Sie sind auf Seite 1von 6

Science et médecine

Dossier spécial
Femmes et maladies hémorragiques : quelles spécificités ?
La maladie de Willebrand touche aussi bien les femmes que les hommes. L’hémophilie peut également affecter les femmes :
on compte un certain nombre de conductrices qui présentent des symptômes, et quelques cas exceptionnels d’hémophilie.
Pour chacune de ces maladies, la prise en charge des femmes n’est pas en tout point identique à celle des hommes : elle
pose au contraire des questions bien spécifiques. C’est pourquoi il nous a semblé important de leur consacrer ce dossier.

Conductrices de l’hémophilie :
ce qu’il faut savoir
Par le Dr Valérie Gay, médecin spécialiste de l’hémophilie au centre de traitement
de l’hémophilie (CTH) de Chambéry, avec la collaboration du Dr Sandra Fert Ferrer,
généticienne au centre hospitalier de Chambéry.

Pour une femme issue d’une famille d’hémophiles, il est


très important de connaître son statut de conductrice Un nouveau-né dont la mère
est conductrice sera mieux pris
et les incidences de ce statut sur la vie quotidienne. en charge, qu’il soit ou non
hémophile, dans un centre
Et ce afin que la prise en charge des chirurgies hospitalier spécialisé.
et des grossesses se passe au mieux.

I Comment savoir si l’on est


conductrice ?
L’arbre généalogique effectué au cours d’une
Comment s’effectue le diagnostic ?
Le diagnostic se fait donc d’abord par un dosage
phénotypique : dosage du facteur VIII, du fac-
consultation de génétique permet déjà, en fonc- teur IX et des facteurs Willebrand, en évaluant la
tion de la parenté avec l’hémophile, de détermi- proportion de chacun. Mais comme les facteurs
ner si l’on présente le risque d’être conductrice VIII et IX sont variables dans le temps, ces calculs
(lire l’encadré). ne sont pas très précis.
Pour en être sûr, il faut faire doser le facteur VIII Le diagnostic n’est formel que par la recherche de
ou le facteur IX (selon le type d’hémophilie — A ou la mutation du gène ou analyse génotypique2.
B — dans la famille) dans des conditions propices : Dans tous les cas, il est important de déterminer,
il faut éviter de faire un dosage en cas de grippe si possible, la mutation du gène chez l’hémophile
1• Rizza C.R. et al., ou lors d’un épisode de stress. pour affirmer le diagnostic. Cela permet de mener
British Journal of
Haematology, 1975 ; En général, chez les conductrices de l’hémophilie une analyse directe des conductrices potentielles.
30 : 447-56. A, le taux de facteur VIII se situe autour de 54 % On peut ainsi proposer à ces femmes, si elles le
2• Le gène du facteur IX
étant plus petit que bien qu’il puisse varier entre 22 et 116 %1, alors souhaitent, un diagnostic prénatal lorsqu’elles
celui du facteur VIII, que les femmes non conductrices ont des taux sont enceintes3.
il est plus facile d’iden-
tifier l’hémophilie B que de facteur VIII plus élevés, autour de 96 %.
l’hémophilie A. Pour
les hémophiles A, dans
50 % des cas, il s’agit
d’une mutation de
Seulement 2 % des conductrices de l’hémophilie
A ont un taux de facteur VIII inférieur à 30 %.
Mais le taux de facteur VIII avoisine le plus sou-
I Qui peut faire une recherche
de mutation du gène ?
Il faut savoir que selon la loi du 23 juin 2000, une
l’intron 22, qui est
facile à rechercher. vent 50 %. Cela s’explique par le fait qu’un seul recherche de mutation du gène ne peut être effec-
Mais pour les autres chromosome X est atteint, alors que l’autre X est tuée que chez des patients majeurs ou qui retirent
cas d’hémophilie A,
la recherche est plus normal et compense en partie le déficit du X un bénéfice direct de la connaissance de l’ano-
longue car le gène est malade : le taux de facteur VIII se situera donc la malie. Cela pose donc le problème de la recherche
de très grande taille.
3• Sur le diagnostic préna- plupart du temps autour de la moitié de la chez les petites filles. Nous conseillons, avant de
tal : voir le numéro normale (100 %). faire ces recherches, de voir si la petite fille a des
spécial de la revue,
n° 156, décembre 2000, On observe le même phénomène chez les conduc- signes hémorragiques ou si elle est exposée, du
page 8. Voir aussi trices de l’hémophilie B. fait d’une chirurgie, par exemple. Dans ce cas-là,
www.afh.asso.fr,
rubrique « Traitement un dosage de facteur VIII ou de facteur IX peut
de la maladie ». être d’abord envisagé.

