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UNIVERSITE D’ETE DES URBANISTES

CRETEIL 2008
SYNTHESE DES ATELIERS

Nous remercions les journalistes


INNOVAPRESSE
qui ont participé à cette synthèse :
Magali TRAN, Karine Grollier, Odile Hugot, Vincent Lorin, Raphael Hoyet, Nora Hachache

Les ateliers et les responsables d’ateliers de l’Université d’Eté

1. Action publique et demande sociale d’urbanité


Anne Fourniau, urbaniste

2. Déplacements et territorialisation dans les métropoles


Jacques Grangé, urbaniste qualifié
Jean-Pierre Orfeuil, directeur de recherche

3. Attractivité des métropoles


Jean-Vianney Cousin, urbaniste qualifié
Bertrand Morvan, socio-politologue, consultant ITG

4. La ville durable dans un contexte de métropolisation


Alain Cluzet, urbaniste qualifié
Dominique Rist, urbaniste qualifiée

5. Les territoires métropolitains face au manque d’ingénierie urbaine


Pascale Poupinot, urbaniste qualifiée
Renée Feltin, déléguée générale de « Ville et Banlieue »

6. Le traitement de la complexité dans les démarches de projet


Bernard Perraudin, urbaniste qualifié
Atelier 1 - Action publique et demande sociale d'urbanité

Quel rôle et quelle place pour un urbanisme volontariste ? Ainsi pourrait-on résumer le
thème de ce premier atelier, introduit par Anne Fourniau. "C'est sur les enjeux et moyens
de l'action publique, dans le contexte métropolitain, que nous avons souhaité orienter les
interventions, davantage que sur la demande sociale", indique l'urbaniste, directrice de
Seine-Amont Développement.

