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UNIVERSITÉ PANTHÉON-ASSAS PARIS II

Année universitaire 2003-2004

Travaux dirigés – Maîtrises juridiques

DROIT PUBLIC DE L’ÉCONOMIE I

Cours de Madame Martine Lombard, Professeur

Proposition de note de synthèse sommaire sur la fiche n° 5


(TD de Philippe COSSALTER)

LA VALORISATION DU DOMAINE IMMOBILIER DES ENTREPRISES PUBLIQUES :


L’EXEMPLE DE LA POSTE

La première réforme du domaine public de la Poste résultait de la loi n° 90-568 du 2 juillet


1990 qui transformait La Poste en « exploitant public » et lui transférait la propriété des biens
du domaine public de l’État.
Le régime des biens du domaine public de La Poste était complété par l’article 35 du décret
n° 90-1214 du 29 décembre 1990 (cf. document n° 3, p. 6).

La qualité d’exploitant public recouvrait en réalité la qualification d’EPIC. La Poste, personne


publique, détenait donc un domaine public immobilier. L’on sait en effet depuis l’arrêt du
Conseil d’État, Mansuy, du 21 mars 1984, que les établissements publics peuvent posséder en
propre un domaine public, sans qu’y fasse obstacle le caractère industriel et commercial de
l’établissement public en cause 1.
Depuis 1990 s’appliquait donc aux biens immobiliers de La Poste l’intégralité du régime de la
domanialité publique (cf doc. 4, page 9 colonne de droite).
Le domaine de La Poste a fait l’objet d’un déclassement global par les dispositions de l’article
22 de la loi MURCEF 2, modifiant l’article 23 de la loi du 2 juillet 1990, sur le modèle des
dispositions de la loi du 26 juillet 19936 concernant le domaine public de France Télécom.

En effet, le régime extrêmement contraignant de la domanialité publique était un obstacle à


une saine gestion du domaine immobilier de l’établissement public, malgré quelques
tentatives de réforme à caractère général (I). Les dispositions de la loi MURCEF entraînent le
déclassement des biens immobiliers de La Poste sans faire cependant disparaître un certain
contrôle de la part de l’État et les règles applicables aux biens de toutes les personnes
publiques (II).

1
Voir annexe 1.
2
Loi n° 2001-1168 du 11 décembre 2001, portant mesures urgentes de réformes à caractère économique et
financier, dite « MURCEF », JORF n° 288 du 12 décembre 2001, p. 19703.
I. LES OBSTACLES A LA VALORISATION DU DOMAINE DE LA P OSTE

La domanialité publique est destinée à protéger les propriétés publiques ; elle devient,
lorsqu’elle est appliquée à des entreprises publiques, une contrainte injustifiable et un obstacle
à leur modernisation. Cependant, au sein du régime de la domanialité publique, le contrainte
la plus importante est celle de l’inaliénabilité…

A./ Les obstacles issus du principe d’inaliénabilité du domaine public

1) La consistance du principe d’inaliénabilité

La principale règle contraignante issue du régime de la domanialité publique est la règle de


l’inaliénabilité.

Un bien appartenant au domaine public ne peut être aliéné qu’après déclassement. Le


déclassement ne peut être effectué qu’après avoir été désaffecté.
Si la jurisprudence administrative permet le maintien dans le domaine public de biens qui ne
devraient plus en faire partie (désaffectation de fait 3), elle ne permet pas le déclassement d'un
bien demeurant affecté à l'utilité publique et spécialement aménagé à cet effet: l'affectation
(l'appartenance de fait au domaine public) prime toujours sur les actes de classement ou de
déclassement.

2) Les implications du principe d’inaliénabilité

Le principe d’inaliénabilité développe tous ses effets contraignants lorsqu’il est articulé avec
les règles extrêmement strictes du déclassement. Ces règles sont strictes en raison de
l’interprétation particulière de la notion de désaffectation par le Conseil d’État.
Deux règles doivent être notées : celle de la domanialité publique virtuelle, et les règles du
déclassement en volume.

a) Le déclassement en volume

La domanialité publique reconnue aux établissements publics est une domanialité globale (cf.
doc. 4, page 10) : « elle gouverne tous les biens, même momentanément non affectés ou non
aménagés, qui peuvent avoir vocation à l’être et qui sont situés à l’intérieur du périmètre de
l’établissement public en cause » 4, ce qui interdit les déclassements en volume.
Ainsi, le Conseil d’État a-t-il pu considérer que les gares ferroviaires appartenaient
globalement au domaine public ; selon la Haute juridiction, « juger autrement ferait de chaque
gare une mosaïque de parcelles enchevêtrées qui relèveraient les unes du domaine public, les
autres du domaine privé, et dont la gestion deviendrait pratiquement impossible » 5.

