Regard Sur L'historiographie Religieuses en Côte D'ivoire

La revue scientifique
Les Cahiers
du CBRST
La science au service de la société
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Les Cahiers du Centre Béninois de la Recherche Scientifique et Technique
ISSN : 1840-703X ; Dépôt légal 6125 du 7/6/2012 ; Deuxième trimestre 2012 ;
Bibliothèque National du Bénin 03 B.P. : 1665 Cotonou (Bénin) ; (229):95957332;
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Pr AVLESSI Félicien ; Prof CLEDJO Placide; Prof da CRUZ Maxime ; Prof DIMON
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Basile ; Prof MENSAH G. A. ; Prof TOSSOU Okri Pascal ; Prof YAYI Eléonore ; Dr
TENTE Brice; Dr YABI Ibourahima ; Dr. Zacharie SOHOU ; Pr. JOSSE Roger ; Pr.
LALEYE Anatole ; Pr. OUMOROU Madjidou ; Prof BOKO Gabriel; Prof MONGBO
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Victorien ; Dr FOURN Elisabeth; Prof GBAGUIDI Fernand; Dr GBANGBOCHÉ A.
B. ; Pr GLELE KAKAÏ Romain ; Prof TCHIBOZO Eric; Pr HONTONFINDE Félix ; Pr
HOUNHOUIGAN Joseph ; Pr KPOVIESSI Salomé ; Pr OYEDE Marc ; Pr. Ag.
FOLLIGAN Bénédiction ; Pr. Ag. YAO-GNANGOURA Victor ; Pr. AKPONA Simon ;
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AHOHOUNKPANZON Michel; Prof AINA Martin ; Prof ALLABI Aurel ; Dr
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relative à la protection du droit d’auteur en République du Bénin.
Centre Béninois de la Cahiers du CBRST, N° 11 juin 2017
Recherche Scientifique Lettres, Sciences Humaines et Sociales
et Technique ISSN : 1840-703X, Cotonou (Bénin)
SOMMAIRE
1. Regard sur l’historiographie religieuse en Côte d’Ivoire…………...1

ADOUBI Thierry Hugues, DEA Lékpéa Alexis
2. Analyse de la pratique du warrantage dans la commune de

Sinendé au Benin……………………………...………………………19
AHO Edouard
3. Variabilité spatiale et tendance de précipitations sur la période

1981-2016 dans le bassin actif du Niger…......................................…37
IDRISSA SOULEY Abdoulkarim, AMBOUTA J.M. Karimou, ALI Abdou,
ADOUM Alkhalil, KADAOURE Ibrahima
4. Le dialogue parent-enfant comme outil éducationnel des

comportements sexuels des adolescents : une étude realisee à Sèmè-
Kpodji/Benin………………...…………………………………..……57
KOUGBEAGBEDE Thierry K.
5. Les facteurs de recrudescence des inondations dans la commune de

Cocody (Abidjan-Côte d’Ivoire)………………………………….….79
BROU Kamenan Marcel, DAKOURI Guissa Desmos Francis, ALLA
Della André, N’KA N’ka Mathias
6. Menaces sur le néré et stratégies de préservation dans les 2KP

(Kerou, Kouande, Pehunco)……………………………………….…98
DANGNON MICHEL Victor, AZALOU TINGBE Fanès, AKOTCHAYE
Nicolas
7. Migrations et transformation d’un espace rural sahélien : cas de

Sapouy, centre-ouest du Burkina Faso…………………………...….124
NANA Patiendé Pascal
8. La martialité comme forme de vie………………………………....141

OUEDRAOGO Mahamadou Lamine
9. Dualité identitaire des femmes dans les écoles militaires du Benin :

féminité préservée et/ou masculinité recherchée ?..........................153
Cahiers du Centre Béninois de la Recherche Scientifique et de l’Innovation ;

03 BP 1665 cbrst@yahoo.fr
ABALOT Emile-Jules, DAKPO Pascal, GAGLOZOUN Alphonse,

LOGOZO Grâce
10. Le maraichage de contre-saison et sa contribution a la réduction de

la pauvreté en milieu rural dans la région des savanes (Togo).….175
LARE Konnegbéne
11. Kofi ANYIDOHO, a poet in a fractured world...............................203

KODJOVI Kangnivi
12. Le nombre dans l’expression de l’apprenant : pour une meilleure

prise en compte de la langue nationale dans les systèmes
d’enseignement……………………………………………………....222
LINGANI Oumar
13. Les soins au nouveau-né : entre tradition et modernisme dans la

région de la boucle du Mouhoun……………………………...…....248
Marie-Thérèse ARCENS SOME
14. Vie affective et appréhension socioculturelle de l’infertilité dans les

couples contemporains au Burkina Faso……………………….….269
ZERBO Roger
15. Migration transfrontalière des mineures et risque d’exposition a la

prostitution : cas de la ville de Malanville au Benin…………...….294
Mahougbé Aimée G SOGLO
16. Urbanisation et contraintes d’aménagement de la ville de Dassa-

Zoume (Benin)…………………………………………………...…..317
Michael Julio HOUNSOUNOU, Serge DANSOU, Auguste HOUINSOU,
José GNELE, Thierry AZONHE, Koba Stéphane KPEKOUN, Odile
DOSSOU GUEDEGBE
17. Mariage tardif des jeunes musulmans en milieu urbain : cas de la

commune de Lomé, Togo……………………………………….…..335
Salamatou BILABENA
18. Facteurs climatiques et anthropiques de la désertification dans le

centre du Benin (commune de Ouesse)…………………………….362

ADIGBEGNON Marcel, BAMISSO Rafiatou, TOTIN VODOUNON S.