10 Hémophilie 176 • Décembre 2006


Dossier spécial femmes
Comment la maladie se transmet
L’hémophilie est une maladie
héréditaire qui ne touche en Le père transmet le gène La mère peut transmettre la conductivité
théorie que les garçons. La de l'hémophilie à ses filles à ses filles et l'hémophilie à ses garçons
maladie se transmet de géné-
ration en génération par les
hommes hémophiles et
par les femmes appelées
« conductrices ».
En effet, l’hémophilie résulte XY XX Pour 20 % à 30 % XY XX
d’une anomalie sur le gène des cas d'hémophilie,
du facteur VIII ou celui du la maladie apparaît
XX XX XY XY « de novo », XX XX XY XY
facteur IX qui se trouve sur le
c'est-à-dire
chromosome sexuel X. Un sans antécédents
garçon reçoit un chromo- familiaux.
some X de sa mère et un
chromosome Y de son père.
Comme il ne porte qu’un seul Les garçons héritent de leur père le chromosome Y Filles ou garçons héritent d'un des deux
sain. Ils ne seront pas hémophiles. Mais les filles chromosomes X de la mère. Les filles peuvent
chromosome X, si celui-ci héritent obligatoirement du chromosome X atteint. être conductrices et les garçons hémophiles.
porte le gène anormal, le Elles seront « conductrices obligatoires ». Le risque de transmission est de 1 sur 2.
garçon sera malade. Une fille
reçoit deux chromosomes X, Hémophile Conductrice

un de son père et un de sa
mère. Si un des deux X porte le gène anormal, le deuxième X normal compense en partie le déficit et
l’expression clinique chez la femme est rare. Mais elle porte l’anomalie et peut la transmettre : elle est
dite « conductrice ».
De ce fait, peuvent être conductrices :
© toutes les filles d’un homme hémophile ; on parle alors de « conductrices obligatoires » ;
© la sœur d’un garçon hémophile ou la fille d’une femme conductrice ont un risque sur deux d’être
elles-mêmes conductrices ;
© la mère d’un hémophile est très probablement conductrice, a fortiori si elle a deux garçons
hémophiles ;
© les collatéraux d’un hémophile (toutes les femmes du côté maternel, même de parenté éloignée).

En théorie, s’il n’y a pas de bénéfice direct pour Elles sont dites symptomatiques. Au quoti-
la petite fille, il est préférable d’attendre qu’elle dien, il peut y avoir des risques, surtout lors
ait atteint la majorité pour faire cette recherche des sports de contact et lors de la prise d’anti-
de mutation du gène, laquelle nécessite d’ailleurs inflammatoires.
un consentement écrit du patient. Il est préconisé de faire un bilan de coagulation
en cas de chirurgie, notamment avant une

I
Quelles incidences le statut extraction dentaire ou une intervention ORL.
de conductrice peut-il avoir Les premières règles de la patiente peuvent être
sur la vie quotidienne? abondantes, nécessitant une exploration de la
Dans la plupart des cas, les patientes conductri- coagulation. Mais, le plus souvent, comme pour
ces de l’hémophilie ont des taux de facteur VIII les maladies de Willebrand, le facteur VIII et le
ou IX supérieurs à 30 %, ce qui n’engendre pas de facteur IX ont tendance à augmenter dans la
saignement. Elles n’ont donc aucun signe clini- deuxième partie du cycle, juste avant les règles.
que et sont dites asymptomatiques.
Si le taux est inférieur à 30 %, elles peuvent avoir Quel traitement ?
des signes cliniques : ecchymoses, saignements En cas de règles abondantes ou d’hémorragie lors
au moment des règles ou lors d’une chirurgie. des premières règles, le diagnostic sera fait par le

