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EN PROPRIÉTÉ
INTELLECTUELLE
HENRI-DESBOIS
Le 6 avril 2009
CDM
Pour celles d’entre elles qui témoignent d’un fort intérêt pour ce marché, mais n’y ont pas
encore investi, il semble que l’un des freins soit le sentiment d’insécurité juridique,
notamment en ce qui concerne la protection de la propriété intellectuelle. La contrefaçon y
prend en effet depuis quelque temps des proportions alarmantes.
1
L’Algérie est liée par les principaux instruments internationaux en matière de propriété intellectuelle,
notamment la Convention instituant l’OMPI (Organisation mondiale de la propriété intellectuelle) depuis 1975,
la Convention de Paris (protection de la propriété industrielle) depuis 1966, l’Arrangement de Madrid
(enregistrement « international » des marques) depuis 1972, la Convention de Berne (droit d’auteur) depuis avril
1998, le Traité de coopération en matière de brevets (dépôt d’une demande « internationale » de brevet) depuis
2000.
2
Afin de préparer son accession à l’OMC, l’Algérie a harmonisé sa législation avec les dispositions de l’accord
Adpic (Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce), qui, en plus d’énumérer les
droits de propriété intellectuelle couverts, définit les standards et une dynamique d’harmonisation internationale
des législations et instruments de protection des droits de propriété intellectuelle pour l’ensemble des États
membres ou souhaitant le devenir. Par ailleurs, cet accord prévoit la possibilité de sanctions commerciales
multilatérales envers les États ne respectant pas les engagements fixés. Il existe, au sein du ministère algérien du
commerce, une sous-direction chargée « d’assurer la mise en œuvre et le suivi des accords de l’organisation
mondiale du commerce liés au commerce des services et à la propriété intellectuelle, d’introduire les offres
d’engagement en matière de services et de propriété intellectuelle et de suivre les négociations y afférentes ; de
veiller selon les formes et procédures consacrées aux notifications d’usage découlant des accords de
l’organisation mondiale du commerce relatifs aux services et à la propriété intellectuelle et de prendre en charge
le traitement des différends » : décret exécutif du 9 août 2008.
1
La protection des droits de propriété intellectuelle
Une invention peut être définie comme une solution permettant de résoudre un problème
déterminé dans le domaine de la technique. Sont brevetables au sens de l’ordonnance du 19
juillet 2003, les inventions nouvelles, impliquant un caractère inventif et susceptibles
d’application industrielle. Toutefois, certaines inventions sont exclues de la brevetabilité 3 .
Il est conseillé d’effectuer une recherche d’antériorités parmi les brevets protégés en Algérie,
voire une recherche sur l’état de la technique, afin de déterminer s’il convient d’entamer la
procédure de dépôt.
Quiconque veut protéger une invention doit en faire expressément la demande auprès de
l’Administration, l’Institut national algérien de la propriété industrielle (INAPI) 4 . Il est
possible de requérir soit un brevet de produit, lorsque l’invention porte sur un produit, soit un
brevet de procédé, lorsque l’invention consiste en un procédé de fabrication ou d’obtention
d’un produit.
La protection de l’invention peut être acquise soit par un dépôt international, auprès de
l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) 5 , via le Patent Cooperation
Treaty (PCT), en désignant l’Algérie, soit par un dépôt algérien réalisé directement auprès de
l’INAPI. Par ailleurs, en vertu de la Convention d’Union de Paris, un déposant dont le brevet
est en cours d’enregistrement en France bénéficie, à compter de la date de dépôt en France,
d’un délai de priorité de 12 mois pour étendre ses droits à l’étranger 6 .
Tout brevet délivré est publié. Son titulaire est investi de droits exclusifs sur l’invention et les
tiers n’ont donc pas le droit d’exploiter celle-ci sans son autorisation, qu’il s’agisse de
fabrication, d’utilisation ou de vente.
3
Ne sont pas considérées comme inventions : les principes, théories, découvertes scientifiques et méthodes
mathématiques ; les plans, principes et méthodes en vue d’accomplir des actions purement intellectuelles ou
ludiques ; les méthodes et systèmes d’enseignement, d’organisation, d’administration ou de gestion ; les
méthodes de traitement du corps humain ou animal par la chirurgie ou la thérapie ainsi que les méthodes de
diagnostic ; les simples présentations d’information ; les programmes d’ordinateurs et les créations de caractère
purement ornemental. Par ailleurs, un brevet ne peut pas être délivré pour : des variétés végétales ou des races
animales ; des inventions contraires à l’ordre public ou aux bonnes mœurs ; des inventions dont l’exploitation
nuirait à la santé et à la vie des personnes et des animaux ou la préservation des végétaux, ou bien porterait
gravement atteinte à la protection de l’environnement.
