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Presses

universitaires
de
Provence
Mondes marins du Moyen Âge | Chantal Connochie-
Bourgne

L’en-dessous et
l’en-dessus de la
mer
Jean Arrouye
p. 27-41

Texte intégral
1 L’opposition de l’en-dessous et de l’en-dessus de la mer n’est
qu’une variante de celle du bas et du haut, valorisés en sens
contraire, celui-là négativement, celui-ci positivement : le
ciel, qui est au-dessus de nous, est synonyme de Paradis, lieu
de félicités promises à ceux qui auront complu à Dieu ;
l’Enfer, lieu de tourments réservés à ceux qui auront suscité
le courroux divin est tout à l’opposé, au plus profond de la
terre sur laquelle nous sommes placés pour décider de notre
sort ultime pour l’éternité. L’opposition entre haut et bas se
double d’une opposition entre lumière et ténèbre, tout aussi
fortement connotée de valeurs antagonistes : dans la
Jérusalem céleste, dans la lumière de Dieu, le bienheureux
connaîtra un bonheur absolu ; dans l’Enfer, au sein des
ténèbres, le damné souffrira un malheur sans fin. Or la mer
est d’une profondeur insondable (au sens propre au Moyen
Âge) et ténébreuse.
2 Cette opposition conjuguée est inscrite à la première page de
la Bible, dans le texte de la Genèse où est décrite la Création,
dont une enluminure de la Bibla latina, réalisée en 1476 à
Venise, rappelle très démonstrativement qu’elle se fit en six
jours. Ce texte commence ainsi :
Au commencement Dieu créa le ciel et la terre.
La terre était informe et vide ; les ténèbres couvraient
l’abîme, et l’esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux1.
(Gen. I, 1-2)

3 Ainsi dès l’origine le monde de Dieu est clairement (et ce


mot est à prendre dans tous ses sens) situé « au-dessus des
eaux ».
4 Après avoir séparé la lumière des ténèbres le premier jour,
au second Dieu va créer « l’étendue ».
Dieu dit : « Qu’il y ait une étendue sur les eaux, et qu’elle
sépare les eaux d’avec les eaux ». Et Dieu fit l’étendue, et il
sépara les eaux qui sont au-dessous de l’étendue d’avec les
eaux qui sont au-dessus. Et cela fut ainsi. Et Dieu appela
l’étendue Ciel.
(Gen I, 6-7)

5 Cette séparation est représentée dans la Bible historiale de


Guiart des Moulins, enluminée à Paris au tournant des -
e
siècles. Maintenant ce sont « les eaux d’en-dessous » qui
s’opposent au ciel.
6 Le troisième jour Dieu va faire une distinction encore plus
lourde de conséquences pratiques et symboliques.
Dieu dit : « Que les eaux qui sont au-dessous du ciel se
rassemblent en un seul lieu, et que le sec paraisse ». Et cela
fut ainsi. Dieu appela le sec Terre et il appela Mer l’amas des
eaux.
(Gen I, 9-10)

7 Puis le même jour il crée la végétation (Gen I, 11-13). C’est


sur la Terre que le sixième jour il installera l’homme fait à
son image (Gen I, 26) après avoir créé les animaux
terrestres. Mais auparavant, le cinquième jour, il avait créé
les grands animaux aquatiques, et tout être animé qui se
meut, foisonnant dans les eaux selon leur espèce et tout
volatile ailé, selon son espèce,
(Gen I, 24)

8 instituant l’opposition ciel/mer.


9 Même si dans la Genèse il n’est rien dit de négatif de
l’élément marin, la pensée médiévale, qui fonctionne par
analogie et parallèles, ne manquera pas de tirer des
conséquences de cet implicite filé de la Genèse d’autant plus
qu’en d’autres endroits la Bible donne des raisons de se
défier des abysses marins. Les Psaumes y situent le
Léviathan :
Voici la mer, large et vaste :
Là fourmillent sans nombre
Des animaux petits et grands ;
Là se promènent les navires,
Et le Léviathan que tu as formé pour se jouer dans les flots.
(Ps 104, 25-26)

10 Or le Léviathan, tel que le livre d’Isaïe le présente en son


chapitre XXVII, est l’ennemi de Dieu, et donc des hommes
faits à son image. Et même si Dieu l’éliminera ainsi
qu’annoncé :
En ce jour-là, Jéhovah visitera
De son épée, de sa dure, grande et forte épée
Léviathan, le serpent agile,
Léviathan, le serpent tortueux,
Et il tuera le monstre dans la mer,
(Is 27, 1)

