Sie sind auf Seite 1von 138

No d’ordre 236-2005

LYCEN – T 2005-42

Thèse
présentée devant

l’Université Claude Bernard Lyon-I

pour l’obtention du

DIPLOME de DOCTORAT
Spécialité PHYSIQUE THEORIQUE

(arrêté du 25 avril 2002)

par

Matthieu LEFRANÇOIS

Théorie des champs topologiques et mécanique


quantique en espace non-commutatif

Soutenue le 5 décembre 2005


devant la Commission d’Examen

Jury : M. F. Delduc
M. F. Gieres Directeur de thèse
M. M. Kibler Président du jury
M. M. Schweda Rapporteur
M. N. Maggiore Rapporteur
M. F. Thuillier
U NIVERSITÉ C LAUDE B ERNARD - LYON 1
Institut de Physique Nucléaire de Lyon

Mémoire de thèse
pour l’obtention du grade de
Docteur de l’Université Claude Bernard - Lyon 1
Spécialité : Physique
au titre de l’École doctorale de Physique et Astrophysique fondamentale Rhône-Alpes

présentée et soutenue publiquement le 05 décembre 2005


par M. Matthieu L EFRANÇOIS

  

   


   

  


Devant la commission d’examen formée de :


M. François D ELDUC
M. François G IERES (directeur de thèse)
M. Maurice K IBLER
M. Nicola M AGGIORE (rapporteur)
M. Manfred S CHWEDA (rapporteur)
M. Frank T HUILLIER
i

Remerciements

Tout d’abord, je tiens à remercier très sincèrement François Gieres qui dirigea cette
thèse, ainsi que Jose Luis Boldo, Clisthenis Constantinidis, Aldo Deandrea et Olivier
Piguet sans qui ce travail n’aurait pas vu le jour. Ils ont contribué à créer une atmosphère
de travail stimulante et particulièrement enrichissante.
Je suis très reconnaissant à Nicola Maggiore et Manfred Schweda d’avoir accepté
d’être rapporteurs de ce manuscrit.
Je remercie également Maurice Kibler, qui a accepté de présider le jury, ainsi que
François Delduc et Frank Thuillier pour leur participation au jury ainsi que pour les
critiques très constructives qu’ils ont pu apporter à ce manuscrit.
J’ai pu bénéficier à l’IPNL d’un cadre très convivial grâce à un grand nombre de
personnes, en particulier Thomas, David, Hubert et Aziz (dont le bureau a accueilli bon
nombre de pauses café), Noël, Philippe, Lucile Chosson, Clément, Dany, Thibaut, Sylvie,
Emmanuel, Maurice Giffon, Cédric, Magaly, Philippe, Véronique, Sandrine, Bertrand et
d’autres que j’oublie forcément. . .
Impossible pour moi de ne pas mentionner toutes les personnes que j’ai pu cotoyer
du côté de l’ENS ces (sept !) dernières années. Impossible pour moi également de les
mentionner tant ils sont nombreux. J’espère qu’ils savent combien ils ont contribué à
leur manière à faire de cette étape lyonnaise une aventure très agréable. S’ils ne le savent
pas, je me ferai un plaisir de le leur dire à la moindre occasion.
Je pense aussi à ma famille qui n’a jamais cessé de m’encourager dans cette voie.
Enfin, merci à Agathe pour m’avoir accompagné ces dernières années et m’avoir
soutenu dans les bons et les mauvais moments.
1

Table des matières

Introduction 7

Préliminaires 11
1 Théories de jauge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.1 Groupe de jauge abélien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.2 Groupe de jauge non abélien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2 Formes différentielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.1 Produit extérieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.2 Définition des formes différentielles . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.3 Dérivée extérieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.4 Champs de vecteurs, produit intérieur et dérivée de Lie . . . . 14
3 Quantification et formalisme BRST . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
3.1 Propagateur et invariance de jauge . . . . . . . . . . . . . . . . 15
3.2 Le formalisme de Becchi, Rouet, Stora et Tyutin . . . . . . . . . 15

A Théories des champs topologiques et symétries 19

1 Généralités sur les théories topologiques et sur le superespace 21


1.1 La topologie en théorie des champs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
1.1.1 Le monopôle magnétique de Dirac et sa généralisation au mo-
nopôle de ’t Hooft et Polyakov . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
1.1.2 L’effet d’Aharonov et Bohm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
1.1.3 L’instanton . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
1.2 Qu’est-ce qu’une théorie topologique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
1.2.1 Théories topologiques de type Schwarz . . . . . . . . . . . . . . 27
1.2.2 Théories topologiques de type Witten . . . . . . . . . . . . . . . 28
2 Table des matières

1.2.3 Le twist topologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28


1.3 Étude des symétries des théories topologiques . . . . . . . . . . . . . . 29
1.3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
1.3.2 Le superespace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
1.3.3 Degré de forme et degré total . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

2 Théorie de Yang-Mills topologique 33


2.1 Différences entre Yang-Mills ordinaire et Yang-Mills topologique . . . 34
2.1.1 Rappel sur la théorie de Yang-Mills ordinaire . . . . . . . . . . 34
2.1.2 Action de Yang-Mills topologique . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2.2 Symétries et lois de transformation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.2.1 Formulation générale dans le superespace . . . . . . . . . . . . 35
2.2.2 Superjauge de Wess et Zumino . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
2.2.3 Comparaison avec d’autres approches . . . . . . . . . . . . . . 38
2.2.4 Réécriture des symétries sous la forme d’un seul opérateur . . 39
2.3 Cohomologie équivariante en jauge de Wess et Zumino . . . . . . . . . 39
2.3.1 Observables de Donaldson et Witten . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.3.2 Définition de la cohomologie équivariante . . . . . . . . . . . . 40
2.3.3 Formulations alternatives de la cohomologie équivariante . . . 41
2.4 Cohomologie dans la superjauge générale . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
2.4.1 Cohomologie équivariante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
2.4.2 Équations de descente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.4.3 Étude de la contrainte de supersymétrie . . . . . . . . . . . . . 43
2.4.4 Équations de bi-descente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
2.5 Résolution des équations de bi-descente . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
2.5.1 Remarque préliminaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
2.5.2 Équations de superdescente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
2.5.3 Solutions générales des équations de bi-descente . . . . . . . . 50
2.6 Applications et développements explicites . . . . . . . . . . . . . . . . 51
2.6.1 Représentation graphique des équations de bi-descente . . . . 51
2.6.2 Exemples d’observables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
2.7 Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3

3 Approche d’une théorie topologique de la gravité 57


3.1 Les différents formalismes de la relativité générale . . . . . . . . . . . . 58
3.1.1 Formalisme métrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
3.1.2 Formalisme du premier ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
3.1.3 Formalisme du second ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
3.2 Les précédentes formulations de la gravité topologique . . . . . . . . . 59
3.2.1 Formalisme du premier ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
3.2.2 Approche métrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
3.3 Champs et symétries dans le superespace . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
3.3.1 Formulation générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
3.3.2 Algèbre des transformations BRST . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
3.4 Réduction à la jauge de Wess et Zumino . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
3.4.1 Conditions de jauge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
3.4.2 Algèbre BRST dans la jauge de Wess et Zumino . . . . . . . . . 67
3.4.3 Autre approche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
3.4.4 Remarques sur les différentes approches . . . . . . . . . . . . . 69
3.5 Détermination des observables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
3.5.1 Observables dans le formalisme d’horizontalité . . . . . . . . . 70
3.5.2 Observables dans le formalisme de superespace . . . . . . . . . 74
3.6 Remarques sur la fixation de jauge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
3.7 Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75

B Mécanique quantique et géométrie non-commutative 77

1 Vivre en espace non-commutatif ? 79


1.1 Rappel sur le système de Landau en mécanique quantique . . . . . . . 80
1.2 Algèbre non-commutative en dimension quelconque . . . . . . . . . . 81
1.3 Algèbre non-commutative en dimension 2 . . . . . . . . . . . . . . . . 82
1.3.1 Notations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
1.3.2 Représentations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
1.4 Représentations de l’algèbre non-commutative en dimension quel-
conque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
4 Table des matières

1.5 Non-commutativité positionnelle et produit-étoile . . . . . . . . . . . . 88


1.6 Conséquences pour la théorie quantique . . . . . . . . . . . . . . . . . 89

2 Mécanique quantique en espace non-commutatif 91


2.1 Potentiel scalaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
2.2 Le système de Landau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
2.3 Le système de Landau avec potentiel harmonique . . . . . . . . . . . . 93
2.3.1 Cas général . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
2.3.2 Cas où   . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
2.4 Le système de Landau avec potentiel central . . . . . . . . . . . . . . . 96
2.5 Variétés non triviales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97

3 Mécanique quantique supersymétrique en espace non-commutatif 99


3.1 Supersymétrie en mécanique quantique ordinaire . . . . . . . . . . . . 99
3.1.1 Principales définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
3.1.2 Forme explicite d’un système supersymétrique . . . . . . . . . 100
3.2 Supersymétrie en espace non-commutatif . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
3.2.1 Généralités sur les systèmes quantiques en espace
non-commutatif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
3.2.2 Hamiltoniens supersymétriques en espace non-commutatif . . 102
3.2.3 Application : Oscillateur harmonique en espace
non-commutatif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102

Conclusion 105

Bibliographie 107

A Démonstrations des principaux théorèmes 115


A.1 Cohomologie de  modulo  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
A.2 Équations de bi-descente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
A.3 Solutions générales des équations de bi-descente . . . . . . . . . . . . . 118
A.3.1 Énoncé de la proposition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
A.3.2 Superformes tronquées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
5

B Approche métrique 127


B.1 Notations générales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
B.2 Algèbre des transformations BRST . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
B.3 Conditions d’horizontalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
B.4 Comparaison avec le formalisme de second ordre . . . . . . . . . . . . 130
B.5 Observables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
B.5.1 Cas de la dimension  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
B.5.2 Cas de la dimension  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
7

Introduction

Au début du XXème siècle, la physique a subi deux révolutions majeures et pourtant


incompatibles (du moins jusqu’à maintenant) : la théorie de la relativité générale et la
théorie quantique. Si la première est l’oeuvre d’Albert Einstein, la deuxième a connu
son essor grâce aux travaux de Planck, Bohr, Schrödinger, Heisenberg et bon nombre
d’autres. Ces deux théories ont profondément changé notre manière d’appréhender le
monde qui nous entoure.
La théorie de la relativité restreinte en 1905 et la théorie de la relativité générale
en 1915 sonnent définitivement le glas de la vision classique du temps absolu en méca-
nique. Non seulement il convient désormais de parler d’espace-temps (le temps devient
une variable dépendant du choix du repère au même titre que les coordonnées d’espace)
mais on abandonne aussi la notion de gravitation en tant que force. La gravitation ne
résulte désormais que de la déformation de l’espace, déformation due à la présence de
matière.
La mécanique quantique et plus généralement, la théorie quantique des champs,
mettent fin à la notion de particule ponctuelle de la mécanique classique. La dualité
onde-corpuscule, la notion de fonction d’onde et de probabilité de présence ont modi-
fié la perception intuitive des phénomènes physiques, l’exemple le plus célèbre étant
vraisemblablement le chat de Schrödinger.
On distingue quatre interactions fondamentales : l’interaction forte (responsable de
la cohésion entre les constituants des noyaux atomiques), l’interaction faible (respon-
sable de la désintégration  ), l’interaction électromagnétique (l’unification de l’électri-
cité et du magnétisme effectuée par Maxwell au XIXème siècle) et la gravitation. La der-
nière mise à part, les trois autres sont regroupées au sein du Modèle Standard de la
physique des particules. Ce modèle décrit les constituants élémentaires de la matière
organisés qui sont des fermions (quarks, électrons, neutrinos . . .) et leurs interactions
dont les particules vecteurs sont des bosons (photon, gluon,  ,  ).
Pourtant, un problème demeure : comment unifier au sein d’une même théorie Mo-
dèle Standard et relativité générale ? Alors que chacun de ces modèles a été largement
vérifié expérimentalement dans ses domaines de validité, il n’existe toutefois aucune
théorie quantique de la gravité. Le manque d’une théorie de la grande unification en-
globant la gravitation est l’un des problèmes majeurs de la physique moderne. Il paraît
évident que le Modèle Standard n’est qu’un modèle effectif et ne peut pas tout expli-
quer. C’est pourquoi on a cherché à développer des théories au-delà du Modèle Stan-
dard : modèles supersymétriques, modèles avec dimensions supplémentaires, théorie
des cordes, théorie . . .
8 Introduction

Toutes ces approches font intervenir ou donnent lieu à de nouveaux concepts ou ou-
tils. Parmi ces idées, nous allons nous intéresser dans la suite à deux notions a priori com-
plètement différentes (même s’il est possible d’établir des ponts reliant l’une à l’autre) :
les théories topologiques des champs et la mécanique quantique en espace non-commu-
tatif. Les théories topologiques constituent une classe de théories des champs aux pro-
priétés très particulières : leurs observables sont des invariants topologiques, c’est-à-
dire qu’elles ne dépendent que de la forme globale de l’espace. Le cas d’école de ces
théories est la théorie de Yang-Mills topologique mais des modèles plus complexes ont
été étudiés, en particulier la gravité topologique. L’idée ici est de voir la théorie usuelle
de la gravitation comme une théorie effective de basse énergie pouvant émerger d’une
théorie topologique par un mécanisme de brisure de symétrie. Les théories en espace
non-commutatif sont, paradoxalement, relativement anciennes (l’idée remonte aux tra-
vaux de H.S Snyder en 1947) mais l’intérêt actuel résulte avant tout de leur apparition
dans le cadre de la théorie des cordes et de la gravité quantique. Une telle théorie doit,
à très petite échelle, prendre en compte les fluctuations quantiques de la matière, c’est
pourquoi on cherche à discrétiser l’espace-temps en petites cellules (et abandonner la
notion de point). En mécanique quantique, les inégalités d’Heisenberg interdisent de
connaître simultanément la position et la vitesse d’une particule (la mesure de l’une en-
traînant une perturbation inévitable du système). De manière similaire, sur un espace
non-commutatif, il est impossible de mesurer simultanément toutes les coordonnées
d’un point d’espace-temps et donc de connaître précisément sa position.
J’ai choisi de faire une distinction franche entre ces deux sujets de recherche. C’est
pourquoi j’ai scindé le manuscrit en deux parties totalement indépendantes.
Dans un premier chapitre consacré aux préliminaires, j’ai donné une présentation
succincte de quelques outils qui sont appliqués dans la suite : théories de jauge, forma-
lisme des formes différentielles et méthode de quantification à la BRST.
La première partie est consacrée à l’étude des théories des champs topologiques et
de leurs symétries. Mon travail de recherche s’est focalisé sur le développement d’une
approche dans le superespace et sur un formalisme général de détermination des obser-
vables. Le premier chapitre présente quelques exemples de l’implication de la topologie
en théorie quantique des champs ainsi que des définitions et relations utiles sur les théo-
ries topologiques et le superespace.
Deux exemples particuliers sont ensuite traités dans les chapitres 2 et 3 : la théorie
de Yang-Mills topologique et la gravité topologique.
Dans la dernière partie, je me suis intéressé ensuite au cas de la mécanique quantique
en espace non-commutatif, et plus spécifiquement de la mécanique quantique supersy-
métrique. Je présente les différentes algèbres de commutateurs qui généralisent l’al-
gèbre de Heisenberg à un espace non-commutatif et m’attache à deux cas particuliers :
l’oscillateur harmonique supersymétrique et le système de Landau (particule dans un
champ magnétique constant uniforme).
Le travail sur les théories de Yang-Mills topologiques a donné lieu à l’article
« Observables in topological Yang-Mills theories », J.L. Boldo, C.P. Constantinidis, F.
9

Gieres, M. Lefrançois et O. Piguet, Int.J.Mod.Phys A19, 2971 (2004) (hep-th/0303053)


dont les principaux résultats ont été présentés d’une manière légèrement différente dans
« Topological Yang-Mills theories and their observables : a superspace approach »,
J.L. Boldo, C.P. Constantinidis, F. Gieres, M. Lefrançois et O. Piguet, Int.J.Mod.Phys.A18,
2119 (2003) (hep-th/0303084),
et dans
« Observables in topological theories : a superspace formulation », J.L. Boldo, C.P.
Constantinidis, F. Gieres, M. Lefrançois et O. Piguet, Nucl.Phys.Proc.Suppl.127, 30 (2004)
(hep-th/0408112).

Le travail sur la gravité topologique a fait l’objet de la publication


« Symmetries and observables in topological gravity », C.P. Constantinidis, A. Dean-
drea, F. Gieres, M. Lefrançois et O. Piguet, Class.Quant.Grav.21, 3515 (2004)
(gr-qc/0402036).

L’étude de la mécanique quantique en espace non-commutatif est en cours de fini-


tion et fera l’objet de l’article
« Quantum mechanics on noncommutative space », Q. Duret, F. Gieres et M. Lefran-
çois, en préparation.
11

Préliminaires

Ce chapitre constitue une introduction succincte aux principales notions physiques


et mathématiques utilisées dans la suite du manuscrit. Si le spécialiste n’y trouvera rien
d’autre que ce qu’il connaît déjà, cela permet au moins de définir le contexte dans lequel
s’est placé mon travail et de définir les notations et conventions utilisées.

1 Théories de jauge
Les interactions électro-faible et forte sont décrites par des théories de jauge. Ces
théories représentent des systèmes physiques qui sont invariants sous des symétries
locales paramétrées par des groupes de Lie.

1.1 Groupe de jauge abélien


La plus simple des théories de jauge consiste à prendre un groupe de Lie abélien.
Le point de départ est un lagrangien pour un champ de matière de charge  . Ce la-
grangien est invariant sous une transformation de par un facteur de phase   . Si
l’on cherche à rendre ce  local, c’est-à-dire à en faire une fonction    dépendante
des points d’espace-temps, on obtient la théorie
 de l’électromagnétisme. On dé-
finit alors une connexion, c’est-à-dire un champ vectoriel  à valeurs réelles.1 Cette
connexion donne lieu à un tenseur de champ

      (1)

 
Le champ se transforme selon
 
(2)

  
et la connexion selon
   (3)

La dérivée  de n’est pas invariante sous cette transformation de jauge, contrai-


rement à la dérivée covariante

D    
   (4)
1
pour l’électromagnétisme,    où  est le potentiel électrique et  le potentiel vecteur.
12 Préliminaires

La dynamique du champ électromagnétique est décrite par le lagrangien quadra-


tique     . Si on dérive les équations de Lagrange pour , on trouve deux


des équations de Maxwell dans le vide,

   (5)
 
autrement dit, en termes de  et  ,

     
div 


 rot    (6)

Les deux autres équations se retrouvent à partir de l’identité de Bianchi vérifiée par
 ,
         (7)

que l’on peut réécrire comme

  
   
div 

 rot    (8)

1.2 Groupe de jauge non abélien


Plus généralement, on s’intéressera à des groupes de jauge non nécessairement abé-
liens, par exemple, le Modèle Standard fait intervenir les groupes 
 (interaction
forte) et 
 (interaction faible). Si l’on peut toujours définir une connexion, celle-ci
prend ses valeurs dans l’algèbre de Lie et on peut la décomposer sur une base   de
l’algèbre
   avec   

     (9)

Le tenseur de champ prend la forme générale ( est la constante de couplage)

      

    (10)

et le lagrangien s’écrit       .

2 Formes différentielles
L’intérêt d’introduire des formes différentielles sur une variété est de simplifier le
formalisme mathématique mais aussi de proposer une notation indépendante du choix
du système de coordonnées   

sur la variété étudiée.
2. Formes différentielles 13

2.1 Produit extérieur


Le produit extérieur  correspond à l’antisymétrisation du produit tensoriel  de
d  d d  d  d  d 
deux différentielles :
     
(11)
Propriétés :

 d
d  
d  d  

d  d
 


De la même manière, on définira les produits extérieurs pour  différentielles ( ).


Par exemple, pour  , on aura

d   d  d

 d  d  d  d  d  d  d  d
d      

 d  d  d  d  d  d  d  d  d  (12)
     

Dans la suite, on omettra le plus souvent le symbole , la notation d d étant alors  

à comprendre dans le sens d’un produit extérieur.

2.2 Définition des formes différentielles


À l’aide du produit extérieur, on peut définir des -formes différentielles ou formes
différentielles de degré  ( ) :

degré 0 :  
degré 1 :   d 


 d  d 
degré 2 :
.  (13)
..

degré  : 
 d  d     d 
   

où les        sont des fonctions des coordonnées locales      .


Remarque : sur une variété de dimension , toute forme différentielle de degré stric-
tement supérieur à  est nécessairement nulle.

Le produit extérieur de deux formes différentielles est commutatif gradué, la gra-


duation s’effectuant par rapport aux degrés de formes. Cela se traduit par la relation

   
   (14)
14 Préliminaires

Autrement dit, deux formes de degré impair anticommutent entre elles.


Dans les théories de jauge non-abéliennes sur lesquelles nous reviendrons par la
suite, on considère des -formes à valeurs dans une algèbre de Lie (cf. section (0.1.2)),
   où les   forment une base de l’algèbre. Les commutateurs sont alors tous
supposés gradués par le degré de forme de telle sorte que
  

      
    (15)

2.3 Dérivée extérieure


La dérivée extérieure d est un opérateur qui agit sur les formes différentielles de
degré quelconque  selon

d 
  d  d     d  
    (16)

Propriétés :
– d transforme une -forme en une   -forme ;
– d est nilpotent d’ordre 2 : d . En effet, si l’on dérive deux fois la -forme  ,
dd    d d  d     d 
   d d  d     d    


   d  d d     d   antisymétrique


– La règle de Leibniz se généralise à la règle d’antidérivation


d   d     d 
 

 

2.4 Champs de vecteurs, produit intérieur et dérivée de Lie


Un champ de vecteurs sur une variété est défini par    où les  sont des
fonctions des coordonnées locales       . On lui attribue généralement un degré
de fantôme noté   . On définit aussi le crochet de Lie gradué  
de deux champs
de vecteurs. Ce crochet de Lie est également un champ de vecteurs de composantes
 

          
     (17)
Le produit intérieur  par rapport à un champ de vecteurs    agit sur les
formes différentielles comme une antidérivation satisfaisant
   pour une -forme  et  d     (18)
Le produit intérieur  diminue donc le degré de forme d’une unité.

Enfin la dérivée de Lie  par rapport à  agit sur une forme différentielle comme
le commutateur gradué du produit intérieur et de la dérivée extérieure
  
  d
  d  

  
d (19)
3. Quantification et formalisme BRST 15

Ainsi, la dérivée de Lie conserve le degré de forme.

  
Propriétés :
–  
 

 ;

 et

– on peut aussi définir l’action de la dérivée de Lie  sur un champ de vecteurs 
comme identique au crochet de Lie des deux vecteurs :    
. 
3 Quantification et formalisme BRST
3.1 Propagateur et invariance de jauge
Prenons l’exemple d’une théorie de Yang-Mills sur Ê muni de la métrique plate
(minkowskienne ou euclidienne)  . On considère un groupe de structure  avec une
algèbre de Lie  . L’algèbre est décrite au moyen d’une base   et des fonctions de
structure associées   telles que

  

     (20)

Le champ fondamental est une connexion à valeurs dans l’algèbre   :   



  . Elle définit un tenseur de champ         
.


L’action de Yang-Mills vaut 






 d
 . Elle est invariante sous les


transformations de jauge infinitésimales paramétrées par       ,

Æ  D      

 
(21)
Æ  


Le propagateur du potentiel de jauge  correspond à l’inverse de l’opérateur

!      
 
(22)


Cependant, !  peut être vu comme un opérateur de projection car ! !  ! . Il
n’est donc pas inversible ; l’action classique de Yang-Mills 
est dite dégénérée (on
dit aussi qu’elle possède des modes zéro) et ne peut pas être quantifiée directement.
La solution de ce problème consiste à briser cette invariance de jauge et à examiner
les symétries restantes. C’est le formalisme BRST du nom de ses auteurs : Becchi, Rouet,
Stora et Tyutin.

3.2 Le formalisme de Becchi, Rouet, Stora et Tyutin


Nous allons donc rajouter des termes supplémentaires à l’action classique précé-
dente afin de rendre le propagateur inversible. Par la suite, nous n’emploierons plus
que le formalisme des formes différentielles à valeurs dans l’algèbre de Lie pour décrire
16 Préliminaires

les champs de jauge, celui-ci étant plus adapté. On définit donc la 1-forme différentielle
associée à la connexion  ainsi que la 2-forme correspondant à  :
 d 



  d

 d 
d 
 


(23)

où  
est le commutateur gradué (ici par rapport au degré de forme).
La procédure de « quantification à la BRST » se déroule en plusieurs étapes :
1. On remplace le paramètre infinitésimal    par une 0-forme " . Ce champ " 
est appelé fantôme car il ne correspond pas à un champ physique. De plus, on
introduit un degré de fantôme tel que tous les champs classiques2 sont de degré 0
et " est de degré 1. Tous les commutateurs sont alors supposés gradués par rapport


au degré total égal à la somme du degré de forme et du degré de fantôme.
2. On définit un nouvel opérateur appelé opérateur BRST qui agit sur les champs
classiques comme les transformations infinitésimales de jauge, à un signe près,
 D" d"   "
 (24)

et sur le champ fantôme comme

"   " "


"  
(25)

Cette dernière équation assure la nilpotence de l’opérateur  ( ) ;  agit


comme une antidérivation satisfaisant  d  d .


3. On choisit une fonction de jauge , comme par exemple la condition de jauge de


Lorentz    

. On lui associe deux types de champs à valeurs dans
  : des champs auxiliaires # (de degré de fantôme nul) et des anti-fantômes "
(de degré de fantôme ). Ces champs forment un doublet BRST
" #  #  (26)

4. On modifie l’action classique en une action invariante sous 

  " " #

 d "  $#


(27)

où $ est une matrice constante. En général, on choisit $ diagonale égale à $ 


%
 ½. L’intérêt du paramètre % est de pouvoir s’assurer que les résultats obtenus
sont indépendants de la valeur de %, c’est-à-dire indépendants du choix de jauge
effectué. Les choix les plus courants sont %  (jauge de Landau) et %  (jauge
de Feynman).
2
On entend désormais par « champ classique » tous les champs fondamentaux de la théorie, c’est-à-
dire les champs de jauge et les champs de matière.
3. Quantification et formalisme BRST 17

Pour les théories topologiques, nous ne nous intéresserons qu’à la version classique
de la théorie, c’est-à-dire que nous nous contenterons de définir et d’étudier l’opérateur
BRST sans aborder la quantification à proprement parler.


L’étude des classes de cohomologie de l’opérateur (découlant de sa propriété de
nilpotence) a plusieurs intérêts :
– au nombre de fantôme 0 se trouvent les observables de la théorie. Ce sont des
quantités ne dépendant que des champs physiques de la théorie3 et invariantes de
jauge4 .
– au nombre de fantôme 1 se trouvent les anomalies de la théorie, c’est-à-dire les
quantités qui traduisent une symétrie qui existe au niveau classique mais pas au
niveau quantique.


Comme les champs auxiliaires et les anti-fantômes forment des doublets BRST, ils
n’interviennent pas dans la cohomologie de (cf. section 2.7 de [1]). C’est pourquoi ils
ne seront pas mentionnés par la suite.

