Hommes et Migrations

Anciens et nouveaux migrants chinois

Bernard P. Wong

Résumé
Si la première vague migratoire des Chinois aux États-Unis date de la fin du XIXe siècle, c'est surtout avec l'adoption en 1965
du New Immigration Act que les Chinois arrivèrent massivement. Ces derniers immigrants diffèrent considérablement des
premiers : ils viennent des zones urbaines, arrivent avec leurs familles, ont pour certains une bonne formation scolaire ou
professionnelle, pour d'autres - en particulier ceux originaires de Hong Kong ou de Taïwan - des fonds à investir. Des atouts qui
expliquent la réussite économique de cette communauté que certains n'hésitent pas à qualifier de «minorité modèle».

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Wong Bernard P., ISM-TI. Anciens et nouveaux migrants chinois. In: Hommes et Migrations, n°1162-1163, Février-mars 1993.
Fragments d'Amérique. Migrants et minorités aux USA. pp. 57-62;

doi : https://doi.org/10.3406/homig.1993.1975

https://www.persee.fr/doc/homig_1142-852x_1993_num_1162_1_1975

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 ANCIENS

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LA POPULATION CHINOISE
AUX ETATS-UNIS :
1860-1990

Année Nombre d'immigrants

1860 34 933
1870 83 199
1880 105 485
1890 107 488
mondiale,
connut
Immigration
vivaient
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per¬
qui
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les
en 1900 89 863
1910 71631
1920 61639
1930 74 954
1940 77 504
1950 117 629
1960 237 292
1970 431 583
1980 806 042
1990 1 645 472