11 entre-temps les utilisateurs de navires ont de quoi


s’inquiéter.
12 De cette inquiétude médiévale témoigne la grande broderie
circulaire de la fin du e ou du tout début du e siècle, dite
Tapisserie de la Création, conservée à la cathédrale de
Gérone. Elle est divisée en secteurs consacrés chacun à un
jour de la création. Dans celui qui illustre celle de la faune
marine et de la gent ailée la mer est clairement indiquée par
des lignes ondoyantes et le mot mare : on y voit trois
poissons tachetés, une sorte d’énorme crabe, un serpent
aquatique et deux monstres, dont l’un à carapace, sorte de
tarasque marine, qui ouvrent des gueules pourvues d’une
e
denture redoutable. Sur la mosaïque, du siècle, de
l’atrium de la basilique Saint-Marc à Venise se retrouve le
même sujet : au milieu d’une dizaine de poissons de formes
diverses se dresse un gigantesque dragon marin à queue de
poisson qui, le corps étendu au fond de la mer, dresse sa tête
de loup à crinière de lion. Ce n’est évidemment pas un
hasard si ces animaux d’allure peu engageante sont situés au
plus bas des scènes où ils paraissent. Ce plus bas du monde,
présent ou à venir, est l’emplacement voué par les usages
iconographiques de l’époque aux créatures démoniaques. On
peut le vérifier sur deux exemples, d’autres sujets, choisis
parmi une multitude d’œuvres où paraissent de tels êtres : le
premier, une fresque peinte vers 1090 à l’église San Pietro al
Monte de Civate, montre, sous la figure de Dieu représenté
en majesté dans une mandorle et entouré de saints, un
dragon, que saint Michel frappe de sa lance, sinueux et
montrant les dents comme le monstre de droite de la
Tapisserie de la Création ; l’autre, une enluminure de
l’Apocalypse de Bamberg, manuscrit de l’école de Trèves
réalisé vers 1020, montre la femme de l’Apocalypse, « la lune
sous ses pieds, et une couronne de douze étoiles sur la tête »,
affrontant le « grand dragon rouge » (Ap. 12, 1-3). Tout
naturellement – tout symboliquement, faudrait-il dire plutôt
– les deux dragons sont situés tout au bas de l’image.
13 Donc dans les profondeurs de la mer vivent des monstres,
non pas seulement au sens particulier de ce mot, désignant
des êtres énormes et horribles, mais aussi au sens général,
de créatures qui contreviennent à la répartition des
caractères morphologiques qui distinguent les espèces selon
qu’elles sont destinées à vivre sur terre, dans le ciel ou dans
la mer.
14 Commençons par les êtres démesurés tels ceux observés
dans la Tapisserie de la Création. C’est par exemple, le
fasticolon, sorte de baleine géante décrite dans les bestiaires
e e
anglo-normands des et siècles, que l’on voit mettre
en péril un navire dans le Bestiaire de la collection
Dobrovsky ou avaler un matelot, dans celui de la Bodleian
e
Library à Oxford, tous deux du siècle, et engloutir un
compagnon d’Olivier de Burgos, malgré la résistance de ce
dernier, sur une miniature de L’histoire et vray rommant
e
[…] du duc de Lyon […] de Bourges, du siècle. Le
fasticolon a une durée de vie proportionnelle à sa taille : on
le retrouve dans la Cosmographie universelle contenant la
situation de toutes les parties du monde avec leurs
propriétés et appartenances de Sébastien Münster
imprimée à Bâle en 1470, qui aura en moins d’un siècle près
de cinquante éditions, au plus bas de la gravure montrant
divers animaux étranges, crustacés géants, poisson à tête de
chien et défenses de sanglier ou pourvu d’une crête et d’un
rostre, souffleur à tête de cheval… ; dans l’Historia de
gentibus septentrionalibus d’Olaus Magnus, imprimée à
Rome en 1555, on le voit couler un navire. Cependant la plus
curieuse rencontre avec cet animal fabuleux est celle de saint
Brandan, parti à la recherche du paradis terrestre avec dix-
sept compagnons et qui navigua sept ans dans ce but. Un
jour de Pâques ils parvinrent, non loin des îles Fortunées, à
une petite île et décidèrent d’y célébrer la messe. Celle-ci
terminée fut allumé un feu ; mais alors l’île se mit en
mouvement et les voyageurs eurent juste le temps de
rembarquer avant qu’elle ne s’engloutisse. Saint Brandan
constate alors : « Ce n’est pas sur la terre que nous avons
célébré notre fête mais sur le plus grand des animaux de la
mer ». Cet épisode de la légende apparue dans des
manuscrits de la région rhénane sera de multiples fois
illustré : ainsi dans un manuscrit anglais du troisième quart
e
du siècle du Bestiaire divin de Guillaume le Clerc, et
trois siècles plus tard encore dans la Nova typis transacta
navigatio novi orbis indiae occidentalis de Caspar Plautius.
15 Il est bien d’autres animaux démesurés, tels ces crustacés
géants que l’on voit sur la planche de la Cosmographie
universelle de Sébastien Münster ou l’anguille de trois cents
pieds de long et les crustacés gigantesques capables
d’étreindre un éléphant que mentionne le cardinal Pierre
d’Ailly dans son Ymago mundi, en 1410.
16 Les plus étranges sont les êtres hybrides, nombreux au
plafond, peint vers 1200, de l’église Saint-Martin de Zillis,
dans les Grisons, où voisinent un éléphant à queue de
poisson et un chien, un sanglier, un cerf…, une licorne, un
personnage à tête de loup, mais buste et bras d’homme, tous
pourvus d’une double queue de poisson ; dans les fresques,
de 1220 environ, de l’église de Saint-Jacques de Kastellaz,
dans le Tyrol italien, se trouve aussi un être à tête de loup,
corps d’homme, et pieds palmés ; sur une gravure de la
Cosmographie universelle de Sébastien Munster, de 1556, se
pressent poisson à tête de chien et défenses de sanglier,
poisson à tête de capricorne ou à rostre recourbé, poisson à
tête de hibou au bec crochu ; dans le Das Buch der Natur de
Konrad von Megenberg, publié à Augsburg en 1482, se
rencontre une sirène à queue de poisson et ailes de chauve-
souris ; le plus étrange est sans doute ce moine tonsuré au
costume couvert d’écailles – il faut donc croire que c’est là
plutôt l’apparence de son corps –, aux bras changés en
nageoires courbes et aux pieds devenus nageoire caudale,
dont l’une des premières manifestations est sur un bas-relief
de pierre conservé au musée de Coblence, que l’on retrouve
e
dans les choniques de Godefroid de Viterbe, au siècle,
puis, dans un Hortus sanitatis, de 1491 et que Pierre Belon
représente dans son De aquatilibus publié en 1553 puis
traduit en français deux ans plus tard à Paris sous le titre de
La nature & diversité des poissons avec leur pourtraicts
représentez au plus près du naturel. Pourtant ce livre,
comme l’affirme son titre, était supposé être, en conformité
avec les nouvelles exigences du savoir, le résultat
