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DOM PIUS PARSCH

GUIDE DANS L'ANNÉE LITURGIQUE

INTRODUCTION

Nihil obstat IMPRIMATUR


F. MAINIL, cens. Libr. Tornaci, die 25 Julii 1935
J. LECOUVET, Vic. Gen.

Traduit de l’allemand sur la 11e édition


Par l’Abbé Marcel GAUTIER
ÉDITIONS SALVATOR Mulhouse (Haut-Rhin) 1935

Le texte figurant par larges extraits sur le net


et dans sa presque intégralité sur
http://www.introibo.fr/ et http://casimir.kuczaj.free.fr/Francais/CUM%20SPIRITU%20TUO/annee-liturgique.htm

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PRÉFACE DU TRADUCTEUR

L’ouvrage que nous présentons au public de langue française fait partie des nombreuses et
intéressantes publications de l’apostolat liturgique dont le centre est le monastère de Klosterneubourg, près
de Vienne. Dans sa première préface, l’auteur raconte la genèse de son livre. Il avait d’abord publié en 1923
un petit calendrier liturgique de trente pages, qui ne comprenait guère que la nomenclature des fêtes. L’année
suivante, ce petit opuscule se grossit de remarques et de développements pour chaque semaine. D’année en
année, devant le succès croissant de son ouvrage, l’auteur se décida à augmenter la matière et à y rassembler
toute la somme des enseignements liturgiques de l’année. Finalement le calendrier liturgique annuel se tirait
à 20.000 exemplaires et l’auteur pouvait déclarer : “ Ce calendrier a rempli une mission ; il a contribué à
pénétrer les catholiques de langue allemande, de l’esprit liturgique. ” Plusieurs lecteurs avaient demandé à
l’auteur de faire paraître un calendrier perpétuel, qui serait à la fois un livre d’éducation et de méditation
liturgique dont ils pourraient se servir tous les ans. C’est pour les satisfaire que le R. P. Parsch composa cet
ouvrage en trois volumes qui a connu un succès inouï. Nous espérons qu’il connaîtra le même succès auprès
des lecteurs de langue française et contribuera à développer la piété liturgique. La vie liturgique est la
conscience de plus en plus profonde de notre filiation divine et de notre union au Christ. Par le baptême nous
sommes les membres du corps mystique de Jésus-Christ et c’est la vie du Christ qui circule en nous comme
la sève du cep circule dans les rameaux. L’auteur insiste beaucoup sur cette grande doctrine du corps
mystique qui constitue la trame des Épîtres de saint Paul et sans laquelle on ne comprend pas le sens profond
de la liturgie. C’est pourquoi il nous montre, dans tout le cours de l’année liturgique, comment nous devons
intégrer notre vie spirituelle à la vie du Christ conformément à cette parole de l’Apôtre : “ Ce n’est plus moi
qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. ” Il ne s’agit pas, bien entendu, de confondre le Christ réel et le Christ
mystique et nous pensons que le lecteur ne s’y trompera pas.

PRÉFACE DE L’AUTEUR

C’est avec une joie reconnaissante et une humble fierté que l’auteur constate les bienfaits dont son
livre a été cause et la diffusion qu’il a obtenue. Le “ Guide de l’Année liturgique” est connu dans toutes les
parties du monde. Il est devenu, pour des centaines et des milliers de prêtres et de laïcs, un guide, un
conseiller et un éducateur à travers l’année ecclésiastique. Les missionnaires l’emportent dans leurs
lointaines stations, dans les monastères, on le lit au réfectoire. Le livre est arrivé à 120.000 exemplaires.
Puisse-t-il continuer de remplir la mission que lui a assignée la divine Providence. La disposition de
l’ouvrage est la même que dans l’édition précédente. C’est toujours un calendrier perpétuel dont on peut se
servir tous les ans. Par suite, il est inévitable qu’on soit obligé, presque chaque jour, de le feuilleter à deux ou
trois endroits. La raison, c’est que l’année liturgique et le calendrier des saints ne coïncident pas et que la fête
de Pâques est mobile. Il y a, par conséquent, tous les ans, entre le temps férial et les fêtes des saints, un
décalage. Il faudra donc chercher les pensées liturgiques d’une seule journée en différent endroits du livre.
Ce ne sera pas une difficulté pour ceux qui sont déjà habitués à la liturgie ; quant aux commençants, ils s’y
mettront très vite. Notre livre comprend, comme le missel et le bréviaire, un temporal (proprium de tempore)
et un sanctoral (proprium de sanctis). En outre, dans le temps qui suit la pentecôte, époque où le culte des
saints est prédominant, on trouvera, en plus, une partie commune. Quant à ce qu’il faut lire chaque jour, les
lecteurs n’auront qu’à consulter le calendrier liturgique qui paraît chaque années à leur intention.