Hémophilie 176 • Décembre 2006 11


Science et médecine
Dossier spécial femmes

gynécologue au vu du bilan de coagulation. Un transfusion. Un accouchement non traumati-


traitement par œstroprogestatif (« pilule ») ou par que est conseillé.
antifibrinolytique peut être indiqué. © Il faut contre-indiquer l’utilisation de ventou-
Par ailleurs, la desmopressine (Minirin IV® ou ses, de forceps et éviter les prélèvements de
OCTIM® Spray) peut normaliser le taux de facteur sang sur le cuir chevelu fœtal.
VIII et être utilisé en prévention d’extractions © Une péridurale pourra être réalisée si les fac-
dentaires, de règles abondantes ou d’autres teurs de coagulation sont supérieurs à 50 %.
signes de saignement. L’utilisation de la desmo- © Dans les suites de l’accouchement (post-
pressine nécessite un test préalable dans un partum), le risque hémorragique est augmenté
centre de traitement de l’hémophilie, pour juger chez les femmes conductrices. Il est donc
de son efficacité. conseillé de surveiller l’absence de problème
hémorragique chez ces femmes jusqu’à quatre

I Grossesse et accouchement :
comment cela se passe-t-il ?
La nature est bien faite : il y a, en général, une
ou cinq jours.
© En cas de saignements pendant l’accouche-
ment, la desmopressine pourra être utilisée
augmentation notable des taux de facteurs de juste avant la césarienne ou après clampage
coagulation pendant la grossesse. Cette augmen- du cordon. Elle n’est pas contre-indiquée lors
tation est maximale entre la 29e et la 35e semaine de l’allaitement.
pour le facteur VIII. L’augmentation est moindre © Quant au nouveau-né, potentiellement hémo-
pour les déficits en facteur IX et en facteur XI. phile, il faudra lui prélever un bilan sanguin
Il est, de ce fait, préconisé de faire un dosage du à la naissance, en évitant les injections intra-
facteur VIII ou du facteur IX chez les femmes musculaires.
conductrices de l’hémophilie au troisième trimes- Un enfant d’une patiente conductrice d’hémo-
tre de la grossesse, soit vers 32-34 semaines4. philie sera mieux pris en charge, qu’il soit ou
4• Greer I.A. et al., 50 % de facteur suffisent pour une coagulation non hémophile, dans un centre hospitalier
British Journal of normale et permettent de mener à bien une gros- spécialiste de cette problématique.
Obstetrics and
Gynaecology, 1991; 98: sesse et un accouchement.
909-18. Lors du suivi de la grossesse, au vu des résultats En conclusion
5• Demers C., Journal of
Obstetrics and des taux de facteurs entre la 32 e et la 34 e La symptomatologie des conductrices d’hémo-
Gynaecology Canada, semaine, les recommandations finales pour philie est peu connue. Nous conseillons aux
2005 Jul. ; 163 : 719-
732. Kadir R.A., l’accouchement seront données5. patientes de se renseigner pour savoir si elles sont
Haemophilia, 1997; 3: © Il est préconisé de faire accoucher la femme symptomatiques ou pas, et de connaître leur taux
81-86.
conductrice dans une maternité de niveau 3 de facteur de coagulation dans la vie courante et
avec présence, dans l’hôpital, d’un hématolo- au cours de leurs grossesses, afin d’éviter toute
gue, d’un service de pédiatrie et d’un centre de complication.

Commission « Femmes et hémophilie »


Une journée d’information sur les conductrices
Créé en 2004, le groupe « Femmes et hémophilie » fait désormais partie des commissions nationales de l’AFH. L’objectif est de soutenir et
d’informer les femmes touchées dans leur famille par l’hémophilie ou la maladie de Willebrand (lire notre revue n° 175, pages 8 et 9).
Dans cet esprit, une journée nationale d’information sur les conductrices d’hémophilie a été organisée le 1er octobre dernier à Paris. Au
cours d’un exposé détaillé, le Dr Jocelyne Peynet, du CTH du Chesnay, a mis en garde contre certaines fausses croyances. Par exem-
ple : un taux normal de facteur VIII ou IX n’élimine en rien la possibilité d’être conductrice. Autre rappel : l’importance du déficit chez la
conductrice n’est pas corrélée avec la sévérité de l’hémophilie dans la famille. Le Dr Peynet recommande donc à toutes les femmes qui
ont connaissance de l’existence d’un hémophile dans leur famille de consulter un centre de traitement de l’hémophilie (CTH ou CRTH)
afin d’évaluer les risques hémorragiques personnels, mais aussi les possibilités de transmission à la descendance. « Une femme conduc-
trice bien informée évite pour elle-même les complications, mais peut aussi contribuer à la diffusion de l’information auprès des femmes
de sa famille (filles, sœurs, cousines et tantes du côté maternel) », souligne-t-elle.