3
du fait que leur nombre de fantôme est nul.
4
étant donné que, pour les champs physiques, l’action de  se résume aux transformations de jauge.
Première partie

Théories des champs topologiques et


symétries

19
21
Chapitre

1
Généralités sur les théories
topologiques et sur le
superespace

En 1988, Edward Witten [2, 3] introduit la notion de théorie topologique des champs.
Cette classe de théories quantiques des champs se distingue par le fait que ses obser-
vables sont des invariants topologiques de la variété sous-jacente, c’est-à-dire qu’ils ne
dépendent que de sa forme globale. Ces observables correspondent par ailleurs aux ré-
sultats obtenus auparavant par une approche purement mathématique. Ainsi, là où les
mathématiques viennent souvent au secours de la physique, les théories des champs
topologiques réalisent le chemin inverse, à savoir la détermination de quantités inté-
ressantes sur le plan mathématique au moyen d’outils physiques (en particulier des
techniques utilisées en théorie des champs).
Depuis, plusieurs théories ont été étudiées avec intérêt (pour une revue générale sur
les théories topologiques, cf. [4]). On a ainsi pu retrouver des invariants topologiques
comme les invariants de noeud en théorie de Chern-Simons [3], les invariants de Do-
naldson en théorie de Yang-Mills topologique [2] ainsi que leurs équivalents en gravité
topologique [5–10]. Les théories topologiques constituent encore un terrain de recherche
actif actuellement [11–17].
Après avoir passé en revue certains des phénomènes quantiques ayant un rapport
profond avec la topologie, on s’intéressera à définir plus précisément le terme de « théo-
rie topologique ». Enfin, on abordera à la fin de ce chapitre la notion de superespace qui
est à la base de notre approche.

1.1 La topologie en théorie des champs


Dans cette section, nous évoquons certaines propriétés des théories des champs qui
sont des phénomènes d’origine purement topologique. Nous allons voir que la topolo-
gie, c’est-à-dire la structure globale de la variété, indépendamment de la métrique et du
système de coordonnées utilisés pour la décrire, peut avoir un rôle fondamental dans
les théories de jauge. La présentation est relativement succincte, le but ici n’est pas de
donner un cours sur les phénomènes topologiques mais on va plutôt chercher à passer
en revue comment la topologie (au sens de la structure géométrique de l’espace) peut
intervenir dans des manifestations physiques en théorie des champs. Une description
22 Chapitre 1. Généralités sur les théories topologiques et sur le superespace

plus approfondie mais néanmoins abordable peut être trouvée dans l’ouvrage de Ry-
der [18].

1.1.1 Le monopôle magnétique de Dirac et sa généralisation au


monopôle de ’t Hooft et Polyakov
Le monopôle magnétique de Dirac
Au départ, la notion de monopôle magnétique remonte aux travaux de Dirac. L’idée
de départ est de symétriser les équations de Maxwell en supposant l’existence d’une
charge magnétique localisée en un point de l’espace. Les équations d’évolution des
champs sont modifiées afin de tenir compte de cette charge. En prenant un monopôle
magnétique de charge  à l’origine, la divergence du champ magnétique n’est plus nulle
mais vaut désormais
div & 'Æ  &( (1.1)
On a donc affaire à un champ magnétique radial qui satisfait une loi de Coulomb
(par analogie directe avec le champ électrique). Cependant, il est impossible de trouver
une expression du potentiel vecteur & qui soit valable dans tout l’espace. En effet, si le
potentiel était non singulier, en appliquant le théorème de Stokes à une surface fermée
autour du monopôle, on arriverait à

d& 
&

d&)
& & (1.2)


 

étant donné que  . Ceci est en contradiction avec la non-nullité de la divergence


étant donné la relation

d& 
&

&
d div  '  (1.3)

Notre espace de base est Ê privé de l’origine (où se situe le monopôle magnétique).
Cet espace est équivalent par homotopie à la sphère   (c’est-à-dire qu’on peut déformer
l’un en l’autre au moyen d’une application continue). Si l’on veut décrire cette sphère
au moyen d’un atlas, il nous faut au minimum utiliser deux cartes. En coordonnées
sphériques  , on choisit de décrire l’hémisphère Nord au moyen de


       '  * (1.4)

et l’hémisphère Sud au moyen de


    '  *    ' (1.5)

où * est un paramètre positif non nul permettant un recouvrement non vide des deux
ensembles.
1.1. La topologie en théorie des champs 23

ÍÆ

˾

ÍË
F IG . 1.1 – Le monopôle magnétique

Par conséquent, nous devons définir deux connexions (potentiels vecteurs décrivant
le champ magnétique) : &  et &  . La fonction de transition entre
 et
 implique

que ces potentiels sont reliés sur l’équateur

 par une transformation de jauge

&  &   &  (où  est une fonction à valeurs réelles).
La principale caractéristique de ce monopôle magnétique est que son existence im-
pose une condition de quantification de la charge électrique suivant la loi

"
 +
 avec +       (1.6)

Mais à ce jour, on n’a encore observé aucune trace de l’existence d’un monopôle magné-
tique. L’approche de Dirac est difficile à justifier car il n’existe aucune raison a priori de
supposer l’existence d’un monopôle, si ce n’est qu’elle rend la théorie plus symétrique.

Le monopôle de ’t Hooft et Polyakov

En 1974, ’t Hooft et Polyakov ont proposé une généralisation de la notion de mono-


pôle magnétique au cas des groupes de jauge non abéliens (contrairement au groupe

 abélien de l’électromagnétisme). Ils ont mis en évidence que la brisure spontanée
de cette symétrie entraînait dans certains cas l’existence d’un monopôle. Ce monopôle
n’est donc pas un objet ad hoc comme le monopôle magnétique de Dirac.

1.1.2 L’effet d’Aharonov et Bohm


Considérons un électron (de charge ) et deux fentes de diffraction derrière lesquelles
se trouve un solénoïde infiniment long et de rayon , très petit. Le champ magnétique
vaut donc & à l’intérieur du solénoïde et est nul en dehors.
24 Chapitre 1. Généralités sur les théories topologiques et sur le superespace


 


111
000
000
111
000
111
000
111
000
111
000
111
000
111


F IG . 1.2 – L’effet d’Aharonov et Bohm

& suivant la relation 


On peut définir un potentiel vecteur & & & ,5
rot

(
 
À l’intérieur du solénoïde :
 (1.7)
,

À l’extérieur du solénoïde :
( 

Regardons l’influence de ce solénoïde sur la figure d’interférences créée, sur un écran


(placé en aval des trous de diffraction), par la fonction d’onde plane monochromatique
&(     décrivant l’électron. En présence du potentiel & , on procède à la re-
définition canonique de & en &  
& , ce qui entraîne un déphasage supplémentaire :
 

- -
& 6
&(.

En conséquence, sur toute la trajectoire, la phase de l’onde varie de 

& d&(. La
différence de phase  entre deux chemins . et . passant respectivement par chacune


En coordonnées cylindriques   , on peut choisir  tel que seule la composante angulaire  soit
5

non nulle,     .
6
en plus de la différence de chemin. Mais comme celle-ci ne dépend pas de la présence ou non du
solénoïde, on ne la mentionnera pas.
1.1. La topologie en théorie des champs 25

des fentes  et  vaut

 

& d&( 


& d&(



& d&(


 & & d& (1.8)
rot



& d&




où  est le flux du champ magnétique à travers la surface fermée  définie par les deux
chemins . et . et correspond donc au flux traversant le solénoïde. Cette différence
de phase entraîne une translation des franges d’interférence, proportionnelle au flux
magnétique, par rapport à la figure obtenue en l’absence de solénoïde.
Il est remarquable de constater que les électrons subissent l’influence du champ ma-
gnétique alors qu’à tout instant, on peut considérer qu’ils se propagent dans des régions
d’espace où  & est nul.7 À quoi est dû cet effet dans l’expérience idéalisée que nous
venons de décrire ? Simplement au fait que l’espace de configuration possède ici une
structure topologique non triviale.
En dehors du solénoïde, il n’y a ni champ électrique ni champ magnétique, autre-
ment dit le vide de la théorie électromagnétique. Dans le plan, ce vide a donc la struc-
ture de Ê privé de l’origine (correspondant au solénoïde), ce qui d’un point de vue

topologique, est équivalent par homotopie au produit Ê  . Dans l’expression du po-
tentiel de jauge   / (pure jauge décrivant le tenseur   du vide), la fonction
/  peut être vue comme une application de l’espace de configuration Ê  dans le 
groupe de Lie
. Or il existe différentes classes d’homotopie de telles applications
incompatibles entre elles, au sens où deux éléments appartenant à des classes distinctes
ne peuvent être mis en relation par le biais d’une déformation continue. On trouve donc
parmi ces classes d’homotopie la classe d’équivalence de / "0+12+ correspondant à
un potentiel nul (et ne produisant aucun effet) mais aussi d’autres classes correspondant
à un potentiel de jauge non trivial responsables de l’effet d’Aharonov et Bohm.

Remarque : on peut montrer analytiquement que, dans le cas de 


 qui est sim-
plement connexe (ie de groupe d’homotopie trivial), il n’existe pas d’effet d’Aharonov
et Bohm.

7
Cela suppose que le solénoïde est de longueur infinie et de rayon très petit et entouré d’une barrière
infinie de potentiel qui empêche la fonction d’onde des électrons de pénétrer à l’intérieur du solénoïde.
26 Chapitre 1. Généralités sur les théories topologiques et sur le superespace

1.1.3 L’instanton
L’instanton est une solution particulière des équations du champ de Yang-Mills qui
a la particularité d’être (anti-)self-dual. Rappelons que le dual du tenseur  est défini
comme  3   où 3!" Æ est le tenseur entièrement antisymétrique normalisé par
3  . Ainsi, l’instanton est caractérisé par  
 . Dans ce cas, on a l’égalité
suivante,
     d! (1.9)

où ! correspond à la forme de Chern-Simons

!  d     (1.10)

Considérons l’espace euclidien 


et un champ  qui tend vers une pure jauge
à l’infini (c’est-à-dire sur la surface   ). Autrement dit,  
     où    est
un élément du groupe de jauge . Cette situation correspond à un tenseur  nul à
l’infini. Si l’on intègre la forme    sur tout l’espace, la non nullité de ! impose que
le tenseur  ne peut s’annuler en tout point mais uniquement sur la surface   .

 
  

 



F IG . 1.3 – L’instanton

Comme dans le cas de l’effet d’Aharonov et Bohm, ce phénomène est dû au fait que
les applications envoyant le groupe de configuration (ici la sphère tridimensionnelle  )
sur le groupe de structure 
 peuvent être réparties dans différentes classes d’équi-
valence. En particulier, on peut indexer ces différentes classes par un entier relatif +.


L’instanton est une solution des équations du champ de jauge qui décrit le passage d’un
vide appartenant à la classe d’homotopie +  à un vide appartenant à la classe d’ho-
motopie +.
1.2. Qu’est-ce qu’une théorie topologique ? 27

1.2 Qu’est-ce qu’une théorie topologique ?


En premier lieu, il convient de définir ce que nous entendons précisément par théorie
topologique [4]. Considérons une théorie des champs définie par son action classique
 # , c’est-à-dire une fonctionnelle admettant comme variables les champs physiques.
L’action quantique correspond à l’action classique à laquelle on rajoute un terme de


fixation de jauge :
 
 #  $ 
  
(1.11)
où l’opérateur est nilpotent ( ) et laisse invariant l’action classique,  # .


La variable  dénote collectivement les champs intervenant dans la fixation de jauge


de  # : les champs physiques et les champs auxiliaires ainsi que les (anti-)fantômes. On
suppose que tous ces champs vivent sur une variété riemanienne $  .


Par ailleurs, on fait les hypothèses suivantes :
– la mesure d’intégration fonctionnelle  est indépendante de la métrique et inva-
riante sous ; 
– le tenseur énergie-impulsion   ÆÆ 
prend la forme d’une variation BRST :
4


  où 4 est une fonction de  et  .

D ÉFINITION A.1
Une théorie des champs ayant toutes ces propriétés est appelée théorie topologique.


Pour une telle théorie, les fonctions de corrélation sont indépendantes de la mé-
trique. En effet, considérons une fonction  satisfaisant les conditions

 et Æ   ,  (1.12)
où , est une fonction des champs  et de la métrique   . Les hypothèses ci-dessus
impliquent
 
Æ
c’est-à-dire que la fonction de corrélation  est un invariant topologique de la variété
(1.13)

d’espace-temps étudiée.
Il existe plusieurs moyens de réaliser les hypothèses ci-dessus. On distingue ainsi
deux familles de théories topologiques : celles de type Witten (Yang-Mills topologique
par exemple, cf. section (2.1.2) page 34) [19, 20] et celles de type Schwarz (la théorie de
Chern-Simons et plus généralement les modèles  en sont les principaux exemples).

1.2.1 Théories topologiques de type Schwarz


Les théories de type Schwarz reposent sur une action classique  # qui est indépen-
dante de la métrique mais représente une grandeur non triviale, c’est-à-dire que l’inté-
grand ne peut pas se mettre sous la forme d’une différentielle totale.
28 Chapitre 1. Généralités sur les théories topologiques et sur le superespace

La théorie de Chern-Simons est l’exemple le plus simple d’une telle théorie. Consi-
dérons une variété différentiable $ de dimension 3 sur laquelle nous introduisons une
connexion  d  . L’action de Chern-Simons (CS) classique est définie par

%  Tr d   

&  (1.14)

En dimension  , on peut également définir la classe de théories dites BF,8

'(
&
    (1.15)

où d   et   est une   -forme :  



        d

   d   .

1.2.2 Théories topologiques de type Witten


Une autre moyen de garantir les conditions caractérisant une théorie topologique est
de partir d’une action classique qui est un invariant topologique de la variété d’espace-
temps considérée.
Contrairement à une théorie de type Schwarz, l’action classique est définie comme
l’intégrale sur une variété de dimension  d’une dérivée totale,

 # d   

L’exemple le plus simple d’une théorie de type Witten est la théorie de Yang-Mills
topologique sur laquelle nous allons revenir plus en détail dans le prochain chapitre.

1.2.3 Le twist topologique


Il est possible de construire une théorie des champs topologique à partir d’une théo-
rie supersymétrique (étendue) en réalisant ce que l’on appelle un twist.
Considérons la version supersymétrique 5  de Yang-Mills sur Ê
. Le groupe de
symétrie correspondant est localement isomorphe à 
) 
* 
+


où 
) 
* caractérise les rotations dans Ê
et 
+
 correspond au
   
groupe de symétrie interne. Le twist consiste à remplacer 
) par le sous-groupe

diagonal de 
) 
+ . Concrètement, cela revient à changer un indice d’isospin
 en indice spinoriel ,
!   "
!
 "  !"
(1.16)

8
En regardant la forme de l’action, on comprend aisément l’origine de la terminologie.
1.3. Étude des symétries des théories topologiques 29

1.3 Étude des symétries des théories topologiques


1.3.1 Introduction
Dans la suite de cette section, nous allons nous intéresser à deux théories topolo-
giques de type Witten : la théorie de Yang-Mills topologique et un modèle de gravité
topologique. À travers l’étude de leurs symétries, nous allons montrer qu’il est possible
de dégager un formalisme général et systématique de détermination des observables.
Comme nous allons le voir par la suite, en plus des symétries habituelles, les théo-
ries topologiques possèdent une symétrie particulière dite symétrie topologique qui
traduit simplement le fait que notre action classique constitue un invariant topologique
de la variété étudiée. Si l’on part d’une théorie topologique émergeant d’une théorie
supersymétrique étendue au moyen d’un twist, la symétrie topologique n’est que la
manifestation d’une symétrie bien connue : la supersymétrie. Dès lors, on peut s’inté-
resser à utiliser un formalisme de superespace (couramment utilisé dans les théories
supersymétriques ordinaires) dans le cadre d’une théorie topologique.
Pour cela, nous allons reprendre l’approche initiée par Horne [21]. Le superespace
est une extension de l’espace-temps usuel au moyen d’une (ou plusieurs) coordonnées
grassmaniennes. Dans la suite, nous ne considérerons qu’un seul générateur de super-
symétrie (une approche de la théorie de Yang-Mills topologique avec plusieurs généra-
teurs peut être trouvée dans [22]).

1.3.2 Le superespace
Dans un premier temps, il est nécessaire d’introduire un certain nombre de notations
et de concepts utiles pour la description que nous voulons faire.


Le superespace est obtenu en rajoutant à l’espace-temps usuel (décrit par un système
de coordonnées  (6       ) une dimension grassmanienne décrite par une co-
ordonnée anticommutante  (telle que  ). On peut ainsi attribuer à chaque quantité
étudiée un degré de supersymétrie (SUSY) calculé en prenant comme convention que 

a la charge .
Il reste maintenant à étendre les notions de champs et de formes différentielles dans
le cadre du superespace. Pour cela, introduisons des superchamps et des superformes
différentielles.
Un superchamp est une fonction définie sur le superespace, fonction qu’on peut
écrire comme développement en puissances de  . Ce qui, compte tenu des propriétés
de nilpotence de  , donne
          (1.17)

Dans le superespace, l’opérateur de supersymétrie  agit comme un opérateur de


translation  ,
        (1.18)
30 Chapitre 1. Généralités sur les théories topologiques et sur le superespace

Les transformations supersymétriques des champs se mettent sous la forme9


      et     (1.19)
On remarque que  est un opérateur nilpotent :  . Par ailleurs, on voit que 
est le partenaire supersymétrique de  .
De plus, on remarque que  et ont même parité par rapport au degré de supersy-
métrie alors que  est de parité opposée. L’opérateur  augmente le nombre de super-
symétrie d’une unité.
On peut également définir une superforme différentielle de degré de forme  comme
série en puissances de d . En effet, comme  est impair (variable grassmanienne), d est
une entité paire et peut donc être élevée à n’importe quelle puissance :



   
    d 
 ,
,
(1.20)


, 

Dans cette expression,  désigne une forme différentielle de degré  possédant 


indices  (donc de degré de supersymétrie   ) et qui s’écrit 
    d 
   d  

   (1.21)

où       est un superchamp.
On définit la dérivée extérieure d  sur le superespace (également appelée superdéri-
vée extérieure) à partir des dérivées partielles par rapport aux coordonnées     :

d d    d   d  d   (1.22)

La dérivée extérieure est bien un opérateur nilpotent : d . En effet, on a les relations

de nilpotence d d    ainsi que la nullité du commutateur gradué d d 


.
Afin de définir les règles d’intégration de ces superformes différentielles, je vais com-
mencer par rappeler les principes de Berezin [23]. Du point de vue de la variable grass-
manienne, il y a équivalence entre intégration et dérivation

   (1.23)


pour un superchamp     quelconque, compte tenu de (1.18).


Nous allons maintenant définir l’intégrale d’une -superforme différentielle     .
Pour cela, on introduit une collection $      $ de variétés $, de dimension 7
10
telle que



   
 d ,
   
 , (1.24)
 , 
&  
Nous faisons ici un abus de notation en utilisant le même symbole  pour désigner l’opérateur SUSY
9

agissant sur le superchamp ou sur ses composantes.


10
Une variété de dimension nulle est un ensemble constitué d’un point.
1.3. Étude des symétries des théories topologiques 31

Autrement dit, l’intégrale sur tout le superespace se met sous la forme




   
     
 d ,
  ,    (1.25)
   , 
&

1.3.3 Degré de forme et degré total


On associe à toute forme, en plus de son degré de forme, un degré de fantôme et un
degré de supersymétrie.

Le degré de fantôme  est défini de telle sorte que :


– les champs physiques ont un degré de fantôme nul ;
– l’opérateur BRST augmente  d’une unité.
Le degré de fantôme permet de distinguer les champs physiques ( ) des champs
de fantômes utilisés dans le cadre de la quantification par un formalisme BRST ( 
correspond à un fantôme,   à un « fantôme pour le fantôme » et ainsi de suite).

De la même façon, le degré de supersymétrie 1 vérifie les propriétés suivantes :


– les champs classiques ont un degré nul ;
–  est de degré  ;
– l’opérateur de supersymétrie  augmente le degré d’une unité.

Dorénavant, nous adopterons la notation -  pour désigner une forme différentielle
et ses différents degrés (forme, fantôme et supersymétrie) :
– le degré de forme sera comme habituellement en bas à droite ;
– le degré de supersymétrie sera en haut à gauche ;
– le degré de fantôme sera en haut à droite.
Enfin, nous définissons le degré total comme la somme     1. Dans toute la suite,
l’algèbre sera supposée graduée par rapport à ce degré total. Autrement dit, si on note
8
le degré total d’une forme différentielle 8 , le commutateur gradué de deux formes
8 et 9 s’écrit

8 9
89  . / 9 8 (1.26)
33
Chapitre

2 Théorie de Yang-Mills
topologique

Pourquoi s’intéresser à une version topologique de la théorie de Yang-Mills ? Tout


d’abord, il faut se rendre compte que la théorie de Yang-Mills ordinaire, basée sur l’ar-
ticle fondateur de 1954 [24], a été largement étudiée. Elle est à la base du modèle stan-
dard de la physique des particules et ses propriétés de renormalisation ont fait l’objet
de nombreux travaux.
Initialement introduite par Witten [2, 19] comme déformation d’une théorie de Yang-
Mills supersymétrique, la théorie de Yang-Mills topologique a ensuite été abordée dans
un cadre plus mathématique [25–27]. En particulier, il a été montré que les observables
obtenues par Witten appartiennent à la cohomologie équivariante d’un opérateur  
de type BRST décrivant la symétrie topologique (symétrie caractéristique des théories
topologiques). Cette cohomologie équivariante est en réalité la restriction de la cohomo-
logie générale de   à l’espace des fonctionnelles invariantes de jauge.
L’approche abordée dans ce manuscrit est basée sur les travaux de Horne [21]. Elle
part du principe que l’opérateur de supersymétrie peut être vu comme la dérivation par
rapport à une variable grassmanienne  dans un formalisme de superespace. Dès lors,
on peut s’interroger sur l’apport éventuel d’une approche par le superespace dans des
théories topologiques de type Witten. Or, si des travaux avaient déjà abordé la dyna-
mique et les symétries de ces théories dans cette approche [21, 25, 28], rien n’avait été
fait concernant la détermination des observables dans ce formalisme. Notre approche
a donc consisté, dans un premier temps, à développer le formalisme de superespace et
les symétries de Yang-Mills topologique mais surtout, dans un deuxième temps, à dé-
gager une approche originale de détermination explicite des observables dans une su-
perjauge générale en s’appuyant sur les résultats connus sur la cohomologie BRST [1].
Nous avons ainsi pu mettre en évidence une base d’observables et, en choisissant la
superjauge de Wess et Zumino, retrouver les résultats de Witten [26, 27, 29–31]. Nous
fournissons donc, par ce biais, une preuve que les observables déjà connues constituent
bien la solution la plus générale (dans une superjauge de type Wess et Zumino).
Le formalisme détaillé ici possède plusieurs avantages non négligeables. D’une part,
il est indépendant de la dimension de l’espace-temps étudié dans le sens où nous ne
nous contentons que d’une approche purement algébrique (il ne sera pas fait mention de
la dynamique ou de la fixation de jauge). D’autre part, le caractère systématique de cette
approche permet de l’appliquer à des théories plus complexes, notamment la gravité
34 Chapitre 2. Théorie de Yang-Mills topologique

topologique [5–10] et une théorie de Yang-Mills topologique avec plusieurs générateurs


de supersymétrie [12, 13, 32, 33].
Après une présentation générale de Yang-Mills topologique, nous nous attarderons
sur la formulation dans le superespace des différents champs et symétries. Notre ap-
proche sera reliée à celle de Witten en imposant une superjauge de type Wess et Zu-


mino. Enfin nous étudierons la détermination des observables en dégageant un système
d’équations de bi-descente faisant intervenir trois opérateurs (BRST , supersymétrie 
et dérivée extérieure d). Une application simple sera également explicitée en fin de cha-
pitre.

2.1 Différences entre Yang-Mills ordinaire et Yang-Mills


topologique
Dans cette section, nous nous plaçons en dimension 4 mais l’étude finale de la théo-
rie de Yang-Mills topologique qui suivra sera indépendante de la dimension d’espace-
temps considérée.

2.1.1 Rappel sur la théorie de Yang-Mills ordinaire


Une théorie de Yang-Mills est basée sur une connexion   à valeurs dans une
algèbre de Lie   (associée à un groupe de Lie  supposé non abélien). Le tenseur

de champ correspondant à vaut         
. On peut définir aussi
*
le tenseur dual   

(*  étant le tenseur complètement antisymétrique

normalisé par *  ).
L’action de Yang-Mills sur une variété riemannienne $
avec métrique   s’écrit

 YM    

&

 d
    (2.1)

&

d
       
 &

On constate donc que cette action dépend explicitement de la métrique  de la variété
d’espace-temps.

2.1.2 Action de Yang-Mills topologique


La théorie de Yang-Mills topologique est fondée sur le même contenu en champs
que Yang-Mills ordinaire, à savoir la connexion  . C’est au niveau de l’action que les
2.2. Symétries et lois de transformation 35

deux théories diffèrent. L’action de la théorie de Yang-Mills topologique vaut

 YM top   

&

 d
    (2.2)

&

d
*     
 &

Contrairement au cas précédent, l’action classique est ici indépendante de la mé-


trique et constitue un invariant topologique : l’indice de Pontrjagin. Il s’agit donc bien
d’une théorie des champs topologique.

Symétries de Yang-Mills topologique


L’action (2.2) possède plusieurs symétries. Tout d’abord, naturellement, l’invariance
de jauge par rapport à un paramètre infinitésimal    agissant selon

Æ       
 Æ    


Du fait que   est un invariant topologique, il possède une invariance plus gé-
nérale appelée symétrie topologique et définie par un shift de la connexion : Æ0 
: .

2.2 Symétries et lois de transformation


2.2.1 Formulation générale dans le superespace
Il est temps maintenant d’introduire les champs de notre théorie dans l’approche de
superespace : une superconnexion     (1-superforme) et un superfantôme ;    
(0-superforme). Par analogie avec la théorie de Yang-Mills ordinaire, le superfantôme
représente les transformations infinitésimales de superjauge (dans le cadre d’un forma-
lisme BRST).
Ces superchamps sont à valeurs dans l’algèbre de Lie  ,

       et ;    ;      (2.3)

où les  forment une base de   tels que   


  (les  étant les constantes
de structure associées à la base  ).
Les transformations BRST de ces superchamps prennent une forme similaire à celles
obtenues dans le cadre d’une théorie de Yang-Mills ordinaire, à savoir

  D ;  d;   ;
 et ; ;  
(2.4)
36 Chapitre 2. Théorie de Yang-Mills topologique


L’opérateur BRST ainsi défini est bien un opérateur nilpotent :  . Il reste 
maintenant à décomposer chaque superforme afin d’obtenir les relations de transfor-
mation des champs d’espace-temps.
La superconnexion  peut se mettre sous la forme de superchamps    et  :

       d     d       d    . Chacun de ces superchamps
se décompose lui même en champs ordinaires suivant la règle évoquée en (1.17), res-
pectivement selon

   2   :       /       
;    "   "  
(2.5)

Nous avons volontairement alourdi l’écriture des champs afin de faire apparaître,
d’une part, la dépendance dans les variables et  du superespace et d’autre part, le
degré de supersymétrie porté par le champ (2 et " ont un degré de SUSY nul, : / et "
ont un degré de SUSY égal à 1 et un degré de 2). Dans la suite, nous omettrons à la
fois la dépendance explicite dans les variables   ainsi que les indices  caractérisant
le degré de supersymétrie. Afin de garder à l’esprit les propriétés commutantes ou an-
ticommutantes des différentes formes intervenant dans la théorie, nous avons regroupé
dans le tableau suivant les différents degrés de chaque forme différentielle ainsi que le
degré total.