d’observations réelles faites lors d’une expédition en Grèce,
au Moyen-Orient et en Égypte pour étudier la faune marine.
Encore plus troublant est le fait que ce personnage ainsi
qu’un évêque-poisson recouvert de même d’écailles sont
présents dans les Libri de piscibus marinis, in quibus verae
piscium effigies expressae sunt, publiés à Lyon en 1554 et
traduits en français en 1558, de Guillaume Rondelet. Or
celui-ci, professeur d’anatomie à la faculté de médecine de
Montpellier et naturaliste, ami et condisciple de Rabelais,
était allé enquêter sur les côtes de l’Océan et de la Manche en
compagnie du cardinal de Tournon dont il était le médecin,
et son ouvrage qui « recense quelque 200 poissons de mer,
illustré de 420 gravures sur bois […] crée la branche de
l’ichtyologie et pose les bases de la recherche en zoologie »,
affirme Patrick Geistdorfer, océanographe et directeur du
laboratoire d’ichtyologie du Museum national d’histoire
naturelle2. Ambroise Paré mentionnera aussi ces êtres
mirifiques dans son livre consacré aux monstres. Il faut
croire que la dévolution des profondeurs marines à l’habitat
du Léviathan ennemi de Dieu et de monstres marins dont la
nature hybride nie la volonté divine d’un partage net entre
espèces était bien fortement établie dans l’imaginaire
collectif pour que les esprits les plus scientifiques de
l’époque aient pu croire en l’existence de ces hommes-
poissons que la rumeur disait avoir été péchés au voisinage
de la Norvège aux côtes accores. Les sombres eaux profondes
fournissent leur dernier refuge à tous les égarés et hérétiques
qui se sont détournés des lumières de la vraie religion : outre
ces religieux (dé) chus dans la mer des erreurs, l’on y trouve
en effet Luther, comme on peut le constater à consulter un
recueil de Chants royaux de 1542, et, il fallait s’y attendre,
Mahomet, que l’on voit affublé d’une queue de poisson dans
les marges d’une traduction du Coran3.
17 De ces créatures imaginaires les plus fréquemment et
durablement représentées en sculpture, peinture et
enluminure sont les sirènes, sous la forme que le Moyen-Âge
leur donna de femmes-poissons. Si l’on en croit l’enluminure
de la Bible de Souvigny, du e siècle, qui montre la création
des oiseaux et de la faune marine, elles sont créatures
divines, mais, sans doute parce que femmes et parce que
marines, elles sont devenues maléfiques. Leurs attributs sont
le miroir et le peigne, instruments de la coquetterie active et
une longue chevelure, objet de séduction, qui sont également
les attributs de la Luxure, voire de la Grande Prostituée de
Babylone, comme on peut le voir sur la tapisserie de
L’apocalypse d’Angers. Le plus souvent dotées de deux
queues elles se présentent aux navigateurs seins offerts et
queues obscènement écartées, comme on peut l’observer
continûment du Haut Moyen Âge et de l’époque romane,
quand on les trouve à foison ainsi représentées sur les
chapiteaux, à la Renaissance, par exemple dans le manuscrit
de Fleur de vertu de François de Rohan, réalisé vers 1530.
Elles ne se contentent plus, comme les sirènes de l’Odyssée,
d’inviter à la luxure par leurs chants ; elles jouent aussi de la
harpe, de la trompette ou de la viole, ainsi qu’on peut le
e
constater aussi bien au plafond, du siècle, de l’église de
Zillis que dans le Bestiaire divin de Guillaume le Clerc, du
e
siècle, ou dans Le livre des échecs amoureux moralisés
d’Evrart de Couty, vers 1496-1498. Dès que des vaisseaux
prennent la mer elles accourent en troupe tenter les
e
navigateurs, comme elles le font, au siècle, dans Le
roman de Troie de Benoît de Sainte-More, et si ceux-ci ne
sont pas assez prompts à céder à leurs invites, elles montent
à bord et s’emparent de vive force des hésitants, comme le
e
montrent les Dicta Chrysostomi au siècle ou le Psautier
de la reine Mary. Que certaines possèdent, à l’instar de l’une
d’elles dans le Psautier de la reine Mary, des ailes, ainsi
qu’en avaient leurs cousines antiques, leur facilite la tâche.
Qui douterait que leur sollicitude n’est qu’entraînement au
mal en sera convaincu quand elles paraissent en compagnie
de démons ou, dans les Dicta Chrysostomi, d’un centaure
sagittaire, figure du mal. Il existe aussi des tritons
sagittaires : on en voit sur les fresques de l’église de
Kastellaz.
18 Le but des sirènes est d’entraîner les hommes dans les flots,
c’est-à-dire dans la mort, physique et spirituelle, car leurs
victimes meurent dans l’élan de la concupiscence, en état de
péché mortel, et sombrent dans les profondeurs ténébreuses
de la mer qui deviennent alors métaphore de celles de
l’enfer. Les flots sont depuis toujours le tombeau des
méchants. Déjà dans la légende antique les pirates
tyrrhéniens qui avaient voulu vendre Dionysos comme
esclave avaient été précipités dans les flots et changés en
dauphins et Charybde fut foudroyée par Zeus et également
précipitée dans la mer pour avoir volé les bœufs d’Hercule.
C’est lorsque « Jéhovah vit que la méchanceté des hommes
était grande sur la Terre et que toutes les pensées de leur
cœur se portaient chaque jour uniquement vers le mal »
(Gen 6, 5) qu’il les engloutit dans les eaux du déluge. La
Bible de Nuremberg, de 1453, dont une enluminure montre
des sirènes nageant autour de l’arche laisse supposer que ce
mal était la luxure. C’est parce que Pharaon ne voulait pas
« laisser aller les enfants d’Israël hors de son pays » (Ex 5,
11) et qu’il refusait de tenir compte des signes que Jéhovah
lui avait envoyés en suscitant puis en suspendant les plaies
d’Égypte que Celui-ci « culbuta les Égyptiens au milieu de la
mer » et que « les eaux couvrirent les chars, les cavaliers et
toute l’armée de Pharaon » sans qu’« il s’en échappât un
seul » (Ex 14, 27-28). C’est parce que Jonas a désobéi à la
volonté divine en « s’enfuyant de devant la face de Jéhovah »
(Jon 1, 10) qu’il est jeté dans la mer et avalé par « un grand
poisson » (Jon 2, 1), événement qui fournit à l’enlumineur
du Diurnal de René II de Lorraine l’occasion de faire, en
1492, un magnifique portrait de bateau, et ce n’est que
quand Jonas se repent et invoque Jéhovah (Jon 2, 2-10) qu’il
peut rejoindre la terre (Jon 2, 11). La cause est entendue.
L’en-dessous de la mer est lieu de châtiment, lieu de
relégation de ceux qui ont offensé Dieu. Une prière pour la
messe des funérailles implore en conséquence le Sauveur en
ces termes :
Seigneur Jésus, roi de gloire, délivrez les âmes de tous les
fidèles défunts des peines de l’enfer et des lacs sans fonds
(de profundo lacu). Délivrez-les de la gueule du lion. Qu’ils
ne soient pas engloutis par le Tartare (ne absorbeat eas
Tartarus)4.

