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1. Le culte VAUDOU, tel qu’il est pratiqué à Haïti, est originaire du Bénin (vodu ou vodun, dans la langue des Fons,
signifie « esprit, divinité »). Les esprits ou loas y apparaissent comme des divinités intermédiaires entre l’Être suprême
(Bon Dyé, Gran Mèt), trop respectable et trop lointain, et les humains.
Ils sont le plus souvent organisés en familles (les Guédé, les Ogou, les Simbi, les Zaka…), bien que, dans la pratique, il
ne soit pas toujours aisé de savoir si les noms apparentés représentent des entités distinctes ou de simples « avatars »
d’une même entité. Ils relèvent en même temps de plusieurs « rites ». Le plus important et le plus bénéfique, le rite
Rada, prolonge la tradition dahoméenne (le vodoun proprent dit), tout en intégrant celle des Yorubas (la tradition Nago)
et des Ibos. De son côté, le rite Petro, plus récent, est souvent plus violent : il semble s’agir d’une création locale
(« créole »), influencée toutefois par les Bantous (certains y rattachent le rite Congo, originaire d’Afrique centrale).
Du point de vue linguistique, les noms des loas offrent deux caractéristiques complémentaires :
— Issus de traditions orales, ils offrent à l’écrit de nombreuses variantes : Erzulie-Zyeux-Rouges peut apparaître sous
les formes Erzulie Zieux-rouges, Ezulie-Zyeux-Rouges, Ezili-z'yeux-rouges, Erzulie Zés Rouge, Erzulie Ge-Rouge,
Erzulie jé rouge, Erzulie-je-wouj, Èzili Je-Wouj…
— De nombreuses formes reflètent les caractéristiques phonétiques du créole haïtien, comme dans les exemples suivants :
Azaka Tonnerre Azaka Tonnè ou Tonè
Baron-Cimetière Bawon Simityè
Bossu trois cornes Bosou Twa Kòn
Erzulie Taureau Ezili-towo
Grand Bois Gran Bwa
Guédé Cinq Jours Malheureux Gede Senk Jou Malere
Il existe des centaines (voire des milliers) de loas vaudous. Le présent dictionnaire se limite à quelque 300
dénominations – soit plus de 800 formes, compte tenu des variantes. Nous ajoutons, à la fin de la nomenclature,
quelques noms caractéristiques du vaudou de Louisiane.
2. Au-delà du vaudou, nous amorçons en annexe l’exploration de ses origines africaines et des autres cultes afro-
américains apparentés – plus particulièrement le candomblé brésilien et la santería cubaine. Trois sources principales
peuvent être mises en évidence :
– les VOD(O)UNS des Fons du Bénin (et de leurs voisins Ewés), dont un certain nombre sont à la source du vaudou
haïtien, et qu’on retrouve au Brésil dans le candomblé « Jeje ;
− les ORISHAS des Yorubas (principalement du Nigéria), qui, relativement peu nombreux dans le vaudou (voir surtout
la famille des Ogou), inspirent plus largement les orixas du Brésil, dans le candomblé « Ketu » ou « Nagô » et les
orichas cubains, dans la santería ;
− les divinités originaires de l’ancien Royaume du Kongo, qui réapparaissent dans le candomblé bantou
(« Congo/Angola »), ainsi que dans le palo cubain (cf. aussi le « rite Congo » du vaudou).
Nous nous limitons provisoirement aux deux premières catégories – les vodouns, les orishas et leurs prolongements
latino-américains –, tout en mentionnant les dieux suprêmes qui, au-delà des divinités intermédiaires, se situent au
sommet de leurs panthéons respectifs (Mawu-Lisa pour les Fons, Olodumare, Olorun ou Olofi pour les Yorubas).
Les données que nous présentons sont extraites du Dictionnaire des noms de divinités dont nous poursuivons la réalisation.
L’objectif est d’appliquer aux religions et aux mythologies des principes lexicographiques aussi rigoureux que possible,
avec une prise en compte très large des variantes. Les sources sont constituées pour l’essentiel par des études spécialisées
imprimées ou disponibles en ligne. Le Web n’est utilisé qu’après recoupement et vérification des informations.
On trouvera ici quelques divinités directement dérivées des dieux fons et yorubas, dans le candomblé brésilien et
la santería cubaine. Dans la colonne « Source », le nom africain correspondant n’est indiqué que s’il diffère de la
forme latino-américaine présentée en entrée. Les vodouns sont d’origine FON, les orishas d’origine YORUBA.
Dan → Dangbé nm Brésil (candomblé Jeje) vodoun, serpent divinisé; [de dan, "serpent" en langue fon]
Yemanja Yemanjá nf Brésil (candomblé) Yemaja, orisha de l'eau douce, déesse de la maternité;
Iemanjá [devenue, au Brésil, déesse de l'Océan]
→ Yemaya
Yemaya Yemayá nf Cuba (santería) Yemaja, orisha de l'eau douce, déesse de la maternité;
→ Yemanja [devenue, à Cuba, déesse de l'Océan et des eaux salées en
remplacement d'Olokun, orisha de la mer]
Yewa #1 Yewá nf Brésil (candomblé) orisha de la rivière Yewa (Nigeria); [parfois considérée, au
Ewa Brésil, comme l'épouse d'Oxumare]
Ewá
Yewa #2 Yewá nf Cuba (santería) orisha de la rivière Yewa (Nigeria); [elle semble représenter, à
Yeggua Cuba, la solitude, la chasteté et la mort?]
Yegguá