En guise de préliminaires, Jérôme Monnet, "leurs diables" : la mixité contre la


directeur de recherche à l'IFU (Institut ségrégation, la cohésion contre la
français d'urbanisme), soumet quelques fragmentation, l'urbanité contre le mal-vivre.
réflexions sur "les mots dont on pare les
notions d'action publique, d'urbanité, de Entre impuissance et urbanisme
cohésion, de mixité", en se penchant sur les volontaire
jeux d'échelles et changements d'échelons
dans l'observation des dynamiques "Dans la lutte contre la ségrégation,
métropolitaines. préoccupation majeure de l'urbanisme
Dans les discours, on assiste souvent à une contemporain, bien souvent, on ne précise
"naturalisation des termes", constate-t-il. En pas à quel échelon on compte agir".
considérant, par exemple, que "le local" peut Ségrégation à l'échelle d'un bâtiment, d'un
être "réduit à un échelon", celui de la quartier ? Ou alors enclavement,
commune. Ainsi, autour d'une gare SNCF, inaccessibilité à l'emploi ou aux commerces ?
différents phénomènes peuvent être L'action publique devra soit s'attaquer au
examinés à un même échelon local. Le lien entre forme urbaine et forme sociale,
phénomène de valorisation du foncier à soit porter sur les inégalités de prestation de
proximité de la gare pourra s'inverser pour service. "On constate que l'on est capable de
les terrains situés le long de la voie ferrée, déployer une énergie phénoménale à
qui subissent des nuisances sonores. Sans l'échelon où l'on peut agir. En revanche, on
compter d'autres facteurs qui influent sur la se retrouve dans l'impuissance à trouver les
valorisation du site : un bassin d'emploi en données d'un problème hors de ce niveau
bout de ligne, des flux d'approvisionnement, d'action. Mais par conscience
des réseaux de sociabilité qui empruntent professionnelle, on se sent tout de même
eux aussi cette ligne. obligé d'agir...", analyse Jérôme Monnet.
"Les changements d'échelons, et les rapports De même, "n'est-il pas vain d'agir dans le
qu'ils entretiennent entre eux : c'est cela qui sens d'une cohésion communale ou
donne une pertinence de l'analyse", intercommunale quand les déterminants sont
poursuit-il. En illustration, le chercheur d'échelons régionaux, nationaux, voire
revient sur les termes de cohésion, d'urbanité internationaux ?" s'interroge le chercheur.
et de mixité, "très présents dans les
argumentaires urbanistiques". Des termes Reste que la force publique peut agir et le
intimement liés et qui doivent lutter contre fait. La ville de Turin illustre bien
l'articulation entre l'échelon local de transports, la chercheure concède que la
gouvernance et les niveaux des déterminants reprise de l'économie italienne a compté
extérieurs (dont l'économie florissante de pour beaucoup dans la réussite du projet. Ce
l'Italie du Nord). A Turin, le "premier grand projet n'est pas encore achevé et comporte
projet urbain en Italie après la aussi quelques bémols : la dimension mono-
reconstruction d'après-guerre", symbole communale du PRG ; la communication
d'un "urbanisme volontaire", a été rendu "trompeuse" sur la soi-disant nouvelle
possible par l'élaboration d'un plan identité de Turin qui reste, malgré tout, une
stratégique en 1995 : le Plan régulateur ville industrielle, avec près de 35 %
général (PRG), expose Patrizia Ingallina, d'emplois du secteur secondaire (record
professeur à l'université de Lille et chercheur national). Enfin, "le point le plus critiqué du
à l'IUP (Institut d'urbanisme de Paris). Une projet, c'est la construction de trop
première en Italie. Pour faire face à la nombreux logements par rapport à une
désindustrialisation (5 millions de m2 demande que la municipalité n'a pas su
proches du centre-ville, désaffectés), le PRG évaluer".
visait à la fois à "trouver une nouvelle
affectation aux vides laissés par les Après avoir exploré les systèmes de
industries, et donner une nouvelle identité à production de la ville, l'Atelier a fait place
la ville, jusqu'alors considérée comme la aux retours d'expérience... dans les espaces
ville de Fiat". Ainsi a émergé le projet de "non centraux" de la métropole. A la DDE
"l'épine centrale" de Vittorio Gregotti : de l'Oise, la réforme de l'Etat, avec la fusion,
couvrir l'axe de la voie ferrée, qui coupe la au 1er janvier 2009, avec la DDAF
ville en deux, pour en faire une épine (Direction départementale de l'agriculture et
dorsale. de la forêt), change la donne. "Désormais, la
qualité urbaine ne sera plus le critère
Devenir une métropole internationale d'évaluation d'un projet urbain. Il sera
plutôt jugé à l'aune de la préservation
Evidemment, tout n'est pas allé comme sur environnementale", prévoit France Poulain,
des roulettes. Outre le manque de moyens architecte et urbaniste de l'Etat, chef du
pour réaliser les quatre phases du projet, "les service aménagement, urbanisme et
investisseurs n'étaient pas au rendez-vous" environnement à la DDE de l'Oise.
et la volonté politique n'apparaissait "pas D'où la nécessité que l'Etat adopte un
assez forte" au départ. Mais la municipalité a positionnement clair sur cette