19 Le fond du lac – ou l’en-dessous des flots de la mer, peu


importe l’étendue des eaux, c’est leur profondeur ténébreuse
qui est signifiante – est confondu avec l’Enfer.
20 On comprend en conséquence pourquoi le fait d’avoir
échappé à un naufrage a toujours entraîné des témoignages
de reconnaissance publiquement exposés, ex-voto
gratulatoires dont celui peint par Giovanni di Paolo, à Sienne
e
au siècle, est un exemple topique, montrant l’extrême
du péril, la noirceur des flots dans lesquels le bateau et son
équipage sont menacés de disparaître et l’intervention
miraculeuse de la puissance céleste protectrice, ici sainte
Claire (la sainte au nom de lumière sauve de
l’engloutissement dans les ténèbres). C’est que mourir en
mer c’est mourir sans confession, et le plus souvent, sans
avoir songé, au plus fort de la panique, à faire acte de
contrition, en état de péché donc, et être voué à aller pâtir
longuement dans l’obscurité du purgatoire si ce n’est
définitivement dans celle de l’enfer. On sait que pour se
prémunir contre le risque de mort subite, très souvent à la
sortie des villes ou des villages se dressait une chapelle sur le
mur de laquelle était peinte une effigie de saint Christophe et
qu’une oraison devant celle-ci était censée garantir un retour
sain et sauf. Or saint Christophe est un passeur d’eau. De
même il est des saints spécialisés dans la protection des
marins : Nicolas de Bari qui, pris dans une tempête, apaisa la
mer par ses prières, ainsi qu’on le voit faire dans une Vie des
saints de 1285, et devint en conséquence le patron des
marins de la Méditerranée occidentale ; Pierre, protecteur
des pécheurs…
21 Si l’homme ordinaire, faillible, est toujours menacé de
tomber dans le péché, d’être englouti par la mer mauvaise,
les saints, c’est-à-dire ceux qui furent des hommes armés
d’une foi sans faille qui les garda de tomber dans le péché,
n’ont jamais eu à craindre l’incertain élément liquide. C’est
qu’ils ont vécu à l’imitation du Christ qui marcha sur les
eaux, comme le rappelle le tableau de Conrad Witz, La pêche
miraculeuse, de 1443, où l’on voit Pierre, qui n’est alors
qu’un homme sans foi, s’enfoncer, lui, dans l’eau. A contrario
nombreux sont les saints dont la foi était telle qu’elle leur
permit de se déplacer sans dommage sur les eaux, et, pour
mieux manifester l’efficace de cette foi, dans des conditions
qui renversent les lois de la nature. La Bretagne où vinrent
s’établir de nombreux personnages pieux venus d’Irlande est
le conservatoire le plus riche de ces attestations. Saint
Vougay était archevêque en Irlande quand il eut la révélation
qu’il devait aller en Bretagne. Il se rendit donc au bord de la
mer et « ne trouvant aucun vaisseau, il commanda, au nom
de celui qui avait dit que celui qui aurait de la foi comme un
grain de moutarde commanderait aux montagnes », à un
gros rocher planté en terre de se déraciner et de le
transporter. En moins de vingt-quatre heures il arriva sur
cette embarcation de roc au havre de Pen-Markh, en
Cornouaille. Saint Houardon vint, lui, sur un épais bloc de
pierre taillée, avec il est vrai l’aide de deux anges qui le
guidèrent dans sa traversée, ainsi qu’on peut l’apprendre
d’un tableau placé dans une chapelle nord de l’église de
Landerneau dont il est le patron. Dans le village de Lan
Nennec, en Ploermeur, se voit la petite auge de pierre qui
servit d’esquif à sainte Nennoc pour faire la même traversée.
Au pied du jubé de la chapelle de Sainte-Avoye dans la
commune de Plumeret, en face d’Auray, se trouve une pierre
de taille moyenne, creusée en cuvette, dont l’appellation
« bateau de Sainte-Avoye » dit bien à quoi elle servit : la
sainte l’utilisa pour venir aborder au fond du golfe du
Morbihan. Saint Tudy, quant à lui, est parvenu à l’île de
Groix sur un bloc de schiste qui, planté en terre, est de nos
jours connu sous l’appellation de menhir de Kergatouarn.
D’autres utilisèrent des moyens de navigation moins
pondéreux mais tout aussi peu appropriés en apparence à la
traversée d’un bras de mer : ainsi sainte Noyale, princesse
d’outre-Manche, arriva à Noyal-Pontivy sur un lit de feuilles
sèches. Saint Malo qui, âgé de douze ans, étudiait, à Aleth,
dans un monastère dirigé par son oncle, le futur saint
Brandan, fut un jour surpris par la marée montante. Dieu fit
surgir une petite île pour qu’il ne soit pas noyé. Son oncle et
ses condisciples partis à sa recherche, le retrouvèrent mais
ne pouvaient pas accéder à l’île. Malo leur demanda alors
d’aller chercher son bréviaire au monastère pour qu’il puisse
le lire en attendant la marée basse, puis de le placer sur un
petit faisceau de goémon posé sur la mer. Goémon et
bréviaire prirent alors la direction de l’île5.
22 Moins surprenant au premier abord, mais non moins
édifiant, est le cas des saintes Marie-Jacobé, Marie-Salomé,
Marie-Madeleine, Marthe, de leur servante Sarah, canonisée
également, et des saints Maximin et Lazare, abandonnés au
large de la Palestine dans une barque sans voiles et sans
