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MAGAZINE S2IM, PREMIERE REVUE DES SECTEURS DES BTP & HABITAT

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MAGAZINE
S2IM
SOMMAIRE
EDITORIAL : ............................................................................................................................... 5

DOSSIER : Regard pertinent de Arsène K. FADO sur


l’Industrialisation en Afrique
60 ans après les indépendances..................................................... 6

FOCUS : INCIBETON, une entreprise qui répond aux


besoins des secteurs du BTP au Bénin........................................ 10

NEWS : Découvrez le catalogue du site www.amkbtp.com,


le marché numérique des BTP en Afrique................................. 12

DOSSIER : Pascal de SOUZA sur l’Urbanisme en Afrique


« Un nouveau modèle urbanistique doit être créé sans
les idées préconçues du passé colonial ».................................... 26

ANNUAIRE DES ACTEURS DU BTP ET DE L’HABITAT......................... 32

AMK ENGINEERING
EDITION: N°012

DIRECTEUR DE PUBLICATION
Kèyindé M. AMADOU

REDACTION
Ismaël AKANNI
Aïssa KONE
Fifamin COFFI

RELECTURE
Cathérine DOSSA

GRAPHISME
Sylvain S. AGOUNGNON

CONCEPTION
AMK ENGINEERING

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EDITORIAL
Kèyindé M. AMADOU
Promoteur du Projet S2IM
Directeur Général de AMK ENGINEERING

L’
Afrique ne devrait plus être au stade des discours flatteurs parce que plus le temps passe, plus l’écart de dévelop-
pement technologique, industriel et économique entre ce continent et le reste du monde (Occident , Asie) se creu-
se. Aujourd’hui, on parle de mondialisation, un concept dans lequel l’Afrique se confond, puisque la croissance
économique ne peut plus se baser uniquement sur l’exportation des matières premières.

L’indépendance monétaire, la maîtrise des technologies, l’industrialisation et la sécurité sont les piliers fondamentaux du
développement de toute nation.

60 ans après les indépendances, l’Afrique n’est pas en mesure de transformer ses matières premières et a du mal à parler
d’une seule et unique voix pour la prospérité de son peuple. C’est vrai que des efforts sont faits, mais ils restent largement
insuffisants pour l’essor du continent.

Nous voulons nous développer sans poser les bases primaires nécessaires. Il faut nous écarter un tant soit peu des mo-
dèles de développement exogènes qui ne répondent pas à nos réalités. L’Afrique a beaucoup de potentialités que ses
intellectuels et dirigeants peinent à exploiter. Nous ne disposons même pas d’un système éducatif indépendant qui tienne
compte de nos besoins structurels réels. Nous nous devons alors d’inventer notre propre paradigme de développement
en s’inspirant des meilleurs modèles en la matière.

Dans ce nouveau numéro de votre Magazine S2IM, nous avons rencontré pour vous des experts qui y ont effectué une
analyse pertinente sur l’industrialisation et l’urbanisme en Afrique. Des critiques qui ont pour objectif d’apprécier le bilan,
six (6) décennies après les indépendances. Mieux, des approches de solutions ont été définies pour un lendemain meilleur.

D’ici 2050, la population mondiale devrait atteindre 9,6 milliards d’habitants dont 2,4 milliards en Afrique. Au lieu de
continuer à être un débouché pour l’Occident et l’Asie, le continent gagnerait à être le marché de consommation de ses
propres industries. Ainsi, nous pourrions parler réellement d’indépendance et de croissance économique.

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DOSSIER

L’INDUSTRIALISATION
EN AFRIQUE
REGARD PERTINENT DE
Arsène K. FADO 60 ANS APRÈS
Manager des Projets industriels en Afrique LES INDÉPENDANCES
(Groupe MENARA HOLDING)

Des décennies après les indépendances, l’Afrique est encore à la traîne sur le plan industriel malgré les importantes
matières premières dont elle dispose. Le débat sur la problématique de l’industrialisation de l’Afrique en général et
de l’Afrique subsaharienne en particulier est l’apanage des gouvernants, des institutions régionales et internationales
(UEMOA, BOAD, BAD, WB, FMI, UA, ONUDI, UE, etc…). Et cela à juste titre, lorsqu’on connait le rôle prééminent que
jouent l’environnement des affaires et l’investissement initial dans les processus d’implantation des industries. En ma
qualité d’Ingénieur industriel africain, formé et travaillant en Afrique, cette tribune vise en toute modestie, à apporter
un regard différent mais complémentaire, en vue de contribuer au débat relatif à l’industrialisation en Afrique.

