Phytothérapie (2011) 9:304-309
© Springer-Verlag France 2011
DOI10.1007/s10298-011-0635-4
Article de synthèse
Plantes et culture
Culture et exploitation industrielle du géranium rosat
(Pelargonium graveolens) en Algérie : état des lieux et perspectives
M.N. Boukhatem 1, F. Saidi 1, M.S. Hamaidi 1, Y. Hakim 2, M. Mekarnia 2
1. Unité de recherche biotechnologies végétales, faculté des sciences agrovétérinaires, département de biologie, université Saad‑Dahleb de Blida, Algérie
2. Société Extral‑Bio de production des huiles essentielles et cosmétiques bio, route de Chiffa, Blida
Correspondance : nadjibium@yahoo.fr
Résumé : La culture du géranium rosat, plante aromatique et
médicinale, ouvre de nouvelles perspectives dans différents
secteurs économiques via la valorisation de son huile essen‑
tielle (HE) avec des retombées économiques directes pour
notre pays (Algérie). Néanmoins, cette culture a connu une
courbe descendante ces dernières années, et les raisons de
cet effritement sont multiples et variées. La présente étude,
une revue de littérature, fait le point sur les différentes éta‑
pes qu’a connues l’exploitation industrielle de cette plante à
parfum. Aussi, elle met en exergue l’importance de son HE
sur le plan économique et thérapeutique, mais surtout elle
se veut un plaidoyer pour ressusciter et booster la culture et
la transformation du géranium rosat pour un intérêt aussi
bien ethnobotanique que pharmaceutique. Le marché des HE
en Algérie est un secteur florissant. Il s’agit aujourd’hui de le
développer pour faire de cette activité une source supplémen‑
taire de revenu et un outil de développement durable.
Mots clés : Géranium rosat – Pelargonium graveolens – Huile
essentielle – Hydrolat – Aromathérapie – Mitidja – Algérie
Crop and industrial exploitation of rose scented
geranium (Pelargonium graveolens): state of the art
and perspectives
Abstract: Cultivation of rose scented geranium as medici‑
nal and aromatic plant opens new perspectives in different
economic sectors. The geranium’s essential oil can give very
benefits to the economy of Algeria. However, this culture has
decreased in recent years for many reasons. This literature
review is an update of different steps of the cultivation and
exploitation of rose geranium in manufactories. Further‑
more, the aim of this study is to emphasize the economic and
therapeutic importance of geranium oil in order to boost this
culture. The essential oils market in Algeria is very important
and prosperous and can be developed to make this activity
an additional source of sustainable development tool.
Keywords: Rose geranium – Pelargonium graveolens – Essen‑
tial oil – Hydrosol – Aromatherapy – Mitidja – Algeria
Introduction
L’histoire des plantes aromatiques et médicinales (PAM)
est associée à l’évolution des civilisations. De nos jours, ces
plantes à parfum occupent une place prépondérante dans
la découverte de nouvelles substances thérapeutiques.
On estime que près de 50 % des agents thérapeutiques utilisés
actuellement proviennent de sources naturelles, alors que moins
de 10 % des espèces végétales ont été étudiées pour leurs acti‑
vités biologiques. Ces chiffres indiquent qu’il subsiste encore
une grande marge de progression et que l’étude approfondie
de la « biomasse » ou des espèces végétales pourrait mener à la
découverte de nouvelles molécules thérapeutiques [2,8].
L’Algérie, de par sa position géographique, jouit de plusieurs
facteurs de pédogenèse et de grandes variations climatiques à
laquelle s’ajoutent les ressources hydriques, tous favorables au
développement de cultures adaptées aux PAM [6].
Cependant, rares sont les cultures des plantes à parfum
qui ont fait l’objet d’études scientifiques très approfon‑
dies. Malheureusement, le géranium rosat est un exemple
éloquent d’espèce qui n’échappe pas à cette règle. Toutes
ces considérations nous ont amenés à envisager des possibi‑
lités de valorisation de l’essence des pélargoniums odorants
en vue d’offrir une alternative aux ressources fossiles.
L’importance indiscutable du géranium rosat comme PAM
est liée à son huile essentielle (HE) ayant d’intéressantes
propriétés thérapeutiques [17]. Aussi, la nature chimique de ses
essences leur confère de grandes perspectives d’application.
C’est dans un cadre de contribution à la valorisation de
notre patrimoine naturel que s’inscrit cette étude. Nous
essayerons, lors de ce travail, de rapporter les différentes
étapes qu’a connues l’exploitation industrielle du géranium
rosat et d’élucider ainsi les mystères des traditions théra‑
peutiques confirmées par un long usage des guérisseurs
 305

