienza funzionale e
la durabilità in quanto permettono all’acqua e all’aria di attraversarle, generando un forte
pericolo di corrosione. Dato che la piattabanda di un ponte come pure la soletta inferiore di un
cassone presentano degli stati di tensione longitudinali molto simili a quelli di un tirante,
questo tipo di fessurazione è stato studiato utilizzando dei tiranti appunto. Conoscendo la
tensione σperm causata dalle azioni permanenti e dalla precompressione, si può determinare
l’apertura residua delle fessure wres dopo l’applicazione di cicli di tenzione ∆σ (azioni
variabli). Considerando che essa dipende dalla percentuale geometrica d’armatura ρ, ne
consegue un’armatura minima necessaria per limitare l’apertura delle fessure residue allo
stadio permanente.
Per ciò che concerne le deformazioni, è stato possibile aggiungere un ramo discendente alla
legge momento – curvatura del « Code Modèle CEB-FIP 1990 » per poter valutare l’aumento
delle deformazioni allo stadio permanente. Quest’incremento è dovuto alle tracce lasciate
dalle azioni variabili.
Come esposto nel nostro rapporto inerente il mandato di ricerca 83/90 pubblicato nel 1995, la
quantità di precompressione può essere caracterizzata con il fattore di compensazione delle
deformazioni β che è definito come il rapporto delle frecce elastiche dovute alla
precompressione et alle azioni permanenti calcolate a metà compata. Questo coefficiente β si
dimostra di grande utilità nelle fasi di concezione e predimensionamento di manufatti in
calcestruzzo precompresso. Dei valore numerici sono così stati sviluppati in funzione dei
diversi parametri.
VI Influence des actions variables sur l’état permanent des ponts en béton précontraint
SUMMARY
This report presents the findings of theoretical and experimental research conducted to better
understand the actual serviceability behavior of prestressed concrete bridges. The
investigation focuses on the permanent loads state, but also includes the damaging effects of
variable loads on cracking and deflections. The variable loads include primarily traffic and
temperature gradients. The level of cracking induced in a bridge by the combined and
repeated action of these variable loads depends on the amount of prestressing. Regarding
cracking, only through cracks perpendicular to the bridge axis were considered. Such cracks
are the most critical in terms of serviceability behavior and durability because of the
probability of corrosion linked to the circulation of water and air through the cracks. The
cracking behavior are investigated on a tension member because the stress state of the top and
buttom slabs of a box girder is close to a tension member. Starting from the permanent state
stress σperm due to dead loads and prestressing, the residual opening wres after application of
cyclic stress increments ∆σ (due to variable loads) can be determinated. Since this residual
crack opening depends on the reinforcement ratio ρ, a required minimal reinforcement ratio
can be linked to a specified permanent state crack opening.
The moment-curvature law “Code Modèle CEB-FIP 1990” was extended to include a
descending branch and account for the increased permanent state curvature. This increase
results from irreversible effects of the variable loads.
As in our 1995 report of research grant 83/90, the amount of prestressing is described by the
degree of balancement β which is defined as the ratio between the mid-span elastic
deflections due to the prestressing and to the permanent loads. This ratio is very useful for the
preliminary design of prestressed concrete structures, and recommendations for numerical
values of β have been developed.
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP VII
1. Introduction _______________________________________________________ 1
4. Fissuration ________________________________________________________ 41
1. INTRODUCTION
La seule vérification concrète à effectuer de nos jours selon la norme SIA 162 concerne
l’armature minimale indiquée au § 3.33.4. Cette vérification a rendu de grands services car
elle a obligé les constructeurs de ponts de placer des taux d’armatures conséquents dans leurs
ouvrages, ce qui est favorable pour reprendre des sollicitations imprévues, en particulier
pendant l’exécution, et pour assurer une ductilité et capacité de redistribution suffisante.
Néanmoins, il est apparu que l’application de ce § 3.33.4 était ambiguë. L’armature minimale
y figurant ayant été déduite d’une sollicitation croissante ou permanente mais non répétitive,
le phénomène de l’endommagement graduel dû à des cycles de sollicitations (trafic et
température) n’y est pas inclus. En outre, il n’est pas logique de définir un ρmin constant sur la
largeur de la dalle de roulement et constant sur la longueur d’une travée.
Par ailleurs, l’effet favorable d’une précontrainte n’y est pas considéré. Si le béton est
comprimé à l’état permanent, des fissures apparaissant momentanément se refermeront
davantage que s’il ne l’est pas.
Ces ambiguïtés existent également dans les normes étrangères, en particulier dans les
Eurocodes, et le but de ce travail est naturellement aussi orienté vers une contribution
constructive au niveau international.
2 Influence des actions variables sur l’état permanent des ponts en béton précontraint
Un mandat de recherche pour mieux cerner cette armature minimale nous a donc été attribué
par l’OFROU en décembre 94. Ce mandat a permis de financer le travail de thèse de Pierre
Laurencet. En plus pour traiter les phénomènes d’irréversibilité plus globalement en ce qui
concerne les déformations, nous avons bénéficié d’une bourse de trois années du Fond
National Suisse pour la Recherche Scientifique qui nous a permis de financer le travail de
thèse de Jean-Daniel Rotilio dont les résultats majeurs sont inclus dans ce rapport.
b) Les flèches instantanées étant généralement faibles dans une poutre continue d’un pont
route à caisson ou même à section ouverte, elles ne nécessitent pas qu’on s’y attarde
autrement que par un calcul élastique en stade I.
Le comportement à l’état permanent doit par contre être vérifié pour les raisons suivantes :
traverser. Leur influence sur la durabilité est donc d’un tout autre ordre de grandeur et
sera négligée ici. Cette manière de voir est tout à fait corroborée par le grand nombre
d’études concernant la fissuration de pièces fléchies où il s’est avéré que la corrosion
n’était guère influencée par des fissures même importantes.
b) Il se peut que les flèches à long terme dépassent sensiblement les valeurs attendues. C’est
surtout le cas lorsque les forces de précontrainte effectivement présentes dans l’ouvrage
sont inférieures à celles prévues par les calculs. Ainsi, bien des ponts en encorbellement
ont souffert d’une augmentation de leur flèches encore après des dizaines d’années en
service. Une des explications peut être donnée par l’endommagement au fil des ans dû
aux actions variables (trafic et température). Celles-ci créent, en cas de sections fissurées,
des déformations partiellement irréversibles qui viennent s’ajouter à celles provenant des
actions permanentes (charges permanentes et précontrainte).
Ainsi c’est l’état permanent incluant les effets irréversibles produits par les actions variables
qui va permettre d’établir des critères de dimensionnement à l’état de service. Pour la
fissuration, il s’agira de mettre en corrélation les quantités de précontrainte et d’armature
passive pour limiter l’ouverture traversante permanente des fissures. Quant aux flèches, un
accroissement en plus du fluage va se traduire par une branche descendante non élastique de
la relation moment-courbure. Un tel accroissement supplémentaire des flèches est toutefois
rare car des fissures apparaissant localement n’auront que peu d’influence sur le
comportement global d’une travée.
Puisque la fissuration et les flèches peuvent subir, à l’état permanent, des augmentations dues
aux actions variables il était extrêmement important d’en connaître les valeurs réelles. Il
s’agissait d’effectuer des calculs probabilistes de cumul d’actions dues au trafic (camions de
28 et 40 t, convois exceptionnels etc.) et dues à des gradients de température. Les auteurs ont
pu profiter d’un appui substantiel du Dr Simon Bailey de l’EPFL-ICOM, spécialiste dans les
charges de trafic réelles sur les ponts.
Grâce à des considérations probabilistes concernant la superposition des effets dus au trafic et
à la température, on constate que les variations de contrainte ?s dans la dalle de roulement
respectivement dans la dalle inférieure d’un caisson varient très peu d’un pont à l’autre et
4 Influence des actions variables sur l’état permanent des ponts en béton précontraint
peuvent être admises à 2.6 respectivement 5.0 MPa. Il s’agit de contraintes moyennes sur
l’épaisseur des dalles permettant de les considérer comme des tirants.
Ainsi, comme montré en fin de ce rapport, il est possible de projeter un nouveau pont ou un
renforcement, en choisissant une précontrainte et une armature minimale telles que les
fissures traversantes des dalles soient acceptables.
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP Chapitre 2 : État permanent 5
2. ÉTAT PERMANENT
2.1. Précontrainte
Le degré de compensation des déformations ß est défini comme étant le rapport entre les
déformations (flèches ou rotations) dues au système de précontrainte et celles provoquées par
les charges permanentes.
w c ( Pm )
β=−
wc ( g )
(2.1)
Tout en étant voisin du degré de balancement (le rapport entre les forces de déviation
verticales de la précontrainte et les charges à long terme), ce concept offre l’avantage d’être
plus général et plus facilement applicable à toutes les configurations de câblage. En effet pour
les tracés des câbles qui sont essentiellement rectilignes ou dès que des câbles chapeaux sont
présents, l’application du degré de balancement devient mal aisée. D’un autre côté le degré de
compensation des déformations fait intervenir dans chaque section la résultante de la
compression, ce qui n’est pas le cas du degré de balancement (figure 2.2).
P = const
ƒ1 ƒ2 ƒ3
l1 l2 l3
l1 l2 l3
l1 l2 l3
-
M
β=0
Aucune compensation
N=0 des déformations
(Béton armé)
+
M=0
N
β=1 + Compensation totale
des déformations
• La force de précontrainte initiale à l'ancrage Po , qui est la force initiale exercée par le
câble sur l'ancrage immédiatement après sa mise en tension. En Suisse, cette valeur est
limitée au maximum à 0.7 ftk , le Code Modèle [15] quant à lui autorise 0.75 f tk .
• La force de précontrainte initiale Po ' , qui est la force initiale moyenne pour un tronçon
de câble (par exemple une travée), après déduction des pertes par frottement.
• La force de précontrainte finale P∞ , qui est la force moyenne pour un tronçon de câble
après déduction de toutes les pertes différées (fluage et retrait du béton et relaxation de
l'acier).
Dans le cadre de cette étude les déformations sont traitées au moyen de la loi moment-
courbure du Code Modèle [15]. Cette dernière peut s’appliquer tant aux sections en béton
armé, qu’aux sections en béton précontraint moyennant la prise en compte d’un effort normal
(voir chapitre 5.2). Cependant la précontrainte ne se limite pas à introduire un effort normal et
à balancer les charges verticales. En effet si les câbles de précontrainte sont à l’intérieur de la
section et sont injectés, ils participent également dans une certaine mesure à la rigidité de la
section par l’adhérence entre le câble, le coulis d’injection, la gaine et le béton avoisinant.
Pour en tenir compte dans la loi moment-courbure, il suffit de considérer l’armature de
précontrainte comme une armature passive équivalente.
Dans le cas d’une adhérence idéale, l’armature de précontrainte pourrait être prise comme une
armature passive. Cependant les conditions réelles d’adhérence peuvent être très variables
dues notamment à la qualité de l’injection ou au type de gaine. A cela vient s’ajouter le fait
que le coulis, même s’il a été parfaitement injecté, subit également les actions variables et
peut se fissurer, réduisant ainsi les propriétés d’adhérence de l’ensemble « câble-coulis-
gaine ».
8 Influence des actions variables sur l’état permanent des ponts en béton précontraint
Afin d’étudier et de quantifier l’effet des actions variables sur le comportement à l’état de
service d’un pont en béton, il est indispensable de savoir si l’ouvrage ou certaines de ses
parties risquent de se fissurer sous certaines combinaisons d’actions défavorables (voir § 3.1).
Pour ce faire, il est utile en premier lieu de connaître l’état de contraintes sous les
sollicitations permanentes. Ces dernières comprennent les effets du poids propre de l’ouvrage,
ceux dus aux charges permanentes telles que l’étanchéité et le revêtement de chaussée, les
bordures et parapets, ainsi que les effets de la précontrainte. A ces effets peuvent encore
s’ajouter des états de contraintes autoéquilibrés résultant d’une exécution en plusieurs étapes
(voir § 2.2.2).
En ce qui concerne les effets en général favorables dus à la précontrainte, il est raisonnable de
les évaluer à partir de la valeur moyenne Pm de la force de précontrainte telle que définie au
§ 2.1.1 pour calculer les déformations. Quant au calcul des contraintes, il est d’usage de les
évaluer au temps t = 8 , donc à partir de P8 . Afin de simplifier et d’uniformiser les
raisonnements, on a admis ici la valeur de Pm également pour le calcul des contraintes.
L’ingénieur pourra par ailleurs se poser la question s’il ne serait pas préférable de calculer les
déformations et contraintes de manière plus prudente avec des forces de précontrainte
modifiées comme suit, conformément aux indications de l’Eurocode 2 [27]:
γ .
P Pm (2.3)
où
Pm = ½ ( Po ' + P∞ ) est une valeur conventionnelle de la force de précontrainte tenant compte
des pertes, que l’on admet généralement comme étant égales à la moyenne
dans le temps entre les valeurs instantanées et finales ;
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP Chapitre 2 : État permanent 9
γ
P = 0.9 à 1.1 est un facteur partiel de charge relatif à la précontrainte tenant compte des
tolérances et incertitudes liées à l’exécution ; par mesure de prudence, il
est recommandé d’adopter à l’état de service pour γ P les valeurs :
En l’absence de calculs plus poussés lors de la conception d’un pont ou lors de vérifications
ultérieures, il est possible d’estimer l’ordre de grandeur des contraintes à l’état permanent
grâce aux indications données ci-dessous. Ces valeurs indicatives sont tirées d’une étude
paramétrique effectuée par Rotilio [66]. Elles résultent de calculs linéaires élastiques effectués
pour des ponts en béton supposés non fissurés, dont le système statique est une poutre
continue comprenant 3 à 5 travées, de section transversale constante sur toute la longueur, en
caisson ou ouverte avec deux âmes selon les indications de la figure 2.4. La portée des travées
de rive est supposée égale à 0.7 fois la portée des travées centrales. Pour la précontrainte, il a
été admis un câblage continu sur toute la longueur à tracé parabolique dans chacune des
travées.
La distribution et l’intensité des contraintes à l’état permanent dans un tablier de pont, dans le
sens longitudinal, dépendent en premier lieu du degré de précontrainte ou autrement dit de la
valeur du facteur ß de compensation des déformations défini au § 2.1.1 (figure 2.5).
Figure 2.5: Allure de la distribution des contraintes à l’état permanent sur la fibre extrême de la
section sur appui intermédiaire d’un pont, en fonction du degré de compensation ß de la
précontrainte (L = 60 m et L/H = 20).
Le tableau 2.1 donne des valeurs indicatives de ces contraintes permanentes calculées sur la
fibre extrême du côté de la section risquant de se fissurer sous l’effet des actions variables.
Elles ont été calculées pour un pont à section constante en caisson avec des portées
intermédiaires Lo = 60 m et d’élancement Lo/Ho = 20 (avec l’hypothèse γ
P = 1.0 pour estimer
ß). L’étude paramétrique a montré que ces contraintes sont identiques selon qu’il s’agit de la
dalle supérieure pour une section sur appui intermédiaire, ou de la dalle inférieure pour une
section à mi-portée.
Tableau 2.1: Valeurs indicatives des contraintes permanentes dans les sections caractéristiques d’un
pont en béton, à section en caisson, de portée Lo = 60 m et d’élancement Lo/Ho = 20.
Le facteur ß de compensation des déformations est par convention défini pour la valeur
moyenne dans le temps de la précontrainte Pm définie plus haut, voir équation (2.2). Ceci, par
souci de simplification. En réalité le problème est beaucoup plus complexe, puisque la force
de précontrainte diminue au cours du temps de la valeur initiale Po à la valeur finale P∞ en
passant par la valeur moyenne Pm. Ainsi, en supposant que l’on ait 20 % de pertes lentes
(retrait, fluage et relaxation) et que la précontrainte soit dimensionnée pour un balancement
total (ß = 1), les contraintes permanentes sur la hauteur de la section transversale sur appui
varient au cours du temps comme indiqué à la figure 2.6.
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP Chapitre 2 : État permanent 11
Figure 2.6: Variation des contraintes à l’état permanent au cours du temps, dans le cas d’un
balancement total (ß = 1) : (a) lors de la mise en précontrainte, temps to; (b) à l’âge
conventionnel correspondant à Pm; (c) au temps t = ∞ correspondant à P∞ = 0,8 Po.
L’étude paramétrique a d’autre part montré que, pour une même valeur de ß, ces contraintes
permanentes varient de manière quasi-proportionelle avec la portée L et avec l’élancement
L/H (voir figures 2.7 à 2.9).
section sur appui / poutre à 3 travées
15
0.7L L 0.7L
L/H=20
Traction
10
Contraintes "permanentes" [MPa]
Contraintes
Contraintes inférieures
Contraintessupérieures
inférieures
5
0
L = 30 m
-5 L = 60 m
L = 90 m
Compression
-10
Contraintes inférieures
Contraintes inférieures
-15
0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Figure 2.7: Contraintes à l’état permanent dans la section sur appui d’un pont-poutre continue à
section en caisson [66].
12 Influence des actions variables sur l’état permanent des ponts en béton précontraint
6
Contraintes
Contraintes inférieures
inférieures
4
-2 L = 30 m
-4 L = 60 m
Compression
Contraintes inférieures
Contraintessupérieures
Contraintes inférieures
-6
L = 90 m
-8
0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Figure 2.8: Contraintes à l’état permanent dans la section en travée d’un pont-poutre continue à
section en caisson [66].
10
Contraintes "permanentes" [MPa]
Traction
8 Contraintes inférieures
Contraintes inférieures
-2 L/H=15
-4 L/H=20
Compression
L/H=25
-6
L/H=30
-8
0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Figure 2.9: Contraintes à l’état permanent dans la section en travée d’un pont poutre continue à
section en caisson pour divers élancements [66].
Pour n’importe quelles valeurs de L et de L/H, il est donc possible d’estimer les contraintes
permanentes à partir des indications du tableau 2.1 en les corrigeant comme suit :
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUHeWDWSHUPDQHQW 13
//+ / //+ /
σ SHUP ≈ σ R, SHUP ⋅ ⋅ = σ R, SHUP ⋅ ⋅ (2.4)
/R / + R /R 20 60 m
− − 06
avec = − 44 ⋅ R
= − 44 ⋅
1− 04
R SHUP
pour R admis égal à 0.6, correspondant à SHUP RSHUP 0, comme trouvé dans cette étude
paramétrique.
En résolvant les équations précédentes par rapport à , on peut déduire la relation suivante,
qui définit la valeur minimale du degré de compensation des déformations nécessaire pour
assurer une contrainte ou réserve de compression SHUP , fixée dans le béton à l’état
permanent:
1 − R /R + R /R
= R − SHUP ⋅ ⋅ ⋅ (2.5)
44 / + /
04 20 60 +
= 0 6 − SHUP ⋅ ⋅ ⋅ = 06 − 109 ⋅ SHUP ⋅ (2.6)
4 4 / + / /2
SHUP [MPa] est la contrainte à l’état permanent, de signe négatif en cas de compression ;
Des valeurs de calculées au moyen de cette dernière relation sont indiquées dans le
tableau 2.2 à titre d’exemple, pour une contrainte permanente dans le béton SHUP = -2 MPa.
Pour les ponts à section constante en caisson ayant fait l’objet de l’étude paramétrique,
rappelons que cette contrainte est de valeur identique dans la dalle inférieure à mi-portée et
dans la dalle supérieure sur appui intermédiaire.
14 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
Tableau 2.2: Valeurs indicatives du facteur de compensation β nécessaire pour assurer une contrainte
de compression dans le béton σSHUP = -2 MPa.
Portée intermédiaire /
Élancement /+
30 m 60 m 90 m
• La contrainte de compression dans le béton à l’état permanent SHUP est très sensible à
toute variation du facteur de compensation des déformations , donc à tout écart des
forces effectives de précontrainte par rapport à celles calculées. Si, par suite d’erreurs et
de contrôles insuffisants lors de la mise en tension ou de pertes plus importantes que
celles estimées, l’intensité réelle de la précontrainte est par exemple 10 % inférieure à
celle prévue (3 → 0.9 3 ), la contrainte permanente peut s’en trouver diminuée de 25 à
P P
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUHeWDWSHUPDQHQW 15
• Les valeurs indicatives qui précédent ont été établies pour des ponts en béton à section
transversale en caisson, dont le système statique est une poutre continue de hauteur et
d’inertie constantes, quel que soit le nombre de travées (≥ 3) et dont le système de
précontrainte a un tracé parabolique. Ces valeurs peuvent également être utilisées pour les
ponts poutres à section ouverte, mais seulement pour la dalle supérieure d’une section sur
appui intermédiaire. En ce qui concerne les sections en travée, les contraintes permanentes
de compression à la fibre inférieure sont beaucoup plus faibles dans les ponts à section
ouverte que dans les ponts en caisson, pour des valeurs de < 1.
• Ces indications ne s’appliquent par contre pas sans certaines modifications à d’autres
types de ponts et de précontrainte (ponts en encorbellement, ponts poussés).
(IIHWWUDQVYHUVDO
En phase élastique, les contraintes dans une section de poutre non fissurée sollicitée par un
effort de flexion (0) composé par un effort normal (3, induit par la précontrainte) se calculent
en général comme suit :
3 0
=− ± (2.7)
$ :
$ est l’aire de la section idéalisée (souvent remplacée par l’aire de la section) [mm2];
Dans ce qui suit, nous voulons montrer que le FRPSRUWHPHQWYLHLOOLVVDQW du béton ainsi que
des problèmes liés à OD JpRPpWULH de la section (diffusion des efforts dans les porte-à-faux
correspondant à la notion de largeur efficace) peuvent nuire à la véracité et à l’exactitude de
l’équation (2.7), voire la rendre carrément inexacte dans certains cas.
16 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
/DUJHXUHIILFDFH
Dans le cas de ponts en caisson, la dalle supérieure a souvent une largeur (E) importante par
rapport à la portée du pont (/). Il en découle, à l’état de service, des contraintes non uniformes
sur la largeur de la section qui dépendent :
• du type de chargement ;
• de la géométrie de la section.
Afin de prendre en compte cet effet, il est nécessaire d’introduire le concept de largeur de
tablier efficace (E ) définie comme la largeur fictive sur laquelle s’exerce une contrainte
HII
Il existe plusieurs façons de calculer la largeur efficace d’une section de pont (SIA 162 [72],
Eurocode 2 [27], Hassan [38]). Cependant il est unanimement reconnu, en vertu du principe
de diffusion des efforts (Saint-Venant), qu’à mi-travée la largeur efficace est égale à la largeur
totale de la section, la distance entre points de moment nul étant importante. Dès lors, il est
recommandé de réduire la largeur du tablier (E Ð E ) seulement dans la zone sur appuis
HII
délimitée par les points de moment nul, soit sur environ 15 % de la travée / de part et d’autre
d’un appui intermédiaire.
comprimer la dalle supérieure sur appuis (ß > 0.6) la contrainte de compression est plus faible
au droit de l’âme, et augmente lorsqu’on se rapproche de l’extrémité des porte-à-faux ou du
milieu de la dalle. Enfin, pour un degré de compensation des déformations élevé (ß = 0.9 ÷ 1)
l’état de contraintes en section est quasiment uniforme.
σm = + 3.3 MPa
σx
σx σm ≈0 MPa
σx
σ x ≈0 MPa
compression
σm = - 2.2 MPa
(-)
(+)
β = 0.9 β = 1.0
traction
σx σ x ≈constant
compression
σm = -3.3 MPa
σm = -4.4 MPa
(-)
Figure 2.10: Répartition transverale des contraintes (s x) et de la contrainte moyenne (s m, voir § 2.2.1,
pour L = 60 m et L/H = 20) à l’état permanent, à mi-épaisseur de la dalle supérieure du
tablier sur appuis, en fonction de la quantité de précontrainte (ß).
Dans son travail de diplôme, Held [39] a admis que le concept de largeur efficace reste
valable même lorsque la contrainte de compression à l’état permanent n’est pas maximale au
droit de l’âme, c’est-à-dire typiquement lorsque ß > 0.6 (voir figure 2.10). Il a montré quelle
est l’influence de ß sur le rapport beff/b. Ce rapport vaut environ 90 % pour ß = 1, 80 % pour
ß = 0.8, et 65 ÷75% pour des valeurs de ß < 0.6.
18 Influence des actions variables sur l’état permanent des ponts en béton précontraint
Les formes souvent complexes des sections en béton (épaisseurs variables entre les
composants d’une section), leur mode de fabrication (section construite par phases
successives è retrait thermique différentiel) ainsi que les grandes différences d’exposition à
l’air entre éléments de même section (selon que la surface libre se trouve dans le caisson ou à
l’extérieur è séchage différentiel) font qu’à l’état permanent, les contraintes sont
susceptibles de varier d’une part transversalement (fluage et retrait différentiels selon
l’exposition et l’épaisseur des éléments), et d’autre part dans le temps.
Figure 2.11: Risque de fissuration suite au retrait thermique entravé d’un élément [42]
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP Chapitre 2 : État permanent 19
Dès lors, une planification judicieuse des étapes de construction et des phases successives de
bétonnage revêt un rôle capital, et permet de réduire sensiblement l’intensité des auto-
contraintes dans la section.