Le Chinatown de San Francisco
restaurants chinois et les blanchisseries ; ensuite, en
organisant des sociétés d'autodéfense ; enfin, en se
déplaçant vers les principales zones urbaines des
Etats-Unis telles que San Francisco, Los Angeles et
New York où ils pouvaient rassembler une large
clientèle attirée par leurs commerces ethniques. Ces
trois stratégies furent à l'origine de l'essor des
diverses
"Chinatowns"
enclaves
. chinoises aux Etats-Unis appelées
Avant 1965, la plupart des Chinois aux Etats-Unis
provenaient de la zone rurale de la province du
Guangdong, au sud de la Chine, en particulier des
districts de Sze Yap et de Sam Yap, et la langue
véhiculaire d'appoint était le dialecte toysan. Les
structures d'organisation auxquelles ils faisaient
appel dans la constitution de leur communauté
reprenaient celles qui étaient communes dans les
zones rurales de la Chine traditionnelle : parenté,
localité d'origine, régionalisme, ressemblance des
dialectes... Beaucoup de ces immigrants n'avaient
58
pas l'intention
manente. Certains
de rester
les surnommaient
en Amérique de
d'ailleurs
façon per¬
les
"séjournants" (sojourners ).
La communauté chinoise aux Etats-Unis a radica¬
lement changé depuis 1965. Trois facteurs princi¬
paux sont responsables des changements survenus.
Le premier est le Civil Rights Movement (Mouve¬
ment pour les droits civiques) des années 60 qui aida
à étendre l'égalité des droits et de traitements à tous
les groupes ethniques. Le deuxième est la promulga¬
tion du New Immigration Act de 1965 qui abolit les
quotas en fonction des "nationalités d'origine" et
établit un système selon lequel les proches parents,
les travailleurs qualifiés ou non qualifiés, les réfu¬
giés, les scientifiques et techniciens étaient classés
par ordre de préférence. Pour la première fois, les
immigrants chinois étaient traités d'égal à égal avec
les autres nationalités par la loi sur l'immigration
américaine. Ceci mettait fin à quelque quatre-vingt-
cinq ans de préjugés à l'encontre des Chinois. Le
troisième est VEqual Opportunity and Affirmative
Action Program (Programme d'action affirmative et
d'égalité des chances) qui élargit les perspectives
économiques pour les Chinois et les autres groupes
minoritaires.
Les origines socioculturelles
Les modifications dans la loi sur l'immigration et
l'élargissement des perspectives économiques furent
des facteurs d'"attraction". Les facteurs "incitatifs"
qui poussèrent le mouvement d'émigration des Chi¬
nois après 1965 incluent l'incertitude politique
concernant Hong Kong, leurs difficultés écono¬
miques dans leur patrie et le manque d'éducation et
de liberté politique dans leur pays. Beaucoup admi¬
raient le style de vie "américain" et étaient impa¬
tients d'émigrer aux Etats-Unis.
La loi sur l'immigration de 1965 et l'émigration
chinoise ultérieure aux Etats-Unis ont changé non
seulement les frontières géographiques des diffé¬
rents Chinatowns de New York, Los Angeles, San
Francisco et des autres villes, mais ont aussi modifié
la taille de la population et les caractéristiques
socio-économiques
américaine. Les Chinatowns
de la communauté
aux Etats-Unis
chinoise
sont
maintenant principalement habités par des Chinois
qui ont l'intention de s'installer définitivement aux
Etats-Unis, contrairement aux "séjournants" du
passé.
Aujourd'hui, si les immigrés originaires du
Guangdong représentent plus de la moitié de la
population chinoise américaine, on compte aussi de
nombreux individus venus du nord de la Chine, de
Shanghaï, de Hong Kong, du Fujian et de Taïwan.
Le cantonais standard, celui qui est parlé dans les
HOMMES & MIGRATIONS
villes de Hong Kong, Macao et Canton, est mainte¬
nant la langue véhiculaire d'appoint des China-
towns. Les utilisateurs d'autres dialectes tels que le
mandarin, le dialecte du Fujian, de Shanghaï et le
hakka doivent apprendre le dialecte cantonais en
usage dans ces quartiers, afin de pouvoir communi¬
quer avec les commerçants ou leurs collègues de
travail. Néanmoins, aujourd'hui, les utilisateurs du
mandarin ont plus de chances d'être compris dans
les Chinatowns qu'avant 1965, parce que beaucoup
de jeunes Cantonais ont aussi appris la langue
nationale (le mandarin) et que ces quartiers regrou¬
pent de nombreux immigrants originaires de Taï¬