et des utilisateurs. Ainsi, par cette mise au point biblio‑ Poils

graphique, nous participons à une meilleure connaissance
et gestion des ressources naturelles pour un intérêt futur
aussi bien ethnobotanique que pharmaceutique.
Étude botanique du géranium rosat
(Pelargonium graveolens L.)
Considérations générales
Originaires d’Afrique australe où ils sont indigènes, les
pélargoniums ont été importés en Europe vers 1690 et y sont
communément répandus de nos jours comme plante d’orne‑
ment [10]. Ce genre comprend plus de 200 espèces regrou‑
pées en 15 sections, mais une dizaine de variétés seulement
sont exploitées pour la production de l’HE [16].
C’est le Pelargonium graveolens qui semble être l’espèce
source des différents hybrides existants. Cependant, l’espèce
la plus appréciée reste le géranium bourbon, identifié dans la
taxonomie sous le nom de Pelargonium x asperum cv. Bourbon,
cultivé sur l’île de La Réunion et à Madagascar [11].
‫ اﻟﻌﻄﺮﺷﺔ‬،‫ ﻋﻄﺮ اﻟﻮرد‬،‫ﺣﺸﻴﺸﺔ اﻟﻌﻄﺮ‬
Données botaniques
Il s’agit d’une plante vivace, pleine de suc en début de
végétation, puis ligneuse, à écorce brun clair, cultivée en
annuelle ou en pérenne suivant le pays. Ce sont des buis‑
sons à port érigé, d’environ 60 cm et pouvant atteindre
1 m 30 de hauteur et 60 cm de largeur [10].
Appareil végétatif : tiges, racines et feuilles
Le Pelargonium graveolens appartient à la catégorie des
géraniums à feuillage odorant. Les feuilles persistantes sont
lobées (cinq–sept lobes) et rugueuses, opposées, couvertes
de poils glanduleux microscopiques. Les tiges sont vertes
et tendres et se lignifient, et deviennent plus foncées avec
l’âge alors que la racine est de type pivotant [10].
Le géranium rosat est une plante possédant aussi bien des
poils glanduleux sécréteurs d’essence que des poils protec‑
teurs donnant un aspect poisseux au toucher, et semble être
une protection contre les infestations dues aux pucerons mais
améliorant aussi la pénétration des abeilles dans la fleur [16].
Le froissement des feuilles fait éclater les poils glandu‑
leux qui libèrent des huiles aromatiques aux parfums déli‑
cieux. C’est cette caractéristique qui leur a valu le nom de
pélargoniums odorants et a fait qu’ils seront regroupés
selon le parfum qu’elles dégagent [11].
Synonymes et noms vernaculaires
Diverses appellations sont attribuées, parfois à tort, à cette
plante aromatique. Loin d’être exhaustif, nous citerons
quelques‑unes suivant le pays de provenance [4,28] :
– en français : géranium rosat, géranium odorant ;
– en anglais : attar of rose, rose‑scented geranium, scented
pelargonium, rose geranium ;
– en arabe : atterchya, atre el ward, ‫ اﻟﻌﻄﺮﺷﺔ‬،‫ ﻋﻄﺮ اﻟﻮرد‬،‫اﻟﻌﻄﺮ‬
Répartition géographique du géranium rosat
Le géranium rosat (famille Géraniacées) provient du Cap
(Afrique du Sud). Il est cultivé dans de nombreuses régions
méditerranéennes et subtropicales où il est distillé pour son HE.
La Chine cultive cette plante, mais les HE les plus fines provien‑
nent de La Réunion [16]. En Algérie, la plante est cultivée à titre
industriel, principalement dans la plaine de Mitidja (Fig. 1) et à
titre ornemental, dans les jardins et les cimetières.