Abbaye de Klosterneubourg, 1933


PIUS PARSCH

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LE GUIDE DANS L’ANNÉE LITURGIQUE

POUR FORMER LA VIE LITURGIQUE

La liturgie ne se contente pas de nous indiquer la manière d’accomplir le service de Dieu, l’opus Dei,
dans des formes précises, perfectionnées par l’Église au cours des siècles. Elle veut aussi façonner notre vie
entière, à condition que nous suivions ses lois internes et en fassions la norme de notre vie. On peut donc
réellement parler d’une vie liturgique. Cette vie liturgique s’écarte, en bien des points, de celle qui est
actuellement en usage et que nous appellerons subjective. Cette vie liturgique objective peut revendiquer, en
face de la vie liturgique subjective, son antiquité et la noblesse de son origine. Elle n’est autre que la piété et
la vie de l’ancienne Église et de la Bible.

I.

Demandons-nous maintenant comment notre piété et notre vie


doivent prendre une forme liturgique.

Il faut tout d’abord signaler ceci : l’esprit subjectif, égocentrique, des derniers siècles, doit de plus en
plus disparaître de notre vie religieuse. Si nous ne comprenons pas nettement cela, il est inutile de parler de
vie liturgique. On peut se servir pieusement de son bréviaire et de son missel sans être jamais entièrement
liturgiste. Car la liturgie a un corps et une âme. Le corps c’est la forme, la parole, l’action ; l’âme c’est
l’esprit de la liturgie et c’est cet esprit que nous devons faire nôtre. Cela n’est pas l’œuvre d’un jour. Mais il
faut y arriver. Certaines personnes y arrivent du premier coup. Dès qu’elles ont aperçu cette distinction, les
écailles leur tombent des yeux et elles comprennent clairement l’esprit liturgique. D’autres n’y arrivent
jamais. On perd son temps à vouloir discuter et donner des arguments de raison. Comment arriver à
comprendre l’esprit liturgique ? Exerçons-nous avec zèle à la liturgie. Cessons de dire : “ moi ” dans nos
prières et disons : “ nous ”. Cherchons dans notre piété la communauté et tenons-nous aux formes de la
liturgie. Ne nous arrêtons pas aux exercices et aux objets extérieurs de la religion, mais pénétrons de plus en,
plus au centre. Que notre prière et notre vie soient christocentriques et théocentriques. Considérons la piété
moins du point de vue de l’homme que du point de vue de Dieu. Pensons un peu moins à nos péchés et
davantage à la joie d’être rachetés. Il s’agira donc souvent d’une transformation spirituelle et d’une révision
des valeurs religieuses. Il faudra nous attendre peut-être à la contradiction dans notre paroisse, de la part de
notre pasteur, de notre entourage.

En somme, voici par où il faut commencer : former en nous un état d’âme objectif, théocentrique.

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II.

Pour bâtir l’édifice de notre vie spirituelle transformée, il faudra lui donner une triple base :
la vie divine – l’Eucharistie – l’Église

a) La vie divine

En quoi consiste notre sainteté ?


Elle ne consiste pas, en premier lieu, dans nos efforts vers la perfection ni même dans nos vertus. Elle
consiste surtout dans l’accroissement et le développement, en nous, de la vie sainte de la grâce. Cette vie est
tout d’abord indépendante de notre concours ; c’est une œuvre divine. Dans le Baptême et la Confirmation,
nous avons été sanctifiés ; nous sommes sans cesse sanctifiés de nouveau par l’Eucharistie. Cette vie sainte
de la grâce n’est pas seulement la condition préalable de la vertu et de la perfection ; c’est le but perpétuel et
propre de notre vie. Si donc nous voulons modeler notre vie selon la liturgie, nous devons avoir le souci de
faire croître et mûrir en nous la vie divine. Laissons Dieu opérer dans notre âme.

