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Les Annales de la recherche

urbaine

La voirie, trame des paysages urbains. Le rôle des infrastructures


routières dans le paysage des villes
Pierre-Jacques Olagnier

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Olagnier Pierre-Jacques. La voirie, trame des paysages urbains. Le rôle des infrastructures routières dans le paysage des
villes. In: Les Annales de la recherche urbaine, N°85, 1999. Paysages en ville. pp. 162-170;

doi : https://doi.org/10.3406/aru.1999.2296

https://www.persee.fr/doc/aru_0180-930x_1999_num_85_1_2296

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Résumé
Les voies de circulation dessinent le paysage des villes en alignant les bâtiments et en dégageant les
perspectives. L'urbanisme contemporain ne conçoit plus la voirie pour ses seules qualités circulatoires
ou fonctionnelles. La requalification urbaine des rues, avenues et axes en espaces publics polyvalents
impriment l'identité d'une ville au risque d'un certain passéisme.

Resumen
Viario y paisaje urbano
Las vías de circulación dibujan el paisaje de las ciudades alineando los edificios y creando las
perspectivas. El urbanismo contemporáneo ha dejado de tomar en cuenta el viario únicamente por sus
calidades circulatorias o funcionales. La recalificación urbana de las calles, avenidas y ejes para
formar espacios públicos polivalentes confiere la identidad de una ciudad aunque a costa de un cierto
paseísmo.

Zusammenfassung
Straßenbau und Stadtlandschaft
Straßenzüge strukturieren Stadtlandschaften, indem sie Bauten aneinanderreihen und Perspektiven
freigeben. Die heutige Stadtplanung sieht den Straßenbau nicht mehr nur unter verkehrstechnischem
und funktionalem Aspekt. Die Aufwertung von Straßen, Avenuen und Achsen zu polyvalenten
öffentlichen Räumen markiert die Identität einer Stadt und läuft dabei Gefahr, einem gewissen
Traditionalismus zu huldigen.

Abstract
Streets in the urban landscape
Thoroughfares mark out the city skyline by aligning buildings and giving perspective. Contemporary
town planning no longer designs roads solely for their functional or practical functions. The
requalification of streets, avenues, and major routes into versatile public spaces stamps the character
of a city, albeit at the risk of appearing a little passe.
Pierre-Jacques Olagnier

LA VOIRIE, TRAME

DES PAYSAGES URBAINS

LE RÔLE DES INFRASTRUCTURES ROUTIÈRES DANS LE PAYSAGE DES VILLES

« Les immeubles sont à côté les uns des autres. Ils sont ali¬ la collection d'objets superposés et accolés les uns aux
gnés. Il est prévu qu'ils soient alignés, c'est une faute grave autres. La confrontation des paysages urbains de trois
pour eux quand ils ne sont pas alignés : on dit alors qu'ils grandes agglomérations européennes que sont Paris,
sont frappés d'alignement, cela veut dire que l'on est en Londres et Barcelone, et la comparaison de leurs pra¬
droit
ment des
de les
autres.
démolir, afin de les reconstruire dans l'aligne¬ tiques en matière d'aménagement de leur voirie, ten¬
L'alignement parallèle de deux séries d'immeubles déter¬ dent à souligner
diverses formes d'interaction
que les différents
du réseau
types de
de voirie
voirie etavec
les
mine ce que l'on appelle une rue. » son environnement bâti sont créateurs d'espaces
..

Georges Perec, Espèces d'espaces, 19 74 reconnues


urbains trèset variés,
recherchées
aux qualités
ou, au contraire,
paysagèreshonnies.
parfois
Voirie et paysage participent alors pleinement à la pro¬
motion d'urbanités singulières.
Georges
préhension
Perec1dea son
fait espace
de la ruedeune
vie,des
à mi-chemin
échelles d'ap¬
de
La voirie, un élément fondateur
de la ville
La rue forme un espace « fermé » par des objets bâtis
ou des équipements, ce qui la distingue de la route.
Celle-ci peut être définie comme « une voie de circula¬
tion entre
son aménagée,
les localités
artificialisée
et à la desserte
» 7, qui est
des« destinée
zones rurales»
à la liai¬8.
Une route n'a pas, par conséquent, une vocation propre¬
«ment
une voie
urbaine,
bordée
à l'inverse
de maisons
de laouruedequi
murailles
est, quant
dansà elle,
une