wan et de Chine continentale qui parlent le manda¬
rin.
Avant 1945 il y avait très peu de femmes et
d'enfants dans les Chinatowns d'Amérique et la
population était constituée principalement de
"séjournants" de sexe masculin. La population de
sexe féminin s'est accrue petit à petit depuis 1945
avec, à l'origine, l'afflux de jeunes femmes chi¬
noises mariées à des soldats. Pourtant, ce n'est seu¬
lement qu'après 1965 que la proportion entre les
sexes s'est rééquilibrée de façon significative. En
1960, le rapport entre les individus masculin/féminin
était de 2 pour 1. En 1990, ce rapport était devenu
presque équilibré.
Le récent courant migratoire comprend des indivi¬
dus de Hong Kong extrêmement fortunés qui se sont
enfuis avec leurs capitaux, en raison de la situation
incertaine de la colonie. Le bail concernant Hong
Kong doit expirer en 1997, date à laquelle la Répu¬
blique populaire de Chine va revendiquer sa souve¬
raineté sur l'île. Bien qu'un accord entre la Grande-
Bretagne et la République populaire de Chine ait été
signé avec la promesse d'une extension du système
capitaliste actuel, il subsiste pourtant une crainte
parmi les habitants les plus riches de Hong Kong.
Beaucoup ont envisagé d'abandonner leurs affaires ;
d'autres ont transféré leurs principaux capitaux à
New York, Los Angeles, San Francisco et d'autres
encore sont déjà partis. La disponibilité du "capital
en fuite" a été responsable d'activités immobilières
spéculatives dans divers projets de modernisation
dans les Chinatowns d'Amérique.
Une autre dimension du mouvement migratoire
est l'afflux d'immigrants chinois originaires de Taï¬
wan. Parmi ceux-ci on compte des financiers, des
éducateurs, des scientifiques, des ingénieurs aussi
bien que des "classes moyennes" et des pauvres.
Dans les années 1990, on compte aussi une propor¬
tion notable Certains
continentale. d'immigrants
d'entre originaires
eux sont desdeétudiants
Chine
qui ont décidé de rester aux Etats-Unis, d'autres sont
Bien sûr, la plupart des immigrants récents ne sont
pas des nantis et la plupart également ne sont pas
allés aux Etats-Unis pour protéger leurs capitaux. En
fait, beaucoup sont venus dans ce pays afin d'amé¬
liorer leur bien-être économique et pour l'éducation
future de leurs enfants. La majorité provient de
milieu urbain ; certains arrivent avec une excellente
formation scolaire et professionnelle. En comparai¬
son avec les anciens, les nouveaux immigrants se
considèrent comme plus "distingués", particulière¬
ment ceux qui sont originaires de Hong Kong, plus
instruits et plus modernes, la plupart ayant vécu dans
les zones urbaines, au moins pendant un certain
temps, en Chine ou à Hong Kong. Ils ont le senti¬
ment que les anciens immigrants ne sont que des
"péquenauds" ( "country bumpkins" ) dénués de raf¬
finement et provenant des zones rurales de la vieille
patrie. En bref, la population chinoise en Amérique
est devenueà 1965.
antérieure plus hétérogène, comparée à la période
L'adaptation économique
L'ensemble des performances économiques des
Chinois aux Etats-Unis est impressionnant, en com¬
paraison avec d'autres groupes ethniques non
blancs. Les Chinois ont formé une classe de profes¬
sionnels bien établis. Beaucoup de Chinois de la
deuxième, troisième ou de la quatrième génération,
aussi bien que les nouveaux immigrants, ont fré¬
quenté des établissements d'enseignement supérieur
ou des écoles professionnelles. Après leur diplôme,
ils préfèrent généralement travailler pour des établis¬
sements appartenant à des Américains de race
blanche. En fait, les Chinois de professions libérales
sont enclins à ne pas se rattacher à Chinatown et pré¬
fèrent plutôt aller vivre dans les quartiers des classes
moyennes,
de leur commerce.
même s'ils s'y rendent pour les besoins
Les nouveaux immigrants qui résident dans les
divers quartiers chinois sont fortement concentrés
dans les services et le travail en usine. En effet,
qu'ils soient de nouveaux ou d'anciens immigrants,
la plupart dépendent des "niches" ethniques que
constituent les restaurants chinois, les épiceries, les
magasins de cadeaux ou les ateliers de confection
vestimentaire.
La nouvelle élite financière
Il y a aussi des nouveaux immigrants qui ne
dépendent pas de l'économie de Chinatown. Ce
