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Le Manifeste de la République

Le 20 mars 2001, un groupe de démocrates et d’intellectuels


tunisiens ont brisé le mur du silence en signant ce manifeste qui
rendait compte de la gravité de la crise politique et morale dans
laquelle se débattait notre pays. 10 ans après, la crise a fini par
emporter la dictature. Le texte, garde à mon avis une double
valeur, celle d’un témoignage sur l’engagement politique d’une
génération d’intellectuels dont certains ne sont plus là pour
témoigner des pires moments de la dictature, et celle d’une
lucidité politique dont nous avons bien besoin aujourd’hui ; ce
texte est aussi d’une grande actualité.
1 - La Tunisie est entrée, ces dernières années, dans une grave crise politique et
morale, caractérisée par deux traits majeurs : la négation du politique et la privatisation
de l'Etat.

Durant les trois premières décennies de l'indépendance, il y avait "de la


politique", autoritaire et personnalisée au début, alternant ensuite avec des périodes
d'accalmie et des périodes de répression, mais "de la politique", c'est-à-dire l'art de gérer
institutionnellement les conflits entre acteurs et d'en maîtriser les mécanismes afin de
préserver la pérennité de l'Etat. De nombreux Tunisiens se sont opposés à cette politique
: certains de l'intérieur du régime, essuyant de longues périodes de disgrâce; d'autres,
de l'extérieur, en subissant torture et emprisonnement. A la faveur de ces luttes, le
sursaut démocratique et pluraliste s'est opéré au sein de la société tunisienne tout au
long des deux dernières décennies de Bourguiba. C'est le combat des démocrates de
diverses sensibilités qui a fait fléchir Bourguiba. De multiples journaux indépendants ont
pu ainsi fleurir, des associations indépendantes s'épanouir, et des partis politiques
acquérir une audience réelle et organiser de véritables débats. Ce pluralisme politique est
malheureusement resté inachevé; il n'a pas atteint les institutions officielles
représentatives. Il n'empêche qu'il y avait, au moins à l'échelle de la société civile, une
vie politique.

2 - La situation a changé. La politique, cet art majeur qui consiste à réguler le vivre-
ensemble consensuel/conflictuel est désormais interdite. Le régime actuel connaît une
dérive sans précédent : un pouvoir personnel absolu poussé à l'extrême, un populisme
démagogique qui infantilise le peuple et ses élites, un dépouillement des institutions
constitutionnelles, politiques et professionnelles de tout contenu au point qu'elles sont
toutes devenues des instruments dociles aux mains du pouvoir d'un seul et un
étouffement de la société civile, tous annonciateurs de dangers extrêmes.

L'expression de la différence est bannie, les libertés confisquées, l'audio-visuel


monopolisé, la presse d'opinion bâillonnée. La presse du pouvoir, produit de la
propagande à la gloire du Chef, est de plus en plus utilisée comme support de calomnies
à l'encontre des opposants et des insoumis. Les partis politiques reconnus sont satellisés
ou marginalisés et les autres partis systématiquement réprimés. Les rares associations
représentatives de la société civile font l'objet d'un harcèlement permanent; les militants
politiques et, plus particulièrement, les défenseurs des droits humains défilent
régulièrement devant les tribunaux. Ils sont emprisonnés et, parfois, agressés
physiquement. Leurs maisons sont cambriolées, leurs biens saccagés et leurs lignes
téléphoniques coupées. La répression frappe même, dans certains cas, les membres de
leurs familles. Certains sont contraints à l'exil. La torture est pratique courante dans les
locaux de la police, dans ceux du Ministère de l'intérieur et dans les prisons.
Quant aux citoyens, ils sont habités par la peur et la terreur. Ils se sentent pris dans les
mailles du filet d'un vaste appareil de surveillance : le dispositif policier, les "cellules du
R.C.D.", les "comités de quartier", les écoutes téléphoniques, et le contrôle du courrier.
Sils n'admettent pas la servilité, ils courent alors le risque de la mise au chômage s'ils
sont salariés et du redressement fiscal abusif s'ils sont industriels, artisans, commerçants
ou membres de professions libérales.