3
La désaffectation de fait d'une dépendance qui a été incorporée au domaine public ne suffit pas à l'en faire
sortir : CE 20 juin 1930, Marrot, S. 1931.3.31, concl. Rivet.
4
Grands avis p. 132.
5
CE 5 février 1965, Société lyonnaise de transports, RDP 1965 p. 493, concl. Y. Galmot. Voir aussi : CE, 1er
octobre 1958, Hild p. 468 : Les terrains acquis par l’État pour prolonger un aérodrome font partie du domaine
Par ailleurs, le Conseil d’État prend en compte non seulement l’affectation actuelle, mais
l’affectation future des biens, pour évaluer l’affectation ou la désaffectation.

b) Le domaine public virtuel

Le Conseil d’État applique le régime de la domanialité publique en considération de


l’affectation future au public ou au service public. C’est la règle du désormais très classique
arrêt Eurolat 6.

La conjonction de ces deux règles entraîne de grandes difficulté pour la Poste, lorsqu’elle ne
désire conserver qu’une partie d’un immeuble ou simplement céder l’immeuble et rester dans
une partie de celui-ci en tant que locataire (Cf. document n° 3, p. 6, colonne de droite ; cf.
doc. n° 4, colonne de gauche :) la poste ne pouvait pas obtenir le déclassement d’un
immeuble qu’elle détenait en pleine propriété si elle restait locataire de tout ou partie des
surfaces pour poursuivre ses missions ; elle ne pouvait céder les étages supérieurs en
conservant un bureau de poste placé au rez-de-chaussée. La solution était de vendre tout
l’immeuble sans possibilité d’y maintenir une activité postale.

B./ Le recours limité aux techniques modernes de gestion du parc immobilier

Outre l’interdiction des déclassements en volume et de la cession de certaines parties des


bâtiments de la poste, le principe d’inaliénabilité interdit également, et de manière logique, le
recours aux techniques modernes « d’externalisation » du patrimoine immobilier, notamment
le crédit-bail et ses variantes.

1) L’interdiction du recours au crédit-bail

a) Définition du crédit-bail

Le système du crédit-bail a reçu sa première reconnaissance législative par la loi n° 66-455 du


2 juillet 1966 7. Son article premier définit les opérations de crédit-bail comme étant les
« opérations de location de biens d'équipement, de matériel d'outillage ou de biens
immobiliers à usage professionnel, spécialement achetés en vue de cette location par des
entreprises qui en demeurent propriétaires, lorsque ces opérations, quelle que soit leur
dénomination, donnent au locataire la faculté d'acquérir tout ou partie des biens loués,
moyennant un prix convenu tenant compte, au moins pour partie, des versements effectués à
titre de loyers ».

public aéroportuaire, bien que n’ayant finalement pas été utilisés et actuellement loués pour être mis en culture.
TC 7 juillet 1975, Debans p. 797 : à propos d’un logement situé dans un groupe scolaire.
6
CE 6 mai 1985, Association Eurolat c/ Crédit foncier de France, RFDA 1986, p. 26, concl. Bruno Genevois.
Voir aussi : CE Avis Int., 31 janvier 1995, EDCE 1995 p. 407 : « En dehors de l’hypothèse où un terrain nu a
déjà été affecté à l’usage direct du public ou à un service public moyennant des aménagements spéciaux,
« l’appartenance d’un terrain nu qui est la propriété d’une personne publique au domaine public ne se concrétise
que dans la mesure où ce terrain reçoit une affectation à l’usage direct du public ou à un service public
moyennant des aménagements spéciaux. Le fait de prévoir de façon certaine l’une ou l’autre de ces destinations
implique cependant que le terrain est soumis dès ce moment aux principes de la domanialité publique ».
7
Loi relative aux entreprises pratiquant le crédit-bail. JO, 3 juillet 1966 p. 5652.
Le terme générique crédit-bail recouvre certaines variantes, comme le crédit-bail mobilier 8, la
location financière 9 et le crédit-bail immobilier 10. Remarquons que la Poste recourt déjà au
crédit-bail mobilier pour l’externalisation de sa flotte de véhicules (cf. doc. 5, p. 15, colonne
de gauche).
Diverses variantes du crédit-bail immobilier peuvent être déclinées, comme la cession-bail,
par laquelle l'entreprise propriétaire d'un bien le vend à la société de crédit-bail qui le lui
donne en location dans le cadre d'un montant de crédit-bail ou de location financière.