1. Perec G., Espèces d'espaces, Paris, Éditions Galilée, 1974.


la entre
paysage
théoriciens
qu'elle
des
est
l'image
tionnement
tion3.
ainsi
tandis
appendice
l'acception
comme
Dans
urbain
(axes
nuités
confluence
(espaces
met
circulation
sa
permet
et
de page
fonction
Malgré
La
manière,
la
l'espace
paysage,
alors
éléments
enville,
une
de
voirie
les
Chez
soit
en
dans
écrite
que
valeur
de
les
urbain.
un
déplacement),
travaux
présentant
tour
place
lelatisser
de
cinq
habitants
rue,
dans
urbain
première
de
constitue
Idelfonso
ensemble
leet
de
Yurbe
courante
flou
décomposition
ville)
l'espace
d'un
fondateurs
laleflux),
àl'urbanisme,
rôle
laencore
essentielle
Or,
route
grande
éléments
larôle
entre
tour
terminologique
de
vie
»formation
un
roman
n'est
que
comme
2,une
Kevin
de
qui
les
et
urbaine
ou
un
territoire
conçue
artères
Cerda,
urbain),
les
définit
d'éléments
plus
voirie
circulation.
les
la
larepères,
pouvait
autres
réseau
de
considérée
certaine
etque
bâtiments
dans
place
pratiquent,
Lynch
limites
ledu
l'infrastructure
l'espace
celle
devitales
etuniverselle4.
des
lasoulignent
comme
sont
avant
-monde.
la
qui
les
structurant
support
voirie
éminente
jouer
qui
et
apparaît
structure
paysages
formation
de
sur
physiques
identité
(lignes
Par
ne
lesqui
nœuds
enfin
pour
urbain.
entoure
paysage
que
tout
la
elle
se
urbaine
lales
«squelette
cheminements
Ilforme
de
la
deles
résume
lerue
avait
de
des
comme
semble
comme
urbains.
liens
commune)
composent
lela
du
l'urbanisa¬
nombreux
(zones
routière
bon
des
La
la
visibles6.
disconti¬
quartiers
dans
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voies
ville
paysage
visuelle
senti,
occupe
notion
qu'elle
voirie
villes,
fonc¬
pas
faire
l'un
par
(de
un
de-à 2. Lynch K., The image of the city, Cambridge, (Mass.), Technology Press &
Harvard University Press, 1 960
3. Soria y Mata A., La ciudad lineal, Madrid, 1883
4. Cerdá I., Teoría general de la urbanización y aplicación de sus principios y
doctrinas a la reforma y ensanche de Barcelona, Madrid, Imprenta española,
1867.
5. Une conception répandue veut, en effet, que la notion de paysage urbain
désigne en fait les paysages naturels au sein des espaces urbains. Ceux-ci font
partie intégrante des paysages des villes mais sans exclusivité et sans épuiser le
sens de la notion de paysage.
6. Pinchemel P. (dir.), Lire les paysages, Paris, La Documentation Photogra¬
phique, n° 6088, 1987 R. Brunet, (dir.), Les mots de la géographie, Mont¬
pellier/Paris, Reclus/La Documentation Française, 1993.
;

7. Brunet R., op. cit.


8. Merlin P., Choay F., Dictionnaire de l'urbanisme et de l'aménagement,
Paris, Presses Universitaires de France, 1988.

Les Annales de la Recherche Urbaine n ° 85, 0180-930-XII-99/85/p. 162-170 © METL.

162 LES ANNALES DE LA RECHERCHE URBAINE N° 85


ville ou un village». La rue occupe une certaine emprise, alignement sur la voirie est moins direct qu'en France,
possède un tracé, un profil en long, et un profil en tra¬ puisque sont ménagés, entre la voirie et les bâtiments,
vers : la rue peut être droite, sinueuse, avec des décro¬ des espaces, étroits dans le centre, plus larges en péri¬
chements. Elle est composée d'une chaussée, de trot¬ phérie, permettant d'accéder au sous-sol et accueillant
toirs, et éventuellement de terre-pleins, centraux, une pelouse. La trame des rues révèle ces caractéris¬
latéraux, plantés ou non, de voies latérales de desserte, et tiques, en marquant le rôle des lotisseurs et de la
d'autres aménagements de circulation destinés aux bus, grande actuel.
voirie propriétéCelui-ci
foncièreestdans
constitué
le dessind'une
du réseau
subtile
de
aux cycles et au stationnement. Elle peut disposer de
mobilier urbain varié, ce qui est le cas dans les espaces imbrication de rues, squares, ruelles, jardins, dont
urbains centraux et plus rarement en banlieue. Ces objets l'unité et la logique ne se conçoivent qu'à l'échelle de
de mobilier urbain reflètent les usages et les besoins chaque opération d'urbanisation.
propres à chaque époque et à chaque culture urbaine. Dans l'agglomération parisienne, la diversité est la
C'est pourquoi la position du bâti par rapport à la règle. Les opérations de lotissement groupé sont de
rue, la densité des constructions, leur alignement, la moindres dimensions, et l'urbanisation au «coup par
présence de végétal contribuent à créer des formes coupcaractère
du » prend une
individuel
importance
de l'acte
plus décisive,
de construire.
témoignant
Les
urbaines très différentes. Ainsi, Londres apparaît lar¬
gement comme une «ville horizontale», formée de espaces urbains, ainsi composés, sont reconnaissables à
petites maisons individuelles, familiales, intégrées dans l'irrégularité
de la voirie etdeà l'architecture
leur plan, à la de
densité
leurs de
maisons.
leur habitat
Certes,et
des unités foncières et dans des opérations immobi¬
lières concertées, menées par les grands propriétaires quelques cas de cités jardins, de cités ouvrières ont été
fonciers ou plus récemment par les collectivités terri¬ construits en banlieue parisienne, mais ils n'ont pas la
toriales ou par des bâtisseurs-lotisseurs. Les construc¬ même importance spatiale ou paysagère que leurs
tions sont homogènes uniquement dans le cadre de homologues londoniennes.
chaque continues
moins opération.deIl terrace-houses,
s'agit alors de maisons
rangées de
plusunouà Le «précipité» qui va donner naissance à de «l'ur¬
banité» est difficile à cerner, certains aménagements
deux étages toutes semblables, le plus souvent alignées fonctionnant plus ou moins bien, suivant la nature des
le long d'une rue, ou autour d'une cour ou d'un jar¬ territoires urbanisés traversés. Le gabarit et le profil en
din, ou de semi detached houses au tissu urbain plus travers de la voie de circulation peuvent provoquer des
lâche. Ce même type de construction se répète, avec effets de coupure dans le tissu urbain11 ou empêcher la
des variations architecturales tenant compte des caté¬ vie urbaine de se développer sur ses abords. Glissières
gories sociales, dans de nombreux quartiers de l'agglo¬ de sécurité et trémies matérialisent la trop grande place
mération
centre de Londres
londonienne.
urbanisés
Mêmeaux XVIIIe
dans lesetquartiers
XIXe siècle,
du accordée à la fonction de circulation dans l'aménage-
l'habitat collectif, notamment sous la forme d 'estates,
ou de squares , n'est constitué que d'immeubles ne
dépassant guère d'une manière générale deux ou trois 9.Books,
Cf. Rasmussen
1961 S.E., London, the unique city, Harmondsworth, Penguin
étages9. Rangées de maisons identiques et immeubles 10. Chaline Cl., L'urbanisme en Grande-Bretagne, Paris, Armand Colin, 1972.
de faible hauteur contribuent à donner une impression 11. Loir C., «Les effets de coupures de voies routières et autoroutières en
de dilution, de dispersion de l'espace urbain10, bien milieu urbain». In Transports, urbanisme, planification, 4e volume, 1er tri¬
que ces bâtiments soient alignés le long des rues. Cet mestre 1985, p. 33-54.
:

PAYSAGES EN VILLES 163


ment de la rue. Elles tendent, en outre, à constituer des urbain : activités, qualité spatiale, texture du sol ou des
repoussoirs au développement de l'activité commer¬ façades,
des éléments
éclairage,
de classification
plantations sont
des appréhendées
voies ou de différen¬
comme
ciale et de la promenade le long de ces voies. De
même, la trop grande diversité du profil en travers le ciation
La ruede constitue
certains parcours
un élément
le long
stabled'une
dontmême
l'enchevê¬
voie.
long d'une voie brouille les représentations et donne à
voir un espace sans unité ni homogénéité. trement, c'est-à-dire la trame viaire, est le facteur déter¬
Un tracé est, en effet, nécessairement rythmé par des minant du plan des villes et exprime les modalités
aménagements routiers (carrefours, ronds-points, etc.) et d'une urbanisation planifiée globale (plan d'extension
par les lieux de vie que sont les places, les alignements de Barcelone)
cière (lotissements
ou organisée
londoniens).
à l'échelle d'une unité fon¬

Les faubourgs

Une avenue enparisien.


périphérique proche banlieue sud : la RN 20 aux portes du boulevard voies14.
ville,
sèdent
qui
lieues.
vont
aujourd'hui
socio-économique
ils
variable
ancienneté
ville»,
urbains
périphériques,
anglaises
un
d'inorganisé,
choses)
(c'est-à-dire
débouché
Londres),
taient
taines
même,
ce
de
tion.
ont Dans
soit
étaient
Différents
résidence
processus
pris
vaconserver
Ces
leCes
de
àactivités
définie
plus
des
imprimer
Situés
anciennement
appui
par
long
Paris
un
s'est
seraient
deux
leur
auparavant
les
faubourgs
de
logiques
d'un
tard,
premier
ceux
intégrés,
les
des
degrés
sieffectuée
d'une
que
faubourgs
ou
l'urbanisation.
àen
sur
processus
extra-territorialité
leur
ce
l'extérieur
de
des
cadres
àles
couches
de
lelanégatif,
pontdonc
n'est
et
l'on
Londres,
loisirs
identité
d'urbanité,
périphéries
trame
faubourgs
grande
temps,
l'espace
spatiales
développement
morphologique,
«routiers»,
d'un
l'émanation.
urbanisés,
d'une
peut
bâtis
(et
(dans
d'urbanisation
s'installaient
la
les
des
et
routière
correspondrait
point
ceinitiale15,
résultante
l'urbanisation
levoie
rural),
manière
qualifier
certains
plus
Par
ettrès
n'est
remparts
lieu
des
la
furent,
ou
fonciers
d'époques
conséquent,
de
possédant
de
pour
aisées
différentes
préexistante
pas
de
paysages
banlieue
autres
vue
etpassage
bien
urbain
semblable,
àvillégiature
marginaux.
àpar
de
àlad'une

préindustrielle
accueillir
l'entrée
de
administratif,
l'origine,
moindre
préexistants
spontané
«ville»
Paris)
qu'ils
aux
ledes
fore-streets
différentes,
ladedes
différentes
tracé
et
lade
Sud
popula¬
inégale
espaces
qualité
et«vraie
soient
profi¬
ou
selon
de
ban¬
dont
celle
puis
pos¬
cer¬
que
des
De
au
de
etla

commerciaux les grandes surfaces, ou les activités liées à


l'automobile12. Ces lieux de centralité qui jalonnent
d'une manière régulière la plupart des grands axes rou¬
tiers, dans l'agglomération parisienne et londonienne,
sont les héritiers des petits centres des anciens villages,
avant que ceux-ci ne soient submergés par la croissance
urbaine. Mais, la high street londonienne conserve tou¬
jours, y compris en banlieue, ses alignements commer¬
ciaux si caractéristiques de la ville anglaise.
Toutefois, comme l'avaient montré les analyses de
Lynch13, le paysage urbain, vu des voies de communi¬
cation, manque de «lisibilité», de cohérence, de
rythmes, bref d'identité. Ce manque de lisibilité est
plus frappant en France, en particulier dans l'agglomé¬
ration parisienne, que dans l'agglomération londo¬
nienne où l'homogénéité des paysages de banlieue est
plus forte, car les équipements de type centre commer¬
cial ou de zones d'activités cherchent à respecter le pro¬ lection
12. Dupuy
Villes».
G., Les territoires de l'automobile, Paris, Anthropos, 1995, «col¬
fil en travers d'une rue classique (trottoirs, chaussée. . .).
13. Lynch K., op. cit. & Lynch K., Appleyard D., Myer J.K., The view from the
Le réseau de voirie, Road, Massachusetts Institute of technology Press, 1964
une trame stable et ancienne 14. «Bien des villes se sont construites au petit bonheur. Pour exercer une
fonction urbaine naissante, les hommes se plaçaient comme ils pouvaient,
s'accommodant parfois d'un établissement rural préexistant, s'entassant dans
Pour Lynch, la voirie est à même de «mettre de la forteresse, s'alignant le long de la rue commerçante », extrait de G. Chabot,
l'ordre dans l'ensemble du complexe urbain». Le réseau Les villes, Paris, 1963.
de voirie apparaît comme un facteur (si ce n'est un 15. Rouleau B., Villages et faubourgs de l'ancien Paris : histoire d'un espace
moyen) permettant d'expliquer les contrastes du tissu urbain, Paris, Éditions du Seuil, 1985.