su saisir les occasions qui se sont présentées, problématique : le défi pour 2009. Sur le
estime Patrizia Ingallina : les possibilités de terrain, la baisse prévue des effectifs se
financement par l'Etat d'opérations mixtes de traduira par une redéfinition des priorités.
requalification, en association avec des "Avec moins de personnel, on sera obligé de
opérateurs privés ; les fonds structurels cibler notre présence aux réunions. Il s'agira
Urban ; un investissement des entreprises donc de défendre les enjeux les plus forts, de
locales ; la candidature retenue pour les Jeux porter les politiques considérées comme
Olympiques d'hiver de 2006... et une prioritaires, ou encore de faire face à des
implication plus forte du maire de la ville, risques potentiels : crise urbaine, risque
Valentino Castellani, à partir de 1998. Mais technologique...".
au-delà de l'engagement de l'élu, de la
qualité du traitement des espaces publics ou
de l'articulation entre aménagements et
Aménagement urbain éclaté slogan, et qu'en parallèle, on fait l'impasse
sur une réflexion fine sur le développement
"Ai-je le sentiment d'être impuissant ? J'ai d'une politique de logement"...
bien quelques idées de réponse !" (rires), Bruno Depresle explique que l'AFTRP
lance ensuite François Chovet, directeur de (Agence foncière et technique de la région
la rénovation urbaine au GIP de parisienne), dont il est directeur général
Grigny/Viry-Châtillon. En Essonne, la adjoint, met en place progressivement une
problématique est bien différente. Le grille d'évaluation de ses opérations (qualité
territoire des deux communes compte des espaces publics, accès des transports
plusieurs grands ensembles : la Grande publics, protection de la biodiversité, coût,
Borne, Grigny 2, les Côteaux de l'Orge, le etc.). Il s'agit de "les caractériser au regard
Plateau. Devant cet aménagement urbain d'objectifs de développement durable pour
"éclaté" et face aux importantes difficultés leur conception, leur suivi, et, le cas
socio-économiques de la population, un échéant, leur modification".
GPV (Grand projet de ville) a été mis en "Il y a quelques années, on parlait de
place en 2000. Puis c'est un programme de l'horizon indépassable du pavillonnaire.
rénovation urbaine qui a été décidé sur le Aujourd'hui, avec le Sdrif, Jean-Paul
quartier de la Grande Borne. "Seulement" Huchon a fait sa révolution sur la densité,
350 démolitions sont prévues, afin de percer au moins dans le discours politique",
une nouvelle voie de circulation, visant à constate Bruno Depresle. Mais les
désenclaver le quartier. aménageurs doivent poursuivre leur action
Particularité de ce projet Anru : une volonté de pédagogie auprès des élus, qui restent
municipale très claire de tout reconstruire "encore trop frileux" au niveau local,
sur la commune, en l'assumant totalement. observe Anne Fourniau. Quant à la
"On a des pauvres, on les garde, point diversité... il faut y renoncer dans certaines
barre", caricature François Chovet. Les opérations, comme à Grigny, reprend Bruno
objectifs politiques locaux sont tenus... mais Depresle en écho aux propos précédents.
interpellent. "Traiter les problèmes de "De même, les maires de Clichy et de
logements à l'échelle d'une commune, voire Montfermeil savent qu'ils ne trouveront de
d'une intercommunalité, ça n'a pas de sens !", solution qu'entre eux", souligne-t-il.
déplore-t-il. Et d'ajouter : "oui, on est Question sensible s'il en est, sur laquelle
impuissant à faire de la mixité à l'échelle de rebondit Anne Fourniau : "dans un espace
ces deux villes. Sauf à compter sur un très segmenté, comme l'Ile-de-France, de
réinvestissement conséquent de l'Etat...". nombreux acteurs se satisfont que les poches
Avec le risque, en reproduisant à l'identique, de difficulté se débrouillent elles-mêmes et
de rester dans une situation d'isolement. ne débordent pas. Ce qui pose la question de
Pour François Chovet, les opérations de notre pratique de la rénovation urbaine, de
rénovation urbaine "rabattues sur le volet notre (in)capacité à faire naître le
logement" sont "insensées". Mais "s'il s'agit changement". Et Bruno Depresle de
de débloquer l'itinéraire résidentiel, renchérir : "c'est une problématique
j'applaudis. De nombreuses questions typiquement francilienne, avec l'absence
restent en suspens, comme la décohabitation d'intercommunalités sérieuses"...
des jeunes, parce que démolir est devenu un
Atelier 2 - Déplacements et territorialisation dans les
métropoles

"Lutter contre l’étalement urbain n’est une alternative à la voiture... que si on y arrive",
lance Jean-Pierre Orfeuil, directeur de recherche à l’IUP (Institut d’urbanisme de Paris),
sous des rires d’évidence face à la difficulté de l’exercice. Cet atelier "Déplacements et
territorialisation dans les métropoles" a pris une couleur particulière sous la poussée
écologique. Avec, comme préoccupation omniprésente, la recherche de solutions concrètes à
différents échelons. Jacques Grangé urbaniste qualifié, Président de l’association des
urbanistes en Ile-de-France a été co-organisateur de cet atelier.