rames et parvenus au rivage de Camargue, guidés par des
anges, précisent certaines versions de la légende, ce qui
n’enlève rien à l’aspect miraculeux de cette traversée en long
de la Méditerranée. L’héroïne persécutée du roman de
Philippe de Rémy La manekine, Joie, vit des aventures
analogues à celles de ces saints6. Elle est la fille du roi de
Hongrie. Celui-ci, devenu veuf, veut l’épouser. Elle refuse et
est en conséquence condamnée à être brûlée vive. Le
sénéchal, chargé de l’exécution, pris de pitié, la place dans
une embarcation sans gouvernail ni rame et l’abandonne aux
flots. Elle arrivera en Écosse, dont le roi l’épouse. Celui-ci
part en France disputer un tournoi quand elle est grosse. Elle
accouche d’un fils en l’absence du roi. Sa belle-mère alors
prétend avoir reçu une lettre de celui-ci ordonnant que Joie,
qui n’a commis comme faute que de trop aimer son mari, et
son fils soient brûlés. Bis repetita placet Deo. Le sénéchal
d’Écosse, chargé de l’exécution, fait brûler deux simulacres
de bois et place la mère et l’enfant dans une embarcation
livrée à la mer. Celle-ci dérivera jusqu’à Rome.
23 Ainsi le service de Dieu, la piété et la probité garantissent
contre tout naufrage. Peut-être parce que ces conduites
impliquent la vertu d’espérance et que quand celle-ci est à
son acmé elle induit l’effectuation de ce qui la motive. C’est
ce que le vulgum pecus appelle miracle. Mais comme le
montre l’exemple de Pierre, le miracle n’est pas à portée de –
ou, si l’on préfère, accordé à – tout le monde.
24 Une fois mort en état de sainteté, le privilège de ne pas
risquer de passer de l’autre côté de cette frontière
symbolique qu’est donc la surface de la mer, entre lumière et
ténèbre, entre espace où se manifeste l’action de Dieu ou des
anges qui le servent et repaire où se cachent le Léviathan et
les monstres qui lui font compagnie, entre monde de
l’espérance et de l’accession à la sainteté et monde du
désespoir et de la perte de soi, se perpétue, évidemment. En
témoigne l’histoire de saint Tropez, décapité puis jeté dans
une barque où un coq et un chien, symboles de la vigilance et
de la fidélité, conditions de la sainteté, veillent sur son corps
jusqu’à ce que l’embarcation arrive à bon port, en un lieu où
s’établira le culte du saint. Également celle de saint Vincent,
e
remarquablement illustrée par un bas relief roman du
siècle conservé dans la cathédrale de Bâle : jeté en pâture
aux bêtes sauvages à Valence, le cadavre du saint est gardé
par des oiseaux qui veillent sur son intégrité en éloignant un
loup qui voulait le dévorer. Alors on fait coudre la dépouille
dans un sac de toile auquel est attachée une meule. Jeté en
pleine mer, le sac flotte. Le cadavre du saint ne peut sombrer
et la mer le rejette sur le rivage où il est recueilli et
pieusement enseveli. Une autre version de la légende, dite de
Lisbonne, raconte qu’après les invasions sarrasines les
reliques de saint Vincent furent découvertes au Portugal sur
la côté de l’Algarve, en un lieu dont Strabon donne le nom
celtique, qui signifie « port des deux corbeaux ». Les reliques
sont embarquées sur un navire abandonné en mer. « À
aucun moment le navire qui contient les saintes reliques
n’est menacé d’être englouti par les flots », précise le texte.
Finalement il se retrouve à la côte près de Lisbonne, dont les
armes portent une nef en souvenir de cet événement. Si le
corps de saint Clément, jeté également à la mer, avec une
ancre attachée au cou, coule, des anges, rapporte La légende
dorée, construisent aussitôt, au fond de la mer, une chapelle
autour de son corps, chapelle que l’on peut voir lors des
grandes marées. Ainsi quoique entraîné dans la mer le saint
est préservé des flots. Les effigies de saints jouissent de la
même immunité que ceux qu’elles représentent : à l’époque
de Dagobert une image de la Vierge serait arrivée sur un
navire sans équipage à Boulogne ; aussitôt devenue objet de
dévotion populaire, la statue fut déposée dans l’église de
Notre-Dame de Boulogne où elle demeura jusqu’en 1795
quand elle fut détruite par des révolutionnaires7.
25 Tous ces accomplissements édifiants font apparaître une
autre opposition signifiante qui ne caractérise plus
différentiellement la nature des espaces – clos sur lui-même
ou ouvert sur le ciel –, mais indique l’enjeu des
déplacements sur leur surface de séparation, la signification
symbolique des images et des récits de navigation :
l’alternative est celle du naufrage ou de l’arrivée heureuse au
terme prévu du voyage, de l’échec ou de la réussite d’un
projet de traversée qui est toujours plus ou moins une
métaphore de l’enjeu de l’existence humaine, de la finalité
anagogique des entreprises historiques, tous les termes
descriptifs des avatars de la navigation, faire sa route,
gouverner, garder le cap, dériver, faire naufrage, trouver
refuge, arriver à bon port… pouvant prendre valeur de
caractérisation de la façon de mener sa vie et de faire son
salut. Ces métaphores l’Église les a cultivées et traduites en
