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L’Economie politique n° 63
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ont été relevées suffisamment pour améliorer la stabilité finan- p. 107
cière. Prenons un exemple, celui des « CDO carrés » ou « CDO
de CDO », peut-être le fruit le plus notoirement défaillant de
l’ingénierie financière du secteur bancaire : il s’agit d’un titre
adossé à un titre, lui-même adossé à un portefeuille de prêts
immobiliers résidentiels à des emprunteurs américains dits sub-
prime (à risque). La plupart de ces titres ont été notés AAA par les
principales agences de notation, ce
qui n’a pas empêché leur valeur de Les bulles présentent de fortes doses
s’effondrer rapidement au moment de cupidité, de stupidité et d’effet
de la crise. Quel montant de capi- de levier. On ne peut pas supprimer
tal censé être capable d’absorber la cupidité, ni rendre la stupidité
des pertes les nouvelles et « plus hors la loi ! Mais nous pouvons
strictes » règles de Bâle III exigent- réduire l’effet de levier excessif.
elles pour soutenir 100 euros de
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Oui, mais après avoir fait usage de tous les matelas de capital
disponibles, les nouvelles règles vont aussi forcer les créditeurs
à assumer les pertes éventuelles et non les contribuables.
R. J. : Comment pensez-vous que cela va marcher ? Pour chaque
euro de capital apporté par un actionnaire et capable d’absor- ›››
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Comment cela ?
R. J. : Avec de l’argent aux Etats-Unis. Par la « capture intellec-
tuelle » des décideurs en Occident plus généralement.
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choisir entre la sécurité du système financier et la croissance, p. 109
entre la sécurité et la valeur actionnariale, et entre un système
financier sûr et un système compétitif. Il s’agit là de faux choix
et de mythes pernicieux.
C’est-à-dire ?
R. J. : Le premier mythe est que nous devons choisir entre la
sécurité et la croissance. Le lobby bancaire voudrait vous faire
croire que des exigences de fonds propres plus élevés et moins
de levier entraveront la croissance économique et retarderont
la reprise. « Augmentez les exigences de fonds propres et nous
réduirons nos prêts ! » Vous avez déjà entendu ce genre de
phrase. Je l’entends en ce moment. Mais prenons une minute et
faisons ensemble le calcul. La banque A a un bilan de 1 000 mil-
liards d’euros soutenu par 50 milliards de capitaux propres.
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Et le deuxième mythe ?
R. J. : Quand on leur expose le premier mythe, les banquiers
rétorquent : « Comment pouvez-vous être aussi stupide ! Le
capital coûte cher. Obligez-nous à doubler notre capital et vous
allez réduire le rendement des capitaux propres, endommager la
valeur actionnariale et décourager l’offre de capital bancaire. »
Voilà le mythe numéro deux. Déconstruisons-le en deux temps.
D’abord, le rendement des capitaux propres à court terme
est un mauvais indicateur de la rentabilité à moyen terme et
c’est pire pour ce qui est de la valeur actionnariale. Posez-vous ›››
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réduction de l’effet de levier sera non seulement récompensée p. 111
par une baisse du coût du capital, mais aussi par des coûts plus
faibles pour la plupart des sources de financement – de la dette
bancaire aux dépôts de gros (ceux des entreprises).
Et en termes de parts de marché, la clientèle des banques
les plus solides est en augmentation aux dépens de compéti-
teurs plus faibles. Dans un monde où la prise de conscience des
risques est accrue, ne pas imposer à vos banques une augmen-
tation de capital va certainement détériorer et non améliorer la
compétitivité à long terme. Etendez cette analogie à votre pays
en tant que centre financier : où est-ce que les clients et les
contreparties aiment le plus faire des affaires ? Dans un environ-
nement stable et bien régulé ? Ou dans un autre où l’on enterre
les problèmes et on se défile car les régulateurs ont peur que
leur système bancaire soit trop fragile pour être solide ? Cela va
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p. 112 étant égales par ailleurs, plus de capital réduit la mesure des
rendements des capitaux propres à court terme. Qu’importe que
ce soit la mauvaise mesure et donc le mauvais objectif.
Enfin, il est possible que certains banquiers et conseils
d’administration souhaitent en fait avoir plus de capital, mais
n’osent pas l’admettre car cela menacerait leurs emplois. Parce
qu’ils ont insisté à longueur de temps sur le fait qu’ils étaient
« très bien capitalisés » et parce qu’ils ont manifestement
échoué à faire appel au marché pour se fournir en capital chaque
fois que celui-ci était moins cher. Mais pour ceux que les autori-
tés ont obligés à augmenter leur capital, le cours de leur action
a augmenté de façon significative après coup.
En résumé, les gouvernements et leurs régulateurs ont opéré
et fonctionnent toujours sur la base d’une série de mythes et
de choix fallacieux. Ceci a créé une réforme sous-optimale et
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