ETAT DES LIEUX DE L’INDUSTRIALISATION EN AFRIQUE

«l’Afrique a affiché dès les années 2000, d’impressionnants taux de croissance écono-
Après deux décennies marquées par d’intenses initiatives dites « révolutions industrielles » (IDDA I 1980-1990 /
IDDA II 1993-2002),

grande partie sur l’essor des matières premières et l’aide au développement ».


mique masquant malheureusement une faible transformation structurelle de son économie, qui reposent en

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«dustrialisation
Et quand on connaît le rôle majeur que joue l’in-
dans le processus de diversification
économique, de soutien à la croissance économique et
de développement durable via l’innovation, on peut
comprendre le niveau de « développement » actuel de
l’Afrique comparativement à d’autres pays d’Asie . »
L’échec ou plutôt la « faible industrialisation » de l’Afrique
subsaharienne démontre les insuffisances de sa politique
focalisée sur l’attraction de grandes industries et basée sur
de véritables « capitaux financiers » dans des « environne-
ments d’affaires » dit assainis. Cette vision de l’industria-
lisation ayant montré ses limites, une nouvelle approche
moins globalisante et plus locale, impliquant davantage
de jeunes africains souvent très compétents mais mal
employés par les firmes étrangères qui ne s’inscrivent pas
dans une logique de transfert de compétences, s’impose.
Le microfinancement, comme d’autres formes de finance-
ments innovants aujourd’hui, est une opportunité insuffi-
samment exploitée, car orienté uniquement vers les mi-
croentreprises du secteur tertiaire (commerce et service)
faiblement créatrices d’emplois et de valeur ajoutée.

POURQUOI L’AFRIQUE PEINE -T-ELLE


À S’INDUSTRIALISER ?
L’industrialisation de l’Afrique présente un enjeu majeur. En
témoignent de nombreuses déclarations d’acteurs majeurs du
continent : « L’industrialisation est la clé du développement
économique », disait le Président de la BAD, HIGH 5, Busan
2018 ; « L’industrialisation est essentielle pour une croissance
économique soutenue et un développement inclusif », affir-
mait l’Union Africaine, (DDIA3, 3e Décennie du Développement
Industriel de l’Afrique 2016-2025…). C’est donc à juste titre qu’il
a été institué une «Journée de l’Industrialisation de l’Afrique»,
célébrée chaque 20 Novembre. La dernière édition de cette
journée avait pour thème: « Positionner l’Industrie africaine
afin de soutenir le marché de la Zone de Libre-échange Conti-
nentale Africaine (ZLECA)» (Déclaration conjointe de la CUA,
l’ONUDI et la CEA, Journée de l’industrialisation de l’Afrique du
20 novembre 2019).

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»

Avec autant d’engagement et d’initiatives, on se demande alors pourquoi l’industrialisation de l’Afrique n’est pas encore

«mais aussi et surtout


devenue réalité malgré ces bonnes intentions. Sommes-nous en face de diagnostics erronés, faussant ainsi les thérapies
ou l’inverse ? Certes, la mise en place d’industries requiert des investissements conséquents,
une adaptation des modèles industriels aux réalités locales (les matières premières, le niveau de formation

»
technique et technologique, l’environnement normatif, etc…) sans laquelle aucune politique industrielle ne
serait viable .

Ainsi, les freins à l’industrialisation de l’Afrique peuvent être catégorisés comme suit :
Vision restrictive de l’industrialisation qui est assimilée à tort à l’implantation de mastodontes industriels ;
Faible conviction des dirigeants sur la nécessité de mettre en œuvre des politiques industrielles à long terme visant
la structuration de l’économie ;
Faible « culture industrielle » des formateurs (universités et lycées) et des apprenants en disciplines industrielles
liée au manque d’interaction centres de formation - industries ;
Faible orientation des Politiques & Programmes publics de promotion de l’entrepreneuriat des jeunes et des
femmes sur l’entrepreneuriat industriel ;

Absence quasi totale de banques secondaires spécia-


lisées en investissements industriels compte tenu de la
spécificité des activités.