164 LES ANNALES DE LA RECHERCHE URBAINE N ° 85


part, de services
circulation. L'infrastructure
plus mouvants,
routière
c'est-à-dirç
est donclesconstituée
objets en
par une certaine permanence et par une tension entre sa
longévité et l'évolution de la demande. Elle évolue selon
un rythme différent, dans la longue durée, selon ses lois
propres (selon sa propre logique), qui ne sont pas celles
qui s'appliquent au bâti.

Mobilité contre urbanité


La fonction de circulation est une des fonctions fon¬
damentales qui informent les villes. Pour le mouve¬
ment moderne, et Le Corbusier en particulier, c'est la
Les à-côtés du boulevard périphérique parisien à la Porte d'Orléans : seulemouvement
du qui est réellement
moderneassignée
condamne
à la larue.rueLetradition¬
discours
les aménagements anti-bruits.
nelle fermée, c'est-à-dire bordée de bâtiments, au pro¬
«strates» d'urbanisation et ayant donc déjà connu des fit d'une voie moderne, abstraite, devant être auto¬
transformations internes. nome par rapport au tissu bâti.
À Londres et à Paris, ces faubourgs se sont naturel¬ Les grands axes routiers, telle la Nationale 20 dans la
proche banlieue Sud de Paris ou l'A23 dans la partie
lement
s'est
constitue
misreposés
laenstructure
place
sur l'ancien
dèsduleréseau
Moyen
système
actuel
Âge16.
radial
de grande
de voirie
Ce maillage
voirie.
qui sud de l'agglomération londonienne, sont, certes, des
axes majeurs de déplacement, mais aussi, quelquefois,
des lignes de discontinuités, coupant un quartier en
Un réseau fixe et des modalités
variables d'utilisation
Le canevas initial des voies, qu'il soit lié à l'histoire ou
qu'il soit l'expression d'un geste planificateur, explique la
logique d'occupation du sol urbain, la hiérarchisation
des voies : les voies les plus anciennes, voies romaines ou
voies rurales, sont souvent les plus importantes, telle la I
majeure partie des routes nationales convergeant vers
Paris. C'est pourquoi, sous l'influence du développe¬
ment périphérique du réseau et de l'urbanisation, liés
tous deux au fort accroissement démographique des
quartiers périphériques parisiens et de la proche ban¬
lieue, le tracé du réseau a évolué dans le temps. De
même,delel'évolution
trafic, rôle des voies
urbaine,
a changé
des mouvements
sous l'influence
de valeur
du
dans la ville, des représentations mentales des espaces,
enfin, du travail sur les infrastructures. L'inadaptation
des grands axes traditionnels à la croissance du trafic a Les
le long
grandes
de la radiales,
RN 20 à des
Antony.
axes attractifs : rénovation urbaine intense
ainsi suscité la construction d'autoroutes17 qui ont
absorbé une partie du trafic des routes nationales, leur deux ou jouant le rôle d'une limite entre deux quar¬
conférant un nouveau rôle dans la région Ile-de-France. tiers, comme c'est, par exemple, le cas dans la partie
Toutefois, l'accroissement du trafic local a aussi engen¬ parisienne de la Nationale 20, où elle sert de limite
dré des modifications de l'axe routier pour améliorer départementale entre les Hauts-de-Seine et le Val-de-
Marne.
son débit. La fixité du tracé et les aménagements fonc¬
tionnels des grandes voies routières ont modifié le rap¬
port entre la voie de passage et son tissu bâti, les chan¬
gements opérés se contentant d'accroître la largeur de la
chaussée, au détriment des aménagements de bas-côtés. 16. Cf. Rouleau B., Le tracé des rues de Paris, Paris, Presses du CNRS, 1988.
Comme tout système de communication, l'infrastruc¬ 17. Nous ne traitons pas ici de l'insertion des autoroutes dans l'espace urbain,
ni leur rôle dans le dynamisme urbain. Étant exclues de notre réflexion, les
ture routière constitue un réseau qui se compose d'une routes nationales en France, les A Roads au Royaume-Uni deviennent ainsi les
part d'un support
l'occurrence la chaussée,
fixe, d'une
son revêtement.
armature physique
. . - et d'autre
- en principaux axes routiers, notamment du point de vue de leur ancienneté et de
leur trafic.