La Directrice du Gart (Groupement des porté par les collectivités locales se révèle
autorités responsables des transports très élevé. "Ca va vite coincer", commente
publics), Chantal Duchêne, ouvre les débats Chantal Duchêne.
en dressant un constat aride mais teinté
d’espoir : sur les trente dernières années, le Organisation et financements à revoir
nombre et la longueur des trajets en voiture
n’ont cessé de s’allonger du fait du Pour sortir de l’impasse, l’urbaniste
développement des infrastructures routières. consultant Marc Wiel propose un système
Le "mieux" vient d’un léger retournement de modifié de taxe professionnelle, basé sur
tendance perçu en 2005 et poursuivi en l’adéquation entre emploi et habitat dans un
2006 : "pour la première fois, le nombre de périmètre de vingt minutes autour d’une
kilomètres-véhicules a diminué. Les trajets commune. "L’argent dégagé servirait à
en transports collectifs se sont parallèlement financer des fonds d’aménagement et de
accrus", indique la directrice du Gart. De transports. Plus il y a discordance entre
plus en plus de personnes se trouvent emplois et logement, plus la TP doit être
captives de l’automobile avec élevée", explique-t-il. "Il faut sortir
l’accroissement de la périurbanisation et l’urbanisme des questions d’édification
l’augmentation du coût du foncier. Les fondées sur le COS. La fiscalité est un
déplacements se font également plus puissant levier d’ajustement". Cela
complexes ; 70 % d’entre eux ne concernent favoriserait des choix d’implantations des
plus la ville-centre des agglomérations, alors entreprises au plus près des populations.
que les réseaux routiers sont conçus en Interrogé sur des exemples concrets
radiale. Jean-Pierre Orfeuil souligne que existants, le consultant cite le logement des
cette tendance est particulièrement forte en "key-workers" (travailleurs clefs d’un bassin
Ile-de-France. Le besoin de transports en d’emploi) à Londres. Il reconnaît cependant
commun se fait donc pressant et les dépenses que ce système de rééquilibrage ne
publiques de transport augmentent au rythme fonctionne que si la possibilité de déménager
de 4 % par an. L’Etat s’étant désinvesti dès est proportionnelle à celle de se déplacer. Ce
2003 et les recettes-voyageurs ne couvrant qui n’est pas gagné en Ile-de-France.
que 20 % des dépenses, le poids financier
La question d’une répartition des publics des alentours de la gare de Choisy -
compétences qui permette d’impulser une étouffée par l’automobile - devraient être
politique cohérente des transports a par requalifiés et étendus dans un rayon de cinq
ailleurs été posée comme centrale pendant minutes à pied. La création de pistes
l’atelier. Chantal Duchêne insiste sur la cyclables et de mails piétonniers favoriserait
notion d’"autorité organisatrice de qualité de vie et commerces. Dans un rayon
proximité " : "c’est un concept d’avenir pour de quinze minutes à pied, une densification
penser globalement et agir localement. urbaine serait préférable, avec des axes
Lorsque le STIF (Syndicat des transports voitures et transports en commun
d’Ile-de-France) décide des localisations importants", explique l’urbaniste.
d’arrêts de bus au fin fond de la Seine-et-
Marne, il y a un problème...". Elle insiste sur Vélo, auto-partage... scooter électrique ?
l’insuffisance de la législation actuelle en la
matière, et appelle de ses vœux une L’apport des transports doux est salué
évolution des compétences des autorités comme prometteur, même si forcément
organisatrices. Une réflexion sur les services cantonné à la marge, en particulier la
routiers d’intérêt régional, les services réussite de l’opération Vélo’v à Lyon : "le
ferroviaires d’intérêt local ou encore les chiffre de 64 % de flux domicile-travail sur
statuts et compétences des départements en les déplacements Vélo’v en semaine en 2005
matière de transports serait à mener. Les a encore augmenté, pour passer à 67 % en
agglomérations occuperaient une place 2007", se félicite Bernard Lensel, urbaniste
prépondérante dans une organisation plus qualifié au Grand Lyon en charge de la mise
efficiente : "une compétence sur le en place des stations de vélos dès 2003-
déplacement durable doit leur être confiée. 2004. "Le Vélo’v remplace la voiture pour
Elles élaborent les Plans de déplacements jusqu’à 11 % des trajets pour les utilisateurs
urbains (PDU) depuis des années, mais de stations périphériques". Attention
n’ont pas les moyens de les mettre en cependant, tient à relativiser Jean-Pierre
œuvre !" Orfeuil : "Vélib' représente 29 millions de
déplacements annuels alors qu’il y a 33
L’outil présenté par Béatrice Mariolle, millions de déplacements par jour en Ile-de-
architecte-urbaniste (agence Brès & France : il répond à 1/365ème du problème.
Mariolle), vise la modélisation de la "ville On a trouvé un truc élégant et sympa, pas la
durable". Il planifie localement l’orientation pierre philosophale".
à donner aux transports alternatifs à la
voiture et à la requalification urbaine. "C’est Pour sa part Antoine Debièvre, adjoint au
un retour à la ville d’avant-hier, mais avec directeur de la communication de Transilien
un siècle d’évolution technologique", Sncf, défend le "sans-voiture", "concept
résume-t-elle. Le système permet notamment exigeant mais salutaire", qu’il tente de
de cartographier les territoires inaccessibles mettre à la mode auprès des utilisateurs avec
en transports collectifs - ou leur part différentes opérations de communication
d’inaccessibilité - dans des rayons plus ou "train+marche", en ciblant les randonneurs.
moins grands autour de pôles tels qu’une Un moteur de recherche d’itinéraires
gare. Le principe central de l’inter-modalité d’adresse à adresse - et non de gare à gare -
fonctionne ainsi comme un cœur de projet. devrait être créé sur le site internet du
Les quatre gares du projet Seine-Amont ont Transilien. Interpellé pour savoir si la Sncf a
bénéficié de l’expérience : "les espaces des projets quant à l’introduction des vélos
dans les trains, comme "à Limoges" par fonctionne bien qu’en zones denses et
exemple, Antoine Debièvre doit reconnaître proches d’un transport en commun. Le
"qu’en Ile-de-France, on ne verra jamais les covoiturage a également été encouragé pour
vélos monter dans les trains aux heures de les longues distances, mais son défaut reste
pointe, car les transports sont déjà saturés". celui de l’invisibilité. Il lui faut un
En revanche, la Sncf serait en train d’évoluer déclencheur, comme un projet d’entreprise ;
sur la question des parkings-vélos, qui Internet ne suffit souvent pas. Quant au
suscite de nombreuses interrogations dans scooter ou vélo électrique, il présente tous
l’assistance. les avantages en matière de pollution, de
réduction des engorgements et de limitation
Jean-Pierre Orfeuil met en avant d’autres de vitesse, mais le souci de l’insécurité pour
transports alternatifs et modes d’utilisation le conducteur le rend inexistant en France,
de la voiture : "l’auto-partage pourrait être alors qu’il représenterait le deuxième mode
développé de 60 000 à 600 000 utilisateurs en développement en Chine. Peut-être un
dans le futur, notamment en créant, comme mode de transport important du XXIème
les Bretons, des aires adéquates". siècle, a-t-on avancé en fin d’atelier.
L’inconvénient est que ce mode ne
Atelier 3 - Attractivité des métropoles

Animé par Jean-Vianney Cousin, urbaniste, et Bertrand Morvan, socio-politologue,


consultant-formateur ITG, cet atelier se propose d’aborder la question de l'attractivité sous
trois angles : comment jeter les bases économiques nécessaires au développement des
territoires en les croisant avec le jeu des acteurs mis en présence ? Quelles stratégies de
valorisation des territoires et quels outils ? Comment passer de la stratégie à la mise en
œuvre ?