Henri, AMOUSSOU Ernest, HOUNDENOU Constant, BOKO Michel
19. Etude des notions de syntaxe de prosodie et de dislocation dans le

Fulfulde du Burkina-Faso…………………………………………..391
DIALLO Adama
20. Economie locale et valorisation des filières porteuses dans la

commune de Dassa-Zoume……………………………...……….…431
AFFORA Jacob T., CLEDJO Placide, ALLAGBE Simon Y. B.
21. Facteurs déterminants l’adoption de l’énergie solaire

photovoltaïque par les ménages du 9eme arrondissement de la
commune de Cotonou……………………………………………….453
Elisée Gildas GBEGNON, Chakirou A. TOUKOUROU, Basile
KOUNOUHEWA
22. Les places publiques dans la ville de Porto-Novo (Sud-Est du Benin)

: typologie, usages et enjeux pour le développement municipal….470
VISSOH A. Sylvain
23. Education des populations pour la valorisation des déchets solides

ménagers et champêtres dans la commune d’Agbangnizoun au
Benin…………………………………………………………………484
GBAGUIDI G. Arnauld Gabriel
24. Violence politique et multipartisme en Côte d’Ivoire : essai

d’analyse des évènements du 18 février 1992…………..………….499
N’GUESSAN MAHOMED B.
25. Aménagement de la forêt classée de Savalou pour une gestion

durable……………………………………………………………..523
GBAGUIDI Morelle O. D. M., OREKAN Vincent O.A., PLAGBETO
Hermann A.,
26. The Narrative Culture of Benin and the Challenge of

Globalization…………………………………………………...……540
SAGBO Sinseingnon Germain

Centre Béninois de la Cahiers du CBRST, N° 11Juin 2017
Recherche Scientifique Lettres, Sciences Humaine et Sociale
REGARD SUR L’HISTORIOGRAPHIE

RELIGIEUSE EN CÔTE D’IVOIRE.
ADOUBI Thierry Hugues,1 DEA Lékpéa Alexis

adoubilegrand@yahoo.fr
RÉSUMÉ
Face à l’étendue de son champ d’étude, face aussi à la pertinence et à

l’abondance des thématiques qui s’en dégagent et surtout face à
l’intérêt de plus en plus croissant que suscite l’histoire religieuse dans
les milieux universitaires, il apparait nécessaire de faire un point des
productions scientifiques dans ce domaine de l’histoire. En Côte
d’Ivoire, les premiers historiens ont investi le domaine religieux dès le
lendemain des indépendances. Et depuis cette époque, les travaux se
sont multipliés sur de nombreuses thématiques. L’objectif de cette
contribution est de mettre à la disposition du chercheur qui s’engage
dans l’étude du fait religieux un document de référence afin d’éviter
de tomber dans la routine ou d’enfoncer une clé dans une vieille
serrure. Cet article fait une analyse des tendances et des principaux
thèmes qui ont intéressé les différents chercheurs ivoiriens qui se sont
engagés dans l’étude du fait religieux depuis la période des
indépendances jusqu’à nos jours.
Mots-clés : historiographie, christianisme, islam, religions,

implantation.
ABSTRACT
In the face of the area of its field of study, in front of also the
relevance and of the abundance of the themes which get free of it and
especially in the face of the more and increasing interest which
arouses the religious history in the university circles, it seems
Assistant au Département d’histoire à l’Université Lorougnon Guédé –

Daloa (Côte d’Ivoire), dea.alexis@yahoo.fr
Centre Béninois de la Cahiers du CBRST, N° 11 Juin 2017
et Technique ISSN : 1840-703X,Cotonou (Bénin)
necessary to make a point of the scientific productions in this domain

of the history. In Ivory Coast, the first historians invested the religious
domain from the day after the independences. And since this time, the
works multiplied on numerous themes. The objective of this
contribution is to put at the disposal of the researcher who makes a
commitment in the study of the religious fact a reference document to
avoid falling in the routine or pushing a key in an old lock. This
article makes an analysis of the trends and the main themes which
interested the various Ivory Coast researchers who made a
commitment in the study of the religious fact since the period of the
independences until our days.
Keywords: historiography, christianity, islam, religions,

implantation.
INTRODUCTION
Le religieux comme objet des sciences sociales – dans

l’historiographie française, sillon dans lequel on écrit l’histoire en
Afrique Noire française – a été d’abord l’affaire des sociologues tels
qu’Emile DURKHEIM, Marcel MAUSS, Gabriel Le BRAS2. C’est
bien plus tard que les historiens s’y intéresseront. Cet intérêt au fait
religieux comme objet d’étude historique aboutit à son
institutionnalisation à la fin du XIXe siècle par la création, en 1880, de
la première chaire d’histoire des religions au Collège de France et, en
1886, une Ve section consacrée à l’histoire des religions voit le jour à
l’Ecole Pratique des Hautes Etudes3. Quoiqu’à tâtons, cette branche
s’est frayée un chemin dans le champ historique. Elle atteint ses lettres
de noblesse avec le courant des Annales qui, dès ses débuts, accorde
un intérêt particulier au fait religieux, en témoigne Les Rois
thaumaturges de Marc Bloch. En France, cette branche pèse pour la
2
C. Delacroix, F. Dosse, P. Garcia, Les courants historiques en France. 19e et
20e siècle. Paris, Armand Colin, p. 230
3
Ibid. p. 231
période 1955-1985 entre 12% à 15% de la production globale4. Cet

