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ECN 700 Théorie Microéconomique I

Université de Sherbrooke

Automne 2012

Noemı́ Navarro

Partie I. La théorie du consommateur

Ces notes sont tirées du premier livre recommandé : Jehle, Geoffrey et Philip Reny. Advanced
Microeconomic Theory. 3rd ed. Addison-Wesley, 2011. Elles nous aideront à moins écrire au
tableau pendant chaque séance du cours

I.1 Notions Fondamentales

Il y a quatre éléments dans un modèle de choix du consommateur : L’ensemble de consommation,


celui des alternatives disponibles, la relation de préférence et l’hypothèse de comportement.

I.1.1 L’ensemble de consommation

Définition : L’ensemble de consommation X représente l’ensemble de toutes les alternatives


ou paniers de consommation que l’agent peut concevoir - en pratique, quelques paniers de
consommation dans X peuvent ne pas être consommés. Parfois X est appelé l’ensemble de choix
ou d’élection.

• xi ∈ X représente le nombre d’unités du bien i avec xi ≥ 0

• n est le nombre des biens différents

• x = (x1 , ..., xn ) ∈ X est un panier ou plan de consommation.

• x ∈ <n+ , parfois X = <n+

Propriétés de l’ensemble de consommation X :

1 0∈X

6 X ⊆ <n+
2 ∅=

3 X est fermé

4 X est convexe

1
I.1.2 L’ensemble des alternatives disponibles (ou atteignables)

Définition : L’ensemble des alternatives disponibles B est le sous-ensemble de l’ensemble de


consommation X qui satisfait toutes les contraintes d’accès aux différents biens, à cause des
différentes réalités pratiques, institutionnelles ou économiques.

N.B. : B ⊂ X

I.1.3 La relation de préférence

Définition : La relation de préférence spécifie les limites dans la capacité de perception du con-
sommateur, le type de cohérence ou incohérence dans les choix du consommateur et l’information
sur les goûts du consommateur envers les différents types de biens.

Nous approfondiront dans la représentation de cet élément dans la section suivante “Préférences
et Choix de Consommation”

I.1.4 L’hypothèse de comportement

Définition : L’hypothèse de comportement exprime le principe meneur ou critère que le con-


sommateur utilise pour s’aider à choisir une alternative disponible entre toutes les alternatives
disponibles. L’hypothèse de comportement identifie l’objectif ultime (ou objectifs ultimes) du
choix.

Nous étudierons les conséquences d’une hypothèse de comportement concrète dans la section
suivante “Le Problème du Consommateur”

I.2 Préférences et Choix de Consommation

I.2.1 Les relations de préférence

Les Axiomes du Choix du Consommateur expriment mathématiquement des aspects fon-


damentaux du comportement du consommateur et ses attitudes envers les différents objets du
choix. Nous commençons par formaliser l’idée que le consommateur a la capacité de choisir, qu’il
est libre de ce faire (c’est-à-dire, de choisir) et que ce choix est “cohérent” d’une certaine manière.

2
Les préférences du consommateur sont représentées avec une relation binaire  définie sur l’ensemble
de consommation X. Si x1  x2 , avec x1 ∈ X et x2 ∈ X, on dit que “x1 est au moins aussi bon
que x2 ”. Cette relation binaire va satisfaire une liste d’axiomes ou propriétés (voir plus haut).

A1. La relation de préférence  est totale ou complète

∀ x1 et x2 appartenant à X, soit x1  x2 soit x2  x1 (soit les deux)

A2. La relation de préférence  est transitive

∀ x1 , x2 et x3 appartenant tous à X, si x1  x2 et x2  x3 , alors x1  x3 .

A2 reflète une idée de “cohérence” : Les comparaisons deux à deux qui sont faites grâce à la
relation de préférence  doivent être liées entre elles de façon cohérente.

A1 + A2 = Le consommateur va toujours pouvoir faire un classement d’un nombre fini


d’éléments dans X, du plus préféré au moins préféré

Définition : Une relation binaire  sur l’ensemble X est appelée une relation de préférence si A1
et A2 sont satisfaites.

Définition : La relation de préférence stricte générée par  sur l’ensemble X, écrite , est définie
comme suit :
x1  x2 ssi x1  x2 et x2  x1

On dit que “x1 est préférée strictement à x2 ”

Définition : La relation d’indifférence générée par  sur l’ensemble X, écrite ∼, est définie comme
suit :
x1 ∼ x2 ssi x1  x2 et x2  x1

On dit que “le consommateur est indifférent entre choisir x1 et choisir x2 ”

Pour tout pair x1 , x2 seulement une des trois relations suivantes est vraie : soit x1  x2 ,
soit x2  x1 ou soit x1 ∼ x2

Définition : Soit x0 un point dans X. La relation de préférence  définit différents ensembles


relatifs à x0 , qui sont :

3
1  (x0 ) ≡ x|x ∈ X, x  x0 “au moins aussi bon que x0 ”


2  (x0 ) ≡ x|x ∈ X, x0  x “pas meilleur que x0 ”




3 ≺ (x0 ) ≡ x|x ∈ X, x0  x “pire que x0 ”




4  (x0 ) ≡ x|x ∈ X, x  x0 “préférés à x0 ”




5 ∼ (x0 ) ≡ x|x ∈ X, x ∼ x0 “ensemble d’indifférence de x0 ”




À partir de maintenant, nous allons fixer X ≡ <n+

A3. La relation de préférence  est continue

∀ x ∈ <n+ l’ensemble “aussi bon que x”,  (x), et l’ensemble “pas meilleur que x”,  (x), sont
fermés dans <n+ .

N.B. : Un ensemble est fermé dans <n+ si son complémentaire est ouvert. Un ensemble A
est ouvert si pour tout x appartenant à l’ensemble, nous pouvons trouver un  ∈ <++ tel que la
boule B (x) ⊆ A. L’intersection de deux ensembles fermés est fermé.