QUE FAIRE FACE A CE TABLEAU PEU RELUISANT ?


Contrairement aux entreprises du secteur tertiaire (com-
merce, négoce, conseils, etc…), les activités industrielles
manufacturières reposent essentiellement sur la disponi-
bilité des matières premières (ressources naturelles) et de
l’énergie. Or, ces secteurs sont fortement dépendants des
pouvoirs publics. Ainsi, pour un développement du secteur
industriel, une volonté soutenue des autorités au plus haut
niveau est nécessaire. Celles-ci doivent mettre en place des
mécanismes de promotion, de valorisation et de protection
des « investissements industriels ». Cela passe par le déta-
chement d’un département ministériel dédié, le renforce-
ment des recherches et explorations, la fiscalité de dévelop-
pement et bien d’autres mécanismes de manière soutenue
et à long terme. La valorisation des investissements dans
le secteur industriel manufacturier au détriment de tout
autre investissement reste un signal fort malheureusement
absent dans bon nombre d’Etats africains au sud du Sahara.

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Par ailleurs, la formation des cadres, techniciens et ouvriers qualifiés dans les différents métiers de base de l’indus-
trie ne met pas l’accent sur les métiers industriels transversaux (industrialisation, management industriel, logis-
tique industrielle, etc...). Toutes choses qui ne garantissent pas une culture industrielle des futurs lauréats et em-
ployés. Il s’agit à ce niveau d’un mal qui plombe les efforts d’industrialisation en Afrique. Après plus de treize années
passées dans le secteur de l’enseignement supérieur parallèlement à mes fonctions industrielles au Bénin mon
pays, j’ai compris pourquoi les apprenants dits des filières industrielles n’ont, après leurs diplômes, ni une connais-
sance concrète de leur champ de compétence en dehors de leur discipline principale ni des métiers adaptés à leur
profil professionnel. Cet état de choses est aggravé par le fossé entre leur formation et les réalités de l’entreprise
industrielle.
Il urge alors de revoir les curricula de formation, d’associer autant que possible les industriels à l’élaboration des
offres de formation, de rapprocher les apprenants des environnements industriels à travers non seulement des
séminaires de « veille technologique » mais aussi des visites guidées régulières tout au long de leur formation. Il
faut aussi accentuer la formation de « managers industriels » sur le continent, surtout en Afrique subsaharienne.
Car dans l’imaginaire collectif en Afrique subsaharienne, être manager industriel nécessite un long parcours dans
les métiers de base de l’industrie. Par conséquent, la fonction de manager industriel est très rarement exercée par
les jeunes pourtant dotés d’idées novatrices. Cette conception de la fonction n’est nullement favorable au dévelop-
pement des « petites et moyennes industries » en Afrique.
Un autre sujet passionne les gouvernants en Afrique dans le cadre
de la lutte contre le chômage et le sous-emploi. Il s’agit de « l’entre-

«Cette option faite pour lutter contre le chômage serait effi-


preneuriat des jeunes et des femmes » à travers la microfinance.

cace si elle s’intégrait dans une politique globale sans faire


ombrage à la promotion des petites et moyennes industries qui

»
ont souvent besoin non pas de microcrédits mais de finance-
ments conséquents . Il se constate de nos jours que bon nombre
de jeunes hautement qualifiés et spécialisés dans les métiers indus-
triels, se ruent sur la microfinance avec des projets à très faible
valeur ajoutée, ce qui minimise leur chance d’obtenir de finance-
ment et occasionne une perte des compétences acquises. Cet état
de choses compromet de façon drastique la promotion de l’entre-
preneuriat industriel au profit d’activités commerciales éphémères.
Compte tenu de l’orientation naturelle de la microfinance vers des
secteurs commerciaux à rendement immédiat, il urge de renforcer
le financement des PMI à travers de vastes programmes ciblant des
équipes pluridisciplinaires de jeunes qualifiés. La promotion des
entreprises manufacturières s’avère alors un axe stratégique majeur
des politiques de développement en Afrique.