b) L’Eucharistie

Les deux plus grands moyens dont Dieu se sert pour agir dans notre âme sont le Baptême et
l’Eucharistie.
Les deux font un tout. Le Baptême dépose en nous le germe de la vie divine ; l’Eucharistie le développe.
L’Eucharistie est, pour ainsi dire, un Baptême sans cesse renouvelé. Comme le Baptême, l’Eucharistie fait
mourir à chaque fois un peu plus le vieil homme et revivre un peu plus l’homme nouveau. L’accroissement et
la maturité de la vie divine s’accomplissent donc dans l’Eucharistie. Cela nous fera comprendre sa position
centrale dans l’Église. Il faut cependant comprendre l’Eucharistie dans son essence. Elle existe moins pour
continuer la présence du Christ sur la terre que pour être un sacrifice et une nourriture de nos âmes. Elle rend
présent le sacrifice rédempteur, elle est l’aliment de notre vie de grâce. Elle est le sacrifice commun de la
famille de Dieu ; elle est l’acte le plus élevé de notre culte et la source de toutes les grâces. Si l’on veut
donner à sa vie une forme liturgique, il faut placer l’Eucharistie au point central. Cela doit s’entendre tout
d’abord de la messe du dimanche.

c) L’Église

La troisième base de la vie liturgique est la communauté dans et avec l’Église.


Il faut que nous recommencions à voir dans l’Église notre Mère, le corps mystique du Christ, l’Épouse
immaculée du Christ. Nous ne nous présentons pas devant Dieu comme des individus séparés, mais dans la
communion sainte avec l’Église. Chacun de nous est pécheur, misérable ; mais, en tant que membre de
l’Église, il est saint et immaculé. Aussi nous devons rechercher la communion avec l’Église dans toutes nos
actions religieuses, dans la prière, dans le sacrifice, dans la vie. La communion des saints doit être pour nous
un dogme très important. C’est l’union avec les habitants du ciel, l’union des chrétiens entre eux. “ Vae soli !
” (Malheur à celui qui reste seul !). Au temps de l’individualisme on croyait que la personnalité était tout et
que la communauté nous diminuait. Ceux qui voulaient être des “ surhommes ” s’imaginaient qu’ils
pourraient, comme des titans, élever une tour qui monterait jusqu’au ciel. “ Vous serez semblables à Dieu,
vous connaîtrez le bien et le mal ”. Les fruits de cette semence satanique ont été le subjectivisme, le
rationalisme, le nationalisme, le matérialisme et les erreurs modernes aux noms multiples. Il faut revenir à la
communauté, à la communauté religieuse comme à la communauté sociale. Il faudra encore beaucoup de
travail pour arracher l’humanité contemporaine à l’égoïsme, à l’isolement, à la division et à la fierté de caste.
Pour la vie liturgique, spécialement, l’esprit de communauté est une des conditions préalables les plus
importantes. La vie divine, l’Eucharistie et l’Église sont les bases sur lesquelles doit s’édifier la vie
liturgique.

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III.

Il nous faut parler maintenant de là répartition liturgique du temps.

La liturgie entoure le temps de notre vie de quatre cercles concentriques.


Elle sanctifie le jour, la semaine, l’année, notre vie entière.

a) Le jour liturgique

L’Église a donné au jour une forme liturgique d’une grande beauté.


Elle l’a fait : 1° par la célébration de la messe ; 2° par la prière des Heures ; 3° par les fêtes des saints.
Sans doute un laïc est moins complètement enserré dans les mailles de ce filet sacré que ne l’est un clerc. Il
lui reste cependant de nombreuses possibilités de donner à sa journée, sous une forme abrégée, une figure
liturgique. Et - remarquons-le ici - c’est justement le but de ce livre, d’extraire les pensées liturgiques de
chaque journée, pour permettre à chacun d’en tirer profit pour sa vie. Si l’on consacre chaque soir un petit
quart d’heure à la préparation du jour suivant, on y trouvera certainement utilité et édification. Le point
culminant, le soleil du jour, c’est l’Eucharistie. C’est le culte religieux suprême ; mais c’est aussi la source
intarissable où nous puiserons des forces pour la journée. Quand on peut assister quotidiennement à la messe,
on dispose d’un grand trésor de vie. On doit s’efforcer alors de pénétrer de plus en plus profondément dans
l’intelligence de la messe, afin qu’elle devienne vraiment le sacrifice de notre œuvre quotidienne. Autour de
la messe évoluent, comme les planètes autour du soleil, les Heures de prière. Le chrétien qui veut donner à sa
vie une forme liturgique doit s’adonner aussi à la prière des heures. Il le fera peu à peu et progressivement. Il
se contentera d’abord d’une prière liturgique le matin et le soir. Aux autres heures du jour, il fera tout au
moins des oraisons jaculatoires. A tierce, il invoquera le Saint-Esprit ; à sexte et à none Jésus crucifié. Plus
tard, il arrivera certainement à réciter chacune des prières des Heures qui sanctifient le jour. Pour donner au
jour sa forme liturgique, il faut absolument prendre l’habitude de réciter une prière des Heures, si courte soit-
elle. Le culte des saints peut aussi faire progresser notre vie religieuse. Nous lirons la courte biographie du
saint du jour et nous nous efforcerons d’imiter ses vertus particulières. Ne sommes-nous pas, dans la messe,
en étroite communion avec ce saint ? Chaque jour nous lirons un passage de l’Écriture, soit une page de
l’Évangile, soit un extrait de l’Écriture occurrente. C’est ici qu’il faut appliquer la règle : Nulla dies sine
linea.