intérêt aussi grandissant aguiche notre curiosité et nous pousse à nous
interroger sur la situation dans les milieux universitaires africains. Le
cas de la Côte d’Ivoire retiendra notre attention à travers cet article qui
a pour substance les résultats d’uneétude réalisée au département
d’histoire de l’Université Félix Houphouët Boigny. Cette étude, faite
sous la direction du Professeur KOUAME Aka, a pour titre : la
recherche historique en Afrique. Cette thématique a couvert plusieurs
domaines. Le volet religion, développé par nous, coauteurs de cet
article, a été réalisé à partirdes registres de soutenance du Département
d’histoire, du Décanat de la S.H.S (Sciences de l’Homme et la
Société), du répertoire des thèses soutenues à l’université Félix
Houphouët Boigny de 1966 à 2005, des fichiers mémoires-thèses des
bibliothèques centrales et de l’ex-FLASH de l’université Félix
Houphouët Boigny.Par cette contribution, nous voudrions mettre à la
disposition du chercheur qui s’engage dans l’étude du fait religieux un
document de référence, quoique non exhaustif, afin d’éviter de tomber
dans la routine ou enfoncer une clé dans une vieille serrure. L’objectif
de cet article est de faire une analyse des tendances et les principaux
thèmes qui ont intéressé les différents chercheurs ivoiriens qui se sont
engagés dans l’étude du fait religieux. En Côte d’Ivoire, on dénombre
plusieurs écrits sur la religion. Dans le cadre de cette contribution,
nous avons limité nos recherches aux travaux universitaires à savoir
les mémoires de maîtrise et les thèses regroupés principalement dans
les centres de documentation tels que les bibliothèques des
départements d’histoire et de sociologie de l’Université de Cocody, de
la FATEAC, de l’UCAO (Université Catholique de l’Afrique de
l’ouest), du CERAP (Centre de recherche et d’aide pour la paix) et de
la SIL (Société internationale de linguistique). La collecte des travaux
nous a permis de dégager trois grandes tendances religieuses, ce qui
nous servira d’axe d’étude, il s’agit : du christianisme, de l’islam et
des religions syncrétiques ivoiriennes.
4
C. Langlois, A. Vauchez, « L’histoire religieuse », in François Bedarida,
(dir.), L’histoire et le métier d’historien en France, 1945-1995, Paris, Ed. de
la maison des sciences de l’homme, 1995, p. 313
I- LES ECRITS SUR LE CHRISTIANISME
La religion chrétienne a trois grandes branches toutes représentées en

Côte d’Ivoire : Le catholicisme, le protestantisme et l’orthodoxie. Les
plus répandues et qui ont par conséquent fait l’objet d’études
scientifiques notables sont les deux premières. Ce chapitre nous
permettra de présenter les productions scientifiques sur ces branches
de la religion chrétienne en Côte d’Ivoire.
I-1) La recherche sur le catholicisme
Les premiers chercheurs ivoiriens qui ont étudié le fait religieux

comme objet de l’histoire, se sont intéressés au catholicisme. Comme
le souligne Rubin POHOR5, l’étude d’une religion est souvent faite
par des personnes qui s’intéressent de près au phénomène religieux et
qui, souvent, sont impliquées d’une manière ou d’une autre dans le
champ religieux, soit qu’elles appartiennent à l’Eglise qu’elles
étudient, soit qu’elles en sortent, soit qu’elles gravitent dans le cercle
de ses sympathisants. Ce constat est d’autant plus justifié ici, car les
premiers historiens qui s’intéressent au fait religieux sont des
catholiques qui veulent savoir un peu plus sur leur nouvelle
religion.Les deux premiers à s’y essayer sont Simon-Pierre EKANZA
et Michel BEE. Ils font office de pionniers en la matière. Le premier,
pour l’obtention de son diplôme de maîtrise choisit de travailler sur la
question du Catholicisme et colonisation en Basse Côte d’Ivoire 1895-
1919 (1970). C’est un travail remarquable. Il y évoque les rapports
étroits entre ces deux institutions aux objectifs pourtant différents et
les incidences dans la mise en place du système colonial6. Ce travail à
l’avantage de présenter une vision globale de l’implantation, les autres
travaux qui suivront seront limités dans l’espace. Le deuxième, dans le
cadre de sa thèse de troisième cycle : Les missions chrétiennes en
5
Rubin POHOR est enseignant-chercheur au Département d’anthropologie et
de sociologie à l’Université Alassane Ouattara et, est chargé de cours à la
Faculté Evangélique de l’Alliance Chrétienne (FATEAC).
6
Enerst YAO BI, Côte d’Ivoire : Un siècle de catholicisme, Abidjan, Cerap,
2009, p. 7
Basse Côte d’Ivoire (1970), met en exergue les stratégies des

différentes missions chrétiennes dans la conquête du Sud ivoirien7. A
la suite de Simon-Pierre EKANZA et Michel BEE, Ouattara
TIONA dans son mémoire de maîtrise – Les missions catholiques en
pays sénoufo 1902-1960 (1973) – retrace le processus d’implantation
du catholicisme dans la région nord du pays et son impact sur les
populations locales et certaines de leurs croyances8 ; il est suivi, deux
ans plus tard par Emmanuel Adekin BOKO avec Les missions
chrétiennes en pays adioukrou (1983). Il montre à travers cette thèse
de troisième cycle, la solide implantation de l’Eglise méthodiste dans
cette région et les difficultés de l’Eglise catholique à se frayer un
chemin9. Marchant dans les sillons tracés par ses prédécesseurs, Marc
Kouakou KOUAME, pour l’obtention de sa maîtrise d’histoire
contemporaine, étudie Les débuts de l’Eglise Catholique dans la
région agnibona : 1934-1964 (1989).
Que retenir de ces premières productions ? Le constat est clair, ces