b) Incompatibilité entre crédit-bail et domanialité publique

Le principe d’inaliénabilité frappe les deux modalités du crédit-bail : le crédit-bail aboutissant


à l’acquisition d’immeubles, et la cession-bail, consistant à céder puis louer des immeubles,
ce qui constitue une opération de « déconsolidation » du patrimoine immobilier.

La cesssion-bail. Le cession-bail est rendue impossible par le principe d’inaliénabilité. Le


crédit-bailleur devenant propriétaire du bien durant toute le durée du contrat, le transfert
initial de propriété est impossible. Cette idée est simple à comprendre et découle très
naturellement du régime de la domanialité publique.
La cession-bail représente cependant une technique très répandue partout en Europe. La
Sécurité sociale anglaise (National Health Service) y a recouru en cédant l’ensemble de son
parc immobilier par le très fameux contrats PRIME. France Télécom y a également eu recours
en 1998, après la modification du régime de ses biens immobiliers.

Le crédit-bail. Quant à la simple acquisition d’immeubles par crédit-bail, son interdiction est
moins évidente. Elle résulte, encore une fois, de l’application de la théorie du domaine public
virtuel.
Le Conseil d’État, dans un avis du 30 mars 1989 11, a considéré que la SNCF ne pouvait pas,
en l’état du droit applicable à l’époque, recourir au crédit-bail pour la réalisation des
infrastructures du TGV. Le montage consistait pour la SNCF à acquérir les terrains d’assiette,
à charger le crédit-bailleur à réaliser les infrastructures, puis à les lui donner à bail.
L’avis utilise le détour commode de certaines dispositions de la LOTI 12, selon laquelle « les
biens immobiliers affectés au service public du transport ferroviaire et aménagés spécialement
à cette fin ont le caractère du domaine public » (art. 20). Les biens appartenant au domaine
public étaient donc insusceptibles de faire, même temporairement, partie du patrimoine d’une
personne privée (le crédit-bailleur).
Ce « détour » permettait au Conseil d’État de ne pas se prononcer sur le point de savoir si, en
dehors de l’application de l’article 20 de la LOTI, les infrastructures ferroviaires seraient
entrées automatiquement dans le domaine public, quand bien même elles auraient initialement
appartenu à une personne privée. En effet, l’on pouvait penser que l’application de la
jurisprudence Eurolat (domanialité publique virtuelle) pouvait frapper les biens construits sur
le domaine public, même appartenant à une personne privée, en raison de leur affectation
future.

8
Location, sur une durée généralement comprise entre 4 et 7 ans, de biens d'équipement assortie d'une option
d'achat en fin de contrat pour un montant en général égal à 1 % du total de l'investissement.
9
Location de biens d'équipement sur une durée fixée contractuellement égale au minimum à 18 mois.
10
Location d'un bien immobilier avec option d'achat en fin de contrat. La durée de ce crédit-bail est
généralement plus longue (15 ou 20 ans) que celle des contrats de financement de matériel
11
CE, avis, 30 mars 1989, n° 345.332, Les Grands avis, 2ème édition, p. 213, commentaire Daniel Labetoulle.
12
Loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982, d’orientation des transports intérieurs.
Un doute plane depuis l’avis de 1989 sur la possibilité de recourir au crédit-bail lorsque les
biens immobiliers sont construits sur des terrains appartenant à la personne publique crédit-
preneur.

2) Des assouplissements relatifs

a) L’assouplissement limité du recours au crédit-bail

La loi n° 94-631 du 25 juillet 1994 n’a autorisé le recours au crédit-bail sur le domaine de
l’État que dans des cas très limités.

D’une part, il était nécessaire de s’assurer que l’occupation du domaine public n’entraînait pas
incorporation des ouvrages immobiliers construits au domaine public, par accession. Afin de
lutter contre la domanialité publique virtuelle de l’arrêt Eurolat et les incertitudes de l’avis de
1989, le législateur a prévu d’une part d’accorder des autorisations d’occupation temporaires
du domaine public (AOT) avec constitution de droits réels 13.