Appareil reproducteur : fleurs, graines et fruits

Les fleurs sont groupées par paire, de couleur rose, dispo‑
sées en ombelles et s’épanouissant tout au long de l’année.
Chaque fleur est constituée de :
– cinq sépales égaux présentant parfois une extrémité
effilée, le mucron ;
– cinq pétales plus ou moins ondulés dont deux diffé‑
rents, striés de rouge, plus ou moins chevauchants ;
– sept étamines, groupées en deux séries (interne et
externe), portant à leur base les nectaires ;
– cinq carpelles réunis en une colonne centrale surmontée
d’un style commun qui se divise en cinq stigmates. Chaque
carpelle contient deux ovules dont un seul qui donnera une
graine [26].
Le nom Pelargonium vient de pelargos qui signifie
cigogne, en raison d’un fruit en forme de bec de cigogne.
Le fruit est un schizocarpe s’écartant de manière élastique Fig. 1. Situation géographique du champ de culture du géranium rosat (commune de Chiffa, wilaya
et s’ouvrant fréquemment en libérant sa graine [14]. de Blida, 70 km au sud‑ouest d’Alger, Algérie)
306

Il semble que chaque région géographique affectionne son HE du géranium rosat

géranium : Pelargonium graveolens, Pelargonium odoratissimum L’appellation d’essence de géranium est une désignation
ou Pelargonium capitatum pour la France, l’Algérie et l’Inde, erronée, étant donné que ces HE obtenues ne dérivent
Pelargonium x asperum pour La Réunion et l’Afrique du Sud point de « géranium », mais de plusieurs espèces variées,
(Fig. 2), [11]. hybrides de la lignée « Pelargonium » [11].

Poils glandulaires sécréteurs Poils protecteurs longs des feuilles (Observation loupe Gx5)
et protecteurs des tiges.

Pétale non strié

Stigmate
Style
Ovaire
2 pétales striés
en rouges

Fleur isolée Fruits murs avant la déhiscence

Bouton floral fermé

Poils protecteurs

Boutons floraux Inflorescence de type ombelle

Poils protecteurs Connectif

Carpelle Filet
Loge

Coupe transversale de l’ovaire Étamines (Loupe x 4,5)

(Placentation axile)

Plante fleurie Champs de culture de géranium rosat à Chiffa, Blida, Algérie

Fig. 2. Aspects morphologiques et botaniques de géranium rosat (Pelargonium graveolens [L.])


