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DES LIEUX INFINIS POUR RASSEMBLER

Lieux infinis. Construire des bâtiments ou des lieux ?, Encore Heureux, Fazette
Bordage, Gilles Clément, Jade Lindgaard, Jochen Gerner, Joëlle Zask, Luc
Gwiazdzinski, Pascal Nicolas-Le Strat, Patrick Bouchain, Patrick Perez, Patrick
Viveret, Raphaël Besson, Paris, Éditions B42, 2018, 356 p., EAN : 978-2490077014,
28 €
© Observatoire des politiques culturelles | Téléchargé le 26/02/2021 sur www.cairn.info via Aix-Marseille Université (IP: 139.124.244.81)

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Carine Bonnot

Observatoire des politiques culturelles | « L'Observatoire »

2019/2 N° 54 | pages 106 à 107


ISSN 1165-2675
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-l-observatoire-2019-2-page-106.htm
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BIBLIOGRAPHIE

DES LIEUX INFINIS POUR RASSEMBLER


Lieux infinis. Construire des bâtiments ou des lieux ?, Encore Heureux, Fazette Bordage, Gilles Clément, Jade Lindgaard, Jochen Gerner, Joëlle
Zask, Luc Gwiazdzinski, Pascal Nicolas-Le Strat, Patrick Bouchain, Patrick Perez, Patrick Viveret, Raphaël Besson, Paris, Éditions B42, 2018, 356 p.,
EAN : 978-2490077014, 28 €.

Le catalogue d’exposition du Pavillon français de la dernière Biennale internationale d’Architecture


de Venise interroge des Lieux infinis, présentés par les architectes et commissaires d’exposition
Nicola Delon, Julien Choppin et Sébastien Eymard, membres du collectif Encore Heureux. À travers
deux grands axes, Dire et Agir, ils rassemblent des personnalités issues de diverses disciplines :
Alexa Brunet, photographe ; Luc Gwiazdzinski, géographe ; Pascal Nicolas-Le Strat, sociologue ;
Raphaël Besson, expert en économie urbaine ; Fazette Bordage, créatrice de lieux ; Joëlle Zask,
philosophe ; Patrick Perez, architecte anthropologue ; Jade Lindgaard, journaliste ; Patrick Viveret,
philosophe ; Gilles Clément, paysagiste ; Patrick Bouchain, architecte ; Jochen Gerner, illustrateur.
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Ils dressent dix portraits de lieux, dix situations particulières (p. S’approprier les lieux avec les habitants
16) qui incarnent des démarches de projet innovantes, des
contextes politiques et sociaux en transition et des programmes L’architecture apparaît comme appropriable si elle est conçue
hybrides. Ces lieux peuvent s’apparenter aux tiers-lieux mais au sein d’une démarche singulière, avec comme fil rouge :
n’en sont pas vraiment car ils « considèrent les transitions non la prise en compte du déjà-là, le temps de la permanence
comme un état transitoire mais comme un état permanent » et l’interaction avec les habitants, les gestionnaires… Les
(Besson, p. 67). L’Hôtel Pasteur à Rennes, le Centquatre, architectes réinventent alors leur rôle et abordent le projet
La Grande Halle et Les Grands Voisins à Paris, le Tri postal non par la norme, mais par le vivant.
à Avignon, Le 6B à Saint-Denis, la Friche la Belle de Mai à
Marseille, les Ateliers Médicis à Clichy-sous-Bois, la Ferme Les dix lieux préexistaient avant leur réhabilitation et le
du Bonheur à Nanterre figurent dans cet inventaire mêlant développement de leurs activités, ce qui semble primordial
données historiques, sociales, économiques, spatiales, pour G. Clément qui considère l’histoire comme un socle sur
politiques. À l’image de leurs architectures1, les commissaires lequel on s’adosse (p. 127). L’appropriation se forge alors dans
relient des points de vue contemporains sur la fabrication un temps long, permettant l’observation, les rencontres, parfois
d’espaces communs et territoires en devenir qui ouvre les l’invention d’un mode de gestion. La notion de « participation
possibles de l’action culturelle. habitante » est récurrente dans l’ouvrage puisque plusieurs