images pendant des siècles. Dans le Bréviaire Piccolomini,
de 1475, une remarquable enluminure explicite cette
dimension allégorique du voyage en mer. Le navire qui y
figure est la nef Espérance, identifiable comme telle à sa
voile verte pleinement déployée qui occupe la plus grande
partie de la page. Cette nef se confond avec l’Église qui seule
peut mener à bon port les fidèles en veillant à ce qu’ils
observent les commandements de Dieu. Le mât et la vergue
de la voile latine forment une croix sur laquelle le Christ est
cloué. C’est en effet par son sacrifice, dont la signification est
indiquée par la présence dans le nid de pie d’un pélican
s’ouvrant symboliquement le flanc pour nourrir ses petits
(de même le Christ s’est sacrifié – et a été percé au flanc –
pour assurer le salut des hommes), que l’Église a été fondée,
sa mission fixée : transmettre le message du Sauveur et
œuvrer au salut de chacun en commémorant ce sacrifice
pendant la messe, au moment de la célébration du
sacrement salutaire de la communion. L’enluminure
rappelle symboliquement que c’est par ce sacrifice qu’a été
instaurée la possibilité du salut : ce sont les bras ouverts du
Christ qui maintiennent la vergue, et donc la voile en place,
et permettent que celle-ci se gonfle du vent de l’espérance
qui mènera la nef au but désiré. La position de la voile
montre que la nef remonte au vent, ce qu’en réalité ne
pouvait guère faire le genre de bateau représenté ici, mais
pour cela même cette allure est aussi grandement
symbolique. Remonter au vent c’est aller vers l’origine de ce
qui permet de naviguer, c’est pour l’homme aller à la
rencontre de Dieu qui lui a donné la liberté de faire son
salut. La nef est pleine à craquer d’élus – reconnus comme
tels car ils sont tous auréolés –, clercs et laïcs mêlés, et celui
qui gouverne est un homme d’Église : il est tonsuré et porte
apparemment l’habit d’un ordre mendiant, symbole
d’humilité, et la robe qui paraît sous son habit est couleur de
la charité. C’est en effet à la charité que Dieu a faite à
l’humanité en envoyant son fils mourir pour la racheter que
celle-ci doit de pouvoir espérer faire son salut et la fonction
de l’Église est de la guider dans la réalisation de cette
intention. Derrière le bateau, en haut, de part et d’autre du
nid de pie, c’est-à-dire du haut de la croix, se voient le soleil
et la lune, comme souvent de part et d’autre de la croix dans
les représentations de la Crucifixion – c’est bien une
crucifixion qui est représentée, même si ce que l’enluminure
figure est vision et allégorie et non pas tableau d’histoire –
pour rappeler que la portée du sacrifice du Christ et
l’espérance que celui-ci fonde sont sans limite de temps. Aux
quatre coins du ciel, au-dessus de la coque bourrée de
passagers embarqués pour l’au-delà, paraissent les quatre
êtres du tétramorphe, faisant du coup de cette image
commémorative du passé – la mort au Golgotha – et
évocatrice du présent – l’action efficiente de l’Église –
également une image prémonitoire de la rencontre à la fin
des temps, facies ad faciem, du « Dieu Tout-Puissant, qui
était, qui est et qui vient », de « Celui qui est assis sur le
Trône », de « Celui qui vit aux siècles des siècles », qui a
« créé toutes choses » (Ap. 4, 8-11). Ainsi c’est une vision
d’avenir, et donc bien d’espérance, qui s’offre aux yeux de
ceux qui debout au premier plan, sur la rive de ce monde
auquel appartiennent aussi les contemplateurs de
l’enluminure qui ne peuvent que s’identifier à ces témoins
partagés en deux groupes représentant respectivement les
deux modes de vie selon lesquels il est loisible de faire son
salut, la vie méditative et la vie active. Celui qu’écoutent les
membres des deux groupes est vêtu d’une robe blanche,
annonciatrice des « vêtements blancs » qui revêtiront au
jour dernier « ceux qui ont des oreilles » (Ap. 3, 6) et qui
auront entendu ce que leur a dit « le Saint, le Véritable, Celui
qui a la clef de David » (Ap. 3, 7). On peut penser que
l’orateur, qui tient à la main une Bible ouverte, commente
précisément ce texte.
26 Ceux qui ont des yeux pour voir vraiment une telle image et
des oreilles pour entendre ce qu’elle dit, et qui, outre la
compréhension de ce qu’elle signifie par elle-même, auront
remarqué qu’au droit du mât, du Christ sacrifié et du pélican
se sacrifiant, se trouve figurée, au plus haut de l’enluminure,
la Vierge à l’enfant, mère par excellence qui, depuis son
assomption, exerce au ciel son intercession miséricordieuse,
refermeront le manuscrit qu’ils consultaient, assurés que,
s’ils suivent l’enseignement de l’Église, il y aura peu de
risques que les flots s’ouvrent devant eux pour les attirer
dans leur en-dessous, mais, au contraire de fortes chances
qu’ils parviennent à l’autre rive de la vie après une
navigation heureuse pendant laquelle ils auront pu
longuement contempler l’en-dessus de la mer qui
nécessairement reflète le ciel, si bleu, si calme, si serein ici,
et qui s’éploie jusqu’à l’horizon.