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FOCUS

INCIBETON, UNE ENTREPRISE QUI


REPOND AUX BESOINS DES SECTEURS
DU BTP AU BENIN
Installée au Bénin en Février 2019, la société INCIBETON excelle dans le secteur des BTP en tant que producteur et
fournisseur du Béton Prêt à l’Emploi (BPE). Un nouveau service dont les entreprises de BTP et les particuliers béné-
ficient aujourd’hui pour la réalisation efficace de leurs divers ouvrages.

Du fait de l’absence de la préfabrication de certains matériaux de construction comme le béton, les entreprises font
des pertes énormes en temps, en matériaux, en qualité et dépensent beaucoup dans la logistique pour la réalisation
des ouvrages BTP. INCIBETON répond donc aux besoins en la matière dans les secteurs de la construction par son
service.
En moins d’un an, INCIBETON s’est imposée au Bénin en tant que leader dans la fourniture du Béton Prêt à l’Emploi
(BPE) grâce à une équipe dynamique et rompue à la tâche, qui a à sa tête M. TURAN Edrçin, Directeur Général.

TURAN Erdinç, Nazmi çakir, AGBODJOGBE Gédéon, ADANNOU Frédéric,


Directeur Général de Directeur de l’Exploitation Responsable communication
Responsable commercial
INCIBETON et Ressources Humaines

Site de production et services


Sis à Zogbadjè dans la commune d’Abomey-Calavi au bord de l’autoroute après l’UAC, le site de production de
la société INCIBETON SA est équipé d’une grande centrale à béton de dernière génération, qui produit de façon
automatique du béton homogène, résistant et d’une qualité irréprochable. Le parc de la société est riche de cinq
camions toupies et de deux pompes à béton pour transporter et servir le béton sur des chantiers dans la ville de
Cotonou et ses environs. Grâce à sa forte capacité de production, INCIBETON peut produire une quantité considé-
rable de béton en très peu de temps. Il est alors possible pour les clients de couler du béton sur de très grandes
surfaces en un laps de temps.
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Nos pompes facilitent la manutention du béton sur le Nos camions toupies transportent le béton jusqu’aux
chantier et permettent de le servir sur de grandes sur- sites de livraison. Ensuite, deux options s’offrent aux
faces et de grandes hauteurs. Nos clients gagnent alors clients pour le coulage du béton : soit les camions tou-
en matériaux, en main d’œuvre et en temps. Le coulage pies livrent directement le béton au sol avec le bras des
continu du béton permet à l’ouvrage d’être de meilleure toupies, soit le béton est transféré dans une pompe ca-
qualité. pable de se déployer sur un rayon de 47 mètres pour les
grandes surfaces ou en hauteur jusqu’au 10e étage.
Matériaux entrant dans la fabrication du BPE
Notre béton est un agrégat de matériaux composé de Notre béton au meilleur prix
ciment, de gravier concassé, de sable issus de meilleure Le béton prêt à l’emploi est vendu au m3, c’est-à-dire une
sélection de carrière, d’eau douce et des additifs spé- surface d’un (1) m² sur une hauteur d’un (1) m. A titre
ciaux pour améliorer et garantir la qualité du produit. illustratif, un volume de 1 m3 correspond à 10 fois 1 m²
Notre laboratoire contrôle régulièrement la qualité du de béton d’une épaisseur de 10 cm, ou encore 5 fois 1
béton selon les caractéristiques techniques recomman- m² de béton de 20 cm d’épaisseur. Le béton de propreté
dées. coûte moins de 100 000 FCFA le m3. Ceci donne une idée
de ce que peut coûter un béton de qualité qui garantit la
Différents types de béton résistance et la durabilité de votre bâtiment.
Nous livrons à nos clients qui sont des entreprises de
BTP, toutes les classes de résistance de béton en MPa Notre clientèle
qui sont mesurées respectivement sur éprouvettes cy- Au nombre de nos clients, nous pouvons citer les entre-
lindriques et cubiques à savoir : C8/10, C12/15, C16/20, prises comme COLAS, FRANZETTI, GMT SARL, SEIB, BTB,
C20/25, C30/37 etc… Nous sommes également ouverts ITB, GRP-ENS, EIFFAGE etc…qui réalisent les routes et les
aux particuliers qui ont besoin de notre béton pour la grandes infrastructures, mais aussi des particuliers qui
réalisation de leurs bâtiments. construisent leurs maisons d’habitation ou leurs infras-
tructures à but commercial. C’est donc une opportuni-
té inestimable qui vous est offerte de bâtir une œuvre
La livraison durable en un temps record sans plus vous soucier des
La livraison est un facteur très important de notre service. ennuis courants liés au béton artisanal.