Sur la base de ce droit réel, l’occupant pouvait recourir à un crédit-bail. En effet, aux termes
de l’article L. 34-7 du code du domaine de l’État : « Dans le cadre des titres d'occupation
prévus par les articles L. 34-1 et L. 34-5, la réalisation des ouvrages, constructions et
installations, à l'exclusion de ceux affectés à un service public et aménagés à cet effet ou
affectés directement à l'usage du public ainsi que des travaux exécutés pour une personne
publique dans un but d'intérêt général, peut donner lieu à la conclusion de contrats de crédit-
bail par le titulaire du droit d'occupation […]».
L’article L. 34-8 ajoute que « Les dispositions des articles L. 34-1 à L. 34-7 sont applicables
aux établissements publics de l’État, tant pour le domaine public de l’État qui leur est confié
que pour leur domaine propre ».

Mais on remarque deux choses : d’une part l’État et ses établissements publics ne peuvent
recourir directement au crédit-bail. C’est le titulaire de l’AOT qui peut être crédit-preneur, les
établissements financiers les crédit-bailleurs.
Par ailleurs et surtout, le crédit-bail ne peut porter sur des ouvrages « affectés à un service
public et aménagés à cet effet… ». Cette disposition exclut donc tous les ouvrages et
bâtiments affectés à l’activité principale de la poste !

b) Des techniques d’acquisition à l’intérêt limité

Certaines techniques d’acquisition du droit privé sont ouvertes à La Poste, dans les conditions
du droit commun. En effet, il est à remarquer que le code des marchés publics ne s’applique
pas, d’une manière générale, aux contrats d’achat immobiliers, qui ne sont pas des marchés de
travaux lorsque l’immeuble est déjà construit, non aux contrats de vente en l’état futur
d’achèvement (VEFA) dans certaines conditions 14.

13
Art. 34-1 code du domaine de l’État : « Le titulaire d’une autorisation d’occupation temporaire du domaine
public de l’État a, sauf prescription contraire de son titre, un droit réel sur les ouvrages, constructions et
installations de caractère immobilier qu’il réalise pour l’exercice d’une activité autorisée à ce titre ».
14
CE 8 février 1991, Région Midi-Pyrénées c/ Syndicat de l’architecture de la Haute-Garonne, rec. p. 41 ; AJDA
1991 p. 579.
Par ailleurs, La Poste, en tant qu’établissement public industriel et commercial de l’État n’est
pas soumise aux règles de mise en concurrence pour ses marchés publics de travaux 15.
La non-soumission au code des marchés publics permet à la Poste d’acquérir des immeubles
dont elle est maître d’ouvrage, en recourant à des techniques de paiement étalé, souplesse
actuellement interdite par l’article 94 du code des marchés publics 16.

Toutes ces dérogations découlant de la non soumission de La Poste au code des marchés
publics, et dont la pérennité est peu assurée (en raison de sa contrariété certaine avec la
directive communautaire 93/37/CE relative aux marchés publics de travaux), ne sont que des
techniques d’acquisition, et non des techniques de vente. Leur intérêt reste donc très limité
dans la politique de valorisation du domaine de La Poste.

II. L’ENCADREMENT DE LA VALORISATION DU DOMAINE DE LA P OSTE

A./ Le déclassement encadré du domaine de la poste

1) La constitutionnalité du déclassement

Le principe selon lequel un bien du domaine public ne peut être déclassé qu'après
désaffectation n'a pas valeur constitutionnelle.
La loi du 26 juillet 1996, relative à l’entreprise France Télécom, a prévu le transfert des biens
du domaine public de l’exploitant public dans le patrimoine propre de l’entreprise, après
désaffectation. Dans sa décision n° 96-380 DC du 23 juillet 1996 17, le Conseil constitutionnel
considère que « les biens, droits et obligations de la personne morale de droit public existante
ne seront pas transférés sans qu'ils aient été préalablement déclassés ». Le Conseil écarte
implicitement une exigence constitutionnelle de désaffectation avant déclassement.
Le législateur a donc pu prévoir le déclassement global du domaine de La Poste. Par contre, le
Conseil constitutionnel exige implicitement qu’un déclassement soit effectué avant le
transfert. Une simple disposition législative peut effectuer ce déclassement de tous les biens
encore affectés à l’exploitation des services publics gérés par la Poste et par France Télécom.

