Beruflich Dokumente
Kultur Dokumente
religieuses
Prigent Pierre. In Principio. Interprétation des premiers versets de la Genèse. In: Revue d'histoire et de philosophie religieuses,
54e année n°3,1974. pp. 391-397;
doi : https://doi.org/10.3406/rhpr.1974.4213
https://www.persee.fr/doc/rhpr_0035-2403_1974_num_54_3_4213
IN PRINCIPIO
***
J'ai assez dit les qualités de cet ouvrage pour pouvoir mainten
sans risque d'être mal compris, signaler une piste de recherche qui, du
qu'elle intéresse plusieurs spécialités, n'a été vraiment suivie par person
Dans sa très fine et sagace contribution, P. Nautin étudie la curi
forme que prend Gen. 1, 1 dans la translittération de l'hébreu qu'en do
Irénée (Démonstration 43), forme substantiellement confirmée par une
tation de XAdversus Praxean (5, 1) de Tertullien : « Au commencem
Dieu a créé un fils, puis le ciel et la terre ».
Quelle que soit l'origine de ce texte (P. Nautin la fait remonter,
vant en cela Jérôme, à l'œuvre d'un juif converti au christianisme : la c
troverse de Jason et de Papiscos, écrite vers 140), il est clair qu'elle
être cherchée en terrain juif ou judéo-chrétien : Irénée a connu ce t
en hébreu ; sa forme l'apparente au genre targumique ; la phrase cont
même sans doute l'une des doxologies qui suivent traditionnellement
nom de Dieu dans le Judaïsme 2. Tout ceci est assez incontestable. M
doit-on s'arrêter là ? Ne peut-on poser la question des origines premi
ÉTUDES CRITIQUES 393
sives à tenter d'en élucider les problèmes. Dans une communication don¬
née au Congrès d'A.T. tenu à Oxford en 1959 4, il estime le texte corrom¬
pu : on peut en effet déceler, devant le verbe shiklel la trace d'un wmv.
Il faut donc traduire : « et acheva », ce qui suppose un premier verbe,
évidemment «créa». C'est ce verbe qui, dans notre texte actuel, est lu
« fils » sans qu'il soit besoin de changer pour autant la moindre lettre. A ce
moment c'est le sujet des deux verbes qui manque. Il faut le suppléer d'a¬
près la fréquente habitude du Targum : Memera, la parole (de Yahwé).
Voici la traduction du texte restitué : « Dès le commencement, avec sages¬
se, la parole de Yahwé créa et acheva les deux et la terre ».
Ce texte aurait semblé trop chrétien (cf. Jn 1, 1-3) à un copiste juif
qui aurait rayé Memera. Ce qui aurait entraîné la suppression (par un
chrétien ?) du wmv devant le deuxième verbe. Du coup le premier verbe
est lu comme
blement chrétienne.
un substantif et le verset prend une signification indénia¬
cation première. * **
Diez Toutes
Macho ces
restituait.
remarques orientent vers un texte proche de celui que A.
tardivement
7 desβf laCette
M.
Blllerbeck
même
Gineburger,
àInterprétation
plusieurs
pageΠ, rappelle
p.Das
357.Fragmenttenthargum,
autres
est
que
spéculations.
signalée
le premier
par G.
mot
Vajda,
Berlin
de laInGenèse
1899.
Principio,
a donné
p. 27.lieu
La note
plus
ÉTUDES CRITIQUES 395
Un jalon plus ancien, plus proche du modèle juif, et donc plus im¬
portant se trouve dans le Kerygma Petrou cité par Clément d'Alexandrie
en Stromates VI, 7, 58 : « Unique est réellement Dieu qui a établi une
archè
se référant
à toutes
évidemment
choses, comme
à : Enl'écrit
archèPierre,
Dieu créa
désignant
le ciel
le et
Fils
la premier-né
terre ». Et le
et
texte se poursuit en précisant que ce Fils est aussi nommé Sagesse par les
prophètes 10.
Ces quelques textes, dont la liste pourrait sans nul doute être am
fiée, suffisent à montrer que les spéculations des plus anciens auteurs
tiens sur Gen. 1,1 attestent une réelle dépendance par rapport aux
gèses juives. Est-il dès lors interdit de penser que le titre de Premi
qui est fréquemment allégué par les Pères, mais seulement secondaire
mis en relation avec Col. 1,15, pourrait bien provenir, lui aussi, des
se
ditions
ou lajuives
Loi. ? Bien entendu il y désignait, nous l'avons déjà dît, la S
les doublets de traduction du mot Bereshit ne sont pas les traces d'effor
variés, plus ou moins indépendants mais parallèles, pour servir une mêm
interprétation
christianisme ? dont
15. les prolongements se laisseront déceler jusque dans
P. Prigent,
Centre d'analyse et de documentation patristiques,
Université des sciences humaines de Strasbourg.