b) La semaine liturgique

La semaine, elle aussi, constitue une unité dont Dieu a donné le modèle dans l’œuvre créatrice des six jours.
La semaine est sanctifiée par le dimanche. Le dimanche est le grand jour liturgique ; c’est le jour de la
commémoration du baptême, c’est le jour de la vie divine. La célébration convenable du dimanche doit
attirer toute l’attention du chrétien. Notre époque irréligieuse essaie de faire disparaître la différence entre le
dimanche et les Jours ordinaires. Nous ne devons pas l’imiter. Quel aspect doit donc présenter un dimanche
idéal ? Dès le samedi soir, nous en commençons la célébration par la préparation spirituelle. Plus qu’en tout
autre jour, c’est le dimanche que nous devons réciter toute la prière des Heures : le samedi soir, les vêpres et
les matines ; le dimanche matin, les laudes et prime ; avant la messe, tierce ; l’après-midi, les vêpres. Le
dimanche, le corps est revêtu de l’habit de fête qui est le symbole de la robe festivale de l’âme. Qu’on se
rende à la messe sans précipitation, solennellement. La messe du dimanche est le grand sacrifice de la
semaine entière. Qu’elle soit, autant que possible, une célébration de communauté. Le travail, la souffrance
et la prière de la semaine, nous portons tout cela à l’autel au moment de l’offertoire. La communion du
dimanche nous confère des forces de grâce pour la semaine à venir. L’instruction du dimanche sera le
programme de vie pour cette semaine. Le dimanche est un jour de Dieu, un jour de joie, un jour de repos, un
jour de rénovation spirituelle. Son rôle est de sanctifier la semaine qui suit. La célébration convenable du
dimanche contribue essentiellement à la formation de notre vie liturgique.

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c) L’année liturgique

L’année ecclésiastique, avec ses temps et ses fêtes, est d’une importance primordiale pour la tonalité de notre
vie liturgique. Il faut nous adapter à ce rythme. Ce qu’est la succession des saisons pour la nature, les
époques de l’année liturgique le sont pour la vie de notre âme. Et cette année liturgique est au service de la
vie divine. Au sens le plus profond, les deux grandes périodes festivales, Noël et Pâques, sont les deux
sommets de la vie de grâce. Entre ces sommets, l’Église et l’âme rencontrent, deux fois par an, la plaine et un
fleuve. La plaine ce sont les temps de préparation ; le fleuve, ce sont les fêtes des saints. Quelle abondance
de joie spirituelle, d’édification et de force n’offre pas, pour notre vie, l’année ecclésiastique ! Il importe
donc d’entrer de plus en plus profondément dans l’esprit de l’année liturgique.

