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Maria Mikhnova

La Vème république, est-elle un régime parlementaire ?

(dissertation)

Aucun régime n’est jamais resté tel qu’il a été établi, - paraphrasons-nous une des
célèbres pensées de Napoléon Bonaparte. Le régime de la Vème république, instauré par la
Constitution de 1958, avait un double enjeu. D’une part, selon Michel Debré, le régime devait
rester parlementaire. D’autre part, le général de Gaulle optait pour un rôle renforcé du président
qui devrait devenir la clé de voûte du régime.

Une juste question se pose si c’est la prédominance d’une institution, son rôle renforcé,
qui définit le régime politique. Il s’avère que c’est plutôt le degré de la séparation des pouvoirs
qui détermine le régime comme tel.

Ainsi, le régime parlementaire est un régime politique avec une souple séparation des
pouvoirs, avec une forte interaction et une interdépendance entre les institutions. Il se caractèrise
par la responsabilité du gouvernement devant le parlement et le droit de dissolution. Il s’oppose
au régime présidentiel.

Quand il s’agit de la Vème république, on parle souvent du régime semi-parlementaire.

Il convient donc de se demander si le régime de la Vème république est un régime


parlementaire.

C’est une question d’autant plus cruciale, que le régime, tel qu’il a été créé, n’a pas été
maintenu. Des révisions de la Constitution sont intervenues au fil des années et ont changé le
rapport de forces entre les pouvoirs.

On pourrait aussi considérer la Vème république comme un régime stable qui a su faire
face à des crises politiques (Algérie, Irak), à des périodes de cohabitation (1986-88, 1993-95,
1997-2002). Comprendre la nature de ce régime représente donc un véritable intérêt qui serait de
déterminer la nature d’un régime stable où les libertés fondamentales sont assurées.

Notre idée générale consiste à démontrer que la Vème république n’est pas un régime
purement parlementaire, mais un régime qui oscille entre les deux régimes, un régime qui voit
des tensions internes entre les institutions et les pouvoirs.

Dans la première partie de notre dissertation nous démontrerons qu’au début la Vème
république a vu la revalorisation du rôle du président dans un régime parlementaire (I), ce qui
nous permet de parler d’un régime mixte. La deuxième partie sera consacrée à la persistance du
régime mixte au fil des années (II). Pour nous, c’est l’oscillation entre deux régime qui reste le
trait le plus important de la Vème république.

I.-La revalorisation du rôle du président dans un régime parlementaire en 1958

Pour comprendre bien la nature du régime de la Vème république, il est indispensable de


comprendre l’histoire constitutionnelle française.

A. La mise en valeur de l’héritage historique : régime parlementaire

Comme nous l’avons démontré dans l’introduction, c’est le principe de la séparation des
pouvoirs qui est à l’origine de la distinction entre les régimes parlementaires et présidentiels. Au
18ème siècle c’est le régime parlementaire anglais qui a inspiré Montesquieu et que ce philosophe
bordelais voulait transporter sur le sol français. Sa théorie est donc celle au profit du parlement
dont le rôle renforcé serait garant d’un équilibre et donc pourrait assurer la liberté.

Michel Debré, un des créateurs du texte de la Constitution de 1958, a cru nécessaire de


maintenir ce régime. L’article 49 prévoit donc la responsabilité du gouvernement devant le
parlement ce qui est propre au régime parlementaire. L’article 12 prévoit le droit de dissolution
de l’Assemblée Nationale qui peut être effectuée par le président après la consultation du
premier ministre. Cet empêchement mutuel suffirait, nous semble-t-il, pour définir le régime
comme parlementaire, d’autant plus que, d’autre part, une tension entre le gouvernement et le
parlement se neutralise par le simple fait que le premier ministre appartient au parti majoritaire
ce qui signifie une interaction accrue entre les pouvoirs.

Pourtant, le parlement a été à l’origine de l’instabilité gouvernementale et de la chute de


ème
la IV république. C’est pourquoi Charles de Gaulle, pour créer un exécutif stable, a conçu le
renforcement du rôle du président.