Figure 2.12: Appréciation du risque de fissuration du tablier d’un pont, en fonction du choix des
étapes de réalisation de sa section transversale [31].
porter une grande attention à la réalisation de l’ouvrage, et de prendre toutes les mesures
permettant de limiter les auto-contraintes induites par le retrait thermique différentiel.
Soyons néanmoins conscients que s’il est possible de grandement les limiter, il est utopique
de penser pouvoir les annuler complètement dans une section bétonnée en plusieurs étapes.
σ cs, thermique
+
t2
Ac
t1
Auto-contraintes ∫s cs ⋅dA = 0
Ac
Figure 2.13: Auto-contraintes dans la dalle supérieure d’une section suite au retrait thermique
de la dalle bétonnée après que le « U » ait fait prise
A cet égard, pour une section dont le « U » est bétonné avant la dalle supérieure, malgré des
mesures ponctuelles bien adaptées, le gousset de la dalle supérieure situé directement sur les
âmes peut être le siège de contraintes de traction relativement importantes (~ 1 MPa,
voir [33]). En bout des porte-à-faux, elles seront plus faibles, du fait de la moins grande
entrave au raccourcissement (voir figure 2.13).
Regardons l’état d’auto-contraintes faisant suite au retrait différentiel dans une dalle
supérieure de pont telle que celle définie en figure 2.14.
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUHeWDWSHUPDQHQW 21
ε FV
Ac
σFVGHVVLFFDWLRQ
+ + +
_ _
Auto-contraintes ∫ FV ⋅ G$ = 0
$F
Figure 2.14: Auto-contraintes en section naissant sous l’effet du retrait de dessiccation différentiel
des différentes parties de la section.
Un élément de structure sèche d’autant plus vite qu’il est de faible épaisseur, exposé au soleil
et bien ventilé. Dès lors, dans le cas d’une dalle supérieure de pont, se sont les porte-à-faux
qui sécheront le plus rapidement, suivis du centre de la dalle et des zones de plus grande
épaisseur situées au voisinage des âmes. En conséquence, le retrait de dessiccation est non-
uniforme sur la largeur de la dalle. Les sections restant planes, il va s’en suivre un état d’auto-
contraintes, avec des contraintes de traction dans les parties séchant rapidement et des
contraintes de compression dans les parties séchant moins rapidement.
Cet état de contraintes auto-équilibrées ∫ FV ⋅ G$ = 0 sur la section totale du pont ($F)
$
F
se superpose aux contraintes calculées selon l’équation (2.7).
− Fluage différentiel
Le fluage est également fortement dépendant du séchage et des changements d’humidité des
éléments de section considérés.
Prenons encore le cas de la dalle supérieure d’une section de pont précontraint. Il en résulte
des contraintes à l’état permanent SHUP , que l’on peut approcher par l’équation (2.7). Les
éléments de faible épaisseur (porte-à-faux, centre de la dalle), dont le séchage est plus rapide,
ont tendance à fluer beaucoup plus rapidement (ϕ1, figure 2.15) que les éléments de forte
épaisseur (goussets au droit des âmes) et dont les conditions extérieures de séchage sont
moins bonnes (ϕ2, figure 2.15). Dès lors, à moyen terme, une partie des efforts calculés à
l’aide de l’équation (2.7) va se reporter des éléments dont le fluage à moyen terme est plus
important (ϕ1) sur ceux dont le fluage est plus faible (ϕ2).
22 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
Avec le temps, le séchage des pièces les plus épaisses se faisant également à long terme, la
différence de coefficients de fluage va se stabiliser.
Bétonnage de la section
ϕ1
ϕ2
t
tA
ϕ (tA)
ϕ2 ϕ1
Figure 2.15: Coefficients de fluage variables sur la dalle supérieure d’une section de pont,
du fait d’épaisseurs et de conditions de séchage différentes.
1RWH )LQDOHPHQWLOIDXWUDSSHOHUTXHJUkFHjODUHOD[DWLRQGHVFRQWUDLQWHVGDQVOHEpWRQ
DYHFOHWHPSVFHVDXWRFRQWUDLQWHVYRLUHQSDUWLFXOLHUILJXUHYRQWVHUpGXLUH
DXERXWGH TXHOTXHV DQQpHV j GHV YDOHXUV QH GpSDVVDQW SDV OHV j GHV
YDOHXUVLQLWLDOHV
&RQFOXVLRQV
Nous avons voulu montrer de façon simplifiée que l’état de contrainte peut fortement varier
de celui qui résulte d’un calcul classique, selon l’équation (2.7).
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUHeWDWSHUPDQHQW 23
3. ACTIONS VARIABLES
3.1 Principes
Pour évaluer le risque de fissuration d’un pont en béton et, cas échéant, afin de pouvoir limiter
les ouvertures de fissures susceptibles d’apparaître, il est nécessaire de quantifier les
sollicitations sous le cumul des actions permanentes et variables. Pour un pont routier, ces
actions variables comprennent essentiellement le trafic courant, les transports exceptionnels et
les gradients de température. Les contraintes, en particulier celles de traction qui nous
intéressent ici, peuvent être calculées élastiquement en supposant les sections homogènes à
partir des indications contenues dans les normes relatives aux actions (SIA 160 [71],
Eurocode 1 [24], [25] et [26]). Un calcul élastique est bien représentatif du comportement réel
et peut être jugé suffisant car un pont en béton précontraint n’est en général que peu ou pas
fissuré sous sollicitations de service. S’il est fissuré, il s’agit de fissures isolées et limitées qui
n’affectent que très localement l’ouvrage, mais ne modifient guère son comportement global
et n’entraînent que des redistributions peu importantes des sollicitations à l’échelle de la
structure.
L’intensité ou, autrement dit, la période de retour des actions variables à considérer est une
question délicate non encore définitivement réglée dans les normes actuelles ni même dans le
projet d’Eurocode 1, surtout en ce qui concerne les vérifications d’aptitude au service. Il en
est de même en ce qui concerne les combinaisons d’actions variables susceptibles d’agir
simultanément sur l’ouvrage, en particulier s’il s’agit de superposer l’effet de charges
imposées (trafic) à celui de déformations imposées (gradient de température), qui sont peu
connus et méritent de faire encore l’objet d’études approfondies.
• les valeurs caractéristiques correspondant à une période moyenne de retour de 50, 100
jusqu’à 1'000 ans selon les cas, à prendre en compte pour les vérifications de la sécurité
structurale (ULS) ;
• des valeurs pouvant être graduées de la manière suivante pour les vérifications de
l’aptitude au service (SLS) :
- valeurs quasi-permanentes.
Pour notre part, compte tenu des observations faites dans le cas de cette recherche, nous
estimons plus approprié d’effectuer les vérifications d’aptitude au service d’un pont routier en
béton sous des valeurs non fréquentes des actions variables (trafic et/ou gradients de
température) correspondant à une période moyenne de retour de 10 ans. Ceci est d’ailleurs en
accord avec les indications publiées dans d’autres travaux de recherche [11]ou données dans
la norme SIA 160 concernant les charges de vent [71].
Si un calcul explicite des contraintes à l’état de service est effectué, nous recommandons de le
faire sous une combinaison d’actions susceptibles d’être déterminantes de la manière
suivante, en conformité avec les principes de l’Eurocode 1 [24][26] et avec ce qui a été dit
précédemment :
∑ Gkj + γP Pm + ψ '
1 Qk 1 + ψ 1 Qk∆T
j ≥1
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH$FWLRQVYDULDEOHV 27
dans laquelle
∑* NM est la somme des actions dues au poids propre et aux charges permanentes,
M ≥1
calculées avec les valeurs nominales des dimensions et des masses volumiques.
γ3 3P est une valeur moyenne prudente des effets à long terme de la précontrainte, pour
laquelle on pourra hésiter entre les valeurs γ3 = 1.0 ou 0.9 conformément aux
indications du § 2.2.1
4N est l’action prépondérante du trafic, avec les valeurs suivantes du coefficient ψ 1’
pour une période de retour de 10 ans :
Trafic courant 1
= 08
Transports exceptionnels
1 = 10
4N∆7 est l’action concomitante d’un gradient de température, avec les valeurs suivantes
du coefficient ψ variables en fonction de la fréquence d’apparition considérée
selon le type de trafic ou de transport exceptionnel (cf § 3.2.2) :
Fréquence d’apparition ψ
Transports exceptionnels :
En l’absence de tels calculs explicites des contraintes, en particulier de celles de traction, il est
néanmoins possible d’estimer leurs valeurs maximales possibles sous le cumul des actions
variables grâce aux indications du § 3.3 ci-après.
&RQWUDLQWHVGHWUDFWLRQGXHVDX[GLIIpUHQWHVDFWLRQVYDULDEOHV
L’objectif de cette section est en premier lieu de fournir des indications sur les ordres de
grandeur des sollicitations longitudinales, en particulier des contraintes de traction, dans un
28 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
tablier de pont en béton pour les différentes actions variables. Parmi celles-ci on distingue
celles dues au trafic courant, aux transports exceptionnels et aux gradients de température. On
tente en outre de mettre en évidence les principaux paramètres et de quantifier leur influence,
ceci, principalement grâce aux études paramétriques effectuées par Rotilio [66]. Précisons que
ces études ont été effectuées pour des ponts-routes en béton, dont le système statique est une
poutre continue de hauteur constante (voir § 2.2.1, en particulier figure 2.4). Les contraintes
de traction mentionnées ici et résultant de ces études ont été calculées sur la fibre extrême.
Les valeurs représentatives dans la dalle inférieure ou supérieure d’un tablier de pont en
caisson sont en général 10 à 15 % inférieures aux contraintes sur les fibres extrêmes (voir
figure 3.1). Cela, du moins sous les effets du trafic induisant un diagramme des contraintes
qui varie linéairement sur la hauteur d’une section. Dans le cas d’un gradient de température,
il s’agit de tenir compte de la distribution fortement non linéaire des contraintes engendrées
(voir figures 3.7 à 3.9). Il en sera dûment tenu compte pour l’établissement des valeurs
indiquées au § 3.3 suivant. Dans ce paragraphe toutefois, on s’est volontairement contenté des
contraintes de traction calculées sur les fibres extrêmes, par soucis de simplification et afin de
pouvoir effectuer des comparaisons avec les valeurs généralement indiquées dans la
littérature.
Précisons que ces actions variables sont par définition très variables, qu’elles résultent
d’activités humaines plus ou moins réglementées et respectées comme le trafic ou d’actions
naturelles comme les gradients de température. Elles varient au cours du temps de manière
cyclique selon des cycles plus ou moins réguliers (quotidiens, hebdomadaires ou saisonniers).
Les valeurs représentatives de ces différentes actions variables que l’on trouve dans les
normes [71] [24] et [26] résultent de l’interprétation statistique à partir de campagnes de
mesures sur certains tronçons routiers représentatifs (comptages) et, plus rarement, de
l’instrumentation de ponts.
7UDILFFRXUDQW
Les conditions du trafic actuel en Suisse ont fait l’objet de campagnes de mesures en 1995
[60] [7]. Sous le trafic le plus agressif observé sur l’autoroute du Gotthard à Goeschenen,
abstraction faite de certaines zones frontalières, les études paramétriques effectuées par
Rotilio [66] indiquent que les contraintes de traction dans un tablier de pont en béton valent
au maximum :
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH$FWLRQVYDULDEOHV 29
pour une période de retour de 100 ans (trafic lourd, proportion élevée de camions à l’arrêt,
situation de bouchon). Ce niveau de charge « réel » sous conditions de service correspond à
environ 60 % des charges totales de trafic imposées par la norme SIA 160.
Figure 3.2: Histogrammes du poids total des camions pour les trafics représentatifs actuels
européen (a) et suisse (b) [37].
30 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
Les campagnes successives de comptage, tant en Suisse qu’à l’étranger, font apparaître une
augmentation inéluctable du volume de trafic et de son agressivité (proportion des camions).
Les caractéristiques du trafic sur les principaux axes routiers suisses tendront à se rapprocher
de celles du trafic européen. C’est d’ailleurs déjà presque le cas dans les zones frontalières.
Les histogrammes représentés à la figure 3.2 caractérisent les trafics représentatifs actuels
suisses (exceptés les zones frontalières) et européens [37]. On constate que les camions
européens sont globalement plus lourds que les camions suisses, ce qui n’est pas étonnant
compte tenu des limites légales différentes de poids total. Il est toutefois important de
constater que si ces histogrammes différent beaucoup, les valeurs extrêmes mesurées sont
néanmoins du même ordre de grandeur en Europe et en Suisse. Ceci provient du fait que ces
valeurs extrêmes et peu fréquentes dépassent nettement les limites légales et résultent de
véhicules et transports spéciaux circulant dans le cadre d’autorisations permanentes ou
exceptionnelles (voir § 3.2.2), soit illégalement.
Le trafic représentatif européen retenu est celui résultant des mesures effectuées en 1986 sur
l’autoroute A6 près d’Auxerre. Il est à la base des charges de trafic telles que définies dans
l’Eurocode 1 [24]. A cet égard, il convient de réaliser que le niveau de ces charges est défini
pour une période moyenne de retour conventionnellement fixée à 1'000 ans, ce qui peut
sembler très élevé au premier abord. Il faut toutefois savoir que, sur la base de raisonnements
statistiques, une telle période de retour correspond en fait à une durée de référence de 50 ans
avec une probabilité de dépassement de 5 % [13].
L’augmentation des charges de trafic dépend bien évidemment de nombreux facteurs locaux,
économiques ou politiques. Pour la Suisse en particulier, cette évolution est conditionnée par
l’élévation du tonnage légal maximum des poids lourds autorisés à circuler sur notre réseau
routier de 28 à 40 t. Si une telle élévation ne pose guère de problèmes en ce qui concerne la
sécurité structurale des ponts ou le comportement des chaussées, au premier abord cela ne
semble pas être le cas en ce qui concerne l’aptitude au service des ponts. En effet, les
sollicitations et contraintes sous les seules charges de trafic courant augmenteront d’environ
40 à 60 % dans les ponts en béton, comme l’on démontré diverses études récentes [37] [66].
Un tel accroissement devrait avoir des répercussions défavorables sur le comportement à
l’état de service et la qualité des ponts existants. Il semblerait donc judicieux de tenir compte
d’ores et déjà d’un tel accroissement, c’est à dire de concevoir et dimensionner les nouveaux
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH$FWLRQVYDULDEOHV 31
ponts ainsi que ceux faisant l’objet de travaux d’assainissement sous les charges de trafic
européen. Il s’ensuivrait des contraintes de traction dans le tablier d’un pont en béton
majorées d’environ 50 % par rapport à celles indiquées plus haut sous les charges de trafic
courant :
≈ + 3.8 MPa dans une section en travée
(à la fibre inférieure)
≈ + 2.3 MPa dans une section sur appui intermédiaire
(à la fibre supérieure)
De telles contraintes correspondent à environ 80 % de celles calculées par Froli et al. pour un
pont en Italie, sous conditions de trafic européen [35]. Nous montrerons toutefois au § 3.3 que
les charges de trafic et leur augmentation quasi-inéluctable dans le temps, notamment en
raison de l’ouverture prochaine des routes suisses au trafic européen (40 t), n’interviennent
pas seules. La prise en compte des autres actions variables a pour conséquence d’atténuer
sensiblement cette augmentation (de 10 à 20 % au lieu des 50 % mentionnés plus haut sous
les charges de trafic seules).
Les figures 3.3 à 3.5 tirées des études paramétriques de Rotilio [66] montrent l’influence de
divers paramètres sur l’intensité des contraintes de traction ∆σ sous les charges de trafic
suisse actuel (Goeschenen). Il en résulte que les contraintes de traction dans le béton :
• à cela, on peut ajouter que les contraintes dues au trafic dépendent également de
l’élancement /+ du pont ; en première approximation on peut admettre qu’elles sont
proportionnelles à /+, c’est à dire qu’elles augmentent lorsque l’élancement augmente
et, qu’en conséquence, le bras de levier des forces internes dans les sections diminue.
32 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
*RHVFKHQHQ
+
/+ / / /
7\SHGHWUDILF
3RUWpHSULQFLSDOH/ P
%RXFKRQ
&RQJHVWLRQQp
)OXLGH
7HPSVGHUHWRXU>DQQpHV@pFKHOOHORJ
Figure 3.3: Contraintes de traction sous charges de trafic suisse actuel dans la section en travée d’un
pont en caisson de 60 m de portée, en fonction du type de trafic et de la période
moyenne de retour.
&RQWUDLQWHGHWUDFWLRQVWDGH,ILEUHLQI>03D@
*RHVFKHQHQ 7\SHGHWUDILF)OXLGH
3RUWpHSULQFLSDOH/>P@
Figure 3.4: Contraintes de traction sous charges de trafic suisse actuel dans la section en travée, en
fonction de la portée et du type de pont.
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH$FWLRQVYDULDEOHV 33
*RHVFKHQHQ
&RQWUDLQWHGHWUDFWLRQVWDGH,ILEUHVXS
7\SHGHWUDILF)OXLGH
>03D@
3RUWpHSULQFLSDOH/>P@
Figure 3.5: Contraintes de traction sous charges de trafic suisse actuel dans la section sur appui
intermédiaire, en fonction de la portée et du type de pont.
7UDQVSRUWVVSpFLDX[RXH[FHSWLRQQHOV
Ils comprennent d’autre part les transports exceptionnels d’un poids total jusqu’à 3'600 à
4'800 kN, qui font l’objet d’autorisations particulières et de dispositions réglementaires à
respecter [71] [24].
La situation en Suisse en matière de trafic routier est actuellement la suivante, sur la base
d’une enquête de Rotilio auprès de l’office fédéral des routes, des services cantonaux
valaisans et vaudois compétents et de l’entreprise Friderici en Suisse romande [66] :
34 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
Tableau 3.1: Fréquence moyenne d’apparition du trafic lourd en Suisse romande actuellement,
en fonction du poids total du convoi
L’étude paramétrique réalisée par Rotilio sur les ponts types en béton décrits précédemment
(voir § 2.2.1, en particulier fig. 2.4), indique que les contraintes de traction engendrées
peuvent atteindre des valeurs importantes pour les types ou catégories de transport les plus
lourds (figure 3.6).
VHFWLRQVXUDSSXLSRXWUHjWUDYpHV /+
/ / /
/+
@ @
D &DWpJRULH D &DWpJRULH
3 3
0 0
>
>
Q Q
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L R
L
W W
F &DWpJRULH F &DWpJRULH
D D
U U
W
W
H H
G
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H H VHFWLRQVXUDSSXLSRXWUHjWUDYpHV
W W
Q
L Q
L / / /
D D
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W W &DWpJRULH
Q Q
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&DWpJRULH
& &
3RUWpHSULQFLSDOH/>P@ 3RUWpHSULQFLSDOH/>P@
VHFWLRQVXUDSSXLSRXWUHjWUDYpHV VHFWLRQVXUDSSXLSRXWUHjWUDYpHV
/ / / / / /
/+ /+
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D D
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G G &DWpJRULH
H H
W W
Q &DWpJRULH Q &DWpJRULH
L L
D D
U U
W W
Q &DWpJRULH Q
R R
& &
&DWpJRULH
&DWpJRULH
3RUWpHSULQFLSDOH/>P@ 3RUWpHSULQFLSDOH/>P@
Figure 3.6: Contraintes de traction sous charges de transports exceptionnels dans les
sections en travée et sur appui intermédiaire, en fonction de la portée et du type de pont et en
fonction du poids total du convoi (# 1 = 1'000 kN, # 2 = 2'500 kN, # 3 = 4'000 kN).
Sous la catégorie la plus lourde étudiée par Rotilio (# 3 correspondant à un poids total du
convoi de 4'000 kN), il en résulte les valeurs maximales suivantes des contraintes de traction :
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH$FWLRQVYDULDEOHV 35
• à cela, on peut ajouter que les contraintes dues à des transports spéciaux ou exceptionnels
varient en première approximation de manière proportionnelle avec l’élancement /+ du
pont.
*UDGLHQWVGHWHPSpUDWXUH
Les variations de température sur les ouvrages en service sont principalement dues aux
conditions climatiques, en particulier aux variations quotidiennes et saisonnières de l’intensité
du rayonnement solaire. Pour estimer l’effet de ces variations sur le comportement des ponts,
il est d’usage de décomposer la distribution effective non-linéaire du profil de température
dans les sections en une température moyenne uniforme, un gradient linéaire (principal
responsable des courbures imposées) et un état de contraintes auto-équilibrées. Les effets sur
l’ouvrage sont alors analysés séparément et plus facilement pour chacune de ces trois parts.
Ces variations de température sont influencées par de nombreux paramètres comme indiqué
dans l’abondante littérature traitant de ce sujet, en particulier [41] [61].
Dans la présente étude, nous décomposons le profil effectif de température en deux parties
seulement, comme indiqué schématiquement à la figure 3.7 :
Figure 3.7: Allure du profil de température sur la hauteur du tablier d’un pont en béton
et définition de la différence de température 7, dans le cas d’un gradient positif.
Remarquons que l’on emploie souvent à tort le vocable « gradient de température » en lieu et
place de « profil ou différence de température », ce qui en toute rigueur n’a pas la même
signification puisque ce dernier est en général non linéaire alors qu’un gradient est par
définition linéaire. Ceci constitue un abus de langage que nous nous permettons également de
faire ici.
Il est utile de faire la distinction entre deux profils ou gradients de température [41] :
• Les gradients positifs, lorsque la température à la surface du tablier est plus élevée que
celle en profondeur ou à l’intérieur. De tels gradients apparaissent généralement en début
+
d’après-midi ; les plus importants d’entre eux ( 7max ≈ + 20 °C) apparaissent environ 3 à
• Les gradients négatifs, lorsque la température à la surface est au contraire plus faible que
celle à l’intérieur. De tels gradients apparaissent de nuit ou tôt le matin ; les plus
− +
importants d’entre eux ( 7max ≈ - ½ 7max ≈ - 10 °C) apparaissent environ 3 à 5 fois par an
En l’état actuel des connaissances, il paraît raisonnable de retenir les valeurs ci-dessus comme
valeurs de référence pour les différences de température 7 sur la hauteur du tablier de ponts en
béton (de hauteur ≥ 1.00 m et muni d’une couche de revêtement d’environ 50 mm
d’épaisseur). Dans le cas de tabliers de plus faible hauteur et d’épaisseur de revêtement
différente, ainsi qu’en cas d’absence de revêtement, on trouvera des indications fort utiles par
exemple dans l’Eurocode 1 [26].
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH$FWLRQVYDULDEOHV 37
Les études paramétriques effectuées par Rotilio avec ces différences de température
appliquées aux ponts types en béton décrits précédemment (§ 2.2.1, en particulier fig. 2.4) ont
montré qu’il en résultait les valeurs maximales suivantes des contraintes de traction [66] :
≈ + 2 à 3 MPa dans les sections en travée
sous un gradient positif 7 = + 20 °C
(± constante sur toute la hauteur de la zone tendue)
≈ + 2 MPa dans la section sur appui intermédiaire
sous un gradient négatif 7 = - 10 °C
(à la fibre supérieure)
L’ordre de grandeur de ces contraintes maximales de traction dans le béton par suite de
gradients est confirmé par de nombreuses autres études [35] [36] [41] [61].
VHFWLRQHQWUDYpHSRXWUHjWUDYpHV VHFWLRQHQWUDYpHSRXWUHjWUDYpHV
/ / / / / /
/ P / P
7 7
/ P / P
@ @
P P
>
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Q Q
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L
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7 &
F F
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H
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+ D / P
+
VHFWLRQVXUDSSXLSRXWUHjWUDYpHV VHFWLRQVXUDSSXLSRXWUHjWUDYpHV
/ / / / / /
/ P / P
7 7
/ P
@ / P
@
P
P >
>
Q Q
R R
L
L W
W
F F
H H
V V
OD
H
7 & / P OD
H
7 & / P
G
G
U U
X
/+
X
H
W
X
/+ H
W
X
D D
+ + / P
/ P
&RQWUDLQWHVWKHUPLTXHV>03D@ &RQWUDLQWHVWKHUPLTXHV>03D@
Les résultats de l’étude paramétrique de Rotilio ont montré que (voir figures 3.8 et 3.9) :
• ces contraintes ne sont guère influencées par le type de tablier (à section ouverte ou en
caisson), ainsi que par la portée / du pont dans le cas d’un gradient négatif ;
• en cas de gradient positif, la contrainte de traction dépend quelque peu de la portée et elle
a tendance à diminuer lorsque la portée augmente ;
Des gradients thermiques plus importants peuvent apparaître durant l’exécution [26] [35]
[41]. Bien que peu de mesures aient été réalisées, en l’état actuel des connaissances il semble
que l’on puisse admettre que les contraintes thermiques engendrées (notamment lors de la
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH$FWLRQVYDULDEOHV 39
pose à chaud d’une étanchéité ou d’un revêtement hydrocarbonés) ne soient pas plus élevées
que celles dues aux variations climatiques. Quoi qu’il en soit, il n’est en général pas
nécessaire de combiner ces contraintes thermiques durant l’exécution avec d’autres charges
variables (trafic).
9DOHXUVLQGLFDWLYHVGHVFRQWUDLQWHVGHWUDFWLRQVRXVOHFXPXOGHVDFWLRQV
YDULDEOHV
Grâce aux études paramétriques effectuées par Rotilio [66] et dont certains résultats ont été
résumés ci-dessus au § 3.2, il est possible d’estimer les valeurs des contraintes de traction
avec une précision généralement suffisante sous les combinaisons déterminantes d’actions
variables (voir tableau 3.2).