Pour plus d’informations : contactez Murielle Pradines, responsable de la commission « Femmes et hémophilie » (coordonnées
au dos de la revue). De nombreux projets sont en cours !

12 Hémophilie 176 • Décembre 2006


Dossier spécial femmes
Femmes hémophiles : elles existent !
Ce dossier médical ne pouvait ignorer le cas des femmes hémophiles :
nous parlons bien de femmes hémophiles et non de conductrices
ni de malades de Willebrand. Ces patientes sont fort rares… mais
elles existent ! C’est ce que rappelle Olivia Romero-Lux, du comité
AFH Ile-de-France, maman d’une fille hémophile.

« Chacun sait que l’hémophilie est une maladie transmise par la mère
à l’enfant mâle. » Mais qu’en est-il des quelques cas, certes rares, de
filles hémophiles ? Le risque est indéniablement très limité. Mais contrai-
rement à ce que disent encore certains médecins à de futures mères
Emma,
9 ans, fille conductrices, le risque zéro chez les filles n’existe pas. La preuve : notre fille
hémophile A est hémophile A sévère.
sévère.
Lorsque mon mari et moi expliquons le statut pathologique de notre famille, nous
suscitons au mieux surprise et étonnement, au pire, incrédulité et dédain de la part de certains praticiens.
Que faire en cas d’urgence, lorsque l’hématologue de garde qui vous voit arriver avec votre fille conteste
le diagnostic posé de longue date par l’équipe extrêmement compétente qui la suit ? « Vous plaisantez,
une fille hémophile, vous devez confondre… » Ce genre de réflexion n’est certes pas monnaie courante,
mais nous l’avons déjà entendu.
L’objectif de notre témoignage est de susciter la curiosité des médecins, de remettre en question les
connaissances que l’on pense maîtriser, d’inviter chacun d’entre nous à conserver une âme d’enfant, c’est-
à-dire à ne pas considérer que tout est acquis.
A notre connaissance, le nombre d’hémophiles de sexe féminin se compte sur les doigts d’une main en
France. Quelle que soit la raison génétique qui explique la naissance d’une petite fille hémophile (père
hémophile et mère conductrice, inactivation du chromosome X...), il convient de savoir qu’elles existent,
qu’elles sont fort rares mais bien présentes dans le paysage de l’hémophilie.
Certes, pour les filles comme pour les garçons, la prophylaxie est mise en place selon des critères simi-
laires et les accidents hémorragiques sont de même nature. Néanmoins, les questions soulevées par
l’existence de ces quelques cas sont nouvelles. Elles portent avant tout sur le passage à la puberté.
Comment gérer cette étape cruciale dans la vie d’une jeune femme ? Quels sont les protocoles envisagés
par les médecins ? Quelles sont les précautions à prendre en cas de grossesse et durant l’accouchement ?
Notre famille n’en est pas encore là. Mais n’oublions pas les autres.
C’est là que l’Association française des hémophiles joue un rôle important. La mission de l’association se
veut complémentaire de celle des médecins. Au-delà d’une information médicale, elle permet aux famil-
les, aux patients atteints d’hémophilie ou de la maladie de Willebrand d’échanger expériences et points
de vue, tout en fournissant soutien et réconfort aux personnes concernées. Sa mission est également
d’informer le corps médical des aspirations des adhérents, d’être un interlocuteur privilégié auprès des
pouvoirs publics. Pour que chacun soit représenté, écouté et entendu.

Olivia Romero-Lux

Pour en savoir plus…


Sur les femmes conductrices de l’hémophilie ou malades
de Willebrand :
• « Dix questions sur la maladie de Willebrand » • Une brochure sur les conductrices d’hémophilie
(pour les hommes et les femmes). est en train d’être rédigée par le groupe de travail
• « Femme et maladie de Willebrand : quel « Cometh - FIDEL’HEM - Education », regroupant
risque hémorragique et quel traitement ? » : médecins et infirmières spécialisés en hémophilie.
c’est le titre d’une brochure destinée aux Destinée aux patientes, elle devrait sortir courant
médecins, qui a été réalisée par le Dr Annie 2007.
Borel-Derlon. Ces trois brochures sont éditées par le LFB.

