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La modulation de porteuse, qu’elle soit dite analogique ou numérique, consiste à faire varier un
paramètre d’une onde sinusoïdale, appelée onde porteuse, en fonction du signal qui constitue
l’information à transmettre, appelé signal modulant. La grandeur qui peut être modulée est
l’amplitude, la phase ou la fréquence.
La caractéristique fondamentale d’une modulation numérique, par rapport à une modulation
analogique, est que l’information à transmettre est discrète. Partant du message constitué
d’éléments binaires, on peut regrouper ceux-ci en mots de n éléments binaires, chacun des
M 2 n mots ainsi obtenus étant associé à un état parmi M de la grandeur à moduler. Le
récepteur ne recherche pas, comme dans les systèmes analogiques, la meilleure approximation de
la valeur exacte de l’amplitude, de la phase ou de la fréquence, mais doit décider simplement
quel mot a été transmis.
On retrouve là une caractéristique générale de la transmission numérique. Dans la plupart des
situations pratiques, M est une puissance de 2. Nous allons d’abord donner les expressions
mathématiques des signaux modulés pour les principaux types de modulations numériques, puis
nous donnerons ensuite quelques structures des modulateurs et des démodulateurs.
At a k t kT (3.2.1b)
k
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les a k désignant une suite de symboles M -aires, et t représentant dans toute la suite la
fonction créneau, ou porte, de durée T , égale à 1 si t 0, T et 0 ailleurs. 0 est la phase de la
porteuse à la fréquence f 0 , modulée en amplitude par le signal At . Rappelons que T est égal à
Tb log 2 M , Tb étant lui-même l’inverse du débit binaire D . Dans le cas usuel où M est égal à
américain OOK, pour On Off Keying) dans laquelle le symbole a k prend les valeurs 0 ou 1. L’un des
états binaires correspond donc à une extinction de la porteuse. La figure 3-1 représente une
tranche temporelle d’un signal modulé en amplitude par tout ou rien.
M=4
-3 -1 +1 +3
(11) (10) (00) (01)
M=8
-7 -5 -3 -1 +1 +3 +5 +7
(000) (001) (011) (010) (110) (100) (101) (111)
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t k t kT (3.2.2b)
k
u t A t kT cos2f 0 t k (3.2.2c)
k
0 2m 1 , 0 m M 1 (3.2.3)
M
La valeur de 0 n’a aucune influence sur les caractéristiques de la modulation, mais nous verrons
par la suite que sa connaissance est souvent nécessaire pour pouvoir effectuer la démodulation.
Changer la valeur de cette constante revient en effet à appliquer au signal émis un déphasage, qui
n’a aucune influence dès lors que le démodulateur fait subir le même déphasage à l’oscillateur qu’il
utilise pour effectuer la démodulation. Nous supposerons toujours que le récepteur est
parfaitement synchronisé, c'est-à-dire qu’il connaît parfaitement la phase de l'oscillateur local
utilisé à l'émission, si bien que nous pourrons choisir la valeur de 0 la plus commode pour mener
les calculs.
Souvent, on considérera que 0 est nul. Dans le cas particulier de la modulation de phase binaire
Cette écriture montre que le signal peut s’exprimer comme la somme de deux ondes porteuses,
cos 2f 0 t et sin 2f 0 t , en quadrature, modulées en amplitude. Les amplitudes de ces deux
porteuses peuvent prendre respectivement toutes les valeurs de la forme cos 0 2m 1 M
et sin 0 2m 1 M . On en déduit immédiatement que les valeurs possibles de l’amplitude
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de chacune des deux composantes sont identiques, dès lors que M est un multiple de 4, car il
suffit de changer m en m 4M pour permuter les deux coordonnées.
(110) (100)
(11) (10)
(10) (111) (101)
M 2, 0 2 M 4, 0 4 M 4, 0 0 M 8, 0 0
avec :
u c t a k t kT (3.2.5b)
k
u s t bk t kT (3.2.5c)
k
u t est la somme de deux porteuses en quadrature, modulées en amplitude par les signaux u c t
(en phase) et u s t (en quadrature).
