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Du « Rien » aux briques du « Tout » : la nucléosynthèse

L’être humain possède approximativement 7 milliards de milliards de milliards d’atomes. Soit 1027 atomes.
Un remarquable assemblage de particules élémentaires. Pourtant, nous sommes tous nés du vide, ou plutôt
de la fondation de la matière à partir du néant, à savoir le phénomène théorique du « Big Bang ».

Puisque ce « Big Bang » est l’origine, à partir de rien, comment expliquer une telle densité de matière, et
surtout une telle diversité en « seulement » 13.7 milliards d’années ? Car il s’agit bien là d’une interrogation
fondamentale :

Comment passe-t-on de la boite de jeu (imaginons des LEGO®) à l’infinité de petites pièces différentes ?

Et en reprenant la célèbre sentence d’Hubert Reeves, on peut s’interroger :

Sommes-nous tous de la poussière d’étoile ?

« Nucléo-quoi ? »

Derrière le terme barbare de la nucléosynthèse se cache un principe simple : la création des noyaux
atomiques (c'est-à-dire dépourvus d’électrons) par fusion (le plus souvent) ou par fission nucléaire. On parle
de nucléons pour désigner les parties de ces noyaux, à savoir, et pour faire simple, les neutrons et les
protons, ces derniers possédant une charge électrique positive.

Le processus de synthèse, quand à lui, revient à associer ces différents éléments pour former des structures
pré-atomiques de plus en plus complexes. Comment ? On a parlé de processus de fusion ou de fission, ce qui
suppose une immense quantité d’énergie, synonyme de chaleur et de pression extrêmes. Ces conditions ne
sont réunies qu’en trois circonstances dans l’histoire de l’univers.

La nucléosynthèse primordiale : naissance des particules aînées.

Le « Big Bang » correspond à une immense source d’énergie, la plus ancienne connue et détectée sous le
nom de « rayonnement fossile ». Lors des premiers instants de l’univers, le « tout » se délie : matière et anti-
matière se dissocient, créant lumière et énergie dans un laps de temps très court (bien moins d’une seconde).
La chaleur et la pression sont extrêmement élevées, et les premières particules élémentaires, les quarks,
s’associent trois par trois pour former les nucléons que nous avons présentés précédemment. À cet instant,
le premier noyau atomique est créé : il s’agit tout simplement du proton, qui associé avec un électron
formera par la suite l’atome d’hydrogène (H), le plus simple et le plus léger. Sous l’effet de la pression, les
nucléons s’associent de nouveau pour former un nouveau noyau, généralement à partir de formes complexes
du noyau d’hydrogène (deutérium et tritium) : l’hélium (He), composé de deux protons et de deux neutrons
.

Un exemple de la formation d’un noyau d’hélium : la fusion de deux noyaux d’hydrogènes complexes, le
tritium (ici, 2 neutrons et 1 proton) et le deutérium (1 proton et 1 neutron).

Mais l’univers est en expansion, et celle-ci refroidit son espace : la température devient plus faible et la
pression moins forte. Seules de rares particules comme le noyau de lithium (Li) sont encore formées avant
que l’univers ne se refroidisse trop pour pouvoir confectionner de nouveaux éléments.

À la fin de la nucléosynthèse primordiale, la totalité des noyaux d’hydrogène encore présents dans
l’univers sont créés. Nous sommes nous-mêmes composés de 9% de ces noyaux d’atomes. Pour autant, nous
ne sommes pas faits que d’hydrogène.

Comment ont-été créés le carbone, l’oxygène, le fer, alors que l’univers se refroidit inexorablement ?

La nucléosynthèse stellaire : l’étoile comme mère de la diversité.

Que l’univers se refroidisse est une chose. Que la matière qu’il a engendrée se concentre, se densifie et
finisse par activer un processus de fusion nucléaire en est une autre. Car ce sont bien les noyaux
d’hydrogène (et dans une moindre mesure d’hélium) créés lors des premiers instants de l’univers qui vont
servir de carburant aux premières étoiles. Et c’est celles-là même qui vont reprendre le travail d’association
élémentaire interrompu par l’expansion universelle.

Les étoiles fonctionnent comme des « moteurs » : elles brûlent le carburant tant qu’il est disponible, sous
forme de noyaux atomiques, et produisent de l’énergie grâce à la fusion de ceux-ci. Cette énergie est
perceptible sous la forme d’un rayonnement plus ou moins intense selon sa longueur d’onde.