PAYSAGES EN VILLES 165


Trottoir
en
classique
conservés
une
London,
de
londonienne).
travers
Croydon
l'agglomération
zoneetauartisanale
sont
profil
d'une
dans
(Outerrue
sud

La circulation routière se traduit par la présence de ce territoire ou qu'ils y soient extérieurs. Impliquant un
trafics de véhicules multiples et sur des distances variées individu observateur et un espace à observer20, le paysage
qui amènent à considérer les grands axes de circulation devient l'objet potentiel de jugements esthétiques,
intra-urbains comme des éléments participant à des conscients ou inconscients, ceux-ci étant véhiculés par les
logiques s' inscrivant à différentes échelles et joue sur le représentations de l'observateur et l'on identifie des pay¬
sages à qui l'on reconnaît des qualités, et d'autres au
versé.
rapportLaentre
route las'inscrit,
route, en
sa forme
eifet, à etla fois
l'espace
dans urbain
une trame
tra¬
contraire sans qualité. Le regard que nous portons sur les
viaire de quartier (une trame de proximité serait-on villes est donc façonné par les représentations.
tenté d'écrire), dans le réseau viaire d'une ville - Mon- C'est pourquoi il est courant de qualifier le paysage
trouge ou Bourg-la-Reine dans le cas de la Nationale des banlieues
fois son caractère
de manière
morne, monotone,
extrême, enmais
dénonçant
aussi chao¬
à la
20 — ou d'une agglomération — l'agglomération pari¬
sienne par exemple - et dans un réseau plus complexe et tique. Ces jugements procèdent directement du regard
d'une autre échelle que celle de la ville ou de l'agglomé¬ que l'on pose sur la réalité, et en particulier, de l'échelle
ration18 : il met en relation deux lieux éloignés ; aussi, la avec laquelle on la considère. Les présupposés, qui vont
traversée d'un espace urbain par un des grands axes du guider la manière d'observer, et l'éducation du regard
réseau routier engendre une tension du point de vue de expliquent pour une large part de tels constats, les ter¬
la vocation principale de l'axe, en concentrant différents ritoires de banlieue étant perçus à l'aune d'une cer¬
types de trafic (local, national, voire international) : doit- taine conception de la réalité urbaine, de la ville, celle-
il être avant tout une voie de proximité, utile dans l'es¬ ci étant par excellence celle de la ville traditionnelle et
pace urbain traversé ou un élément du réseau, niant plus précisément du centre ancien ou des quartiers de
ainsi son intégration avec l'espace urbain qui l'entoure ? type haussmanien du XIXe siècle.

Le paysage perçu : Le paysage, nouvel enjeu


le jeu des représentations des politiques urbaines

plusDepuis
sont d'ordre
de politiques
moins
qualitatif,
d'une
urbaines,
etvingtaine
non enplusFrance
d'années,
uniquement
et à de
l'étranger,
plus
d'ordre
en

réseaux
18. Sur :cesthéories
problèmes
et méthodes,
d'échelleParis,
et deArmand
réseaux,Colin,
Dupuy1991G., L'urbanisme des
.

19. Lynch K., Appleyard D., Myer J.K., The view from the Road, Massachusetts
Institute of technology Press, 1964. Dans cet ouvrage, K. Lynch emploie les
visuelle19
contraire
les
paysage
alors
de
tionnelle
comment
évidence
ver
cohérence,
par
d'une
anthropiques.
hommes
ont En
Réalité
voirie,
routes,
les
deà interaction
sens,
cherchant
cet
une
points
urbain
va
des
lalargement
de(ou
qu'il
espace,
sont
Lynch
l'identité
véritable
la
discontinuité
deces
séquences
La
notion
son
forts
veut
pair
àconstruction
perçus
axes.
partir
que
àentre
aabsence),
comprendre
construite,
avec
parallèle
de
été
de
hiérarchisation
de
ces
Pour
lesl'axe
paysage
des
d'analyse,
chacune
un
amené
la
hommes
des
axes
perception
voies
lui,
milieu
routier
tangible
àpaysages
lainformée,
routiers
lareflète
ilqualité
àdes
lahiérarchisation
des'agit
participent
souligner
c'est-à-dire
etcontinuité,
passage.
etvisuelle
séquences.
d'un
des
àque
urbains
etla
de
donc
voire
esthétique
de
fois
interventions
espace
souligner
lesmettre
laàIlledéformée
du d'étudier
hommes
de
bordant
laaboutit
qualité
résultat
réseau
ou
par
vie
fonc¬
trou¬
du
au
en
les
de
la termes d' esthetics of highways, de potential beauty ou encore de visual poten¬
tial, de visual requirement. Selon lui, la route doit être le lieu qui, outre sa fonc¬
tion d'échanges, doit assurer à ses utilisateurs une perception de qualité du
paysage urbain qu'elle traverse, qualité qui est rarement le cas pour l'instant.
20. K. Lynch, par exemple, ne considère pas la ville comme une chose en soi,
mais comme un objet perçu par ses habitants. D'ailleurs, ses analyses des
grands axes routiers aux États-Unis le conduisent à penser la forme visuelle de
l'espace urbain non seulement comme un paysage statique existant en soi,
mais aussi comme une forme qui doit être perçue en mouvement, c'est-à-dire
par un observateur utilisant l'axe routier, par la perception que cet observateur
a de l'espace urbain qu'il traverse.