Tableau 3.2: Valeurs indicatives des contraintes de traction dans un pont-route en béton, sous les
combinaisons déterminantes d’actions variables à l’état de service; (*) ces valeurs sont
identiques quel que soit le type de convoi exceptionnel (SIA type I, II ou III).
7UDILFQRUPDO
JUDGLHQW∆7FRQFRPLWDQW
7UDQVSRUWVH[FHSWLRQQHOV
JUDGLHQW∆7FRQFRPLWDQW(*)
Ces valeurs indicatives sont valables pour les ponts-routes en béton, dont le système statique
est une poutre continue de hauteur constante (voir § 2.2.1, en particulier figure 2.4). Elles ont
été établies conformément aux principes énoncés au § 3.1 et sont représentatives de la valeur
moyenne des contraintes de traction dans les dalles, supposée exister à 100 mm de la fibre
extrême tendue. Elles ont été établies pour des ponts de portée / = 50 à 60 m et présentant un
élancement /+ = 20. Les études paramétriques ont toutefois montré que ces valeurs
40 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
indicatives des contraintes de traction sont peu sensibles aux variations de / et de /+ ainsi
que du type de section transversale. En première approximation, elles sont donc valables pour
des ponts poutres à section transversale ouverte ou en caisson, quel que soit l’élancement /+
et la portée 30 ≤ / ≤ 90 m. Ceci du moins sous les combinaisons d’actions variables
comprenant des charges de trafic et un gradient de température. Les effets de variations de la
portée et/ou de l’élancement agissent en effet en sens contraire pour chacune de ces actions et
s’annihilent donc partiellement lorsqu’on les superpose.
Il peut paraître surprenant au premier abord que l’intensité des contraintes indiquées dans le
tableau 3.2 sous les combinaisons (2) ne dépende pas du type de transport exceptionnel. Ceci
est dû au fait que plus de tels convois sont lourds, plus ils sont rares et doivent par conséquent
être combinés avec une valeur de plus en plus faible et fréquente du gradient de température
(voir § 3.1 et 3.2.2). Ces deux effets se compensent à peu près, en sorte que les contraintes
totales résultantes sont pratiquement identiques dans tous les cas de figures (à ± 10 % près).
4. FISSURATION
4.1.1 Principes
La fissuration dont nous voulons parler dans ce chapitre et que nous allons tenter de maîtriser
par le choix d’armatures de précontrainte et passives appropriées est la fissuration résultant de
sollicitations mécaniques. Ces sollicitations mécaniques peuvent résulter des charges (poids
propre, charges permanentes, charges variables comme celles dues au trafic) et/ou de
l’entrave aux déformations imposées (retrait thermique ou hydrique, variations et gradients de
température, tassements différentiels des fondations). A côté de cela, il existe d’autres causes
d’apparition de fissures comme celles risquant d’apparaître sur le béton frais avant la prise ou
celles liées à des processus d’endommagement physico-chimiques (gel, réactions alcalis-
granulats). Notons que la mise en œ uvre d’armatures n’est d’aucune utilité pour maîtriser ces
types de fissuration.
Des fissures visibles vont apparaître en certains endroits d’une structure en béton dès que les
contraintes de traction, calculées en stade homogène sous les sollicitations d’origine
mécanique, atteignent ou dépassent la résistance « effective » à la traction du béton fct,ef.
dans laquelle :
fctm est la valeur moyenne de la résistance à la traction pure du béton, mesurée sur
éprouvettes cylindriques 150 x 300 mm à n’importe quel âge ;
κ(t) est un coefficient de minoration fonction principalement de l’épaisseur t de
l’élément d’ouvrage considéré :
κ= 0.8 pour t ≤0.3 m ;
κ= 0.5 pour t ≥ 0.8 m ;
κ= 0.98 – 0.6 · t pour 0.3 < t < 0.8 m.
dans laquelle
fcm = fck + 8 MPa est la valeur moyenne de la résistance à la compression du béton sur
cylindre ;
fck est la valeur caractéristique (fractile de 5%) de la résistance à la
compression du béton sur éprouvettes cylindriques 150 x 300 mm,
conformément aux normes européennes [27][15].
S’il ressort des vérifications de l’état de contraintes dans l’ouvrage au moyen de l’équation
(4.1) que l’ouvrage va très probablement être fissuré, du moins en certains endroits, les
normes suisses ou internationales récentes [15][27][28][72]exigent de prendre des mesures
et d’effectuer certaines vérifications afin de garantir que cette fissuration soit acceptable vis à
vis des exigences de durabilité et des exigences fonctionnelles ou esthétiques. A cet égard, la
fissuration qu’il s’agit de contrôler n’est pas celle sous un niveau maximal de sollicitations à
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP Chapitre 4 : Fissuration 43
• La mise en place d’une armature minimale dans toutes parties de structures en béton
armé ou précontraint susceptibles de se fissurer sous l’effet des charges et/ou de l’entrave
aux déformations imposées. L’apparition de fissures est en général préjudiciable au bon
comportement de l’ouvrage en service et à sa durabilité (voir § 4.1.3).
• La limitation des contraintes dans l’acier d’armature, calculées en stade fissuré sous le
cumul des sollicitations déterminantes, ainsi qu’une répartition appropriée des barres
d’armature (limitation de leur espacement et/ou de leur diamètre). En effet, l’ouverture
des fissures est en première approximation proportionnelle aux contraintes dans l’acier
calculées en stade II, immédiatement après l’apparition des fissures.
4.1.2.1 Généralités
En premier lieu, il convient de remarquer que les textes réglementaires modernes [15] [27]
[72] sont imprégnés d’un esprit relativement libéral en ce qui concerne la vérification des
états-limites de service et en particulier celle de la fissuration. Ces normes permettent de
moduler dans une certaine mesure les exigences et les performances requises en matière
d’aptitude au service, compte tenu des conditions particulières à chaque ouvrage et
moyennant accord entre les parties (maître de l’ouvrage, architecte, ingénieur civil,
entrepreneur). A cet égard, il est utile – voire indispensable – qu’une réflexion ait lieu entre
tous les intervenants sur les objectifs de qualité et le choix des moyens permettant d’atteindre
ces objectifs. Il s’agit de convenir de valeurs limites raisonnables, c’est-à-dire correspondant
au meilleur équilibre possible dans chaque cas particulier entre les exigences souvent
contradictoires d’économie (à court terme), de qualité (niveau de performance) et de
durabilité. A défaut d’une telle réflexion et d’accord entre les intervenants (sous forme de
contrat, de cahier des charges ou de plan d’utilisation), les exigences mentionnées
généralement à titre indicatif dans les normes deviennent obligatoires et peuvent servir de
référence, notamment en cas de problème ou de litige ultérieur.
Rappelons que dans sa démarche, l’ingénieur doit d’abord répondre à la question suivante :
l’ouvrage ou l’élément d’ouvrage considéré risque-t-il de se fissurer lors des différentes
phases de sa réalisation ou sous les sollicitations normales ou accidentelles en service ? Si oui,
il convient de prévoir une armature passive suffisante et/ou de prendre d’autres mesures
appropriées de manière à limiter l’ouverture des fissures à des valeurs acceptables. A cet
égard, les exigences peuvent être graduées dans une large mesure en fonction des divers
motifs justifiant le contrôle de la fissuration, comme indiqué dans ce qui suit.
Lorsque ces contraintes résultent d’une combinaison rare de toutes les charges, mais sans
tenir compte de déformations imposées éventuelles, leur valeur maximale est limitée à
des valeurs inférieures définies comme suit :
- en Suisse [72]
• Sous les actions quasi-permanentes, il est en général nécessaire de limiter les ouvertures
de fissures à des valeurs plus faibles que ci-dessus afin de satisfaire aux exigences
requises ou normalement attendues en matière d’aptitude au service et de durabilité.
Celles-ci peuvent être subdivisées en trois catégories que nous allons examiner tout
d’abord séparément bien qu’elles soient étroitement interdépendantes (figure 4.1).
ETANCHEITE FONCTION
DURABILITE ESTHETIQUE
Figure 4.1: Interdépendance entre les 3 principaux motifs pour limiter la fissuration à l’état
permanent.
Pour la fixation de valeurs limites des ouvertures de fissures tolérables, il faut savoir qu’il ne
peut s’agir que de valeurs conventionnelles en principe définies sur les parements du béton.
En réalité les ouvertures mesurables varient énormément et de manière aléatoire, d’une fissure
46 Influence des actions variables sur l’état permanent des ponts en béton précontraint
à l’autre et le long d’une même fissure. En outre, l’ouverture d’une fissure peut varier en
fonction de la profondeur à laquelle on la mesure ; elle est normalement plus faible au droit
des barres d’armature qu’en surface ou qu’au cœ ur de l’élément. Pour tenir compte de cette
variabilité, les normes [15] [27] indiquent généralement des valeurs limites correspondant à
des valeurs maximales ou caractéristiques wk associées à un fractile de 95% et définies
comme suit par rapport aux valeurs moyennes wm observables en surface :
wk ≈1.5 w m (4.6)
4.1.2.2 Esthétique
La fixation des valeurs limites de l’ouverture des fissures pour des motifs esthétiques est une
question éminemment subjective. Elle dépend des exigences et de la sensibilité du client, de
l’utilisateur ou de l’observateur de l’ouvrage. Elle est en outre fonction de la distance
d’observation, de l’état des parements (lisse ou rugueux), de leurs conditions d’éclairage, de
leur exposition aux intempéries, et enfin de la possibilité ou non d’infiltrations d’eau au
travers des fissures. Compte-tenu de tout cela, il est possible de graduer les exigences comme
indiqué au tableau 4.2.
Tableau 4.2: Valeurs indicatives des ouvertures de fissures acceptables à l’état permanent vis à vis de
l’esthétique.
Conditions parement
Présence d’eau Exigences wk [mm]
(non exhaustives)
- caché ou éloigné
- surface brute aucune faibles 0.3 à 0.5
- peu ou pas éclairé
- distance moyenne
- surface brute aucune normales 0.2 à 0.3
- peu ou pas éclairé
- faible distance
- surface lisse
aucune élevées 0.1 à 0.2
- exposé aux intempéries
- bien éclairé
- visible occasionnelle très élevées ≤0.05
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP Chapitre 4 : Fissuration 47
4.1.2.3 Étanchéité
• Des processus d’autocolmatage mécanique (matières fines entraînées par l’eau) et/ou
chimique (grains de ciment ou constituants pouvant s’hydrater ultérieurement), possibles
tant que l’ouverture des fissures ne varie guère (∆w ≤ 0.5 wperm) et que leur valeur
maximale n’excède pas environ 0.2 mm.
• L’amplitude des variations des ouvertures de fissures ∆w par rapport aux valeurs
permanentes wperm qui, si elle est trop importante (∆w > 0.5 wperm) peut empêcher tout
processus d’autocolmatage ; c’est en particulier le cas des tabliers de ponts et des dalles de
parking.
48 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
w [mm]
wmax = 0.40 mm
w3res ⋅ p
Q qfissure = max ⋅
12 ⋅ t
wres = 0.10 mm
cycles
avec max = 0.3 et p = ⋅t
ξ
q fissure ≅ 0.25 ⋅ 109 ⋅ Zres
3
[kg sec m′]
ξ max Q
cycles
Figure 4.3: Débits d’eau maximum et résiduel au travers d’une fissure en supposant ZPD[ = 0.40 mm
et ZUHV = 0.10 mm [32] [57].
Le débit TILVVXUH s’entend par seconde et par m' de fissure. Pour de l’eau stagnante sur une
dalle de béton armé fissurée, la pression équivaut au poids de la colonne d’eau dont la
hauteur vaut l’épaisseur W de la dalle. Ainsi, S = γ W (avec γ ÂJ: poids volumique de
l’eau) et en introduisant ξ = 0.3 on obtient le débit suivant :
Compte tenu de ce qui précède, on peut tenter de graduer les ouvertures de fissures tolérables
vis à vis de l’étanchéité à l’eau de la manière indiquée au tableau 4.3.
Tableau 4.3: Valeurs indicatives des ouvertures de fissures acceptables à l’état permanent vis à vis de
l’étanchéité à l’eau.
'XUDELOLWp
bâtiments mais également pour les éléments d’ouvrage exposés aux intempéries ou à un
environnement agressif (gel et sels de déverglaçage). Le processus de corrosion dépend en
premier lieu de l’épaisseur et de la qualité du béton d’enrobage. En second lieu, il dépend bien
évidemment du fait que la structure soit fissurée ou non. Si elle est fissurée, ce qui est
déterminant c’est de savoir si les fissures sont traversantes et si l’eau peut y circuler ou non,
plutôt que la taille des fissures (voir § 4.1.2.3). L’ouverture des fissures n’influence que la
longueur de la phase d’initiation, c’est-à-dire la durée à partir de laquelle le processus de
corrosion démarre. Mais étant donné que la durée de cette phase n’est que de 2 à 6 années,
elle ne joue pratiquement aucun rôle en ce qui concerne la durabilité eu égard à la durée de
vie de l’ordre de 30 à 80 ans normalement attendue d’un ouvrage.
Une conséquence pratique très importante de ces observations est donc qu’une limitation très
sévère des ouvertures de fissures – réalisable en particulier au moyen d’une augmentation des
quantités d’armature – ne s’avère pas un moyen efficace pour accroître la durabilité des
structures en béton armé ; et cela, même en cas d’environnement particulièrement agressif. En
cas d’exigences très élevées concernant la durabilité, ce sont d’autres mesures auxquelles on
devra recourir. Ces mesures sont précisées dans les normes ainsi que dans certaines
recommandations [16][27][31][72]et comprennent les dispositions suivantes :
• la confection d’un béton particulièrement dense, peu perméable ainsi que résistant aux
éventuelles attaques chimiques, grâce à un type de ciment approprié, à un dosage en liant
suffisant, à un rapport eau sur liant aussi faible que possible, à une quantité minimale de
fines, à l’ajout éventuel de fumée de silice (bétons à hautes performances), etc. ;
• et au besoin, en cas d’agression par des substances chimiques très agressives, le mise en
œ uvre d’une couche étanche à la surface du béton et/ou l’utilisation de barres d’armature
revêtues d’une couche de résine époxy.
C’est en effet l’épaisseur et la qualité du béton d’enrobage protégeant la cage d’armature qui
constituent les facteurs déterminants pour la durabilité.
plus sévèrement les ouvertures de fissures sous les combinaisons d’actions quasi-permanentes
ou fréquentes : wk ≤ 0.2 mm ou vérifier la limite de décompression. Ceci, de manière graduée
selon le type de précontrainte (par post- ou pré-tension) et l’agressivité du milieu environnant.
Il est à relever toutefois que les résultats de la présente recherche et en particulier ceux des
essais (voir § 4.2, en particulier figure 4.21) indiquent que ces deux exigences sont
pratiquement équivalentes. La limite de décompression correspond en effet à des ouvertures
de fissures résiduelles non nulles de l’ordre de 0.1 à 0.2 mm.
Une vaste campagne de mesures et d’observations in situ sur des tabliers d’anciens ponts en
béton en Suisse [45] [46], a montré que l’intensité de la corrosion des barres d’armatures
passives ne dépend que fort peu de l’ouverture des fissures (tant que celle-ci n’excède pas 0.5
mm environ) mais qu’elle dépend surtout et de manière considérable du fait que les fissures
soient traversantes ou non et que l’eau et des agents agressifs puissent s’y infiltrer ou non.
Tableau 4.4: Valeurs indicatives des ouvertures de fissures tolérables à l’état permanent vis à vis de
la durabilité (GDS = exposition aux attaques gel/dégel/sel).
0.1 à 0.2
avec aciers de int. ou ext. moyenne
élevées ≈limite
précontrainte humidité variable GDS
décompression
int. ou ext.
avec ou sans aciers infiltrations d’eau moyenne
très élevées ≤0.05
de précontrainte possible au travers GDS
des fissures
52 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
6\QWKqVHGHVH[LJHQFHVSRXUOHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
Tableau 4.5: Valeurs indicatives des ouvertures de fissures acceptables à l’état permanent
dans les ponts en béton précontraint (GDS = exposition aux attaques gel/dégel/sel).
3URSRVLWLRQG¶H[LJHQFHVPRLQVVpYqUHVSRXUOHVVWUXFWXUHVHQEpWRQDUPp
Dans le cas des structures en béton armé et d’éléments de structures ne contenant que des
aciers d’armature passive, ces exigences peuvent être considérablement réduites, compte tenu
des considérations précédentes (voir en particulier § 4.1.2.4). Ceci, à un niveau inférieur que
celui parfois trop sévère requis dans les projets de codes européens [27] [15]. Les valeurs
limites suivantes paraissent raisonnables sous les sollicitations permanentes, dans le cas de
structures en béton armé situées aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur et exposées aux
intempéries (y compris GDS) :
• H[LJHQFHVQRUPDOHV Z ≤PP ;
NUHV
Concernant des exigences plus sévères vis à vis de l’étanchéité à l’eau, on se référera cas
échéant aux indications du § 4.1.2.3.
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH)LVVXUDWLRQ 53
$UPDWXUHPLQLPDOH
Une quantité minimale d’armature est en général requise afin d’assurer une fissuration
contrôlée dans toute partie d’une structure ou de l’un de ses éléments soumise à des
contraintes de traction dépassant la résistance à la traction du béton. Ces contraintes peuvent
résulter de toutes combinaisons possibles de charges et de déformations imposées ou
empêchées. A défaut de méthodes plus rigoureuses, la section d’armature minimale requise
dans les zones tendues peut être estimée au moyen de la relation simplifiée suivante selon les
normes européennes [15] [27] [28] :
F ⋅ ⋅ I FW HI ⋅ $FW
$V PLQ = (4.7)
V2
(tableau 4.1) ;
σ V
est la contrainte maximale admissible dans l’acier d’armature, calculée en stade II
immédiatement après l’apparition des fissures ; cette contrainte, ainsi que l’armature
minimale qui en découle, peut être graduée comme suit :
σ =IV \N
où I est la valeur caractéristique (fractile de 5%) de la limite
\N
κ est un facteur de réduction permettant de tenir compte de l’effet favorable sur l’effort
de fissuration, dû à la présence d’états de contraintes auto-équilibrées (voir § 4.1.1); sa
valeur dépend principalement de l’épaisseur t de l’élément de structure considéré :
• κ= 0.8 pour t = 0.3 m;
• κ= 0.5 pour t = 0.8 m;
• κ= 0.98 – 0.6·t pour 0.3 < t < 0.8 m.
Figure 4.4: Pourcentages d’armature minimale requise pour éviter l’écoulement de l’acier
en fonction de l’épaisseur (t) ou de la hauteur (h) de l’élément, de la résistance
à la traction du béton (fctm) et du type de sollicitation.
Figure 4.5: Valeurs maximales des contraintes dans l’acier d’armature σs2 pour des bétons
courants (de classe de résistance ≤ C30), en fonction du diamètre des barres
et de l’ouverture admissible wk maximale des fissures à l’état permanent.
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP Chapitre 4 : Fissuration 55
Sur la figure 4.5 on a entre autre représenté les courbes correspondants aux valeurs limites
wk = 0.3 mm et wk = 0.2 mm admises actuellement dans les projets de normes européennes,
respectivement dans le cas du béton armé et du béton précontraint. Étant donné que les
quantités d’armature à mettre en œ uvre sont inversement proportionnelles aux contraintes
auxquelles elles sont autorisées à travailler, on peut réaliser l'intérêt économique qu’il y aurait
à relâcher ces exigences dans tous les cas où cela est compatible avec le niveau de qualité
effectivement nécessaire (voir § 4.1.2.6).
Notes :
• Bien que sous une forme légèrement différente et plus simple, la norme SIA 162 [72]
contient des clauses similaires relatives à l’armature minimale.
• De plus, tous ces codes permettent de renoncer à placer une armature minimale,
notamment dans les cas suivants :
− si l’on peut être certain que le béton n’aura jamais à supporter des contraintes de
traction atteignant sa résistance effective à la traction ;
− si l’ouverture des fissures éventuelles est contrôlée par des conditions
géométriques telles que faible longueur des éléments tendus [55] [56] et
proximité d’une zone comprimée ou de l’âme d’une poutre fléchie (voir § 4.1.4) ;
− si l’apparition de larges fissures isolées n’est pas préjudiciable.
56 Influence des actions variables sur l’état permanent des ponts en béton précontraint
4.1.4.1 Introduction
Les dalles supérieure et inférieure d’un pont en caisson peuvent être assimilées à des plaques
horizontales, qui, sous l’effet d’un moment, généralement composé d’un effort normal, sont
obligées de se déformer. Il en résulte des ε+ de traction, que l’on admettra pour la suite
calculés au feuillet moyen des plaques horizontales, susceptibles de les fissurer.
Figure 4.6: Déformation des plaques horizontales (dalles supérieure et inférieure) d'un caisson de
pont sollicité par de la flexion composée.
4.1.4.2 Parallèle avec un mur voulant se raccourcir sur une fondation indéformable
Bien que l’état de sollicitation soit sensiblement différent, ramenons notre problème à celui
d’un mur non armé, bétonné sur une fondation infiniment rigide, voulant se raccourcir sous
l’effet d’une déformation imposée ε0 instantanée et uniforme (voir figure 4.7).
Figure 4.7: Passage du porte-à-faux au mur entravé dans un raccourcissement uniforme instantané
sur une fondation infiniment rigide
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP Chapitre 4 : Fissuration 57
Le schéma de fissuration d’un mur entravé non armé dans son raccourcissement par une
fondation rigide a fait l’objet de nombreuses études [1] [12] [22]. Il en ressort un schéma de
fissuration stable qui peut être compris en admettant une diffusion de la traction à 45 degrés
dans le mur (voir figure 4.8).
Figure 4.8: Schéma de fissuration d'un mur non armé subissant un raccourcissement uniforme et
instantané situé sur une fondation infiniment rigide (tiré de Braam [12] et de [22])
La fondation est à l’origine de la fissuration de la paroi. En outre, elle a une action sur la
répartition de la fissuration du mur auquel elle est assemblée. Ces deux actions (fissuration et
répartition) sont les plus grandes à proximité du radier et diminuent quasi linéairement
lorsqu’on s’en éloigne.
La mise en place d’une armature adhérente dans le mur à proximité de la fondation n’a pour
ainsi dire aucune influence sur l’espacement et, par conséquent, sur l’ouverture des fissures
qui y prennent naissance. On a tout intérêt à disposer cette armature dans les zones les plus
éloignées de la fondation, là ou les fissures sont plus rares, et donc plus ouvertes.
Comme illustré en figure 4.9, sur la base d’un raisonnement purement élastique, la contrainte
de traction dans le mur non armé est d’autant plus faible que le rapport longueur sur hauteur
(l/h) (ou le rapport espacement de fissures sur hauteur (s/h)) est faible. Il en ressort que, pour
un certain rapport (l/h) (ou (s/h)), fonction de la sollicitation, la contrainte de traction au
sommet du mur demeure inférieure à la résistance à la traction du béton, et que les fissures,
naissant au pied du mur, ne peuvent se propager jusqu’à son sommet.
58 Influence des actions variables sur l’état permanent des ponts en béton précontraint
Figure 4.9: Distributions de contraintes (σc) sous raccourcissement imposé instantané (ε0) dans un
mur sur une fondation infiniment rigide (tiré de [22] et de [31]): ε0 ⇒ σc0 = ε0 Ec
Le schéma de fissuration des plaques horizontales que sont les dalles supérieure et inférieure
d’un pont en béton précontraint, en admettant qu’aucune armature passive y soit disposée, a la
même allure que celui du mur de fondation, à la différence près que la diffusion de l’effort à
45 degrés doit préalablement se faire dans les âmes (voir figures 4.7 et 4.10, et Beeby [10],
Braam [12], Favre et al. [30], Rostasy et al. [65]). Il en ressort, comme indiqué en figure 4.10,
que l’espacement des fissures, en bout des porte-à-faux et au milieu des dalles inférieure et
supérieure est directement fonction de la portée transversale de ces derniers (a1, a2, b), alors
que l’espacement des fissures aux jonctions de ces éléments avec les âmes est directement
fonction de la hauteur de la zone tendue (ht sur appuis et à mi-travée).
Alors que dans le cas du mur à proximité de la fondation, c’est cette dernière qui exerce une
action sur la répartition de la fissuration, dans le cas du tablier de pont, c’est le voisinage de
l’axe neutre qui joue ce rôle. Plus on s’éloigne de l’axe neutre, moins cette action se fait
ressentir sur la répartition de la fissuration. Il en résulte des fissures plus espacées,
d’ouvertures supérieures. Dans ces zones, typiquement les bouts de porte-à-faux et le milieu
des dalles supérieure et inférieure, la mise en place d’une armature est indispensable si l’on
souhaite y limiter les ouvertures des fissures. Lorsque l’on se rapproche des âmes, la présence
de l’axe neutre se fait de plus en plus sentir. En conséquence, proche des âmes, il est possible
de réduire les quantités d’armature passive.
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP Chapitre 4 : Fissuration 59
ht
ht
b
ht
ht
s = 1 ÷ 2 (h t + max (a 1; a 2))
s = 1 ÷ 2 (h t + b)
s = 1 ÷ 2 ht
45°
ht
45°
s = 1 ÷ 2 ht
ht 45°
Figure 4.10: Schéma de fissuration d'un tablier de pont en admettant qu'aucune armature adhérente
n’y est disposée.