Pour Maurice Garnay et David Albrecht, d’eux, un objectif en soi".


respectivement consultants en stratégie et en
développement urbain, et auteurs de "La Les pouvoirs publics ne sont pas le moteur
ville en négociation" (Ed. L'Harmattan, mars exclusif
2008), l’attractivité des métropoles repose,
en premier lieu, sur l’idée qu’un territoire est Relativisant l’action complexe et
la résultante "indéterminée" d’un système multidimensionnelle des pouvoirs publics
d’application du mode économique et social dont il convient, selon lui, de ne pas
dont personne ne maîtrise toutes les données. surestimer l’importance car "ils ne
"Nous considérons en effet, contrairement maîtrisent pas le développement de la ville,
au discours ambiant, que la ville se résume à et n’en sont pas le moteur exclusif", il
un ensemble de biens et services. Ses concède à Thierry Mabille, directeur général
principaux acteurs sont, globalisation de l’APIM (Agence pour la promotion
oblige, les producteurs du système internationale de Lille Métropole), "la
économique mondial dans lequel nous nécessité d’afficher une cohérence
évoluons, à savoir : les propriétaires ou d’ensemble par rapport à l’extérieur, car il
représentants du capital, du travail, des ne peut y avoir de développement de type
ressources naturelles et du pouvoir de métropolitain sans outil régulateur".
régulation. Ce sont eux seuls, avec des S’agissant des habitants, David Albrecht
logiques qui leur sont propres, et des juge leur rôle "extraordinairement
objectifs souvent conflictuels, qui impactent important", puisque leur existence même est
le résultat de la ville". conditionnée par le développement de
Préférant le terme de "projets urbains" à projets urbains. "Il convient d’identifier les
celui de "ville" dans la mesure où la décideurs dans chaque catégorie d’acteurs
morphologie d’un territoire résulte de ces et de distinguer les habitants consommateurs
différentes interactions, David Albrecht de la ville (ses usagers) de ceux qui la
estime que "l'on ne peut prétendre aider à produisent", précise le consultant. En
transformer le paysage métropolitain si on l’occurrence, et s’agissant du cas des
n’analyse et ne comprend pas la stratégie de quartiers d’artistes de Berlin soulevé par une
tous les acteurs concernés, la ville ne participante, "ce sont les artistes en tant que
constituant pas, le plus souvent, pour chacun producteurs de territoire qu’il est important
de prendre en compte pour comprendre le municipalité d'Antoine Rufenacht, inscrite
développement de certains territoires au patrimoine mondial de l’Unesco. Un
berlinois". "renouveau " "ancré" notamment, selon
Jean-François Masse, adjoint à l’urbanisme
Alors que la théorie défendue par David et à l'habitat, sur une "montée en force" des
Albrecht est jugée "réductrice" par un thèmes maritimes et portuaires ; une entente
enseignant présent dans la salle, elle est forte des institutions locales ; une
confortée par d’autres participants, à l’instar dynamisation des bassins portuaires ; un
de ce professeur d’architecture algérien renouvellement urbain et social ; une
présentant le cas d’une ville de son pays diversification de l’enseignement supérieur ;
dont l’important marché hebdomadaire des projets dans les domaines de la culture
conditionne le développement. Un exemple (Zénith), des transports (tramway), ou du
qui permet à David Albrecht de conclure en sport (stade)... Et une propension à
rappelant la nécessité de "prendre en compte considérer comme sienne la maxime de
la multiplicité des acteurs et des stratégies", Napoléon : "Le Havre, Rouen et Paris ne
tout en illustrant son propos par le traitement sont qu’une seule et même ville dont la Seine
différencié du tourisme en Algérie et chez est la Grand Rue" en s'imaginant un futur de
ses voisins tunisiens. "région capitale".

Stratégies locales Entre identité et concurrence

Cette transition permet tout naturellement à Info ou intox ? Tout est dans la manière de
Jean-Vianey Cousin d’aborder le deuxième le dire. Telle est du moins la substance de
temps fort de la séance, consacré aux l’intervention de Dominique Pagès, maître
stratégies de valorisation des territoires et à de conférences au CELSA. Il explique
leurs outils. "A Breda, c’est sur le modèle du que les sciences et techniques de
développement durable, doublé d’une l’information et de la communication, en
volonté de favoriser le recours aux nouvelles s’intéressant notamment à la sémantique, à
technologies, que s’est fondée la stratégie de la mémoire, aux rituels urbains et en
développement négociée avec les différents s’appuyant sur le formidable "territoire"
acteurs", explique-t-il en l’absence de Hans numérique que constitue l’outil Internet,
Thoolen, coordinateur qualité de la ville. "Le participent de l’attractivité des territoires.
développement durable est en Hollande une "Dans le jeu concurrentiel auquel se livrent
véritable affaire de société. Breda en est la aujourd’hui les métropoles, ces techniques
parfaite expression. Si un certain nombre de ouvrent un extraordinaire champ
leurs projets immobiliers font courir d’investigation aux territoires en quête
l’Europe, c’est qu’ils sont la résultante de d’identité ou de reconnaissance". Pour
contrats négociés dans les domaines sociaux autant, elles ne constituent qu’un moyen
et économiques, avec des objectifs que la parmi d’autres. La DATAR, qui retrouve son
collectivité a définis comme siens". nom après s’être appelée DIACT, s’appuie,
quant à elle, sur les outils "plus
Dans un autre contexte, la ville du Havre, pragmatiques" que représentent les pôles de
fondée en 1516 par François 1er, rasée en compétitivité et autres CPER (Contrats de
1944 puis reconstruite par Auguste Perret, projets Etat-Régions).
est aujourd’hui, après un sérieux lifting
opéré depuis les années 1995 par la
Pour Marc Gastambide, conseiller à la
DIACT/DATAR en charge de la dynamique
des territoires, "si la réussite des pôles de
compétitivité doit beaucoup au travail en
réseau, le recours à ce type d’outil n’a pas
de sens sans projet". Ainsi "à Bordeaux, le
renouveau de la ville a généré chez ses
habitants un sentiment de fierté qui est en
soi un facteur d’attractivité, même s'il ne
suffit pas toujours à attirer les
investisseurs". Une mission opérationnelle
que Thierry Mabille (APIM) connaît en
revanche fort bien. "Chargé de la promotion
de la métropole Lilloise et de la recherche
d’investisseurs, notre rôle consiste à faire le
lien entre stratégie et réalisation. Un objectif
exigeant une certaine cohésion d’ensemble
et que nous nous efforçons d’atteindre par la
mise œuvre d’une politique commerciale
offensive fondée, notamment à
l’international, sur la proposition d’une
gamme de produits clairement identifiables
(Euralille, Eurasanté, Euratechnologies…)".
Une véritable insertion dans le système
économique.
Atelier 4 - La ville durable dans un contexte de métropolisation