d) Sanctification de la vie

Le cercle le plus vaste, celui qui entoure notre vie entière, est la sanctification de cette vie par l’Église, grâce
aux sacrements et aux autres moyens de salut. Ce dernier cercle, lui aussi, est tout entier au service de la vie
surnaturelle. C’est de ce point de vue que nous devons considérer l’organisation des sacrements. Il faut ici
commencer par le sacerdoce.
En premier lieu, le Christ a donné à son Église un sacrement spécial pour lui fournir des ministres,
des moyens de salut et pour ainsi dire des générateurs de la vie surnaturelle. Le prêtre est le dispensateur des
mystères de Dieu. Comme nous devrions, chrétiens éveillés à une vie nouvelle, apprécier la grâce du
sacerdoce, remercier Dieu de ce grand bienfait et en user comme il faut !
En second lieu, Dieu a institué un sacrement qui doit fournir la condition préalable de la vie divine :
la vie terrestre. C’est le sacrement de mariage. Le mariage, lui aussi, est au service de la vie divine. Ainsi
donc ces deux sacrements du sacerdoce et du mariage posent les bases de la vie divine des individus. Le
mariage nous donne le générateur de la vie terrestre ; le sacerdoce, le générateur de la vie divine. Il faut en
outre que le mariage soit sanctifié, afin que sur le tronc naturel de la vie terrestre puisse être greffé le noble
rameau de la vie divine. De ce fait se tire une application importante : le mariage est la pépinière de la vie
divine. Les époux reçoivent, dans le sacrement de mariage, la grâce qui leur permettra de faire, des enfants
de leur chair, des enfants de Dieu.
Ce n’est qu’ensuite (après ces deux sacrements) que l’on peut songer au baptême. C’est la
renaissance, une seconde naissance, beaucoup plus précieuse que la première parce qu’elle enfante l’homme
à une vie plus haute. Le Baptême élève donc à une forme nouvelle de vie ; par lui l’homme reçoit la vie
sainte, il devient membre du corps du Christ. Le chrétien doit, par conséquent, entretenir en lui avec zèle la
pensée de son baptême. L’Église lui facilite ce devoir, car tout son programme d’éducation tend à ce but. Le
Carême et Pâques sont destinés à retremper l’âme dans l’esprit de filiation divine que lui a communiqué le
baptême ; chaque dimanche marque un rappel et comme un renouveau de cette vie baptismale.
Le sacrement institué par le Christ pour entretenir et développer la grâce du baptême est
l’Eucharistie. Son rôle est de maintenir, de nourrir et de faire mûrir la vie divine. Le Christ le dit
expressément : “ Celui qui ne mange pas ma chair n’aura pas la vie en lui ” (Jean VI). On le comprendra
facilement par la comparaison avec la nourriture matérielle. Nous mangeons pour accroître notre vie, pour
réparer les forces perdues, pour nous protéger de la mort, pour surmonter les maladies, pour être en état de
travailler. Il faut en dire autant de l’Eucharistie par rapport à la vie divine.
Pour affermir cette vie divine et nous donner dans l’ordre surnaturel le sens de la virilité, Dieu a mis
à notre disposition un sacrement spécial, la Confirmation. La Confirmation est le sacrement de la maturité,
de l’affermissement dans la vie divine et donne spécialement la force de professer sans crainte la foi
catholique.
Dieu nous a donné encore deux autres sacrements pour réparer les déficiences et guérir les maladies
de la vie divine : la Pénitence et l’Extrême-Onction. A côté de ces sacrements, l’Église nous offre encore de
nombreuses bénédictions et consécrations, qui aident au progrès de notre vie spirituelle et nous aident à
donner à notre piété une forme liturgique. L’Église, notre mère, nous accompagne sans cesse avec ses
bénédictions et sa main nous protège tout le long de notre vie... Ces réflexions nous permettront de
considérer les sacrements et les sacramentaux de l’Église d’une tout autre manière, de mieux comprendre
leur usage et de les recevoir avec les dispositions convenables. Entrons donc de bon cœur dans ces quatre
cercles : ils assurent la consécration de notre vie.

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IV.

Ce que nous avons indiqué jusqu’ici est la condition préalable, le cadre de notre vie liturgique ; mais
nous n’avons pas encore montré ce qu’est la vie liturgique elle-même.
Je comparerais volontiers le temps réglé par la liturgie à un rayon de miel. La liturgie a réparti notre
vie dans des cadres aussi réguliers que les cellules d’un rayon de miel. Il s’agit maintenant de garnir ces
alvéoles du miel précieux qui est le contenu de la vie. Ce contenu est le travail voulu par Dieu, le support des
souffrances dans l’abandon à la volonté de Dieu ; bref, la destinée que nous a prescrite la providence, dans
toute son étendue. Nous exposerons à ce sujet quelques pensées.

a) Ne bâtissons pas ici-bas une demeure permanente, mais seulement une tente qui peut, à chaque
instant, être arrachée. En d’autres termes, que le but de nos espérances, de nos désirs, de nos tendances ne
soit pas la terre, mais le ciel. Le temps est le chemin de l’éternité. Soyons un peu étrangers au monde,
comme l’étaient les premiers chrétiens. Cela enlèvera à la mort son aiguillon et son caractère redoutable ; les
biens de la terre nous paraîtront moins précieux. “ Nous n’avons pas ici-bas de demeure permanente, mais
nous cherchons la demeure future ” (Hébr. XIII, 14). Par ailleurs, le temps est très court et nous devons
utiliser le bien inestimable de la vie dans toute la mesure de nos forces. Il nous faut, comme dit l’Apôtre, “
racheter le temps ”, c’est-à-dire épuiser toutes les possibilités que nous offre le temps ou bien encore, pour
revenir à l’image ci-dessus, remplir de miel précieux toutes les alvéoles de notre vie.