Il est fréquent aujourd’hui que l’armature de fissuration soit répartie au prorata de l’épaisseur
de l’élément considéré. Or, les éléments horizontaux d’un tablier de pont vont généralement
en s’épaississant lorsqu’ils se rapprochent de l’âme (goussets). Ceci conduit à des quantités
d’armature plus importantes dans ces zones épaisses, alors que en bouts des porte-à-faux et au
milieu des dalles, généralement moins épais, sont disposées des quantités d’armature plus
faibles. Ceci est en contradiction avec la réalité qui veut que ce soit dans ces zones éloignées
des âmes que soit mise en œ uvre la plus grande quantité d’armature passive, du fait du risque
de fissuration plus important (voir figure 4.52).
4.2.1 Objectifs
L’ouverture des fissures a déjà été largement étudiée sous sollicitations de traction ou de
flexion croissant de manière monotone. En revanche on dispose de relativement peu
d’informations sur ce qui se passe en cas de décharge, voire d’inversion des contraintes
(éléments précontraints) sous l’effet d’actions cycliques. Dans le cadre de cette recherche,
nous nous sommes attachés à résoudre le cas fondamental du tirant en béton armé et
précontraint. Il s’agit en fait de déterminer quelle est l’aptitude de la précontrainte à refermer
60 Influence des actions variables sur l’état permanent des ponts en béton précontraint
les fissures, ainsi que de juger de l’effet de chargements répétés sur un élément sollicité en
traction pure.
Une dizaine d’essais ont été réalisés dans les laboratoires du département de génie civil de
l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne sur des tirants en béton armé et précontraint.
Les éléments testés font 4.50 m de long et la zone de mesure est limitée aux 2.6 m centraux.
La section transversale des tirants fait 0.80 m de haut et 0.25 m de large.
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP Chapitre 4 : Fissuration 61
Les éléments sont disposés horizontalement dans un bâti de charge qui permet de les solliciter
axialement (voir figures 4.11 et 4.13). Lorsque la résistance à la traction est atteinte ou
dépassée, il en découle l’apparition de fissures situées dans un plan vertical perpendiculaire à
l’axe de l’élément. La sollicitation, croissant de manière monotone ou cyclique, est imposée
au moyen d’un vérin linéaire d’une capacité de 2'500 kN, contrôlé en force ou en
déformation.
Chaque essai consiste à imposer une déformation axiale à l'élément, variant de manière
cyclique comme indiquée sur la figure 4.12.
Chacun des éléments a été préfissuré lors d’une première montée en charge par paliers
successifs jusqu’au niveau ε = 0.4 ‰ (#1). Cette préfissuration est représentative d’un
événement antérieur ayant fortement sollicité l’ouvrage durant sa construction (par exemple
pont poussé) ou durant son exploitation (transport exceptionnel).
ε [‰ ]
0.6
0.4
0.2
temps ou
nbre de cycles
s perm
(ε = 0.0 )
#1 #2 #3 #4
Chacun des éléments est ensuite sollicité par 9'000 cycles entre ε = 0.2 ‰ et σperm,
représentant la contrainte à l’état permanent. Une telle sollicitation est par exemple
représentative de gradients de température de 20 °C se répétant pendant une période d’environ
25 ans dans un pont réel (#2).
62 Influence des actions variables sur l’état permanent des ponts en béton précontraint
Selon les éléments, on a ensuite poursuivi les essais par quelques milliers de cycles
supplémentaires entre 0.2 ÷ 0.4 ‰ (#3) et entre 0.4 ÷ 0.6 ‰ (#4).
Figure 4.14: Face d'un élément instrumentée durant l'un des essais
3DUDPqWUHV
Les paramètres que l’on fait varier sont la force de précontrainte (ou autrement dit l’état de
compression à l’état permanent σSHUP) et l’armature passive mise en place (voir tableau 4.6).
S 01 S 02
σSHUP[MPa]
P 12 P 14
P 21 P 22 P 23
P 32 P 33 P 34
Les caractéristiques du béton choisi sont en principe identiques pour tous les éléments. Nous
avons souhaité de plus que ce béton soit un béton standard, couramment utilisé dans la
pratique pour la fabrication de grandes structures, et plus particulièrement de ponts. Ainsi, le
béton utilisé est un béton voisin de la classe C 30/37 selon l’Eurocode 2 [27].
64 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
Figure 4.15: Plan d'armature de l'élément P34 ( = 0.20 %, SHUP = -3.5 MPa, voir tableau 4.6)
L’armature passive est constituée de barres à haute adhérence en acier S 500. Le taux
d’armature passive le long de l’élément est rapporté à la totalité de la section transversale,
abstraction faite de toutes considérations relatives à l’aire effective ou l’enrobage, ce qui
revient à peu près au même pour des sections minces d’épaisseur inférieure à 0.30 m.
La précontrainte est exercée de manière centrée au moyen de monotorons AVT de 150 mm2
en acier de classe de relaxation 2 mis en place dans des gaines de polyéthylène non-injectées
(IWN = 1'770 N/mm2). Un plan d’armature est présenté en figure 4.15.
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH)LVVXUDWLRQ 65
3ULQFLSDX[UpVXOWDWV
,QWURGXFWLRQ
Les résultats complets et détaillés sont disponibles dans un rapport des essais [49]. Nous nous
contentons ici, de façon très succincte, d’exposer quelques-uns des résultats majeurs de la
campagne.
Les ouvertures des fissures ont été mesurées en fonction de la contrainte de compression dans
le béton à l’état permanent, du pourcentage d’armature passive et du nombre de cycles, sous
les principaux niveaux de sollicitation suivants :
• ,QIOXHQFHGHρHW SHUPVXUZUHV
Comme illustré en figure 4.16, compte tenu de la dispersion des résultats, l’ouverture
résiduelle ne semble guère dépendre du pourcentage d’armature passive. Cette constatation
semble d’autant plus vraie que la contrainte de compression à l’état permanent (σSHUP) est
élevée en valeur absolue, sous réserve que le taux d’armature soit supérieur au pourcentage
minimal correspondant à l’écoulement de l’acier sous la valeur maximale des sollicitations
(voir figure 4.19). Par contre, l’ouverture résiduelle des fissures est fortement dépendante du
taux de précontrainte à l’état permanent (σSHUP), et elle est d’autant plus faible que cette
contrainte est élevée en valeur absolue.
66 Influence des actions variables sur l’état permanent des ponts en béton précontraint
50 P21 50
P21
P22
P34 P22 P34
P23
P33 P23 P33
P32 P32
0 0
0.00 -1.00 -2.00 -3.00 -4.00 0.00 -1.00 -2.00 -3.00 -4.00
σperm [MPa] σperm [MPa]
Figure 4.16: Valeurs moyennes des ouvertures résiduelles des fissures mesurées en fonction de la
contrainte permanente et du taux d’armature après la première décharge et après 9'000
cycles entre σperm et ε = 0.2 ‰ (cycles #2).
Avec le nombre de cycles, l’ouverture des fissures wres a tendance à diminuer légèrement.
Ceci s’explique par le fait que la poussière dégagée lors de l’apparition d’une fissure met du
temps à s’en aller, et qu’ainsi, les cycles « nettoient » la fissure et rendent plus aisé sa
refermeture.
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP Chapitre 4 : Fissuration 67
N° de l’essai
w res [µm] w res [ µm]
∆w res [%]
Après 9'000
200
Après 1ère
décharge
cycles #2
ρ = 0.45 %
Première décharge
150
S01 106 100 -6 S02 Cycle N° 9000
S02 96 95 0
P12 81 72 -12 100
P14 213 195 -9 P12
P21 41 33 -20
P22
P22 42 39 -7 50
P23 32 29 -9 P32
P32 8 6 -25
0
P33 14 11 -21
0.00 -1.00 -2.00 -3.00 -4.00
P34 18 16 -11
σperm [MPa]
Figure 4.17: Variation de w res entre la première décharge et après 9'000 cycles #2.
L’ouverture résiduelle des fissures wres sous actions cycliques ne progresse de manière
significative que dans la mesure où la sollicitation maximale durant un cycle se rapproche,
atteint et surtout dépasse le niveau extrême observé lors d’un cycle précédent. Ainsi, une
succession de très nombreux cycles de faible amplitude n’accroîtront pas (ou extrêmement
peu) l’ouverture de fissure mesurée après le précédent chargement d’amplitude supérieure
(voir figure 4.18). Il ressort de nos essais, lors d’application de cycles d’amplitude supérieure
(cycles #3 et #4) une augmentation de l’ouverture des fissures sous chargement minimal ne
dépassant pas 20 %, et ayant lieu durant les premiers cycles (∼ 100 premiers cycles). Cette
observation est en accord avec des résultats émanants d’essais sur des éléments fléchis
(voir Rotilio [67]).
) 3 3 )
) PD[ )
PD[
) PD[
)
&\FOHV
) 3
wres () )
PD[ wres ()
PD[ )
Z VRXV3
∆wres
VH
∆wres ≈ 0
U
• ,QIOXHQFHGHρHWσSHUPVXUZPD[
Notons également que (ZPD[) semble plus grand pour des éléments faiblement précontraints
(par exemple P12, pour lequel σV sous 0.4 ‰ est élevé), que pour des éléments de béton armé
(S02), toutes choses par ailleurs égales. Ceci n’est qu’apparent, et s’explique de par le fait
que, pour l’élément P12, la montée en charge jusqu'à 0.4 ‰ a pris fin juste avant l’apparition
d’une nouvelle fissure, ce qui n’est pas le cas des éléments simplement armés.
Dans le cas du béton armé il est admis et vérifié que cette ouverture est à peu près
inversement proportionnelle à la quantité d’armature mise en œuvre (voir Farra [29] et Favre
et al. [31]). Les résultats de nos essais d’éléments précontraints avec σSHUP = -2.0 et -3.5 MPa
pour lesquels on a fait varier le taux d’armature passive n’indiquent toutefois aucune tendance
nette.
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH)LVVXUDWLRQ 69
P22
200 P22 200
S02 P23 P33
S02
P23 P32
150 P33 150 P21
S01 P21
P32 S01
100 100
ρ = 0.20 % ρ = 0.20 %
ρ = 0.31 % ρ = 0.31 %
50 ρ = 0.45 % 50 ρ = 0.45 %
ρ = 0.62 % ρ = 0.62 %
0 0
0.00 -1.00 -2.00 -3.00 -4.00 0.00 -1.00 -2.00 -3.00 -4.00
σ perm [MPa] σ perm [MPa]
• ,QIOXHQFHGHVF\FOHVVXUZPD[
>@
UH 300
$SUqV
[
F\FOH
$SUqVOH
ρ = 0.45 %
F\FOH
D
P
P12
∆Z
250
P22
S01 139 139 0 200
S02 144 158 9 S02
P32
P12 244 261 7 150
L’ouverture des fissures semble augmenter très légèrement lorsque le nombre de cycles
augmente (voir figure 4.20), si l’on excepte l’essai P34 pour lequel on a au contraire constaté
une faible diminution. Il faut noter que cette légère progression se fait durant les premières
centaines de cycles.
(WDWGHGpFRPSUHVVLRQ F
w
wres (déc)[µm]
res(déc)
[ µm]
Sous l’état de décompression σF = 0, on 400
P14
observe une certaine ouverture résiduelle
ρ = 0.20% ρ = 0.31%
des fissures ZUHVGpF qui, en première 300 ρ = 0.45% ρ = 0.62%
eYROXWLRQGHO¶LQGLFHG¶HQGRPPDJHPHQW
ε[‰]
Id [%]
[ : Pesure
0.6 100
G
Id [%]
E F G
0.4
E F
D
0.2
σperm temps D
(ε = 0.0
#1 #2 #3 #4
Figure 4.22: Evolution de l’indice d’endommagement (,G) avec l’historique de l’essai, en fonction de
la précontrainte
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH)LVVXUDWLRQ 71
La valeur ,G, appelée indice d’endommagement est un indicateur très simplifié permettant
d’estimer l’endommagement des éléments. Il représente le rapport entre la déformation
absorbée par la zone endommagée '¶ (fissure et zone de transmission) et la déformation
totale imposée '. Ce rapport tend vers 1, c’est-à-dire 100 % lorsque la fissuration, et par
conséquent l’endommagement sont très avancés. Quand il est inférieur à 1, la différence de ce
rapport avec l’unité représente la part de la déformation totale incombant au béton tendu entre
les fissures (≈ tension stiffening).
3ULVHHQFRPSWHGHO¶DGKpUHQFHGHVDFLHUVGHSUpFRQWUDLQWH
Les observations effectuées et les conclusions tirées de cette étude expérimentale quant à
l’effet favorable de la précontrainte ne prennent pas en compte l’effet bénéfique de
l’adhérence de la précontrainte sur la répartition de la fissuration, du fait que les aciers de
précontrainte étaient non injectés dans nos essais.
Rappelons qu’au sens de l’Eurocode 2 (partie 2 [28], § 4.4.2.2.3, armature minimale), il est
possible de tenir compte d’une précontrainte adhérente pour le contrôle de la fissuration pour
autant qu’elle soit disposée à moins de 300 mm de l’armature passive de la zone tendue. En
première approximation, la précontrainte adhérente ne joue plus aucun rôle sur la répartition
de la fissuration d’un élément de structure dès qu’elle s’en trouve éloignée de plus de deux
fois son épaisseur. Or, c’est le cas des éléments les plus vulnérables à la fissuration, que sont
les porte-à-faux et le centre des dalles supérieure et inférieure (voir § 4.1.4).
72 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
De plus, pour autant que l’on soit proche des câbles de précontrainte (sur appuis, dalle
supérieure au droit des âmes ; à mi-travée, dalle inférieure au droit des âmes) nos essais sont
représentatifs de ce qui peut au pire se produire dans l’hypothèse où l’adhérence des aciers de
précontrainte est tellement faible ou endommagée (par suite de défauts d’injection, du faible
profilage des aciers, de l’endommagement par suite des cycles) qu’elle peut être négligée.
0RGpOLVDWLRQGHO¶RXYHUWXUHHWGHODUHIHUPHWXUHGHVILVVXUHV
2EMHFWLIV
Dans le but de clairement définir le rôle vis-à-vis de la fissuration des divers composants d’un
élément de structure en béton précontraint sollicité par un effort de traction variant de manière
cyclique, il est indispensable de mettre au point un modèle physique. Ce dernier doit être
capable de prédire la refermeture des fissures sous un effort de compression donné
(précontrainte), en fonction des sollicitations maximales rencontrées auparavant, des
caractéristiques géométriques et mécaniques de la section et des divers matériaux la
constituant, ainsi que de leur liaison (adhérence).
/RLVIRQGDPHQWDOHVUHWHQXHV
Le béton, l’acier d’armature et l’adhérence entre l’acier d’armature et le béton sont décrits par
un ensemble de lois constitutives permettant de tenir compte du comportement iso-
adoucissant du béton au voisinage des fissures (tension softening), et de l’évolution de la
liaison acier-béton, aussi bien pendant la première montée en charge que lors de la décharge
et de chargements cycliques ultérieurs.
$FLHU
L’acier d’armature est caractérisé par un comportement élasto-plastique. Dans ce qui suit, la
plastification des barres d’armature constitue une limite supérieure au-delà de laquelle notre
modèle n’est plus applicable. Cette restriction ne pose aucun problème étant donné que dans
les normes et les applications pratiques on ne tolère généralement pas l’écoulement des aciers
d’armature, sous sollicitations de service.
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH)LVVXUDWLRQ 73
&kEOHVGHSUpFRQWUDLQWH
Dans cette étude nous négligeons l’adhérence entre les câbles de précontrainte et le béton,
pour les deux raisons suivantes :
• Premièrement, il est connu que lors de chargements cycliques, le coulis d’injection dans
les gaines de précontrainte s’endommage très rapidement. En conséquence, l’adhérence
des câbles de précontrainte devient quasiment nulle après l’application d’un très petit
nombre de cycles ;
• Deuxièmement, la précontrainte est généralement concentrée dans les âmes d’une section
de pont (sauf pour les ponts en encorbellement), et son adhérence avec le béton ne joue
aucun rôle sur la limitation de la fissuration des zones éloignées des âmes et les plus
sensibles que sont les porte-à-faux ainsi que le centre des dalles supérieure et inférieure
(voir § 4.2.4.6).
%pWRQ
Le modèle de Hordijk [40] (voir figure 4.23) permet de reproduire de façon satisfaisante le
comportement du béton fissuré lors de la montée en charge et lors de la décharge.
&RPPHQWDLUHV
E /D SOXSDUW GHV H[SUHVVLRQV SRXU PRGpOLVHU OD UHIHUPHWXUH GHV ILVVXUHV GX EpWRQ
VHXOYRLU>@HW>@VHPEOHQWDYRLUpWpGpYHORSSpHVGDQVOHFDVRO¶RXYHUWXUH
PD[LPDOH ZPD[ UHQFRQWUpH MXVWH DYDQW OD GpFKDUJH HVW LQIpULHXUH RX pJDOH j ZF
74 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
ZPD[ZF(QUqJOHJpQpUDOHDXFXQFRPPHQWDLUHQ¶HVWDSSRUWpFRQFHUQDQWOHXU
YDOLGLWpSRXUXQHRXYHUWXUHGHILVVXUHVXSpULHXUHjZ FZPD[!ZF
σcf
ft
σcf,max
w
Zmax Zc
σcf,perm
Zres
w
3
w w
= 1 + c1 ⋅ ⋅ exp − c 2 ⋅ − ⋅ (1 + c13 )⋅ exp(− c 2 )
cf
ft wc w c w
c
5
1 w w
cf
= cf, max
+ ⋅ 0.014 ⋅ ln − 0.57 ⋅ 1 −
ft ft 3(w max w c ) + 0.4 w max w max
F,F
: paramètres adimensionnels, avec : F = 3 et F = 6.93 ;
Figure 4.23: Modèle de Hordijk [40] caractérisant le comportement du béton fissuré seul sous
chargement cyclique.
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH)LVVXUDWLRQ 75
$GKpUHQFHDFLHUEpWRQ
Lorsqu’il s’agit d’un élément de structure sollicité en traction pure, l’adhérence entre l’acier et
le béton est le facteur principal influençant la valeur des ouvertures des fissures, lors de la
montée en charge et de la décharge, ainsi que leur évolution sous un chargement cyclique
(voir figure 4.24).
1er chargement : τ = a1 ⋅ fcm ⋅ (sn=1 s1 )
a2 b
τ
τ PD[Q
τ PD[Q!
Isocourbe
pour n>1 :
sn>1 = sn=1(1+ k n )
kn = (1 + n)
0.107
K -1
τ
s
IQ!
VPD[≈÷PP
τIQ
décharge : τ f = α τmax,n≥1
Figure 4.24: Loi d’adhérence sous sollicitations variables, pour la montée en charge d’après le
CEB [15] et [19,] et pour la décharge d’après Laurencet [47].
&RPPHQWDLUH
/DORLGHFRPSRUWHPHQWTXHQRXVSURSRVRQVQpJOLJHODFRQWULEXWLRQGHV]RQHVVDQV
GLVFRQWLQXLWpGDQVOHVTXHOOHVO¶DGKpUHQFHQ¶DSDVpWpURPSXH YRLU ILJXUH D
O¶DOOXUHGHV DXGHOjGHOD]RQHGHWUDQVPLVVLRQl RXOHVWDGH,HVWUHWURXYp'H
U
SOXV QRXV Q¶DYRQV SDV LQFRUSRUp GH PRGLILFDWLRQ GH OD ORL SHUPHWWDQW GH WHQLU
FRPSWHG¶XQHGLPLQXWLRQSURJUHVVLYHGHVFRQWUDLQWHVG¶DGKpUHQFH DXYRLVLQDJH
LPPpGLDWG¶XQHILVVXUHYRLUjODILJXUHDGXVXLYDQWODGLVWULEXWLRQGHV OH
ORQJGHOD]RQHGHWUDQVPLVVLRQ
La pente de décharge (.) est indépendante du glissement maximal (V PD[ ) et varie, selon les
auteurs [14] [17] [18], entre 200 et 500 MPa/mm voire l’infini (décharge verticale). La
contrainte d’adhérence de friction ( ) est par contre fortement dépendante de la contrainte
I
d’adhérence obtenue juste avant décharge ( PD[ ), et vaut un certain pourcentage ( ) de PD[ ,
appelé coefficient de friction. Les valeurs les plus souvent rencontrées oscillent entre
= 15 % et = 25 %. En conclusion, nous proposons, pour la décharge, la relation suivante
(Laurencet [47]) :
V PD[ est le glissement maximal juste avant décharge, correspondant à PD[ [mm].
&RPPHQWDLUH
,O HVW SULPRUGLDO GH UHOHYHU LFL TXH OH GRPDLQH GHV JOLVVHPHQWV QpJDWLIV QH QRXV
LQWpUHVVH SDV (Q HIIHW FRQIRUPpPHQW j QRV HVVDLV /DXUHQFHW HW DO>@ HW HQ
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH)LVVXUDWLRQ 77
DFFRUG DYHF OD ORL GH GpFKDUJH UHWHQXH SRXU OH EpWRQ ILVVXUp +RUGMLN >@ OHV
ILVVXUHVQHVHUHIHUPHQWMDPDLVFRPSOqWHPHQW HWHQFRQVpTXHQFHOHVJOLVVHPHQWV
QHFKDQJHQWSDVGHVLJQH
nombre de cycles (Q). Cette approche, reprise par le Code Modèle CEB – FIP 1990 [15]
provient de travaux réalisés par Rehm et al. [62]. Le glissement sous sollicitations cycliques
(V Q! ) s’exprime de la façon suivante :
V Q >1 = V Q =1 (1 + N Q )
(4.10)
N Q = (1 + Q )0107 − 1
&RPPHQWDLUH
&HWWHIDoRQGHSURFpGHU Q¶HVW VWULFWHPHQW DSSOLFDEOH TX¶DX FDV R OD VROOLFLWDWLRQ
F\FOLTXHHVWG¶DPSOLWXGHFRQVWDQWHHWQRQSDVDOpDWRLUH$XFDVRO¶DPSOLWXGHGHV
F\FOHV GLPLQXH O¶HQGRPPDJHPHQW GH OD OLDLVRQ DFLHUEpWRQ HVW EHDXFRXS SOXV
FRPSOH[H j PRGpOLVHU YRLU %DOj]V HW DO >@ HW >@ HW VXUWRXW EHDXFRXS PRLQV
LPSRUWDQWFHTXLHVWHQDFFRUGDYHFOHVUpVXOWDWVG¶HVVDLVGHWUDFWLRQ/DXUHQFHWHW
DO>@YRLUHWGHIOH[LRQ5RWLOLRHWDO>@YRLUSUpVHQWpVGDQVFH
UDSSRUWYRLUDXVVLILJXUH
'LVFUpWLVDWLRQ
Pour mettre en évidence l’effet des propriétés du béton et des propriétés de l’adhérence acier-
béton sur l’ouverture des fissures, il est indispensable de calculer celles-ci par une méthode
adéquate permettant d’appréhender le comportement de l’élément entre la zone fissurée et la
zone fonctionnant en stade homogène (stade I). La zone transitoire entre la fissure et le stade I
est appelée zone ou longueur de transmission (l ). C’est dans cette zone que l’armature
U
$ et $
V F sont respectivement les aires d’acier et de béton [mm2] ;
En admettant que les sections planes restent planes, le glissement (V) entre la barre d’armature
et le béton dans une section donnée est défini comme l’intégrale le long de [ de la différence
entre les déformations relatives de l’armature et du béton, et s’exprime par :
x
V [ = ∫ ( V ( [ ) − F ( [) )d[ (4.12)
0
D E
Figure 4.25: Comportement de la zone de transmission (l ) entre la fissure et le stade homogène,
U
En admettant que l’acier et le béton respectent la loi de Hooke, les deux équations précédentes
(4.11) et (4.12) nous permettent d’écrire l’équation différentielle fondamentale d’adhérence :
G 2 V [ 4 4⋅
= + ⋅ [ (4.13)
G[ ⋅ (V ⋅ (F
2
où ( et (
V F sont les modules d’élasticité de l’acier et du béton [MPa] .
L’intégration analytique de l’équation est relativement aisée pour la montée en charge. Elle
est par contre beaucoup plus ardue pour la décharge, compte tenu des lois complexes
permettant de reproduire le comportement des divers composants (béton fissuré et loi
d’adhérence acier-béton).
De la sorte, les équations (4.11) et (4.12) deviennent, pour le tronçon (L) situé à la distance [ L
de la fissure:
VL ⋅ $V = L ⋅ [ ⋅ ⋅ = FL ⋅ $F
Equilibre (4.11) Ð
L = I ( VL −1 )
VL = VL − + VL
Compatibilité des déformations (4.12) Ð
VL = VL [ − FL [ = XVL − XFL
Figure 4.26: Equilibre d’un tronçon de longueur élémentaire ∆[ situé à la distance [ de la fissure, le
long de la zone de transmission l U
80 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
V([ = l ) = Z/2
U
Compte tenu des conditions de bord à l’endroit de la fissure, il est possible de déterminer en
chaque point (L) de la barre le glissement (V ), la contrainte d’adhérence (τ ), la contrainte
L L
Lors de la montée en charge, ces conditions de bord sont, pour une force extérieure )
s’appliquant sur la section:
V = ()- FI $ )/$ ;
F V
V = Z/2 ;
En procédant par dichotomie, il est aisé de déterminer le couple (), Z) qui satisfait aux
conditions d’équilibre et de compatibilité des déformations le long de la zone de transmission
(l ), et aux conditions de bord au droit de la fissure.