Cet atelier ambitionne de porter un regard critique sur les différentes approches du concept
de développement durable. Dominique Rist pose d'emblée le problème de l’appropriation
pertinente de ces problématiques par les élus. L’urbaniste rappelle que ce concept global,
thème "tarte à la crème" par excellence, intègre les questions du développement
économique et social à celles de l’environnement. D'où la nécessité d'éléments
méthodologiques pour insérer les principes de développement durable dès le début des
réflexions urbanistiques, ainsi qu’à tous les "temps" du projet.

Cyria Emelianoff, chercheure au CNRS, 21, le développement des énergies


livre un bref récapitulatif de l’émergence de renouvelables en ville constituent autant
l'idée de développement durable, apparue d'avancées concrètes. Avec à la clé une
pour la première fois dans une publication responsabilisation croissante des acteurs
des chercheurs californiens Peter Calthorpe urbains à différentes échelles. Cyria
and Sim Van der Ryn, sous l’appellation Emelianoff relève néanmoins des évolutions
"sustainable communities", en 1986. La insatisfaisantes, liées au contexte de
chercheuse française attribue la croissance des consommations, infligeant
reconnaissance véritable du concept sur le des "effets rebonds" aux Plans climat.
Vieux continent à la campagne "Ville Lorsque la chercheuse s’essaie à une
européenne durable" lancée à Aalborg, au typologie européenne des éco-constructions,
Danemark, en 1994. En théorie, souligne-t- elle note un dénominateur commun aux
elle, "la ville durable n’exporte pas le coût différentes approches : "offrir une forte
du développement urbain sur d’autres qualité de vie en ville afin d’endiguer
personnes ou d’autres territoires". Mais elle l’exode périurbain". Les projets urbains,
se traduit dans la pratique locale par une regroupés sous l’appellation d’écoquartiers,
mise en réseau des expériences, ainsi que par intègrent les différentes approches de la
l’intégration de l’écologie urbaine aux "ville durable", très variables selon les
projets. Consciente que ce type de opérateurs. Ces projets naissent dans des
développement n’est pas généralisable, circonstances très diverses, entre ceux issus
Cyria Emelianoff observe que cette des expositions universelles, de grandes
problématique évolue et s’adapte programmations urbaines, ceux initiés par
constamment, mutant du climat vers la ville les habitants, réalisés par les promoteurs ou
dense, questionnant notre rapport à la nature encore ceux nés de nouvelles législations.
et notre empreinte écologique. Cyria Emelianoff nuance cependant quelque
L'essor des politiques climatiques, de peu l’engouement général autour des
mobilité et de densification, les éco- questions de développement durable en
constructions, la mise en place des Agenda insistant sur la difficulté d'obtenir des
résultats sans une évolution rapide des durable mais qui au total régulent fort peu
comportements. Car elle relève la l’urbanisation, hormis dans quelques
contradiction entre d'une part l’évolution des opérations ponctuelles savamment
modes de vie (multi-résidence, taille des médiatisées du type des éco-quartiers. Nous
logements, généralisation des équipements ne devons plus nous payer de mots et
électriques), l’augmentation artificielle des convaincre tous les décideurs que la gestion
coûts des équipements économes par les de l’espace est au cœur du développement
logiques du marketing, la compétitivité durable. Il faut hiérarchiser les interventions
territoriale qui limite la solidarité entre en fonctions de leur impact sur la seule
espaces, et d'autre part les objectifs de la échelle qui vaille face à l’enjeu climatique,
ville durable. l’échelle globale. L’espace doit retrouver sa
D'où la nécessité de mener à bien plusieurs valorisation géographique et
chantiers de la durabilité urbaine : redéfinir environnementale. Il ne peut continuer à être
et redimensionner les solidarités ; faire un simple support de développement soumis
décroître les consommations d’énergies, de à toutes les pressions financières, le plus
matériaux et d’espaces ; favoriser souvent hors de toute cohérence avec les
l’épanouissement de modes de vie qui soient transports et tout autre principe d’économie
des formes d’engagement politique et spatiale. Les solutions existent : conditionner
éthique, pour réinventer un vivre-ensemble : toutes les aides au logement par des critères
"la question environnementale est une de durabilité (plus de 40% des constructions
question sociale". sont aidées), conditionner l’urbanisation par
la proximité des transports publics,
Des éco-quartiers "cache-sexe" aux développer un vaste réseau de bus en site
"petits pas verts" propre, taxer tous les modes développement
en fonction de leur impact environnemental,
Alain Cluzet, Directeur général des services couvrir tout le territoire national de SCOT
de la Communauté d’agglomération du réellement interventionnistes, créer un
Plateau de Saclay et ancien président du fiscalité foncière et de l’aménagement qui ne
CFDU, interpelle la profession sur son privilégient plus la rente, développer
positionnement sur les questions de largement les parcs naturels régionaux car ce
développement durable. « L’urgence sont des outils pertinents pour un
écologique désormais avérée doit conduire à ménagement territorial de qualité, rompre
un changement profond non seulement des avec le primat de l’aménagement –
modes de vie mais, plus difficile encore, de développement du Territoire comme crédo
mode développement dans les toutes unique quel que soit le territoire.
prochaines années faute de quoi le Pour avoir cautionné le mode de
changement climatique sera irréversible, et construction trop rapide et trop mécanique
les ressources de la biosphère compromises. des grands ensembles, les urbanistes sont
Si le constat, largement partagé au sein de la encore trop souvent renvoyés à cette erreur
communauté scientifique était pris en et à plus de modestie Qu’ils ne soient pas
compte dans sa brutalité, cela devrait en aujourd’hui instrumentalisées par un
toute logique conduire notre profession à développement durable omniprésent dans la
modifier radicalement ses pratiques. On ne médiatisation mais bien trop souvent
peut plus se contenter de discours sans marginal dans son impact global ».
lendemains d’outils d’urbanisme pétris de
terminologie propres au développement
D'ores et déjà, ici ou là, on tente d'agir exemple : des habitants s'occupent de
globalement tout en influant sur les l'entretien de plantations - "pour mettre les
comportements ; non sans succès si l'on gens en position d’acteurs". Cela se sent
observe l'expérience du maire (Verts) de dans la ville, au vu, notamment, des chiffres
Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais), Jean- de la délinquance en baisse. Jean-François
François Caron, depuis mars 2001. La ville Caron en déduit "l’importance du décodage
de 7 000 habitants a vu fermer sa mine en de la politique de développement durable
1986, après un siècle d’activité, ce qui a qui est populaire".
engendré de grosses difficultés aussi bien
physiques (le niveau des sols a baissé de 15 Bernard Bézard s'exprime quant à lui
mètres, le réseau d’eau a été endommagé), brièvement pour présenter les Eco-maires,
que sociales et psychologiques. "L’évidence dont il est le vice-président. Cette
que ça ne peut plus durer est plus facile à association rassemble plus de 700
concevoir chez les gens du Pas-de- Calais", communes et intercommunalités et prépare
affirme l'élu local. Conscient de la nécessaire une charte "Vers des quartiers durables en
rupture avec les modes de vie du XXème France". Elle cherche ainsi à promouvoir la
siècle, il prône cependant "la méthode des mixité sociale et à adapter les Programmes
petits pas verts" qui permet d’impliquer les locaux de l’habitat aux principes du
habitants dans la reconstruction de la ville développement durable. C'est aussi de
sur elle-même, et ainsi de faire évoluer les compréhension globale des enjeux politiques
comportements. du développement durable que parle la
directrice de l’habitat de la communauté
Des projets à coproduire d’agglomération du Pays d’Aix (Bouches-
du-Rhône), Janine Bellante. Son approche
Dans cette optique, Jean-François Caron repose sur l'éducation des différents acteurs
travaille sur la qualification des besoins de la à ce qu’implique la prise en compte politique
population, "et non de l’offre", précise-t-il, de ces principes. Aussi "le premier pas
en insérant concrètement la participation des consiste à expliquer aux élus ce que n’est
citoyens dans la démarche globale de pas un quartier durable", afin d’engager un
développement durable de la ville. Lors de la rapport fondé sur une conceptualisation
mise en œuvre de projets, cette participation globale et un vocabulaire communs. Dans
des habitants permet de bien identifier les cette intercommunalité qui représente un
problèmes et de favoriser l’intelligence tiers du département, rassemble 34
collective à travers l'expertise d’usage. Cette communes et 340 000 habitants, ce travail
"coproduction réelle" vise à améliorer d’éducation passe par un effort constant de
l’efficacité de l’action publique, tout en communication, d'autant que
qualifiant les habitants, qui sont eux-mêmes l’intercommunalité ne dispose pas de la
amenés à respecter l’intérêt général en ayant compétence en urbanisme. Réinventer les
pris conscience de la complexité des enjeux. modèles de gouvernance, en particulier
L’élu en sort également légitimé. Du fait de grâce à la charte des Eco-maires, est donc
la relative pauvreté de sa commune, le maire l'objectif du travail de fond qu’elle effectue
répartit "fifty-fifty" la charge du pour responsabiliser tous les maillons de la
fonctionnement des équipements publics - chaîne décisionnaire.
Atelier 5 - Les territoires métropolitains face au manque
d'ingénierie urbaine
La question induite par l'atelier est celle de l'organisation d'une maîtrise d'ouvrage urbaine
à l'échelle territoriale. Si les structures dédiées aux projets (EPA, SEM, etc.) jouent un rôle
de coordination de l'action, les difficultés apparaissent dès le stade du diagnostic et au sein
de la maîtrise d'ouvrage.