166 LES ANNALES DE LA RECHERCHE URBAINE N° 85


quantitatif. concilier le droit à la mobilité et le droit à l'urbanité22.
ronnement Elles
urbain
visent
et à améliorer
mettre enla œuvre
qualité une
de l'envi¬
ville
Au nom de ce principe, on propose des politiques
durable. Il en est ainsi pour les plans de déplacements urbaines articulant transport de forte capacité et zone
urbains et les projets d'urbanisme récents qui intègrent
d'une manière importante la dimension paysagère de
l'espace urbain. Dans l'agglomération lyonnaise, ont
été ainsi menés de front, une politique d'aménagement
des espaces publics à partir du début des années
quatre-vingt-dix, puis une politique de transport sous
la forme de l'adoption d'un plan de déplacements
urbains en 1997. Dans tous les cas, ces politiques
urbaines cherchent à donner «plus d'urbanité» aux
espaces sur lesquels ces interventions vont avoir lieu et
en particulier aux espaces occupés par la voirie. Ce
nouveau mode d'aménagement des espaces urbains est
un changement majeur dans la gestion des territoires.
Les projets en cours ou en projet montrent aussi de la
part des acteurs qui les portent, notamment les muni¬
cipalités, l'intérêt que pourrait avoir une politique qua¬
litative de meilleure gestion des espaces ouverts au
public,et faite
bâti, surtout
dinterventions
non bâti. Ces
ponctuelles
interventions
sur le domaine
sur l'es¬
Inner
Une logique
London)fonctionnaliste
: la dissociation
de l'aménagement
de ¡'interrelationdeentre
la voirie
voie et(Lambeth,
tissu urbain.
pace non bâti ne sont pas en elles-mêmes totalement
nouvelles, mais leur forme a changé, le mode d'action
et l'échelle d'intervention n'étant plus les mêmes. Il ne de constructions dense. La densification de l'espace
s'agit plus aujourd'hui d'avoir des ambitions et une urbain doit alors s'effectuer par rapport aux modes de
action globales et globalisantes sur la ville, par le biais transport. Une telle politique d'urbanisme durable fait
de grands programmes d'aménagement reposant sur aussi londonienne25,
tion partie des réflexions
où la engagées
construction
dans del'aggloméra¬
nouveaux
une tabula rasa de bon aloi, comme cela a pu être le cas
auparavant dans les années soixante-dix. logements doit « maintenir la qualité urbaine », en
L'aspect paysager d'une ville est l'un des éléments encourageant le développement durable, ce qui signifie
constitutifs de l'espace urbain et en tout cas l'un des concrètement que les nouvelles zones de logements doi¬
aspects les plus facilement perceptibles par les habi¬ vent être accessibles en transports publics.
tants et par les voyageurs. De cette façon, il devient Cependant, le type d'urbanité — un chapitre de
aussi un objet à investir ou à réinvestir, dans tous les l'avant-projet de plan de déplacements urbains de l'Ile-
sens du terme. De telles politiques sont évidemment de-France est intitulé «plus d'urbanité en zone agglo¬
mérée dense » — proposée est celle de la ville tradition¬
également
urbain, et cela
empreintes
est aussi une
d'une
des volonté
facettes nouvelles
de marketing
de la nelle, en opposant les avenues et boulevards parisiens
problématique paysagère actuelle. aux voies rapides de banlieue24. Les avenues et les bou¬
levards, avec leur alignement de bâtiments, la présence
Les boulevards urbains
à la rescousse de l'urbanité
périphérique 21. PDU, Île-de-France
Documentation française,
Planavril
de Déplacements
1999. Urbains : avant projet, Paris, La
22. cf. dossier « Planifier la mobilité pour libérer l'urbanité », Diagonal, n° 1 24,
avril 1997.
23. LIewelyn-Davies, Urban Investment Partnership, LRC & Savills, Sustainable
Residential Quality : new approaches to urban living, London, London Plan¬
ning Advisory Committee, Department of the Environment, Transport & the
Regions, 1997.
litative
de
nous
thèse
développement
en
sont
négatif,
plans
outil
Les
viedonc
zone
de
est
de
de
de
préoccupations
des
d'amélioration
aujourd'hui
mise
agglomérée
départ
donnée
déplacements
mis
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durable
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dedense»
sont
celui
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paysagères,
de
d'une
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urbains
urbains.
présentes
l'environnement
et
d'Ile-de-France
la21de«ville
«ville,
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mobilité
(PDU)
nouvelles
auetdurable».
La modes
avec
sens
leur
meilleure
« plus
force
se
d'action
au
rôle,
dont
devaleurs.
etveulent
d'urbanité
Ilservice
dudans
transport
s'agit
souvent
l'hypo¬
preuve
mode
qua¬
Les
du
un
les
de 24. Le choix des photographies choisies pour représenter ces deux concep¬
tions de la voirie dans l'espace urbain (p. 65 de l'avant projet de PDU) est révé¬
lateur des présupposés inhérents aux tentatives de requalification de la voirie.
La première photographie, légendée «conception selon le PDU» représente
une avenue dans un espace dense, anciennement urbanisé, vraisemblable¬
ment situé dans Paris intra-muros ; la seconde, légendée «conception sans le
PDU » représente une voie rapide bordée d'un grand ensemble et d'un hyper¬
marché.

PAYSAGES EN VILLES 167


La voirie, trame des paysages urbains/Olagnier

de commerces en rez-de-chaussée, la mixité des fonc¬ différentes échelles (vie locale, quartier, aggloméra¬
tions sont devenues les références urbaines pour réamé¬ tion. . .) dans lesquelles elle s'insère. Une attention par¬
nager les voies rapides, et ce malgré les différences de ticulière a ainsi été portée sur le mobilier urbain, sur la
tissus
de vie.urbains et les changements en matière de mode création « d'aires de nouvelles centralités » et sur la qua¬
lité paysagère de la grande voirie de circulation. Celle-
La prégnance du fait automobile a destitué, à partir ci s'entend de deux manières : en aménageant, pour les
des années cinquante, de nombreuses voies de circula¬ utilisateurs de la voie, de belles séquences panora¬
tion, notamment celles de grande capacité en banlieue, miques sur le paysage de la ville, dans le droit fil des
de leurs fonctions autres que circulatoires et a eu un principes de Lynch, d'une part, et en faisant de cette
voie de circulation un espace public, participant plei¬
nement — donc pas uniquement négativement — à la
vie des quartiers traversés d'autre part.