4
http://www.inapi.org/accueil/
5
http://www.wipo.int/portal/index.html.fr
6
Ce droit lui donne priorité sur un dépôt concurrent effectué au cours de cette période.
7
http://www.inapi.org/site/tarifs.php
8
Le rôle de l’Administration se limite à l’examen des éléments matériels du dossier.
2
La durée de protection est de 20 ans à compter de la date du dépôt, sous deux conditions :
l’inventeur doit verser les taxes de maintien en vigueur (annuités) et il doit exploiter
l’invention (des licences obligatoires pourront être accordées à des tiers en cas de défaut
d’usage suffisant au cours des quatre années suivant le dépôt ou des trois années suivant la
délivrance du brevet).
Une marque de fabrique, de commerce ou de service est un signe servant à distinguer les
produits d’une entreprise de ceux de ses concurrents.
La demande d’enregistrement se fait auprès de l’INAPI : un dossier doit être déposé et des
redevances acquittées 9 . L’INAPI pratique un examen de forme, contrôle si la marque remplit
les conditions de validité et vérifie l’existence de marques antérieures. Une fois enregistrée, la
marque est publiée.
Les formalités de protection peuvent être accomplies soit par un dépôt international auprès de
l’OMPI, via le Protocole de Madrid, en désignant l’Algérie, soit par un dépôt algérien réalisé
directement auprès de l’INAPI. Par ailleurs, en vertu de la Convention d’Union de Paris, un
déposant dont la marque est en cours d’enregistrement en France bénéficie d’un délai de
priorité de six mois pour effectuer un dépôt en Algérie 10 .
La durée de protection d’une marque enregistrée est de 10 ans à compter de son dépôt. Celle-
ci peut être indéfiniment renouvelée pour des périodes de même durée, à condition d’être en
mesure de prouver l’usage de la marque dans l’année précédant la date de renouvellement 11 .
Il n’existe pas de disposition concernant les noms de domaine dans la réglementation sur les
marques. L’organisme qui gère le registre des noms de domaine est NIC.dz 12 .
9
http://www.inapi.org/site/tarifs.php
10
Ce droit lui donne priorité sur un dépôt concurrent effectué au cours de cette période.
11
Une marque enregistrée doit en effet faire l’objet d’un usage sérieux.
12
https://www.nic.dz/
3
LES DESSINS OU MODÈLES INDUSTRIELS
L’apparence des produits relève d’une protection par dessins ou modèles, selon qu’ils se
matérialisent par des éléments graphiques de deux dimensions (des dessins) ou de trois
dimensions (des modèles) 13 .
Le dépôt du dessin ou modèle s’effectue auprès de l’INAPI – qui réalise seulement un examen
de forme – et des redevances doivent être versées 14 . L’enregistrement est publié après
l’expiration de la première année de protection ou plus tôt, à la demande du titulaire.
Le titulaire d’un dessin ou modèle bénéficie sur celui-ci d’un droit exclusif d’exploitation.
La durée totale de protection d’un dessin ou modèle enregistré est de 10 ans à compter de la
date de dépôt. Celle-ci se décompose en deux périodes : la première année et les 9 années
suivantes 15 .
LE DROIT D’AUTEUR
Cette protection, organisée par la loi du 19 juillet 2003, est accordée à toute œuvre littéraire,
scientifique ou artistique, quel qu’en soit la valeur ou le mérite, la destination, le mode
d’expression ou le genre. La seule condition de fond exigée est le caractère original de la
création.
L’auteur d’une œuvre originale est investi, d’une part de droits patrimoniaux qui sont
cessibles (notamment, droit de reproduction, d’adaptation, de représentation), d’autre part de
droits moraux qui sont incessibles (essentiellement droit de divulgation, droit de paternité,
droit au respect de l’œuvre).
Les droits patrimoniaux durent cinquante ans après la publication licite ou après le moment où
l’œuvre a été rendue accessible au public, ou encore après la réalisation. Pour les droits
moraux, la durée de protection n’est pas précisée.
En Algérie, l’Office national des droits d’auteur et des droits voisins (ONDA), placé sous la
tutelle du ministère de l’Information et de la Culture 16 , a pour mission principale la gestion
collective des droits d’auteur afférents aux œuvres inscrites dans son répertoire.