Quelle organisation à l'échelle des grands a systématiquement installé ses rebuts, des
territoires ? A Toulouse, tout d'abord, la chantiers navals aux ZUP...". Si la création
question du déséquilibre de la métropole d'une Zone franche urbaine a tout d'abord
entre la ville et sa région nécessite une permis un désenclavement économique, c'est
approche globale. Clarisse Schreiner, l'arrivée du tramway qui a réellement
urbaniste qualifiée, directrice d'étude à conduit les habitants à penser "qu'enfin, ils
l'agence d'urbanisme et d'aménagement de faisaient partie de Bordeaux". Les cinq
Toulouse (AUAT), souligne "la volonté de conventions Anru signées sur l'ensemble du
se mettre en réseau à macro-échelle". Pour territoire ont constitué un levier opérationnel
cela, l'agence s'est intéressée aux spécificités pour son évolution. La cohérence à l'échelle
des villes moyennes à moins d'une heure de des quatre communes s'est construite autour
route de Toulouse en s'interrogeant sur ce d'un "guide programmatique", développé par
qui peut " faire métropole". D'autre part, le GIP. Il s'agissait à la fois d'orienter les
"pour résoudre la question de la choix des décideurs et de rassurer les acteurs
gouvernance", un Groupement d'intérêt sur le bien-fondé de leur action. Cette
public (GIP) a été mis en place afin de servir "démarche, d'abord suggérée, s'est
d'outil à l'échelle du territoire. Une question développée quand les acteurs se sont servis
vient alors de la salle : "comment s'y du guide". Le document mettait l'accent sur
retrouve-t-on dans ce mille-feuille la mission économique, l'unité territoriale
administratif ?" Selon Clarisse Schreiner, sous forme de grand paysage et le
" l'accent mis sur le développement durable développement de la chaîne résidentielle afin
et la cohérence territoriale a imposé de que celle-ci puisse effectivement permettre
repenser la question de l'organisation pour aux habitants de suivre un parcours
répondre à ces objectifs". Elle conclut que résidentiel. Etienne Parin souligne cependant
les arbitrages induits ont permis de "le problème de la transversalité à
"renverser la logique dominant / dominé". Bordeaux" et souhaite la mise en place d'une
Autre périmètre à enjeux, dans le territoire "administration de mission" pour la rive
bordelais, sur la rive droite de la Garonne : droite, en suivant l'exemple du Grand Lyon.
Etienne Parin, directeur du grand projet de
ville Bassens-Cenon-Floirac-Lormont, Un nouveau métier ?
constate que l'image de ce secteur est
particulièrement mauvaise, car "Bordeaux y Une urbaniste du franco-valdo-genevois
soulève alors une question importante quant financière et humaine derrière un projet de
à la terminologie : "on se gargarise de mots cette envergure", s'insurge-t-il. La mainmise
comme "instances de coordination" pour de l'AFTRP sur l'aménagement a entraîné
combler le vide réel de techniciens de "une confusion entre l'aménageur, la gestion
l'urbain. Nous creusons notre propre tombe : de projet et la maîtrise d'ouvrage urbaine" et
il faut des gens derrière les mots". Selon "les logiques opérationnelles l'ont emporté
Clarisse Schreiner, il est indispensable que sur celles du territoire". Depuis la salle,
"l'expérience des urbanistes soit appropriée Nathan Starkmann demande "s'il y a eu
par les élus, pour déclencher le portage débat pour démunir la commune de la
politique". A Toulouse, la coordination a été maîtrise d'ouvrage urbaine". Claude Dilain
réelle grâce à "la finesse du préfet de région, illustre alors son propos par l'exemple d'un
capable de traduire le jargon urbain pour ensemble de Zehrfuss divisé en deux par la
intégrer les élus des collectivités rurales" route. "Nous souhaitions intervenir sur
dans ce travail. Etienne Parin observe un l'ensemble pour ne pas accentuer les
manque de techniciens de l'urbanisme à différences, mais l'Etat ne voulait intervenir
l'échelon administratif, et rappelle qu'on ne que sur une partie. C'est ça, ou on retire les
demande pas la même chose "aux crédits..." L'élu local ne s'est pas senti
administratifs, para-administratifs et soutenu par d'autres collectivités plus
libéraux". Une remarque dans la salle puissantes, comme la Région ou la Ville de
embraye sur "l'apparition d'un nouveau Paris. Une question de l'auditoire souligne
métier", qui ne repose pas sur la l'existence d'instances d'ingénierie à l'échelle
coordination d'opération mais sur la capacité de la région (IAURIF, APUR) concernant le
à faire le lien entre le technique et le positionnement de la métropole. Or pour
politique. "Est-ce qu'il s'agit d'un métier Claude Dilain, "il faut être source de
d'urbaniste " En tous cas, il faut "en définir proposition par rapport au débat, mais qui
la formation, attendue par les collectivités" va faire travailler qui ? et sur quoi ?".
mais pas encore clarifiée. Dans son propre
cas, Etienne Parin défend le travail "de Passer du débat au projet
maîtrise d'ouvrage urbaine" mené par son
équipe de quelques personnes en lien avec Anne-Véronique Vernardet, directrice de
chacune des quatre communes. l'agence d'urbanisme et d'aménagement
Essonne-Seine-Orge, présente le retour au
Dans le cas particulier de l'Ile-de-France droit commun du territoire de l'OIN d'Evry.
apparaît nettement le télescopage entre les Après une présentation exhaustive du
décideurs, notamment entre les communes, territoire, elle met en évidence les difficultés
l'Etat, le conseil régional ou encore la Ville à intervenir sur un ensemble constitué de 40
de Paris. Claude Dilain, maire de Clichy- communes et six intercommunalités en
sous-Bois et président de Ville et Banlieue, grande couronne. "Le problème en Ile-de-
venu présenter l'ingénierie mise en place au France est l'absence d'une grande
cours de la rénovation urbaine sur les communauté urbaine, mais progressivement,
communes de Clichy et Montfermeil, il y a affranchissement du tropisme parisien :
explique que la mise en place du pilotage de ce territoire alimente le fonctionnement
l'opération n'a pas offert à la communauté de métropolitain". Comme l'aménagement
communes, très pauvre, la possibilité de fonctionne sur l'emboîtement des échelles et
porter la maîtrise d'ouvrage urbaine. "Il est des temporalités, il est important pour la
déraisonnable d'avoir si peu d'ingénierie métropole de "passer du débat au projet".
En guise de conclusion, Robert Chicoine,
président de l'ordre des urbanistes du
Québec, et Morched Chabbi, président de
l'association tunisienne des urbanistes,
présentent les démarches qui ont abouti à
l'organisation de la profession dans leurs
pays respectifs. Au Québec, l'Ordre des
urbanistes est institué en tant qu'ordre
professionnel, et négocie même pour obtenir
des actes réservés. L'ingénierie urbaine y est
présente à toutes les échelles
administratives, et les agences libérales
auxquelles font appel les municipalités sont
généralement de grosses équipes. Le métier
est donc bien institutionnalisé. En Tunisie,
les urbanistes, barrés par les architectes, se
sont organisés en se faisant reconnaître au
niveau international par l'Isocarp
(International Society of City and Regional
Planners). La situation tunisienne est par
ailleurs particulière : la récession
démographique fait que le pays ne tend pas à
l'urbanisation, cependant que de vastes
projets émergent grâce aux capitaux
financiers venus du Golfe persique.
Atelier 6 - Le traitement de la complexité dans les démarches
de projet
L'urbaniste qualifié Bernard Perraudin en convient : "tout devient complexe dans notre
société. Mais cet atelier devrait montrer la complexité de projets et démarches parfois
transformée en avantage". Avec en préalable, comme le démontrent les expériences de
terrain présentées, la nécessité d'affiner la compréhension des territoires.