sont les riches expatriés originaires de Hong Kong
 exemple, certaines personnes estiment que les Chi¬ de 1924) et ceux qui, peu de temps après 1945, ont
nois riches de Hong Kong possèdent au moins le parrainé leur épouse avec qui ils s'étaient mariés
dixième des quartiers du centre de la ville de San pendant la guerre. Les anciens colons ont souvent
Francisco. Ce sont ces entrepreneurs qui ont acheté démarré des affaires grâce au partenariat ou aux
la chaîne de magasins d'habillement Grodin's, Aca amis. Ceux-ci avaient tendance à s'engager comme
Joe et North Face. Ces immigrants sont partie pre¬ associés dans plusieurs affaires différentes à la fois,
nante dans les affaires immobilières, les banques, en tant qu'actionnaires multiples. Cependant, pour
les hôtels et le commerce. Dans les années 1980, ils ce qui est des nouveaux immigrants, ils continuent à
ont acheté des biens fonciers dans les principales être des partisans convaincus des entreprises fami¬
villes
San Francisco.
du pays telles que New York, Los Angeles et liales. Bien entendu, les entreprises qu'ils gèrent ne
sont pas toutes de ce type. Certains sont organisés en
associations ou en corporations qui ont été consti¬
tuées
de lienpar
entre
deseux.
actionnaires ou associés qui n'ont pas
L'étiquette "minorité modèle" La plupart des entrepreneurs nouveaux immi¬
accolée aux Chinois masque sou¬ grants préfèrent gérer une entreprise familiale pour
ce qu'elle représente en termes de flexibilité, d'indé¬
vent leurs différences écono¬ pendance et de plus grand contrôle exercé sur leurs
ouvriers. Les liens de parenté dans le cadre des
miques et sociales entreprises familiales peuvent aussi procurer
d'autres avantages. Les membres d'une famille ont
la possibilité de recevoir une formation dans la ges¬
tion des affaires ; ils sont dignes de confiance et
capables de garder des secrets sur le commerce ; ils
ont la volonté de consacrer plus d'heures à leur tra¬
vail et sont une source importante de financement.
Beaucoup
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famille. La parenté d'une famille constitue égale¬
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arri¬
ne
de ment un réservoir de main-d'œuvre bon marché.
Beaucoup de nouveaux immigrants se retrouvent
dans l'industrie vestimentaire où la flexibilité est
tout particulièrement importante. Les ateliers de
confection sont hautement compétitifs et l'activité
est saisonnière. Il y a 600 ateliers de confection dans
le Chinatown
20 000 ouvriersdechinois.
New YorkPourquila ville
emploient
de Sanplus
Fran¬
de
cisco, mon estimation est de 400 ateliers de confec¬
Commerces ethniques tion pour une main-d'oeuvre de 15 000 ouvriers.
et entreprises familiales Les affaires telles que les restaurants chinois
continuent à être une source importante de revenus.
Cependant, ces banquiers, capitalistes et riches Les anciens comme les nouveaux immigrants y sont
hôteliers ne sont pas représentatifs de la majorité des impliqués. Cependant, les nouveaux ont plutôt ten¬
nouveaux immigrants. En effet, beaucoup d'entre dance à diriger des restaurants chinois spécialisés
eux doivent travailler pour une tierce personne, ce dans des cuisines régionales tels que les restaurants
qu'ils font au début, même si en fait ils aimeraient shanghaïen, pékinois, hunanais, sichuanais ou de
aussi s'établir à leur propre compte. Beaucoup Hong Kong.
créent leur affaire et s'organisent en faisant appel
aux membres de leur propre famille. Ceci est davan¬ La "minorité modèle"
tage possible à l'heure actuelle, après l'arrivée ces
dernières années de tant de familles d'immigrants. Parmi les nouveaux immigrants, on trouve aussi
Les entreprises familiales sont beaucoup moins cou¬ un groupe fortement représenté de professionnels
rantes chez les anciens arrivants. dont les champs d'activités s'étendent de l'ingénie¬
Durant la période antérieure à 1965, peu rie jusqu'à la médecine en passant par les sciences et
d'hommes avaient leur famille avec eux à China- l'éducation. Parmi ceux-là, on trouve des profes¬
town, mis à part ceux qui ont fait venir leurs enfants seurs célèbres, des prix Nobel, des architectes, des
et leur femme avant le Quota Act (Loi sur les quotas financiers, des informaticiens, etc. Parce que beau-