A4’. La relation de préférence  est non saturée localement

∀x0 ∈ <n+ et ∀ > 0, ∃x ∈ B (x0 ) ∩ <n+ tel que x  x0

A4. La relation de préférence  est strictement monotone

∀x0 , x1 ∈ <n+ si x0 ≥ x1 alors x0  x1 . En plus, si x0 >> x1 alors x0  x1

A5’. La relation de préférence  est convexe

∀x0 , x1 ∈ <n+ si x1  x0 alors tx1 + (1 − t)x0  x0 ∀t ∈ [0, 1]

A5. La relation de préférence  est strictement convexe

∀x0 , x1 ∈ <n+ si x1 6= x0 et si x1  x0 alors tx1 + (1 − t)x0  x0 ∀t ∈ (0, 1)

A1 + A2 + A3 + A4 avec X = <n+ indiquent que

• l’ensemble d’indifférence est une courbe sans parties croissantes (COURBE


D’INDIFFÉRENCE)

• l’ensemble  (x0 ) se trouve “plus haut” que l’ensemble  (x0 )

4
La valeur absolue de la pente de la courbe d’indifférence s’appelle Taux Marginal de
Substitution (TMS), le taux auquel le consommateur voudrait échanger x2 pour x1

(N.B. : Nombre d’unités de x2 par unité de x1 , T M S1,2 = dx
dx1 )
2

A5’ et A5 fixent la propriété de TMS non-croissant et décroissant, respectivement

En résumé :

• Que  soit complète et transitive exprime l’idée des comparaisons cohérentes entre
alternatives

• Que  soit continue et non saturée localement implique que les ensembles
d’indifférence sont des courbes

• Que  soit monotone et convexe (A5 ou A5’) determine la forme de la courbe


d’indifférence

I.2.2 La fonction d’utilité

Une fonction d’utilité est, au bout du compte, un outil pour représenter de façon simplifiée
l’information qui se trouve dans la relation de préférence du consommateur.
Définition : Une fonction réelle u : <n+ → < est une fonction d’utilité qui représente la relation
de préférence  si ∀x0 , x1 ∈ <n+ , u(x0 ) ≥ u(x1 ) ↔ x0  x1 .
La question pertinente, pour pouvoir réaliser des calculs avec une fonction d’utilité est celle
de l’existence d’une fonction d’utilité en partant d’une relation de préférence. Les axiomes de
caractère complète, de transitivité et de continuité garantissent cela.

Théorème 1 (Existence d’une fonction d’utilité) : Si la relation binaire  est totale, transitive,
continue et strictement monotone, il y a une fonction réelle u : <n+ → < qui représente .
Donc, pouvoir représenter les préférences du consommateur avec une fonction d’utilité ne
dépend pas des axiomes qui donnent une forme particulière à l’ensemble d’indifférence. Question
suivante : La représentation comme une fonction d’utilité est-elle unique?

Théorème 2 (Invariabilité de la représentation des préférences comme fonction d’utilité par rap-
port aux transformations monotones croissantes ou positives) : Soit  une relation de préférence
sur <n+ et supposons que u(x) est une fonction d’utilité qui la représente. Alors v(x) représente
aussi  ssi v(x) = f [u(x)], ∀x, où f : < → < est une fonction strictement croissante sur le
domaine des valeurs de la fonction u.

5
• Soit f : D → <, où D ⊂ <n . Alors, f est strictement croissante si

– f (x0 ) ≥ f (x1 ) si x0 ≥ x1 et, en plus

– f (x0 ) > f (x1 ) pour tous x0 , x1 tels que x0 >> x1

Théorème 3 (Propriétés des préférences et des fonctions d’utilité) : Soit  une relation de
préférence sur <n+ et supposons que u(x) est une fonction d’utilité qui la représente. Alors

1 u(x) est strictement croissante ssi  est strictement monotone

2 u(x) est quasiconcave ssi  est convexe

3 u(x) est strictement quasiconcave ssi  est strictement convexe

U Mi
En plus, si la fonction d’utilité u(x) est différentiable, T M Sij = U Mj , où U Mi et U Mj sont,
∂u(x) ∂u(x)
respectivement, l’utilité marginale du bien i et celle du bien j, i.e., U Mi = ∂xi et U Mj = ∂xj .

Soit f : D → <, où D ⊂ <n .

• f est quasiconcave ssi pour tous x1 et x2 appartenant à D :

f (xt ) ≥ min{f (x1 ), f (x2 )}, où xt = tx1 + (1 − t)x2 , pour tout t ∈ [0, 1]

• De façon alternative, f est quasiconcave ssi l’ensemble

S(y) ≡ {x|x ∈ D, f (x) ≥ y},

pour tout y ∈ < est un ensemble convexe.

• f est strictement quasiconcave ssi pour tous x1 et x2 appartenant à D qui vérifient


x1 6= x2 :

f (xt ) > min{f (x1 ), f (x2 )}, où xt = tx1 + (1 − t)x2 , pour tout t ∈ (0, 1)

I.3 Le problème du consommateur

Nous allons combiner les quatre éléments dans un modèle choix (voir section I.1) et les appliquer
au cas d’un consommateur :

1 L’ensemble de consommation X est égal à <n+

6
2 L’ensemble des alternatives disponibles B est appelé l’ensemble budgétaire

3 Les préférences vont être une relation binaire  définie sur <n+

4 L’hypothèse du comportement : Le consommateur va choisir l’alternative disponible la plus


préférée dans toutes les alternatives de B.
Formellement, le problème du consommateur consiste à choisir un panier x∗ ∈ B tel
que x∗  x, pour tous x ∈ B