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DOSSIER

Pascal de SOUZA
Architecte Urbaniste et Ingénieur génie civil

SUR L’URBANISME EN AFRIQUE

60 ANS APRÈS LES


INDÉPENDANCES

« UN NOUVEAU MODÈLE URBANISTIQUE DOIT ÊTRE


CRÉÉ SANS LES IDÉES PRÉCONÇUES DU PASSÉ COLONIAL »

Que pensez-vous de l’urbanisme en Afrique ?


L’urbanisation en Afrique connaît une croissance sans précédent. D’ici 2050, 1,2 milliard de la population africaine rési-
dera en milieu urbain. Face à cette situation dont la gestion nécessite une programmation à long terme, l’amélioration de
l’urbanisme et la planification du développement urbain sont nécessaires. Au début des indépendances, le développe-
ment des villes africaines n’était pas planifié. Les premières vagues migratoires vers les villes se sont imposées à l’urba-
nisme, ce qui fait que la plupart des villes africaines sont mal organisées et structurées. Alors, la mise en œuvre dans les
meilleurs délais d’une politique d’urbanisme massive dans les pays d’Afrique s’impose.
L’urbanisme est le seul moyen de parvenir à un développement urbain harmonieux. Construire une ville sans tenir compte
d’une planification est chaotique, onéreux et source de conflits sociaux. Et il sera bien plus difficile de reconstruire, de
réaménager après coup. Si l’on considère la croissance économique des pays africains qui est de 6 à 7 %, l’absence
d’urbanisme ne se justifie pas. En conclusion, une bonne urbanisation est facteur de croissance.
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Que faut-il alors faire dans ces conditions ? politique, économique et social auxquels doivent faire
La première étape consiste à limiter les espaces selon face les villes africaines. L’urbanisation est contempo-
leur fonction. Le problème se pose lorsque le manque raine et évolue en fonction de la taille de la population
de coordination entre les actions des pouvoirs publics et du développement économique. Les défis auxquels
et la pénurie d’instruments d’urbanisme provoquent l’Afrique est confrontée avant la colonisation ne sont
des retards importants dans la planification urbaine par pas les mêmes qu’aujourd’hui. Dans l’antiquité, l’Afrique
rapport au rythme de la croissance urbaine. Il est urgent avait connu de grandes civilisations et de grandes villes,
d’accélérer l’urbanisme, à défaut de pouvoir arrêter mais les invasions et l’esclavage ont changé la donne
l’immigration urbaine. Si ce processus est trop complexe du vieux continent. Pendant les premières années de la
pour les ministères qui s’en chargent et tributaire du domination coloniale à la fin du 19e siècle, l’Afrique de-
gouvernement central, il faudra le simplifier et le délé- meura essentiellement un continent entremêlé de zones
guer aux autorités locales qui doivent alors faire preuve rurales et de villes marchandes coloniales de petite taille
d’une bonne gouvernance. mais prospères le long des côtes. À cette époque, seule
la ville du Caire comptait plus de 900 000 habitants.
En Afrique, la planification urbaine a-t-elle facilité le Suivaient ensuite Ibadan, Tunis et Johannesburg, qui
développement ? avaient chacune entre 100 000 et 200 000 habitants. Le
On peut répondre par l’affirmative dans certains cas paysage changea rapidement après la deuxième guerre
comme la Côte d’Ivoire dont le Président Houphouët fut mondiale lorsque les zones urbaines commencèrent à
un grand bâtisseur. Il a eu des ambitions d’urbanisme au croître à une vitesse sans précédent. Entre 1940 et 1960,
début des indépendances, et a su se créer des moyens la population d’un grand nombre de villes africaines
grâce au développement de son agriculture, pour inves- avait plus que doublé. Dans le même temps, de nou-
tir dans de bonnes compétences d’urbanisme. Au même velles villes émergèrent, comme par exemple les villes
moment sur le continent, plusieurs pays ont connu un minières. La taille de certaines villes diminua également
développement ralenti faute de plan d’urbanisme. lorsque les pouvoirs coloniaux se retirèrent ou lorsque
Reconnaissons que l’Afrique se développe à son rythme les routes des caravanes perdirent de leur importance.
malgré les difficultés politico-économiques. Le rythme
effréné de l’urbanisation de l’Afrique contredit l’image
habituelle d’un continent rural. La diversité, la complexi-
té et les réalités endogènes des villes africaines inter-
«À l’heure actuelle, nous construisons encore en
Afrique avec des techniques importées des années
rogent les conceptions traditionnelles de l’urbanisme
et les politiques classiques de développement. Néan- 60. Il nous faut désormais faire une rupture avec
moins, résoudre le casse-tête du développement urbain ces techniques d’urbanisme importées et non adap-
exige avant tout de forger des visions impartiales de tées à nos cultures et à nos réalités. L’héritage colo-
l’urbanisme. La coopération internationale au dévelop-
nial à mon sens n’est plus adapté et nous devons
pement ne devrait pas construire ses interventions sur
des concepts hérités de l’histoire occidentale. nous constituer plutôt des techniques adaptées
aux modes de fonctionnement de nos populations.
Quid de l’héritage colonial en matière d’urbanisme ?
»
Nous devons en fait créer notre propre paradigme
L’état actuel de l’urbanisme en Afrique trouve ses ori-
gines dans l’histoire du continent et en majeure partie
de développement .
de la colonisation. Il n’en est pas moins lié aux contextes
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Quelques images de villes anciennes d’Afrique