Le profil chromatographique fait apparaître la présence de
certains composants caractéristiques : citronellol, formiate
de citronellyle, géraniol, linalol, formiate de géranyle, oxyde
de rose. Le cv Bourbon doit contenir du guaiadiène et
pas de 10‑épi‑γ‑eudesmol alors que c’est l’inverse pour le
cv Afrique [1].
L’HE de géranium se compose majoritairement de deux
alcools : le géraniol et le citronellol qui existent pour
deux tiers à l’état libre et pour un tiers à l’état combiné
sous forme d’esters ; ce sont ces composés oxygénés qui
donnent la valeur aux essences de géranium. Des ressem‑
blances dans le profil chromatographique entre la rose et
le géranium expliquent, sans conteste, la préférence des
parfumeurs pour ce dernier.
Bienfaits et vertus thérapeutiques de l’HE
et de l’hydrolat (HA) du géranium rosat
Cultivé autrefois, principalement pour son parfum, le
géranium rosat a conquis les cinq continents eu égard des
vertus thérapeutiques de son HE qui trouve moult appli‑
cations.
Usages externes
L’HE est antibactérienne, antifongique, anti‑inflammatoire
et tonique, mais aussi un hémostatique remarquable. C’est
aussi l’huile cosmétique par excellence. Idéale pour les
soins de la peau vu qu’elle régénère, protège et raffermit
le tissu cutané, elle sera donc applicable aux mycoses
superficielles. Grâce à son pouvoir cicatrisant, l’HE
arrive à soulager et à guérir un certain nombre d’affec‑
tions (brûlures, écorchures, coupures, eczéma, psoriasis,
impétigo, acné, plaies et piqûres d’insectes). En outre,
elle est indiquée en massage léger pour calmer les crises
hémorroïdaires et assouplir le tronc veineux, siège de la
phlébite [5,25,27].
En applications douces, elle calme les douleurs et l’anky‑
lose des articulations atteintes d’arthrose ou de rhuma‑
tismes inflammatoires [18].
Son parfum fleuri, apprécié en diffusion pour l’ambiance
de relaxation qu’il crée, est excellent pour lutter contre les
états dépressifs et les troubles du sommeil [17].
En aromathérapie buccodentaire, l’essence est employée
comme antihémorragique et entre dans la composition
des bains de bouche et de certaines solutions et gels
pour ses propriétés analgésiques et antiseptiques. Ses
indications sont multiples : gingivites, parodontopathies,
stomatites, aphtes, douleurs dentaires et suites d’extrac‑
tion [15,17].
En parfumerie, l’HE est très prisée et constitue une
base de parfum pour des produits cosmétiques, et sert à la
formulation de bases florales ou d’arômes de fruits [10].
La réputation de l’essence de géranium tient aussi dans
ses propriétés répulsives [16].
307
Usages internes
Les usages internes de l’HE se limitent, convenons‑en, à une
action hépatopancréatostimulante et antidiabétique [17].
L’eau aromatique se décline comme un bon antiseptique
particulièrement recommandé pour soigner les angines et
les gorges irritées [7].
Contexte socio‑économique de la culture des géraniums
odorants en Algérie
Avant même la colonisation, notre pays, fertile, regorgeait
de plantes à parfum telles que les jasmins, les roses et les
autres géraniums. Les Andalous apportèrent, pour leur
part, un savoir‑vivre et un savoir‑faire reconnus pour la
diversification de ces cultures [13].
Au point de vue des exportations des plantes aroma‑
tiques, le géranium rosat occupait le premier rang et
couvrait une superficie de 4 000 ha. D’origine française,
cette culture a été implantée en Algérie par des colons de
Grasse qui occupèrent la Mitidja pour y développer cette
activité lucrative et y fondèrent d’importantes distilleries,
lui donnant ainsi une grande impulsion.
En 1878, la production a quelque peu chuté en raison
de la concurrence de l’Inde et de l’apparition des essences
synthétiques.
Dès 1912, à la faveur d’une hausse des prix, les colons qui
occupaient les terres se remettent à cette culture qui offre
le double avantage de produire des HE dès la première
année, et sans installation coûteuse, avec disponibilité de
la main‑d’œuvre locale [9].
En 1925, les plantations de géranium rosat couvraient
3 545 ha dans la Mitidja sur les 4 025 dans tout le pays. La
production atteignait 62 180 kg sur une production totale
de 65 420 kg, avec la création de nouvelles coopératives
pour la protection de cette culture. Cette production est
presque entièrement exportée pour près de la moitié en
France.
Depuis l’indépendance, il n’y a jamais eu de producteurs
privés de plantes à parfum en Algérie. Ce sont les domaines
agricoles de l’État qui, lors de la première réforme agraire,
ont été chargés de poursuivre l’entretien et la culture des
plantations exploitées auparavant.
Si de nos jours, une dizaine de plantes aromatiques,
parmi les innombrables recensées en Algérie, sont exploi‑
tées à l’échelle industrielle, c’est en partie parce que les
facteurs agronomiques, climatiques, botaniques et olfactifs
sont limitatifs, mais d’autres critères sont aussi à prendre
en compte.
Le géranium rosat, symbole de la douceur méditerra‑
néenne, est devenu quasiment introuvable en Algérie. Le
déclin de sa culture illustre à sa manière les cruels aléas de
l’agriculture algérienne. La culture de cette plante à parfum
est entrée depuis bien longtemps dans un profond déclin
jusqu’à disparaître complètement ces dernières années.
308
Progressivement évincée du marché international, la
production a touché le fond en 1986 lorsque l’Algérie a dû
importer des essences de synthèse pour les parfumeurs et