Hypothèse 1.2. : La relation de préférence  est complète, transitive, continue, strictement


monotone et strictement convexe sur <n+ . Alors, la relation de préférence - en vertu des th. 1 et 3
- peut être représentée par une fonction réelle d’utilité, u, qui est continue, strictement croissante
et strictement quasiconcave sur <n+

Par rapport à l’ensemble d’alternatives disponibles, nous allons supposer que le consommateur
doit opérer dans le cadre d’une économie de marché, c’est-à-dire, un système économique dans
lequel toute transaction entre les agents est faite dans le cadre d’un marché. Il y a un marché pour
chaque bien et chaque bien a un prix du marché pi > 0, i = 1, ..., n. En plus, un consommateur
est “non-significatif” par rapport à la taille du marché. Tout cela implique que le vecteur des
prix p >> 0 est fixe, i.e., il est pris comme une constante par le consommateur. En plus, le
consommateur est supposé d’avoir un revenu monétaire fixe y ≥ 0.

• Dépenses en bien i = pi xi
n
P
• Dépenses totales = pi xi
i=1

Le consommateur a une contrainte budgétaire : “Les dépenses totales ne peuvent pas être plus
n
pi xi ≤ y, exprimé en termes vectoriels : px ≤ y, p ∈ <n+
P
élevées que le revenu”. Formellement
i=1
et x ∈ <n . L’ensemble budgétaire est formellement exprimé comme

B = x ∈ <n+ tels que px ≤ y




Le problème du consommateur peut être exprimé comme un problème de


maximisation de la fonction d’utilité : choisit un panier x∗ ∈ B tel que x∗ résout
maxx∈<n+ u(x)
s.c. px ≤ y

1 Comme u(x) est une fonction réelle et continue et B est un ensemble non vide (0 ∈ B),
fermé et borné (donc compact), on sait que le max existe.

7
2 Comme u(x) est strictement croissante, le max x∗ satisfait la contrainte budgétaire avec
égalité

3 Comme u(x) est strictement quasiconcave et B est un ensemble convexe le max est unique

Grâce à l’unicité, nous pouvons construire une fonction qui pour chaque valeur de p ∈ <n++
et de y ∈ <+ nous informe du choix du consommateur x∗ = x(p, y). Cette fonction s’appelle la
fonction de DEMANDE ORDINAIRE OU MARSHALLIENNE, écrite x(p, y), parfois
xm (p, y).
Si la fonction d’utilité est différentiable nous pouvons analyser le problème du consommateur
avec un peu plus de profondeur. Notons que

maxx∈<n+ u(x)
s.c. px ≤ y

est un problème de programmation non-linéaire. En tenant compte des restrictions de non-


négativité, la fonction lagrangienne associée pour les conditions de Kuhn-Tucker peut être écrite
comme :
£(x, λ, γ) = u(x) − λ(px − y) + γx,

où λ ∈ <+ et γ ∈ <n+ .


La fonction “objectif”, u(x) est quasi-concave et la condition de “constraint qualification” est
satisfaite, donc FOC sont suffisants. En plus, comme u(x) est strictement croissante, la partie x∗
de la solution satisfait px∗ = y, ce qui garantie qu’au moins une co-ordonnée de x∗ est strictement
positive. Cela implique que la condition sur le gradient des contraintes saturées est satisfaite.
Donc, il nous reste à vérifier (x∗ , λ∗ , γ ∗ ), où x∗ ∈ <n+ , λ∗ ∈ <+ and γ ∗ ∈ <n+ :

∂u(x)
• ∂xi − λ∗ pi + γi∗ = 0, pour tous i = 1, ..., n

• λ∗ (px∗ − y) = 0

• γi∗ x∗i = 0, pour tous i = 1, ..., n

• px∗ − y ≤ 0

• x∗ ≥ 0

Si la solution (x∗ , λ∗ , γ ∗ ) vérifie x∗ >> 0 alors γi∗ = 0 pour tous i = 1, ..., n et

∂u(x∗ )
− λ∗ pi = 0,
∂xi

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pour tous i = 1, ..., n, ce qui implique que λ∗ > 0, et donc y − px∗ = 0. Notons que T M Sj,k (x∗ ) =
pj
pk pour tout pair de co-ordonnées j, k, si x∗ >> 0. Or, si x∗j = 0 et x∗k > 0 il faut que
pj
T M Sj,k (x∗ ) ≤ pk .

Théorème du maximum : Soit un problème de maximisation sous contraintes. Si


la fonction “objectif” et les contraints sont toutes des fonctions continues dans les
paramètres et si le domaine des variables est un ensemble compact, la fonction de valeur
et la fonction de solution associées au problème de maximisation sont des fonctions
continues dans les paramètres.

Le Théorème du maximum implique que la fonction de demande marshallienne est continue.

I.4 L’utilité indirecte et la fonction de dépenses

I.4.1 L’utilité indirecte

Pour des prix p et revenu y donnés, le consommateur choisit un panier de consommation x(p, y).
L’utilité obtenue de cette consommation u[x(p, y)] est le niveau d’utilité le plus élevé que le
consommateur peut atteindre pour des prix p du marché et du revenu y.
Si on change des prix et/ou de revenu, le consommateur obtiendra un niveau différent d’utilité.
La relation entre les prix du marché p, le revenu y et l’utilité maximale atteignable est définie
formellement comme :  
v(p, y) = max u(x) s. c. px ≤ y (1)
x∈<n
+

v(p, y) définie ci-dessus est la fonction d’utilité indirecte. Comme u est une fonction continue,
v est bien définie. En plus, si u est strictement quasi-concave la solution x(p, y) est unique et on
peut écrire v(p, y) = u[x(p, y)]. En général, v(p, y) est le niveau d’utilité de la courbe d’indifférence
plus élevée dans l’ensemble budgétaire B.