Le Conseil constitutionnel exige cependant que le déclassement du domaine public de France


Télécom ne porte pas atteinte au « respect des prescriptions à valeur constitutionnelle
s'attachant à l'accomplissement des missions de service public qui lui incombent ».
Le Conseil relève que la loi du 26 juillet 1996 a inséré un article 23-1 dans la loi du 2 juillet
1990, prévoyant que « lorsqu'un élément d'infrastructure des réseaux de télécommunications
est nécessaire à la bonne exécution par France Télécom des obligations de son cahier des
charges, et notamment à la continuité du service public, l'Etat s'oppose à sa cession ou à son
apport en subordonnant la réalisation de la cession ou de l'apport à la condition qu'ils ne
portent pas préjudice à la bonne exécution desdites obligations... ».

15
Aux termes de l’article 2 du code des marchés publics, issu du décret n° 2001-210 du 7 mars 2001, « Les
dispositions du présent code s’appliquent :
1° Aux marchés conclu par l’État, ses établissements publics autres que ceux ayant un caractère industriel et
commercial, […] ».
16
« Est interdite l’insertion dans un marché de toute clause de paiement différé ».
17
AJDA 1996 p. 694.
Le déclassement législatif est conforme aux prescription à valeur constitutionnelle à la
condition du strict respect de ces prescriptions par l’entreprise France Télécom.

Les dispositions de l’article 22 de la loi MURCEF (doc. 1), modifiant l’article 23 de la loi du
2 juillet 1990, n’ont fait l’objet d’aucune observation lors de l’examen du projet de loi par le
Conseil constitutionnel 18. Les modalités organisées pour le patrimoine de La Poste sont
substantiellement identiques à celles de France Télécom.

2) Les modalités de la cession

Le nouvel article 23 de la loi du 2 juillet 1990 prévoit une procédure d’opposition de l’État
aux projets de cession des biens de La Poste.
L’opposition peut prendre pour motif la remise en cause des obligations de son cahier des
charges ou des engagements du contrat de plan, notamment en ce qui concerne la continuité
du service public et la politique d’aménagement du territoire (doc. 1).
Aux termes de l’alinéa 4 du même article, le cahier des charges précise les modalités de
l’opposition. Les articles 35 et 46 du cahier des charges initial, adopté par le décret n° 90-
1214 du 29 décembre 1990 ont été modifiés par un décret du 3 mai 2002 19 (décret reproduit
en ANNEXE 2).

B./ La subsistance des règles à caractère général liées au statut de la poste

Les règles de la domanialité publique ne sont pas les seules règles contraignantes s’imposant à
La Poste. Contrairement à France Télécom, dont le domaine public a été déclassé en raison de
la transformation de l’exploitant public en société anonyme, l’entreprise publique La Poste
conserve son statut d’établissement public et, à ce titre, est soumise, dans la gestion de son
patrimoine, d’une part aux règles relative aux propriétés publiques, d’autre part aux règles
relatives aux aides d’État.

1) La subsistance des règles applicables aux biens des personnes publiques

Deux règles protectrices s’appliquent aux biens des personnes publiques, qu’ils fassent partie
de leur domaine public ou privé : l’insaisissabilité et l’interdiction de leur cession pour un prix
inférieur à leur valeur.

L’interdiction de la cession à un prix inférieur à la valeur du bien peut constituer une limite à
la politique d’aménagement du territoire. Le maillage exceptionnel réalisé par les bureaux de
poste à travers le territoire peut être un instrument de revitalisation du tissu économique en
milieu rural.
(A COMPLETER)

2) Les règles relatives aux aides d’État

cf. Séance n° 6

18
Décision n° 2001-452 DC du 6 décembre 2001, Loi portant mesures urgentes de réformes à caractère
économique et financier.
19
Décret n° 2002-774 du 3 mai 2002, portant modification des articles 35 et 46 du cahier des charges de La
Poste approuvé par le décret n° 90-1214 du 29 décembre 1990.
ANNEXE 1

Quelques notes à propos du domaine public des établissements publics

(Lectures conseillées :
- Commentaire sous CE, avis, 28 avril 1977, n° 319.305, Les Grands avis du Conseil d’État,
2ème édition, pp. 127 s.).
- CE Ass. 23 octobre 1998, Electricité de France p. 364, AJ 1998, p. 1017, concl. Arrighi de
Casanova, RFDA 1999, p. 578, note Lavialle ; CJEG 1998, p. 490, concl. D. Delpirou.)