60 HOMMES & MIGRATIONS

Le Chinatown de New York

coup d'entre eux sont extrêmement instruits et pros¬ toute la famille. Parmi les immigrants chinois, un
pères, ils sont souvent appelés la "minorité dicton dit que les Chinois de Hong Kong possèdent
modèle". Cette étiquette masque souvent les diffé¬ déjà Vancouver, la moitié de San Francisco, la moi¬
rences économiques et sociales des Chinois et est tié de Toronto et une partie de New York. Cepen¬
fréquemment utilisée par les politiciens afin d'oppo¬ dant, toutes les propriétés ne sont pas achetées pour
ser une minorité à une autre. Elle est parfois aussi un usage familial. Les immigrants riches achètent
utilisée pour établir une discrimination contre les des
lation.
propriétés aux fins d'investissement et de spécu¬
Chinois. Bien qu'il soit vrai que l'ensemble des per¬
formances économiques des Chinois aux Etats-Unis
est impressionnant, il est tout de même inapproprié
de "minorité
qualifier toute
modèle"
la population
. chinoise américaine La politique
et les nouveaux immigrants
Les Chinois ont l'habitude d'économiser afin
d'acquérir une propriété. Durant ces dernières Contrairement aux premiers immigrants, les der¬
années, cette volonté de possession d'une propriété niers ont un sens aigu de la politique internationale
s'est intensifiée ; c'est particulièrement le cas pour et intérieure. Ils sont en accord avec le développe¬
les ressortissants de Hong Kong, ce qui s'explique ment international. Il existe plus de huit quotidiens
en partie par le fait qu'ils ont tendance à disposer de chinois distribués aux Etats-Unis. Sur le plan inté¬
plus d'argent. Certains ont vendu leurs immeubles rieur, ils sont conscients de l'importance du pou¬
en copropriétés
eux de 80 000 àde100 Hong000Kong
dollars
et ont
américains.
emporté Ceci
avec voir politique. A la différence des premiers immi¬
grants, les nouveaux, dès qu'ils sont admissibles,
représente une assez grosse somme d'argent pour un aimeraient être naturalisés citoyens américains et
acompte destiné au logement d'une seule famille. sont désireux de participer à la démocratie améri¬
Mais même ceux qui ne disposent pas d'un tel capi¬ caine. Ils sont facilement blessés par les injustices
tal aimeraient quand même acheter leur propre mai¬ sociales à l'encontre des Chinois américains.
son. Ces familles de nouveaux immigrants attendent Contrairement à leurs ancêtres, ils ont appris à lut¬
de troisà San
ment à cinqFrancisco.
ans avantLes
de pouvoir
membresacheter
d'uneunfamille
loge¬ ter individuellement et collectivement pour leurs
droits, à utiliser les litiges, les grèves, les manifes¬
travaillent afin de mettre leurs ressources en com¬ tations ou d'autres méthodes de confrontation pour
mun et achètent ensuite ensemble une maison pour arriver à leurs fins.