C'est sous l'angle systémique que Bernard Peu de scénarios transversaux


Balcé, ingénieur consultant en organisations Aménageur de la ville nouvelle de Marne-la-
et management pour des entreprises, aborde Vallée, Epafrance est naturellement impliqué
la complexité. Et pour cause : il appartient dans le projet "Villages Nature", prévu en
au conseil d’administration de l’Afscet partie dans son giron. Olivier Baduel en
(Association française de sciences des rappelle les grandes lignes : "Disney et
systèmes), qui se veut un lieu d’échanges Pierre et Vacances l’ont annoncé en 2003.
entre plusieurs disciplines par l’approche Ils rêvent de résidences de tourisme
systémique. Celle-ci, issue de la théorie de "durable" (6 000 lits), sur 560 hectares de
l’information et de la cybernétique, paysage rural. Ce territoire composé en
privilégie un mode transdisciplinaire pour la partie de massifs boisés sera occupé à
compréhension de systèmes complexes. Elle seulement 10 %". Malgré un certain
aide donc à saisir et à tirer parti de la scepticisme des élus, Epafrance souhaite
complexité : "nous avons peur de la monter un projet de développement local.
diversité et des antagonismes. Au contraire, L'établissement public a signé un protocole
l’approche systémique propose de les d’études avec la société "Villages Nature",
exploiter, y compris quand ils relèvent de créée par les deux opérateurs. "Celle-ci mène
l’action humaine. Ainsi, un bon consultant une partie des études, et Epafrance les
doit prendre en compte le facteur humain autres. En 2009, nous devrions aboutir à une
avant de recourir à toutes sortes d’experts". convention de partenariat entre privés et
Justement, Olivier Baduel, architecte public", assure Olivier Baduel.
urbaniste coordonnateur du Val d'Europe à Les études techniques devaient contribuer à
Epafrance, a été confronté aux multiples cerner le projet : "nous pensions que des
expertises préalables à un projet touristique fondamentaux émergeraient du diagnostic
durable : les "Villages Nature". Pour de territoire. Puis nous avons fait travailler
Bernard Perraudin, "cet exemple montre les bureaux d’études transversalement sur
comment le nombre d’études et d’équipes des thèmes : réseaux, énergie, terroir". Cette
techniques rendent difficile la progression démarche a cependant montré ses limites :
vers un projet. Pour mieux le cerner, il a "peu de scénarios transversaux ont émergé.
fallu définir des cibles et un plan d’action Nous ne savons pas évaluer les objectifs ou
durable". contraintes. Et, faute de communication, le
projet est mal perçu localement".
Finalement, les partenaires se sont accordés des habitants et résidents que le périmètre
sur un plan d’action durable. Il définit dix institutionnel ne correspondait pas au
cibles calées sur la méthode "One planet périmètre des pratiques de déplacements des
living", tirée des enseignements de habitants, au périmètre des mobilités.
Bedzed. Mais "des divergences demeurent "Nous avons interrogé les lycéens, les
sur les indicateurs. Par ailleurs, les collégiens et les femmes. Celles-ci comptent
collectivités locales s’impliquent peu ; elles pour 50 % des usagers des transports en
n’ont pas les moyens de se faire un jugement commun ! Les mères savent où et à quelle
fiable". heure les enfants prennent le bus. Elles
connaissent les besoins de déplacements au
Travailler sur les interactions quotidien". Une enquête récente en cours
A la différence de Sabine Barnes, Esther menée par le Mouvement Mondial des
Dubois, Urbaniste qualifiée revendique une Mères met en évidence « face à la
approche intuitive du territoire. Membre du complexité des mobilités, la nécessité de
bureau de l’Afscet, elle recourt à l’approche trouver des leviers. Celui-ci permet de
systémique pour "travailler sur les révéler une dynamique systémique, les
paradoxes, intégrer le désordre, dépasser la mères étant au cœur de la famille, du
normalité, le « hors norme », privilégier la quartier, de la société, des mobilités.
qualité des interactions". Elle cite pour La " charte du territoire en mouvement »
exemple un marché illégal qui génère une permet de réhabiliter ces « liaisons
véritable économie : "l’économie informelle nécessaires », cette complexité pour un
apporte une richesse ; elle relève du clair- projet de mobilité global plus riche,
obscur d’un territoire". La démarche participatif. Cette réalité implique une
d’Esther Dubois est rapportée au lieu. Elle « agilité interactionnelle, reliant la pensée
implique de convoquer l’histoire comme lente, intuitive, primitive à une pensée
substrat fertile, de réhabiliter le vivant, rationnelle, linéaire, un nouveau
l’espace abandonné pour des conjonctures métier : « le savoir relier » !
aléatoires.
Le projet de tram-train de Clichy- Hervé Grossin, responsable du Centre
Montfermeil dépasse l’enjeu technique pour culturel maritime de Nantes, propose une
une dynamique urbaine, co-actrice du autre approche du territoire. Ce centre
territoire, valorisant ces nœuds, réhabituant culturel, créé après la fermeture des
les lieux, « polliisant » les autres chantiers navals, en 1989, propose
patrimoines potentiels, non lisibles à ce jour, d’appréhender le territoire nantais par un
une démarche globale de mobilité. voyage fluvial. Pour Hervé Grossin, "après
Elle relie ces lieux et participe à un projet la fin des chantiers - un choc culturel -, s’est
global, qui relèvent de l’économique, du posée la question de la prise en compte de ce
social , du culturel, notamment Le Stif patrimoine, de cette histoire, dans les projets
(Syndicat des transports d'Ile-de-France) a de réoccupation de friches". Le Centre
réalisé des études de désenclavement et culturel maritime a choisi de sensibiliser les
nous a proposé un tracé, mais nous avons acteurs locaux et les Nantais à leur histoire
décidé de notre propre Plan de déplacement et à leur territoire par la découverte de
Local, multi-échelle, multi-temps et nous l’estuaire. Celle-ci se déroule par une
avons dépassé le cadre de la procédure en navigation sur la Loire, qui livre aux
ne définissant pas de périmètre à priori et en visiteurs des zones non accessibles par les
démontrant par une étude des « temporalités terres... "Nous aidons à déchiffrer ce
territoire. Mais sa complexité demanderait
l’intervention de plusieurs disciplines". D'où
le projet de le faire découvrir aux nouveaux
élus des vingt-cinq communes qui
composent ce territoire. Une découverte qui
relève de l’enjeu économique, mais aussi
éducatif. A ce titre, le Conseil général de
Loire-Atlantique finance des interventions
auprès des collégiens. L’association
intervient aussi à l’université permanente de
Nantes et dans un cursus de sciences de
l’éducation sur la complexité. "Nous
aimerions aller plus loin en créant un
institut de compréhension des territoires",
ambitionne Hervé Grossin. Une telle
initiative devrait trouver aisément son
public.

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