La jeunesse est écrasée. Elle n'a plus de lieux pour déployer son énergie, sa générosité,
sa créativité et ses rêves. Tous les espaces où elle peut communiquer, produire de la
pensée, de l'imagination, de la solidarité et de l'action militante sont interdits; toutes les
aires où elle peut faire son apprentissage de la citoyenneté font désormais défaut. Il
serait particulièrement grave pour la Tunisie et pour son peuple que la jeunesse soit
maintenue plus longtemps dans un statut d'infériorité, sous le joug d'une peur qui
l'éloigne de son droit à se prendre en charge.

La Tunisie a connu un développement économique non négligeable. Il reste que les


investissements intérieurs et extérieurs ne se situent pas à des niveaux satisfaisants se
répercutant ainsi négativement sur l'emploi. Ces faiblesses, malgré un environnement
institutionnel, juridique et financier a priori stimulant, sont en fait dues à l'absence de
confiance des investisseurs dans l'avenir du pays. Celle-ci se nourrit également de
l'opacité qui caractérise le fonctionnement de quelques secteurs économiques, des
interférences incongrues de certains cercles privés proches du pouvoir, et d'un manque
de transparence dans les opérations de privatisation des entreprises publiques. L'absence
de liberté de presse et de garanties d'indépendance de la justice, le clientélisme et la
corruption sont aujourd'hui les principaux freins à un développement plus important et
plus rapide dont les Tunisiens sont parfaitement capables.

Cette dérive inexorable vers l'Etat de non-droit est dramatique. Les nouvelles "règles",
qui régissent ce qui tient lieu de politique sont à l'intérieur du régime/forteresse : au
sommet de l'Etat, le recrutement de type administratif de techniciens, dociles et sans
autre point de vue que celui du Président. A l'égard de la société politique, toutes
tendances confondues, ne prévaut que la règle selon laquelle "celui qui n'est pas avec
moi est contre moi". Et les seuls moyens de régler les différends politiques oscillent entre
contrainte morale, coercition physique et punition financière. L'opposition au régime est
qualifiée de trahison, signifiant la confusion entre l'intérêt général de la nation et les
intérêts personnels des gouvernants.

Dans ces conditions, le débat public rationnel sur la base de la liberté et du respect
mutuel est inexistant.

3 - De nos jours, l'Etat de non-droit étend son emprise sur tous les domaines.
Ses rouages, qu'ils soient ceux veillant au maintien de l' "ordre" - administration, police
et justice - ou ceux véhiculant sa propagande sous couvert d'information", sont enrôlés
et impliqués à grande échelle dans une vaste entreprise d'appropriation privée, de
privatisation de l'Etat.

Inaugurée et exercée par Bourguiba, la confusion entre la fonction du Chef de l'Etat et la


personne de son titulaire prenait sa racine dans la direction charismatique d'un leader qui
pouvait prétendre à une légitimité historique, surestimée mais réelle. En totale
contradiction avec l'esprit républicain, elle avait malheureusement abouti à une gestion
paternaliste du pouvoir politique. Aujourd'hui, s'est opéré un autre glissement : au
pouvoir paternaliste s'est substitué un pouvoir patrimonial; le père jaloux pour ses
enfants a laissé la place au fils jaloux de son bien, la Tunisie. Cette "privatisation" de
l'Etat a vu la chose publique passer de la gestion autoritaire mais institutionnelle, au bon
plaisir, à l'humeur, à l'influence et aux intérêts de cercles privés et informels, liés au
Palais.

Il est grand temps de restituer à la politique sa dignité, et à l'Etat son caractère public et
anonyme; en somme, rendre l'Etat à l'Etat.

