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Une lecture « traumatique » du Séminaire XVII


Luis Iriarte

Pour commencer, on peut dire que dans le Séminaire « L’envers de la psychanalyse »1,
Lacan ne travaille pas directement la notion du « trauma ». Malgré ce fait, on peut faire un
forçage de certains concepts qu’il aborde à ce moment-là et déployer une théorie possible
autour de cette notion. Ce forçage, on l’appellera une lecture traumatique, car il s’agit de
faire une lecture du Séminaire XVII à partir du concept de « trauma ».

Pour cette lecture traumatique on prendra trois concepts qui sont travaillés par Lacan tout
au long du Séminaire. Ces concepts, qui nous servent de boussole, sont : 1) Le signifiant,
2) La répétition et 3) La position de l’analyste.

1) Le signifiant
Par rapport au signifiant, la question qui se pose est : le signifiant, comment peut-il se
présenter en tant qu’un élément traumatique ? Dans le Séminaire XVII, Lacan commence à
parler de ce qu’il a déjà proposé auparavant sur sa théorie du signifiant, c’est-à-dire, en
articulant à nouveau la formule suivante : « Le signifiant […] est ce qui représente un sujet
pour un autre signifiant »2.

Ce qui se montre dans cette citation est qu’à cette époque-là, quand Lacan énonçait cette
formule, on ne pouvait rendre compte du sujet qu'à partir du rapport entre deux signifiants,
c’est-à-dire, l'articulation S1-S2. Mais peu à peu Lacan proposera une autre lecture du
rapport que l'individu a avec le langage.

1
Lacan, J., Le Séminaire, Livre XVII, L’envers de la psychanalyse, Éditions du Seuil, Paris, 1991
2
Ibid., p 31
2

Dans le même Séminaire, Lacan commence à dévoiler cette autre lecture quand il énonce :
« (…) Parce que nous sommes des êtres nés du plus-de-jouir, résultat de l’emploi du
langage. Quand je dis l’emploi du langage, je ne veux pas dire que nous l’employons. C’est
nous qui sommes ses employés. Le langage nous emploie, et c’est par là que cela jouit »3.
Dans cette citation, il se montre que dans ledit rapport, de l'être parlant avec le langage, il y
a un élément que n'avait pas été jusqu'alors lié au langage, mais qu’à partir de ce moment il
sera toujours présent. Cet élément c'est la jouissance.

Tel que Lacan le signale dans le Séminaire, l'être humain est déterminé par une articulation
signifiante, celle du S1-S2, qui laisse une perte comme résultat de l'opération signifiante.
Dans cette époque, Lacan indique que « cette entropie, ce point de perte, c’est le seul point,
le seul point régulier par où nous ayons accès à ce qu’il en est de la jouissance »4. Alors on
pourrait dire que c'est à partir de l'articulation signifiante que quelque chose de la
jouissance se manifestera chez l'être parlant. L’enjeu est donc que nous sommes des
employés du langage, et pour cette raison la jouissance surgit comme un événement
imprévu. C'est dans ce sens-là que Lacan dira « cela jouit » chez l'être humain. C'est le
« cela jouit » qui se présentera comme traumatique.

De même, dans cette nouvelle perspective le signifiant se présente comme un élément


traumatique. Cela pourrait être lu ainsi, quand Lacan dit : « Comme on a le signifiant, il
faut qu’on s’entende, et c’est justement pour cela qu’on ne s’entend pas. Le signifiant n’est
pas fait pour les rapports sexuels. Dès lors que l’être humain est parlant, fichu, c’en est fini
de ce parfait, harmonieux, de la copulation… »5. Avec cette citation on voit qu’à ce
moment-là, il introduit des propositions qui seront développées quelques années plus tard.