premières recherches sur le catholicisme en Côte d’Ivoire ont tous
privilégié la question de l’implantation : il s’agit des stratégies
d’implantation en passant par les moyens et actions qui ont permis au
catholicisme de s’enraciner solidement en Côte d’Ivoire. Chose qui
n’étonne pas, car le catholicisme étant à ses débuts, il est donc
primordial de connaître les péripéties de son implantation. En effet,
c’est en 1637 que les premiers grains de l’Evangile sont semés sur la
terre ivoirienne par les soins des pères JUSTIN, BERNARD,
ANGELIQUE, COLOMBIN et CYRILLE de la compagnie des
Capucins. Cette initiative fait long feu. En 1687 et 1701, des pères
Dominicains prennent le relais sans succès. En 1844, un évêque
américain, Edward BARRON, tente à nouveau l’expérience ; en 1850
et 1851-1852, c’est au tour des pères du Saint-Esprit : soit au total six
7
Ibidem
8
Ibid.
9
Ibid.
essais restés sans suite10. Il faudra attendre 1895 pour qu’Alexandre

HAMARD et Emile BONHOMME parviennent à implanter le
catholicisme, là où les premières missions ont échoué11. Leurs actions
aboutissent en 1955 à la création de l’Eglise catholique en Côte
d’Ivoire. Ce sont ces aspects, combien importants pour la
connaissance du catholicisme, qui ont intéressés les premières études
sur la question. Dans le cadre du renouvellement de la démarche
historique voulu par l’école des Annales ESC, l’histoire des religions
s’est tournée « vers l’étude du vécu religieux des représentations
religieuses » elle est « passée d’une histoire des institutions et des
doctrines à une histoire vécue du peuple chrétien12. » Si, en France ce
renouvellement historiographique est entré dans les habitudes depuis
les années 60, ce n’est pas le cas en Côte d’Ivoire. Les premiers
travaux à s’inscrire dans cette vision « sociologique de l’approche du
phénomène religieux13 » datent des années 90. Cette nouvelle
approche est inaugurée par Ernest Gnangoran YAO BI à travers sa
thèse Unique de doctorat, L’Eglise catholique en Côte d’Ivoire :
influences du catholicisme sur la société ivoirienne pendant la période
précédant l’indépendance : 1930-1960, (1991). Dans cette thèse, au
titre très évocateur, l’auteur met en exergue les grandes mutations de
la société ivoirienne au contact du catholicisme, une religion
fortement influencée par la civilisation européenne. Cette thèse, sur le
vu de l’importance de la thématique abordée, a servi de base pour la
célébration du centenaire de l’évangélisation de la Côte d’ivoire, nous
a confié l’auteur. C’est dans cette optique de renouvellement des
thèmes que s’inscrit la thèse de troisième cycle de KOUAME
Kouakou Marc : Etat et Eglise catholique en Côte d’Ivoire de 1960 à
10
Thierry Hugues ADOUBI, Curés et paroissiens dans l’archidiocèse
d’Abidjan (1955-2006), thèse de Doctorat Unique, Université Félix
Houphouët Boigny, Département d’histoire, 2015, p. 26
11
Les différents échecs des premières missions sont imputables, d’abord, à
l’hostilité de l’environnement, réputé pour son caractère insalubre, source de
nombreux décès dans les rangs des missionnaires ; vient ensuite la
détérioration des rapports entre populations locales et missionnaires, surtout
lors de la première mission.
12
C. DELACROIX, F. DOSSE, P. GARCIA, Op. Cit., p. 232
13
Ibid.
1990 (1997). L’Eglise étant implantée dans la société, ce que lui vaut
ce caractère d’institution humaine, entretien des rapports étroits avec
cette société, rapport qui aura, inéluctablement une influence sur son
fonctionnement et son dynamisme ; c’est ce qui ressort de cette étude.
Avec ces deux études, l’historiographie religieuse ivoirienne passe de
l’étude de l’institution au vécu ; une véritable rupture
historiographique.
"A beau chasser le naturel, il reviendra au galop", dit l’adage. Les

travaux sur le catholicisme des années 2000 vont exhumer à nouveau
la question de l’implantation. A preuve, les mémoires de maîtrise de
KOUAME Aya Yvonne : La contribution des catéchistes à la mission
d’évangélisation du diocèse de Daloa de 1917 à 1965 (2005) ; de
APPOH Kossia Adingra Irène : Les catéchistes dans le processus
d’évangélisation de la Côte d’Ivoire : le cas de la paroisse Saint
Michel d’Adjamé de 1953 à 1984 (2007) ; ENOH N’Da Magnin
Cécile : La contribution des catéchistes à la mission d’évangélisation
du diocèse de Grand-Bassam de 1982 à nos jours (2007). Sans vouloir
verser dans l’ironie ou sous-estimer ces travaux, on peut affirmer, sans
trop de difficultés que ces travaux particuliers sont les différents
aspects d’un même sujet : Les catéchistes dans l’évangélisation de la
Côte d’Ivoire. Ces travaux sont orientés par la question suivante :
Comment les catéchistes ont-ils participé à l’œuvre d’évangélisation –
on ajoute à cette question la zone géographique concernée. La thèse de
Doctorat Unique de AGOH Akabla épse Kouassi : La christianisation
du pays ébrié 1904-1960 (2008) qui montre comment le pays ébrié
reçoit l’évangile et son impact sur les structures sociales
traditionnelles ; celle de Coulibaly Navigué : Missionnaires
catholiques et société sénoufo 1904-1977 (2010) qui montre comment
le catholicisme arrive en pays sénoufo et son impact sur cette
société sont la preuve que la question de l’implantation est le choix
préférentielle pour toute étude sur le catholicisme en Côte d’Ivoire.
Une telle thématique maintient l’histoire dans l’immobilisme, cela