U
Lors de la décharge, la procédure est la même, au choix des conditions de bord près. Celles-ci
sont, toujours au droit de la fissure :
V = ()- FI $ )/$ ;
F V
V = Z/2.
9DOLGDWLRQGXPRGqOH
3UHPLHUF\FOHFKDUJHGpFKDUJH
Les tests réalisés à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (voir § 4.2 et [47]) ont permis
de valider le modèle. La figure 4.27 représente une comparaison directe entre les résultats
mesurés et ceux calculés au moyen du modèle, pour l’essai N° P22 ( = 0.45 %, SHUP =-
2 MPa, voir § 4.2). En abscisse, nous représentons l’ouverture de fissure (Z) et en ordonnée la
force extérieure ()). On remarque que la courbe obtenue par le modèle reproduit bien les
observations expérimentales lors du premier chargement et en particulier lors de la décharge.
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH)LVVXUDWLRQ 81
Nous nous sommes limités à ne représenter que le premier cycle charge – décharge afin de ne
pas encombrer la figure.
F [kN]
450
1
300
150 2
-3
w [µm = 10 mm]
0.0 0
0 150 300 450
-0.5
σc [MPa]
-1.5
F 1 2
-2.0 -300 F F
Sollicitation perm. = -400 kN
-2.5 = σperm·Ac = -2.0 [MPa]·Ac
-450
Figure 4.27: Comparaison entre un essai (P22, = 0.45 %, SHUP = -2 MPa) et le modèle numérique
proposé.
Le modèle reproduit également de façon satisfaisante les valeurs des ouvertures résiduelles
des fissures mesurées pour l’ensemble des essais. Ceci est visible sur le graphique de la
figure 4.28, qui indique pour chaque essai, la valeur moyenne de l’ouverture résiduelle (Z PUHV )
correspondant à la contrainte de compression permanente (σ SHUP ) mesurée et calculée après la
décharge faisant suite au premier chargement.
82 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
-3
wm,res [µm = 10 mm]
150
valeurs mesurées
modèle numérique
6
ρ = 0.45 %
Sollicitation max. = perm + ∆σ
6
100 ρ = 0.62 %
mesure (essais) et
∆σ calcul (modèle) de wm,res
50
3
ρ = 0.62 %
3
ρ = 0.45 %
3 3
ρ = 0.31 % ρ = 0.45 %
3
ρ = 0.31 %
0
0.00 -1.00 -2.00 -3.00 -4.00
σperm [MPa]
Figure 4.28: Valeurs moyennes des ouvertures résiduelles des fissures (Z ) suite au premier cycle
PUHV
&\FOHVG¶DPSOLWXGHFRQVWDQWH
1RWH 1RXV HQWHQGRQV SDU F\FOHV G¶DPSOLWXGH FRQVWDQWH GHV F\FOHV GRQW OD ERUQH
VXSpULHXUHQ¶DMDPDLVpWpGpSDVVpHORUVGHODYLHGHO¶RXYUDJHHQRSSRVLWLRQDX[
F\FOHVDSSOLTXpVORUVGHQRVHVVDLVYRLUILJXUH
temps temps
Figure 4.29: Cycles du type essais « Laurencet [49] », dont le niveau de chargement maximal a été
dépassé lors de l’histoire de l’élément et cycles « d’amplitude constante », dont le
niveau de chargement maximal n’a jamais été dépassé lors de l’histoire de l’élément.
Rehm et Eligehausen [63] ont sollicité des éléments différemment armés à la flexion de façon
cyclique (amplitude constante) entre un niveau maximal (0 PD[ ) correspondant à une
contrainte dans les aciers de 270 MPa et un niveau minimal (0 PLQ ) correspondant à 33 ÷ 50 %
de 0 PD[ .
Figure 4.30: Augmentation de la valeur moyenne de l’ouverture des fissures sous sollicitations
maximales en fonction du nombre de cycles de chargement (entre 0 et 0 ); Rehm PD[ PLQ
et Eligehausen [63].
84 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
La figure 4.30 montre l’augmentation avec le nombre de cycles de l’ouverture des fissures
sous sollicitations maximales (0 PD[ ÐZ PD[). Cette augmentation semble être d’autant plus
importante que le taux d’armature passive ( ) est faible. Pour un taux d’armature de l’ordre de
= 0.5 %, l’ouverture maximale des fissures augmente de moins de 30 % après 10'000 cycles,
alors que pour = 1.5 %, elle augmente d’environ 15 %. Après 1'000'000 de cycles, ces
augmentations passent à 42 % pour = 0.5 % et à 25 % pour = 1.5 %.
Sur la base d’ essais du même type, Lovegrove et Din [53] proposent la relation empirique
suivante pour estimer l’augmentation de l’ouverture des fissures sous sollicitations
maximales, suite à un grand nombre de cycles (105 Q 108) :
Figure 4.31: Augmentation de l’ouverture moyenne des fissures sous sollicitations maximales en
fonction du nombre de cycles de chargement (entre 0 et 0 ); Rotilio [67].
PD[ PLQ
Enfin, les essais de Rotilio [67] (voir § 5.2) montrent que l’augmentation de l’ouverture des
fissures sous sollicitations maximales après 7'000 cycles est voisine de 10 % pour la poutre
G00 en béton armé, avec = 0.76 % et = 0, et qu’elle est de l’ordre de 20 % pour la poutre
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH)LVVXUDWLRQ 85
G03 en béton précontraint, avec = 0.41 % et = 0.3 (figure 4.31). Les éléments G06 et G10,
avec = 0.6 et 1.0 respectivement, ne permettent de tirer aucune conclusion (grande variation
du nombre de fissures pour G06, aucune fissure pour G10).
L’augmentation de l’ouverture des fissures sous sollicitations maximales dépend d’un grand
nombre de facteurs ( , qualité de l’adhérence, niveaux de chargement maximal et minimal,
nombre de cycles Q, …).
La figure 4.32 montre que notre modèle reproduit de façon fidèle la cinétique de
l’augmentation des ouvertures maximales des fissures (Z PPD[ ) sous sollicitations cycliques
d’amplitude constante. Relevons cependant que nous n’avons pas trouvé dans la littérature
des mesures d’augmentation des ouvertures résiduelles des fissures (Z PUHV ) sous sollicitations
cycliques d’amplitude constante.
wm [mm]
1.20
1.00 0.4
0.40
ρ [%] 0.8
0.20
1.2
0.4
0.00
0.8 wm,res
1.2
0 250000 500000 750000 1000000
n cycles
Figure 4.32: Modèle numérique: augmentation de la valeur moyenne des ouvertures des fissures sous
sollicitations maximales (Z ) et résiduelles (Z es) en fonction du nombre de cycles
PPD[ PU
Il ressort du modèle numérique qu’une succession de cycles demême amplitude conduit à une
augmentation de l’ouverture des fissures sous sollicitations maximales (Z PPD[ ) et, dans une
moindre mesure, une augmentation de l’ouverture résiduelle (Z PUHV ), c’est-à-dire sous
86 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
sollicitations permanentes ou minimales (voir figures 4.32 et 4.33). Ainsi, après 10'000 cycles
(ordre de grandeur vraisemblable à retenir pour les valeurs maximales des actions variables
déterminantes sur le comportement en service d’un pont routier), l’augmentation de
l’ouverture maximale des fissures est de l’ordre de 20 % tandis que l’augmentation de
l’ouverture résiduelle des fissures est de l’ordre de 15 %. Après 1'000’000 de cycles ces
augmentations passent à environ 30 % et 20 % respectivement.
ρ [%] ∆w [%]
Charge max = 4 [MPa] res
wm,res [mm]
n cycles temps
0.07
Charge perm. = -2 [MPa]
0.06 0.4
17%
0.05
0.04
0.02
1.2 20%
0.01
0
1 100 10000 1000000
n cycles
Figure 4.33: Modèle numérique: accroissement de l'ouverture résiduelle des fissures (Z ) avec le PUHV
Notons enfin que, conformément aux résultats des campagnes expérimentales présentés ci-
dessus (voir figures 4.30 et 4.31), la majeure partie de l’augmentation de l’ouverture des
fissures a lieu lors des premières centaines, voire seulement lors des premières dizaines de
cycles (voir figure 4.32). Notons au demeurant que, comme illustré en figure 4.30 pour les
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH)LVVXUDWLRQ 87
essais de Rehm et Eligehausen [63] et en figure 4.33 pour le modèle numérique, en reportant
le nombre de cycles sur une échelle logarithmique, l’augmentation de l’ouverture des fissures
ne semble pas tendre asymptotiquement vers une borne supérieure.
1RWH &H PRGqOH QH SHXW SDV WHQLU FRPSWH GX ©QHWWR\DJHª GH OD ILVVXUH DX FRXUV GHV
F\FOHV TXL HQJHQGUH XQH UpGXFWLRQ GH O¶RXYHUWXUH UpVLGXHOOH TXDQG OH QRPEUH GH
F\FOHV DXJPHQWH YRLU &H SKpQRPqQH HVW VXUWRXW YLVLEOH ORUVTXH OHV
ILVVXUHVVHVLWXHQWGDQVGHVSODQVYHUWLFDX[FHTXLHVWJpQpUDOHPHQWOHFDVGDQVOHV
WDEOLHUVGHSRQWILVVXUpV
En conclusion, l’augmentation des ouvertures résiduelles des fissures (Z PUHV ) avec des cycles
d’amplitude constante est relativement faible. En tous les cas, elle demeure inférieure à 15 %
après 10'000 cycles, et, dans la majeure partie des cas rencontrés dans la pratique, il y a tout
lieu de penser qu’une succession de cycles ne va pas contribuer grandement à l’augmentation
de l’ouverture résiduelle des fissures sous chargement permanent. Compte-tenu de tous les
autres facteurs affectant la grande variabilité de l’ouverture des fissures, nous nous
permettrons donc dans cette étude de négliger cette influence du nombre de cycles et de ne
considérer que l’endommagement correspondant au 1er cycle, qui est de loin le plus important.
Quant à l’augmentation, inférieure à 15 %, découlant de la répétition des cycles, il en sera
tenu compte par une évaluation prudente des sollicitations maximales (valeurs ) pendant la
durée d’utilisation possible de l’ouvrage.
'RPDLQHGHYDOLGLWp
Le modèle présenté ci-dessus admet que de part et d’autre de la fissure il existe, au-delà de la
longueur de transmission (l ), au minimum une section travaillant en stade homogène
U
Cette façon de procéder sous-entend que l’espacement des fissures (V ) est au minimum égal à U
2 fois la longueur de transmission (V 2l ), ce qui est strictement vrai en phase de IRUPDWLRQ
U U
88 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
GHV ILVVXUHV uniquement, phase dans laquelle il est généralement admis que l’on se trouve
sous une sollicitation usuelle de GpIRUPDWLRQ LPSRVpH (retrait empêché et/ou variation de
température).
Montrons dans ce qui suit que notre modèle demeure applicable sous charges imposées, et,
qu’en ce cas, il nous fournit des valeurs prudentes des ouvertures des fissures.
Il est usuellement admis que, VRXV FKDUJHV LPSRVpHV, un élément de béton armé fissuré se
trouve en phase de ILVVXUDWLRQ VWDELOLVpH, état pour lequel à mi-distance entre les fissures la
section ne se trouve pas en stade I ( ), du fait que l’espacement entre fissures voisines
V F
l ≤V ≤2l
U U U (4.14)
A niveau de chargement équivalent, plus l’espacement des fissures (V ) est faible (dans les
U
limites de l’équation 4.14), plus les fissures seront nombreuses et de faibles ouvertures. Si
l’espacement des fissures augmente, le nombre de fissures diminue et leurs ouvertures
augmentent. En général, il est admis un espacement moyen entre les fissures valant :
V = 1.33l
UP U (4.15)
Dès lors, en admettant V =2l , comme le fait notre modèle, la valeur de l’ouverture des
U U
fissures obtenue correspond théoriquement à la valeur la plus importante que l’on puisse
obtenir sous charges imposées, en phase de fissuration stabilisée. La valeur la plus faible de
l’ouverture des fissures est obtenue pour V =l , alors que pour V = 1.33l on obtient une
U U UP U
En conclusion, bien qu’il ne soit strictement applicable qu’à la phase de IRUPDWLRQ GHV
ILVVXUHV(VRXVGpIRUPDWLRQVLPSRVpHV), le modèle présenté ici est néanmoins apte à fournir une
YDOHXU SUXGHQWH de l’ouverture des fissures en phase de ILVVXUDWLRQ VWDELOLVpH (VRXV FKDUJHV
LPSRVpHV).
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH)LVVXUDWLRQ 89
eWXGHSDUDPpWULTXH
,QWURGXFWLRQ
Afin de pouvoir juger de l’influence des divers paramètres intervenant dans le contrôle de la
fissuration d’un élément de structure en béton armé précontraint sollicité par des actions
variables, nous avons procédé à une analyse paramétrique à l’aide du modèle présenté ci-
dessus (§ 4.3).
Dans cette section, nous montrons de façon succincte quels sont les facteurs influençant
l’ouverture résiduelle des fissures à l’état permanent, ainsi que l’ouverture maximale sous le
cumul des actions variables à l’état de service. On examinera successivement deux cas. Dans
le premier, on considère l’effet des variations de contraintes de traction ∆σ résultant des
actions variables (en général une combinaison de charge de trafic avec un gradient de
température concomitant). Dans le second cas, on examine l’effet de déformations imposées
seules, ce dernier cas de figure peut en effet se révéler déterminant lorsque ces déformations
sont élevées et totalement empêchées (parapet de pont bétonné ultérieurement, par exemple).
)LVVXUDWLRQVRXVFRQWUDLQWHVGHWUDFWLRQ∆σUpVXOWDQWG¶DFWLRQVYDULDEOHV
Comme indiqué au chapitre 3, les valeurs maximales des contraintes de traction ∆σ dans un
tablier de pont-poutre en béton sont généralement de l’ordre de 2 à 5 MPa,
exceptionnellement jusqu’à 6 MPa. Rappelons que ces valeurs de contrainte de traction ∆σ
ont été estimées sous des combinaisons d’actions variables comprenant les charges de trafic et
des gradients de température. Elles sont en principe applicables à l’effet d’actions résultant de
charges et/ou de déformations imposées, que la structure se trouve en phase de formation des
fissures (V UP ≥ 2 l ) ou en phase de fissuration stabilisée (l < V
U U UP < 2 l ). Rappelons que dans
U
ce dernier cas, plutôt exceptionnel pour un ouvrage sous conditions usuelles de service, le
modèle à la base de cette étude paramétrique fournit des résultats légèrement plus
conservateurs (voir § 4.3.5).
Par ailleurs, il se peut que les contraintes de traction ∆σ calculées élastiquement et en
supposant le béton homogène sous l’effet de déformations imposées seules, dépassent
exceptionnellement les valeurs indiquées ci-dessus. C’est notamment le cas d’éléments de
90 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
• utiliser les indications du présent paragraphe (si nécessaire en les extrapolant quelque peu)
en estimant la contrainte de traction ∆σ comme suit :
∆σ = -σ SHUP +I FWHI
• soit se rapporter aux indications du § 4.4.3 ci-après, qui aboutissent en principe à des
résultats équivalents à ceux présentés dans le présent paragraphe pour des valeurs de ∆σ
identiques.
L’étude paramétrique dont les résultats sont présentés ici n’est strictement valable que pour
des parois minces, c’est-à-dire que pour les parties d’un tablier de pont dont l’épaisseur est
inférieure ou égale à 0.30 m ; ceci, est notamment le cas de la dalle de roulement. Ces
résultats sont néanmoins applicables dans le cas d’éléments plus épais moyennant la
modification suivante.
En cas d’éléments d’ouvrage dont l’épaisseur est supérieure à 0.30 m, les résultats présentés
sur tous les graphiques dans ce paragraphe demeurent valables, à la condition de remplacer le
pourcentage d’armature ρ (rapporté à l’aire totale de la zone tendue de béton $ ) par le F
tendu $ , telle que définie au § 4.5.2.2, figure 4.50). Concernant la résistance effective à la
FHI
traction du béton I FWHI dans de tels éléments, on l’évaluera si nécessaire en tenant compte des
indications données au § 4.1.1.
3DUDPqWUHVLQIOXHQoDQWIDLEOHPHQWO¶RXYHUWXUHUpVLGXHOOHGHVILVVXUHV
• 4XDOLWpGXEpWRQ
Il ressort de la figure 4.34 que les ouvertures maximales des fissures (Z PPD[ ) sont influencées
de façon importante par la qualité du béton, et, sous un même niveau de sollicitations, sont
d’autant plus importantes que la qualité du béton est médiocre.
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH)LVVXUDWLRQ 91
0.60
+4.5
+4.0
0.40
-0.5 +2.0
-1.0
-2.0 wm,res
0.00 -3.0
20 30 40 50
fck [MPa]
Figure 4.34: Influence de la résistance du béton sur les valeurs moyennes des ouvertures des fissures
(I = valeur caractéristique à la compression sur cyclindre telle que définie dans
FN
l’Eurocode 2 [27])
En revanche, les ouvertures résiduelles des fissures (Z PUHV ) ne sont que faiblement tributaires
de la qualité du béton. Ceci est d’autant plus vrai que la contrainte de compression à l’état
permanent σ SHUP ) est grande en valeur absolue.
• 5pSDUWLWLRQGHO¶DUPDWXUHSDVVLYH
La figure 4.35 montre que la répartition des barres d’armature (ou le diamètre , à taux
d’armature contant) joue un rôle majeur pour le contrôle des ouvertures des fissures sous
sollicitations maximales (Z PPD[ ). Elles sont d’autant plus faibles que le diamètre est faible
pour un même taux d’armature ( ) [31]. Cependant, les ouvertures résiduelles des fissures
(Z PUHV ) ne sont que faiblement dépendantes de la répartition des barres d’armature. Ceci est
d’autant plus vrai que la contrainte de compression à l’état permanent (σ SHUP ) est grande en
valeur absolue.
sur petites éprouvettes, en raison des auto-contraintes dues à l’exécution et aux effets différés
(voir § 2.2.2). C’est la raison pour laquelle il sera renoncé à indiquer cette limite du seuil de
fissuration dans la plupart des graphiques qui suivent.
0.60
+4.5
wm,max
0.40 +4.0
+2.0 -0.5
-1.0
wm,res
-2.0
0.00 -3.0
10 12 14 16 18 20
Ø [mm]
Figure 4.35: Influence de la répartition des barres d'armature (ou du choix de ) sur les valeurs
moyennes des ouvertures des fissures sous sollicitations maximales (Z ) et PPD[
permanentes (Z ). PUHV
Ainsi, si la qualité du béton et la répartition des barres sont des paramètres importants
lorsqu’il s’agit des ouvertures des fissures sous sollicitations maximales, elles jouent un faible
rôle lorsqu’il s’agit des ouvertures résiduelles des fissures, à l’état permanent. Pour une
contrainte de compression à l’état permanent (due à la précontrainte) dépassant en valeur
absolue 2 MPa leur rôle est pratiquement insignifiant.
3DUDPqWUHVLQIOXHQoDQWIRUWHPHQWO¶RXYHUWXUHUpVLGXHOOHGHVILVVXUHV
• 7DX[G¶DUPDWXUHSDVVLYH
L’influence du taux d’armature passive (ρ) sur l’ouverture des fissures sous sollicitations
maximales (Z PPD[ ), en particulier lorsqu’il s’agit de structures en béton armé, a fait l’objet de
nombreuses études, et son importance n’est plus à démontrer (voir Farra [29] et Favre et
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH)LVVXUDWLRQ 93
al. [31]). En première approximation, l’ouverture des fissures sous sollicitations maximales
est inversement proportionnelle au taux d’armature disposé dans l’élément.
wm ,res [mm]
wk,res [mm]
0.25
0.35 σperm [MPa]
∆σ = 4.0 MPa
Ø 14 mm
0.30 0.20 C 30/37
0.0
0.25
0.15
0.20
0.10 -1.0
0.05
0.05 -2.0
-3.0
0.00 0.00
0.30% 0.45% 0.60% 0.75% 0.90% 1.05% 1.20%
ρ [%]
Figure 4.36: Influence du taux d’armature passive ( ) sur la valeur moyenne des ouvertures
résiduelles des fissures (Z ) pour diverses contraintes de compression à l'état
PUHV
permanent ( ).
SHUP
Le rôle de l’armature passive sur l’ouverture résiduelle des fissures est différent. La
figure 4.36 montre que le taux d’armature joue un rôle d’autant plus faible sur l’ouverture
résiduelle des fissures que la contrainte de compression à l’état permanent est élevée. Dès que
l’on atteint des contraintes de compression à l’état permanent ( SHUP ) élevées, de l’ordre de
2 MPa en valeur absolue, l’ouverture résiduelle des fissures diminue, en première
approximation, linéairement quand le taux d’armature passive augmente.
• &RPSUHVVLRQjO¶pWDWSHUPDQHQW
Les figures 4.37 et 4.38 montrent que la contrainte de compression à l’état permanent revêt un
rôle capital dans la valeur des ouvertures des fissures.
94 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
wk [mm] wm [mm]
0.15 1.00
∆σ = 4.0 MPa
0.12 Ø 14 mm
0.75 C 30/37
0.4
0.09
0.50 ρ [%]
0.06
ρ [%]
0.8
0.25
0.03
1.2 wm,max
0.4
0.8
1.2
0.00 0.00 wm,res
0.00 -0.50 -1.00 -1.50 -2.00 -2.50 -3.00
σperm [MPa]
Figure 4.37: Influence de la contrainte de compression à l'état permanent ( ) sur les valeurs SHUP
wm ,res [mm]
wk,res [mm]
0.25
0.35
∆σ = 4.0 MPa
ρ [%]
0.30 0.20 Ø 14 mm
C 30/37
0.25
0.15
0.20 0.3
0.4
0.15 0.10
0.6
0.10
0.8
0.05
1.0
0.05 1.2
0.00 0.00
0.00 -0.50 -1.00 -1.50 -2.00 -2.50 -3.00
σperm [MPa]
Figure 4.38: Influence de la contrainte de compression à l'état permanent ( ) sur la valeur SHUP
• ,QWHQVLWpGHVFRQWUDLQWHVGHWUDFWLRQ UpVXOWDQWGHVDFWLRQVYDULDEOHV
w m,res [mm]
0.40
σperm = -0.50 MPa
>@
C 30/37
Ø = 14 mm
0.30
0.2
0.20
0.4
0.10 0.6
0.8
1.0
0.00
2 3 4 5 6
∆σ [MPa]
Figure 4.39: Influence de l’intensité des sollicitations ( ) sur les ouvertures résiduelles des fissures
(Z ) en fonction du taux d'armature ( ), pour une faible contrainte à l’état permanent
PUHV
Les figures 4.39 et 4.40 indiquent l’influence du chargement maximal atteint sur l’ouverture
des fissures résiduelle (Z PUHV ) pour deux états permanents différents : SHUP = - 0.5 MPa et
- 3.0 MPa.
wm ,res [mm]
0.15
0.2
0.05
0.4
0.6
0.8
1.0
0.00
4 4.5 5 5.5 6
∆σ [MPa]
Figure 4.40: Influence de l’intensité des sollicitations ( ) sur les ouvertures résiduelles des fissures
(Z ) en fonction du taux d'armature ( ), pour une contrainte élevée à l’état permanent
PUHV
La valeur des ouvertures résiduelles des fissures sous sollicitations permanentes sont
principalement dépendantes de la contrainte de compression induite par la précontrainte.
L’armature passive joue également un rôle important. Cependant, ce rôle s’amenuise lorsque
la contrainte de compression devient importante, à savoir supérieure à 2 ÷ 3 MPa en valeur
absolue.
Les figures 4.41 et 4.42 montrent quelle est la relation entre la sollicitation variable (∆σ),
la contrainte à l’état permanent due à la précontrainte (σ SHUP ) et le taux d’armature ( )
pour deux valeurs caractéristiques de l’ouverture résiduelle des fissures admises égales à
(Z NUHV = 1.5 Z PUHV ):
σperm [MPa]
ρ [%]
=0
σ
-2.00
r
+∆
m
pe
σ
-1.50
-0.50
500
400
0.00
D
0.50
σs, max [MPa]
1.00
wk,res = 0.20 mm
Ø 14
1.50 béton C30/37
2.00
0.00 1.00 2.00 3.00 4.00 5.00 6.00
∆σ [MPa]
σperm [MPa]
=0
+ ∆σ
-2.00
m
per
wk,res = 0.20 mm
σ
-1.75
Ø 14
béton C30/37
-1.50
σs,max [MPa]
-1.25 ρ [%]
-1.00
E
800
-0.75
-0.50
500
-0.25
0.00 400
0.00 1.00 2.00 3.00 4.00 5.00 6.00
∆σ [MPa]
Figure 4.41: Relation entre sollicitations variables ( ), contrainte à l’état permanent ( ) SHUP
Pour une ouverture résiduelle des fissures et un taux d’armature donnés, la relation reliant ∆σ
àσ SHUP est quasi linéaire dans le cas d’éléments comprimés à l’état permanent (figures 4.41 b
et 4.42). La pente de cette relation dépend de la valeur admise pour l’ouverture résiduelle
98 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
=0
σ
-4.50
+∆
rm
pe
-4.00 wk,res = 0.05 mm
σ
Ø 14
béton C30/37 ρ [%]
-3.50
-3.00
-2.50
-2.00
-1.50
-1.00
-0.50
0.00
0.00 1.00 2.00 3.00 4.00 5.00 6.00
∆σ [MPa]
Figure 4.42: Relation entre sollicitations variables ( ), contrainte de compression à l’état permanent
( ) et taux d'armature ( ) pour une ouverture résiduelle caractéristique souhaitée
SHUP
Toutes les courbes tracées sur ces graphiques sont en principe valables sous réserve que les
aciers d’armature ne s’écoulent pas sous un niveau maximal de sollicitations à l’état de
service (voir § 4.1). Cette condition se manifeste concrètement sur ces graphiques par les
courbes limites indiquées en traitillés pour différentes valeurs de VPD[ (voir figure 4.41).