Bible de Souvigny, La Création (détail). Enluminure 004 vc.


© CRDP d’Auvergne/Médiathèque de Moulins.
La Nef Espérance. Bréviaire Piccolomini, ms. 779.
© The Pierpont Morgan Library, New York.

Bibliographie

ŒUVRES VISUELLES CITÈES ET


OUVRAGES DE RÉFÈRENCE

Livres dans lesquels se trouvent les œuvres citées

Renvoi par indication de la lettre majuscule : A, B, C… Sauf


indication contraire ces œuvres sont des enluminures.

A. La Mer, terreur et fascination, Paris, Bibliothèque


nationale de France-Seuil, 2004.

B. Jean Ainaud de Lasarte, La Peinture catalane, La


fascination de l’art roman, Genève, Skira, 1989.
C. Liana Castelfranchi Vegas, L’Art médiéval, Paris, Desclée
de Brouwer, 1994.

D. Rolf Tomam, L’Art roman’architecture, sculpture,


peinture, Cologne, Köneman, 1997.
e e
E. Les Manuscrits enluminés occidentaux, - siècles,
Londres, Sirocco, 2003.

F. Vic de Donder, Le Chant de la sirène, Paris, Gallimard,


« Découvertes », s. d.

G. A. Geistdoerfer, J. Ivanoff et I. Leduc éd., Imagi-mer,


Paris, Centre d’Ethno-technologie en milieux aquatiques,
2002.

H. Dieter Rudloff, Zillis, La pierre-qui-vire, Zodiaque, 1989.

I. Jacques Le Goff, Les Intellectuels au Moyen Âge, Paris,


Seuil-Points, 1952.

Œuvres mentionnées dans le texte

– La création du monde, Biblia latina, Venise, 1476, BnF,


Réserve des livres rares, vélins 80, A, p. 18.

– Dieu séparant les eaux d’en-dessous des eaux d’en-dessus,


e
Guiart des Moulins, Bible historiale, Paris, - e siècle,
BnF, Manuscrits, français 159, A, p. 19.

– Création des oiseaux et de la faune marine, Tapisserie de


la Créaton, Broderie, Gérone, fin du e-début du e siècles,
cathédrale, C, p. 37.
e
– Id., mosaïque, Venise, siècle, sol de l’atrium de la
basilique Saint-Marc, D, p. 193.

– Dieu en gloire et saint Michel tuant le dragon, fresque,


Civate, vers 1090, église San Pietro al monte, E, p. 431.

– La Femme et la Bête, Apocalypse de Bamberg, École de


Trèves, vers 1020, Bamberg, Staatsbibliothek, cod 140, E, p.
445.
e
– Baleine ou fasticolon, Bestiarium, Angleterre, fin
siècle, Collection Dobrovski, E, p. 205.
e
– Id., Bestiarium, fin siècle, Oxford, Bodleian Library, E,
p. 441.

– Poisson monstrueux engloutissant un compagnon


d’Olivier de Burgos, L’histoire et vray rommant […] du duc
e
de Lyon […] de Bourges, siècle, BnF, Manuscrits,
français 351, A, p. 123.

– Monstres marins, Sébastien Munster, La cosmographie


universelle contenant la situation de toutes les parties du
monde avec leurs propriétés et appartenances, Bâle, 1556,
BnF, Cartes et plans, Ge FF 3958, A, p. 123.

– Monstre coulant un navire, Olaus Magnus, Historia de


gentibus septentrionalibus, Rome, 1556, BnF, Réserve des
livres rares, Résac M A, p, 123.

– L’île-baleine de saint Brandan, Guillaume Le Clerc,


e
Bestiaire divin, Angleterre, troisième quart du siècle,
BnF, Manuscrits, français 14969, A, p. 125.

– Id., Honorius Philoponus, Nova typis transacta navigatio


novi orbis indiæ occidentalis, [Linz], 1621, BnF, Réserves de
livres rares Res. Fol. P. 29 Alpha, A, p. 125.

– Eléphant à queue de poisson, peinture, Zillis (Suisse), vers


1200, plafond de l’église Saint-Martin - H, p. 49.

– Autres monstres mentionnés, peinture, Zillis, plafond, H,


p. 47, 48, 44, 51 et 46.

– Monstre à corps d’homme, tête de loup et pieds palmés,


fresque, Kastellaz (Tyrol italien), vers 1220, église Saint-
Jacques, D, p. 439.

– Moine-poisson, Pierre Belon, La nature & diversité des


poissons, avec leurs pourtraicts représentez au plus près du
naturel, Paris, 1555, BnF, Réserve des livres rares, Résac
12491, A, p. 136.
– Id., Guillaume Rondelet, Libri de piscibus marinis in
quibus veræ piscium effigies expressæ sunt…, Lyon, 1554-
1555, BnF, Réserve des livres rares, Résac S 572, A, p. 136.

– Divers monstres, Ambroise Paré, Les œuvres d’Ambroise


Paré, conseiller et premier chirurgien du roy, Paris, 1585,
BnF, Réserve des livres rares, Résac Folio Td 72-1, A, p. 140.

– Luther-poisson, Chants royaux, 1542, BnF, Manuscrits,


français.

– Mahomet-poisson, reproduit en noir et blanc in Jacques


Le Goff, Les intellectuels au Moyen-Âge, Paris, Seuil 1952, I,
p. 21.

– Création du monde avec sirène, Bible de Souvigny, fin du


e
siècle, Moulins, Bibliothèque municipale.
e
– Sirènes, Bestiarum, Angleterre, fin du siècle, collection
Dobrovski, E, 234.

– Sirène aux ailes de chauve-souris, Konrad von Megenberg,


Das Buch der Natur, Augsburg, 1482, BnF, Réserve des
livres rares, Résac S 340, A, p. 134 et F, p. 38-39.