donne le sentiment qu’on est réfractaire à une évolution
historiographique. Il faut donc sortir de cette zone de prédilection, en
renouant avec le vécu, déjà ébauché dans les années 90 par Yao Bi.
C’est dans cette dynamique que se situe la thèse de Doctorat Unique

de ADOUBI Thierry Hugues14 (2015). Dans cette étude, il montre la
dynamique de l’engagement et des rapports du curé et des paroissiens.
La collaboration curé et paroissien a connu deux grandes phases dans
son évolution. La première phase, c’est-à-dire l’époque tridentine, a
été caractérisée par la prépondérance du curé au détriment du
paroissien selon l’idée qu’il n’y a d’Eglise que la hiérarchie. Dans
cette forme d’organisation, le laïc n’a pas grand rôle à jouer, il est
"assistant" du prêtre, toutes les décisions sont prises sans le consulter,
sans qu’il ait son avis a donné. La deuxième phase ou phase post
vaticane est marquée par un rééquilibrage des rôles entre le curé et les
paroissiens. A travers la théorie de "Peuple de Dieu" curé et
paroissien, par leur baptême, deviennent les deux maillons essentiels
dans l’animation de la vie paroissiale, ils sont désormais dans une
relation de dépendance mutuelle. Des structures de participations sont
alors créés afin de permettre aux paroissiens de jouir pleinement de
leur dignité de baptisé. Par cette nouvelle ligne pastorale, le paroissien
passe du statut d’assistant à celui de "participant", un bond
qualificatif. Cette nouvelle participation va occasionner conflits qui
ont pour conséquence de mettre en mal la cohésion et le dynamisme
des paroisses. On le constate, l’étude du catholicisme en Côte d’Ivoire
privilégie la question de son implantation. Cependant, des chercheurs
comme YAO BI et KOUAME Marc tentent, dans les années 90, de
diversifier les options de recherches sur le catholicisme en mettant à
l’honneur la question du vécu.
I-2 Les écrits sur le protestantisme
Le protestantisme regroupe l'ensemble des courants religieux

chrétiens nés de l'opposition aux orientations prises par le
catholicisme romain durant le Moyen Âge – et qui ont été
définitivement affirmées par Rome au concile de Trente. Cette rupture
est connue des historiens sous le terme de Réforme. Elle a été menée
sous l'impulsion de théologiens tels que Martin LUTHER, Jean
14
Curés et paroissiens dans l’archidiocèse d’Abidjan : 1955-2006, Université
FHB, département d’histoire, 411 p.
CALVIN, Ulrich ZWINGLI, parmi tant d'autres. Quant au terme

« protestant », il est apparu de façon circonstancielle. A la seconde
diète – assemblée où l'on règle les affaires publiques en certains États
– de Spire (1529), des représentants protestèrent contre les décisions
qui portaient atteinte à la Réforme. Cette appellation, d’origine plus
politique que religieuse15 conserve, jusqu’aujourd’hui une résonnance
antiromaine et accentue l’attitude d’ironie. C’est pourquoi, certains
préfèrent le terme « évangélique », moins polémique et souligne le
retour aux sources du message évangélique.
En Côte d’Ivoire, la ruée évangélique débute avec la Mission

méthodiste anglaise qui s'installe dans le sud de la colonie en 1924 ;
suivra, en 1927, la Mission Biblique française qui s’installe dans le
sud-ouest ; la Christian Missionary Alliance (CMA) américaine en
pays baoulé en 1930, la Wolrd wide Evangelization Crusade (WEC)
anglaise en pays Gouro en 1934, la CBFMS dans le nord en 1947, la
Free Will Baptist Mission (FWBM) dans le nord-est en 1958, pour ne
citer que ceux-ci. D’autres suivront, d’autres encore vont se créer sur
place, soit par scission, soit par "révélation". A en croire
l’anthropologue ivoirien, Bony GUIBLEHON, on note plus de 450
dénominations et 25 fédérations ou confédérations protestantes
évangéliques16. Les mieux connues sont : Union des Eglises
évangéliques, services et œuvres de Côte d’Ivoire (UEESOCI),
Alliance Chrétienne Missionnaire de Côte d’Ivoire (CMA), Eglise
Méthodiste Unie de Côte d’Ivoire, (EMUCI), Eglises Evangéliques
des Assemblées de Dieu de Côte d’Ivoire (EEADECI), Eglise
Evangélique de Réveil de Côte d'Ivoire (EERCI), Église Protestante
Baptiste Œuvres et Mission Internationale17, etc.
Les historiens ivoiriens ne sont pas vite intéressés au courant
évangélique dans leurs recherches. Les premiers à s’y intéressés sont
15
Mémo Larousse, Paris, Larousse, 1989, p. 329
16
Bony GUIBLEHON, « Les jeunes et le marché de la spiritualité pentecôtiste
en côte d’ivoire », in European scientific journal, october edition vol. 8, no.24
17
Ibidem
des théologiens tels que KOUAKOU André Kouadio18, KEO