b) Ensuite, un principe important : Ne vivons pas dans le passé, ne vivons pas dans l’avenir, vivons
dans le présent, aujourd’hui. Beaucoup de soucis des hommes viennent de ce qu’ils vivent dans le passé ou
dans l’avenir. Rien ne se passe comme on l’a espéré ou redouté. Le passé est révolu, plaçons-le dans le sein
de la divine miséricorde. Nos regrets ne changeront rien. L’avenir est incertain, il n’est pas en notre pouvoir.
La seule chose certaine, c’est le présent, le moment actuel. Accomplissons le moment actuel, soyons-en
maîtres et nous aurons tout fait. Le Sauveur dit, dans le Sermon sur la montagne, cette grande parole : “ A
chaque jour suffit sa peine, le lendemain aura souci du lendemain ” (Math. VI, 34). Il faut donc vivre chaque
jour dans son entier comme si c’était le jour unique. N’ayons pas de soucis pour le lendemain. Dieu lui-
même en prend soin. C’est là vivre en chrétien : on s’abandonne entièrement à la Providence, on est toujours
prêt à quitter la terre. C’est cette forme de vie que nous enseigne la liturgie.

c) Examinons encore de plus près et demandons-nous quelle est l’exigence du jour. Qu’est-ce que
Dieu demande de nous pour l’instant présent ? Nous allons encore parler par parabole. Le Père céleste envoie
ses enfants, les hommes, accomplir leur voyage sur la terre ; ils doivent y subir leur épreuve, puis rentrer à la
maison paternelle.
Pour qu’ils sachent comment se conduire durant leur pèlerinage terrestre, Dieu dépose deux choses
dans leur sac de voyage : 1° des règles de voyage, 2° un itinéraire. Les règles de voyage sont communes à
tous, l’itinéraire diffère pour chacun. Que signifie cette parabole ?
Les règles du voyage sont les commandements de Dieu et les prescriptions de l’Église. Ces règles
sont valables pour tous. Nous ne pouvons pas avoir de doute sur notre conduite. La conscience nous dit avec
précision ce que nous devons faire et omettre. Le Seigneur résume toutes les règles du voyage dans ces deux
commandements importants : l’amour de Dieu et du prochain. Cependant les règles de route ne suffisent pas,
elles ne disent pas à chacun où il doit aller. C’est pourquoi notre bon Père nous donne aussi un itinéraire
précis où est indiqué le chemin que nous devons suivre.
Chacun reçoit un itinéraire spécial. Personne n’a le même. L’itinéraire est notre état de vie
particulier. C’est notre vocation, notre état, notre lot dans la vie : l’un est riche, l’autre est pauvre ; l’un est
beau, l’autre ne l’est pas ; l’un est considéré, l’autre est méprisé. C’est le milieu où nous sommes placés, le
détail de tous les événements qui nous arrivent. Cet itinéraire, nous devons le suivre consciencieusement et
avec joie. Nous devons accepter avec joie notre sort en y voyant la volonté de Dieu. Nous n’avons pas le
droit de demander un autre itinéraire. C’est la perfidie du démon qui nous fait mépriser notre propre
condition et nous fait désirer celles des autres. Ce qu’il veut, c’est que nous ne suivions pas notre itinéraire.
Dieu ne fait pas acception de personnes : à ses yeux tous les hommes sont égaux. Peu importe pour lui que
nous soyons princes ou mendiants. La simple servante est aussi grande devant lui qu’une reine couronnée. Il
faut que chacun suive son itinéraire.

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Encore une parabole. La vie ressemble à un drame. Celui-ci joue le rôle d’un roi, celui-là le rôle d’un
mendiant. Quand la pièce et finie, le roi dépose sa couronne et le mendiant quitte ses haillons. Alors vient le
moment de la récompense. Le roi n’est pas payé plus cher pour cette seule raison qu’il a joué le rôle de roi et
le mendiant ne reçoit pas moins parce qu’il a joué le rôle de mendiant. Chacun reçoit d’après sa capacité,
selon qu’il a plus ou moins bien joué son rôle. Il peut très bien se faire que le roi n’ait été qu’un figurant et
que le mendiant ait tenu le premier rôle.
Dieu fera de même. Quand tombera le rideau de notre vie, nous dépouillerons tous nos oripeaux et
nous serons tous égaux devant Dieu. Celui-là recevra la couronne du ciel qui se sera bien comporté dans le
rôle qu’il avait à remplir sur la terre.