Hémophilie 176 • Décembre 2006 13


Science et médecine
Dossier spécial femmes

Femmes et maladie de Willebrand


Contrairement à l’hémophilie, la maladie de Willebrand
touche aussi bien les femmes que les hommes. Quelles sont
collaboration avec le centre de traitement de l’hé-
les incidences gynécologiques de cette pathologie ? Quelles mophilie et des maladies hémorragiques (CRTH).
précautions faut-il prendre ? Le Dr Annie Borel-Derlon*,
Est-ce que les ménorragies et les métror-
responsable du centre régional de traitement de l'hémophilie
ragies interviennent dans tous les types
de Basse-Normandie (CHU de Caen), répond à nos questions. de la maladie de Willebrand ?
* Médecin hématologiste, maître de conférences des universités. Elles sont fonction de la sévérité du déficit en
VWF : les saignements sont donc plus abondants
dans les types 1 sévères, les types 2 et les types 3.
Quels problèmes particuliers la maladie de
Willebrand pose-t-elle chez les femmes ? Quels traitements sont utilisés pour
Dr Annie Borel-Derlon : Le facteur Willebrand les épisodes hémorragiques en dehors
(VWF) étant essentiel à l’hémostase primaire, son des règles ?
déficit s’exprime principalement par des hémor- © La desmopressine (Minirin IV® ou Octim
ragies muqueuses, notamment des ménorragies spray® intranasal) après test thérapeutique
(règles hémorragiques). Il peut aussi exister un satisfaisant ; essentiellement dans le type 1.
risque de complications hémorragiques à l’accou- © Le traitement substitutif par injections intra-
chement ou dans les premières semaines qui sui- veineuses de facteur Willebrand (Wilfactin®‚ et
vent l’accouchement, en particulier au moment plus rarement Wilstart® [VWF + FVIII] en cas
du retour de couches, s’il n’y a pas de suivi médi- d’urgence et de déficit sévère en FVIII associé).
cal ou de traitement approprié. © L’Exacyl peut être conseillé en cas de saigne-
ment muqueux non grave ou en association
Les conductrices de l’hémophilie et les avec une autre thérapeutique.
patientes atteintes de maladie de Willebrand
En cas de maladie de
ont-elles les mêmes symptômes ? Quelle est la contraception la plus
Willebrand de type 1, Les syndromes hémorragiques peuvent être sem- recommandée ?
la grossesse et l’accouche- blables : hémorragies post-traumatiques et post- La contraception orale reste la plus recomman-
ment doivent être surveillés,
mais ils se déroulent souvent chirurgicales, règles abondantes. Mais chez les dée. Toutefois, quelques observations d’implanta-
sans problème. En revanche, femmes porteuses des types 2 et 3 de maladie de tion d’un stérilet Miréna ont été rapportées
chez les types 2 et 3, la
grossesse nécessite une Willebrand, le risque hémorragique - en particulier comme contraceptions efficaces sans entraîner de
surveillance très étroite. pendant la grossesse et à l’accouchement - est plus ménorragies.
sévère que chez les conductrices d’hémophilie A.
Quelle surveillance faut-il instaurer pour
Comment se passent les règles pour la grossesse et l’accouchement ?
les femmes atteintes de la maladie La grossesse et l'accouchement doivent être sur-
de Willebrand ? veillés en cas de maladie de Willebrand de type 1,
Elles peuvent être plus longues et plus abondan- mais ils se déroulent souvent sans problème.
tes que la normale : il s’agit de ménorragies, qui En effet, les taux de FVIII et VWF augmentent
sont parfois à l'origine d'une anémie, lorsque le durant les neuf mois de grossesse chez la plupart
taux de fer ne suffit pas à la bonne fabrication des femmes atteintes.
des globules rouges. On peut aussi observer des En revanche, chez les types 2 et 3, la grossesse
métrorragies, saignements gynécologiques en nécessite une surveillance très étroite. Dans cer-
dehors des règles. tains cas, on est amené à faire un traitement subs-
La contraception orale est à favoriser afin de titutif (sans risque pour la mère ni pour le bébé).
contrôler les saignements. En cas de contre-indi- Il s’agit tout simplement d’une prophylaxie qui
cation, les métrorragies peuvent être traitées par permet d’éviter les complications hémorragiques
l'Octim spray® (spray nasal) pour les patientes (telles qu’un hématome rétroplacentaire) qui peu-
atteintes de la maladie de Willebrand de type 1 qui vent survenir, en particulier au cours du dernier
ont une réponse satisfaisante à la desmopressine. trimestre de la grossesse. J’ai pour ma part suivi
La maladie de Willebrand implique donc un suivi récemment avec succès deux grossesses d’une
gynécologique particulier, qui doit se faire en femme atteinte de maladie de Willebrand de type 3,