Kognon19, TANOH Jean Claude20, YEO Gona Timothée21 ; ou des
sociologues tel que POHOR Rubin22. Les premiers travaux d’histoire
sur la question sont des mémoires de maîtrise. Le premier est celui de
Brou CHO23 où elle présente un vaste tableau de l’Eglise protestante
Baptiste Œuvre et Mission ; tableau qui prend en compte la naissance
de cette église, d’une part ; son action missionnaire et l’évolution
numérique des fidèles, d’autre part ; son organisation et son ouverture
sur les autres confessions chrétiennes protestantes par le CIAMEL,
enfin. Le second, celui de GOORE LOU Benhuè Laurentine24 montre
comment, depuis son implantation en terre ivoirienne, l’Eglise des
Assemblées de Dieu a-t-elle évolué au point d’être aujourd’hui une
Eglise mature et autonome. Le premier à avoir consacré une étude
plus élaborée à la question est KOUASSI Célestin. En effet, dans sa
thèse Unique de Doctorat25, il montre le dynamisme de la mission
chrétien CMA dans la société dont la vie politique évolue avec la
colonisation ; aussi, montre-t-il comment cette mission est aujourd’hui
identifiée au peuple baoulé.
18
Les ministères dans les églises protestantes d’Afrique, thèse de doctorat de
3e cycle, Strasbourg, Faculté de théologie protestante, 1980, 294 p.
19
Le défi de l’unité de l’Eglise à travers l’histoire du protestantisme en Côte
d’Ivoire 1924-1960, mémoire de maîtrise en théologie, FATEAC, Abidjan,
1997, 112 p.
20
La WEC (World wide Evangelization Crusade) en Côte d’Ivoire. Stratégie
d’évangélisation et impact socioreligieux, mémoire de maîtrise en théologie,
FATEAC, Abidjan, 2007, 130 p.
21
La mission Baptiste en Côte d’Ivoire de 1947 à 2007 : analyse des principes
missiologiques et perspectives, mémoire de maitrise en théologie, FATEAC,
Abidjan, 2008.
22
La contribution des Eglises protestantes au développement de la Côte
d’Ivoire à travers l’éducation1945-1993, thèse de doctorat unique, Paris,
EPHE, 1999
23
Eglise protestante Baptiste Œuvre et Mission 1975 à 1995, mémoire de
maîtrise, Abidjan, département d’histoire, 1996, 160 p.
24
Les Assemblées de Dieu en Côte d’Ivoire des origines à nos jours, mémoire
de maîtrise, Abidjan, département d’histoire, 1999, 166 p.
25
Evolution et dynamique de la mission chrétienne CMA (Christian
Missionary Alliance) en pays baoulé de 1919
Que retenir de tous ces travaux ? Nous notons, de prime abord les
thèmes étudiés portent presque sur la question de l’implantation. Ils
ont pour l’essentiel porté sur la période missionnaire et présentent
toutes les démarches et stratégies mises en œuvre par les
missionnaires pour implanter la religion chrétienne Côte d’Ivoire. On
le constate encore ici, que les premiers travaux s’inscrivent dans le
même champ de prédilection que les travaux sur le catholicisme, à
savoir la question "brulante de l’évangélisation". Cependant, si
certains travaux ont ébauché la question de l’œuvre sociale des
églises, la quintessence est l’évangélisation. On ne peut parler
d’évangélisation sans faire allusion à la question sociale, car l’œuvre
sociale a toujours accompagné l’évangélisation de la Côte d’Ivoire.
A ces travaux, il faut noter la thèse de Alexis DEA qui a portésur
L’union des églises évangéliques du sud-ouest de la Côte-d’Ivoire
1927-1982 : dynamisme d’implantation et pratique religieuse. Cette
thèse de doctorat unique a certes abordé la question de l’implantation,
mais insiste plus sur les pratiques. Par cet aspect, il entre dans la
thématique du vécu, la nouvelle tendance historiographique religieuse.
L’auteur a su allier, dans une même étude, les questions
d’implantation et du vécu. Si l’auteur a abordé la question de
l’implantation, cela s’explique par le fait qu’il est le premier historien
à s’intéresser à cette communauté évangélique. C’est une question de
logique, on ne peut véritablement plancher sur le vécu des fidèles
d’une religion sans au préalable présenter cette religion, c’est-à-dire
comment est-elle née et son évolution dans l’espace.Sur les 450
probables dénominations en Côte d’Ivoire, seules les Eglises des
Assemblées de Dieu, de la CMA et l’UEESOCI ont été l’objet
d’étude. C’est un vaste champ de recherche qui pourrait intéresser
ceux qui se passionnent pour la thématique religieuse.
II- LES ECRITS SUR L’ISLAM
L’islam a fait l’objet de plusieurs études. Nous avons recensé un

ensemble très significatif de mémoires et thèses. Contrairement aux
écrits sur le christianisme, ceux sur l’islam sont beaucoup diversifiés.