Par fusion, on entend tout simplement « complexification » : les noyaux d’hydrogène s’associent, ainsi que
des neutrons pour former des noyaux d’hélium. Mais que fait une étoile quand la fusion de l’hydrogène ne
suffit plus ? Si sa masse, et donc sa gravité, sont suffisantes, elle amorce la fusion de l’hélium, qui va
déclencher un nouveau cycle de création et de fusion de noyaux atomiques de plus en plus complexes :
carbone (C), néon (Ne), oxygène (O) …
Pour les étoiles les plus massives, plus de huit fois la masse du soleil, la fusion peut même aller à son
« terminus » : le noyau de l’atome de fer (Fe). En effet, la fusion créé de l’énergie sur un principe simple :
les noyaux créés par la fusion sont toujours plus légers que la somme des noyaux originels. Ainsi, le noyau
d’hélium fraichement fusionné est-il plus léger que deux protons et deux neutrons pris séparément. Cette
différence de masse est convertie en énergie. Or, la fusion du fer est impossible : elle consomme plus
d’énergie qu’elle n’en créé ! Le cœur de l’étoile cesse de fonctionner : l’explosion, la supernovae est dans ce
cas inéluctable.

Ce schéma présente l’évolution interne d’une étoile massive. Le noyau d’hélium est peu à peu remplacé
par du carbone, de l’azote, de l’oxygène, du néon puis du magnésium. Les éléments précédents, plus légers,
forment des couches concentriques proportionnelles à leur époque de fusion (en commençant par
l’hydrogène, toujours majoritaire). Ces couches sont expulsées lors du phénomène de supernovae.

La nucléosynthèse explosive : le soubresaut vers la rareté.

L’explosion d’une étoile massive est un phénomène relativement rare. En effet, il faut déjà que l’étoile ait
pu atteindre le stade de la fusion du fer et donc soit particulièrement massive. Quand la supernovae se
produit, les différentes couches de l’étoile sont expulsées violemment : les noyaux créés en son sein sont
ainsi propulsés et entrechoqués dans des conditions de pression extrême : l’idéal pour reprendre la
complexification nucléaire.

Cette « soupe », ce mélange forcé dure quelques fractions de seconde. Cela est suffisant pour donner
naissance à de nouvelles variétés atomiques, notamment les métaux non-ferreux : étain (Sn), plomb (Pb), or
(Au)…

C’est dans cette dernière « marmite » que les éléments les plus complexes et les plus rares ont été formés,
en combinant les éléments produits précédemment au cœur de l’étoile. Puisque ce sont également les
éléments les plus lourds et parfois les plus stables (comme l’or, résistant à l’oxydation, aux interactions
électroniques des acides…), les matières dont ils sont les dépositaires ont également sur Terre une valeur
très importante pour les sociétés humaines (par utilité, ou par héritage comme dans le cas de l’or).
L’étoile hypergéante Eta Carinae présente toutes les caractéristiques d’une supernovae imminente. On
observe ici une forte explosion, expulsant les couches externes de l’étoile à travers deux lobes symétriques.

Quel avenir pour la matière ?

On se devrait également de parler de la formation moléculaire, association d’atomes, voire de la révolution


cellulaire. Mais ce ne sont, en aval, que les aboutissements de cette complexification nucléaire. On pourrait
par contre citer un quatrième type de création atomique : la nucléosynthèse humaine. En effet, certains
noyaux sont aujourd'hui créés artificiellement par les scientifiques, dans des buts théoriques comme la
recherche d’un noyau hyper-stable et hyper-dense comme l’unbihexium 310, ou économiques (le plomb 208
est à ce jour le noyau atomique stable le plus lourd connu).

Toujours est-il que la matière est finie. Celle apportée par le « Big Bang » a subi de nombreuses évolutions,
et surtout une incroyable complexification à travers les différentes nucléosynthèses. Pourtant rien ne permet
de rajouter de la matière à notre univers. C’est plutôt le contraire : celui-ci est condamné à stocker cette
matière dans des structures post-stellaires comme la naine blanche puis brune, l’étoile à neutron voire le trou
noir, où se pose directement la question de la disparition de la matière.

Que se passera-t-il le jour où l’univers, à travers ses étoiles, aura fini de « brûler » ses stocks, de fusionner
les noyaux atomiques ? Il s’éteindra progressivement mais sûrement, de plus en plus froid dans son
expansion inexorable.

À moins que la « matière noire » ou la théorie du « Big Crunch » ne passent par là. Il y aurait également
matière à réflexion sur ces sujets.
À consulter absolument : http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosbig/decouv/decouv.htm

Ce portail du CNRS retrace l’évolution de l’univers depuis le « Big Bang » et s’intéresse tout
particulièrement à la création de la matière.

Références

- http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosbig/decouv/decouv.htm (cité précédemment).

- Acker (A.), Astronomie, Astrophysique, Dunod collection Sciences Sup., 2004,


Paris.

- Ortoli (S.), Pharabod (J-P.), Le cantique des quantiques, Editions La découverte,


2004, Paris.

- Trinh Xuan Thuan, Le destin de l’univers, Le big bang, et après, Gallimard, 2008,
Paris.

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