On constate dans cette phrase que Lacan montre déjà comment le non-rapport sexuel est
présent dès que l'individu est parlant. Dans ce sens, on peut dire que depuis la psychanalyse
lacanienne il y a un lien entre la rencontre avec le langage et le non-rapport sexuel. Cela
pourrait s'expliquer de la manière suivante : dans la rencontre traumatique du sujet avec le

3
Ibid., p.74
4
Ibid., p.57
5
Ibid., p 36
3

langage, un signifiant fixera chez l'être parlant une modalité de jouissance qui n'inclut pas
l'autre. Pour ce motif Lacan énoncera, dans les séminaires suivants, que cette jouissance
sera l'obstacle pour qu'il y ait un rapport sexuel, il faudrait que cette jouissance ne se
présente pas pour qu'il puisse y avoir un rapport sexuel, mais comme celle-ci se présente -
puisque l'être parlant est traversé par le langage-, alors il n'y a pas de rapport sexuel. Par
conséquent, après que cette manière de jouir ait émergé chez l'individu, surgira la non-
complémentarité entre les sexes, et cela sera expérimenté comme traumatique.

Ensuite, il faut remarquer que dans son dernier enseignement Lacan ne fait plus référence à
l'articulation signifiante (S1-S2) pour rendre compte de la jouissance. Il va introduire un
nouveau statut du signifiant, qu’il appellera lettre, et avec ceci Lacan va proposer un
signifiant isolé qui surgit lors d’une contingence et qui fixe une modalité de jouissance dans
le corps. En conséquence, depuis cette dernière perspective, on pourrait dire que la lettre est
le signifiant qui traumatise le corps.

2) La répétition
En ce qui concerne la répétition : comment faut-il comprendre ce concept depuis la
perspective du trauma ? D’abord, il faut remarquer que dans le Séminaire XVII vont se
déployer quelques hypothèses sur la répétition, que Lacan avait déjà formulés dans deux
Séminaires précédents, et une autre hypothèse qui est complètement nouvelle à l'égard de
ce qu'il s'était dit jusqu'à ce moment sur cette notion.

On sait que dans le Séminaire II, Lacan l’examinait depuis le registre symbolique. En ce
sens-là, la répétition était liée à une « structure combinatoire du signifiant »6. C’est-à-dire,
selon le regroupement des signifiants, des lois spécifiques vont se produire et la répétition
serait le retour d’un trait lié aux lois symboliques.

Postérieurement, au moment de travailler cette notion dans le Séminaire XI, Lacan


présentera deux concepts liés à la répétition. Ceux-ci seraient l’Automaton et la Tuché. Par

6
Brodsky, G., L’argument: commentaire du Séminaire XI de Lacan. Collection Rue Huysmans., 2006, p. 80
4

rapport au premier concept, celui de l’automaton, Lacan formulera ce qu’il avait exposé
dans le Séminaire II.

Mais, au moment de parler de cette notion à partir de la tuché, Lacan va formuler la


répétition comme une rencontre manquée, puisque depuis la perspective de la tuché il s'agit
d'une rencontre que l'individu essaie d'éviter, mais du fait d'être une rencontre contingente,
l'individu ne peut pas l'éviter. Pour cette raison, Lacan la définit comme une rencontre
traumatique, puisqu’il ne s’agit pas d’une bonne rencontre7.

En revanche, dans le Séminaire XVII, il y a une mise à jour de la notion de répétition. Dans
cette nouvelle formulation se présentera bien sur le retour d'un trait, mais au même temps,
émergera quelque chose qui est de l'ordre du traumatique, inscrit dans l'être parlant.

On peut observer cela, quand Lacan expose : « la répétition, c’est une dénotation précise
d’un trait […] d’un trait en tant qu’il commémore une irruption de la jouissance »8. Ce trait,
auquel on fait référence sera le résultat de la rencontre du sujet avec le langage. Ledit trait
rend compte du mode de fixation de la jouissance chez le parlêtre. Pour cela, c’est au
moyen de la répétition que la jouissance surgira.