II-1- La question de l’implantation
Cette question a beaucoup intéressé les historiens qui travaillent sur le

christianisme et les islamologues ivoiriens. Plusieurs travaux ont été
consacrés à la question. Le premier à s’y aventurer a été TRIAUD
Jean Louis qui a travaillé, dans le cadre de sa thèse de 3e cycle, sur La
pénétration de l’Islam en Côte d’Ivoire, notes et documents pour
servir à l’histoire des musulmans de Côte d’Ivoire 1900-1935, (1971).
Avec ce travail, il fait office de pionnier de la question. De cette thèse,
l’auteur en tirera un ouvrage, Ligne de force de la pénétration
islamique en Côte d’Ivoire26. Il y retrace les traits généraux de la
pénétration islamique en Côte d’Ivoire. Au début du XIXe siècle la
diffusion de l’Islam en Côte d’Ivoire s’opère selon un modèle
plusieurs fois reproduit au cours des siècles du Nord au Sud. Avant la
seconde Guerre Mondiale, la communauté musulmane est solidement
implantée dans ses nouvelles bases et elle a obtenu sa reconnaissance
officielle de la puissance coloniale. L’Islam a pris donc racine, le
fameux mur de la forêt a été franchi. Une nouvelle étape dans cette
progression cyclique de l’Islam vers le Sud est atteinte. Cette
pénétration islamique s’est faite sans chef, mais avec des
commerçants, des militaires illettrés de l’administration coloniale et
des ouvriers du chemin de fer. Des années plus tard, suivront d’autres,
cette fois-ci dans le cadre de mémoires de maîtrise. BAMBA
Fatoumata, pour l’obtention de la maîtrise étudie L’Islam dans la
région des lagunes de 1913 à la fin des années 70, (2004). Cette étude
montre comment les migrations de populations favorisent l’avènement
de l’islam dans le sud ivoirien et ses conséquences dans cette région.
TOURE Abdoulaye, dans son mémoire, Sékou Diané et la diffusion de
l’Islam dans le Niéné au XXe siècle (1871-1925), (2003), montre
comment Sékou Diané a-t-il pu amener des populations si diverses et
en majorité animistes a embrassé l’islam comme religion à une époque
où le colonisateur véhiculait une autre idéologie dans le Niéné.
KEÏTA Sékou Oumar s’intéresse à L’Islam à Treichville des années
1917 à 1954, (2004). Dans cette étude, il montre d’abord comment
l’islam arrive à Treichville, ensuite, il planche sur l’organisation et
26
Paris, Librairie Orientaliste Paul Gueuthner, 1974, 160 p
l’évolution des umma27 ; enfin il y consacre une réflexion sur la nature

des relations entre musulmans, l’administration coloniale et
l’implication de la communauté musulmane de Treichville dans la vie
politique ivoirienne. KAMARA Adama s’est intéressé à
L’islamisation de Bouna : des origines à la conquête Samorienne,
(2004) ; il y fait, d’abord la présentation du site étudié avant la
pénétration de l’Islam, ensuite fait la lumière sur la pénétration de
l’Islam et, enfin montre comment Bouna a rayonné comme centre
d’instruction islamique pour sombrer après le passage de Samory.
Dans cette même optique, on peut citer entre autres : Les arabisants et
la diffusion de l’Islam en Côte d’Ivoire28, L’islamisation du
Koyadou29, etc.
II-2- Rapports islam société et politique.
Ces travaux évoquent les rapports qu’une religion peut entretenir dans
la société où elle prend forme. Ce sont là, des thématiques très
intéressantes et très innovantes. Pour s’en convaincre, il n’est que se
référer à ces travaux :
- Ibrahima HAÏDARA, L’Islam en Côte d’Ivoire et les pèlerins
ivoiriens, (1986) ; il y aborde la vie religieuse, la question wahabbiya
et le pèlerinage aux lieux saint de l’islam.
- Marie MIRAN, Islam, histoire et modernité en Côte d’Ivoire. Cette
thèse publiée30 montre les principales mutations socio-économiques de
la Côte d’Ivoire au contact de l’islam. Sur une terre, considérée
comme zone de prédilection du christianisme, l’islam réussi à
s’implanter et à se frayer un chemin dans ce paysage qui lui semblait
être hostile. Son développement rapide et fulgurant lui a permis d’être
aujourd’hui un acteur incontournable dans le champ religieux ivoirien
et de participer au développement socio-économique du pays.
27
Communauté des musulmans au-delà de leur nationalité et de la
parcellisation des pouvoirs politiques qui les gouvernent.
28
KONE Drissa, Mémoire de maîtrise, 2005
29
KONE Seydou, Mémoire de maîtrise, 2007
30
Karthala, France, 2006, 546 p
- BAKAYOKO Siaka, Les centres d’enseignement islamique à Daloa

(1905-1958)31. Il s’agit de la contribution des établissements
islamiques dans la diffusion de l’Islam à Daloa. Ces établissements
sont d’abord la famille et la mosquée qui transmettent les
connaissances élémentaires de la pratique religieuse. Ce sont ensuite
les écoles coraniques à partir de 1914 et les Medersas en 1952. Ces
centres ont largement contribué à la diffusion de l’Islam avec
l’évolution de l’enseignement d’une éducation à la formation de la
communauté musulmane.
Il existe plusieurs autres études très intéressantes, on peut citer en

autres : L’histoire des communautés confrériques en Côte d’Ivoire,
entre autonomie et dépendance des années 20 à 196332 ; L’Islam à
Grand-Bassam et en Côte d’Ivoire forestière : origines, croissances,
blocages et conflits33 ; L’islam dans les lieux de détresses de 1920 à
1998 : les cas du Centre Marchoux du CHU de Treichville et de la
MACA34 ; La problématique de l’islamisme dans les relations
internationales de 1979 à 200135 ; Les mutations politiques et sociales
de la communauté musulmane en Côte d’Ivoire 1946 à 199936,
En somme, on retient que les spécialistes de l’Islam ont beaucoup