Théorème 4 (Propriétés de la fonction d’utilité indirecte) : Si u(x) est une fonction continue et
strictement croissante sur <n+ , alors v(p, y) est :

1 Continue sur <n+ × <+

2 Homogène de degré zéro en (p, y)

3 Strictement croissante en y

9
4 Décroissante en p

5 Quasi-convexe en (p, y)

6 Identité de Roy :
∂v(p0 ,y 0 )
Si v(p, y) est différentiable sur (p0 , y 0 ) et ∂y 6= 0 alors

∂v(p0 ,y 0 )
∂p
xi (p0 , y 0 ) = − ∂v(p0i,y0 ) , (2)
∂y

pour chaque i = 1, ..., n

Théorème de l’enveloppe : Considérez le problème de maximisation

max f (x, a) s.c. g(x, a) = 0 et x ≥ 0.


x

Supposez que la fonction “objectif” et la contrainte sont différentiables et leurs dérivées


sont des fonctions continues en a. Pour chaque a, soit x(a) > 0 la solution unique du
problème de maximisation. Supposez aussi que x(a) est différentiable avec des dérivées
continues en a.
Soit £(x, a, λ) la fonction lagrangienne associé au problème de maximisation et soit
(x(a), λ(a)) la solution pour les conditions de Kuhn-Tucker.
Finalement, soit M (a) la fonction de valeur maximum associé au problème de maximi-
sation. Alors,
∂M (a) ∂£
= , (3)
∂aj ∂aj x(a),λ(a)
pour tous j = 1, ..., m

Soit f : D → <, où D ⊂ <n . f est quasiconvex ssi l’ensemble

I(y) ≡ {x|x ∈ D, f (x) ≤ y},

pour tout y ∈ <, est un ensemble convexe.

I.4.2 La fonction de dépense

Rappelons que pour calculer la fonction d’utilité indirecte nous fixons les prix et le revenu et nous
cherchons le niveau d’utilité maxime qui est atteignable. Pour calculer la fonction de dépenses,
nous fixons les prix du marché et le niveau d’utilité et nous cherchons le revenu minime (ou les
dépenses monétaires minimes) pour atteindre le niveau fixé d’utilité.

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Définition : La fonction de dépenses est la fonction de valeur minime définie comme :

e(p, u) = minn px s.c. u(x) ≥ u, (4)


x∈<+

pour tous p >> 0 et tous niveaux u d’utilité atteignables U = u(x)|x ∈ <n+ . Donc,


e : <n++ × U → <+

Comme u(x) est continue et strictement quasiconcave : la solution sera unique pour chaque
vecteur (p, u). Alors on peut définir la fonction solution du problème du minimisation des dépenses
comme la fonction de demande COMPENSÉE ou HICKSIENNE, écrite xh (p, u).
En plus, la fonction de dépense peut être calculée comme e(p, u) = pxh (p, u) = ni=1 pi xhi (p, u)
P

Comparaison entre la demande ordinaire ou marshallienne et la demande compensée ou hicksienne

• La demande marshallienne est “observable” directement, la hicksienne ne l’est pas.

• Après un changement des prix, l’utilité change dans la demande marshallienne car le revenu
est maintenu constante. Or, dans la demande hicksienne, l’utilité est maintenue constante
et donc c’est le niveau de dépense (minime) qui change.

Théorème 5. Propriétés de la fonction de dépense : Si u(x) est une fonction continue et strictement
croissante, la fonction e(p, u) est :

1 Continue sur <n++ × U

2 Strictement croissante en u, pour tous p >> 0

3 Croissante en p

4 Homogène de degré 1 en p

5 Concave en p

6 Si en plus u(.) est strictement quasiconcave, nous avons le Lemme de Shephard, qui dit
que si e(p, u) est différentiable en p sur un point (p0 , u0 ) avec p0 >> 0 alors

∂e(p0 , u0 )
= xhi (p0 , u0 ), pour tous i = 1, ..., n
∂pi

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I.4.3 La relation entre v et e

Théorème 6. La relation entre la fonction d’utilité indirecte et la fonction de dépense : Soient


v(p, y) et e(p, u) la fonction d’utilité indirecte et la fonction de dépense, respectivement, pour un
consommateur dont la fonction d’utilité est continue et strictement croissante. Alors pour tout
prix p >> 0 et revenu y > 0 et pour u ∈ U :

1 e (p, v(p, y)) = y

2 v (p, e(p, u)) = u

Ce résultat est utile parce qu’il nous permet de résoudre un seul problème d’optimisation.
Théorème 7. Dualité pour les fonctions de demande : Pour des relations de préférence qui sont
complètes, transitives, continues, strictement monotones et strictement convexes sur <n+ nous
avons que :

1 xi (p, y) = xhi (p, v(p, y))

2 xhi (p, u) = xi (p, e(p, u))

I.5 Propriétés de la demande

Théorème 8. Absence d’illusion monétaire et saturation de la contrainte budgétaire. Si les


préférences vérifient les axioms A1, A2, A3, A4 et A5 alors la fonction de demande ordinaire
xi (p, y), pour i = 1, ..., n est (i) homogène de degré 0 en prix et revenu (uniquement des prix
relatifs et revenu réel ont un effet sur le comportement du consommateur) et (ii) balancée ou
équilibrée dès un point de vue budgétaire (px(p, y) = y).