Toutefois, si l’auteur est investi d’un monopole d’exploitation sur ses œuvres, il ne peut en
abuser. Ainsi, il ne peut s’opposer à la diffusion de celles-ci, sans raison valable, car il doit
contribuer à la diffusion des connaissances et du savoir.
13
Ces éléments ne doivent pas être uniquement dictés par l’utilisation à laquelle l’objet est destiné.
14
http://www.inapi.org/site/tarifs.php
15
Le titulaire doit requérir l’extension de la protection au terme de la première année.
16
http://www.onda.dz
4
Contrefaçon : le mouvement en vue d’une action de lutte efficace est bien
engagé
En dépit d’un dispositif légal approprié pour protéger les droits de propriété intellectuelle, la
contrefaçon a pris une telle ampleur en Algérie qu’elle peut constituer un facteur important de
dissuasion pour les investisseurs étrangers.
D’une part, avec ses nombreuses frontières terrestres difficiles à surveiller et une façade
maritime de 1200 kilomètres, l’Algérie est une cible idéale pour les réseaux de contrefaçon
internationaux. D’autre part, l’écoulement des contrefaçons d’origine algérienne est facilité
par un marché parallèle particulièrement actif.
Aussi l’Algérie figure-t-elle sur la liste des pays placés sous surveillance par les États-Unis,
du fait de leurs activités contrefaisantes17 . Ceux-ci lui reprochent notamment d’autoriser la
vente de produits pharmaceutiques génériques contrefaisants et, de manière plus générale, de
ne pas faire respecter les droits de propriété intellectuelle.
Un tiers des produits vendus en Algérie – sur des marchés officiels ou des marchés
« informels » 18 – seraient contrefaisants, qu’il s’agisse de produits alimentaires, de pièces
détachées automobiles 19 , de produits cosmétiques 20 , de disques compacts, de logiciels 21 , de
médicaments 22 , de vêtements ou chaussures 23 et, dans une large mesure, des articles
ménagers 24 .
Les villes les plus touchées sont Alger, Sétif, Oran et Tlemcen.
17
2008 Special 301 Report, Office of the United States Representative.
18
Il en existe une quinzaine, parmi lesquels les marchés d’El-Eulma, Tadjenant, Annaba, El-Khroub, Boufarik,
Sidi Aïssa, Hassi El-Fdoul et Hel-Harrach arrivent en tête dans la commercialisation des contrefaçons produites
en Algérie ou importées de l’étranger.
19
50% des pièces détachées seraient des contrefaçons. Il peut s’agir, par exemple, de pneus ou d’amortisseurs :
http://www.lejourdalgerie.com/Editions/280708/Rubriques/Alger.htm
20
40% des cosmétiques seraient des copies : Courrier international, 28 janvier 2009. Le marché de l’imitation
des parfums de grande marque notamment a pris une importance considérable. Pourtant les produits cosmétiques
et hygiéniques contrefaisants constituent une menace sérieuse pour la santé des consommateurs.
21
La contrefaçon de logiciels est de l’ordre de 84% en Algérie, générant des pertes aux éditeurs de logiciels
s’élevant à 86 millions de dollars : rencontre de Microsoft Algérie avec la presse algérienne, novembre 2008,
http://global.bsa.org/idcglobalstudy2007/studies/2007_global_piracy_study.pdf
Les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) étant un secteur porteur en Algérie, l’ONDA et
BSA ont signé un protocole d’accord de collaboration mutuelle pour lutter contre le piratage informatique.
22
Il est essentiel de vérifier que les médicaments sont bien distribués par des pharmacies agréées, car certaines
officines commercialisent, parfois côte à côte, le médicament original et la contrefaçon. De faux médicaments
importés en Algérie ont même été détournés vers le Maroc où ils sont revendus à des prix attractifs.
23
30% de vêtements et de chaussures seraient des contrefaçons.
24
20% de l’électroménager seraient touchés par la contrefaçon.
25
Au cours de la douzième journée nationale de l’innovation du développement économique, le 14 décembre
2008, le Directeur de l’INAPI a rappelé que l’innovation doit être au cœur de l’entreprise.
5
UN ENVIRONNEMENT RÉGLEMENTAIRE RIGOUREUX
Procédures douanières
Les services douaniers algériens disposent, depuis le 15 juillet 2002, d’un cadre réglementaire
pour lutter contre la contrefaçon.
Par ailleurs, la loi de finances pour 2008 a modifié et complété le Code des douanes, de
manière à instituer un dispositif rigoureux conférant davantage de pouvoirs à
l’Administration, notamment en faisant de l’importation et de l’exportation de produits
illicites une infraction douanière 26 .