2 : / " "
Forme 1 1 0 0 0 0
Fantôme 0 0 0 0 1 1
SUSY 0 1 1 2 0 1
Total 1 2 1 2 1 2

TAB . 2.1 – Formes et degrés pour Yang-Mills topologique dans le superespace

En décomposant les relations (2.4), on peut écrire l’algèbre des transformations BRST
agissant sur chacun des superchamps,

 D ;  d;   ;

1 et    ;   ;

  (2.6)

et sur les champs qui composent ces superchamps,

2 D"  d"  2 "


 :  " :
 D"
/  " /
 "    " 
 "  /

" "  "  " "

(2.7)


Ici, on a adopté les notations suivantes : D1 pour la dérivée covariante par rapport au
superchamp     et D pour la dérivée covariante usuelle par rapport au champ 2 .
2.2. Symétries et lois de transformation 37

Pour rappel, l’opérateur de supersymétrie  agit sur les champs suivant la rela-
tion (1.19) comme
2 : : 
/    (2.8)
" 
" " 
Nous allons introduire une redéfinition des champs qui nous sera utile par la suite
pour étudier la cohomologie de cette théorie. Nous définissons trois nouveaux super-
champs :
   D1  :  D1  
        (2.9)
 ;   ;
 "   ;



!   

Les champs  et  correspondent à la décomposition de la supercourbure     


d
en puissances de d ,

 1  d  d avec 1 d    (2.10)

Cette supercourbure vérifie l’équation de Bianchi généralisée


 
D  (2.11)

Les transformations BRST de  ; et des superchamps (2.9) prennent la forme

 D ; ; ;  

  ; 
   ; 

1

(2.12)
 ! ! 
et les transformations de supersymétrie s’écrivent

 D   D    

D   
   

1  1 
(2.13)
 1 1  1  

L’opérateur de supersymétrie  peut alors se décomposer comme la somme de deux


opérateurs
   % 1  (2.14)

D 

    1 et    (2.15)
et où l’action du second opérateur correspond aux transformations (2.12) en remplaçant
; par  .
On remarque que   est une transformation de superjauge infinitésimale de pa-
ramètre , ce qui implique que  est nilpotent si l’on se restreint à des polynômes
dépendant uniquement de 1    D1  et D1 .
38 Chapitre 2. Théorie de Yang-Mills topologique

2.2.2 Superjauge de Wess et Zumino


Tous les champs introduits ci-dessus n’ont pas nécessairement de sens physique.
Ainsi, l’algèbre présentée en (2.7) peut être réduite par élimination de certains champs,
sans pour autant anéantir sa nilpotence. Le choix de superjauge du type de Wess et
Zumino revient à s’affranchir du champ / en posant

/ (2.16)

ce qui implique nécessairement de poser " . Mais la condition de jauge (2.16) n’est
pas invariante sous l’action de l’opérateur de supersymétrie  (puisque , cf. (2.8)).
Il convient donc de définir un nouvel opérateur   qui laisse stable la condition (2.16),
ce qui peut s’obtenir en rajoutant à  une variation BRST particulière,

  
2 
¼ 3  (2.17)

c’est-à-dire qu’on ajoute à  les transformations décrites en (2.7) en prenant / "  et


en identifiant " et . Sous l’action de ce nouvel opérateur, les champs restants satisfont
les relations de transformation

2 : 
: D et   (2.18)

tandis que les relations de transformation BRST se réécrivent

2 D" :  " :
  "
et " " 

(2.19)

La contrepartie de cette redéfinition de l’opérateur de supersymétrie est que   n’est



pas nilpotent,  étant égal à une transformation de jauge infinitésimale de paramètre



. Cependant, pour la recherche des observables de cette théorie, on ne considère pas
la cohomologie générale de l’opérateur BRST mais une cohomologie restreinte à des
fonctionnelles invariantes de jauge (nous reviendrons là-dessus dans la suite).
On remarque que l’action de   sur les champs 2 : est très similaire à celle de 
définie en (2.15). À vrai dire, l’algèbre engendrée par les formes différentielles 2 :
et leurs dérivées covariantes ainsi que par les opérateurs et  
 est isomorphe à celle
engendrée par les superchamps    et leurs dérivées extérieures ainsi que par les

opérateurs et  . Cette remarque sera utile au moment où nous comparerons les ex-
pressions fournissant les observables en superjauge générale avec les observables origi-
nales de Witten (cf. section 2.5.3).

2.2.3 Comparaison avec d’autres approches


Il est utile de comparer notre approche aux travaux précédents dans ce domaine. Si
l’on étudie les références [25, 30], on retrouve les mêmes champs (dans la jauge de Wess
et Zumino) mais avec des degrés de fantôme différents. En effet, dans ces approches, les
degrés de supersymétrie et de fantôme ont été additionnés pour ne former qu’un seul
degré de fantôme.
2.3. Cohomologie équivariante en jauge de Wess et Zumino 39

a : c
Forme 1 1 0 0 a : c
Fantôme 0 0 0 1 Forme 1 1 0 0
SUSY 0 1 2 0 Fantôme 0 1 2 1

TAB . 2.2 – Approche dans le su- TAB . 2.3 – Approche habituelle


perespace

2.2.4 Réécriture des symétries sous la forme d’un seul opérateur



Il est possible de regrouper l’action des deux opérateurs BRST et SUSY   définis
respectivement dans (2.19) et (2.18) sous la forme d’un seul opérateur noté Stot . Pour
cela, on introduit un fantôme commutant 3 qui permet de décomposer l’opérateur Stot

   
selon [29]
tot 3  3   (2.20)
où chacun des trois opérateurs agit comme

2  D"  2 :  2 


:   " :
  : D   : 


   "
     
(2.21)

"  " 
 "  " 

Naturellement, on reconnaît que   et  . Cette formulation présente l’in-




jauge caractérisée par  et symétrie « topologique » caractérisée par 


térêt de regrouper sous un seul opérateur toutes les symétries du système (symétrie de
 ).
On a les trois relations

    
 et     


 

  (2.22)

sur lesquelles nous reviendrons dans la section concernant la détermination des obser-
vables.

2.3 Cohomologie équivariante en jauge de Wess et Zu-


mino
Dans toute la suite, on utilisera la notation - - pour décrire une -forme - de nombre
de fantôme  et de nombre de supersymétrie 1.
Pour l’instant, nous travaillons en jauge de Wess et Zumino afin de présenter les
approches existantes du problème cohomologique de détermination des observables.
40 Chapitre 2. Théorie de Yang-Mills topologique

2.3.1 Observables de Donaldson et Witten


Cette section constitue un rappel rapide des résultats de Witten concernant les obser-
vables de la théorie de Yang-Mills topologique à quatre dimensions. Cela sera utile dans
la suite afin de comparer l’approche originelle et notre approche dans le superespace.
Les polynômes de Donaldson et Witten sont des -formes 


    :     :   
(2.23)
  :  
    

avec  d2  2 . Ces polynômes satisfont un ensemble d’équations de descente



 d





(2.24)
Les observables globales correspondantes sont les intégrales de ces -formes sur des
variétés de dimension .

Ces résultats sont généralisables en dimension  quelconque. On peut ainsi construire


les polynômes de Donaldson et Witten en utilisant l’approche de Baulieu et Singer [30].
On définit la courbure du fibré universel à partir de la supercourbure  introduite
précédemment suivant la décomposition

      (2.25)
ce qui donne, en utilisant la définition (2.10),
   : d  d   d2  2  (2.26)
Les polynômes de Donaldson et Witten satisfaisant les équations de descente (2.24) sont
alors les formes  définies par

 4
 <
4 4
: d 

 <: 4
d 4
 d
4 4



 d 
4
4  (2.27)



avec <     
2.3.2 Définition de la cohomologie équivariante
Si l’on effectue la redéfinition [25]
: :  D"  "  
(2.28)
les transformations (2.20) (avec 3  ) deviennent
 2" :
tot  tot :


 (2.29)
tot tot
2.3. Cohomologie équivariante en jauge de Wess et Zumino 41


Par conséquent, l’opérateur tot possède une cohomologie triviale (tous les champs in-


tervenant sous forme de doublets) [25]. On cherche donc les observables comme élé-
ments d’une cohomologie restreinte de tot .
Reprenons les équations (2.22) en considérant des fonctionnelles  invariantes de

jauge (   ) ne dépendant que des champs 2 : et (   ). Alors la troisième
 puisque

égalité de (2.22) nous assure la nilpotence de l’opérateur 

 
        
 
 (2.30)

La cohomologie équivariante est définie comme la cohomologie de l’opérateur  


dans l’espace des fonctionnelles locales invariantes de jauge et de degré de fantôme 0,

 -  avec  -
 (2.31)

satisfaisant la condition de non-trivialité

  
- -
avec  -
  (2.32)

Cette dernière approche est celle utilisée par Witten dans sa caractérisation des obser-
vables [2].

Remarque sur les observables de degré de forme nul

On considère une expression de la forme -   . D’après la définition de


-

 en (2.18), il est impossible d’écrire une 0-forme - comme variation par rapport à  .
&

Par conséquent, la relation (2.32) est automatiquement vérifiée.


Ce n’est plus le cas pour des formes de degré supérieur. Prenons une fonctionnelle
de la forme  inv   :  D: D
=  où = inv est un polynôme invariant de jauge. Elle
satisfait naturellement la définition (2.31) mais pas la contrainte de non-trivialité (2.32).

2.3.3 Formulations alternatives de la cohomologie équivariante


Il est possible de donner d’autres définitions de la cohomologie équivariante équi-
valentes à celle que nous venons de donner. En premier lieu, la cohomologie équiva-
riante peut aussi être définie comme la cohomologie de l’opérateur tot dans l’espace 
des fonctionnelles locales  2 :  "
invariantes de jauge et indépendantes de " [29].
Les techniques mathématiques de la cohomologie équivariante [34] permettent alors
de construire des éléments de cette cohomologie qui coïncident avec les observables
de Witten. Cependant, une détermination complète des classes de cohomologie semble
difficile dans cette approche.
Enfin, on peut aussi utiliser les techniques usuelles en cohomologie tout en tra-
vaillant sur un espace des fonctionnelles restreint. Ainsi, on peut montrer que la so-
lution du problème cohomologique est donné par certaines classes de cohomologie de
42 Chapitre 2. Théorie de Yang-Mills topologique



l’opérateur BRST au degré de fantôme nul. Cette approche reproduit également les
observables de Witten. On regarde ici la cohomologie de (qui décrit les transforma-
tions de jauge, cf. (2.21)) dans l’espace des fonctionnelles locales de 2 :  " et qui sont
de degré de fantôme nul et invariantes sous   . On cherche donc des expressions -
telles que
-

  avec  -  (2.33)
et satisfaisant la contrainte
-
  -  -
avec   (2.34)
On remarquera qu’étant donné que -  est de degré de fantôme nul et qu’on ne considère
ici aucun champ de degré de fantôme négatif, la condition (2.34) est automatiquement
vérifiée quel que soit le degré de forme. Par conséquent, au degré de forme nul, cette
approche se ramène exactement au problème cohomologique (2.31). Par contre, pour
des degrés de forme non nuls, on trouve des solutions non triviales dans cette approche
alors qu’elles le sont du point de vue de la cohomologie équivariante.

2.4 Cohomologie dans la superjauge générale


2.4.1 Cohomologie équivariante
Cette dernière approche peut facilement être généralisée au cas d’une superjauge gé-
nérale. Dans la suite, nous allons donc déterminer complètement la cohomologie dans
le formalisme de superespace. Ce n’est qu’à la fin que nous nous placerons explicite-
ment dans la superjauge de Wess et Zumino (/ ) afin de comparer avec les résultats
précédents.


Nous définissons la cohomologie équivariante généralisée comme la cohomologie
de l’opérateur BRST dans l’espace des fonctionnelles locales supersymétriques de
degré de fantôme nul ( ie invariantes sous l’action de l’opérateur  tel qu’il est défini en
(2.8)). Autrement dit, pour un degré de supersymétrie 1 et un degré de forme  fixés, on
recherche les fonctionnelles -  telles que
 -
   avec  -   (2.35)
et satisfaisant aux contraintes de non-trivialité
 
-
  -
  avec  -   (2.36)
Ici,
-
 
-
  (2.37)
&

est une fonctionnelle locale de degré de supersymétrie 1 obtenue par intégration d’une
forme différentielle -   . Dans la suite, nous allons donc déterminer les formes différen-
tielles -   sous la forme la plus générale possible, les résultats dans la jauge de Wess et
Zumino se retrouvant en appliquant la condition (2.16).
2.4. Cohomologie dans la superjauge générale 43

2.4.2 Équations de descente


Si -  est un élément de la cohomologie de l’opérateur BRST , alors cela signifie 
que la variation BRST de la forme différentielle -  est une dérivée totale.11 Il existe donc
une forme - vérifiant l’équation

  d 
- 

-

 (2.38)

ce qui montre l’appartenance de -  à la cohomologie de modulo d.


 

En appliquant l’opérateur à l’équation précédente et compte tenu de la cohomo-
logie triviale de l’opérateur d dans l’espace des formes différentielles, on obtient une
relation similaire pour - ,
-

  d -    (2.39)
Le processus se réitère directement pour donner une tour d’équations que l’on ap-
pelle équations de descente :12

 -


d 
-


        (2.40)

Le but est maintenant de déterminer l’ensemble de ces formes -  en prenant en


compte la contrainte de supersymétrie qui garantit la non-trivialité de cette cohomolo-
gie.

2.4.3 Étude de la contrainte de supersymétrie


La contrainte -   implique que la forme  -  est une différentielle totale,
c’est-à-dire qu’il est possible de trouver une forme -   satisfaisant

 -   d -    (2.41)

Nous allons maintenant énoncer une liste de propositions qui vont nous permettre
de réécrire les équations de descente (2.40), non en fonction des formes différentielles
 mais en fonction de superchamps . Afin de ne pas surcharger la lecture avec des
calculs mathématiques un peu lourds quoique sans grande difficulté, les preuves de ces
différentes propositions se trouvent en annexe A.

Note : Dans les deux premières propositions ci-dessous, le nombre de fantôme n’ap-
paraît pas en haut à droite dans l’écriture des formes et des superchamps. En effet, il ne
joue aucun rôle dans l’énoncé de ces propositions et a donc été volontairement omis afin
d’alléger l’écriture. Les résultats sont valables quelque soit le degré de supersymétrie 1
et le degré de forme .
11
conformément au fait que nous travaillons sur une variété sans bords.
12
avec la convention que toute forme ayant un degré de forme, de fantôme ou de supersymétrie négatif
est prise égale à zéro.
44 Chapitre 2. Théorie de Yang-Mills topologique

P ROPOSITION A.1
La condition
 -  d -   (2.42)
implique 

-
 - -  d -- 
 --  d - - 
(2.43)
-


Cette proposition peut s’étendre au cas de superchamps -  :

P ROPOSITION A.2
La condition
 -  d -    (2.44)
implique  -
   -   d - 
-
   -   d -  
(2.45)

En conjuguant la proposition A.1 avec la relation (2.41), on en déduit que -  s’écrit


sous la forme de la -variation
  -  
- 
(2.46)
On peut négliger le terme de dérivée totale d -  compte tenu du fait qu’il ne joue
aucun rôle dans l’intégrale définissant -  . Il en sera de même pour les termes de déri-
vée totale pouvant apparaître dans la suite. Par ailleurs, nous pouvons aussi remplacer
les formes -  par des superchamps - 
-

-
    -    (2.47)

La relation (2.46) prend alors la forme

 
-
-  
(2.48)

En utilisant la définition (1.25), il vient que l’observable globale -  peut se réécrire
sous la forme de l’intégrale sur le superespace d’un superchamp -  :

 
-
 
-
- 
-
 

(2.49)
& &  &

La dernière proposition de cette section nous permet de généraliser les résultats pré-
cédents à des formes et des superchamps de degré de fantôme quelconque.
2.4. Cohomologie dans la superjauge générale 45

P ROPOSITION A.3
La contrainte de supersymétrie implique que toutes les formes -  apparaissant dans
les équations de descente peuvent être remplacées, sans perte de généralité, par des
superchamps

- 
 -           (2.50)

2.4.4 Équations de bi-descente


Afin d’étudier la cohomologie équivariante, il est nécessaire de prendre en compte la
contrainte de supersymétrie dans les équations de descente (2.40). On aboutit à un nou-


veau type d’équations de descente faisant intervenir cette fois non pas deux opérateurs
mais les trois opérateurs ,  et d. C’est pour cela qu’elles sont appelées équations de
bi-descente :

P ROPOSITION A.4
Soit un couple 1  correspondant respectivement au nombre de supersymétrie et au
nombre de forme de l’observable globale - . Pour ce couple, les équations de des-
cente (2.40) avec la contrainte de supersymétrie (A.3) impliquent une tour d’équations
de bi-descente

  d
- 

  - 


 
 -  


 
 (2.51)

où (      1   et       .

La démonstration s’appuie sur les résultats précédents concernant la contrainte de


supersymétrie, à savoir qu’en injectant la proposition A.3 dans les équations de descente
(2.40), on arrive à la nullité de la -variation

  -



d  -


  (2.52)

Étant donnée la cohomologie triviale de l’opérateur  dans l’espace  , ceci implique


S
qu’on peut trouver un superchamp -     qui satisfait l’équation

 -



d  -


   -


        (2.53)

Ainsi on a obtenu les équations de bi-descente pour ( , la généralisation à des va-


leurs quelconques de ( se faisant par récurrence (cf. Annexe A.2). On remarque d’ailleurs
que tous les superchamps -     intervenant dans l’équation (2.51) ont le même
46 Chapitre 2. Théorie de Yang-Mills topologique

degré total13
> 1   (2.54)

Par conséquent, il est possible de réécrire la tour d’équations de bi-descente non plus
pour le couple 1  mais pour le couple > , où > prend une valeur positive arbitrai-
rement fixée (le nombre 1 se déduisant directement de la connaissance du couple > 
via (2.54)). De la même façon, on modifie le paramètre ( de manière à faire apparaître
un nombre  pour simplifier un peu les écritures.

L EMME A.1
Pour un couple >  donné, les équations de bi-descente s’écrivent

 5  
 d


5  
 


5  
 



        >  


(2.55)


Les domaines de variation de  et  ci-dessus définissent un parallélogramme = 2(  > 


(cf. section (2.6) pour le cas > ) dont on donne une vue approchée ci-dessous :






 

F IG . 2.1 – Le parallélogramme des équations de bi-descente

Chaque point de ce parallélogramme, c’est-à-dire la donnée d’un couple    corres-


pond de manière univoque à une équation de l’ensemble des équations de bi-descente (2.55).

13
qui, on le rappelle, vaut la somme du degré de forme, du degré de fantôme et du degré de supersy-
métrie.
2.5. Résolution des équations de bi-descente 47

2.5 Résolution des équations de bi-descente


2.5.1 Remarque préliminaire
Quand  varie entre ses valeurs extrêmes 0 et > , on observe que les parallélogrammes
= 2( > décrivent tout le triangle  (> compris entre les points  ,  > et > 
(dans le système d’axes   ). Ce triangle correspond à l’ensemble des équations de bi-
descente pour     > , 
 5  
 d 

5  
 


5  
 


(2.56)
avec         >

À chacun des points du triangle  (>  correspond une équation de (2.56) qui ne
fait intervenir que des superchamps correspondant à des points d’un parallélogramme
= 2( >. Autrement dit, elle représente une équation de l’ensemble (2.55). Donc une
solution non triviale de (2.56) est une solution de (2.55).
Cependant, la réciproque n’est pas nécessairement vérifiée. En effet, si l’on considère
deux superchamps 5    et 5     appartenant à la réunion de deux parallélo-
grammes = 2(  >  et = 2(   > , ils peuvent représenter des solutions différentes des
deux ensembles d’équations de bi-descente correspondantes.
Nous allons donc commencer par étudier l’ensemble des solutions de (2.56) qui per-
mettent d’obtenir certaines solutions des équations de bi-descente (2.55) avant de re-


chercher les solutions les plus générales. Ces dernières seront obtenues en faisant in-
tervenir une troncation cohérente sur l’espace  des superformes, ce qui justifiera la
méthode a posteriori.

2.5.2 Équations de superdescente


Dans cette section, nous allons donc nous intéresser aux solutions des équations
 5  définies par leur développe-
(2.56). Pour cela, nous introduisons des superformes 
ment en puissance de d suivant




 5

  
 5


d  
      > (2.57)



Les coefficients de cette superforme sont tous les superchamps de degré de fantôme
>  , c’est-à-dire ceux qui se trouvent sur la ligne horizontale  >  dans le triangle 
 (>. Il est facile de voir que ces superformes satisfont des équations de superdes-


cente,
 5   d  5         > (2.58)
 est la dérivée extérieure sur le superespace (cf. (1.22)).
où d
48 Chapitre 2. Théorie de Yang-Mills topologique

Les deux systèmes d’équations (2.56) et (2.58) étant strictement équivalents, on va


donc chercher les solutions sous la forme des superformes   5  , c’est-à-dire résoudre
la cohomologie de modulo d  dans l’espace des superformes  .
 5 de degré de fantôme nul qui est solution non tri-

À partir de la superforme 
viale des équations de superdescente (2.58), on peut définir une «superobservable»   5
comme l’intégrale sur le superespace

 
5  5
  (2.59)

  d
5
5  5 



conformément à la définition donnée en (1.25)). Les 5 


  sont les expressions défi-


nies en (2.49),

5 
  5 


5 
       > (2.60)
& &

L’intérêt majeur est qu’il est possible de fonctionner par analogie avec le cas de Yang-
Mills ordinaire. En effet, les équations de superdescente ont la même forme que les
équations de descente de Yang-Mills ordinaire et les superformes  et ; ont des trans-
formations BRST similaires aux champs 2 et " de la théorie ordinaire (cf. équations (2.4)).

Yang-Mills ordinaire Yang-Mills topologique dans le superespace


2 
2 D"   D ;
" ;
" " 
; ; 

TAB . 2.4 – Analogie entre Yang-Mills ordinaire et Yang-Mills topologique dans le super-
espace

Par conséquent, il suffit de reprendre les résultats concernant la cohomologie de


Yang-Mills ordinaire [1] et de « rajouter des chapeaux un peu partout ». On commence
par introduire les différents cocycles fonctions de , ; et de leurs superdérivées exté-
rieures,
 ;   4
< <   ; 
 <  
   
(2.61)
    

4
(       
où   représente le rang du groupe de structure , ( caractérisant le r-ième Casimir
(de degré < ).
2.5. Résolution des équations de bi-descente 49

Ces cocycles correspondent aux deux extrémités d’une tour d’équations de super-
descente impliquant des superformes différentielles 
  ,

 

 

 d 


 

          (2.62)

avec les relations 


  ;  et d  
    .
Les superformes 
  constituent donc une solution particulière des équations
(2.58). Afin de trouver une solution plus générale, il est possible de rajouter au terme de
degré de forme nul  ;  une combinaison de facteurs -    puisque, de toute façon, ces

derniers sont invariants sous (invariance de jauge) et sous d  (cf. équation de Bianchi
généralisée (2.11) ). On construit ainsi d’autres supercocycles

  ;              (  (  (2.63)


<  . Par suite des équations (2.62),
)
de degré de fantôme  et de degré de forme >* 

les superformes

 

5








                    (2.64)

satisfont aux équations de superdescente (2.58).

Remarque : Dans le cas le plus général, on devrait prendre des supercocycles  


comportant plusieurs formes  ; . Cependant, nous nous intéressons ici à des obser-
vables de degré de fantôme nul. D’après [1], seuls les cocycles ne comportant qu’un seul
monôme  ;  permettent d’arriver à ce résultat.
À partir de (2.64), on obtient donc la forme générale des observables


             
 5

 5    
5 
 d

5 
 (2.65)


avec le degré total > >*  



)


<   <
   <   
)


 .

Écriture alternative des solutions


Afin d’obtenir les observables, il faut extraire le polynôme 5   de la superforme
 5 . Cela peut se faire de manière plus simple (mais équivalente) en partant du principe
que la superdérivée extérieure d 
 d  d  ne diffère de l’opérateur de supersymétrie
(ie de  ) que par un facteur d et l’addition d’une dérivée totale.
50 Chapitre 2. Théorie de Yang-Mills topologique

Ainsi si l’on calcule la superdérivée extérieure de   5 , on peut écrire le développe-


ment en puissances de d en utilisant l’identité de Bianchi généralisée (2.11),

  5
d           

  1       1    d5
5
(2.66)
5  



où les 5 
 sont donnés par
5 
 5   d 


5 

(2.67)
5 
    d    


5 


Si l’on évalue 5   en   alors le second terme dans l’expression précédente


devient une dérivée totale qui disparaît
 à l’intégration. On trouve ainsi qu’il est possible
de substituer 5     à 5    dans l’intégrale (2.37) définissant .
Par ailleurs, en appliquant une nouvelle fois la superdérivée extérieure à l’expres-
sion (2.66), compte tenu de la nilpotence de l’opérateur d  , on peut en dégager le système
d’équations
5    d5           > (2.68)
ce qui donne, en  ,
5 
  d5  
        > (2.69)

On obtient donc le même système d’équations de descente que dans la caractérisation de


Witten des observables, à la différence près qu’ici, nous sommes en superjauge générale
et non en jauge de Wess et Zumino ( apparaît à la place de   ).
En imposant les conditions de jauge de Wess et Zumino, on retrouve les résultats de
Witten, par exemple au degré de forme 0, on trouve
5
         
   (  (  (2.70)

à savoir que la cohomologie à degré de forme nul est engendrée par les polynômes
invariants de jauge ne dépendant que de .

2.5.3 Solutions générales des équations de bi-descente


Ainsi que nous l’avons évoqué à la section précédente, les solutions des équations de
superdescente ne constituent qu’une partie de l’ensemble des solutions des équations de
bi-descente. En réalité, il existe deux classes de solutions : une première qui reproduit les
solutions données par les équations de superdescente et une deuxième qui est triviale
au sens de la cohomologie équivariante de Witten (cf. section 2.3.2). Nous énonçons le
résultat général ici, la démonstration est reléguée en annexe A afin de ne pas encombrer
la discussion par des calculs un peu techniques.
2.6. Applications et développements explicites 51

Première classe de solutions

Elles sont données par les superchamps


 
5



             
   
- 5



 
)
(2.71)
avec >  < 


où la notation
  signifie qu’on ne garde dans le développement du produit


            que les termes de degré de forme  et de degré de supersymétrie

- 5


 .

   

>
Les observables sont obtenues par intégration de la -variation de (2.71) sur une
variété de dimension  (cf. (2.60)). En réalité, pour        > , les expressions (2.71)
sont exactement celles introduites en (2.65). Par conséquent, cette première classe de so-
lutions correspond aux solutions obtenues en résolvant les équations de superdescente.