Dans des villes comme Cotonou, il n’y a constructions en béton. Votre avis sur le sujet.
pratiquement pas d’espaces verts. Ce n’est pas bien et c’est une preuve du chaos qui résulte de
Que vous inspire une telle situation ? l’absence ou du non-respect du plan d’urbanisme. Il incombe
À mon enfance, il y avait beaucoup d’arbres aux aux pouvoirs publics de mettre en place un plan d’urbanisme
abords des routes, mais aujourd’hui il ne reste prati- et de le faire respecter. La nature doit être respectée ; elle
quement plus rien, contrairement au Ghana, un pays reprend toujours ses droits d’une manière ou d’une autre.
anglophone qui a préservé son végétal et ses arbres
de couvert. Le Président Mathieu KEREKOU a fait Que préconisez-vous alors, surtout que les gouvernements
couper les derniers grands caïlcédrats dans la ville africains ont du mal à concevoir et mettre en oeuvre des
de Cotonou, pensant que des sorciers s’y logeaient projets immobiliers qui impactent positivement l’urba-
pour la petite histoire. Il nous faut donc désormais nisme ?
travailler à replanter et repeupler les bords des Il faut adopter désormais des solutions moins coûteuses, à
routes, créer des parcs verts pour nos populations. base de matériaux locaux écologiques, d’indice carbone très
La verdure amène les pluies et réduit le CO2. Dans bas, donc non nocifs et non pollueurs. Travailler les construc-
le cadre des projets d’envergure, on rase de grands tions pour qu’elles soient bio-positives (qui produisent de
cocotiers pour replanter de la végétation rachitique l’énergie). Penser à isoler convenablement les ouvrages, par
qu’on n’arrose même pas. exemple en introduisant de la paille de sorgho dans les al-
Concernant la population, il faut aussi qu’elle changevéoles des briques. On doit repenser le modèle de construc-
de mentalité. Lorsque nous achetons un terrain et tion, inventer et innover. L’énergie solaire supraconductrice
que nous construisons sur la totalité du terrain, sanset l’éolien ne devront plus être négligés. La recherche de
végétation, il faut s’attendre à ce que ces construc- nouveaux matériaux verts et les avancées technologiques
tions soient mal isolées et pas du tout ventilées. Le permettront de transformer la façon de construire à l’avenir.
végétal devra dans les années à venir faire partie de Nous devons adopter de nouveaux comportements en ne
l’éducation de nos enfants. rejetant rien de sale dans la nature pour un environnement
sain. L’utilisation de fosses septiques d’épandage permet de
Aujourd’hui, les espaces naturels, les bas-fonds, les produire des engrais biologiques. Le végétal intervient dans
exutoires d’eau et les plages sont envahis par les la purification
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de l’eau qui peut être réutilisée dans les toilettes.
Nous devons éviter d’être une victime de la technologie mais la revisiter et se l’approprier à nouveau. La terre est à
nos pieds, il est dommage de s’en passer. Nous devons l’utiliser pour la fabrication des briques à la place du ciment
polluant.