I.5.1 L’effet revenu et l’effet de substitution

Imaginons un changement du prix du bien 1, p1 de p01 à p11 , où p11 < p01 . Généralement, la décision
du consommateur changera, et la différence en consommation dû au changement du prix (pour
chaque bien i) s’appelle l’effet total. Intuitivement, quand les prix changent le consommateur aura
une tendance à acheter plus de quantité des biens qui sont devenus “meilleur marché” qu’avant
et à acheter moins de quantité des biens qui coûtent maintenant plus chers. Cet effet s’appelle
effet de substitution. En plus, après un changement des prix, la “taille” de l’ensemble budgétaire

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change. Après une diminution des prix, l’ensemble budgétaire grandisse, c’est-à-dire, que le
pouvoir d’achat réel du revenu devient plus grand, et alors il y aura une tendance généralisée à
consommer plus, et à l’inverse. Cet effet s’appelle l’effet revenu.
Nous allons voir deux façons de décomposer l’effet total : la décomposition de Hicks et la
décomposition de Slutsky.

• Effet de substitution de Hicks : Il s’agit du changement hypothétique dans la consom-


mation attribué au changement des prix relatifs quand le niveau d’utilité est maintenu à
son niveau initial.

• Effet de substitution de Slutsky : Il s’agit du changement hypothétique dans la con-


sommation attribué au changement des prix relatifs quand le niveau de revenu réel est
maintenu à son niveau initial.

Alors,

• Effet de substitution de Hicks : ESih = xhi (p1 , u0 ) − xi (p0 , y) = xhi (p1 , u0 ) − xhi (p0 , u0 ),
où u0 = v(p0 , y)

• Effet de substitution de Slutsky : ESis = xi (p1 , ỹ) − xi (p0 , y), où ỹ = p0 x(p0 , y)

Pour des changements différentiels des prix les deux formes de décomposition sont équivalentes.
Théorème 9. L’équation de Slutsky Soit x(p, y) le système des fonctions de demandes marshalli-
ennes. Soit u∗ le niveau d’utilité pour (p, y), c’est-à-dire que u∗ = v(p, y). Alors,

∂xi (p, y) ∂xhi (p, u∗ ) ∂xi (p, y)


= − xj (p, y) (5)
∂pj ∂pj ∂y

Théorème 10. Soit xhi (p, u) la fonction de demande hicksienne pour le bien i. Alors, (en supposant
que e(p, u) est différentiable deux fois)
∂xh ∗
i (p,u )
1 ∂pi ≤ 0, pour tous i = 1, ..., n

∗ ∂xh ∗
∂xh
i (p,u ) j (p,u )
2 ∂pj = ∂pi , pour tous i, j = 1, ..., n

3 La matrice des effects de prix et revenu de Slutsky, définie comme s(p, y) = [s(p, y)ij ]i=1,...,n j=1,...,n ,

où
∂xi (p, y) ∂xi (p, y)
s(p, y)ij = + xj (p, y) ,
∂pj ∂y
est symétrique et semi-définie négative.

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Définitions : Bien normal et bien inférieur. Soit i ∈ {1, ..., n}. Si

∂xi (p, y)
≥ 0, (6)
∂y

le bien i est appelé un bien normal. Par contre, si

∂xi (p, y)
< 0, (7)
∂y

le bien i est inférieur.

Définitions : Biens substituts et biens complémentaires. Deux biens i, j sont appelés des biens
substituts si
∂xhi (p, u∗ ) ∂xhj (p, u∗ )
= > 0, (8)
∂pj ∂pi
et ils sont appelés des biens complémentaires si

∂xhi (p, u∗ ) ∂xhj (p, u∗ )


= < 0. (9)
∂pj ∂pi

En plus, deux biens i, j sont appelés des biens substituts bruts si

∂xi (p, y) ∂xj (p, y)


> 0 et > 0, (10)
∂pj ∂pi

et ils sont appelés des biens complémentaires bruts si

∂xi (p, y) ∂xj (p, y)


< 0 et < 0. (11)
∂pj ∂pi

Théorème 11. LA LOI DE LA DEMANDE La diminution du prix d’un bien normal a comme
conséquence l’augmentation de la quantité demandée pour ce bien là. Si la diminution d’un prix
occasionne une diminution de la quantité demandée du bien correspondant, alors ce bien là est
nécessairement un bien inférieur.

I.5.2 Évaluation en termes de bien-être d’un changement des prix

Nous voulons mesurer la variation en utilité après un changement de prix. Comme l’utilité est une
échelle ordinale, nous ne pouvons pas l’utiliser directement pour faire de comparaisons d’utilité
entre les différents consommateurs ou entre différents changements des prix.

Définitions : Variation équivalente et variation compensatoire.

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1 Variation équivalente : Quantité minime de revenu que le consommateur veut recevoir
(ou quantité maxime qu’il veut payer si négative) avant le changement de prix pour qu’il
accepte éviter le dit changement des prix. Dit autrement, c’est la variation du revenu du
consommateur qui est équivalente en termes d’utilité au changement des prix.

2 Variation compensatoire : Quantité de revenu que le consommateur paiera (il recevra si


négative) après le changement de prix qui lui permettrait d’atteindre le même niveau
d’utilité qu’avant le changement de prix. Dit autrement, c’est la variation du revenu du
consommateur qui lui compense en termes d’utilité pour le changement des prix.

N.B. : Si les prix ont augmenté, les deux variations sont négatives, car l’utilité après le changement
des prix est plus petit q’avant le changement des prix.

Calcul de la variation équivalente et la variation compensatoire.