Deuxième classe de solutions

Ces solutions, qui correspondent à une solution triviale au sens de la cohomologie


équivariante mais pas dans notre approche, sont données par des polynômes invariants
de jauge, ne dépendant que de la courbure 1 et des superchamps   ainsi que de
leurs dérivées covariantes,
5


5
     D  D 

1 1 1 (2.72)

 est non-trivial dans le sens où 5


 d  
 5  5
 .
 . Sur les fonction-

Les expressions intégrées sont donc de la forme  5 



&
nelles invariantes de jauge,  se comporte de la même façon que  (voir la discussion
suivant la relation (2.15). Par conséquent, en projetant en jauge de Wess et Zumino, 
est remplacé par   et donc l’intégrale  précédente est simplement une variation su-
persymétrique (au sens de   ) d’une fonctionnelle invariante. Elle constitue donc une
solution triviale du point de vue de la cohomologie équivariante.

2.6 Applications et développements explicites


2.6.1 Représentation graphique des équations de bi-descente
Nous allons maintenant donner une représentation graphique du système d’équa-
tions de bi-descente qui permet de visualiser quelles sont les superchamps intervenant
dans les différentes équations.
52 Chapitre 2. Théorie de Yang-Mills topologique

Dans le cas du degré total > , on a affaire à 10 superchamps        


 et     . Dans le plan   , ces superchamps se répartissent comme suit :

 
 
  
   
    
    

On repère le degré de forme  sur l’axe horizontal et le degré de fantôme  sur l’axe
vertical (par exemple, le point   correspond à  ).
Représentons maintenant les 4 parallélogrammes = 2(   correspondant aux 4 jeux
distincts d’équations de bi-descente (2.55) :

       
   
 Æ     Æ 
 Æ Æ   Æ Æ   Æ Æ 
 Æ Æ Æ Æ  Æ Æ Æ Æ  Æ Æ Æ Æ 
Quand  varie de 0 à > , les parallélogrammes = 2(  >  décrivent bien la totalité
du triangle qui décrit quant à lui l’ensemble (2.58) des équations de superdescente. Dans
le cas > , les équations de superdescente ont la même forme que les équations de
descente de la théorie de Chern et Simons dont les solutions sont bien connues [35],

    ;  
 
  ; d ; 
  d     
  (2.73)
  d ; 
2.6.2 Exemples d’observables

Nous allons prendre comme exemple le groupe de jauge
 
. Ce groupe
possède plusieurs opérateurs de Casimir : celui de
 de degré <  et celui de

 de degré < . Dans la suite, l’indice 2 (pour abélien) renverra aux quantités
du secteur
, les quantités du secteur 
 seront notées comme précédemment.
2.6. Applications et développements explicites 53

On définit les fantômes et les connexions sur chacun des secteurs



  ;      
d
(2.74)

  ; 
      
d
Les cocycles (2.61) prennent la forme
  ;  ;        

  ;    ;  
       
(2.75)

La résolution des équations de superdescente (2.58) fait intervenir les superformes





 

,


  
   
   


  
   
 ; d ;  (2.76)


  d ;  
  d    
À partir de là, trois cas sont à envisager dans la construction des observables :
on peut considérer les solutions correspondant au Casimir d’un seul secteur (
 ou

) mais on peut aussi regarder des observables « composites » formées à partir des
deux jeux de solutions ci-dessus.
En revanche, il est impossible de construire des observables de degré de fantôme nul
en partant d’une superforme telle que  
   par exemple. Cela illustre la remarque
faite plus haut, selon lequel l’ascension dans la tour d’équations de descente s’arrête
quand le degré de forme atteint le degré de fantôme de la forme  de plus petit degré
(ici, on s’arrête au niveau 1 à cause de  ).

Observables construites à partir du Casimir de



Le système d’équations de superdescente pour >  s’écrit
   et    d   (2.77)
et admet comme solutions les superformes différentielles données en (2.76) :
  
  ;   
(2.78)
     d   
 


Afin de déterminer les observables correspondantes, on va calculer la superdérivée


extérieure de    évaluée en   (en accord avec la remarque faite précédemment à la
fin de la section 2.5.2, page 49) :

    
d      d    d  (2.79)
54 Chapitre 2. Théorie de Yang-Mills topologique

avec     et   donnés par

 d2   :  d/ et 


   (2.80)

Si l’on écarte l’observable triviale  du fait que  est une différentielle totale,
&

on aboutit à deux observables qui sont les intégrales de   et   respectivement sur
des variétés $ de dimension 1 et $ de dimension 0.
Ces résultats sont équivalents au calcul de la superintégrale     sur une collection
$  $     de variétés telle qu’elle a été définie en (2.59),
    
 

  (2.81)


d   
 
 &

Observables construites à partir du Casimir de 



Cette fois, le degré total vaut >  et la superforme en bas de la tour d´équations

de bi-descente est égale à   . Les solutions sont données par les expressions (2.76)


pour 
. De la même manière, nous évaluons les observables en calculant en  
la valeur de la superdérivée extérieure de la superforme de degré de fantôme nul,
 
   
d    

  

 (2.82)

 d
 


En décomposant la superconnexion  suivant (2.5), on obtient les expressions de


chacune des formes
  ,

     / 


 :  :/   D/   / 
 (2.83)


 :    :D/  d /D/
 :   d / 
Les observables sont les intégrales sur des variétés de dimension adéquate de ces formes
différentielles (avec, en plus, l’intégrale de  ).
2.7. Résumé 55

Observables « composites »


Comme évoqué précédemment dans la section 2.5.2, il est possible de construire des
observables en partant de formes  plus générales.
Considérons par exemple le cas le plus simple construit en partant de la forme 
  . Ici, le degré total vaut >  et la forme de degré de fantôme nul est      .
   , on détermine les formes différentielles 
Si l’on calcule sa superdérivée extérieure d

    


 
 

      
 (2.84)
     



  
Comme prévu d’après les résultats généraux de la section précédente, ces solutions
sont bien des polynômes dans les variables  précédentes ainsi que  . Comme pré-
cédemment, les observables sont les intégrales sur des variétés de dimension adéquate
de ces formes différentielles.

2.7 Résumé
La représentation de la symétrie topologique à travers le superespace a permis de


mettre en avant la structure des symétries du système : symétrie de jauge caractérisée
par l’opérateur BRST usuel et symétrie topologique caractérisée par l’opérateur de
supersymétrie .


L’étude des classes de la cohomologie équivariante de la théorie de Yang-Mills topo-
logique peut être effectuée en étudiant la cohomologie de l’opérateur BRST (modulo
d) dans l’espace des polynômes fonctions de la superconnexion , de son superfantôme
; et de leurs dérivées covariantes. La détermination de cette cohomologie utilise des ex-


tensions des techniques habituelles [1], d’une part dans un formalisme de superespace,
d’autre part dans le cas où l’on considère deux opérateurs de type BRST, à savoir
et . Ceci nous amène à condidérer des équations de bi-descente, généralisation des
équations de descente habituelles.
Notre principal résultat est que la résolution de ces équations de bi-descente four-
nit deux types de solutions : l’un d’eux correspond à des observables triviales du point
de vue de Witten, l’autre type correspond à une généralisation à une superjauge quel-
conque des résultats de Witten (ses résultats pouvant être retrouvés en appliquant une
condition de jauge de type Wess et Zumino).
Au final, cette approche a permis de mettre en avant non seulement un formalisme
général qui peut ensuite être appliqué à des théories plus complexes, par exemple la
56 Chapitre 2. Théorie de Yang-Mills topologique

gravité topologique (cf. chapitre suivant) ou des théories de Yang-Mills topologiques


possédant plusieurs opérateurs de supersymétrie [36]. Mais nous avons également pu
déterminer complètement l’ensemble des observables de la théorie de Yang-Mills to-
pologique et confirmer que celles qui avaient été trouvées jusque là étaient les seules
possibles.
57
Chapitre

3 Approche d’une théorie


topologique de la gravité

La théorie d’Einstein de la relativité générale a la propriété intéressante à trois di-


mensions (une de temps et deux d’espace) d’être une théorie topologique. La remarque
n’est cependant plus vraie en dimension 4, où l’existence du graviton traduit la présence
de degrés de liberté locaux. Néanmoins, il peut être intéressant de chercher à construire
une théorie topologique dont la relativité générale serait la manifestation de basse éner-
gie résultant d’une brisure de la symétrie topologique. Depuis quelques années en effet
se développe un lien important entre ces modèles topologiques et des théories non to-
pologiques, telle que la gravité quantique non perturbative [37–41].
Initialement, la relativité générale s’appuie sur un formalisme métrique. Cela se
comprend si l’on considère le tenseur métrique  comme la variable la plus « accessible »
à première vue, en ce sens où il permet de décrire la distance entre deux points de
l’espace-temps. Il représente la généralisation aux espaces courbes de la métrique plate
(minkowskienne) de la théorie de la relativité restreinte. Cependant, on utilisera dans
la suite plutôt un formalisme différent, faisant intervenir le vielbein qui fait en quelque
sorte le lien entre l’espace-temps courbe et l’espace tangent plat.
Plusieurs modèles de gravité topologique ont ainsi été définis et étudiés dans le
passé. Les premiers articles sur le sujet remontent à un peu moins de 20 ans [42–47]
et étaient consacrés à la construction de modèles alors que les travaux plus récents
se focalisent sur la détermination d’observables non triviales [5–10, 48]. Certains mo-
dèles ont proposé une version topologique de la gravité conforme à la Weyl [42–45, 49]
mais ils ne fournissent pas d’observables non triviales. Enfin les modèles plus récents
se concentrent sur la théorie topologique obtenue à partir du twist d’une théorie de
supergravité étendue possédant, en plus des champs habituels, un secteur de Maxwell
(correspondant au graviphoton) [50–52]. À noter qu’on trouve également des approches
par les théories de type  dans certains articles [53, 54].
Devant la profusion de formulations différentes, nous allons d’abord faire une mise
au point des différentes approches (utilisant la métrique ou le vielbein) ainsi que des
liens entre ces différents formalismes avant de développer une approche des champs
et des symétries dans le superespace. Comme dans le cas de Yang-Mills topologique
(cf. chapitre précédent), un choix de jauge judicieux de type Wess et Zumino permet de
faire le lien avec les résultats antérieurs connus.
58 Chapitre 3. Approche d’une théorie topologique de la gravité

3.1 Les différents formalismes de la relativité générale


3.1.1 Formalisme métrique
Le plus souvent, on décrit la gravitation par un formalisme utilisant comme variable
principale la métrique  de la variété considérée. On lui associe les symboles de Chris-
toffel (ou la connexion affine)

 !



!"

 "   "  
" 



À partir de cette connexion, on peut définir la dérivée covariante d’un vecteur  :




   ! ! . Le commutateur de deux dérivées covariantes donne le tenseur

 

de courbure de Riemann,
    ,  
dont on tire le tenseur de Ricci en effectuant la contraction suivante sur deux indices :

, ,   
On peut donner une formulation lagrangienne de la théorie d’Einstein. En présence
de matière, l’action de la relativité générale à quatre dimensions s’écrit

  !'

6  d
&  (3.1)

où !
est la courbure scalaire définie à partir du tenseur de Ricci,  , et & ! 
le lagrangien décrivant la matière. Si l’on dérive les équations du mouvement de la
variable métrique  , on retrouve l’équation d’Einstein,

 '   (3.2)

où  ,   !  est le tenseur d’Einstein et  le tenseur énergie-impulsion.

3.1.2 Formalisme du premier ordre


Dans l’optique de traiter la relativité générale de manière analogue à une théorie de
jauge (et par extension, la gravité topologique), on utilisera dans la suite un formalisme
du premier ordre.


Pour cela, on introduit deux formes différentielles de degré 1 :
– une connexion de Lorentz         d  ;

– un vielbein14    d  .
14
à 3+1 dimensions, on parle aussi de vierbein ou de tétrade. Dans notre discussion qui se veut indé-
pendante de la dimension de la variété, nous emploierons systématiquement le terme de vielbein.
3.2. Les précédentes formulations de la gravité topologique 59

Ici, les indices 2 #    sont des indices d’espace plat (ils peuvent être élevés ou abaissés
au moyen de la métrique  de l’espace tangent (métrique dont la signature peut être
choisie minkowskienne ou euclidienne) contrairement aux indices grecs 6 ?    qui se
réfèrent à l’espace courbe muni de la métrique  . Dans la suite, on omettra souvent les
indices 2 #    en utilisant la notation matricielle :     

 d   ;
Les tenseurs de champ associés sont :
– pour le vielbein , la torsion :  D
– pour la connexion  , la courbure : , d   
.

Ces champs satisfont aux identités de Bianchi

D,  avec D, d,   ,

(3.3)
D , avec D d  
La métrique est en quelque sorte le « carré » du vielbein,

       (3.4)

3.1.3 Formalisme du second ordre


On peut aussi définir un formalisme du second ordre en éliminant la connexion de
Lorentz  . Pour cela, on utilise l’équation du mouvement pour  dérivée à partir du
lagrangien de Hilbert et Einstein.
Cette équation du mouvement est en réalité équivalente à la condition de torsion
nulle  . La connexion  n’est donc plus un champ indépendant mais est une fonc-
tion du vielbein  et de son inverse. Remarquons que cela suppose que le vielbein soit
inversible.

3.2 Les précédentes formulations de la gravité topologique


3.2.1 Formalisme du premier ordre
En plus des champs fondamentaux que sont le vielbein  et la connexion de spin 
évoqués dans la section précédente, nous introduisons également une connexion
,
2, qui correspond au graviphoton de la théorie de supergravité étendue dont est suppo-
sée émerger la théorie topologique après le twist.
Nous avons donc trois champs fondamentaux
– le vielbein  donnant lieu à la torsion  D d   ;
– la connexion de spin    donnant lieu à la courbure , d   
;


– la connexion 2 donnant lieu au tenseur de champ  d2 ;
et trois symétries
– les transformations de jauge caractérisées par un champ fantôme "  ;
60 Chapitre 3. Approche d’une théorie topologique de la gravité

– les difféomorphismes caractérisés par un champ de vecteurs fantôme @ @  ;


– les transformations
 locales caractérisées par un fantôme .
Les champs  et " prennent leurs valeurs dans l’algèbre de Lie du groupe de Lorentz,
par conséquent on a  
 et " " . 
lité [55–57]. On définit une dérivée généralisée d d  et les champs généralisés 
Nous allons utiliser dans cette section le formalisme des conditions d’horizonta-

    "   "  7 
     7 
2  2   2    7 2

, d    

(3.5)

 D   d    
 d 2


qui satisfont les identités de Bianchi généralisées

 ,
D   
D , 
 
d  (3.6)

 en fonction du degré de
Si l’on développe la 2-forme généralisée de courbure ,
fantôme, on obtient



, ,

, ,  ,  , avec

,   D"  " "  7   (3.7)
"  " 
7 7


, 7

7

Les expressions sont similaires pour les autres 2-formes  et  .


On obtient les transformations BRST de tous les champs en imposant certaines condi-
tions d’horizontalité sur les 2-formes précédentes. Dans le cas de la gravité topologique,
on impose les conditions suivantes [51] 15 ,

,  ,  : 

    :   (3.8)

      
 

15
qui sont la généralisation des conditions d’horizontalité pour la théorie de Yang-Mills topologique,
cf [4].
3.2. Les précédentes formulations de la gravité topologique 61

Les champs : : et  sont des 1-formes de degré de fantôme 1 et les champs   et  sont
des 0-formes de degré de fantôme 2. Les champs : et  sont à valeurs dans l’algèbre de
Lie du groupe de Lorentz, c’est-à-dire qu’on a : 
: et   . 
Dans le développement, on peut factoriser le terme  au moyen de la relation [58,

  
59]
d    d  7    7 7   (3.9)

qui fait apparaître le champ de vecteurs - -  
@ @  . Ce champ de vecteurs est
de degré de fantôme 2 et caractérise un shift local du fantôme @ des difféomorphismes ;
il paramétrise donc la supersymétrie vectorielle [60]. La nilpotence de l’opérateur BRST

 
impose les relations
@ @   - - @ -
 (3.10)
À partir des relations (3.6) et (3.8), on obtient les transformations BRST des champs
ainsi que la relation  , qu’on peut réécrire -  à condition de supposer le
 

vielbein inversible. Cette hypothèse d’inversibilité est en réalité nécessaire car le champ
- (et non ) intervient explicitement dans la variation BRST de @ . On procède donc à la
redéfinition
  
 -    A  2   (3.11)
Les transformations BRST des champs prennent alors la forme

    "  : @ @   -
:  :  ":    - -
7

7  @ -

    D"  :
7 "  "  "  -
7


:  :  " :
   D-
7  -  -  " -
 "
7 
(3.12)

2  2  d       A
    2  dA A  A  
7 7

7  7 

et celles des tenseurs de champs correspondants

,  ,  " ,
 D:     "  :  D:
   d
7 7
(3.13)
 7  

Par construction, l’opérateur BRST est nilpotent et les transformations précédentes
correspondent à celles présentées dans [48, 51], à la différence que certains termes man-
quent dans la variation de  dans [48] et de - dans [51]. Ces termes sont pourtant né-
cessaires à la nilpotence de l’algèbre BRST.

Interprétation des différents termes de l’algèbre


62 Chapitre 3. Approche d’une théorie topologique de la gravité

On peut comprendre de manière très simple les différents termes apparaissant dans
(3.12). Dans le secteur gravitationnel, nous avons deux champs de base : le vielbein 
et la connexion de Lorentz  et plusieurs symétries : les difféomorphismes (caractérisés

par la dérivée de Lie 7 ), les transformations de Lorentz locales (transformations de
jauge paramétrées par ") et la symétrie topologique ( Æ0  : et Æ0  :).

 est réductible en ce sens qu’il reste invariant sous les transformations suivantes :

– Æ @ - et Æ :  

– Æ " - et Æ : - .

De la même façon,  est réductible par rapport aux transformations suivantes :
– Æ @ - et Æ :  ; 
– Æ " - et Æ : D-.
La construction complète de l’algèbre peut alors se faire en rajoutant les termes de


difféomorphismes et de transformation de Lorentz locale pour tous ces champs. Notons
que " est réductible par rapport à Æ @ - si l’on transforme - selon Æ -  ".
16
Les 
champs - et - jouent le rôle de fantômes pour les fantômes @ et ".
Le raisonnement effectué ici se transpose sans encombre au secteur de Maxwell.

Analogie avec la théorie de Yang-Mills topologique


Les transformations BRST (3.12- 3.13) possèdent une propriété intéressante qui sera
utile au moment de la discussion sur les observables. Pour mettre ceci en évidence, nous
allons écrire les formes généralisées de manière légèrement différente au moyen d’une
redéfinition de certains champs. Les relations (3.5) se mettent sous la forme

   "7 avec "7 "   


3 @
7

   37 avec @  
  
(3.14)
   2
7 

2 2  7 avec 7 7

et les conditions d’horizontalité (3.8) deviennent

, ,  :7  7    :  7 7 
(3.15)
   7  7 

avec :7 :  7 , et     :     ,
7 7
 7 7 et ainsi de suite.

16
Lors de cette construction de l’algèbre, les différents signes sont ajustés afin d’assurer la nilpotence
de l’algèbre complète.
3.3. Champs et symétries dans le superespace 63

Les transformations BRST s’écrivent alors


  D 3  "   :  7 7 7 3 7 " 3  
7 7 7

: D  " :  : 3   
7 7 7 7 7 7 7  7 "   3 
7 7 7 7

 D"  :  7 7 " 7 "   



7

: D   "  :
   "  

7
(3.16)
7 7 7 7 7 7 7

 2 d      7 
  d   
7 7 7

7 7 7 
et
, D:  "  ,
  D:  "   ,3  : 
 d 
7 7 7 7 7 7
(3.17)
 7

Ces transformations coïncident avec celles présentées en [50]. On remarque que,


dans l’algèbre ci-dessus, la partie concernant la connexion de spin  est similaire à celle

de l’opérateur tot de la théorie de Yang-Mills topologique (cf chapitre 2, section (2.21),
page 39).

3.2.2 Approche métrique


On peut aussi donner une formulation métrique de la gravité topologique et étudier
les observables correspondantes. Le lecteur pourra trouver une présentation de cette
approche en annexe B.

3.3 Champs et symétries dans le superespace


3.3.1 Formulation générale
Dans le superespace, on généralise naturellement les notions de vielbein et de con-
nexion de Lorentz en introduisant un supervielbein, c’est-à-dire une superforme
        d    avec    d  (3.18)
et une superconnexion, à savoir une superforme
 
      d    




avec  
  

d   (3.19)
La gravité topologique étant supposée résulter d’un twist d’une théorie de supergra-
vité étendue, nous introduisons aussi une connexion
 (secteur de Maxwell) corres-
pondant au graviphoton de la théorie usuelle,
     d     avec  d   (3.20)
64 Chapitre 3. Approche d’une théorie topologique de la gravité

On peut décomposer chacun de ses superchamps, en accord avec la définition (1.17),

         :       /    


  


   

       :        /       





 
(3.21)
   2         B      
  

Les transformations de symétrie sont au nombre de trois : les transformations de


Lorentz, les transformations de coordonnées (difféomorphismes) et la transformation
de jauge
 du secteur de Maxwell. En formalisme BRST, les transformations des
symétries infinitésimales sont paramétrées par des champs fantômes, en l’occurrence un
superchamp ;       pour Lorentz, un superchamp
    pour Maxwell ainsi qu’un
superchamp de vecteurs                 .
Ces superfantômes ont comme composantes

;      "     "    
        
(3.22)
   

@     @      

3    3  

Dans la suite, nous ne raisonnerons que sur les composantes des superchamps et
pour simplifier la notation, les indices  caractérisant le nombre de supersymétrie seront
omis. Par ailleurs, les champs de vecteurs seront notés sous forme réduite @ @  .

3.3.2 Algèbre des transformations BRST


Les transformations BRST prennent la forme

    ;     D ;      d




 
 


   
;  ;  ;  

 




(3.23)

Les champs se transforment sous les superdifféomorphismes au moyen de la dérivée


de Lie paramétrée par le superfantôme  et les transformations de Lorentz agissent
linéairement sur le supervielbein  .
Si l’on réécrit ces transformations en décomposant sur les champs suivant les rela-
3.3. Champs et symétries dans le superespace 65

tions (3.21 - 3.22), il vient

    "  3:  d3 /
:/  :/  "/":3"33/:  d3/  d3 
7

7 7 ¼

   /   :  "  "/  3 


7 7 ¼
7 7 ¼ 7 ¼

   D"  3:  d 3 /     


:  :    " :
 D"  3 :  d3 /  d3 
7

/  /     " /


 "  3  3 /  
7 7 ¼

   /   :  "
 "  /
 3 
7 7 ¼
7 7 ¼ 7 ¼

2  2 
7  d 23d d33B  d3 B  d3  (3.24)

B  B   2    3 3B
7 7 ¼

    B     3 
7 7¼
7 7¼ 7 ¼

""  """ " 3" " "


 3"
7


@ @  @ @
 3@
7 7 ¼
@  3@ 
3  3  333 3 3

 3
   3
7 7 7 ¼
7 7 7 ¼

Comme dans le cas de la théorie de Yang-Mills, on résume dans le tableau 3.1 les dif-
férents degrés des champs ainsi que le degré total en fonction duquel les commutateurs
de l’algèbre sont gradués.

 : /  : /  2  B  " " @  @  3 3  
Forme 1 1 0 0 1 1 0 0 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
Fantôme 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 1 1 1 1 1 1
SUSY 0 1 1 2 0 1 1 2 0 1 1 2 0 1 0 1 -1 0 0 1
Total 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2 1 2 0 1 1 2

TAB . 3.1 – Degrés dans le superespace pour la gravité topologique

Chaque champ de fantôme (ils sont huit au total) caractérise une symétrie locale. On
peut les séparer en deux familles.
66 Chapitre 3. Approche d’une théorie topologique de la gravité

Symétries caractérisées par @ 3 " et 

Ces fantômes correspondent respectivement aux difféomorphismes, à la supersymé-


trie locale, aux transformations de Lorentz locales et aux transformations de Maxwell
locales. On vérifie bien que tous les champs se transforment sous les difféomorphismes
au moyen de la dérivée de Lie par rapport au champ @ .

Symétries caractérisées par @   3  " et 

Ces fantômes correspondent respectivement à la supersymétrie vectorielle, aux ,-


transformations (ou transformations de Fayet) et aux transformations de superjauge.
Nous allons bientôt voir que les symétries locales décrites par @  " et  peuvent être
éliminées par un choix de superjauge (du type Wess et Zumino).

3.4 Réduction à la jauge de Wess et Zumino


3.4.1 Conditions de jauge
De manière analogue au cas de la théorie de Yang-Mills topologique, on observe que
le formalisme en superespace introduit des champs et des symétries supplémentaires
qui peuvent être éliminées de manière algébrique en imposant des conditions de fixa-
tion de superjauge du type Wess et Zumino. Dans le cas présent, la superjauge de Wess
et Zumino est définie par

/  /  et B  (3.25)

L’annulation de ces champs fixe les symétries paramétrées par les fantômes @  " et
 . En effet, selon les équations (3.24), il est nécessaire d’imposer les trois relations

3  
7 ¼  3     "
7 ¼  et 3   2  
7 ¼  (3.26)

afin de garantir la stabilité de l’algèbre.