Rappelons toutefois qu’une telle limitation n’est pas forcément nécessaire dans tous les cas :
en particulier si la fissuration est contrôlée et, par conséquent, si l’écoulement des aciers est
empêché par des conditions géométriques (voir § 4.1.3 et 4.1.4)
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH)LVVXUDWLRQ 99
Toutes les figures de ce paragraphe ont été établies pour une seule classe de béton (C 30/37
selon l’Eurocode 2 [27], correspondant à B 45/35 selon la norme SIA 162 [72]) et pour un
seul diamètre de barres d’armature ( = 14 mm). La validité de ces figures et les conclusions
qui en découlent sont néanmoins très générales et s’appliquent à des valeurs différentes de la
classe de résistance du béton ou du diamètre des barres d’armature, étant donné la faible
influence de ces deux paramètres (voir § 4.4.2.1).
)LVVXUDWLRQVRXVGpIRUPDWLRQVLPSRVpHVHQSKDVHGHIRUPDWLRQGHVILVVXUHV
Bien qu’en principe ce type de sollicitation soit également couvert par les indications données
au paragraphe précédent, il est néanmoins utile de présenter certains résultats des études
paramétriques sous une forme différente et parfois plus appropriée. Ceci d’une part afin de
montrer l’influence des divers paramètres, et, d’autre part, afin de mieux mettre en évidence
les conséquences sur le dimensionnement au cas où ce type de sollicitation est prépondérant et
de grande intensité. Une telle situation peut par exemple se présenter lorsque le
raccourcissement par suite du retrait d’éléments de structures en béton de grande longueur est
fortement ou totalement empêché (bordures ou parapets de ponts, bétonnés ultérieurement).
Les ouvertures moyennes des fissures, dans ce qui suit, sont calculées sur la base de la
résistance effective à la traction du béton, I FWHI , qui permet, basée sur la résistance moyenne du
béton, I , de tenir compte de l’épaisseur et de l’âge de l’élément de structure fissuré
FWP
(voir § 4.1.1).
Il est bien connu que, sous déformation imposée, l’ouverture maximale des fissures (Z PPDx)
wm [mm]
0.50
wm,max
0.40
WP
Charge max = f ct,e f
perm = -3 MPa
0.30
Ø 14 mm
Charge perm. = -3 [MPa]
0.20
0.10
wm,res
0.00
20 30 40 50
fck [MPa]
Figure 4.43: Influence de la résistance du béton sur les valeurs moyennes des ouvertures des fissures
maximales (Z ) et résiduelles (Z ) sous une déformation imposée provoquant la
PPD[ PUHV
fissuration.
perm [MPa]
Charge max = f ct,ef
wm ,res [mm] WP
perm = -3 MPa
0.40
Charge perm. = σ perm
Ø 14 mm
+1.0
0.30
+0.5
0.20
0
0.10 -0.5
-1.0
-2.0
-3.0
-4.0
0.00
20 30 40 50
fck [MPa]
Figure 4.44: Influence de la qualité du béton sur l’ouverture résiduelle des fissures (Z PUHV ) en cas de
déformations imposées.
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH)LVVXUDWLRQ 101
Pour l’état de décompression (figure 4.45), la qualité du béton ne joue plus aucun rôle sur la
valeur de l’ouverture résiduelle des fissures. Le taux d’armature passive ( ) a par contre une
forte influence sur l’ouverture résiduelle des fissures. Cette dernière est d’autant plus faible
que le taux d’armature passive ( ) est important. Toutefois, l’influence du taux d’armature
diminue lorsque la contrainte de compression à l’état permanent augmente en valeur absolue
(figures 4.46 et 4.47). On notera également que la qualité du béton a une influence mineure
sur l’ouverture résiduelle des fissures et que, en première approximation, on peut la négliger.
0.05
20
...
0.00 0.05 50
0.40% 0.60% 0.80% 1.00% 1.20%
ρ [%]
Figure 4.45: Influence de la qualité du béton sur l’ouverture résiduelle des fissures sous déformations
imposées pour un état permanent correspondant à la décompression ( = 0 MPa). SHUP
102 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
t ≤ 0.3 m
wk,res [mm] wm ,res [mm] = -0.5 MPa
perm
0.30 0.20 Ø 14 mm
0.15 0.10
50
40
0.10 30
20
0.05
0.05
0.00 0.00
0.30% 0.60% 0.90% 1.20%
σperm [MPa]
Figure 4.46: Influence de la qualité du béton sur l’ouverture résiduelle des fissures sous déformations
imposées pour une faible contrainte de compression à l’état permanent
( = -0.5 MPa).
SHUP
0.09 0.06
0.03 0.02
0.00 0.00
0.30% 0.60% 0.90% 1.20%
ρ [%]
Figure 4.47: Influence de la qualité du béton sur l’ouverture résiduelle des fisures sous déformations
imposées pour un état de compression à l’état permanent ( = -3.0 MPa).
SHUP
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH)LVVXUDWLRQ 103
Au cas où ce sont les déformations imposées qui sont déterminantes, examinons quelles sont
les quantités d’armature à mettre en œuvre pour satisfaire aux exigences en matière
d’ouverture résiduelle des fissures (W 0.3 m) :
0.00 0.00
0.30% 0.60% 0.90% 1.20%
[%]
imposées.
104 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
La figure 4.48 montre l’influence qu’a l’épaisseur (W) de l’élément considéré sur la valeur de
l’ouverture résiduelle des fissures. Il est usuellement admis que la résistance effective à la
traction d’un élément de béton (I FWHI ) vaut la résistance moyenne à la traction du béton
mesurée sur éprouvettes (I ) minorée par un facteur κ (W) tenant compte de l’épaisseur de
FWP
Il apparaît très clairement que la résistance effective à la traction revêt un rôle capital sur
l’ouverture résiduelle des fissures. Cette dernière est d’autant plus faible que la résistance à la
traction effective de l’élément est faible. En première approximation, l’ouverture résiduelle
des fissures est proportionnelle à I ,
FW HI , et donc à κ (W).
5pVXPpGHVSULQFLSDX[UpVXOWDWV
L’influence des divers facteurs dans le processus de fissuration de structures en béton armé
(résistance du béton, armature, sollicitation variable en force ou en déformation imposée) sur
l’ouverture maximale des fissures (Z PD[ ) a fait l’objet de nombreuses recherches, et est
relativement bien connue (voir par exemple [29] et [31]). L’objet de ce chapitre était de
déterminer l’influence de ces mêmes facteurs sur la refermeture des fissures (Z ) sous l’effet UHV
d’une contrainte de compression induite par une précontrainte à l’état permanent ( SHUP ).
Il ressort de l’étude paramétrique conduite avec le modèle décrit dans le § 4.3 les
enseignements suivants :
• (IIHWGHVF\FOHV
Une VXFFHVVLRQ GH F\FOHV engendre une augmentation de l’ouverture résiduelle des fissures
comprise entre 0 et 15 % (pour Q = 10'000 cycles) pour autant que le niveau maximum d’une
sollicitation cyclique soit voisin du chargement maximal rencontré préalablement lors de
l’histoire de la structure. Si le niveau de sollicitation demeure nettement inférieur, la
répétition de cycles de chargement ne joue pour ainsi dire aucun rôle.
• )LVVXUDWLRQVRXVFRQWUDLQWHVGHWUDFWLRQ UpVXOWDQWG¶DFWLRQVYDULDEOHV
plus vrai que la contrainte de compression à l’état permanent ( SHUP ) est élevée en valeur
absolue ;
− Dans tous ce qui précède, il est admis que la sollicitation de traction dans les aciers
d’armature n’entraîne pas leur écoulement sous chargement maximal :
max
V =( SHUP + )/ I \N
• )LVVXUDWLRQVRXVGpIRUPDWLRQVLPSRVpHV
− Le taux d’armature passive ( ) a par contre une forte influence sur l’ouverture résiduelle
des fissures, qui diminue lorsque ce dernier augmente. Ce rôle à toutefois tendance à
s’amenuiser lorsque la contrainte de compression à l’état permanent augmente en valeur
absolue ;
En résumé, plus le degré de compression à l’état permanent ( SHUP ) est élevé, moins
l’influence des autres paramètres se fait ressentir, que la sollicitation soit une charge ou une
déformation. L’armature passive ( ) joue également un rôle important et doit être suffisante,
afin d’éviter l’écoulement des barres d’armature (σ VPD[ I ) sous le cumul des sollicitations
\
à l’état permanent et des sollicitations variables, que ces dernières soient dues à des charges
(∆σ) ou à des déformations imposées (ε correspondant à I FWHI ). En cas de déformations
imposées, la résistance à la traction effective joue également un rôle majeur sur l’ouverture
résiduelle des fissures.
Enfin, en cas de contraintes de traction à l’état permanent ( SHUP > 0), il n’est pas possible de
satisfaire à des exigences très élevées en matière d’ouverture résiduelle des fissures
(Z NUHV 0.05 mm). Il apparaît cependant possible, moyennant une forte armature ( ) ou une
faible sollicitation ( ), de satisfaire à des exigences élevées en matière d’ouverture résiduelle
des fissures (Z NUHV 0.20 mm).
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH)LVVXUDWLRQ 107
5HFRPPDQGDWLRQVSRXUO¶DUPDWXUHPLQLPDOHHQIRQFWLRQGHODSUpFRQWUDLQWH
Cette section constitue une proposition d’extension aux structures précontraintes des règles de
dimensionnement de l’armature minimale valables essentiellement pour les structures en
béton armé et figurant dans les normes récentes (voir § 4.1.3). Les résultats de cette recherche
ont en effet principalement établi qu’il est justifié, à ouverture de fissure équivalente, de
réduire les quantités d’armature passive à mettre en œuvre dans les structures en béton
précontraint. Sous réserve des conditions de non-écoulement des aciers sous sollicitations
maximales, il a été démontré que cette réduction de l’armature minimale nécessaire est
d’autant plus importante que la contrainte de compression à l’état permanent est grande en
valeur absolue.
/LPLWDWLRQGHODFRQWUDLQWHGDQVOHVDFLHUVG¶DUPDWXUHVRXVVROOLFLWDWLRQVPD[LPDOHV
Il n’est généralement pas toléré que les aciers d’armature dépassent leur limite d’écoulement
(I ) sous sollicitations exceptionnelles de service (voir § 4.1).
\N
En tous les cas, au niveau national (norme SIA 162 [72]) ou international (Eurocode 2 [27]), il
est demandé de limiter les contraintes de traction dans les aciers d’armature ( VPD[ ), calculées
en stade II sous sollicitations maximales de service. L’Eurocode 2 prescrit comme valeurs
limites de la contrainte dans les aciers (voir § 4.1.2.1) :
I ,
FW HI ≈
HI ,
V PD[ I \N (4.17)
Le respect des conditions (4.16) ou (4.17) sous sollicitations maximales devrait permettre
d’éviter l’apparition de fissures isolées et largement ouvertes.
5HPDUTXH
6L OH FRPSRUWHPHQW G¶XQH SDUWLH G¶RXYUDJH V¶DSSDUHQWH j FHOXL G¶XQ WLUDQW FHWWH
OLPLWDWLRQ GH OD FRQWUDLQWH GDQV OHV DFLHUV VPD[ HVW SOHLQHPHQW MXVWLILpH
H[WUpPLWpV GHV SRUWHjIDX[ SDUWLH PpGLDQH GHV GDOOHV VXSpULHXUH HW LQIpULHXUH
(OOHSHXWQHSOXVO¶rWUHORUVTXHO¶HVSDFHPHQWGHVILVVXUHVHVWSULQFLSDOHPHQWGLFWp
SDU GHV FULWqUHV JpRPpWULTXHV YRLU F¶HVWjGLUH ORUVTX¶RQ V¶pORLJQH GX
PRGqOH GX WLUDQW 'DQV FH FDV GDOOHV VXSpULHXUH HW LQIpULHXUH DX YRLVLQDJH GHV
kPHVOHVRXYHUWXUHVGHILVVXUHVVRXVVROOLFLWDWLRQVPD[LPDOHVVRQWLQGpSHQGDQWHV
GHODFRQWUDLQWHGDQVOHVDFLHUV VPD[
0pWKRGHJpQpUDOHSRXUOHFKRL[GHODSUpFRQWUDLQWHσSHUP
HWGHO¶DUPDWXUHPLQLPDOHρ
3DUDPqWUHVG¶HQWUpHRXH[LJHQFHV
• &RQWUDLQWHVYDULDEOHV∆σ
Des indications générales afin de calculer ces contraintes ∆σ dues aux actions variables
pour n’importe quel type de pont sont données au § 3.1. Des valeurs indicatives sur
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH)LVVXUDWLRQ 109
l’intensité de ces contraintes sous les différentes actions variables (trafic normal,
transport exceptionnel, gradient de température) sont par ailleurs données au § 3.2.
Dans le cas de ponts routiers, dont le système statique est une poutre continue à section
constante, il a été montré au § 3.3 que l’on peut admettre les valeurs approximatives
suivantes pour ces contraintes, estimées à 100 mm de la fibre extrême tendue :
Dans certains cas particuliers, notamment lorsque les sollicitations variables résultent
principalement de déformations fortement entravées, ces valeurs de ∆σpeuvent s’avérer
insuffisantes. On se référera alors aux indications du § 4.4.3.
• 2XYHUWXUHUpVLGXHOOHGHVILVVXUHVZ NUHV
Par ouvertures résiduelles des fissures (Z NUHV ) on entend les valeurs maximales ou
caractéristiques des ouvertures de fissures à l’état permanent. Selon les indications du
§ 4.1.2.5, il paraît raisonnable de graduer les exigences concernant ces ouvertures
résiduelles de la manière suivante pour les ponts en béton précontraint :
ZNUHV ≤ 0.20 mm en cas d’exigences « élevées », ce qui correspond aux exigences
normalement requises des structures précontraintes pour des motifs de
durabilité et ce qui correspond dans les cas usuels environ à l’état-limite
de décompression ;
ZNUHV ≤ 0.05 mm en cas d’exigences « très élevées » vivement recommandées pour la
dalle supérieure (de roulement) si une durabilité et, par conséquent, une
étanchéité élevées sont recherchées, en cas d’absence, de défaut ou de
dégradation d’un revêtement étanche.
Les valeurs recommandées de ces deux exigences (∆σ et Z NUHV ) pour un tablier de pont
routier en béton précontraint à section constante sont synthétisées sur la figure 4.49.
110 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
≈ 2.6 MPa
≈ 5.0 MPa
• 5pVLVWDQFHGXEpWRQjODWUDFWLRQ
La résistance effective à la traction du béton I FWHI n’intervient pas comme paramètre dans
les abaques. Dans la plupart des cas il est en effet plus prudent de ne pas en tenir compte.
Cette résistance effective dans un ouvrage ou certaines de ses parties est souvent aléatoire
et peut se révéler extrêmement faible, voire nulle, en raison des états de contraintes auto-
équilibrées résultant de l’histoire de la construction (étapes) et de retraits différentiels
(voir § 2.2.2). En cas d’importantes déformations entravées, il est toutefois nécessaire
d’en tenir compte et l’on se référera aux indications du § 4.4.3.
3DUDPqWUHVGHVRUWLHRXUpVXOWDWV
Les abaques donnés au paragraphe suivant permettent de choisir des couples de valeurs pour
la précontrainte (σ SHUP ) et pour l’armature minimale (ρ) à placer dans un tablier de pont de
manière à satisfaire aux exigences fixées.
A partir de la valeur découlant de ces abaques pour la contrainte dans le béton à l’état
permanent σ SHUP (qui est négative en cas de compression), il est possible de déterminer la
force moyenne de précontrainte 3 qui lui correspond (voir chapitre 2). De cas en cas,
P
l’ingénieur pourra se poser la question s’il ne serait pas judicieux de majorer d’environ 10 %
la valeur de la force de précontrainte ainsi trouvée pour le choix des câbles, compte tenu des
indications données au § 2.2.1 (voir équation (2.3), tirée de l’Eurocode 2).
Les abaques ont été établis pour des parties de section de faible épaisseur (W ≤ 0.30 m). Les
pourcentages d’armature minimale ρ qui en résultent sont des pourcentages totaux, rapportés
à l’aire totale de la zone de béton tendu $ . Ceci est en particulier valable pour la dalle
FW
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH)LVVXUDWLRQ 111
supérieure ou inférieure d'un tablier de pont. Pour les parties de ces dalles s’épaississant à
l’approche des âmes on appliquera les indications du § 4.5.4.3 (voir figure 4.52). Dans le cas
de dalles ou de parties de ponts d’épaisseur supérieure à 0.30 m, on pourra néanmoins
appliquer ces abaques. Les pourcentages d’armature minimale qui en découlent dans ce cas
sont à interpréter comme des pourcentages effectifs ρ rapportés à l’aire de la zone effective
HI
Figure 4.50: Définition de la zone effective de béton tendu conformément au Code Modèle 90 [15],
dans le cas : (a) d’une poutre fléchie; (b) d’une dalle fléchie; (c) d’une paroi, d’une âme
de pont ou d’une dalle, sollicitée à la traction centrée ou excentrée.
$EDTXHVJpQpUDX[GHGLPHQVLRQQHPHQW
Sur ces abaques (# A) on a également fait figurer les limites (droites en traitillé) correpondant
à différentes valeurs de la contrainte VPD[ dans les aciers d’armature sous sollicitation
maximale ( SHUP ). Le choix d’une valeur appropriée pour VPD[ sera effectué au moyen
des équations (4.16) ou (4.17) en fonction du type d’acier utilisé pour l’armature passive. Les
droites en traitillé, correspondant aux différentes valeurs indiquées pour VPD[ , délimitent les
taux d’armature minimale (ρ) en dessous desquels il ne faut pas descendre si l’on veut éviter
l’écoulement des aciers sous sollicitation maximale de service.
ρ [%]
1.50%
1.30%
σs,max [MPa]
1.10%
wk,res [mm]
0.20 0.10 0.05
0.90%
400
0.70%
500
0.50%
800
0.30%
1.50 1.00 0.50 0.00 -0.50 -1.00 -1.50
σperm [MPa]
$ 03D
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH)LVVXUDWLRQ 113
ρ [%]
1.50%
1.30%
σs,max [MPa]
1.10%
0.90% 400
wk,res [mm]
0.20 0.10 0.05
500
0.70%
0.50%
800
0.30%
1.00 0.50 0.00 -0.50 -1.00 -1.50 -2.00
σperm [MPa]
$ 03D
ρ [%]
1.50%
σs,max [MPa]
1.30%
1.10%
400
0.90%
500
wk,res [mm]
0.70% 0.20 0.10 0.05
0.50% 800
0.30%
0.50 0.00 -0.50 -1.00 -1.50 -2.00 -2.50 -3.00
σperm [MPa]
$ 03D
114 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
ρ [%]
1.50%
1.30% 400
1.10%
500
0.90%
0.50%
σs,max [MPa]
0.30%
0.50 0.00 -0.50 -1.00 -1.50 -2.00 -2.50 -3.00 -3.50 -4.00
σperm [MPa]
$ 03D
ρ [%]
1.50%
400
1.30%
1.10% 500
0.90%
wk,res [mm]
0.70% 0.20 0.10 0.05
800
0.50%
σs,max [MPa]
0.30%
0.00 -0.50 -1.00 -1.50 -2.00 -2.50 -3.00 -3.50 -4.00 -4.50 -5.00
σperm [MPa]
$ 03D
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH)LVVXUDWLRQ 115
ρ [%]
1.50%
1.30%
1.10%
0.90%
0.50%
0.30%
0.00 -0.50 -1.00 -1.50 -2.00 -2.50 -3.00 -3.50 -4.00 -4.50 -5.00
σperm [MPa]
ρ [%]
1.50%
1.10%
0.90%
0.70%
0.50%
0.30%
1.50 1.00 0.50 0.00 -0.50 -1.00 -1.50 -2.00
σperm [MPa]
ρ [%]
1.50%
1.10%
0.90%
0.70%
0.50%
0.30%
1.50 1.00 0.50 0.00 -0.50 -1.00 -1.50 -2.00
σperm [MPa]
5HPDUTXH
&RQFHUQDQWODYDOHXUOLPLWHGHODFRQWUDLQWHGDQVOHVDFLHUV VPD[ LOHVWLQWpUHVVDQW
GH UHPDUTXHU TXH SRXU OHV H[LJHQFHV WUqV pOHYpHV Z NUHV PP HW SRXU DXWDQW
TXHO¶RQDGRSWHODYDOHXU VPD[ 03DFHVOLPLWHVQHVRQWSDVGpWHUPLQDQWHV$X
FRQWUDLUH SRXU OHV H[LJHQFHV pOHYpHV Z NUHV PP FHV OLPLWHV SHXYHQW V¶DYpUHU
GpWHUPLQDQWHV
0pWKRGHVLPSOLILpHSRXUOHFKRL[GHODSUpFRQWUDLQWH
HWGHO¶DUPDWXUHPLQLPDOHρ
Dans le cas fréquent en Suisse de ponts routiers dont le système statique est une poutre
continue de hauteur constante (voir figure 2.4), il peut être commode de caractériser
l’intensité de la précontrainte au moyen du degré de compensation des déformations
(§ 2.1.1). Pour ce type de ponts et si la précontrainte est constante (aux pertes près) sur la
longueur de l’ouvrage et suit dans chaque travée un tracé parabolique, il est possible de
déterminer en fonction de σ SHUP , de la portée / et de la hauteur du caisson + au moyen de
l’équation (2.6) (voir § 2.2.1). Ceci permet d’établir une nouvelle série d’abaques simplifiés
(# C) pour le choix de l’armature minimale en fonction de la précontrainte (ρ - ).
ρ [%]
1.50%
30 ... 90 L [m]
1.30%
1.10%
0.90%
L [m] 90 60 45 30
0.70%
0.50%
0.30%
0.50 0.55 0.60 0.65 0.70 0.75 0.80 0.85 0.90 0.95 1.00
β
ρ [%]
1.50%
1.30%
30
1.10%
45
0.90% 60
90
0.70%
L [ m]
0.50%
0.30%
0.60 0.65 0.70 0.75 0.80 0.85 0.90 0.95 1.00
β
ρ [%]
1.50%
1.30% ]
L [m
90
5 60
30 4
1.10%
0.90%
0.70%
0.50%
90 60 45 30 L [m]
0.30%
0.50 0.55 0.60 0.65 0.70 0.75 0.80 0.85 0.90 0.95 1.00
β
ρ [%]
1.50%
1.30%
1.10%
0.90%
0.70%
0.50%
90 60 45 30 L [ m]
0.30%
0.60 0.65 0.70 0.75 0.80 0.85 0.90 0.95 1.00
β
Les abaques ont été volontairement limités à des valeurs de l’armature minimale comprises
entre 0.3 % et 1.5 %. Des pourcentages d’armature plus élevés que 1.0 ÷ 1.5 % ne nous
semblent en effet pas présenter d’intérêts pratique et économique pour une structure en béton.
Quant à la limite inférieure, elle est certainement arbitraire et discutable. Pour des raisons
constructives et de ductilité suffisante à l’approche de la ruine, il ne paraît en effet pas
raisonnable de disposer une armature passive plus faible que = 0.4 %.
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH)LVVXUDWLRQ 121
'LVWULEXWLRQGHO¶DUPDWXUHPLQLPDOHGDQVOHWDEOLHUG¶XQSRQW
Dalle Dalle
Sur appuis
inférieure supérieure
bc’ = 1 bc 1.0 m
3
L/5
①
bc
interm.
appuis
④
4 1
L/5
pile
À mi-travée
bc ’
②
mi-travée
3/ L
5
3 2 L
③
§ bc’ partout
Dalle sup.
PLQ① 0.6 %
A mi-travée ③ PLQ③
Dalle
0.4 %
inf.
La figure 4.51 montre comment répartir au mieux l’armature minimale de fissuration dans un
tablier de pont.
'DOOHVXSpULHXUH
au § 3.2.3. Dès lors, en bout des porte-à-faux, sur une bande de largeur valant le tiers
de leur portée, et au minimum 1 mètre, l’armature minimale ne devra pas être
inférieure à 0.6 %.