1 Variation équivalente : V E(p0 , p1 , y) = e(p0 , u1 ) − e(p0 , u0 )

2 Variation compensatoire : V C(p0 , p1 , y) = e(p1 , u1 ) − e(p1 , u0 )

Comme, par dualité, y = e(p0 , u0 ) = e(p1 , u1 ), et grâce au Lemme de Shephard nous pouvons
calculer V E et V C comme des integrals définies (seulement si le prix du bien i change)

R p0i
• Variation équivalente : V E(p0 , p1 , y) = p1i
xhi (pi , p−i , u1 )dpi
R p0i
• Variation compensatoire : V C(p0 , p1 , y) = p1i
xhi (pi , p−i , u0 )dpi

Comparons donc avec la variation du surplus du consommateur pour le même changement de


prix :

R p0i
• Variation du surplus du consommateur : V SC(p0 , p1 , y) = p1i
xi (pi , p−i , y)dpi

Nous pouvons aussi parler d’une compensation à la Slutsky, où le consommateur après le
changement des prix reçoit (si négative) ou paie (si positive) une quantité de revenu qui lui permet
d’acheter le panier de consommation initiale. La différence entre cette variation à la Slutsky et
la variation compensatoire se trouve dans la situation de référence initiale pour laquelle il faut
compenser : doit-on compenser en termes d’utilité initiale ou en termes de pouvoir d’achat initial?
Pour des variations des prix infinitésimales, toutes les variations donnent le même résultat.

15
I.5.3 Relations d’élasticité

Soit x(p, y) la fonction de demande marshallienne. Nous savons, car les préférences sont stricte-
ment monotones, que la fonction de demande marshallienne vérifie la contrainte budgétaire (avec
égalité) :
n
X
y= pi xi (p, y)
i=1
Cette égalité va nous permettre obtenir quelques identités concernant les élasticités.
Définitions : Soit xi (p, y) la demande marshallienne du bien 1. Soient

∂xi (p,y) y
• ηi ≡ ∂y xi (p,y) l’élasticité-revenu,

∂xi (p,y) pj
• ij ≡ ∂pj xi (p,y) l’élasticité-prix croisée, et

• si ≡ la partie des dépenses totales qui est utilisée pour payer la consommation du bien i
Pn
C’est facile de voir que si ≥ 0 et que i=1 si = 0.
Théorème 12. Soit x(p, y) le système des demandes marshalliennes pour un consommateur.
Soient ηi , ij et si , pour i, j = 1, ..., n définies comme avant. Alors, les élasticités-revenu et les
élasticités-prix (croisées ou pas) de la demande doivent vérifier :

1 L’aggregation d’Engel
n
X
si ηi = 1,
i=1

2 L’aggregation de Cournot
n
X
si ij = −sj , pour j = 1, ..., n
i=1

I.6 Choix du Consommateur en Incertitude

I.6.1 Les préférences

Soit A = {a1 , a2 , ..., an } un ensemble fini de résultats ou lots possibles. Chaque ai peut être une
quantité consommée ou une quantité d’argent. Ce qui est important est que ai est le résultat
voulant dire “obtenir ai avec certitude”. L’ensemble A sera notre base de loteries (ou support de
probabilité).

Exemple : Imaginez que vous pariez à pile ou face 20 dollars avec un amie. Si la pièce de monnaie
est “équilibrée”, c’est-à-dire, qu’elle a la même probabilité de tomber pile ou tomber face, nous

16
pouvons décrire cette situation comme une loterie dans laquelle on gagne 20 dollars avec une
1
probabilité égale à 2 et -20 dollars avec une probabilité égale à 12 .

En général, une loterie simple attribue une probabilité pi à chaque résultat ai , avec pi ≥ 0 et
Pn
i=1 pi = 1. La loterie simple est écrite comme (p1 ◦ a1 , p2 ◦ a2 , ..., pn ◦ an ).

Définition. Soit A = {a1 , ..., an } l’ensemble de résultats possibles. Alors, Gs , l’ensemble des
loteries simples sur A, est définie comme
n
( )
X
GS ≡ (p1 ◦ a1 , ..., pn ◦ an ) telles que pi ≥ 0 pour chaque i et pi = 1
i=1

Souvent nous éliminons de l’expression d’une loterie simple les résultats pour lesquels la prob-
abilité est égale à 0. Aussi souvent nous écrivons ai simplement au lieu de (1 ◦ ai ).

L’exemple antérieure, i.e., parier 20 dollar à pile ou face avec un ami, est donc écrit dans notre
spécification comme ( 12 ◦ a1 , 12 ◦ a2 ), où a1 = 20 et a2 = −20.

On appelle une loterie composée à une loterie dont au moins un de ses résultats est une autre
loterie.
Définition. Soit G l’ensemble de toutes les loteries composées de façon dénombrable, définie de
façon récurrente comme suit : si une loterie g appartient à G alors g = (p1 ◦g 1 , ..., pk ◦g k ), pour des
loteries g i ∈ G, i = 1, ..., k et k ≥ 1. Chacune des g i peut être des loteries simples, des loteries com-
posées elles-mêmes ou des résultats ou lots dans A. Formellement, soit G0 = A et pour chaque j =
Pn
1, 2, ..., ∞ soit Gj = (p1 ◦ g 1 , ..., pk ◦ g k ) tel que k ≥ 1, pi ≥ 0, 1 k

i=1 pi = 1 et g , ..., g ∈ Gj−1 .

Alors,

[
G= Gj
i=1

L’ensemble G est notre ensemble d’alternatives ou ensemble de choix sur lequel les préférences
seront définies (équivalent à l’ensemble X sur la partie de la théorie classique du choix). Comme
dans le cas sans incertitude, nous allons imposer un certain nombre d’hypothèses ou axiomes sur
les préférences, représentés avec une relation binaire  sur G.

•  “au moins aussi bon que”

•  “préféré à”

• ∼ “indifférence”

17
G1. La relation de préférence  est totale ou complète

∀ g et g 0 appartenant à G, soit g  g 0 soit g 0  g (soit les deux)

G2. La relation de préférence  est transitive

∀ g, g 0 et g 00 appartenant toutes à G, si g  g 0 et g 0  g 00 , alors g  g 00 .