On peut réécrire ces relations sous forme de trois équations correspondant respec-
tivement à chacun des champs @   " et  . Pour cela, on redéfinit certains champs de la

 
théorie,
-  
 
-    et A   2 (3.27)

Naturellement, cette redéfinition impose de pouvoir définir  , c’est-à-dire que l’on im-
pose que le vielbein soit inversible. Compte tenu de ces redéfinitions, les relations (3.26)
prennent la forme
@  3-  " 3- et  3A (3.28)
3.4. Réduction à la jauge de Wess et Zumino 67

3.4.2 Algèbre BRST dans la jauge de Wess et Zumino


L’algèbre (3.24) prend dans la jauge de Wess et Zumino la forme suivante

    "  3:
:  :  ":  3   -   d 3   3:
7

- @ -
 3 -
7  

    D"  3:


:  :  " :
 3  D-  d3-     3:
7

-  -  " -
 "  3 -
7

7 
 

2  2  d  3 (3.29)
    3 2  d A   d3A   2  3
7

A  A    3 A
7

7 
 

@ @  3 -
"  "  "3 A 3 -
 
 
7

3  3  33 3  3  3 3

7

7 7 

Plusieurs remarques sont à faire sur cette algèbre et en particulier son lien avec
d’autres approches des théories de gravité topologique (cf. [50–52]). La principale diffé-
rence se situe au niveau du rôle de la symétrie topologique.
Dans notre cas, la supersymétrie est caractérisée par le fantôme 3. Or il est toujours
possible de redéfinir les champs de notre théorie afin d’y incorporer ce fantôme. Plus
précisément, on va chercher à « faire disparaître » les indices  de supersymétrie en ab-
sorbant une puissante adéquate de 3. Compte tenu du fait que 3 possède un nombre de

supersymétrie de  et un nombre de fantôme de , cela revient à redéfinir les degrés
des champs physiques17 pour faire apparaître un degré de fantôme positif au lieu d’une
degré de supersymétrie positif.
On effectue donc la redéfinition

: 3: : 
3:  3
- 3 -
(3.30)
- 3 - 
A 3 A

Du fait de cette redéfinition, les fantômes 3 et 3 n’apparaissent plus que dans leurs
 
propres relations de transformations 3 et 3 . Autrement dit, on peut les enlever de
l’algèbre BRST et on se retrouve alors avec une supersymétrie rigide comme c’est le
cas usuellement dans les théories topologiques. On notera par ailleurs que l’algèbre
résultante est identique à celle présentée en (3.12).
17
Cette remarque est à rapprocher de la remarque faite pour Yang-Mills topologique à propos du
nombre de fantôme « total » comme somme du nombre de fantôme et du nombre de supersymétrie.
68 Chapitre 3. Approche d’une théorie topologique de la gravité

3.4.3 Autre approche


Une modification du contenu initial en champs permet de réaliser une autre construc-
tion de la gravité topologique. On ne considère plus le superchamp de Maxwell  (ainsi
que son fantôme
) mais on introduit à la place une composante supplémentaire au
vielbein. Plus précisément, nous ajoutons à la super-1-forme   déjà présente une com-
posante   de sorte à obtenir une matrice de supervielbein
 
 
 (3.31)
 

La superforme   se décompose selon

        d    avec  d    (3.32)

chacune de ces composantes pouvant s’écrire, suivant la définition (1.17),

     2      
(3.33)
    B      
Nous avons volontairement repris les mêmes notations que dans la partie précé-
dente en anticipant sur les résultats à venir permettant la comparaison entre les deux
approches. Cependant, une différence est à noter au niveau des indices  portés par
les champs. Contrairement aux champs décrits dans (3.21), ceux-ci véhiculent un indice
supérieur  . Nous reviendrons sur cette différence à la fin de cette section.
La superforme   se transforme exclusivement sous l’action des superdifféomor-

phismes, autrement dit :   

  . Les transformations BRST résultantes des champs

d’espace-temps sont identiques à celles données en (3.24) (si l’on prend   ),

2  2  3  d3 B  
    2  3   d3 B  d3  
  
7 

B  B 
  2  3  3 B 
7 7 ¼  
 
(3.34)
B     3  

   
 7   

7¼ ¼

 7   7 

Les conditions de superjauge de Wess et Zumino changent légèrement. On impose


toujours / /  mais la condition sur B est dorénavant B . Les conditions sur les
fantômes @  et " restent donc inchangées mais on obtient une nouvelle contrainte,

3   2  3
7 ¼ 
 (3.35)

qui nous permet d’éliminer le fantôme 3 en écrivant 3 3A où A est défini selon A



  2 . Si l’on procède à la même redéfinition des champs qu’en (3.30) de manière à


absorber le fantôme 3, on obtient les mêmes lois de transformation que précédemment,


à la seule différence que  est remplacé par 3.
3.4. Réduction à la jauge de Wess et Zumino 69

Il convient de revenir sur l’interprétation de ce champ 3. En effet, après cette redéfi-


nition, il n’apparaît plus que dans les transformations faisant intervenir 2,  et A . Par
conséquent, il ne faut plus voir 3 comme se rapportant à une supersymétrie locale mais
plutôt comme fantôme d’une transformation de jauge
. Le champ 2 doit alors être
vu comme le potentiel correspondant, c’est-à-dire le graviphoton. Cependant, cette in-
terprétation oblige à faire un changement de statistiques (en l’occurrence ici, du degré
de supersymétrie) des champs du secteur de Maxwell, ce qui peut se faire en abandon-
nant l’indice  supérieur porté par 2 3  et A . Cette manipulation est rendue possible
par le fait que le fantôme 3 (qui caractérise le nombre de supersymétrie) a été éliminé
suite au choix de jauge de Wess et Zumino.

3.4.4 Remarques sur les différentes approches


Il est étonnant de constater que les deux approches qui font intervenir des champs,
des symétries et des choix de jauge différents donnent finalement des résultats simi-
laires. Si l’on regarde de plus près les champs 2  et B dans la superjauge générale, on
peut remarquer une certaine similitude formelle entre l’action de
   et celle de
 3  3 (cf. (3.24)) 18
2 d d3B     
  d  d3 B     
  B   3B  3   2
(3.36)
7 7¼

Autrement dit, pour chaque terme faisant intervenir  (respectivement  ), on trouve un


terme analogue en 3 (respectivement 3 ) multiplié par B . La projection sur la jauge de
Wess et Zumino B  donne
2 dd avec  3   2 (3.37)


alors que la projection sur la jauge B  donne


2 d3    
 d3     avec 3 3    2

(3.38)

Une autre remarque intéressante concerne la propriété d’inversibilité du superviel-


bein. En effet, nous avons vu que pour pouvoir imposer la condition de jauge / ,
il était nécessaire d’imposer que le vielbein   soit inversible. Par ailleurs, dans l’ap-


proche alternative, la condition de jauge concernant B généralise cette inversibilité à


celle de la matrice du supervielbein (3.31). Bien entendu, cette restriction n’est valable
que dans la jauge de Wess et Zumino. En superjauge générale, rien n’empêche de consi-
dérer des vielbeins (ou des matrices de supervielbeins) dégénéré(e)s.
Cette considération est à rapprocher du fait qu’en dimension 2+1, la gravité quan-
tique évite cette contrainte, une fois formulée en termes d’une théorie de Chern et Si-
mons ou de type BF [59, 61, 62].
18
On n’écrit ici que les termes intéressants pour la discussion.
70 Chapitre 3. Approche d’une théorie topologique de la gravité

3.5 Détermination des observables


3.5.1 Observables dans le formalisme d’horizontalité
Revenons au formalisme des conditions d’horizontalité présenté à la section (3.2.1),
page 59. Les observables sont construites à partir des polynômes invariants de jauge
fonctions de la courbure, par exemple ,,  avec 7      , et de la torsion.
Un invariant dépendant de la torsion a été introduit la première fois par Nieh et
Yan [63, 64] à quatre dimensions et a ensuite fait l’objet de généralisations à des dimen-
sions supplémentaires [65–68].
Dans cette section, nous allons évoquer les cas 7  (respectivement 7 ) qui sont
définis pour des variétés de dimension minimale quatre (respectivement deux).

Cas 7 
Compte tenu de l’identité de Bianchi D, , nous pouvons définir une 4-forme

   ,, (3.39)

qui satisfait d
 
D,, . 
De la même façon, nous définissons une 4-forme généralisée


   ,, (3.40)

 "   d 
qui satisfait
 
d (3.41)
En injectant la relation (3.8) et en développant par rapport au degré de fantôme, il
vient
   ,  :  ,  :    
@
 


     ,
, (3.42)
,

où les polynômes 
@  peuvent se mettre sous la forme
,
,


,
@ 

,
   

, 

+
, 7 , 
(3.43)


Les formes 
, ,  qui apparaissent dans le membre de droite correspondent aux poly-
nômes de Donaldson et Witten obtenus en théorie de Yang-Mills topologique,


   ,,   :,    ,   ::
  : 
   
(3.44)
3.5. Détermination des observables 71

On remarque, en conjuguant (3.43) avec (3.39), que 


 @  
 . Par ailleurs, comme
les transformations BRST font intervenir le champ - à la place de , on peut effectuer la
redéfinition -    dans les expressions précédentes. Les formes @   @  et

@  dépendent alors du champ fantôme -.
Étant donnée la relation (3.41), les polynômes (3.43) sont solutions d’un système
d’équations de descente,19

d
 @ 


@  d
@  avec   7  
, ,
(3.45)

@ 
, ,

Les polynômes 
@  appartiennent à la cohomologie équivariante de la gravité
,
,

topologique [25–27]. À la différence avec la théorie de Yang-Mills topologique, les obser-


vables dépendent ici explicitement d’un champ fantôme, en l’occurrence @ . Cependant,
il faut bien voir que @ ne joue pas le même rôle que " ou encore  au niveau des symé-
tries car il caractérise non pas une symétrie interne mais plutôt les déplacements sur la
variété d’espace-temps ; sa présence est donc nécessaire [69].
Nous sommes partis ici de la densité de Pontrjagin 

 ,, afin de construire   
un ensemble d’observables. Mais, à quatre dimensions, il est également possible de par-
tir de la classe d’Euler 4
 
 


 3 , , (dont l’intégrale sur la variété donne la
caractéristique d’Euler qui est un invariant topologique). Par conséquent, on peut suivre
la même démarche, à savoir définir une forme généralisée 4 ,  , et   3  
développer par rapport au degré de fantôme afin d’obtenir des polynômes 4
, , @  tels

que 4

4
, , @ .
, 
Enfin, il est possible de construire des observables « composites », compte tenu de
  44   pour < +      En dévelopant par rapport au degré de
la relation d
fantôme, on obtient une nouvelle classe de cohomologie [6],
 4 4 
 
4  @   
4  @  

 

4 

@  (3.46)

avec

4  @  
@ 
4
@ 

4 

(3.47)

4  @  + 
@ 
4
@ 
4 
4  @   < 

4   @  4
@ 
  "
Comme nous l’avons vu à la fin de la section (3.2.1), l’algèbre de transformations du
secteur de Lorentz est isomorphe à l’algèbre des transformations d’une théorie de Yang-
Mills topologique. Par conséquent, nous pouvons utiliser les résultats connus sur la
19
La variation de  vaut         .
72 Chapitre 3. Approche d’une théorie topologique de la gravité


théorie de Yang-Mills et considérer que nous pouvons générer des solutions à partir des
polynômes invariants de Lorentz 7  avec +      Pour la variété de dimension
quatre qui nous intéresse ici, il existe a priori quatre invariants, 7  7   7     

et 7
. Mais, compte tenu du caractère antisymétrique de la matrice 7 , les puis-
sances impaires s’annulent. Il ne reste plus donc que 7  et 7
, ce dernier pou-  
vant s’écrire également

 
 3        
   

7  7 7
(3.48) 7

Ainsi, pour 7 , les polynômes 


@      et 4
@   3    gé-
7 7

 7 7
nèrent toute la cohomologie du secteur de Lorentz. En résumé, le fait que les trans-
formations BRST agissant sur le secteur de Lorentz soient analogues aux transforma-
tions BRST d’une théorie de Yang-Mills topologique nous permet d’utiliser les résultats
connus concernant la cohomologie équivariante de cette dernière (voir par exemple [70,
71]).
Considérons maintenant les transformations BRST concernant le secteur du vielbein.
Il existe un invariant topologique construit à partir de la torsion  qui est l’intégrale sur
une variété de dimension quatre de la forme de Nieh et Yan [63, 64]


       ,       ,   




(3.49)

Remarquons que 
 s’annule avec la torsion (compte tenu de l’identité de Bianchi ,
D ). Par ailleurs, cette forme est également fermée et localement exacte puisque d 
D   
. Nous pouvons procéder comme auparavant avec la densité de Pontrja-
gin ou d’Euler en définissant une 4-forme généralisée       , qui vérifie
 
  d   . En développant  par rapport au degré de fantôme (de ma-
d
 ), nous construisons
nière identique à ce que nous avons précédemment fait avec 
des polynômes 
, @  qui satisfont le système d’équations de descente (3.45). Des ex-
,

pressions explicites peuvent être données en utilisant les définitions de   et ,  des
équations (3.5). Ces dernières peuvent se mettre sous forme plus concise si l’on utilise
les reparamétrisations 37  :7  7  :7 et 7 définies en (3.14) et (3.15) :


 @       ,
 @   :  3 ,   : 
7 7 7

 @     : :  3 :         3 ,3 
7 7 7 7 7 7 7 7 (3.50)

  @  :  3     3 : 3 
7 7 7 7 7 7 7


@      3  3 
7 7 7 7 7
3.5. Détermination des observables 73

Enfin, considérons le secteur de Maxwell. Nous sommes en présence ici d’une théo-
rie de Yang-Mills topologique avec un groupe de structure abélien. Les observables sont
générées par la 4-forme   .
En regroupant tous ces résultats, on voit que les solutions les plus générales appar-
tenant à la cohomologie équivariante de la gravité topologique sont données par des
produits adéquats d’expressions tirées des secteurs gravitationnel et de Maxwell.

Cas 7 
Ce cas se traite de manière similaire au précédent en partant de la 2-forme  

  3,    @   @  et satisfait
3 , . La 2-forme généralisée s’écrit 
l’équation de Bianchi généralisée d   d   .  
 de degré de fantôme non nul sont des polynômes dépendant
Les composantes de 
du fantôme @ et définis comme

 @  3 :  7 ,   @ 



3    7 :  7 7 , 
et
 (3.51)

    pour +      et de la décomposition  


À partir de la relation d
      , on obtient des représentants plus généraux de la cohomologie
équivariante en dimension deux [72–75],
 @ 



 +  @ 
 @ 

 (3.52)

 
+  @ 
 @ 
   ++   @ 
 
 @ 
 
Il n’existe pas, à deux dimensions, d’invariant topologique construit à partir de la
torsion [65–68]. Enfin, dans le secteur de Maxwell, l’invariant topologique de base est la
2-forme  .

Remarque sur le formalisme de second ordre :


Dans le formalisme de second ordre, la contrainte de torsion nulle impose à la connexion
de spin  d’être fonction du vielbein (et de son inverse),
 =  =  =  avec =        
     

      (3.53)
    

De plus, cela impose que : ne soit plus indépendant mais soit désormais fonction de :
et de ,20
:   D:   (3.54)
20
La solution de cette relation et l’expression précédente imposent naturellement d’avoir un vielbein
inversible.
74 Chapitre 3. Approche d’une théorie topologique de la gravité

Les seules différences avec le formalisme de premier ordre sont que  : ainsi que
leurs transformations BRST ne sont plus des quantités indépendantes. A fortiori, cela ne
modifie pas le secteur de Lorentz de la cohomologie équivariante (tant que  et : sont
exprimés en termes de  et : (par le biais des relations ci-dessus).
On peut également dériver certains résultats de l’approche métrique en utilisant les
résultats précédents et la relation (3.4).

3.5.2 Observables dans le formalisme de superespace


Dans le superespace, la gravité topologique se présente comme une théorie de jauge
topologique comprenant comme groupes de symétrie le groupe de Lorentz et le groupe

 (pour le secteur de Maxwell). Nous pouvons donc nous appuyer sur le formalisme
décrit précédemment dans le cas de la théorie de Yang-Mills topologique pour détermi-
ner les équations de descente donnant accès aux observables.
Le principal intérêt de cette approche est qu’elle nous permettrait d’obtenir des ex-
pressions valables dans la superjauge générale et non pas seulement dans une super-
jauge de type Wess et Zumino.

3.6 Remarques sur la fixation de jauge


Le lagrangien complet (fixé de jauge) de la gravité topologique peut s’obtenir en par-
tant d’un invariant topologique comme pour toutes les théories topologiques de type
Witten. La condition de jauge est déterminée de telle sorte à localiser l’intégrale de che-
min sur un espace de module intéressant. Parmi les conditions de jauge possibles, on
trouve :
– la condition de platitude : ,  ;
– la condition de self-dualité : ,   ,   3
  ,  .
Sur une variété riemanienne quadridimensionnelle possédant une holonomie 
,
il existe une propriété de self-dualité intéressante concernant la connexion   dans le
formalisme de second ordre (torsion nulle) [51, 76]. La condition de self-dualité de la
courbure , , c’est-à-dire , , est satisfaite si et seulement si la connexion est self-
duale ( ). Cependant, alors que la contrainte ,  est invariante sous C

(qui est localement équivalent à 
 
 ), la contrainte   n’est invariante
que sous 
 .
La gravité topologique peut d’une autre façon être obtenue en twistant une théo-
rie de supergravité 5  sur une variété riemanienne de dimension 4 possédant une
holonomie 
 [50, 52]. Dans ce cas, il existe deux spineurs covariamment constants
avec lesquels on peut effectuer le twist des gravitinos de manière à obtenir les transfor-
mations de « shift » paramétrées par le champ 3 . Comme nous l’avons vu précédem-
ment, il est nécessaire de réabsorber cette variable 3  afin de retrouver les transforma-
tions venant de l’approche précédente.
3.7. Résumé 75

Le twist de la supergravité donne naissance, en plus de la supersymétrie locale, à


une supersymétrie vectorielle et une supersymétrie tensorielle. Cependant, contraire-
ment à la supersymétrie vectorielle globale de la théorie de Yang-Mills topologique,
cette supersymétrie vectorielle locale modifie le vielbein et le graviphoton et, par consé-
quent, modifie aussi l’invariant topologique de départ. En conséquence de quoi, on peut
s’attendre à ce que cette symétrie impose davantage de contraintes à propos de la renor-
malisation de la gravité topologique que pour la théorie de Yang-Mills topologique.

3.7 Résumé
Nous avons donc vu que, de manière analogue au cas de la théorie de Yang-Mills, il
est possible de construire une théorie de gravité topologique dans le superespace. À ce
sujet, nous avons mis en avant le fait qu’il existe (au moins) deux manières différentes
de faire intervenir le graviphoton 2 : soit en introduisant une superconnexion
 en
plus des champs gravitationnels, soit en utilisant une version étendue (matricielle) du
supervielbein. Cette seconde approche est d’ailleurs peut-être plus géométrique en un
sens et peut sembler moins ad hoc.
Un autre point soulevé par l’approche de superespace concerne l’inversibilité du
(super)vielbein. En effet, dans le superespace, rien n’impose a priori de ne considérer
que des vielbeins inversibles, contrairement à ce qui se passe en superjauge de Wess
et Zumino. Dans cette perspective, la théorie dans le superespace peut sûrement avoir
une portée plus générale qu’une théorie ne faisant intervenir que des métriques non
singulières.
Deuxième partie

Mécanique quantique et géométrie


non-commutative

77
79
Chapitre

1 Vivre en espace
non-commutatif ?

La première apparition de la notion d’espace-temps non-commutatif en physique


des particules remonte aux travaux de Snyder en 1947 [77]. Le but était de pouvoir se
débarrasser des divergences ultraviolettes de la théorie quantique des champs tout en
conservant la covariance de Lorentz. Mais, comme parallèlement à cela, la théorie de la
renormalisation produisait des résultats remarquables, la théorie de Snyder tomba dans
l’oubli. Récemment, le concept de coordonnées non-commutatives est réapparu dans le
contexte des théories de supercordes, la longueur intrinsèque des cordes induisant une
structure non-commutative de l’espace-temps à très petite échelle.

La mécanique quantique en espace non-commutatif correspond à l’étude de hamil-


toniens dépendant des opérateurs de position et d’impulsion qui satisfont une algèbre
de commutateurs non canonique. L’étude de modèles exactement solubles en méca-
nique quantique peut nous permettre d’avoir une meilleure compréhension de certains
phénomènes survenant en théorie quantique des champs non-commutative. Les appli-
cations physiques éventuelles peuvent, entre autres, se trouver dans des problèmes de
matière condensée comme l’effet Hall quantique.

Dans la lignée des premiers travaux concernant les variables de l’espace de phase
non-commutatif [78–82], la mécanique quantique en espace non-commutatif a été dé-
finie de manière simple et directe en suivant plusieurs approches [83–88] et quelques
modèles de base ont été étudiés [83–93]. Par la suite, plusieurs aspects ont été dévelop-
pés, par exemple dans les références [94–101].

Le travail développé ici cherche à présenter de manière unifiée et synthétique cer-


tains résultats des références ci-dessus afin de clarifier les relations entre ces différentes
approches. Les aspects algébriques et dynamiques sont traités dans des chapitres dis-
tincts : le premier chapitre concerne l’étude des différentes algèbres de commutateurs
et de leurs représentations tandis que le deuxième chapitre traite de l’étude de sys-
tèmes simples (particule dans un champ magnétique, oscillateur harmonique,. . .). Enfin
le dernier chapitre introduit la supersymétrie à travers la discussion de l’oscillateur har-
monique supersymétrique [100].
80 Chapitre 1. Vivre en espace non-commutatif ?

1.1 Rappel sur le système de Landau en mécanique quan-


tique
En mécanique quantique ordinaire, les relations de commutation canoniques dans
l’espace de phase prennent la forme :



   

 et  

 Æ  ½ (1.1)

Considérons le cas d’une particule chargée électriquement (de charge ) se propa-


geant dans un l’espace tridimensionnel soumis à un champ magnétique constant  & dé-
& tel que 
crit par un potentiel vecteur & rot
& & .
Le hamiltonien d’un tel système est donné par

D
 &   & 
< "
(1.2)

c’est-à-dire que l’on modifie l’impulsion canonique usuelle & en définissant une impul-
"
& &  & . Or, étant données les relations (1.1), les composantes de cette impulsion
sion 
& ne commutent plus entre elles,
  

  
 ½
" 
avec     
  E #    (1.3)

&
Dans le cas où le champ magnétique est constant suivant & ,  & , on peut utiliser
&      :
les jauges suivantes pour le potentiel vecteur
&
– Jauge symétrique :   &  & ;
&
– Jauge de Landau :     &
ou     .
Le hamiltonien du système prend la forme D
      où nous avons omis
< 
  décrivant le mouvement libre le long de la direction . On a la relation
< 
le terme


"
de commutation   
  ½. Or, si l’on définit un nouvel opérateur 8 ,
" 
la relation de commutation et le hamiltonien deviennent
8 
 ½

D
     < 8  avec     (1.4)
<   '
<" '

autrement dit, les opérateurs 8 et  sont des variables canoniquement conjuguées


pour lesquelles le hamiltonien prend la forme de l’oscillateur harmonique de pulsation
' . Grâce à cette remarque, on en déduit directement le spectre d’énergie


 +    +       
<"  (1.5)
1.2. Algèbre non-commutative en dimension quelconque 81

Résumé : Le hamiltonien du système de Landau (c’est-à-dire une particule dans un


plan soumis à un champ magnétique externe constant perpendiculaire au plan), peut
s’écrire sous la forme d’un hamiltonien pour une particule libre dans un espace où les
opérateurs de moment ne commutent plus entre eux.
Dans le cas où la particule possède un spin, il faut rajouter à ce hamiltonien un terme
supplémentaire d’interaction spin-champ magnétique,

D
 &    B 
< <"  (1.6)
 
 
où B
  est la troisième matrice de Pauli.

1.2 Algèbre non-commutative en dimension quelconque


Dorénavant, on se place dans un système d’unités où "  . De plus, on travaille
en dimension  quelconque.

Nous allons maintenant présenter l’algèbre non-commutative dans la forme géné-


rale,
  
 
 E #      
 

  
  (1.7)
  
Æ ½    Æ ; ½
 

   

Ici, les quantités  et  dénotent respectivement les opérateurs position et impulsion,


les quantités      et ;  sont les éléments de matrices pouvant dépendre des opéra-
teurs  et  et satisfaisant

 
  
  
   ; 
 ;  ;

;  (1.8)

Dans la suite, on adoptera la notation suivante : les opérateurs comportant un cha-


peau  caractériseront les générateurs de l’algèbre de Heisenberg déformée par op-
position aux quantités et  de la mécanique quantique ordinaire satisfaisant l’algèbre
de Heisenberg




  

 (1.9)
 
Æ ½
 

Non seulement, nous faisons intervenir des commutateurs position-position et im-


pulsion-impulsion non nuls mais nous introduisons par ailleurs des relations de com-
mutation non triviales entre  et  pour  et E différents. Les termes ;  dans le commu-
tateur position-impulsion sont imposés par l’identité de Jacobi. En effet, si l’on considère
82 Chapitre 1. Vivre en espace non-commutatif ?

par exemple l’opérateur  (l’exemple se généralise directement aux autres composantes



de l’impulsion) et     E , l’identité de Jacobi se met sous la forme
     

     

     

  
(1.10)
    

     

    

  

Ainsi, si les  ne commutent pas avec  , il est impossible que  commute simulta-


nément avec  et  . Par conséquent, il est obligatoire de tenir compte de termes non-
diagonaux (ie proportionnels à   Æ ) dans les commutateurs position-impulsion). Par


ailleurs, les opérateurs ;  ne peuvent pas non plus appartenir au centre de l’algèbre
générée par ½ et      
, c’est-à-dire commuter avec tous les opérateurs position [79].
Dans la suite, on supposera que les opérateurs      et ;  sont constants, c’est-à-
dire que les   et   sont des éléments de matrices antisymétriques réelles et que les ; 
sont des éléments d’une matrice réelle de diagonale nulle. Les opérateurs « déformés »
peuvent alors être vus comme fonctions des opérateurs ordinaires et des paramètres
     et ;  . Dans cette optique, il est naturel qu’en prenant la limite commutative21 ,
à savoir   ;  , l’algèbre déformée (1.7) redonne l’algèbre canonique de Hei-
senberg (1.9). On reviendra par la suite sur cette limite commutative en étudiant des
exemples. Le paramètre   est naturellement assimilable physiquement à un champ
magnétique (cf. le système de Landau). De la même façon, le paramètre   a un rôle très
similaire à   [92, 93].

1.3 Algèbre non-commutative en dimension 2


1.3.1 Notations
Dans cette section, on se restreint au cas où la dimension d’espace est  . Par
conséquent, les matrices antisymétriques   et   sont proportionnelles au tenseur an-
tisymétrique *  (normalisé par *  ),
 *  et  *   (1.11)
L’algèbre des commutateurs (1.7) se réécrit alors
  
 * ½
 

  
 *  ½ (1.12)
  
 Æ ½    Æ ; ½
 

est une matrice    à coefficients diagonaux nuls qu’on note


   

Par ailleurs, ; 


 
 

par la suite ;
  
  . Comme souligné plus haut, on assimilera les coefficients

à des constantes réelles afin de simplifier l’approche.

21
Le terme de limite commutative, employé dans la littérature, est ambigu. Le terme de limite cano-
nique serait peut-être plus approprié.
1.3. Algèbre non-commutative en dimension 2 83

1.3.2 Représentations
Nous allons commencer par regarder des cas particuliers de l’algèbre bidimension-
nelle.

(i)   
Cette situation correspond au système de Landau évoqué précédemment. L’algè-
bre (1.12) se réécrit donc

  
   
  ½   
 Æ ½
  (1.13)

Différentes représentations sont données par différents choix de jauge  &   & 

satisfaisant    et sont toutes de la forme

 et      &  (1.14)

Si l’on définit de nouveaux opérateurs

    *    E #   (1.15)

l’algèbre (1.13) se transforme en une algèbre où les opérateurs  et  sont découplés,

  
  ½   
  ½   

 (1.16)

$
On arrive ainsi à deux algèbres sensiblement identiques. De manière plus générale, si
l’on définit un changement d’opérateurs  & de la forme         .  
Æ  , alors la condition   
 (pour  et E quelconques) équivaut à une algèbre du
type (1.16) dans laquelle    
 ½. 
(ii)   
La situation est analogue au cas précédent, les rôles de  et  étant simplement in-
versés. C’est l’algèbre la plus fréquemment rencontrée dans la littérature,

  
 ½   
   
 Æ ½
  (1.17)

On peut définir la représentation

  et    & (1.18)

 
où les fonctions  & satisfont
 

. Le vecteur      joue en quelque sorte
le rôle de « potentiel vecteur » et  le rôle d’un champ magnétique. Par analogie avec le
cas précédent, on peut ainsi définir plusieurs « choix de jauge » pour & .
84 Chapitre 1. Vivre en espace non-commutatif ?

De même, nous pouvons découpler cette algèbre en redéfinissant les opérateurs


d’impulsion suivant la combinaison linéaire

7   * 
  (1.19)

afin d’arriver aux relations de commutation

  
 ½ 7  7
  ½   7

 (1.20)

 $
Par conséquent, si l’on construit une algèbre à partir de deux copies commutantes de
l’algèbre des  (et faisant intervenir respectivement  et  ), le changement 7  nous
permet d’aboutir à une algèbre de la forme (1.17). Les représentations (1.17) peuvent
être construites à partir de là et, comme évoqué dans [87], la théorie des champs non
commutative dans la limite d’une seule particule conduit naturellement à une algèbre
du type de (1.20).