4 - Les deux traits majeurs caractérisant le régime actuel, la négation du politique


et la privatisation de l'Etat, sont les effets d'un système politique qui n'a fait que se
détériorer, condamnant le régime à "une fuite en avant".

La chance de la Tunisie a été de disposer, dès l'avènement de l'indépendance, d'une élite


politique patriotique, populaire, urbaine et moderniste qui a eu le souci de restaurer un
Etat dont la faiblesse historique avait été l'une des causes fondamentales de la
colonisation. C'est à Bourguiba et à cette intelligentsia qu'on doit, lors de ce moment
inaugural, les choix stratégiques les plus hardis et les réformes sociales les plus
novatrices et progressistes dans le monde arabe, choix stratégiques dont il faut se
féliciter qu'ils n'aient pas été remis en cause après 1987 :

l'émancipation de la femme qui a permis de libérer les tunisiennes en les faisant


participer aux cotés des hommes à l'effort national de développement, est aujourd'hui
largement instrumentalisée par l'Etat alors qu'une vigilance particulière s'impose afin
d'améliorer leurs acquis notamment pour une égalité réelle et une citoyenneté effective:

le programme de planification familiale, qui a permis aux femmes (et aux hommes) de
maîtriser leur destinée épargnant au pays une croissance démographique démesurée par
rapport à son modeste potentiel économique;

le choix de consacrer l'essentiel des ressources de l'Etat à l'éducation, à la formation et


à la santé.

Parallèlement à cette politique, le pouvoir a mis en place un dispositif sécuritaire et


juridique autoritaire qui a survécu à ses initiateurs.

Politiquement, et assez rapidement, sous le prétexte de sauvegarder l'unité nationale


dans un pays qui ne connaît pourtant pas de clivages ethniques ou religieux, a été
instauré un parti unique, changeant souvent d'appellation, confondu avec l'Etat et
satellisant les organisations nationales qui encadrent les forces vives du pays. Seule
l'organisation des travailleurs (l'UGTT) a connu un tumultueux parcours oscillant entre
allégeance et résistance, de 1956 à 1987 sous l'impulsion de leaders syndicalistes tels
que Ahmed Ben Salah, Ahmed Tlili et Habib Achour.

Très tôt se met en place ce système fermé. Il remplace le choix libre des dirigeants par la
cooptation, compte sur la force plus que sur la concertation et impose le pouvoir
personnel à l'institution étatique. Commence alors le déclin du politique qui débouche sur
le triptyque : un Homme-un Etat-un Parti. Régime de fait, il sera formellement consacré
par le droit.

5 - La Constitution tunisienne instaure un régime de séparation des pouvoirs et


garantit les libertés publiques. Mais elle a cédé au domaine de la loi le soin de fixer les
modalités des principes quelle a posés. Avec la complicité initiale des uns et la
résignation des autres, le législateur a trahi les idéaux pour lesquels les "pères
fondateurs" ont combattu et la pratique politique et administrative a aggravé cette
dérive.

Les constituants ont instauré un régime de nette séparation des pouvoirs. Mais, dans les
faits, le Président contrôle le parlement à travers le parti. Car les candidats du parti, dont
l'administration régionale garantit leur élection à une majorité de 99%, sont choisis par
le bureau politique présidé par le Chef de l'Etat.
Le pouvoir judiciaire n'est pas non plus indépendant. D'abord, le principe de
l'inamovibilité des magistrats n'a jamais été posé. Les juges peuvent à tout moment être
mutés. Ensuite, leur carrière est décidée par un conseil supérieur de la magistrature dont
la majorité des membres sont nommés par l'exécutif. Dès lors, la Constitution a beau
proclamer que la justice est indépendante, cette affirmation ne correspond à aucune
réalité.