Je pense que les matériaux vont beaucoup évoluer à l’avenir. Nous utilisons déjà à la place du gravier les coques de
palmistes. Plus on fait des recherches, plus on a d’outils à sa disposition, et mieux on évolue dans les processus de
construction et d’urbanisation.
En Asie du Sud-Est, ils utilisent depuis plus de 100 ans les zones rurales, de la même façon que les genres de vie
bambous en lieu et place des fers à béton. Le bambou ruraux façonnent les zones urbaines. On peut donner
est partout dans nos campagnes africaines, et depuis les l’exemple de l’agriculture urbaine, qui remplit le panier
années 2000, nous construisons à partir de celui-ci. à provisions de plus d’un foyer en Afrique urbaine. En
se développant, les villes s’étendent de plus en plus aux
Selon vous, le développement urbain centré sur les an- zones rurales environnantes, accélérant l’expansion de
ciennes villes a-t-il de l’avenir ? ce que l’on peut qualifier de banlieue de la ville, de
Je pense que non. Ce modèle n’a pas marché et il faut marge de la ville, de zones pavillonnaire, périurbaine
s’interroger sur le continuum urbain-rural. Il se note ou suburbaine, ou encore de quartiers périphériques.
une disparité entre les modes de vie urbain et rural. Si En conséquence, il est souvent difficile de savoir là où
la ville est reliée à des modes de vie « modernes », le commence et là où finit une ville. Ash Amin, 2002, va
village est quant à lui considéré comme la représenta- même jusqu’à dire que « nous ne pouvons même plus
tion des valeurs traditionnelles. Néanmoins, une telle nous mettre d’accord sur ce qui relève de la ville… la
distinction purement binaire est tout à fait impossible: ville est partout et dans toutes choses ». Il faut donc
le rural et l’urbain sont imbriqués de nombreuses ma- faire attention à ne pas réduire notre rural.
nières. Les empreintes de la ville sont visibles dans les

Quelques images de villes modernes en Afrique

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«La façon dont sera conduite la révolution urbaine en Afrique dépendra du degré de compréhension que
Qu’est-ce qui entrave la mise en place d’un modèle urbanistique propre à nos réalités ?

politique de la population, seront capables de s’investir dans ce débat ».


nous en aurons, mais également de la manière dont les intellectuels du continent, outre la participation
Les études sur l’urbanisation en
Afrique ont tendance à être normatives. Un grand nombre de points de vue sont soit excessivement optimistes soit
excessivement pessimistes et les analyses objectives semblent demeurer l’exception.

«Nous avons beaucoup de matières premières et de matériaux , il faut trouver de nouveaux standards
Quelle est votre vision de l’urbanisme pour le développement de l’Afrique ?

pour les utiliser. Un nouveau modèle urbanistique doit être créé sans les idées préconçues du passé colo-

»
nial. L’écologie doit devenir un des axes incontournables de l’urbanisme en Afrique. Notre culture, l’exa-
men des habitats anciens et leur étude doivent être les points de départ de notre bonne urbanisation .

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