G1 et G2 vont nous permettre faire des classements sur sous-ensembles fini des éléments de
G. En particulier, ils vont nous permettre faire des classements sur les éléments de A car chaque
élément de A, ai , est équivalent à la loterie (1 ◦ ai ). Nous allons à partir de maintenant nommer
les éléments ai du plus préféré au moins préféré : a1  a2  a3  ...  an .
Notons que comme a1  an nous pouvons écrire que (1 ◦ a1 , 0 ◦ an )  (0 ◦ a1 , 1 ◦ an ), car a1
peut être écrite comme 1 ◦ a1 , 0 ◦ an ) et an peut être écrite comme 0 ◦ a1 , 1 ◦ an ). En plus, pour
n’importe quelle ai on sait que (1 ◦ a1 , 0 ◦ an )  ai  (0 ◦ a1 , 1 ◦ an ).
Finalement, comme dans la partie avec certitude, à partir de la relation de préférence  nous
pouvons définir les relations binaires de “préférence stricte” () et de “indifférence” (∼) de façon
équivalente. L’idée de continuité va être exprimé en termes d’indifférences comme suit.

G3. La relation de préférence  est continue

∀ g appartenant à G, on peut trouver une probabilité α ∈ [0, 1] pour laquelle g ∼ (α ◦ a1 , (1 − α) ◦


an ).

G4. La relation de préférence  est monotone

Pour toutes probabilités α et β ∈ [0, 1] : (α ◦ a1 , (1 − α) ◦ an )  (β ◦ a1 , (1 − β) ◦ an ) ssi α ≥ β.

Les axiomes G3 et G4 impliquent que a1  an .

Je vais presenter l’axiome G6 avant de l’axiome G5, car nous allons mieux pouvoir discuter sur
G5 quand elle co-existe avec G6. Supposons d’abord que A = {a1 , a2 }. Considérez la loterie
composée g = (α ◦ a1 , (1 − α) ◦ h), où h est la loterie simple (β ◦ a1 , (1 − β) ◦ a2 ). On se demande
d’abord : quelle est la probabilité finale, totale ou effective d’obtenir a1 en choisissant la loterie g?
Comme a1 est h sont mutuellement exclusives, et en supposant independence stochastique
entre g et h, on a α + (1 − α)β. Avec l’axiome G6, nous allons pouvoir re-écrire n’importe quelle
loterie comme équivalent à une loterie simple.

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Définition. Pour toute loterie g ∈ G on appelle loterie dérivée de G à la loterie simple (p1 ◦
a1 , ..., pn ◦ an ) ∈ GS si chacun des pi est la probabilité finale, effective ou total que g attribue au
lot ai .

G6. Réduction des loteries composées à loterie simple.

Pour toute g ∈ G, la loterie simple gs = (p1 ◦ a1 , ..., pn ◦ an ) vérifie g ∼ gS si gS est la loterie


(simple) dérivée de g.

G5. Substitution des loteries pour lesquelles le consommateur est indifférent

Si g = (p1 ◦ g 1 , ..., pk ◦ g k ) et h = (p1 ◦ h1 , ..., pk ◦ hk ) appartiennent toutes les deux à G et si


hi ∼ g i pour tous i, alors g ∼ h.
Regardons l’axiome G5. Si un agent est indifférent entre deux loteries, alors il va être indifférent
entre toutes deux combinaisons convexes d’elles. Par exemple, prenons deux loteries g et h telles
que g ∼ h. Par G1 g ∼ g et comme g ∼ h par G5 (α ◦ g, (1 − α) ◦ h) ∼ (α ◦ g, (1 − α) ◦ g), ce qui
implique que (α ◦ g, (1 − α) ◦ h) ∼ g à cause d’une équivalence entre (α ◦ g, (1 − α) ◦ g) et g grâce
à la réduction à loterie simple.

I.6.2 L’Utilité de von Neumann-Morgenstern

Définition. Une fonction u : G → < est une fonction d’utilité qui représente  ssi pour toutes
g, g 0 telles que g  g 0 c’est vrai que u(g) ≥ u(g 0 )

Supposez que u : G → < est une fonction d’utilité qui représente . Comme u est définie sur
n’importe quel g ∈ G on sait qu’il y a des valeurs u(ai ) pour tout lot ou résultat ai ∈ A.

Définition. Propriété de l’espérance de l’utilité La fonction d’utilité u : G → < présente la


propriété de l’espérance de l’utilité si, pour toute g ∈ G
n
X
u(g) = pi u(ai ),
i=1

où (p1 ◦ a1 , ..., pn ◦ an ) est la loterie simple dérivée de la loterie g.

Alors, si u est une fonction d’utilité avec la propriété de l’espérance de l’utilité nous avons
que pour chaque loterie simple (p1 ◦ a1 , ..., pn ◦ an ) on a que u(p1 ◦ a1 , ..., pn ◦ an ) = ni=1 pi u(ai ),
P

et, grâce à l’axiome G6 et la propriété de l’espérance de l’utilité, la fonction d’utilité u est définie
complètement sur G par les valeurs des résultats ou lots u(a1 ), ..., u(an ).

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Si notre hypothèse de comportement est que le consommateur ou individu va choisir la loterie
préférée entre les atteignables le problème du consommateur revient à maximiser l’espérance
de l’utilité ou l’utilité espérée dans l’ensemble des loteries atteignables.

Une fonction d’utilité présentant la propriété de l’espérance de l’utilité est appelée une fonction
d’utilité de von Neumann-Morgenstern.

Théorème 13. Soient  des préférences sur les loteries dans G qui satisfont les axiomes G1 à G6.
Alors il y a une fonction d’utilité u : G → < qui représente  sur G telle qu’elle a la propriété de
l’espérance de l’utilité.