La Constitution garantit toutes les libertés publiques fondamentales et, en apparence, la


loi ne fait qu'en fixer les modalités d'exercice. Ainsi, la publication des livres et des
journaux et leur importation sont théoriquement libres. Ils ne sont pas soumis à la
censure ni à une autorisation préalable. Ils sont simplement soumis à un dépôt légal. Ce
régime s'applique à tous les imprimés, même une simple affiche électorale. Il en est de
même des réunions publiques et de la constitution d'associations et de partis politiques.
Mais, les autorités politiques ont inventé des obstacles administratifs tels, que l'exercice
de toutes ces libertés est bloqué.

6 - La libéralisation des années soixante dix n'a porté que sur l'économie. Elle
n'a jamais concerné la vie politique. Au cours de cette période, le système clos du
pouvoir personnel de Bourguiba s'est définitivement imposé au détriment de tous, ses
compagnons de lutte et ses opposants. Il a été verrouillé par l'institution de la Présidence
à vie en 1975. Le propre de la République, n'est-il pas l'alternance au pouvoir consacrée
par le suffrage populaire et non par la falsification des élections et l'auto-légitimation par
des scores mythiques, comme ce fut le cas durant cette période. Au cours des années
quatre-vingt, la soif de liberté était telle que la dictature n'était plus viable, la situation
était explosive.

7 - Passer d'une légitimité personnelle et charismatique qui s'est érodée, à une


légitimité démocratique, seule à même de gérer les tensions sociales sans endommager
les équilibres sociaux, devenait une urgence nationale. Cette lame de fond a préparé le
terrain à l'actuel Chef de l'Etat pour accéder au pouvoir. La déclaration du 7 novembre
1987 reprenait, presque mot pour mot, les revendications du mouvement démocratique.
Ces revendications ont été, dans un premier temps, partiellement réalisées, dans un
second temps, oubliées et, enfin, actuellement, ouvertement trahies.

Progressivement, nous sommes aux vieilles méthodes que nous pensions révolues. Il n'y
a plus de liberté. La police, dont les effectifs ont été démesurément augmentés, est toute
puissante et omniprésente.

8 - Un changement radical est nécessaire. Restituer à la politique sa dignité et


revenir à l'Etat de droit impliquent une modification dans la vision de la politique et une
véritable réforme du fonctionnement de l'Etat et des institutions. La Tunisie en a un
besoin urgent pour trois raisons fondamentales.

La première qu'il faut réaffirmer avec force est que le pays, pour l'indépendance duquel
nombreux parmi les meilleurs de ses enfants ont sacrifié leurs vies, échoit à tout notre
peuple en partage. Dans cet esprit, il n'appartient à aucune personne, quel qu'en soit le
génie, à aucun parti quel qu'en soit la légitimité ou l'antécédence, à aucun clan si
puissant soit-il, et a fortiori à aucune famille, de faire de ce bien commun, légué par les
morts aux vivants, un patrimoine privé. De ce fait, l'avenir de la Tunisie, pour lequel
nous sommes en devoir de nous inquiéter, est une responsabilité collective dont nous
serons, tous, comptables devant les générations futures.

La seconde est de rappeler à la conscience de tous que les conflits politiques se règlent
pacifiquement, par des moyens politiques. Il est inacceptable de continuer à les traiter
par les tribunaux, l'emprisonnement, la torture, les insultes, le harcèlement et la
coercition. Dès l'indépendance, le pouvoir a pris la fâcheuse habitude de régler les
conflits politiques par la contrainte illégitime. Hier les Youssefistes, la gauche et les
syndicalistes, aujourd'hui les islamistes et les démocrates.