Une majorité de la doctrine a depuis longtemps jugé que les établissements publics, au moins
administratifs, devaient posséder un domaine public propre 20.

La Commission de réforme du code civil, en 1947, avait de même proposé de consacrer la


domanialité publique des biens affectés et aménagés des établissements publics
administratifs 21.

Le Conseil d’État a dans un premier temps été rétif à la solution. Il a réalisé une première
ouverture en 1965 :
+ CE Sect. 19 mars 1965, Société lyonnaise des eaux et de l’éclairage, p. 184, JCP 1966,
n° 14853, note J. Dufau.
Limite la possibilité d’avoir un domaine public aux collectivités territoriales. : une canalisation construite par un
concessionnaire de la distribution d’eau potable, en exécution de la concession, ne peut constituer une
dépendance du domaine public faute d’avoir « à aucun moment appartenu […] soit à l’État, soit à une
collectivité publique territoriale ».
 Les EP ne pouvaient avoir un domaine public, sauf dans le cas où des biens appartenant au
domaine public d’une collectivité territoriale sont transférés dans le patrimoine d’un EP.

Revirement de jurisprudence
Ce revirement s’est fait par étapes.
+ CE avis, 28 avril 1977, n° 319.305, Grands avis n° 9 (p. 128).
Les voies et dépendances à l’intérieur des hôpitaux font partie du domaine public de ces établissements.
Sont des dépendances du domaine public hospitalier « tous les bâtiments et installations qui appartiennent aux
établissements publics hospitaliers, lorsqu’ils sont affectés au service public et spécialement aménagés à cette
fin » et « établis à l’intérieur des enceintes des hôpitaux, de leurs dépendances et accessoires ».
+ CE avis, 31 janvier 1978, Grands avis p. 131.
Les biens affectés au service public d’un aérodrome et spécialement aménagé à cet effet « font partie du domaine
public, quelle que soit la personne publique propriétaire, la règle selon laquelle un établissement public ne
pouvait avoir un domaine public étant aujourd’hui abandonnée ».
+ TA Paris 18 septembre 1979, Mansuy, p. 528, AJ 1979, n° 12 p. 36, note Y. Gaudemet, D
1980 p. 439, note J.-Y. Plouvin.
+ CE 6 février 1981, Epp, p. 745, Revue administrative 1982 p. 36, note F. Moderne.
Un syndicat intercommunal peut être propriétaire d’un domaine public propre.
+ CE 21 mars 1984, Mansuy p. 616, RFDA 1984 p. 54 note A.A.
La « Dalle centrale » de la place de la Défense, dont est propriétaire l’Etablissement public d’aménagement de la
région de la Défense (EPAD), fait partie de son domaine public.

20
Waline (Marcel), Les mutations domaniales 1925 p. 65 ; Vedel (Georges), « Le régime juridique des biens des
entreprises nationalisées », CJEG 1956 p. 23.
21
Séance du 6 nov. 1947. V. Grands Avis du Conseil d’État p. 130
Les biens des EP peuvent appartenir au domaine public « sans qu’y fasse obstacle le caractère industriel et
commercial de l’EP en cause ».

ANNEXE 2

Décret no 2002-774 du 3 mai 2002 portant modification des articles 35 et 46 du cahier


des charges de La Poste approuvé par le décret no 90-1214 du 29 décembre 1990
NOR : INDI0220138D

Le Premier ministre,
Sur le rapport du ministre de l'économie, des finances et de l'industrie et du ministre délégué à
l'industrie, aux petites et moyennes entreprises, au commerce, à l'artisanat et à la
consommation,
Vu le code des postes et télécommunications ;
Vu la loi no 90-568 du 2 juillet 1990 modifiée relative à l'organisation du service public de La
Poste et des télécommunications, notamment ses articles 23 et 30 ;
Vu la loi no 2001-1168 du 11 septembre 2001 portant mesures urgentes de réformes à
caractère économique et financier, notamment son article 22 ;
Vu le décret no 90-1214 du 29 décembre 1990 modifié relatif au cahier des charges de La
Poste ;
Vu la délibération du conseil d'administration de La Poste en date du 7 mars 2002 ;
Vu l'avis de la Commission supérieure du service public des postes et télécommunications en
date du 14 mars 2002 ;
Vu l'avis du comité technique paritaire national de La Poste en date du 15 mars 2002 ;
Le Conseil d'Etat (section des travaux publics) entendu,
Décrète :

Art. 1er. - Sont appouvées les modifications des articles 35 et 46 du cahier des charges de La
Poste figurant en annexe du présent décret.