les fabricants de cosmétiques.
Vingt ans plus tard, la privatisation progressive des
terres a tout au contraire précipité l’agonie de ce secteur.
Le géranium a été victime du démembrement des anciens
domaines socialistes, des coûts de financement de plus en
plus importants et enfin de la préférence des agriculteurs
pour des cultures à rendements rapides [3].
Il n’est donc pas surprenant que les premiers produc‑
teurs de géranium soient des pays où la main‑d’œuvre est
très bon marché comme l’Inde, la Turquie et, depuis peu,
la Chine [16].
Sauf miracle, le géranium algérien, symbole de toute une
civilisation et d’une tradition de raffinement, ne renaîtra pas
de ses cendres. Les agriculteurs n’ont aucune envie de revenir
à cette culture exigeante, d’autant que le contexte socio‑écono‑
mique actuel ne les incite ni à s’investir ni à investir.
Production et marché
La culture du géranium a été fortement développée par les
Français sur l’île de La Réunion dans les années 1920, en
réaction à l’adultération par les Bulgares de leurs essences
de rose.
Depuis 20 ans et le déclin du géranium à La Réunion,
deux grands pays producteurs ont émergé : la Chine et
l’Égypte [21]. La Chine détient le quasi‑monopole de la
production des géraniums odorants (100 à 150 t), alors que
quelques îlots de production existent encore à La Réunion,
à Madagascar mais aussi en France, en Tunisie, au Maroc
et en Inde [19].
L’HE du géranium est destinée principalement aux parfu‑
meries tandis que de faibles quantités sont utilisées dans les
industries cosmétiques pour son odeur fleurie et ses propriétés
régénératrices et insecticides ; cela en fait une matière première
industrielle, et la notion de régulation et de compétitivité
par rapport aux essences de synthèse prend donc toute son
importance lors de la commercialisation [21].
Actuellement, le kilogramme d’HE de géranium se
négocie sur les marchés internationaux entre 1 000 et
3 000 euros suivant les chémotypes et les cultivars.
Tableau 1. Principaux axes de recherche menés sur le géranium rosat
Équipes Pays Années
Demarne [10,11] France (Réunion) 1985–1992
Lis‑Balchin [16,17] Royaume‑Uni 1995–2002
Rao et Rao et al. [22,23] Inde 1990–2005
Gomes et al. [12] Portugal 2004–2007
Lalli [20] Afrique du Sud 2002–2005
Revue de littérature
Situation dans le monde
Du fait de l’importance économique et des vertus curatives
et cosmétiques des métabolites secondaires des pélargo‑
niums odorants, de nombreux travaux internationaux, de
par le monde, ont été consacrés à l’étude et à la caractéri‑
sation de leur fraction aromatique.
Une mise au point bibliographique fait ressortir que des
équipes françaises [11], indiennes [22,24,29], portugaises
[12], américaines [25], britanniques [16] et sud‑africaines
[20] travaillent à explorer et valoriser l’essence de géra‑
nium et à asseoir un consensus reconnu de tous.
Demarne [11] a mené en 1985 un programme de recherche
sur l’amélioration variétale des géraniums odorants pour
résoudre certains problèmes phytosanitaires sur l’île de La
Réunion, et récemment, l’Institut de recherche agronomique
et tropicale a mis en place dans cette île un laboratoire de
recherche pour intensifier cette culture : études botaniques,
agronomiques et constitution d’une vitrothèque sont, entre
autres, les étapes importantes qui ont été accomplies.
Lis‑Balchin [16] consacre à cette plante de nombreuses pages
et plusieurs articles publiés dans des revues internationales.
Depuis 1978, de nombreux pays (Inde, Égypte, Portugal,
Australie) voulant s’introduire sur le marché réalisèrent de
nombreuses études sur les essences aromatiques du géra‑
nium rosat et ses hybrides. Le Maroc dispose de grandes
traditions dans la culture de cette plante.
Cependant, la plus grande contribution sur cette famille
des Géraniacées et particulièrement les pélargoniums
odorants émane d’Afrique australe. C’est aussi un des plus
grands producteurs et exportateurs en essences de géra‑
nium réputées d’une haute qualité olfactive.
Par ailleurs, l’étude des eaux aromatiques ou HA du géra‑
nium rosat est très peu documentée. Un seul article publié
par une équipe indienne [23] lui a été dédié. Cette tendance
est générale pour les autres plantes aromatiques, car l’HA,
non concentré par rapport à son homologue d’HE, est
considéré comme un sous‑produit de la distillation [7].
En résumé, les axes de recherche les plus représentatifs
sur le géranium rosat et ses hybrides sont ceux qui ont
été menés par les équipes des pays producteurs. Nous les
résumons dans le Tableau 1.
Situation en Algérie
Excepté
Domaine ceux qui nous ont été légués de la période colo‑
de recherche
niale, peu de travaux ont été consacrés au géranium rosat.
Pratiques culturales,
Les quelques protection
études phytosanitaire,
se limitent, sélection, hybridation
convenons‑en, à l’extrac‑
et constitution d’une vitrothèque
tion, à la caractérisation chimique et à l’étude des propriétés
Standardisation, détection des falsifications, étude de la toxicité
antimicrobiennes des HE [3]. De plus et avec le déclin de
et des propriétés biologiques de l’HE
sa culture,
Influence les opérateurs
des facteurs économiques
pédoclimatiques se tournent
sur le rendement vers les
en HE,
essences synthétiques moins onéreuses.
optimisation de l’extraction et composition des HE et HA
Extraction et caractérisation chimique de l’HE
Propriétés pharmacologiques et biologiques de l’HE