La troisième raison est que, maintenant plus que jamais, la légitimité ne peut être
acquise par la contrainte, la manipulation des règles de la compétition et le mépris du
peuple, mais par les élections libres et transparentes. Le monde a changé. Il est temps
d'étancher la soif de notre peuple pour la démocratie, le pluralisme, la liberté et la
justice. La Tunisie, ancrée dans une histoire millénaire, est telle que les fondateurs de la
République l'ont pensée, inscrite dans la modernité et ouverte au monde, conditions
premières du progrès et du bien être. Ils se sont adossés à une légitimité patriotique
réelle pour se permettre plus de pouvoir qu'il n'en fallait. Aujourd'hui, celle-ci est érodée,
usée, en dépit du rituel de la référence incantatoire à leur lutte héroïque. Car
l'unanimisme en politique est une supercherie inventée par la tyrannie, contraire à la
nature humaine, qui est par essence libre, diverse et réfractaire à toute allégeance
perpétuelle.

9 - La Tunisie, dont le peuple est ouvert et tolérant, disposant d'une classe


moyenne importante et qui, grâce au labeur de ses enfants, connaît un développement
économique non négligeable, a un besoin urgent d'une transition démocratique que nous
souhaitons pacifique et négociée, la seule à même de nous faire sortir de l'impasse
actuelle et d'épargner au pays, à bout de patience, de tomber désespérément dans une
violence incontrôlable qui lui ferait perdre ses acquis. La Tunisie, riche d'une élite
fortement éduquée, dispose de la structure sociale adéquate et des ressources
intellectuelles nécessaires pour être fidèle à sa tradition d'ouverture, de réformisme et de
constitutionnalisme.

10 - Cette tradition, inaugurée, dès le milieu du XIXe siècle, par les œuvres et les
actions de Beyram V, Ibn Abi Dhiaf, Khéreddine, Thaalbi, et toute une pléiade de
réformateurs, est inscrite dans les coeurs des Tunisiens. La question constitutionnelle se
situe dans cette tradition. La Tunisie a été le premier pays arabe à élaborer le Pacte
fondamental de 1857 qui garantit un certain nombre de droits et la Constitution de 1861
qui limite et codifie le pouvoir du Chef de l'Etat. Les premiers militants patriotiques s'en
prévaudront jusqu'à susciter une consultation juridique, dite Weiss et Barthélemy, en
1921, qui avait conclu que la Constitution de 1861, qui n'avait été que suspendue suite à
la révolte de Ben Ghadhéhim, pourrait être remise en vigueur. Les manifestants du 9
avril 1938, qui sont tombés nombreux en martyrs, scandaient "Parlement tunisien !". Ils
inscrivaient leur combat dans la continuité de leurs prédécesseurs, les patriotes imbus
des principes constitutionnels qui ont appelé le premier parti de lutte pour l'indépendance
Parti Libéral Destourien (Constitutionnel), puis néo-Destour.

11 - Ce souffle a été dévoyé, trahi, bafoué par les gouvernants. Mais il anime la
conscience de notre peuple et est notre repère. Il est notre lien avec notre histoire, notre
ciment. Il est l'expression de notre fidélité et de notre gratitude au combat des
générations de réformateurs qui ont oeuvré pour la renaissance de notre pays. Nous
nous en prévalons pour dire qu'il est des moments d'une exceptionnelle gravité dans
l'histoire des nations et qu'à ne pas savoir les saisir, à ne pas les mettre à profit, les
peuples entrent en régression durable. Aujourd'hui, la Tunisie qui assiste au dernier
mandat constitutionnel du Président en exercice est à la croisée des chemins. Si la chape
de plomb se perpétue, nous irons vers un nouveau mandat, ce qui, d'une manière
déguisée, ouvre la voie à la présidence à vie dont la Tunisie a déjà fait l'expérience et qui
se déroulera certainement dans des conditions plus douloureuses et plus dramatiques. Si,
au contraire, sous la pression des forces patriotiques, la raison finit par prévaloir, les
Tunisiens seront en mesure d'offrir à leurs enfants un pays dans lequel ils seront délivrés
de la peur et de la tyrannie, un pays où ils pourront donner libre cours à leur générosité
et à leurs potentialités créatrices.
Tunis, le 20 mars 2001.

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