Dans le cas où les a k et bk sont deux suites de symboles M -aires, prenant leurs valeurs dans
des alphabets à M éléments, on obtient ainsi une modulation à M 2 états, chacun de ceux-ci
étant associé à un couple de deux symboles M -aires. Très souvent, M sera de la forme 2 n : dans
ce cas, chaque valeur possible de a k est associée à un mot de n éléments binaires et chaque
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Le signal émis pendant un intervalle de durée T peut être défini par les valeurs des deux symboles
a k et b k ou par la valeur de son amplitude et de sa phase. On peut donc écrire:
u t Ak t kT cos2f 0 t k (3.2.6a)
k
avec:
b
Ak a k2 bk2 ; k tan 1 k (3.2.6b)
ak
Cette écriture fait apparaître que la modulation MAQ peut être considérée comme une modulation
à la fois de la phase et de l’amplitude.
Très souvent, le nom de modulation MAQ désignera une modulation dans laquelle les alphabets où
a k et b k prennent leurs valeurs sont identiques et les symboles a k et b k sont indépendants. Par
exemple, quand ces symboles peuvent prendre 4 valeurs de la forme d , 3d , où d est une
constante donnée, on obtient une modulation à 16 états appelée MAQ-16, qui a été largement
utilisée, notamment pour les faisceaux hertziens à grande capacité développés au cours des années
1980.
Dans le cas plus général où les symboles prennent les valeurs d , 3d , 5d , ..., M 1d , avec
M égal à 2 n , on obtient une modulation à 2 2n états, dont les exemples les plus utilisés sont,
hormis la MAQ-16 déjà mentionnée, les modulations MAQ-64, MAQ-256.
On peut représenter géométriquement les différents états du signal modulé dans le plan de Fresnel,
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3.2.4 Modulation de fréquence (MDF, en anglo-américain FSK, Frequency Shift Keying)
Dans ce cas, c’est la fréquence instantanée du signal modulé qui peut prendre un certain nombre de
valeurs associées aux états possibles de l’information à transmettre. Dans le cas d’une modulation
de fréquence binaire par exemple, on aura deux fréquences f 1 et f 2 associées aux deux valeurs de
l’élément binaire. On introduit alors la fréquence centrale f 0 , égale à la demi-somme de f 1 et
f 2 , ainsi que l’excursion de fréquence f égale à f1 f 2 . Une grandeur sans dimension, qui
détermine beaucoup de propriétés du signal modulé, est l’indice de modulation, noté m , égal à
fT . Si l’on utilise par exemple deux fréquences distantes de 1 MHz pour transmettre un débit de
2 Mbit/s, l’indice de modulation est égal à 0,5.
1 d t
f t f 0 (3.2.8)
2 dt
Le second terme du second membre de (3.2.8) est la déviation de la fréquence par rapport à sa
valeur moyenne, égale à la fréquence centrale f 0 . Compte tenu que cette déviation prend les
1 d t f
2 dt
2
a t kT
k
k (3.2.9a)
Puisque la phase est la primitive de la fréquence, elle n’est définie qu’à une constante
d’intégration près. Partant de l’équation (3.2.9b), on obtient par intégration :
m
t .f .a k t kT k a k t kT k (3.2.9c)
T
L’équation (3.2.9c) montre donc que la phase varie linéairement sur l’intervalle de temps
t kT, k 1T et que la variation est de m , selon la valeur de l’élément binaire transmis.
La constante k est déterminée par la condition initiale, c’est-à-dire qu’elle est égale à kT .
On sera amené à distinguer deux cas importants:
a) les modulations à phase continue, dans lesquelles la phase est continue aux instants de
transition (c’est-à-dire les instants kT , k Z , compte tenu du choix de l’origine des temps).
Cette propriété s’exprime, d’après (3.2.9c), par la relation :
k k 1 m a k 1
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qui indique que la limite, lorsque t tend vers kT par valeurs inférieures, de l’expression donnant
la valeur de t sur k 1T , kT , est égale à la limite, lorsque t tend vers kT par valeurs
Cette condition de continuité est réalisée, pour des raisons physiques évidentes, quand on utilise un
oscillateur unique dont on module la fréquence. On trouve dans la littérature anglo-américaine la
dénomination CPFSK (Continuous Phase Frequency Shift Keying) pour désigner ce type de
modulation. Un exemple important est la modulation de fréquence à phase continue d’indice 0,5,
appelée MSK (Minimum Shift Keying). La valeur de la constante k peut en particulier être
facilement déterminée si l’on suppose que la modulation est à phase continue au moment des
transitions. La figure 3-3a représente le cas d’une modulation à phase continue.