14 Hémophilie 176 • Décembre 2006


Dossier spécial femmes
avec prophylaxie pendant le 3e trimestre. L’anesthésie péridurale est-elle contre-
L’accouchement se fait, lui aussi, sous traitement indiquée ?
substitutif. On traite un accouchement chez une © Pour la maladie de Willebrand de type 1 avec
femme Willebrand type 3 avec un schéma théra- normalisation des taux de VWF et de FVIII, il
peutique proche de celui d’une chirurgie. n’y a pas de contre-indication à condition de
Après l’accouchement, les taux de FVIII et VWF s’assurer de taux normaux de ces facteurs dans
diminuent et reviennent très rapidement aux le mois qui précède l’accouchement.
valeurs de base pour les trois types de maladie de © En revanche la péridurale est contre-indiquée
Willebrand avec un risque de « retour de couches » pour les types 2 et 3.
précoce.

Les différents types de la maladie de Willebrand*


La maladie de Willebrand est une maladie hémorragique héréditaire liée à un déficit en facteur Willebrand
associé à un déficit en facteur VIII (facteur manquant dans l’hémophilie A).
Le facteur Willebrand (VWF) est une protéine plasmatique qui sert au transport et à la stabilisation du
facteur VIII (FVIII). Il est indispensable aux deux étapes essentielles de la coagulation : l’hémostase primaire et
la coagulation plasmatique. Le déficit en FVIII est secondaire au déficit en VWF et de sévérité variable.
On distingue 3 types principaux de maladie de Willebrand qui sont fonction du type de déficit en VWF (quan-
titatif ou qualitatif). Il est important de noter que les formes sévères de la maladie sont très rares, même
si la maladie, toutes formes confondues, touche 1 % de la population générale.

© Type 1 : maladie de Willebrand la plus fréquente (environ 80 % des cas). Il s’agit d’un déficit quantitatif –
rarement grave – en VWF. Les symptômes : des bleus (ecchymoses), des saignements des gencives (gingi-
vorragies) ou du nez (épistaxis)… Cela dit, la maladie est souvent asymptomatique et peut rester longtemps
méconnue ; il est courant que le diagnostic soit fait à l'occasion d'une chirurgie lors du bilan préopératoire,
de soins dentaires, ou, pour une jeune fille, lors des premières règles qui peuvent être particulièrement
abondantes.
© Type 2 : le VWF est affecté d’une anomalie fonctionnelle et/ou structurale. Il existe de nombreux sous-types :
2A, 2B, 2M, 2N… L’expression hémorragique de ces différents sous-types est variable et dépend essentiel-
lement de la gravité de l’anomalie du VWF. A noter : le type 2B est parfois compliqué d’une thrombopénie
(déficit en plaquettes) et le type 2N est caractérisé par un déficit en FVIII plus sévère que le déficit en VWF.
© Type 3 : déficit quantitatif sévère ou total en VWF. 1 personne sur 500 000 est concernée. Les accidents
hémorragiques sont fréquents (hématomes, hémarthroses) et éventuellement graves.

* Lire aussi la revue n° 167, juin 2004, pages 21 à 24. Voir aussi la fiche d’information disponible sur le site www.orpha.net

Une transmission autosomique, généralement dominante :


un parent atteint transmet dans 1 cas sur 2 la maladie à son enfant
(fille ou garçon).
Le gène du facteur Willebrand
est situé sur le chromosome 12.
© Absence de pathologie : la
paire de chromosomes 12
n’est pas touchée.
© Maladie de Willebrand de
types 1 et 2 (transmission
autosomique dominante) : un
des deux chromosomes est
atteint (paire hétérozygote).
© Maladie de Willebrand de
type 3 : les deux chromoso-
mes sont généralement
atteints (paire homozygote
ou double hétérozygote).

Hémophilie 176 • Décembre 2006 15

Das könnte Ihnen auch gefallen