abordé la question de la pénétration et par ricochet celle du contact
entre l’Islam et les civilisations traditionnelles africaines. Au-delà de
cette approche, les historiens ivoiriens de l’Islam ce sont intéressés à
la question de la vie de certaines communautés ou congrégations
islamiques.
III- TRAVAUX SUR LES RELIGIONS SYNCRETIQUES
31
Mémoire de Maîtrise 2006, Abidjan Université de Cocody, Département
d’Histoire, 95 p
32
BAMBA Mamadou, Mémoire de Maîtrise, 2003
33
SALL Souleymane, Mémoire de Maîtrise, 1987
34
SYLLA Alaman,Mémoire de maîtrise, 2005
35
CAMARA Moritié, Thèse Unique de Doctorat, 2005
36
BAMBA Mamadou, Thèse Unique de Doctorat, 2009
Les religions syncrétiques restent encore un champ quasiment vierge

dans la recherche historique en Côte d’Ivoire. Un seul auteur, un
sociologue, s’y est intéressé, il s’agit de GIRARD Jean dans sa thèse
de doctorat d’Etat, Dynamique de la religion et de l’Eglise Deïma
communauté chrétienne indépendante de Côte d’Ivoire, soutenue à
l’Université de Paris en 1970. Plusieurs raisons expliquent ce
déséquilibre. D’abord, les centres de formations et les universités
religieuses se répartissent de manière disproportionnelle entre les
différentes religions. Les écoles chrétiennes sont très nombreuses et
souvent bien organisées par rapport aux écoles musulmanes. Les
autres n’en ont presque pas. Il en résulte que les intellectuels chrétiens
sont le plus souvent attachés à leur religion. Au niveau des
établissements supérieurs, l’Eglise catholique dispose d’une université
et de plusieurs établissements. En conséquence, les productions
scientifiques concernant cette église sont plus nombreuses. Or l’islam
ne disposant d’établissements supérieurs, seul quelques universitaires
s’y intéressent.
CONCLUSION
Ce regard sur l’historiographie religieuse de la Côte d’Ivoire aura

permis d’abord de comprendre l’évolution thématique de son histoire
religieuse. Si la question de l’implantation a préoccupé les pionniers
de l’histoire du christianisme, cette première tendance tend à s’effacer
au profit de nouvelles tendances comme le vécu du peuple chrétien ou
le rapport stratégies missionnaires pratiques religieuses.
L’étude aura aussi permis de faire ressortir le déséquilibre « notoire »
entre le volume des productions sur l’islam et celui des productions
sur le christianisme. Le constat est que les chercheurs se sont plus
intéressés à l’islam qu’au christianisme. Enfin, l’étude a révélé que les
travaux sur les religions africaines font pratiquement défaut dans les
productions universitaires de Côte d’Ivoire. Le domaine des églises
syncrétiques reste aussi un champ vaste et fertile qui devrait attirer les
historiens ivoiriens.
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département d’histoire, Mémoire de Maîtrise.
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1963, Mémoire de Maîtrise
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la fin des années 70, mémoire de maîtrise, 122 p.
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cycle ; Université de Paris faculté des lettres et sciences humaines,
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1975 à 1995, mémoire de maîtrise, Abidjan, département
d’histoire, 160 p.

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22. KONE D., (2005), Les arabisants et la diffusion de l’Islam en Côte
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23. KONE S., (2007), L’islamisation du Koyadou, mémoire de
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Mémoire de Maîtrise, Abidjan Université de Cocody, Département
d’Histoire, 112 p.
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26. KOUASSI C.,(2006), Evolution et dynamique de la mission
chrétienne CMA (Christian Missonary Alliance) en pays baoulé de
1919 à 1960, thèse de 3e cycle
27. Mémo Larousse, (1989), Paris, Larousse,
28. MIRAN M., (2006), Islam, histoire et modernité en Côte d’Ivoire.
Thèse unique de doctorat, 546 p.
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Sénoufo de Côte d’Ivoire 1902-1960, Mémoire de Maîtrise,
Université de Bordeaux III, 210 p.
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Niéné au XXe siècle (1871-1925), Mémoire de Maîtrise, Abidjan
Université de Cocody, Département d’Histoire, 102 p.
31. TRIAUD J. L., (1971), La pénétration de l’Islam en Côte d’Ivoire,
notes et documents pour servir à l’histoire des musulmans de Côte
d’Ivoire 1900-1935, thèse de 3e cycle, Paris Sorbonne, 674 p.
32. SALL S., (1987), L’Islam à Grand-Bassam et en Côte d’Ivoire
forestière : origines, croissances, blocages et conflits, Mémoire de
Maîtrise, Paris I, 151 p.
33. SYLLA A., (2005), L’islam dans les lieux de détresses de 1920 à
1998 : les cas du Centre Marchoux du CHU de Treichville et de la
MACA, mémoire de maîtrise,
34. YAO Bi G. E., (1991), L’Eglise Catholique en Côte d’Ivoire :
influences du catholicisme sur la société ivoirienne pendant la
période précédant l’indépendance (1930-1960), thèse de doctorat
d’histoire contemporaine (Régime de thèse unique) Université de
Paris I Sorbonne, 482 p.
35. YAO BI G. E, (2009), Côte d’Ivoire : Un siècle de catholicisme :
Abidjan, Cerap, 176 p.


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II- LES ECRITS SUR L’ISLAM

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II-1- La question de l’implantation

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