N.B. :

• L’espérance de l’utilité (ou utilité espérée) est en général différente de l’espérance de la


valeur (ou valeur espérée, moyenne) quand les résultats ou lots dans A sont des chiffres
réelles

• L’utilité de von Neumann-Morgenstern (VNM à partir de maintenant) n’est pas ordinal

Théorème 14. La fonction d’utilité de VNM est unique à une transformation affine positive près.
Soit u une fonction d’utilité VNM qui représente . Alors v est une fonction d’utilité VNM qui
représente  aussi ssi pour toute g ∈ G v(g) = α + βu(g), où α ∈ < et β ∈ <++ .

I.6.3 L’Aversion pour le Risque

Pour analyser les attitudes du consommateur envers le risque, nous fixons typiquement A = <+
et nous écrirons une loterie simple comme (p1 ◦ w1 , ..., pn ◦ wn ), avec n ≥ 0, wi ≥ 0, pi ≥ 0 et
Pn
i=1 pi = 1. En plus, nous travaillerons sous l’hypothèse de que la fonction u est une fonction

VNM différentiable avec u0 (w) > 0 pour tout w ∈ <+


Définition. L’espérance de la valeur (ou valeur espérée) d’une loterie g, écrite E(g), est égale à
la moyenne pondérée des résultats possibles. La pondération de chaque résultat est égale à la
probabilité dans la loterie simple dérivée : E(g) = ni=1 pi wi , où g ∼ (p1 ◦ w1 , ..., pn ◦ wn ).
P

Supposons maintenant que l’individu peut choisir entre une loterie g ou l’espérance de cette loterie
avec certitude. Alors, il faut comparer u(g) avec u(E(g)), où
n n
!
X X
u(g) = pi u(wi ) et u(E(g)) = u p i wi .
i=1 i=1

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Définition. Aversion pour le risque, neutralité pour le risque et goût du risque. Soit u(.) la
fonction d’utilité VNM définie sur des loteries des valeur non-négatives d’argent (ou de richesse).
Alors, l’individu est appelé :

1 averse au risque pour la loterie simple g si u(E(g)) > u(g),

2 neutre au risque pour la loterie simple g si u(E(g)) = u(g), ou

3 enclin au risque pour la loterie simple g si u(E(g)) < u(g)

En plus, si l’individu est averse au risque pour toute loterie simple g ∈ GS dans laquelle il y
a au moins une probabilité pi vérifiant 0 < pi < 1 il sera appelé averse au risque (tout court) ou
bien averse au risque sur G. Les cas pour neutre au risque et pour enclin au risque sont similaires.

Implications de l’attitude vers le risque sur la courbure de la fonction d’utilité VNM

• L’individu est averse au risque ssi la fonction d’utilité VNM est concave

• L’individu est neutre au risque ssi la fonction d’utilité VNM est affine ou linéaire

• L’individu est enclin au risque ssi la fonction d’utilité VNM est convexe

Définition. L’équivalent certain et la prime du risque. L’équivalent certain d’une loterie simple g
sur des niveaux de richesse est la somme d’argent EC(g) offerte avec certitude telle que u(g) ≡
u(EC(g)). La prime au risque P (g) est la somme d’argent telle que u(g) = u(E(g) − P (g)),
c’est-à-dire, que P (g) = E(g) − EC(g).

Exemple. Prenons un individu dont ses préférences peuvent être représentées avec u(w) = ln(w).
Cet individu a déjà une quantité initiale d’argent w0 et la loterie g offre gagner ou perdre la même
quantité d’argent h avec la même probabilité. Alors, g ≡ 21 ◦ (w0 + h), 12 ◦ (w0 − h) . Calculez


la prime du risque.

Si P (g) > 0 l’individu est averse au risque pour g, si P (g) = 0 l’individu est neutre au risque
pour g et si P (g) < 0 l’individu est enclin au risque pour g. Souvent, on aimerait savoir plus sur
l’intensité de l’attitude face au risque (et non seulement sa direction), pour faire de comparaisons
entre des individus différents et/ou pour faire des comparaisons entre différentes sommes d’argent
qui pourraient être gagnées, par un même individu.

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Définition. La mesure d’Arrow-Pratt d’aversion pour le risque. La mesure d’Arrow-Pratt d’aversion
absolue pour le risque est donnée par l’expression :

u00 (w)
Ra (w) = − .
u0 (w)

• Si Ra (w) > 0 l’individu est averse au risque, si Ra (w) = 0 l’individu est neutre au risque et
si Ra (w) < 0 l’individu est enclin au risque.

• Ra (w) est une mesure locale d’aversion au risque, alors, elle va varier avec la quantité
d’argent w.

• Souvent on va pouvoir classifier une fonction d’utilité VNM en termes de la mesure d’Arrow-
Pratt d’aversion absolue au risque comme suit :

1 Si une fonction VNM u(.) est telle que Ra (w) accroı̂t avec w on l’appelle fonction
d’aversion absolue au risque croissante (IARA en anglais)

2 Si une fonction VNM u(.) est telle que Ra (w) diminue avec w on l’appelle fonction
d’aversion absolue au risque décroissante (DARA en anglais)

3 Si une fonction VNM u(.) est telle que Ra (w) reste constante peu importe la valeur de
w on l’appelle fonction d’aversion absolue au risque constante (CARA en anglais)

Exemple. Un individu averse au risque a une richesse initiale égale à w0 et une fonction d’utilité
VNM u(.). Il doit decider s’il veut s’assurer en cas d’accident et, en cas affirmatif, pour combien.
La probabilité qu’il aie un accident est égale à α ∈ (0, 1) et, en cas d’accident, il aura une perte
d’argent égale à L. Calculez le montant d’assurance optimale x sous l’hypothèse que le prix de
l’assurance est juste, c’est-à-dire, que la compagnie d’assurance ne fait pas de profit.

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