(iii)  
Si l’on combine les deux exemples précédents, on aboutit à l’algèbre

  
 ½   
  ½   
 Æ ½
  (1.21)

dont on peut donner la réalisation,

       
(1.22)
       

qui correspond en quelque sorte à un choix de jauge de Landau pour & . Mais on peut


aussi choisir une jauge symétrique en utilisant la représentation donnée en [92, 93] pour
 ,
 2  2     "   
  
(1.23)

 2      "
2
#
avec 2 Ê  "

2  F   2

 % F. Ici, F    est un paramètre
qui reviendra souvent par la suite. Les expressions (1.23) sont inversibles à condition
que le déterminant fonctionnel
&  &
F
&  &
(1.24)

ne s’annule pas. Cela interdit d’avoir 



. Ce cas singulier [84, 91] est un cas parti-


culier sur lequel nous reviendrons ultérieurement et pour lequel la limite commutative
    n’existe pas.
1.3. Algèbre non-commutative en dimension 2 85

Le choix de jauge symétrique (1.23) possède une propriété intéressante si l’on re-

 
garde les rotations. En mécanique quantique, le générateur infinitésimal des rotations
est l’opérateur de moment cinétique *,  ,    avec les relations de
commutation


*    
*   avec    (1.25)

Si l’on se sert des relations (1.23) pour réécrire les opérateurs & et & en termes de &  et
&, l’opérateur de moment cinétique prend la forme

 *     &    & 
F 
 
 (1.26)

qui se trouve correspondre au générateur infinitésimal des rotations dans le plan non-
commutatif,
 
 *      
 *    avec    (1.27)

Par conséquent, si le hamiltonien ordinaire D &  & est invariant sous les rotations
( D
), le hamiltonien en espace non-commutatif D  &  & obtenu à partir des défi-

).
nitions (1.23) le sera également ( D


L’algèbre (1.21) peut aussi être découplée de manière analogue aux deux cas précé-
dents en effectuant (pour  ) le changement [87, 91]

7    *    avec     (1.28)

On obtient alors deux algèbres découplées mais de forme similaire,

  
 ½ 7  7
  F ½   7

 (1.29)

Ainsi, si F

, c’est-à-dire   , les 7 commutent avec tous les générateurs de
#
l’algèbre. D’après le lemme de Schur, cela entraîne qu’ils sont proportionnels à l’identité,
7 % ½ pour un certain % Ê. En conséquence de quoi, il ne reste plus qu’un seul
commutateur non trivial, à savoir

  
 ½ où     (1.30)


L’algèbre se réduit donc à celle d’un système mécanique unidimensionnel.
Enfin, le cas particulier   a également été étudié et une représentation possible
est décrite dans [89].
86 Chapitre 1. Vivre en espace non-commutatif ?

(iv) Cas général


Définissons le vecteur

&       
 
          
 

(1.31)

où  désigne la transposée. Le paramètre  n’est introduit qu’en vue d’applications fu-


tures (en particulier, l’étude de l’oscillateur harmonique).
Les relations de commutation (1.12) se mettent sous la forme d’une matrice  ,

  
 $ ½
+ 8 +8 G H       (1.32)
 est la matrice antisymétrique
où $
 
   
$
       
 
 
  

   (1.33)
   
 
 , on s’aperçoit que celui-ci est tou-
Si l’on calcule le déterminant de cette matrice $
jours non-négatif det $ F avec


F        (1.34)

Ainsi la matrice $ donne lieu à deux phases distinctes (c’est-à-dire deux régions dans
l’espace des paramètres     ) suivant le signe de F. Notons que la limite com-
mutative se situe dans la région F I .
Étant donné que $  est antisymétrique, $ est hermitienne et possède donc des va-
leurs propres réelles, plus précisément deux valeurs propres     et leurs opposées,

                 


 

(1.35)

On notera que  est toujours positif alors que  est du même signe que F. Par ailleurs,
on a la relation
det$ F det$     (1.36)
Il est possible de trouver une transformation orthogonale qui diagonalise $  par
blocs [89, 97, 98], c’est-à-dire qu’il existe une matrice , de C  (, , ½) telle que 

 
$ , $,  > 
 > 

(1.37)

où >
sont des matrices    qui valent par définition

>


  

  
(1.38)
1.4. Représentations de l’algèbre non-commutative en dimension quelconque 87

 se transforme sous l’effet de , en un vecteur


Par ailleurs, le vecteur &

& ,& (1.39)

de telle sorte que les commutateurs (1.32) s’écrivent dorénavant

  
 $ ½
+ 8 +8 G H       (1.40)

Si l’on définit de nouveaux opérateurs     et  tels que

&     


 
           
 

(1.41)

on voit que ceux-ci vérifient les relations de commutation canoniques (1.9).


Par conséquent, la transformation & ,& fournit une représentation de l’algèbre
non-commutative (1.12) en termes d’opérateurs satisfaisant des relations de commuta-
tions canoniques. Dans la limite commutative     
, on remarque que 
  et les opérateurs    coïncident bien avec les opérateurs   .
Remarque : Les représentations de type Landau données en (1.22) pour le cas parti-
culier   ne rentrent pas dans ce cadre.

1.4 Représentations de l’algèbre non-commutative en di-


mension quelconque
(i) 


Reprenons le cas particulier où les opérateurs d’impulsion commutent entre eux,

  
  ½
    

   
 Æ ½
   E #       (1.42)

Une représentation analogue à celle donnée en (1.18) existe sous la forme [83, 85]

         (1.43)

La comparaison avec la jauge de Landau pour une particule dans un champ magné-
tique   constant à trois dimensions est immédiate. Elle conduit à la correspondance

      &      
  (1.44)

(ii) Cas général


La procédure indiquée dans la section 1.3.2 est généralisable directement en dimen-
sion quelconque [89, 97, 98].
88 Chapitre 1. Vivre en espace non-commutatif ?

(iii) 

Le cas particulier où les commutateurs position-impulsion sont pris canoniques a été
abordé dans quelques travaux. Ainsi, dans [93], on présente des représentations pour le
modèle isotropique tridimensionnel, c’est-à-dire
        
   (1.45)
La référence [101] traite quant à elle le cas particulier où       .

1.5 Non-commutativité positionnelle et produit-étoile


Dans la littérature, on s’intéresse plus souvent à un cas particulier de l’algèbre non-
commutative dans laquelle les coefficients   et ;  sont nuls. Ainsi, la non-commutati-
vité n’est réalisée que sur les opérateurs position par le biais des paramètres   (voir
équations (1.42)) : 22
Le moyen usuel de réaliser cette algèbre non-commutative consiste à déformer le
produit ordinaire. Ainsi, plutôt que de travailler avec des fonctions dépendant des co-
ordonnées non-commutatives  en utilisant le produit ordinaire, nous allons travailler
avec des fonctions dépendant des variables ordinaires (commutantes) mais en utili-
sant le produit-étoile qui, dans le cas particulier   "0+12+, s’écrit

 '  

     

  
 (1.46)
      

 J  
9

Cette expression est compatible avec les relations de commutation (1.42) :



 '  '    (1.47)
#
  

En mécanique quantique ordinaire, le potentiel 4 agit sur la fonction d’onde :


Ê  comme un opérateur de multiplication, à savoir : 4:. En mécanique quan- $
$ '


tique non-commutative, le potentiel 4 agit sur : au moyen du produit-étoile, : 4 :.


Si l’on calcule la transformée de Fourier de cette relation, on se rend compte que l’action
du potentiel au moyen du produit-étoile est identique à l’action du potentiel dépendant
des coordonnées  et non plus des ordinaires [83] :

4 ' :&  4 & : &  avec        


 (1.48)

L’objet 4 &  peut donc être vu comme un opérateur agissant sur la fonction d’onde
: . En particulier, si on prend pour l’opérateur 4 l’opérateur position, on obtient bien
 ' :&   : &  (1.49)
On notera que dans le cas où les  sont des opérateurs, ceux-ci commutent avec les opérateurs
22

impulsion  d’après la discussion précédente sur l’identité de Jacobi, cf. équations (1.10).
1.6. Conséquences pour la théorie quantique 89

L’équation (1.48) correspond en réalité à une prescription d’ordre particulière. Il est

'
possible de vérifier que cette prescription est en réalité celle de Weyl : en décomposant
   : à l’aide de (1.46), on obtient
  ' :&        :&  (1.50)

En résumé, en mécanique quantique non-commutative, le hamiltonien décrivant le


système peut être exprimé, soit en fonction des opérateurs  et , soit en fonction des
opérateurs et  satisfaisant des relations de commutation canoniques mais agissant
sur la fonction d’onde au moyen du produit-étoile.

1.6 Conséquences pour la théorie quantique


Les relations de commutation 
 
  ½ impliquent les inégalités d’Heisenberg
  , c’est-à-dire que la particule ne peut plus être localisée de manière


  

 

précise. L’espace prend alors une structure de réseau [79].


Par ailleurs, si l’on peut encore considérer des fonctions d’onde  dépendant des

 
coordonnées non-commutatives, il n’est pas possible d’adopter la notation de Dirac
        puisque les opérateurs        ne commutent plus entre eux et ne peu-
vent donc pas être diagonalisés simultanément.
91
Chapitre

2 Mécanique quantique en
espace non-commutatif

Le hamiltonien d’un système évoluant dans un espace non-commutatif est obtenu


en remplaçant dans l’expression du hamiltonien ordinaire les opérateurs canoniques
et  par leurs équivalents non-commutatifs  et . Ce hamiltonien est toujours supposé
agir sur des fonctions d’onde : # Ê , cette action étant naturelle si l’on possède


une représentation des  et  en termes des et . Cependant, dans certains cas, on peut
même se passer d’une représentation, le spectre du hamiltonien pouvant être déterminé
d’une manière purement algébrique. Dans certains travaux, le paramètre  est pris infi-
niment petit de telle sorte qu’il est possible d’établir une théorie de perturbation autour
de la limite commutative.
Concernant le paramètre  de non-commutativité des opérateurs d’impulsion  ,


suivant les remarques faites précédemment, celui-ci est assimilable à un champ ma-
gnétique. C’est pourquoi, dans le cas où  , il n’est pas nécessaire d’introduire de
potentiel vecteur dans le hamiltonien (bien que cela ait déjà été fait dans certains tra-
vaux).
Indépendamment de la forme générale de l’algèbre satisfaite par    pour  ,
le générateur infinitésimal des rotations agit comme

  
 *  
 
(2.1)
  
 *  
 

pour  E  . Par conséquent, les termes quadratiques  et  sont invariants sous les
rotations.

Dans toute la suite, on se place dans un système d’unités où "   et on considère


un système de masse unité < .

2.1 Potentiel scalaire


On se place dans le cas de l’algèbre (1.42) en dimension  . On peut regrouper
tous les termes   indépendants au sein d’un vecteur & ,  tel que   * , , . La
92 Chapitre 2. Mécanique quantique en espace non-commutatif

représentation (1.43) se met alors sous la forme

& 

&  &
  & & & (2.2)

Le hamiltonien D
 &  4 &  s’écrit, dans cette représentation,

D
 &   4 &   &  &
 
 &   4 &    &  &
& 4 &     (2.3)
 
Le potentiel 4 décrit une interaction non locale mais qui peut être traitée en théorie
des perturbations si l’on considère que le paramètre  est suffisamment petit devant les
longueurs caractéristiques du système [85].

Pour un potentiel central 4 ( , on a & 4 ( 
&
4  et alors
(
&  &
& 4  &  &
& &  & 
&  &
&
Ainsi, le hamiltonien (2.3) prend la forme

D
 &   4 (   4  ( &
&  
  ( (2.4)

Le dernier terme est similaire à un terme d’interaction spin-orbite du type &  &.

Il faut noter que le changement de variables &  & 


&  & n’est pas unitaire car il ne
préserve pas l’algèbre des commutateurs. En conséquence de quoi, le hamiltonien (2.3)

n’est pas unitairement équivalent au hamiltonien ordinaire D
 &  4 & .


Enfin, suite à la remarque (1.48), le remplacement du produit ordinaire par le produit-


étoile, en lieu et place de l’utilisation des opérateurs « non-commutatifs », conduit au
même hamiltonien.

2.2 Le système de Landau


Le problème de Landau en espace non-commutatif [87, 88, 90] peut être traité de
la même façon que le modèle ordinaire (cf. section 1.1). On considère donc le hamil-
tonien de la particule libre D  
 & écrit avec des opérateurs impulsion satisfaisant
l’algèbre (1.21). Le spectre en énergie est calculé en utilisant la même méthode que pour
les relations (1.4) - (1.5). On remarque que le résultat final

 +    avec +       (2.5)


2.3. Le système de Landau avec potentiel harmonique 93

est indépendant du paramètre  . Par conséquent, les niveaux d’énergie sont identiques
à ceux obtenus en mécanique quantique ordinaire ( ). Cependant, il existe des quan-
tités observables qui diffèrent d’un modèle à l’autre. On peut
 mentionner, par exemple,
   . Cette dernière expression
la densité d’états par unité de surface [87], K
'     
diverge au point singulier 
.


2.3 Le système de Landau avec potentiel harmonique


Nous allons commencer par étudier le cas général de l’algèbre (1.12) avant de consi-
dérer le cas particulier où les coefficients et  s’annulent.

2.3.1 Cas général


L’exemple du système de Landau tel qu’il a été décrit à la section précédente peut
être étendu à des algèbres de commutateurs et/ou des hamiltoniens plus généraux.
Ainsi nous supposons que les opérateurs         satisfont les relations (1.12) et
nous considérons une particule en mouvement plan soumise à l’action d’un champ ma-
gnétique constant dans la direction perpendiculaire ainsi qu’à un potentiel harmonique
central fonction des coordonnées non-commutatives &      :

D
 &  &     
 (2.6)

Le spectre de ce système [87, 89, 91–93] peut être déterminé de manière algébrique [89]
en utilisant les résultats concernant les représentations de l’algèbre (1.12) énoncés au pa-
ragraphe (iv) de la section 1.3.2. En effet, le hamiltonien (2.6) peut se réécrire en fonction
 ou & introduits dans les relations (1.31) et (1.39), à savoir D & &.
du vecteur &
 
 
Si l’on développe maintenant & sur ses composantes + dépendant des opérateurs cano-
niques et  (cf. relations (1.41)), on obtient
D            (2.7)
avec 
définis dans l’équation (1.35).
Par conséquent, l’oscillateur harmonique isotrope en espace non-commutatif (2.6)
fonction de &  et & satisfaisant l’algèbre (1.12) est équivalent à l’oscillateur anisotropique
en espace commutatif de fréquences  et  . Les valeurs propres de D sont donc
caractérisées par deux entiers + et + (positifs) :

 +      +      avec +  + #        (2.8)

Au point singulier F       
, la pulsation  s’annule ; on aboutit
donc à une dégénérescence des valeurs propres. Un cas particulier de cette situation
94 Chapitre 2. Mécanique quantique en espace non-commutatif

correspond à  
. On a alors   et les niveaux d’énergie (2.8) correspondent
aux niveaux de Landau (2.5). Si F I , on peut prendre la limite commutative qui re-
donne l’oscillateur harmonique isotrope. La discussion sur le hamiltonien à deux di-
mensions (2.6) se généralise aux dimensions supérieures [89, 93].
Remarque : Dans les équations (1.41), nous aurions également pu définir les nou-
velles variables canoniques d’espace de phase comme

      
          
  
        (2.9)

ce qui nous permet de reformuler le hamiltonien (2.6) sous la forme


D               (2.10)
Le spectre est strictement identique à celui donné en (2.8). Cette approche est celle utili-
sée dans les références [89, 92, 98] et dans la section suivante où nous faisons l’hypothèse
  dans l’algèbre (1.12).
2.3.2 Cas où   
Dans ce cas précis, les définitions (1.35) des valeurs propres 
se réduisent à

       




(2.11)
et l’algèbre a la forme (1.21). Dans la suite, nous considérerons la représentation (1.23)
afin d’exprimer les opérateurs &  et & en fonction d’opérateurs & et & canoniques [92]. Le
hamiltonien (2.6) s’écrit alors

D &   &       

 (2.12)

où    est le moment angulaire canonique et





 "      
   2 
 2  (2.13)

La hamiltonien (2.12) décrit un oscillateur isotropique plan avec un couplage entre le


moment angulaire orbital et un champ magnétique externe donné par la combinai-
son particulière     . Ce dernier terme est un effet purement non-commutatif 23 . Le
spectre de ce hamiltonien peut s’écrire


   <  +       < #  
' +   
 (2.14)

avec    
      . Pour    I , cette caractérisation des
'

niveaux d’énergie est équivalente à (2.8) en vertu des relations 
       

 '

(cf. références [92] pour plus de détails).


23
Le cas particulier  ¾ est discuté dans la référence [89].
2.3. Le système de Landau avec potentiel harmonique 95

L’égalité des expressions (2.10) et (2.12) de D implique que les variables canoniques
&   &  et &  & sont reliées par la transformation canonique


      
       
 
 !"  

  :

             
 
 (2.15)
  
 
On peut définir en fonction des opérateurs canoniques &  et &  les opérateurs [91, 92]

     

 

         
 
 
     
        


 

qui satisfont les relations de structure de l’algèbre de Lie 1,


  ainsi que les permutations circulaires 

et l’équation (2.10) implique que le hamiltonien peut être réécrit sous la forme

D
    ;       
  (2.16)

où ;   &   &   correspond à l’opérateur de Casimir


 
 ½. 
    ;

l’algèbre (1.21) dans le formalisme de Heisenberg. En appliquant la relation #  D 

On peut étudier la dynamique du système physique décrit par le hamiltonien (2.6) et

aux opérateurs  et  , on obtient les équations du mouvement [87]




$     3

 #   E    

 , , (2.17)

avec       et      . Ce résultat peut être interprété comme une équa-


  

tion du mouvement classique pour un système de pulsation effective  soumis à une


force de Lorentz due à un champ magnétique effectif   . Nous pouvons noter encore

une fois que les quantités   et     apparaissent comme des grandeurs caracté-


ristiques du système étudié. L’ansatz &  &  !%&  donne les trajectoires classiques
de pulsations 

        en accord avec la relation (2.11).



Au point singulier   , on a    et    , c’est-à-dire que l’oscillateur
harmonique ne se manifeste que par le biais du champ magnétique [87]. Si l’on part de
l’algèbre complète (1.12) (avec les paramètres et  ), l’équation du mouvement (2.17)

 
inclut un champ de force qui ne possède pas d’interprétation physique naturelle. Ce
champ fait intervenir le paramètre  et se simplifie donc dans le cas où  .
Dans ce cas, on obtient de nouveau l’équation (2.17) avec   défini comme ci-dessus et
96 Chapitre 2. Mécanique quantique en espace non-commutatif

       

, c’est-à-dire le paramètre F introduit de manière algébrique dans


la relation (1.34).
En conclusion, nous pouvons noter qu’à trois dimensions, des expressions sensible-
ment analogues aux équations (1.23) et (2.12) peuvent être obtenues [93] dans le cas
complètement isotrope décrit par la relation (1.45) et en imposant la condition    ,
celle-ci permettant d’avoir une expression invariante sous les rotations du hamiltonien
exprimé en termes d’opérateurs canoniques (de manière similaire à (2.12)).

2.4 Le système de Landau avec potentiel central


Revenons à l’algèbre (1.21) et remplaçons dans le hamiltonien (2.6) le potentiel de
l’oscillateur harmonique par un potentiel central arbitraire :

D
 &  4 &    
 (2.18)

Il est difficile d’espérer résoudre complètement ce système bidimensionnel. Cependant,


il est remarquable de constater qu’il est entièrement soluble pour un potentiel 4 arbi-
traire pour peu que l’on se place au point singulier défini comme solution de l’équation
F      (c’est-à-dire   ) car il se réduit alors à un problème unidimen-
sionnel [91]. En réalité, comme nous l’avons vu dans la section (1.3.2), le changement de
variables & $ &7 défini par (1.28) permet de découpler l’algèbre (1.21) en la mettant sous

la forme (1.29). Or cette algèbre découplée a la particularité pour F  de ne plus conte-
nir qu’un seul commutateur non trivial faisant intervenir des variables canoniquement
conjuguées  et  à une dimension (cf. équation (1.30)). Le hamiltonien (2.18) peut se
réduire de la même façon : ainsi, après changement de variables, on a, pour une valeur
quelconque de F,

D
 &7     7   7    &    4 &    
   
 
Pour F , les opérateurs 7 et 7 sont nécessairement proportionnels à l’identité (voir
la discussion suivant (1.29)). Si l’on impose l’invariance rotationnelle de D , le seul choix
possible est 7  7 [91], de telle sorte que le hamiltonien prend la forme
D
 &    4 &    
 (2.19)

On peut réécrire cette expression en fonction des variables canoniquement conjuguées



 et     :

 &          
   
2.5. Variétés non triviales 97

qui correspond au hamiltonien d’un oscillateur harmonique de fréquence (on suppose




 I ). Par conséquent, pour F , le système non-commutatif est exactement soluble
et son spectre vaut


 +     4 +    !" +      
  (2.20)

Dans le cas particulier où 4 &   


 &   , on retrouve le résultat (2.8) avec F .

Considérons maintenant le hamiltonien (2.18) pour une valeur non nulle de F. On
peut décrire ce hamiltonien en utilisant des opérateurs d’annihilation 2
    
  

  
F 7   7 , ainsi que les opérateurs de création 2 et # associés (on suppose
et #  
encore  I ). Le système admet qualitativement des propriétés différentes suivant
le signe de F. Pour F I , (respectivement F L ), le spectre peut être caractérisé en
termes des représentations du groupe de Lie 
 (respectivement 
 ) et il existe
un nombre fini (respectivement infini) d’états stationnaires pour une valeur donnée du
moment angulaire. De plus, pour F L , certains niveaux d’énergie peuvent être calculés
de manière exacte alors que la théorie de perturbation autour de la valeur F  permet
d’obtenir des résultats approchés pour tous les niveaux d’énergie (voir la référence [91]
pour plus de détails).
Finalement, nous pouvons aussi noter qu’il existe une autre description du système




physique qui conduit à un spectre d’énergie différent : le modèle « exotique » [82, 94]
consiste à modifier les crochets de Poisson  CP associés à l’algèbre quantique (1.21)

avec un facteur :
F

   
 

F
    
 

F
    
 
Æ
F


Ces crochets divergent pour F 


. Cette approche permet des applications à l’effet Hall
quantique ou la dynamique des vortex dans un film fin d’hélium
He superfluide [94].
La question de savoir quel schéma de quantification doit être adopté dans le cas pré-
senté ici est toujours un problème ouvert.

2.5 Variétés non triviales


La mécanique quantique sur la sphère non-commutative, le tore non-commutatif ou
des variétés riemanniennes plus générales a fait l’objet des références [87, 88, 95]. Dans
la limite de grand rayon, les calculs sur la sphère redonnent effectivement les résultats
obtenus dans le plan.
99
Chapitre

3 Mécanique quantique
supersymétrique en espace
non-commutatif

Après avoir rappelé les principales notions autour de la formulation de systèmes


supersymétriques en mécanique quantique [102, 103], nous allons voir comment ils se
transposent dans un espace non-commutatif. Après une formulation générale, on s’in-
téressera plus particulièrement à un cas particulier : l’oscillateur harmonique supersy-
métrique à 2 dimensions.

3.1 Supersymétrie en mécanique quantique ordinaire


La mécanique quantique supersymétrique est apparue il y a une vingtaine d’années
avec les travaux de Nicolai [104] et Witten [105]. Un système supersymétrique est ca-
ractérisé par une décomposition de l’espace de Hilbert en deux sous-espaces en somme
directe (un espace dit « bosonique » et un espace dit « fermionique ») et un opérateur 
qui transforme les états bosoniques en états fermioniques et vice-versa.

3.1.1 Principales définitions


D ÉFINITION B.1
Un système quantique   D  est la donnée d’un opérateur D auto-adjoint (D  D)

appelé hamiltonien agissant sur un espace de Hilbert appelé espace des états.

 #
D ÉFINITION B.2
Un système quantique   D  est dit supersymétrique s’il existe un nombre fini d’opé-
rateurs auto-adjoints  ( 
     5 ) ainsi qu’une involution (c’est-à-dire un opé-

rateur auto-adjoint non borné) agissant sur satisfaisant


! 
! ½

et !
 #  ½   5 
 #      5 
avec (3.1)
   Æ  D avec  E
100 Chapitre 3. Mécanique quantique supersymétrique en espace non-commutatif

Les opérateurs  sont aussi appelés supercharges.


Une propriété importante relie la supersymétrie 5  à la supersymétrie 5
 [102].
P ROPOSITION B.1
Il est possible de construire à partir de la supercharge  et de l’involution ! une
deuxième supercharge
  !   (3.2)

Un système supersymétrique vérifie plusieurs propriétés :

    -(
– Son spectre est entièrement positif ;

 #  # où!-les
– L’espace des états peut se décomposer en somme directe :  $

- !- - et

sous-espaces sont définis comme  $

- ;
 
–  envoie un état de  sur un état de $ et réciproquement.
Autrement dit, on retrouve des propriétés analogues aux théories des champs su-
persymétriques, où des bosons et des fermions sont reliés entre eux par des opérateurs
de supersymétrie.

3.1.2 Forme explicite d’un système supersymétrique


Algèbre de Clifford
On considère l’algèbre de Clifford associé à la métrique euclidienne dans un espace
de dimension ( [106]. Cette algèbre peut être décrite par un ensemble de matrices her-
mitiennes .! (      ( ) qui vérifient les relations d’anticommutation
.  . 
! " Æ ½!"        ( (3.3)
Si ( est pair, nous introduisons également une matrice . qui est définie comme le
produit de toutes les matrices .! ,
. . .    .  (3.4)
qui anticommute avec toutes les matrices .! (      ( ) et qui satisfait . ½.
Dans la suite, nous considérons le produit tensoriel de cette algèbre de Clifford
avec l’algèbre engendrée par les opérateurs et  . Naturellement, les matrices .!
(      ( ) et . commutent avec tous les et  ,
.! 
.
! 
 avec       ( et        (3.5)
En dimension quatre, les matrices . peuvent être représentées en termes des matrices
de Pauli B selon
   
.
B  ½
 
 ½
½   .! B B !

B!
B!
 pour  #    (3.6)
3.2. Supersymétrie en espace non-commutatif 101

Forme explicite des supercharges


Les supercharges sont définies comme combinaisons linéaires de matrices .! ,


2


 .! !
      5  (3.7)
!

où les coefficients 2! sont des opérateurs auto-adjoints dépendant de et .


Si ( est pair, on a alors . 
½. Par conséquent, nous pouvons définir un opérateur

d’involution
! . ½ (3.8)
tel que les supercharges (3.7) anticommutent toutes avec ! .
Remarque : pour de grandes valeurs de ( , il existe une forme plus générale pour les
supercharges, qui fait intervenir le produit de deux ou plus matrices .! , la condition
d’anticommutation avec . étant de fait conservée. Cependant, cela complique l’ana-
lyse, c’est pourquoi dans la suite, nous ne considérerons que des supercharges linéaires
en . .

Le hamiltonien
Le hamiltonien de ce système supersymétrique, défini suivant (3.1) pour une super-
charge    .  2  vaut


!
! !

D
 

½    2  


!

!



!
" 
.!  ."
 2  2

! "
(3.9)

Afin d’avoir un hamiltonien qui possède des termes quadratiques dans les impul-
sions, il est nécessaire de prendre des coefficients 2! qui soient au plus linéaires dans les
opérateurs  .