Voilà quels doivent être les traits principaux de notre vie liturgique.

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QU'EST-CE QUE POUR NOUS L'ANNÉE LITURGIQUE ?

C’est toujours pour nous chrétiens une joie intime, quand nous commençons une nouvelle année
ecclésiastique.
Notre Mère l’Église nous tend charitablement la main et veut nous guider pendant une année sainte, nous
faire vivre une année de vie divine.
De nouveau le Christ mystique veut grandir dans ses membres, faire circuler dans son corps, qui est l’Église,
le courant de vie divine.
C’est là le but de toute liturgie, c’est donc aussi le but de l’année ecclésiastique.
La vigne divine doit pousser de nouveaux rameaux, elle doit verdir, porter des fruits – et les faire mûrir – tout
cela dans les saisons de l’année liturgique. C’est ainsi qu’elle tend à la perfection. Le Christ mystique doit “
se faire chair ” dans ses membres ; il doit naître, croître, souffrir, mourir et ressusciter. C’est ainsi qu’il tend à
la perfection.

Ce qui se passe dans le drame extérieur, dans le mystère de l’année ecclésiastique, est le voile, le
manteau, derrière lequel se cache, invisible à l’œil humain, la croissance du corps mystique du Christ.
L’année liturgique ne veut pas être la commémoration des grandes actions de Dieu dans l’histoire du
salut ; elle ne veut pas nous promener dans une galerie de saints héros.
En général, elle ne veut pas nous parler du passé, mais du présent. Elle ne veut pas nous offrir de
l’histoire, mais de la réalité. Elle ne veut pas nous raconter des faits passés, mais bien plutôt nous donner la
vie divine et la développer en nous.

Le but de l’année ecclésiastique est le même que celui de l’Église, celui pour lequel le Christ est
venu sur la terre : “ afin qu’ils aient la vie (divine) et qu’ils l’aient en abondance ”.
Sans doute l’année liturgique nous conduit dans le passé : l’Ancien Testament avec ses principales
figures passe devant nous, nous pouvons considérer la vie terrestre du Christ dans ses phases principales, et
même suivre ses pas ; l’Église nous conduit au tombeau des saints et nous raconte mainte vie héroïque. Ce
que l’année ecclésiastique nous montre extérieurement est du passé, mais ce passé n’est que revêtement,
image et symbole ; c’est le corps de l’année liturgique ; son âme est le développement de la vie divine.
L’Ancien Testament doit nous indiquer l’accomplissement réalisé dans le Nouveau, la vie historique
de Jésus se renouvelle par la grâce dans notre âme, et les saints doivent nous communiquer de la
surabondance de leur vie glorifiée.

Que devons-nous donc attendre de l’année liturgique ?


La vie divine, la vie en abondance.

La vie divine dont le germe a été déposé dans notre âme par le baptême doit, pendant cette année
ecclésiastique, se développer et tendre à sa perfection, au moyen de la prière liturgique.

La liturgie est semblable à un anneau précieux dont le diamant est l’Eucharistie et dont la sertissure
est formée par les fêtes et les temps ecclésiastiques.
Le voyage à travers l’année ecclésiastique ressemble à une excursion dans les montagnes ; il y a
deux sommets à gravir, une première hauteur qui est la montagne de Noël et une hauteur principale qui est la
montagne de Pâques. Dans les deux cas, il y a une montée, le temps de préparation (Avent et Carême), un
cheminement sur les hauteurs d’une crête à l’autre (Noël jusqu’à l’Épiphanie, Pâques jusqu’à la Pentecôte) et
une descente dans la plaine (dimanches après l’Épiphanie et après la Pentecôte).
Nous avons par conséquent deux cycles de fêtes à parcourir. Dans les deux, les considérations
particulières ont pour objet tout l’ensemble, le royaume de Dieu dans l’âme et dans l’Église. Deux fois dans
l’année, nous cherchons le royaume de Dieu, nous le trouvons et l’édifions. Pendant l’Avent nous soupirons
avec l’ardeur des justes de l’Ancien Testament après la venue du Sauveur, à Noël, nous nous réjouissons de
sa naissance et par là même de la Rédemption acquise ; après l’Épiphanie, nous essayons d’étendre le
royaume de Dieu en nous et autour de nous. Et puis, pendant le Carême, nous commençons, en esprit de
pénitence et avec le sentiment de notre besoin de Rédemption, une nouvelle ascension, celle de la montagne

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escarpée de Pâques, nous recevons à Pâques une vie divine nouvelle, nous savourons le bonheur des enfants
de Dieu, jusqu’à la Pentecôte, pour recevoir ensuite la maturité chrétienne et mener le bon combat contre
l’enfer, le monde et notre moi. Et enfin nous attendons la fin glorieuse, le retour du Seigneur à notre mort et
au dernier jour.