B. La mise en jeu des besoins actuels : renforcement du rôle du président


Pour renforcer le régime les créateurs du texte de la Constitution de 1958 ont conçu les
pouvoirs propres, discrétionnaires, i.e. qui ne sont pas contresignés par le premier ministre, du
président. Ils sont prévus par l’article 19.

Ainsi, le président nomme le premier ministre (art.8 al.1) et choisit donc celui qui dirige
la politique du gouvernement (art.21). Il a une initiative législative par la voie de référendum
(art.11). Il a le droit de dissoudre l’Assemblée Nationale (art.12). L’article 16 est relatif aux
pouvoirs de crise : on pourrait y voir une vraie possibilité de concentration des pouvoirs et, par
conséquent, l’absence de la séparation des pouvoirs ce qui, selon l’article 16 de la Déclaration
des droits de l’homme et du citoyen, est propre à un état sans une constitution. Il a le droit de
message (art. 18). Il nomme 3 membres pour le Conseil Constitutionnel, et peut le saisir (art. 54,
56, 64).

D’autre part, le Gouvernement a les moyens de pressions sur le parlement (vote bloqué,
demande de motion de censure) ce qui par ricochet renforce le rôle du président.

Mais l’innovation la plus importante de la Vème république a été instaurée par le


référendum de 1962. Dorénavant le président est élu au suffrage universel direct. Il a un long
mandat de 7 ans (en 1958). C’est alors qu’il crée un véritable contre-poids au parlement et donc
nous avons un fondement pour parler d’un régime mixte.

II.-La persistance du régime mixte au fil des révisions de la Constitution

La Vème république créée comme un régime mixte, semi-parlementaire, a vu la


rationalisation du régime au fil des années.

A. La rationalisation du régime: revalorisation du parlement

Il s’avère qu’au fil des années deux tendances ont eu lieu : primo, celle de la
revalorisation du parlement, secundo, celle de l’affaiblissement du président, qui s’inscrivent
d’ailleurs dans la même logique.

Ainsi, le mandat du président a été réduit et est passé de 7 ans à 5 ans après le référendum
de 2000. Il ne peut plus exécuter plus de deux mandats consécutifs (révision de la Constitution
de 2008).

La révision de la Constitution de 2008 a supprimé la priorité du gouvernement dans


l’établissement de l’ordre du jour.
Le parlement peut s’opposer par un vote à la majorité renforcée (3/5) aux nominations
faites par le président.

Le droit de grâce peut être utilisé uniquement à titre individuel.

En cas de crise, les députés peuvent saisir le Conseil Constitutionnel pour contrôler
l’action du président.

Tout cela fait que le régime de la Vème république se réoriente au fil des années vers le
régime parlementaire.

Pourtant, il ne faut pas faire de conclusions rapides. Pour que la rationalisation soit
parfaite certains privilèges du président et du gouvernement ont été maintenus.

B. L’oscillation du régime: renforcement des contre-pouvoirs

Il s’avère nécessaire de mentionner que les révisions ont apporté quelques précisions qui
sont interprétées au profit du président : s’il s’agit de l’article 49, il ne peut pas être appliqué plus
d’une fois par session (si la motion de censure est adoptée).

D’autre part, le droit de lire son message devant le Congrès qui revient au président
renforce aussi son pouvoir.

La loi de 2001 a modifié l’ordre des élections. Les présidentielles doivent précéder les
législatives. Cela est aussi appelé à renforcer le rôle du président.

Et finalement, on constate la juridicialisation du Conseil Constitutionnel qui était à


l’origine un organe plutôt politique. Aujourd’hui c’est un véritable organe de contrôle, impartial,
qui rend les décisions susceptibles de freiner l’action des législateurs, de freiner la suprématie de
la loi. Ainsi dans sa décision № 85-197 DC sur la Nouvelle Calédonie le Conseil Constitutionnel
a dit que « la loi n’est l’expression de la volonté générale que dans le respect de la
Constitution ». Pour nous cela signifie qu’un troisième pouvoir apparaît qui n’existait même
presque pas historiquement (« le pouvoir de juger est nul » selon Montesquieu, il n’y a pas de
titre consacré uniquement au pouvoir juridique dans la Constitution de 1958). Et cette
juridicialisation change de nouveau le rapport de forces et dévalorise le parlement revalorisé.

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