En Algérie, la culture du géranium rosat, pratiquée sur de
petites parcelles dans des conditions de production difficiles,
est menacée d’abandon malgré les immenses atouts qu’elle
offrait (notoriété de son essence sur le marché mondial,
commercialisation assurée, cycle de production rapide). La
distillerie locale « Extral‑Bio », sise à Chiffa (Blida, 50 km
au sud‑ouest d’Alger), exploite quelques hectares de géra‑
nium destinés à l’extraction de l’HE. Des paysans et d’autres
acteurs de l’agriculture ont été associés à cette activité. La
possibilité d’incorporer ces extraits aromatiques dans
l’industrie cosmétique constitue une activité plus lucrative
pour la société, et des études préliminaires sont en cours
pour permettre l’appréciation de la qualité des produits
finis. Là encore, l’avenir dira, souhaitons‑le, si l’intérêt
qu’elles suscitent est cliniquement justifié.
Conclusion
Si, de nos jours, la culture et l’exploitation industrielle du
géranium rosat en Algérie n’ont cessé de se dégrader, il
semblerait que les pouvoirs publics s’intéressent de plus en
plus à la « biomasse » végétale et à sa valorisation eu égard
à ses nombreux intérêts thérapeutiques.
Le géranium rosat, plante aromatique largement répandue
jadis en Algérie, pourrait servir de précurseur pour booster
la culture et la transformation des plantes médicinales via
l’extraction des HE.
Le marché de ces produits en Algérie est un secteur
florissant ; une industrie artisanale et un savoir‑faire exis‑
tent déjà puisque de nombreux petits ateliers extraient et
commercialisent ces essences. Il s’agit aujourd’hui de le
développer pour faire de cette activité une source supplé‑
mentaire de revenu et un outil de développement durable.
Elle pourrait viser aussi bien le secteur de l’industrie des
cosmétiques, des détergents et de l’agroalimentaire, que le
grand public auquel elle offrirait des essences pour parfum
à usage cosmétique ou culinaire.
Références
1. Afnor (2000) Recueil de normes : les huiles essentielles. Tome 2.
Monographies relatives aux huiles essentielles. Afnor, Paris, 661–3
2. Anton R, Lobstein A (2005) Plantes aromatiques : épices, aromates,
condiments et huiles essentielles. Édition Tec & Doc, Paris,
pp. 522
3. Azoug M (1997) Analyse par CG‑SM des géraniums poussant en
Algérie. Thèse de magister en Chimie, USTHB, Alger, 10–30
4. Baba Aissa F (2000) Encyclopédie des plantes utiles (Flore d’Algérie
et du Maghreb, substances végétales d’Afrique, d’Orient et d’Occi‑
dent). Édition EDAS‑Librairie Modernes, Rouiba (Algérie), 45 p
5. Baudoux D (2000) L’aromathérapie, se soigner par les huiles essen‑
tielles. Douce Alternative. Biarritz (France), 6–29, 221
6. Belouad A (2001) Plantes médicinales d’Algérie. Office des Publica‑
tions Universitaires, Alger, pp. 5–10
309
7. Bosson L, Dietz G (2005) L’hydrolathérapie : thérapie des eaux florales.
Coll. Douce Alternative – Ed Amyris, Bruxelles, 3e trimestre,
pp. 3–20
8. Bruneton J (1999) Pharmacognosie, phytochimie, plantes médicinales.
Éditions Tec & Doc, Paris, éditions médicales internationales,
pp. 483–560
9. Charabot M (1913) La culture du géranium rosat. J Agric Trop Vol. 13,