– Sirène avec peigne et miroir, fresque, église de Roaby, vers


1500, Copenhague, Musée national, F, p. 41.

– La grande prostituée de Babylone, Tapisserie,


L’Apocalypse d’Angers, Angers, F, p. 57.
e
– Sirène aux queues écartées, dome de Cividale, siècle,
Cividale, Musée archéologique, F. p. 35.

– Sirène s’offrant aux navigateurs, François de Rohan, Fleur


de vertu, 1530, BnF, Manuscrits, français 1877, A, p. 128.

– Sirène jouant de la harpe et sirène jouant de la trompette,


peinture, plafond, Zillis, H, p. 39 et 41.

– Sirène jouant de la trompette, Guillaume le Clerc,


e
Bestiaire divin, siècle, BnF, F, p. 53.
– Sirène jouant de la trompette et tenant une viole, Evrart de
Couty, Le livre des échecs amoureux moralisés, enluminures
de Robert Testard, vers 1496-1498, BnF, Manuscrits,
français 143, F, p. 63.

– Troupe de sirènes tentant de charmer les navigateurs,


e
Benoît de Sainte-More, Le roman de Troie, siècle, BnF,
Manuscrits, français 782, F, p. 32-33 et G, p. i29.

– Sirène montant à bord d’un navire, François de Rohan,


Fleur de vertu, op. cit., A, p. 125.

– Sirènes ailées entraînant des navigateurs dans les flots,


Psautier de la reine Mary, Londres, British Museum, F. p.
46-47.

– Sirènes entraînant des navigateurs dans les flots et


e
centaure sagittaire, Dicta Chrysostomi, France, siècle,
Londres, British Library, F, p. 48-49.

– Triton sagittaire, fresque, Kastellaz, vers 1220, église


Saint-Jacques, D, p. 439.

– Le déluge, saint Augustin, La Cité de Dieu, trad. de Raoul


de Presles, miniature du Maître de l’Échevinage, Rouen,
troisième tiers du e siècle, BnF, Manuscrits, français 25, A,
p. 25.

– L’arche de Noé entourée de sirènes, gravure coloriée,


Biblia sacra germanica (Bible de Nuremberg), Nuremberg,
1483, Londres, Victoria et Albert Museum, F, p. 40.

– Jonas avalé par la baleine, Diurnal de René II de Lorraine,


Nancy, 1492-1493, BnF, Manuscrits, latin 10491, A, p. 127.

– Sainte Claire sauve des navigateurs en péril, ex-voto,


élément d’une prédelle, Giovanni di Paolo, Berlin, Staatliiche
Museum, Gemäldegalerie, A, p. 80.

– Le Christ marchant sur les eaux, tableau, 1443, Conrad


Witz, La Pèche miraculeuse, Genève, musée d’Art et
d’Histoire.
– Saint Nicolas apaisant la mer par ses prières, Vie des
saints, France du Nord, 1285, BnF, manuscrits, français 412,
A, p. 85.
e
– Vie de saint Vincent, bas relief rectangulaire, siècle,
Bâle, cathédrale.

– La nef Espérance, Bréviaire Piccolamini, 1475, New York,


The Pierpont Morgan Library, manuscrit 779.

Notes
1. Les citations de la Bible sont faites d’après La sainte Bible, traduction
de l’abbé A. Crampon, 1905.
2. Patrick Gristdoerfer, « L’imaginaire de la mer : des mythes à la
science » in cat. La mer, terreur et fascination, Paris, Bibliothèque
nationale de France-Seuil, 2004.
3. Enluminure reproduite en noir et blanc sans indication précise
d’origine in Jacques Le Goff, Les intellectuels au Moyen-Âge, Paris,
Seuil-Points, 1952.
4. Philippe Walter, Mythologie chrétienne, Fêtes, rites et mythes au
Moyen-Age, Paris, Imago, 2003.
5. Eugène Roger, Joël Bigot, Saints en Bretagne, Glanes de légende, éd.
Jean-Paul Gisserot, 2004.
6. Philippe de Rémy, La manekine, éd. H. Suchier, Paris, Société des
anciens textes français, 1954, traduit en français moderne par Ch.
Marchelle Nizia, Paris, Stock plus, Moyen Âge, 1980.
7. J. Leroy, Sainte-Marie de Boulogne, Montreuil-sur-mer, 1985.

Auteur

Jean Arrouye

Université de Provence – Aix-


Marseille I
Du même auteur
Bestiari de Carles Camprós in
Max Rouquette et le renouveau
de la poésie occitane, Presses
universitaires de la
Méditerranée, 2009
Un repas chez Simon in
Banquets et manières de table
au Moyen Âge, Presses
universitaires de Provence,
1996
Les couleurs du miracle in Les
couleurs au Moyen Âge,
Presses universitaires de
Provence, 1988
Tous les textes
© Presses universitaires de Provence, 2006

Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540

Référence électronique du chapitre


ARROUYE, Jean. L’en-dessous et l’en-dessus de la mer In : Mondes
marins du Moyen Âge [en ligne]. Aix-en-Provence : Presses
universitaires de Provence, 2006 (généré le 09 juillet 2020). Disponible
sur Internet : <http://books.openedition.org/pup/3824>. ISBN :
9782821836860. DOI : https://doi.org/10.4000/books.pup.3824.

Référence électronique du livre


CONNOCHIE-BOURGNE, Chantal (dir.). Mondes marins du Moyen
Âge. Nouvelle édition [en ligne]. Aix-en-Provence : Presses universitaires
de Provence, 2006 (généré le 09 juillet 2020). Disponible sur Internet :
<http://books.openedition.org/pup/3814>. ISBN : 9782821836860.
DOI : https://doi.org/10.4000/books.pup.3814.
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