3.2 Supersymétrie en espace non-commutatif


3.2.1 Généralités sur les systèmes quantiques en espace

 
non-commutatif
Soit un système quantique en espace ordinaire décrit par son hamiltonien D    .
En espace non-commutatif, on définira le hamiltonien correspondant D   
    en rem-
plaçant les coordonnées de l’espace de phase ordinaire    par leurs équivalents non-
commutatifs   . L’espace de Hilbert des états reste cependant le même.
102 Chapitre 3. Mécanique quantique supersymétrique en espace non-commutatif

3.2.2 Hamiltoniens supersymétriques en espace non-commutatif


Dans toute la suite, on considérera un espace de dimension  et une algèbre de Clif-
ford associée à l’espace euclidien de dimension ( . Par ailleurs, le produit tensoriel
sera dorénavant sous-entendu.
En reprenant la forme générale présentée à la section précédente, on peut définir une
supercharge


 .2  (3.10)


à la différence que les coefficients 2 dépendent maintenant des opérateurs &  & : 2
2 &  &.
En utilisant l’involution ! . (puisque ( est pair), on peut construire une se-
conde supercharge
  !  (3.11)
qui est fonction des opérateurs  et  et on a les relations d’anticommutation
      !   !
   (3.12)
Le hamiltonien supersymétrique D est défini, comme précédemment, par le carré

 # 
des supercharges
   Æ  D  E    (3.13)
Un exemple intéressant de supercharge est donné par l’expression


  .   .   

(3.14)
 


où le superpotentiel    

ne dépend que des opérateurs position &         .

Le hamiltonien s’écrit alors

D    ½   . .

 

   



. .   
 . .   

    (3.15)

  

Le commutateur     
fait intervenir le paramètre   de non-commutativité des co-
ordonnées spatiales, le terme    
fait intervenir les coefficients ;  de l’algèbre (1.7).
Quant au terme 
  
, il décrit la présence d’un champ magnétique.

3.2.3 Application : Oscillateur harmonique en espace


non-commutatif

pond au superpotentiel 
 
Notre discussion se fonde sur la référence [100]. L’oscillateur harmonique corres-
  où  est la pulsation du système ( I ). On s’in-
téresse ici au cas bidimensionnel  . En conséquence de quoi, le hamiltonien (3.15)
3.2. Supersymétrie en espace non-commutatif 103

prend la forme

D
 

   

    . .  . .  ..
   . .
 . .     . .


  
(3.16)
Ce hamiltonien possède deux parties bien distinctes : une partie D ne dépendant
que des variables d’espace de phase  et  et une partie D ne dépendant que des ma-
trices . de l’algèbre de Clifford : D D  D .
Ces deux parties commutent entre elles et sont donc diagonalisables séparément.
Le spectre complet du hamiltonien D est donné par la somme du spectre de D et du
spectre de D .

Spectre de D
Le spectre de D est identique à celui calculé en (2.8).

Spectre de D
On peut prendre (3.6) comme représentation de l’algèbre de Clifford. En reportant
dans l’expression de D , on arrive au spectre

           
 (3.17)
105

Conclusion

Dans nos travaux sur les théories de Yang-Mills topologiques et de gravité topolo-
gique, nous avons développé une approche simple de superespace. Dans un premier
temps, nous avons utilisé ce formalisme pour discuter les symétries des théories topo-
logiques. En considérant une superjauge de type Wess et Zumino (choisie de manière
appropriée dans chacun des cas), nos résultats sur les transformations de symétrie dans
le superespace nous ont permis de retrouver de manière directe et naturelle un cer-
tain nombre de résultats connus. En gravité topologique, une approche de superespace
n’avait pas encore été considérée (à part quelques résultats partiels à deux dimensions)
et elle nous a conduit à une algèbre de symétries « off-shell » complète. La formulation
particulière de cette algèbre qui fait directement intervenir le paramètre de supersymé-
trie locale généralise les résultats « on-shell » présentés auparavant dans la littérature.
En étudiant la manière d’introduire le graviphoton dans la gravité topologique, nous
avons constaté que deux approches ne possédant pas le même contenu en superchamps
et symétries pouvaient néanmoins aboutir aux mêmes lois de transformation dans la su-
perjauge de Wess et Zumino (pour peu que les paramètres soient interprétés de manière
appropriée).
Alors que l’approche dans le superespace avait été appliquée dans le passé à la des-
cription du lagrangien et de certaines symétries dans les théories de Yang-Mills topolo-
gique, elle n’avait pas encore été exploitée pour discuter les observables de ces théories.
Ces dernières ont généralement été étudiées par le biais de la cohomologie équivariante
qui n’est pas un outil standard dans les théories de jauge ordinaires. Nous avons mon-
tré que, dans le cadre d’une approche de superespace, la détermination des observables
se réduit à un problème de cohomologie BRST standard pour des théories de jauge
supersymétriques ordinaires : ceci permet d’appliquer les résultats bien connus corres-
pondants. Nos résultats sur les équations de bi-descente (apparaissant dans une étape
intermédiaire) pourraient servir dans d’autres contextes ou des relations de ce type ap-
paraissent [17]. À des complications techniques près, notre discussion des observables
pour les théories de Yang-Mills topologiques devrait pouvoir se généraliser au cas de la
gravité topologique.
Aussi bien pour les théories topologiques que pour la mécanique quantique en es-
pace non-commutatif, nous avons fait une mise au point dans laquelle nous avons es-
sayé de présenter de manière simple et concise les résultats connus et de comparer diffé-
rentes approches. En particulier, pour la gravité topologique, nous avons discuté de ma-
nière détaillée les liens entre l’approche métrique et le formalisme des vielbeins. Dans
ce contexte, nous avons aussi trouvé de nouvelles observables associées à la torsion et
106 Conclusion

construites à partir de l’invariant topologique de Nieh et Yan.


Même si les théories topologiques sont déjà connues depuis une quinzaine d’années,
elles restent néanmoins d’actualité par des aspects très variés : des théories de cordes
et de membranes topologiques ont été dévelopées récemment [107], la gravitation a été
présentée comme un modèle topologique déformé [108, 109] et certains auteurs ont pro-
posé de construire les théories de jauge supersymétriques à partir des théories de Yang-
Mills topologiques [110].Très récemment, l’approche de superespace que nous avons
développé en détail pour le cas d’un générateur de supersymétrie a été généralisé au
cas de plusieurs générateurs [36].
En ce qui concerne la mécanique quantique en espace non-commutatif, elle repré-
sente un sujet de recherche assez récent et nous espérons que notre mise au point pourra
servir pour une étude plus complète des représentations et des propriétés de cette théo-
rie. Il serait en effet intéressant d’avoir une classification générale des représentations
de l’algèbre non-commutative dans le cas où les paramètres de non-commutativité sont
des opérateurs (constants ou non). Par ailleurs, on peut également s’intéresser à des
systèmes mécaniques plus complexes : système de plusieurs particules en interaction,
monopôle magnétique,. . .
107

Bibliographie

[1] Glenn Barnich, Friedemann Brandt, and Marc Henneaux, « Local BRST cohomology
in gauge theories », Phys. Rept. 338 (2000), hep-th/0002245.

[2] Edward Witten, « Topological quantum field theory », Commun. Math.


Phys. 117 (1988).

[3] Edward Witten, « Quantum field theory and the Jones polynomial », Commun. Math.
Phys. 121 (1989).

[4] Danny Birmingham, Matthias Blau, Mark Rakowski, and George Thompson,
« Topological field theory », Phys. Rept. 209 (1991).

[5] Robert C. Myers and Vipul Periwal, « Topological gravity and moduli space », Nucl.
Phys. B333 (1990).

[6] Frank Thuillier, « Some remarks on topological 4D-gravity », J. Geom. Phys. 27 (1998),
hep-th/9707084.

[7] Robert C. Myers, « New observables for topological gravity », Nucl. Phys. B343 (1990).

[8] Robert C. Myers and Vipul Periwal, « Invariants of smooth four manifolds from topo-
logical gravity », Nucl. Phys. B361 (1991).

[9] L. Baulieu and I. M. Singer, « Conformally invariant gauge fixed actions for 2-D topo-
logical gravity », Commun. Math. Phys. 135 (1991).

[10] C. M. Becchi, R. Collina, and C. Imbimbo, « A functional and Lagrangian formulation


of two dimensional topological gravity », (1994), hep-th/9406096.

[11] Diego Bellisai, Francesco Fucito, Alessandro Tanzini, and Gabriele Trava-
glini, « Multi-instantons, supersymmetry and topological field theories », Phys.
Lett. B480 (2000), hep-th/0002110.

[12] B. Geyer and D. Mulsch, « Higher dimensional analogue of the Blau-Thompson model
and 5; = 8, d = 2 Hodge-type cohomological gauge theories », Nucl. Phys. B662 (2003),
hep-th/0211061.

[13] Bodo Geyer and Dietmar Mulsch, « 5; = 4 equivariant extension of the 3D topological
model of Blau and Thompson », Nucl. Phys. B616 (2001), hep-th/0108042.
108 Bibliographie

[14] Paul de Medeiros, Christopher M. Hull, Bill Spence, and Jose M. Figueroa-
O’Farrill, « Conformal topological Yang-Mills theory and de Sitter holography »,
JHEP 08 (2002), hep-th/0111190.

[15] Alberto S. Cattaneo, Jurg Frohlich, and Bill Pedrini, « Topological field
theory interpretation of string topology », Commun. Math. Phys. 240 (2003),
math.gt/0202176.

[16] Christiaan Hofman and Jae-Suk Park, « Topological open membranes », (2002), hep-
th/0209148.

[17] Laurent Baulieu, Pietro Antonio Grassi, and Daniel Zwanziger, « Gauge and topolo-
gical symmetries in the bulk quantization of gauge theories », Nucl. Phys. B597 (2001),
hep-th/0006036.

[18] L. H. Ryder, QUANTUM FIELD THEORY, Cambridge, Uk : Univ. Pr. ( 1985).

[19] Edward Witten, « Introduction to cohomological field theories », Int. J. Mod.


Phys. A6 (1991).

[20] Pierre van Baal, « An introduction to Topological Yang-Mills Theory », Acta Phys. Po-
lon. B21 (1990).

[21] James H. Horne, « Superspace versions of topological theories », Nucl.


Phys. B318 (1989).

[22] Clisthenis P. Constantinidis, Olivier Piguet, and Wesley Spalenza, « Superspace


gauge fixing of topological Yang-Mills theories », Eur. Phys. J. C33 (2004), hep-
th/0310184.

[23] F. A. Berezin, THE METHOD OF SECOND QUANTIZATION, Academic Press,


(1966).

[24] Chen-Ning Yang and R. L. Mills, « Conservation of isotopic spin and isotopic gauge
invariance », Phys. Rev. 96 (1954).

[25] Stephane Ouvry, Raymond Stora, and Pierre van Baal, « On the algebraic characte-
rization of Witten’s topological Yang-Mills theory », Phys. Lett. B220 (1989).

[26] Hiroaki Kanno, « Weyl algebra structure and geometrical meaning of BRST transforma-
tion in topological quantum field theory », Z. Phys. C43 (1989).

[27] Hiroaki Kanno, « Observables in topological Yang-Mills theory and the Gribov pro-
blem », Lett. Math. Phys. 19 (1990).

[28] C. Aragao de Carvalho and L. Baulieu, « Local BRST symmetry and superfield formu-
lation of the Donaldson-Witten theory », Phys. Lett. B275 (1992).
109

[29] Francois Delduc, Nicola Maggiore, Olivier Piguet, and Sylvain Wolf, « Note on
constrained cohomology », Phys. Lett. B385 (1996), hep-th/9605158.
[30] L. Baulieu and I. M. Singer, « Topological Yang-Mills symmetry », Nucl. Phys. Proc.
Suppl. 5B (1988).
[31] A. Blasi and R. Collina, « Basic cohomology of topological quantum field theories »,
Phys. Lett. B222 (1989).
[32] Matthias Blau and George Thompson, « N=2 topological gauge theory, the Eu-
ler characteristic of moduli spaces, and the Casson invariant », Commun. Math.
Phys. 152 (1993), hep-th/9112012.
[33] Matthias Blau and George Thompson, « Aspects of 5; 2 topological gauge theories
and D- branes », Nucl. Phys. B492 (1997), hep-th/9612143.
[34] Raymond Stora, Frank Thuillier, and Jean-Christophe Wallet, « Algebraic structure
of cohomological field theory models and equivariant cohomology », . Lectures at the
Caribbean Spring School of Mathematics and Theoretical Physics, St. Francois,
Guadeloupe, May 30 - Jun 13, 1993.
[35] O. Piguet and S. P. Sorella, ALGEBRAIC RENORMALIZATION : PERTURBATIVE
RENORMALIZATION, SYMMETRIES AND ANOMALIES, Lect. Notes Phys.,
(1995).
[36] Clisthenis P. Constantinidis, Olivier Piguet, and Wesley Spalenza, « Observables
in topological Yang-Mills theories with extended shift supersymmetry », (2005), hep-
th/0502244.
[37] Lee Smolin and Artem Starodubtsev, « General relativity with a topological phase : An
action principle », (2003), hep-th/0311163.
[38] Alejandro Perez, « Spin foam models for quantum gravity », Class. Quant.
Grav. 20 (2003), gr-qc/0301113.
[39] Thomas Thiemann, « Lectures on loop quantum gravity », Lect. Notes
Phys. 631 (2003), gr-qc/0210094.
[40] Ichiro Oda, « A relation between topological quantum field theory and the Kodama
state », (2003), hep-th/0311149.
[41] G. Bonelli and A. M. Boyarsky, « Six dimensional topological gravity and the cosmolo-
gical constant problem », Phys. Lett. B490 (2000), hep-th/0004058.
[42] Edward Witten, « Topological gravity », Phys. Lett. B206 (1988).
[43] J. M. F. Labastida and M. Pernici, « A Lagrangian for topological gravity and its BRST
quantization », Phys. Lett. B213 (1988).
110 Bibliographie

[44] Roger Brooks, David Montano, and Jacob Sonnenschein, « Gauge fixing and renor-
malization in topological quantum field theory », Phys. Lett. B214 (1988).

[45] David Montano and Jacob Sonnenschein, « Topological strings », Nucl.


Phys. B313 (1989).

[46] David Montano and Jacob Sonnenschein, « The topology of moduli space and quantum
field theory », Nucl. Phys. B324 (1989).

[47] J. M. F. Labastida, M. Pernici, and Edward Witten, « Topological gravity in two-


dimensions », Nucl. Phys. B310 (1988).

[48] M. Menaa and M. Tahiri, « BRST - anti-BRST symmetry and observables for topological
gravity », Phys. Rev. D57 (1998).

[49] Malcolm J. Perry and Edward Teo, « Topological conformal gravity in four-
dimensions », Nucl. Phys. B401 (1993), hep-th/9211063.

[50] Damiano Anselmi and Pietro Fre, « Twisted N=2 supergravity as topological gravity
in four dimensions », Nucl. Phys. B392 (1993), hep-th/9208029.

[51] Laurent Baulieu and Alessandro Tanzini, « Topological gravity versus supergravity
on manifolds with special holonomy », JHEP 03 (2002), hep-th/0201109.

[52] P. de Medeiros and B. Spence, « Four-dimensional topological Einstein-Maxwell gra-


vity », Class. Quant. Grav. 20 (2003), hep-th/0209115.

[53] Hjor Yol Lee, Akika Nakamichi, and Tatsuya Ueno, « Topological two form gravity
in four dimensions », Phys. Rev. D47 (1993), hep-th/9205066.

[54] Mitsuko Abe, Akika Nakamichi, and Tatsusya Ueno, « Gravitational instantons
and moduli spaces in topological two form gravity », Phys. Rev. D50 (1994), hep-
th/9408178.

[55] R. A. Bertlmann, ANOMALIES IN QUANTUM FIELD THEORY, Oxford, UK : Cla-


rendon (1996).

[56] F. Langouche, Thomas Schucker, and R. Stora, « Gravitational anomalies of the Adler-
Bardeen type », Phys. Lett. B145 (1984).

[57] Laurent Baulieu and Jean Thierry-Mieg, « Algebraic structure of quantum gravity and
the classification of the gravitational anomalies », Phys. Lett. B145 (1984).

[58] L. Baulieu and M. Bellon, « p-forms and supergravity : gauge symmetries in curved
space », Nucl. Phys. B266 (1986).
111

[59] Clisthenis Constantinidis, Francois Gieres, Olivier Piguet, and Marcelo S. Sarandy,
« On the symmetries of BF models and their relation with gravity », JHEP 01 (2002),
hep-th/0111273.

[60] Olivier Piguet, « Ghost equations and diffeomorphism invariant theories », Class.
Quant. Grav. 17 (2000), hep-th/0005011.

[61] Edward Witten, « (2+1)-dimensional gravity as an exactly soluble system », Nucl.


Phys. B311 (1988).

[62] Edward Witten, « Topology changing amplitudes in (2+1)-dimensional gravity », Nucl.


Phys. B323 (1989).

[63] H. T. Nieh and M. L. Yan, « An identity in Riemann-Cartan geometry », J. Math.


Phys. 23 (1982).

[64] H. T. Nieh and M. L. Yan, « Quantized Dirac field in curved Riemann-Cartan back-
ground. 1. Symmetry properties, Green’s function », Ann. Phys. 138 (1982).

[65] Osvaldo Chandia and Jorge Zanelli, « Torsional topological invariants (and their rele-
vance for real life) », (1997), hep-th/9708138.

[66] Osvaldo Chandia and Jorge Zanelli, « Topological invariants, instantons and chiral
anomaly on spaces with torsion », Phys. Rev. D55 (1997), hep-th/9702025.

[67] Alejandro Mardones and Jorge Zanelli, « Lovelock-Cartan theory of gravity », Class.
Quant. Grav. 8 (1991).

[68] Han-Ying Guo, Ke Wu, and Wei Zhang, « On torsion and Nieh-Yan form », Commun.
Theor. Phys. 32 (1999), hep-th/9805037.

[69] S. Wu, « Appearance of universal bundle structure in four- dimensional topological gra-
vity », J. Geom. Phys. 12 (1993).

[70] Jose Luis Boldo, Clisthenis P. Constantinidis, Francois Gieres, Matthieu Lefran-
cois, and Olivier Piguet, « Observables in topological Yang-Mills theories », (2003),
hep-th/0303053.

[71] Jose Luis Boldo, Clisthenis P. Constantinidis, Francois Gieres, Matthieu Lefran-
cois, and Olivier Piguet, « Topological Yang-Mills theories and their observables : A
superspace approach », Int. J. Mod. Phys. A18 (2003), hep-th/0303084.

[72] Erik Verlinde and Herman Verlinde, « A solution of two-dimensional topological quan-
tum gravity », Nucl. Phys. B348 (1991).

[73] C. M. Becchi, R. Collina, and C. Imbimbo, « On the semirelative condition for closed
(topological) strings », Phys. Lett. B322 (1994), hep-th/9311097.
112 Bibliographie

[74] Carlo M. Becchi and Camillo Imbimbo, « Gribov horizon, contact terms and Čech-
De Rham cohomology in 2D topological gravity », Nucl. Phys. B462 (1996), hep-
th/9510003.
[75] Carlo M. Becchi and Camillo Imbimbo, « A Lagrangian formulation of two-
dimensional topological gravity and Cech-De Rham cohomology », (1995), hep-
th/9511156.
[76] Tohru Eguchi and Andrew J. Hanson, « Selfdual solutions to euclidian gravity », Ann.
Phys. 120 (1979).
[77] Hartland S. Snyder, « Quantized space-time », Phys. Rev. 71 (1947).
[78] Gerald V. Dunne, R. Jackiw, and C. A. Trugenberger, « ’Topological’ (Chern-Simons)
quantum mechanics », Phys. Rev. D41 (1990).
[79] J. Madore, AN INTRODUCTION TO NONCOMMUTATIVE DIFFERENTIAL
GEOMETRY AND PHYSICAL APPLICATIONS, Cambridge University Press,
(2000).
[80] Jerzy Lukierski, Peter C. Stichel, and Wojtek J. Zakrzewski, « Galilean-invariant
(2+1)-dimensional models with a Chern- Simons-like term and D = 2 noncommutative
geometry », Annals Phys. 260 (1997), hep-th/9612017.
[81] Daniela Bigatti and Leonard Susskind, « Magnetic fields, branes and noncommutative
geometry », Phys. Rev. D62 (2000), hep-th/9908056.
[82] C. Duval and P. A. Horvathy, « The exotic Galilei group and the "Peierls substitu-
tion" », Phys. Lett. B479 (2000), hep-th/0002233.
[83] Luca Mezincescu, « Star Operation in Quantum Mechanics », (2000), hep-
th/0007046.
[84] Corneliu Sochichiu, « A note on noncommutative and false noncommutative spaces »,
Applied Sciences 3 (2001), hep-th/0010149.
[85] M. Chaichian, M. M. Sheikh-Jabbari, and A. Tureanu, « Hydrogen atom spectrum
and the Lamb shift in noncommutative QED », Phys. Rev. Lett. 86 (2001), hep-
th/0010175.
[86] J. Gamboa, M. Loewe, and J. C. Rojas, « Non-Commutative Quantum Mechanics »,
Phys. Rev. D64 (2001), hep-th/0010220.
[87] V. P. Nair and A. P. Polychronakos, « Quantum mechanics on the noncommutative
plane and sphere », Phys. Lett. B505 (2001), hep-th/0011172.
[88] Bogdan Morariu and Alexios P. Polychronakos, « Quantum mechanics on the non-
commutative torus », Nucl. Phys. B610 (2001), hep-th/0102157.
113

[89] Agapitos Hatzinikitas and Ioannis Smyrnakis, « The noncommutative harmonic os-
cillator in more than one dimensions », J. Math. Phys. 43 (2002), hep-th/0103074.

[90] J. Gamboa, M. Loewe, F. Mendez, and J. C. Rojas, « The Landau problem and noncom-
mutative quantum mechanics », Mod. Phys. Lett. A16 (2001), hep-th/0104224.

[91] Stefano Bellucci, Armen Nersessian, and Corneliu Sochichiu, « Two phases of the
non-commutative quantum mechanics », Phys. Lett. B522 (2001), hep-th/0106138.

[92] Anais Smailagic and Euro Spallucci, « Isotropic representation of the noncommutative
2D harmonic oscillator », Phys. Rev. D65 (2002), hep-th/0108216.

[93] Anais Smailagic and Euro Spallucci, « Noncommutative 3D harmonic oscillator », J.


Phys. A35 (2002), hep-th/0205242.

[94] P. A. Horvathy, « The non-commutative Landau problem and the Peierls substitution »,
Ann. Phys. 299 (2002), hep-th/0201007.

[95] Bogdan Morariu and Alexios P. Polychronakos, « Quantum mechanics on noncom-


mutative Riemann surfaces », Nucl. Phys. B634 (2002), hep-th/0201070.

[96] Olivier Espinosa and Patricio Gaete, « Symmetry in noncommutative quantum me-
chanics », (2002), hep-th/0206066.

[97] Larisa Jonke and Stjepan Meljanac, « Representations of noncommutative quantum


mechanics and symmetries », Eur. Phys. J. C29 (2003), hep-th/0210042.

[98] Ivan Dadic, Larisa Jonke, and Stjepan Meljanac, « Harmonic oscillator on noncom-
mutative spaces », Acta Phys. Slov. 55 (2005), hep-th/0301066.

[99] E. Harikumar, V. Sunil Kumar, and A. Khare, « Supersymmetric quantum mechanics


on non-commutative plane », Phys. Lett. B589 (2004), hep-th/0402064.

[100] Pijush K. Ghosh, « Supersymmetric quantum mechanics on noncommutative space »,


(2004), hep-th/0403083.

[101] Kang Li, Jian-hua Wang, and Chi-yi Chen, « Representation of noncommutative phase
space », Mod. Phys. Lett. A20 (2005), hep-th/0409234.

[102] Monique Combescure, Francois Gieres, and Maurice Kibler, « Are N = 1 and N
= 2 supersymmetric quantum mechanics equivalent ? », J. Phys. A37 (2004), quant-
ph/0401120.

[103] François Gieres and Matthieu Lefrançois, « The general structure of supersymmetric
quantum mechanics (and of some of its generalizations) », en préparation.

[104] H. Nicolai, « Supersymmetry and spin systems », J. Phys. A9 (1976).


114 Bibliographie

[105] Edward Witten, « Constraints on supersymmetry breaking », Nucl. Phys. B202 (1982).

[106] M. Nakahara, GEOMETRY, TOPOLOGY AND PHYSICS, Adam Hilger (1990).

[107] Giulio Bonelli, Alessandro Tanzini, and Maxim Zabzine, « On topological M-


theory », (2005), hep-th/0509175.

[108] L. Freidel, Kirill Krasnov, and R. Puzio, « BF description of higher-dimensional gravity


theories », Adv. Theor. Math. Phys. 3 (1999), hep-th/9901069.

[109] Laurent Freidel and Artem Starodubtsev, « Quantum gravity in terms of topological
observables », (2005), hep-th/0501191.

[110] Laurent Baulieu, Guillaume Bossard, and Alessandro Tanzini, « Topological vector
symmetry of BRSTQFT and construction of maximal supersymmetry », JHEP 08 (2005),
hep-th/0504224.

[111] Jean Pierre Ader, Francois Gieres, and Yves Noirot, « Gauged BRST symmetry and
covariant gravitational anomalies », Phys. Lett. B256 (1991).

[112] M. Knecht, S. Lazzarini, and F. Thuillier, « Shifting the Weyl anomaly to the chirally
split diffeomorphism anomaly in two-dimensions », Phys. Lett. B251 (1990).
115

A
Annexe

Démonstrations des
principaux théorèmes

Dans toute cette annexe, nous revenons sur les théorèmes présentés durant l’étude
de la théorie de Yang-Mills topologique. Ces démonstrations comportent des aspects
plutôt techniques, c’est pourquoi nous avons pris le parti de les reporter en annexe
plutôt que dans le cours du manuscrit.

A.1 Cohomologie de modulo 


Revenons sur les propositions A.1 et A.2 :

P ROPOSITION B.1
La condition
 -  d -   (A.1)
implique 

-
 - -  d -- 
 --  d - -  
(A.2)
-


Cette proposition peut s’étendre au cas de superchamps : -  .

P ROPOSITION B.2
La condition
 -   d -    (A.3)
implique  -
   -   d -  
-
   -  d -   
(A.4)

La preuve s’articule autour de la trivialité des cohomologies de  et d dans l’espace


des formes différentielles. En vertu d’un corollaire du théorème 9.2 de la référence [1],
on montre que toute forme -  qui est -invariante modulo d est -exacte modulo d,
-
 - -  d- -  (A.5)
116 Annexe A. Démonstrations des principaux théorèmes

Elle satisfait donc la première équation des équations (A.2).


En interchangeant le rôle de  et d, on peut montrer que -  est aussi d-exacte
modulo ,
-
 d- /   - /  (A.6)
Reste à montrer que ce sont les mêmes formes / et - qui apparaissent dans les ex-
pressions (A.5) et (A.6). Pour cela, nous reportons les expressions précédentes dans la
condition (A.1), ce qui nous donne

d- / - -
   (A.7)

Compte tenu de la cohomologie triviale de d, on aboutit à

- / - -
 d / -
   (A.8)

Ainsi, on se retrouve avec un problème de cohomologie de  modulo d mais à


l’ordre précédent en . On a donc le résultat
-
/ -
-  -
@ d @ -
   (A.9)

En reportant dans (A.6) et en posant - - 


-
/   @ -
  , on arrive au résultat
final,
-
 - - d - -
   (A.10)


Le même raisonnement peut être fait en ce qui concerne les superchamps, étant
donné que la cohomologie de  et de d est également triviale dans l’espace  des
superchamps. 
À partir de là, nous pouvons montrer le résultat avancé dans la proposition A.3.