En tout état de cause, les contrefaçons peuvent être confisquées, placées hors des circuits
commerciaux, détruites, et de lourdes peines d’amendes, voire d’emprisonnement, sont
encourues par les contrefacteurs.
Procédures judiciaires
Le titulaire d’un droit de propriété intellectuelle peut intenter une action en contrefaçon
devant les juridictions civiles, afin d’obtenir réparation du préjudice subi. Mais il est
également possible de saisir les juridictions pénales, afin de faire sanctionner les agissements
illicites.
• La contrefaçon d’une œuvre est passible d’un emprisonnement de six mois à trois ans
et/ou d’une amende de 500 000 (environ 5 600 €) à 1 000 000 de dinars (environ
11 150 €) ;
• la contrefaçon d’une marque, d’un emprisonnement d’un mois à un an et/ou d’une
amende de 500 000 (environ 5 600 €) à deux millions de dinars (environ 22300 €) ;
• celle d’un brevet, d’un emprisonnement de six mois à deux ans et/ou d’une amende de
2 500 000 dinars (environ 28900 €) à dix millions de dinars (environ 111 400 €) ;
• enfin, la contrefaçon d’un dessin ou modèle peut être sanctionnée d’une amende de
500 dinars (environ 6 €) à 15 000 dinars (environ 170 €).
26
Les mesures pratiques d’application qui s’y rattachent sont inspirées des meilleurs pratiques de l’Organisation
mondiale des douanes.
6
L’ALGÉRIE VEUT RASSURER LES INVESTISSEURS
• La volonté politique qui s’est manifestée au plus haut niveau de l’État de combattre les
méfaits de l’économie informelle 27 .
• La dotation d’une cyberpolice pour traquer la criminalité virtuelle qui agit à partir
d’Internet, et notamment le piratage informatique 31 .
• La mise en œuvre prochaine d’un dispositif de protection des œuvres diffusées sur
Internet 32 .
27
Livre blanc, Propositions ciblées pour renforcer l’attractivité de l’économie algérienne auprès des investisseurs
internationaux, Medef international, novembre 2007.
28
Allocution de M. Bouderbala, Directeur général des Douanes algériennes, le 22 décembre 2008. À une autre
occasion, celui-ci a rappelé que les douanes algériennes ont été primées par l’Organisation mondiale des douanes
en 2006 et en 2007 pour leurs efforts contre la contrefaçon :
http://www.eepad.dz/information/actualite/lire.php?ref=5207
29
Annonce faite le 26 mars 2008, lors de la 3ème rencontre scientifique du département de pharmacie d’Oran.
30
http://www.lemaghrebdz.com/lire.php?id=14712
31
http://cozop.com/elabweb_le_portail_des_tic_en_algerie/bientot_une_cyberpolice_en_algerie_par_elabweb_le
_28_01_2009_10_12
32
Annonce du Directeur général de l’ONDA, le 11 janvier 2009, sur les ondes de la radio El Bahdja.
7
RECOMMANDATIONS AUX ENTREPRISES
33
Il faut attendre en moyenne deux ans, voire deux ans et demie, pour obtenir un décision de première instance
au civil.
34
Ainsi, la multinationale Nestlé a signé avec les douanes algériennes en 2007 un protocole d’accord portant
essentiellement sur une formation dispensée à leurs fonctionnaires afin de lutter plus efficacement contre la
contrefaçon des produits fabriqués et commercialisés en Algérie par ce groupe agroalimentaire.
35
Ainsi, Microsoft Algérie s’est-il investi dans trois domaines clé dans le cadre de sa stratégie globale pour la
propriété intellectuelle : la sensibilisation des consommateurs et des revendeurs de logiciels Microsoft ;
l’investissement dans des technologies anti-contrefaçon et l’alerte des consommateurs lors de la présence sur
leurs installations de logiciels contrefaisants ; le soutien actif du gouvernement ainsi que des agences de
protection de la propriété intellectuelle dans les actions menées face aux logiciels contrefaisants :
http://www.mobilealgerie.com/modules.php?name=News&file=print&sid=1244
Par ailleurs, Reynolds et Bic, après avoir quitté le territoire algérien pour des raisons liées à la contrefaçon, sont
de retour dans ce pays, en se proposant de « contribuer à hauteur de 50% dans la mise en place d’un laboratoire
de contrôle de qualité » :
http://www.emploitic.com/actualite/detail.php?id=738&titre=Reynolds%20de%20retour%20en%20Alg%C3%A
9rie
8
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