Aborder la liberté programmatique architecturale

S’insérant dans la grande thématique Freespace des


commissaires générales Yvonne Farrell et Shelley McNamara,
les architectes analysent les espaces appropriables, « non finis »,
aux programmes construits au fil du temps, se nourrissant
des incertitudes. Cette liberté programmatique peut émerger
grâce à l’appropriation progressive chère à P. Bouchain,
interviewé dans l’ouvrage. Selon P. Nicolas-Le Strat, ce type
de programme permet des fabriques de recherches (p. 62).
Pour éclairer ce dispositif social et politique, Jade Lindgaard
revient sur l’expérience des ZAD comme autonotopies (p.
112), occasions selon P. Perez de travailler « la possibilité de
réaffectation, de réemploi, de réutilisation, voire de démontage,
pour une architecture généreuse et souple face à l’inattendu du
devenir » (p.101).

page 106 | l’Observatoire - No 54, été 2019 - biblio


auteurs reviennent sur les prémisses de ces démarches en citant
l’architecte Lucien Kroll qui, dans les années 1970, s’intéressa
à ces méthodes en scandant « Pas d’habitants, pas de plans ! »
lors d’un concours à Cergy-Pontoise. J. Zask revient sur cette
pratique : « un lieu véritable est embarqué dans l’expérience
des gens qui, en se le racontant, le partageant, le construisant,
en témoignant, constituent une communauté » (p. 97). Il est
question ici de montrer que le métier d’architecte est en train
d’évoluer, grâce à des projets où « s’inventent des dispositifs,
des agencements malins qui spatialisent la sérendipité, misent sur
“l’improvisation” et font confiance aux rencontres, loin des logiques
de programmation ou de planification. » (Gwiazdzinski, p. 44).

Activer les transitions

Le constat des multiples crises (écologique, économique, de


ressources) traverse l’ouvrage, notamment avec le texte de P.
Viveret : « Aujourd’hui c’est notre famille humaine qui est menacée,
par sa propension suicidaire à détruire ses écosystèmes nourriciers
et à s’autodétruire » (p.119). R. Besson émet l’hypothèse que
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les lieux infinis constitueraient des supports de transitions
plurielles qui « se conçoivent, se vivent et se matérialisent selon une
approche “multiniveaux”, où des innovations radicales déployées
dans des espaces non institutionnels auraient la capacité, par effet
d’accumulation, à transformer des régimes socioéconomiques et
techniques dominants. » (p. 63). Il s’agit, en effet, après lecture
des portraits présentés, d’observer comment les occupations
fortuites ont transformé les lieux. D’autres histoires de projets
culturels sont racontées par F. Bordage : le Confort Moderne
à Poitiers ; Mains d’Œuvres à Saint-Ouen... autant de friches
culturelles qui ont fait émerger de nouvelles formes de culture.

Remplacer les plans par le vivant ?

Encore Heureux propose une forme de livre d’architecture qui


déconstruit les codes de la discipline (omniprésents dans les
catalogues de la Biennale !). Pas de plans de bâtiment, mais des
dessins tramés qui montrent les connexions des édifices avec
leur quartier ; pas d’échelle graphique, mais des photographies
de scènes de vie d’Alexa Brunet. Pas de détails techniques non
plus, mais des illustrations de J. Gerner, habitué au dessin de
presse. Enfin, certaines personnalités, fondateurs, directeurs,
membres d’associations, racontent comment ces lieux infinis
existent, évoluent, manquent de disparaître, puis perdurent…
Ils évoquent la fragilité des situations, compensée malgré tout
par l’envie de rassembler, encore et toujours.

Carine Bonnot
Architecte Dplg, Docteure en Urbanisme

Des lieux infinis pour rassembler


NOTE
1- encoreheureux.org

l’Observatoire - No 54, été 2019 - biblio | page 107

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