Art. 2. - Le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, le ministre délégué à


l'industrie, aux petites et moyennes entreprises, au commerce, à l'artisanat et à la
consommation et la secrétaire d'Etat au budget sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de
l'exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel de la République française.

ANNE XE

Le cahier des charges de La Poste est modifié ainsi qu'il suit :

I. - Le premier alinéa du 1o de l'article 35 est remplacé par les dispositions suivantes :


« 1o Conformément aux dispositions de l'article 23 de la loi du 2 juillet 1990 susvisée, La
Poste procède aux acquisitions, échanges, locations, aliénations des biens nécessaires à
l'exercice de ses activités et plus généralement à tous les actes de gestion de son patrimoine
immobilier, dans les conditions du droit commun. »
II. - Le troisième alinéa du 1o de l'article 35 est remplacé par les dispositions suivantes :
« Le conseil d'administration détermine les conditions générales de gestion du patrimoine de
La Poste. »
III. - Au 2o de l'article 35, les mots : « ou de la redevance d'occupation » sont supprimés.
IV. - Le 3o de l'article 35 est remplacé par les dispositions suivantes :
« 3o En application du deuxième paragraphe de l'article 23 de la loi du 2 juillet 1990
susvisée :
« La Poste communique au ministre chargé des postes tous les projets de cession ou d'apport
d'immeubles dans lesquels sont installés des points d'accueil au public, notamment les
bureaux de poste, les agences postales et les guichets annexes. A ce titre, La Poste transmet un
dossier comportant toutes les informations permettant au ministre chargé des postes
d'apprécier les conditions dans lesquelles s'effectue l'opération ; le dossier comprend
également le projet de convention avec le cessionnaire ou le destinataire de l'apport. La
décision motivée du ministre chargé des postes est notifiée à La Poste dans un délai d'un mois
à compter de la réception du projet ou des éléments complémentaires qui ont pu lui être
demandés. A défaut de décision passé ce délai, l'Etat est réputé ne pas s'opposer à l'opération
envisagée ou ne pas subordonner à des conditions particulières sa réalisation.
« La Poste établit chaque année un état prévisionnel annuel des projets de cession ou d'apport
des autres biens immobiliers qui concourent à l'exécution des obligations de son cahier des
charges ou des engagements qu'elle a pris dans le cadre de son contrat de plan lorsque leur
valeur nette comptable au 31 décembre de l'année précédant l'opération est supérieure ou
égale à un seuil fixé par arrêté du ministre chargé des postes. Cet état est transmis avant le 31
décembre de l'année précédant l'année concernée au ministre chargé des postes qui peut
demander à La Poste toute information qu'il juge utile. Sauf décision contraire dans un délai
d'un mois à compter de la transmission de cet état ou de la réception des éléments
complémentaires demandés par le ministre, cet état est considéré comme approuvé. Les
projets qui n'ont pu être portés dans l'état prévisionnel devront faire l'objet d'une information
du ministre chargé des postes, dans les conditions et selon les modalités prévues au présent
alinéa. »
V. - Le 2o de l'article 46 est remplacé par les dispositions suivantes :
« 2o La répartition des charges résultant de l'application à La Poste des dispositions de
l'article L. 134 du code de la sécurité sociale est fixée par arrêté du ministre chargé des postes
et télécommunications et du ministre chargé du budget. »
VI. - Au 3o de l'article 46, le premier et le deuxième alinéa sont remplacés par les dispositions
suivantes :
« Les prévisions de dépenses, décrites aux paragraphes 1 et 2 ci-dessus, sont notifiées à La
Poste par la ministre chargé du budget au plus tard le 31 octobre de l'année précédant celle où
les paiements correspondants sont effectués.
« Le paiement des charges de pensions par La Poste fait l'objet de versements à l'Etat
d'acomptes en fin de chaque trimestre. Pour tenir compte du coût réel des charges de pensions
constaté au cours de l'exercice précédent, le ministre chargé du budget notifie un versement
complémentaire de régularisation à verser à la fin du second trimestre et peut modifier en
conséquence le montant des acomptes de l'année en cours. Cette notification intervient au plus
tard le 31 mai de l'année en cours. »

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