N° 1162 - 1163 / FÉVRIER - MARS 1993 61

 En Chine traditionnelle comme dans les vieux La plupart des nouveaux immigrants doivent
Chinatowns, un dicton soutient que "qui de son encore dépendre de la voie ethnique. Les restaurants,
vivant ne travaille pas dans l'administration n'ira les ateliers de confection et les épiceries demeurent
pas en enfer après sa mort" . Ce dicton n'a plus leur élément vital. Cependant, la taille, l'échelle, la
cours, car aujourd'hui des Chinois américains sont gestion et l'organisation des affaires actuelles sont
candidats à des fonctions politiques aux niveaux réellement différentes de celles du passé. Parmi eux,
national, fédéral et local. Dans la seule ville de San il y a aussi des ingénieurs, des informaticiens, des
Francisco, le maire Agnos a nommé vingt Chinois physiciens, Leurs
éducateurs. des comptables,
contributions
dessont
scientifiques
manifestesetdans
des
américains à vingt commissions municipales en
1988-1989. Les nouveaux immigrants sont élus à les domaines scientifiques et techniques aussi bien
que dans les institutions d'enseignement supérieur.
supervisor
membres Dans les zones métropolitaines de New York, San
■ différentesdes
ducharges
conseils
conseil municipal
d'administration
politiquesdetelles
San des
Francisco.
écoles
que ou
juges, Francisco et Los Angeles, on peut trouver de nom¬
breux Chinois, ingénieurs et informaticiens, qui sont
de nouveaux immigrants.
Tout en traçant leur voie ethnique ou en menant à
Les nouveaux migrants ont appris bien leur mobilité sociale, ces nouveaux immigrants
à s'organiser en "groupe d'intérêt ont aussi joué un rôle important dans la vitalité de la
culture d'accueil. Ils ont généré des profits pour
ethnique" pour prendre part à la l'industrie textile des Etats-Unis, ont créé une
demande en logements, ont subventionné aussi bien
démocratie américaine les constructions que les affaires immobilières dans
des villes comme New York, Los Angeles et San
Francisco. En outre, comme ils ont introduit les
nombreuses cuisines chinoises régionales, la méde¬
cine, les religions et la langue chinoises, les façons
chinoises de se distraire ainsi que les fêtes, beaucoup
ment
ethnique
destinés
celui
été
OCA
américain
Ces
constituée
qu'ils
dederniers
(Organisation
àafin
l'Organization
mener
et devaient
l'administration
de
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une
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action
faire
faire
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ofaussi
usage
pression
sociale.
des
Chinese
dans"groupes
appris
de
américains)
l'intérêt
Un
leur
sur
Americans
très
exemple
lespécificité
d'intérêt"
des
Congrès
rapide¬
qui
Chi¬
est-a d'Américains en sont venus à apprécier la culture
chinoise. Ainsi, chaque année, la célébration du
Nouvel An chinois à San Francisco attire un million
de spectateurs.
Bien que les Chinois soient de mieux en mieux
nois. Ainsi, cette nouvelle association, qui com¬ acceptés dans la société américaine, certaines bar¬
prend de nombreux membres nouvellement immi¬ rières limitent encore leurs perspectives écono¬
grés, s'est battue pour l'adoption du Urban Jobs miques. Beaucoup de directeurs chinois d'un certain
Enterprise Zone Act (1981) et du Voting Rights Act niveau se plaignent de l'effet du "plafond vitré"
(1980). En 1983, l'OCA a vivement exhorté une ("glass
de la limitation
ceiling "),decomme
leur avancement
ils l'appellent,à un
c'est-à-dire
échelon
sous-commission sénatoriale à abolir les quotas
restreignant l'immigration en provenance des colo¬ supérieur. Certains se plaignent d'une discrimination
nies. Cette année, elle a réussi à persuader le Comité incontestable envers eux dans le domaine de
de la reconnaître
faire poste américaine
la contribution
d'émettre des
un timbre
Chinoispour
en l'emploi, pour entrer dans des universités presti¬
gieuses, avoir accès à des fonctions publiques aux
Amérique. niveaux municipal, fédéral et d'Etat. Il faut aussi
compter avec les coûts sociaux dans le processus
d'américanisation. Dans plusieurs Chinatowns, on
La relation à la société d'accueil rencontre des problèmes liés à la désorganisation
familiale, au vieillissement de la population, au
Ainsi, il apparaît clairement que les nouveaux sous-emploi et aux gangs.
immigrants chinois diffèrent considérablement des Cependant, les nouveaux immigrants ont acquis
anciens. Les ressources économiques et sociales que davantage de sensibilité et fait usage de plus de
les nouveaux ont apportées avec eux ne sont tout moyens afin de lutter contre le racisme et la discri¬
simplement pas comparables avec celles apportées mination. Parmi ces moyens, on trouve le recours
par lesarrivés
niers ancienset colons.
l'assistance
L'origine
des urbaine
membresdesd'une
der¬ aux tribunaux, les charges politiques, les pétitions,
les grèves et les manifestations. Ils ont aussi appris
famille se sont avérées être un capital important dans petit à petit la méthode américaine d'organisation en
Traduit de l'américain la création d'une nouvelle vie au sein du Nouveau "groupe d'intérêt ethnique" dans le but de prendre
parlSM-TI. Monde. part à la démocratie américaine.

62 HOMMES & MIGRATIONS