Paris, 289
10. Demarne FE (1985) Le géranium rosat. Parfums, Cosmétiques et
Arômes, no 62
11. Demarne FE (1986) La sélection des Pelargonium à parfum. Int J Essent
Oils Digne, pp. 35–41
12. Gomes PB, Mata VG, Rodrigues AE (2004) Characterization of Portu‑
guese grown geranium oil (Pelargonium sp.). J Essent Oil Res 16:
490–5
13. Heuze G (1859) Les plantes industrielles. Librairie de L. Hachette et
Cie, Paris, pp. 282–5
14. Judd WS, Bouharmont J, Campbell CS, et al. (2002) Botanique systé‑
matique : Une perspective phylogénétique. Édition De Boeck
Université, Bruxelles, pp. 240–488
15. Lamendin H (2007) Soignez votre bouche par les plantes : remèdes
d’hier et d’aujourd’hui. L’Harmattan, Paris, 46
16. Lis‑Balchin M (2002) Geranium and pelargonium: the genera Gera‑
nium and Pelargonium. CRC Press, Taylor & Francis, London,
pp. 116–31, 147–65, 184–217
17. Lis‑Balchin M (2005) Aromatherapy science: a guide for healthcare
professionals. Pharmaceutical Press, London, pp. 195–201
18. Maruyama N, Sekimoto Y, Ishibashi H, et al. (2005) Suppression of
neutrophil accumulation in mice by cutaneous application of geranium
essential oil. J Inflammation 2:1
19. Michellon R, Rakitondralambo P (1998) Le géranium rosat, fiches
techniques. Projet d’appui à la filière d’huiles essentielles. Antana‑
rivo, Madagascar, cirad‑ca, pp. 96
20. Mosta NM (2006) Essential oil yield and composition of rose‑scented
geranium (Pelargonium sp) as influenced by harvesting frequency
and plant shoot age. Thesis of doctorat MSC Agronomy, faculty
of natural and agricultural sciences, university of Pretoria, South
Africa, 66–75
21. Peyron L (2000) Aspect international du marché des plantes aroma‑
tiques et médicinales. Actes Journée Réflexion Plantes Arom Med
Casablanca, pp. 17–25
22. Rao BR (2002) Biomass yield, essential oil yield and essential oil
composition of rose‑scented geranium (Pelargonium species) as
influenced by row spacings and intercropping with cornmint
(Mentha arvensis L.f. piperascens Malinv. ex Holmes). Ind Crops
Prod 16: 133–44
23. Rao BR, Kaul PN, Syamasundar KV, Ramesh S (2002) Water soluble
fractions of rose‑scented geranium (Pelargonium species) essential
oil. Bioresour Technol 84: 243–6
24. Ram M, Ram D, Roy SK (2003) Influence of an organic mulching
on fertilizer nitrogen use efficiency and herb and essential oil yields
in geranium (Pelargonium graveolens). Bioresour Technol 87: 273–8
25. Rodolfo J, Koroch A, Simon J, Hitimana N (2006) Quality of geranium
oils: case studies in southern and eastern Africa. J Essent Oil Res
(JEOR) 2: 13
26. Quezel R, Santa S (1963) Nouvelle flore d’Algérie et des régions
désertiques méridionales. Tome II, Édition Centre national de la
recherche scientifique, Paris, pp. 977
27. Scimeca D, Tetau M (2005). Votre santé par les huiles essentielles.
Alpen Editions s.a.m. Paris, pp. 45
28. Seidemann J (2005) World spice plants: economic, usage, botany, taxo‑
nomy. Springer, London, pp. 275–7
29. Shawl AS, Kumar T, Chishti N, Shabir S (2006) Cultivation of
rose‑scented geranium (Pelargonium sp) as a cash crop in Kashmir
valley. Asian J Plant Sci 5(4): 673–5