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ordre élevé, plus son spectre décroît rapidement pour des valeurs élevées de la fréquence. Lorsque
la phase est continue, le signal est plus régulier que lorsqu’elle ne l’est pas, et la densité spectrale
de puissance décroît plus vite à l’infini. Ainsi, la donnée de l’indice de modulation ne suffit-elle pas
à définir complètement les propriétés spectrales de la modulation de fréquence.
Il est possible d’envisager des modulations de fréquence numériques à plus de deux états. La
modulation de fréquence est nettement moins utilisée en transmission numérique que les
modulations MAQ. Néanmoins, on trouve des applications dans des systèmes de transmission de
données sur voie téléphonique, et elle est intéressante pour les futurs systèmes optiques utilisant la
réception hétérodyne, car il est plus facile de moduler les sources optiques en fréquence qu’en
phase.
3.3 Démodulation des modulations numériques
Le signal reçu à l’entrée du récepteur, que l’on appelle observation, est donc la somme du signal
émis par le modulateur et du bruit bt , de densité spectrale de puissance bilatérale N 0 2 . Nous
allons considérer le cas de la modulation MDP-2.
3.3.1 Démodulation de la modulation MDP-2
Le signal émis est donné par l'équation (3.2.2c). T et Tb sont identiques, puisqu’il s’agit d’une
modulation binaire, et les formules seront écrites en utilisant T . Les valeurs possibles de la phase
k sont 0 et 0 . Supposons qu’il n’y ait pas de bruit en réception et que l’on multiplie le
signal reçu x t par une onde porteuse sinusoïdale issue d’un oscillateur local, A0 cos2f 0 t 0 .
Remarquons dès maintenant que nous supposons que le récepteur dispose de cette onde de
référence, synchronisée en fréquence et en phase sur celle de l’oscillateur local d’émission. On
t kT cos 0 cos4f 0 t k 0
AA0
S t k (3.3.2)
2 k
S t st s 2 t (3.3.3)
Avec :
AA0
st t kT cos k 0 (3.3.4)
2 k
et
AA0
s 2 t t kT cos4f t 0 k 0 (3.3.5)
2 k
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Un filtrage passe-bas permet pratiquement d’éliminer le signal s 2 t , dont le spectre est localisé
autour de la fréquence 2 f 0 sans altérer le signal s t , dont le spectre est localisé autour de 0 ,
dès lors que le produit f 0T est suffisamment grand. En toute rigueur, cette opération n’est pas
possible, parce que le signal t , et plus généralement aucun signal de durée finie, ne peut être à
mt a k t kT (3.3.6)
k
les a k pouvant prendre les valeurs 1 , on observe que le signal s t est proportionnel au signal
modulant. En effet, la différence k 0 est égale à 0 ou , et cos k 0 n’est autre que
a k . La multiplication par la porteuse locale, qui est une démodulation d’amplitude, a donc permis
de ramener le spectre du signal en bande de base et de retrouver l’information portée par le signal
modulé.
Le récepteur qui minimise la probabilité d’erreur est constitué par le filtre adapté au signal t ,
suivi d’un comparateur à seuil. Rappelons que le filtre adapté a une réponse impulsionnelle de la
l’instant t n permet de détecter le symbole a n . Dans une analyse théorique, on pourra toujours
prendre t 0 0 , ce qui entraîne que le symbole détecté â n est obtenu à partir de l’observation à
l’instant nT . Cette situation n’est évidemment pas pratiquement réalisable.
La structure du démodulateur est représentée sur la figure 3-4. Compte tenu du fait que le filtre
adapté (passe-bas) supprimera le signal s 2 t , dont le spectre est situé autour de la fréquence
2 f 0 , il joue aussi le rôle du filtre passe-bas mentionné après la relation (3.3.5).
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Ce type de démodulation est appelé cohérent, parce que le récepteur comporte un oscillateur local
qui doit délivrer une onde identique, en fréquence et en phase, à celle utilisée à la modulation. En
Cette condition est essentielle et l’exemple suivant va le montrer : supposons par exemple que la
réception. Le signal démodulé s t est alors multiplié par le facteur cos , inférieur à 1. Dans le
cas extrême où l’écart serait de 2 , on voit même qu’il n’y aurait plus de signal utile en sortie
du démodulateur. C’est pour ne pas oublier cette condition de cohérence que nous avons gardé le
terme 0 dans l’expression du signal modulé. Souvent, afin de simplifier les expressions, la phase
de la porteuse associée au signal modulé arrivant sur le récepteur sera prise comme référence de
phase.
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