L'espace public et la
transformation du paysage urbain

La voirie, vecteur de la perception du paysage urbain du nord de Barcelone. longtemps,


voirie
compte
mouvoir
échappant
alors
urbain,
schéma
l'automobile
place
publics27.
articulation
L'aménagement
Lesun
àprojets
(capacité,
classique
—etcenouveau
Ceux-ci
un
etànon
seules
qu'il
entre
l'hégémonie
socio-économiques
cadre
urbains
n'ait
revêtement,
un
de
est
les
sont
mode
des
cede
retour
la
impératifs
caractéristiques
convenu
accordent
censés
rue,
rôle
viede
espaces
d'intervention,
en
tel
de
l'automobile.
en
etc.)
permettre
qu'il
arrière
meilleure
d'appeler
matière
techniques
aujourd'hui
publics
etavaient
letechniques
existait
besoin
enune
constituerait
de
été
sur
les
qualité,
recréant
—avant
mobilité.
une
meilleure
prises
pendant
de
l'espace
espaces
large
de
pro¬
que
enlela

impact fort sur les paysages urbains25. Par retour de


balancier, des requalifications sont aujourd'hui envisa¬
gées sur ces voies. Ces « requalifications urbaines », opé¬
àrant
transformer
sur les voies
les axes
rapides
routiers
en milieu
en « boulevards
intra-urbain,
urbains
visent
»,
ce qui tendrait à supposer que dans le passé, ces voies Certes, le terme espace public est récent, mais il
n'étaient pas totalement urbaines, car elles ne répon¬ désigne des espaces et des interventions qui ne sont
daient qu'à une logique d'accessibilité et de trafic rou¬ pas entièrement nouvelles28. L'espace public désigne
tier. Une ambiguïté subsiste dans le qualificatif d'ur¬ avant tout le dehors, à la fois lieu de vie, espace où la
bain : dans le cas d'une démarche de « requalification ville se représente, forge son identité, ce qui rend tout
urbaine», les transformations s'avèrent positives, en ce aménagement susceptible de modifier avec force l'at-
sens qu'elles visent à améliorer une situation préalable tractivité, la perception de ce lieu.
non urbaine, tandis que, dans le second cas, celui de la L'aménagement des espaces publics - place, rue, jar¬
mise en place d'un «boulevard urbain», le qualificatif dins, etc. - se veut en même temps très fin et global,
urbain, accolé à un objet très urbain dans la référence dans le sens où il cherche à prendre en compte tous les
historique et imaginaire qu'il véhicule (celle des grands éléments
du matériau
constitutifs
aux formes
du architecturales
paysage urbain,desde bâtiments,
la couleur
boulevards
boulevard,
entre
du XIXe
les axes
siècle.
parisiens)
pasdeencore
transittend
tout
routier
à àcréer
fait
et les
une
urbain,
anciens
sous-catégorie
à mi-chemin
boulevards
de en passant par les besoins de la population en matière

Une deuxième référence en matière d'aménagement 25. Cf. Dupuy G., op. cit.
de voirie
réflexions
s'est etaujourd'hui
les réalisations
imposée
effectuées
à traversà Barcelone,
les travaux 26. Ministère de l'Équipement, du Logement, des Transports et de l'Espace,
Les 15 projets urbains qui valent le voyage, Paris, Direction de l'Architecture et
qui sont devenues, à leur tour des modèles réussis de l'Urbanisme, 1991 (chapitre «Barcelone, deuxième cinturón une auto¬
d'aménagements de voirie26, à partir des exemples de la route fait la ville »).
:

Via Julia et du Moll de la Fusta. Les projets urbains 27. Pour s'en rendre compte, on peut se référer au catalogue de l'exposition
intitulée «La reconquista de Europa, espacio públicio urbano 1980-1999» qui
menés sous
cesseur à la tête
la férule
des services
d'Oriol d'urbanisme
Bohigas, puisdedela son
munici¬
suc¬ s'est tenue au printemps dernier à Barcelone, sous l'égide du Centre de Cul¬
tura Contemporània de Barcelona.
palité barcelonaise, Joan Busquets, ont cherché à 28. Haussmann a ainsi, à son époque, remodelé le paysage urbain parisien en
remettre au centre des préoccupations urbanistiques la travaillant justement sur les espaces publics, sur le mobilier urbain, les profils
rue dans toutes ces dimensions, et à la replacer dans les en travers.

168 LES ANNALES DE LA RECHERCHE URBAINE N° 85


collectif et grande
voirie dans un quartier
depéri-central
Barcelone.