− ① : Sur appuis, sur une bande de 2 ⋅ / 5 , l’armature minimale doit être calculée pour
Z NUHV = 0.05 ou 0.20 mm (voir figure 4.49), = 2.6 MPa, et SHUP ①, ou SHUP ① est la
contrainte à l’état permanent caractéristique s’appliquant sur la dalle supérieure sur
appuis calculée selon les indications du § 2.2.1. Pour des raisons constructives et de
ductilité à l’approche de la ruine, l’armature minimale ne devra pas être inférieure à
0.4 % :
'DOOHLQIpULHXUH
− ③ : En travée, sur une bande de 3 ⋅ / 5 , l’armature minimale doit être calculée pour
Z NUHV = 0.20 mm (voir figure 4.49), = 5.0 MPa, et SHUP ③, où SHUP ③ est la
contrainte à l’état permanent caractéristique s’appliquant sur la dalle inférieure à mi-
travée calculée selon les indications du § 2.2.1. Pour des raisons constructives et de
ductilité à l’approche de la ruine, l’armature minimale ne devra pas être inférieure à
0.4 % :
− ④ : Sur appuis, sur la longueur restante, soit //5 de part et d’autre de l’appui,
l’armature minimale sera calculée pour ZNUHV = 0.20 mm (voir figure 4.49),
= 5.0 MPa, et SHUP ④, où SHUP ④ est la contrainte à l’état permanent s’appliquant sur
la dalle inférieure sur appuis :
=RQHVSOXVpSDLVVHVGHVGDOOHVJRXVVHWV
L’armature minimale déterminée au moyen des abaques précédents (§ 4.5.2 et § 4.5.3) est
strictement valable dans les zones du tablier sollicitées en traction presque centrée, à la
manière d’un tirant. Il s’agit essentiellement des zones médianes des dalles inférieure et
supérieure, ainsi que de l’extrémité des porte-à-faux (voir § 4.1.4). L’armature minimale sera
donc dimensionnée pour ces zones dont l’épaisseur est généralement plus faible, tout en
respectant les conditions énumérées à la figure 4.51. Il en résultera dès lors un pourcentage
total d’armature moins important à proximité des âmes, du fait de l’augmentation de
l’épaisseur des dalles (voir figure 4.52).
bc ’
ρ [%]
et V constants
≥ 0.6 %
≥ 0.4 %
≥ 0.4 %
et V constants ρ [%]
Figure 4.52: Disposition de l’armature minimale: Dimensionnement dans les zones de plus faible
épaisseur et prolongement des mêmes et du même espacement V dans les zones de
plus grande épaisseur (voir § 4.1.4).
On prendra cependant garde de ne pas appliquer cette règle aux zones éventuellement plus
épaisses en bout des porte-à-faux (parapets, bordures). Outre le fait que ces zones ne sont plus
sujettes au contrôle géométrique de l’espacement des fissures, elles sont fortement
124 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
'e)250$7,216
,QWURGXFWLRQGpIRUPDWLRQVjORQJWHUPHGHVSRQWV
La définition d’« état permanent » appliquée aux ponts en béton précontraint englobe l’état de
déformation de l’ouvrage à long terme. Les déformations d’un ouvrage à l’état permanent ne
cessent pas d’évoluer durant les 5 à 10 premières années. La raison principale de cette
évolution est le comportement visco-élastique du béton ou fluage. En règle générale, en terme
de déformations, le comportement à l’état permanent des ouvrages d’art est satisfaisant dans
la mesure où l’évolution des déformations se stabilise, est conforme aux attentes ou n’est pas
un critère important. Cependant certains ouvrages de part le monde ont présenté des
évolutions anormales de leurs déformations au niveau de leur intensité et/ou de leur cinétique.
Même la prise en compte du fluage ne parvient pas à reproduire les déformations de ces
ponts. Dans le cadre d’un travail de recherche entrepris à l’EPFL, il a été étudié dans quelle
mesure les actions variables pouvaient contribuer à l’accroissement des déformations à l’état
permanent [66]. Les actions variables ne sont actuellement pas considérées lors d’un calcul à
long terme des déformations. Si pourtant elles provoquent une fissuration, alors elles
induisent un accroissement supplémentaire des déformations. Ici les aspects et résultats
principaux de cette recherche sont présentés.
Les déformations ont été traitées au moyen de la loi moment-courbure. Cette dernière décrit le
comportement d’une section en béton armé ou en béton armé et précontraint. Grâce au
principe des travaux virtuels, la déformations de la structure s’obtient par intégration, sur
l’ensemble de la structure, de la courbure locale au droit des sections de calcul. Pour pouvoir
étudier les déformations des ponts précontraints sous actions variables, il faut que la loi
moment-courbure avec effort normal décrive la façon dont s’opère la décharge une fois que
l’action variable n’agit plus sur la structure. Comme une telle loi n’existait pas, le but de cette
recherche était de proposer une formulation de décharge applicable au cas des sections
précontraintes.
126 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
/RLPRPHQWFRXUEXUH&(%),3
Le Code Modèle CEB-FIP 90 [15] propose une loi moment-courbure non linéaire, qui tient
compte aussi bien de la fissuration que de l'armature passive, des câbles de précontraintes ou
encore des effets différés. Elle est en principe limitée à l'usage des poutres et des sections
massives avec un axe de symétrie vertical. Cependant son application à des sections caissons
(sections non-massives) s’est avérée valable [54]. Elle a été vérifiée expérimentalement pour
des bétons ordinaires [ 44] et des BHP [20].
La loi moment-courbure donne la valeur de la courbure moyenne pour tous les niveaux de
charges jusqu'à la ruine.
Il faut relever que la limite entre le stade I et le stade II n'est pas observée pour la valeur du
moment de fissuration 0 mais pour un moment inférieur défini comme 0
U UUHG .
N N
Mr = W1 fctm – ≅ Wc fctm – (5.1)
A1 Ac
La courbure est indifféremment désignée par le symbole « 1/U » ou « Ψ ».
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH'pIRUPDWLRQV 127
:
: module résistant en stade I, calculé en tenant compte de l’armature
$
: aire de la section en stade I, calculée en tenant compte de l’armature
$ F
: aire de la section de béton seul
1 : effort normal appliqué à la section (1 < 0 : compression ; 1 > 0 : traction)
I FWP
: résistance moyenne à la traction du béton découlant de l’essai de traction directe sur
éprouvettes cylindriques
0 UUHG
: moment de fissuration réduit; il est défini par l’intersection de l’hyperbole de la
courbure moyenne (1/U ) et de la droite définissant le stade I (1/U1).
P
Ainsi 0 correspond au moment qui provoque une contrainte de traction à la fibre extrême
U
Μ N<0
1/r
1
1/rm
1/rm N=0
Augmentation
de Mr,réd
U
Réduction
de la
courbure
L'effort normal peut être aisément intégré dans la relation moment-courbure dans le cas de la
précontrainte. Dans ce cas de figure l'effort normal est une force de compression constante.
Ce qui a pour effet de modifier les déformations de la section. En effet pour un moment
sollicitant donné, l'introduction de cet effort de compression va réduire la courbure de la
128 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
même section soumise uniquement à un effort flexionnel. Sur le diagramme cet effort se
traduit par un décalage de la branche de la courbe qui correspond au comportement stade II
fissuré. Le décalage est naturellement d'autant plus marqué que l'effort de compression est
important. L'autre conséquence favorable de l'introduction d'un effort normal est
l'augmentation du moment correspondant à la première fissuration (0 UUHG ) (figure 5.2).
La loi moment-courbure dans sa forme actuelle décrit bien l'état de déformation d'une section
lorsque l'effort croît de façon monotone. Par contre dans le cadre de notre recherche qui
s’occupe des déformations à long terme sous un chargement cyclique, nous avons besoin
d'une loi moment-courbure qui inclut les décharges et recharges associées à ce type de
sollicitation fluctuante. C'est-à-dire une loi moment-courbure avec une branche de décharge-
recharge. Le Code Modèle CEB-FIP 90 propose une loi de décharge, mais uniquement
valable pour le cas de la flexion simple (sans effort normal). La branche de décharge est
définie par la position du point A qui se trouve à l'intersection de la branche de décharge et de
la droite en stade I. La deuxième coordonnée du point A est égale à –0 /2 (figure 5.4).
U
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH'pIRUPDWLRQV 129
Cette loi est, par ailleurs, définie pour une seule décharge et recharge instantanée. On
remarque le découplage entre les courbures à long terme et l’action variable. Cette hypothèse
a été conservée.
Figure 5.4: Loi moment-courbure avec branche de décharge du Code Modèle 90 valable pour la
flexion simple
Comme on le voit, la décharge de la loi moment-courbure ne couvre pas le cas d'une section
fléchie et comprimée soumise à plusieurs cycles. De plus sa validité pour une section en béton
armé doit être vérifiée dans la mesure où la formulation actuelle repose sur un petit nombre de
résultats expérimentaux [44]. C'est pour tenter de combler ces lacunes que nous avons
entrepris une campagne expérimentale sur des poutres partiellement précontraintes soumises à
un chargement cyclique dont on a mesuré la loi moment-courbure. Nous avons cherché à
couvrir un éventail de combinaisons de paramètres aussi large que possible. Grâce aux
résultats expérimentaux, nous avons pu valider le modèle numérique que nous avons
développé. Ce dernier a ensuite été utilisé pour calculer plusieurs centaines de sections en
tous genre (les paramètres variables étaient : la forme, les dimensions, les proportions, le taux
d’armature passive, l’effort normal de compression, l’intensité de la charge) ce qui nous a
permis de proposer une correction de la loi moment-courbure avec décharge du Code Modèle
pour l'adapter au cas d'une section fléchie et comprimée soumise à une action cyclique.
130 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
Une telle loi est potentiellement applicable à toute section comprimée fléchie subissant une
décharge ouvrant ainsi son emploi à toute structure assimilable à une poutre.
5HFKHUFKHH[SpULPHQWDOH
2EMHFWLIV
Le but de la campagne était de mesurer la loi moment-courbure sur une section précontrainte
(effort normal 1 constant) soumise à un chargement répété (moment de flexion 0 variable).
En variant des paramètres comme les charges, les quantités de précontrainte et d'armature
passive, de précieuses informations sur la branche de décharge et recharge de la loi moment-
courbure, ainsi que sur sa dépendance du nombre de cycles, ont pu être recueillies pour un
large éventail de configurations. Des résultats plus complets ont fait l'objet de précédentes
publications [67] [68].
'HVFULSWLRQVGHVHVVDLV
'HVFULSWLRQGHVSRXWUHV
Les éléments testés sont des poutres en béton partiellement précontraintes. Les dimensions et
la géométrie des poutres, le système statique, ainsi que la qualité du béton ont été maintenus
identiques pour toutes les poutres qui étaient au nombre de six désignées par les noms : G00,
G03, G06, G08, G09 & G10. Les poutres mesurent 7 mètres de long. Les dimensions de la
section symétrique en forme de « I » ainsi que le plan d’armature sont donnés à la figure 5.5.
L’effort normal constant sur l’ensemble de la section a été obtenu grâce à deux câbles
rectilignes non-injectés.
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH'pIRUPDWLRQV 131
'HVFULSWLRQGXEkWLGHFKDUJH
L’essai a consisté à solliciter en flexion les poutres partiellement précontraintes. Une zone de
moment constant a été créée dans la partie centrale (figure 5.6 et 5.7). La mesure des
allongements de la fibre supérieure et inférieure dans la zone centrale a permis de reconstituer
la loi moment-courbure expérimentale de chaque poutre.
'HVFULSWLRQGHO¶KLVWRLUHGHFKDUJH
La sollicitation imposée était un moment répété transmis par les vérins. La répétition
sinusoïdale de la charge (> de 7'000 cycles) était fixée par une borne supérieure et inférieure
qui demeurait constante durant l’essai. La fréquence des cycles était de 3 cycles par minute.
&KDUJHPD[LPDOH4PD[
∆Q
&KDUJHPLQLPDOH4PLQ
VHF
WHPSV
3DUDPqWUHV
Les paramètres qui ont été variés d'une poutre à l'autre sont :
• le niveau de charge
• la qualité du béton
Deux séries de tests désignées « approche I » et « approche II » ont été effectuées comprenant
respectivement 4 et 3 essais (la poutre G10 a été utilisée deux fois). A l’approche I les
paramètres ont été fixés de telle sorte à reproduire l’état de sollicitation de 4 poutres de
134 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
résistance ultime similaire, mais avec des taux de précontrainte différents. Dans ce cas la
charge minimale correspond aux charges permanentes. A l’approche II, la charge maximale et
minimale était respectivement supérieure et inférieure à la charge de fissuration et
engendraient la même contrainte de traction. Les caractéristiques principales des poutres sont
données au tableau 5.1. Les combinaisons couvertes par la variation des trois paramètres est
illustrée à la figure 5.9.
200
Mmax
M [kNm]
150
6WDWH,,
Mmin
100
50
6WDWH,
0
As [mm2]
-50
500 320 mm
500 mm
1000
-100
1500
-150
0 50 100 150 200 250 300
N [kN]
Figure 5.9: Armature passive, moment et effort normal des poutres testées
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH'pIRUPDWLRQV 135
3ULQFLSDX[UpVXOWDWV
Comme dans le cadre de ce travail nous nous intéressons à l’état permanent, donc aux
déformations à long terme, examinons les courbures sous charge minimale. On observe que :
• Le fait de charger et décharger une structure, pour autant que celle-ci se fissure, engendre
une augmentation des courbures. Cette dernière est importante dès le premier cycle de
charge-décharge. La répétition de la charge accroît ultérieurement les déformations (voir
figure 5.10).
*,,
0RPHQW
0PD[
*
0PLQ
*
HU H
PRQWpH
F\FOH F\FOH
HQ
*, PRQWpHHQ HU H &RXUEXUH
FKDUJH
*
*
*
&RXUEXUH>P@
Figure 5.10: Courbure sous charge minimale de toutes les poutres lors de la montée en charge,
après la 1ère décharge et après la 7'000ème décharge
• Si la fissuration est atteinte la décharge ne se fait pas selon une branche de décharge
passant par l’origine. Toutes les branches de décharge cyclique d’une même poutre
passent par un même point pivot (point A) qui se trouve sur la droite du stade I.
L’augmentation du nombre de cycles ne fait qu’incliner progressivement les branches de
décharge. (voir figure 5.11 et 5.12).
&RXUEXUHPR\HQQH
6WDGH,
β
6WDGH,,QX
0PD[
0RPHQW>N1P@
0PLQ
3RXWUH*
&RXUEXUH>P@
Figure 5.11: Loi moment-courbure expérimentale avec cycles de décharge - Poutre G06
* N = 233 kN
Mmax / Mr = 1.4 *
N = 155 kN *
As = 113 mm2
8QORDGLQJDFFRUGLQJWR&(%),3
As = 616 mm2 0
* As = 113 mm2
0U
Mmax / Mr = 1.4
As = 616 mm2 *
U
3RLQW$>UU 0U@
Approach I *
Approach II
As = 1137 mm2
&XUYDWXUH> P@ &XUYDWXUH> P@
Figure 5.12: Loi moment-courbure expérimentale avec le 1er et le 7000ème cycle de décharge
pour toutes les poutres
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH'pIRUPDWLRQV 137
(WXGHSDUDPpWULTXH
0RGqOHQXPpULTXH
eWXGHSDUDPpWULTXH
eWXGHSDUDPpWULTXH
• 6HFWLRQVUHFWDQJXODLUHV
Les caractéristiques de la section avec les paramètres variables et constants, ainsi que les
propriétés des matériaux acier et béton, sont donnés ci-dessous à la figure 5.13.
Les différents moments maximum atteints avant la décharge (0PD[), ont été variés en
choisissant des multiples du moment de fissuration Mr.
b &2167$17(6 9$5,$%/(6
*pRPpWULHGHODVHFWLRQ
E : 300 mm K : 500 mm
K-G : 30 mm 750 mm
1000 mm
$UPDWXUHSDVVLYH
h d
ρ= $V/(E G)
Ø: 14 mm 0.25
As 0.50
[%]
0.75
1.00
%pWRQ $FLHU
(F : 30’000 MPa (V : 210’000 MPa
IFWP : 3.0 MPa I\ : 460 MPa
IFN : 30.0 MPa
*I : 0.100 Nmm/mm2
• 6HFWLRQVFDLVVRQ
Pour cette étude paramétrique, les propriétés des matériaux sont les mêmes que ci-dessus.
Comme ci-dessus, les paramètres variables sont la hauteur du caisson, le taux d'armature
passive, la compression à l’état permanent et les niveaux de sollicitation. Les valeurs
numériques de ces trois derniers paramètres sont les mêmes que celles de l'étude sur les
sections rectangulaires. Les hauteurs de sections utilisées sont 1.5 m, 3.0 m et 4.5 m.
b = 13 m
t sup = 0.25 m
h = L/20
t âme = 0.5 m
t inf = 0.25 m
b caisson = 6 m
Figure 5.14: Sections utilisées pour les calculs (voir aussi figure 2.4)
5pVXOWDWV
Dans un premier temps nous avons effectué des comparaisons entre le modèle numérique, qui
avait précédemment montré qu’il prédisait correctement le comportement des sections en
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH'pIRUPDWLRQV 139
Tableau 5.2: Comparaison entre le calcul Alphaflex et la loi CEB-FIP pour un 1er chargement
et après un chargement répété
On voit que la loi moment-courbure en l’état actuel est très fiable dans la prédiction des
courbures des sections précontraintes avant que ne soit opérée la décharge.
Pour étudier l’influence des actions variables sur l’état permanent, respectivement sur les
déformations, il est nécessaire de connaître le comportement à la décharge lorsque l’action
variable se réduit, voire disparaît. Sur un diagramme moment-courbure, cela se traduit par la
branche de décharge. A la figure 5.15 on montre l’ensemble des branches de décharge
calculées pour une section rectangulaire. Nous ne présentons pas ici tous les graphiques de
toutes les sections calculées, les résultats étant semblables. Les moments sont rendus
adimensionnels par rapport à 0PD[, le moment maximum atteint avant décharge. Sur le
graphique sont indiqués les paramètres. Les branches de décharge du graphe sont le résultat
des combinaisons de ces paramètres.
Les branches de décharge caractérisées par les plus grandes courbures sous 0PD[ sont les plus
plates et correspondent aux sections les moins armées. Le point A, pour ces sections, se
trouve proche de l'origine. Dans nos tests nous avons effectivement observé cela sur nos
poutres de l'approche II qui étaient faiblement armées. Ensuite à mesure que la courbure sous
0PD[ diminue la pente de la décharge se redresse et le point A s'abaisse. Lorsque la courbure
sous charge maximale avoisine celle du stade I les pentes deviennent très grandes et le
point A peut glisser très bas.
140 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
&DOFXOVGRQWOH
SRLQW$HVWSOXV
EDVTXH0PD[
0RPHQWDGLPHQVLRQQHO>@
0PD[
3RLQWV$
K P K
0PD[
ρ
0PD[0U
σSHUP 1PP
( ( ( ( ( ( (
&RXUEXUH>PP@
Figure 5.15: Ensemble des branches de décharge de la section rectangulaire de hauteur +=0.75m
dans une représentation adimensionnelle du moment après le 1er cycle.
On voit que la très grande majorité des points A calculés est comprise entre l'origine et la
valeur opposée au moment maximum (–0PD[). Sur la base de cette observation nous avons
formulé notre proposition de modification de la loi moment-courbure avec décharge pour le
calcul des déformations à long terme. On remarquera que les courbures avant décharge qui
correspondent à des points A inférieurs à (-0PD[) sont proches de celles du stade I. L’erreur
engendrée à l’état permanent est de ce fait minime et peut être considérée comme acceptable
(voir [66] pour plus de détails).
Le modèle numérique confirme bien que les plus grandes augmentations potentielles des
courbures se produisent pour des rapport de moments faibles, là où l'effet des cycles est le
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH'pIRUPDWLRQV 141
plus grand. Cette configuration se retrouve dans les structures caractérisées par des taux de
précontrainte intermédiaire (ordre de grandeur entre β = 0.4 et β = 0.7).
K P
K
ρ
F\FOHV
U
0
[
D
P
0
σS 1PP
$XJPHQWDWLRQGHODFRXUEXUHGXHDX[F\FOHV>@
Figure 5.16: Augmentation de la courbure après 10'000 cycles par rapport au 1er cycle en fonction
du niveau de sollicitation et de la précontrainte – valeurs relatives
142 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
3URSRVLWLRQG¶XQHEUDQFKHGHVFHQGDQWHSRXUODORLPRPHQWFRXUEXUH
Les enseignements tirés de l’étude paramétrique effectuée à l’aide du modèle physique, nous
a permis de formuler une proposition de branche de décharge de la loi moment-courbure
valable pour toutes les sections précontraintes. Comme la position du point A est admise sur
la droite du stade I avec la seconde coordonnée égale à –0PD[, la branche de décharge permet
de couvrir tous les cas significatifs calculés et fournit des courbures plutôt surestimées. Ce
modèle de prédiction donne donc généralement une borne supérieure.
0
Stade I
Courbure moyenne
Stade II-nu
Mmax
P=constant
Mg Mr,red
Sans fluage
1/rsuppl. U
-Mmax Point A
Figure 5.17: Proposition de branche de décharge de la loi moment-courbure avec effort normal
5HFRPPDQGDWLRQVFRQFHUQDQWOHGHJUpGHFRPSHQVDWLRQGHVGpIRUPDWLRQV
Jusqu’à présent le calcul des déformations d’un ouvrage a consisté à intégrer sur l’ensemble
de la structure la valeur de la courbure à l’état permanent en tenant compte du fluage et, dans
le meilleur des cas, de la fissuration. Ici nous avons vu qu’une contribution additionnelle
pouvait provenir des actions variables pour autant que ces dernières engendrent de la
fissuration. Nous avons également observé que la quantité de précontrainte, synthétisée par le
degré de compensation des déformations , joue un rôle déterminant dans le comportement à
long terme. Sur la base de cette étude il est possible de tirer quelques enseignements
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH'pIRUPDWLRQV 143
• une précontrainte plus élevée se traduit bien par des déformations plus faibles et une
fissuration plus contenue, voire nulle. Sur la base des résultats tant expérimentaux que
numériques, il apparaît raisonnable de ne descendre en aucun cas en dessous de = 0.6
pour le type de ponts étudié, afin d’éviter une fissuration trop importante. Cette dernière
peut être préjudiciable non seulement au niveau des déformations par les courbures
irréversibles qu’elle engendre, mais également au niveau de l’esthétique, de l’étanchéité et
de la durabilité (voir § 4.1.2).
au niveau de la durabilité et de l’esthétique. Dans cette optique et compte tenu de tous les
paramètres étudiés, la valeur de = 0.8 nous paraît correspondre à une exigence de qualité
minimale. Signalons enfin qu’une étude précédente, ayant par ailleurs fait l’objet d’une
publication de la VSS [34], a montré qu’une valeur de comprise entre = 0.8 et = 1.0
permet de limiter l’influence de la variabilité de paramètres tels que le module du béton (F,
la résistance à la traction IFW et le coefficient de fluage ϕ sur le comportement à long terme.
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH([HPSOHG¶DSSOLFDWLRQ 145
(;(03/('¶$33/,&$7,21
'RQQpHV
Soit un pont poutre en caisson infiniment long, de section constante sur toutes les travées de
portée / = 50 m, et dont l’élancement vaut /+ = 20 (le renforcement de la dalle inférieure au
voisinage des appuis est négligé).
13.0 m
0.50
0.35
0.25
2.5
0.30
0.20
6.0
Figure 6.1: Section d'un pont en béton précontraint, d'un élancement /+ = 20 et d'un grand nombre
de travées de portée / = 50 m.
Ce pont est réalisé en béton du type B 45/35 au sens de la norme SIA 162 (C 30/37 pour
l’Eurocode 2) dont les caractéristiques sont les suivantes :
• Le calcul de la fissuration résiduelle est basé sur des sections préfissurées, soit I FWHI =0
(voir § 4.5.2.1).
• Enfin, le module d’élasticité (( ) est admis égal à 32 GPa (28 jours) et le coefficient de
F
L’acier d’armature est un acier courant de type S 500, dont la valeur caractéristique de la
limite d’écoulement égale I = 500 MPa.
\N
146 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
Dans ces exemples, pour le choix de l’armature passive, à aucun moment n’interviennent des
considérations faisant appel à la sécurité structurale. L’armature dimensionnée ici est une
armature dont le seul rôle est de garantir un comportement en service satisfaisant. Il est
évident qu’en parallèle, un calcul ad hoc, non effectué ici, doit garantir que cette armature est
suffisante au respect de critères de ruine de la structure.
)LVVXUDWLRQ
(WDWVSHUPDQHQWVFRQVLGpUpV
Il est possible d’estimer les contraintes de compression à l’état permanent ( SHUP ) dans les
sections caractéristiques d’un pont en béton précontraint en fonction du degré de
compensation des déformations ; Ceci est rendu possible à l’aide du tableau 2.1 et de
l’équation (2.4) présentés dans le § 2.2.1. Pour le cas étudié (/ = 50 m ; /+ = 20) il vient :
Tableau 6.1: Contraintes de compression à l'état permanent ( SHUP ) en fonction de pour un pont de
portée / = 50 m et d'élancement /+ = 20.