P ROPOSITION B.3
La contrainte de supersymétrie implique que toutes les formes -  apparaissant
dans les équations de descente peuvent être remplacées, sans perte de généralité,
par des superchamps


- 
- 


       (A.11)

Nous avons déjà établi la relation pour  , un raisonnement par récurrence va


nous permettre de généraliser ce résultat à un degré de forme  quelconque. Supposons
que la relation est vraie au degré   . On a l’équation de descente


- 

d  -


 (A.12)
A.2. Équations de bi-descente 117

ce qui donne si l’on applique  et en utilisant le fait que -   est nul, compte tenu
de notre hypothèse de récurrence,
d-  
 (A.13)
Comme la cohomologie de d est triviale, on obtient la relation

-  
d  -


 (A.14)
En utilisant la proposition A.1 et en éliminant le terme en dérivée totale (qui ne
contribue pas à l’équation de descente), on finit par avoir
-
 
-   (A.15)
Suivant le même argument avancé précédemment, on peut remplacer la forme dif-
férentielle -   par un superchamp -    , ce qui nous fournit le résultat de la pro-
position à l’ordre  et achève la récurrence. 

A.2 Équations de bi-descente

P ROPOSITION B.4
Soit un couple 1  correspondant respectivement au nombre de supersymétrie
et au nombre de forme de l’observable globale - . Pour ce couple, les équations
de descente avec la contrainte de supersymétrie impliquent une tour d’équations
de bi-descente

 - 


 
d - 


 
 -  


 
 (A.16)

où (      1   et       .
Le raisonnement procède comme précédemment par récurrence sur ( . Pour simpli-
fier la démonstration, il est commode d’utiliser le formalisme des formes étendues. Ces
formes sont définies comme sommes des formes différentielles de même degré total,
autrement dit
(      1  


- 


- 



 
(A.17)


On définit aussi une dérivée extérieure étendue d d  nilpotente elle aussi (d ). 

Les équations de descente se réécrivent sous la forme 24


-
d 
  

-  

 d- 
 

(      1   (A.18)
24
le terme de droite n’est là que pour compenser le terme de degré de forme 
 en trop dans le
membre de gauche.
118 Annexe A. Démonstrations des principaux théorèmes

Pour l’instant, nous savons que (A.18) est valable pour (  (d’après l’équation (2.53).
Supposons qu’il en est de même pour ( et intéressons nous au rang ( . Si l’on applique
 à l’équation au rang ( et en utilisant sa nilpotence ainsi que celle de d, on arrive à
d

d -  

 d  - 
 

(A.19)

Or, d’après les équations de descente pour   et ( quelconque, le terme  


 
-  
est
équivalent à -    d-   , ce qui nous donne au final

d -  

 d -  
 

d -  
 


(A.20)

compte tenu que  et d anticommutent.


La cohomologie de  étant triviale, on aboutit à l’existence d’une forme étendue
-  
   satisfaisant
 - 
d 
  

-  
 
 d-  
 


(A.21)

ce qui achève la récurrence. 

A.3 Solutions générales des équations de bi-descente


A.3.1 Énoncé de la proposition
Nous arrivons au résultat principal de cette étude sur les observables de la théorie
de Yang-Mills topologique.

Il existe deux classes de solutions :


(i) Observables non-triviales au sens de la cohomologie équivariante don-
nées par
5
 
            

    - 5



 
)
(A.22)
avec >  < 


(ii) Observables triviales au sens de la cohomologie équivariante données


par
5
 5  1   D1 D1 (A.23)
 est un polynôme invariant de jauge non-trivial dans le sens où
 d    .

5  5  5 

A.3. Solutions générales des équations de bi-descente 119

A.3.2 Superformes tronquées


Nous nous intéressons aux équations de bi-descente pour des valeurs fixées de  et >
(qui déterminent le parallélogramme = 2(  >  dans le repère d’axes   ). La donnée
de  et > impose des contraintes sur le degré de forme et le degré de supersymétrie

1>  et    (A.24)

Nous introduisons des superformes tronquées (à ne pas confondre avec les formes
étendues de la section précédente). Ces formes tronquées sont définies comme

'



 

 
 d


 
 (A.25)
 5

Remarque : Dans le cas où    >, la forme tronquée contient tous les champs
appartenant à la ligne  dans le parallélogramme = 2(  > .
' qui
De la même façon, nous pouvons introduire une dérivée extérieure tronquée d
n’opère en réalité que comme la troncation de la dérivée extérieure usuelle,

' ' 
d d '

 

 (A.26)

Les équations de bi-descente (2.55) se réécrivent en fonction des formes tronquées


selon
' 5   d' ' 5         > (A.27)

 Ces équations décrivent donc la cohomologie de modulo d 


' mais dans l’espace
'
5 des formes tronquées. En suivant la procédure usuelle de résolution de cette co-

homologie [1], il nous faut tout d’abord déterminer la cohomologie de dans l’espace
'
5.

Revenons à la redéfinition opérée en (2.9). On remarque que  et ! forment un
doublet BRST ; par conséquent, ils ne participent pas à la cohomologie de (en vertu
  
des résultats de la section (2.7) de [1]). Ainsi, la cohomologie de dans l’espace 
est constituée des polynômes ne dépendant que de ; , du superchamp de courbure 1
ainsi que des « superchamps de matière »  et  et de leurs dérivées covariantes. Plus
spécifiquement, elle est générée par

 ;  (        et = 
    D  D 
1 1 1 (A.28)

où  ;  est associé au ( -ième Casimir du groupe  et =  est un polynôme invariant


de jauge.


Ce qui vient d’être fait dans l’espace  des superformes se porte directement dans
l’espace 
5 des formes tronquées.
120 Annexe A. Démonstrations des principaux théorèmes


L EMME B.1
La cohomologie de dans cet espace est donnée par les formes tronquées dont les
coefficients sont des polynômes dans les variables (A.28).

Ainsi, si l’on considère la dernière équation de la tour d’équations de descente (A.27),

' 5
  (A.29)

cela signifie que  ' 5 5 est un polynôme fonction des  . Comme nous l’avons déjà
remarqué dans la remarque de la section (2.5.2) (page 49), seul un monôme en  permet
d’avoir des observables de degré de fantôme 0.
Nous choisissons donc  ' 5  ; .25 À partir de cette forme ' 5 , on peut remonter
la tour d’équations de descente en prenant à chaque étage la troncation des superformes

5  qui satisfont les équations de superdescente. Arrivés en haut de la tour, on ob-
tient la forme tronquée de degré de fantôme 0,

' 
5
5
 d

5



 5

 (A.30)

Pour construire la solution générale à partir de cette solution particulière, il faut


rajouter la solution générale des équations de descente commençant par  ' 5 .26 Re-
lativisons ce dernier point : comme nous ne nous intéressons qu’aux classes de coho-

 
mologie, nous pouvons relâcher cette dernière hypothèse (sans perte de généralité) en
prenant plutôt ' 5 ' 5 où ' 5 est une forme tronquée de degré de fantôme > .
Encore une fois, le raisonnement procède par récurrence, ici sur le degré de fantôme
 . On suppose donc qu’au degré   , nous avons la relation
' 
5 
' 
5 
 d' '

5 
 (A.31)

qui est bien vérifiée au degré de fantôme > . On injecte cette hypothèse dans l’équation
de descente (A.27) au rang  et, compte tenu de la nilpotence de d' , on obtient
'  d''

5 

5 
  (A.32)

' 5
D’après le lemme B.1, on en déduit que  
est de la forme

' 
5 
' 
5 
 d' ' 
5 
 ' 5


 (A.33)

où la forme tronquée ' 5




appartient à la cohomologie de l’opérateur BRST .27 
25
Notons que  est nécessairement impair,  étant de degré de fantôme     où  est le
degré du -ième Casimir.
26
Le principe de superposition s’applique sans problème ici compte tenu de la linéarité des équations
de descente.
27
pour autant que l’on puisse trouver une telle forme.
A.3. Solutions générales des équations de bi-descente 121

Cette forme '5 




doit satisfaire une contrainte afin de garantir la résolution de
l’équation de descente suivante. En effet, considérons l’équation au degré   en rem-


plaçant ' 5  par son expression ci-dessus,


'
  d' ' 
5
 
 d''
(A.34)
5 

5 

' ' est la variation BRST d’une forme


Cette équation n’admet une solution que si d 

' ,
5 

tronquée D 
5 

D'  d''  
5 
(A.35) 
5 


À ce moment là, l’équation de descente se factorise sous forme d’une équation du
même type que (A.32), donnant ainsi la solution au niveau  ,

' '  d''  D'  ' 



5 

5


(A.36)
5  5



5 

où, de nouveau, ' est un élément de la cohomologie de  qui doit satisfaire une
contrainte pour garantir l’intégrabilité de l’équation au rang   .

5 

Si l’on oublie pour le moment les superformes tronquées ' en les supposant nulles,
on se retrouve en haut de la tour d’équations de descente à

' 
5
' ' 5 
d (A.37)

ce qui donne en développant suivant (A.25)


5
 d5
  

5
 
(A.38)

Or, si l’on calcule l’observable correspondante 5


 5
 , on s’aperçoit

&

qu’elle est nulle.28


Par conséquent, les solutions non triviales sont nécessairement issues de la présence
d’un ou de plusieurs facteurs '. Ces superformes tronquées appartiennent à la coho-

mologie de , elles peuvent donc être de deux formes différentes (suivant le degré de


fantôme),
'5 ='5  1    D1 D1 (A.39)

'
ou
5


 ; ='5
    D  D 
 1 1 1 (A.40)
Comme précédemment,  est défini suivant (2.61) et ='  et ='  
5 5 
sont des polynômes

 
invariants de jauge.
Commençons par le cas le plus simple, celui de '5 d5 . D’après la

 5 

, la superforme tronquée ' 5 '5 satisfait les équations de



relation (A.33) pour 
descente. Par ailleurs, si les composantes 5  satisfont la contrainte 
5



d5
  

5
 

(A.41)
28
étant donné la nilpotence de  et l’hypothèse sur la nullité des termes de surface.
122 Annexe A. Démonstrations des principaux théorèmes

on a affaire à une observable non triviale. Cette classe de solutions correspond à la


deuxième évoquée au début de cette section, page 118.
Terminons en revenant sur les superformes tronquées '5  qui doivent donc sa-


tisfaire la contrainte (A.35). On sait que l’on peut construire une série de superformes

          au-dessus du cocycle  . En reportant la définition (A.40)
dans la contrainte (A.35) et en utilisant les équations de superdescente pour les super-
formes 
 , on aboutit à la relation


D'5

   


='  5 

    ; d' =' 

 5 
 (A.42)

où nous avons réalisé la troncation en accord avec la définition (A.25).


Les deux membres de gauche sont des variations BRST et n’appartiennent donc pas
à la cohomologie de , contrairement au terme d ' ='5  . La seule possibilité pour que
l’identité soit satisfaite est que chacun des termes soit nul, autrement dit

' ='5
d 
 (A.43)

et
D' 
5    


=' 
5 

 (A.44)

' 5
Cette dernière équation permet de montrer que D

 est de la forme

 
D' 5  



='5 
 (A.45)


Afin de simplifier, nous n’avons pas rajouté de termes -exact ou de termes appar- 
tenant à la cohomologie de . Cette superforme tronquée est la première d’un ensemble
de supercocycles tronqués,

D' 5 





  ='5 

          (A.46)

qui obéissent aux équations de superdescente tronquées

D' 
5 
 d' D' 5


           (A.47)

'

La résolution de la contrainte (A.43) nécessite de déterminer la cohomologie de d
dans l’espace des superformes tronquées '
5 .
A.3. Solutions générales des équations de bi-descente 123

 
L EMME B.2
La cohomologie d '  dans l’espace '
5 est donnée par les superformes tronquées de
degré de fantôme nul et de degré total > :

' 5
5
 d

5
 (A.48)

Ici, 5  est un polynôme invariant de jauge fonction des superchamps 1    et de


leurs dérivées covariantes (comme dans l’équation (A.28)), de degré de forme  et de
degré de fantôme nul, non-trivial au sens où
5

d5
  

5
 
(A.49)

où les superchamps 5  et 5  sont les composantes d’une superforme tron-


 '  est triviale pour les su-
quée appartenant à '
5 . En particulier, la cohomologie d 
performes tronquées de degré strictement inférieur à >.

Preuve : dans cette démonstration, on ne mentionnera le degré de fantôme, étant donné


qu’il ne joue aucun rôle dans la discussion.
En développant sur les composantes de la superforme tronquée, on peut mettre la
condition de cohomologie d ' '   (pour  L >) sous la forme
 
 d   
    >          (A.50)
  >   peut être résolue au moyen
 

La première de ces équations, correspondant à 


de la proposition A.2, ce qui donne
5
 5 5
  5 d  5
 5 
(A.51)
5
  5 5 
  5 d
 5
 5 
En reportant ce résultat dans la seconde équation de (A.50), on obtient

5 
  5  d 5 
  5

 (A.52)
Du fait de la cohomologie triviale de , la solution à l’équation précédente est donnée
par
5 
 5   5   5   d 5  5  (A.53)
La procédure peut se réitérer jusqu’à ce que l’on parvienne à la dernière équation de (A.50) :

 
 d 

 (A.54)
Si l’on recombine ces résultats, on voit que, pour  L > ,

' '

'
 d  avec '
 
 d

 
 (A.55)
 5
124 Annexe A. Démonstrations des principaux théorèmes

' est donc générée


Ainsi, la solution générale pour  L > est triviale. La cohomologie de d
par les superformes tronquées du type

' 5
5
 d

5
 (A.56)

Pour  >, la condition d' 


' 5  est automatiquement vérifiée. En effet, on a par
' 5 5  d5 et donc l’action de d sur cette superforme ne produit que
définition 
des termes ne satisfaisant pas aux conditions (A.24) qui sont donc supprimées par la


troncation.
Ainsi, la cohomologie de d ' dans l’espace des superformes tronquées '
5 se ré-
sume aux superformes 5
 d5 . Ici, 5  est un polynôme invariant de jauge


dépendant des mêmes superchamps que les polynômes (A.28) et satisfait la condition


de non-trivialité
5
 d 5    5   (A.57)

Revenons sur la condition (A.43) portant sur le polynôme ='5  . Nous pouvons
maintenant conclure, compte tenu du lemme B.2 et de l’inégalité >  L > , de la 
trivialité de cette contrainte,
='5  d' ,' 5   (A.58)
=' devant être invariant de jauge, cela implique que ,' satisfait une série d’équations
de superdescente analogues à celles de (2.58),29

,' 5

 
 d' ,' 
5  
       >      (A.59)

La résolution est semblable à celle que nous avons déjà effectuée. En partant du bas
de la tour d’équations, on a 30

,'   ;    >      (A.60)

On peut ensuite remonter tout en haut jusqu’à la superforme tronquée de degré de


fantôme nul    
,' 5  
  (A.61)
En reportant ce résultat dans l’expression (A.46), on arrive à
   
D' 5 
 d' 

   


    
  

 (A.62)

avec la condition      >.



Revenons à l’endroit où nous avions laissé de côté les éventuels termes supplémen-
taires appartenant à la cohomologie de . Ces termes se traitent de la même manière que
29
à la différence qu’ici, on tronque le parallélogramme    pour en faire un pentagone délimité
par            et   .
30
à condition de pouvoir trouver une forme avec ce degré de fantôme.
A.3. Solutions générales des équations de bi-descente 125

=' , rajoutant à leur tour des termes d' 


    . On aboutit donc à la forme générale
des solutions,  
D' 5 
            
   

 (A.63)

avec la condition

)

,
   >. 
127

B
Annexe

Approche métrique

Dans cette annexe, nous nous intéressons à la formulation métrique de la gravité to-
pologique. Nous ne détaillerons que le secteur gravitationnel, étant donné que le secteur
de Maxwell reste inchangé.

B.1 Notations générales



La métrique est un tenseur   d  d  qui peut être vu comme une 0-forme à
valeurs dans l’ensemble des tenseurs covariants de rang 2. Les symboles de Christoffel
seront alors vus comme des 1-formes    d  .

La dérivée de Lie  par rapport à un champ de vecteurs    agit sur la
métrique comme
                    (B.1)
   d

   

On définit également un opérateur linéaire )   d    


d (où 
est le
degré du champ de vecteurs) qui agit comme
)    
(B.2)
)  
       

 

Remarquons que ) et  agissent de la même façon sur des formes ne portant pas
d’indices d’espace courbe 6 ?    supplémentaires (comme par exemple, le vielbein qui
ne porte que des indices d’espace plat 2 #    supplémentaires). Cette remarque prend
tout son sens si l’on cherche à comparer les résultats présentés ci-dessous avec ceux
obtenus dans le formalisme de vielbein.

B.2 Algèbre des transformations BRST


Le seul champ classique indépendant ici est donc la métrique et l’algèbre des trans-
formations BRST s’écrit [5]
          
@ @  - - @ -

7 7 
(B.3)

128 Annexe B. Approche métrique

Le tenseur symétrique  est défini en composantes comme


    :   :  :  : 









(B.4)
 

Nous pouvons introduire un opérateur '     qui découple les difféomor-


et est habituellement désigné comme le gravitino.
7

'  '   '- 


phismes,
(B.5)
' satisfait la propriété '  . Cette' algèbre est similaire à celle d’une théorie de


Yang-Mills topologique où l’opérateur  correspondrait au générateur de supersymé-





trie  (qui est nilpotent à une transformation de jauge près, cf. chapitre 2, section (2.17),
page 38).
Le symbole de Christoffel se transforme quant à lui selon

)     @   

 (B.6)
où ) est défini par (B.2) et 
 7    

7 

  
désigne la dérivée covariante calculée au moyen de la
 de
connexion de Levi-Civita, c’est-à-dire               . Le tenseur 
rang 3 est défini selon


          


 



 (B.7)

Remarque : La quantité  @ ne désigne pas un tenseur, par conséquent la notation


    @  est une notation conventionnelle.

La relation (B.6) peut également s’écrire en utilisant la dérivée de Lie [55]


  
 7


  @   
 


 (B.8)
Cependant, ici aussi, il s’agit d’une convention de notation puisque les symboles de
Christoffel ne sont pas les composantes d’un tenseur.

B.3 Conditions d’horizontalité


Comme pour le formalisme du premier ordre, il est possible de déterminer l’algèbre
BRST (B.3) - (B.6) au moyen de conditions d’horizontalité. Pour cela, introduisons les
formes à valeurs matricielles
  d  

avec   


,
 , d 
d   , ,

(B.9)
  avec 

où , désigne la courbure associée à la connexion de Levi-Civita (il s’agit d’une 2-forme).


Les connexions  et  sont reliées par une transformation de jauge formelle faisant in-
tervenir la matrice du vielbein   , 
         (B.10)
B.3. Conditions d’horizontalité 129

De la même façon, les courbures , et , sont reliées par , , .


Considérons maintenant les champs généralisés [111]

            avec      @ 
7

 

  d      d  
(B.11)
, avec d

Par construction, , satisfait la relation de Bianchi généralisée   ,  d ,    ,


.
Comme    

7  @ , nous allons aussi prendre en compte la dérivée covariante
 - ainsi que la combinaison des dérivées covariantes (B.7) qui décrivent le shift de 



   avec   -




 

(B.12)
  d  avec 
  





La condition d’horizontalité s’écrit alors



,    
 ,   (B.13)

et nous pouvons procéder à la détermination des transformations BRST (de la même


façon qu’au chapitre 1.3, section (3.2.1)).

Remarque : on aurait aussi pu considérer que les champs   et  apparaissant dans (B.13)
sont des inconnues. Les définitions (B.12) sortiraient alors de la connaissance des varia-
tions BRST de @ et  ainsi que de la définition du symbole de Christoffel.

Comme dans le cas du formalisme du premier ordre, on procède à la redéfinition

  -       ie -   -  (B.14)


Les transformations BRST obtenues en développant la condition (B.13) et en utilisant
l’identité de Bianchi généralisée  ,
  prennent la forme
 )7      )    
 )  -
 )     - - ) -   -
 ) 
7 

 (B.15)
@ - @ -

7 7 

@ -


, ) ,   ,
 
et
(B.16)

7

où     
. Du fait de la relation (B.10), l’algèbre (B.15) a exactement la même
forme que l’algèbre obtenue en utilisant un formalisme de second ordre pour les viel-


beins. Cela s’explique par le fait qu’en passant du vielbein à la métrique, un indice
d’espace tangent sur lequel agit le paramètre de Lorentz " (avec " -     ) de-

vient un indice d’espace courbe sur lequel agit le paramètre des difféomorphismes par
le biais de     @  (avec    -    -     ).
130 Annexe B. Approche métrique

Enfin nous pouvons noter que l’algèbre de symétrie du prépotentiel  telle qu’elle
est définie en (B.3) et celle du potentiel  donnée par les relations (B.15) ont la même
structure,
 Æ7      Æ 
Æ7  

 
Æ7       Æ 
Æ 7 
(B.17)

B.4 Comparaison avec le formalisme de second ordre


Comparons les variables apparaissant dans l’approche métrique évoquée ci-dessus
et celles du formalisme de second ordre. On représente sur le schéma ci-dessous les
transformations de shift (correspondant à la symétrie topologique) par une flèche verti-
cale.

Approche Formalisme de
métrique second ordre

 
) )
Champs fondamentaux :

:  @ :  @   "


)- )-  -) 

Fantômes :

  
Fantômes pour les fantômes :

Le champ fondamental du formalisme de second ordre, le vielbein  , possède un in-


dice de Lorentz, ce qui implique que le fantôme de Lorentz " (ainsi que son fantôme
pour le fantôme, - ) apparaissent en plus des champs déjà présents dans l’approche
métrique. En particulier, le champ - apparaît dans la variation BRST de : et, par
conséquent, dans l’expression des observables du formalisme de vielbein alors qu’en
formalisme métrique, il n’intervient que de manière déguisée au moyen de la relation
-   - (cf. section suivante). Nous nous attendons à ce que les observables de ces
différentes approches soient cohomologiquement équivalentes, c’est-à-dire qu’elles ne
diffèrent que par une variation BRST ou une différentielle exacte, comme cela est le cas
pour l’anomalie gravitationnelle qui se manifeste sous plusieurs formes ( anomalie de
Lorentz ou anomalie des difféomorphismes aussi bien qu’anomalie de Weyl ou anoma-
lie factorisée chiralement en dimension deux) [55, 112].

B.5 Observables
Si l’on se réfère à la relation (B.10) qui est en quelque sorte une transformation de
jauge formelle, on peut s’attendre à ce que les expressions des observables en forma-
lisme de second ordre aient exactement la même forme que celles du formalisme mé-
trique. Cependant, ce n’est pas tout à fait le cas, comme nous allons le voir.
B.5. Observables 131

Dans la suite, nous noterons  ,       les observables dans le formalisme


métrique afin de les distinguer des observables           du formalisme de
,
vielbein. Les polynômes satisfont des équations de descente analogues à celles
décrites en (3.45) dans le cas où  .
,

Naturellement, l’invariant topologique 


  coïncide avec l’invariant topologi-
que    puisque la métrique  peut s’écrire en fonction du vielbein.

 

Compte tenu des relations (B.4) et (3.54), le polynôme     @  coïncide
avec le polynôme    :  @  . Cependant, pour un degré de fantôme 7 , les

polynômes ,     @  -  ne dépendent plus des mêmes variables que les poly-
,  

nômes  , ,   :  @   -  - .


Même si - (ou  ) peut être considéré comme similaire à -   - (ou     
  - ), les polynômes de degré de fantôme 7

 n’ont pas la même forme. Nous al-
lons voir que les différences sont dues aux transformations de shift qui montent ou des-
cendent les indices covariants.

B.5.1 Cas de la dimension  


Nous partons de la 2-forme 
 As , où , est la 2-forme définie dans l’équa-
tion (B.9) et As dénote sa partie antisymétrique,


 As ,  3  , 

 3  ,   d  d 

 !
3 d  d   (B.18)

Ici,  est le déterminant de la métrique, 3  le tenseur antisymétrique dans l’espace plat


!
(normalisé par 3  ) et la courbure scalaire.
Après une résolution laborieuse des équations de descente

 
 d @   @  d 
 @   
 @   (B.19)

on trouve les expressions suivantes [73–75], qui correspondent aux classes de Mum-
ford [9], 
!
 
@   3    3 @  d  ! "

 @  3  -      @  
  

  
  @ 
@ 
! (B.20)

En utilisant l’identité (en dimension  )  3 4  (<20+1 "(")2(1, le


terme faisant intervenir la dérivée de  peut être exprimé en termes de la partie de


trace nulle du tenseur symétrique , à savoir

3   3    
 

 
 

 (B.21)

Dans la référence [34], les résultats (B.20) ont été obtenus au moyen de techniques ma-
thématiques sur la cohomologie équivariante, ce qui a permis de justifier les discussions
présentées dans les références [7, 69].
132 Annexe B. Approche métrique

Nous aurions pu également procéder en utilisant les formes généralisées comme


dans la sous-section (3.5.1), c’est-à-dire en développant

  As ,    
 As ,  
  7 ,  As   7   7 7 ,
As ,  As 
 (B.22)

Ces expressions ont exactement la même forme que celles obtenues dans le formalisme
de vielbein. On retrouve ainsi les résultats (B.20) au terme quadratique    près qui
apparaît dans l’expression de  @ . Un tel terme est généré par

  



  
 7


   

  
et il est dû au fait que le tenseur métrique, qui monte ou abaisse les indices, se trans-
forme sous la symétrie topologique. Cela montre que le passage purement algébrique


entre les champs ordinaires et les champs généralisés, ainsi qu’entre la différentielle or-
 d  ) est une démarche compliquée dans
dinaire et la différentielle généralisée (d
le cadre d’un formalisme métrique. Un traitement approprié consiste à étendre l’action
des symétries de la variété d’espace-temps à l’espace de toutes les métriques (qui est
de dimension infinie), utilisant par là même la machinerie de la géométrie différentielle
globale [34].
En conclusion, on notera que le tenseur métrique en dimension   (et les obser-
vables correspondantes) peuvent également être paramétrées en utilisant les différen-
tielles de Beltrami [9, 34].

B.5.2 Cas de la dimension  


On part cette fois de la 4-forme


2

,  ,2  (B.23)

avec

Æ Æ2
Æ Æ 
2


pour la densité de Pontrjagin
2

 3   2


(B.24)
pour la densité d’Euler

c’est-à-dire

, , ou   3  , ,   (B.25)


Le polynôme de degré de fantôme 1 peut être obtenu directement en développant la
forme généralisée  
2
,  , par rapport au degré de fantôme,
 2

! "
@   
, 
  
  "
@ !
,
d " 
  
  " !" (B.26)
B.5. Observables 133

Pour une détermination complète et explicite des autres polynômes, nous renvoyons à
la référence [6].
Enfin, on peut remarquer que la 4-forme de Nieh et Yan, qui donne les observables
construites à partir de la torsion, prend la forme [63, 64]




 3  ,     

  d    d
 (B.27)

Das könnte Ihnen auch gefallen