Alors, on pourrait dire que la répétition serait vécue comme l'insistance d'un trauma, dans le
sens qu'il commémore et présentifie une irruption de jouissance. À propos de ce fait, de
penser la jouissance comme répétition, Jacques-Alain Miller dit dans Les six paradigmes de
la jouissance : « c’est précisément de la penser comme répétition qui le conduira [Lacan]
plutôt à une nouvelle valeur donnée au symptôme »9. Par conséquent, après avoir présenté
cette nouvelle perspective de la répétition, Lacan pourra développer sa théorie du
symptôme, en partant de quelque chose qui se présente chez l'individu comme une fixation
et qui émerge quand on ne l'attend pas.

7
Brodsky, G., Ibid., p. 104
8
Lacan, J., Ibid., p. 89
9
Miller, J.-A., Les six paradigmes de la jouissance, Revue de la Cause Freudienne Nº 43, p. 16
5

Dans le même sens Miller proposera, dans son cours de 2011, la notion de l’itération du
symptôme. Au lieu de penser le symptôme comme une formation de l’inconscient (dont le
trait serait « le caractère fugitif »10 avec lequel se présentent les rêves, les lapsus et les
actes manquées), dans le dernier enseignement de Lacan on constate « le symptôme
itération »11, qui montre l’insistance avec laquelle se présente le symptôme. Au contraire du
déchiffrement que l’on peut faire des formations de l’inconscient, ce que s’établit avec « le
symptôme itération » est la notion d’un reste qui ne peut pas être interprété ou déchiffré, et
qui apparaît comme une constante.

3) La position de l’analyste
Par rapport à ce concept, on se pose la question suivante : Comment serait-il possible de
relier la position de l’analyste à la notion du trauma ? En prenant en compte ce que Lacan a
formulé sur le discours de l’analyste, on peut déduire au moins deux réponses.

La première réponse concerne ce qui apparaît comme le plus voilé chez l’être parlant.
Lacan en parle de la manière suivante : « La position du psychanalyste, j’arrive à l’articuler
de la façon suivante. Je dis qu’elle est faite substantiellement de l’objet a […] en tant que
cet objet a désigne précisément ce qui, des effets du discours, se présente comme le plus
opaque, comme depuis très longtemps méconnu, et pourtant essentiel. »12. Donc, si l’on
prend en compte ce qu’on a dit auparavant, l’opaque et l’essentiel est lié à la jouissance.

Ainsi, Lacan propose dans ce Séminaire, que le psychanalyste incarne le plus opaque du
sujet, pour que les signifiants qui l'ont constitué puissent émerger. Cette position pourrait
être formulée comme : l'analyste, qui fait semblant de ce qui apparaît comme traumatique
chez le sujet.

Par ailleurs, on peut déduire la deuxième réponse de cette citation de Lacan : « peut-être
est-ce du discours de l’analyste […] que peut surgir un autre style de signifiant-maître »13.

10
Miller, J.-A, L’être et l’Un, inédit, cours du 06/04/2011
11
Miller, J.-A, L’être et l’Un, inédit, cours du 04/05/2011
12
Lacan, J., Ibid., p. 47
13
Lacan, Ibid., p. 205
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Cela serait lié à la fin de l’analyse, dans le sens que certains témoignages des A.E. rendent
compte de comment à la fin de l’analyse ils arrivent à saisir un signifiant qui est irréductible
au déchiffrage et qui est associé à sa modalité de jouissance. Ce « autre style de signifiant-
maître » pourrait être un signifiant qui se trouve au début de l’analyse et qu’à la fin a
changé de statut, ou pourrait être un nouveau signifiant que n’existait pas auparavant.

Dans ce sens, on peut dire qu’une psychanalyse mené jusqu’à sa fin, produit quelque chose
de similaire à la première rencontre traumatique du sujet avec le langage, où un signifiant
s’inscrit dans le corps, en provocant un changement dans l’économie libidinale.

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