de cadre de vie et par l'image que les municipalités perceptible, le traitement des espaces entre les nouveaux
veulent donner de leur commune vis-à-vis de leurs immeubles de logements étant devenu une priorité32.
habitants et de l'extérieur.
De telles interventions sont, cependant, délicates à Conservation de la ville traditionnelle
mener, puisque les espaces publics sont des espaces mal et communication
définis juridiquement et socialement et mal délimités
d'un point de vue spatial. A la fois espace de prestige Les projets urbains (réaménagement de voirie ou d'un
(places, avenues, parc), espace banal et technique (la réseau de transport en commun, requalification de
voirie)
délaisséset immobiliers...),
espace résiduel la(lesmixité
délaissés
des de
fonctions
voirie, est
les grands ensembles, politique d'image, etc.) visant à pro¬
duire de l'espace public sont souvent créateurs de formes
donc la règle, si bien qu'aucun règlement juridique ou convenues d'espaces urbains, de réussites étrangères ou
urbanistique ne s'occupe a priori de l'aménagement de locales copiées, de modèles historiques ou actuels (pié-
cet espace creux du tissu urbain. tonisation des rues commerçantes, etc.) appliqués sans
Pourtant, comme le souligne Oriol Bohigas29, «les originalité, pastichant l'organisation de la ville ancienne.
monuments, ce sont paradoxalement les espaces vides. L'exemple du projet urbain «Lyon Confluence»,
C'est le vide qui définit la croissance d'une ville [...]» 30.
Aussi,
neutre,une
tantintervention
elle touche àsur
l'identité
l'espacemême
publicden'est
la ville.
jamais

porté
culièrement
nagement
de
disparition
fondateur
dans
depuis
turons
trois
lespar
l'ensemble
de1981,
axes
jardins
O.du
Barcelone.
d'un
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significatif.
:Bohigas
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dans
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Ces
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T.Ce
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urbaine
de
ce
projet
plan
urbain,
principes
l'aménagement
qui en
est
s'est
porte
et
qui
damier
àintégrant
s'articule
cet
fait
constitue
correspondent
surégard
à etBarcelone
le des
enfin
réamé¬
autour
laparti¬
l'acte
ville
cin-
la
barcelonaise
L'antériorité de l'expérience

Barcelone semble avoir été pionnière en matière


d'aménagement des espaces publics qui ont été des
outils privilégiés et essentiels de transformation de la
ville31 depuis le début des années quatre -vingt. Cet
intérêt découle de la nécessité de gérer un héritage La rue, pilier de l'urbanité
franquiste relativement lourd, d'équiper et d'aména¬
ger des espaces où a sévi une urbanisation galopante
durant le « miracle économique » des années soixante, manière
Elles
Lesdonnent
voies
décisive
de
sa spécificité
circulation
à la mise en
et une
participent
placepartie
du paysage
dedonc
son identité
urbain.
d'une
et procède d'une culture urbaine méditerranéenne en
faveur des espaces publics, surtout à Barcelone où les
Ramblas constituent une grande part de l'identité de la
ville. Cette importance est d'ailleurs rendue par le fait
que l'expression « espaces publics » est souvent rempla¬
cée dans les textes d'urbanisme barcelonais par celle 29.
banisme
notamment
1992Oriol
micro-urbaines,
et àdeBohigas,
mener
été
la municipalité
chargé
parfois
une
architecte
politique
de préparer
appelées
decatalan,
Barcelone
d'urbanisme,
stratégie
la fut
villedirecteur
duàdans
accueillir
« marquée
ponctualisme
les duannées
lesservice
par
Jeuxquatre-vingt.
des
».Olympiques
chargé
conceptions
de l'Iulder¬a
d'espace urbain.
En France, ce n'est que depuis une dizaine d'années
que les espaces publics sont réellement devenus un élé¬ 30. Cité dans «Recomposer la ville», Urbanisme, hors série n° 3, p. 34-35.
ment majeur de la transformation de la ville en France 31. Farrando J., «L'espace public, un outil stratégique», Urbanisme, hors
ou, du moins, des discours en matière d'aménagement série n° 3 («Recomposer la ville »).
urbain. Au Royaume-Uni aussi, un tel mouvement est 32. LPAC, DETR & GOL, ibidem.

PAYSAGES EN VILLES 169


La voirie, trame des paysages urbains/Olagnier

à la ville33, en produisant des types d'urbanité différen¬ social, un espace à partager, lieu de rencontre et
ciés. Horizontalité et dispersion, densité et verticalité, d'échange économique. Par conséquent, elle contribue
haussmannisation et diversité pourraient être les mots- à faire
ou de ladunon-urbanité
paysage urbain
des un
territoires
élément-clé
urbanisés.
de l'urbanité
clés définissant les paysages des agglomérations londo¬
nienne, barcelonaise et parisienne. Ils expriment, à leur
manière, les décalages
d'urbanisation, la variété
dansdesl'engagement
modalités de
desl'urbanisa¬
processus Pierre-Jacques Olagnier

tion et de ses supports (découpage administratif, pla¬


nification, contraintes naturelles, techniques et socio-
économiques), les différentes cultures urbaines locales
et les rapports que les habitants entretiennent avec leur 33. Choayde F.,Beaubourg
position « Le règne«La
de Ville»,
l'urbain 1992.
et la mort de la ville », Catalogue de l'ex¬
espace urbain. 34. Pour reprendre les termes d'un colloque européen organisé par l'Institut
« La rue n'est pas la route » 34, car son rôle n'est pas français d'urbanisme et le laboratoire Théories des mutations urbaines les 27,
exclusivement réservé au trafic. Elle est aussi un espace 28 et 19 octobre 1987 et justement intitulé «La rue n'est pas une route».

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des
(département
un doctorat
cas des agglomérations
sous
de l'UMR
la direction
7543dedeCNRS)
Paris,
PierreetLondres
Merlin
moniteur
sur
et Barcelone.
àle l'Université
thème du rôle
Paris-I
des infrastructures
Panthéon-Sorbonne,
routières
prépare
en proche
actuellement
banlieue à partir
I Pierre-Jacques Olagnier, agrégé de géographie, allocataire de recherche au laboratoire Théorie des mutations urbaines

170 LES ANNALES DE LA RECHERCHE URBAINE N ° 85

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