6ROOLFLWDWLRQVYDULDEOHV
Dans le chapitre 3, nous avons montré quelles sont les contraintes de traction susceptibles
d’apparaître en section d’un pont sous les combinaisons déterminantes d’actions variables
(trafic et température, voir tableau 3.2).
Il ressort du tableau 3.2 que, pour un pont en caisson tel que celui défini dans notre exemple,
en adoptant pour la dalle supérieure sur appuis = +2.6 MPa et pour la dalle inférieure dans
le champ = +5 MPa, nous couvrons toutes les combinaisons d’actions les plus
défavorables (trafic 40 t ou transports exceptionnels + gradient concomitant 7).
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH([HPSOHG¶DSSOLFDWLRQ 147
&KRL[GHVH[LJHQFHVYLVjYLVGHODILVVXUDWLRQ
Pour les ponts en béton précontraint, nous avons défini deux niveaux d’exigences
(voir § 4.5.2.1, figure 4.49) :
Nous sommes d’avis que, lorsqu’il s’agit de la dalle inférieure, en raison du fait qu’elle n’est
pas en contact direct avec de l’eau, le niveau d’exigence élevé est suffisant (Z NUHV ≤ 0.20 mm).
Lorsqu’il s’agit de la dalle supérieure, indépendamment de la présence ou non d’une couche
d’étanchéité, nous recommandons de satisfaire aux exigences très élevées (Z NUHV ≤ 0.05 mm).
Ceci, afin de se prémunir contre toute infiltration d’eau, envisageable à long terme en cas
d’altération et de défaillance du revêtement étanche. De cas en cas, si la probabilité d’une telle
défaillance est très faible et si ses conséquences néfastes sont limitées et demeurent sous
contrôle, il pourra être justifié que le maître d’ouvrage fixe des exigences moins sévères
également pour la dalle supérieure (Z NUHV ≤ 0.10 ou 0.20 mm).
&KRL[GHODSUpFRQWUDLQWHHWGHO¶DUPDWXUHPLQLPDOHQpFHVVDLUHV
Après avoir déterminé les contraintes variables et les exigences requises en matière
d’ouverture résiduelle des fissures Z NUHV , il est possible de choisir à l’aide des abaques de
dimensionnement présentés au § 4.5.3 un couple formé de la valeur du degré de compensation
des déformations et de l’armature minimale (voir figure 6.2 et tableau 6.2).
148 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
ρ [%]
2.0%
/ = 50 m
da enc
ex
lle es
ig
/+ = 20
da
inf él
lle
ér ev
in
fé
ie ée
rie
ur s
1.5%
ur
e
e
/e
xig
en
ce
da
s
lle
trè
su
sé
1.0% pé
rie
le
vé
ur
e
e
/e
xig
en
ce
s
él exi dalle
0.5% ev gen su
ée ces péri
s très eure
é le
vée
s
0.0%
0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
β
Figure 6.2: Représentation graphique du pourcentage d'armature minimale ( ) à disposer dans les
éléments en fonction de la précontrainte ( ), de leur exposition (dalles inférieure ou
supérieure) et des exigences requises en matière d'ouverture résiduelle des fissures
(élevées ou très élevées).
Tableau 6.2: Armature à mettre en œuvre dans le pont étudié (/ = 50 m, /+ = 20) afin de satisfaire
les exigences vis-à-vis de l'ouverture des fissures en fonction de la précontrainte
choisie , en admettant 0.4 % (voir § 4.5.4, figure 4.51)
élevées env.
dalle inférieure à 2.00 % 1.30 % 0.80 % 0.60 % 0.40 %
Z NUHV 0.20 mm 1.00 %
mi-travée
très élevées* env. env.
= 5.0 MPa 1.80 % 0.75 % 0.40 %
wk,res 0.05 mm 2.60 % 1.00 %
L’analyse de la figure 6.2 et du tableau 6.2 nous permet de tirer les conclusions suivantes
concernant l’exemple considéré (/ = 50 m, /+ = 20):
# 'DOOHVXSpULHXUHH[LJHQFHVpOHYpHVRXWUqVpOHYpHV
• Si l’on souhaite requérir des exigences élevées pour la dalle supérieure sur appuis,
il est vivement conseillé d’opter pour 0.56. En effet, pour atteindre les
exigences élevées avec < 0.56, il est nécessaire de disposer une armature passive
importante, supérieure à 1.0 % ;
• Au même titre, si l’on souhaite requérir des exigences très élevées pour la dalle
supérieure sur appuis il est conseillé d’opter pour 0.68. En effet, pour atteindre
les exigences très élevées avec < 0.68, il est nécessaire de disposer une armature
passive importante, supérieure à 1.0 % ;
• Il est déraisonnable de requérir des exigences très élevées avec 0.6 % (quantités
d’armature irréalistes 2.5 %) ;
• Dès que LO VXIILW GH SODFHU XQH DUPDWXUH PLQLPDOH § 0.4 % pour
satisfaire à n’importe quel niveau d’exigences en matière de fissuration résiduelle.
En effet, même si théoriquement il serait possible de satisfaire l’une ou l’autre des
exigences avec un taux d’armature inférieur, pour des raisons constructives ainsi
que de ductilité suffisante à la ruine, il n’est pas conseillé de descendre en-dessous
de 0.40 % (voir § 4.5. 4, figure 4.51);
• En conséquence, pour 0.76, les exigences très élevées sont assurées avec
= 0.40 %.
# &RQFHUQDQWODGDOOHLQIpULHXUHH[LJHQFHVpOHYpHV
• Si l’on souhaite requérir des exigences élevées pour la dalle inférieure à mi-travée,
il vivement conseillé d’opter pour 0.72. En effet, pour atteindre les exigences
élevées avec < 0.72, il est nécessaire de disposer une armature passive
importante, supérieure à 1.0 % ;
• Dès que XQH Pême quantité d’armature minimale ≤ 0.6 % satisfait à la
fois, pratiquement, aux exigences élevées ou très élevées ; ce qui signifie que
150 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
l’ouverture résiduelle des fissures est très peu dépendante de l’armature passive
mise en œuvre pour des valeurs élevées de ;
De façon générale, si HW TXHOOHV TXH VRLHQW OHV H[LJHQFHV UHTXLVHV SRXU OD GDOOH
supérieure (élevées ou très élevées), les quantités d’armature à y disposer sont moins
importantes que celles à placer dans la dalle inférieure pour y respecter les exigences élevées,
compte tenu principalement du fait que les sollicitations s’exerçant sur la dalle supérieure
( § 2.6 MPa) sont nettement plus faibles que celles s’exerçant sur la dalle inférieure
( § 5 MPa).
Dans la poursuite de l’exemple, pour le calcul des déformation de l’ouvrage, nous choisissons
les combinaisons suivantes :
#1 = 0.6
#2 = 0.8
#3 = 1.0
Figure 6.3: Disposition de l’armature minimale longitudinale choisie dans la section du pont pour le
degré de compensation des déformations = 0.8.
&DOFXOGHVIOqFKHV
5DSSHOGHVGRQQpHV
Le pont étudié pour ce qui est des déformations est le même que celui présenté au § 6.1 pour
les choix de la précontrainte et de l’armature minimale nécessaires.
A la fin du § 6.3, sont indiqués les taux d’armature correspondant aux degrés de
compensation des déformations retenus = 0.6, 0.8 et 1.0.
+\SRWKqVHVGHFDOFXO
Le calcul des flèches a été effectué pour le pont poutre décrit au § 6.1 avec les 3 possibilités
retenues pour le choix de la précontrainte et de l’armature passive qui en découle, comme
indiqué précédemment : = 0.6, 0.8 et 1.0. Dans les 3 cas, on a calculé la flèche à long terme
sous l’effet des charges permanentes et de la précontrainte, puis la flèche maximale sous le
cumul de toutes les charges y compris une charge variable, et enfin la flèche à long terme
tenant compte d’un éventuel accroissement résultant de 10'000 cycles charge-décharge pour la
charge variable.
152 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
Comme actions variables, 2 scénarios sont été envisagés dans les calculs, en ne retenant qu’un
cas de charge de trafic seul sans superposition avec un gradient de température pour les 2
scénarios :
(1) Charge de trafic courant avec poids lourds de 40 t, associée à la valeur optimiste
IFWHI =IFW ∞ = 2 MPa pour la résistance du béton à la traction ;
(2) Transport exceptionnel de type I selon SIA (4'800 kN), associé à la valeur pessimiste
IFWHI = 0.
Les charges variables sont prises en compte en intégrant la loi moment-courbure avec branche
de décharge présentée au § 5.5. C’est-à-dire qu’après un calcul à long terme sous charge
permanente incluant la fissuration et le fluage, 10'000 cycles de charge-décharge
correspondant aux actions variables pendant la durée de vie prévisible de l’ouvrage sont
appliqués.
WHPSV WHPSV
0YDULDEOH W W
0SHUP
1/r suppl.
U
U ORQJWHUPH
Figure 6.4: Principe du calcul des déformations à long terme avec prise en compte du fluage, de la
fissuration et d'une action variable : diagramme moment-courbure.
5pVXOWDWVDXJPHQWDWLRQGHODIOqFKHVRXVFKDUJHVYDULDEOHV
Sous un trafic de 40 tonnes aucun des trois ponts, quelle que soit la valeur 0.6 ≤ ≤ 1.0, ne
développe de fissuration suffisamment importante pour avoir une répercussion au niveau des
flèches. Ainsi après l’application de la charge variable les trois ponts regagnent l’état de
déformation qui était le leur à l’état permanent avant application de la charge variable.
Signalons que pour = 0.6 sous charge maximale, des contraintes de traction se développent
à la fibre extrême, cependant celles-ci restent pratiquement partout inférieures à la résistance à
la traction effective admise égale à I FWHI = 2.0 MPa. Dans certaines sections où cette contrainte
est localement dépassée, la hauteur de la zone fissurée est très limitée. Comme ce cas ne
concerne que les sections soumises aux pointes de moments près des appuis intermédiaires,
la répercussion sur la grandeur des flèches est insignifiante.
6RXVXQWUDQVSRUWH[FHSWLRQQHO6,$W\SH,
N1HWDYHFIFW
Quoique plutôt rare, ce cas de charge est néanmoins assez représentatif du niveau de
sollicitation maximum possible pour un pont routier sous l’effet des actions variables à l’état
de service. Étant donné qu’il agit seul, sans combinaison avec des variations de température,
il induit des sollicitations variables correspondant à toute combinaison plausible d’une
charge de trafic d’un niveau inférieur, par conséquent plus fréquente, avec un gradient de
température concomitant (voir § 3.3).
Tableau 6.3: Augmentation de la flèche à l’état permanent sous action variable (transport
exceptionnel SIA type I de 4'800 kN).
Cet exemple montre qu’une aggravation des flèches à l’état permanent, résultant d’un
endommagement progressif sous les actions variables, peut devenir sensible pour des valeurs
du degré de compensation de la précontrainte inférieures ou égales à 0.8. Elle peut même
devenir très importante pour des faibles valeurs de § &HV UpVXOWDWV VRQW IRUWHPHQW
dépendants des hypothèses faites concernant la résistance effective du béton à la traction I FWHI
En outre, il faut rappeler que vu l’incertitude sur la force de précontrainte réellement présente
dans l’ouvrage, l’Eurocode 2 recommande de tenir compte d’un facteur de minoration de 0.9
(voir équation 2.3). Ainsi, il faudrait au fond étudier les flèches avec des valeurs réduites de .
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH6\QWKqVHHWFRQFOXVLRQV 155
6<17+Ê6((7&21&/86,216
5pSHUFXVVLRQGHO¶DSWLWXGHDXVHUYLFHVXUODFRQFHSWLRQGHVSRQWV
Ainsi il est indispensable de prévoir une précontrainte et une armature minimale suffisantes
dans tous les cas où il est nécessaire, soit de limiter les fissures traversantes permanentes dans
la dalle du tablier, fissures préjudiciables à l’étanchéité et donc à la durabilité d’un pont, soit
d’éviter des déformations augmentant progressivement au cours du temps pour atteindre des
valeurs trop importantes et excédant largement celles attribuables au fluage.
Afin de limiter l’ouverture des fissures telles que présentes à l’état permanent, la valeur des
contraintes permanentes SHUP joue évidemment un rôle déterminant. En effet, les fissures
susceptibles de s’ouvrir sous l’effet de contraintes variables , se refermeront d’autant mieux
que SHUP est une contrainte de compression élevée. Quant à l’armature minimale longitudinale
à mettre en place, elle doit contribuer à rendre acceptable l’ouverture des fissures traversantes.
Plus il y aura de précontrainte, plus SHUP sera donc élevé et moins il faudra d’armature
minimale.
Puisqu’il s’agit de limiter les fissures traversantes présentes à l’état permanent dans la dalle
du tablier d’un pont (p.ex. dalles supérieure et inférieure d’une section à caisson), les
contraintes SHUP et sont calculées à 0.10 m de la fibre extrême d’une section. Ainsi le
problème d’une flexion composée peut être ramené à celui de la traction pure. En effet, la
résultante des contraintes trapézoïdales de traction dans une dalle de 0.25 à 0.35 m
d’épaisseur se situe environ à cette profondeur.
156 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
La contrainte dans le béton à l’état permanent SHUP est principalement fonction du facteur
de compensation des déformations dû à la précontrainte. La contrainte de compression SHUP
est d’autant plus grande en valeur absolue que est élevé. La valeur maximale correspond à
un balancement total ( ≈ 1). Dans le cas d’un pont poutre continu à section constante et avec
une précontrainte à tracé parabolique, SHUP diminue en valeur absolue lorsque diminue,
s’annule pour ≈ 0.6 et change même de signe pour < 0.6, ce qui signifie que l’ouvrage est
sollicité par des contraintes de traction à l’état permanent pour de faibles valeurs de . La
valeur de SHUP est extrêmement sensible à toute variation du facteur de compensation des
déformations, donc à tout écart des forces effectives de précontrainte par rapport à celles
calculées. Si, par suite d’erreurs et de contrôles insuffisants lors de la mise en tension ou de
pertes plus importantes que celles estimées, l’intensité réelle de la précontrainte est par
exemple inférieure de 10 % à celle prévue, la contrainte de compression SHUP à l’état
permanent est réduite de 0.5 à 1 MPa en valeur absolue pour un pont d’environ 50 m de
portée.
'LIIpUHQFHGHFRQWUDLQWHV∆σUpVXOWDQWGHVDFWLRQVYDULDEOHV
Les actions variables sur les ponts routiers consistent essentiellement en les actions du trafic
courant, de transports exceptionnels et de gradients de température. Les études théoriques et
numériques ainsi que les essais en laboratoire réalisés dans le cadre de ce mandat de recherche
ont démontré que ce qui est déterminant pour l’aptitude au service et le comportement à long
terme de l’ouvrage (fissuration et déformations), ce sont les valeurs extrêmes des actions
variables n’intervenant que peu fréquemment à l’état de service. Au contraire, les actions
variables de plus faible amplitude intervenant très fréquemment, par exemple
quotidiennement, n’ont pratiquement aucune répercussion.
,ODSSDUWLHQWHQSULQFLSHDXPDvWUHGHO¶RXYUDJHGHIL[HUGDQVXQFDKLHUGHVFKDUJHVRXGDQV
GHVGLUHFWLYHVO¶LQWHQVLWpGHVDFWLRQVYDULDEOHVjFRQVLGpUHU.
Pour ce faire, il tiendra compte du type de route dont fait partie l’ouvrage, ainsi que de la
nature et de l’importance du trafic. Les valeurs maximales des contraintes de traction qui
en résultent sous les combinaisons déterminantes d’actions variables pourront être calculées
dans chaque cas, au moyen des indications du § 3.1.
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH6\QWKqVHHWFRQFOXVLRQV 157
En l’absence de valeurs déterminées selon cette procédure, le maître d’ouvrage – ou, par
défaut, l’auteur d’un projet de pont – pourra adopter les valeurs forfaitaires suivantes pour ces
contraintes , représentatives de combinaisons vraisemblables d’actions variables
déterminantes (voir § 3.3.) :
• ≈ 5 MPa dans la dalle inférieure d’un caisson ou dans la partie inférieure des
poutres, à mi-portée.
Ces valeurs tiennent compte des conditions de trafic européen (40 t). Sous les conditions
actuelles du trafic suisse le plus sévère ( 28 t, Goeschenen), les valeurs de sont environ de
10 à 20 % inférieures dans le cas des ponts en caisson mais ne diminuent guère pour les ponts
à section ouverte.
Le risque et les conséquences de la fissuration ainsi que les mesures à prendre pour y faire
face dépendent essentiellement de SHUP et de . L’ouvrage sera fissuré dès que la somme
algébrique de SHUP (négative en cas de compression) et de est supérieure ou égale à la
résistance effective I FWHI du béton à la traction. La fissuration est d’autant plus importante
que la contrainte de compression SHUP est faible en valeur absolue (ou surtout s’il s’agit
d’une contrainte de traction) et que la sollicitation variable est élevée.
Afin que l’ouvrage satisfasse à toutes les exigences spécifiées ou normalement attendues
durant son utilisation, il est nécessaire de prendre des mesures appropriées afin de contrôler la
fissuration. Il s’agit principalement de limiter les ouvertures des fissures à l’état permanent,
en général déterminantes pour juger de la qualité, c’est-à-dire de l’étanchéité, de la durabilité
et de l’esthétique d’un pont en béton. Des fissures occasionnellement plus importantes sous
certaines combinaisons d’actions variables en service ( SHUP + ) ne sont généralement pas
préjudiciables. Ceci toutefois, à la condition de s’assurer que la contrainte dans les aciers
demeure inférieure à leur limite d’écoulement I \N sous sollicitations maximales à l’état de
service.
Compte tenu des indications du § 4.1.2, il paraît raisonnable de graduer de la manière suivante
les exigences en matière d’ouverture résiduelle (= à l’état permanent) des fissures dans les
158 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
Ces valeurs Z NUHV des ouvertures de fissures tolérables à l’état permanent constituent des
valeurs maximales ou caractéristiques correspondant approximativement à une fois et demie
les valeurs moyennes observables.
,O HVW GX UHVVRUW GX PDvWUH G¶RXYUDJH GH IL[HU FODLUHPHQW OHV H[LJHQFHV HQ PDWLqUH GH
ILVVXUDWLRQHWHQSDUWLFXOLHUFRQFHUQDQWODYDOHXUOLPLWHZ NUHV SRXUOHVRXYHUWXUHVUpVLGXHOOHV
GHVILVVXUHVWUDYHUVDQWHVjO¶pWDWSHUPDQHQW.
Si la valeur limite Z NUHV PPQHVHPEOHJXère être controversée, il n’en est pas de même
en ce qui concerne une limitation plus sévère pour la dalle supérieure. Pour cette dalle,
indépendamment de la présence ou non d’une couche d’étanchéité, nous recommandons de
satisfaire aux exigences très élevées (Z NUHV PP&HFLDILQGHVHSUpPXQLUFRQWUHWRXWH
infiltration d’eau, envisageable à long terme en cas d’altération et de défaillance du
revêtement étanche. De cas en cas, si la probabilité d’une telle défaillance est très faible et si
ses conséquences néfastes sont limitées et demeurent sous contrôle, il pourra être justifié que
le maître d’ouvrage fixe des exigences moins sévères également pour la dalle supérieure
(Z NUHV YRLUHPP
&KRL[GHODSUpFRQWUDLQWHHWGHO¶DUPDWXUHPLQLPDOH
la moyenne arithmétique dans le temps entre la précontrainte initiale 3R′ , compte tenu des
pertes par frottement, et la précontrainte finale 3∞). Afin d’assurer un comportement
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP &KDSLWUH6\QWKqVHHWFRQFOXVLRQV 159
satisfaisant à long terme des ponts routier en béton précontraint, tenant compte de l’effet des
actions variables, nous recommandons les valeurs minimales de indiquées dans le
tableau 7.1 Ces valeurs ont été établies pour des poutres continues à section constante et avec
un tracé parabolique des câbles.
Tableau 7.1: Valeurs minimales du degré de compensation des déformations dû à la précontrainte
en fonction de la quantité moyenne d’armature minimale entre les dalles supérieure sur
appui et inférieure à mi-portée, nécessaire pour satisfaire à des exigences très élevées
d’aptitude au service pour la dalle supérieure de roulement avec Z ≤ 0.05 mm et à
NUHV
des exigences élevées pour la dalle inférieure du tablier avec Z ≤ 0.20 mm.
NUHV
Les indications données dans ce tableau montrent que les valeurs nécessaires de sont
d’autant plus grandes que les portées sont courtes. Les faibles portées nécessitent une
précontrainte relativement élevée (0.8 ≤ ≤ 1). L’armature minimale nécessaire pour
satisfaire aux exigences en matière de fissuration est fortement dépendante du choix de ,
c’est-à-dire de la quantité de précontrainte.
Plus la contrainte de compression à l’état permanent SHUP est grande en valeur absolue (ce qui
correspond à des valeurs élevées de ), moins l’ouverture résiduelle des fissures et, par
conséquent, la qualité et la durabilité de l’ouvrage sont dépendantes de la quantité d’armature
passive disposée. Afin de pouvoir satisfaire aux performances requises en matière de
fissuration avec une armature minimale raisonnable ( PLQ ≤ 1%), la valeur de ne devrait en
aucun cas être inférieure à 0.65 ou 0.70 afin d’assurer l’étanchéité de la dalle supérieure (Z NUHV
pour satisfaire aux exigences très élevées en matière de fissuration de la dalle supérieure
(Z NUHV ≤ 0.05 mm). Pour des ouvrages de portées courantes (/ ≤ 40 m), une précontrainte
importante (0.8 ≤ ≤ 1) est vivement recommandée quelle que soit l’armature minimale
disposée. Au chapitre 5 ainsi que dans l’exemple du chapitre 6, il a en outre été montré
qu’une précontrainte importante ( YRLUH VLO¶RQWLHQWFRPSWHG¶XQH UpGXFWLRQ
possible de 10 % de la force de précontrainte conformément aux indications de l’Eurocode 2,
voir § 2.2.1) permettait également de limiter fortement – voire d’éviter – une augmentation de
la flèche à long terme résultant de l’effet des actions variables et s’ajoutant à l’effet du fluage
(voir en particulier § 6.4.3).
,O DSSDUWLHQW j O¶LQJpQLHXU FKDUJp GH OD FRQFHSWLRQ HW GH O¶pWXGH GX SRQW GH FKRLVLU XQH
TXDQWLWp MXGLFLHXVH GH SUpFRQWUDLQWH RX DXWUHPHQW GLW GH FKRLVLU OD YDOHXU GX GHJUp GH
FRPSHQVDWLRQGHVGpIRUPDWLRQV.
Sur ce dernier point, rappelons une fois encore l’un des résultats majeurs de cette étude : à
savoir que le choix d’une précontrainte élevée ( RXFRQWUDLQWHGHFRPSUHVVLRQà l’état
permanent σ SHUP à 3.0 MPa en valeur absolue) permet de réduire sensiblement les taux
d’armature minimale requis selon les normes actuelles, en particulier l’Eurocode 2. Les
exigences de ces dernières n’étant pleinement justifiées que dans le cas des structures en
béton armé ou faiblement précontraintes.
E F
E 1
F E = E
F F
1.00 m
3
Figure 7.1: Valeurs mimimales recommandées de l’armature passive ( ) à disposer dans les dalles
d’un tablier de pont en béton précontraint. Les pourcentages minimaux = ( , / dans
les différentes zones sont ceux indiqués dans le tableau 7.1 ou résultent de calculs plus
détaillés, selon le § 4.5. Pour les zones de dalle plus épaisses, l’armature sera maintenue
constante (voir figure 4.52). Pour la répartition longitudinale de l’armature, voir
figure 4.51.
Les résultats et les indications résumés ci-dessus ne s’appliquent en principe qu’aux ponts en
béton précontraint ayant fait l’objet des études présentées dans ce rapport. Rappelons qu’il
s’agit de ponts à section transversale en caisson ou à section ouverte, dont le système statique
est une poutre continue de hauteur constante et d’élancement //+ = 20, quel que soit le
nombre de travées supérieur ou égal à trois, et dont le système de précontrainte a un tracé
parabolique. Ces résultats ne peuvent donc pas être utilisés sans certaines modifications pour
d’autres types d’ouvrage et de précontrainte (par ex. ponts poussés ou ponts en
encorbellement).
Pour les cas plus généraux, ce rapport fournit toutefois également des indications pratiques,
en particulier des abaques, pour le dimensionnement ou la vérification détaillée, section par
section, de ponts en béton, à effectuer lors des études d’exécution. On y trouvera des abaques
pour le choix de la précontrainte ( SHUP ) et de l’armature minimale ( PLQ ) correspondant aux
niveaux requis de sollicitations variables ( ) et de limitation des ouvertures résiduelles de
fissures (Z NUHV ). Ces indications pratiques pour une vérification détaillée permettent de traiter
n’importe quel ouvrage en béton de même que les ouvrages en béton armé sans précontrainte
ainsi que la dalle de roulement des ponts mixtes.
162 ,QIOXHQFHGHVDFWLRQVYDULDEOHVVXUO¶pWDWSHUPDQHQWGHVSRQWVHQEpWRQSUpFRQWUDLQW
Mandat OFROU 88/94 à l’EPFL-IBAP 5pIpUHQFHVELEOLRJUDSKLTXHV 163
5e)e5(1&(6%,%/,2*5$3+,48(6
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