Qu’il est donc heureux le chrétien qui, guidé par la main maternelle de l’Église, peut parcourir, tous
les ans, l’année du salut ! Elle lui offre une source jaillissante de joies pures, de grande consolation et
d’édification spirituelle.

L’année ecclésiastique est le vrai guide de nos âmes. Notre âme est souvent si dénuée et pauvre ! (Ps.
69) ; elle est comme égarée dans cette vallée de larmes. Sans doute le Baptême l’a revêtue du vêtement des
enfants de Dieu et l’a munie de la force de la grâce, mais les suites du péché originel sont comme un poids de
plomb qui retient son élan et l’entraîne vers la terre. Elle a besoin d’un maître sage, d’un guide expérimenté,
d’un éducateur zélé, d’une mère patiente. L’année ecclésiastique remplit tous ces rôles.

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SOMMAIRE ABREGE

INTRODUCTION

Préface du Traducteur
Préface de l'Auteur
Le guide dans l'année liturgique pour former la vie liturgique
Qu'est ce que pour nous l'année liturgique ?

Tome I
LE CYCLE DE NOËL

Le cycle de Noël
L'Avent
Tous les Jours de Lundi après le 1er Dimanche de l'Avent au Vendredi après le 4eme Dimanche.

Fêtes à date fixe du 29 Novembre au 24 Décembre

Le Temps de Fête
Le 25 Décembre
Le Cortège du Divin Roi
Tous les jours du 26 Décembre au 13 Janvier.

Épilogue du temps festival du Cycle d'Hiver


Du Deuxième Dimanche après l'Épiphanie au Sixième Dimanche après l'Épiphanie
Avec les lectures d’Écriture Sainte pour chaque semaine.

Fêtes des Saints du 14 Janvier au 18 Février

Le Samedi pendant le temps de Noël

Tome II
LE CYCLE PASCAL
(1re partie)

Le cycle pascal
Division du cycle Pascal

Adieu à l’Alléluia
L'Avant-Carême
Tous les Jours du Dimanche de la Septuagésime au Mardi après la Quinquagésime

Le Carême
Tous les Jours et Semaines du Mercredi des Cendres au Samedi de la Quatrième Semaine de Carême.

Le Temps de la Passion
Tous les Jours du Dimanche de la Passion au Samedi de la Semaine de la Passion

Fêtes des Saints du 6 Février au 5 Avril

Office de la Sainte Vierge le Samedi pendant l’avant-Carême

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Tome III
LE CYCLE PASCAL
(2e partie)

Le Cycle Pascal

Tous les jours de la Semaine Sainte, du Saint Triduum, de la semaine de Pâques ;


De la Premier semaine après l'Octave de Pâques au samedi des Quatre-Temps ;
les Rogations,
la fête de l'Ascension (vigile et octave)
la fête de la Pentecôte (vigile et octave)

Fête des saints du 11 avril au 6 Juin

Le Commun des Martyrs dans le Temps Pascal

Office de la Sainte Vierge le Samedi dans le Temps Pascal

Tome IV
LE TEMPS APRÈS LA PENTECÔTE
(1re partie)

Le Temps après la Pentecôte


Tous les Jours du Premier Dimanche après la Pentecôte à la Fête du Sacré-Coeur.
Les Dimanches du 3ème Dimanche après la Pentecôte au 15ème Dimanche après la Pentecôte.

Lecture d’Écriture Sainte dans le temps après la Pentecôte

Fête des Saints du 2 Juin au 2 Septembre

Le Commun des Saints

Tome V
LE TEMPS APRÈS LA PENTECÔTE
(2e partie)

Les Dimanches après la Pentecôte


du Seizième Dimanche après la Pentecôte au Vingt-trois Dimanche après la Pentecôte
La fête du Christ-Roi
Le dernier Dimanche d'Octobre
Les Quatrième, Cinquième, et Sixième Dimanche (transféré) après l'Épiphanie
Vingt-quatrième et dernier Dimanche après la Pentecôte

La Fin de l'Année

Lectures d’Écriture Sainte de la 1ere semaine de Septembre à la 5ème semaine de Novembre

Fêtes des Saints du 5 Septembre au 30 Novembre

Le commun des Saints

disponible sur
http://www.scribd.com/doc/49635551

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